-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal


Partagez
 

 ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivant


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

Elle a glissé les bras autour de sa nuque. Elle a niché son nez contre son cou. C’était son psychologue mais c’était aussi son ami, et .. autre chose, sans doute. La proximité la rassure, la calme, assèche les larmes, calme les tremblements. A l’époque elle était trop jeune, oui, mais ça ne changeait rien, elle avait pris un homme à une femme, elle avait sûrement détruit une famille, des enfants. Peut-être que le psychologue estime qu’elle doit se pardonner, pas elle, pas encore, parce qu’elle n’est pas prête. Et quand elle le presse contre elle, tendrement, elle se sent rassurée, elle se sent en sécurité. Elle a juste envie de s’oublier un peu. « J’ai pas.. vraiment mal à la jambe. Ils ont dit que j’allais bien, qu’il n’y a aucune raison que j’ai mal. Alors.. je t’ai emprunté quelques livres. » C’était l’heure des aveux, non ? Noyée contre son épaule, elle pouvait bien le lui dire. Il allait s’inquiéter, si elle ne disait rien, ou du moins s’inquiéter plus que de raison. Il sent bon. Et son horrible chemise à carreaux est douce. Elle ferme les yeux. « .. enfin ça tu dois le savoir. » Qu’elle lui empruntait des livres ? Evidemment. Parfois, elle en croisait un ou deux, dans l’Institut, ils disparaissaient mystérieusement et revenaient à l’endroit où ils avaient été abandonnés, un ou deux jours après. Une vraie énigme, non ? Elle ne comprenait pas toujours tout, ce qui l’obligeait par la suite à aller en emprunter plusieurs autres à la bibliothèque, un peu plus légalement. Elle avait étudié le fonctionnement de la mémoire, elle était allée lire quelques ouvrages simplifiés sur les amnésies, puis elle s’était intéressée à l’inconscient, à l’hypnose même. Elle avait tenté de croiser quelques données avec la philosophie. Pendant un temps, elle avait abandonné les recherches pour l’Histoire, pour mieux recommencer. Pourquoi Snow était-elle inconstante en cours ? Parce qu’elle n’intégrait que ce qui l’intéressait. Intarissable sur les sorcières de Salem, sur les légendes urbaines aussi. Surtout ça, en fait, les Jack l'Eventreur et autres affaires sans réponses. Et ce qu’elle n’avait pas trouvé dans le bureau de monsieur Drake, elle avait été obligée de se le procurer à l’extérieur. « Je.. dois te montrer quelque chose.. » Elle s’est relevée, un peu chancelante d’abord, effaçant la glace sur sa peau ; elle n’a jamais autant aimé une rampe. Après avoir soufflé, profondément, elle a obligé son corps à lui obéir. C’était dans sa tête. C’était dans sa tête. Une marche, puis deux, et trois. Elle est parvenue jusqu’à sa chambre, pour ouvrir le tiroir dont elle extirpe trois livres, qu’elle dépose sur le lit : criminologie, sciences du comportement, profilage. « J’ai les même, à l’institut. J’ai eu.. aucun souvenir en les lisant. Quoique lire est un bien grand mot, j’ai juste pris les données dont j’avais besoin. J’ai pas trouvé une seule université dans laquelle j’ai pu être inscrite, la première année, quand je cherchais encore.. » Aucune. Prudence Rosebury n’a pas suivi d’études. Rien. Elle n’apparaissait nulle part, d’ailleurs, après la fuite d’Alcatraz. Elle était même parfaitement réfractaire à la psychologie. Combien de temps à refuser de lui parler, à refuser d’être suivie ? Et paradoxalement, elle lui piquait des bouquins, pire, elle était plutôt bonne quand elle acceptait de suivre certains modules. Alors quoi ? Avait-elle tenté de s’intégrer quelque part ? Elle n’avait même pas songé qu’il était surtout probable qu’elle ait vécu sous une autre identité. Mais si elle s’ennuyait à ce point en cours, si elle agaçait Aneesh en le contredisant sans cesse, il devait y avoir une raison, non ? « Y a quelque chose dans mon dossier ? » Quelque chose qu’il aurait lu, dont il n’a pas le droit de parler ? D’un autre côté, pourquoi lui aurait-il caché des informations ?

Un soupir. Elle tourne le dos pour boitiller jusqu’à la salle de bains. Se laver les dents, ça devenait urgent, ce goût infecte sur la langue la dégoûte presque autant que la simple perspective d’avoir été la maîtresse d’un homme marié. Elle a rarement autant apprécié le goût de la menthe. Puis elle s’est démaquillée, assise sur le bord de la baignoire, effaçant les traces de la détresse, de la faiblesse. Quelle idiote. Croire qu’elle avait pu avoir ce genre de limite était stupide, elle avait tué, sûrement sans scrupules, elle avait malmené Bobby, amélioré sa mutation pour rendre la mort plus rapide - pourquoi s’arrêter à respecter un mariage ? En se rinçant le visage, elle évite de trop croiser son reflet. Elle n’aime pas les miroirs, dans ces cas là.
Se déplacer, encore, jusqu’à sa valise pour récupérer un T-shirt trop grand, gris délavé, et s’asseoir sur le lit pour le fixer d’un air absent. Lui non plus, elle n’avait pas compris d’où il venait. Il était encore contre elle, abîmé par le froid, quand on l'avait réchauffée, ramassée. Un des rares éléments du passé qu’elle avait gardé. Elle avait toujours pensé qu’il s’agissait peut-être d’une relique d’un temps où elle était, peut-être, quelqu’un de bien. Mais non. Symbole de tromperie. « Il est aussi moche que ta chemise. » Le rire est nerveux. Un peu triste. « T’es beau dedans.. » Un compliment, d’une surprenant sincérité. Elle laisse tomber le vêtement sur le sol avant de souffler. « Bobby.. qu’est-ce qu’on est, maintenant.. ? » La question meurt sur le bord de ses lèvres. L’heure était venue de parler, se livrer.
 
© Starseed
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty


fragments

Il a mal pour elle. Il est incapable de se mettre à sa place. Il n’a pas vécu de traumatismes comparables. Le seul problème auquel il a dû faire face est sa culpabilité d’avoir presque tué son père et un camarade de classe. Il a rapidement dépassé ce stade. Il a rapidement appris à vivre avec. Personne n’est mort. Personne n’a été blessé. Juste des frayeurs. Mais il a mal. Il aimerait pouvoir lui redonner ses souvenirs en un claquement de doigts. Il aimerait s’assurer qu’ils n’auront pas d’impact dévastateur sur elle. Il en est incapable. Il ne peut qu’attendre. Attendre et être présent. Être présent et réparer. Réparer et panser les plaies. Il trouvera son utilité après coup. Lorsqu’elle aura découvert tous ses sombres secrets. D’ici là, il n’est qu’une paire de bras dans laquelle elle peut se réfugier. Il la rassure. Il la réconforte. Il argumente. Elle ne peut pas s’en vouloir toute sa vie. Elle ne peut pas bousiller son avenir à cause du passé. Elle doit avancer la tête haute, en acceptant ses anciennes décisions. Il referme les bras sur son dos. Il répond à son enlacement. Finalement, elle n’a pas besoin de ses conseils. Elle a juste besoin de ses bras. C’est l’unique chose qu’il est en capacité de lui donner. Pas de conseil magique. Pas de remède miracle. Juste des bras protecteurs. Des bras réconfortants. Il sent son souffle dans sa nuque. Il sent son visage contre sa peau. Elle se remet à parler. “J’ai pas.. vraiment mal à la jambe. Ils ont dit que j’allais bien, qu’il n’y a aucune raison que j’ai mal. Alors.. je t’ai emprunté quelques livres.” Il se crispe. Pas mal à la jambe, alors pourquoi cette démarche ? Elle est encore traumatisée par l’accident. Elle est encore marquée par la blessure. Elle se torture à ressasser les événements. Elle se rend malade. Elle le rend malade. “.. enfin ça tu dois le savoir.” Oui, il le sait. Non, il n’est pas complètement aveugle. Son bureau semble être un fouillis sans nom, mais il s’y retrouve. Un livre abandonné pour certains est un livre bien rangé pour lui. Il sait où retrouver ses ouvrages. Il sait exactement où il les a posés. Sauf quand on les lui emprunte sans le prévenir. Étrangement, certaines disparitions ont coïncidé avec des questions de Snow. Étrangement. Il a fait exprès d’en laisser quelques uns dans son bureau. Des lectures qu’ll pensait intéressantes pour elle. Des lectures qu’il lui aurait conseillées en d’autres circonstances. Elle ne semblait pas vouloir son aide, alors il a laissé ses livres traîner. Régulièrement, ils disparaissaient pour réapparaître au même endroit. Au centimètre près. “Oui, je le sais.

Genoux à terre, ils s’enlacent. Le silence revient. Il sait qu’elle lui a piqué des livres. Il sait qu’elle se documente sur la psychologie. Il en a été étonné au début. Elle fuyait ses séances. Elle ne voulait pas entendre parler de psychologie. Il a été surpris de découvrir qu’elle lisait tout de même des bouquins. Il n’a pas relevé. Il ne l’a pas interrogée. Autant la laisser croire qu’il ne savait rien. Autant ne pas casser ses envies d’instruction. Il s’en est amusé secrètement. “Je.. dois te montrer quelque chose..” Il l’aide à se remettre sur pieds. Cette fois, il reste près d’elle. Il n’y a pas de distance qui tienne. Il est juste là, une marche en dessous d’elle. Une main dans son dos. Il est prêt à la rattraper. Il est prêt à la soutenir. Il est prêt à réagir si son corps la lâche de nouveau. Tomber dans les escaliers serait dangereux. Douloureux. Sa démarche chancelante ne le trompe pas. Elle n’est pas encore remise de ses émotions. Il l’accompagne jusqu’à sa chambre. Il reste sur le pas de la porte. Ce n’est plus vraiment l’ambiance intimiste de tout à l’heure. Elle est redevenue la chambre de Snow. “J’ai les même, à l’institut. J’ai eu.. aucun souvenir en les lisant. Quoique lire est un bien grand mot, j’ai juste pris les données dont j’avais besoin. J’ai pas trouvé une seule université dans laquelle j’ai pu être inscrite, la première année, quand je cherchais encore..” La curiosité l’emporte. Il entre dans la chambre. Il la rejoint pour prendre un des livres. Il ne se rappelle pas avoir lu qu’elle aurait intégré l’université, encore moins en criminologie. Il retourne l’ouvrage pour en lire la quatrième de couverture. Il ne l’imagine pas s’intéresser au profilage, malgré son attrait pour la psychologie. Ce n’aurait pas été au goût de ses parents. Ils ambitionnaient sûrement une vie de femme au foyer, mère de trois charmantes têtes blondes et passionnée de piano. Pas étudiante en criminologie, à traquer les méchants. Un métier bien trop masculin et sale pour les Rosebury. “Y a quelque chose dans mon dossier ?” Il relève les yeux de sa lecture. Il croise les prunelles remplies d’espoir de Snow. Elle espère qu’il tienne une information. Elle espère qu’il en sache plus sur elle. En réalité, il ne sait pas grand chose. Il déteste voir les lueurs d’espoir se briser dans les yeux des patients. Il déteste lire la déception sur leurs traits. Encore plus lorsqu’il s’agit d’amnésie. Il secoue la tête de droite à gauche. “Je suis désolé… Mais il ne faut pas perdre espoir. On trouvera ta trace.” Il n’a pas été des plus convaincants. Ils trouveront bien quelque chose. Mais elle s’en va. Elle lui tourne le dos et part vers la salle de bains. Il en profite pour détailler les livres. Il cherche une étiquette, une indication de la boutique qui les aurait vendus. Rien, absolument rien. Il les feuillette à la recherche d’un papier oublié. D’un indice caché.

Il est aussi moche que ta chemise.” Elle est revenue. Elle est assise sur le lit. Il est content d’apprendre qu’elle n’aime pas sa chemise. Elle n’a pas eu l’air d’apprécier son pull, hier non plus, puisqu'il a vite été expédié. Ni ses tenues en général, apparemment. Mais comparer ce vieux tee-shirt décoloré avec ses habits est quand même exagéré. Non ? Il faudra qu’il demande à Kitty. Elle lui dira franchement. “T’es beau dedans..” Il la dévisage un instant. Le compliment est surprenant de sincérité. Elle lui en a déjà fait auparavant. A chaque fois, il a cru déceler de la moquerie ou de la plaisanterie derrière. Pas cette fois. “Merci.” Il est beau dedans. La chemise est moche, mais il est beau dedans. Il suppose que le compliment est positif. Il suppose qu’elle le trouve pas mal. Ce qui est plutôt flatteur. Il range les livres dans le tiroir. Il n’a pas de piste pour ses études universitaires. Il n’a pas de piste pour ses souvenirs. Il n’est pas très utile, dans l’histoire. “Bobby.. qu’est-ce qu’on est, maintenant.. ?” Il pensait avoir le temps. Il pensait en parler dans l’avion du retour. Il pensait clarifier ses émotions. Il pensait réfléchir à eux deux. Il pensait aborder le sujet quand il saurait s’il est prêt. Snow court-circuite ses plans. Il a la conviction que les aventures ne sont pas pour lui. Il a eu l’habitude de s’engager. Il a eu l’habitude de s’attacher. Une relation sans accroche n’est pas dans ses habitudes. Mais c’est ce qu’elle veut. C’est ce qu’elle lui a dit. Aucun engagement. Aucune contrainte. Il se rapproche d’elle. Il se penche pour atteindre ses lèvres. Des lèvres qu’il a tant aimé embrasser la veille. Des lèvres qu’il apprécie encore de goûter. Il est attiré par elle. Il aime sa force. Il aime sa tendresse. Il aime ses faiblesses. Il aime sa détermination. Elle n’est pas qu’un corps. Elle est aussi un esprit. Un esprit incroyable. Il ne sait pas résister aux deux. Au corps et à l’esprit. Déjà à l’Institut, c’est son caractère qui l’a rendue attachante. C’est son caractère qui l’a poussé à toujours venir la provoquer, à lui venir en aide. L’appel charnel est rentré dans l’équation tardivement. Il s’est réveillé seulement hier. Il a ouvert seulement les yeux lorsqu’elle l’a rejoint pour le restaurant. Une belle femme. Une de celles qui savent se mettre en valeur. Une de celles qui attirent tous les regards.

Il ne peut plus lui résister. Cette attirance est encore plus forte. Chaque minute passée en sa compagnie le rend un peu plus dépendant. Incompréhensible. Complètement incompréhensible. Il n’a pas idée d’où vient cette attirance. Ils se ressemblent sur la mutation. Mais ils sont opposés sur le caractère. Ils ont des points communs, mais les différences sont plus nombreuses. Alors quoi ? Il est sensible à sa spontanéité. Il est réceptif à ses détresses. Il est fragile face à ses auto-critiques. Rien n’explique une attirance. Rien de concret. Rien de sérieux. Juste les sentiments. Juste ce besoin d’être avec elle. Il n’est pas prêt. Il a encore Malicia dans la peau. Dans ses pensées. Il y a son poste, aussi. Un poste qui risque d’être remis en question quand le Professeur découvrira pour leur liaison. Il se sent utile en tant que psychologue. Mais il pourrait trouver d’autres moyens d’aider. Son métier ne lui est pas indispensable. Par contre, s’il est rejeté par ses amis… il n’est pas sûr de pouvoir le supporter. Il s’assoit à côté de Snow. Cuisse contre cuisse. Bras contre bras. La proximité. Ils ont besoin d’être proches. Un besoin viscéral. Il plante ses coudes dans ses genoux. Il niche sa tête dans les paumes de ses mains. “Je ne sais pas, Snow. Je ne sais pas...” Sa voix étouffée parvient à travers ses doigts. Cette nuit a été incroyable. Elle n’a fait qu’éveiller des sentiments endormis. Elle n’a fait qu’ouvrir le champ des possibilités. Finalement, Snow peut devenir plus qu’une patiente. Plus qu’une amie. Cela ne dépend que d’eux. Il retire ses mains. Il pivote la tête dans sa direction. “Tu es une femme exceptionnelle. Je serais idiot de ne pas être attiré par toi.” Mais il y a bien plus. Il y a toujours plus. Il a eu envie de frapper Axel. Il a eu envie de la prendre dans ses bras. Il a eu envie de l’embrasser. Sa fragilité l’insupporte. Il a besoin de la rassurer. Il a besoin de la protéger. Il a besoin de la réconforter. Rester bras ballants face à son état est difficile. Ce n’est pas seulement une attirance normale. Ce n’est pas seulement l’attirance que l’on peut avoir devant n’importe qui. Il y avait une attirance comme celle-ci avec Malicia. Une attirance qui s’est vite apaisée, compte tenu des circonstances. Devant ses peurs. Devant ses lèvres. Il n’est pas sûr de tenir le coup. “Peu importe ce que l’on décide, je ne suis pas sûr de pouvoir te résister.” Un sourire en coin. Il détourne le visage. Malicia est sa première vraie relation amoureuse. Snow est sa première relation sexuelle. Ce doit être la raison de son attirance. Ce doit être la raison pour laquelle il ne peut pas se passer d’elle. Elle lui a fait goûter au plaisir. Il ne veut pas se séparer de sa drogue. C’est sûrement ça. Bien sûr que ça ne peut qu’être cette solution. Il éprouve seulement un élan de protection envers elle pour jouer au chevalier sur son cheval blanc. C’est tout. N’est-ce pas ?

Il hausse les épaules. “Tu voulais une relation sans engagement ? On peut essayer… enfin, si c’est toujours ce que tu veux.” S’il ne l’a pas effrayée après sa prestation d’hier soir. Si elle a toujours cette idée en tête. Il n’est pas certain d’y arriver. Mais il n’est pas non plus certain de ses sentiments. Il a encore besoin de temps pour démêler ses émotions. Il a encore besoin de temps pour mettre de l’ordre. En attendant, une aventure ne peut pas lui faire de mal. Ils verront par la suite.

made by roller coaster
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

Le baiser court-circuite ses pensées, ses questionnements, ses peurs. Elle a envie d’attraper au vol cette tendresse pour ne plus la lâcher mais elle ignore ce qu’il veut. Alors elle l’a laissé s’asseoir, elle l’a laissé, la tête entre les mains, réfléchir, parce qu’elle connait les enjeux, elle sait qu’il y à derrière : son emploi, sa crédibilité, toute sa vie. Qu’est-elle sinon un grain de riz dans son existence bien remplie ? Il ne sait pas mais il est là, tout près et elle réalise qu’elle ne veut rien d’autre, même malade, même fatiguée, même faible. « Tu es une femme exceptionnelle. Je serais idiot de ne pas être attiré par toi. » Snow ignore quoi répondre. Il n’y a rien à répondre, elle a déjà les joues roses et ses doigts qui se croisent et se tortillent de gêne ; ce sont des compliments dont elle n’a pas l’habitude. Elle est loin de se voir ainsi, d’ailleurs. « Peu importe ce que l’on décide, je ne suis pas sûr de pouvoir te résister. » Son coeur loupe un battement. C’est un compliment aussi, ou un reproche ? Elle ne parvient pas à analyser le sourire en coin. Ni son attitude. Est-ce qu’il y a un message sous-entendu à capter ? « Tu voulais une relation sans engagement ? On peut essayer… enfin, si c’est toujours ce que tu veux. » Il lui faut un moment pour intégrer, un moment pour réagir. Est-ce que c’est ce qu’elle veut ? Et lui ? Si ça se trouve, il a été atrocement déçu par la nuit partagée. Elle devrait lui demander mais tout ce qu’elle parvient à faire, c’est l’embrasser. Pas avec la passion qu’il a connu mais avec ce qu’elle est vraiment, de la tendresse incertaine, de la peur, de l’amour aussi, ce cocktail un peu effrayant et pourtant savoureux. « Je suis sûrement moins marquante que ta première expérience.. ça n’empêche pas que.. j’ai aimé être dans tes bras. » Elle a les doigts qui trainent contre sa nuque, une caresse apaisante à la pointe de ses cheveux. Son regard encore victime des restes de larmes dans le sien, elle tente d’exprimer ce sur quoi elle n’arrive pas vraiment à poser de termes.

Elle est revenue contre lui. Elle est revenue entre ses bras. Elle cherche sa chaleur, elle cherche la sécurité, l’assurance que son corps ne va plus la lâcher. Paradoxalement, la douleur semble se calmer, comme les réactions excessives, la nausée. L’étreinte dure un peu avant qu’elle ne s’écarte pour retirer la robe. Elle se sent serrée, compressée, elle se sent prisonnière, un peu sale aussi, malgré tout, malgré ce qu’il a dit, qu’elle pouvait se pardonner, qu’elle avait essayé de se racheter. La dentelle est couleur chair, cette fois. En silence, elle laisse le vêtement de côté pour aller se noyer sous les couvertures, contre les oreillers. Se reposer. « Tu avais raison, on aurait dû rester au lit. » Ne pas sortir de la journée, se blottir peau contre peau, effacer le monde entier, s’aimer un peu ou beaucoup. Juste couler dans un bien-être qu’ils ont perdu. Lovée là, elle a fermé les yeux. Elle aurait voulu rêver d’une existence agréable et banale, sans problèmes ni points d’ombre, seulement même de cela, elle était incapable. Elle ne voyait jamais rien à long terme, jamais rien de durable. En passant une main sous le coussin, elle reprend. « T’es pas obligé de savoir tout de suite.. j’aimerais juste être sûre que tu ne regrettes pas.. » Elle en doute, même après le réveil, alors qu’il l’a serrée entre ses bras, même après ce baiser alors qu’il l’a vue s’effondrer. Snow est épuisée de lutter. Elle ne veut plus lutter. C’est trop dur d’essayer d’être parfaite, de gommer ses défauts, ses failles. Beaucoup trop difficile. Elle voudrait quelque chose de sain, de neuf, pour une fois. « .. repartir de zéro et vivre.. » C’est une parole pour elle-même. Le conseil n’était pas idiot. Il revenait, encore. Il revenait quand elle cherchait à mettre de l’ordre dans ses pensées.

« .. Il est impensable de remettre en question ton rôle à l’institut. C’est ce que tu es alors si tu préfères, on peut effacer. Si c’est ce que tu veux, on oubliera. Juste.. sache que je peux aussi rester ton secret. » Rester son secret, son aventure interdite. Elle avait déjà fait ça, non ? Mais lui ne la violentera pas. Il sera toujours respectueux et doux. Il sera toujours un homme bien, un homme qu’elle pourrait aimer, vraiment. « .. plus, si c’est ce que tu désires.. même si j’ignore comment on fait.. » Elle, la fille qui n’a jamais rien eu de sérieux, qui n’a été que trop souvent le jouet des hommes ou qui n’a pas voulu s’engager, qui a préféré la fuite au concret, le silence dans la douleur plutôt qu’espérer. La reine des neiges brisée. L’adolescente perdue, la femme passionnée, l’âme fragile, le coeur cassée, jeté au sol et oublié, était prête à s'abandonner, à tenter autre chose, du vrai, du sérieux. « .. mais lis les carnets avant de décider.. c’est important. » Elle ne veut pas qu’il regrette, elle ne veut pas qu’il soit déçu. Quitte à être quelque chose dans sa vie, n’importe quoi, elle veut que ce soit en toute connaissance de cause. Elle a somnolé, un moment. Elle a cherché sa présence. Le choc émotionnel a eu trop de contre-coups, rien n’y a résisté. Il fallait qu’elle se repose, qu’elle arrête de lutter, qu’elle cesse de se heurter à la fatigue comme si elle devait l’écarter à tout prix. Elle n’était pas seule. Il l’avait déjà protégée d’elle-même. Elle a eu envie de l’embrasser, une dernière fois, mais ça ne s’est pas vu, ça n’a été qu’une pensée fugace avant de sombrer, une marque d’affection qu’elle n’a pas pu offrir, qu’elle a gardé pour plus tard. Il aimait l’honnêteté, il aimait protéger, il aimait prendre soin. Soit, elle lui ouvrait la porte de ses abysses, de ce qui faisait mal, de ce contre quoi elle ne pouvait plus rien. Elle lui offrait le droit de savoir, d’utiliser, d’aider, d’agir, d’aimer, de repousser, d’exister. Le droit d’entrer dans le chaos qu’était sa vie, le droit surtout d'y rester.
 
© Starseed
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty


fragments

Ce baiser a quelque chose de nouveau. Une nouvelle nuance. Une nouvelle intensité. Il n’imagine pas qu’un baiser puisse avoir autant de signification ou autant de manière d’être fait. Il y a eu les baisers empressés de l’adolescent. Il y a eu les baisers mortels et passionnés avec Malicia. Et maintenant, il y a toute cette palette de baisers différents avec Snow. Des baisers dont il doit s’approprier chaque signification. Des baisers qu’il doit apprendre à dissocier. Celui-ci lui semble doux, tendre. A la limite du désespéré. A chaque fois que leurs lèvres se touchent, il a la même surprise. La peau de Snow paraît tellement chaude sous ses lèvres. A croire qu’elle conserve toute sa chaleur dans cette minuscule partie de son corps. A croire que sa bouche est l’âtre d’une passion brûlante. A croire qu’elle garde sa chaleur pour seulement quelques personnes. Seulement ceux qui accèdent à ses lèvres. Un privilège auquel il a atteint tout récemment. Il ne se doutait pas qu’un pareil feu sommeillait en elle. Il ne se doutait pas qu’elle pouvait être passionnée et douce à la fois. Il ne se doutait pas qu’elle pourrait être tendre comme apeurée. Snow est toute en dualité. Elle est tout et son contraire. Elle est entière. Tout simplement. Même dans ses baisers, il le ressent. Il n’y a pas de baiser juste pour embrasser. Chacun a son sens. Chacun a son utilité. Chacun exprime ses émotions. “Je suis sûrement moins marquante que ta première expérience.. ça n’empêche pas que.. j’ai aimé être dans tes bras.” Il sent ses doigts froids sur son cou. Leur douce caresse contre sa peau. Il doit lui dire. Il doit lui dire qu’elle a été sa première fois. Sinon, elle ne va pas cesser de se remettre en question. Elle ne va pas cesser de se questionner. Il doit lui dire. Mais pas maintenant. Pas maintenant qu’elle le regarde avec tellement d’amour et de tendresse. Il le fera tout à l’heure. Elle est de nouveau là. Elle est de nouveau dans ses bras. Il retrouve une Snow plus en forme. Une Snow décidée à reprendre le dessus. Une Snow dont les yeux sont encore rougies et bouffis par les larmes. Elle n’a pas encore répondu. Elle ne lui a pas encore dit si elle voulait d’une relation avec ou sans engagement. Elle ne lui a pas dit comment elle voyait leur relation. Il attend avec une certaine appréhension. Il patiente qu’elle lui donne son verdict. Au lieu de cela, elle quitte la froideur de ses bras. Il s’étonne toujours de son absence de pudeur. Ils se sont retrouvés nus l’un contre l’autre pendant plusieurs heures. Cependant, il n’est pas sûr de pouvoir se dévêtir avec autant de décontraction. Le faire en s’embrassant est différent de le faire pour se changer. Mais elle a les sous-vêtements pour la protéger. Elle a cette fine dentelle pour camoufler ses formes.

Elle se glisse dans le lit. Il se pousse un peu pour qu’elle puisse étendre ses jambes à sa convenance. Un peu de repos ne lui fera pas de mal. Un peu de repos la remettra la forme. Un peu de repos lui fera oublié ces dernières minutes. Des minutes qui ont été épuisantes mentalement. Épuisantes physiquement. “Tu avais raison, on aurait dû rester au lit.” Un sourire fend son visage. Il a toujours raison, voyons. Quand il dit qu’il faut rester au lit, il faut le croire. Il pose une main sur la jambe qui le frôle. Il aurait dû insister pour qu’ils restent au lit. Il aurait dû trouver les arguments pour la convaincre de rester. Ils auraient passé une matinée à profiter du moment présent. Cependant, cette matinée a été productive. Elle a permis à des souvenirs de ressurgir. Une matinée nécessaire pour avancer. “T’es pas obligé de savoir tout de suite.. j’aimerais juste être sûre que tu ne regrettes pas..” Il la dévisage. Il lui a dit ce qu’il pensait. Les pensées sont embrouillées. Son opinion aussi. Mais il lui a dit qu’ils pouvaient essayer. Il lui a dit qu’ils pouvaient se lancer une relation sans engagement. Elle doute. Elle doute de sa parole. Elle ne lui fait pas confiance. Il ne lui a pas encore assez montré son affection. Il ne lui a pas encore exprimé son attachement. Ce n’est jamais assez pour Snow. Ce n’est jamais suffisant. Elle a tellement peur d’avoir le coeur brisé qu’elle ne voit rien. Qu’elle n’entend pas ce qu’il dit. “.. repartir de zéro et vivre.. ” Il redresse la tête. Il n’a pas le sentiment qu’elle lui parle. De toute manière, qu’est-ce que ce serait de repartir à zéro et de vivre pour eux ? Il vit déjà en s’occupant des autres mutants. Il vit déjà en partant en mission. Il a déjà la vie qu’il rêve. Enfin, une partie. Il ne s’imagine pas tout quitter pour construire une nouvelle vie. Une nouvelle vie qui ne lui plaira peut-être pas. Il préfère rester à l’Institut. Il s’y sent bien. Il s’y sent utile. Il s’y sent comme chez lui. Il est hors de question de partir. Il est hors de question de fuir ce quotidien qui est le sien depuis une décennie. Il n’a pas l’âme vagabonde. Il n’a pas l’âme d’un aventurier. Ça sera sans lui. “.. Il est impensable de remettre en question ton rôle à l’institut. C’est ce que tu es alors si tu préfères, on peut effacer. Si c’est ce que tu veux, on oubliera. Juste.. sache que je peux aussi rester ton secret.” Elle est insupportable. Pendant quelques instants, il a oublié son obstination. Pendant un instant, il a oublié qu’elle a si peu d’estime. Il ne serait pas digne d’elle, s’il lui demande de vivre cachée. S’il lui demande de garder leur relation secrète. Il n’est même pas certain de savoir jouer la comédie. Il veut la croiser dans le couloir et la serrer dans ses bras. Il veut se promener dans les jardins et l’embrasser. Il veut pouvoir vivre cette relation librement. On n’a pas toujours ce que l’on veut. Parfois, les souhaits ne sont pas en cohérence avec la réalité. Leur relation pose des problèmes déontologiques. Il fait partie du personnel, elle est pensionnaire. Il est psychologue, elle est sa patiente. Sans compter les années de plus. La proposition est tentante. La proposition est facile à accepter. Un simple “d’accord” suffirait. Ce serait tellement plus simple. Malicia ne serait pas blessée. Snow pourrait poursuivre sa formation. Il pourrait conserver son travail. Ce serait tellement mieux. Elle ne mérite pas un tel traitement.

.. plus, si c’est ce que tu désires.. même si j’ignore comment on fait..Si c’est ce que tu désires... Il n’est pas le seul dans l’histoire. Il n’est pas le seul à avoir son mot à dire. Cette aventure pourrait être bien plus, mais pas uniquement parce qu’il le veut. Aussi parce qu’elle le désire. Il ne veut pas la forcer à voir plus loin. A voir sur le long terme. Il s’y refuse. Elle ne sera forcée à rien du tout. Avoir une femme prête à tout accepter est peut-être le rêve de beaucoup. Pas le sien. Snow est tellement indépendante et forte. Elle a le droit de choisir ce qui lui convient. Elle a le droit de donner son avis. Ils en discuteront plus tard. Il est convaincu qu’elle parle sous le coup des émotions, de la fatigue. Elle n’a pas totalement conscience de ce qu’elle dit. Elle ne réalise pas pleinement ce qu’elle propose. “.. mais lis les carnets avant de décider.. c’est important.” Encore ses fichus carnets. Il lui fait confiance, elle ne l’a pas encore compris. Il lui fait entièrement confiance. Peu importe ce qu’il trouverait dans ses écrits, il ne s’en irait pas en cours. Il lui a promis de ne pas l’abandonner. Il ne veut pas apprendre ce qu’il doit savoir en lisant. En fouillant dans ses pensées. Il préfère l’entendre de sa bouche. Il préfère qu’elle se livre. Il préfère qu’elle lui raconte. Il l’observe sombrer doucement dans le sommeil. Ses traits se détendre. Ses paupières se fermer. L’apaisement l’envahir. Il se lève doucement du lit. Il referme la porte derrière lui. Il a de nouveau l’impression d’être seul. D’être abandonné de tous. Il déteste dormir chez les autres. Il y a toujours ce sentiment de ne pas être à sa place. Il y a toujours cette impression d’être de trop. Il retourne dans le salon pour y ranger les dernières courses. Il hésite un instant en regardant l’état de la table basse. Toujours cette tâche. Mais ses connaissances en nettoyage de bois imbibé par la vinasse sont limitées. Il reprend les carnets. Il attrape le sac de la pharmacie. Chargé de l’ensemble, il remplit un verre d’eau et il remonte toutes ses affaires dans la chambre de Snow. Un verre pour prévenir. Des carnets pour apprendre. Le verre et le sachet vont sur la table basse. Les carnets sont déposés sur la couette. Il récupère aussi les livres de criminologie et de science du comportement. Il n’a que ça pour occuper le temps. Il n’a que ça pour patienter. Il s’installe à côté d’elle. Position assise pour un meilleur confort de lecture. Il met les carnets de côté. Cette lecture ne l’intéresse pas. Par contre, les livres de cours, oui.

xXx

A un moment, il a dû s’endormir. A un moment, ses paupières ont dû se fermer. A un moment, la fatigue a dû reprendre le dessus. Le livre lui échappe des mains. Tombe sur ses jambes. Il sursaute. Il a la nuque raide. Il a mal au dos, à cause de sa position peu confortable. Pendant quelques secondes, il ne se souvient pas où il est. Il ne se souvient pas ce qu’il fait ici. Ses yeux se posent sur Snow et ça y est. Il se rappelle. San Francisco. Manoir des Rosebury. Il referme le livre. Il est temps de se bouger. Il est temps de repartir à la recherche des souvenirs. Il est temps de progresser. Il est temps de vivre. Pour ça, encore faut-il réussir à la réveiller. Il ne peut pas la secouer, ce serait trop brutal. Il hésite. Il se penche au-dessus de Snow. Ses doigts courent le long de sa tempe. Glissent le long de son menton. Il laisse un sourire envahir son visage. “C’est l’heure de se réveiller, ma Belle au bois Dormant.” Il arrête la chorégraphie de ses doigts sur sa blancheur. Il s’allonge à côté d’elle. Il appuie sa tête contre sa main. Il peut presque ressentir la même ambiance que ce matin. La même sérénité. La même tranquillité. La même énergie. A peu de choses près, ils ont recréé cette ambiance. Se sentir bien, peu importe le moment, peu importe l’endroit. C’est aussi ça l’attirance. C’est aussi ça l’attachement. “Ecoute… je ne lirais pas tes carnets. Si tu veux que je sache quelque chose, je veux l’apprendre par toi.” Il est catégorique. Il ne reviendra pas sur sa décision. Elle est prise. Elle est scellée. Elle est dite à voix haute. Il ne se fera pas aussi intrusif dans sa vie. Ce sera uniquement ce qu’elle voudra lui dire. S’ils doivent avoir une quelconque relation, ils doivent être sur le même pied d’égalité. Lui n’a pas de carnet avec ses peurs écrites dedans. Il n’a pas de journal intime où il note tout. Il a seulement ses pensées. Il lâche les yeux de Snow pour fixer les siens au niveau de la porte. Tout à l’heure, il s’est souvenu de la date. Il s’est souvenu de l’invitation envoyée. Il s’est souvenu de sa décision de ne pas s’y rendre. Et puis, Snow a voulu aller à San Francisco. Ils pourraient faire un détour. Il pourrait répondre positivement à cette invitation. Il pourrait faire la surprise. “Au fait, il y a ce truc familial demain… je ne pensais pas y aller, mais comme on passera par l’Iowa…” Un truc familial. Rien de bien important. Juste les quarante ans de mariage de ses parents. Juste une famille réunie. Juste des neveux, des nièces, des cousins, des cousines, des oncles, des tantes, des grands-parents. Juste sa famille. Seulement une ou deux heures avec eux. Seulement une visite éclair avant de reprendre l’avion.

Il ne tient pas à s’éterniser là-bas. Il ne tient pas à subir les questions gênantes. Il ne tient pas à voir le regard soupçonneux de ses frères. Uniquement deux heures. Il devrait survivre.  La proposition paraît tellement officielle, alors qu’il veut juste passer en coup de vent. “Enfin, si ça ne te dérange pas d’y aller… c’est ennuyant à mourir. On va sûrement prendre dix kilos et boire un peu trop.” Il grimace. L’idée de présenter Snow à ses parents est assez étrange. Cela sonne comme une officialisation. Cela ressemble à une concrétisation. Ses parents ne sont même pas au courant pour sa rupture. C’est une mauvaise idée. Une affreuse mauvaise idée. Il doit faire les choses dans l’ordre. Les appeler pour leur annoncer qu’il n’est plus avec Malicia. Les voir pour le prochain Noël. Ses relations avec ses parents ne sont pas exceptionnelles. Il n’y a pas de complicité. Ils n’ont jamais accepté sa mutation. Ils ont probablement dû envoyer l’invitation par pure politesse. Ils ne comprendraient pas pourquoi Snow est là. Ils poseraient un tas de question. Il s’assoit de nouveau. “Non, en fait, oublie. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Ce serait de la torture.” Ses parents verraient forcément un couple. Ils sauteraient forcément aux conclusions. Et puis, présenter Snow à toute la famille. Il n’y a pas plus suicidaire. Il ne saurait même pas comment la présenter. Patiente, amie, amante ? Qu’est-ce qui convient le mieux dans ce genre de situation ? Une très très très mauvaise idée.

made by roller coaster
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

« C’est l’heure de se réveiller, ma Belle au bois Dormant. » Elle a ouvert les yeux, difficilement. Quelle heure était-il ? Aucune idée mais le contact de Bobby lui a arraché un léger sourire. C’était comme sortir d’un cauchemar pour s’éveiller sur un joli rêve. Ma belle au bois dormant. C'est mignon. Tellement loin de ce qu’elle connait, de ce dont elle se souvient. Le sourire meurt ; c’est vrai que maintenant, elle se souvient. « Ecoute… je ne lirais pas tes carnets. Si tu veux que je sache quelque chose, je veux l’apprendre par toi. » Un hochement de tête. Bien. Donc il ne la disputerait pas. Il ne lui en voudrait pas s’il elle n’évoquait pas tout, si le psy n’avait toujours pas droit à toutes les facettes de ses angoisses, de ses peurs. Il lui laissait une part d’intimité, un jardin secret, une boite de Pandore en puissance. « Mmh.. j’peux pas dormir encore ? » Dormir. Elle y arrivait. Elle avait l’impression de devoir rattraper trois années d’insomnies, elle devait effacer cet épuisement qui la poursuivait, psychique plus que physique. Rester entre les oreillers, sans sortir de là, ne plus croiser ses fantômes. Ses doigts glissent sur le col de sa chemise à carreaux. Elle est encore somnolente. Est-ce qu’ils auraient le droit, cette fois, de garder cette paix renaissante, ce cocon délicieux ? « Au fait, il y a ce truc familial demain… je ne pensais pas y aller, mais comme on passera par l’Iowa… » L’Iowa. Prudence n’y était jamais allée. C’était loin de chez elle, loin de son enfance, de ses voyages. Les Rosebury ne partaient pas en vacances, de toute manière, de sorte que ce qu’elle avait découvert, elle l’avait fait seule et l’avait oublié. Un truc familial, de la même manière, ça n’existait pas pour elle. Ou du moins, cela s’était limité aux repas du dimanche avec.. mince, elle ne parvenait pas à déterminer si les repas dominicaux avaient impliqué la branche proche. Il y avait tellement de blancs inexplicables. « Enfin, si ça ne te dérange pas d’y aller… c’est ennuyant à mourir. On va sûrement prendre dix kilos et boire un peu trop. » Sa grimace est aussi amusante que sa tentative de justifier l’invitation. Elle attend qu’il termine, bien qu’il ne semble pas capable d’arrêter le flot de paroles pour l’inviter, ou ne pas l’inviter, ou tenter de la dissuader, elle n’a pas vraiment compris ce qu’il voulait. Calée contre son coussin, installée sur le côté, elle patiente. Va-t-il y parvenir ? « Non, en fait, oublie. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Ce serait de la torture. » Il s’est assis et il s’est arrêté. Ca la fait rire, doucement.

Elle bouge, se redresse et se glisse entre ses bras. « Serait-ce une invitation maladroite, monsieur Drake ? » C’est presque touchant. Ca fait presque battre son coeur un peu plus vite. Ou ce sont ses doigts qui glissent sous la chemise décriée qui réveillent son myocarde, elle n’est pas sûre. « Je veux bien être torturée avec toi.. » Un murmure, contre ses lèvres. Un murmure contre ce baiser qu’elle offre. Il est trop inquiet, trop retenu, trop soucieux de ce qu’elle peut penser, sans doute. Sa famille ne peut pas être si terrible. Pas plus que les démons qui trainent entre ces murs. Pas plus qu’elle-même, que leurs incessantes disputes, que leurs folies. « Sauf si tu préfères rester à te noyer dans la luxure. » Contre sa joue, puis son souffle frais sur l’oreille qu’elle mordille, jusque dans son cou qu’elle embrasse. « Merci d’être resté.. » Malgré la crise, malgré les larmes, malgré l’état pitoyable, malgré la douleur. D’être resté alors qu’elle n’était plus ni élégante ni attirante. Et elle revient croiser ses billes claires, trahissant certainement son affection ; cette façon de le regarder tendrement. Elle ne cherche pas à se cacher derrière une carapace, à se protéger derrière une façade, un reflet de perfection. Elle n’a pas besoin de faire semblant, il l’a dit. Elle n’a surtout pas envie de dissimuler l’effet qu’il a sur elle, ce sourire en coin qui fleurit quand elle passe les mains dans le bas de son dos.

« .. Et tu vas leur dire quoi ? Papa, maman, je vous présente ma crème glacée préférée ? » Saveur vanille-citron. Mélange sucre-acidité. Non, vraiment, une idée brillante. Qui semble beaucoup l’amuser, la sortir de son état un brin léthargique, un brin douloureux. Il lui change les idées. Il fait naître dans le fond de ses prunelles quelques paillettes joyeuses. Snow n’a qu’une envie : enterrer Axel, l’éloigner, penser à des perspectives plus réjouissantes. Pas oublier, pas complètement, parce qu’elle sait combien l’ignorance peut être terrible, mais avoir droit à l’apaisement. Juste quelques heures de plus. « Si j’apporte un fondant chocolat-fraise, ça ira ? » C’est la politesse. Et pour avoir goûté le simple fondant au chocolat fait à l’institut, elle doutait que Bobby proteste à l’idée qu’elle cuisine. Quoique.. elle attendait le Non, tu n’es pas obligée, ne te fatigue pas. Elle s’est perdue dans la contemplation de son visage. Est-ce que Malicia savait vraiment la personne qu’elle avait laissé derrière ? Est-ce qu’elle avait véritablement conscience du coeur qu’elle avait sûrement piétiné plus que de raison ? Oui, Bobby était trop gentil pour son propre bien et oui elle avait précipité la rupture. Oui, elle culpabilisait largement pour ce détail. Chassez le naturel il revient au galop. Mais là, ça n’était pas ce qui importait. Il n’y avait qu’eux deux, eux deux sur ce lit trop grand, dans cette chambre qui devait faire deux fois celles dans laquelle il vivait à l’institut. « Je crois que si je n’essayais pas d’être raisonnable, tu pourrais vraiment finir par me faire fondre. Même si j’ai tenté de te tuer deux fois. C’était deux fois ou il y en a une que j’ai oublié ? » ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 3172871409 Oui, voilà. Une méthode comme une autre pour lui exprimer ce qu'elle ressent ; après tout, il sait qu'elle a du mal à extérioriser ses sentiments.
 
©️ Starseed
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty


fragments

C’est ridicule. Complètement ridicule. Il ne peut pas inviter Snow chez ses parents. Il ne peut la présenter à sa famille. Ils pensent encore qu’il est avec Malicia. Ils pensent encore qu’il est avec une femme qu’il ne peut pas toucher. Il ne veut pas débarquer avec une blonde à son bras. Et comment la présenter ? Comme son aventure depuis quelques heures ? Comme une patiente ? Comme une étudiante de l’Institut ? Aucun doute que son frère professeur adorera l’idée, tiens. C’est idiot. Pourtant, il y a cet anniversaire. Il y a cette réunion de famille. Il a l’habitude d’y aller une fois par an. Quelques jours à l’occasion des fêtes de fin d’année. Quelques jours qui lui suffisent pour savourer sa liberté, loin des Drake. Mais là, il a envie d’y retourner. Pour une fois qu’il est loin de l’Institut. Pour une fois qu’il se donne le temps. Pour une fois qu’il peut les voir. Ce sera l’occasion de retrouver ses proches. D’essayer de passer du temps avec ses neveux. Ridicule, mais tellement souhaité. Mais tellement ridicule. S’il veut tant y aller, pourquoi ne pas s’y rendre seul ? Snow n’a plus de famille. Elle n’a pas eu un cadre familial idéal. Il ne devrait pas l’ennuyer avec sa famille vivante. Il ne veut pas la noyer sur le bonheur des Drake. Elle n’a pas besoin de ce genre de réunions. Elle vient se faufiler entre ses bras. Il l’accueille avec plaisir. Il referme ses bras sur elle. Il sent ses doigts s’infiltrer sous sa chemise. Déposer leurs douces caresses contre sa peau. Elle ne fuit pas. Elle ne le prend pas pour un fou. Elle ne pense pas insensé de la présenter à sa famille. Non, elle est… amusée. Elle se moque ! “Serait-ce une invitation maladroite, monsieur Drake ?” Elle ose se moquer. Il lève les yeux au ciel. Si elle s’en amuse, tant mieux. A son tour, ses doigts se mettent en marche. Ils parcourent son dos. Ils embrassent la colonne vertébrale. Une ligne pour ne pas se perdre. Une ligne pour ne pas égarer ses doigts. Ce serait inconvenant, non ? “Vas-y moque-toi !” Il a le sourire. Loin d'être vexé. Loin d'être susceptible. Il se rappelle de la maladresse avec laquelle il avait invité Malicia à rencontrer sa famille. La même. Une tentative de ne pas rendre la rencontre si formelle. Une tentative de minimiser. Pour Snow, il n’a pas anticipé. Il a juste avisé au dernier moment. Il s’est juste dit que ce serait une bonne idée de retourner voir ses parents. Quoique, se retrouver dans la même pièce que ses frères, dans le climat actuel, est peu réjouissant. L’un d’eux serait encore capable de gâcher les retrouvailles en appelant la police. “Je veux bien être torturée avec toi..” Un baiser pour délivrer son message. Un baiser pour accepter. Il hésite entre le soulagement et l’anxiété. Il vacille entre les deux émotions, sans savoir vers laquelle se diriger. Il est heureux de revoir les bouilles de ses neveux. Il l’est moins de croiser ses frères. Elle ne sait pas dans quoi elle s’engage. Mais il a accepté ses peurs, elle peut bien accepter sa famille.

Sauf si tu préfères rester à te noyer dans la luxure.” Son coeur s’emballe. Il semble accélérer à chaque baiser. A chaque morsure. Il semble ne réagir qu'à ces stimulations. Son corps entier semble répondre à ses appels. Il démarre au quart de tour. Il n’attend qu’une invitation. Qu’une caresse lascive. Le désir réveillé, il en est devenu hypersensible, depuis hier. Ses réactions l’effrayent. Il craint de perdre pied. Il craint de franchir une limite. Il craint d’aller trop loin. Il a besoin de garder le contrôle. Il y arrivera. Un jour. Pas tout de suite. Il esquisse un sourire. “C’est tentant...” Dans un souffle, il lui répond. Ses mains s’égarent. S’aventurent le long de ses cuisses. Pour mieux remonter et frôler ses formes. La toucher est comme une quête. Est comme un jeu à l’aveugle. Il apprend la position de chaque os. Il prend goût à ses coudes pointus. Il compte ses côtes. Il mesure l’espacement entre chacune. Il s’approprie ce corps à découvert. Il en apprend chaque détail. Il commence à aimer. Il commence à apprécier ses carresses. Il commence à apprécier ses lèvres. Il commence à apprécier l’effet sur lui. A moins qu’il apprécie déjà. “Merci d’être resté..” Son sourire s’agrandit, en réponse à celui de Snow. Il lui a fait une promesse, il compte bien la tenir. Les larmes ne le font pas fuir. Les peurs ne l'inquiètent pas. Il lui en faut beaucoup plus. Le reproche de Malicia résonne dans sa tête. Trop d’amour. Il devrait sûrement fuir, la prochaine fois que Snow décide de tomber et de se noyer sous les larmes. Il devrait être moins tolérant. Il devrait être plus exigeant. Il n’en a pas le coeur. Il n’en a pas l'envie. Impatient, intolérant, dur… ce n’est pas lui. Ce n’est pas ce qu’il est. Il le devient avec sa famille. Il le devient avec ses frères. Pas avec Malicia. Pas avec Snow. Pas avec les mutants qui ont besoin d’aide. “Et tu vas leur dire quoi ? Papa, maman, je vous présente ma crème glacée préférée ?.” Très bonne question. Il grimace. Il n’en a aucune idée. Et on ne peut pas dire qu’il a eu beaucoup d’occasions de présenter des femmes à ses parents. Quand il était adolescent, il préférait passer du temps dehors avec ses copines. Il évitait au maximum que ses parents se mêlent de sa vie privée si peu intéressante. Quand l’une d’elles venait, ils se doutaient bien qu’elle était sa petite-amie. Ensuite, il y a eu Malicia. Les choses se sont faites naturellement. Il leur en avait déjà parlé. Elle l’a juste accompagné un jour. Et Snow… Il n’arrive même pas à mettre de mots sur ce qu’il ressent sur elle. Il n’arrive même pas à définir leur relation. Cette relation est inexplicable. Elle est indéfinissable. Elle doit être vécue pour la comprendre. Elle doit être vue pour l’analyser. Elle doit être ressentie pour la définir. Il sent que cette visite va être un parcours du combattant de chaque instant. “Si j’apporte un fondant chocolat-fraise, ça ira ?” Un quoi ? Elle n’est pas sérieuse. Comment est-ce qu’elle compte le transporter dans l’avion ? Comment elle compte le cuisiner ? Ils n’ont pas tout le nécessaire. “Tu n’es pas obligée de faire bonne impression. Mes parents s’en fichent… et puis, il y aura déjà bien assez à manger.” Vraiment pas. Absolument pas. Obligée. Il concède qu’il a un faible pour son fondant au chocolat. Le peu qu’il en a goûté l'autre fois, il s’en rappelle encore. Mais ramener un gâteau en bon état, après un voyage en avion, relève du miracle. Ses parents ne s’en formaliseront pas. En tout cas, son père s’en fichera. Pour sa mère, c'est un autre sujet...

Il y en aura d’autres, des gâteaux. Connaissant sa mère, elle en aura fait faire un exprès pour l’occasion. Ses frères viendront avec des plats. Dans cette attention, il retrouve l’éducation des Rosebury. Il retrouve la jeune femme bien élevée. A son expression, il se doute qu’elle a déjà prévu ses protestations. Elle le connaît. Il soupire. Il ne peut pas lutter contre la politesse, il en deviendrait impoli. Il ne peut pas lutter contre elle, non plus. Il a la force pour certaines choses. Pas pour ça. “Okay, va pour le fondant chocolat-fraise.” Il repousse les cheveux de Snow dans son dos. Il envahit son espace. Il envahit sa peau. Il parcoure de son épaule jusqu’à la naissance de son cou de ses baisers. Il remonte jusqu’à l’oreille. Il s’abandonne dans la fraîcheur de son corps. Le nez dans ses cheveux. Des baisers au bord des lèvres. “Je crois que si je n’essayais pas d’être raisonnable, tu pourrais vraiment finir par me faire fondre. Même si j’ai tenté de te tuer deux fois. C’était deux fois ou il y en a une que j’ai oublié ?” Un sourire naît sur son visage. Elle serait prête à fondre pour lui. Elle, la femme qui lui propose une relation sans engagement. Elle qui est prête à vivre cette romance en secret. Elle est prête à fondre. Ils seraient incapables de se passer l’un de l’autre en plein jour, aux yeux de tous. Ils ne pourraient pas. De toute manière, il va la présenter à ses parents. Autant aller jusqu’au bout. Autant assumer leur couple au sein de l’Institut. Il quitte son cou pour lire les traits de Snow. Elle se cache derrière l’humour pour exprimer ses sentiments. Une technique parmi tant d’autres. “Deux fois, c’était deux fois.” Il repousse doucement Snow. Il l’oblige à s’allonger. Il se fraye un chemin entre ses jambes. Il s’empare de ses lèvres. Quelques instants. Un baiser qu’il veut amoureux, passionné. Un baiser pour la remercier de sa confidence. Il s’écarte. Ses mains s’éloignent de son visage. “Si tu n’avais pas essayé de me tuer, j’aurais déjà fondu pour toi.” Il y a des signes qui ne trompent pas. Le coeur qui s’accélère. La tendresse qui s’installe. Le besoin de la protéger qui s'accroît. Le désir qui s’embrase à chaque baiser. Des signes évidents. Des signes qu’il ne peut plus refouler. Il l’a fait pendant assez longtemps. Il l’a fait ces trois dernières années, en fait. A chaque fois qu’elle lui tournait le dos, en colère, il devait la retrouver. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Tout devient plus clair, maintenant. Tout devient plus logique. Il se laisse tomber sur le dos, à côté d’elle. Il attrape la jambe blessée de Snow. Elle lui fait encore souffrir. Elle l’élance encore. Il n'a pas besoin de lui demander. Elle n’a pas besoin de le confirmer. Il l’a vu à sa démarche. Il n’est pas médecin. Il n’est pas doué en massage. Elle maîtrise le froid tout aussi bien que lui. Il n’a rien de plus à lui conseiller, si ce n’est de prendre ses anti-douleurs.

Il passe la main sur la jambe. Il en apprécie la douceur. Il en apprécie le galbe. Elle a encore mal. Il doit veiller à ce qu’elle ne reste pas trop longtemps debout. A ce qu’elle ne marche pas trop. Voilà pourquoi il a refusé ce voyage. Voilà pourquoi il a repoussé le plus possible. Sa stratégie n’a pas totalement fonctionné. Il tourne la tête dans sa direction. “Ce serait bien que tu prennes des médicaments pour calmer ta douleur. Tu marcherais mieux. Tu n’aurais plus de problème pour tenir debout longtemps… et pour m’embrasser.” Il esquisse un sourire. Il joue sur tous les arguments. Il n’est pas honteux de le faire. Parfois, il faut savoir trouver les mots justes. “Seulement le temps que tu te remettes totalement de ta blessure. Deux semaines, peut-être un mois.” Elle a progressé depuis ces dernières semaines. Elle est passée du stade immobile à la mobilité. Elle ne peut pas en demander trop à son corps. Elle doit l’aider. Un petit cachet par-ci par-là ferait l’affaire. Assez pour qu’elle oublie la douleur et puisse rééduquer sa jambe. Il connaît les risques. Il connaît les peurs. Il sait que les patients peuvent tomber dans la dépendance. Elle n’a pas de passé addictif connu. Elle devrait pouvoir gérer. Et elle ne sera pas seule. Il sera là.

made by roller coaster
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

Ce qu’ils sont n’a pas de sens et, là, sous ses doigts, elle s’en fout. Sous ses caresses, elle frissonne, elle qui n’avait pas pas ressenti de telles émotions depuis trois ans, depuis plus peut-être, ne se souvenant même plus de l’effet, pas même le fantôme d’une sensation. Sous ses mains, elle frémit déjà, à peine un contact et tout s’emballe. Se noyer dans la luxure était tentant. Très tentant. Entendre les Drake souligner les petits défauts de Bobby aussi. « Okay, va pour le fondant chocolat-fraise. » Parce qu’il savait qu’elle était têtue, parce qu’il connaissait son éducation, parce que protester était inutile. Ses préoccupations sont déjà loin de la pâtisserie quand elle sent ses lèvres sur sa peau, parcourir son épaule, explorer son cou, remonter jusqu’à son oreille. Un soupir lui échappe, loin de la lassitude, trop proche du lâcher-prise, déjà. Il joue avec ses sens et elle n’a absolument aucune volonté de lui résister. « Deux fois, c’était deux fois. » .. Vraiment ? Elle a cessé de penser. Il l’a poussée à s’allonger, elle n’a opposé aucune résistance. Elle ne parvient qu’à répondre au baiser, à le prolonger, à lui offrir autant qu’il ne le fait.. mais c’est trop court. Et Diable qu’elle est faible. Diable que son coeur va vite, que sa température remonte. « Si tu n’avais pas essayé de me tuer, j’aurais déjà fondu pour toi. » Il est déjà trop loin. Il.. quoi ? Ses yeux se fixent sur lui. Elle s’est sentie rougir. Depuis quand est-ce qu’elle.. rougissait comme ça, si vite ? Et quand il touche sa jambe, elle pâlit. Ca ne lui fait pas mal, sur le coup, elle s’est juste tendue, crispée, sur la défensive. C’est Bobby. Elle se détend. Il a le droit. Lui, il a le droit. Il a beau l’inciter à prendre les médicaments, elle n’en démord pas, quand bien même il utilise l’argument de charme, l’affectif. Elle ne veut pas. Elle sait pertinemment pourquoi, elle n’en a juste pas parlé, parce qu’elle a les confessions sélectives avec le psychologue. Il insiste.

« Non. » C’est catégorique mais pas sec. Elle l’a laissé parcourir cette jambe qu’elle aurait pu perdre, cette jambe encore marquée d’une fine cicatrice qu’elle s’est rapidement mise à détester. Certains disent : blessures de guerre. Elle dit : blessure de faiblesse. « Je comprends que tu t’inquiètes mais.. ça.. ça me donne des palpitations, des vertiges. J’ai vu flou pendant des jours, comme si on avait tenté de m’assommer. » Parfois, les corps réagissent mal aux traitements, le sien est réfractaire, autant qu’elle. La morphine la rendait anxieuse, craignant la dépendance, les alternatives avaient déréglé la maîtrise. Elle n’avait plus été capable d’aligner quoique ce soit de logique, alors dés qu’on l’a jugée assez solide pour supporter une rémission plus classique, on lui a permis de stopper les anti-douleurs les plus forts. Elle n’avait pas poursuivi avec le reste. Tout allait bien. Physiquement, tout allait bien. « C’est dans ma tête. Je ne comprends pas bien pourquoi mais c’est mon cerveau qui déraille. Comme quand je vois une voiture et que j’ai l’impression que je vais mourir de peur. Comme avec ce passant que j’ai voulu.. geler sur place. » Elle se redresse, pour mieux revenir vers lui, sur lui plus exactement, à califourchon, sans exprimer la moindre douleur. Tout au plus c’était parfois une gêne, aléatoire, ou réellement un problème lorsqu’elle restait des heures à marcher dans tous les sens, à s'étirer pour l'embrasser. Ses doigts détachent les boutons de la chemise, malicieusement. Elle est en sous-vêtements, il faut être équitable tout de même. Et si elle joue de ses caresses sur sa peau, un instant, ça n’est que pour mieux venir contre lui, une étreinte tendre. Elle pourrait rester là, collée à lui pendant des heures. Sans jamais se lasser. C’est tellement absurde. « T’auras le droit de me traiter en princesse si tu ne veux vraiment pas que je marche trop. » Elle est sincère, même si elle use encore de l’humour, même si elle se cache derrière de drôles de détours. Peut-être qu’elle découvrait une forme bonheur.

« On a été dans le déni pendant toutes ces années, n’est-ce pas ? » Elle ne pouvait pas ressentir autant de sentiments soudains sans explication logique. Elle avait.. envie de l’aimer, oui c’était ça, de l’aimer, de prendre soin de lui, d’apprendre chaque contour de son corps, de goûter chaque parcelle de sa peau, encore et encore, se disputer pour se réconcilier. C’est idiot. La veille, elle était à deux doigts de partir, de tout envoyer voler, de le laisser derrière, et là, elle se découvrait une addiction. « .. Et si je ne pouvais plus jamais partir en mission, tu m’en voudrais ? » Est-ce que tu arrêteras de me trouver belle et intéressante ? Les mots sont atténués mais elle sait qu’il entendra ce qu’elle veut évoquer. Après tout, sans engagement, c’est bien qu’il peut partir quand il veut, même là, sans se justifier. Non, elle ne ressent pas de jalousie ou de possessivité. Elle a simplement peur d’être rejetée, abandonnée, jugée incapable, comme avant, comme parfois avec Axel ; elle ne sait plus à propos de quoi. « C’est tout ce que je sais faire.. » X-Woman. Agent pour le maintient de quelque chose qui pourrait ressembler à une forme de justice, même si elle est sans doute aussi expéditive que Wolverine, avec ses méthodes d’urgence à vous glacer le sang.. littéralement. Ca avait le mérite de vous neutraliser un ennemi durant quelques minutes. Oui, si elle avait voulu rendre sa combinaison, c’était peut-être par sentiment d’insécurité dans ce domaine là aussi.
 
© Starseed
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty


fragments

Il parcourt cette jambe blessée. Meurtrie. Il parcourt cette jambe qui a tant souffert. Et il se rappelle. Il se souvient après l’évasion avoir cherché les élèves. Il se souvient avoir appris pour Snow. Après cela, plus rien n’a existé. Seulement l’inquiétude de savoir si elle allait bien. Seulement l’inquiétude de savoir si elle s’en remettait. Il a essayé de se concentrer sur les pensionnaires. Sur ceux en vie. Sur les quelques uns blessés. Mais ses pensées sont revenues inlassablement à Snow. Il a culpabilisé de l’avoir poussée à sauver. Il a culpabilité de l’avoir incitée à aider. Il l’a conduite à cet accident. Il lui a presque fait perdre sa jambe. Inconcevable. Il a été énervé. En colère. La peur s’est exprimée à travers l’énervement, comme dans beaucoup de situations. Il lui a un peu trop hurlé dessus. Il lui a un peu trop reproché son imprudence. Alors que c’était à lui qu’il en voulait. Cette colère a un sens. Un sens beaucoup plus logique que la simple culpabilité envers une patiente. Envers une amie. Un sens beaucoup plus juste. Il laisse ses doigts descendre le long de la cicatrice. Encore présente. Encore gravée dans la chair. Elle lui donne un côté dangereuse. Sauvage. Aventurière. Elle donne du relief sur sa peau parfaite. Une imperfection qui vient brisée la blancheur de sa peau. Il aime cette cicatrice. Il l’aime parce qu’il l’a causée. Il l’aime parce qu’il en est le responsable. Il l’aime parce qu’elle fait partie de Snow. Il serait malvenu qu’il la déteste. Il serait malvenu qu’il soit dégoûté. Il serait malvenu qu’il n’ose pas la toucher. Il laisse la cicatrice derrière lui. Sa main remonte le long de la cuisse. “Non.” Il suspend son geste. Il lève les yeux vers Snow. Il y a de la fermeté dans sa voix. Il y a de la détermination dans ce mot. Il n’y a pas de colère. Il n’y a pas d’agacement. Seulement de la certitude. Seulement la confirmation qu’elle ne tombera pas dans la facilité. Bobby va avoir besoin de meilleurs arguments s’il souhaite l’aider. Il va avoir besoin de meilleures techniques. Il va devoir être plus persuasif. “Je comprends que tu t’inquiètes mais.. ça.. ça me donne des palpitations, des vertiges. J’ai vu flou pendant des jours, comme si on avait tenté de m’assommer.” Les effets secondaires des antalgiques. Dans ces conditions, il ne peut pas lui reprocher. Il ne peut pas la forcer à en reprendre. Si c’est pour avoir une Snow en mauvais état, autant oublier. Et si la douleur reste gérable, mieux vaut se passer des médicaments. “C’est dans ma tête. Je ne comprends pas bien pourquoi mais c’est mon cerveau qui déraille. Comme quand je vois une voiture et que j’ai l’impression que je vais mourir de peur. Comme avec ce passant que j’ai voulu.. geler sur place.” Douleur fantôme causée par un traumatisme. Douleur fantôme qui la poursuit. On la retrouve plutôt chez les personnes ayant été amputées. Mais elle en souffre. Elle continue de s’infliger les images de l’accident. Elle continue d’avoir peur. Il continue de culpabilisé. Il aurait dû être là. Il la savait en ville. Il aurait dû la retrouver à la minute où l’évasion à eu lieu. Il aurait dû veiller sur les pensionnaires.

Elle l’escalade. Elle passe par-dessus lui. Elle y reste. Ses mains reprennent position sur ce corps féminin. Il lui faudrait des heures pour apprendre chaque détail. Il lui faudrait des heures pour mémoriser son corps. Il prendra le temps. Jusqu’à ce qu’en fermant les yeux, il puisse la visualiser. Elle entreprend de le déshabiller. De lui retirer sa chemise. Il dessine un sourire en coin. Elle ne l’aime vraiment pas. Le contact froid de ses doigts lui arrache un frisson. Il contraste avec la chaleur de son propre corps. En réaction, il baisse sa température. Il se fait aussi froid que Snow. Il profite de chacune de ses caresses. Il retient la sensation provoquée sur sa peau. Sur son corps. Il retient les conséquences de son toucher. Il ne veut pas s’en lasser. C’est tellement agréable. C’est tellement nouveau. C’est tellement délectable. Il se débarrasse de cette chemise devenue superflue. Il ne faudrait pas qu’elle effraye les ardeurs. “T’auras le droit de me traiter en princesse si tu ne veux vraiment pas que je marche trop.” Être traitée en princesse est bien la seule chose qu’elle mérite. Elle mérite un homme qui prenne soin d’elle. Elle mérite une personne qui l’aime. Elle mérite un homme qui sache la rendre heureuse. Elle mérite la vie dont elle a toujours rêvé. Il ignore s’il sera à la hauteur. Il essayera. Il lui apportera toute l’attention dont elle a besoin. Il la protégera à outrance. Il la couvrira d’amour plus que de raison. Il tentera d’être le prince charmant qu’elle mérite. “Je ne vais pas m’en priver.” Ses doigts courent sur sa joue. Ne pas s’en priver. Finalement, cette relation sera vécue. Elle ne sera pas une contrainte. Elle ne sera pas secrète. Elle s’improvisera au fur et à mesure. Elle sera surprenante. Elle sera intuitive. Elle sera spontanée. Ils ne peuvent pas l’enfermer dans le secret. Tout se fera naturellement. Aucun des deux ne sait ce qu’il veut. Aucun des deux ne sait comment définir cette relation. Alors, ils la laisseront vivre. Ils en profiteront jusqu’au bout. Il n’existe pas deux amours passionnés comme celui-ci. Il n’existe pas deux Snow. Il n’existe pas deux Bobby. “On a été dans le déni pendant toutes ces années, n’est-ce pas ?” Un déni total. Un déni profond. Lui a eu Malicia pendant ces quelques années. Son coeur était pris. Son coeur était ailleurs. Snow a perdu la mémoire. Elle n’a pas eu de place pour l’amour. Elle n’en a pas laissé. Jusqu’à hier. Hier, le déni a explosé. Le déni s’est fendu. Le déni a laissé entrevoir une autre relation. Ils ont sauté dessus. Ils sont sauté sur cette possibilité. Et les voilà incapables de se séparer. Et les voilà ancrés l’un à l’autre. Ils sont le juste équilibre. Ils sont le juste milieu. Ils se contrebalancent. “Je crois bien, mais on rattrape le temps perdu.” En vingt-quatre heures, les choses ont changé. En vingt-quatre heures, ils se sont retrouvés nus. En vingt-quatre heures, ils se sont noyés sous les baisers. En vingt-quatre heures, ils se sont ouverts. Ils vont vite. Ils n’ont pas peur des conséquences. Ils ont seulement peur de la chute. Ils vont vite, mais ils se connaissent depuis trois ans. Trois ans à se disputer. Trois ans à se chercher. Trois ans à développer un amour réciproque. “Et si je ne pouvais plus jamais partir en mission, tu m’en voudrais ?” Il réalise qu’il devra être patient pour calmer ses nouvelles angoisses. Des angoisses d’abandon. Des angoisses de ne pas plaire. Des angoisses de petite-amie. Il devra la rassurer tout le temps, même quand elle n’en montrera pas le besoin. Mais il le fera pour éteindre cette étincelle inquiète dans ses yeux. Il le fera pour apaiser ses craints. Il le fera pour rendre son quotidien plus léger. Une promesse ne suffit pas.

C’est tout ce que je sais faire..” Finalement, être X-Woman lui plaît. Etre X-Woman est devenu important pour elle. L’ancienne Confrériste se sent terriblement bien dans leur rang. Et dire qu’à une époque, il a refusé de la voir entrer dans l’équipe. Il l’a jugée trop instable. Trop dangereuse. Trop fragile pour affronter ses anciens coéquipiers. Il a failli l’empêcher de se construire. Avec son traumatisme, tout cela est remis en question. La blessure n’est plus l’obstacle. L’ultime barrière se trouve dans la tête de Snow. Il reste à déterminer si elle sera capable de se battre de nouveau, sans réaction disproportionnée. “Je me fiche que tu sois X-Woman ou pas.” Il pose un doigt sur son coeur. Il croise son regard. “Tout ce qui m’intéresse, c’est ce que tu es.” Sa main abandonne le coeur. Elle remonte jusqu’au visage inquiet de Snow. Son inquiétude est digne d’une enfant. Digne d’une femme marquée par les abandons douloureux. Il ne lui brisera pas le coeur. Du moins, il essayera. Il n’agira pas comme les autres hommes qu’elle a connus. Il ne l’utilisera pas comme un objet. “Tu n’es pas seulement X-Woman, tu es une excellente étudiante.” Enfin, quand elle décide d’aller en cours. Quand elle décide de rendre ses devoirs à temps. Quand elle décide de s’intéresser un minimum. Elle pourrait reprendre ses études. Elle pourrait trouver une occupation, en parallèle de sa formation à la X-Mansion. Mutant ne signifie pas sous-diplômé. La plupart ont suivi des études universitaires. La plupart ont réussi à avoir un métier qu’ils aiment. L’Institut n’est qu’une parenthèse dans leur vie. Elle n’est là que pour les aider à apprivoiser leur mutation. Quand ils sont prêts, ils peuvent partir librement. “Ta vie ne se résumera pas toujours aux X-Men.” Un jour, elle aura envie de partir. Elle en a déjà l’envie. Il y a quelques heures, elle était prête à partir. Elle le voudra de nouveau plus tard. Un jour, l’envie deviendra tellement irrépressible que Snow y cédera. Un jour, l’envie deviendra vitale. Snow n’est pas le genre à rester sagement en place. Elle a besoin d’aventures. Elle a besoin de danger. Il ne pourra pas le lui offrir. Il ne pourra pas la retenir à la X-Mansion. Ils ont le temps de voir venir. Ils ont le temps d’anticiper. Il aimerait effacer les doutes de Snow d’une caresse. Il aimerait taire ses inquiétudes d’un baiser. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas simple. Les marques de tendresse mettent en silencieux. Puis, les questions se remettent en marche. Les questions reviennent plus fortes. Plus intenses. Plus inquiétantes.

Je ne suis pas Axel : je ne vais pas te faire souffrir, je ne vais pas te repousser.” Il n’est pas certain qu’elle le comprenne. Qu’elle le voit. Il n’est pas sûr qu’elle fasse bien la différence. Elle est trop marquée par ses déceptions passées. Elle est trop aveuglée par la douleur. Et puis, si elle ne fait plus partie des X-Men, il a bien besoin d’une infirmière personnelle pour l’aider à réparer sa glace. L’idée lui arrache un sourire. Est-ce que Snow pousserait le rôle de la petite-amie parfaite jusque là ? Dans l’histoire, elle risque de perdre toute sa force de caractère. Il se met à jouer avec la dentelle de son soutien-gorge. Il fait tomber la bretelle de son épaule. Il vient poser ses lèvres sur sa peau. Il aime cette épaule. Il aime sentir la dureté de l’os en contraste avec la douceur de l’épiderme. Il aime sentir chacun de ses gestes se répercuter dans le mécanisme de son épaule. Il aime respirer cette odeur devenue si familière. “Et si je te brise, tu pourras essayer de me tuer une troisième fois.” Il l’aura mérité, après tout. On ne fait pas souffrir une femme aussi fragile que Snow. On ne brise pas son coeur généreux et tendre. Il a récemment appris ce que cela faisait. Il ne le souhaite à personne. Il a récemment découvert la souffrance. Il ne lui infligera pas un traitement similaire. Si toutefois, il n’y parvient pas, il est jute qu’il souffre à la hauteur de sa douleur.

made by roller coaster
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

« Tu n’es pas seulement X-Woman, tu es une excellente étudiante. » Sceptique. Excellente dans certains domaines, oui. Puis quoi ? Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle avait envie de devenir, de ce qu’elle pouvait projeter de faire. Sa réflexion s’arrête là, parce qu’il la flatte, parce que cette façon de la rassurer la fait fondre. Il a raison, ça ne se résumera pas toujours aux X-Men, à la X-Mansion, à cette formation. Mais elle n’a que vingt-quatre ans, n’a-t-elle pas le temps de voir venir ? Il ne va pas se priver de la traiter en princesse, il ne va pas la briser. Elle a presque l’impression d’une étrange déclaration d’amour lorsqu’il affirme ne pas être Axel, lorsqu’il laisse glisser la bretelle du soutien-gorge. Les lèvres sur sa peau la font frissonner. Elle ne va pas pouvoir lui résister. Pas plus longtemps. Ses bras passent autour de lui, ses mains glissent dans son dos, une caresse languissante, qui retrouvent les contours des muscles, la douceur de la peau. Elle cherche son contact, une étreinte plus appuyée. A son tour d’embrasser l’épaule, d’embrasser la mâchoire, de capturer ses lèvres, encore et encore. « Je crois que je connais une manière délicieuse de te tuer, là, tout de suite.. » Ca n’est qu’un murmure. Le tuer sous la luxure, c’est savoureux, comme mort. Lent. Une agonie sulfureuse. Qu’est-ce qui lui prend ? Elle en perd la tête. Elle perd la tête les doigts dans ses cheveux, elle perd la tête contre son corps. Le coeur qui bat plus vite, la température qui remonte, le désir à fleur de peau. La glace reprend sa course, elle naît à la base de la nuque, elle joue sur les épaules masculines, s’infiltre dans le souffle froid, le contraste entre la passion et son élément capricieux. « Je suis condamnable.. n’est-ce pas.. ? » Question rhétorique. Son regard croise le sien. Elle crève d’envie de s’oublier contre lui. Ne pas sortir du lit. Elle est prête à aller jouer avec la ceinture quand elle perçoit un bruit qui la stoppe. Elle voudrait ne pas aller vérifier. Elle voudrait faire comme si elle n’avait rien entendu. Son souffle s’est déjà affolé, il brûle déjà de ce froid presque incendiaire manifestant un peu trop bien son attirance. Mais l’hypersensibilité qu’il déclenche chez elle lui fait percevoir autre chose : il est à une température presque similaire à la sienne, le manoir souffre déjà de leur présence.. qu’est-ce qui émet donc autant de chaleur ? « .. Partie remise. » Pas abandonnée, juste remise, pour quelques heures tout au plus.

Elle se détache non sans un dernier baiser et attrape la première robe blanche qui dépasse de sa valise pour l’enfiler, de même que les escarpins noirs qui trainent. Il y a quelqu’un. Elle entend des talons se déplacer dans le hall. Une femme. Il y a une femme. Et par conséquent le mystère de l’état de la demeure va être résolu. Snow sort de la pièce, descend les escaliers. Elle est stoppée au milieu, devant cette belle blonde qu’elle ne reconnait pas de suite. Même taille qu’elle. Yeux clairs mais moins profonds, moins bleus. Sourire malicieux, tailleur élégant. « Faith. » Le prénom s’extirpe de sa bouche comme doué d’une volonté propre et l’hostilité s’impose avant même qu’elle ait le temps de comprendre exactement pourquoi. « Prue. » Bobby a suivi. Elle le sent dans son dos, peut-être une marche ou deux plus haut. « Donc c’était vrai, tu n’as même pas eu la décence de mourir. » Wow. C’est plutôt accueillant, digne d’une bonne comédie romantique. Être interrompue par une cousine en pleine séance de câlins un peu trop dénudée, oui, un bon script. « Pardon mais.. de nous deux, c’est toi l’homo sapiens fragile, non ? » Quelque chose se réveille. Quelque chose qui date de bien des années auparavant, d’une période durant laquelle la mutation était une donnée vitale pour entrer dans les bonnes grâces de la reine des neiges. « T’as décidé de me pourrir la vie ? Tu disparais de la surface de la terre et quand je décide de vendre le manoir, tu te pointes, comme ça, sans gêne ? L’homo sapiens a appris la politesse, elle ! » Vendre le manoir. Mais de quel droit la cousine décidait-elle de vendre son héritage ? Okay, elle ne l’avait pas toujours apprécié à sa juste valeur mais.. si elle décidait de rester là ? D’y faire sa vie ? Pas de suite, certes, et alors ? « Rappelle-toi que c’est ta prétendue amnésie qui m’empêche d’en faire ce que je décide. » Elle ne comprend pas tout bien. Comment est-elle au courant pour l’amnésie ? Snow reste bête, plantée là, appuyée à la rampe. Qui avait signalé sa réapparition ? Qui avait transmis son dossier ? Bobby l’avait, oui, mais il n’aurait pas envoyé aux autorités ou à la banque un mot d’excuse : pas responsable du meurtre, amnésique. Elle est sciée au point de ne pas pouvoir réagir, comme bloquée dans la débâcle de ses pensées, des souvenirs.

« J’espère que vous n’avez pas prévu de l’épouser. » C’est à Bobby, que Faith s’adresse cette fois. Plus charmeuse, plus fourbe aussi. « Elle a sûrement malencontreusement oublié de vous préciser qu’elle est une mutante dangereuse et littéralement de glace. Par chance.. ça n’est pas la dernière Rosebury libre. » .. Une minute .. Elle le drague là, non ? Elle avait fait ça toute leur enfance, charmer tous les garçons qui passaient. « Ce serait idiot d’avoir des enfants bizarres. » « Hey. Si j’ai envie d’avoir trois enfants en sorbets, c’est mon problème et le sien ! » Bas les pattes, il est pris. Sale garce.
 
© Starseed
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty


fragments

Besoin de ne faire qu’un. Besoin de se presser l’un contre l’autre. Pour mieux s’embrasser. Pour mieux se toucher. Elle est là, tout contre lui. A essayer de se frayer un chemin dans ses bras pour être toujours plus près. Il ne pourrait pas rêver meilleur endroit. Il ne pourrait pas espérer être ailleurs. Il aime sentir ses mains dans son dos. Il aime déceler une caresse passionnée dans ce simple contact. Il n’a pas froid, mais il frissonne. Il n’a pas froid, mais sa peau se réveille sous ses doigts. il reprend cette position assise, tellement plus facile pour la voir. Tellement plus facile pour se délecter de sa peau. Tellement plus facile pour la sentir le frôler. Il la sent frémir sous ses baisers. Il y a une certaine satisfaction. Il y a une certaine jouissance. Il y a un certain plaisir de provoquer cette réaction chez elle. C’est rassurant. C’est réconfortant. Il est novice, mais il est capable de lui arracher quelques frissons. Il n’est pas si peu doué que cela. Peut-être des réflexes du passé. Peut-être des connaissances oubliées. Peut-être des compétences qui ressurgissent. Son adolescence lui semble si lointaine. Et pour cause. Plus d’une dizaine d’années le sépare de ses derniers tripotages. “Je crois que je connais une manière délicieuse de te tuer, là, tout de suite..” Loin de l’effrayer, cette promesse l’intéresse. L’impatiente. Il a envie de découvrir cette nouvelle manière de le tuer. Il a envie de goûter à cette torture si prometteuse. Il a envie de céder sous ses doigts. Il sent sa peau se couvrir d’une légère couche de glace. Une fine couverture. Une fine pellicule. Il ne s’en inquiète pas. Trop perdu dans un nouveau baiser. Trop perdu entre ses lèvres. Ses doigts jouent sur son menton. Glissent le long de son cou. Plus les baisers viennent et plus ses gestes prennent de l’assurance. Plus ils s’autorisent à toucher, à explorer. Plus ce corps lui devient familier. “Je suis condamnable.. n’est-ce pas.. ?” Il croise son regard. Leurs yeux fiévreux. Leurs yeux emplis de désir. Il n’est pas le seul à ressentir le besoin de se rapprocher. Il n’est pas le seul à ressentir ce besoin de la noyer sous les caresses. Elle aussi. Elle aussi est habitée par ce feu. La chaleur est revenue sans s’en apercevoir. Elle a toujours été là. Elle n’a jamais disparu. Elle attendait seulement le bon moment pour réapparaître. Elle attendait seulement que les baisers se fassent plus empressés. Sous ses doigts, Snow s’arrête. Elle ne répond plus à ce corps-à-corps. Elle n’est déjà plus avec lui. Elle a l’esprit ailleurs. Il tente de la faire revenir en l’embrassant dans le cou. En-dessous de l’oreille. Mais elle ne reprend pas la partie. “.. Partie remise.” Un dernier baiser et les peaux se séparent. Un dernier baiser et les passions s’épuisent. Un dernier baiser et le frustration prend place.

Il se laisse retomber sur le matelas. Un goût de déception sur la langue. Une frustration ancrée dans la peau. Il pousse un soupir. Un énième soupir. Il a l’impression de soupirer constamment avec elle. Il ne comprend pas son besoin urgent de partir. Elle se rhabille sous ses yeux. Alors que ses sous-vêtements lui vont s’y bien, elle les recouvre d’une élégante robe blanche. Toujours élégante, peu importe ce qu’il se passe, peu importe qu’ils aient pu être sur le point de finir nus. Elle sort de la chambre. Il se décide à bouger. Il descend du lit. Il récupère sa chemise à la va-vite. Soit, il a une telle mauvaise haleine qu’il l’a faite fuir. Soit, il se passe quelque chose. Un autre souvenir ? Un fantôme du passé ? Il en est à enfiler le deuxième bras de sa chemise quand il l’entend parler. “Faith.” Faith. Faith. Faith… Ce prénom lui dit vaguement quelque chose. Il résonne, sans trouver de correspondance. Par contre, Snow semble la connaître. Il arrive en haut des escaliers où il entreprend de reboutonner sa chemise. Se présenter torse nu serait sûrement jugé malpoli par les Rosebury. Il ne manquerait plus que ce soit une veille tante aigrie et poilue. Elle serait choquée dans ses convictions et ferait une crise cardiaque. Ce manoir a connu bien assez de mort. “Prue.” Une alarme se déclenche dans son cerveau. Ne surtout pas l’appeler Prue. Ne surtout pas l’appeler Prue. Elle tourne en boucle. Il relève les yeux de sa chemise. Il y a une jolie blonde en bas des marches. Une blonde qui a hérité de la même élégance que Snow, mais plus classique. On ne peut pas se tromper : elles sont de la même famille. Il est tombé en pleines retrouvailles. Youpi. Il jette un coup d’oeil au dos de Snow. Tendue. Toute la passion dont elle était capable l’instant d’avant a disparu. Il s’arrête à quelques marches de distance. Une ombre de Snow. Il termine de boutonner sa chemise. Il retient ses doigts de fermer les boutons du col. Il n’est pas obligé de devenir un autre. Il n’est pas obligé de jouer la comédie. “Donc c’était vrai, tu n’as même pas eu la décence de mourir.” Lui qui craint de l’effrayer avec sa famille, il est soudain soulagé. Les rancoeurs sont plus fortes chez les Rosebury. Bien plus virulentes. Ce qui n’est pas pour l’apaiser, en fait. Il connaît les réactions de Snow. Il connaît son manque de contrôle. Il ne faudrait pas qu’elle gèle un autre membre de sa famille. Il descend une autre marche. Il s’empêche de serrer sa main dans la sienne. Il doit la laisser gérer la situation. Il doit lui faire confiance sur ce coup. Il n’est même pas certain qu’elle soit prête à le présenter à sa famille. Il se contente de la position confortable de l’ombre. Il se contente de la marche au-dessus d’elle. Il est bien, là.

Pardon mais.. de nous deux, c’est toi l’homo sapiens fragile, non ?” Il assiste à un vrai combat. Il assiste à un vrai duel. Elles se détestent. Cela se sent. L’air est chargé en tension. L’air est saturé en rancune. Dans cette querelle vieille de plusieurs années, il n’y a pas de place pour la politesse. Il n’y a pas de place pour les faux-semblants. Elles ne se demandent pas de nouvelles. Elles n’échangent pas de sourire poli. Elles restent loin l’une de l’autre. C’est probablement plus sûr pour Faith. Même si cette dernière ne doit pas être le genre à se laisser marcher sur les pieds. Il ne parvient pas à resituer l'inconnue dans l’arbre généalogique des Rosebury. Vu sa ressemblance, elle est une membre proche de la famille. “T’as décidé de me pourrir la vie ? Tu disparais de la surface de la terre et quand je décide de vendre le manoir, tu te pointes, comme ça, sans gêne ? L’homo sapiens a appris la politesse, elle ! ” Donc, c’est à elle qu’il doit cette merveilleuse douche dans sa chambre ? C’est à elle qu’ils doivent ce manoir dépoussiéré et accueillant ? Il devrait peut-être la remercier. Ou pas. Vu la manière dont Faith regarde Snow, il vaut mieux éviter. La situation commence à se clarifier. La situation devient plus compréhensible. Des questions trouvent des réponses. Beaucoup restent encore des énigmes. Elles ne devraient pas tarder à se solutionner. “Rappelle-toi que c’est ta prétendue amnésie qui m’empêche d’en faire ce que je décide.” La remarque est tranchante. Douloureuse. Elle pointe là où ça fait mal. La rancoeur est tenace. Les problèmes sont profonds. Il se demande s’il n’aurait pas dû rester sagement dans la chambre. Il aurait attendu qu’elle revienne et ils auraient discuté. Il n’a rien à faire ici. Il croise le regard de Faith. Un regard bleu. Un instant, il pense voir les yeux de Snow. Un instant, il a l’impression d’être face à la mutante. Mais une lumière est éteinte dans le regard de Faith. Il est moins intense. Il est moins attractif. Il est moins hypnotisant. Elle ne le quitte plus de ses prunelles bleutées. Ça en devient presque gênant. Il a l’impression qu’elle va le tuer sur place. Ou le manger. Ou les deux. Il ne sait pas trop. “J’espère que vous n’avez pas prévu de l’épouser.” Malgré lui, un sourire apparaît sur son visage. Se marier. Si elle savait… ils n’en sont même pas à prévoir ce qu’ils feront dans deux jours. Ils ne savent même pas ce que donnera leur couple au quotidien. Alors, le mariage. Mais sa phrase n’a pas été prononcée comme une plaisanterie. Plutôt comme une mise en garde. Plutôt comme une menace.

Elle a sûrement malencontreusement oublié de vous préciser qu’elle est une mutante dangereuse et littéralement de glace. Par chance.. ça n’est pas la dernière Rosebury libre.” La situation devient carrément gênante. A moins qu’il soit totalement assourdi par la frustration, il entend de la drague. Un petit flirt. Elle le fait sans aucune crainte. Elle le fait sans aucun regard pour Snow. Elle le fait sans aucun scrupule. Snow est juste devant elle. Faith s’en fiche. Faith fait ce qu’elle a envie. En parallèle, il voit Snow se crisper de plus en plus. La conversation plus ou moins cordiale risque de déraper à tout moment. “Ce serait idiot d’avoir des enfants bizarres.” Des bébés bizarres ? Est-ce qu’elle fait référence à la mutation ? Elle se serait bien entendu avec les Drake. L’absence de tolérance est une habitude chez les familles des mutants. Mais là, elle atteint un nouveau stade. Même ses frères n’ont jamais osé parler ainsi de ses éventuels enfants. Ils ont encore une once de respect pour lui. A moins que ce ne soit la peur de finir gelé. Il n’a jamais su le déterminer précisément. “Hey. Si j’ai envie d’avoir trois enfants en sorbets, c’est mon problème et le sien !” Okay, okay. Elle va jouer la petite-amie idéale avec son fondant chocolat-fraise. C’est à lui de jouer le petit-ami idéal maintenant. Tout de suite. Dans l’urgence. Pas même un entraînement. Pas même une répétition. Il saute directement dans l’arène. Il pose sa main sur la hanche de Snow. Il est là. Il prend les rênes. Il se penche pour déposer un baiser sur sa joue. Une petite dose de froid pour calmer sa colère. Une petite dose de froid pour l’apaiser. Il la contourne et descend les marches. Un sourire mi-chaleureux mi-charmeur. Il a le sentiment d’aller à la rencontre du pire ennemi. Même Magneto n’est rien comparé. Même Mystique n’est qu’une partie de plaisir. Il va affronter Faith Rosebury. Il va la noyer sous ses sourires et ses mensonges. “Ma poussinette, tu ne nous présentes même pas ! Je suis Bobby. J’ai cru comprendre que vous étiez Faith. Vous êtes une cousine ou quelque chose qui s’en rapproche ?” Il plisse les yeux, faisant mine d’être intéressé. Il lui tend une main ferme. Sous son regard brûlant, il est heureux d’avoir remis sa chemise. Il regrette même de ne pas avoir terminé de la boutonner. Il n’a pas l’habitude d’être si ouvertement dragué. Il n’a pas l’habitude d’être regardé de la sorte. Un morceau de viande. C’est ça. Elle le regarde comme un morceau de viande. Il se tourne vers Snow. Elle est toujours dans les escaliers. Elle doit se demander ce qu’il fiche. Elle doit se demander quelle est sa stratégie. Il n’en a pas. Il a seulement dans l’idée de paraître le plus sympathique possible pour se débarrasser d’elle. Pour qu’elle arrête avec ses reproches. Pour qu’elle revienne plus tard.

Je croyais qu’on avait dit oui au mariage, mais pas aux enfants ? Ça crie trop, c’est trop fatiguant… enfin, on ne va pas embêter Faith avec nos histoires.” Il se retourne vers la jeune femme en question. Il s’amuse, en fait. Il s’amuse à jouer au couple modèle. Il s’amuse à l’appeler Poussinette. Il l’a appelée Poussinette. Il se surprend lui-même. Faith doit être une personne détestable. Elle doit être insupportable au quotidien. Elle doit être fatigante à gérer. Elle doit être une femme à hommes. Au premier abord, comme au second ou au troisième ou à l’énième, elle n’est pas son type. Pourtant, il se fait violence. Il se force à paraître poli. “Alors, c’est à vous que l’on doit l’état du manoir ? Vous avez fait un excellent travail. On reconnaît bien là la marque d’une femme de goût.” Okay, peut-être qu’il flirte un peu avec elle. Juste un tout petit peu. Il se sert des mêmes armes qu’elle. Il se sert des mêmes techniques pour arriver à ses fins. Faith le drague pour embêter Snow. Il la drague pour la faire partir le plus rapidement possible. Chacun ses méthodes. Il n’y a plus qu’à espérer que Snow comprenne. Il n’y a plus qu’à espérer qu’elle ne se vexe pas. Il a l’habitude de gérer la jalousie. Il a l’habitude de calmer les craintes de Malicia. Cette fois, c’est Snow. Pourtant, il a eu l’impression de retrouver Malicia le temps d’une phrase. Il a eu l’impression que la brune se tenait devant lui. Mais non. Les techniques pour calmer la jalousie d’une blonde et d’une brune doivent être les mêmes. Il devrait pouvoir s’en sortir. Mais pour l’instant, l’objectif numéro un : se débarrasser de Faith.


made by roller coaster
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

La jalousie est un sentiment terrible. La jalousie est un poison. De ceux qui s’insinuent dans les veines, brûlent et détruisent tout sur leur passage. La jalousie prend le pouvoir sur tout le reste, volcan intenable qui fait perdre l’esprit. Ce sentiment là, Prudence ne le connaissait pas, elle ne l’avait jamais ressenti ainsi, tout au plus avait-elle envié d’autres femmes dans sa vie, rêveuse d’avoir autant de charme ou de facilité à séduire, évoluer en société. Mais la possessivité, le besoin de défendre son bien bec et ongles ? Non. Elle n’était pas une femme jalouse pour la simple et bonne raison qu’elle n’était pas le genre femme amoureuse ; elle était la maîtresse, le jouet, la fille oubliée. Pas l’amoureuse. Alors lorsqu’elle a senti le baiser froid de Bobby, Snow a réalisé que sa réaction était disproportionnée, autant qu’injustifiée d’ailleurs. Il était l’homme le plus fidèle qui soit. Il était un être plein de générosité, de droiture et d’éducation. Ca n’était jamais que Faith, n’est-ce pas ? Pourquoi réagir de la sorte ? C’aurait été Malicia soudain dépourvue de sa maudite faculté, elle aurait immédiatement rendu les armes sans chercher à se battre, sans l’ombre d’un conflit ; c’était Faith, championne de piquage de mec en toutes catégories, peste de haut vol, menteuse invétérée. La terroriste des coeurs. Elle les brûlait quand Snow les glaçait. « Ma poussinette, tu ne nous présentes même pas ! Je suis Bobby. J’ai cru comprendre que vous étiez Faith. Vous êtes une cousine ou quelque chose qui s’en rapproche ? » Il se jette dans la gueule du loup avant qu’elle ne puisse lui venir en aide et.. ma poussi-quoi ? Il a osé ! « Constance était ma tante. » Oui. Une cousine directe, ce qui expliquait son prénom très .. plein de foi. Ses parents avaient juste été un petit peu plus soft dans le genre. « Votre parfum a quelque chose de délicieux. » Un sourire en coin naît sur les lèvres de Snow qui s’est appuyée négligemment contre la rampe, soudain plus détendue, admirative du petit manège d’un iceberg en terrain hostile. « Le mien, en fait. Tu veux peut-être la marque ? Non ? Je m’en doutais. » L’amusement dans sa voix est peut-être aussi cruel que des lames tranchantes mais rien de bien grave puisqu’il en fallait toujours plus pour enterrer une Rosebury. Surtout celle-ci.

« Je croyais qu’on avait dit oui au mariage, mais pas aux enfants ? Ça crie trop, c’est trop fatiguant… enfin, on ne va pas embêter Faith avec nos histoires » Le rire de Faith a toujours eu quelque chose de terriblement sensuel. Elle était la braise. La braise face à la banquise, et là où l’une savait faire fondre, l’autre offrait un miel cristallin ; autant de différences derrière un physique tellement similaire. « Le jour où Prue saura s’engager avec quelqu’un n’est pas arrivé alors des enfants ! » Elle trouve ça drôle ? Le verglas à la sortie risquait de l’être aussi. Elle y songe une seconde mais s’oblige à ne pas déraper, à ne pas exprimer la rancoeur de son enfance en une tornade enneigée. Elle n’en valait pas la peine. « Pour toi je ferai une exception, mon amour. » Et le poussinnette moqueur s’éclipse dans la tendresse qui découle de ces quelques lettres : amour. Il a roulé sur sa langue comme autant de promesses, avec une désarmante sincérité qu’elle-même n’a pas réellement maîtrisé. Snow a simplement descendu les escaliers pour rejoindre la cuisine, finissant de ranger les courses, parce qu’elle n’était pas décidée à partir de chez elle. C’était encore chez elle, jusqu’à signature prouvant le contraire, jusqu’à leur départ au moins. Elle l’a laissé seul avec Faith. Elle sait qu’elle n’a pas besoin de ce sentiment qu’est la jalousie, et elle l’a déjà laissé derrière, comme un mauvais souvenir, comme quelque chose qui ne lui appartenait pas vraiment.

« Alors, c’est à vous que l’on doit l’état du manoir ? Vous avez fait un excellent travail. On reconnaît bien là la marque d’une femme de goût. » Faith aime le flirt et ne s’en cache pas. Si Snow a eu droit à une éducation rigide aux codes strictes, l’autre branche de la famille s’est offerte le luxe de la souplesse, a évolué avec son temps, et finalement le résultat ne fut pas mieux : une meurtrière et fille aux moeurs légères, qui dit mieux ? La défunte anti-mutants peut-être. Dommage qu’elle ne soit plus de ce monde pour entrer dans la danse. « Prue n’a jamais aimé cet endroit, j’ignore pourquoi. Enfin l’entretenir prend un temps considérable, tant de poussière et de bric-à-brac ! J’ai enlevé le superflus pour le mettre au grenier.. je pourrais vous le faire visiter, le grenier.. » A sa manière d’exprimer le mot visiter, on se doutait aisément que c’était lui, qu’elle voulait explorer, pas la pièce dont il était question.

Les courses rangées, Prudence est discrètement revenue s’appuyer contre le mur, les bras croisés, tandis que Faith glissait ses doigts chauds sur le col de la chemise de Bobby, et même cela, elles le faisaient différemment. Le sourire est moqueur pour la mutante qui ne peut s’empêcher de contempler la manière avec laquelle Bobby s’était enfoncé dans le radar à hommes infidèles de sa cousine. Non, elle n’est définitivement pas jalouse, elle est intérieurement morte de rire. « Prue n’en saura rien.. elle doit ruminer, comme dans le temps. » Elle a laissé les secondes s’égrener, le temps pour Faith d’approcher des lèvres de Bobby, le temps pour elle d’espérer atteindre son but, pour briser le rêve en plein vol, juste à la dernière seconde, juste à quelques millimètres de l’objectif. « Faith ? Tu te souviens de ce que je t’ai dis, la dernière fois ? C’est fou, te revoir comme ça, si belle, si rayonnante, comme un soleil d’été m’a rafraichi la mémoire. » L’interpellée s’est écartée, visiblement frustrée, agacée, hautement contrariée, croisant à son tour les bras en pivotant pour la fixer. « Quoi ? L’eau ça gèle ? » L’air est blasé, de ceux qui disent : tu as d’autres évidences à sortir ? « Tout être vivant est constitué d’eau. Fais-toi plaisir. Embrasse-le. Mais fais vite parce que je crains que sa patience ait des limites. Et, scoop : pour lui aussi, l’eau, ça gèle. » Pas un mot de plus. Snow s’éloigne d’un pas calme vers la cave, allant récupérer une bouteille, elle la sélectionne pour le lendemain, et lorsqu’elle remonte, c’est pour s’appliquer à y nouer un élégant ruban rouge. Assise sur le canapé, elle entreprend de faire un paquet cadeau.

« Deux anomalies sous le même toit. » Il y a au moins une chose pour laquelle Faith sera reconnaissante : elle n’a pas eu le temps d’embrasser l’anomalie numéro 2.
 
© Starseed
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty


fragments

Il est plongé dans un univers parallèle. Dans un univers où la famille de Snow est en vie. Il ne pensait pas rencontrer un Rosebury vivant. Mis à part le spécimen qu’il fréquente depuis trois ans. Il les pensait tous loin de cette demeure familiale. Loin de son histoire macabre. Loin de ses tragédies. Pourtant, Faith est encore là. Elle essaye encore de vendre la maison. Elle essaye de se débarrasser de ce dernier vestige du passé. Elle essaye d’effacer l’existence des Rosebury. Il ne lui parle que depuis cinq minutes. Il sent déjà qu’il ne pourrait pas la supporter très longtemps. L’air supérieur. La méchanceté. Les piques. Elle n’est pas du genre à aimer ou à s’accrocher. Elle est du genre à se servir du corps des autres pour se hisser jusqu’en-haut. Elle doit avoir quantité d’amants. Elle doit avant quantité de numéros à appeler en cas d’envie subite. Mais aucun ami. Aucune connaissance proche. Aucun mari. Aucun enfant. Juste la solitude qui l’attend chaque soir. Juste le froid qui habite son lit. Elle est aigrie. Elle est acide. Il se terre dans son rôle. Il se cache derrière son sourire. Il camoufle ses sentiments derrière les mensonges. “Votre parfum a quelque chose de délicieux.” “Le mien, en fait. Tu veux peut-être la marque ? Non ? Je m’en doutais.” Donc, il n’est pas le seul à apprécier l’odeur de Snow. Comme quoi, ce n’est pas seulement la promesse de luxure. Ce n’est pas seulement l’idée du plaisir futur. Il y a une pointe de gourmandise dans son parfum. Il y a une once de sucrerie. Il y a une invitation à venir l’embrasser au creux de son cou. Pourvu que Faith n’ait pas la même pensée. “Le jour où Prue saura s’engager avec quelqu’un n’est pas arrivé alors des enfants !” Il perçoit clairement la moquerie dans son ton. La méchanceté. L’envie de nuire. Il comprend mieux la tension de Snow. Il comprend sa réaction sèche. Il comprend mieux la tension dans l’air. Faith n’est pas la meilleure cousine du monde. Faith n’est même pas le quart d’une bonne amie. “Pour toi je ferai une exception, mon amour.” Il ouvre de grands yeux en direction de Snow. Mon amour ? Elle se venge. Elle lui renvoie la balle. Mais “Mon amour” n’égale pas “Ma Poussinette” Elle ne peut pas trouver pire surnom. Elle ne peut pas trouver d’appellation plus mielleuse et dégoulinante d’amour. Elle passe à côté d’eux, sans même s’arrêter. Sans même jeter un regard à Faith. Au moins, elle n’en veut pas à Bobby. Au moins, elle ne lui reproche pas d’entrer dans un jeu. Elle a même l’air de bien accepter son nouveau surnom. Il risque de lui servir du poussinette à toutes les occasions. Il s’en amuse d’avance. Après tout, ils doivent bien s’entraîner pour demain. Ses parents vont poser une tonne de questions. Ses parents vont les épier. Ses parents vont les piéger. Autant qu’ils soient parés. Faith est un excellent entraînement.

Snow s’en va dans la cuisine. Elle les laisse tous les deux. Il n’est pas certain d’être capable de gérer sa cousine. D’être capable de fuir à temps ses flirts. D’être capable de survivre sous son regard. Il aurait aimé retenir la main de Snow. Il aurait aimé qu’elle soit à ses côtés. Il n’en fait rien. Il vaut mieux qu’elle reste loin. Il vaut mieux qu’elle s’éloigne. Il vaut mieux qu’elle s’occupe. “Prue n’a jamais aimé cet endroit, j’ignore pourquoi. Enfin l’entretenir prend un temps considérable, tant de poussière et de bric-à-brac ! J’ai enlevé le superflus pour le mettre au grenier.. je pourrais vous le faire visiter, le grenier.. ” Il prend une mine compatissante. Elle cherche des remerciements. Elle cherche des félicitations. Elle cherche de la reconnaissance. Il est prêt à lui en donner autant qu’elle le souhaitera. Il est prêt à jouer les faux culs aussi longtemps qu’il le faudra. Dans le seul espoir qu’elle parte. Mais sa dernière phrase a quelque chose de… sexuel. Un frisson le parcourt. Où est la sortie de secours ? Il n’a pas très envie de visiter le grenier. Ni de la laisser visiter quoique ce soit. Il ne bouge pas. Il se contente d’un sourire idiot. Voilà, un sourire idiot. Faith ne doit pas se rabaisser à coucher avec des idiots. Elle doit chercher des partenaires à sa hauteur… non ? Ils sont soudain très proches. Trop proches. Elle a juste à lever le bras pour attraper le col de sa chemise. S’il part tout de suite, en courant, est-ce qu’il aura le temps de remonter jusqu’à la chambre, avant qu’elle ne lui enlève son pantalon ? Il calcule les échappatoires. Mais Faith se rapproche déjà. C’est presque pire qu’une tante Rosebury, tout compte fait. Encore une fois, ils n’auraient pas dû quitter la chambre. Ils n’auraient pas dû sortir de son confort sécurisant. Ils n’auraient pas dû quitter ce lit. “Prue n’en saura rien.. elle doit ruminer, comme dans le temps.” “Je…” Mayday. Mayday. On a un problème. Lèvres en approche. Lèvres en approche. Il ne peut pas reculer. Elle serre fermement son col. Il retient sa respiration. Il se fustige intérieurement. Il s’est foutu dans la merde. Il s’est jeté dans la gueule du loup. De la louve, en l'occurrence. Il s’est jeté entre les griffes de la mangeuse d’hommes par excellence. “Faith ? Tu te souviens de ce que je t’ai dis, la dernière fois ? C’est fou, te revoir comme ça, si belle, si rayonnante, comme un soleil d’été m’a rafraichi la mémoire.” Il reprend sa respiration. Il note dans un coin de sa tête de remercier Snow plus tard. Il aurait pu finir dévoré par ses baisers. Il aurait pu finir enivrer par son parfum. Il aurait pu finir à moitié nu dans l’entrée. Il remet son col en place. “Quoi ? L’eau ça gèle ?” Son regard passe d’une cousine à l’autre. Cette histoire sent mauvais. Cette histoire sent très mauvais. Est-ce que Snow en était à menacer les propres membres de sa famille ?

Tout être vivant est constitué d’eau. Fais-toi plaisir. Embrasse-le. Mais fais vite parce que je crains que sa patience ait des limites. Et, scoop : pour lui aussi, l’eau, ça gèle.” Surprise ! Il esquisse un sourire navré. L’air effaré de Faith est drôle. Tellement amusant. Oups. Il aurait peut-être dû la prévenir. Il aurait peut-être dû se promener avec une pancarte marquée “Mutant dangereux : ne pas approcher”. Il aurait peut-être dû préciser “Bobby, Iceberg de son état”. Et dire qu’elle était prête à l’embrasser. Il est à deux doigts d’avoir de la compassion pour elle. Il est à deux doigts de ressentir de la pitié. Il connaît ce sentiment de frustration. Cette déception qui laisse un arrière-goût dans la bouche. Snow a de nouveau disparu. Elle lance sa bombe et elle s’en va. “Deux anomalies sous le même toit.” Les Rosebury se retournent dans leur tombe. Oui, deux mutants sous le même toit. Deux mutants qui ont passé vingt-quatre heures chez eux. Deux mutants qui n’ont pas l’air de vouloir partir dans l’immédiat. Deux mutants qui ont osé manger dans leurs assiettes et boire dans leurs verres. Appelez la police ! Ces réactions excessives l’ont toujours fait rire. Pour lui, la mutation est naturelle. Elle est génétique. Au même tire que la couleur des yeux ou de la taille. On ne la contrôle pas. On ne décide pas de l’avoir ou non. On ne peut rien faire pour la contrer. La mutation n’est pas une maladie. Elle n’est pas une déformation. Elle est naturelle. Tout ce qu’il y a de plus naturel. Parler d’anomalie est amusant. Parler d’anomalie est faux. Faith se veut blessante en utilisant ce terme. Elle ne sait pas ce qu’ils ont vécu. Elle ne sait pas que ce petit mot est seulement une poussière. Ce petit mot n’a aucun impact sur eux. Il prend un air désolé. “Je suis désolé, j’aurais dû vous prévenir avant de vous toucher ?” L’homme naïf. L’homme poli par excellence. Si elle a peur d’être contaminée par un échange de cellules, elle se fourvoie. Si elle a peur qu’un onzième doigt pousse, elle se méprend. Il est prêt à parier qu’elle ira se laver la main à l’eau de javel, à son retour chez elle. “Prudence exagère, je suis moins dangereux, je préfère enfermer les gens dans des blocs de glace.” Son sourire se fait carnassier. Son sourire se fait charmeur. Son sourire se fait dangereux. Son ton est pourtant léger, innocent. Il a le sentiment d’être dans la peau d’un Dracula des temps modernes. Il a l’impression de porter une longue cape et d’avoir des cheveux noirs plaqués. Les canines pointues en moins. D’habitude, il évite de se jouer des peurs des autres. Il évite de se moquer. Il évite de les empirer. D’habitude, il respecte les peurs. Il respecte les croyances et les convictions des autres. Pas cette fois. La cousine a interrompu leurs embrassades. Pas de pitié pour elle. Faith est tellement dégoûtée par eux. Faith est tellement repoussée. “Vous voulez voir ?” Il s’amuse. Il en devient moqueur. Il en devient cruel. L’ignorance au sujet de la mutation est quelque chose de tellement idiot. De tellement incompréhensible. La mutation devrait être étudiée à l’école, de la même manière que le corps humain ou la formation des cellules. Elle devrait être inculquée à tous.

Faith ne semble pas intéressée par sa démonstration. Elle semble horrifiée. Atterrée. Inquiète. Elle projette sûrement de s’enfuir d’une minute à l’autre. Elle projette sûrement d’appeler à l’aide. Elle projette sûrement de ne plus remettre les pieds ici. “Oh ! Nous manquons affreusement de politesse. Est-ce que vous voulez boire quelque chose ?” Il passe une main dans son dos. Il l’emmène dans la cuisine, sans même lui demander son avis. Sans même attendre sa réponse. Il ouvre le réfrigérateur. Ils n’ont même pas d’eau en bouteille pour Miss Rosebury. Ils n’ont même pas un jus de fruit. Il referme l’appareil. Il ouvre les portes les unes après les autres. Il part en quête d’un verre. Il ne s’est pas rendu compte de la taille de la cuisine. Immense. Impressionnante. Qui a besoin d’autant de placards ? Un instant, il se retourne vers Faith. Il déforme son visage en une grimace. “Ne faites pas attention à Prudence. Elle est un peu grognon à cause du décalage horaire.” Il reprend ses recherches. Enfin, il met la main sur un verre. Il hésite un instant. Servir de l’eau du robinet n’est pas un manque d’éducation ? Quoiqu’à la manière dont elle s’adresse à Snow, elle n’est plus à ça près. Il remplit le verre. Entre ses doigts, le givre s’étend. Il tend le verre à Faith avec un sourire. “Et voilà ! Juste givré, c’est la bonne température.” Un vrai barman. Avoir la cousine de Snow en face de lui est perturbant. Elles se ressemblent. Elles sont similaires jusque dans la couleur des cheveux ou des yeux. Mais tout chez Faith paraît plus fade que chez Snow. Tout paraît moins lumineux que chez Snow. Snow est le modèle original, Faith est la copie ratée. Puisque son double raté est devant lui, il compte saisir l’opportunité. Il compte saisir cette chance pour en découvrir davantage sur la petite Prudence. Les proches sont les mieux placés. Les proches sont les plus informés. Les proches sont les meilleurs témoins.


made by roller coaster
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

Il est terriblement attirant. Ce sourire carnassier, cette pointe de moquerie. Le regard qu’elle pose sur Bobby est soudain différent. Il aurait pu être comme elle. Il avait le potentiel pour tourner mal, pour faire naître la peur, comme là quand il se joue de la peur que suscite le concept même de la mutation. Mais ça n’est pas la mutation en elle-même qui avait d’abord effrayé la jeune Faith, à l’époque, c’était bel et bien sa cousine et ses réactions aussi tranchantes que disproportionnées. Ce sourire qu’elle juge dangereux lui rappelle le temps où elle n’était qu’une fragile adolescente. Elle ramenait la bouteille de vin dans l’entrée quand elle a rencontré cette drôle de scène, comme si l’univers parallèle s’était étendu au point qu’Iceberg soit passé du mauvais côté, celui des cruels personnages qui n’ont de respect pour aucune vie sur terre. Elle a laissé le manège se faire, extérieure à tout ceci, extérieure à ce cinéma qu’il lui concoctait, une scène juste pour elle. Et Faith, finalement, tremblante devant ce verre glacé, finit par ouvrir la bouche, comme si l’élément avait été déclencheur d’une véritable phobie. « Je.. Temperance avait raison.. vous êtes des monstres ! Vous.. » Chancelante sur ses talons vernis, elle s’attrape au mur le plus proche. « Prue.. nous a tout pris. Elle les a laissé dans ce froid.. elle a abandonné les corps.. Oncle Jeremiah serait mort sans la mutante lucide. La seule des deux qui soit lucide ! » La mutante lucide. Snow est restée sidérée, au point que si elle n’avait pas posé la bouteille sur le meuble de l’entrée, elle l’aurait lâchée. Il n’y avait donc pas une mais deux mutantes chez les Rosebury. Des soeurs. Le gène était fortement présent. Faith y avait échappé, comme elle leur échappait là, pleurant sur son passé, sur des souvenirs qu’elle avait voulu brûler. Le fléaux de cette famille n’était autre que cette petite blonde, les bras ballants et le regard vide, dans l’entrée d’un manoir où les fantômes revenaient mystérieusement à la vie. Bobby était terriblement attirant quand il feignait la malveillance, mais il n’y avait peut-être rien de plus touchant qu’une âme traumatisée qui prenait la fuite. Faith était intolérante, par nature, superficielle sans doute mais elle restait le produit d’une société injuste. « .. Juste givré, c’est la bonne température.. » Elle le répète, comme du déjà vu, avant d’à son tour prendre la fuite, telle Cendrillon laissant sa chaussure dans les escaliers, sauf qu’elle abandonne les deux pour monter au grenier.

Faith a débarrassé le bric à brac au grenier. Dans la précipitation, Snow bouscule quelques jouets en bois qui roulent sur le sol avant d’allumer la pièce tristement poussiéreuse. Dans le coin, sous ses yeux, un mannequin de couturière, orné d’une combinaison blanche, celle-ci comportant des manches transparentes, un décolleté carré et à la ceinture, un flocon de neige en argent, identique à celui de la bague, à la différence des proportions. La première tenue. Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? « Bobby ! » Un premier appel. Ca n’est pas désespéré, simplement, là, elle avait besoin de lui. De son ami, de son psy, de son amant. Elle avait besoin de l’homme auquel elle s’était attachée, pour comprendre, pour reformer cet interminable puzzle. « Hey bad boy, viens là ! » Faith n’a pas été séduite mais elle a dévoilé la pièce qu’il manquait. Faith n’avait pas été séduite mais Snow avait fait un pas de plus vers une affection grandissante.

Il y a de tout, sur le sol, des malles, des cartons, des piles de dossiers. Elle ouvre quelques tiroirs, soulève quelques couvercles et finit par reconnaitre quelques affaires, alors elle s’agenouille, fouillant les documents. Il y a des actes de naissance, un passeport, une carte de crédit, un passeport.. quoi ? Deux. Tout est en double, rien ne porte la même identité. Des faux papiers. Une falsification totale, parfaite, de la personne qu’elle avait pu être à celle qu’elle était devenue. Il y avait même une fiche d’inscription à l’université. Enola Davis. Tellement classique. Nom passe-partout. Etudes de psychologie, pour tendre vers la criminologie. Donc c’était ça, qu’elle voulait faire ? Traquer des tueurs, comme elle, par des preuves scientifiques ? C’est absurde ! Et pourtant au vu des tests, elle avait eu le niveau. Des diplômes manquaient, non ? Axel avait eu le bras long, fut un temps. Du temps de son vivant. L’accès à l’université n’avait pas dû être très complexe. Si peu légal. Un peu paradoxal, quand on y pensait. Il y avait tout. Toute sa vie là. Tout ce qu’il fallait pour affirmer qu’elle était revenue là au moins une fois, qu’elle avait essayé d’avoir une existence normale après Alcatraz. Snow pouvait recommencer. Malgré les larmes qui risquaient encore de couler, les cauchemars qui la hanteraient, les souvenirs qui ressurgiraient, difficiles et douloureux. Elle y avait peut-être droit, elle aussi, à un futur. « Je.. vais te faire un burger. Avec des frites. » Elle laisse tout ça derrière elle. Elle ne voulait pas se prendre la tête. Elle n’avait pas envie de se battre contre elle-même, contre sa mémoire. Elle voulait une soirée banale autour d’un repas avec une personne aussi tendre qu’agréable. « Merci d’avoir donné une leçon à Faith. T’étais presque un peu trop sexy, mon amour. » Et elle descend, calmement, pour retourner vers la cuisine. Son père et sa soeur n’étaient pas morts dans cette cuisine. Ca tournait en boucle dans sa tête. C’était décidé, elle laisserait San Francisco parmi les vestiges, son avenir n’était pas là. Il était ailleurs, il était loin. Comme cette Enola Davis qu’elle ne se souvenait pas avoir été. Faith ne draguerait sans doute plus aussi ouvertement un homme. Snow apprendrait sûrement à aimer, un jour.
 
© Starseed
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty


fragments

Le masque tombe. Le masque se fissure. Il était si content de jouer au méchant. Il était si content de ne plus être l’homme gentil. L’homme trop gentil. Un sourire. Quelques mots. C’est tellement simple d’insuffler la peur chez les autres. Ce serait presque amusant. Ce serait presque tentant. Mais il n’est pas crédible. Du moins, pas pour ses proches. Son stade de noirceur s’arrête aux disputes. Sans jamais aller plus loin. Sans jamais devenir cruel. Sans jamais devenir méchant. Il n’est pas crédible. Pourtant, Faith prend peur. Il voit à son visage qu’elle panique. Qu’elle est à deux doigts de s’évanouir. Alors, le masque tombe. Le masque ne tient plus. Le naturel reprend le dessus. Il se demande s’il n’est pas allé trop loin. Il se demande s’il n’a pas exagéré. La panique dans son regard lui fait penser à une biche sur le point d’être tuée. Ils sont si cruels que cela ? Il lui a quand même offert un verre. Il lui a quand même serré la main. Il lui a quand même souri. Ce n’est pas le comportement d’un monstre. Ce n’est pas le comportement d’un serial killer. Quoique… Certains invitent les victimes chez eux, avant de les tuer. Bon, okay. Il a pu être effrayant. Il a pu la terroriser. Il ne recommencera plus, promis, juré. “Je.. Temperance avait raison.. vous êtes des monstres ! Vous...” C’est douloureux. Ce n’est pas agréable à l’oreille. Ce n’est pas agréable au coeur. C’est incroyablement douloureux. Des monstres. En quoi sont-ils des monstres ? Il comprend qu’il ait pu l’effrayer, mais pas au point de se faire traiter de monstruosité. Pas au point de mériter cette terreur dans son regard. “Prue.. nous a tout pris. Elle les a laissé dans ce froid.. elle a abandonné les corps.. Oncle Jeremiah serait mort sans la mutante lucide. La seule des deux qui soit lucide !” Pause. Temps mort. Jeremiah est censé être mort. Jeremiah est censé avoir été gelé dans cette cuisine avec le reste de sa famille. Jeremiah est censé être un fantôme du passé. Et qui est cette mutante lucide qui lui a sauvé la vie ? Il ouvre la bouche pour l’interroger, mais elle part. Elle s’enfuit. Elle le laisse avec son verre d’eau à la main. Elle sème une nuée de peur derrière elle. Elle en aurait presque perdu son élégance. Bordel de crotte de chien. L’histoire des Rosebury n’est pas prête de se terminer. Il pose le verre. Snow est là. Elle a tout entendu. Elle a le regard perdu. Songeuse. Elle vient d’apprendre que son père est vivant. Elle devrait… elle devrait quoi ? Pleurer ? Être soulagée ? Trembler ? Il n’y a pas de réaction type. Il n’y a pas de bonne manière de gérer ça. Elle a passé ces dernières années à s’en vouloir pour un meurtre qu’elle n’a pas commis. Il y a de quoi être perturbé. “.. Juste givré, c’est la bonne température.. ” Elle est bloquée. Elle ne cesse de répéter cette phrase. Il croit à un traumatisme. Il croit à un choc. Il se rapproche d’elle, dans l’idée de l’apaiser. Dans l’idée de l’enlacer. Mais elle s’en va. Elle se dépêche. Elle prend la fuite. Il retourne dans la cuisine. Il est prêt à attendre. Elle n’a pas besoin de lui, dans l’immédiat. Et si c’est le cas, elle lui fera savoir. Il prend son mal en patience.

Bobby !” Un premier appel. Il n’est pas sûr que c’est réel. Il pense que son imagination lui joue des tours. L’appel lui semble étouffé. Lointain. Il abandonne quand même le verre dans l’évier. Il monte les escaliers. Il détaille les lieux, sans trouver la présence de Snow. Sûrement son imagination. Sûrement une illusion sonore. Il est sur le point de redescendre. “Hey bad boy, viens là !” Il fronce. Bad boy ? Elle l’appelle vraiment comme ça, maintenant ? Ou elle parle à quelqu’un d’autre. Bad boy… Un sourire cruel et ça y est, il est catégorisé. Il suit sa voix. Il finit par trouver le chemin du grenier. C’est une immersion dans la vie des Rosebury qui l’attend. Un bordel sans nom, plongé dans la poussière. Un désordre qui n’a aucun sens. Un désordre qui n’a pas d’intérêt pour lui. Il finit par trouver une tête blonde perdue dans un carton. Elle furète furieusement dans des papiers. Il s’accroupit à côté d’elle. Il récupère les papiers qu’elle laisse de côté. Il les survole. Des documents de toute sorte. Des documents de toute une vie. Des documents pour s’offrir une nouvelle identité. Des papiers avec sa photo dessus. Pas une cousine ou une soeur. Il s’agit bien de Snow. Elle a tout pour refaire sa vie. Elle a tout pour repartir de zéro. Les éléments sont sous ses yeux. Elle n’a plus qu’à partir et adopter l’identité de cette Enola Davis. Il jette un coup d’oeil inquiet à Snow. Il aimerait être télépathe pour savoir ce qu’il se passe dans ses pensées. Pour savoir quelle histoire se joue dans sa tête. Pour savoir ce qu’il doit dire. Mais il ne l’est pas. Il ne peut que se contenter de lire sur son visage. Et il n'y lit pas grand chose. “Je.. vais te faire un burger. Avec des frites.” Il reste incrédule. Elle vient de voir une partie de sa vie. Elle vient de découvrir qu’elle pouvait s’en aller. Elle vient d’apprendre qu’elle peut partir, sans se retourner, sans avoir peur du passé. Et elle pense à lui préparer un burger. Burger qu’ils ont mangé la veille. Elle n'est pas logique. Il rassemble les papiers en un tas. Il essaye d’en faire une pile bien rangée. “Merci d’avoir donné une leçon à Faith. T’étais presque un peu trop sexy, mon amour.” Il relève la tête pour la voir partir. Elle est étrangement calme. Elle est étrangement apaisée. Il ne l’a jamais vue aussi calme. Ce n’est pas le calme après une nuit dans les bras d’un homme. Ce n’est pas le calme après une colère. C’est un calme froid. Un calme de satisfaction. Un calme qui sonne comme la fin d’une quête. Il récupère les feuillets. Il les emmène avec lui. Il ignore ce qu’il en fera. Il l’ignore. Il sait seulement que ces documents pourraient être utiles pour Snow. Pour ses recherches. Pour son futur. Elle ne peut pas les laisser derrière elle. C’est une porte de sortie lorsqu’elle se souviendra de tout. Il range les documents dans sa propre valise. Il la retrouve dans la cuisine, à préparer les aliments. Il reste un instant à l’entrée. Il hésite entre parler de cette découvre et reprendre le cours de la journée. Il hésite sur la manière de se comporter. Snow a semble-t-il déjà choisi.

Il se poste derrière elle et passe ses bras autour de sa taille. Il pose sa tête contre celle de Snow. “Alors comme ça, je suis un peu trop sexy, hum ?” Un sourire pointe au bout de sa phrase. Il dépose un baiser dans ses cheveux. Il s’écarte pour attraper un couteau de cuisine. Il entreprend de séparer les pains des burgers en deux. Elle a encore voulu lui faire plaisir. Elle a encore voulu le gâter. Elle a compris qu’il aime les burgers. Elle lui en fait manger deux jours de suite. Il craint pour son régime inexistant. Il risque de prendre dix kilos, à cause de Snow. Elle va sûrement lui préparer des burgers pour toutes les occasions. Elle va finir par lui faire détester les burgers. Son attention cache peut-être cette volonté. “Faith a l’air d’une personne tellement généreuse et amicale.” L’ironie de sa phrase le fait sourire. Il est presque pressé à l’idée de lui présenter les Drake. Ils sont beaucoup plus équilibrés et beaucoup plus sympathiques que Faith. Ils sont aussi beaucoup moins effrayés. Ils le sont un peu, pour ses frères. Les autres… ils font comme s’il n’y avait pas cette mutation. Le déni est plus facile à gérer que la vérité. Il s’en rend compte de plus en plus. Au moins, ils pourront comparer leur famille après demain. Ils pourront se moquer des uns et des autres. Ils pourront se plaindre. Ils pourront se chamailler. Comme un couple normal. Ce qu’elle a l’air de vouloir devenir. Il laisse les pains de côté pour se tourner vers Snow. “J’espère que tu ne prépares pas un hamburger au foie gras.” Il l’espère sérieusement. Il n’est pas sûr que le mélange passe dans son estomac. Il n’est pas sûr qu’il parvienne seulement à en manger une partie. Le mélange doit être… étrange. Impossible. Il se forcera à le manger. Pour lui faire plaisir. Pour ne pas gâcher. Mais bon sang, il en serait malade pendant trois jours. Et puis, on dénature pas un burger ! Il n’y a pas de version meilleure que la classique : steak haché, fromage, tomate, salade. Il n’y a pas mieux. Pourquoi s’embêter avec du foie gras superflu ?


made by roller coaster
Revenir en haut Aller en bas


Invité
Anonymous
it's a revolution, i suppose
Invité
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Fragments.
Iceberg ✧ Snow
« I wanna live before I die The sweet and bitter taste To stand around the edge So close to the flamme With fire in my veins I know I must to try To live before I die »
- Marina Kaye, Live before I die

« Alors comme ça, je suis un peu trop sexy, hum ? » Oui. Et elle est calme, là, dans la cuisine. Le seul détail qui cloche est sa façon d’éviter de poser les yeux à l’endroit où les corps avaient été abandonnés, des années plus tôt. Les bras autour de sa taille la rassurent, c’est comme être bercée par un confort nouveau. Le baiser dans ses cheveux, l’atmosphère presque normale. C’est un simple hochement de tête qui lui a répondu. Elle s’est même légèrement appuyée contre le corps d’un Bobby qu’elle aurait aimé garder pour elle, plus longtemps. « Faith a l’air d’une personne tellement généreuse et amicale. » L’ironie est perceptible. Et tandis que Snow s’occupe à couper les tomates, à trier les oignons, il s’écarte, il prend l’initiative de séparer les pains. Pourquoi ? Pourquoi se donner cette peine ? Sur un ton presque monotone, en mélangeant les ingrédients écrasés, elle se décide à reprendre la parole. « Ma soeur a muté, elle aussi. » Une constatation qui tombe, comme ça, comme une plume qui volète pour se coucher sur le sol. Et sa façon de préparer le repas, obstinément fixée tantôt sur sa sauce tomate, tantôt sur sa pâte à gâteau, indique qu’elle essaye simplement de repousser la mémoire, de repousser les peurs. Elle a besoin d’en parler, elle a besoin d’extérioriser, cependant. Elle n’a confiance qu’en lui, elle ne veut laisser ses pensées et ses craintes qu’entre ses mains, « Mon père l’a acceptée. Elle, et pas moi. » Une évidence. Temperance était une jeune fille chaleureuse, souriante, un peu intolérante sur certains sujets mais elle était l’enfant chérie, la parfaite princesse bien comme il faut qui n’a pas eu de réactions aussi incontrôlées avec sa mutation, aucun d'eux ne s'en était rendu compte avant le triste jour où le manoir fut changé en chambre froide.. « Si il est parti avec elle, c’est qu’il l’a acceptée.. » La pâte du fondant se forme, Snow s’agite un peu dans tous les sens pour récupérer les ingrédients, pour récupérer des récipients, elle noie l’angoisse en cuisinant. Et le silence finit par s’installer, par être la seule manière de se sentir bien, à écouter Bobby, à le sentir bouger tout près. Elle sait pourtant que ça ne durera pas, qu’il finira par s’éloigner, lui aussi. Mais là, ils n’ont qu’à cuire de la viande - ce qu’il tient à faire -, à donner forme à un burger maison, plus sain et sûrement meilleur que celui d’un fast-food. Ils ne devraient avoir qu'à être heureux. Le fondant au four, puis penser à faire les frites. Une drôle de danse pour esquiver l’espace anxiogène. Combien de temps ? Une demi-heure déjà ? Il a parlé ? Elle ne sait pas bien, plongée dans ses réflexions, le regard dans le vague et les gestes en mode automatique.

« Tu aurais préféré Enola .. ? » Ca glisse entre ses lèvres. Est-ce qu’il aurait voulu la fille dans le déni total, vivant sa vie parmi les autres, sans se soucier des problèmes, sans se poser de questions ? Est-ce qu’il aurait été charmé par cette version souriante et travailleuse, sans pleurs, sans traumatismes ? Elle n’a même pas répondu à sa remarque sur le foie gras, perdue dans le bourdonnement de son esprit secoué. « Est-ce que tu voudrais que je change, Bobby.. ? » C’est comme entrer en pleine séance de psychanalyse au beau milieu d’une conversation. Il fallait que ça sorte. Le manque de confiance, la peur de l’abandon, de ne pas être aussi bien que ce qu’elle était avant, cette existence qui reste floue, insaisissable, mais qui semble tellement plus réussie. A l’exception d’Axel. Axel avait été une erreur innommable. Ca s’embrouille.

Les doigts qui tremblent. Elle abandonne le four pour aller chercher un verre. Il lui faut un verre. De l’alcool fort, dans le bar. Se remettre les idées en place. D’où lui venait cette façon de calmer la crise naissante dans du whisky ? Elle l’a bu, d’une traite, comme pour assommer ce qui la dérange. Et elle s’est passée les mains sur le visage, jusqu’à ses cheveux qu’elle a rejeté en arrière. Finalement, elle a aussi sa sorte de crise identitaire. Est-ce qu’il aurait couché avec cette femme-là ? Est-ce que c’est toute entière qu’elle lui plaît ou c’est seulement la part de mystère qui l’englobe ?

Lorsqu’elle revient dans la cuisine, le four sonne. Il a fait les frites. Ils pourraient passer une soirée normale en laissant le monde à l’extérieur de leur bulle. « Excuse-moi.. je ne sais pas pourquoi j’ai dis ça.. » Une moue d’adolescente prise sur le fait, qui s’excuse tant bien que mal. Elle ne tenait ni à le blesser ni à le laisser mais ça a été plus fort qu’elle. Tout lui paraissait insoluble, tout lui évoquait des puzzles, des enchevêtrements d’incohérences. « .. J’ai pas envie.. d’être la fille d’un soir.. Je ne veux plus être ça.. » C’est ce qu’elle avait été. Prudence ou Enola, qu’importe l’identité, elle s’était trop longtemps définie par le jouet qu’on prend, qu’on use et qu’on jette. « Tu m’en veux.. ? » Cette sensation de lui avoir menti est désagréable. Bien sûr qu’elle avait demandé une relation sans engagement, et là, tout son univers bousculé, elle se sent fautive d’affirmer qu’elle n’est pas sûre de pouvoir tenir sa parole. Et si elle s’attachait ? Et si elle ne pouvait pas s'en empêcher ?
 
© Starseed
Revenir en haut Aller en bas


Contenu sponsorisé
it's a revolution, i suppose
ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16) - Page 5 Empty
Revenir en haut Aller en bas
 

ICESNOW#3 ≤ « Fragments. » (-16)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 5 sur 7Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivant

 Sujets similaires

-
» (ICESNOW#7) ≤ « Let it go. »
» (ICESNOW#10) ≤ « Skyfall. »
» (Icesnow#10.2) « Not Strong Enough. »
» ICESNOW ❅ « Crystallize. »
» ICESNOW#5 ≤ « Elements. »

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
THE NEW AGE :: PARTY HARD :: ALL THINGS COME TO AN END :: archives :: les rps terminés-