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 (Icesnow#10.2) « Not Strong Enough. »

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Not Strong Enough.
“You look in my eyes, I'm stripped of my pride. And my soul surrenders, and you bring my heart to it's knees.”

I
l en a assez d’être en conflits avec elle et elle a cru étouffer, toutes ces semaines, à vivre sans lui. Elle pouvait jouer la comédie, elle pouvait forcer des sourires ou rester à l’écart durant des heures mais rien n’était plus sincère que le regard qu’elle posait sur lui à cet instant. « J’aurais des horaires raisonnables et je ne manquerai pas un seul repas. » La main glisse sur la joue, caresse tendre du bout des doigts. Il est là, il est réel, elle n’est pas en pleine hallucination ou au beau milieu d’un grand délire fiévreux. La seule fièvre qu’elle ressent provient de lui, de sa façon de la serrer contre lui, de la regarder, comme si il n’avait jamais fait sa promesse idiote, comme s’il n’avait jamais lâché, si durement, que rien ne serait jamais plus possible entre eux. « Est-ce que j’ai quand même le droit de récupérer mon conseiller.. ? » Le nez frôle le sien, joue doucement de la proximité. Elle se sentait tellement perdue sans pouvoir parler de ses inquiétudes, tellement seule sans le cadre rassurant de ces séances qui l’obligeaient à trier le chaos intérieur. Elle n’a eu que Charles Xavier pour l’empêcher de se noyer et maintenant que la Confrérie revenait jouer aux quilles avec sa vie, elle avait besoin de savoir que Bobby était encore capable de l’écouter, même différemment. « On pourrait.. utiliser ma séance de dix-huit heures.. » La séance qui la faisait râler, qu’elle cherchait toujours à éviter ou à donner à un autre. Elle voulait bien la récupérer, finalement. Elle voudrait bien que leur couple possède un ou deux rituels, pour ne pas se perdre, pour ne pas s’égarer dans ce qui s’annonçait comme une période sombre. « .. discuter de nous.. faire des projets idiots ou juste parler un peu loin des autres.. » Ils auraient forcément besoin d’échanger, Snow restait instable, Bobby était de nature à douter et ensemble ils avaient des obligations qui les éloigneraient s’ils ne cherchaient pas des moyens viables de se retrouver, non pas au milieu de la nuit épuisés mais avec l’esprit clair et enclin au partage. Ils n’étaient que de pauvres êtres humains submergés.

Mais il n’était pas dix-huit heures, c’était passé, l’Institut était en train de trouver le calme annonciateur de la soirée. Les adolescents iraient discuter dans leur chambre, les enfants iraient dormir, les professeurs regagneraient leurs quartiers ou prépareraient le cours du lendemain. « Et si on remettait à plus tard le burger ? » Un sourcil se hausse. Son coeur a loupé un battement et quelque chose d’enfoui s’est réveillé. Bobby n’avait jamais fait de propositions, n’avait jamais vraiment joué de sous-entendus si elle n’était pas la première à initier les rapprochements. Il était.. agréablement différent. « Laisse-moi juste une heure.. » Un murmure et un baiser d’abord tendre puis plus expressif. Un baiser qui montre combien il lui a manqué. Juste une heure parce qu’elle a des obligations envers les gamins, parce qu’elle n’est plus vraiment la gamine égoïste de San Francisco. « Tu n’auras qu’à suivre le verglas.. » lui indique-t-elle, avec un sourire malicieux. Il y avait peut-être encore des remords, des regrets et des peurs mais Snow ne voulait pas se laisser bouffer une nouvelle fois par ses démons. Elle s’est détachée, elle a effacé la glace pour disparaître à l’angle du couloir, non sans lui lancer un dernier regard.

…✁…

Elle leur a lu une histoire, comme elle le faisait tous les soirs. Elle a été bienveillante envers les plus jeunes, ceux qui ne comprenaient pas toujours les conflits qui agitaient la X-Mansion et elle a tenté de les rassurer comme elle le pouvait, leur rappelant que les professeurs seraient toujours là pour les protéger. Elle est remontée dans sa chambre, constatant sur le chemin que le bureau du psychologue était allumé. Est-ce qu’il rangeait ses dossiers ? Elle aurait bien fait sa curieuse si une douche ne l’attendait pas. L’eau froide pour la ramener à la réalité. L’eau froide pour lui redonner un peu d’énergie. Il y avait toujours dans un coin de sa tête l’idée qu’ils pourraient encore échouer, que si elle cédait trop vite, elle serait considérée comme acquise. En s’enroulant dans une serviette, elle s’est sermonnée mentalement, se rappelant combien elle avait espéré le retrouver et que l’heure n’était pas à l’inversion des rôles. Que risquaient-ils ? De se brûler les ailes ? Ils n’en avaient pas et les espoirs vains étaient peut-être la seule manière de survivre.

Elle a enfilé la robe de chambre blanche, nouant la ceinture à la taille et elle a traversé les couloirs vers l’aile réservée aux garçons. Sterling. Elle s’inquiétait toujours de son état, elle s’inquiétait pour sa sécurité, pour ce qu’il allait advenir de lui. Comme elle le faisait chaque soir, elle a passé un peu de temps avec lui, dans la distance et le respect de ses blocages. C’était un gentil garçon qui n’avait pas eu de chance. Dans la boule à neige, elle a resculpté la colombe victime de l’arrivée des beaux jours.

…✁…

Le verglas a tracé la route du bureau jusque dans la escaliers, placé sur les bords pour que personne ne glisse dessus. Il saurait effacer les indices, n’est-ce pas ? Le chemin l’égarera un peu. La chambre de Prudence est éteinte, vide. La glace lui indique la direction opposée, fait demi-tour vers celle de Bobby. C’est allumé. Comment s’est-elle cachée là, mh ? Assise sur le bord de la fenêtre, une nuisette couleur de neige sur le dos, elle attend patiemment qu’il se décide à la rejoindre. Cet endroit est un cauchemar qu’elle gère difficilement, un souvenir désagréable. Il y a Malicia dans chaque recoin, il y a l’image de la brune sur le lit, sur chaque meuble. C’était son mec, c’était leur cocon, c’était dix ans de leur vie. Un peu mal à l’aise, elle observe la décoration d’une sobriété très représentative du psychologue. S’ils devaient partager un appartement un jour, il serait dépourvu de décoration, ça n’avait pas l’air d’être leur priorité. Un livre de psychologie entre les mains, calée contre la vitre, elle tourne les pages. Une heure et vingt minutes. Un élève a dû le retenir. Ou il a pensé qu’elle ne viendrait finalement pas. Mais la porte s’ouvre, alors elle relève les yeux trop bleus vers lui. « On ne peut jamais être tranquille ici. » Pas un reproche. Il y a un peu d’humour dans le ton de sa voix. Et de la tendresse dans ses prunelles. Une touche piquante aussi, tentatrice. Pas de dentelle rouge cette fois mais du blanc. Seulement le blanc. La robe de chambre plus épaisse a été abandonnée sur le lit, comme une promesse. « Tout va bien ? »
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Il en oublierait presque qu’ils sont dans un couloir. Qu’ils peuvent être surpris à tout moment, par n’importe qui. Encore une raison pour les autres de parler et de théoriser pendant des heures sur leur couple. Mais il s’en fiche. Maintenant, les gens peuvent parler, peuvent critiquer, peuvent dévisager, peuvent pointer du doigt. Il ne leur donnera aucune importance, aucun crédit. Ils n’auront aucun impact sur lui. Bobby s’est fait avoir une fois. La pression était forte. Les regards étaient lourds. Les critiques étaient récurrents. Snow avait eu le droit à sa dose, elle aussi. Bien plus importante, bien plus virulente. En comparaison, il a été relativement épargné. Il est passé pour le gentil, dans l’histoire, alors qu’il avait une part de responsabilité aussi importante que celle de Prudence. Mais cette deuxième chance est l’occasion de faire les choses différemment. De les faire correctement. De les faire parfaitement. Il ne prêtera plus attention aux critiques. Il ne s’intéressera plus à l’avis des autres. Il ne prendra plus en compte l’opinion de ses proches. “Est-ce que j’ai quand même le droit de récupérer mon conseiller.. ?” Il fait une moue. Leur relation pose toujours le même problème. Celui de la relation professionnelle qu’ils avaient et qui ne peut plus fonctionner de la même manière une fois qu’ils se mettent en couple. Pourtant, la proximité de Snow, leur peau à quelques millimètres, leurs mains sur le corps de l’autre, tout ceci le pousse à sourire, à hocher la tête et à embrasser les lèvres qui le frôlent. “Je devrais pouvoir remettre la main sur ton dossier…” Dossier qu’il n’a jamais fermé, qu’il n’a jamais classé. Dossier qui est resté dans un des tiroirs de son bureau, en attendant de nouvelles informations. Il y a noté les comportements constatés, les relations avec les enfants, les évolutions de sa mutation. Même sans les séances, il a continué à remplir des pages et des pages. Pas besoin de passer entre ses murs pour être suivi et analysé. Si les gamins l’apprenaient, ils en auraient des sueurs froides. Ils contrôleraient leurs paroles à son approche. “On pourrait.. utiliser ma séance de dix-huit heures.. discuter de nous.. faire des projets idiots ou juste parler un peu loin des autres..” Peut-être qu’il a attribué sa séance à quelqu’un. Peut-être qu’il n’a plus le temps de la prendre en consultation, remplacée par un jeune mutant qui aurait davantage besoin de l’aide d’un psychologue. Peut-être. En réalité, il n’en est rien. Le créneau est toujours vacant. Parfois occupé de manière imprévue par une crise à gérer ou un appel à l’aide. Dix-huit heures, c’est l’heure parfaite pour faire le point sur la journée, pour se retrouver, pour passer quelques instants, pour se projeter. Dix-huit heures, c’est l’heure à laquelle on se lance dans des défis, on propose des idées folles, on ose rêver. On se couche ensuite avec des projets plein la tête et de la motivation pour le lendemain.

Peut-être est-ce le moment de passer à cette conversation, de s’imaginer dans un avenir proche, de penser à des projets, de laisser parler leurs gestes, leurs regards. “Laisse-moi juste une heure..” Elle n’est pas contre l’idée de repousser encore un peu le burger pour une activité toute aussi plaisante. Elle y répond même par un baiser pressé auquel il s'empresse de donner suite. Ses bras se serrent autour de sa fine taille, à la recherche d’une proximité toujours plus importante. Un baiser qui sonne comme une promesse. Un aperçu de ce qui arrivera dans une heure. Une petite heure à attendre, à se rappeler cette étreinte. “Tu n’auras qu’à suivre le verglas..” Une simple phrase. Un simple indice. Et elle disparaît. Elle laisse un vide froid devant lui, dans ses bras. Elle laisse une trace thermique qu’il reconnaîtrait parmi des milliers d’autres. Il n’y a qu’elle pour savoir le faire se languir. Il n’y a qu’elle pour se jouer de ses émotions et de ses désirs. Il n’y a qu’elle et c’est probablement la raison pour laquelle il sourit actuellement. Le temps de reprendre ses esprits et il refait surface dans les hauteurs de la X-Mansion.

XxX

Suivre le verglas. Un jeu de piste à travers l’Institut. Une chasse dans les couloirs et les pièces. Une distraction de laquelle il est retardé par un étudiant, en pleine crise d’angoisse. Regarder trop longtemps les informations. Laisser son imagination travailler, jusqu’à envisager les pires possibilités. Voilà dans quel état on peut se trouver, en écoutant toutes ses inquiétudes, sans se raisonner, sans se limiter. Il a du retard, mais le verglas est toujours présent. L'attendant pour le conduire un peu partout dans l'Institut. Joueuse jusque dans ses indices. Sa chambre. C'est finalement sa chambre qu'elle a choisie. “On ne peut jamais être tranquille ici.” Son regard ne cherche pas longtemps pour trouver Snow. Seul être humain de cette petite chambre. Seul être humain source de froid. Il la dévisage. Elle est venue jusqu’à sa chambre. Un endroit qu’ils n’avaient pourtant jamais exploré. Avant, ils s’étaient contentés de la chambre de la jeune femme. Pièce où personne n'avait eu le réflexe de venir chercher le psychologue. Pièce où ils étaient parvenus à créer leur monde. La main encore sur la poignée, mais le sourire aux lèvres, il étudie cette chambre dont elle a déjà pris possession. La robe de chambre en est la preuve. “C’est à moi de dire ça. Ici, tu es dans le dortoir des garçons.” Il ferme la porte derrière lui, veillant bien à ce qu’elle soit verrouillée. Pour leur offrir l’intimité. Pour leur offrir un moment, loin du regard des autres. Il traverse la pièce pour s’installer, dos contre la vitre. Il ramène les jambes de Snow sur les siennes. Il a besoin d’un instant pour réaliser. Réaliser la brutalité des changements. Réaliser qu’elle est dans sa chambre. Réaliser qu’ils peuvent de nouveau s’embrasser, se toucher, se parler. La distance, les fuites. C’est terminé. Ils en sont loin. Ils cherchent les contacts. Ils cherchent les regards. Ils cherchent les caresses. Ils cherchent les baisers. Éveiller l’instinct de l’autre, dans une subtile danse de séduction. Cela commence par la tenue de Snow. Belle dans sa nuisette blanche, éclairée par la faible lumière extérieure. Petit morceau de tissu qui joue avec les détails visibles et invisibles. Qui jouent avec l’imagination du spectateur. Il passe ses mains sur ses chevilles nues. Il retrouve cette fraîcheur habituelle. Il retrouve cet épiderme familier. Des souvenirs de nuits érotiques. Des rappels d’un chapitre fermé qu’ils viennent de ré-ouvrir. “Tout va bien ?” Il ne s’est pas senti aussi léger depuis longtemps. Il ne sait pas senti aussi insouciant depuis une éternité. Il a juste envie de vivre sa vie. Peu importe ce qui les attend dans les prochains jours. Peu importe les obstacles. Peu importe les difficultés. Peu importe. Il veut juste leur offrir, à Snow et à lui, une parenthèse de bonheur. Leur créer un cocon d’insouciance, de joie. Une bulle protectrice égoïste et égocentrique. Mais ils en ont besoin. Snow passe son temps à s’occuper des plus jeunes, à combler leurs besoins, à écouter leurs histoires, à les rassurer. Bobby écoute les problèmes et essaye de les résoudre. Ils se mettent au service des uns et des autres à longueur de journée. A leur tour d’avoir un moment pour penser à eux, pour s’échapper. Il est insouciant, presque heureux. Presque, parce qu’il craint de ne jamais pouvoir regagner la confiance de Snow. Il craint de la blesser une nouvelle fois. Il craint d’entrer encore en conflit. Il n’est pas serein, mais il n’est pas anxieux non plus. Il connaît les erreurs de leur première tentative. Il ne les reproduira pas. Ils éviteront déjà quelques catastrophes, ainsi.

Il esquisse un sourire dans la direction de la jeune femme. “Seulement un petit contre-temps. Tu n’as pas attendu trop longtemps ?” La rupture a été une étape difficile. Une étape à surmonter. Ils y sont parvenus. Seulement en se retrouvant. Seulement en oubliant les problèmes pour se retrouver. Ils ont passé trop d’années à se détester pour que cela se reproduise maintenant. Ce n’est plus de la colère ou de l’agacement qu'il éprouve quand il croise ses prunelles. Plutôt de l’affection et de la tendresse. Et finalement, il en est certain : de l’amour. “Qu’est-ce que tu lis ?” Il récupère le livre de ses mains. Encore un qu’elle a emprunté dans sa bibliothèque, sans même l’avertir. Une mauvaise habitude qui a son charme. Il survole le titre, avant de déposer l’ouvrage par terre. La lecture attendra. Il abandonne les chevilles, trop peu intéressantes, pour cueillir de ses doigts le menton de Snow. D’un même mouvement, il se rapproche pour déposer un baiser sur ses lèvres. Elle est partie en lui laissant un avant-goût de ce qui l’attendait. Se jouant de son désir. Le narguant avec son baiser suggestif. Il compte bien en découvrir plus. De ses doigts, il effleure la nuisette. Le toucher laisse deviner de la lingerie. Encore. Il s'écarte, le temps de détailler la situation. “Tu as encore mis ta satané lingerie…” Il coince l’ourlet entre deux doigts et se met à jouer avec. Il va finir par croire qu’elle veut le piéger, qu’elle veut lui compliquer le travail, qu’elle y prend un quelconque plaisir. Les doigts lâchent l’ourlet pour se faufiler directement sur l’épiderme de la cuisse. Froide, encore. Il n’y a rien pour la réchauffer. Sauf des étreintes. Sauf l’attaque de ses lèvres sur son corps. Six mois. Six mois qu’ils ont arrêté de se chercher, de se croiser, de s’apprivoiser, de s’aimer, de se toucher, de se regarder. Six mois qu’ils se sont séparés. Pour mieux se retrouver. Six mois.

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E
lle est dans le dortoir des garçons. Elle est dans un lieu où une élève n’a pas le droit d’être et elle s’en fiche. Elle s’en fiche parce que sa relation avec le psychologue est déjà décriée, elle est déjà problématique, critiquée. Qu’ils soient ou non ensemble, ils suscitaient toujours ces drôles de regard. Prudence avait souffert du départ de Bobby, de cette rupture dont elle n’avait pas compris ni l’origine ni l’intérêt. Le contact sur ses chevilles ne semble pas la faire réagir, absorbée par la lecture, un bouquin emprunté dans le bureau, comme toujours. Il tournait le dos, elle volait un livre, qui réapparaissait mystérieusement quelques jours plus tard. Il devait savoir qu’elle en était responsable mais les liens brisés les empêchaient jusqu’alors d’échanger, de communiquer autrement que par des cris ou des larmes. « Seulement un petit contre-temps. Tu n’as pas attendu trop longtemps ? » Elle fait non de la tête, lui indique qu’elle n’a pas vraiment ressenti l’absence. Il l’a habituée à ne pas être à l’heure, à ne pas venir du tout. Combien de soirées sans lui, alors qu’ils débutaient un couple bancal et difficile ? Elle ne lui demandait rien. Elle n’exigeait rien. Elle n’était même pas certaine qu’il ne change pas d’avis à l’aube. Elle prenait l’instant de bonheur comme il venait, sans s’accrocher à des espoirs inutiles. Du moins le pensait-elle.

« Qu’est-ce que tu lis ? » Des explications sur l’autisme. Snow n’a pas vraiment pu poser de questions sur Sterling, sur ce gamin qu’ils avaient manqué perdre parce que personne n’avait fait suffisamment attention à lui, alors elle se renseignait, elle apprenait, avec internet ou au travers des essais et autres recherches dormant dans le bureau du psychologue. Il l’écarte de son occupation intellectuelle en venant cueillir un baiser tout aussi tentant que celui qu’elle lui avait laissé comme une promesse, un peu plus d’une heure plus tôt. Il parvient déjà à lui arracher un frisson en frôlant la nuisette, à lui arracher un sourire à sa remarque sur la lingerie - cette lingerie qui lui donnait du fil à retordre. L’inexpérience le rend sans doute nerveux face à ce que d’autres considèrent comme des jouets. Le contact sur la cuisse la surprend. Liquéfaction immédiate.

Est-ce que ses sens sont perdus ? Elle est prise au piège d’instincts défensifs qui ne différencient plus la douleur des retrouvailles, l’abandon de l’affection. La forme aqueuse réagissait toujours pour la protéger, jusqu’à être capable de l’empêcher de se faire du mal même si c’était contre sa propre volonté. Soupir. « Je suis désolée.. » Elle se détache de la fenêtre, elle se détache de lui. Quelques pas dans la chambre, silhouette translucide qui s’aventure dans l’exploration des lieux. Dans un flash lui revient la scène, l’interruption de Malicia lorsque Prudence est venue réclamer de l’aide, brûlante. La menace de cette main, la violence de ces mots. La glace a retrouvé les mêmes emplacements que cette nuit là. Je suis toujours là pour toi. Par contre, je ne peux pas te permettre de rentrer dans ma chambre et de tout remettre en cause dans mon couple. Un instant, le regard aqueux a presque l’air identique à celui de ce souvenir qui lui coupe le souffle. Elle n’avait pas le droit d’être là. Elle ne pouvait pas. Il lui avait formellement interdit d’entrer, de s’intégrer dans cet univers qui n’appartenait qu’à la belle brune intouchable. Tu sais que je t’aime toujours, n’est-ce pas ? Le souffle se bloque et l’épiderme reprend ses droits sur l’eau. A elle, il le lui disait, il le lui répétait pour la rassurer, par tous les moyens, autant de fois qu’il le fallait. Bobby était-il seulement capable de différencier le désir de l’affection ?

Hésitation. Et si c’était une erreur ? Et si céder à ses envies soudaines était un pas vers un coeur à nouveau brisé ? N’était-ce pas ce qu’ils avaient fait à San Francisco ? Bobby la torturait, il allumait et éteignait ses sentiments comme on jouait avec la flamme fragile d’une bougie. Il avait toutefois pris les initiatives, chose extrêmement rare. Peut-être qu’il ne la voudrait que ce soir là mais pour la première fois avec lui, elle se sentait désirée pour ce qu’elle était, non pas parce qu’ils étaient loin de toutes les obligations du monde.

Snow supprime la distance, calmement. Elle a pris sa décision. Elle veut vraiment vivre sans se poser de questions, au moins quelques heures. Elle veut profiter de l’instant, même s’il ne se reproduit pas, même s’il se perd dans une réalité douloureuse. Elle chasse les souvenirs en retirant doucement la nuisette, laissant au psychologue toute l’occasion d’observer la lingerie à la lumière de la lune. « .. Souvenir de San Francisco.. » souffle-t-elle. Il n’a pas pu en profiter, tout s’est arrêté trop vite. Du bout des doigts, elle vient défaire les boutons de la chemise, un sourire en coin. Elle se détend. Elle se souvient de cette simplicité qu’il pouvait y avoir entre eux, quelque chose de tendre et naturel. « .. ça se défait devant.. » un murmure contre ses lèvres. Elle s’en fiche pas mal qu’il n’ait pas eu trente aventures avant, qu’elle soit la première et qu’il ne soit pas toujours sûr de lui. Il a fait l’effort de briser ses barrières, il a repoussé la logique et le devoir pour lui dire ce qu’il voulait vraiment, pour l’embrasser dans ce sous-sol quand bien même il avait promis de ne plus jamais céder à leur attirance. Elle fait de même, elle jette au bûcher la peur d’être à nouveau rejetée pour le noyer de cet amour dont elle semble soudain irradier. Elle est toujours si froide, la peau à des températures que lui seul peut supporter et pourtant il y a de la chaleur dans les prunelles trop bleues, de cette envie à cette affection capable de résister aux tempêtes. « .. après on parlera.. » Après. Pas tout de suite. Ca n’est pas le moment. « .. Tu veux bien ? » Elle veut son consentement. Elle veut être sûre qu’ils parviendront enfin à communiquer. Six mois. Ils se déchirent depuis six mois et trop d’émotions grondent sous la surface. Elle pourrait lui dire qu’elle l’aime mais elle s’y refuse. Cette fois ce sera différent, ce sera à lui de prendre les décisions. Elle ne le voulait plus passif, dans l’attente ou l’acceptation. S’il voulait apprendre à vivre avec elle, il serait forcé de le lui montrer.
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Sous ses doigts, la peau disparaît au profit de l’eau. Un changement inattendu. Une réaction surprenante. Il retire sa main. Presque brûlé. Presque surpris. Presque blessé. Elle change de forme quand elle se sent agressée, quand elle se sent en danger. Est-ce qu’elle a cette image de lui ? Est-ce qu’elle se méfie ? Il incline sa tête en arrière, la posant contre la vitre. Il ferme les yeux. Pour digérer. Pour comprendre. Il lui a brisé le coeur, il aurait été étonnant qu’elle ne réagisse pas. Qu’elle reste stoïque. Qu’elle se laisse fondre dans ses bras. Elle est humaine, après tout. Malgré ce qu’elle semble croire. Même si elle est persuadée du contraire. Elle est humaine et sa mutation reprend le dessus. Instinctif. Elle défile sous son contact, comme si sa mutation craignait une deuxième blessure, un deuxième coeur brisé. La piqûre de rappel est là. Toujours plus violente. Toujours plus douloureuse. La culpabilité perfore le coeur, perfore l’abdomen. Il sent Snow abandonner sa place, s’éloigner dans sa chambre. Elle fuit. Elle s’en va. C’est au-dessus de ses forces. La peur paralyse plus que le désir. La peur empêche de se laisser aller à quelques plaisirs. Là, les paupières fermées, il croit qu’elle s’en va. Il croit qu’elle quitte la chambre. Il croit qu’elle réalise qu’elle ne pourra plus jamais tenter le coup avec lui. Il le croit sincèrement et il s’en veut d’avoir joué inconsciemment avec ses sentiments, d’avoir laissé tomber la première fois. “Je suis désolée..” Elle est encore là. Pour combien de temps ? Elle ne devrait pas être désolée. C’est lui qui l’est. Il a été le pire des salauds. Il a été un petit-ami médiocre. Il a cause des dégâts impossibles à réparer, impossible à surmonter. Il a créé une peur insondable, insoupçonnable chez Snow. Une peur qui vient de se réveiller, de se dévoiler. Il a été bien plus cruel que les apparences ne le laissaient penser. Bien plus virulent, bien plus assassin. Il redresse la tête. Il ouvre les yeux. La silhouette est toujours là, dans sa chambre. Debout. Il lit la tension dans son dos contracté, dans ses bras tendus, dans ses yeux. Il lit la tension et la peur. Alors, il quitte la fenêtre, lui aussi. Il fait quelques pas dans sa direction. Il veut la serrer dans ses bras. Il veut l’attirer contre lui. Il veut la bercer de paroles réconfortantes. Il veut endormir toutes ses peurs. Il ne fait pas le moindre geste, le moindre mouvement. Il attend. Simplement. Il attend qu’elle vienne à lui, qu’elle lui parle, qu’elle lui fasse un signe. Il attend qu’elle combatte ses propres démons ou qu’elle les laisse gagner. Il attend parce qu’elle l’a attendu pendant des semaines. Il attend parce qu’elle a besoin de vaincre ses réticences comme il l’a fait précédemment. Il attend. Il n’a rien d’autre à faire. Peut-être qu’elle va partir, finalement. Peut-être qu’elle va agir comme lui et choisir la fuite. Peut-être qu’elle va se montrer aussi faible que lui. Peut-être. Il ne pourrait pas le lui reprocher. Il ne pourrait pas la haïr pour ça. Il ne pourrait pas.

Juste sous ses yeux, la peau reprend ses droits sur l’eau. Un épiderme presque aussi translucide que le liquide, finalement. Signe qu’une décision a été prise. Signe que les émotions ont été gérées. Bobby patiente toujours. Elle a pu choisir de partir. Elle a pu choisir de rester. Il n’en sait rien. Il ne veut pas la brusquer avec des contacts qui la feraient fuir. Il ne veut pas l’effrayer avec des doigts qui la liquéfiraient. Un pas en avant de Snow. Une proximité presque retrouvée. Une distance presque supprimée. Elle reste. D’un geste expert, elle retire sa nuisette. Lui révèle ce qu’il sentait tout à l’heure sous ses doigts. De la lingerie. Ce qu’il craignait. De la lingerie, mais une Snow belle. Elégante. Même à moitié nue. Même dépourvue de ses vêtements. “Souvenir de San Francisco..” Les gestes sont lents. Les gestes sont étudiés. Ils ont déjà oublié l’empressement du couloir. Ils ont déjà vaincu le désir de deux adolescents assoiffés de sexe. Seulement pour unir deux corps. Seulement pour trouver une communion charnelle. Réconciliation sur l’oreiller. Il parait qu’il n’y a pas mieux. Pendant que les doigts de Snow s’affairent sur sa chemise, ceux de Bobby s’enfoncent dans sa longue chevelure, se perdent sur sa peau. Non sans une légère hésitation. Une crainte qu’elle se liquéfie. Une inquiétude qu’elle ne soit dégoûté. La faire fuir est sa hantise. Le premier frôlement est hésitant. Le premier frôlement a des allures de tâtonnements. Le second est plus détendu, plus confiant. Le troisième est assuré. Il n’est plus l’homme inexpérimenté de San Francisco. Il n’est toujours pas l’homme expérimenté qu’elle pourrait trouver à n’importe quel coin de rue. Mais il ne va plus totalement à l’aveugle. Plus à l’aise, plus décontracté. “.. ça se défait devant..” Elle lui délivre son message dans un souffle. Il en profite pour récupérer ses lèvres, le temps pour ses mains de délaisser l’épiderme. Le temps pour ses mains de s’attaquer à la lingerie, maintenant qu’il en a le mode d’emploi. Par devant. Elle lui facilite le travail. En quelques secondes, elle se trouve complètement dévêtue. Plus aucun artifice ne la cache à son regard. Plus aucun obstacle ne l’empêche d’observer sa plastique parfaite. Il balance ses chaussures à l’autre bout de la chambre pour lui permettre de retirer son jean. “.. après on parlera..” Parler. Ils en ont besoin. La logique voudrait qu’ils parlent, qu’ils s’expriment, qu’ils se disputent, qu’ils échangent, qu’ils se réconcilient. Avant. Avant d’entreprendre quoi que ce soit. Ils se sont trop cherchés ces dernières semaines pour y arriver. Ils se sont trop fuis pour y parvenir. Ils ont été trop frustrés pour se retenir encore quelques heures. Il passe une main sur la joue de Snow. Ils parleront, après. “.. Tu veux bien ?” Ils parleront de son hésitation, de sa fuite. Ils parleront de la rupture, de la promesse. Ils parleront. mais pour l’heure, ils ont d’autres préoccupations. Ils ont autre chose en tête. Il se contente de hocher la tête. Il se contente de l’embrasser, en réponse à l’ardeur qu’il lit dans son regard bleu. En réponse au désir qu’ils ressentent tous les deux. “On parlera après, oui…” Ils auront tout le temps pour le faire. Ils auront des centaines d’occasions. Ils sont encore jeunes. Ils ont des années devant eux. Ils ont de quoi s’effrayer, s’enthousiasmer, se réjouir, s’inquiéter. Ils ne sont qu’au début de leur vie.

Il passe ses doigts sur ses hanches et la soulève doucement du sol. Tellement petite. Tellement légère. La déplacer est facile, bien loin de l’image de la femme effrayante et meurtrière de Snow Queen. Il se rapproche du mur le plus près. Pour mieux l’embrasser. Pour mieux marquer cette chambre de leur empreinte. Pour mieux chasser les anciens souvenirs par de nouveaux. Peau contre peau. Son torse se presse contre sa poitrine. Ses doigts se perdent le long de ses cuisses pour mieux la soutenir. Il se perd un instant au niveau de son oreille. “Tu es une femme fascinante, Snow.. je ne sais pas comment j’ai fait toutes ces années pour ne pas le voir…” Pour ne pas voir qu’il l’aimait. Pour ne pas voir qu’elle était belle. Pour ne pas voir qu’elle est celle qu’il lui faut. Il a fallu qu’il la perde pour qu’il le réalise. Il a fallu qu’il s’en éloigne pour s’en apercevoir. Pourquoi ne l’a-t-il pas vu quand elle était juste sous ses yeux ? Sûrement parce qu’il ne la méritait pas. Il n’avait rien fait pour la conquérir, rien fait pour ravir son coeur. Il avait seulement sauter sur l’opportunité qui se présentait, sans chercher à la mériter. C’est chose faite aujourd’hui.

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“You look in my eyes, I'm stripped of my pride. And my soul surrenders, and you bring my heart to it's knees.”

P
rudence est-elle stupide de se laisser porter par cette folie ? Sans doute sa raison lui dirait qu’elle l’est, qu’elle abandonne ses résolutions au premier mot de Bobby mais elle ne veut pas écouter cette rabat-joie, cette chose rationnelle dans un coin de sa tête. Quand elle a senti les doigts sur sa peau, elle a senti son esprit brûler d’une vie qu’elle croyait morte, qu’elle croyait éteinte dans la tempête de la rupture. Ca se défait devant. Il en trouve vite le mécanisme, il ne tarde pas à le défaire de ce qu’il doit juger superflus à ce stade, accroché à ses lèvres, accroché à un baiser qui en deviendrait presque avide. Elle n’a pas le droit, n’est-ce pas ? Ca n’est pas sa place, pas vrai ? Pourtant elle plonge dans ce doux délire avec une sorte de délectation indécente, le coeur cognant dans sa poitrine, rappelant le désir dans le regard trop bleu. « On parlera après, oui… » Après. Pas de suite. Elle ne veut pas, elle espère juste oublier la douleur, juste oublier les cauchemars, les angoisses, la solitude. Les doigts sur les hanches lui arrachent un frisson, électricité palpable tandis qu’il la soulève, la défait du sol. Le réflexe la pousse à entourer la taille de ses jambes, les bras autour de sa nuque, le souffle déjà court. Il opte pour le mur, elle sent la surface dure contre son dos. L’inexpérience est laissée de côté pour l’instinct et elle se laisse aller, parce qu’elle n’a plus la force de s’opposer à ce dont elle a rêvé trop de fois : qu’il lui revienne. On dit que se réconcilier sur l’oreiller est ce qu’il y a de meilleur. Contacts répétés, contacts lascifs, contacts pressés. Tout contre elle, il ne cherche plus à fuir. « Tu es une femme fascinante, Snow.. je ne sais pas comment j’ai fait toutes ces années pour ne pas le voir… » Le myocarde loupe un battement.

Doit-elle lui répondre ? Doit-elle lui dire ce qu’elle en pense ? « Tu n’étais pas libre.. » lui murmure-t-elle, tout contre cette bouche qu’elle capture, qu’elle ne libère plus, tout contre l’épiderme dont elle savoure chaque nuance. Il effleure, il redécouvre, il pousse au délire de ces sens qui dormaient, de ces sens qu’il éveille sans la moindre difficulté. Est-ce devenu un jeu ? Celui de toutes les tentations quand elle glisse les baisers dans son cou, quand ses dents retrouvent le lobe familier de l’oreille. Plus d’autre choix que de l’aimer. Plus d’autre solution que de se consumer sous ses caresses, sous la paume aventureuse de ses mains. Elle a peur d’apprécier toujours plus cette perdition, elle a peur de ne plus pouvoir s’en passer et le contrôle se relâche au premier soupir qui libère ce froid caractéristique, qui fait tomber de quelques degrés la température ambiante. Elle voudrait s’excuser mais elle est trop occupée, trop absorbée par sa peau, trop focalisée sur cet échange irréfléchi, sur ce désir qui balaye tout. Elle pensait que c’en était fini de leur comportement d’adolescents insatiables - elle réalise combien elle se trompait quand elle n’est plus capable de réfléchir, quand plus rien n’existe autour d’eux si ce n’est l’autre, si ce n’est lui. C’est contre la commode qu’ils échouent dans la valse folle de ces corps qui s’attirent et se repoussent, qui s’étreignent et s’abandonnent. Les livres s’échouent sur le sol et se couvrent de givre sans qu’elle n’esquisse le moindre geste pour les retenir ou les protéger. Elle s’en fiche. Snow se fiche de tout, parce que sur l’instant il est sa seule raison de vivre, sa seule raison d’exister. Ca ne ressemble pas à San Francisco. Ca ne ressemble pas à ces premières fois un peu hésitantes qui cherchent la tendresse, qui tentent de maîtriser les émotions. Elle pourrait bien mourir en contemplant le regard clair que ça ressemblerait peut-être à cela, parce que le souffle est court, parce que les peaux se brûlent à une froideur qu’ils sont les seuls à pouvoir supporter. Elle ne réclame pas qu’il la réchauffe, elle ne réclame pas qu’il s’acharne à réguler leur température, elle s’abandonne. Entièrement. Elle y abandonne sa colère, elle y laisse la rancoeur, les remords, les scrupules et quand ils se laissent aller vers le lit, comme si l’entièreté de la chambre devait leur appartenir, il n’y a toujours pas de réflexion, pas un mot, pas une pensée qui traverse. Délicieuse délectation. Elle l’a regardé comme elle ne l’a jamais fait, ni avec lui ni avec un autre, elle a glissé ce regard infiniment aimant dans ce dernier baiser baigné d’irrationnel.

…✁…

Snow est occupée à observer le plafond, la respiration encore un peu rapide. Elle est occupée à détailler les motifs insignifiants, quelques traces laissées par le froid. La cascade de cheveux trop clairs est étalée contre le torse de Bobby et si elle ne dit rien, lovée tout contre lui, ses doigts viennent timidement se nouer aux siens. Toutes ces émotions la submergent sans qu’elle ne sache comment faire le tri, engourdie de cet amour brusquement partagé après six mois de déchirures. C’est long, six mois, elle réalise à peine. Le silence domine dans l’Institut qui semble désormais dormir, à l’exception peut-être d’un professeur ou d’un membre du personnel qu’elle entend vaguement bouger - la pièce à côté ? Est-ce que c’est mal isolé ? Dans sa propre chambre, elle fait rarement attention au monde, les écouteurs sur les oreilles, le nez dans ses cours. Est-ce que cet étage est identique ? Est-ce que les professeurs sont simplement plus libres ? Sans doute qu’ils n’ont pas besoin d’être discrets, qu’ils n’ont pas de couvre-feu à respecter. « Je t’ai encore griffé.. » Un constat comme une confidence, un constat tout bas comme des excuses. Toujours l’omoplate, le bas du dos aussi. Elle a peut-être étouffé trop de soupirs contre son épaule, contre sa peau. « .. Tu es sûr que c’est ce que tu veux ? » L’heure était désormais à la parole. Ils devaient parler, ils devaient poser des bases s’ils voulaient survivre aux obstacles, s’ils voulaient pouvoir avancer malgré le caractère de l’autre. Non pas que se noyer dans la luxure lui déplaise mais ils s’étaient fait trop de mal pour balayer de quelques baisers les stigmates de la séparation.
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Les lèvres sur sa peau. Les doigts jouant une partition que lui seul connaît. Là, tout contre elle, l’instinct prend le dessus. Les sens sont éveillés. Ses gestes répondent aux réactions de Snow. Là où les frissons apparaissent, il repasse. Là où elle soupire, il revient. Comme un jeu destiné à la satisfaire. Comme un besoin de sentir son plaisir sous ses caresses. Tout contre son oreille, les lèvres délivrent quelques mots. Il se laisse aller à une confidence, un compliment. Il se laisse aller à l’expression d’un sentiment. Il ne peut pas encore lui avouer l’aimer. Il ne peut pas ouvrir pleinement son coeur. Un coeur encore meurtri par une relation passée. Un coeur encore blessé par des rêves avortés. Il l’aime. Il ne peut pas le lui dire. Pas encore. Peut-être jamais. Peut-être un jour. Seulement lorsque les fragments seront recollés. Seulement quand il aura repris confiance. Pour l’heure, il s’abandonne. Il s’abandonne contre ce corps qu’il retrouve, qu’il redécouvre. Un corps dont il n’a pas oublié les contours, les courbes. Un corps qui appelle le toucher. Un corps qui réclame toutes les attentions du monde. “Tu n’étais pas libre..” Pas libre et aveuglé. Pas libre et amoureux. Il a ouvert les yeux, maintenant. Il a pris conscience de ce qu’il avait juste sous ses yeux. Il a compris où est son bonheur. Il sait. Tout est plus clair. Tout est plus facile. Depuis qu’il l’a embrassée dans ce couloir. Depuis qu’il a cessé de se battre. Le soulagement prédomine. Le soulagement de pouvoir vivre cet amour. Le soulagement de laisser parler ses sentiments. Le caleçon est finalement abandonné. Plus nécessaire à ce stade. Au stade où il sent Snow fondre sous ses doigts. Abandonner totalement ses réticences. Plonger la chambre dans un froid hivernal. Couvrir de son propre corps de baisers et de caresses. Ils éprouvent le même besoin, le même désir. Une pensée réconfortante. Une pensée rassurante. Il n’a pas tout gâché. Il n’a pas tout détruit. Ils sont encore capables de se donner l’un à l’autre. Complètement. Passionnément. Le mur est abandonné. La commode les attire. Les livres sont repoussés. Les livres chutent pour laisser le champ libre aux deux mutants. Pour leur permettre d’exprimer toute la frustration, toute la colère, toute la passion refoulées de ces dernières semaines. Ils sont dans une bulle. Une bulle dans laquelle ils sont les seuls êtres vivants. Une bulle dans laquelle plus rien n’existe. Il y a juste les yeux de l’autre. Le corps de l’autre. Les frissons déclenchés. Les soupirs expulsés. Les baisers déposés. Il n’y a plus que ça. Ils en ont tant rêvé. Ils l’ont tant voulu. Ils y sont enfin. Le lit vient bientôt accueillir cette passion, ces retrouvailles espérées. Dans la même insouciance du monde extérieur. Dans la même soif du corps de l’autre. Dans la même volonté de vivre l’instant présent. Sans se poser de question. Sans pression. Sans retenue.

xXx

La passion précède le silence. Le silence de deux corps essoufflés, éreintés. Le silence de deux êtres qui ont communié, qui se sont retrouvés. Le silence de deux personnes qui ont laissé parler leurs instincts. La respiration est saccadée. La respiration est rapide. Le coeur est affolé. Par les émotions. Par les ébats. Tout le corps est mis à l’épreuve pour finalement quelques heures de repos. Pour finalement retrouver cette sérénité. Allongé en travers du lit, Bobby ne peut s’empêcher de penser à cette première fois, à San Francisco. Une première expérience suivie par une envie irrépressible de ne pas casser le moment et de rester enfermés dans la chambre. Loin de tout et de tout le monde. Ici, ce n’est pas possible. Ici, ce n’est pas envisageable. Mais il a cette même envie de faire durer le moment, d’étirer cet instant. Les doigts de Snow se mêlent aux siens comme pour s’ancrer, comme pour s’attacher l’une à l’autre, comme pour retrouver un doux contact avec l’overdose de toucher. De son pouce, il dessine des huit dans sa paume. Huit, symbole de l’infini. Est-ce qu’ils seront toujours indéfiniment liés ? Par le froid, par l’amour, par les sentiments ? Indéfiniment liés. Une belle promesse. Une promesse qui fait envie. Il a le bas du dos et l’omoplate qui brûlent. Comme un rappel de ce qu’ils viennent de faire. Comme un signe qu’ils se sont retrouvés. Des marques familières. Des marques dont il a presque pris l’habitude. Il se colle davantage à elle. Pour retrouver cette proximité. Pour la garder plus longtemps à ses côtés. Ils sont déjà lovés l’un contre l’autre. Les deux pièces d’un puzzle qui se seraient retrouvés. Les deux pièces d’un tout qui auraient fini par se rassembler. Une proximité dont il a terriblement besoin. Une proximité qui lui manquait. “Je t’ai encore griffé..” Il esquisse un sourire qu’il est le seul à voir. Elle l’a encore griffé, oui. Elle l’a toujours fait. Probablement sa manière de profiter du moment. Probablement sa façon de vivre leurs ébats. Probablement sa méthode pour totalement lâcher prise. Morsure. Griffure. L’expression d’instincts sauvages. “Tu m’aideras à cicatriser.” Elle est bien la seule à pouvoir le faire. Elle est bien la seule à être ce liquide réfrigéré dont il a besoin pour guérir, pour cicatriser, pour rester en vie. La glace n’est rien sans l’eau. Bobby n’est rien sans Snow. Deux éléments indissociables. Deux faces d’une même pièce. Ils se sont finalement trouvés. Après des années à se repousser, à se détester, à s’attaquer, à se blesser. Après des semaines d’égarement, d’incompréhension, de conflits. “.. Tu es sûr que c’est ce que tu veux ?” La conversation arrive tôt. Plus tôt qu’il ne l’aurait pensé. Une percée dans leur bulle. Une faille dans leur cocon. Il prend quelques secondes pour réfléchir. Quelque temps pour penser à sa réponse. Parce qu’on ne peut pas répondre sur le coup. Parce qu’on ne peut pas sortir n’importe quelle réponse. Parce qu’il s’est promis de ne plus la blesser. Cela commence par un comportement réfléchi, bien loin de l’instinct. Son pouce continue de tourner contre sa paume, de la caresser. Creusant les sillons d’un avenir infini.

Est-ce qu’il est sûr de le vouloir ? De former un couple. D’avancer ensemble. De se perdre dans l’amour. Cela semble être un beau programme. De belles journées à venir. Un amour infini. “Je ne vais pas ta cacher que ça me fait peur. J’ai ouvert mon coeur à Malicia qui est partie. On s’aimait pourtant… Il pourrait nous arriver la même chose. Tu pourrais t’en aller, malgré les promesses et les baisers.” Il n’imaginait pas que ce serait douloureux de l’exprimer, d’ouvrir son coeur, de laisser les mots s’échapper. Il n’imaginait pas que prononcer son ressenti à haute voix serait aussi compliqué. Avouer qu’il ne sera probablement plus capable de dire “je t’aime”. Confier qu’il aura toujours peur qu’elle rompt, malgré les démonstrations d’affection. Lui dire qu’il ne pourra peut-être jamais se laisser porter par leur relation. Il a encore le coeur ébréché par Malicia. Puisqu’il faut parler d’elle. Puisqu’elle est le début de tout. La cause de tout. “Je veux essayer parce que je tiens à toi bien plus que je ne le pensais. J’en suis sûr, maintenant.” Il en est certain. Essayer et peut-être concrétiser. Essayer et peut-être réussir. Ils peuvent s’aimer et s’attacher l’un à l’autre pour le reste de leur vie. Ils peuvent se lancer à corps perdu dans leur couple. Ils le peuvent. La seconde tentative sera plus concluante. La deuxième tentative sera la bonne. “Je sais que ça sera difficile de me refaire confiance et de te donner à fond dans cette relation, alors on prendra le temps qu’il faudra. On ira aussi doucement que nécessaire.” Il n’est pas le seul à se lancer dans cette aventure. Il n’est pas le seul à avoir le coeur brisé. Ils sont deux dans le même état, avec la même envie et la même peur. Ils sont deux à devoir surmonter leurs craintes pour avancer. Main dans la main.

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E
lle l’aidera à cicatriser, c’est ce qu’il souffle. Elle ne voit pas son sourire, elle ne voit pas les traits de son visage mais elle perçoit le huit à l’infini dessiné sur sa peau, elle le sent se rapprocher, chercher l’overdose de son contact. Elle se laisse faire, encore ivre de leurs échanges, encore dans les nuages cotonneux des délires de luxure. La respiration se calme doucement. Elle le soignera, parce qu’elle est l’eau, parce que la glace s’en nourrit, s’y perd, en emprunte les vertus pour reconstituer le corps. Ils sont deux éléments complémentaires qui ne peuvent rien l’un sans l’autre, qui ne peuvent plus avancer sans l’ombre du second, liés malgré eux, peut-être désormais pour une vie longue et chaotique, courte ou dramatique. On dit qu’on n’oublie jamais la première fois mais Snow a depuis longtemps perdu le nom de la sienne, elle a depuis longtemps laissé de côté toutes les premières fois. Bobby ferait peut-être de même, un jour. « Je ne vais pas ta cacher que ça me fait peur. J’ai ouvert mon coeur à Malicia qui est partie. On s’aimait pourtant… » Le coeur se serre mais elle n’en laisse rien paraître. Il parle au passé, n’est-ce pas ? Mais il l’aime encore, il l’aimera toujours, elle ne peut pas lutter contre ça. Elle ne sera jamais à la hauteur de la forte et de l’intouchable Malicia, au regard de braise. Elle n’est jamais que la froideur de l’hiver. « Il pourrait nous arriver la même chose. Tu pourrais t’en aller, malgré les promesses et les baisers. » Elle reste silencieuse, un moment. Elle regarde ce plafond si plein d’intérêt, sans rien dire, la main toujours contre la sienne. Comment peut-elle dire ce qu’elle pense sans le blesser ? « Tu es parti, Bobby. » Lui seul. Il a abandonné, il a baissé les armes, sans explications. Pourquoi Snow devrait-elle être celle dont il doute alors qu’il a posé la reddition sans combattre ? Son coeur saigne encore de la violence de cette rupture à laquelle elle ne s’attendait pas. Elle était allée jusqu’à tolérer les excès de ses parents sans riposter alors que sa nature aurait voulu qu’elle leur fasse payer l’injustice de leur opinion. Elle avait accepté les Drake là où elle avait tué sa famille. N’était-ce pas là une preuve suffisante de sa volonté de l’aimer, envers et contre tout ?

« Je veux essayer parce que je tiens à toi bien plus que je ne le pensais. J’en suis sûr, maintenant. » S’il le veut, alors ça lui va. S’il le veut vraiment, elle ne prendra pas la fuite. Quelque chose au fond d’elle tremble encore à l’idée qu’il puisse reculer une nouvelle fois, la laisser tomber définitivement, quelque chose frémit d’angoisse au fond des yeux bleus. « Je sais que ça sera difficile de me refaire confiance et de te donner à fond dans cette relation, alors on prendra le temps qu’il faudra. On ira aussi doucement que nécessaire. » Elle fronce les sourcils, dans un premier temps. Qu’est-ce qu’il raconte ? Elle se tourne, s’installe sur le ventre, tout contre lui, pour pouvoir croiser son regard. Que croit-il ? Qu’elle va se montrer frileuse ? Qu’elle va se contenter de passer, de savourer un instant à deux et partir ensuite vaquer à ses occupations comme si de rien n’était ? La main prend une forme aqueuse, puis le bras et, doucement, elle glisse un contact rafraîchissant dans son dos, de cette matière si malléable qu’elle n’a pas besoin de lui demander de bouger. C’est froid, et elle dépose par la même occasion des cristaux glacés pour lui permettre de cicatriser, sans lâcher ses yeux des siens. N’était-elle pas mignonne en infirmière ?

Elle laisse la peau reprendre le dessus, reformer le bras puis la main. « Je ne tiens pas particulièrement à aller doucement.. » Elle n’a jamais montré de propension à la lenteur dans ses relations avec les hommes, d’autant moins avec Bobby, toujours pressée de le rendre heureux, de voir germer un sourire, de voir briller l’espoir au fond de ses prunelles. « .. J’étais sérieuse quand je t’ai dis que je t’aurais épousé au bord d’un lac, qu’on pouvait envisager d’avoir trois mini-Drake et vivre sans être raisonnables. C’est ce qui te fait peur. » Les souvenirs de San Francisco, la folie de cette bulle qui leur permettait d’envisager l’avenir trop vite, sans la moindre once de raison, tout cela avait éclaté au milieu des problèmes de la X-Mansion, des mutations et des non-dits. Ca n’était ni le bon moment ni la bonne méthode. Ils feraient mieux cette fois, n’est-ce pas ? Une caresse du dos de sa main sur sa joue. « J’aimerais qu’on soit honnêtes, Bobby. Je ne veux pas choisir entre mon passé et toi, et je ne compte pas abandonner à la première difficulté. Te cacher mon état était stupide.. et tu sais que je suis instable. » Le visage vient se nicher contre le cou tandis qu’elle resserre l’étreinte, que des doigts viennent distraitement caresser une épaule. Elle a besoin de tendresse, elle a besoin de le sentir tout près, de savoir qu’elle ne sera plus si seule. Parce qu’elle l’aime, elle a besoin d’être auprès de lui, quand bien même le lui dire soit devenu difficile. « Qu’est-ce qu’on va dire au Professeur .. ? » Ca n’était sans doute pas un secret pour le personnel qu’il y avait encore des barrières psychiques dans son esprit, pour faire tenir les fragiles fondations qu’ils s’évertuaient à reconstituer, entre les séances avec Bobby et la télépathie de Charles. Le psychologue allait-il devoir se justifier ? Plaider leur cause ?
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Tu es parti, Bobby.” La phrase tombe. Comme un rappel. Comme un souvenir. Il n’a pas le droit d’avoir peur. Il n’a pas de raison de s’inquiéter. Il est le seul à avoir voulu rompre. Pas Snow. A aucun moment, elle ne lui a tourné le dos. A aucun moment, elle ne lui a montré qu’elle voulait tout arrêter. Il l’a fait tout seul. Un grand enfant qui a pris une mauvaise décision. Il n’a pas le droit d’avoir peur et pourtant, c’est bien ce qu’il se passe. C’est bien ce qu’il cache derrière ses yeux clairs. Il a peur parce qu’il a cru en l’amour une première fois. Il a cru à un avenir à deux. Il a espéré des projets à deux. Il a rêvé pour deux. Et un beau jour, tout s’est arrêté. Tout s’est fracassé. Les mots d’amour. Les regards. Les gestes. Tout cela n’a plus eu de sens. Un arrêt brutal qu’il n’a pas vu venir. Oui, ils oscillaient depuis plusieurs années, depuis le début. Ils se perdaient entre disputes, jalousie et passion. Ils vivaient entre deux extrêmes, sans jamais savoir où la journée les mènerait. Chaque jour était un défi à relever. Chaque jour débarquait avec son lot de conflits ou d’affection. Tout s’est arrêté et tout s’est effondré en lui. Il a cru terriblement fort et il s’en est brûlé les ailes. Il ne veut pas revivre la même chose. Il ne veut pas se lier à une nouvelle personne. Il ne veut pas espérer pour rien. Il ne veut pas souffrir de nouveau. Dans son égarement, il en a blessé Snow. Lui faisant ce que Malicia lui avait fait auparavant. Lui arrachant le coeur sans un seul regard. Lui brisant tout espoir, toute envie, tout désir. Lui dévorant l’âme. Il a insufflé la même peur chez elle. La même crainte. Le même manque de confiance. Elle arrive à le dépasser, pourtant. Elle arrive à surmonter cette frayeur pour s’abandonner contre lui. Pour de nouveau espérer. L’espoir. La confiance. Il ignore si il en est encore capable. Il ignore si il arrivera à se laisser aller. Sans se poser de question. Sans reculer. Sans s’inquiéter. Sans réfléchir. Un lâcher prise qu’il n’a pas. Un soupir lui échappe. Il n’a jamais été à la hauteur de sa force, de son courage, de sa détermination. De son amour. Pas avant. Encore moins maintenant. Il n’a pas la prétention de dire qu’il pourra lui rendre la moitié de toute son affection. Il veut juste lui offrir tout ce dont il est capable. Sans fuir. C’est tout ce qu’il peut lui offrir. C’est tout ce dont il est capable. “Je sais et je ne m’excuserais jamais assez. Tu devrais avoir peur, pas moi... C’est complètement irrationnel…” Il n’arriverait même pas à l’expliquer. Snow a pourtant été fidèle depuis le début. Toujours à veiller sur lui, même quand il s’éloignait. Toujours à essayer de le récupérer avec des baisers et de bonnes attentions, même quand il filait entre ses doigts. Il n’a pas su répondre à ses attentes. Il a même fait pire. Mais maintenant, c’est lui qui a peur d’elle. Qui a peur qu’elle ne soit plus là. Qui a peur qu’elle ne veuille plus de lui. Il a étouffé Malicia, elle est partie. Il a quitté Snow, elle est revenue. Elle pourrait regretter son choix, plus tard. Elle pourrait juger qu’il n’est pas celui qu’elle espérait. Elle le peut.

Elle remue sur lui, changeant de position. Toujours plus près l’un de l’autre. Toujours accrochés l’un à l’autre. Impossible de les séparer. Impossible de les éloigner. Ils se sont trop perdus pour se lâcher maintenant. Il essaye de lire dans son regard. Des yeux qui essayent de lui faire passer un message. Des yeux qui tentent de communiquer. Elle n’a pas peur. C’est ce qu’il a l’impression de lire. Il sent son contact liquide s’immiscer entre les draps et son dos. Jusqu’à ses griffures. Jusqu’à la source de ses douleurs. Une morsure froide y est déposée. Il laisse son corps répondre à cet appel. La chair abandonne la partie pour laisser la glace entrer sur le terrain. La forme glacée se nourrit de ce liquide réfrigéré pour refermer les plaies. Les picotements naissent avant de disparaître. Signe qu’il a cicatrisé. Signe qu’il peut ranger la glace pour quelque temps. Ils ne se sont pas quittés des yeux. Comme un de ces moments à deux. Comme une communion de leur deux corps. “Je ne tiens pas particulièrement à aller doucement..” Les doigts se perdent sur cette joue si douce. Sur cette peau si familière. Jouer avec les mèches de cheveux qui la frôlent. Elle ne tient pas à aller doucement, parce qu’elle n’en a pas eu l’habitude, parce qu’elle ne partage pas les mêmes réticences. Parce que le désir et la soif de vivre la consument. Elle rêve d’avoir une famille. Lui aussi. Il en meurt d’envie. Sauf qu’il a eu l’exemple de sa propre famille. Déchirée à cause de sa mutation. Déchirée à cause de cette foutue société. Il n’a pas envie de créer sa propre famille dans un monde aussi pourri, déprimant et dangereux. Il veut attendre. Prendre son temps. Être sûr. Dans quelques années. Dans deux ou cinq ans. Peu importe. Ne pas se précipiter. On ne fonde pas une famille avec n’importe qui. On ne prend pas cette décision à la légère. Il faut être sûr. Là, les yeux dans les yeux, il sait qu’elle serait la femme idéale pour l’accompagner le restant de sa vie. Il sait qu’elle serait l’épouse rêvée. Il n’en doute pas. Il doit juste se décider. “.. J’étais sérieuse quand je t’ai dis que je t’aurais épousé au bord d’un lac, qu’on pouvait envisager d’avoir trois mini-Drake et vivre sans être raisonnables. C’est ce qui te fait peur.” Bien sûr qu’il a peur. Peur d’aller vite. Peur de se tromper. Peur de tout, au final. Un mariage au bord du lac. Des mini-Drake partout. Une vie déraisonnable. Tout ceci lui fait envie. Tout ceci le rend rêveur. Mais il est bloqué. Paralysé par sa peur de s’engager. Paralysé par sa crainte d’être blessé. “Mais tu ne peux pas…” Un murmure. Elle ne peut pas avoir d’enfants. Elle ne peut pas garder un embryon vivant. Elle ne peut rien à cause de sa mutation. Il existe des dizaines d’autres manières d’avoir des enfants. La gestation pour autrui. L’adoption. Le travail, ici, à l’Institut. D’autres manières d’être entourés par tous ces petits êtres et d’avoir de l’amour à revendre. Ils ne seront jamais les mini-Drakes dont ils ont rêvé. Ils ne seront jamais issus de leur sang, mais ils seront aimés de la même façon. Ils seront appréciés avec la même intensité.

J’aimerais qu’on soit honnêtes, Bobby. Je ne veux pas choisir entre mon passé et toi, et je ne compte pas abandonner à la première difficulté. Te cacher mon état était stupide.. et tu sais que je suis instable.” Être honnête, ça, il peut le faire. C’est son domaine. Il l’enveloppe de ses bras. Une de ses mains se réfugie sur sa tête, au milieu des cheveux. Il a envie de la serrer contre lui, de ne plus la lâcher, de ne plus l’abandonner. Mais il aurait trop peur de la casser, de l’asphyxier, de l’empêcher de vivre. Il aurait trop peur de répéter des erreurs passées. Alors, il se contente de répondre à la recherche de contact physique, à la recherche de tendresse. Il respire l’odeur de ses cheveux, de sa peau. Il sent son coeur battre contre lui. Il sent sa poitrine se soulever à la moindre inspiration. Il la sent vivre, au creux de ses bras. A l’endroit où elle aurait dû se trouver ces dernières semaines, si il n’avait pas fait l’idiot. “Je veux t'aimer pour ce que tu es, quelle que soit ton histoire, quel que soit ton état psychologique.” Il ne peut pas lui dire qu’il l’aime, mais il peut lui démontrer son affection. Il ne peut pas faire plus pour le moment. La couvrir de baisers. La serrer dans ses bras. La caresser. Ce n’est pas suffisant. Ça l’est peut-être aujourd’hui. Mais ce ne le sera plus dans quelques semaines.  “Qu’est-ce qu’on va dire au Professeur .. ?” Il lâche sa tête pour poser sa main dans le creux de ses reins. Le Professeur. Une figure paternelle et autoritaire. Il doit être informé. Cette relation a des impacts sur plusieurs plans. Elle implique des changements. Elle suppose des comportements différents. Ils sont tous les deux X-Men. Ils vont en devenir sur-protecteur avec l’autre. Elle est une élève, il est un membre du personnel. Dans ces cas-là, leur rapprochement est presque contraire au règlement. Presque illégale. Comme si ça ne suffisait pas, elle est aussi sa patiente. Ils outrepassent des dizaines de règles. Ils ne devraient pas sortir ensemble. Ils ne devraient même pas coucher ensemble. Le même problème de conscience professionnelle se pose. Cette fois, il n’est plus aussi gêné, il n’est plus aussi inquiet. Parce qu’il sait pour quoi il le fait. Pour qui il le fait. “J’en ai aucune idée. Mais je suppose que si je suis encore ici, c’est que ça ne doit pas le gêner plus que ça… On ira simplement lui expliquer les choses avant qu’il ne l’entende de quelqu’un d’autre et on verra.” Se comporter comme deux adultes. Tout simplement. Ils vont aller au-devant des ennuis. Ils vont anticiper. Ils vont prendre leurs responsabilités, plutôt que d’essayer de se cacher. Elle veut qu’ils soient honnêtes. Ils le seront avec leur entourage aussi. Même si ils ne devront aucun compte, aucune justification, aucune explication. Il prend une nouvelle inspiration de son odeur. Une douce effluve qui lui rappelle des souvenirs communs. “Si jamais quelqu’un vient t’embêter, je veux que tu me préviennes, cette fois. On les affrontera à deux, d’accord ?” Elle ne sera pas la seule à essuyer la jalousie. Elle ne sera pas celle qui devra porter leur relation sur ses épaules. Elle ne sera pas la vilaine de l’histoire. Il sera plus disponible et plus protecteur. Il sera à la hauteur de ses espérances.

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“You look in my eyes, I'm stripped of my pride. And my soul surrenders, and you bring my heart to it's knees.”

E
lle ne peut pas. Et dans les yeux de Snow, un éclat douloureux répond à celui qu’elle perçoit dans ceux de Bobby. Ils se sont quittés sur ce constat : elle ne peut pas avoir d’enfants. Il a fait renaître la flamme des désirs fous peu avant de lui arracher le coeur, de partir sans se retourner, de la laisser dans ses tourments, et si elle est là, lovée contre son corps, elle n’a pas oublié. Elle n’a pas oublié qu’elle aurait voulu le lui dire lorsqu’elle a reçu les résultats, qu’elle aurait vraiment aimé se réjouir mais qu’il le lui a interdit. La régénération a eu d’heureuses conséquences, outre les nombreux défauts. Elle pouvait espérer. Pas sans lui. Les conditions trop restreintes avaient fait de Robert Drake le candidat idéal, tant aimé, brusquement inaccessible. Tous les enfants de l’Institut ne comblaient pas ce drôle de vide. Tous ces gamins n’étaient pas les siens, même s’il y avait la détresse de Sterling pour l’émouvoir, même si un autre savait faire fleurir ses sourires. Elle ne pouvait pas, c’est ce sur quoi il est resté. Quelque chose de triste dans les iris trop bleus. « La glace est un cimetière mais l’eau est source de vie.. » C’est un murmure. Elle a toujours le visage contre son cou, qui cache au psychologue les blessures de l’âme. Il est revenu sans qu’elle ne s’y attende, il est revenu quand elle lâchait prise, lorsqu’elle était en phase de décider de ne plus se battre, de laisser sur elle couler les années, noyer les remords, tuer la normalité. L’amour enterré pour avancer. Il est là, il la serre contre lui. Et si elle le perdait encore. « .. Si j’ai passé autant de temps à l’infirmerie, c’est aussi pour cela.. je régénère. Mon métabolisme est plus lent et.. tu m’as quittée avant que je puisse nous donner un espoir. » La forme aqueuse revient à la charge, étrangement assez consistante pour rester là, contre sa peau, texture fluide et pourtant palpable. Les yeux translucides se ferment, et elle pourrait déglutir si l’eau en avait vraiment besoin. La respiration a cessé de se faire ressentir, jugée inutile par l’organisme. « C’est l’homme qui transmet le gène X. Il faudrait.. un homme qui possède ce froid qui pose problème. Dans l’idéal, un patrimoine génétique proche du mien. » A savoir la glace. Pouvaient-ils prétendre qu’ils en croisaient tous les matins ? Pas vraiment. Il faudrait s’assurer que l’embryon puisse évoluer dans un environnement plus froid que la moyenne, que ça ne le blesse pas, ne le tue pas. Ils savaient déjà tout les deux que la mutation la plus proche de Snow était celle de Bobby tant leurs capacités divergeaient tout en possédant des bases extrêmement proches. « .. Je ne voulais pas que tu penses.. que je te l’annonçais pour te récupérer alors j’ai.. je l’ai gardé pour moi. » C’était le mieux à faire. A quoi bon, de toute façon ? Elle n’avait pas voulu de sa pitié, même la vie était trop lourde à porter, à ce moment là. Mais il pouvait désormais reconstituer le puzzle. La volonté de se faire du mal, de se blesser, d’aller au-delà des limites ne prenait pas seulement sa source dans l’amour démesuré qu’elle lui avait porté ; en partant, il lui avait supprimé un espoir auquel il était d’autant plus difficile de renoncer. « .. Et puis, avoir des enfants, pourquoi ? Les voir mourir ? Devoir les enterrer un jour ? » Ils ne savaient pas vraiment quelle était son espérance de vie, elle était pour l’instant jugée plus longue que la normale, sans définition précise pour donner un âge de décès approximatif. Vingt ans de plus ? La centaine ? Et si elle devait vraiment voir la fin de tous ceux qu’elle aimait ?

Il veut l’aimer pour ce qu’elle est. Le pourra-t-il après cet aveu ? Si Snow retrouve son apparence normale, elle craint sa réaction, plus encore que lorsqu’elle devra lui annoncer qu’elle a revu Mystique, qu’elle a été piégée dans un rendez-vous surprise. Six mois de séparation, tout devoir recommencer, avec des peurs plus profondes, avec le souvenir de l’échec. Il veut l’aimer malgré son état psychologique. « J’en ai aucune idée. Mais je suppose que si je suis encore ici, c’est que ça ne doit pas le gêner plus que ça… On ira simplement lui expliquer les choses avant qu’il ne l’entende de quelqu’un d’autre et on verra. » Le sujet Xavier était d’autant plus épineux. Ils vivaient sous son toit et outrepassaient des règles qui semblaient basiques. Snow ne l’avait pourtant jamais vu faire de commentaires, comme s’il avait délibérément choisi d’ignorer ce fait, ou de laisser l’histoire naître et perdurer. Le télépathe en savait toujours plus qu’eux-mêmes sur leur propre sujet. « Il doit supprimer une des barrières, dans quelques jours.. je pourrais peut-être lui en parler ? » Ils doivent se mettre d’accord sur la manière d’en discuter, sur le moment aussi, et si Bobby était contre, elle attendrait qu’il soit là. « Si jamais quelqu’un vient t’embêter, je veux que tu me préviennes, cette fois. On les affrontera à deux, d’accord ? »

Un hochement de tête. Elle ne cherchera plus à affronter des foudres seule, sans le lui dire. Elle n’en a pas la force, pas dans une situation de telles tensions. La plupart auront autre chose à penser, au pire ils jugeront que ça n’est pas le moment, que c’est presque de l’irrespect que de se plonger dans un quelconque bonheur. « Bobby.. tu m’accompagnerais à l’Eglise.. ? » Il y a un peu d’embarras dans le regard qu’elle relève vers lui. Elle n’a pas osé s’y rendre seule, elle n’est pas recensée et s’il y avait des contrôles, elle aurait forcément besoin que quelqu’un détourne l’attention. Snow ne tenait pas à mener quelqu’un en qui elle n’a pas confiance dans une entreprise qu’elle juge parfaitement privée. Elle n’était pas brusquement devenue pratiquante mais certaines racines devaient être retrouvées, à nouveau placées dans la case positive et non demeurer ancrées dans des traumatismes. Elle devait en passer par là pour se reconstruire.
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La glace est un cimetière mais l’eau est source de vie..” On dirait une phrase sortie d’un de ces livres qu’elle dévore. Elle lit beaucoup, Snow. Peut-être trop, si elle se met à citer des passages en pleine discussion. Il ne réagit pas tellement. Ne cherchant pas à méditer ses paroles. Mais il sait. La glace n’offre pas une chance de survie, à moins d’avoir un métabolisme adapté pour. La végétation parvient rarement à supporter le gèle. Encore moins la neige. L’herbe ploie sur les flocons. Les arbres perdent leurs feuilles. Les plantes se meurent. L’hiver venu, la végétation trépasse pour mieux revenir au printemps. Mais l’eau est puissante. L”eau est nécessaire pour vivre, que l’on soit un être humain ou un arbre. Elle nourrit les sols. Elle soulage de la chaleur. Elle transporte toute la richesse nécessaire à la vie. Même la glace n’existe pas sans l’eau. “.. Si j’ai passé autant de temps à l’infirmerie, c’est aussi pour cela.. je régénère. Mon métabolisme est plus lent et.. tu m’as quittée avant que je puisse nous donner un espoir.” Il écoute, cherchant le sens de ses explications. Essayant de comprendre ce qu’elle lui dit. Il a une idée. Une vague idée. Mais une idée trop douloureuse pour être formulée par son esprit. Une idée oubliée depuis trop longtemps pour resurgir. Enterrée depuis une éternité. Il ferme les yeux pour se concentrer sur sa respiration. Pour barricader ses rêves et ses espoirs derrière une barrière solide. Pour qu’aucun de ses espoirs ne parvienne à s’échapper, à allumer l’étincelle du bonheur, avant de l’éteindre cruellement. “C’est l’homme qui transmet le gène X. Il faudrait.. un homme qui possède ce froid qui pose problème. Dans l’idéal, un patrimoine génétique proche du mien.” La barrière ne tient pas. Elle cède sous le poids des conséquences, des conclusions. L’incompréhension, aussi. Snow ne le lui dit pas clairement. Elle utilise un chemin détourné pour lui exprimer une vérité impossible. A lui de déduire. A lui de comprendre. A lui de mettre les mots dans le bon ordre. “Attends… quoi ?” Il se redresse. Il la repousse doucement, délicatement. Il garde les mains sur ses bras d’eau. Est-ce qu’elle est en train de dire… ? Elle peut avoir des enfants. Elle peut les porter en elle. Elle peut donner vie. Elle peut devenir une mère biologique. Il reste interdit. Perdu. Il fronce, la tête se tournant machinalement de droite à gauche. Il essaye de comprendre. Du plus profond de son être. Il échoue. Ses yeux trahissent la question mentale qu’il lui adresse : pourquoi ? Pourquoi ne pas le lui avoir dit avant ? Pourquoi avoir attendu jusqu’à maintenant ? Pourquoi ne pas avoir voulu partager cette nouvelle avec lui ? Pourquoi garder une telle information pour elle
seule ? Comme si elle était capable de lire dans ses pensées, elle reprend la parole. “.. Je ne voulais pas que tu penses.. que je te l’annonçais pour te récupérer alors j’ai.. je l’ai gardé pour moi.” Ses bras retombent sur le lit. Il cherche son souffle. Des enfants. Elle peut avoir des enfants. L’information tourne en boucle.

En revenant à elle, il a fait une croix sur la paternité. En tout cas, la paternité sanguine. Celle qui vous fait reconnaître un enfant parce qu’il a des traits physiques communs aux vôtres. Celle qui fait naître instinctivement un amour inconditionnel. Ils auraient pu adopter n’importe quel enfant. Ils auraient pu s’entourer de dix gamins. Ça n’aurait jamais été aussi simple et aussi instinctif qu’en donnant la vie à un être. Il a tiré un trait sur cette envie, sur cet espoir. Espoir abandonné, espoir retrouvé, espoir perdu, puis espoir revenu. C’est possible. C’est tout ce qu’il retient. Tout ce qu’il veut savoir. Rien d’autre. Rien de plus. “.. Et puis, avoir des enfants, pourquoi ? Les voir mourir ? Devoir les enterrer un jour ?” Il frôle sa joue, ses lèvres devenues chair. Des gestes plein de tendresse. Des gestes affectueux. Elle ne s’en rend peut-être pas compte. Elle ne réalise peut-être pas qu’elle vient de lui épargner le sacrifice d’un rêve. Il lui a causé tellement de tort en partant. Comme si la rupture n’était pas suffisante, il lui a retiré tout espoir d’enfanter. Double peine. Double douleur. Double raison de le détester. Pourtant, elle est là. Avec ses grands yeux qui observent la moindre de ses réactions. Avec ses caresses attentionnées. Toujours là. Et quand bien même cela est possible, elle ne semble pas déterminée à donner vie à des enfants pour les voir mourir. Les uns après les autres. Un espoir teinté de déception. Un espoir gâché par la morosité. Alors, il ne peut pas totalement se réjouir. Il ne peut pas laisser la joie l’envahir. Il ne le peut pas, si elle refuse d’avoir des enfants. Si elle refuse de fonder une famille, par n’importe quel moyen que ce soit. Il ne peut pas lui dire combien c’est formidable pour qu’elle se sente ensuite obligée de le faire. Il l’attire contre lui pour qu’ils reprennent leur position initiale. Il retrouve bientôt la courbe de son dos sous ses doigts. Il ressent de nouveau sa respiration contre lui. Des sensations familières. “Tu ne veux pas d’enfants, alors ?” Malgré lui, la déception se ressent. Dans chaque mot. Dans chaque syllabe. Dans la tonalité de sa question. La déception, l’inquiétude. Elle veut de l’honnêteté. Ça tombe bien. Il est incapable de cacher ses sentiments. Il veut des enfants. Il veut avoir ce rôle paternel. Il veut pouvoir couvrir d’amour des êtres qui ne demandent que ça. Il veut se découvrir dans ce statut. Avec des enfants adoptés ou des enfants biologiques. Mais il veut aussi vivre avec Snow. Il veut partager des moments avec elle. Il veut pouvoir l’aimer jusqu’au bout. Elle est plus importante que n’importe quel enfant qu’ils n’ont pas encore rencontré. Plus importante que ses désirs de paternité. Mais il doit savoir. Il doit pouvoir faire le deuil complet de ce rêve. Savoir une bonne fois pour toute.

Le lit est finalement l’endroit où ils ouvrent plus facilement leur coeur. Un endroit où ils arrivent à parler calmement. Un endroit où ils se dévoilent. Ils parlent plus librement. Ragaillardis par la complicité charnelle. Complets grâce à ce corps à corps. L’un contre l’autre, ils retrouvent la paix intérieure. “Il doit supprimer une des barrières, dans quelques jours.. je pourrais peut-être lui en parler ?” Il secoue la tête de droite à gauche. Non. Cette solution ne lui convient pas. Ses séances doivent uniquement être pour elle, pour son bien personnel. Elle aura besoin d’avoir l’esprit libre pour que le Professeur puisse travailler efficacement.  Leur couple ne peut pas venir tout changer, tout bousculer. Ils feront ça à deux, le plus rapidement possible et lors d’un rendez-vous pris exprès. “On ira le voir ensemble dès demain.” Ils ne l’ont pas fait la première fois. Ils ont laissé les rumeurs courir. Ils ont laissé les uns et les autres propager la nouvelle jusqu’à atteindre les oreilles des employés et du Professeur. Cette fois, ils prendront de cours tout le monde. Ils prendront les devants. Ils assumeront jusqu’au bout, sans que Bobby n’ait à se cacher dans son bureau, sans qu’il ne ressente de doute. Sans qu’il ne veuille abandonner le navire. “Bobby.. tu m’accompagnerais à l’Eglise.. ?” Il ne retient pas sa grimace. L’église ? Sérieusement ? Il n’a jamais été pratiquant, il n’a jamais eu la foi de croire en une divinité supérieure. Encore moins maintenant que des Thor et autres dieux vivent sur leur planète. Il n’arrive tout simplement pas à croire que des personnes supérieures puissent dominer le monde et choisir son destin. Leur société ne serait pas telle qu’elle l’est aujourd’hui, sinon. Il a foi en l’humanité. Il a foi en l’être humain. Pas en un être divin qui ne connaît rien à la vie. “Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée… je ne suis pas pratiquant et encore moins croyant. Mais, si tu y tiens, je viendrais.” Il sera le vilain petit canard. Le gars qui n’a rien à faire là-bas. Le gars qui ne connaît pas une seule parole de leurs chansons. Il n’a clairement pas sa place dans une église. Mais il fera l’effort. Parce qu’elle en a fait des centaines pour lui, avant cela. Il fera l’effort parce qu’il veut l’accompagner dans son quotidien. Même si cela suppose de passer des heures dans une église, à écouter des chants religieux et à observer l’histoire à travers les vitraux. “Tu t’es remise à prier ?” D’aussi loin qu’il se rappelle, il ne l’a jamais vue adresser de prière à son Dieu. Il n’a l’a jamais surprise en train de prononcer des mots pour une personne invisible. Elle n’a jamais démontré un attachement pour un culte. Jusqu’à maintenant. Si elle s’est rapprochée de nouveau de la foi, ce qu’ils viennent de faire ne devrait-il pas lui poser problème ?

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L
orsqu’il l’a repoussée, doucement, Snow a bien cru sentir son coeur se briser à nouveau, en petits éclats tranchants. Il ne lui pardonnerait pas son silence, parce qu’elle voit bien le reflet de leur douleur dans ses yeux. Elle peut avoir des enfants et ça ne paraît pas l’enthousiasmer, bien au contraire. Ca lui coupe le souffle. Pourquoi est-il si sonné ? « Tu ne veux pas d’enfants, alors ? » la question tombe tandis qu’il la ramène contre lui, dans leur position initiale, tandis qu’il lui fait comprendre qu’il n’y aura pas de colère, pas de rage, pas de rancoeur. Lui répondre est difficile. Si elle veut des enfants ? Oui. De façon parfaitement irrationnelle. De façon parfaitement stupide et égoïste. On dit souvent que les adolescentes qui ont manqué d’une famille aimante ont souvent le besoin vital et empressé de fonder la leur et si ça arrive plutôt tardivement pour la blonde, cela n’en laisse pas un vide moins grand. Elle se redresse légèrement pour frôler ses lèvres des siennes. « Seulement de toi.. » Il y a malgré tout une sorte de tristesse dans sa voix, comme si elle ne croyait pas qu’il pourrait rester auprès d’elle suffisamment longtemps pour envisager sérieusement de fonder une famille. Le baiser se fait plus long, plus passionné. Lui, aucun autre. Elle aurait tellement aimé voir les yeux clairs de Bobby dans ceux d’un enfant, dans leur enfant. Mais à quoi bon les espoirs ? A quoi bon imaginer ? Donner une vie à un monde aussi violent ? « Je ne peux pas t’assurer que ça fonctionnera.. » Non, elle ne peut rien lui assurer. Bien au contraire. Ils venaient à peine de se remettre ensemble, ça ne datait que de quelques heures au plus. Encore une fois, ils plongeaient la tête la première dans leurs rêves absurdes. Une certaine réticence accrochée à l’âme, toutefois. Ca l’avait brisée à la tentative précédente, elle avait cru mourir de tout cet avenir inenvisageable sans Bobby et il lui fallait recommencer, il lui fallait replacer l’épée de Damocles au-dessus de sa propre tête en attendant la plus petite concrétisation d’un couple qui n’était que cendres, pour l’instant. « Je pourrais tout aussi bien .. en perdre trois ou quatre pour qu’un seul survive.. » Les yeux se détournent. Son esprit ne tiendrait pas de telles secousses, elle le sait sans doute aussi bien que lui, parce que même si les fondations se reforment, elles sont fragiles, un choc peut faire s’effondrer le château de cartes, temporairement ou de façon plus dramatique. « .. et je ne peux pas te demander un tel sacrifice. » Elle a conscience de son désir de paternité, elle sait qu’il est entouré d’enfants, qu’il voudrait les siens, dans l’idéal et ni Malicia ni Snow n’étaient un pari gagné dans ce domaine, l’une intouchable et l’autre froide comme la mort. Le X-Man était-il toujours attiré par la complexité ?

Elle ne fait presque plus attention au fait qu’ils sont dans sa chambre, qu’ils sont dans cette pièce qui lui avait été interdite. Elle s’en rappelle quand il affirme qu’ils iraient voir le Professeur le lendemain. Il est tard, c’est une certitude. La X-Mansion dort et elle n’est pas certaine d’assumer immédiatement le fait de sortir de la chambre du psychologue pour rejoindre la sienne. Oui, il était question de ne plus se cacher mais.. là, si elle croisait une âme en peine, elle serait embarrassée. Accroc au goût de sa peau, accroc à sa tendresse, elle devrait bien se faire aux regards, au début, parce qu’à nouveau elle serait soit la voleuse, soit la fille facile. Six mois et elle replongeait déjà ? La question de l’Eglise lui évite de devoir exprimer sa crainte encore ensommeillée de ce qu’il se passerait une fois le jour levé. « Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée… je ne suis pas pratiquant et encore moins croyant. Mais, si tu y tiens, je viendrais. » Elle a à nouveau la tête posée contre l’épaule masculine et ses yeux fermés comme sa respiration calme laissent presque supposer qu’elle s’est endormie - elle n’en est pas loin, dans ce flottement cotonneux qui précède. Elle est tellement bien, lovée entre ses bras. Elle n’est jamais si bien qu’à ses côtés, il assassine ses angoisses nocturnes par son simple contact et elle avait découvert ce que ‘bien dormir’ pouvait signifier, au début de leur relation, à la première nuit contre sa peau. Elle retrouvait ce confort. « Tu t’es remise à prier ? » « Je n’ai jamais vraiment prié. » Il n’y a ni amertume ni colère, seulement la vérité, sans filtre. Le filtre s’efface dans ces instants où, enfin, elle se sent libérée de ses démons. « Sauf pour demander à ce qu’on mette fin à ce calvaire. » Elle avait prié que la foudre lui tombe dessus, la court-circuite définitivement avant que le poids des années ne se fasse sentir. Elle avait prié pour qu’on l’arrache d’une perspective terrifiante de vie en version XXL. Elle avait prié, sans le noir, au fond de sa couette, pour que les sentiments s’envolent et que ne reste rien d’autre que la glace. « Je dois un cierge à ma mère. » Comme si c’était la chose la plus normale du monde.

Le silence revient, le délassement de l’enveloppe charnelle semblant de plus en plus perceptible. Ils devraient se rhabiller ? Elle s’en fiche. Les draps sont largement suffisants. Elle n’a besoin de rien d’autre que de lui, complicité réapprivoisée. La température se stabilise déjà depuis plusieurs minutes vers ce 37°c si rare et elle hésite à se laisser sombrer, à simplement s’endormir là. « Il faudrait que je retourne dans ma chambre.. » sursaut de lucidité. Elle ne bouge pas, pourtant, et il ne faut pas plus de quelques seconde pour qu’elle renonce.

…✁…

Le soleil la dérange. Le soleil fait froncer les sourcils et la tête se cache aussitôt dans l’oreiller. C’est fou, elle est certaine que d’habitude, il est moins gros que cela, son oreiller. Pourquoi est-ce qu’elle est couverte ? Elle était bien, dans son joli rêve. Une jolie maison dans les montagnes, l’air toujours frais et la paix des espaces verts, d’un vaste terrain. Elle voudrait bien y rester mais ça bouge, à côté. C’est quoi toute cette agitation ? « Putain tu comprends rien ! » Les voix sont étouffées et essentiellement masculines. Qu’est-ce que les garçons fichent dans les dortoirs des filles ? « Tu vas faire quoi, te plaindre à monsieur Drake ?! » Drake. Elle se rappelle de ce qu’elle a fait cette nuit. De ce qu’ils ont fait. Et elle réalise qu’elle n’est pas retournée dans sa chambre. Il l’a vraiment laissée dormir là ? Elle se redresse, retenant le drap sur sa poitrine, en se disant que sortir avec le psychologue en période de guerre ne serait pas synonyme de grasses matinées. « Je sais pas.. où j’ai mis mes vêtements.. » Elle est complètement dans le brouillard, sortie du repos presque trop vite, avec un arrière-goût de panique ou de culpabilité. Qu’est-ce qu’elle doit faire ? Est-elle sensée se cacher, se liquéfier ? Les jeunes ne s’arrêtent-ils jamais de se chamailler ?
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Seulement de toi..” Des enfants. Elle en veut. Le souffle lui revient. Ils pourront quand même en avoir. Ils pourront quand même fonder cette famille qui leur tient tant à coeur. Malgré la vie à rallonge de Snow. Malgré la probabilité qu’ils meurent tous avant elle. Mais seulement de lui. Toujours cet amour inconditionnel. Toujours cette passion. Elle lui pardonne tout. Elle lui concède tout. C’est effrayant. C’est inconscient. Il pourrait la blesser une nouvelle fois. Il pourrait la décevoir. Il pourrait ne pas être l’homme qu’elle veut. Il y a tellement de doutes. Tellement de risques. Des craintes accentuées par une Snow trop confiante, amoureuse déraisonnablement. Il veut être digne d’autant d’amour. Il veut lui en offrir autant, sans savoir si il en est humainement capable ou pas. L’avenir le lui dira. Mais il doit essayer. Pour ne jamais regretter. “Je ne peux pas t’assurer que ça fonctionnera..” Ils n’en sont pas encore à penser à envahir la planète avec des sorbets. Ils n’en sont pas encore à imaginer leur vie future. Ils ne sont qu’au début. A la naissance de quelque chose de formidable. Pourtant, ils se laissent encore emporter par l’enthousiasme, par la joie des retrouvailles. Ils ne peuvent pas être insouciants et se contenter de décider ce qu’ils mangeront ce midi. Ils doivent voir plus loin. Ils doivent se projeter. Alors qu’ils ne savent pas de quoi sera fait demain. Alors qu’ils ne savent pas ce qu’ils vont devenir. Ils sont mutants. Ils ont fait des choix différents. Se recenser, ne pas se recenser. Si tous les contre ont raison, Bobby pourrait mourir. Si les pour ont raison, Snow pourrait devenir une hors-la-loi qui finirait en prison. Dans tous les cas, ces projets de famille n’arriveraient jamais au bout. Mais ça fait du bien. D’imaginer une vie heureuse. De croire en un avenir à deux. De penser que tout est possible. “ Je pourrais tout aussi bien .. en perdre trois ou quatre pour qu’un seul survive..” Le regard de Snow fuit le sien. Il sent la douleur de la perte. Il sent la crainte du jugement. Il sent son inquiétude. Il passe ses doigts sous le menton de Snow pour ramener son regard sur lui. Peut-être qu’ils perdront deux, quatre six, dix enfants. Peut-être qu’il leur faudra dix ans pour réussir à avoir un enfant. Mais ils seront deux à affronter cette maternité à risque. Ils seront deux à essayer. Si vraiment, ils n’y arrivent pas. Ils envisageront d’autres solutions. Ils trouveront d’autres manières de donner vie à leur rêve de famille. Et puis, les enfants ne sont pas obligatoires. Ils pourront se suffire à tous les deux. Ils pourront se contenter de leur couple de froid, d’eau et de glace. “.. et je ne peux pas te demander un tel sacrifice.” A son tour de l’embrasser longuement. A son tour de lui montrer son attachement. Elle n’a pas besoin de lui demander de se sacrifier. Elle n’a pas besoin de l’obliger à supporter les échecs. Il est assez grand pour prendre cette décision. On ne peut pas parler de sacrifice quand on aime, quand on rêve, quand on désire. Il a une seule certitude. Ou plutôt deux. “Je veux des enfants, Snow, et je ne peux pas rêver meilleure mère que toi.” Elle serait la mère idéale. Aimante, protectrice, ouverte. Elle saurait protéger leurs enfants, malgré une société haineuse et discriminante. Elle serait forte, combative. Elle les ferait passer en premier, pensant à se sauver qu’une fois sa famille en sécurité. Elle prendrait les bonnes décisions. Il en est sûr.

La religion. Un concept qui lui échappe. Des convictions qu’il ne saisit pas. Il a essayé. Il a eu le droit aux messes de baptême et autres cérémonies de mariage. Il a plongé un pied dans la religion. Sans jamais oublier de le retirer. Mais il comprend. Que des personnes aient besoin de croire en une divinité supérieure. Que des personnes aient foi en quelque chose de plus grand qu’eux. Que des personnes ressentent la présence d’une force divine. “Je n’ai jamais vraiment prié.” Il la pensait endormie contre lui. Il n’en est rien. Pourtant, sa voix laisser trahir un sommeil proche. Un sommeil prêt à la faucher pour l’attirer dans des songes heureux. Il caresse son dos doucement pour la bercer, pour l’accompagner dans ses rêves. Il a la joue appuyée contre sa tête. Il n’est pas loin de s’endormir lui aussi. Plus apaisé. Plus serein. Plus rassuré qu’il ne l’a été ces dernières semaines. “Sauf pour demander à ce qu’on mette fin à ce calvaire.” Ses caresses cessent. Elle est toujours convaincue que sa mutation est un boulet à traîner. Une conception diamétralement opposée à celle de Bobby. Il est incapable de trouver la malédiction dans la capacité de créer de la glace ou de faire tomber la neige. Il est incapable de déceler le poids de la mutation quand l’eau ou la glace peut changer leur corps en une forme quasiment indestructible. “Tu as un don formidable…” Même son dieu doit être du même avis. Même lui doit se dire qu’elle a une chance incroyable d’apprendre aux générations futures comment vivre et ne pas reproduire les mêmes erreurs. Même lui doit se dire qu’elle a un rôle important à jouer pour l’avenir de la planète. Ce n’est pas un calvaire. C’est un don. “Je dois un cierge à ma mère.” Une mère qu’elle a tuée. Serait-ce le temps des remords ? Elle a cru tuer toute sa famille le jour où elle est partie de chez elle. Finalement, ce n’est pas ce qu’il s’est passé. Il y a des survivants à toutes les catastrophes. Il reprend les caresses. La main frôlant sa colonne vertébrale. “Alors, j’irai avec toi.” Il l’accompagnera. Il est là depuis le début. Depuis le retour à San Francisco et bien avant cela. Il viendra en tant que petit-ami et psychologue. Un événement important pour celle qui s’est longtemps considérée comme un monstre, qui a souvent cru qu’elle ne pourrait jamais avoir une vie normale à cause de son passé. Elle fait un pas vers l’avenir, tout en s'enfonçant dans le passé. “Il faudrait que je retourne dans ma chambre..” Pas maintenant. Pas alors qu’ils se sont retrouvés. Pas alors qu’ils sont à deux doigts de s’endormir. Pas alors qu’ils sont si bien, l’un contre l’autre. Il resserre ses bras autour d’elle. Il ne la laissera pas partir. Même si elle pourrait très bien fondre sous son étreinte pour se couler hors du lit. La tricheuse. “Plus tard…” Les lèvres sur sa tempe. Ils sont bien là. Pourquoi tout arrêter ? C’est avant qu’elle aurait dû retourner dans sa chambre. Avant qu’elle ne lui dévoile sa lingerie. Avant qu’il ne la voit dans sa nuisette. Avant qu’il ne l’embrasse dans le couloir. Avant qu’elle ne vienne le chercher pour un entraînement.

xXx

Les paupières s’ouvrent. Doucement. Douloureusement. Comme une impression de ne pas avoir assez dormi. Comme le sentiment de ne pas être assez reposé. La lumière du jour vient fleurir sur sa peau, la chatouiller de sa douce chaleur. Il pose son poignet sur ses yeux. Faible barrière. Il grogne. Il devrait apprendre à tirer ses rideaux. Il aurait moins de problème. Il finit par pousser un soupir. Rester allongé dans son lit, faire la grasse matinée, tout ça, ce n’est pas dans ses habitudes. Une fois réveillé, il doit se lever. Fatigue ou pas. Il se redresse doucement, se débarrassant de ce corps féminin qui l’entrave. Avec des gestes délicats, il décale Snow sur le côté. Se réveiller à ses côtés est un étrange rêve éveillé. Qui aurait cru qu’ils se réconcilieraient et qu’ils se retrouveraient ? Il y a encore vingt-quatre heures, il s’imaginait célibataire à vie, luttant contre son affection pour elle. Et voilà. Elle est dans son lit, endormie, imperturbable. Pour la première fois. La preuve de sa faiblesse. La preuve de son amour, aussi. Il échappe aux draps pour retrouver le contact frais du sol. Il récupère le caleçon abandonné le long du mur pour l’enfiler. “Putain tu comprends rien !” La voix éclate dans le couloir. Il dresse la tête. Il croit reconnaître les intonations, le petit accent texan. Il croit savoir de qui il s’agit. Toujours en train de se chamailler. Toujours en train de se disputer. Les gamins ne savent pas rester calme. Ils s’y mettent dès le matin pour bien commencer la journée. Il jette un coup d’oeil dans la direction de Snow. Elle a bougé, mais elle semble toujours endormie. On peut rêver mieux comme réveil romantique. Ils sont loin du petit-déjeuner au lit de San Francisco. Ils sont loin du calme matinal qui leur avait permis d’émerger doucement. Là, le retour sur Terre est brutal. La bulle éclate, les éclabousse et les plonge dans le monde réel. La nuit, ils peuvent faire semblant. Ils peuvent s’imaginer dans une autre ville, dans une autre vie. Le matin, la réalité les rattrape. “Tu vas faire quoi, te plaindre à monsieur Drake ?” Les voix se rapprochent de la porte. Il connaît la suite. Les deux jeunes vont continuer à se disputer jusqu’à arriver devant sa chambre. Ils vont toquer, parler les deux en même temps. Il n’aura pas le temps d’en placer une jusqu’à ce qu’il appelle au calme. Il récupère un tee-shirt propre. Il va essayer d’éteindre l’incendie avant qu’il ne brûle tout sur son passage et réveille Snow. Et tout l’étage, en passant. “Je sais pas.. où j’ai mis mes vêtements..” La voix endormie le fait pivoter sur place. Le tee-shirt à la main. Il esquisse un sourire. Une jolie vision d’une femme qui se réveille. Les cheveux décoiffés. Les traits brouillés. Le drap qui couvre à peine sa nudité. Mais toujours aussi belle. Il récupère les vêtements tant recherchés. Il se rapproche du lit. “Tiens, ils sont là... Je vais voir ce qu’il se passe, ne bouge pas.” Il se penche pour l’embrasser. Un baiser du matin. Un baiser avant de partir travailler. Comme font tous les couples normaux. A ceci près qu’il n’a pas vraiment d’horaires. Il n’y a pas de limites à ses interventions. Il laisse les vêtements de Snow sur le lit, avant d’entrebailler la porte. Juste assez pour qu’il sorte. Juste assez pour qu’on ne la voit pas dans sa chambre. Pour lui permettre de se réveiller tranquillement et d’affronter la vraie vie.

La porte se ferme, puis se rouvre une quinzaine de minutes plus tard. Le monde ne tourne vraiment pas rond. Les enfants se disputent pour un rien, pour des broutilles qui pourrissent leur vie. Il claque la porte derrière lui. Il s’adosse contre elle, posant la tête contre son bois. “Dis-moi que le dortoir des filles est plus calme.” A l’époque où ils se retrouvaient dans la chambre de Snow, il n’avait pas l’impression que c’était le chaos. Mais le contexte était différent. L’atmosphère était plus légère. Il ne se rend pas compte de l’ambiance chez les filles. Elles trouvent de l’aide chez les enseignantes et les employées qui dorment à côté de leurs chambres, ne s’aventurant pas au deuxième étage. Il s’arrache à la porte. La journée va être longue, il le sait déjà. Mais elle débute doucement. Avec Snow. “Tu as des choses à faire, ce matin ?” Peut-être qu’ils pourraient rester dans cette chambre pour discuter. Encore et encore. Ouvrir leur coeur. Peut-être qu’ils pourraient voir le Professeur et lui parler. Peut-être qu’ils pourraient prendre leur petit-déjeuner ensemble. Peut-être aussi veut-elle s’assurer que ses protégés mangent bien, avant d’entamer leur journée de cours. Maintenant, il doit composer avec son instinct maternel. Avant, il l’avait juste pour lui. Les choses changent et ce n’est pas pour le déranger.

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I
l ne peut pas rêver meilleure mère qu’elle. Pourquoi ? Malicia aurait été formidable également, une fois son don maîtrisé. Snow n’était que froideur et problèmes, instabilité et violence. Lovée entre ses bras, elle a enfin trouvé un sommeil apaisé, des rêves doux dont elle ne se souvient pas vraiment, son odeur pour la bercer, sa peau pour la rassurer. Elle n’est finalement pas retournée dans sa chambre, endormie trop vite, piégée par le désir du psychologue de la garder avec lui. Elle n’a pas senti le décalage, elle ne s’est pas tournée dans tous les sens avec la sensation de ne pas être du bon côté du lit. Le seul défaut fut finalement le réveil un peu brutal, avec ces éclats de voix alors qu’elle aurait bien fait une grasse matinée, bien longue, bien réparatrice. « Tiens, ils sont là... Je vais voir ce qu’il se passe, ne bouge pas. » Si on peut nommer la robe de chambre et la lingerie par le terme ‘vêtements’. Snow réalise que, de ce côté, elle n’a rien pour s’habiller, pour être ne serait-ce qu’un peu présentable mais le baiser de Bobby lui fait oublier la logique de ses réflexions. Un baiser matinal comme le font des millions de couples, chaque jour. Elle esquisse un sourire, suivant son départ du regard. Le devoir l’appelle et elle repose la tête contre l’oreiller. Elle va rester là, au fond du lit, et ne plus jamais en bouger parce qu’elle y est bien, parce que c’est confortable, c’est tendre, une jolie bulle loin du monde.

« Dis-moi que le dortoir des filles est plus calme. » Elle est installée sur le côté, encore couverte des draps, observant la silhouette masculine qui vient de revenir. Il n’a pas un métier facile, il doit toujours être disponible, il doit toujours apaiser les esprits. « Les filles se crêpent le chignon à des heures raisonnables, elles doivent toujours se faire belles avant. » lui répond-elle avec humour. Une fille se passe du mascara pendant deux heures, pas le temps pour des drames à l’aube. Elle s’étire, calmement. Pourquoi les nuits étaient-elles si courtes ? « Tu as des choses à faire, ce matin ? » Sourire en coin. Peut-être ? Peut-être pas ? Elle pourrait se lever, aller se laver, s’habiller, préparer le petit-déjeuner des gamins, manger avec eux et leur lire des histoires. Elle pourrait mais Taylor peut aussi bien le faire, c’est bien plus légitime parce qu’elle fait partie du personnel. Alors non, Snow n’a rien à faire, ce matin, si ce n’est s’occuper de son petit-ami. Elle enfile seulement la robe de chambre, pour cacher un minimum sa nudité, le temps de rejoindre Bobby, si près de la porte dont il vient de se décoller. Le tissu fin lui colle à la peau, joue sur la transparence avec la lumière du soleil qu’il n’y avait pas, la veille au soir. La blonde passe les bras autour de la nuque du mutant pour l’embrasser, longuement. L’embrasser comme s’ils ne s’étaient jamais quitté, comme si c’était normal de se retrouver aussi simplement, l’embrasser avec le goût de la réconciliation, la saveur du manque ; elle manque encore de sa présence, de ces six mois sans pouvoir l’aimer, sans pouvoir simplement lui toucher la main sans souffrir de la douloureuse ambiguïté. « Une heure avec moi avant de partir travailler.. ? » Il travaillait toujours, même le week-end, même quand il devrait avoir droit à des vacances. Qu’est-ce qu’une heure, mh ? Juste le temps de déjeuner, de parler un peu, de voler du temps dans cette pièce qu’ils avaient habillée de souvenirs. « Bobby.. » Un murmure tout près de son oreille, un souffle sur sa peau. « C’était encore mieux qu’à San Francisco. » Est-ce nécessaire de le lui dire ? Est-ce vital de le préciser ? Oui. Elle veut qu’il sache qu’elle l’apprécie, elle veut lui montrer qu’il la rend heureuse, que ce qu’ils partagent est aussi plaisant que voulu. Elle refuse qu’il doute de lui, que son inexpérience ne l’empêche d’avancer. Elle est d’une terrible sincérité lorsque, entre ses bras, contre lui, elle délivre son message. Ils s’étaient libérés de toute cette frustration, des remords, de la séparation. C’était encore mieux, elle a d’autant plus savouré qu’elle l’avait perdu, qu’elle s’était sentie abandonnée à un monde dans lequel elle ne se sentait pas assez forte pour avancer seule.

« Ici ou en bas, ce petit-déjeuner ? » La question est posée tandis qu’elle frôle à nouveau ses lèvres, déposant par ce contact furtif quelques cristaux froids sur la peau de Bobby. La malice dans son regard semble enfin lui donner l’éclat de la vie. Elle n’est plus un fantôme solitaire, en errance totale. Il y a pourtant encore le fond de la peur, le potentiel de glace, l’ombre d’une haine anesthésiée contre cette société délirante qui juge sur la présence ou l’absence d’un gène. Bobby était recensé, il était à l’encontre de ses propres convictions, à l’encore de ce en quoi elle avait toujours cru. Il lui tendait la main pour la mener vers un souffle de paix, juste un peu d’oxygène pour la libérer de ses chaînes. Paradoxes. Peut-être n’était-elle pas digne de lui mais elle voulait bien se prêter à cette illusion, à cette tentative d’unité, d’affection et de confiance. « Il faudrait qu’on.. parle. J’avais tellement de choses à te dire et je me suis endormie.. » Va-t-il se fâcher ? Elle préfèrerait se passer des conversations glissantes qui pourraient briser leur cocon, seulement ils s’étaient promis de ne pas refaire les mêmes erreurs. Entre eux, il ne devait subsister aucun secret. Va-t-il fuir vers son bureau et l’y oublier ? Ne me laisse pas, s’il te plaît.
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Le tissu ploie sous ses doigts quand il pose ses mains sur ses hanches. Un tissu tellement fin qui dissimule à peine les formes de son corps. Qui ne dissimule pas les irrégularités de sa peau. Elle n’a rien à cacher. Tout simplement. Ils se sont vus à nombreuses reprises nus. Assez de fois pour ne plus craindre la timidité des premiers jours. Pour ne pas essayer d’échapper au regard de l’autre. Pour ne pas assumer les défauts qu’ils détestent. Chacun s’est aventuré sur le corps de l’autre. Chacun se l’est approprié, à coup de baisers et de caresses. Chacun a réussi à faire accepter à l’autre ce corps qu’ils dépréciaient. Là encore, à coup de baisers et de caresses. L’amour de l’autre parvient à donner confiance à l’autre. L’amour est une telle puissance. L’amour manque dans ce monde où les uns chassent les autres, où les uns veulent la mort des autres, où la haine est la seule solution choisie. Mais là, les doigts sur ses hanches, les lèvres contre les siennes, Bobby a encore plus d’espoir en l'avenir. Encore plus qu’avant. Il a de l’espoir pour l’humanité. Il a de l’espoir pour son avenir. Encore hier, il avait des plans. Des plans qui le conduisaient irrémédiablement vers la solitude. Quitter son travail dans quelques années. Partir, sans avoir ni point de chute, ni vie sociale. Partir, sans savoir ce que lui réserverait la suite. Des plans qu’il peut déchirer et jeter à la poubelle. Avec Snow à ses côtés, il n’est pas obligé de vivre en solitaire. Il peut vivre avec une autre personne. Une personne qu’il aime, de surcroît. Si ils ont réussi à se réconcilier, pourquoi pas les autres ? Pourquoi est-ce que les non-mutants et les mutants ne pourraient pas trouver un terrain d’entente ? Pourquoi est-ce qu’ils ne pourraient pas s’accepter mutuellement et se tolérer ? Tout est possible dans un monde où l’amour existe encore. Il suffit juste d’y croire. Il suffit juste d’avoir de l’optimise à revendre. “Une heure avec moi avant de partir travailler.. ?” Impossible de refuser après un tel baiser où le manque et l’amour sont omniprésents. Impossible de retourner dans son bureau et d’abandonner Snow dans sa chambre. Il délaisse son travail pour une heure. Il abandonne ses responsabilités pour une heure. Le moyen de poursuivre cette nuit de retrouvailles. Il a un sourire sur les lèvres. Un sourire dont il ne parvient pas à se défaire. Ce qui l’empêchait de se détendre ces dernière semaines s’est envolé. Le poids de la souffrance a disparu. Le poids de la promesse s’est évaporé. Il n’y a plus que Snow. Snow et ses mèches folles. Snow et ses grands yeux. Snow et sa tendresse. Et dire qu’il a failli tout perdre. Dire qu’il a failli la perdre. Idiot qu’il a été. Il ne recommencera plus. Il a réalisé l’importance qu’elle avait pour lui. Il a réalisé l’impact qu’elle avait sur sa vie. Il a vu à quoi ressemblerait une vie sans elle. Une vie dont il n’a pas envie.

Une heure ce matin et on se retrouve à dix-huit heures pour ta séance ?” Créer une routine. Adopter de nouvelles habitudes. Ils en ont besoin. Pour se lancer dans une relation plus saine. Pour s’aménager des instants rien qu’à eux. Pour profiter de la vie, tant qu’il est encore temps. Une heure le matin. Une heure le soir. Les repas et les moments volés tout au long de la journée. Ils devraient réussir à s’en sortir. Ils devraient parvenir à se voir bien plus qu’autrefois. A bien y réfléchir, Bobby ne s’est jamais vraiment montré disponible pour elle. Sauf quand elle était encore cette étudiante murée dans le silence et la colère. Cette étudiante après laquelle il courrait pour tenter de la faire parler. Et lorsqu’elle en a eu fini de la solitude, il s’est éloigné. Il a pris ses distances. Comme si elle n’avait d’intérêt qu’en étant silencieuse. Il compte bien changer les choses. Il compte bien établir une relation plus saine, plus normale. “Bobby.. C’était encore mieux qu’à San Francisco.” Il tente de lire dans son regard. Encore mieux qu’à San Francisco. Il cherche la vérité, il cherche le mensonge. Il cherche pour vérifier. San Francisco était teinté d’amour, de passion, de frustration, de délivrance. La nuit dernière était plutôt nuancée par la tristesse de la rupture, par le bonheur des retrouvailles. L’hésitation et l’appréhension en moins. L’expérience en plus. Deux fois totalement différentes. Deux fois impossibles à comparer. Une seconde fois libératrice et tant attendue. Mais, il veut y croire. Il veut croire en ses mots. Il veut croire en la sincérité de son regard. Il kidnappe ses lèvres, juste pour la remercier, juste pour lui prouver combien il l’apprécie. “Ici ou en bas, ce petit-déjeuner ?” Il hausse les épaules. Égoïstement, il répondrait dans la chambre. Pour rester dans leur bulle le plus longtemps possible. Pour garder leur bonheur pour eux seuls. Pour ne pas être dérangés par les sollicitations et les questions. Être égoïste à de rares occasions n’a jamais fait de mal à personne, n’est-ce pas ? Ils pourraient se laisser aller à un peu d’individualisme. Personne ne leur en voudra. Personne ne le leur reprochera. “Il faudrait qu’on.. parle. J’avais tellement de choses à te dire et je me suis endormie..” Il passe un doigt dans ses cheveux pour ramener une mèche derrière son oreille. Des tas de choses à lui raconter. Très bien. Ils vont mettre cette heure à profit. Elle pourra lui dire tout ce qu’elle souhaite. Mais déjà, dans son regard, il décèle un voile d’inquiétude. L’insouciance a déjà disparu. Le bonheur des retrouvailles est déjà tâché par quelques problèmes. Il n’en perd pas son sourire. Tout va bien aller. Il est prêt à tout entendre, à tout accepter, à tout faire pour être à la hauteur de son affection. “Okay, alors on va manger ici. Je m’occupe du petit-déjeuner… Si tu veux te changer, tu peux regarder dans l’armoire, il doit y avoir ta chemise dans un coin.” Sa chemise ou plutôt celle de Bobby. Passée entre deux paires de mains différentes. Achetée par l’un, adoptée par l’autre. Une chemise qu’il n’a pas reportée. Symboliquement. A partir du moment où Snow se l’est appropriée, elle n’a plus vraiment été à lui. La chemise a porté son odeur, est devenue son empreinte.

De nouveau, il l’abandonne dans sa chambre. De nouveau, il se laisse rattraper par quelques étudiants et professeurs qui viennent discuter. Le plateau qu’il prépare pour deux attire l’attention. Évidemment. Les regards pèsent dans son dos. Mais aucune question n’est posée. De toute manière, il ne peut s’agir que de Malicia ou de Snow, c’est ce qu’ils doivent penser. A moins qu’il ait une grosse faim. Il n’utilise pas son habituelle vague glacée, l’ascension jusqu'au deuxième étage se fait donc plus lentement qu’à l’accoutumée. Il arrive tout de même jusqu’à sa chambre. Cherchant la poignée de son coude pour ouvrir la porte. Refermant le battant d’un coup de pied bien maîtrisé. Le petit-déjeuner est servi. Ils peuvent commencer à discuter. Ils peuvent se mettre à sourire, à se regarder, à discuter, à se disputer. Il dépose le plateau délicatement sur le lit. “De quoi est-ce que tu veux parler ?” Dans la chambre, ils vont pouvoir discuter librement, tranquillement. Ils ne seront pas observés de toute part. Ils ne seront pas écoutés par des oreilles indiscrètes. Ici, ils sont relativement à l’abri des curiosités. Toutefois, ce n’est pas les autres qui l’inquiètent. C’est Snow. De nouvelles révélations sont à prévoir. De nouvelles informations avec lesquelles il va devoir faire.  “C’est à propos de nous ?” Ce serait logique. Ce serait dans la continuité de leur discussion d’hier. Elle doit sûrement vouloir aborder certains points avant de se lancer à corps perdu dans leur histoire. Ils sont déjà blessés par le passé, heurtés par les erreurs de Bobby. L’objectif est de refermer le passé, de le laisser derrière eux, pour mieux se concentrer sur l’avenir. Un avenir qui sera meilleur car, il aura été préparé en fonction du passé. Ils ne peuvent pas aller de l’avant, si ils continuent à regarder en arrière. C’est simple. Peut-être qu’elle a encore des choses à lui reprocher. Peut-être qu’elle veut le mettre en garde. Peut-être qu’elle veut revenir sur certains points. Leur couple. C’est le sujet qui semble le plus logique, oui.
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«
 Une heure ce matin et on se retrouve à dix-huit heures pour ta séance ? » Un sourire se dessine sur les lèvres féminines. Il accepte finalement d’aménager du temps, de prendre en compte qu’ils sont deux, qu’ils doivent faire des concessions. Il considère enfin autre chose que son travail, il ne se noiera pas sous les dossiers - pas cette fois. Elle l’aurait accepté, pourtant. Elle l’aurait simplement attendu, parce que l’amour n’a pas tellement de limites, parce qu’elle ne croit pas que le changer soit la solution. Ils devaient s’adapter à l’autre, tendrement, avec tolérance. Elle aime être contre lui, elle aime le savoir tout proche, elle aime avoir le droit de le regarder sans culpabiliser, sans se dire qu’elle brise un interdit. Là, dans cette chambre, il est à elle, au moins pour une heure. Seulement à elle. Et lorsqu’il replace une mèche de cheveux derrière son oreille, Snow a presque l’impression d’être appréciée, même si quelque chose au fond d’elle fait naître certaines résistances, même si la peur baigne encore le coeur blessé qui saigne ses regrets. « Okay, alors on va manger ici. Je m’occupe du petit-déjeuner… Si tu veux te changer, tu peux regarder dans l’armoire, il doit y avoir ta chemise dans un coin. » Sa chemise. Il ne l’a pas remise ? Il ne l’a pas jetée ? Il y a eu un temps de latence avant qu’elle ne comprenne pourquoi, avant qu’elle n’intègre comment il pouvait qualifier le vêtement avec ce possessif. N’était-ce pas la sienne, avant tout ? A moins que son rejet de leur relation ne l’ait poussé, dans un premier temps, à la reléguer au fond d’un placard comme on enferme ses démons dans une boîte de Pandore.

Abandonnée dans la pièce, elle hésite. Il y a un noeud au fond de sa gorge. Elle ne se sent pas à sa place, elle n’a pas l’impression d’avoir des droits ici. Malicia est encore partout, elle a sans doute passé des années sur ce même lit, des soirées à discuter comme ils s’apprêtent à le faire. Dés que Bobby s’éloigne, l’insécurité refait surface. Fébrilement, elle s’approche de l’armoire, en ouvre la porte et reste plusieurs longues minutes devant les chemises, incertaine. L’oeil finit par repérer les teintes bleutées, les carreaux qu’il aime tant. Elle l’attrape, referme consciencieusement l’armoire et étale le tissu sur le lit. Longue contemplation. Elle n’est pas sûre de pouvoir, pas encore. Elle est déjà étouffée par ses peurs et elle ne trouve d’échappatoire que dans ce livre échoué sur le sol. Elle va le chercher et s’installe sur le matelas pour reprendre sa lecture.

La poignée est actionnée et Bobby ne tarde pas à réapparaître, un plateau entre les mains. Snow lui offre un sourire doux, seuls ses cheveux ayant été arrangés. Elle a gardé sa robe de chambre, incapable d’enfiler la chemise, elle n’est pas sortie s’habiller, elle s’est contentée de se plonger entre les lignes du livre comme pour éviter d’affronter ses démons. Lorsqu’il dépose le petit-déjeuner sur le lit, elle consent à abandonner ce sur quoi elle se concentrait. « De quoi est-ce que tu veux parler ? » De tout. D’absolument tout. De ces souffrance infligées mutuellement, des crises surréalistes, des déchirures partagées. Elle ne répond pas, cependant, cherchant visiblement les mots qu’il lui manque. « C’est à propos de nous ? »

La cryokinésiste se redresse un peu, croise son regard. Il faut bien commencer quelque part, n’est-ce pas ? « De la Confrérie. » Qu’il ne croit pas qu’elle remette leur couple renaissant en cause, qu’il ne se pense pas fautif, même si il faudra qu’elle lui dise combien elle a peur d’être encore laissée, d’être abandonnée. « Est-ce que tu savais qu’ils me croyaient morte.. ? » La question est posée avec douceur et pourtant il y a le besoin de savoir, de comprendre, le besoin de s’assurer que tout ceci n’était pas volontaire, qu’aucun d’eux n’a jamais cherché à la cacher, à la protéger de ceux qui étaient sa famille. « Mon rendez-vous, celui à propos duquel je t’ai laissé un mot, c’était Mystique. » Il va s’énerver. Elle sait bien qu’il va s’énerver. Ce nom le hérisse depuis toujours, lui arrache une colère dont il est peu coutumier. Elle ne lui laisse cependant pas le temps de s’agacer, ajoutant : « Je l’ignorais, je pensais rejoindre un de mes professeurs, et elle est apparue.. » Le visage familier d’un fantôme du passé, de celle à qui elle en avait voulu si longtemps. « Tu.. j’ai cru qu’elle venait me chercher, que c’était du simple profit mais elle.. je crois que le sérum fait encore effet. Tu sais ce que ça veut dire .. ? » La conclusion première pourrait se porter sur l’affectif mais ça n’est pas ce que Prudence veut dire. Elle partage désormais un métabolisme lent avec celle qu’elle considérait encore comme une figure maternelle, si après toutes ces années Mystique était encore victime des effets, une dose pourrait condamner la blonde a autant de temps coincée dans la ‘normalité’. « Elle pense que je suis en sécurité, avec vous. Avec le Professeur. » Est-ce seulement le cas ? Ne s’engageaient-ils pas dans une bataille dont tous ne ressortiraient pas indemnes ? De cette rencontre, elle n’en avait parlé à personne, craignant un retour de cette méfiance qui s’estompait à peine. Bobby pourrait-il seulement accepter ses mots ?
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