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 ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16)

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Il tente une approche banale. Il tente une conversation classique. Il tente d’ignorer les récentes découvertes. Il a depuis longtemps compris qu’il ne peut pas forcer Snow à parler. Elle parle lorsqu’elle en a envie. Elle parle lorsqu’elle en a besoin. Le moment n’est pas encore arrivé. Alors, Bobby se plonge dans ce pseudo-quotidien de couple normal. Ils y sont presque. Ils cuisinent ensemble. Ils dorment ensemble. Ils sont sous le même toit depuis quelques heures. A quelques petits détails près, ils ont tout du couple amoureux. Sauf qu’ils ne le sont pas totalement. Ils sont encore à se chercher. Ils sont encore à comprendre. Ils sont encore à s’apprivoiser. Trois ans à se disputer et à se retrouver ne font pas un couple. Une nuit d’ébats ne font pas un couple. Il faut bien plus que quelques heures sous le même toit. Ils fonctionnaient comme deux ennemis, puis deux amis, depuis si longtemps. Ils doivent apprendre ce qu’implique cette nouvelle relation. Ils doivent comprendre ce qu’ils ressentent. Ils doivent tout revoir. Il ouvre la moitié des portes jusqu’à trouver une poêle. Il n’arrive pas à mémoriser le contenu de chaque placard. Tout manière, le faire n’a pas réellement de sens. Ils partent demain. Peut-être qu’ils reviendront. Peut-être que Snow reviendra seule. Qui sait ? “Ma soeur a muté, elle aussi.” La mutante lucide, c’est donc sa soeur. Il aurait aimé la rencontrer. Il aurait aimé lui parler. Il aurait aimé découvrir la deuxième fille Rosebury. Du coin de l’oeil, il remarque qu’elle n’est pas concentrée. Que ses gestes sont automatiques. Qu’elle n’est pas totalement là. Il dépose les steaks hachés sur la poêle chaude. Avec une spatule, il écrase délicatement la viande. Ne pas la briser en morceaux est tout un art. Il se perd dans l’observation de leur cuisson. “Si il est parti avec elle, c’est qu’il l’a acceptée..” Il tourne la tête dans sa direction. Toujours ce sentiment qu’elle est trop cruelle envers elle-même. Toujours ce sentiment qu’elle s’auto-fustige. Elle en devient agaçante. Elle en devient fatigante. Il prend une inspiration. S’énerver ne sert à rien. Elle est seulement en train de digérer les nouvelles. Elle est seulement en train de s’approprier les faits. “Il n’a pas eu d’autre choix que de l’accepter, elle lui a sauvé la vie.” Son père aurait été bien ingrat de tourner le dos à la fille qui lui a sauvé la vie. Il aurait été bien mauvais de ne même pas la remercier. Il passe la spatule sous les steaks pour les décoller. Il lui parle. Il tente de la faire revenir à la réalité. Il tente de la tirer de son mutisme. Il tente de l’extirper de son silence. Peine perdue. Elle n’ouvre pas la bouche. Ses mains dansent au-dessus des ingrédients. Elles s’animent seules autour des plats. Il n’y a que ses mains pour prouver que Snow est encore physiquement là. Même ses yeux semblent loin d’ici.

Il a abandonné. Il a baissé les bras. Il a arrêté d’essayer de faire la conversation. Face à son mutisme, il a lâché les armes. Parler dans le vide n’est pas son truc. Combler les blancs par un flot de paroles continu n’est pas son genre. Alors, il a laissé le silence s’installer. “Tu aurais préféré Enola .. ?” Il sursaute. Il en lâche presque la pomme de terre qu’il tient. Le silence est rompu. A l’écoute de sa question, il aurait préféré que le silence dure plus longtemps. Sa question est ridicule. Sa question est hors de propos. Sa question réveille son agacement. Il ne sait pas qui est cette version de Snow. Il ne sait pas à quoi aurait ressemblé Enola si elle avait vraiment existé. Comment pourrait-il préférer une femme qui n’a jamais vécu ? Qu'il n'a jamais connu ? Elle se tait pendant plusieurs minutes et quand elle se décide enfin à briser le silence pour lui demander ça. Pour lui demander s’il aurait préféré Enola. Il ne comprend pas. Il ne comprend pas l’intérêt de sa question. Il ne comprend pas ce besoin de se faire du mal. Et ça l’agace profondément. “Est-ce que tu voudrais que je change, Bobby.. ?” Il manque d’estropier la pomme de terre. Elle est pénible. Elle est épuisante à remettre son affection en question. Elle est pénible de ne jamais croire au bien fondé de leur relation. Il ne sait pas quoi faire pour lui prouver qu’il l’apprécie. Pour lui prouver qu’il tient à elle. Elle doit lui donner son mode d’emploi. Elle doit lui donner des explications. Sinon, il n’est pas sûr de réussir. “Tu es ridicule. C’est avec toi que j’ai couché, pas avec Enola.” Il l’observe s’en aller. Elle ne va pas bien. Quelque chose cloche, mais elle ne le dit pas. A moins que ce soit encore cette histoire d’Enola. A moins qu’elle ait peur qu’il ne soit pas intéressé par elle. Il se concentre sur les pommes de terre. Des frites. Il doit faire des frites. Il doit couper les frites. Épluchées. Découpées. Cuites. Chaque geste est étrange. Il n’a pas pris l’habitude de cuisiner à l’Institut. Il a oublié jusqu’au simple fait de couper une pomme de terre. Cuisiner est une expérience lointaine. Il maîtrise l’art de l’omelette, cela dit. Mais une omelette ne demande guère plus qu’un bon coup de poignet pour casser les oeufs. On ne parle pas d’éplucher ou de découper. Il rassemble la vaisselle sale dans l’évier. Le four sonne. Avant qu’il n’ait eu le temps de l’atteindre, la tornade de neige débarque. “Excuse-moi.. je ne sais pas pourquoi j’ai dis ça..” Il ne marche pas. Il ne tombe pas dans le panneau. Il sait pourquoi elle a dit ça. Parce qu’elle se remet tout le temps en question. Parce qu’elle n’a aucune confiance en elle. En lui. En eux. Parce qu’elle ne veut pas voir ce qu’elle a sous le nez. Alors, elle doute. Elle repousse. Elle questionne. Il sait pourquoi elle a dit ça. Elle ne veut pas d’une conversation normale. Une conversation banale ne lui suffira jamais. Elle n’en sera jamais satisfaite. Elle sera toujours en train de s’inquiéter, d’anticiper la douleur, de s’inventer des problèmes.

.. J’ai pas envie.. d’être la fille d’un soir.. Je ne veux plus être ça..” Il pivote dans sa direction. Alors, elle sait. Elle sait ce qu’elle veut. Elle sait ce qu’elle attend de cette relation. Elle est passée du “on peut avoir une relation secrète” à “je ne veux pas être un coup d’un soir”. Ses pensées se précisent. Bobby est rassuré. Il n’a pas un instant envisagé cette relation comme une aventure. Il n’a pas un instant envisagé jeter Snow comme une vieille chaussette. Il se serait mal vu coucher avec elle pour l’abandonner. Il se serait mal vu coucher juste pour le faire. Il est bien trop attaché à elle. Il est bien trop sensible à elle. “Tu m’en veux.. ?” Sa voix est celle d’une enfant prise sur le fait. Il est partagé entre l’agacement et la compréhension. La colère contre la tendresse. Il est toujours partager par cette dualité. Il est toujours sur deux émotions, à chercher sa place entre elles. Il s’est souvent laissé porter par la gentillesse. Il s’est souvent abandonné à la tendresse. Lorsqu’il s’énerve, c’est pour mieux revenir dans ses bras. Lorsqu’il s’énerve, c’est pour mieux redevenir gentil. Aujourd’hui, il opte encore pour la gentillesse. Aujourd’hui, il opte encore pour le calme. Mais la frontière n’est plus loin. La frontière est proche. Un simple pas peut lui faire la franchir. Un simple pas peut suffire à exprimer sa colère. Un simple pas peut briser son calme. “Est-ce que je t’ai donnée l’impression que je ne voulais qu’une relation d’un soir ?” Il n’en a pas l’impression. A aucun moment lorsqu’il l’a embrassée, il n’a pu sous-entendre que ce n’était rien d’autre. A aucun moment lorsqu’il l’a prise dans ses bras, il lui fait penser qu’il ne tenait pas à elle. Ses gestes n’ont jamais porté à confusion. ”Je te l’ai dit, je ne suis pas capable d’un coup d’un soir.” Il lui a dit tout, au tout début. Il lui a dit qu’il n’était pas sûr de pouvoir vivre une relation sans s’attacher. Il l’a prévenue qu’il n’était pas habitué. Il l’a prévenue qu’il en serait peut-être incapable. Il ne peut pas reprocher à Snow d’en être au même stade. Il ne peut pas lui en vouloir de s’attacher. Elle a été seule pendant tellement longtemps. Il lui apporte de l’affection, de l’attention, de la tendresse. Il lui apporte bien plus que la solitude. Il est même content qu’elle accepte sa présence aussi envahissante soit-elle. Il est même heureux qu’elle s’ouvre aux autres. ”Je tiens beaucoup à toi, Snow... On va essayer de faire notre chemin ensemble.” Il ne peut pas lui promettre qu’ils vieilliront ensemble. Il ne peut pas lui promettre que leur couple durera plus d’une semaine. Mais il peut lui promettre qu’ils feront leur possible. Il peut lui promettre de ne pas l’abandonner. Il peut lui promettre de vivre ce couple bien plus qu’il n’a vécu celui qu’il formait avec Malicia.

Il franchit les quelques pas qui les séparent l’un de l’autre. Il encadre son visage avec ses mains. Elle a le regard tellement doux lorsqu’elle ne cherche plus à le tuer. Elle a les traits tellement marqués lorsqu’elle s’inquiète. Elle est tellement loin de celle qu’il a affronté, un jour. Il abandonne son visage pour la serrer contre lui. A la regarder ainsi, il ressent de l’affection, de l’attachement, de l’attendrissement. Au milieu de tout cela, il y a une petite once d’amour. Une onde d’amour qui se métamorphosera en vague d’amour, s’ils arrivent à se supporter. ”Et s’il te plaît, arrête de nous remettre en question. Je ne suis pas sûr d’avoir la patience de le supporter.” C’est aussi ça, un couple. Faire des compromis. Prendre sur soi. C’est aussi ça, s’aimer. Oublier les défauts de l’autre. Chérir les qualités. Il réalise qu’il a pris le réflexe de l’enlacer. Il réalise que la sentir contre lui est devenu une habitude. Plus qu’une habitude : un besoin. Il n’est pas prêt à la laisser de côté. Il n’est pas prêt à la considérer comme une aventure sans lendemain. Le sourire lui revient. La tranquillité aussi. Le bonheur le guette. Il n’a plus qu’à le saisir. Il n’a plus qu’à sauter dedans. ”Est-ce que l’on peut manger maintenant ou tu as d’autres doutes à exprimer ? Je meurs de faim !” Il s’écarte légèrement. Assez pour croiser son regard. Assez pour lui adresser un sourire. Assez pour pour détailler son visage.


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Fragments.
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- Marina Kaye, Live before I die

C’est étrange. C’est comme si.. son univers tout entier venait d’imploser, comme si toutes les certitudes s’étaient étiolées pour disparaitre. « Est-ce que je t’ai donnée l’impression que je ne voulais qu’une relation d’un soir ? » Elle le regarde, partagée entre les doutes et les peurs. Pourquoi lui avait-elle dit cela ? Pourquoi lui avait-elle réclamé d’être plus qu’une histoire d’un soir alors même qu’elle se sentait incapable d’assumer quelque engagement que ce soit ? « Je te l’ai dit, je ne suis pas capable d’un coup d’un soir. » Mais.. n’avaient-ils pas opté pour une aventure, pour quelque chose n’impliquant aucun engagement ? Il l’avait embrassée, serrée tendrement contre lui, il avait apaisé ses craintes, enterré momentanément ses douleurs et pourtant elle n’avait pas considéré une seule seconde qu’il puisse en avoir été assez heureux, pas assez pour envisager continuer. Qu’était-elle comparée à toutes les femmes formidables qui entouraient Bobby ? Malicia et sa force de caractère, Tornade et sa beauté exotique, Kitty et son joli sourire. Il avait mille exemples de charme et de bonté. Elle ne se sentait que comme une meurtrière, une patiente instable, pas même un brin éclatante, seulement tellement banale. « Je tiens beaucoup à toi, Snow... On va essayer de faire notre chemin ensemble. » Rien ne sort de sa bouche. Elle est figée là, à le regarder, comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête. Notre chemin ensemble. Personne ne lui avait jamais proposé une telle perspective de vie. Le coeur s’est emballé. Elle ignore si c’est de joie ou de panique. Ca s’affole. Ca cogne contre sa poitrine, menaçant de la faire s’évanouir. Trop de questions soudaines que Bobby apaise, sans le savoir, en déposant ses mains autour de son visage. Elle s’est déjà noyée dans ses yeux quand il la prend dans ses bras, les billes claires imprimées sur la rétine. Dans un premier temps, elle ne réagit pas, fixant un point invisible de l’espace, comme sonnée mais après quelques secondes d’immobilité, elle a refermé les bras autour de lui, cherchant son contact apaisant, sa présence rassurante. Ils sont dans la cuisine, Snow sait donc qu’elle peut parvenir à repousser les angoisses, elle le sait mais rien n’éteint le doute, jamais, n’est-ce pas ? Pourtant il a dit qu’ils allaient essayer. Il en a envie, non ? Elle se souvient de ses baisers, de sa peau contre la tienne, de ses soupirs à son oreille. Il n’a pas regretté. Ils étaient tellement bien, au réveil, loin des contraintes, loin de la cruauté du monde. « Et s’il te plaît, arrête de nous remettre en question. Je ne suis pas sûr d’avoir la patience de le supporter. »

C’est plus facile à dire qu’à faire. C’est plus simple de toujours reculer avant d’atteindre le point de non retour. Et ce nous qui la déstabilise. Elle s’était toujours sentie tellement seule, condamnée à une errance infinie, peut-être si longtemps qu’elle serait morte dans l’oubli. Elle a dissimulé son visage contre la chemise, prenant le temps de digérer toutes les informations. Trop de chamboulements en si peu de temps. « Je suis désolée d’avoir été.. jalouse. C’était stupide. » Très, on ne pouvait pas le nier, et malgré tout, ça n’était certainement pas ce qui pouvait réellement irriter le psychologue, lui qui avait vécu dix ans avec la reine des jalouses. Elle savait bien qu’il était fidèle, qu’il était honnête, cela dit jusqu’à cet instant, elle n’avait rien considéré de réellement durable et 'officiel' entre eux. « Ton agacement est légitime mais je.. je ne sais pas comment on fait. » Elle s’écarte pour le regarder, pour croiser ses si jolies prunelles. C’est vrai qu’il est beau. Elle semble le réaliser chaque fois que son attention se porte sur lui, après avoir eu peur, avoir douté. Elle se rappelait la terreur à l’idée de l’avoir tué, enfermée derrière le mur de glace. Ca lui serre encore l’estomac. « C’est la première fois que je peux être plus qu’une erreur qu’on efface. » La première fois qu’elle peut oser s’attacher. Bien sûr, dans un coin de sa tête, elle sait qu’elle y laissera des plumes, elle sait que, sans doute, elle s’y brûlera les ailes, capable d’aimer un homme qui ne lui était pas destiné. Il y aura toujours Malicia. Mais elle veut croire, vraiment, que ça pourrait marcher, elle veut faire taire la petite voix au creux de son oreille qui souffle, perfide, qu’elle n’a pas le droit.

« Est-ce que l’on peut manger maintenant ou tu as d’autres doutes à exprimer ? Je meurs de faim ! » Snow hoche la tête. Elle esquisse un sourire un peu gêné, allant sortir le fondant du four. L’odeur du chocolat embaume la pièce. Chocolat-fraise, comme promis, qu’elle pose pour le laisser refroidir. Avait-elle fait tout cela sans réfléchir, en automatique ? Visiblement. Consciencieuse, elle sort les assiettes pour former les burger. Il n’y avait vraiment que lui qui pouvait lui faire manger un tel repas deux jours de suite - heureusement, ça ne serait pas toute l’année, ça ne serait pas leur plat anniversaire. Tellement mièvre comme concept. Il y avait des restaurants pour ce genre d’évènements, non ? Quoi que le connaissant, il râlerait. Dresser le plat, déposer le tout sur la table de la salle à manger. Bobby, tête de mule en chef, qui ne désirait pas être servi.

« Est-ce.. tu veux bien me parler de ta famille ? » La question tombe doucement alors qu’elle s’installe sur une chaise. Il allait l’y emmener, elle devait donc se préparer, au cas où ils soient aussi particuliers que les Rosebury, ou intransigeants sur certains détails. Elle ne tenait pas à l’embarrasser. « Tu as des frères et soeur ? » Finalement, que savait-elle de lui ? Si Snow connaissait bien Bobby, c’était par le coeur, par l’esprit, pas par ce qui avait réellement forgé sa vie.
 
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La jalousie. On la dit mauvaise. On la dit néfaste. On la dit être un vilain défaut. Il en a subi les conséquences pendant dix ans. Il l’a vue ronger le regard de Malicia. Il a vu ses ravages. Il a vu l’influence qu’elle pouvait avoir sur les gens. Il a vu qu’elle pouvait être vécue difficilement. Douloureusement. Il préfère voir la jalousie telle une marque de propriété. Il préfère voir la jalousie telle une volonté de protéger les gens à qui l’on tient. La jalousie n’est pas un sentiment qui le blesse. Il en est immunisé, même si, à chaque fois, il s’excuse. Même si, à chaque fois, il se montre compréhensif. Même si, à chaque fois, il a le sentiment d’en être la cause. Il prend la faute sur lui. Il s’excuse. Il amadoue. Il désamorce le problème. Il l’a fait pendant une décennie. Il continuera à le faire, si Snow le devient. Elle n’a pas besoin de s’excuser. Elle n’a pas besoin de se faire pardonner. La jalousie est une réaction normale lorsque l’on tient à une personne. Elle est même attendrissante. Elle est même touchante. Il lui trouve toujours des raisons. Il lui trouve toujours des excuses. Malicia, c’était l’impossibilité de le toucher. Snow, c’est sa première vraie relation. Son premier couple qu’elle peut envisager heureux. Elle ne veut pas tout rater. Elle ne veut pas tout gâcher. Elle veut que tout soit parfait. Et la présence d’une autre femme dans sa vie est une imperfection. Ce sont les premiers jours. Les premiers “réglages”. Les premiers temps. Après, sa jalousie lui passera. Après, elle finira pas être rassurée. Après, elle cessera de se méfier. Pas vrai ? Là, debout dans cette cuisine où il y a eu des meurtres et finalement, non, il en est sûr. Là, debout dans cette cuisine, il se dit que l’avenir n’est pas aussi déprimant qu’il le pensait. Là, debout dans cette cuisine, il savoure le moment présent. Là, debout dans cette cuisine, il pourrait rester des heures. Pas Snow, elle a mal à la jambe quand elle reste longtemps debout. Ils se détachent. Elle reprend le dessus. Elle se fond de nouveau dans le rôle de la parfaite ménagère. Dans le rôle que ses parents lui ont inculqué. Elle ne s’en rend sûrement pas compte. Elle ne réalise sûrement pas qu’elle reproduit les gestes d’une éducation décriée. Si elle n’avait pas été si fragile. Si elle n’avait pas été si perdue. Il lui aurait dit. Il lui aurait fait la remarque. Mais, aujourd’hui, ce serait mettre en question des réflexes qu’elle a depuis des années. Ce serait ne pas l’accepter pour qui elle est. Et l’idée de pouvoir manger un fondant chocolat-fraise demain est séduisante. Pendant qu’elle prépare les burgers, il gravite. Il gravite autour d’elle, à la recherche d’une occupation. D’une utilité. Il redresse une rondelle de tomate. Il repousse un steak haché. Il déplace un morceau de morceau. Il se rend utile, car il est impensable qu’il reste assis, à attendre sagement. Chacun son éducation. Si Snow a appris à être l’épouse modèle des années 60, lui a appris à être un époux modèle qui aide sa compagne. Pas un époux qui se tourne les pouces. Pas un époux qui patiente que tout lui arrive par magie. Deux éducations qui vont devoir cohabiter, maintenant.

Les hamburgers sont montés. Les frites sont servies. La table est dressée. Il est l’heure de passer aux choses sérieuses. Il se glisse derrière son assiette, prêt à entamer cet hamburger. Le deuxième en deux jours. Il doute que l’organisme de Snow survive à deux doses de gras en moins de vingt-quatre heures. “Est-ce.. tu veux bien me parler de ta famille ?” La question tombe. Il esquisse un sourire. Il est pris au dépourvu. Mais il ne pouvait pas l’amener devant les Drake et lui faire la surprise. Il ne pouvait pas lui cacher tous les détails de sa vie. D’ailleurs, c’est cela qui est étrange. Ils ont toujours été dans cette relation de psychologue/patiente. Il connaît énormément de détails sur la vie de Snow. Il connaît presque tout. Sauf ce que sa mémoire lui refuse. Il la connaît presque mieux que ses propres frères. Se livrer à elle est un exercice étrange. Se livrer à elle n’est pas un réflexe. Il va devoir rattraper le temps perdu, maintenant. Il va devoir bousculer cette relation professionnelle. Il va devoir s’habituer à parler de lui à sa petite-amie et indirectement, à sa patiente. Mais par où commencer ? Il y a tant de choses à raconter. Il y a tant de choses à dire. Il y a tant de choses qu’il aimerait ne pas lui dire. “Tu as des frères et soeur ?” Ses frères. Un bon début. Elle ne peut pas demander mieux. Elle ne peut pas mieux le lancer. Il attrape une frite avec ses doigts. Désolé les ancêtres Rosebury. Il ose manger sans couverts. Il la mâche. Il la broie. Il l’avale. Il gagne du temps. Il cherche les mots justes pour ne pas l’effrayer. Il cherche les mots justes pour dépeindre des profils avantageux. Il apprécie ses frères. Il les apprécie quand ils ne le regardent pas comme un danger public. Ce sont des gens biens. Ils ne méritent pas d’être décrits comme des connards de première. Ils ne le sont pas. Pas avec les non-mutants, en tout cas. “J’ai deux frères, Jasper et Ronnie. Ils sont tous les deux plus âgés, ils se sont mariés, voire même divorcé pour l’un d’eux, et ont déjà des enfants. Jasper est le plus vieux de nous trois. Il est prof de biologie dans un lycée.” Il marque une pause. Autant les autres membres de la famille s’en ficheront, autant Jasper n’appréciera pas. Son frère risque de ne pas aimer qu’il sorte avec une étudiante. Il risque de ne pas apprécier du tout. Bobby laisse échapper une grimace. “Faudra éviter de dire que tu es étudiante. Sinon, on va avoir le droit à ses regards désapprobateurs et à ses réflexions toute la journée.” C’est parti pour les mensonges. Parfois, mentir est nécessaire. Parfois, mentir est une forme de contournement. Parfois, mentir simplifie la vérité. Parfois, mentir permet d’échapper aux complications. Il préfère encore cette solution que le conflit. Il sait qu’avec ses frères, il faut éviter les armes qu’ils pourraient retourner contre lui. Il sait qu’avec ses frères, il peut passer du frère mutant à menace dangereuse pour l’humanité.

Et Ronnie...” Il s’entend le moins bien avec lui. Il a encore en travers la gorge les coups foireux de son frère. Il se souvient encore des coups en douce. Il se souvient encore des tentatives pour lui nuire. “Ronnie est le plus réfractaire. Il risque de nous regarder de travers. Si tu le vois trop proche d’un téléphone, tu me préviens.” Il essaye un sourire. Il essaye de faire bonne figure. Mais il ne se convainc pas lui-même. Ce n’est pas une plaisanterie. Bobby compte bien s’assurer que Ronnie n’appelle pas la police pour simuler une prise d’otages. Bobby compte bien le surveiller de près. Ce repas est censé être l’anniversaire de mariage de leurs parents. Ils ne le gâcheront pas avec des rancoeurs contre les mutants. “Il est marié à Cameron. Tu la rencontrera sûrement. Ils ont des jumeaux. D’ailleurs, Jasper a trois enfants, aussi. Tu verras, ils sont adorables. Ils sont très ouverts et tolérants, ce sont les seuls qui nous regarderont comme des gens normaux.” A cette idée, un vrai sourire apparaît, cette fois. Les enfants sont souvent les plus tolérants. Les enfants ont la capacité d’accepter toutes les différences. Les enfants ont ce pouvoir d’aimer tout le monde. Il est toujours heureux de les voir. Il est toujours heureux de passer du temps avec eux. Si lui est à l’aise avec les enfants, ce n’est pas toujours naturel chez les autres. Il avale une nouvelle frite. “Ils risquent d’être un peu envahissants. Alors, si tu ne les veux pas entre les pattes, tu n’auras qu’à me faire un signe.” Après tout, Snow ne veut pas de mini-Drake. Demain, elle en aura cinq sous les yeux. Ce ne seront pas ceux de Bobby, mais il y en aura quand même. Ce ne seront pas les spécimens les plus calmes, non plus. Il se rappelle l’effet que Malicia produisait sur ces petits êtres humains. Ils lui courraient après. Ils voulaient tout savoir de la “copine d’oncle Bobby”. Snow va encore être une attraction beaucoup plus sympa. Avec ses yeux bleus. Avec ses cheveux blonds. Elle ressemblerait presque à une poupée. Les petits vont l’adorer. Mais il craint qu’elle ne survive pas. Il craint qu’elle soit noyée sous les sollicitations. Pour quelqu’un qui ne veut pas d’enfants, la rencontre risque d’être compliquée. Anxiogène. Les Drake n’ont pas un aussi lourd passif que les Rosebury. Pourtant, ils peuvent être tout aussi éprouvants. Il a accepté l’histoire de Snow. Rien ne dit qu’elle en fera de même. Demain, il aura la réponse. Demain, il saura.


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Jasper et Ronnie. Plus âgés. Elle note mentalement ce qu’il lui dit, picorant dans ses frites, attentive. Mariés, l’un divorcé. C’est étrange, parce qu’on ne divorce pas, chez les Rosebury. C’est toujours pour le meilleur et pour le pire, on ne s’engage jamais sans y réfléchir, sans certitudes que ça tiendra sur le long terme.. et si ça ne tient pas, on fait simplement chambres à part. Prof de biologie. Elle esquisse un sourire. « Il a intégré le gène X, dans ses cours ? » Le ton est orné d’humour. Elle ne pense évidemment pas une seconde ce qu’elle lui demande ; quand bien même il soit ouvert, l’humanité est encore trop réticente à l’évolution génétique. « Faudra éviter de dire que tu es étudiante. Sinon, on va avoir le droit à ses regards désapprobateurs et à ses réflexions toute la journée. » Un hochement de tête. Elle semble réfléchir, croquant dans une frite, un peu lointaine. Il faut trouver une histoire plausible qui ne les mette pas dans l’embarras si la relation devait durer, parce qu’il n’était pas envisageable de construire un mensonge trop gros. « Pourquoi pas la vérité ? Juste un peu améliorée. J’étais étudiante et à la suite d’un accident, j’ai perdu la mémoire. L’Institut m’est venu en aide parce que je n’ai plus de famille et quand j’ai croisé tes beaux yeux bleus, je suis tombée sous le charme. » Il n’y avait pas de honte a avoir un grand vide dans son existence. Il le lui avait appris. Autant l’appliquer. « Il faudrait enrober un peu mais.. mentir de trop à ta famille, ça n’est pas vraiment l’idéal. On s’embourbe vite dans les mensonges. » Plus c’est simple, moins il y a de chances que les questions deviennent complexes ou ingérables. Partir de la réalité permettait au moins d’avoir une accroche. « .. Tu vas leur dire quoi, pour Malicia ? » Elle n’aimait pas lui parler d’elle, remuer le couteau dans la plaie, seulement il était nécessaire d’envisager les interrogations, il était resté dix ans avec elle, il l’avait forcément présentée, menée régulièrement aux repas. Ses parents avaient sûrement rêvé de les voir se marier, de les voir heureux avec des enfants. La voir remplacée comme ça, par une femme froide et maladroite risquait de leur déplaire.

« Ronnie est le plus réfractaire. Il risque de nous regarder de travers. Si tu le vois trop proche d’un téléphone, tu me préviens. » Un froncement de sourcils. Ronnie est donc du style de Temperance ou Faith, refusant la mutation. Snow ne veut pas savoir jusqu’à quel point alors elle ne questionne pas. Pourquoi faire ? Elle verrait bien le moment venu, s’il était trop hostile, elle resterait entre les bras de Bobby. Il était protecteur, c’était dans sa nature, il ne laisserait donc pas la situation dégénérer. Le silence est le plus grand des mépris et une arme que la blonde maîtrisait à la perfection. « Ils ont des jumeaux. D’ailleurs, Jasper a trois enfants, aussi. » Elle est devenue pâle, d’un coup. Le burger en suspend entre les mains, alors qu’elle tentait d’appliquer la leçon offerte par Bobby la veille. « Tu verras, ils sont adorables. Ils sont très ouverts et tolérants, ce sont les seuls qui nous regarderont comme des gens normaux. » Non. Non, non, non. Elle s’attendait à ce qu’il y ait un ou deux monstres, mais cinq ? Des jumeaux ? Elle a perçu la panique s’insinuant dans ses veines. C’est dangereux. Le mot s’est imposé à son esprit : dangereux. Elle a cligné des yeux, rapidement, victime des images sans dessus-dessous qui remontent à la surface de sa mémoire. « Ils risquent d’être un peu envahissants. Alors, si tu ne les veux pas entre les pattes, tu n’auras qu’à me faire un signe. »

Un blanc. Elle a posé le hamburger comme quelqu’un qui vient d’être sonné. Elle s’est essuyée les doigts, articulant comme elle le pouvait ses pensées chaotiques. Elle ne veut pas de mini-Drake. « Je.. crois.. Je crois que ma mutation m’empêche d’avoir des enfants. » Elle n’est pas certaine. Les souvenirs sont flous, mêlés à l’image d’Axel, à ses cris, ses refus, sa violence. C’était presque sérieux, avec le thermokinésiste, et elle a la vague sensation d’avoir voulu construire quelque chose, sans succès. Pas sûre. Elle reprend le dessus. Elle récupère son burger et mord dedans, noyant les flux et reflux de son esprit dans une chose aussi simple que manger. « Je n’aime pas les enfants. » Remarque typique de celles qui ont du mal à accepter qu'elles ne pourront pas en avoir. Elle le sait pourtant elle ne parvient pas à s'en empêcher. Mais c’est absurde. Comment peut-elle être partagée entre l’hostilité envers les enfants et la certitude qu’elle s’est bien entendue avec ceux d’Axel, qu’elle avait rencontré.. elle ne sait plus comment. C’est compliqué. Ca l’angoisse. « .. Parle-moi de tes parents. » Les parents, c’est mieux, ce sont eux les premiers juges, en plus. Elle n’arrivait pas à imaginer à quoi ils ressemblaient, comment ils vivaient. Elle ne savait strictement rien du milieu d’origine de Bobby. Il cachait peut-être bien son jeu, avec ses chemises à carreaux, rien ne disait qu’il n’était pas un fils de famille aisée. Il était bien élevé, attentif et poli. Quoiqu’il en soit, ils étaient forcément des gens biens, pour avoir eu un fils aussi extraordinaire.
 
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Il a intégré le gène X, dans ses cours ?” Il esquisse un sourire. Très bonne question. Il ne l’a jamais posée à son frère. Il est content que Snow s’en amuse. Il est content qu’elle fasse sa blague alors qu’ils sont seuls. Jasper est peut-être moins dur avec les mutants, mais il a appris à ne pas parler des mutations. Pendant longtemps, ce sujet a été un tabou. Pendant longtemps, ils ont grandi en pensant que c’était mal. Encore aujourd’hui, les traces sont encore présentes. Bobby ignore comment son frère aurait réagi face à cette plaisanterie. Blaguer sur un tabou n’est pas le plus aisé. Mais elle ne peut pas le savoir. Elle ne peut pas l’imaginer. “Pourquoi pas la vérité ? Juste un peu améliorée. J’étais étudiante et à la suite d’un accident, j’ai perdu la mémoire. L’Institut m’est venu en aide parce que je n’ai plus de famille et quand j’ai croisé tes beaux yeux bleus, je suis tombée sous le charme.” La vérité améliorée, hum ? Qu’est-ce qui est vrai là-dedans ? Qu’est-ce qui est faux ? Qu’elle est tombée sous le charme de ses yeux ? A l’occasion, il lui posera la question. C’est important de connaître ses points forts. C’est important de savoir comment la faire fondre. Il pourrait s’en servir pour apaiser une dispute ou tout simplement, pour l’embêter. “Il faudrait enrober un peu mais.. mentir de trop à ta famille, ça n’est pas vraiment l’idéal. On s’embourbe vite dans les mensonges.” Il acquiesce. Mentir n’est pas dans ses habitudes. Mentir n’est pas un réflexe. Mentir est insupportable. Il préfère éviter, surtout lorsqu’il s’agit de mentir à sa famille. Ils sont les derniers à qui il voudrait cacher la vérité. Donc, Snow sera une ancienne étudiante amnésique. La déformation de vérité ne devrait pas être difficile à tenir sur le long terme. Ses parents s’en contenteront. Son frère aîné acceptera, même s’il tiquera. Et son deuxième frère, hé bien, il s’en fichera. Il sera sûrement agacé que son épouse trouve cela tellement mignon et romantique. Cette version est la bonne. Un poids en moins. Cependant, plus le temps passe et plus il est rongé par l’anxiété. Il redoute le déroulement de la journée. Il redoute la présentation de Snow à ses parents. Il redoute les réactions de chacun. Mais il verra. Il ne peut pas tout contrôler. Il ne peut pas tout gérer. Il mâche une énième frite, avant d’attraper son hamburger.

.. Tu vas leur dire quoi, pour Malicia ?” Il suspend son geste. Il n’y a pas pensé. Il n’y a pas songé. Entendre son prénom est encore douloureux. Son coeur se serre encore. Son ventre se tord encore. Les souvenirs affluent de nouveau. Des sourires. Des mains qui se frôlent. Des baisers dangereux. Des rires. Des complicités. Des combats. Des disputes. Des excuses. Les souvenirs reviennent. Aucun ne s’arrête vraiment. Ils passent juste devant ses yeux pour être encore plus douloureux. Pour lui rappeler que c’est fini. Pour le narguer. Il repose son hamburger. Okay, il ne le mangera pas tout de suite. Il a peut-être surestimer sa remise en état. Il a peut-être mis trop d’espoirs en Snow. Il a peut-être pensé pouvoir guérir plus rapidement. Il souffre encore. Il a encore mal. Il ne peut pas totalement s’oublier dans les bras de Snow. Il doit aussi faire son travail de deuil. Il doit aussi fermer un livre, tout en commençant un nouveau. Il doit laisser de côté la déception d’une fin mal foutue pour débuter un nouveau roman. Il le doit pour lui. Il le doit pour Malicia. Il le doit pour Snow. Ils sont trois dans l’histoire. Ils sont trois à devoir avancer. Il fera son chemin avec Snow. Une partie. Autant que possible, en tout cas. Il n’a pas réfléchi à ce qu’il dirait pour Malicia. Il va devoir le faire. Il ne veut pas gâcher ce moment avec des pensées douloureuses. Il ne veut pas gâcher ce dîner avec des rancoeurs passées. Mais Snow a mis le doigt sur le problème. “La vérité : que notre couple n'a pas survécu à son pouvoir.” Rien ne sert de mentir sur ça. Rien ne sert de camoufler la vérité. Il se lance dans la présentation de ses frères. De sa famille. Ces êtres qui l’ont vu grandir. Ces êtres qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Des êtres qu’il a admirés. Des êtres qu’il apprécie encore. Et surtout, ses neveux et nièces. Surtout eux. Il voit au visage de Snow qu’il n’aurait pas dû aborder le sujet des enfants. Il le sait, pourtant. Il sait qu’elle n’en veut pas. Il sait qu’elle n’en voudra probablement jamais. Il n’aurait pas dû en parler avec autant d’engouement. Il n’aurait pas dû amener ce sujet. “Je.. crois.. Je crois que ma mutation m’empêche d’avoir des enfants.” “Oh...” C’est exactement ça. Oh. Il était sur le point de récupérer son hamburger. Au final, il le laisse dans son assiette. Est-ce qu’elle est sûre ? Est-ce qu’elle est certaine de ne pas pouvoir en avoir ? Est-ce qu’elle a fait des analyses, des tests ? Elle a pourtant voulu prendre une pilule contraceptive. Elle a quand même souhaité se protéger contre ce genre de risque. Il ne conçoit pas son futur sans au moins un enfant. Il ne conçoit pas son avenir sans devenir père. Cette nouvelle vient tout bousculer. Vient tout chambouler. Il l’apprécie toujours autant. Il tient toujours autant à Snow. Là n’est pas la question. Il a bien accepté sans broncher qu’elle ne veuille pas de mini-Drake. Mais quand même… avec Malicia, il ne pouvait pas même y songer. Avec Snow, maintenant qu’il s’y autorise, il découvre que c’est vain. Complètement vain.

Je n’aime pas les enfants..” Il secoue la tête. Il est resté figé. Il a arrêté de respirer quelques secondes. Il n’a pas su comment réagir. Il n’a pas su quoi dire. Il empêchera les mini-Drake de s’approcher d’elle, alors. Il essayera de calmer leurs jeux. Il essayera de les entraîner ailleurs, loin de Snow. Il ne peut pas lui reprocher, n’est-ce pas ? Elle n’a pas eu une vie de famille idéale. Elle n’a pas eu une adolescence parfaite. Elle a cru tuer sa famille. Elle croit qu’elle n’en aura jamais. Dire qu’elle les déteste est plus facile. Dire qu’elle n’en aura jamais est plus simple. Fuir plutôt qu’essayer. Fuir plutôt que persister. Il a remarqué sa tendance à la fuite, même devant les difficultés. Pas seulement devant les émotions ou devant les gens. Elle fuit. Tout le temps. Et là, elle fuit la conversation. “.. Parle-moi de tes parents.” Ses parents. Quarante ans de mariage, trois enfants plus tard, ils s’aiment encore. En tout cas, ils se supportent encore assez pour habiter sous le même toit. Ils sont un modèle de stabilité qui a rythmé son enfance. Ils sont un modèle qu’il aimerait atteindre, un jour. Il semblerait que ses projets soient compromis. Non pas qu’il s’imagine déjà marié avec Snow et propriétaire d’une maison. Il approche de la trentaine, mais il n’y est pas encore. Le mariage n’est pas urgent. Les enfants encore moins. “Ils s’appellent Madeline et William. Ils ont une histoire banale : ils se sont rencontrés au lycée, ils se sont tout de suite plus. Ils ont attendu quelques années pour se marier. Ils gagnaient assez d’argent pour nous gâter à Noël et à nos anniversaires. On n’a jamais manqué de rien, sans pour autant avoir un manoir pour nous cinq.” Il se laisse aller contre le dossier de la chaise. Il frôle chaque meuble de son regard. S’il avait vécu dans un manoir, sa vie aurait été toute autre. Il aurait probablement suivi le même chemin que Snow. Il aurait été encore plus rejeté par sa famille. Il aurait souffert. Il aurait tué en retour. “En parlant de notre maison, ne t’attend pas à un château. C’est… une maison de famille, avec seulement quatre chambres et une salle de bains.” Avoir une maison avec quatre chambres est déjà un grand luxe. Ils ont eu la chance d’avoir chacun leur chambre. Ils ont pu avoir chacun leur coin privé. Il reprend son hamburger. Ses parents n’ont jamais manqué d’amour. Parfois de temps, mais jamais d’amour. Ils ont toujours veillé au bien-être de leurs enfants. Ils ont toujours offert une éducation irréprochable. Des parents dignes de ce nom. “Il y a un lac pas loin de la maison. On y allait parfois le dimanche pour pêcher.” Une vie modeste. Une vie tranquille. Une vie loin de celle de Snow. Il esquisse un sourire. Ils ont eu une vie tellement différente. Ils ont eu des valeurs tellement différentes. Pourtant, ils arrivent à s’apprécier.

Il croque enfin dans son hamburger. Les burgers maisons sont toujours meilleurs que ceux d’un fast food. Chacun y apporte sa touche personnelle. Chacun l’adapte à sa façon. Même s’ils en ont mangé la veille, celui-ci n’a pas le même goût. Celui-ci est bien meilleur. Il prend le temps de mâcher. Il n’a jamais révélé son histoire à Snow. C’est le moment de dévoiler sa part d’histoire. C’est le moment de lui raconter bien plus que la vie de sa famille. “Il faut que tu saches que j’ai été...” Il cherche le mot. Il cherche la bonne expression pour atténuer l’importance de l’information. “...chassé de la ville avant que j'arrive à l’Institut. Donc, à chaque fois que je viens, c'est assez particulier pour les habitants et pour moi.” Lorsqu’il retourne chez ses parents, il évite de se promener dans les rues. Il évite de sortir de la maison. Il évite de croiser les voisins. Ceux-ci ont gardé en tête le garçon dangereux qui a failli tuer un camarade sous la glace. Ceux-ci ont gardé une image négative de l’homme qu’il était. Il évite de se promener sous leur nez. Il évite de les provoquer, dans un sens. Chaque visite est toujours un reflux de souvenirs douloureux. Des souvenirs qu’il préfère oublier. Des souvenirs qui ne s’effacent jamais vraiment. Parfois, il ressent encore la douleur des cailloux. La douleur des mains qui l’attrapent. Comme si cela venait d’arriver. Comme s’il était encore un adolescent perdu.


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« Tu es déçu.. » Elle l’a vu. Elle l’a vu à sa façon de se figer. Bien sûr qu’il veut des enfants. Qui n’en voudrait pas, avec un caractère si doux, si protecteur ? Elle songe même qu’il ferait un père formidable. Mais elle est coincée entre ses souvenirs, ses incertitudes, tout ce qui se bouscule. Il lui faut un moment avant de retrouver le chemin vers les raisons qui la poussent à penser qu’elle ne pourra jamais satisfaire ce désir. Ca ne revient pas tout de suite. Elle croque dans son burger, sans que rien ne s’en échappe, pour une fois, le regard posé sur Bobby. Est-ce qu’elle doit lui expliquer ? Elle voudrait mettre son esprit en veille. Elle voudrait que le tsunami cesse. Si elle était venue pour retrouver son passé, elle trouve le flot d’informations trop brutal. C’est Faith, ce sont les papiers, les livres qui ont débloqué une des portes, et Bobby, avec sa tendresse, son affection, qui a déverrouillé la confiance qu’il fallait atteindre pour se rappeler. Elle soupire. « Mon corps est trop froid. Ne me demande pas comment je le sais.. je.. je n’ai pas encore accès à l’information. » Sa psyché se rebelle, se révolte contre les potentielles fractures. Il faudra encore travailler là-dessus, panser les plaies peut-être avant de gratter sous la surface. « .. Alors peut-être qu’avec toi, ce serait possible. Peut-être que, parce que la glace est dans nos gènes.. » Elle ne terminera jamais sa phrase, préférant mordre dans une frite. Ca va trop vite. Trop vite pour elle. Elle a déjà du mal à se faire au concept de petite-amie et soudain, elle se retrouve à parler d’enfants, pire, c’est presque l’envisager.. mais il est nécessaire de parler. Ses parents n’étaient pas en accord sur l’éducation, ils ne s’en étaient rendus compte que trop tard. Parfois, aborder les sujets importants avant de commencer évite des peines, des cris, des déceptions. Et l’évoquer souligne une réalité bien plus cruelle : il est sans doute un des rares hommes avec qui fonder une famille pourrait fonctionner, pas parce qu’il est compréhensif, pas parce qu’il est mutant et qu’elle exige ce critère, mais parce que sa faculté pourrait contrer l’obstacle. Les cryokinésistes ne courraient pas les rues. Quant à Malicia, elle a préféré ne pas commenter ; ça le blesse, elle déteste cela, et elle n’est pas sans savoir qu’avec la brune non plus, une famille n’avait pas été pensée.

« Madeline.. c’est joli. » Un prénom élégant. Une histoire d’amour classique pour un couple simple. Bobby vient donc d’un milieu simple, ni trop ni trop peu d’argent, visiblement beaucoup de bonheur. « En parlant de notre maison, ne t’attend pas à un château. C’est… une maison de famille, avec seulement quatre chambres et une salle de bains. » Snow hausse un sourcil. Pourquoi a-t-il l’air embêté ? Non, pourquoi pense-t-il qu’elle puisse avoir un problème avec une maison plus petite que le manoir Rosebury ? Certes, il semble qu’elle ait toujours vécu dans un certain luxe, mais elle a manqué d’affection, on lui a imposé des attentes, on l’a écartée à l’adolescence, raison pour laquelle elle préfère le modèle familial des Drake, quitte à ce qu’il y ait sacrifice de surface. « La taille de la maison m’importe peu. Je sais que je ne suis pas la personne la plus tolérant que tu connaisses et que mon opinion sur les gens n’est pas forcément agréable mais il s’agit de ta famille. Je ne te causerai pas d’ennuis. » Elle avait si longtemps été pour la suprématie mutante qu’il devenait compliqué de se persuader d’une possible entente. Il lui avait appris à être un peu moins sévère et faire partie des X-Men imposait une plus grande ouverture d’esprit, alors elle pouvait bien essayer une existence plus .. douce.

« Il faut que tu saches que j’ai été… » Il n’y a plus de légèreté. Elle sent bien qu’ils passent aux choses sérieuses. Elle sent bien qu’il n’est plus question d’une aventure, de moments éphémères et sans conséquences. Ils échangent sur des morceaux de leur vie, sur ce qu’ils peuvent partager, ce qui peut diverger entre eux. Ca n’est pas une séance avec le psychologue. S’ils se confient, c’est par envie, pour partir sur de bonnes bases. « ..chassé de la ville avant que j'arrive à l’Institut. Donc, à chaque fois que je viens, c'est assez particulier pour les habitants et pour moi. » Son sang n’a fait qu’un tour, au point que la glace a recouvert le bord de la table sur lequel sa main reposait. « D’accord. Donc tu te tais et tu te prives pour l’intolérance des voisins ? » Elle a perçu la colère teintant dans sa voix avant de froncer les sourcils et de s'apaiser, autant que possible. « Excuse-moi. Je sais ce que tu vas me dire, qu’il faut les comprendre et attendre qu’ils soient prêts. Est-ce que tu as essayé, maintenant, de juste profiter d’être là-bas pour faire des choses normales ? » Elle a marqué une pause puis lui a soufflé : « Tu es un homme bien. Tu ne mérites pas de tels jugements. Tu donnerais ta vie pour en sauver ne serait-ce qu'un. » C’est le lot des X-Men après tout, agir pour des gens qui ne sont pas vraiment conscients des dangers. On ne remerciait même pas les Thor ou les Spider-man alors il ne fallait pas trop en demander. La vie secrète des agents du professeur Xavier.
 
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Tu es déçu..” Lui mentir ne sert à rien. Démentir est inutile. Elle a déjà lu en lui comme dans un livre ouvert. Elle a déjà compris qu’il s’attendait à une autre réponse. A une autre vérité. Pourtant, la voilà. Snow ne peut pas avoir d’enfants. Snow n’aime pas les enfants. Si Bobby en a un jour, ce ne sera donc pas avec elle. Avec Snow, il aura seulement une belle parenthèse. Une relation qu’il aura vécu pleinement. Une relation qui sera un beau souvenir. Mais elle ne sera pas celle avec qui il aura des enfants. Il ne saurait pas comment l’expliquer. Il ne saurait pas comment l’exprimer. Mais il ressent de la déception. Oui. Il réalise que son attirance pour elle est de plus en plus forte. Il mesure son amour grandissant pour elle. Elle ne le laisse pas indifférent. Elle est la première depuis longtemps. Elle est la seule depuis une éternité. Il tombe de haut. Il chute. Il se relèvera. Il se relève toujours. S’il l’aime vraiment, il saura faire abstraction de cette envie d’avoir des enfants. Il y arrivera. Être parent n’est pas une finalité. Être parent n’est qu’un bonus. Il se fera une raison. Il le doit. “Mon corps est trop froid. Ne me demande pas comment je le sais.. je.. je n’ai pas encore accès à l’information.” Il y a au moins du bon. Il y a au moins du positif à cette nouvelle. Elle ne risque pas de tomber enceinte s’ils couchent ensemble. Elle ne risque pas de lui annoncer dans trois mois qu’elle attend des triplés et qu’il est le père. Il faut voir le côté positif, même dans la déception. “.. Alors peut-être qu’avec toi, ce serait possible. Peut-être que, parce que la glace est dans nos gènes..” Un faible sourire. Il sait ce qu’elle fait. Elle essaye de faire renaître l’espoir. Elle essaye d’effacer la déception. Elle est touchante. Elle est gentille. Il ne peut pas le plus reprocher. Mais, c’est trop tard. Il est déjà en train de faire le deuil de cette possibilité. Il est déjà en train d’abandonner l’idée. Il est déjà en train de laisser tomber. Il préfère passer. Il préfère s’abstenir de revenir sur le sujet. C’est une conversation précoce. C’est une conversation prématurée. Ils n’en sont qu’au début de leur couple. Ils n’en sont qu’à la découverte de chacun d’eux. Ils auraient bien le temps de revenir sur le sujet. “La taille de la maison m’importe peu. Je sais que je ne suis pas la personne la plus tolérant que tu connaisses et que mon opinion sur les gens n’est pas forcément agréable mais il s’agit de ta famille. Je ne te causerai pas d’ennuis.” On verra demain, si elle n’a pas envie de se réfugier dans le jardin pour fuir les Drake. On verra demain quand ils se marcheront sur les pieds dans le salon. On verra demain quand elle se fera poursuivre par les morveux. On verra demain. Il fait le pari qu’elle changera vite d’avis. Elle ne peut pas passer d’un manoir à une maison d’une taille réaliste. Elle ne peut pas passer des extrêmes sans sourciller.

Il ne se doutait pas que sa confidence provoquerait ce genre de réaction. Il en a arrêté de mâcher son hamburger. Il baisse le regard sur la glace, en bordure de table. Il la fixe un instant, avant de relever les yeux vers Snow. Il n’arrive pas à dire si elle est énervée contre lui ou contre ses voisins. Il n’arrive pas à dire si elle lui en veut de se cacher ou si elle reproche à ces habitants de le juger. “D’accord. Donc tu te tais et tu te prives pour l’intolérance des voisins ?” Elle désapprouve. Mais il n’a pas besoin de son avis. Il préfère cela que de provoquer de nouvelles catastrophes. Il préfère cela plutôt que d’être regardé comme une bête de foire. Il a conscience que ce comportement est à l’opposé de ce qu’il lui enseigne. Il a conscience qu’il la pousse à assumer ce qu’elle est et que lui, le fuit chez ses parents. Il n’y a pas de logique. “Excuse-moi. Je sais ce que tu vas me dire, qu’il faut les comprendre et attendre qu’ils soient prêts. Est-ce que tu as essayé, maintenant, de juste profiter d’être là-bas pour faire des choses normales ?” Sa naïveté est touchante. Le problème des voisins, c’est qu’ils ont une excellente mémoire. Et même s’ils oublient, ils se rappellent immédiatement lorsqu’il le voit débarquer. Les années passant et les rumeurs enflant, le petit accident s’est transformé en une tentative de meurtre préméditée ou quelque chose dans le genre. Il ne s’est pas appesanti sur les détails. Il n’a pas cherché à comprendre. Conscient qu’il peut en souffrir. Conscient qu’il doit tourner la page. Peut-être se fait-il des idées. Il y a toujours cette culpabilité qui le suit et qui obscurcit son jugement. Peut-être se trompe-t-il et est-il le seul à se reprocher cet accident. Il y a cette probabilité. Les voisins ne sont pas les seuls responsables, dans cette histoire. Bobby fait passer son morceau de burger avec une gorgée d’eau. Il aurait dû se taire. Mais il ne connaît pas cette nouvelle version de Snow. La version protectrice. La version lionne. Il suppose qu’il devra apprendre à connaître cette nouvelle jeune femme. Il ne fait aucun doute qu’elle n’aurait pas réagi comme ça lorsqu’ils se lançaient des pics de glace dans les jardins de l’Institut. “Tu es un homme bien. Tu ne mérites pas de tels jugements. Tu donnerais ta vie pour en sauver ne serait-ce qu'un.” Elle a raison. Elle a tout à fait raison. Mais on ne choisit pas ce que pense les autres. On n’influe pas sur ce qui passe dans la tête de ces personnes. Il n’est pas télépathe. Il n’est pas doté du don de persuasion. Il ne peut rien faire. Si ce n’est vivre sa vie et ne pas empiéter sur leur quotidien. Il le fait en restant chez ses parents.

Bobby pose son hamburger et s’essuie les doigts sur la serviette. Il tend son bras jusqu’à atteindre la main de Snow. “Merci de penser que je suis un homme bien, Snow. Je suis touché.” Profondément touché. L’opinion des autres est toujours agréable. D’autant plus quand elle est positive. D’autant plus quand elle provient de personnes chères. Il retire sa main. Il efface son sourire. Elle ne connaît pas toute l’histoire. Elle ne sait pas tout. Peut-être que ce n’est qu’un accident pour elle qui a tué des dizaines de personnes. Pour lui, c’est une atrocité. Pour lui, c’est un faux pas impardonnable. Pour lui, c’est une part sombre qu’il préfère repousser. Il aurait préféré la garder secrète. Il aurait préféré la garder pour lui. Mais Snow va rencontrer sa famille demain. Snow va plonger dans leur histoire. Il ne peut pas être certain que l’histoire n’arrivera pas jusqu’à ses oreilles. Alors, mieux vaut la prévenir. Mieux vaut l’annoncer. Il préfère encore qu’elle l’apprenne de sa propre bouche. Même si elle s’en fichera. Même si elle ne trouvera rien de grave. Il le sait d’avance. “Dans une petite ville comme la mienne, on n’oublie pas. Tout se sait en quelques heures et se ressasse pendant des années.” Il n’a pas grandi à San Francisco. Il n’a pas grandi dans une grande ville. Il a vécu dans une ville banlieusarde de l’Iowa. Dans une ville où les commérages sont un sport national. Ce n’est pas pour rien qu’en quelques heures, des centaines de personnes l’attendaient pour lui hurler de partir. Ce n’est pas pour rien qu’il a eu la peur de sa vie à quinze ans. Ce n’est pas pour rien qu’il a décidé de suivre Cyclope à l’Institut. Il n’a plus eu sa place dès lors. Il prend une inspiration. Parler de cet évènement est toujours aussi difficile. Il voit toujours ces yeux horrifiés. Il voit toujours ces poings frapper la glace. Il voit toujours la peau bleuâtre. Il entend encore son prénom hurlé. Il entend encore la panique dans les voix. “J’ai presque tué quelqu’un, Snow… Ils ne changeront jamais d’avis, je resterais éternellement celui qui peut tuer.” Il hausse les épaules. Il s’y est habitué. Il s’en attriste un peu. Pas beaucoup. Maintenant, sa vie est ailleurs. Maintenant, sa vie est à l’Institut. Les rares fois où il revient dans l’Iowa, ce n’est que pour quelques jours. Il peut bien s’abstenir de sortir pendant quarante-huit heures. Il se débrouille ainsi. “C’était la deuxième fois. La fois d’avant, c’est mon père qui a failli y passer.” Ca aussi, il doit lui dire. Elle doit être au courant. Elle doit savoir qu’elle n’est pas la seule à avoir visé sa famille, même si cela reste accidentel. Elle doit savoir.




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Elle s’est levée, après avoir essuyé ses doigts, et elle a contourné la table, calmement, jusqu’à venir à côté de lui. Elle s’est faite une place entre ses bras, pour pouvoir effleurer sa joue du dos de la main. Il culpabilise. Elle gère plutôt mal tout ce qu’elle perçoit, elle qui n’avait été que rarement sensible aux expressions des autres, elle qui avait passé trois ans avec des difficultés sociales, elle qui avait tant manqué d’empathie. Bobby a percé la carapace, s’est infiltré lentement dans son petit coeur un peu trop sensible à ce joli sourire qui s’est effacé. « Bon. Je ne suis pas très douée pour les déclarations et avouons que c’est un peu précipité mais je vais essayer, sois indulgent. » Un baiser au coin de ses lèvres, une tendresse. Elle comprend qu’il souffre encore de cet accident, qui ne sera jamais autre chose qu’un accident à ses yeux. Combien de fois avait-il répété aux élèves de l’Institut qu’il ne fallait pas culpabiliser, que la mutation n’est pas une fatalité ? Il avait insufflé la confiance en tant de personnes, il avait offert la compassion, il avait permis à des tas de jeunes de s’intégrer à la société. Et il était pourtant toujours fragile sur ce point. « Je ne serai jamais la copine idéale mais ne compte pas sur moi pour avoir honte de ce que nous sommes. Si j’essaye de construire quelque chose avec toi, je le fais jusqu’au bout. Peut-être que ça ne marchera pas, parce que je suis un peu instable. » Elle a esquissé un sourire, note d’humour, ils savent tous les deux qu’elle ne l’est pas qu’un peu. Ils savent qu’il faudra du temps avant qu’elle ne soit assez équilibrée pour mener une existence classique sans surveillance. « Il n’empêche qu’on se fiche de ce que pensent les gens. Si tu as envie de te marier au bord du lac de ton enfance, rien ne t’empêche de le faire. Tu n’étais qu’un adolescent sans aucune possibilité de contrôle, ça n’est pas ta faute. » Les yeux trop bleus n’ont pas décroché des siens. Il a la température idéale. Il est agréable de rester contre lui. Retourner à la X-Mansion, être privée de sa présence la nuit ne sera pas pour lui plaire. Qu’importe, là n’est pas la question.

La main passe sous la chemise, malicieuse, faisant naître un sourire plus grand. « Personne n’a le droit de limiter le bonheur de mon homme. » Elle a attrapé ses lèvres, furtivement, puis plus nettement. Le coeur bat déjà plus vite. La main s’est posée sur le torse et n’a plus bougé. Elle ne veut pas qu’il se sente obligé d’aborder trop de choses douloureuses. S’ils doivent le faire, ce sera l’un près de l’autre. S’ils doivent parler d’avenir, ce sera l’un contre l’autre. « Et si on a un jour envie d’avoir plein de mini-Drake, que je ne représente plus un danger, il faudra bien qu’ils voient leurs grands-parents. » Elle veut bien l’envisager. Elle veut bien parce qu’il la rassure, parce qu’il calme toujours ses peurs. Elle avoue être terrifiée à l’idée d’en causer la mort prématurée. Elle veut bien parce qu’il ne la laisserait pas faire de mal sans assurances préalables. Certes, c’est trop tôt. Certes, ça lui noue l’estomac. Elle n’a jamais été entourée d’enfants. Elle n’a pas eu l’occasion de toucher de petits êtres depuis qu’elle est officiellement mutante. Ils pourraient faire des hypothermies. Ils verront demain. Ils constateront. Si elle y survit, alors ils en discuteront. Elle le noie sous ses baisers, d’abord doux puis plus passionnés. « Si eux n’oublient pas, rappelle-toi que je tiens à toi, avec ton passé et tes erreurs, comme tu l’as fait pour moi. » Elle se niche contre son cou. Elle y glisse son nez. Hier encore, elle n’avait aucun passé, et là, elle essayait de voir sur un long terme si lointain qu’elle n'était même pas sûre qu’il la supporte d’ici-là. Il ne la supportera peut-être pas plus d’une semaine.

« Je ne peux pas te promettre que tu seras heureux tous les jours et tu en viens à vouloir retourner auprès de Malicia, je ne me battrai pas.. » La prise de son autre main s’est un peu serrée sur son épaule, inconsciemment, rien qu’à l’idée d’être encore blessée, encore brisée. « .. mais jusque là.. tu auras tout l’amour dont je serai capable. » Snow songe que c’est trop peu, beaucoup trop léger comme promesse. Que ça ne vaut rien contre tout ce qu’il a déjà offert. Elle ne peut pas se convaincre qu’elle est suffisamment bien pour lui. La preuve, elle est terrorisée par l’engagement, elle dit ne pas aimer les enfants, elle a tué plus que de raison et lui il est le modèle du genre idéal. Elle n’est pas à la hauteur. « J’ai toujours eu peur de m’engager.. » Et pourtant elle était parvenue à aligner toutes les étapes d’une vie dans une seule déclaration. L’éternelle maîtresse lui confiait tout ce qu’elle avait. Il n’avait pas à subir la journée de demain seul, à se justifier de sa rupture, il n’aurait pas à le faire car elle s’était faite la promesse de ne pas créer de problèmes, de ne pas faire de catastrophes. Elle ferait en sorte d'être au minimum appréciée pour détourner l'attention des questions fâcheuses. « Tu devrais manger.. il te reste encore du fondant à goûter et je crois qu’une partie à été remise, tout à l’heure. » Ses dents qui mordillent doucement le lobe de son oreille, joueuses. Une fin sympathique, pour une déclaration, non ?
 
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Les remords vous rongent. Les remords vous hantent. Les remords vous paralysent. Les remords vous collent. Les remords vous poursuivent jusqu’à ce que vous ayez trouvé le pardon. Bobby a failli tuer son père. Il a failli tuer un adolescent. Il ne se le pardonne pas. Il ne se l’excuse pas. Il pourrait trouver des milliers de raisons. Il n’y en a aucune qui saurait l’apaiser. Il n’y en a aucune qui le rassurerait. Il porte ses remords. Il les garde confortablement contre lui. Des compagnons qui sont à ses côtés depuis des années. Se pardonner serait difficile. Se pardonner serait étrange. Se pardonner serait abandonner ce sentiment familier. La culpabilité est encore douloureuse. Encore sensible. Encore ancrée. Il a simplement appris à vivre avec. Il a simplement appris à la contrer en aidant les autres. Il a simplement appris à se rendre utile. Pour se rattraper, il donne confiance à des jeunes mutants. Pour se rattraper, il leur montre comment s’aimer. Pour se rattraper, il empêche les accidents mortels. Il agit à sa manière. Il agit à son échelle. En se confiant, il ne cherche pas la pitié. Il ne cherche pas la compassion. Il ne cherche pas la tendresse. Pourtant, lorsque Snow fait le tour de la table pour venir s’asseoir contre lui, il se sent mieux. Il se sent soulagé d’un poids. Il se sent libérer un instant. “Bon. Je ne suis pas très douée pour les déclarations et avouons que c’est un peu précipité mais je vais essayer, sois indulgent.” Malgré lui, il sourit. Elle n’est pas douée, il s’en est déjà aperçu. Sa tendresse est agréable. Sa tendresse est un baume sur ses remords. Sa tendresse est réconfortante. Il aimerait se laisser aller contre elle. Il aimerait se laisser couler sous ses caresses. Il se raccroche désespérément à la réalité. Il ne lâche pas prise. Parce que c’est son passé. Parce qu’il a besoin de s’en rappeler. Parce que ces accidents définissent qui il est aujourd’hui. Snow est froide contre lui. Il a le réflexe de vouloir la réchauffer. Il a le réflexe de lui offrir une douce chaleur. Un réflexe ridicule. Un réflexe vain. Elle n’en souffre pas. Elle se sent même bien dans ce froid. “Je ne serai jamais la copine idéale mais ne compte pas sur moi pour avoir honte de ce que nous sommes. Si j’essaye de construire quelque chose avec toi, je le fais jusqu’au bout. Peut-être que ça ne marchera pas, parce que je suis un peu instable.” L'euphémisme lui arrache un rire. Léger. Court. Une exclamation amusée plutôt qu’un rire franc. Elle veut construire quelque chose avec lui. Elle ne veut pas faire les choses à moitié. Elle serait prête à accepter des enfants de lui, alors ? Il refuserait. Il refuserait qu’elle se force. Il refuserait qu’elle se sente obligée. Il refuserait qu’elle le fasse pour lui faire plaisir. Il doit mettre une limite à sa générosité. Il doit imposer une frontière à ne pas franchir. Il doit s’assurer qu’elle dise oui à ce qu’elle veut faire pour elle, pas uniquement pour lui. Cette excessivité lui fait presque peur. Cette dévotion est presque effrayante.

Il n’empêche qu’on se fiche de ce que pensent les gens. Si tu as envie de te marier au bord du lac de ton enfance, rien ne t’empêche de le faire. Tu n’étais qu’un adolescent sans aucune possibilité de contrôle, ça n’est pas ta faute.” La situation est amusante. Les rôles sont inversés. Le psychologue rassurant dévoile ses faiblesses et se laisse consoler par la patiente. Le petit-ami réconfortant est réconforté. Sa main repousse des cheveux blonds de son front. Il se perd dans son regard. Il se perd dans sa compassion. Il se perd dans son amour. C’est agréable d’être rassuré. C’est agréable de l’entendre le dire. C’est agréable qu’on lui dise qu’il n’y est pour rien. Mais ses mots ne suffisent pas à vaincre ses réticences. Ses mots ne suffisent pas à abattre les remords forgés au fil des années. Par contre, sa main qui s’insinue sous sa chemise chasse le passé pour le ramener vers le présent. Sous la danse de ses doigts, il sent son myocarde s’emballer. Il passe un bras dans son dos. Il la presse contre lui. “Personne n’a le droit de limiter le bonheur de mon homme.” Son homme. Cela sonne bien. Cela sonne naturellement. Son homme. En quarante-huit heures, des ébats, des conversations plus tard, ils en sont là. Ils s’appartiennent, en quelque sorte. Ils se perdent dans les bras l’un de l’autre. Il s’accroche à ses lèvres. Chaque baiser repousse plus loin les remords. Chaque baiser chasse la culpabilité. Chaque baiser le ramène à cette partie qu’ils n’ont pas terminé. Il abandonne sa main sur la joue de Snow. Un besoin de la savoir là. Tout près de ses lèvres. Tout près de son regard. “Et si on a un jour envie d’avoir plein de mini-Drake, que je ne représente plus un danger, il faudra bien qu’ils voient leurs grands-parents. ” Parler d’enfants alors qu’ils ne sont même pas en couple depuis vingt-quatre heures est excessif. Parler d’enfants alors qu’ils ne se connaissent pas complètement est prématuré. Ils doivent se calmer. Ils doivent ralentir. Ils doivent laisser l’avenir se profiler. Il ne la forcera pas. Il ne l’obligera pas. Il ne causera pas son malheur. “Si eux n’oublient pas, rappelle-toi que je tiens à toi, avec ton passé et tes erreurs, comme tu l’as fait pour moi.” Il l’embrasse. Ses lèvres se font passionnées. Pressées. Parce que Snow l’a touché. Parce qu’elle l’accepte. Parce qu’elle le veut tout entier. Elle se laisse aller contre son épaule. Il resserre sa prise sur son dos. Il n’y a pas de meilleur endroit. Il n’y a pas de meilleur moment. Ils sont biens. Ils se suffisent à eux deux. Comme tous les nouveaux couples. Comme tous les couples amoureux. Amoureux… est-ce qu’il peut déjà l’être ? Est-ce que son coeur a pu se réparer aussi rapidement ?

Il appuie sa tête contre la sienne. Ses doigts jouent avec le tissu de sa robe. Son regard devient flou. Il est bien, oui. Il profite. Il se délecte du moment. “Je ne peux pas te promettre que tu seras heureux tous les jours et tu en viens à vouloir retourner auprès de Malicia, je ne me battrai pas..” Ses doigts se détachent de la robe. Sa tête s’écarte. C’est quoi ces conneries ? Elle doute encore. Elle se remet encore en question. Elle a encore peur. Elle pense encore à Malicia. Elle y pense, alors que lui, non. Elle ne cesse d’en parler, alors qu’il s’y refuse. Il ne comprend pas ce qu’elle cherche à faire. Il ne saisit pas. Son but est peut-être de le pousser dans les bras d’Anna Marie. Peut-être qu’elle veut se rapprocher de lui pour l’inciter à revenir vers Malicia, prise par des remords. Elle s’y prend d’une drôle de manière. Elle s’y prend étrangement. Plus le temps passe et plus il s’attache à Snow. Il n’est pas prêt à retourner auprès de Malicia. Il n’est pas prêt à abandonner Snow pour Malicia. “.. mais jusque là.. tu auras tout l’amour dont je serai capable.” Elle lui fait une déclaration d’amour. Une déclaration à demi-mot. Une déclaration camouflée. Une déclaration contournée. Elle fait bien plus qu’elle n’a jamais fait. Il revient poser sa tête contre celle de Snow. Elle est capable de se surpasser. Mais elle ne doit pas oublier qui elle est. Elle ne doit pas se transformer en une autre personne. Il aime sa détermination. Sa force. Sa tendresse. Sa dualité. Elle n’a pas à se métamorphoser en mère idéale pour qu’il l’aime. Elle n’a pas à se transformer en petite-amie attentionnée pour qu’il l’apprécie. Être elle-même suffira. Être elle-même est tout ce qu’il lui demande. “Je ne vais pas retourner auprès de Malicia. C’est toi que je veux combler et que je veux aimer.” Il a déjà commencé. Il s’est déjà attaché à elle. Il lui a déjà donné toute sa confiance. Il cherche déjà son bonheur. Il n’a pas attendu sa déclaration. Il a déjà vu dans son regard la tendresse qu’elle lui porte. Il a déjà aperçu son instinct protecteur. “J’ai toujours eu peur de m’engager..” L’opposé de lui. Il ne connaît que ça. Il ne sait pas faire autrement. Ils y arriveront. Ils affronteront cela à deux. Il lui laissera le temps. Il ne la forcera pas. Il respectera les moments loin l’un de l’autre. Ils iront doucement. Ils avanceront à leur rythme. Il n’a pas d’inquiétude. Il a confiance. Il a foi en l’avenir. Il ne peut pas avoir le coeur brisé une seconde fois. Pas tout de suite. Pas maintenant.

Tu devrais manger.. il te reste encore du fondant à goûter et je crois qu’une partie à été remise, tout à l’heure.” Ses dents se referment sur son lobe. Un sourire éclot sur ses lèvres masculines. Oui, une partie a été remise. D’ailleurs, ils ne peuvent pas s’y mettre tout de suite ? Ce serait gâcher le repas. Ce serait mal élevé. Ce serait… tentant. Sa main remonte jusqu’à ses épaules. Frôle ses cheveux. L’autre vient se placer dans le creux des reins. Il prend possession de ses lèvres. Il les goûte avec délicatesse, avant de les presser avec plus d’appétit. Il écarte doucement le visage, un sourire le barrant de bout en bout. Il abandonne ses lèvres pour son cou. Il emprunte la courbe de la naissance de son cou jusqu’à l’oreille. “C’est avec toi que j’ai envie d’être. Avec personne d’autre.” Pas même Malicia. Seulement elle. Il a envie de la découvrir. Il a envie de la connaître. Il a envie de la remercier pour sa compassion. Après tout, s’il a accepté son histoire, c’est aussi parce qu’il est son psy. Son travail est d’accepter le passé des patients. Il ne peut pas lui demander la même indulgence. Il ne peut pas s’attendre à ce qu’elle soit aussi compréhensive. Elle n’y est pas forcée. Elle n’y est pas contrainte. Il serait plutôt soulagé de voir la déception. De voir de la colère. De voir de la pitié dans son regard. Il serait plutôt soulagé qu’elle ne soit pas attendrie. Mais ses problèmes sont ridicules à côté de ceux de Snow. Ses problèmes sont de simples grains de sable comparés à ceux de Snow. “Tu n’es pas obligée de tout accepter.” D’accepter son passé. D’accepter les erreurs. D’accepter ses projets de vie. D’accepter ses espoirs. Cette relation va dans les deux sens. Chacun fait un pas vers l’autre. Chacun cède du terrain. Chacun accepte les défauts de l’autre. Chacun accepte d’en taire certains. Elle ne doit pas agir en fonction de son avis. Sauf quand il s’agit de tuer quelqu’un ou de le blesser. Sauf quand il s’agit d’être assidu en cours. “Vous devriez retirer votre main et retourner sur votre chaise, Mademoiselle Rosebury, parce que je suis incapable de vous résister.” Incapable de résister à ses yeux. Incapable de résister à ses lèvres. Incapable de résister à son toucher. Incapable de lui résister. Il ne fait pas mine de la libérer. Il ne fait pas un geste pour la laisser partir. Elle saura bien se défaire de lui. Elle saura bien se libérer toute seule. Elle connaît ses faiblesses. Elle les connaît de plus en plus. Et elles sont plus nombreuses qu’il ne le voudrait.


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Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

« Je ne vais pas retourner auprès de Malicia. C’est toi que je veux combler et que je veux aimer. » Le coeur a loupé un battement. Chaque fois que sa peau a frôlé la sienne, elle s’est sentie frémir. Chaque baiser, chaque contact. Elle a la sensation que tout son être est devenu affreusement réceptif, qu’un feu risque de la consumer, sur le champ. La main au creux de ses reins, les doigts qui frôlent ses cheveux. Et ce baiser, trop court, beaucoup trop court. « Tu n’es pas obligée de tout accepter. » Snow a penché la tête, légèrement. Peut-il vraiment penser qu’elle se sent obligée, qu’elle va se forcer à quoi que ce soit ? Certes, il ne la connaît que caractérielle, que mordante et maladroite, mais elle n’est pas que cela, elle est ce qu’il mérite d’elle, ce qu’elle n’offre jamais : la femme compréhensive, attentionnée. Celle qu’Axel a un jour brisé. Celle qui est morte dans l’amnésie et qui renaît, doucement entre ses bras. Il est comme une étincelle de magie qui change la méchante sorcière en princesse, en demoiselle délicate. La reine des neiges en reine humaine. « J’accepte ce que j’ai envie d’accepter. » Pas de négociations possibles. Il sait que sa détermination s’apparente parfois à un entêtement forcené. Une vraie teigne.

« Vous devriez retirer votre main et retourner sur votre chaise, Mademoiselle Rosebury, parce que je suis incapable de vous résister. » Vraiment ? Le sourire en coin qui éclaire ses lèvres est mutin, presque volontairement provocateur. Les doigts viennent s’attaquer aux boutons, sans le lâcher des yeux, sans rompre le contact visuel. « Vous savez ce que je fais des règlements, monsieur Drake ? » souffle-t-elle, à quelques millimètres de sa bouche, sans donner de baiser pour autant, comme une promesse savoureuse qui fait languir, qui pousse à vouloir accélérer le temps. Un bouton. Deux boutons. Jusqu’en bas, lentement. Elle frôle la ceinture, joueuse, mais ne satisfait rien, suspendant ses gestes. Peut-être préfère-t-il finir son assiette ? Elle en doute. « Je n’ai plus faim.. » Un murmure. Tant pis pour le fondant au chocolat-fraise prévu pour deux, tant pis pour les frites, pour la cuisine. Tant pis pour les convenances. Tant pis pour les risques aussi. Une caresse dans son dos, froide. Elle joue avec les températures, sans en avoir conscience, de ses lèvres chaudes qui viennent voler les siennes à son contact glacé dans le bas du dos, contre son cou aussi. Non, vraiment, tant pis pour le reste du monde. Tant pis pour la salle à manger, de toute façon la table est trop grande, ils n’avaient pas de quoi la couvrir de gourmandises.

Et puis sa seule gourmandise, c’est lui. « Tu es un vile tentateur, tu sais ça ? » Elle revient à ses cheveux, qu’elle aime tant décoiffer, jouant à la base de la nuque pour remonter lentement. Si il veut la combler et l’aimer, alors elle allait lui montrer ce que cela donne, quand elle s’autorisait à aimer, vraiment. Plus passionnée, plus fébrile. Défaillir pour ses beaux yeux. Elle sait pourtant que ça n’est pas ça. Elle sait que ses yeux ne sont qu’un plus, que son charme n’est qu’un détail, elle sait que contourner les muscles n’est pas la source de son affection, de son désir. Quand elle joue encore à attraper ses lèvres, là, tout contre lui, c’est seulement parce qu’elle a été charmée, par son esprit, par son attention, par ce qui les lie, aussi paradoxal que cela soit. Elle était tombée pour lui, parce qu’il lui tenait tête, parce qu’elle ne pouvait pas le blesser, parce qu’il savait la rassurer. Et plus elle l’embrassait, oubliant les burger, plus elle réalisait que l’attachement valait l’engagement. Elle se fichait bien du prix à payer, des regards auxquels ils auraient droit, ça n’était jamais que des murmures de plus, que des jugements à ajouter au score. C’était mal de coucher avec le psy. Elle n’y pouvait cependant rien si elle tenait à lui. On dit que l’amour était lié aux hormones, que le cerveau pouvait se perdre pour quelques sensations de plaisir. Elle voulait bien se noyer dedans, alors. Non, elle allait l’y noyer, sous ses caresses mutines, sous le froid mordant, sous les baisers enflammés. C’était bien comme programme. Mieux qu’une friandise au chocolat. Ils n’avaient pas besoin d’aphrodisiaques, de toute façon. Elle a laissé sa main gauche sur son ventre, perdue là, alors qu’elle tentait de maîtriser son souffle, de stabiliser toutes les émotions qui venaient la secouer. En dehors de sa peau, elle n’avait rien gelé, rien givré. Toutes ses pensées tournées vers Bobby épargnaient l’environnement. « Réchauffes-moi, tu veux bien ? » Elle ne régule pas mais elle s’en fout, ça n’est jamais qu’un prétexte de plus pour rester là, pour ne plus se défaire de ces envies un peu folles, de ce drôle de partage. Deux jours. Il leur avait fallut deux jours. Bientôt, le charme de la liberté serait rompu et ils ne pourraient plus être libres de ces jeux interdits, bientôt ils seraient prisonniers de l’Institut Xavier. Snow n’avait plus qu’une chose en tête : en profiter, au maximum, jusqu’à l’ivresse.
 
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Il est bien trop facile de noyer quelqu’un sous ses propres volontés. Il est bien trop facile de le convaincre d’agir selon ses propres volontés. C’est ainsi que certains deviennent malheureux. C’est ainsi que certains s’oublient. Avoir des enfants est un de ses projets. Un projet qu’il est capable de remettre en question. Un projet qu’il peut jeter à la poubelle. Il l’a fait pendant quelques années, avant de repiocher l’idée quand il a eu le coeur brisé. Ce ne serait pas la première fois qu’il abandonne l’idée de devenir père. Ce ne serait pas la première fois que ses désirs sont déçus. Il est bien plus fort qu’une simple déception. Il est capable de trouver son bonheur ailleurs. Mais il a besoin de le dire à Snow. Il a besoin d’être sûr qu’elle ne le fera pas par contrainte. Il a besoin de s’assurer qu’elle ne se forcera pas à tomber enceinte. Elle deviendra mère parce que c’est ce qu’elle souhaite. Pas dans d’autres circonstances. Avec Snow et sa dévotion, il a parfois l’impression qu’elle se force. Qu’elle le fait exprès pour lui. Comme la veille. Comme maintenant. La limite est floue. La limite est difficile à mesurer. Il s’y perd parfois. Snow est la seule à la connaître. Elle est la seule à pouvoir dire si oui ou non, elle désire réellement des enfants. Si oui ou non, elle désire coucher avec lui. Il ne peut que la croire. Il ne peut que lui faire confiance. Mais il y a toujours ce doute. Cette inquiétude. “J’accepte ce que j’ai envie d’accepter.” Un sourire en coin au milieu de sa barbe. Elle est toujours tenace. Elle est toujours déterminée. Même avec lui. Malgré ses baisers. Malgré ses caresses. Peut-être qu’elle ne change pas autant qu’il l’a craint. Peut-être qu’elle reste la même. Peut-être que sa colère de louve est simplement une Snow qui lui est encore méconnu. Son regard ne laisse pas la place à la négociation. Il est dur. Tranchant. Catégorique. Il ne la forcera jamais à rien. Il ne l’obligera jamais à rien. Tout ce qu’elle acceptera de faire sera de sa propre volonté. Et cette nouvelle a le don de le rassurer. De le détendre. De le soulager. Il ne pourra pas causer son malheur. Il ne pourra l’inciter à avoir des enfants, malgré ses convictions. Elle ne se sentira pas contrainte au mariage ou à la procréation. Elle restera la même. La même force de caractère. La même détermination. La même tête de mule.

Son sourire a quelque chose de magique. Son sourire a une once d’extraordinaire. Son sourire illumine son visage. Son sourire transforme ses traits. Il pourrait rester là à la regarder sourire. Il pourrait rester à observer la réaction de ses traits à chaque sourire. Pendant les deux premières années, il n’en a pas vu un seul sur son visage. Encore ces derniers mois, la voir sourire autrement que méchamment était rare. Maintenant, chaque fois qu’elle montre ses dents blanches, c’est pour sourire. Il n’y est pas encore habitué. Il n’est pas encore familier. Encore moins avec ce sourire mutin. Ce sourire qui cache des idées. Ce sourire qui se fait provoquant. Ce sourire qui invite au pêché. Ce sourire qui incite à céder. Sa main frôle ce visage souriant. Sa main frôle cette peau froide. Sa main frôle la beauté. Il sait ce qu’elle fait. Il sent ses doigts s’activer autour de ses boutons. Il sent la chemise se détendre. Il sent les pans tomber. Elle prend son temps. Elle étend le moment. Elle fait monter l’impatience. Ils ne se quittent pas du regard. Jaugeant le désir de l’autre. Scrutant les réactions de l’autre. Ils ne se quittent pas du regard. Il n’en a pas envie. Il est tellement bien, plongé dans son regard. Il aime ce qu’il y voit. De la tendresse. De la passion. De l’envie. Il n'ose pas ciller. Il a l’impression d’être à sa merci. Il a l’impression de dépendre d’elle. Ce qui est le cas. Elle est assise sur lui, à défaire doucement sa chemise. Elle a le regard brûlant. En contraste, ses doigts sont d’une froideur sans nom. Il ne frémit pas. Son corps est tout aussi froid que le sien. Deux corps. Une seule température. “Vous savez ce que je fais des règlements, monsieur Drake ?” Ses lèvres ne sont qu’à quelques millimètres. Il suffirait d’un mouvement pour qu’il les attrape et en fasse siennes. Il suffirait d’un geste pour qu’il l’embrasse. Il n’en fait rien. Il attend. Parce que la main de Snow est arrivée à sa ceinture. Parce qu’il attend le bon moment pour l’embrasser. Parce que cela fait partie du jeu. Si l’on prend tout, tout de suite, on ne savoure pas. Il faut désirer. Il faut rêver. Il faut attendre. Elle laisse ses doigts traîner sur son ventre. Elle est cruelle. Elle se fait tentatrice. Elle devient maîtresse dans l’art de le faire languir. Il sent son souffle contre sa peau. Son coeur s’emballe de nouveau. Comme pendant un effort physique. Comme pendant une épreuve. L’épreuve s’appelle Snow. “Je n’ai plus faim” Il n’a plus faim non plus. Il a trouvé plus urgent. Il a trouvé plus intéressant. Des hamburgers, il y en aura d’autres. Pas des moments comme celui-ci. “Moi non plus.” Il souffle sa réponse. Mais il ment. Il a faim. Il a faim de ses lèvres. Il a faim de ses caresses. Il a faim de sa peau. Il faim d’elle. Il a appris à profiter de chaque moment avec la personne qu’il aime. Que cela soit pour un simple baiser. Que cela soit pour une relation sexuelle. Pendant un temps, chaque toucher lui arrachait de l’énergie. Pendant un temps, il a profité du toucher pour compenser la douleur. Si avec Snow, il ne risque rien, il savoure quand même.

Impossible de se rassasier de ses lèvres. Impossible de se séparer trop longtemps. Deux drogués qui cherchent leurs doses. Deux drogués qui ont trouvé leurs substances. Il se débarrasse de sa chemise ouverte. Elle lui est inutile maintenant. Il laisse ses doigts passer sous les pans de la robe. Des doigts qui explorent ses cuisses. Des doigts qui reviennent dans son dos. “Tu es un vile tentateur, tu sais ça ?” Un sourire échangé. C’est marrant, il aurait plutôt dit l’inverse. C’est elle qui a les doigts sur sa ceinture. C’est elle qui le déshabille. C’est elle qui l’appelle de son regard et de ses baisers. C’est elle, la vile tentatrice. Et pourtant, ils se donnent l’un à l’autre. Ils échangent des regards. Ils s’étreignent. Ils s’embrassent. Il n’y a qu’eux deux qui comptent. Il n’y aura pas d’interruption. Il n’y aura pas de visite impromptue. Pour en être sûr, peut-être devraient-ils barricader la porte d’entrée avec de la glace. Tant pis. Bobby prend le risque. Il prend le risque d’être arrêté une deuxième fois. Ses doigts descendent le long de sa colonne vertébrale. “Réchauffes-moi, tu veux bien ?” Une prière à laquelle son corps répond immédiatement. La température remonte. Le froid cède la place à une température équilibrée. Un trente-sept degrés agréable. Un trente-sept degrés chaleureux. Un trente-sept degrés en cohérence avec le feu qui l’embrase intérieurement. Il la réchauffe de son corps. Il la réchauffe de son regard. Il la réchauffe de ses baisers. Le cou, les lèvres, le dos, les jambes. Il cherche à couvrir chaque parcelle de son corps de sa chaleur. Il ancre ses mains autour de ses hanches. Il attrape les lèvres de Snow. Il les capture pour ne plus les lâcher. Il recule la chaise. Juste assez pour se lever. Juste assez pour faire un pas de côté. Juste assez pour atteindre un coin vide de couverts. Juste assez pour l’asseoir sur la table avec une douce autorité. Il se réfugie dans sa nuque froide. Sous sa mâchoire. Derrière son oreille. Il se réfugie au plus près de sa peau. Ses doigts se perdent dans les pans de sa robe. Trop longue. Trop de tissus. Trop d’empressement. Il fronce les sourcils. Il s’arrache à sa peau. Il s’arrache à son odeur. Il s’arrache à elle pour reculer. Il s’arrache à elle pour étudier la situation. Mais ses mains ne sont jamais bien loin. “La prochaine fois, tu mettras une chemise. Apparemment, c’est plus facile à enlever.” Il lui adresse un sourire. Quelle injustice. Elle lui retire sa chemise en quelques secondes. Lui doit se débrouiller avec une robe sans boutons. Il récupère la peau de Snow d’un baiser brûlant. Il se rapproche de son oreille. Il a un sourire en coin sur les lèvres. “En plus, tu serais incroyablement sexy dans ma chemise hideuse.” Toujours parfaitement apprêtée dans ses robes, Snow serait tout aussi désirable dans un vieux tee-shirt XXL. Il en a la certitude. Une théorie qu'il compte bien éprouver.

Cette fois, ses mains sont plus sûres. Elles attrapent les extrémités de la robe et la soulèvent doucement. Il l’envoie choir près de sa chemise. Il se détourne de Snow pour s’intéresser au contenu de la table. Il a toujours rêvé de vider son bureau d’un simple geste de la main. Il va en faire une version plus douce. Il s’agit quand même d’une belle vaisselle qui n’est pas la sienne. Il repousse les assiettes, les verres et les couverts de son avant-bras. La place est libre. Il retourne auprès de Snow. Il s’abandonne dans la redécouverte de sa peau nue. Des baisers qui viennent fleurir vers sa poitrine. Des doigts qui prennent naissance sur sa cuisse. Une main qui s’ancrent dans son dos. Plus que quelques vêtements et ils s’appartiendront de nouveau. Encore quelques vêtements et ils pourront de nouveau s’inquiéter d’éventuels mini-Drake.


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Il la réchauffe, il est la source de chaleur à laquelle elle s’enivre avec délectation. Et les mains sur ses hanches la font frémir plus fort, comme une promesse à venir. Une promesse liée à ce baiser brûlant qu’ils échangent. Elle crève d’envie de l’aimer jusqu’à mourir de ce corps qui lui devient chaque seconde plus familier. Cette autorité nouvelle lui plaît. La table, un lieu inexploré, délicieusement scandaleux. Une rébellion contre son éducation, une plaisante indécence. Elle l’attire plus près, elle presse ses mains contre ses épaules, il parcourt sa nuque, sa mâchoire, son cou. Danse sans fin de sa bouche sur sa peau qui se réchauffe. C’est différent. Différent dans le battement fou de son coeur, différent dans ses gestes explorateurs, dans ses certitudes. C’est différent, dans cette escalade de désir qu’elle ne peut plus maîtriser. Il n’y a plus le doute, la peur, les conséquences. Il n’y a qu’eux. Il n’y a qu’eux quand il se perd dans les pans de sa robe, quand malgré elle, la cambrure de son dos s’accentue sous cette recherche précipitée. « La prochaine fois, tu mettras une chemise. Apparemment, c’est plus facile à enlever. » « .. Tout ce que tu veux. » Ca n’est qu’un murmure, un souffle court. Il est trop loin, il s’est arraché à elle. Il étudie cette foutue robe qui est définitivement de trop, il cherche le sens, l’ouverture. Et lorsqu’il revient contre elle, elle referme les bras autour de sa nuque, elle glisse une jambe derrière l’une des siennes, pour l’emprisonner, l’ancrer à l’échange qui l’impatiente. « En plus, tu serais incroyablement sexy dans ma chemise hideuse. » Là, tout près de son oreille. Elle dépose un long baiser contre son épaule, l’insupportable chaleur lui brouillant déjà les pensées. « .. Celle-ci. » Elle veut celle qui s’est échouée sur le sol, pas une autre, parce qu’elle a un goût de reviens-y, parce qu’elle a quelque chose de spécial. Une chemise qu’elle lui a enlevé, une chemise qu’elle a déboutonné par deux fois. Une chemise moche pour un moment d’une rare intensité. « .. Juste.. celle-ci. » Il retire la robe. Encore, elle est privée de lui, de sa peau, du battement de son myocarde, de cette folie tendre. Il écarte la vaisselle. Elle reprend une respiration plus contrôlée, en l’observant. Qu’est-ce qu’il fait ?

Elle comprend quand il revient. « .. Oh. » Ca n’est pas le même que le sien, ça n’est pas de la déception, c’est de la surprise savourée, soufflée, quand elle sent le contact sur sa cuisse, les baisers sur sa poitrine, quand elle perçoit la main dans son dos. Sa propre main se referme un instant sur le rebord de la table qui s’orne à son tour de glace, décor lentement givré qui les accueille. C’est moins maîtrisé que la première fois. Tout est plus intense, jusqu’à la buée glacée qui s’extirpe de sa bouche en un soupir froid. Réchauffe-moi, a-t-elle demandé, son corps s’y refuse, rejette l’effort de le supporter pour s’abandonner au plaisir naissant.

Les vêtements ne tiendront pas. Empressée, elle l’aide à les retirer. C’est bien la première fois qu’une agrafe de soutien-gorge lui résiste. Pourquoi en avoir choisi un si sophistiqué, si fragile ? On s’en fiche. Son regard lui a presque dit de forcer sur le fermoir grippé. Ne plus le mettre. Défaut de fabrication. Goûter à sa peau, goûter à son corps, encore et encore, se presser, s’abandonner, y retourner, inlassablement. Le hamburger aurait été fade à côté d’une dose d’extase. Elle est droguée à son odeur, et si rien n’a jamais été parfait jusque là, elle découvre un univers où tout est facile, tout est langueur, tout est plaisir. Des soupirs près de son oreille à la glace qui parfois s’impose, s’échappe, elle ne ressent pas de regrets, de remords, d’imperfections. Le rire, entre deux regards, entre deux longues accroches de leurs billes bleues. « C’est une table de famille. » Une assiette qui s’écrase bruyamment, se brise, poussée par le verglas. Elle défaille, déjà. « .. A l’étage. »

Se lier, se délier, s’entraîner l’un l’autre dans les escaliers, s’appuyer contre la rampe, manquer s’y abandonner, glisser joyeusement jusqu’au piano. Là. Deux-trois notes déposées, narguant l’amant, quelques notes avant de l’enlacer - goûter, savourer, dévorer, partager, s’embraser. Surtout s’embraser. Plus de glace, la température irrégulière, autant que son coeur qui s’afolle toujours, se lance dans une course infinie. Le poison d’un amour naissant au creux de ses veines - elle ne veut que lui. Toujours. Elle ne veut pas que ça s’arrête, elle veut le mener dans chaque pièce, marquer de toutes les horreurs de sa vie les dorures d’une passion vibrante. Quelques notes qui meurent pour l’abandon des corps. « Bobby.. » A peine audible, noyé dans un baiser, quand elle l’embrasse, quand elle vole ses lèvres, sans cesse, sans prendre le temps de respirer. « Je n’en veux pas d’autre que toi. » Quoi qu’il se passe, quoiqu’elle risque, même si le monde marchait sur la tête, tant pis, elle l’aimerait quand même, au nez des bien-pensants, tatouant sur sa peau la carte d’un avenir meilleur.
 
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Est-il possible de devenir fou de désir ? Est-il possible de perdre la tête sous les caresses ? Est-il possible de ne vivre que de sa peau ? Il sent qu’il n’est plus aussi sain d’esprit. Il sent qu’il n’a plus autant de maîtrise sur son corps. Il est sensible à chacun de ses baisers. Il est réceptif à chacune de ses caresses. Il perd pied. Ou est-ce son coeur qui bat à tout rompre. Ou est-ce sa respiration qui se fait saccadée, courte. Il n’a pas le temps de s’appesantir sur les détails. Il n’a pas le temps de réfléchir à ce qu’il ressent. Il ressent et c’est le plus important. Désir, empressement, excitation, passion. Il a envie de se perdre dans ses bras. Il a envie de se perdre dans l’euphorie du désir. Entre deux baisers, elle accepte tout. Entre deux moments d’ivresse, elle accepte de tout lui donner. Entre deux inspirations, elle accepte de faire tout ce dont il a envie. Une simple chemise. Un simple vêtement qui lui irait à ravir. Une chemise qu’elle a jugé hideuse, mais qu’elle accepte de revêtir. Pas maintenant. Pas tout de suite. L’instant est à la nudité dévoilée. L’instant est à la découverte de sensations oubliés ou inconnues. L’instant est à la perte du contrôle. Le souffle court. Le souffle rapide. Le souffle est à l’opposé des gestes. Des gestes langoureux. Des gestes passionnés. Des gestes explorateurs. Des gestes pour mieux prendre prise sur Snow. Des gestes pour mieux s’approprier son corps. Expirer et inspirer ne sont pas dans ses priorités. Expirer et inspirer sont le cadet de ses soucis. Expirer et inspirer semblent difficiles maintenant qu’il sent Snow se cambrer. Maintenant qu’il sent ses doigts dans son dos. Maintenant qu’il sent ses lèvres sur sa peau. Expirer et inspirer ne sont plus utiles. Il ne la quitte pas des lèvres. Il ne la quitte pas des mains. Besoin vital. Besoin nécessaire. Le désir au bord des lèvres. Son attention égarée entre les bras de Snow, il retire sa ceinture. Des gestes maladroits. Des gestes empressés. Des gestes non contrôlés. Pourtant, il arrive à retirer cette ceinture en quelques secondes, en temps normal. Mais ce n’est pas un temps normal. Il est obligé de baisser le regard. Il est obligé de s’arracher de l’emprise de ses prunelles bleues. Il est obligé de coordonner ses doigts avec ce qu’il voit. Enfin, la ceinture trouve la sortie. Elle est défaite. Il s’attaque au jean. Un bouton. Une braguette. Un pantalon qui tombe. Il revient plus près de Snow, encore. Toujours plus près. Toujours plus proche. Ses yeux ont fondu sous la passion. Ses yeux ne sont plus que deux prunelles empressées. Tout son corps est en attente. En attente de parcourir sa peau sans obstacle. En attente de mettre fin à ce désir incontrôlé. Dix ans à rattraper. Dix ans d’abstinence. Cela laisse des traces. Dans son cas, la frustration refait surface. La frustration revient plus forte, plus sauvage, plus ingérable. La frustration parle. La frustration envahit ses muscles. La frustration noie son cerveau. La frustration transpire dans ses gestes.

C’est une table de famille.” Bien malgré lui, il lève les yeux au ciel. Table de famille ou non, ils peuvent bien s’y asseoir. Table de famille ou non, ils peuvent bien lui trouver de nouvelles utilités. Ce n’est pas sa famille disparue qui va s’en émouvoir. Il ancre davantage ses lèvres dans sa chair. Pour y laisser une empreinte. Pour y laisser une preuve de son passage. Pour la goûter. Au loin, une assiette qui s’écrase. Une assiette qui se brise. Une assiette qui ne le perturbe pas. Ils ont bien assez attendu. Ils ont été assez patients. Ils méritent de s’occuper de cette assiette plus tard. “.. A l’étage.” Il grogne contre sa peau. A l’étage. Encore quelques instants à patienter. Encore quelques instants avant de se perdre définitivement dans la luxure. Retarder l’échéance. La rendre encore plus désirée. La faire plus attendue encore. Un énième baiser sur ses lèvres. Un énième contact avant de la soulever. Avant de la poser au sol. Il garde sa main dans la sienne. Jamais trop loin. Jamais trop longtemps. Il la suit. Une ombre que l’obscurité ne saurait effacer. Une ombre qui la colle à quelques centimètres. Une ombre qui dépose des caresses sur sa peau nue. L’escalier est le plus difficile. Ils s’y abandonnent contre la rambarde. Des baisers passionnés. Des contacts stimulants. Des regards appuyés. L’ivresse est proche. L’ivresse les guette. L’ivresse est à deux pas. L’ivresse est au bout de leurs doigts. Au bouts de leurs lèvres. Il serait bien resté là. Il se serait bien perdu dans sa peau. Ici ou ailleurs. Peu importe. Tant qu’elle est là. Tant que ses caresses froides contrastes sur sa peau chaude. Tant que ses lèvres sont à proximité. Tant que son regard est brûlant. Tant que son sourire est mutin. Ce n’est pas la chambre qu’ils cherchent. Ce n’est pas le lit qu’ils souhaitent. Le piano. Il marque un arrêt sur le pas de la porte. Il l’observe. Il l’admire. Il se dit que l’idée est même mieux que la table. Même plus poétique. Plus… musicale. Elle l’arrache à ses rêveries. Elle l’attire vers l’instrument de musique. Les notes sont douces sous ses doigts. Les notes sont lascives à la sortie. Snow se pare de la magie des musiciens. Elle se pare de l’élégance des pianistes. Elle se pare d’une nouvelle qualité. Son toucher se fait plus mélodieux. Son contact se fait plus musical. Bobby répond par une partition de baisers, de caresses et de regards. Il y répond avec la musique corporelle qu’il apprend. Il y répond avec les quelques notions musicales qu’il maîtrise. Il n’est pas de ceux qui savent jouer du piano ou de la guitare. Il est de ceux qui arrachent des sons plus doux et agréables à l’oreille. Des soupirs, des cambrures, des mots. Un art qu’il maîtrise de plus en plus. Un art dans lequel il perd pied. Un art dans lequel il s’épanouit. “Bobby..” Il plonge sa tête dans la nuque. Cette courbe parfaite. Cette courbe dessinée entre son épaule et sa mâchoire. Une courbe dont il pourrait reproduire la forme, les paupières fermées. ici, le froid est plus chaud. Ici, le froid est plus chaleureux.

Je n’en veux pas d’autre que toi.” Ça tombe, il n’est pas sûr de supporter qu’elle puisse trouver le plaisir dans les bras d’un autre. Il n’est pas sûr d’aimer l’idée qu’elle embrasse un autre homme. Il n’est pas sûr d’apprécier qu’elle se laisse aller contre le corps d’un inconnu. Il se découvre jaloux. Il se découvre protecteur. Il se découvre attaché. Il va finir par le devenir. Il va finir par apprendre la jalousie. Il en a subi les conséquences durant des années. A son tour de comprendre les sensations que cela procure. Snow n’aura pas de don pour empêcher les autres de la toucher. De l’embrasser. De la caresser. De la presser contre eux. Elle n’aura que son froid pour repousser. Le froid n’est pas suffisant. Le froid est hypnotique. Le froid est captivant. Le froid est agréable. Le froid est vivifiant. Alors oui, il se pourrait bien qu’il devienne jaloux. A un moment ou un autre. Il se pourrait bien qu’il soit assez attaché à Snow pour se méfier des hommes qu’elle fréquente. Il profite d’un moment pour respirer. Un moment pour prendre une inspiration. Un moment pour esquisse un sourire. Un moment pour prononcer une confidence. “Tu me fais perdre la tête...” Littéralement. Il pense plus à rien. Il ne pense plus aux conséquences de cette relation. Il ne pense plus à son passé. Il ne pense plus à demain. Il ne pense plus à rien. Sauf à elle. Elle est devenue le centre de son monde. Elle est devenue l’axe autour duquel graviter. Elle est devenue le réceptacle de ses baisers. Elle est devenue l’exutoire de sa tendresse. Elle lui fait perdre la tête. Mais d’une belle manière. D’une manière qu’il ne connaissait pas. D’une manière plaisante. Il reprend possession de ses lèvres. Il y revient toujours. Mais toujours avec plus d’ardeurs. Toujours avec plus d’empressement, au fil des minutes. Il égare ses mains sur son corps. Sa nuque. Son dos. Ses fesses. Il s’égare sur ce corps qu’il apprécie. Sans pouvoir retrouver le chemin. Sans pouvoir s’effrayer. Il est en terrain conquis. Il est auprès d’une femme qui l’apprécie et qu’il apprécie. Il est pendu aux lèvres d’une femme pour qui il est prêt à tout. Il l’entraîne pour faire le tour du piano. Il l’embarque dans ses bras. Il ne veut plus la quitter. Il ne veut plus se séparer d’elle. Ce serait prendre le risque d’être interrompu. Ce serait prendre le risque de la laisser filer entre ses doigts. Dans son dos, le piano se dresse. Il ne le voit pas. Il le percute. “Merde !” Un juron qui lui échappe. Une exclamation qu’il ne retient pas. La douleur est vite oubliée dans les bras de Snow. La douleur disparaît vite sous son regard. Il la soulève de nouveau. Il y a encore trop de zones qu’il n’a pas pleinement explorées. Il y a encore ce ventre plat qu’il n’a pas pleinement découvert.

Un premier contact à la naissance du sous-vêtement. Un second aux alentours du nombril. Il monte. Il monte encore. Il rejoint la clavicule. Il prend quelques instants pour sentir son pouls. Quelques secondes pour sentir sa poitrine se soulever sous l’impulsion des respirations. Quelques secondes pour respirer son odeur. Il frôle le menton. Il se rapproche de sa bouche. Un prédateur qui épie sa proie. Un prédateur qui sonde sa victime. Il frôle le coin de ses lèvres, avec un sourire en coin. “On reste ici ou tu as d’autres pièces à me faire visiter ?” Il ne peut pas rêver mieux comme visite. Il ne peut pas espérer meilleure visite guidée. Il ne peut pas imaginer visite plus intéressante et originale. Il y a encore des pièces qu’il n’a pas visitées. Il y a encore des endroits qu’elle veut peut-être lui montrer. Il y a peut-être encore des pièces qu’elle songe propice à quelques échanges amoureux. Il est prêt à suivre la guide.



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Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

C’est dévorant. C’est brutal. Ca la noie dans le flou d’un amour brûlant. Ca grignotte sa raison pour ne laisser que les sensations, ça enflamme ses sens, lui arrache des soupirs. Il explore sa peau dans ses moindres détails, il joue à la faire sienne du bout des doigts, et elle plie à ses désirs, elle laisse mourir les baisers dans une passion incontrolée. Elle goûte à la luxure avec délectation. Elle n’est plus que désir délirant. « Tu me fais perdre la tête… » Plus assez de souffle pour parler. Elle a le coeur au bord des lèvres, les yeux perdus dans les siens, qui cherchent, capturent le regard clair. Leur maladresse est sans conséquence, c’est de l’impatience, comme avec la fermeture, comme avec la ceinture. Leur maladresse n’a pas d’importance, juste de l’impatience. Elle rêve déjà de l’abandon quand ses mains glissent sur son corps, quand la cambrure s’accentue, quand il fait le chemin de la dentelle du sous-vêtement à la clavicule. Trop long, trop lent. Une guerre interne pour résister, alors qu’il la fait languir, à son tour. Il n’y a pas assez d’accroches pour qu’elle s’efforce de patienter, il n’y a que son corps, que cette épaule qu’elle manque griffer, que ses lèvres qu’elle manque mordre. Il n’y a que la passion qui dirige, la domine. Elle a laissé la raison aux oubliettes, la réflexion en cage. Elle veut le sentir plus près, toujours plus près, elle se presse contre lui, refuse que le contact ne se rompe - toujours un peu de peau contre la sienne. Toujours trop de vêtements. Pas encore la délivrance. Il grave sur tout son être l’envie pressante. « On reste ici ou tu as d’autres pièces à me faire visiter ? » Pas de réponse. Pas d’autre réponse qu’un baiser langoureux, un long baiser sans équivoque qui vogue de la tendresse à la dérive.

La chaleur qui grimpe n’a pas d’égale, elle enveloppe Snow dans ses filets, à chaque fois que ses paumes glissent dans les cheveux sombres, à chaque fois qu’elles parcourent le dos, découvrent le torse, s’approprient chaque contour, font l’esquisse de cette chair délicieuse. « .. Trop chaud.. » Beaucoup trop. L’excès inverse est atteint. Il n’y a plus de limites aux extrêmes de son organisme. Elle s’en fout, n’est-ce ? Ca n’est que la fièvre de cette excitation indécente qu’ils font monter, encore et encore. Elle n’a pas envie d’arrêter, qu’elle brûle contre lui, elle veut bien, tant qu’il est là, qu’il ne la lâche pas. Elle sait qu’il règlera le problème, qu’il posera sur elle ses baisers froids, qu’il fera courir sur ses courbes un désir aussi glacé que le sien ne devient volcanique. Ils se jouent des règlements, des contraintes de la réalité, ils se jouent de la normalité. Si elle a chaud, elle sait qu’il sera froid, si elle a froid, elle sait qu’il sera chaud, complémentarité suprême, comme si le lien s’étirait sans fin, comme si elle était faite pour se fondre entre ses bras. Comme si s’aimer était une évidence. Plus question de fuir, plus question de souffrir. Si elle a mal, il pansera les plaies. S’il doute, elle offrira les certitudes d’une caresse. S’il s’abandonne, elle le suivra. S’il danse sur le fil de l’extase, elle se fera funambule pour suivre ses délires. S’il veut surfer sur la glace d’un sommet enneigé, elle apprendra le vertige de ses baisers.

Le feu qui s’empare d’eux n’est qu’une folle aventure au travers du manoir. Le piano pour savourer les délices des retrouvailles charnelles, le bureau pour le retenir lié au plaisir, basculer sur un fauteuil en s’oubliant l’un contre l’autre, tanguer au bord du vide de l’extase entre les vieux coussins de velours. Succomber à ses caresses. Succomber à sa dose, tomber pour ses yeux, pour l’implosion passionnelle, en se jurant de n’aller plus nulle part sans retrouver ce chemin, celui qui le rejoint, qui lui revient. Lui susurrer près de l’oreille combien elle l’aime, de ce souffle saccadé qui n’a plus de notes, plus de partition, qui ne suit que sa propre voie. La danse de ses doigts à la naissance d’une omoplate, un tango sensuel jusqu’à mourir près de ses reins. Retarder toujours plus la fin, s’accrocher à l’échange, expirer le peu d’air qu’elle parvient à attraper.

S’assoupir ensemble, entrelacés, laisser les minutes défiler, les heures se noyer. Ouvrir les yeux pour recouvrir encore sa peau de ses lèvres. Parenthèse avant de retrouver la lancinante saveur de la tentation, l’exigence suprême de deux êtres qui veulent s’aimer jusqu’à s’en rassasier, sans que la faim ne s’étiole, sans que le voile ne soit jeté sur le caprice des sens. Et la chambre grise pour éteindre le brasier, pour souffler sur les dernières cendres de l’évidence.

… * …

Elle a bougé. Quand le sommeil n’a plus été assez profond, elle s’est agitée. Plusieurs fois, sans pourtant se réveiller, sans pour autant sortir du royaume de Morphée. Elle a eu un spasme d’angoisse avant de sentir Bobby, tout près. Il a, peut-être malgré lui, chassé la menace d’un cauchemar, d’un fantôme venu la hanter. Et elle a replongé dans l’absence de rêveries, à la recherche d’un repos nécessaire. Le soleil illuminait déjà la pièce lorsqu’elle a ouvert les yeux, la tête reposant sur l’épaule masculine, le bras dormant sur sa taille. Quelle heure était-il ? La question muette s’échappe, s’envole. Elle voudrait rester là. Elle voudrait le garder chaque minute de sa vie, rester lovée là. Un mouvement pour nicher le nez près de son cou, percevoir doucement la réalité, sentir que ça n’était pas qu’un fantasme, que ce week-end était réel, que cette nuit passionnelle était vraie. « Mmmh.. » Elle a réalisé qu’elle portait la chemise à carreaux, dont aucun bouton n’était attaché, sans être capable de se souvenir comment elle était arrivée là. Ses prunelles ont papillonné, observant ce qui se trouvait dans son champ de vision - ça n’est pas sa chambre, c’est celle qu’elle a attribué à son sexy psychologue. Elle se rappelle lui avoir soufflé qu’elle l’aimait, elle se rappelle l’avoir ressenti dans chaque fibre de son myocarde affolé. Elle sait qu’elle est bien, qu’elle ne désire plus rien, seulement être avec lui et écouter les battements de son coeur à l'instar d'une douce berceuse. « .. On devrait penser à rater notre avion. » Tentant, non ?
 
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Il a perdu la notion du temps. Il a perdu l’appréciation des minutes qui s’écoulent. Il a perdu ses repères temporels. Tout ce qui importe se trouve sous ses doigts, sous ses lèvres, sous son corps. Tout ce qui importe s’appelle Snow. Tout ce qui importe est son bien-être. Tout ce qui importe est de lui apporter autant qu’elle lui apporte. Il ne sait pas depuis combien de temps ils sont en train de s’embrasser. Il ne sait pas depuis combien de temps il se perd dans ses bras. Et très franchement, il s’en fiche. Il pourrait y rester des heures. Des jours. Des mois. Il pourrait passer sa vie ici, à se contenter de l’embrasser et de découvrir son corps. Il pourrait se nourrir de ses baisers et s’hydrater de ses caresses. Ce quotidien lui satisferait. Ce quotidien lui plairait. Un quotidien de luxure. Un quotidien loin de tous les problèmes. Un quotidien utopique. Un quotidien qu’il ne pourra pas adopter. Il y aura un moment où la faim se fera sentir. Il y aura un moment où la soif rendra sa bouche pâteuse. Il y a un moment où il devra faire surface. Il ne pourra pas rester éternellement caché dans son cou. Alors, il en profite. Il perd la notion du temps. Il oublie les heures qui passent. Il se contente de vivre le moment présent. Il se contente de s’enivrer de son odeur jusqu’à ne plus pouvoir. Il se contente de rattraper les années perdues. Il s’en sort plutôt bien. “.. Trop chaud..” Deux mots soufflés entre deux respirations. Deux mots soufflés entre deux baisers. Il baisse sa température. Il se fait froid. Il agit comme un régulateur. Un régulateur qui dépose ses soins sur chaque partie de son corps. Un régulateur qui apaise le feu grâce à des étreintes. Un régulateur qui ne peut pas se passer de son contact. Un régulateur qui a du mal à décrocher. Il y a ce piano et il y a eux. Pour rien d’autre ne semble exister. Mise à part cette impatience commune. Mise à part cette flamme commune. Mis à part ce souhait commun. Il y a ses doigts dans ses cheveux. Dans sa nuque. Dans son dos. Il y a ses ongles qui manquent de le marquer. Il y a ses lèvres brûlantes. Il y a son corps collé au sien. Elle irradie d’une chaleur qu’il ne lui connaît pas. Si habitué à sa fraîcheur. Si habitué à sa froideur. Il la croirait fiévreuse. Mais pas d’une fièvre maladive. Une fièvre douce et agréable. Une fièvre alimentée par l’envie. Une fièvre nourrie par l’impatience. Chaque réaction de son corps est un encouragement. Chaque réaction de son corps est une invitation à aller plus loin. Il a oublié l’hésitation de la première fois. Il a oublié les gestes tremblants de la première fois. Il a oublié l’appréhension de la première fois. Il est plus sûr. Il est plus rassuré. Si ses gestes sont encore maladroits, c’est à cause de l’empressement. Si ses gestes sont malhabiles, c’est uniquement à cause des émotions.

La visite se poursuit. Le piano est laissé derrière eux pour passer à une nouvelle pièce. A un nouveau meuble. La fièvre du désir s’est emparée d’eux. Elle ne les lâche plus. Elle les incite à s’embrasser. A se lier. A se délier. Une danse de deux corps où chacun fait un geste vers l’autre. Une danse où chacun est réceptif aux émotions de l’autre. Une danse où ils sont en parfaite symbiose. Il n’y a plus besoin de parler. Il n’y a plus besoin d’exprimer. Il n’y a plus besoin de confier. Seules les caresses suffisent. Seuls les regards sont nécessaires. Seules les sensations priment. Parler est futile. Parler est inutile. Pourquoi s’encombrer de mots lorsque les sentiments sont plus forts ? Pourquoi se fatiguer à discuter lorsque les gestes parlent d’eux-mêmes ? A une époque, il se battait pour obtenir deux mots de Snow. Maintenant, il savoure le silence. Il aime ce calme rythmé par des soupirs et des souffles hachés. Il apprécie ces frôlements échangés. Leur danse les fait traverser l’étage. Puis les mène au rez-de-chaussée. Ils reviennent sur leurs pas. Ils explorent les pièces du manoir. Ils créent de nouveaux souvenirs sous le toit des Rosebury. Ils font de cette maison meurtrie par les drames, une demeure habitée par les désirs de deux personnes. Ils transforment le manoir en une boîte de tous les désirs, de tous les fantasmes. Quelque part dans cette exploration architecturale et corporelle, ils promettent de ne plus se chasser. De ne plus se se battre. De profiter. De chérir les moments ensemble. De ne rien regretter. Quelque part, entre deux baisers, ils se donnent l’un à l’autre. Aveuglément. Inconsciemment. Lorsque le froid rencontre le froid, cela fait étincelles. Mais pas que. Elle est la neige. Il est la glace. Au coeur de l’hiver, ces deux variations s’unissent pour offrir une belle saison. Au coeur de l’hiver, ils se retrouvent pour ne former qu’un tout. Les éléments les auront rattrapés, finalement. Les éléments les auront attirés. Jusqu’au moment où, le souffle court et le regard brillant, ils atteignent leurs limites. Jusqu’au moment où les effleurements ne sont plus nécessaires. Jusqu’au moment où les corps se reposent de cette danse physique. Jusqu'au moment où une promesse d'amour est prononcée. Il s’endort plus serein que jamais. Il s’endort plus épuisé que jamais. Il s’endort sans réfléchir. Il s’endort sans une inquiétude. Une tranquillité d’esprit qui le berce dans son sommeil. Une tranquillité d’esprit qui le plonge dans une nuit sans rêves. Une nuit où rien ne vient perturber son repos. Une nuit comme il aimerait en avoir plus.

xXx

Il émerge. Il reprend possession de son corps. Il retrouve les sensations de ses muscles. Il revient à un état de conscience. Paupières fermées, il profite de ce calme. Il profite de ce silence. Il sent Snow à ses côtés. Il sent son corps froid contre lui. La nuit n’a pas été aussi paisible pour lui que pour elle. Elle a remué. Elle a gigoté. Elle a sursauté. Il a répondu inconsciemment. Un bras sur son ventre. Une tête nichée dans sa nuque. Un baiser sur son épaule. Des réponses physiques pour des maux psychiques. Il se tourne sur le côté. Il cherche à replonger dans cette nuit sans rêves. Il cherche à retrouver cet état de tranquillité et d’apaisement. Il n’a pas connu ce sentiment depuis des années. Peut-être depuis son enfance. A une époque où il était insouciant. A une époque où son seul problème était de savoir quoi demander au Père Noël. En grandissant, les problèmes d’adolescent, de mutant, d’étudiant, puis d’adulte ont pris la place. Ont envahi ses nuits. Il s’est réconcilié avec ses soirées difficiles. Il s’est souvenu à quoi peut ressembler quelques heures d’un repos total. Une chatouille dans son cou. Un nez qui se pointe. Des cheveux qui viennent frôler sa barbe. Et un sourire. Un sourire qu’il ne retient pas. Un sourire qui témoigne de sa bonne humeur. Il n’a pas besoin d’ouvrir les yeux. Il sait qu’il s’agit de Snow. Il la ressent à sa température. Il la ressent à son odeur. Il la ressent à la douceur de sa peau. Snow. Il ne bouge pas. Il est tellement bien là. Il est tellement bien contre elle. Il est tellement bien dans ce lit. “Mmmh.. ” C’est bien elle. Il la sent remuer. Il ne se décide pas à ouvrir les yeux. Il ne se décide pas s’éveiller totalement. Il ne se décide pas à prendre pleinement l’ampleur des événements de ces dernières heures. Il veut seulement conserver cette sensation de bien-être. Il veut seulement inscrire l’instant présent dans sa mémoire. “Hey... ” A l’aveugle, sa main part à la recherche d’un morceau de peau. D’une main à attraper. D’une joue à caresser. Il goûte au plaisir de se réveiller auprès de la femme qu’il aime. Il goûte à la sensation d’un corps froid contre lui. Il goûte au plaisir de la savoir là, à ses côtés. Des plaisirs du quotidien que les couples connaissent. Pas lui. C’est encore nouveau. C’est encore initiatique. C’est encore insensé. “.. On devrait penser à rater notre avion. ” L’avion. L’information fait son chemin jusqu’à son esprit embrumé. Ils doivent prendre l’avion pour voir ses parents. Mais ils ont encore plusieurs heures, n’est-ce pas ? Ils ont encore le temps pour se préparer. Son sourire se fait plus amusé. Et dire que la veille, elle était pressée de quitter le lit. En ce deuxième jour, les rôles s’inversent. Ou presque. Lui non plus n’a pas envie de bouger. Lui non plus n’a pas envie de quitter le confort de ce lit. Lui non plus n’a pas envie de quitter leur bulle. Il ouvre finalement les yeux. Il les ouvre sur la blancheur de Snow. Elle a retrouvé sa chemise à carreaux. Il ne s’est pas trompé. Elle lui va bien mieux qu’à lui. Ses doigts s’insinuent sous la chemise. Ils viennent jouer sur la peau de sa hanche. “Ca y est, tu en as déjà assez d’un seul Drake dans ta vie, tu n’en veux pas d’autres.” Et si ce n’est pas le cas tout de suite, elle le pensera dans quelques heures. D’ailleurs, à en croire les rayons du soleil, le jour est déjà levé. Il serait peut-être temps de bouger. Il serait peut-être bon de glisser sous la douche pour ancrer les derniers souvenirs dans la chair. Il faut bouger. Il faut s’extirper de cette passivité heureuse. Il soupire. Il se redresse dans le lit. Il vient presser ses lèvres contre celles de Snow. Il s’éloigne de quelques millimètres. “Je vais préparer le petit-déjeuner.” Sourire aux lèvres. Il plante un énième baiser, avant de s’enfuir. Il sait combien elle va détester. Il sait combien elle va râler. Depuis leur arrivée, elle le gâte. A son tour de prendre soin d’elle. En passant, il récupère un caleçon dans la valise. La porte se referme bientôt sur lui. Direction la cuisine. Avant, il passe par la salle à manger. Il récupère les vestiges de la veille. Il ramasse les morceaux de vaisselle cassée. Il ramène la pile dans la cuisine. Maintenant, le petit-déjeuner.


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