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 ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16)

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fragments

Quelque chose s’est cassé. Quelque chose a changé. L’ambiance n’est plus aux baisers, au désir. Elle n’est plus au plaisir charnel. Elle est à la tension. Elle est à la dispute. Quelque chose a changé et ils en sont tous les deux responsables. Depuis longtemps, le sujet de Mystique est devenu un sujet tabou. Dès le départ, elle a essayé de briser son couple avec Malicia, en empruntant son apparence. Elle s’est toujours dressée sur leur route. Encore aujourd’hui, elle continue. Il sait que Mystique a voulu ramener Snow à elle. Il sait que Mystique aimerait cet “atout” de son côté. Mais il n’imaginait pas qu’elles aient pu se poser pour discuter tranquillement. Qu’elles aient même pu prononcer son nom. Cette conversation avait l’air très intimiste. Très personnel. Cette information est blessante, énervante. Et le constat est douloureux. Même en étant à des milliers de kilomètres, Mystique arrive encore à lui pourrir la vie. Elle n’a pas besoin de prendre l’apparence de Malicia. Elle n’a pas besoin de l’embrasser. Elle n’a pas besoin de le toucher. Elle a juste besoin de parler avec Snow. Et Snow a juste besoin de penser à elle alors qu’ils s’embrassent. Il ne les pensait pas aussi proches. Il ne les imaginait pas aussi intimes. Il les pensait cordiales. Il les imaginait amicales, mais sans plus. Sans aller au-delà. Visiblement, ce n’est pas le cas. Il faudra en parler au Professeur, aux autres. Il faudra en parler pour que des mesures soient prises. Mystique ne peut pas contacter les pensionnaires aussi facilement. Elle pourrait s’infiltrer de nouveau. Elle pourrait créer un nouveau chaos. Il ne cache pas sa colère. Il ne cache pas son mécontentement. A quoi bon ? Il ne veut pas jouer l’hypocrisie avec Snow. Elle mérite bien mieux. De toute manière, il n’a pas la tête à jouer la comédie. Il n’a la tête à rien. Il comprend mieux pourquoi certaines envies peuvent subitement être arrêtées par une pensée ou par un prénom. Une simple envie peut être brisée avec un mot. Le pouvoir de l’expression a encore fait ses preuves. “Arrête !” Dans sa colère, une lueur d’inquiétude traverse. Il craint soudain de lui faire mal. De l’effrayer. Il s’en veut d’avoir réagi ainsi. Il s’en veut d’avoir eu une réaction disproportionnée. Quoiqu’elle ne l’était pas vraiment. Il aurait pu garder cela pour plus tard. Il aurait pu refouler sa colère et se défouler plus tard. Le ton de Snow le torture. Elle n’est pas bien. Elle souffre. Et il ne sait pas ce qu’il a pu faire. Ce n’est pas son poids. Il est en appui sur ses genoux. Ce n’est pas ses gestes. Il ne la touche pas. Ce sont ses mots. Ses accusations. Sa colère. “Est-ce que l’un de vous m’écoute à la X-Mansion ou ne suis-je qu’un trophée de guerre ?!” La situation dégénère. Elle ne peut pas le penser. Elle ne peut pas croire qu’elle est un simple trophée de guerre. Elle n’en est même pas un. Il est abasourdi par la violence du changement. La seconde d’avant, il bouillonnait de désir. Tout est retombé pour de la colère. Ils étaient sur la même longueur d’onde. Ils étaient enfin d’accord sur une chose. Et maintenant, ils ont tout perdu. Et maintenant, elle se dévalorise. Encore. Elle l’accuse de ne la voir que comme un objet. Un souvenir d’un voyage. Un trophée à sortir pour les grandes occasions. L’accusation est dure. Violente. Incompréhensible.

Je t’en ai parlé mais tu as préféré ne pas commenter, Bobby ! Mystique a pris ton apparence et elle a vu mes sentiments pour toi bien avant que je les perçoive ! A ma colère, c’est ce qu’elle a répondu : que j’avais succombé.!” Il secoue la tête. Quels sentiments ? Qu’est-ce qu’elle raconte ? Et puis soudain, il se visualise à califourchon sur elle, comme s’il détaillait une photo. Ces sentiments là. La position est inappropriée. La position n’est pas adaptée pour une dispute. Il devrait bouger. Il devrait la débarrasser de sa carrure. Il devrait rester debout dans la pièce. Au lieu de cela, il ne fait pas un mouvement. Il tente de se calmer. Il tente de se raisonner. Elle souffre tout autant que lui. Voire plus. Elle souffre bien plus. Il a déjà constaté sa tendance à se critiquer, à se dévaloriser. Il a dit quelque chose qu’il ne fallait pas. Il l’a replongée dans ses travers. Il a fait une erreur. Elle fuit son regard. Elle s’échappe. Elle veut s’éloigner. Le constat est blessant. Il a complètement fauté. Il a complément foiré. Il est un idiot. Un triple idiot. Les relations amoureuses ne sont pas son truc. Encore moins avec des femmes comme Malicia ou Snow. Encore moins avec toutes les femmes. “.. Tu aurais juste pu me dire que tu n’as pas envie, au lieu de chercher des questionnements et des excuses. ” Il soupire. Elle ne comprend pas. Elle ne comprendra jamais. Elle se voit comme la source des problèmes. Alors que ce n’est pas le cas. Il est le problème. L’absence d’expérience est le problème. Tout cela est un problème. Il a envie de se pencher sur ses lèvres et de tarir ce flot d’idioties avec un baiser. Il a envie de l’embrasser et de reprendre où ils en étaient. Il a envie d’oublier Mystique pour ne penser qu’à Snow. Il sent sa main froide s’immiscer sous son pull. Un doux contact glacé. Un doux contact qui fait naître l’espoir. L’espoir qu’elle ne lui en veuille pas. L’espoir qu’elle oublie, elle aussi. Il la sent remonter. Il la sent parcourir son ventre. Son torse. Il la sent s’approprier son corps. Mais il y a comme un sentiment de tristesse. De quelque chose que l’on ne pourra pas avoir. Une tristesse pour quelque chose d’inaccessible. Il aimerait chasser ce sentiment. L’effacer des prunelles de Snow. L’effacer de son propre corps. Il sent son toucher froid sur son coeur. Juste à l’endroit qu’elle a déjà gelé. Juste à l’endroit où son coeur semble s’affoler. “J’aurais compris, tu sais. Que tu ne veuilles que de la tendresse et pas.. plus. ” Elle est affreuse. Elle est ignoble de penser cela. Il avait peur de lui faire du mal. Il avait peur de briser son coeur. Il avait peur de ne pas être à la hauteur. Au final, c’est ce qu’il se passe. Il l’a brisée. Il l’a cassée. Il lui a donnée de l’espoir avant de le lui arracher, sauvagement, cruellement. Il ne voulait pas être de ces hommes qui n’ont pas de scrupules. Mais c’est ce qu’elle voit en lui. C’est ce qu’elle perçoit derrière ses hésitations, ses fuites. Elle ne peut pas réellement penser cela, n’est-ce pas ? Elle ne peut pas vraiment croire qu’il l’utilise. Elle ne peut pas vraiment croire qu’elle est juste un trophée de chasse. Elle ne voit donc pas ? Elle ne décèle pas cette peur de la faire souffrir dans son regard ? Cette peur de ne pas la mériter ? Cette crainte de s’engager sans savoir s’il ne la brisera pas ? Elle ne voit pas.

Elle l’embrasse. Un nouveau baiser. Il a une saveur différente. La saveur des adieux. Le goût d’un au revoir. Elle est désespérante. Elle est incroyablement désespérante. Ce baiser est comme un baume. Un pansement sur une blessure. Un fil pour recoudre. Un pardon camouflé par des adieux. Elle retire sa main. Elle retire ses lèvres. Elle se laisse tomber sur le lit. Ça en est fini, alors ? Il n’a même pas le droit de répondre ? Il n’a même pas une chance de s’expliquer ? Qu’est-ce qu’il disait tout à l’heure ? Désespérante, oui. Voilà. Incroyablement, excessivement désespérante. Il a le sentiment qu’elle attend juste qu’il s’en aille. Qu’il se lève. Qu’il l’abandonne sur le lit. Qu’il aille faire sa valise. Qu’il parte pour l’Institut. Il a le sentiment qu’elle a rendu les armes. “Tu ne me crois pas quand je dis que je t’aime.. pourquoi ?” Désespérante et insupportable. Aimer. C’est un grand mot. Il l’a longtemps assimilé à Malicia. Il l’a longtemps accolé à son prénom. Maintenant qu’il n’y a plus de Malicia, il doit réapprendre sa définition. Il doit réapprendre ce que cela fait. A la différence de Snow, il ne parvient pas à le définir pleinement. Il n’arrive pas à le déceler dans son fouillis émotionnel. Il ne peut pas dire qu’il l’aime. Mais il peut affirmer qu’il l’apprécie. Qu’il tient à elle. Qu’il ne veut que son bien. Il secoue la tête. Il n’en revient pas. Elle est tellement aveugle devant son affection. D’accord, il est maladroit, mais il se montre assez affectif. Non ? “Ça suffit, Snow. J’ai assez entendu de conneries pour la journée.” Il est autoritaire. Il a laissé de côté la colère. Comme à chaque fois avec Snow. Avec les autres. Il fait passer les sentiments de son prochain en premier. Il refoule pour mieux rassurer. Là encore plus. Elle ne dit que des idioties. Sa voix est autoritaire, mais ses yeux se font doux. Il laisse ses doigts parcourir l’intérieur du bras de Snow. Monter de son poignet jusqu’à son coude. Semer des caresses sur son passage. Créer des frissons à son contact. Reprendre possession de ce corps qui lui est encore inconnu. Il sent de nouveau son coeur accélérer. Courir. Intensifier le rythme. Chaque contact avec Snow a un impact sur son corps. Chaque toucher à une réponse corporelle. “Je te crois, je le sais et je le ressens.” Il ne la quitte plus des yeux. Ses doigts traversent le bras. Frôlent la bretelle de sa robe. Gravissent le menton. Glissent le long de sa mâchoire. S’entortillent autour de quelques mèches échappées. Oui, il la croit quand elle lui dit qu’elle l’aime. Il la croit quand elle le regarde avec ses grands yeux. Il la croit quand elle met les petits plats dans les grands. Il la croit quand elle sacrifie son restaurant étoilé pour un fast food. “Je me suis contenté de peu pendant tellement d’années. Maintenant, j’ai envie de bien plus que de la tendresse.” De tellement peu qu’il a besoin de compenser. De tellement peu qu’il a peur de devenir accro. Accro à ses caresses. Accro à ses baisers. Accro à son corps. Il y en a pour qui il en faut peu. Il est peut-être de ceux-là.

Il se rapproche doucement. Il pose ses avant-bras de chaque côté d’elle. Ses mains encadrent son visage. Ses pouces envahissent ses tempes, son front. Il se plonge dans son regard. Tête la première. Même pas peur. Il a envie de se perdre dedans. Il a envie de se noyer dans leur bleu. Il sent de nouveau son souffle contre lui. De nouveau, cet appel vital. Cette envie de céder. Ce besoin de lâcher prise. Cette chaleur qui l’enveloppe. “Tu es une femme tellement tendre, aimante, belle, intelligente. Tu dois arrêter de te remettre en question.” Il l’a dit dans un murmure. Il leur appartient. Ils sont les seuls à devoir l’entendre. Ils sont les seuls qui peuvent l’entendre. Il anticipe. Il anticipe sa réponse. Il anticipe sa protestation. Il presse ses lèvres contre celles de Snow. Il l’embrasse d’un baiser qui ne signifie pas la fin. Qui n’est pas le signe d’un au revoir. Qui n’est pas le signe d’adieux. Mais un baiser qui symbolise sa tendresse. Qui symbolise son désir. Qui symbolise l’espoir. Un savant mélange de douceur et de passion. Un baiser qui laisse porte ouverte à l’avenir. Ils ne sont pas obligés de se disputer tout le temps. Ils ne sont pas obligés de rester dans une relation professionnelle. Ils ne sont pas obligés de se contenter des bras de l’autre.  

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Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

Elle a perdu la tête. Elle aurait dû avoir peur, s’écraser sous le ton autoritaire et sur l’instant, c’est ce qu’elle a fait, durant un quart de seconde avant de croiser ses yeux, cette douceur. Jusqu’à ce qu’il affirme la croire, jusqu’à ce que sa peau rencontre la sienne. Elle a perdu la tête. « Tu es une femme tellement tendre, aimante, belle, intelligente. Tu dois arrêter de te remettre en question. » Elle a essayé de protester. Puis elle a perçu les nuances de ce baiser. La résistance est tombée. La peur s’est écrasée. Derrière ses paupières closes, les images qui défilent. Elle répond, une main passant dans les cheveux sombres, le souffle plus court, les sens en alerte, de l’ivresse à la panique. La seconde est retournée sous le pull, dans le dos, parcourant la peau d’un givre qui ne tient pas, qui s’efface, libéré et effacé. Trop. Trop vives, trop fortes, trop violentes. Les émotions se déchainent, s’activent, s’arrachent du silence pour heurter ce qui dormait derrière le voile. « .. Prudence.. » Un murmure contre ses lèvres, qu’elle rattrape aussi vite, sans laisser plus d’occasion de répondre. L’embrasser à en perdre haleine, une perspective intéressante, la seule que le coeur accepte, la seule qui cogne dans sa poitrine. C’est un tremblement qui l’arrête. La tête se repose contre le matelas. Respire. Une inspiration profonde pour retrouver un minimum de lucidité, fixant ses billes dans celles de Bobby. Un sourire malicieux en coin, elle entreprend de retirer le pull, ce fichu pull qui la dérange, moins doux que l’épiderme qu’elle cherche à atteindre. « Prudence, Snow, Prue.. ce que tu veux. » Il vient de gagner un droit qu’elle n’a accordé à personne, pas même à Xavier, encore moins aux professeurs qu’elle corrige toujours sèchement lorsque l’erreur est commise. « .. Tout ce que tu veux. » Le vêtement s’échoue sur le sol sans plus de cérémonie. C’était mieux qu’en détruire la finesse des fibres en le gelant comme elle gèle, par instants, sous une caresse, le dos du psychologue. Chaque fois, elle retire sa main, chaque fois, elle rompt le contact pour le poser ailleurs, comme brûlée. Son regard se déplace, une épaule, le cou, le menton mieux rasé, une joue charmante, des prunelles parfaites - elle commence à comprendre ce que lui trouvent les autres.

Elle a posé ses doigts trop longtemps, son corps cherche à faire tomber la température, alors elle s’excuse, elle se redresse un peu, elle vérifie. Elle vérifie qu’elle n’a rien blessé, rien nécrosé, rien abimé. Comme un éclair fulgurant. « C’est.. ça ne te fait absolument rien. » Une résonance, un écho rassurant, un reflet génétique. A son tour de le faire basculer. Toute petite chose qui use de la surprise pour déstabiliser, passer à nouveau au-dessus de lui, embrasser son cou, glisser jusqu’à la clavicule. Son souffle se fait vapeur froide, mais elle s’en fiche. Il ne craint pas le froid. Il ne craint pas un élément que tout son être a bien mieux assimilé qu’elle. « Le froid brûle la peau aussi sûrement que le feu.. » Remonter jusqu’à sa bouche, le bonbon sucré devient sorbet acidulé. Un sorbet souriant qui s’offre dans une langueur assumée.

« .. mais pas toi. » Ca ne le brûle pas, lui. Elle a envie de parcourir chaque centimètre carré de sa peau, d’en dessiner chaque contour, d’en découvrir toutes les teintes, d’en délier toutes les frustrations ; elle ne peut pas le blesser, à moins de viser au coeur. Et c’est justement où s’est posée la paume tandis qu’elle se perd dans l’observation de son visage. Sa cage thoracique se soulève au rythme indécent de sa respiration, son cerveau assimile des données. « Je dérègle ta température. » Elle le sent. Elle ne l’a pas blessé mais elle sent que ça change, que le contact met quelque chose à l’épreuve. Ce sont des détails qu’elle garde habituellement pour elle, des faits qu’elle tait. Sur un champ de bataille, il est évident que l’un comme l’autre joue avec les températures ambiantes, pas besoin d’être un génie pour le constater, de là à préciser qu’elle peut intégrer une variation proche, non, elle n’y a jamais trouvé un intérêt transcendant, elle n’était même pas certaine d’en avoir conscience - elle s’en fichait éperdument. Son rôle est de neutraliser, après tout. Pas là. « Je.. je ne sais pas comment fonctionne ta mutation. » Encore du mal à articuler. Une nouvelle inspiration, pour pouvoir être plus claire. Self-control. Elle crève d’envie de retourner contre sa peau, de retourner jouer avec ses sens, satisfaire cette folie de l’instant, mais elle veut comprendre, avant, elle veut savoir les limites, s’il y en a. Elle se souvient que le thermokinésiste devait activer ses propres facultés pour qu’elle ne descende pas trop bas, pour qu’elle ne le blesse pas, le fatiguant ainsi plus vite. Tiens, c’est vrai, elle se souvient de ça. Il faudra le noter. Le désir provoque forcément des réactions, en contradiction totale avec ce que le corps de Snow fait, tentant de rester bas quand la nature pousserait à avoir chaud. Est-ce que l’un d’eux risquait le choc thermique ? « Tu as peut-être connu plus agréable qu’une ambiance de chambre-froide. » Elle tente l’humour mais il y a un peu de sérieux dans la manière dont elle le regarde, dont elle semble prêter attention à chaque expression, à chercher la moindre activation de quoique ce soit sur ses bras, son torse, peut-être du bleu sur ses lèvres. Elle ne peut pas lui faire de mal, et malgré tout, elle le craint.
 
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Chaud. Il a chaud. Étrangement chaud. Pas d’une chaleur qu’il peut apaiser avec sa mutation. Pas d’une chaleur qui vient d’un radiateur trop fort. Pas d’une chaleur qui provient d’un soleil trop présent. Non, d’une chaleur corporelle créée par le désir, l’excitation. Il ne croit pas déjà avoir ressenti cette chaleur. Elle vient du ventre. Elle s’étend à tout son corps. Il a chaud. Même le contact froid de Snow ne semble pas apaiser la sensation de brûler de l’intérieur. Au contraire, plus elle le touche, plus la chaleur augmente. Cette chaleur n’est pas désagréable. Elle est douce. Elle est en parfait équilibre avec ce qu’il ressent. Il se doutait que l’on pouvait ressentir une pareille chaleur. Il se doutait que l’on pouvait en perdre la tête. Mais il ne se doutait pas qu’il la ressentirait. Tout son corps semble vibrer au rythme de son coeur. Au rythme des touchers de Snow. Tout son corps est réceptif, comme si ses sens étaient aiguisés. Le givre dans son dos. La main dans ses cheveux. Il ressent tout décuplé. Il se perd dans le cou. Il s’aventure plus bas, jusqu’au décolleté. Là, sous ses lèvres, son coeur bat à un rythme indécent. Il bat aussi vite que le sien. Il remonte. Il prend possession de ses épaules. Il retourne à ses lèvres, non sans avoir gravi sa mâchoire. Non sans avoir déposé ses lèvres sur son menton. Il se surprend à mordiller sa lèvre inférieur. Il sème des baisers sur son passage. Des caresses à la température fluctuante. Non, il ne contrôle plus sa température. Sa mutation cherche tant bien que mal à compenser. A répondre au froid imposé par Snow avec le chaud. A contrecarrer le feu intérieur par le froid. Ou alors, est-ce l'inverse ? Sa mutation est perdue, autant qu’il l’est dans les bras de Snow. Il s'enivre de son odeur. De sa peau. De ce désir naissant. Il s’enivre de toutes ces sensations nouvelles. Il apprend à apprécier la respiration accélérée de Snow. Il réalise qu’il a la même. Le souffle court. Presque essoufflé par ce moment. Presque asphyxié par cet élan de passion. “.. Prudence.” Le prénom vient se briser contre ses lèvres. Un prénom qu’il ne l’a pas entendue prononcer depuis longtemps. Ils s’embrassent. Un engouement qui pourrait faire croire à une fin du monde proche. Un empressement qui pourrait faire penser à un besoin vital. C’est le cas. Depuis le temps qu’inconsciemment, ils se tournent autour. Depuis le temps qu’ils se confrontent, se disputent, se repoussent. Ils se séparent, mais c’est pour mieux se retrouver. Il se reperd dans ses yeux. Il se laisser aller à sourire. Un sourire nouveau. Il apprécie ce qu’il se passe. Bien plus qu’il ne l’aurait pensé. A se demander pourquoi il n’a pas sauté le pas avant. Il sait pourquoi. Mais il ne veut pas y penser maintenant. Cette pause est salutaire. Quelques secondes pour reprendre son souffle. Quelques secondes pour reprendre le dessus. Elle a ce sourire malicieux. Ce sourire qui fait battre davantage son coeur. Elle entreprend de lui retirer son pull. Peut-être que reprendre le dessus attendra un peu. Il se redresse. Il tire sur son vêtement. Ses gestes sont presque maladroits. Il ne sait plus retirer un pull. Il a oublié comme cela se faisait. L’empressement. L’urgence. Son regard Lui font perdre ses moyens.

Le manque est déjà trop fort. Il a envie de replonger sur les lèvres de Snow. Il a envie de goûter de nouveau à sa peau. Il a envie de repartir à la conquête de son corps. “Prudence, Snow, Prue.. ce que tu veux. ” La tête à moitié perdue dans le tissu, il s’arrête. Elle qui déteste qu’on l’appelle ainsi. Elle qui a failli lui geler la main pour l’avoir appelée Prue. Elle est prête à le laisser l’appeler comme il veut. D’une certaine manière, elle s’offre à lui. En tant que psychologue, ce serait une grande avance. En tant que l’homme qui l’embrasse, c’est un privilège dont il compte bien user. “.. Tout ce que tu veux. ” Elle retire finalement le pull. Il revient vers elle. Il se réfugie dans la froideur accueillante de sa nuque, de ses cheveux. Il se fraye un chemin vers son oreille. Dans son dos, il sent cette danse froide qui a lieu. Il sent ses contacts frais. Ses contacts rafraîchissants et exaltants. Il la sent se défaire de lui. Se redresser. Il s’écarte. Il cherche son regard. Que se passe-t-il ? Est-ce qu’il a fait quelque chose qui n’allait pas ? Il réalise que la préoccupation de Snow est ailleurs. Elle est sur lui. Elle l’inspecte. Un sourire amusé s’étend au coin de sa bouche. Elle est ridicule. Il ne craint pas son toucher. Il ne craint pas son froid. Il l’observe pendant qu’elle s’assure qu’il est sain et sauf. Enfin, sain, cela reste à prouver. Il n’est plus sûr d’avoir l’esprit totalement sain depuis quelques minutes. “C’est.. ça ne te fait absolument rien. ” Il s’apprête à répondre. Il s’apprête à la rassurer. Il s’apprête à lui voler un énième baiser. Mais elle le surprend. Il se retrouve contre le matelas, à étudier ses traits délicats. Il ne contrôle plus ses doigts. Ils s’en vont à la conquête de Snow. Ils prennent position sur jambes. Ils remontent sur ses cuisses dénudées. La robe a eu le temps de remonter. Elle a eu le temps de dévoiler ses jambes parfaites. Ses doigts s’agrippent. Ses doigts passent en-dessous du tissu. Ils explorent la nudité de Snow. Ils y découvrent une peau douce, froide. Une peau qui ne semble pas avoir de défaut. Ils se cramponnent à ses côtes. Sous ses pouces, il sent le renflement de sa poitrine. Ses doigts n’avancent pas davantage. Encore un dernier blocage. Une dernière barrière. “Le froid brûle la peau aussi sûrement que le feu.. ” Elle parle. Elle parle, mais il n’est pas sûr d’entendre. Il n’est pas sûr de comprendre où elle veut en venir. Il a la tête ailleurs. Il a la tête à ses baisers. Il a la tête à ses caresses. “.. mais pas toi.” Non, pas lui. Pas même alors qu’il est torse nu. Pas même alors qu’elle parcourt sa peau de ses mains froides. Pas même alors que des nuées glacées lui échappent. Cependant, il succombe au froid. Il se laisse envahir par lui. Il se laisse brûler. Il se laisse contrôler par le froid. Par Snow. Ce n’est pas douloureux. Ce n’est pas effrayant. C’est euphorisant. C’est plaisant. Il baisse les yeux sur la main qu’elle a posée sur son torse. Son coeur. Il prend conscience de son souffle rapide. Court. Intense. De son myocarde battant à tout rompre. “Je dérègle ta température.” Un voile troublé envahit le visage de Snow. Il pose une main sur la sienne. Elle craint encore de le blesser. Elle craint encore de lui faire mal. Ce n’est plus lui qui se cherche des excuses. Ce n’est plus lui qui retarde l’échéance, maintenant. Il se concentre. Il tente d’harmoniser sa température. De retrouver un semblant de normalité. Il sent le froid intense disparaître pour laisser place à une chaleur douce, agréable, rassurante. Une chaleur qui irradie. Une chaleur qu’elle ne peut pas briser avec ses caresses ou avec ses baisers. Une chaleur qui n’en est pas vraiment une. Seulement un froid assez chaud pour contraster avec la température ambiante.

Je.. je ne sais pas comment fonctionne ta mutation.” Depuis le temps, elle ne sait pas. Ils n’en ont jamais parlé. Toujours trop concentrés sur les problèmes de Snow. Toujours trop concentrés sur leurs disputes. Il s’assoit. Leur respiration haletante les font presque se toucher. Quelques millimètres de plus et il pourrait sentir son corps contre le sien, le temps d’une respiration. “Tu as peut-être connu plus agréable qu’une ambiance de chambre-froide” Raté. Sa tentative d’humour ne le trompe pas. Elle craint pour lui. Encore et toujours. A une époque, elle n’aurait pas eu de pitié. Aujourd’hui, elle se fait du souci. Elle est plus attentionnée et plus maternelle. Cette attention le touche. Elle est ridicule, inutile, superflue. Mais elle le touche. Il repousse une mèche blonde derrière une oreille. Ce n’est pas le moment pour un exposé sur sa mutation et ses pouvoirs. Il lui donnera un cours plus tard, si elle souhaite. Il mêle ses doigts à ceux de Snow. Fins et petits, à son image. Il prend une inspiration afin de calmer sa respiration, son coeur. Il a le sentiment de ne pas avoir parlé depuis des années. De ne plus être capable de prononcer une seule parole. D’avoir une bouche molle. Probablement les effets d’une surconsommation de baisers. “Ma température change en fonction de l’environnement. Je peux résister à des températures extrêmement basses. Ça se fait par instinct.” Par instinct ou par volonté. Il peut augmenter ou diminuer. Tout dépend de la situation. Tout dépend si l’urgence est d’éteindre le feu ou de survivre au froid. Tout dépend de la logique à adopter. Sa mutation réagit différemment. Il peut ainsi se transformer en glaçon, sans en ressentir le froid, sans en ressentir les conséquences corporelles. Il pointe un doigt sur elle. “Ce qui me permet de te survivre.” La beauté de sa mutation est de ne pas nécessiter une réflexion de sa part. Pas besoin de concentration. Pas besoin de compréhension. Tout se fait automatiquement. Heureusement car, pendant quelques instants, il a perdu pied. Il s’est abandonné totalement. Il ne s’est pas préoccupé du froid ou de la chaleur. Il colle son front à celui de Snow. Il a encore cette chaleur en lui. Il a encore ce feu qui ne demande qu’à être éteint. Nouveau. Incontrôlable. Délectable. “Je te promets de crier si je n’arrive plus à supporter le froid. Promis.” De l’épaule à la mâchoire, il plante des baisers comme autant de promesses. Il débarque sur ses lèvres. Il ne les lâche plus. Il s’y accroche. Une bouée de sauvetage. Un besoin irrépressible. Une nécessite absolue. Il attrape les pans de la robe. Il les chiffonne entre ses mains. Il la tire par-dessus son corps. Les épaules. La tête. Ils se séparent quelques secondes. Quelques secondes pour retirer le vêtement. Quelques secondes pour le jeter dans un coin. Il plaque ses mains dans son dos. Il frôle ses sous-vêtements. Il décèle les côtes sous ses doigts. Il sent sa cambrure. Naturelle ou provoquée, il ne sait pas. Il ne l’a jamais remarquée. Il s’est interdit de regarder. Il s’est interdit d’imaginer. Jusqu’à maintenant. Toutes ses règles de bonne conduite volent en éclat. Disparaissent. Il se presse davantage contre elle. Il a besoin de la sentir contre lui. Il a besoin de la savoir tout près de lui. Il veut sentir le coeur de Snow battre contre le sien. Il veut sentir les formes de Snow se mouler contre son torse. Il veut que leurs souffles se mêlent. “Ça va aller.” Murmure dans son oreille. Autant pour la convaincre qu’elle ne lui fera rien que pour se convaincre qu’il y arrivera. Il arrivera à être à la hauteur. Il arrivera à lui faire oublier ses autres aventures. Murmure pour convaincre, avant de perdre totalement pied. Dernier moment de lucidité avant la folie. 

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Il ne la craint pas. Son corps s’adapte, naturellement, résiste à tout. Lui résistera. Elle n’a rien à craindre, elle n’a pas à s’inquiéter de le blesser, de le mettre à l’épreuve. Il n’y a pas besoin de réfléchir, pas besoin de contrôler. Quand la robe quitte sa peau, c’est pour mieux la revêtir des doigts explorateurs de Bobby. Ca va aller. Il y a quelque chose d’un peu nerveux dans ses gestes. Dix ans, ce doit être long. Ses sens à la dérive sous ses baisers. Ses pensées noyées dans le néant d’un désir intarissable, il n’y a plus rien de stable. Le blond de ses cheveux semble plus clair, à moins que ça ne soit le bleu de ses yeux qui soit plus intense ? C’est son regard qui se perd. Il s’est arrêté à la dentelle pourpre de ses sous-vêtements, elle a esquissé un sourire, contre sa bouche qu’elle ne quitte que pour mieux la récupérer. Elle cristallise la glace sur le bout de sa langue, d’abord avec hésitation, puis presque comme un jeu. Ses deux mains dans une caresse sur sa nuque, sur les épaules, contre le torse, qui chutent jusqu’au ventre, s’arrêtent là. Son souffle contre le sien, elle accroche longuement son regard, sans bouger - elle ne s’inquiète pas, elle ne tremble pas, elle étire l’instant, la frustration. Pire encore, le givre qu’elle dépose volontairement contraste avec la chaleur. L’attente.

Qu’elle rompt en défaisant habilement ce pantalon superflu. Vraiment superflu. En le déshabillant, elle se défait de son emprise, de son contact, pour mieux lui revenir, pour mieux se glisser contre sa peau, y faire courir des baisers brûlant de désir, joueurs, malicieux, tentateurs, tirant sur les cordes des envies pour les embraser. Comme quoi même la glace savait jouer avec le feu. Et ce coeur qui ne freine plus, ce coeur qui s’agite, cherche satisfaction, au même titre que les caresses qu’elle délivre, qui parcourent, tendrement exploratrices. Il n’y a plus d’obstacle psychique, plus de barrière mentale. Il a la reine des neiges sous les lèvres, épousant ses formes, découvrant avec avidité cette enveloppe charnelle qu’elle n’imaginait pas aussi attirante, délicieuse. Pas de psychologue nounours et un peu trop pépère. L’image de la combinaison noire lui revient, moulant ce qu’elle n’avait jamais voulu voir.

A se détruire et à s’aimer, ils ne s’étaient jamais vraiment regardé. Le souffle s’arrête, à peine. La température ambiante tombe encore un peu. Et le sourire renaît. Les gestes se délassent, elle s’adapte, contre lui, contre cette chaleur intérieure qui se refuse à mourir, qui déchire tout sur son passage, affole le thermomètre. Elle s’en fiche. Elle veut juste goûter à sa peau, encore et encore, ne plus s’arrêter jusqu’à peut-être s’embraser là, contre son cou, près de l’épaule, jusqu’à tarir le flot d’émotions, de toutes ces incroyables sensations. Quand elle l’enlace, quand elle se presse contre lui, c’est de l’amour qu’elle lui délivre, sans retenue, sans même réellement savoir ce que c’est ; elle l’aime sous tellement de formes différentes qu’elle ne les différencie pas, qu’aucune ne se détache de l’autre. Pas de fantasme cliché du psychologue. Est-ce qu’elle a le droit ? Non. Mais elle tatoue de son coeur le sien, comme une mélodie sans fin.

Lentement, elle se rend compte qu’elle n’a jamais eu autant envie de vivre, qu’elle n’a jamais pris autant goût à une folie qu’à celle-ci. En trois ans, c’est la première fois qu’elle se sent complète, presque heureuse d’exister. Tous les combats du monde ne valait pas l’adrénaline de ces minutes qui défilent, de ces soupirs qu’elle laisse à son oreille. Les ongles sur l’omoplate, la griffure. « .. Désolée.. » à peine un murmure étouffé dans un énième baiser. La paume froide pour apaiser. La lucidité a disparu depuis longtemps, et chaque fois qu’elle perd ses grands yeux bleus dans ses billes couleur de glace, le temps suspend son vol. Elle se fait rassurante. Elle se fait tantôt tendre, tantôt passionnée, elle se dévoile protectrice et délicate ou impatiente et malicieuse. Elle offre les palettes de son âme sur un plateau de diamants, comme si tout ce qu’elle avait à donner ne suffirait jamais. Snow se surprend à vouloir rendre chaque seconde inoubliable, depuis le premier bout de tissu qu’elle a retiré au moindre toucher qui s’en est suivi. Dix ans. Peut-être qu’elle se fiche des conséquences, peut-être qu’elle a envoyé les règlements fondre dans le soleil qui s’éveille, mais elle n’en oublie pas l’importance du partage. L’égoïste et cruelle mutante capable de tuer n’est plus, pas une trace n’en reste entre ses bras.

Rieuse, elle se laisse basculer sous lui, esquissant un geste qui laisse la neige s’échapper de sa main gauche, se fixant sur la fenêtre, se solidifiant pour former une couche translucide. Peut-être bien qu’elle est heureuse. « Tu me fais suffisamment fondre, il ne faudrait pas que le soleil te concurrence. » Juste une lumière délicate, désormais. Juste lui et elle, sans le regard potentiel d’un voisin curieux, sans que rien ne puisse les déranger. Une nouvelle caresse dans ses cheveux. Il n’y a plus la résistance des traumatismes, les réactions terrifiées qu’elle semait sans cesse depuis l’accident. Seulement sa jambe, contre laquelle le contact est encore difficile. Mais à lui, elle abandonne tout, jusqu’à la moindre parcelle de ses désirs.
 
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Son coeur manque un battement. Il sent ses mains sur la ceinture de son pantalon. Elle suspend son geste. Elle se fait tentatrice. Elle se fait désirer. Elle le fait languir. Mélange d’appréhension et d’impatience. Il a envie de parcourir l’ensemble de son corps. De lui arracher les derniers tissus qui la séparent de la nudité. Il a envie d’être au plus près d’elle. Un besoin urgent qu’il doit assouvir. Un besoin urgent qu’il tente de canaliser dans un dernier regain de lucidité. Cette étincelle s’éteint lorsqu’il croise son regard. Espiègle. Provocateur. Elle est sûre d’elle. Son assurance contraste avec l’anxiété de Bobby. L’expérimentée contre le novice. Il a le sentiment qu’elle le torture. Il n’a qu’une envie, replonger sur sa peau, laisser ses mains se promener, ses baisers se presser contre ses lèvres. Mais il attend patiemment. Il plante son regard fiévreux dans les prunelles rieuses de Snow. Il prend son mal en patience. Cela fait partie du jeu. Il se surprend à apprécier ce temps. A apprécier qu’elle le mène par le bout du nez. Il est soulagé également. Soulagé qu’elle prenne les initiatives. Soulagé qu’elle donne le tempo. Il aurait pu se contenter pendant longtemps de l’embrasser. Il aurait pu repousser le moment fatidique jusqu'au dernier moment. Il aurait pu se noyer dans l’appréhension sans jamais sauter la pas. Mais Snow est là. Snow a les mains sur son jean. Elle joue et il se prend au jeu. Il ne cache pas son impatience. Il ne masque pas son désir. Il n’y a rien à cacher, maintenant qu’il est torse nu et qu’elle est à moitié nue. Il n’y a plus rien à cacher. Juste à continuer. Elle déboutonne le pantalon. Il se contorsionne pour le retirer rapidement. Prestement. Ils se séparent, mais ils se retrouvent presque aussitôt. Il se noie sous ses baisers. Il sent ses mains se crisper sur ses cuisses, son corps se tendre. Elle se fait tentante. Il se fait désireux. Les derniers barrages cèdent. Il n’a plus peur de venir frôler ses sous-vêtements pourpres. Une couleur délicieuse sur une peau laiteuse. Une dentelle élégante en adéquation avec elle. Une dentelle avec laquelle il joue. Une dentelle dont il s’approprie le toucher. Une griffure dans son dos. Un frisson. ”.. Désolée..” Il veut lui souffler qu’il s’en fout. Qu’il ne ressent plus rien, mais les mots lui manquent. La respiration se fait trop intense. Il ne gâche pas le peu d’oxygène à pardonner. Il le consacre à déposer des caresses. Il le consacre à l’embrasser. Tantôt empressé. Tantôt tendre. Il oscille entre les deux extrémités, ne sachant pas quoi lui offrir. Il se perd entre les deux pôles, mais c’est pour mieux répondre à la passion de Snow. Pour mieux répondre à la tendresse de son contact. Pour mieux répondre à l’amour qu’elle lui transmet.

Ils basculent. Ils s’allongent sur le lit. ”Tu me fais suffisamment fondre, il ne faudrait pas que le soleil te concurrence.” Il lui répond par un sourire. Il ignore comment elle fait pour toujours avoir les mots. Il ignore comment elle fait pour avoir seulement la force de parler. Mais il ne va pas plus loin dans sa réflexion. Sous lui, il y a cette Snow qu’il ne pensait jamais voir. Il y a cette femme rieuse, peut-être même heureuse. Il y a cette femme qui l’impressionne et qui lui donne des frissons. Il prend quelques secondes pour savourer. Pour la détailler. Pour prendre conscience de la scène. Quelques secondes où il n’a plus aucun doute. Il est juste au bon endroit, au bon moment. Il est juste là. Et il compte bien en profiter. De nouveau, ses doigts se déplacent sur sa blancheur. Ils se font taquins. Ils se font aventuriers. Ils contournent son nombril. Ils se transforment en une caresse languissante. Ils remontent jusqu’à trouver le soutien-gorge. Ils jouent quelques secondes avec les agrafes. Ils cherchent la bonne combinaison. Ils ressortent vainqueurs de son dos. Il ne reste plus que deux petits morceaux de tissus. Deux morceaux qu’il laissera bientôt de côté. Deux morceaux qui les rendront aussi nus qu’Adam et Eve.

xXx

Le calme. Le calme après la tempête. Les respirations essoufflées. Les coeurs affolés. Le silence. Le silence après un instant de symbiose. Le silence après un instant de communion entre deux corps. Encore ce torse qui se monte et qui descend trop rapidement. Encore cette respiration qui a du mal à s’en remettre. Encore cette respiration saccadée qui s'apaise doucement. Ce myocarde qui ralentit le rythme. Ce myocarde essoufflé par la course du désir. Et puis, ce calme. Ce vide. Il a l’impression d’avoir le cerveau vidé de toutes questions, de toutes sensations. Il a l’impression d’avoir couru. Tellement couru qu’il en a perdu tout ce qui l’ennuyait. Aucune question, aucune inquiétude, aucune frustration. Uniquement le vide. Un sentiment de bonheur. Un sentiment profond de plaisir. Il n’a pas été aussi bien depuis longtemps. Plus aucun problème ne semble exister. Un bien-être infini. Il a encore les cendres rougissantes de cette flamme. Il sent encore sa chaleur embraser son être. Moins forte. Moins imposante. Plus facile à contrôler. Mais il la sent toujours dans le creux de son ventre. Il retient le sourire idiot qui étire ses lèvres. Il le retient tant bien que mal. Il réapparaît quand même. Avant que Bobby ne l’efface de nouveau. Le sourire revient toujours. Il ne peut pas s’en empêcher. Les endorphines ont fait leur effet. Elles le plongent dans l’euphorie et dans la détente. Il tourne la tête. Il allonge le bras pour frôler la peau de Snow. Elle est bien là. Ce n’est pas une quelconque farce de son imaginaire. Elle semble presque chaude. Presque à température normale. Mais quelque chose lui dit qu’elle ne se plaindra pas. Pas cette fois. Il revient vers elle. Il se love dans son dos. Il passe son bras au-dessus d’elle. Il le laisse choir sur son ventre. Il est paisible. Voilà le mot. Il est paisible. Il n’a plus peur des qu’en-dira-t-on. Il ne craint plus la jalousie. Il ne se soucie plus de l’Institut. Il y a juste eux deux, à l’autre bout du continent, dans ce lit. Le monde extérieur n’existe pas. Il dépose un énième baiser sur son épaule dénudée. Une énième marque d’affection. Ses yeux la détaillent. L’observent. L’enregistrent. Elle est belle. Même nue. Il n’y a pas d’indécence. Il n’y a pas de provocation. Elle est juste belle. Il devient pathétique. Il devient sentimental. Il porte son odeur sur tout le corps. A moins que cela ne soit qu’une impression ? Il s’en fiche. Elle est douce et agréable. Réconfortante. Une odeur sauvage et élégante. Une odeur modifiée par leurs ébats. Il se laisse retomber contre le matelas. Il se perd dans la contemplation du plafond. Il profite de ce bien-être. Il profite de cette sensation de bonheur. Il s’en délecte. Il se repasse le film des dernières minutes. Il se repasse les souvenirs de sa première fois. Attendre vingt-neuf ans pour coucher. C’est long. Il ne se rendait pas compte de ce qu’il ratait. Il ne se rendait pas compte que c’était si… facile.

Il plie un bras et le passe derrière sa tête. Un oreiller de fortune. Son regard se tourne vers la fenêtre. Encore obstruée par la neige. Les rayons tentent de transpercer coûte que coûte à travers. Ils plongent la chambre dans une lumière étrange. Dans une lumière magique. “Dis… tu étais sérieuse quand tu as dit que je pouvais t’appeler comme je le voulais ?” Il reporte son attention sur Snow. Cette phrase lui est revenue. Il n’a pas réagi sur le coup, mais maintenant, il veut en être sûr. Il veut s’assurer de sa véracité, de son authenticité, de son actualité. Il ne saurait pas comment l’appeler. Prudence, Prue, Snow… Il a pris l’habitude de la nommer Snow. Il a appris à éviter le Prudence, encore plus le Prue. Cette autorisation ne changera rien, au fond. Ce privilège ne sera juste là que pour lui rappeler qu’il est le seul à pouvoir le faire. Ce privilège ne changera pas sa manière de l’appeler. Quoique… Prue a toujours eu une sonorité qu’il appréciait. Prue. Pourquoi pas ? Il ne l’a jamais interrogée sur ses raisons. Pourquoi Snow et pas Prudence. Il s’est contenté de suppositions. Il s’est contenté de trouver une personnalité différente derrière chaque appellation. Il a mis cela sur le compte d’une volonté de différenciation, dans une quête identitaire. Maintenant, il se questionne. Maintenant, il est curieux de savoir. Mais ce n’est pas le moment. Il attendra un autre moment pour faire sa séance de psychanalyse. Il garde cette question pour plus tard. Alors, Snow, Prue ou Prudence ? Il hésite encore.

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Le monde aurait pu s’écrouler qu’elle ne s’en serait pas rendue compte. L’Apocalypse aurait pu survenir qu’elle serait restée contre lui, noyée dans ce plaisir indécent, un peu fébrile, parfois fragile puis explosif, de tous ces sens en alerte, exacerbés par un moment qui se grave malgré eux dans leur mémoire. Il y avait des idées sans images, des images sans émotions, des théories sans souvenirs ; maintenant il y a Bobby, comme la redécouverte d’une première fois effacée avec le reste. Il y a Bobby, et plus personne d’autre. Seulement sa peau. Seulement ses soupirs. Et son sourire, son si beau sourire. Ses cheveux qu’elle a pris tant de plaisir à décoiffer, son corps qu’elle a parcouru avec délectation. Il y a sur sa rétine l’amour tatoué à la glace, imprimé à bas degrés. Elle l’a aimé, profondément, sans réfléchir, sans barrière, sans condition, le coeur dévoué battant trop vite, la brûlure passionnée comme une infinie caresse. Elle a laissé à ses bras son être tout entier, confiance absolue, sans peur, sans reculer, jamais. Elle s’est donnée, avec délice. Pourquoi se priver ? L’institut Xavier est loin, comme le reste, comme les rumeurs, les reproches, l’éducation ou les lois. Elle ne voulait rien d’autre que sa bouche, que ses baisers, qu’être contre lui, plus près, toujours, encore. Se fondre contre lui, disparaître contre son torse, mordiller une épaule. Exister pour quelqu’un, donner, recevoir, rendre au centuple. Juste être deux, être bien, oublier. Peut-être que le philosophe avait raison : partir, tout recommencer, laisser le passé derrière. Le plaisir, et plus rien d’autre.

..*..

36°c. Allongée sur le côté, elle somnole déjà. Détendue, fatiguée. Heureuse. Juste bien. Assez pour que l’insomnie n’existe plus, pour qu’aune résistance au sommeil ne s’impose. Sa température est presque égale à celle de n’importe quel être humain. Il n’y a plus de givre au bout de ses doigts ou de flocons dans ses cheveux. Le bras qui passe autour d’elle lui arrache un frisson plaisant et la main qui se dépose sur son ventre est bien vite rejointe par la sienne, tendre, nouant les doigts affectueusement. Ils ne se disputent plus, ils ne cherchent plus à se repousser, à débattre. Il n’y a plus aucune raison de s’opposer. Les yeux fermés, elle savoure l’instant, elle se délecte de cette paix qu’elle croit ne jamais avoir connue - et c’est vrai, il y a toujours eu ce fond de crainte, d’hésitation, de jugement. Avec lui, tout était différent. Tout était simplement extraordinaire, doux, plein d’attentions. « Dis… tu étais sérieuse quand tu as dit que je pouvais t’appeler comme je le voulais ? » Il est trop loin. Elle a perçu un mouvement. Doucement, elle se tourne, elle se glisse contre lui, dépose sa tête sur son torse, une main cherchant à nouveau un contact, une tendresse. « Pourquoi ne l’aurais-je pas été ? » Oui, pourquoi aurait-elle menti ? Il avait le droit de la nommer comme ça lui chantait, le droit de l’embrasser, de l’enlacer, de jouer sur sa peau, de froisser ses robes si chères, ses vestes légères. Il pouvait être le psy, l’ami, l’amant, à sa guise, selon ses envies, à loisir. Et l’étreinte qu’elle offre précède l’irrésistible sommeil. Un abysse de merveilles.

..*..

Elle a refusé de se séparer de sa peau. Endormie, elle s’est adaptée à chaque mouvement, sans s’éloigner, revenant toujours contre lui, cherchant son souffle, la sécurité de son corps. Elle ne s’est pas levée, elle n’a pas semblé perturbée. Snow a dormi, comme jamais en trois ans, d’un sommeil paisible, sans crises, sans pleurs, sans qu’aucune manifestation glacée ne vienne interrompre le repos. Ce ne fut que deux heures mais elles furent plus réparatrices que bien des nuits à voyager dans des couloirs, à subir les sursauts des cauchemars. Lorsque les deux billes bleues se rouvrirent, ce fut sur le visage de Bobby, lui indiquant que ça n’était ni un rêve ni un fantasme malsain. Il était là, avec elle. Aucune blessure, aucune douleur, pas de colère ou de rejet. Même une certaine complicité. Elle lui sourit, incapable de s’en empêcher, se redressant un peu pour déposer sur ses lèvres un tendre baiser. « Salut, toi.. » Un murmure. Elle n’est toujours pas vêtue et elle s’en fout. Il n’y a personne pour faire irruption, pour interdire. Il a imprégné chaque morceau d’elle de ses lèvres, de ses caresses, il n’y a rien à cacher, rien à dissimuler avec gêne. Elle est un peu à lui, tant qu’il voudra. Et nichant le visage au creux de son cou, elle voudrait que les heures s’étirent, que ça ne s’arrête pas, qu’on ne la pousse pas à nouveau dans la cruelle réalité. L’aimer encore, juste un peu, avant que le coeur ne s’assèche, que le désert de neige ne reprenne son empire. Que sur sa tête, la couronne de reine ne réapparaisse, derrière le masque froid et les mots mordants pour cacher un mal trop profond.
 
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Pour une fois, Snow est la source de chaleur. Elle irradie d’un calme qu’il ne lui connaît. En détaillant les traits de son visage, il y découvre la sérénité. La même paix qui l’habite. Ils sont dans leur petit cocon. Sur un petit nuage. Rien ne peut les atteindre ici. Il n’y a qu’eux. Si le charme se brise, ce sera uniquement de leur faute. Il n’est pas pressé que le pire arrive. Il n’est pas pressé qu’ils s’auto-détruisent. Elle se tourne vers lui. Elle se blottit de nouveau contre lui. Une enfant qui cherche du réconfort. Non, pas une enfant. Une femme qui cherche des bras. Il enveloppe Snow avec le sien. Sa tête blonde bouge au rythme de sa respiration. Un coup, elle est dans son champ de vision. La fois d’après, elle ne l’est plus. Lente chorégraphie qui ne semble pas la gêner. Elle est presque endormie. Et il a l’audace de la perturber dans sa somnolence avec ses questions. Il attrape sa main pour la serrer. Il y entremêle ses doigts. Même sa main semble minuscule dans la sienne. Son corps, sa main. Mais pas son coeur, pas sa passion. Derrière ce minois sage se cache un amour dévorant qui ne demande qu’à s’exprimer. Un amour débordant qui s’est échappé d’elle pendant quelques instants. Il s’est noyé dedans. Il s’en est nourri. Un amour qui l’effraye un peu. Encore des doutes. Encore des craintes. La peur de ne pas être à la hauteur de son affection. La peur de lui briser le coeur s’il découvre ne pas être en mesure de lui rendre son amour. Ce serait atroce de lui faire miroiter une relation. Ce serait atroce de la laisser s’attacher. Ce serait atroce de la quitter par la suite. Sans engagement. Sans contrainte. C’est ce qu’elle a dit. Elle n’attend rien de lui. Il a quand même un devoir envers elle. Le devoir de ne pas la briser en se comportant mal. Le devoir de ne pas la heurter en la quittant. De nouveau, ses réflexions reviennent à la charge. Il inspire. Il expire. Il se concentre uniquement sur sa respiration. Il parvient à chasser les inquiétudes. Il parvient à balayer les peurs. “Pourquoi ne l’aurais-je pas été ?” Oui, pourquoi n’aurait-elle pas été sérieuse ? Depuis le temps qu’ils se connaissent. Depuis le temps qu’ils se côtoient. Maintenant qu’ils se sont embrassés. Maintenant qu’ils ont couché ensemble. Pourquoi n’aurait-il pas ce droit ? Snow, Prudence, Prue, peu importe. Ils sont assez proches pour qu’il la nomme comme il le souhaite. Il sent la respiration de Snow ralentir. Se faire plus calme. Elle s’endort. Il se tortille. Il tente de ne pas la réveiller. Il récupère le drap du bout des doigts. Il le tire jusqu’à eux. Jusqu’à elle. Précaution inutile quand on connaît leur insensibilité au froid. Mais quand même. Il le ramène sur jusqu’à la taille. Juste assez pour conserver la chaleur de Snow. Il ferme les paupières. Les prénoms dansent dans son esprit. Ils dansent. Ils attendent d’être tirés au sort à la tombola des prénoms. Lequel sera le vainqueur ?

xXx

Il ne sait pas où il est. Il sait simplement qu’il est bien. Qu’il est entouré d’une aura chaleureuse. Il se sent bien. Incroyablement bien. Il dort. Il ne rêve pas. Il a juste cette sensation qu’il est bien. Il est en forme. Il est heureux. Il est optimiste. Un Bobby tout neuf. Un Bobby réinitialisé. Il sent son monde tanguer. Bouger. Il sent son monde se dilater. Quelque chose remue à ses côtés. Il revient dans son corps endormi. Il reprend conscience à San Francisco. Il s’extirpe de son rêve. Difficilement. Il laisse échapper un grognement. Qu’on le laisse dormir. Encore une heure de plus. Peut-être même deux. Ou toute la journée. Et qui a allumé la lumière ? Il est certain de voir de la lumière derrière ses paupières. S’il attrape le responsable, il l’étripe. Il se cache les yeux à l’aide son bras. Allez quoi, encore deux heures de sommeil. Il est fatigué. Il garde les paupières closes. Il tente de retrouver cet état de bien-être absolu. Il ne le retrouve pas. Au contraire, il sent son bras engourdi. Dépourvu de sang. Envahi par les fourmis. Il remue les doigts. Un baiser. Sur ses lèvres. Il le goûte. Il y répond. Il rouvre les yeux sur un visage souriant. Snow. C’est ça son sentiment de bien-être. “Salut, toi.. ” A son tour, il esquisse un sourire. Oui, c’est bien elle qui cause autant de chamboulement dans ses émotions. C’est bien elle qui le met dans cet état de bonheur. Sa main s’approche de son visage pour repousser quelques mèches blondes. “Salut.” Sa voix est rocailleuse, cassée. Il aurait bien besoin d’un verre d’eau. Il aurait bien besoin de boire pour remettre sa voix en état de fonctionner. Mais pour l’instant, il est plongé dans la contemplation de Snow. Il ramène sa main libre dans son dos. Elle prend possession du creux de ses reins. Là, comme ça, il est bien. Il ne peut pas rêver mieux. Enfin, peut-être que si. Il peut rêver de dormir davantage. En parlant de dormir, n’auraient-ils pas passé quelques heures à se reposer tranquillement ? Quelques heures sans changement de température. Quelques heures sans somnambulisme. Est-ce vraiment possible ? Il ignore combien de temps ils ont sommeillé. Par contre, il n’ignore pas la sieste sans interruptions. Il a bien l’impression que le miracle est arrivé. S’il avait su qu’il lui fallait quelques baisers pour apaiser ses démons, il l’aurait fait plus tôt. Enfin non, peut-être pas. Il s’emballe. Cela aurait posé quelques problèmes. Il n’est pas certain que Malicia aurait aimé qu’il embrasse une patiente pour la guérir. Il s’éclaircit la gorge. “J’en connais une qui a bien dormi.” Toujours un murmure. Sa voix reste grave, cassée. Atrocement rocailleuse. Mais elle est mieux. Plus humaine. Il ne veut pas gâcher le moment. Il ne veut pas gâcher cette intimité. Il n’y a personne pour venir les embêter. Il n’y a personne pour les surprendre. Les fantômes du passé ont l’air loin. Ils ne viendront pas tout de suite les tirer du lit. Alors, ils peuvent encore profiter des effets de cette nuit. En une nuit, tout a changé. En une nuit, il est passé de célibataire à amant. En une nuit, il est devenu accro à ses lèvres, à sa peau, à ses yeux. En une nuit, il a découvert le plaisir charnel. En une nuit, il a eu plus de contacts qu’il n’en a jamais eu en l’espace d’une décennie. Plus rien ne sera comme avant. Ils ne pourront pas revenir à l’Institut comme si de rien était. Ils ne pourront pas reprendre leur simple relation d’amis ou de patient/psychologue. Mais ils auront tout le temps. Ils auront le temps d’en discuter. Ils auraient le temps d’en débattre. Ils auront le temps de solutionner le problème.

Ses cheveux viennent lui chatouiller la mâchoire. Viennent s’accrocher à sa barbe. Peu importe. Il aimerait prolonger ce moment. Un moment de grâce. Un moment de sérénité. Un moment de tranquillité. Un moment suspendu dans la temps. Il est tenté de refermer les yeux. Il est tenté de couler dans le sommeil. Il est tenté de se laisser porter par la tranquillité de l’instant. Mais la meilleure manière de profiter est encore d’avoir les yeux ouverts. Le corps de Snow n’a plus de secrets pour lui. Il a mémorisé l’emplacement de chaque grain de beauté. Il a marqué toutes ses imperfections. Il a goûté à chaque parcelle de son corps. Il a fait sien ce corps si froid. S’il était bon dessinateur, il pourrait même retranscrire ses courbes sur le papier. Oui, s’il était bon dessinateur. Pour l’instant, tout ce qu’il sait faire s’apparente à des gribouillis de gamin de maternelle. On est à l’opposé des oeuvres de Picasso ou de Matisse. Enfin, en s’engageant dans cette voie, on ne peut pas dire que leurs oeuvres aient un quelconque sens. Les silhouettes de ces deux peintres ne sont pas des plus réalistes. Les réalisations ressemblent difficilement aux modèles. Non franchement, il pourrait rivaliser avec ces deux artistes. Au moins a-t-il trouvé une nouvelle carrière dans le cas où Xavier le vire après ce week-end. Au moins a-t-il une solution de secours. “On peut rester toute la journée au lit ?” Snow a peut-être préparé des surprises. Elle lui a caché le restaurant la veille. Elle lui a caché les vêtements de couturier. Il est probable qu’elle ait prévu des animations pour la journée. A ce moment précis, la seule perspective qui le séduit est de rester au lit. De rester auprès d’elle. De la sentir dans ses bras. De rester dans la chaleur des draps. Il se découvre un penchant pour la fainéantise. Il se découvre une tendance casanière. Vraiment, passer la journée au lit est tout ce dont il a envie. Il ne peut rêver meilleur programme.

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- Marina Kaye, Live before I die

« J’en connais une qui a bien dormi. » Un sourire lui répond. Oui, elle a bien dormi. Elle n’a pas été réveillée, elle n’a pas ressenti la peur avant de fermer les paupières, les sursauts de terreur, et le seul souffle court fut à l’oreille de l’amant inattendu, non le résultat des fantômes hantant jusqu’alors ses nuits sans fin. Alors oui, Snow a bien dormi, elle en savoure l’idée, bien qu’elle soit consciente que le remède n’est pas rentable. « Grâce à toi.. » vient-elle glisser à son oreille, dans un murmure malicieux. Cette main dans le creux de ses reins l’a faite frissonner, doucement, délicieusement, lui rappelant les caresse, les élans de tendresse, la passion aussi. En déposant la paume contre sa joue, elle se demande si c’est cela que cachait la tension, si la mésentente découlait d’un refus de l’évidence, d’attirance. C’était fait. La glace avait séduit la glace. La neige avait fusionné avec le givre. Professeur, croyez-vous qu’une mutation commune ou opposée peut influencer une relation ? Elle se perd dans la contemplation de ses yeux clairs. Monsieur Drake est trop bien pour toi. Il y a quelque chose d’à la fois profondément lumineux dans le fond des billes trop bleues et pourtant foncièrement mélancolique, comme quelqu’un qui s’éprend d’un rêve en sachant parfaitement que ça n’a rien de réel ou de durable. Juste un éclair de tristesse qui s’efface quand elle revient l’embrasser. J’avais assez d’un Iceberg dans les pattes, recule. Un baiser aux nuances différentes, fait de douceur, moins empressé, moins fébrile. Un baiser plaisant, qui prend son temps, dans le partage de ce bien-être qui persiste malgré tout. Il y a encore sa peau contre la sienne. Il y a encore son corps contre le sien. Elle pourrait rester là, dans cette tour d’ivoire, bercée par tout ce qu’il a pu lui donner. « Coucher avec son psy, c’est mal. » Très très mal. Vilaine fille. Et elle a l’air tellement sérieuse. « .. Et aimer ça, tu crois que ça mérite une analyse plus.. poussée ? » Elle vient étouffer le rire contre son cou. L’ivresse n’est pas morte. L’euphorie ne s’est pas évanouie dans le sommeil. Elle est encore à cette température tellement stable, tellement surprenante. Aussi surprenante que ce rire qu’elle laisse vivre. C’est ça, elle vit. Elle sent encore le coeur de Bobby battre, là, tout près du sien. Et sur son épaule, elle glisse un énième baiser, mutin, qu’elle laisse courir, remonter vers l’oreille qu’elle mordille, lentement, savourant encore le goût de sa peau. Quelqu’un pourrait-il faire en sorte que les heures cessent de tourner, qu’il ne soient pas obligés de rentrer ?

« On peut rester toute la journée au lit ? » Perspective plaisante. Dormir, l’embrasser encore, le dévorer peut-être une fois de plus. Juste rester dans ce cocon qu’aucune onde de choc ne semble pouvoir percer. Oui, rester toute la journée au lit, l’aimer pour toutes les fois où elle ne pourra pas. « Mmmh.. toi oui, mais pas moi. » Elle s’étire, légèrement et finit par s’extirper des draps. Un temps d’arrêt. Les vêtements sont éparpillés. Il y a encore le plateau sur la commode, la robe sur le sol, le pantalon à côté. Son soutien-gorge a glissé plus loin. Pas de petite culotte à l’horizon. Une autre image se superpose. Un souvenir de vêtements déchirés, de tissus malmenés. Elle a déconnecté, momentanément. Et chassant le flash, elle lui offre un regard, imprimant dans sa mémoire ce lit si bien orné d’un charmant X-Men auquel elle n’aurait jamais imaginé goûter.

Snow ramasse les quatre carnets, qu’elle vient déposer près de lui. « Tu peux les lire, si tu veux. Mais je te préviens, je n’ai pas toujours été tendre avec toi. » Elle lui livre la moindre de ses pensées, tout ce qu’elle a gravé pour ne pas en être privée, à nouveau. D’abord, dans le premier, le moindre fait d’une journée, la plus petite chose qu’elle a pu juger importante, comme le fait de ne pas souffrir, ne pas avoir froid, ou chaud, le moindre visage, le moindre nom d’une époque où elle ne pouvait pas parler. Progressivement, les détails espacés, des phrases sur certaines pages. Des croquis aussi, pas du grand art, juste assez pour indiquer qu’on lui avait imposé des cours d’esquisses, plus jeune. Le second carnet s’avère plus sombre. Il a le droit de lire. Il a le droit de parcourir les craintes, les horreurs, les questionnements sur le meurtre, et la glissade vers des pensées noires, du désespoir au suicide. Il en traine sur les trois suivants, des idées suicidaires, par périodes, à Noël, aux anniversaires, quelque chose de récurrent. Il a gagné l’autorisation de plonger dans sa colère contre lui. Récemment, elle a même tenté de dessiner son regard, ce jour où elle a laissé le palais de glace derrière elle. Un regard dont elle n’avait jusque là pas percé le secret. La blonde se dirige vers la salle de bain où elle prend quelques minutes pour se rafraichir, une douche rapide. Bobby peut désormais se permettre de lire jusqu’à sa colère contre Aneliese, jusqu’à ces paris idiots qu’elle a entendu une ou deux fois dans les couloirs. 50$ que je l’embrasse. Jusqu’à sa crainte que Xavier ne puisse un jour s’immiscer de trop dans ses pensées.

« Je dois aller.. faire quelques courses. » lui dit-elle en terminant d’enfiler une robe rouge toute en dentelle. Rouge, comme une rose en plein été. Rouge passion, comme ses lèvres maintenant. Elle enfile ses escarpins noirs, glisse à son annulaire une bague fine ornée d’un flocon d’argent et offre un dernier sourire avant de sortir de la pièce. « Promis, je te reviens vite. »

…*…

Quelques courses. Elle revient avec des légumes, de quoi cuisiner un peu plus convenablement et un sachet de la pharmacie. Elle dépose le tout sur la table du salon, un soupir s’extirpant de sa bouche. Il n’y a plus de traces de glace. Il faudra tout de même qu’elle efface la tache de vin sur la table basse. Est-ce qu’il dort encore ? Elle ne veut pas le réveiller. Une inspiration profonde et elle entreprend d’aller ranger les légumes, bloquant quelques secondes sur le pas de la cuisine. Rien ne peut lui arriver, n’est-ce pas ? Ce n’est que de la glace, après tout. Oui, que de la glace. Alors, le plus calmement possible, elle met de l’ordre dans ses achats, faisant des allés-retour entre les deux pièces, comme pour ne pas rester trop longtemps sur la scène de crime sans interruptions. Trop longtemps en tête à tête avec ses démons.
 
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Pourquoi s’embêter à sortir ? Pourquoi vouloir quitter une pièce ? Pourquoi briser un cocon ? Pourquoi alors que l’on s’y sent merveilleusement bien. Ce serait idiot de tout gâcher en partant. Ce serait idiot de tout briser en reprenant le cours des choses. Ils méritent une parenthèse. Ils méritent un peu de calme. Ils méritent de rester sous les draps et de se prélasser dans les bras l’un de l’autre. Ils méritent de rattraper le sommeil qui leur manque. Il n’a aucun désir de bouger. Snow contre lui, la lumière entrant dans la pièce, l’esprit vidé des préoccupations, il est apaisé. Il pourrait mettre la scène sur pause pour s’en délecter. Il n’a pas ressenti autant de sérénité depuis longtemps. Loin de l’Institut. Loin de la jalousie. Loin des regards. Près de Snow. Voilà les conditions nécessaires pour qu’il se sente libre. Ce qui est assez contraignant. Il n’a pas beaucoup l’occasion de quitter l’Institut avec seulement Snow. Ce séjour est même la seule fois où ils sont loin. Loin de tous. Alors, autant en profiter. Il oublie qu’ils sont là aussi pour elle. Pour ses souvenirs. Pour soigner sa culpabilité. Pour se débarrasser des démons. Ils ne sont pas uniquement là en lune de miel. Ils ne sont pas juste là pour découvrir des tentations cachées. Ils ne sont pas juste là pour dormir, manger et coucher. Le programme est plus chargé. Le programme est plus important. “Mmmh.. toi oui, mais pas moi.” Il grimace. Ce n’est pas la réponse à laquelle il s’attendait. Il la regarde s’étirer. Tel un chat. Telle une créature féline. Elle ne pense pas sérieusement à l’abandonner dans ce lit trop grand ? Mais si. Elle se lève. Il s’enfonce davantage dans le lit avec un soupir. Les draps lui semblent moins chauds. Le lit lui paraît moins chaleureux. Elle a déjà brisé le charme. Il l’observe évoluer dans la chambre. Nue. Aucune pudeur. Aucune timidité. Elle lui offre un spectacle dont elle ne semble pas gênée. Il finit par détourner les yeux. Elle n’est peut-être pas pudique, mais lui a encore du mal avec la nudité. De sa vie, il n’a pas vu de femme nue aussi longtemps. Aussi près de lui. Il va devoir s’habituer à de nouvelles choses. Il va devoir s’approprier un nouveau domaine - si on peut appeler cela ainsi. “Tu peux les lire, si tu veux. Mais je te préviens, je n’ai pas toujours été tendre avec toi.” Les quatre carnets. Elle les lui prête, tels des livres. Elle lui permet d’y fouiner, d’y plonger, d’y lire. Après le prénom, son histoire, ses souvenirs. Il ne fait pas de geste dans leur direction. L’invitation est tentante. L’invitation est surprenante. Cependant, il ne se sent pas digne de plonger dans ses pensées. Il ne se sent pas prêt à découvrir toutes les facettes de Snow. D’un côté, cela pourrait l’aider à appréhender ses réactions, à découvrir son histoire et à mieux mener la thérapie. D’un autre côté, il ne sait pas. Il tient à lui laisser une part d’intimité. Ces carnets sont les derniers fragments d’intimité qui lui restent. Et lui ? Qu’est-ce qu’il peut lui offrir un retour ? Rien, absolument rien.

Elle disparaît dans la salle de bains. A travers la porte, il entend l’eau couler. Il pousse un nouveau soupir. Il s’allonge sur le ventre. Il cache son visage dans l’oreiller. De l’obscurité. Du noir pour mieux se rendormir. Son esprit se laisse bercer par le bruit de l’eau. Bientôt, l’écoulement s’arrête. Il tourne la tête de côté en la sentant de retour dans la chambre. “Je dois aller.. faire quelques courses.” Elle quitte carrément le manoir. Sans lui. Elle l’abandonne dans son château. Sans plan. Sans boussole. Sans GPS. Non contente de briser le cocon, elle fuit la demeure des Rosebury. Sous-vêtements. Robe. La voilà de nouveau habillée. Il semble qu’elle ne reviendra pas dans le lit. Elle ne reviendra pas dormir à ses côtés. Néanmoins, il constate que le rouge lui va bien. Elle a un don pour savoir se mettre en valeur. Il pourrait l’observer se mouvoir dans la pièce pendant des heures. Le décor semble répondre à chacun de ses gestes. Chaque geste, même le plus infime, transpire l’élégance. Le dos droit, les pas décidés. Il ne l’a jamais remarqué. Sûrement la fatigue qui lui fait imaginer n’importe quoi. “Promis, je te reviens vite.” “Fais attention à toi.” Un sourire. Une promesse. Et la voilà, dans le couloir. Il écoute ses pas s’éloigner dans le couloir. Dans les escaliers. Il la devine en train de marcher dans le couloir. Il l’imagine franchir la porte d’entrée. Il est seul. Dans un manoir inconnu. Heureusement qu’il ne fait pas nuit, il aurait tendance à s’effrayer d'un simple grincement. Il grogne et s’enfonce davantage dans l’oreiller. Le sommeil l’a quitté. Il va devoir s’occuper autrement. Elle est cruelle. Elle aurait pu lui proposer de venir. Il aurait découvert San Francisco autrement qu’à travers un restaurant gastronomique et un fast food. Il aurait pu lui porter ses sacs de courses. Il aurait pu sortir. Mais non, il est puni. Il est condamné au confinement dans ce manoir immense. Il abandonne l’oreiller. Il se redresse. Ses yeux se portent sur les carnets. Quatre carnets. Quatre carnets où elle organise ses pensées. Il en attrape un qu’il feuillette. Même là, il a le sentiment de violer un secret interdit. Il le repose avec les autres. Il ne va pas se permettre ce privilège. Il rassemble les ouvrages et les dépose sur la commode. Là, voilà. Pas toucher. Il récupère ses vêtements jetés la veille à travers la pièce. Il retourne dans le couloir. Il s'autorise quelques secondes pour écouter. Écouter le silence. Détecter une éventuelle présence. La demeure est désespérément silencieuse. Même pas une souris. Même pas une araignée. Cette maison est incroyablement vide. Impersonnelle. Elle en devient effrayante. Il retourne dans sa chambre. L’ambiance n’est pas la même. Le soleil a déjà largement pénétré à travers les vitres. Il chasse les dernières traces de la nuit dans la douche. A fermer les paupières, il se perd dans le temps. Cinq minutes. Peut-être dix sous l’eau. Il finit par en sortir. La peau fripée par l'humidité. La peau rougie par la chaleur. Cette fois, il opte pour une chemise à carreaux. De gros carreaux pour jurer avec la robe rouge de Snow. Il esquisse un sourire amusé. Elle est l’atout charme des deux. Lui n’est que la carrure imposante.

Bon. Ben. Voilà. Il est prêt. Et maintenant ? Il reste quelques secondes, perdu dans la chambre. Il n’est pas chez lui. Il n’a pas ramené de livres. Il n’a pas pensé à acheter un magazine à l’aéroport. Alors quoi ? Il se tourne les pouces en attendant que Madame se décide à rentrer ? Il retourne se coucher ? Il se plonge dans la lecture de ses mémoires ? Il va dans la chambre de Snow. Son regard s'arrête sur les carnets. Mais il a une autre idée. Il récupère le plateau. Il le descend dans la cuisine. Il avale les pancakes pendant qu’il fait la vaisselle. Ça, c’est fait. Il n’en a pas eu pour plus de dix minutes. Il récupère une dernière crêpe et se lance dans la visite du manoir. Au cas où il se perdrait, il a sa ration de survie. Peut-être aurait-il mieux fait d’embarquer du café avec lui. Tant pis. Les aventuriers ne sont pas toujours préparés à faire face aux dangers. Les pièces défilent. Il s’arrête dans quelques unes. Il découvre la collection de livres. Les photos. Le piano. Il laisse ses doigts parcourir les meubles. Frôler les vestiges du passé. Là où le parquet est plus usé, il imagine le chemin régulièrement emprunté par la famille. Là où le bois est entaillé, il visualise un objet qui tombe. Là où les objets modernes remplacement les anciens, il envisage l'existence d’une tierce personne venue entretenir le manoir. Il s’occupe l’esprit en se focalisant sur les Rosebury. Car il sait. Il sait que s’il s’arrête un moment, les paroles de Snow vont revenir à la charge. Des plaisanteries. Des paroles prononcées sans vraiment les penser. Des paroles qui ont quand même ravivé le doute. Coucher avec son psy, c’est mal. C’est mal. Terriblement mal. Il n’a pas montré son trouble. A quoi bon ? Elle semblait si heureuse. Elle semblait si détendue. Il n’a pas eu le coeur de jouer les rabats-joies. Les adultes inquiets. Il finit par passer à l’étage. Hormis les deux chambres qu’ils habitent, il n’a pas eu l’opportunité de découvrir les autres. Il est plongé dans ces découvertes lorsqu’il entend la porte d’entrée s’ouvrir. Il s’arrête. Le temps d’entendre les pas. De reconnaître les talons de Snow. Il retrouve la porte de sa chambre. Il prend les quatre carnets et il descend avec. Il la trouve, affairée à ranger ses courses, entre la cuisine et le salon. Elle virevolte dans sa robe rouge. L’étoffe la suit dans ses mouvements. Cette élégance lui vient de son éducation. Il ne faut pas être un génie pour le savoir. Il entre dans le salon. Il dépose les carnets sur la table basse, à côté de ses achats. Des courses alimentaires et… un sac de pharmacie. Il hausse les sourcils. Il ne savait pas qu’elle prenait des médicaments. Ou en tout cas, qu’elle en prenait encore. Lorsqu’elle revient, il attrape sa main et l’attire contre lui. Le temps d’un baiser. Léger, doux. “Re-bonjour, Miss Rosebury.” Il rompt le contact. Il récupère un sachet de légumes. Il ne sait pas où elle compte les ranger, mais il peut bien l’aider à les porter. Il les dépose sur le plan de travail. En revenant dans le salon, il capte son regard. “Tu prends encore des médicaments pour ta jambe ?” Il ne montre pas son inquiétude. Il n’est pas son père. Seulement son psychologue, au mieux son ami-amant. Il la sait indépendante, forte. Elle ne voudra pas qu’il mette son nez dans sa santé. Cependant, il doit le savoir. Il doit savoir si elle prend des anti-douleurs. Il doit savoir si elle se soigne. Cela peut influencer son jugement. Cela peut créer des effets secondaires. Cela pourrait même l’avoir poussée dans ses bras. C’est mieux de la savoir, n’est-ce pas ?

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Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
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« Re-bonjour, Miss Rosebury. » Quelque chose a fondu, lorsqu’il l’a attirée contre lui, lorsqu’il lui a donné ce baiser léger, et elle a coulé sur lui un regard doux, un regard tendre. C’était donc à cela que ça ressemblait, de rentrer chez soi et d’être attendue par quelqu’un ? Elle a rattrapé ses lèvres, un instant. « Re-bonjour, Monsieur Drake. » Mais déjà il rompt le contact, déjà il récupère un sachet qu’il semble vouloir ranger, alors elle se cale contre la table, un sourire en coin en attendant son retour. A quoi jouait-il ? Pire, se pourrait-il qu’il soit le genre d’homme parfait qui aide, veille et protège ? Elle observe cette atroce chemise à carreaux au moment où il repasse dans son champ de vision. Atroce, et pourtant.. pourtant elle trouve que ça lui va, elle le trouve beau, comme ça, en étant juste lui, simple. Un homme à chemises à carreaux. « Tu prends encore des médicaments pour ta jambe ? » La jambe en question glisse légèrement derrière celle qui n’a subit aucun dégât, sans qu’elle ne fasse aucun autre mouvement, toujours appuyée contre le bois de la grande table. C’est finalement ses yeux qui se détournent. Non, sérieusement ? Elle savait qu’elle aurait d’abord dû ranger ce sachet, qu’il ne s’interroge pas. « Je ne les ai pris qu’une semaine. » De la folie. C’était de la folie que d’avoir arrêté si vite alors qu’elle y avait droit plus longtemps, alors qu’elle pouvait faire taire toute forme de souffrance avec quelques médicaments. Trop têtue, trop indépendante. Elle n’avait pas supporté les effets secondaires, elle n’avait pas supporté le manque de maîtrise que cela impliquait. La demoiselle adepte du contrôle ne pouvait pas tolérer d’être mise sous morphine, d’être assommée de la sorte. « Je.. mh. » Comment amener le sujet ? Le silence s’étire une minute, elle se mord la lèvre. Elle appuie ses paumes sur la surface solide avant de reposer ses prunelle sur lui. « C’est pas que je te fais pas confiance ou quoi mais si je pouvais éviter de finir avec des mini-Drake, ça m’arrangerait. » Un sourire un peu gêné. Elle craint de le vexer. Après tout, qu’est-ce qu’elle sait de ses projets d’avenir ? Peut-être qu’il ne peut même pas avoir d’enfants, qui sait ? « Enfin je veux dire.. Bon. J’veux pas d’enfants, quoi. » Voilà. Oui, c’est souvent mal vu, oui on reproche régulièrement aux femmes carriéristes de ne pas vouloir de progéniture, pire encore on râlait sur celles qui n’avaient pas de raisons valables. Snow avait la sienne, sûrement, mais elle ne s’en souvenait plus. Elle savait juste que c’était mal, selon son éducation.

Et puis elle ne prenait rien depuis.. depuis longtemps. A son arrivée à l’Institut elle ne savait même pas si elle vivrait assez longtemps pour en avoir besoin, et par la suite, elle n’avait pas abordé le sujet, c’était inutile, il y avait trop de blocages, quelque chose qui faisait que non, elle ne croyait pas en l’amour et qu’elle ne ressentait absolument pas le besoin de coucher de-ci, de-là. Puisqu’on y était, c’était peut-être le moment d’aborder le sujet. Bonjour la délicatesse. « Ecoute.. je n’ai pas envie de vivre assez longtemps pour tout ça, pour le mariage, les enfants, un job. Avant toi je ne ressentais même pas le désir. J’aurais dû t’en parler, parce que tu es mon psychologue mais je.. c’était embarrassant. » Il y avait un certain avantage dans l’évolution de leur relation : elle pouvait désormais aborder certains points sensibles sans mourir de honte, craindre l’incompréhension ou ne pas savoir trouver de mots décents.

Pas envie de vivre. Non. Elle y trouvait de moins en moins de goût, et lui, avec sa tendresse, avec ses baisers sur sa peau, il avait éclaté ses certitudes, il l’avait faite vibrer sur de nouvelles notes, un éclairage neuf sur son existence. Assez pour que, peut-être, elle accepte d’envisager les choses autrement. « T’étais le genre d’homme inaccessible, Bobby. » Elle passe son index et son pouce sur ses tempes, la main un peu tremblante. Ca dure depuis qu’elle a quitté le manoir, qu’elle a quitté les bras de Bobby. Cette foutue migraine. Par pics, qui s’en va, qui revient. Et ces images intrusives qu’elle ne comprend pas. Un sourire inconnu, des vêtements déchirés, des bleus, des sensations de froid, de chaud. « Et il y a ces .. je ne sais même pas si ce sont des souvenirs. » Pourquoi maintenant ? Est-ce que coucher avec lui avait fait office de déclencheur ? Est-ce qu’apprendre à aimer était la clef ? Est-ce qu’elle avait eu des problèmes avec un homme ? Les doutes l’agacent, elle qui était si bien dans ses bras. Mais cette fois, elle ne fuit pas. Elle ne veut plus fuir, parce qu’il est là, il ne la laissera pas toute seule, n’est-ce pas ? Faites qu’il ne l’abandonne pas.
 
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S’inquiéter pour les autres est une seconde nature. Elle est instinctive. Il en a besoin pour montrer qu’il tient à ces personnes. Il en a besoin pour vivre, tout simplement. S’inquiéter pour les autres est une habitude. Un besoin. Ca l’est d’autant plus lorsque ces personnes lui sont chères. Quand ces personnes deviennent bien plus que des amis. Il n’est pas encore parvenu à définir leur relation. Ami, amant, petit-ami. Le terme n’est pas encore déterminé. Toutefois, il veille davantage sur elle. En tant que psychologue, elle était déjà une patiente qu’il surveillait, qu’il observait à distance. En tant qu’ami, il s’est autorisé à s’inquiéter pour elle, à la protéger. En tant qu’amant, il n’a guère de possibilités pour aller plus loin. Plutôt que de s’imposer encore plus dans sa vie, il tente de s’éloigner. De lui laisser de la place. De ne pas l’étouffer. Il a en tête les reproches de Malicia. Un amour trop imposant. Un amour excessif. Il ne reproduira pas les mêmes faux pas. Il la laissera faire des erreurs. Il la laissera vivre. Il ne s’introduira pas dans sa vie, sans sa permission. Toutefois, on ne chasse pas le naturel. Les soucis sont là. Le besoin de veille aussi. Ce sac de pharmacie n’est pas là pour rien. Elle s’y est rendue sans le prévenir. Elle s’y est rendue pour ramener quelque chose. Il pense immédiatement à sa jambe. Sa blessure qu’elle a mis du temps à soigner. Depuis qu’elle est rentrée à l’Institut, il l’a laissée faire ses choix. Il ne s’est pas mêlé de son suivi médical. Elle a géré, en adulte responsable. Maintenant, il regrette de ne pas connaître son état physique. Il aurait été au courant de ses prises de médicaments. Il aurait été au courant de sa situation. Alors, il n’aurait pas été étonné de la présence de ce sachet. Il pose la question. Il la veut la plus anodine possible. La plus naturelle. Il récupère une boîte qu’il ramène dans la cuisine. Il pose simplement les aliments, sans savoir où elle souhaite les ranger. Il ne faudrait pas désorganiser les rangements des Rosebury. Les fantômes pourraient se venger en le hantant, ce soir. Mieux vaut éviter. Il revient dans le salon. Snow semble hésiter. Elle met trop de temps pour répondre. Ce ne sont donc pas des traitements pour sa jambe. Elle a un secret ou elle est honteuse. “Je ne les ai pris qu’une semaine.” Il s’arrête. Elle n’est pas sérieuse. Il lui a fait confiance. Il lui a laissée la liberté de faire ses choix. Il s’en mord les doigts. Il l’imaginait plus mature. Il la voyait plus responsable. Encore plus après avoir failli perdre sa jambe. Il prend une inspiration. S’énerver ne sert à rien. Le mal est fait. Elle a pris sa décision, il doit la respecter. Il reste au milieu de la pièce, bras croisés. Elle ne lui a pas donné toutes les réponses. “Je.. mh” Mais encore ? De quoi peut-elle avoir aussi honte ? Finalement, il aurait dû lire ses foutus carnets. Il aurait sûrement appris des détails sur Snow. Il aurait su ce qu’elle cachait. Qu’elle hésite à lui dire est la preuve qu’elle n’est pas totalement prête. Pas totalement prête à se livrer à lui. Pas totalement prête à ne plus avoir de secrets. Pas totalement prête à lui faire confiance.

Il attend. Il veut savoir. A son expression, il comprend qu’elle cherche. Il comprend que la fameuse révélation arrive. Il comprend que cet énième secret va débarquer d’une seconde à l’autre. “C’est pas que je te fais pas confiance ou quoi mais si je pouvais éviter de finir avec des mini-Drake, ça m’arrangerait.” Irresponsable. Il est complètement irresponsable. Bien sûr qu’il faut penser à la contraception. Il aurait dû lui poser la question… A quel moment au juste ? Entre deux baisers ? Avant de lui retirer ses sous-vêtements ? Il aurait aussi dû penser au préservatif. Il est le plus âgé et il est pourtant irresponsable. Elle se justifie. Elle se cherche des excuses. Elle a hésité à le lui dire. Bon sang. Elle pense vraiment qu’il va lui en vouloir ? Au contraire. Il veut des enfants. D’accord. Mais pas dans ces circonstances. Pas alors qu’ils ne savent même pas où ils vont. Ses bras retombent le long du corps. Il est vraiment un crétin. Il a oublié tous ses cours de lycée où on leur apprenait l’importance de se protéger. Il a oublié tous les fondamentaux. Il a oublié cette séance complètement gênante avec ses deux parents. En dix ans, il n’a pas eu l’occasion de revoir ses bases sur la sexualité. En dix ans, il n’a même pas eu l’occasion de les mettre en application. “Enfin je veux dire.. Bon. J’veux pas d’enfants, quoi.” Il secoue la tête. Heureusement qu’il y en a une des deux qui a la tête sur les épaules. Heureusement qu’elle gère la question. Il est nul. Complètement nul. Il aurait dû l’accompagner. Elle aurait dû lui dire. Elle ne peut pas prendre cette responsabilité toute seule. Si dans trois mois, ils apprennent par hasard qu’elle est enceinte, elle ne sera pas l’unique fautive. Elle aurait pu le prévenir, au moins. Juste lui glisser un mot. Juste lui glisser une petite allusion. “Ecoute.. je n’ai pas envie de vivre assez longtemps pour tout ça, pour le mariage, les enfants, un job. Avant toi je ne ressentais même pas le désir. J’aurais dû t’en parler, parce que tu es mon psychologue mais je.. c’était embarrassant. ” Trop d’informations d’un coup. Pas d’enfants, pas de mariage. Un désir retrouvé. Embarrassant. Les deux premiers éléments seront analysés plus tard. Ils prendront leur importance dans quelques jours. De toute manière, ils n’en sont pas à projeter d’acheter une maison. Par contre, cette histoire de désir… Il a réussi à débloquer un sentiment qu’elle a oublié. Un sentiment qu’elle n’a plus ressenti depuis longtemps. Même lui a ressenti du désir à l’époque où il était en couple. Même lui a eu envie d’embrasser. Parler de contraception, d’envie, de désir à son psychologue. Il est vrai que cela est parfois gênant. Bien plus pour le patient que pour le psychologue. Ce dernier est là pour écouter et conseiller. Il n’est pas là pour juger. Il parle de biens pires sujets. Il lève une main pour l’apaiser. “Non, non, tu as eu raison. J’aurais juste apprécié que tu m’en parles. Je serais venu avec toi. Mais c’est vrai, c’est… c’était embarrassant.” Il va devoir s’assurer qu’elle aborde tous les sujets, sans tabous, sans craintes. Il va falloir qu’il reprenne son travail depuis le début. La perspective n’est pas réjouissante, mais elle est nécessaire. Il apprend de nouvelles informations sur elle. Il apprend à mieux la cerner d’heure en heure. Il faut tout recommencer pour mieux avancer.

T’étais le genre d’homme inaccessible, Bobby.” Il ne comprend pas ce que cela vient faire là-dedans. Elle aurait pu lui parler de tout et de n’importe quoi. Il est là pour ça. Il est là pour écouter. Il est là pour échanger. Il est là pour diagnostiquer. Si besoin, il peut même s’intéresser à l’équitation. Il peut même devenir curieux sur la biologie. Inaccessible ou pas. En couple ou non. Cette situation n’aurait pas dû influer sur elle. Il devrait lui trouver une consoeur qui saurait écouter ses problèmes. Une consoeur à qui elle confierait ses problèmes personnels de “femme”. Elle se livrerait plus à elle, aucun doute. Et au final, ce ne serait pas plus mal. Leur relation ayant pris un nouveau tournant. “Et il y a ces .. je ne sais même pas si ce sont des souvenirs.” Il fait un pas dans sa direction. Il se stoppe aussitôt. Le câlin n’est pas la solution à tous les maux. Ils doivent le garder en cas d’ultime recours. Ils ne doivent pas céder à la facilité. Le câlin pourrait chasser les souvenirs. Il se rapproche quand même. Il lui attrape la main. Il la conduit doucement vers le canapé. Là, voilà. Elle est assise. Il s’installe sur la table basse, en adressant mentalement un message d’excuses aux Rosebury. Manque flagrant de respect pour les biens de la famille. Tant pis. Il s’en voudra un autre jour. Il se place devant elle. Un peu comme dans son bureau, à l’Institut. Elle, sur le canapé. Lui, à bonne distance. Il se retient de la serrer dans ses bras. Ce ne serait pas l’aider. Néanmoins, il ne peut pas totalement s’interdire de contacts physiques. Il se penche en avant. Il emprisonne ses mains tremblantes dans les siennes. La chaleur de ces dernières heures a disparu de Snow. Le froid habituel a repris ses droits sur son corps. Ils auraient dû rester à l’étage. Ils auraient dû profiter du repos qui leur était accordé. Ils auraient dû s’enfermer dans ce cocon confortable et chaleureux. Ils ont basculé du bien-être à l’inquiétude. De l’apaisement aux souvenirs douloureux. Rapidement, ses réflexes de psychologue reviennent. Ils n’effacent pas totalement ceux de l’ami. Ils n’effacent pas totalement cette envie de poser sa main sur sa joue. Ils n’effacent pas totalement ce besoin de la protéger. “Regarde-moi, Snow. Je suis là. Tout va bien.” Il plante ses prunelles dans celles de Snow. La rassurer. La réconforter. Lui montrer qu’il est présent. Qu’il est toujours là. Attentif à ses besoins. Attentifs à ses peurs. Attentifs à ses souvenirs. Rien n’a changé. Il compte toujours tenir sa promesse. Il compte toujours tenir ses engagements de psychologue. “Raconte-moi ce que tu vois.” Si parler ne fonctionne pas, il y aura toujours l’écriture. Apparemment, elle semble avoir trouvé une manière de faire travailler son cerveau. De raviver ses souvenirs. Ils pourront exploiter cette méthode. Peu importe la manière, l’important est de les évacuer, de les exprimer. De les rendre vivants.

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Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

« Regarde-moi, Snow. Je suis là. Tout va bien. » Le froid revient quand quelque chose coince, c’est ça. Plus sa température baisse, plus l’angoisse monte. Il ne s’est pas énervé, il a compris son embarras, et lorsqu’il l’a menée sur le canapé, elle a retrouvé le psychologue. Elle l’a retrouvé et elle en a été reconnaissante. Certes, leur relation était différente, elle avait changé, mais c’était mieux, elle se sentait un peu plus libre de parler sans qu’il n'y voit des avances mal placées ou toutes ces choses qui créaient souvent des quiproquos. Ses mains tremblantes dans les siennes, son regard planté dans le sien, elle se sent un peu plus en sécurité qu’à l’extérieur, toute seule, envahie par toutes ces images qui la dépassent. « Raconte-moi ce que tu vois. » Raconter.. même si ça n’a pas de sens ? Elle n’est pas certaine. Et la douleur dans sa jambe se fait lancinante. En détournant les yeux, elle cherche autant les mots qu’une manière de se reprendre. « .. Des vêtements déchirés.. des bleus et.. ce feu de cheminée étouffant. » C’est stupide. Ca n’indique rien, ça n’aide en rien ! Elle s’oblige à respirer. Il lui avait appris à respirer. On inspire profondément et on expire, pour ne pas se laisser gagner par la panique. Mais ça la heurte, de plein fouet, si fort qu’elle a l’impression qu’on lui vrille le crâne. Le bruit strident de la voiture, le sang qui s’écoule, la souffrance. Et entre cette scène trop bien mémorisée, quelques mots, un visage, des rires, des cris, des disputes. « Il avait les yeux verts. » Elle n’a rien pour noter alors elle jette les informations à Bobby, espérant qu’il s’en souvienne pour elle ; Snow ne le regarde pas, elle semble loin, par instants, et à d’autres elle sursaute comme si tout se produisait sous son nez, malgré le silence environnant. « Axel, 32 ans, 2 enfants. » Les vêtements déchirés, l’impatience, oui, elle se rappelle de ça, comme une claque qui revient, le son sans la sensation, rien n’est associé à des émotions, pas comme avec Iceberg à qui son esprit a lié le froid, les tensions, les câlins, la chaleur de ses baisers, l’ivresse du plaisir. C’est vide. « Le thermokinésiste s’appelait.. Axel. »

La première fois qu’elle s’est souvenue d’avoir eu une histoire, c’était contre le charmant psychologue, entre ses bras. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas pourquoi tout se mélange, d’un coup. Il n’y a pas de raison. Ni son coeur ni son cerveau ne peuvent tenir un tel rythme. Elle a l’impression que tout va lui éclater au visage, que sa vie défile et qu’elle n’est capable d’en attraper que d’insignifiants morceaux. Elle se libère des mains de Bobby, elle s’échappe et s’il essaye de la retenir, c’est visiblement sans succès puisqu’elle termine sa course dans les toilettes du rez-de-chaussée, à dire adieux au peu qu’elle avait mangé. Un début de relation terriblement glamour. Elle recommence à respirer trop vite et elle pleure toutes les larmes de son corps, agenouillée sur le sol, prise d’autant de frissons que de nausées - mais il n’y a plus rien dans son estomac, plus rien du tout. Le maquillage coule au bord de ses yeux et le rouge à lèvres s’efface quand elle s’essuie les lèvres.

Si Snow est froide, aucun éclat glacé ne s’est manifesté, pas de plaque de verglas ou de flocons intempestifs. Juste ses larmes qui dégringolent. « Excuse.. -moi.. » Marmonne-t-elle après s’être rincée la bouche. Les escarpins ont été retirés, parce que se relever avec était impossible, parce que marcher était impensable ; elle recommençait à boitiller, aussi inconsciemment qu’inexplicablement. « Je dois.. me brosser les dents. » Comme si l’urgence était là. Trop entêtée, trop fière. Trop elle. Dévoiler trop de faiblesses était insoutenable, elle ne pouvait pas s’y résoudre. Et c’est en cherchant à s’accrocher à un meuble pour rejoindre la pièce suivante et ainsi de suite jusqu’aux escaliers que les muscles ont lâché, que le cerveau a imposé l’arrêt : elle est tombée, se réceptionnant de justesse pour finir à quatre pattes et se laisser aller sur le côté.

« .. Marié.. il.. » Je ne convoite pas les hommes pris. C’est un péché. C’était ce qu’elle avait dit à Bobby. C’était ainsi qu’elle lui avait expliqué pourquoi elle avait mal vécu l’échange avec Malicia. Que l’homme dont elle se souvenait ait été marié bousculait non seulement sa vision déjà peu glorieuse d’elle-même mais aussi les bases de son monde et de son éducation. Elle était passée d’un rêve éveillé entre les bras d’un homme libre qu’elle avait envisagé d’apprendre à aimer, à un cauchemar bien trop réel qui la faisait s’effondrer. Et sa jambe repliée sur laquelle, en désespoir de cause, elle appliquait une fine couche de glace. Il n’y avait plus de jeune femme forte et impressionnante, juste une personne cassée. Un fantôme au regard fixe.
 
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Ils sont loin de ce moment de calme dans le lit. Ils sont loin de ce début de journée paisible. Maintenant, il sent de la tension. Un mélange d’appréhension et d’inquiétude. Ils en sont loin. A contrario, ils sont proches du dénouement. Ils touchent les souvenirs. Ils sont proches. Ils peuvent les frôler. Ils peuvent les attraper. Le plus dur est de les attirer à eux. Le plus dur est de les garder pour en tirer le maximum. Un souvenir en amène un autre. Et ainsi de suite. Elle pourrait retrouver sa mémoire. Elle pourrait remplir des pages et des pages dans ses carnets. Son travail à lui est de l’aider à le faire. Son objectif est de la guider vers ses souvenirs. Ils ont eu du mal jusqu’à maintenant. Ils ont eu seulement quelques brides et encore. Sa méthode n’est peut-être pas la bonne. Mais ça y est, l’immersion dans le manoir semble réveiller une partie du cerveau de Snow. L’immersion semble fonctionner. Son regard perdu. Ses traits tendus. Ses mains tremblantes. Elle n’est pas bien. Elle n’est pas bien du tout. Elle souffre. Elle perd pied. Il se fait violence. Il se retient de la serrer contre lui. Il se retient de chasser ses troubles pensées. Elle doit les exprimer. Elle doit les laisser sortir. Aussi difficile que cela puisse être pour lui. Il n’est pas question de sa petite personne. Il est question de Snow. Il ne peut que presser davantage ses mains. Pour lui signifier sa présence. Pour lui exprimer son soutien. “.. Des vêtements déchirés.. des bleus et.. ce feu de cheminée étouffant.” Du regard, il l’encourage à poursuivre. Mentalement, il note chaque information. Chaque souvenir. Il essaye d’y trouver un sens. Il essaye de trouver une corrélation avec ce qu’elle lui aurait déjà raconté. Mais rien. Il ne voit pas. Il n’a pas assez de détails pour imaginer une scène. Il lui manque des éléments. Elle doit continuer à parler. Vêtements déchirés. Bleus. Cheminée. Il tourne les mots dans sa tête. Les vêtements déchirés pourraient l’être à cause d’un accident ou d’une soirée torride. Les bleus seraient le signe d’un contact violent. Quant à la cheminée, ce serait un jour de grand froid ? “Il avait les yeux verts.” Elle parle d’une personne qu’elle semble si bien connaître. D’une personne dont elle connaît tout. Elle n’a pas besoin de donner son prénom. Elle n’a pas besoin de l’identifier, car pour elle, il est “il”. L’unique. Vêtements déchirés. Bleus. Cheminée. Yeux verts. Les informations arrivent au compte-gouttes. Elles sont distillées. Il commence à imaginer un scénario. Il commence à visualiser la scène. Un amant aux yeux verts, une soirée au coin du chaud. Une dispute qui éclate et qui provoque des bleus. Une soirée qui se conclut par des vêtements déchirés. Le schéma prend sens dans sa tête.

Axel, 32 ans, 2 enfants.” Ce “il” a enfin un prénom. Axel. Un homme plus âgé qu’elle. Un homme qui a déjà fait sa vie auprès de quelqu’un puisqu’il a deux enfants. Vêtements déchirés. Bleus. Cheminée. Yeux verts. Axel. Trente-deux ans. Deux enfants. Les informations se lient entre elles. Elles tournent dans sa tête, telle une suite logique. Il se fait un devoir de mémoriser chaque détail. Chaque image. Chaque souvenir. Cela sera important pour la suite, pour l’avenir. “Le thermokinésiste s’appelait.. Axel.” Oh… son thermokinésite s’appelle Axel. Et elle a eu des moments torrides avec lui, visiblement. Et des moments violents. Ce qu’elle vit en ce moment doit être assez similaire avec ce qu’elle vivait autrefois. Cela explique le réveil de ses souvenirs. Elle redécouvre ses histoires sentimentales. Il n’y a rien d’étonnant. Même si Bobby aurait préféré qu’elle s’en souvienne dans d’autres circonstances. Leurs mains se séparent. Il ne réagit pas tout de suite. Il se lève d’un bond lorsqu’elle quitte la pièce. “Snow !” Aucune réponse. Il se précipite à sa suite. Elle ne peut pas fuir éternellement. Elle doit laisser exprimer ses souvenirs. Elle doit tout laisser sortir. Refouler rend douloureux la rechute. Il la trouve dans les toilettes. Porte ouverte sur sa déchéance. Sur sa douleur. Il hésite à y entrer. Il hésite à lui donner son aide. Il est pataud. Il n’a pas l’instinct pour ce genre de situation. Il a juste le coeur douloureux de la voir dans cet état. Il finit par entrer. Il s’agenouille derrière elle. Il lui frotte le dos. Elle pleure. Les larmes dévastent son visage. Les larmes n’ont pas de pitié pour son maquillage. Les larmes détruisent tout. Elle a peur de ses souvenirs. Elle a peur de ce qu’elle découvre. Il ne l’a pas vue tomber aussi bas depuis trois ans. Il ne l’a pas vue aussi faible. Il ne l’a pas vue aussi perdue. Il passe un bras autour de ses épaules. Il la découvre secouée de frisson. Bordel. Il devrait appeler un médecin. Il devrait demander un tranquillisant. Elle n’est pas prête à affronter son passé. Elle n’est pas prête. Elle est encore trop fragile. Elle n’a pas eu le temps de se reconstruire. Les fondations sont trop instables. “Excuse.. -moi..” Elle reprend sa vie. Elle reprend des gestes du quotidien. Comme si de rien n’était. Comme si elle n’était pas encore secouée. Il soupire. Son besoin d’être forte, même devant lui, est agaçant. Pour une fois, il lui donne l’opportunité de se laisser aller. De baisser les armes. Elle ne la saisit pas. “Je dois.. me brosser les dents.” Hein ? Elle est sérieuse ? Il reste interdit en la voyant claudiquer. Depuis quand elle claudique ? Et franchement, son haleine n’est pas le plus important. Elle doit laisser les souvenirs parler. Il accroche son bras. “Tu n’es pas...” … obligée. Elle se défait de sa main. Elle s’en va. Il la suit. Il reste dans son ombre. Il ne voulait pas s’inquiéter. Il ne voulait pas se soucier d’elle. Il ne voulait pas la couver. Mais sa démarche. Ses tremblements. Ses larmes. Il ne peut pas rester impassible. Il ne peut pas rester passif. Ce qu’il craignait arrive. Son corps cède. Son corps ne la supporte plus. Son corps lui fait défaut. Trop loin. Trop loin pour réagir. Trop loin pour arriver à temps. Elle se retrouve à quatre pattes avant qu’il ait pu la rattraper.

Qu’est-ce qu’il lui arrive, bon sang ? Elle rend les choses encore plus difficiles. Elle s’obstine à paraître forte. Elle est déterminée à cacher ses faiblesses. Mais c’est trop tard. “.. Marié.. il..” Une aventure avec un homme marié qui a deux enfants. C’est en total contradiction avec ce qu’elle lui a dit une fois. En total contradiction avec ce que ses parents lui ont appris. En même temps, ça a du sens. Elle a fait une erreur par le passé. Elle a tenté de la réparer dans le présent. Petit être recroquevillé sur lui-même. Elle détonne dans sa robe rouge, maintenant. Elle détonne avec ses airs de grande dame. Elle a laissé tomber le masque. Bobby se rapproche. Il s’assoit à ses côtés. Il fait glisser ses jambes sous la tête de Snow. Il repousse les mèches pour lui dégager le visage. Pour mieux voir son regard. Pour mieux observer ses traits. Il aperçoit la jambe glacée sous Snow. Elle a mal. Encore. Et elle le lui cache. Elle cherche à prouver qu’elle est toujours forte. Qu’elle est toujours la Reine des Neiges. Elle est la seule à croire encore à cette image. Elle est la seule qu’elle trompe. A partir de maintenant, il va reprendre les choses en main. Il va veiller à son bon rétablissement. Il va l’empêcher de remonter sur ses échasses. Il va s’assurer qu’elle prend bien ses médicaments. Il va prendre soin d’elle. Contre son avis. A ce stade, il n’en a plus à rien à faire. “Je t’en prie, arrête de vouloir jouer les femmes fortes. Tu te mets en danger.” Sa voix est calme. Douce. Elle ne laisse pas transpercer l’inquiétude. Elle ne laisse pas apparaître la colère. Elle n’est que douceur. Elle n’est qu’apaisement. Il continue de passer sa main dans ses cheveux. A lui caresser la tête. “Tu n’as pas besoin de jouer la comédie devant moi.” Encore moins maintenant qu’elle lui a livré ses carnets. Encore moins maintenant qu’ils ont passé une nuit ensemble. Il l’a vue dans tous ses états. Heureuse, passionnée, affective, tendre, triste, effrayée, énervée, faible. Inutile de maintenir l’illusion plus longtemps. Inutile de faire  semblant que tout va bien. Elle s’est trop dévoilée à lui pour cela. Il est trop tard. Impossible de faire machine arrière. Sous ses doigts, il sent encore l’humidité de ses larmes. Il sent encore les tremblements. Les émotions sont fortes. Elles remontent à la surface. Elles l’inondent. Elle est submergée. Il aimerait pouvoir la soulager. Cependant, c’est son combat à elle. Il n’y a rien qu’il puisse faire. Seulement mémoriser. Seulement réconforter. Seulement écouter. “Parle-moi… dis-moi ce que tu ressens. Dis-moi à quoi tu penses.” Ce doit être un sacré chamboulement en elle. Ce doit être une remise en question.

Pourtant, elle n’en est qu’au début de sa mémoire. Il y a probablement des souvenirs plus sombres qui sommeillent en elle. Si elle n’arrive pas à survivre à l’image d’une ancienne aventure avec un homme marié, comment le pourrait-elle quand elle se souviendra des morts, des combats, des blessés ? Bobby voit mal comment il pourrait l’aider à surmonter ces découvertes. Manifestement, il ignore comment y faire face. Il est arrivé au bout de ses compétences. Il a usé de toutes les méthodes. Il a tenté de lui montrer la bonne voie. Il lui a demandé à maintes reprises de ne pas se dévaloriser. Il a insisté pour qu’elle se confie. La retenue de Snow lui a toujours répondu. Elle est têtue. C’est admirable. Cette force de caractère est incroyable. Mais aujourd’hui, cette force la dessert. “Alors, cet Axel, tu l’as retrouvé pour une soirée. Est-ce que tu te rappelles ce qu’il s’est passé ensuite ?” Il y a encore certaines choses qu’elle n’a pas dites. Comme les bleus. D’où les bleus peuvent provenir ? Il se rappelle d’un thermokinésiste qu’elle pense avoir tué. Il n’y en a pas des centaines dans le pays. Il ne peut s’agir que de celui-ci.

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C’est trop. Beaucoup trop. Elle aurait voulu découvrir les choses petit à petit, par morceaux, sans violence et c’est une tornade qui s’abat sur ce corps frêle. Pourquoi paraître forte ? Parce que c’est une seconde nature, c’est ce qu’elle fait depuis ses dix-sept ans, depuis qu’elle a été privée d’espoir. Jouer la comédie l’empêche de sombrer, mais elle n’a plus assez de volonté, elle n’a plus assez d’énergie pour ça. Les caressent de Bobby, si elles n’apaisent pas les tremblements, ont le mérite de tarir les larmes. Et le regard fixe, Snow semble s’éteindre. Elle cesse de réagir, de bouger, seule sa main qui se pose sur la jambe masculine indique un mouvement, seule sa respiration assure qu’elle est encore en vie. « Parle-moi… dis-moi ce que tu ressens. Dis-moi à quoi tu penses. » Ce qu’elle ressent ? Du dégoût. De l’amertume, de la colère. Peut-être qu’au final, elle s’avérait être une dépressive qui le cachait ? Non. Elle était mieux. Diable qu’elle était bien entre les bras de Bobby, quelques heures plus tôt. Diable qu’elle se sentait heureuse, à dévorer sa peau. « Malicia avait raison.. » Snow comprenait mieux, désormais, pourquoi le commentaire l’avait tant blessée ; il n’y a que la vérité, qui blesse, n’est-ce pas ? Elle n’était peut-être que cela, une salope qui brisait des couples. Alors oui, au comble du dégoût, d’une haine retournée contre elle-même, elle pensait que Malicia avait vu juste.

« Alors, cet Axel, tu l’as retrouvé pour une soirée. Est-ce que tu te rappelles ce qu’il s’est passé ensuite ? » Elle n’a pas répondu. Le silence est retombé sur le manoir qui n’était finalement pas hanté, non, c’était elle, elle et ses erreurs, elle et ses horreurs. Comment les X-Men avaient-ils décemment pu l’épargner ? Elle réalisait lentement qu’elle était encore loin de toucher, du bout du doigt, ne serait-ce que le quart du monstre qu’elle avait été. Et elle n’était pas digne de Bobby, il était trop doux, trop bien pour elle. Un homme extraordinaire pour une meurtrière. Il oublierait vite, n’est-ce pas ? Cette aventure ne serait qu’une autre dans sa liste, elle était certaine qu’il avait au moins deux noms, dans sa liste. « .. Un mutant qui a réussi. » souffle-t-elle. Après dix longues minutes, elle reprend enfin la parole, sans larmes mais d’une voix terriblement monotone. « Un appartement terrasse. J’aurais.. j’aurais abandonné mes convictions pour lui. J’avais perdu la trace de Mystique et il m’a montré une existence de luxe sans le poids des convenances. » Ca défile comme un film, elle n’arrive à y raccrocher aucun sentiment, comme spectatrice de quelque chose qui ne serait pas vraiment elle. « La première fois, il a été patient mais pas.. pas les fois suivantes. Je crois que j’étais reconnaissante, il s’occupait de moi. » Ne pas regarder Bobby. Ne pas croiser ses yeux, elle en perdrait le fil ou, honteuse, tenterait de fuir. Elle le sait, elle doit cracher les faits sans le regarder. « Je t’ai dis que je pouvais le toucher ; c’est pas tout à fait vrai. Il ne pouvait pas contrôler nos deux températures tout en.. c’était trop.. » Oui, compliqué. Et là c’était embarrassant. Elle a refermé ses bras autour de son propre corps, comme pour disparaitre ou se protéger. « La cheminée pour effacer le froid. Et les bleus, sur mes poignets ou ma taille pour taire la glace..» Voilà. Il n’y a plus rien à dire. Le puzzle est reconstitué. Axel, 32 ans, 2 enfants, infidèle et un peu violent. C’était quand il voulait, comme il voulait, dans l’urgence, l’impatience.

Elle retombe dans le mutisme, un moment. Un moment avant qu’elle ne reprenne, un traumatisme en suivant un autre, un souvenir rattrapant les suivants. « Il m’a quitté, ce soir-là. Il a dit qu’il aimait sa femme, que j’étais une passade. L’attraction du danger. J’allais partir quand ces.. choses ont envahi la Terre. » Les chitauris. Elle vient de placer une ligne temporelle à l’histoire. Elle devait avoir quoi, 21 ans ? C’est trop jeune, pour tout ça. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le mystère se lève sur son arrivée à l’institut : c’est après tout cela qu’elle a cherché un refuge, la X-Mansion. Et son esprit s’est refermé pour la protéger. « J’ai voulu le sauver, mais je.. je sais pas sauver les gens.. il s’est brisé la nuque sur la glace. J’ai vu son corps s’écraser plus bas. » Le meurtre de trop.

Aneliese avait raison, monsieur Drake était trop bien pour elle.
Malicia avait vu juste.
Bobby se leurrait sur sa bonté.
Et maintenant, il allait forcément la rejeter.
 
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Dans le fond, il ne connaît pas tout du passé de Snow. Il y a bien ce dossier qui lui a été remis à son arrivée. Il y a bien les informations de base : lieu et de date de naissance, son enfance, son adolescence, son entrée à la Confrérie. Mais il y a un trou. Un trou immense de quelques années qui ne permet pas de savoir ce qu’elle a fait à cette époque. Évidemment, ce trou coïncide avec les souvenirs oubliés. Snow est la seule à être capable de combler ce vide. Elle doit juste s’en souvenir. En attendant, il est dans le flou. Il marche à l’aveugle. Il n’est pas capable de deviner le quart de ce qu’a été sa vie. Il ne réalise pas qu’elle puisse avoir un lourd passif. Il n’imagine pas qu’elle ait pu commettre des atrocités. Il a bien vu de quoi elle était capable. Il a ressenti ce qu’elle pouvait faire. Il ne mesure pas sa dangerosité. Il se base uniquement sur ce qu’il voit actuellement. Une femme détruite. Une femme brisée par les remords. Une femme ensevelie sous son passé. Quoiqu’elle ait pu faire dans le passé, elle culpabilise dans le présent. C’est tout ce qui importe. Le mal est déjà fait. Revenir dessus est inutile. Il est impossible de changer le passé. Il faut accepter. Pour accepter faut-il encore se souvenir. Il se perd dans ses caresses. Il tente de la faire parler. Il l’incite à s’exprimer. Ce n’est pas facile. Ça ne l’est jamais. Mais elle le doit. Pour qu’il puisse l’aider. Pour qu’elle puisse se pardonner. Elle le doit. Ils resteront là jusqu’à ce qu’elle se pardonne. Jusqu’à ce qu’elle assimile son passé. Jusqu’à ce qu’elle accepte que ses actions du passé ne peuvent être modifiées. “Malicia avait raison..” Il est parvenu à chasser son image. Il a réussi à l’éloigner de ses pensées. La voilà qui revient à la charge. Encore plus douloureuse. Encore plus violente. Il tente de se concentrer. Il tente de se rappeler à quelle conversation Snow fait référence. C’est forcément quand elle a débarqué dans sa chambre, en pleine nuit. C’est forcément là. Des paroles affreuses ont été prononcées. Des paroles dites sous le coup de la colère. Elle ne peut pas réellement donner du crédit à cette scène. Elle ne peut pas vraiment y donner de l’importance. Sa main reprend sa danse dans les mèches de Snow. Une caresse, puis une autre, puis encore une autre. Elle est tellement critique envers elle-même. Il lui a déjà fait la remarque. Il le lui a déjà reprochée. Aucune évolution de ce côté. Elle reste fidèle à elle-même. Elle devrait apprendre à être moins parfaite. A être moins exigeante. “.. Un mutant qui a réussi.” Et elle ne dit plus rien. Comme si c’était suffisant pour décrire Axel. Comme s’il pouvait se contenter de cette information. Et de toute manière, ça ne veut rien dire. Un mutant qui a réussi pourrait être un mutant qui contrôle entièrement sa mutation. Un mutant qui a réussi pourrait avoir le métier de ses rêves. Un mutant qui n'est pas heureux dans sa vie, visiblement.

Le silence s’installe dans l’escalier. Il s’éternise. Il s’étire en longueur. Ils sont toujours assis. Toujours dans cette pose étrange. Il ne bouge pas. Il patiente. Il compte les caresses qui montent et qui descendent. Il compte les secondes qui s’égrènent. Snow semble calmée. Plus apaisée. Les larmes ne coulent plus. Mais elle est inerte. Il aimerait avoir le don de télépathie pour savoir ce qu’elle pense. Pour savoir ce qu’elle ressent. Il aimerait savoir ce qui traverse son esprit tordu. “Un appartement terrasse. J’aurais.. j’aurais abandonné mes convictions pour lui. J’avais perdu la trace de Mystique et il m’a montré une existence de luxe sans le poids des convenances. ” La voix de Snow manque cruellement d’émotions. Cruellement d’inflexions. Elle est aussi morne que son état actuel. Vide. Elle est vide. Au moins, elle s’est remise à parler. Snow était vraiment éprise de lui. Vraiment attachée. Peut-être l’un de ses premiers chagrins d’amour. Un amour indécent avec un homme marié. “La première fois, il a été patient mais pas.. pas les fois suivantes. Je crois que j’étais reconnaissante, il s’occupait de moi.” Ses doigts se figent. Il repousse l’idée qu’elle ait pu être violentée. Frappée. Non. Ce qui expliquerait pourquoi elle était si reconnaissante. C’est le mal qui frappe toutes les personnes battues. Elles ne veulent pas quitter leur tortionnaire. Elles ont une telle image d’elles-mêmes qu’elles sont prêtes à tout pour plaire. Quitte à souffrir. Quitte à s’évanouir sous les coups. Il ferme les paupières. Snow a vécu bien trop d’expériences. Bien trop de catastrophes. Bien trop de malheurs. Ses doigts se détendent. Lui aussi doit accepter le passé de Snow. Lui aussi doit accepter de ne pas pouvoir l’effacer. Lui aussi doit faire avec. Même si l’envie de frapper le thermokinésiste est forte. Même si le besoin de lui apprendre quelques petites choses le démange. De toute manière, il est mort. Il est enterré et même dévoré par les vers de terre, depuis le temps. Un traitement bien plus atroce qu’un coup de poing. “Je t’ai dis que je pouvais le toucher ; c’est pas tout à fait vrai. Il ne pouvait pas contrôler nos deux températures tout en.. c’était trop..” Il garde les paupières fermées. Il garde ses émotions pour lui. Exprimer sa colère ne ferait qu’embrouiller davantage Snow. Exprimer son mécontentement brouillerait ses souvenirs. Toutefois, il n’en pense pas moins. Axel était violent. Un crétin qui prenait plaisir à frapper les femmes. Un crétin sans cervelle pour se rendre compte du mal qu’il provoquait. Un crétin sans scrupules pour laisser une femme l’aimer. “La cheminée pour effacer le froid. Et les bleus, sur mes poignets ou ma taille pour taire la glace..” Il y a quelques semaines, elle lui avait parlé de lui avec tellement de fascination. Avec tellement de passion. Ressentir de l’amour pour une personne qui nous blesse est courant. Mais pas à ce point. Cette pensée lui donne des frissons. Une fascination glauque pour une personne qui ne l’a jamais aimée. Le silence revient. Il se réinstalle. Il les couvre de son voile protecteur. Un silence qui permet à Bobby d’avaler les dernières informations. Un silence qui lui permet de se remettre de ces révélations.

Il m’a quitté, ce soir-là. Il a dit qu’il aimait sa femme, que j’étais une passade. L’attraction du danger. J’allais partir quand ces.. choses ont envahi la Terre.” Sa peur de l’abandon. Sa peur de s’attacher. Tout vient de là. Tout vient d’un idiot violent et infidèle. Si ces peurs existaient déjà, Axel n’a pas dû arranger la situation. Elle, la femme forte cache derrière la façade de nombreuses fêlures. De nombreuses peurs. De nombreuses faiblesses. Guérir toutes ces peurs va prendre du temps. Apaiser toutes ses appréhensions sera un long travail. Il faut espérer qu’elle aura les épaules pour supporter. “J’ai voulu le sauver, mais je.. je sais pas sauver les gens.. il s’est brisé la nuque sur la glace. J’ai vu son corps s’écraser plus bas.” Maintenant, elle sait. Elle a appris à sauver les gens. Elle a appris à faire le bien autour d’elle. Elle a intégré les X-Men. Elle a failli mourir sous une voiture lors de l’évasion de la Confrérie. Oui, elle sait. Il abandonne ses cheveux. Il pose sa main sur son bras. Il le presse doucement. Elle a essayé de sauver l’homme qui l’a frappé. Qui n’a pas eu de pitié pour elle. Elle a été humaine, en le protégeant. Elle n’y est pas parvenue. Il passe les mains sur ses épaules. Il la redresse doucement. Elle s’est assez morfondue. Il s’agenouille devant elle. Il encadre son visage dévasté de ses mains protectrices. Elle a perdu de sa superbe. Elle n’est plus la femme forte. Le maquillage a coulé, mais il a révélé la vraie femme qu’il y a derrière. Il a laissé derrière lui une femme brisée par les souvenirs. Une femme qui continue à être forte. Une femme qui persiste à survivre. “Tu as essayé de sauver l’homme qui te maltraitait. Tu as été bien meilleure que lui malgré ce qu’il te faisait subir.” On peut lui reprocher d’être trop clément. On peut lui reprocher d’être trop tolérant. Il s’en fiche. Il balaie ces accusations d’un geste de la main. Il est psychologue. Il est là pour aider les gens à accepter leurs gestes. Il est là pour les aider à trouver le pardon. Offrir une seconde chance. Voir les gens comme ils sont aujourd’hui et pas hier. C’est son truc. Tout le monde fait des erreurs. Il est le premier. Alors, pourquoi pas ne effacer l’ardoise pour tout recommencer ? Il y a un moment pour trouver des excuses. Il y a des raisons pour pardonner. Il y en a aussi pour condamner. Il ne l’oublie pas. Pour Snow, l’instant n’est pas au jugement.

A l’époque, tu étais encore jeune, tu ne savais pas comment sauver les gens. Mais, maintenant, tu le fais. Tu aides ceux qui en ont besoin.” Avant d’arriver à l’Institut, elle était habituée à tuer. Elle était faite ainsi. Mais depuis, elle a changé. Elle a intégré l’idée de sauver. De protéger. De faire le bien. Il insiste pour qu’elle le voit. Il tient à ce qu’elle s’en aperçoive. Pour comprendre la différence. Pour réaliser le chemin parcouru. Elle n’est plus la mutante dangereuse qui a intégré leur rang. Elle est un membre indispensable de l’équipe. En devenant X-Men, elle rattrape ses faux pas du passé. Elle se rachète une conduite. Elle fait basculer la balance du côté du bien. “Tu peux arrêter de t’en vouloir pour sa mort.” Il libère son visage. Il tente un sourire. Personne ne lui en veut. Personne ne lui reproche la mort d’Axel. Elle est la seule à voir sa culpabilité. Elle est la seule à penser qu’elle doit être punie. Surtout, il ne lui en veut pas.

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