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IT'S TOO COLD OUTSIDE FOR ANGELS TO FLY.
Bobby ✧ Prudence
Le lac sous les rayons de soleil, encore timides en ce début janvier. Personne ne traîne ici, le froid et le silence si peu accueillants au regard des jeunes gens. Il n’y a qu’une âme en peine au bord de l’eau. La tempête de neige a balayé New York durant deux longues semaines, mais pour elle, rien ne change. Ses bras nus sous les températures si basses et sa longue chevelure blonde qui suit les doux remous du vent, comme si elle était imperméable au temps, comme si rien ne pouvait sortir ses grands yeux bleus des lignes tracées sur le papier ; de l’Histoire, semble-t-il. Les sorcières de Salem ou quelque chose de tout aussi ésotérique, on ne savait plus très bien, à force de la voir écumer la bibliothèques à la recherches de sujets aussi complexes que délicats. Quand ses camarades se réunissent pour s’amuser, se détendre ou discuter, elle reste à l’écart, pas vraiment ignorée et pourtant pas vraiment à sa place. Le sol sous elle est couvert d’une couche de givre dont elle n’a même pas conscience, un cercle délimitant sans doute une sorte de zone de confort, identique aux panneaux des adolescents à leur chambre réclamant de ne pas déranger. L’être humain est un animal social, dit-on. Elle aurait pu rétorquer que, sans doute, le stade supérieur de l’évolution peut en arriver à se suffire à lui-même.

Un projectile constitué d’eau. Prudence n’a ni bougé, ni sourcillé, l’attaque fut stoppée net, près, très près de sa peau. La lueur bleutée dans ses yeux fut le seul témoin d’une perturbation dans son activité, avant que la glace ne tombe sèchement dans l’herbe pour s’y briser. « Tu te fais vieux, Iceberg. » Elle est sans doute de mauvaise humeur, ou dans cet état un peu indéfinissable qui tangue entre la peur et le charme, la colère et le jeu. Le son des pages qu’elle referme et le bruit mat du livre posé avant qu’elle ne se relève, défroissant le bas fluide de sa robe blanche. Elle aurait pu paraître égale à un ange sous la neige, si elle n’avait pas eu le sang d’innocents sur les mains, par le passé. « Fais gaffe, bientôt tu auras besoin d’un pull en hiver. » Inutile de se fondre dans la masse, ici. Inutile de prétendre à une entente cordiale ou un respect d’aîné à élève. Ils avaient la glace en commun, un don qui s’électrise en face à face avec l’autre, comme deux aimants qui se repoussent inlassablement sans pouvoir s’empêcher les tentatives d’approche. Prudence ne veut pas le laisser rentrer dans sa vie, sans trop savoir pourquoi, mettant le rejet sur le fait qu’il est psychologue et qu’elle déteste être analysée. Sa mémoire enfouie, elle, noie la vérité, l’affrontement d'antan. « Qu’est-ce que tu veux ? Malicia n’est pas là, tu t’ennuis ? » La pique est vive. On ne peut cependant pas dire qu’elle se pense assez digne d’intérêt pour ne pas attirer le regard que lorsque la personne recherchée est absente.

Elle avait été mutante et fière de l’être, elle avait appris, elle avait poussé la recherche de potentiel plus loin qu’on ne pourrait le penser mais elle n’avait jamais vraiment accepté les autres, de partager quelque chose, jeune femme distante et, en fin de compte, toujours un peu craintive. Quand une peau rencontre la sienne, c’est sur son coeur que se brise l’hiver éternel. Peut-être cela avait-il changé, une fois, seulement sans souvenirs, rien n’existe vraiment. « Sois gentil, va psychanalyser quelqu’un d’autre, je ne suis pas d’humeur. » Ou plutôt son ton mordant se fait-il écho du passé - de l'époque si vivante où elle soufflait la mort.  
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et si nous étions incapables de comprendre l'ampleur de nos pouvoirs ?

L’hiver. Douce saison où les paysages revêtent une couche épaisse de neige. On retombe en enfance. On redécouvre les joies de skier, de glisser, de jouer. On s’amuse à faire des batailles de boules de neige, à pousser les autres. On s’inquiète aussi : vais-je tomber ? vais-je glisser ? L’hiver. Période festive et familiale où les familles se retrouvent autour du sapin de noël et de repas conviviaux. L’hiver. Belle période. Mais elle est si détestée par les autres. Trop froid, trop humide, trop courtes journées… L’humain est fait pour se plaindre de tout et de rien. L’hiver a toujours été la saison préférée de Bobby. Celle qui l’a vu naître. Période de sa naissance, mais aussi période où il se sent le mieux dans son environnement. Adieu la chaleur étouffante et moite du soleil. Bonjour la fraîcheur et la beauté glacée de la neige. Période pendant laquelle il aime se promener, découvrir, créer. Il se donne à coeur joie dans les créations glacées. La motivation, l’envie de progresser sont plus fortes. Il est dans son élément. Pourtant, son travail l’oblige à rester dans son bureau. Souvent, son regard clair se perd dans le blanc de la neige. Il se fait distrait. Il se perd dans la contemplation de l’extérieur. C’est d’ailleurs ainsi qu’il voit une silhouette s’éloigner. Ses pas se dessinent dans la neige. Sa robe blanche la confond avec le décor enneigé. Il ne peut s’agir que d’une personne. Prue. Enfin, Prudence. Il a appris la leçon dès le premier jour où elle est arrivée à l’Institut. Cette même personne qui avait failli le tuer. Il se remémore encore ce que cela lui avait fait. Les émotions procurées par cette peur. Il avait déjà frôlé la mort en entrant en contact avec Malicia. Mais là, cela avait été différent. Prudence était dans la Confrérie. Son but était clairement de le tuer. Tuer à petit feu, en s’en promenant à chaque parcelle de son corps. Il s’était senti geler de l’intérieur. Il avait eu l’impression d’étouffer, qu’on lui écrasait les poumons, qu’on l’empêchait de bouger. Il avait suffoqué. Il avait senti chaque cellule se geler. Il avait fini par se transformer en homme de glace. Le seul moyen d’échapper à son pouvoir. Prudence a été sa première confrontation avec la glace. Il s’était cru le seul à maîtriser la glace. Il était tombé sur un mutant ayant le même don, mais le maîtrisant encore plus. Cette rencontre l’avait ébranlée. L’a ébranlée. Il en est encore marqué. Et aujourd’hui, la personne qui a failli le tuer vit sous le même toit que lui. Sans en avoir de souvenirs. Il regarde la silhouette de Prudence s’éloigner, en direction du lac. Tous les deux sont semblables. Ils ont besoin de la neige pour se sentir bien. Il n’y a pas de meilleur environnement. Il l’envie. Il s’arrache finalement de ses pensées et se tourne vers le mutant récalcitrant assis devant lui. “Alors, Will, il paraît que tu as du mal à t’intégrer ? ” Une heure. Peut-être plus. Peut-être moins. Il ne sait jamais. Mais lorsqu’il ouvre la porte pour laisser le mutant sortir, celui-ci semble soulagé. La psychologie. Comprendre les émotions. Creuser pour trouver les causes. C’est un sport autant pour le psychologue que pour le patient. Les psy sont souvent les ennemis. Ils sont vus comme des gens cherchant à tout prix à analyser, à comprendre, à expliquer. Mais s’ils savaient… son but est loin de celui d’analyser ou de comprendre. Son but est d’aider, de guider, d’accompagner. “Hey toi ! Prudence est encore dehors ?” “J’crois, monsieur.” Regard de travers de l’élève. Évidemment. Bobby qui s’inquiète pour une autre femme que sa petite-amie. Il murmure un remerciement rapide. Il retourne dans son bureau et récupère son manteau.

Dehors, ses pieds s’enfoncent dans vingt centimètres de neige. Elle mouille le bas de son jean, s’infiltre à travers ses chaussures, gèle ses pieds. Peu importe. Cette sensation lui fait du bien. Mains enfoncées dans les poches, il avance. Il est seul. Seul dans l’immensité du jardin de l’Institut. La neige a ce pouvoir. Celui d’agrandir tous les paysages. De les rendre immenses, infinis. Il avance. Laborieusement. Progressivement. Enfin, le lac. Sa surface scintille sous les rares rayons du soleil. Miroir liquide du paysage qui l’entoure. Bobby s’arrête et contemple. Il cherche du regard. Il trouve. Prudence est assise dans la neige, penchée sur un livre. Il s’approche. Il la sait puissante. Il a subi sa puissance. Aujourd’hui, elle n’est plus cette mutante. Elle est plus faible. Mais sa force est toujours là. Elle ressort lorsqu’elle est agressée. Il l’a compris. Il est à dix mètres d’elle. Derrière. Elle se fiche de ce qui peut bien avoir autour d’elle. Elle peut glacer n’importe quoi, n’importe qui en quelques secondes. Il lève la main dans sa direction. Il étudie. Il réfléchit. Un bout de peau. La nuque dégagée. Ce sera son point d’attaque. Un jet de glace sort de sa paume et file dans la direction de Prudence. Sa course est arrêtée. Il jure que son attaque a été stoppée à quelques millimètres de la peau porcelaine. Elle ne bouge pas. Elle ne cille pas. “Tu te fais vieux, Iceberg.” Le ton n’est pas amical. Il s’y attendait. Elle ferme brutalement son livre. Fâchée. La conversation risque d’être houleuse. Ou peut-être devrait-il parler de confrontation dans leur cas. Elle se lève. Pour n’importe qui, elle peut sembler totalement folle de sortir sans autre vêtement que sa robe. Pour eux, cela paraît normal. Ils sont la glace. Ils sont le froid. “Fais gaffe, bientôt tu auras besoin d’un pull en hiver.” La provocation glisse sur lui. La méchanceté, le rejet, est une technique pour repousser toute personne souhaitant entrer dans sa vie. Il le sait. Il la comprend. Dans son subconscient, quelque chose doit lui dire qu’il est dangereux. Il ne lui en a jamais parlé. Il ne le fera pas. Pas tout de suite. Pas maintenant. Un jour. Lorsqu’elle aura repris confiance en elle. Lorsqu’elle aura découvert le potentiel de son don. “Qu’est-ce que tu veux ? Malicia n’est pas là, tu t'ennuies ?” Typique. Un sourire étire le coin de sa bouche. Elle cherche à toucher la corde sensible. A sa manière de s’isoler et de ne s’attacher à personne, il a compris depuis longtemps qu’elle considère l’amour comme une chose inutile, futile. Un signe de faiblesse d’esprit. “C’est gentil de t'inquiéter pour moi.” Elle ne s’inquiète pas. Loin de là. Mais la provoquer est obligatoire pour la débloquer. Pour débloquer ses capacités.

Elle le déteste. Elle déteste ce qu’il représente. Elle déteste ce qu’il souhaite faire. Pas besoin d’être un génie ou un psychologue pour le savoir. Peu importe. Il ne cherche pas à se faire des amis. Il cherche à aider. Il s’approche de quelques pas. Il ne perd pas son sourire. Un sourire narquois. Un sourire qui l’énervera. “Sois gentil, va psychanalyser quelqu’un d’autre, je ne suis pas d’humeur.” Cette phrase, il l’entend souvent. Presque tous les jours. On le rejette souvent. Il a l’habitude de faire face à des mutants récalcitrants, renfermés, violents. Ce que Prudence n’a pas encore compris, c’est qu’il est tenace. Extrêmement tenace. Il ne laissera pas tomber. Il la poussera dans ses retranchements. Elle finira par accepter son aide, que cela soit amical ou pas.  “Tu sais, je suis peut-être psychologue, mais je ne passe pas mon temps à décrypter tout le monde.” Il fait encore quelques pas. La distance qui les sépare se réduit. Il n’a pas peur. A une époque, il aurait craint de s’approcher trop près. Plus maintenant. De même que provoquer n’est pas naturel pour lui. BIen plus habitué à la négociation et au calme. Du regard, il avise cette zone givrée délimitée autour d’elle. Elle crée des phénomènes autour d’elle dont elle n’a pas conscience. Il relève ses yeux. Les prunelles de Prudence sont d’une couleur étrange. Un bleu intense. Un bleu qui fait penser à un océan de glace. “C’est très joli ce que tu as fait. Ça te dérange, si je… ?” Il montre du doigt le cercle et pose le pied dedans. Délibérément. Il est dans sa zone. Dans son intimité. Sans permission préalable. Ce n’est qu’un cercle. Pourtant, il représente tant de choses pour elle.

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Bobby ✧ Prudence
« C’est très joli ce que tu as fait. Ça te dérange, si je… ? » La glace s’étend, le cercle de givre s’agrandit, englobe les pas de l’homme. Sur la surface, le dessin d’un flocon, semblant sculpté sans effort, sans raté. Elle n’a pas baissé les yeux pour voir ce qu’il se passait, pas de suite, figée par l’intrusion dans son espace vital, personnel, de solitude et de silence. Il ne la laisse pas tranquille, il lui refuse cette paix à laquelle elle aspire. Son don, pourtant, la contredit. La neige offre presque un décor de film, et bloquée sur le regard clair de Bobby, Prudence n’ose aucun geste. Il est l’intrus. Une part d’elle s’agite, se rebelle, se révolterait si elle le pouvait, et l’autre fait naître un sourire en coin, onde sur la surface de son visage habituellement toujours si distant ou contrarié. Il a supprimé l’écart entre eux, provocation non dissimulée. Alors la main de la jeune femme se pose sur le torse, à plat ; sous ses doigts, une surface glacée fait son apparition, légère, presque chaleureuse - si l’on considère le phénomène d’un point de vue de mutants dont c’est l’élément, évidemment.

« Et après .. ? Tu vas me faire un bonhomme de neige pour m’adoucir ? » Charme inattendu. Le ton de miel et l’éclat de vie dans les yeux trop bleus. La robe blanche suit les mouvements de l’air. De l’extérieur, la scène serait presque ambigüe. Eux savaient, ils étaient conscients que la tension ne supposait pas de sentiments profonds - ou s’ils l’étaient, ils correspondaient bien plus à un tourbillon de défis, de tentatives pour faire abdiquer l’autre. Prudence ignorait peut-être le passé, mais son corps, son inconscient n’avaient pas totalement tiré un trait. Elle était toujours l’enfant rejetée par des parents trop croyants, par un Dieu injuste et une société raciste. Elle était ce que Bobby n’était pas devenu. Perturbée et, sans doute, un peu terrifiée dans son fort intérieur par l’idée de contact. Longtemps, elle s’était convaincue que sa punition consistait à semer la mort, à ne jamais aimer ; la glace n’a pas de sentiments, la glace est désagréable, lointaine et meurtrière pour le monde. La glace est belle aux yeux mais cruelle à l’âme, sur l’épiderme fragile des Hommes. Et, après tout, Iceberg avait choisi une femme pour laquelle le toucher était interdit, n’était-ce pas donner raison à ses propres préjugés ? Pas de flamme passionnée pour un coeur gelé.

Derrière elle, la neige subit un mouvement, sculpte ce qui apparaît comme les jets d’une fontaine inexistante, figés ainsi à l’abri du temps, peut-être une métaphore de ce qu’ils furent, prisonniers de camps différents, d’idéaux opposés, que l’esprit de la mutante extériorise sans demander d’avis ou d’autorisation. Elle avait toujours eu tendance à créer, de ces petites statues égarées qui finissaient par fondre, éphémères et joueuses. Il y avait de la vie derrière les barrières de protection qu’elle avait constitué, pour se protéger d’on ne savait trop quoi. Il était psychologue mais ne passait pas ses loisirs à analyser les gens, n’est-ce pas ? Il était toutefois difficile de ne pas l’analyser elle et les manifestations de son pouvoir, de ces talents communs. Sa paume toujours là, sur le tissu. « Qu’est-ce que tu veux ? » La question tombe doucement, flocon tendre quand elle laisse son bras revenir le long de son corps. Elle ne comprend pas bien ce qu’il cherche. Ses cauchemars lui rappelaient souvent le chaos dans New York et ce sentiment cruel d’abandon. La tristesse au fond des prunelles claires, toujours un peu là, toujours sous la surface. « Si c’est pour que je rentre, tu sais que c’est inutile. » Un silence. Elle est un peu moins sur la défensive mais elle s’écarte, réajuste la distance, la plaque verglacée suivant le mouvement, réanimant le cercle qui les entoure, luit un instant. « Je n’ai pas envie de rester enfermée quand il y a tout ça, là, tout près. » Ce désert de neige tellement attirant. Il comprendra. Elle aimerait qu’il comprenne, qu’il n’essaye pas encore de la changer.   
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et si nous étions incapables de comprendre l'ampleur de nos pouvoirs ?

Pénétrer dans sa bulle est une audace qu’il ne se permet pas avec tout le monde. Chacun a besoin de son espace. Chacun a besoin d’avoir une distance avec les individus. En particulier quand, comme Prudence, le contact physique est insupportable. Pourtant, le voilà qu’il pose un pied dedans. Il la regarde dans les yeux. Il surveille sa réaction. Il lui semble qu’elle se fige. Qu’elle est tendue. Il comprend que jamais personne n’avait fait cela. Personne ne s’était permis de passer outre ses réticences. Elle ne bouge pas. Il imagine qu’un combat intérieur se déroule. Le repousser ou rester de marbre ? Lui faire payer ou s’éloigner ? Il a visé juste en posant le pied dans sa bulle. Il le sait. La tension de Prudence en est la preuve. Et puis, elle le surprend. Elle sourit. Son visage se détend. Une once de chaleur envahit son doux visage glacé. Un sourire. Elle aurait pu le givrer, le pousser, le frapper. Il s’y serait attendu. Mais un sourire... Elle ne le voit pas totalement comme un être désagréable. Il lui rend son sourire. Peut-être que son approche fonctionne enfin. Un vain espoir. La glace ne craint pas la glace. Elle peut se permettre de relâcher sa vigilance, de ne plus être sur la défensive à ses côtés. Au contact d’une autre personne, cela change. Elle est capable de tuer, de briser, de givrer cellule après cellule. Il est le seul qui puisse survivre. En tout cas, pour l’instant. Il est l’unique personne avec qui elle puisse avoir un contact. Le seul qui lui pourrit la vie. Elle pose délicatement sa main sur son torse. Il n’a pas besoin de baisser les yeux. Il n’a pas besoin de voir la légère couche de glace se former sur ses doigts. Il n’en a pas besoin. Il la sent. Il la sent prendre naissance sous la paume de Prudence et s’étendre autour. Quelques centimètres carrés de glace qui veulent dire beaucoup. Amitié. Confiance. Il ne bouge pas. Il ne souhaite pas briser ce moment où elle s’ouvre à quelqu’un. “Et après .. ? Tu vas me faire un bonhomme de neige pour m’adoucir ?” Bobby sourit. Amusé. Son ton mielleux contraste avec celui qu’elle avait, deux minutes plus tôt. Son expression aussi. La barrière semble être levée. Il est là, dans sa bulle. Elle l’accepte. Cependant, pas totalement. La provocation est toujours quelque part. Tapie dans l’ombre. Elle attend. Elle guette.

Quelque part, derrière cette façade de reine des neiges, Prudence est humaine. Elle a des sentiments. Elle est probablement douce et attentionnée. Elle a passé trop de temps à se battre. Contre elle. Contre son pouvoir. Trop de temps à s’oublier elle-même. De loin, un spectateur extérieur pourrait même croire que Prudence et Bobby s’entendent bien. Trop bien. Cette proximité. Ce contact. Cela ne plairait pas à Malicia. Malicia dont le pouvoir refuse tout contact. Les choses sont étranges. Prudence s’interdit de toucher les gens. De peur de les tuer. De peur de leur faire du mal. Pour Malicia, ce n’est pas tant elle qui l’a décidée. Elle en a été forcée. En se plongeant dans les prunelles de Prudence, il se dit que Malicia a peut-être quelqu’un dans le monde. Une personne capable de supporter ses pouvoirs. Une personne qui serait capable de la toucher sans mourir, de l’embrasser. Une personne qui aurait le même don qu’elle. Ils s’annuleront. Ils s’annuleront pour les unir. La chaleur de la glace le ramène au moment présent. Oxymore de leur vie. Doux rappel à la réalité. “Qu’est-ce que tu veux ?” Sa question tombe doucement entre eux. Elle ferme la parenthèse. Elle casse le pont qu’il avait réussi à construire pour aller jusqu’à elle. C’est fini. Elle retire sa main. Il ne peut pas lui dire. Il ne peut pas lui expliquer qu’elle avait failli le tuer auparavant. Cela serait lui faire comprendre son potentiel, mais aussi la briser. Son regard sur lui changerait. Elle le trouverait menaçant, bizarre ou complètement fou. Elle le craindrait, elle se trouverait monstrueuse d’avoir essayé de tuer un semblable. Une autre personne qui maîtrise la glace. Une des seules qui survivent à son toucher. Il ne peut pas. Pas encore. Un jour viendra où il lui dira. Quand elle sera plus puissante. Quand elle comprendra que les autres peuvent lui survivre. “Si c’est pour que je rentre, tu sais que c’est inutile.” Elle ne le connaît pas. Il est comme elle. Les instincts défensifs et le passé meurtrier en moins. Il est fait de glace. Il est la glace. Les températures en dessous de 5° sont celles qu’il supporte le mieux. Elle ne le connaît pas. Elle s’éloigne doucement. Le moment est vraiment terminé. Elle reprend de l’aplomb. Elle se refuse à elle-même toute proximité, tout contact prolongé avec une personne. Elle est cruelle envers elle. “Je n’ai pas envie de rester enfermée quand il y a tout ça, là, tout près.” Elle agit telle une enfant. Elle se voit mieux à l’extérieur qu’à l’intérieur. Alors que toutes les vies humaines sont bien au chaud. Vivre seul n’est pas possible. Même un coeur glacé a besoin de la chaleur de l’amitié pour vivre. Sans le feu de l’amour, il est condamné à mourir, à s’atrophier, à geler jusqu’à ne plus pouvoir bouger. Même eux y ont le droit. “Je sais.” Sa réponse glisse doucement, au gré du vent. Il le sait mieux que quiconque. La neige est son élément. Tous les ans, il attend patiemment que la canicule de l’été passe pour laisser les flocons s’installer. Il patiente pendant des mois. Il prend son mal en patience, sachant que la délivrance arrive bientôt. Il le sait. Rester enfermé dans un bureau pendant que les flocons tombent est toujours une déchirure. Même les enfants vont plus souvent jouer dans le neige que lui.


Je ne vais pas te demander de rentrer. Je serais mal placer de t’en faire la demande.” Il enfonce ses mains dans le blouson. A la chaleur. Même lui recherche la chaleur. Comment fait-elle pour s’isoler de tout, dans son palais invisible ? Il ne le pourrait pas. Dans les moments difficiles, il sait que Malicia, Kitty, Ororo et même Logan sont là. Il peut compter sur eux. Et l’inverse est également vrai. C’est cela l’amitié. Se tendre la main. Être là dans les bons et les mauvais moment. Partager. “Je sais que l’on se sent mieux ici que n’importe où. Si je le pouvais, je resterais dehors toute la journée. J’embarquerais mon bureau dans le jardin et je ferais mes consultations dehors. Mais je ne le peux pas. Des gens comptent sur moi, à l’intérieur. Et des gens comptent aussi sur toi, Prudence. Je compte sur toi.” Il prend cinquante ans. Il a le sentiment d’être un vieux professeur qui fait la morale à son élève. Il se déteste ainsi. Il se demande souvent où sont passées ses années d’insouciance. Probablement sont-elles restées dans la glace le jour où tout le monde a découvert ses pouvoirs. Le jour où il a failli tuer un crétin. Il essaye de la responsabiliser. De la faire agir autrement que comme une fillette solitaire. Il sent que ce n’est pas ainsi qu’il y arrivera. Il sent qu’il n’y arrivera pas. De quelques manières que ce  soit. “A une époque, tu as été puissante. Très puissante, même. Je veux t’aider à le redevenir.” C’est là qu’il agit. Il sort sa main. Blanche. Bleutée comme la glace. Le jet de givre sort. Gèle l’environnement. Envahit les pieds de Prudence. Il monte. Glace sa peau nue, les pans de sa robe. L’attaque de l’adversaire est la meilleure manière d’apprendre. De se pousser dans ses retranchements. De découvrir son potentiel. L’attaque est ce qui révélera Prudence.

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Bobby ✧ Prudence
« Je ne vais pas te demander de rentrer. Je serais mal placer de t’en faire la demande. » En effet. Mais ce qu’il dit n’atteint pas totalement la jeune femme, car si lui est attendu à l’intérieur pour offrir de l’aide, ça n’est pas son cas ; elle ne pense pas que qui que ce soit ait besoin d’elle. Je compte sur toi, a-t-il soufflé. Et elle a juste fait « non » d’un signe de tête, baissant les yeux. nul n’a besoin d’un second congélateur. Bobby savait offrir la douceur de la neige, Prudence n’en était que le froid mordant. « Je.. » Il parlait de la puissance. Si elle a voulu répliqué d’une phrase acide, elle n’en a pas eu le temps : le sol s’est gelé, l’atteignant, remontant sur sa peau, sur sa robe ; c’est la peur qui s’est peinte sur les traits féminins. Pourquoi ? Elle lui avait ouvert un peu d’espace et il la trahissait, comme chacun finirait par trahir une once de confiance accordée, parce que les êtres humains sont faits ainsi, parce que même les mutants n’échappent pas toujours à cet état de faits. Une chose différenciait Iceberg de Snow : elle ne savait pas se changer entièrement, elle ne savait pas faire de son corps l’élément dont elle était pourtant maîtresse, sa mutation ayant sans doute pris un chemin différent ou n’étant peut-être pas encore complète - elle glaçait les liquides, savait en repérer les particules, alors plus proches d’un repérage des liquides. La glace est un état de l’eau, vous dirait-elle.

Rien. Elle ne parvient à rien. Les images se bousculent, elle revoit Alcatraz et ses combats sans fin, elle revoit la fuite, la crainte, l’invasion de ces autres mondes dans le leur, les masques de ces héros qui se sont battus. Elle voit presque défiler tous ces cauchemars dont elle ne saisit rien et qui la hantent, la nuit, ou lorsqu’une crise menace. Elle a peur. La respiration s’accélère et la première larme coule, se cristallisant sur sa joue. Crac. La glace se fissure autour. Elle est à l’endroit où se tient normalement le lac, elle est au dessus de l’eau. Ses talents se fichent de ce genre de logique ; tout ce qui tourne dans ses instincts, c’est le danger. Elle n’a pas l’air d’avoir besoin de ses mains. Oui, elle s’en sert quasiment toujours, au regard des autres, pour faire bouger, diriger, mais ça n’est pas réellement nécessaire, Bobby l’a sans doute remarqué : la force de sa pensée suffisait amplement - avant. L’implosion est brutale, contre la progression de ce qui pourrait la changer en statue hivernale, rejetant des cristaux glacés comme mille paillettes au milieu d’une neige éternelle.

Le corps tombe lourdement sur le sol artificiel craquelé. Froid. Elle a froid, comme le jour où on l’a retrouvée, près de l’institut, et elle tremble. Etait-ce possible qu’elle en vienne à attaquer sa propre enveloppe charnelle, par rejet, par crainte d’elle-même ? Elle n’avait pas manifesté ce type de problème lors de leur unique et dangereuse confrontation. Les émotions ont toujours une influence sur le contrôle, c’était son mode de pensée. Les larmes roulent sans fin, tombant en flocons ou givrant sur la peau porcelaine. Il avait osé secouer les barrières, heurter les certitudes, malmené la mémoire. « L-Laisse-moi. » Elle claque des dents, la voix tremblante et la peur à fleur de mots. Elle ne comprenait pas, elle ne pouvait pas comprendre comment le froid pouvait ainsi l’atteindre, elle qui quelques minutes plus tôt était insensible aux basses températures. Ca n’avait aucune logique, aucun sens. Elle se sentait malade et terrifiée. Tous ces souvenirs qui se bousculent. Juste être seule, juste s’isoler, attendre que ça passe, sans personne, sans être vue. Elle avait tout fait pour ne jamais se montrer faible en présence des autres, instable certes, en maîtrise aléatoire de son don, mais jamais dans cet état, jamais comme ça, pour ne pas être couvée, ne pas être surveillée. Quoiqu’on en dise, Bobby était membre du personnel, il n’était plus élève et sa parole avait un poids en ce qui concernait les pensionnaires - pire, possédant une mutation similaire, il serait d’autant plus écouté. Prudence ne voulait ni attention ni inquiétude de la part d’autrui - elle était déjà assez observée de part son camp passé, de part cette amnésie qui persistait. « Va-t’en ! » Agression ou supplique, difficile à déterminer. Détresse. Et la couche épaisse, givrée, qui persiste à craquer, menace de céder, de la plonger au fond du lac si froid. 
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et si nous étions incapables de comprendre l'ampleur de nos pouvoirs ?

Il se débat avec ses propres mots. Ses propres pensées. Comment est-il censé lui faire comprendre que ce qu’elle est est incroyable ? Comment lui prouver que la neige n’est pas que dangereuse ? La neige peut l'être, certes. Mais elle peut être tellement d’autres choses. Elle peut être amusante. Elle peut être malicieuse. Elle peut être joueuse. Elle peut être agréable. Elle peut être douce. Elle peut être poétique. Pas seulement dangereuse. Violente. Agaçante. Ou meurtrière. Prudence ne connaît que cette version de la neige. Elle ne voit que son mauvais côté. Il veut lui montrer qu’elle peut être autre chose. Mais elle fait non de la tête. Non, elle ne veut pas qu’on l’attende. Non, elle n’est attendue personne. Non. Pas de question. Juste un signe. Il a l’habitude. De nombreux mutants débarquent ici en pensant être des monstres. Avec le temps et la maîtrise, ils apprennent. Ils découvrent la beauté de leur don. Ils apprennent à les utiliser de manière magnifique. Il faut du temps. Parfois beaucoup de temps, comme avec Malicia. Mais Prudence y arrivera. Même s’il place des espoirs en elle, il ne sait comment lui expliquer. Chaque phrase positive qu’il tente semble tomber à l’eau. Elles sont vides de sens pour Prue. Vides de tout. Alors, il fait ce qu’il a l’habitude de faire. Il la violente. Il la pousse dans ses retranchements. Il la provoque. Il la titille. Cette fois, il fait d’elle une statue de glace. Les langues givrées lèchent ses pieds, grimpent le long de ses chevilles, lui chatouillent les genoux, grimpent sur sa robe. Il voit son expression changer. La douleur de la trahison. La douleur de la peur. il voit son visage doux se transformer en un masque de peur et de souffrance. Des émotions idéales pour explorer ses pouvoirs. Des émotions idéales pour pousser son don à sa manifester. Il la voit figer. Incapable du moindre mouvement. La peur la bloque. Lorsqu’elle sera prête, la première chose qu’elle apprendra sera de ne pas laisser la peur parler et prendre le contrôle de son corps. Elle le saura un jour. Un jour, elle l’a su. Il l’observe faire face à ses démons. Il la regarde changer d’expression. Pleurer. Une larme perle sur sa joue. Une larme froide. Une larme de glaçon. Crac. Les yeux de Bobby descendent. Ils rencontrent le sol glacé. Elle se libère de son étau de glace. Elle s’élève. Elle se déplace. Elle s’éloigne au-dessus du lac. Elle s’immobilise. Dans l’esprit de Bobby, une seule question : qu’a-t-il fait ? D’en bas, il la voit lutter contre ses démons. Lutter contre ses souvenirs. Lutter contre elle-même. Il a réveillé une chose douloureuse en elle. Une chose qui lui échappe, mais qu’il regrette maintenant. Il tente de l’appeler. Il l’appelle. Mais elle n’entend rien. Le son de sa voix ne porte pas jusqu’à elle. Il ne parvient pas à traverser son mal-être. Il s’apprête à courir vers elle. Mais trop tard. Elle descend. Elle chute. Son corps n’est qu’un pantin désarticulé.  

Il pousse un cri. Un “non”. Il la voit tomber au ralenti. Comme dans un mauvais film. Il l’imagine frapper le sol avec violence. Il pense déjà l’avoir tuée. Elle tombe et il ne peut rien faire. Elle tombe et il regrette. Elle tombe. Elle frappe le sol glacé. Mais elle a les yeux ouverts. Elle respire. En vie. Un soulagement temporaire l’envahit. Il le chasse rapidement. A quelques mètres de lui, Prudence tremble. Elle tremble de froid, de peur, d’émotions. Elle tremble parce qu’elle est arrivée au bout d’elle-même. Il en est la cause. C’est la première fois qu’il assiste à cela. La première fois. Il ne l’a jamais vue aussi faible, aussi perdue. Même pas le jour où elle est arrivée à l’Institut. “L-Laisse-moi.” Gifle virtuelle. Coup de poing invisible. Elle le repousse. Elle lui donne l’ordre de s’éloigner. De partir. Il n’a pas envie. Repousser ses limites. La provoquer. Il l’avait voulu. Mais pas au point de la rendre malade. Qu’est-ce qu’il lui a pris, bon sang ? Il a le sentiment que ce qui est arrivé. Ce que subit Prudence. C’est de son fait. C’est lui qui l’a créé. Il sait ce que vit Malicia, maintenant. Il sait ce qu’elle ressent lorsqu’il frôle ma mort. Lorsqu’elle le voit reprendre son souffle, retrouver son équilibre. Il sait. Et il s’en veut. Terriblement. Il ne quitte pas Prudence du regard. Quoiqu’elle veuille, quoiqu’elle désire, il ne le fera pas. Il ne partira pas. Il ne le peut pas. “Va-t’en !” La violence de sa demande percute Bobby. Il ne s’y attendait pas. Il reste figé. Même dans la douleur, dans la faiblesse, elle parvient à trouver la force de le repousser. Elle fait partie de ces gens qui n’aiment pas se montrer quand ça ne va pas. Il la regarde longuement. Il ne réfléchit pas. Sa décision est déjà prise : il restera là. Mais comment faire ? Présence discrète. Rassurante. Son regard accroche un détail sur la surface de la glace. La couche glacée sur le lac. Elle se fissure. Elle craquelle. Elle menace de se briser sous le poids de Prudence. Cette vision le projette quelques années en arrière. Quand il avait voulu marcher sur le lac glacé, près de chez ses parents. Son père avait failli mourir. Il avait découvert son pouvoir ce jour là. Il s’approche du bord du lac. Il pose un genou à terre et un doigt sur le lac. L’eau est glacée. Le contact froid lui arrache un frisson. De son index sort des nuées verglacées qui coulent le long du lac gelé. Elles viennent renforcer la surface. Solidifiées la glace. Réparées les fissures. Il retire son doigt. Prue ne risque plus rien. Pour le moment. Il se relève. Il hésite. Il sait qu’elle le repoussera s’il la touche. En temps normal déjà, elle n’aime pas le toucher. Encore moins maintenant. Mais il s’avance. Pas après pas, il se rapproche d’elle. Il enlève son blouson. Vêtement futile. Il n’a pas froid. Il le dépose sur les épaules de Prudence. Et il s’éloigne de nouveau. Quelques mètres. Quelques pas. Il s’assoit au milieu du lac. Non loin d’elle.

Son corps est pris par les tremblements. La froid. La peur. Les émotions. Il ne saurait en définir la cause. Il voit seulement le résultat. Il ne la quitte pas des yeux. De crainte qu’elle disparaisse. A une époque, il aurait eu du mal à s’inquiéter pour elle. A vouloir la protéger. A une époque, elle l’aurait tué de l’intérieur, en retournant son organisme contre lui-même. Mais cette époque est révolue. “Je ne sais pas si tu t’en souviens, mais quand tu étais dans la Confrérie, nous nous sommes rencontrés.” Sa voix n’est qu’un murmure. Un murmure puissant que le vent transporte. Aussi léger qu’une plume. “Tu maîtrisais la glace. Je me suis donc chargé de toi. Les autres n’auraient rien pu faire, de toute manière. Tu étais forte. Très forte. Je me rappelle encore comment tu as failli me tuer. J'ai senti chaque cellule se geler. J’étais à terre quand j’ai compris que tu ne pourrais rien si je devenais entièrement la glace. Si je te devançais dans ton projet de me tuer. Alors, je me suis transformé. Ca ne t’a pas plu, mais je me suis sauvé.” Son regard est perdu à l’horizon. Il ne se sait pas pourquoi il parle. Les mots lui sont venus. Il n’a pas eu à réfléchir. Ni à les bloquer. Ils étaient au bord de ses lèvres. Depuis le temps, il était temps qu’ils sortent. Il repose son regard sur Prudence. “A une époque, tu étais extrêmement puissante. Tu maîtrisais encore mieux tes pouvoirs que moi. Tu étais… incroyable.” Il la voit encore, se dresser devant lui. Les yeux glacés. Le visage déterminé. Elle était impressionnante. Elle l’est encore. Elle a perdu de sa superbe, mais elle reste la même. “Tu as cette force en toi, Prudence. Tu dois cesser de te faire peur et laisser ton pouvoir s’exprimer. J’ignore ce qui te bloque…” Il prend une seconde. “Je suis désolé pour ce que j’ai causé. Je croyais t’aider.” Il ignore ce qu’il a fait. Les dégâts qu’il a pu commettre. Il se rend seulement compte que l’état de Prudence n’est pas normal. Il se demande même si elle l’entend. Il ignore tout.


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Bobby ✧ Prudence
Le blouson est chaud. Elle ferme les yeux, sans un mot ; il a renforcé la surface couvrant le lac, elle l’a senti, n’a pas bougé. Rien ne semble la sortir de cette torpeur, de ces incessantes images de mort, de douleurs, de guerre. La Confrérie la hante moins que le reste, parce qu’elle n’y est restée que peu de temps, quelques mois avant la terrible bataille d’Alcatraz ; sans doute a-t-elle eu l’étiquette de mutante affiliée à Magneto plus longtemps que la réalité des faits. C’est les invasions qui forgent les traumatismes profonds, la présence de ces indomptables divinités, le Mal qui l’a rongée elle autant que bien d’autres, ce vice qui pousse à tuer pour le profit, ou simplement la survie. L’humanité n’est pas toute rose, elle a ces rejets aussi, ceux qui font de la différence un crime. « Je ne sais pas si tu t’en souviens, mais quand tu étais dans la Confrérie, nous nous sommes rencontrés. » Silence. Ca ne lui revient pas. Elle revoit la folie du Phoenix, elle revoit la destruction instantanée de beaucoup, mais pas cette rencontre, pas de suite. « Tu maîtrisais la glace. Je me suis donc chargé de toi. Les autres n’auraient rien pu faire, de toute manière. » Prudence n’a pas l’air d’entendre, les yeux fixés sur un vide infini. Elle respire, elle tremble, de là à déterminer si elle est consciente, de l’extérieur, cela était difficile. « Je me rappelle encore comment tu as failli me tuer. »

Un flash la heurte, fige le corps frêle. La glace qui s’infiltre, ce froid intérieur qu’elle impose, cette nécessité de tuer pour vivre. Le jeune homme à terre. Et ça s’efface, comme un poignard qu’on retourne et qu’on retire à vif. Elle a pris sa tête entre ses mains, secouée de sanglots ; elle ne veut peut-être pas se rappeler. « A une époque, tu étais extrêmement puissante. Tu maîtrisais encore mieux tes pouvoirs que moi. Tu étais… incroyable. » Le non de son visage est un refus répété, une négation absolue de ce qu’elle a été ; il y a cette colère qui s’impose, revient ronger le coeur de glace, enflammer d’une volonté volcanique de vengeance la terre enneigée de son âme. « Tu as cette force en toi, Prudence. Tu dois cesser de te faire peur et laisser ton pouvoir s’exprimer. J’ignore ce qui te bloque… » Blottie dans le blouson qu’elle finit par resserrer contre elle, un peu plus, retrouvant cette posture terrifiée et immobile, elle nage entre les souvenirs et la réalité trop complexe. Incroyable. Personne ne pouvait dire cela de la froide jeune femme dont on n’ose jamais vraiment trop s’approcher. Des mutantes intouchables, il y en avait, comme Malicia dont le pouvoir mortel l’isolait ; Prudence était de celles qui avaient la possibilité de toucher mais qui s’y refusaient.

« Je suis désolé pour ce que j’ai causé. Je croyais t’aider. » Elle se redresse, d’abord à genoux, puis debout, maladroitement. Froid, elle a toujours tellement froid, et sur ses lèvres le reflet bleuté si caractéristique des insupportables températures. Une chute est retenue de justesse par la glace qui forme naturellement une petite colonne à laquelle elle se rattrape : tout semble réagir au danger ou à l’intuition, au besoin, en un instant, sans effort visible. « Le feu.. » lui souffle-t-elle, en revenant vers lui. « A la glace, on oppose la chaleur, les volcans.. » Elle reste logique, même dans cet état, il semble qu’elle ne cesse de réfléchir, sûrement pour repousser l’inéluctable discussion autour de ce passé qu’elle a oublié, en partie. « On n’oppose pas le froid au froid ; contre productif. » Parce que quoiqu’ils en disent, l’attraction de l’élément commun est réelle, indéniable, que ce soit dans une compréhension mutuelle ou une opposition farouche, il y avait résonance. « On-On peut pas.. j’aurais pas pu.. » te tuer. Ca se lit sur le bout de ses lèvres, sans que le son ne suive - elle lui tombe presque entre les bras. Le refus du contact s’annule brusquement, et elle cherche à se lover contre lui, sans ambiguité aucune : elle est frigorifiée et cherche le seul moyen d’annuler la sensation brusque d’hypothermie. Bobby peut être la glace. Prudence semble ne pas avoir complété sa mutation, pas assez ou sans suffisamment de maîtrise pour ne pas s’autodétruire, par moments. Au bout des doigts de la demoiselle, l’élément aux teintes pures, qui paraît lentement couvrir la peau, d’une fine couche. Juste les doigts. Le blocage psychique a peut-être affecté plus qu’on ne le pensait - si elle se laissait analyser, si elle acceptait des soins, au moins. Mais non, elle est têtue.

« .. je dois pas .. je pourrais faire du mal aux autres. Je n’ai pas le bon coeur des trois quarts des élèves.. » Il y avait toujours eu quelque chose de moins compatissant, moins susceptible de pitié chez Prudence, pas une réelle carence, pas une incapacité, juste une forme de refus à céder à ces penchants là, parce qu’on la blesserait forcément, piquée en pleine poitrine, comme face au dégoût de sa mère, aux reproches de sa soeur. Elle les avait tué, du moins le croyait-elle, par excès de rage. On n’avait retrouvé que le corps de Madame Rosebury, prise au piège dans la glace. Pas Temperance, pas Jeremiah. Cela, cependant, elle n’en avait pas de souvenir. Ils étaient morts sous sa volonté, selon sa mémoire. « Je suis dangereuse parce qu’un jour, je l’ai voulu. Les X-Men ne le sont jamais par désir, n’est-ce pas ? Si je n’ai pas évolué comme toi.. c’est peut-être parce que je.. » Elle a baissé les yeux, tremblante. Peut-être parce qu’elle a eu la volonté de chercher le fond le plus meurtrier de sa mutation.  
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et si nous étions incapables de comprendre l'ampleur de nos pouvoirs ?

Il inverse les rôles. Il n’est plus le psychologue. Il se confie. Il se livre à Prudence. Il se livre à elle. Un fragment de vie en commun. Un souvenir qui pourrait l’aider, elle. Qui pourrait lui faire comprendre. Il ne sait pas pourquoi. Les mots sortent. Seuls. Les lèvres n’ont pas besoin de sa volonté. Elles remuent. Elles articulent. Il se confie. C’est tout ce qui importe. Là, au milieu de la neige. Au milieu du froid. Dans leur élément. Ils sont chez eux. Partout où le froid est. Il parle de ce jour. De ce jour où il a cru mourir. Il s’ouvre dans un univers blanc. Glacé. Des sanglots. Les pleurs de Prudence lui parviennent. Il est face à un cas difficile. A une conscience qui protège sa propriétaire. A une volonté d’oublier. Oublier quoi. Oublier qui. Personne ne le sait. Encore moins la principale concernée. Elle ignore ce que son esprit essaye de lui cacher. Il n’imagine pas ce que cela peut faire. Perdre une partie de sa vie. Perdre son identité. Perdre ses réflexes. Prudence est courageuse. Forte. Bien plus qu’elle ne le pense. En perdant son identité, il y en a qui aurait craqué. Pas elle. Même si elle se replie sur elle. Même si elle tremble à l’idée de se souvenir. Même si elle a peur. Elle est courageuse. Il a terminé de parler. Il laisse le silence retomber. Le vent reprendre ses droits. Il laisse les secondes s’égrener. Son regard clair quitte les arbres. Il se pose sur Prudence. Son corps est secoué. Par les sanglots. Par les tremblements. Par le froid. Avoir froid. Une sensation qu’il ne connaît pas. Il a oublié ce que cela faisait. Aujourd’hui, il s’habille plus par commodité. Pour être normal. Pour se fondre dans la masse. Il n’en a pas vraiment besoin. Il la voit se dresser. Tel un oisillon. Elle procède par étape. Elle se met sur ses genoux. Sur ses pieds. Elle vacille. Elle tient bon. Elle se dresse, telle un oiseau prenant son envol. A son tour, Bobby se met sur pieds. Il agit doucement. De crainte de l’effrayer. De crainte de casser la fragile confiance qui se réinstalle. Il attend. Il voit la teinte bleutée qu’elle prend. Il devine le froid qui l’envahit. Elle perd l’équilibre. La glace se soulève pour créer une béquille. Une béquille de fortune. Une béquille provisoire. “Le feu…” Elle divague, pense-t-il. Le froid a atteint son cerveau. La maladie lui fait perdre toute cohésion. Le feu. A moins qu’elle ne cherche à transmettre un message ? Quête de la chaleur pour fondre ses défenses givrées ? “A la glace, on oppose la chaleur, les volcans...” Elle continue de sortir ses phrases. Logique. Factuelle. Elle se repose sur les faits. Elle souffle. Elle cherche sa respiration. Elle cherche les mots. Il la regarde. Médusé. Elle semble habitée. “On n’oppose pas le froid au froid ; contre productif.” Il fronce les sourcils. Elle essaye de lui transmettre un message. Il n’arrive pas à le saisir. A l’attraper au vol. Il lui échappe. Alors, il patiente. Il la laisse parler. Il la laisse exprimer ce qu’elle a sur le coeur.

On-On peut pas... j’aurais pas pu...” Le tuer. Elle n’aurait pas pu. Il n’a pas le temps de lui répondre. Il ne sait pas qui de lui ou d’elle fait le dernier pas. Il sait juste qu’il est là. Qu’il la rattrape au vol. Elle s’effondre contre lui. Frêle oiseau. Frêle créature. Il l’encadre de ses bras. Protecteur. Elle est si petite. Si légère. Si mince. Si froide, aussi. Gelée. A un point qu’il parvient à le sentir. Elle fait sa place dans ses bras. Elle se love. Un petit animal brisé qui cherche l’affection. Il ne la repousse pas. Il la garde près de lui. Il replace le blouson sur ses épaules. Il la maintient au chaud. Comme il le peut. Atrocité de la chose. La glace ne peut réchauffer. Il régule sa température. La plus élevée possible. Plus élevée qu’il puisse supporter. Pour une fois, il ne cherche pas à la baisser. Mais à la stabiliser à un niveau normal. “... je dois pas... je pourrais faire du mal aux autres. Je n’ai pas le bon coeur des trois quarts des élèves...” Il resserre ses bras autour d’elle. Autour d’eux, un abri se dresse. Des parois poussent du sol. Des paravents pour parer les éléments. Un toit pour retenir la chaleur. Un abri de fortune. Un abri de glace. Elle reprend la parole. Doucement. Léger murmure. “Je suis dangereuse parce qu’un jour, je l’ai voulu. Les X-Men ne le sont jamais par désir, n’est-ce pas ? Si je n’ai pas évolué comme toi... c’est peut-être parce que je...” Elle ignore bien des choses. Elle ignore tout. Elle voit les X-Men comme des êtres parfaits. Des êtres sans remords. Des êtres sans passé. Elle se trompe. Mais elle n’a pas tort. Tuer n’est pas dans leur habitude. Assommer. Blesser. Oui. Tuer, non. Il lui répond. Aussi doucement et posé que possible.  “Ne remet pas en question qui tu es. Ce serait comme vouloir être plus brune ou plus mince. Chaque mutation évolue différemment d’une personne à une autre, de la même manière que nous n’avons pas tous le même caractère.” Il prend un instant pour réfléchir. Peser chaque mot. Donner du sens à chacun. “Tu as pris une route plus meurtrière que moi. Mais seulement parce que personne ne t’a montrée tous les choix. J’ai eu la chance de rencontrer le Professeur Xavier avant de mal tourner.” Adolescent perdu et bridé. Il n’était pas heureux. Il craignait ce qu’il devenait, même s’il s'entraînait en secret. Il agissait en secret. Ses parents faisaient de ses pouvoirs un tabou. Et puis, l’accident de trop était arrivé. Il était devenu un monstre pour toute sa petite ville. Face à tant de méchanceté, il aurait pu faire du mal. “Une fois que tu auras appris qui tu es et comment te servir de ton pouvoir, tu décideras par toi-même ce que tu en feras. Si tu savais le nombre d’élèves qui ont rejoint Magneto !” Il eut un sourire. Un sourire triste. Tous ces élèves que l’on voit grandir, évoluer, progresser. Et qui choisissent une voie différente. Une voie qui les obligeront à affronter leurs professeurs.

J’ai déjà perdu un ami, comme ça…” Il laisse échapper cette énième confidence. Un souffle. Une nuée de mots. Il se rappelle encore le sentiment de trahison. Cette impression qu’il s’était fait avoir. Pendant tout ce temps. La confiance qu’il lui avait accordé. Les confidences qu’il lui avait faites. Les moments qu’ils avaient partagés. Tout avait volé en poussière. Trop rebelle. Trop en colère. Trop violent. Il ne pouvait se conformer aux règles de l’Institut. Il avait préféré la liberté de la Confrérie.


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Bobby ✧ Prudence
« Chaque mutation évolue différemment d’une personne à une autre, de la même manière que nous n’avons pas tous le même caractère. » Elle est lovée entre ses bras, cherche une chaleur qu’aucun d’eux n’est capable d’offrir - ils sont plus froids que la moyenne, ils sont l’élément que le corps humain supporte mal. Prudence ne se souvient pas qu’il en ait été autrement, sa soeur reculait à son contact, ne supportait pas cette sensation de frôler la neige à même la peau. Bobby n’a pas de distance à placer. Elle le sent. Il y aurait presque quelque chose de naturel, si naturel que sa propre température suit, remonte doucement, sans qu’elle ne fasse rien - écho, mimétisme. Les larmes ont cessé, cristallisées puis tombées, flocons légers. Une voie plus meurtrière que lui. Il a forgé un abri. Un toit, un paravent. Elle n’a rien dit, d’abord, elle n’a pas bougé, la tête posée contre l’épaule du jeune homme, puis sa main gauche s’est légèrement ouverte, vers le haut, changeant le toit en élégante alcôve - volutes en gravures. Ils étaient sans doute capable de prouesses artistiques, si l’aspect pratique et défensif n’était pas toujours privilégié, pour se défendre, survivre. « Tuer, c’est ce que je sais faire de mieux. » Près du mur, un banc prend forme, aux accoudoirs arrondis, et elle l’y pousse sans brutalité, l’incitant à s’asseoir. Moins froid, moins grelotante, mais toujours triste, mélancolique. « Une fois que tu auras appris qui tu es et comment te servir de ton pouvoir, tu décideras par toi-même ce que tu en feras. Si tu savais le nombre d’élèves qui ont rejoint Magneto ! » La Confrérie, le pont qui s’effondre sous la volonté du leader, seule image encore gravée dans sa mémoire, qui ne s’envole jamais. Si peu de souvenirs de la bataille d’Alcatraz, participation mortelle, elle y avait éliminé des innocents, c’était certain.. lesquels, sa psyché lui refusait l’information, une protection comme une autre pour un esprit fragilisé.

« J’ai déjà perdu un ami, comme ça… » On perd toujours ceux que l’on pense amis, songe-t-elle, dans cette lutte constante entre l’homo sapiens et l’autoproclamé superior. Une espèce menacée contre ses successeurs. Prudence ne croit pas en une existence paisible, une vraie cohabitation. « Ma place est là-bas. » Ca n’est qu’un murmure porté par l’air frais. Ne le savent-ils pas, tous les deux ? Sa place devrait être là où sont ses idéaux, pas au sein d’un institut dont elle refuse chaque soin, suivant des cours où elle est, par ailleurs, très brillante - à l’exception des entrainements où chaque attaque est faite de méthodes douteuses ou désapprouvées, car en toute honnêteté, Snow n’est pas Iceberg, la glace tue, la glace fige, elle n’a aucune clémence. Peut-être ses camarades attendent-ils trop qu’elle ressemble au psychologue. « Personne n’aime ce que je suis, ils veulent.. un clone, une copie de ce que tu es. » Etrangement, elle n’a jamais songé à le vouvoyer, comme avec la plupart des enseignants, du personnel, symptôme de leur passé. Il n’est jamais vraiment son supérieur, jamais vraiment l’autorité, leur relation décalée posant sûrement trop de questions. « Une Icewoman en équipe avec Iceman. » Ca n’était peut-être pas tout à fait faux. Elle est Snow parce qu’il n’a pas fallut la baptiser, elle l’était, sa mutation et le rejet familial l’ayant très tôt poussé à rejeter son identité première - Prudence, une vertu trop catholique pour un Dieu qu’elle jugeait cruel. Ca lui rappelait sa mère, sa façon de la considérer comme une épreuve venue des cieux pour tester une foi factice aux yeux de l’adolescente d’autrefois. « .. Je ne crois pas en ce qu’on défend, Bobby. C’est eux ou nous. » L’humanité lambda ou les mutants. Elle a encore le bout des doigts gelé mais semble moins pétrifiée. Elle reprend pieds - toujours.

Tomber est permis, se relever est obligatoire. Elle n’a pas droit à la faiblesse, un couteau dans le dos est si vite planté, si vite retourné et retiré. L’amitié n’existe pas, l’amour tue. Le coeur battant dans sa poitrine n’est jamais qu’un organe banal, fonctionnel, d’où les sentiments sont prisonniers, enfermé dans une boîte glacée. Qu’est-elle sinon une arme ? « .. leur peau est tellement chaude. » Un souvenir fugace, si lointain, peut-être un baiser, elle n’est pas certaine, juste cette insupportable chaleur. La main droite glisse autour de celle du psychologue - elle est douce. Elle n’est soudainement plus cette femme froide, cet être distant, elle fait preuve d’une forme de tendresse délicate, d’une sorte d’affection qu’elle nierait probablement en bloc. « Est-ce que Malicia le supporte ? » L’abri offre une nouvelle perspective. L’isolement, loin du monde, loin des regards, loin des jugements, est un univers distant de la haine, un environnement familier qui ouvre le coffre des peurs, la cage d’angoisses inavouées. Une phase étrange, de transition, entre la crise et le retour à l’état « normal » qui ne l’était pas tant. Snow n’était pas déshumanisée, elle était en fin de compte terrifiée. Elle n’imagine pas une seconde que les éternels amoureux soient toujours profondément privés du toucher - si elle suppose aisément qu’il manque en mourir régulièrement, ils ne peuvent décemment pas vivre une relation à distance, n’est-ce pas ? Il est froid, elle est mortelle. 
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et si nous étions incapables de comprendre l'ampleur de nos pouvoirs ?

Il n’y a qu’eux deux. Au milieu d’une étendue d’eau gelée. Protégés par un abri de glace. Il n’y a qu’eux deux. Là où certains peuvent voir un couple, eux ne voient que l’intimité d’un pouvoir. Ils ne voient que ce lien qui les unie. Ce pouvoir qu’ils ont en commun et les attire l’un vers l’autre. Il garde les bras autour de Prudence. Sans aucune ambiguité. Sans aucune arrière-pensée. Juste celle d’être là pour sa semblable. Juste celle de lui montrer la route à suivre. Juste celle de la rassurer et de la protéger d’elle-même. Ses phrases sortent de sa bouche. Nuée givrée qui s’élève. Nuée verbale qui n’atteint pas la jeune femme. Elle persiste. Elle continue de se voir comme la mutante qui a tué de nombreuses personnes. Elle n’arrive pas à s’arracher cette image d’elle. “Tuer, c’est ce que je sais faire de mieux.” Elle se libère. Elle va mieux. Son expression est plus douce. Plus apaisée. La douleur a presque disparu. Elle le dirige vers un banc. Banc qu’il n’a pas créé. Cela ne peut qu’être l’oeuvre de Prudence. Il lève les yeux vers leur cabane de fortune. Un abri contre les regards extérieurs. Un abri pour discuter et cacher leurs secrets. Un abri hors du temps. Il se sent bien ici. Comme dans un cocon où rien ne l’atteint. Il s’assoit. Banc froid. Banc glacé. Mais banc confortable. Il trouve son confort dans sa froideur. Bobby continue. Il n’en a pas terminé. Elle persiste à se voir horrible, meurtrière, dangereuse. Il persiste à la voir douce, attentionnée et amicale. On est souvent plus dur envers soi-même qu’envers les autres. Il termine sur une pensée douloureuse. Celle d’une trahison. C’était son ami. Il maîtrisait le feu. Il était son contraire. Sa personnalité l’était également. Ils ont fini par être opposés, même dans le choix du camp. “Ma place est là-bas.” Elle murmure. Alors, pourquoi reste-t-elle ? Pourquoi persiste-t-elle à affronter les regards des autres, si partir est ce qu’elle souhaite ? Il ne croit pas qu’elle doive retourner là-bas. A une époque, elle y avait sa place. Maintenant, elle a changé. Son regard a changé. Son comportement aussi. Elle n’est plus la même. Elle ne se sentirait pas plus à sa place dans la Confrérie. Par bien des égards, Prudence lui fait penser à Malicia. Elles ont toutes les deux des difficultés à contrôler leurs pouvoirs. Elles en souffrent toutes les deux. Elles se remettent en question. Oui, à bien des égards, elles sont semblables. En quinze ans, il n’est pas parvenu à aider Malicia. Comme le peut-il en quelques mois avec Prudence ? “Personne n’aime ce que je suis, ils veulent.. un clone, une copie de ce que tu es.” Il sursaute. C’est donc ça. Complexe d’infériorité. Recherche d’une personnalité unique. Elle n’a donc pas compris ce qu’ils font ici. Elle n’a pas compris qu’ils aident chaque mutant à se développer, à se découvrir pour devenir des êtres uniques, dotés d’une personnalité unique et d’un don unique. Tout lui échappe. Elle ne voit pas.

Une Icewoman en équipe avec Iceman.” N’importe quoi. Qui lui a mis cette idée en tête ? Qui a pu insuffler une telle volonté dans son esprit ? Il ne cherche pas une coéquipière. Personne ne lui cherche un double. Personne ne… “... Je ne crois pas en ce qu’on défend, Bobby. C’est eux ou nous.” Il tourne la tête vers elle. Les mutants ou les humains lambda. Soit l’un, soit l’autre. Une vision bien manichéenne de la chose. Il n’aime pas cette vision. Pour lui, il est possible de cohabiter. Dans le passé, les humains ont déjà essayé de changer le cours des évènements. Ils se sont lancés dans l’éradication, dans l’esclavagisme, dans le génocide. A chaque fois, cela a fini dans le sang. A chaque fois, le bain de sang était arrêté. Il en sera de même avec cette lutte contre les humains lambda. Il est certain que mutant et humain peuvent vivre ensemble. Ils l’ont prouvé pendant des années. Pourquoi cela devrait-il changer maintenant ? Il secoue la tête de droite à gauche. Pourquoi repousser toujours celui qui est différent ? L’humain, mutant ou non, cherche la conformité. Il critique le premier qui sort du lot. Mais ils sont au vingt-et-unième siècle. Les mentalités changent. Les comportements aussi. Tuer est tomber dans la facilité. Se lancer dans un débat aujourd’hui. Échanger ses avis. Il n’en est pas capable. Il n’en a pas envie. Ils ont chacun leur passé, leur éducation, leur histoire. Ils ne peuvent pas avoir les mêmes avis. Ils aborderont le sujet plus tard. “... leur peau est tellement chaude.” Il la dévisage. Il se demande ce à quoi elle pense. Aux humains, probablement. Elle a une manière étrange de parler. Comme si elle parlait d’une obsession. De quelque chose qui la fascine. La main blanche, gelée, de Prudence approche. Le cherche. Il manque de retirer la sienne. Réflexe. Réflexe de survie. Mais il ne bouge pas. Ce n’est pas Malicia à ses côtés. C’est Prudence. Elle ne peut rien lui faire qu’il ne soit capable de parer. Il ne s’attend pas à ce contact. De sa part, cela est étrange. Rare. Derrière leur abri de glace, elle se dévoile. Elle se montre tactile. Presque chaleureuse. C’est nouveau. Dans sa main, les doigts de Prudence lui semble froid. Encore plus froid que lui. “Est-ce que Malicia le supporte ?” Il referme ses doigts sur ceux de Prudence.

Quand on possède le pouvoir d’Anna Marie. Que l’on est capable d’absorber l’essence des gens. Leurs souvenirs. Leur énergie. L’inquiétude des conséquences son propre pouvoir est plus importante. Ils ne se sont jamais souciés de la froideur de Bobby. Égoïstement, il ne s’est jamais inquiété si elle avait trop froid à son contact. A chaque fois qu’il la frôle, qu’il la touche, elle est protégée par une couche de vêtement. Cependant, il veille à conserver la température de son corps au plus haut. Instinctivement. Quand on est de glace, il est difficile d’apporter de la chaleur aux êtres aimés. Il n’est, certes pas, l’homme qui la réchauffe quand elle a froid. Mais ils partagent bien plus. “Malicia a un pouvoir qui n’est pas facile. Alors, un peu de froid n’est rien à côté. Parfois, lorsque nous nous embrassons, elle absorbe mes pouvoirs et elle s’amuse avec. Je crois qu’elle aime ma mutation. Bien plus que la sienne.” Dans sa main libre, il fait danser le givre entre ses doigts. De minuscules pics poussent. Diminuent. Fluctuent. Une danse de glace. Un tango dangereux. La glace donne naissance à toute forme. Elle peut créer des objets, des fleurs, des sculptures. Elle est capable du meilleur, comme du pire. Il aurait pu finir comme Prudence. Il aurait pu monter son pouvoir contre les autres. Au lieu de cela, il a choisi de l’utiliser pour protéger. Protéger, plutôt que tuer. “Quand je suis arrivé à l’Institut, je me suis fait la promesse de ne plus utiliser mon pouvoir contre quelqu’un, à moins d’en être forcé. Je ne voulais plus faire souffrir qui que ce soit. C’est pour ça que j’ai travaillé : pour le contrôler et non pas pour devenir puissant. Grâce à ça, Malicia peut m’approcher, me toucher, m’enlacer sans rien craindre.” Il y a des pouvoirs plus puissants que d’autres. Des pouvoirs plus faciles à dompter que d’autres. Le leur en fait partie. Qu’on l’utilise pour tuer ou pour sauver. Qu’on l’utilise pour blesser ou pour protéger. Il est facile à gérer. On comprend ses rouages. On comprend son fonctionnement. Ils ont cette chance. Il prend la direction que l’on souhaite lui donner. Tout simplement. Le pouvoir d’Anna Marie est plus complexe. Plus sauvage. C’est comme s’il la protégeait des autres. De lui. Il aurait pu fuir. Comme les autres fuient Prudence. Il aurait pu tourner le dos à Malicia, sous prétexte que ses pouvoirs le repoussent, qu’ils ne peuvent pas avoir de relation normale. Il ne l’a pas fait. Il ne le fera pas plus avec Prudence. A croire qu’il attire tous les mutants qui peuvent tuer. “Nos mutations dépendent de notre volonté. Ton souci de ne pas blesser les autres est une preuve que tu as changé, Prudence. Tu n’es plus cette mutante meurtrière. Laisse les autres s’habituer à cette nouvelle toi. Ils finiront par t’adorer, j’en suis certain !” Le rejet. La peur d'autrui. La peur de ne pas contrôler l’incontrôlable. Les élèves la regardent de loin. L’épient. Racontent des choses ignobles. Plus que n’importe qui, ils devraient savoir ce que c’est, le rejet. Mais ils l’infligent aux autres. Ce ne sont que des gamins. Ils comprendront. Ils finiront par voir que Prudence n’est pas aussi dangereuse. Il a vécu ce rejet. Cette violence des regards, des propos. Il se rappelle encore des expressions de ses propres voisins. De cette peur irrationnelle de blesser quelqu’un. De cette peur infondée de ce qu’il est. Il s’en rappelle comme si c’était hier. Alors que quinze années sont passées. Être repoussé de la sorte à l’adolescence est atroce. Cela ne l’est pas moins à l’âge adulte. “Tu verras, tout ira bien.” Entre ses doigts, une rose vient de naître. Pousser. Croître. Telle l’espoir. Un simple signe d’espoir. Une tige. Des épines. Arrondies. Des épines pour défendre, sans blesser. Et des pétales. Une précision digne du travail d’un sculpteur. Un léger sourire se dessine sur son visage. Elle n’a pas besoin de devenir amie avec tous les mutants. Elle n’a pas besoin d’être fausse. Elle n’a pas besoin de changer. Juste attendre. Attendre que le temps fasse son oeuvre.


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Bobby ✧ Prudence
Autour de la rose, un couvercle de glace si fin qu’il paraît de verre, créé avec une déconcertante facilité. Aucun espoir en ce monde sans blessures. Si l’institut souligne la part unique de chacun, Prudence n’a jamais trouvé de place, par peur, par isolement instinctif et, quelque part, parce qu’un homme bon et généreux possédait une mutation dont il usait avec habilité, quand elle n’était qu’une reine gelée dans un univers de neige éternelle. Fleur fanée aux piquants aiguisés. C’était toujours ces regards, quand elle croisait la route de Bobby, un détour de couloir où son refus de lui adresser le moindre mot faisait souffler les murmures ; l’insistance et le rejet, ambiguïté - qu’est-ce qu’elle lui reprochait, pourquoi cette distance ? Il avait entre les doigts son passé, ses souvenirs, sans le lui dire, il avait cette façon d’être un reflet inversé, la maîtrise et l’affection dont elle ne voulait pas, piégée dans le néant de sa mémoire défectueuse. « C’est pour ça que j’ai travaillé : pour le contrôler et non pas pour devenir puissant. Grâce à ça, Malicia peut m’approcher, me toucher, m’enlacer sans rien craindre. » a-t-il dit, un peu plus tôt, et elle a digéré l’information. La vague est sèche. Le courant d’air semble balayer l’abri paisible, faisant exploser la rose, détruisant le couvercle, projetant des éclats. Elle s’est contractée, instinctivement, repliant ses bras contre elle - ce sont ses mains qui s’enveloppent de givre. Sans rien craindre. Et elle, que craint-elle au juste ? « Ton souci de ne pas blesser les autres est une preuve que tu as changé, Prudence. » L’agression se renforce, les murs se fissurent autour d’eux. Elle a fermé les yeux. La solitude la terrifie, une évidence, elle perd pieds quand il évoque la proximité avec quelqu’un, le changement aussi, elle s’enferme dans la terreur de blesser et la souffrance de n’avoir rien à partager. Elle se blesse sans le vouloir vraiment, en conflit intérieur, en bataille permanente contre elle-même. La fine pellicule de givre forme des gants sur ses avants-bras. Sa peau ne semble pas vraiment en pâtir, son esprit seul ne trouve pas cela naturel, provoque cette sensation désagréable de glacer sur place ; sa température chute à nouveau brusquement.

« Bobby..  » Les mots restent bloqués dans sa gorge. Il y a des failles dans ses pensées, dans l’ordre logique de son histoire. Il y a un gouffre qu’elle n’arrive à surmonter qu’en cas de menace, que dans ces situations où il faut survivre. La plupart des mutants laissent leurs talents dérailler en cas de stress, c’est l’opposé pour elle. Elle renaît dans l’urgence, elle solidifie ses bases, et s’effondre ensuite, dans un cercueil de silence. « Je veux que ça s’arrête, je veux pas de ça, de.. de.. » de la mutation, des contraintes, des devoirs. La mutante revendiquant une supériorité se meurt, se noie dans l’impossibilité de se rassurer - elle voudrait être aussi douée que le psychologue, elle voudrait la maîtrise de certains camarades et.. l’acceptation de soi-même que son reflet dans les miroirs lui refuse. Les fissures s’ornent de piques aiguisées. Piège cristallisé. Le soleil timide en fait briller la surface. La douleur la dévore. « Tu dis que je contrôlais. Tu dis toujours que je peux, qu’avant.. » Seul le banc sur lequel ils sont installés ne semble pas affecté par la violence émotionnelle qui domine la jeune femme. « Je ne suis pas comme toi.. pas de promesses, pas de volonté.. j’ai rien à offrir ! » Il a percé la carapace. Des mois de silence, de faces à faces cinglants, d’attaques imprévues, et il y est parvenu. Elle est une fleur qui ouvre ses pétales noirs sans crier gare, crache les secrets enfouis, les plaies inavouées.

« Je me souviens pas.. les immeubles, le feu.. c’est.. rien d’autre.. » Des bribes de batailles sans fin, si meurtrières et indomptables. Ces dieux venus sur terre, ces choses d’un autre monde contre lesquelles lutter est inutile. Qu’était-il advenu d’elle-même ? Elle l’ignorait toujours, le puzzle éparpillé brûlant sous le refus de céder. Snow était tombée, le corps plus résistant que le reste, grelottante, brisée mais vivante. N’était-ce finalement qu’un choc post-traumatique ? Aux mutants, les maladies classiques opposaient d’inexplicables réactions. Logan en était la preuve, toute sa faculté de régénération ne lui rendant pas forcément l’intégralité de ce qu’il est. « .. ‘veux pas te blesser. » Il a dit qu’elle lui avait fait du mal. Il a dit qu’elle pouvait l’atteindre, et être accusée de volontairement s’en prendre à un membre du personnel ne l’aiderait pas. Où irait-elle, si on ne voulait plus d’elle ? Aucune autre larme au bord de ses yeux clairs, comme s’il n’y avait plus que cette étendue lumineuse au fond de son regard.  
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et si nous étions incapables de comprendre l'ampleur de nos pouvoirs ?

La rose. Aussi dangereuse que belle. Il se rappelle que sa mère en avait dans leur jardin. Elle en prenait soin. Elle passait des heures à tailler, soigner, entretenir. La rose. Une fleur à la symbolique forte. Il voit un couvercle de glace se refermer sur la fleur. Léger. Fin. Délicat. Un couvercle pour protéger. Pour prendre soin du précieux. Pour conserver la vie. Le verre glacé brille. Prudence est capable de belles choses. Elle est capable de créer. D’animer. Elle est capable des mêmes créations que lui. Cette cloche en est la preuve. Préserver la beauté. Préserver la fragilité. Voilà ce que son geste signifie. Il lui explique. Il lui montre qu’il est passé par des épreuves. Il lui montre que s’il en est là, s’il est ce gentil garçon, s’il est ce psychologue apprécié, c’est parce qu’il l’a voulu. Il aurait pu suivre Pyro. Il aurait pu rejoindre la Confrérie. Il aurait pu tuer des innocents sous prétexte qu’il se croit supérieur. Il aurait pu. Mais il a pris sa vie en mains. Il l’a modelée jusqu’à en devenir fier. Il a le regard plongé sur la rose. Il voit son reflet sur la cloche. Il se regarde lui-même. Au fond des prunelles. Oui, fier, il l’est. Il a quelques regrets d’adolescent. Mais il voit surtout de la fierté pour l’adulte qu’il est devenu. Pour cet homme patient et protecteur. Pour cet homme qui se soucie des autres. Au final, il est l’homme que ses parents voulaient. Seulement avec une mutation supplémentaire. Il la sent. Il perçoit l’onde dans sa main. Dans ses doigts. Dans la glace qui se brise. Il ferme les paupières. Instinctivement. Il les rouvre. Les débris jonchent le sol. Légers fragments de la beauté. Que s’est-il passé ? Il tourne la tête vers Prudence. Elle est repliée sur elle-même. Elle est contractée. Il a dit ce qu’il ne fallait pas. Ou ce qu’il fallait. Arracher une réaction aussi violente prouve qu’il a mis le doigt sur un détail. Il poursuit dans son idée. Il sait qu’il a visé juste. Les murs se fissurent. Leur abri se désagrège. Il souffre des émotions de Prudence. Bobby lève les yeux vers leur cabane de glace. Il y voit l’illustration de la souffrance. De celle de Prudence. Le reflet de son combat intérieur. Les conséquences de son passé. Il imagine ce qui peut se passer en lui. Il baisse les yeux vers elle. Ses mains sont recouvertes de gants de givre. Ses avant-bras aussi. Elle retourne son pouvoir contre elle. Il n’a jamais vu cela. Il n’a jamais vu autant de haine envers soi-même. De peur. De souffrance. Il reste un instant sans savoir que faire. “Bobby...” Appel au secours. Appel à l’aide. Il tombe à terre. Il s’agenouille devant elle. Il lui attrape les mains. Il est là. Elle n’est pas seule. Elle ne sera plus jamais seule. Elle n’a pas besoin d’affronter tout cela, en solitaire. Elle n’a pas besoin de traverser le désert glacé abandonnée de tous. “Je veux que ça s’arrête, je veux pas de ça, de... de... ” Elle perd le contrôle. Autour d’eux, des pics poussent. Plus aiguisés. Plus dangereux. A gauche. A droite. Il ne voit que ça. Elle transforme l’abri en un piège à taille humaine. Le piège dans lequel elle s’enferme. Il concentre son attention sur Prudence. Elle est froide. Terriblement froide. Ce qui lui arrive est un mal plus profond. Un mal-être qui la ronge douloureusement. Il entend son appel. Elle veut de l’aide. Elle veut que tout cela s’arrête. Définitivement, la femme qui a failli le tuer est morte. Elle a disparu. Elle a laissé derrière elle une jeune femme brisée. Fragilisée. Perdue.

Tu dis que je contrôlais. Tu dis toujours que je peux, qu’avant...” Parler semble être un effort insurmontable. Elle est perdue dans cette guerre contre elle-même. Elle a perdu sa personnalité. Elle a perdu ses souvenirs. Elle a tout perdu. Nombreuses sont les personnes qui perdent la tête après avoir perdu la mémoire. Les impacts de cette perte sont décuplés pour Prudence. “Je ne suis pas comme toi.. pas de promesses, pas de volonté... j’ai rien à offrir !” Encore la pression. L’infériorité. La dénigration. Toujours la remise en question. Ce n’est pas une question d’offrir. Ce n’est pas une question de dépendance à une autre personne. Plutôt d’individualisme, de personnalité, de le faire pour soi et pour personne d’autre, de fierté pour ce qu’on est. “Je me souviens pas... les immeubles, le feu... c’est... rien d’autre...” Elle se débat avec ses souvenirs. Brides de ce qu’elle fut, un jour. Brides de ce qu’elle ne sera plus. Des souvenirs qui la définissent. Qui la hantent. Qui refusent de sortir, malgré ses appels. Des souvenirs bloqués par quelques faits trop difficiles à accepter pour elle. Si son cerveau les lui refuse, ils trouveront d’autres moyens. Les journaux, Internet, les administrations… ils trouveront ce qui lui est arrivé. “... ‘veux pas te blesser. ” Il ouvre la bouche. Mais rien ne sort. Plus qu’un geste. Plus qu’un enlacement. Une phrase. Bien plus symbolique. Elle ne veut pas le blesser. Il reste interdit. Il ne s’y attendait pas. Elle regrette ce qu’elle lui a fait. Elle ne se souvient peut-être pas, mais elle culpabilise. Elle ne veut que ça recommence. Il se relève. Il revient s’installer à ses côtés. “Je… Prudence, je n’ai pas peur de toi. Je sais que tu ne me feras pas de mal.” Comment lui expliquer ? Comment lui montrer qu’elle n’a pas à avoir peur. Il n’a pas peur. Elle a toujours cette force en elle. Cette puissance. Mais elle a changé. Il sait qu’elle n’ira jamais jusqu’à le blesser involontairement. Et si c’est le cas, il a de quoi se protéger. Il connaît les dangers. Il connaît les risques. “Cela ne se reproduira plus, je te le promets.” Guider les mutants est leur mission. Leur tendre la main, les aider, les secourir. Les sortir de ce combat interne. C’est ce que fait le personnel à l’Institut au quotidien. Leur rôle a d’autant plus d’importance quand des personnes se mettent en danger. “Tu n’as plus besoin d’affronter ça toute seule. Je vais t’aider à maîtriser ta mutation et nous trouverons ce qu’il s’est passé.” Il n’a pas l’habitude de voir cette fragilité dans ses prunelles. Il a souvent vu la colère, la souffrance, l’agacement. Mais pas de fragilité.

Il capte son regard. Il veut l’aider. Et ça commence maintenant. “Repire profondément. Imagine l’oxygène passer de la pointe de tes cheveux jusqu’à tes orteils. Visualise son chemin dans ton corps. Concentre-toi uniquement sur ta respiration.” Mettre fin à la destruction de leur abri. Mettre fin à la création de ce piège épineux. Tout est une histoire de contrôle. De self-control et de foi. Il a foi en Prudence. Il a foi en sa bonté. Il a foi en sa gentillesse. Il a foi en elle. Elle arrivera à surmonter tous ses problèmes. Mais a-t-elle foi en elle-même ?


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Bobby ✧ Prudence
« Je… Prudence, je n’ai pas peur de toi. Je sais que tu ne me feras pas de mal. » Prudence. Le prénom fracture le banc. Elle secoue la tête, rejetant ce qu’il dit, rejetant le passé qui la lie à ses parents. Prudence, ça ne lui convient pas. Et elle ne veut pas qu’il la lâche, qu’il se détache. « Cela ne se reproduira plus, je te le promets. » Comment peut-il le lui promettre ? Il l’a dit lui-même, elle a pu le blesser, plus jeune, bien plus jeune, alors qu’adviendrait-il désormais, quand sa mutation parait augmenter en intensité ? La violence de la glace sous la pliure émotionnelle. Ses cils se décorent de neige légère ; attaquer son propre corps. « P-Pas Prudence. Snow. » Neige. C’est joli, c’est doux, c’est ce qu’elle est. Prudence, ça l’écorche. Et la prison aiguisée contient le froid qui s’élève autour d’eux, muée comme un tourbillon naissant. Elle ne s’en rend pas compte, elle cherche juste les mains du jeune homme, elle cherche un contact rassurant, un appui. Lui, il sait, il est fort. « Tu n’as plus besoin d’affronter ça toute seule. Je vais t’aider à maîtriser ta mutation et nous trouverons ce qu’il s’est passé. » Pourquoi est-ce qu’il fait cela ? Pourquoi ne l’envoie-t-il pas sur des roses épineuses avec amertume ? La blonde subit les aléas de l’élément, menaçant de se figer. Elle pourrait bien se statufier, bêtement. « Repire profondément. Imagine l’oxygène passer de la pointe de tes cheveux jusqu’à tes orteils. Visualise son chemin dans ton corps. Concentre-toi uniquement sur ta respiration. » Elle le regarde, se noie dans le clair de ses yeux. Il a quelque chose de doux dans le coeur, pas comme elle, avec ses prunelles en océan de glace.

La respiration s’apaise difficilement. Le flux de l’air dans ses poumons, inspiration, expiration. Se vider la tête. Il y a toujours ces images qui hantent quand elle tente d’oublier de penser, d’écarter ses préoccupations. Une brillance sur les murs de l’abri, les excroissances qui se replient pour fermer les fissures, lisser l’espace tandis qu’elle presse les doigts de Bobby, les gants s’effaçant lentement. Peut-être est-elle aussi tactile, finalement, trop bridée pour le manifester ? Quatre colonnes sont crées, soutenant les quatre coins de l’abri, l’élevant, d’une cabane froide à une pièce sculpturale, une petite oeuvre d’art, avec son toit arrondi - sanctuaire paisible, tranquille. Elle n’a pas besoin de toucher, de bouger, c’est sa pensée qui s’envole, qui fait tomber la neige, qui forge dans le dos du mutant celle qu’il aime tant. La reproduction est fidèle, diable que Malicia est belle, appuyée dans l’angle. Un morceau d’éternité sans danger, princesse matérialisée.

Elle ne sait plus très bien quand elle a vraiment cessé de le regarder pour seulement le fixer, si lointaine, elle l’a remarqué au moment où elle est revenue dans ce présent compliqué. Un instant, elle s’était éloignée de son enfer intérieur, goûtant à la liberté. Un chandelier sur une table basse, non loin d’eux, souligne les paradoxes - l’élément ne supporterait pas la moindre flamme. Est-ce qu’elle espère un peu de lumière ? Il y en a déjà, sur la surface translucide. Prudence ne réalise pas bien, ni la beauté de ce qui les entoure ni le fait que Bobby n’a pas eu à y ajouter le moindre renforcement, la moindre maîtrise ; seulement sa voix, seulement ses mains dans les siennes, qu’elle lâche timidement. Il n’y a plus de givre au bout de ses doigts pour la première fois depuis longtemps et sa température, bien que basse, semble s’être stabilisée à son point d’origine. « Merci.. » Ca n’est rien de plus qu’un murmure. Il fait froid dehors, le lieu pourrait tenir encore quelques semaines, sans souffrir, sans fondre, doux refuge pour les âmes en peine - son âme à lui. Elle sent bien que tout n’est pas parfait pour lui, même si elle ne parvient pas à dire pourquoi, à comprendre ce qui fait parfois dériver son regard. Oui, elle le rejette, le maltraite souvent, fait preuve de rancoeurs, d’amertume, mais elle n’est pas entièrement aveugle à cette façon qu’il a d’aider les autres plus qu’il ne s’aide lui-même. Le blouson est chaud sur sa peau, elle le laisse glisser de ses épaules, sans brusquerie aucune avant de souffler : « .. Je te fais perdre ton temps. » Pour l’estime de soi, on repassera. 
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et si nous étions incapables de comprendre l'ampleur de nos pouvoirs ?

Leur pouvoir est magique. Il permet de créer. De modeler. Il s’agit d’un des seuls dons qui puisse être aussi modulable. Aussi tactile. Car oui, ils peuvent toucher ce qu’ils créent. Ils peuvent créer un abri, comme aujourd’hui. Mais ils peuvent aussi créer tout autre objet. On ne le peut pas avec le feu, avec l’eau, avec le temps, avec la télépathie… Il n’y a que la glace qui puisse le faire. L’utiliser pour créer de belles choses est la meilleure utilisation que l’on puisse faire. La glace tombe en flocons. La glace scintille. La glace naît de rien. La glace fond. La glace vit. Ils ont un pouvoir exceptionnel. Dans sa vie antérieure, Prudence n’en a vu qu’une infime partie. Elle n’a vu que la partie meurtrière. Celle qui peut retourner le pouvoir contre les autres et contre soi-même. Les choses ne peuvent que s’améliorer. Maintenant qu’elle a vu le pire, le meilleur s’offre à elle. Bobby nourrit beaucoup d’espoirs en elle. Il ne sait pas pourquoi. A partir du moment où elle est entrée à l’Institut, il l’a vue autrement. On attendait de lui qu’il la prenne sous son aile. On lui demandait de laisser de côtés les rancunes du passé pour prendre soin du présent et de l’avenir. Et puis, ils ont les mêmes pouvoirs. Il est le plus à même de la guider. Tant de raisons pour que ce soit lui qui la guide. Mais même sans cela, il avait remarqué un changement. Lors de leur première rencontre, il avait été marqué par la force et la détermination de Prudence. Lors des retrouvailles, sa fragilité et sa solitude l’avaient frappé. Elle a quelque chose de fêlé en elle. Quelque chose qui ne parvient pas à se réparer. Qui fait qu’il ne parvient pas à l’abandonner. Un instinct protecteur. Une envie de lui tendre la main. Probablement. Il ne cherche pas à comprendre. Elle a besoin d’aide. Il la lui offre. Il la lui impose, plutôt. “P-Pas Prudence. Snow.” Snow… Ce nom glisse doucement sur sa bouche. Snow sonne plus rond. Plus doux. Plus délicat. Snow sent la légèreté. Snow promet des soirées joyeuses au coin du feu. Alors, ça sera Snow. Il arrive à capter son attention. A obtenir que l’océan de ses prunelles se plonge dans ses yeux. Il a établi le contact. Il l’accroche. Il le lâche pas. Il la guide. Il lui montre le chemin à prendre pour chasser les émotions négatives et accueillir les sentiments positifs. Il voit sa poitrine se soulever plus lentement, plus paisiblement. Il voit la tension quitter son visage. Adoucir ses traits. Son regard devient flou. Mais elle continue. Il sent autour de lui l’abri reprendre son apparence agréable, chaleureuse. Il ne a quitte pas des yeux, mais il sent tout. La glace vibre, bouge, se module. Il presse ses doigts contre ceux de Prudence. Elle y arrive. Sans aucun effort. Sans aucun froncement de sourcils. Elle y arrive. Leurs mains se délassent. Se quittent. “Merci...” Elle a retrouvé sa sérénité. Il en profite pour regarder autour de lui. Étudier. Observer. S’émerveiller. Son abri hideux s’est transformé en une pièce haute, digne d’un architecte. La glace a été sculptée afin de créer un vrai palais glacé. Partout où se posent ses yeux, il découvre un travail exceptionnel. Un ouvrage dont il ne sait même pas s’il est capable. Tout n’est pas parfait. A certains endroits, la glace reste rugueuse, pointue, dangereuse. Mais on ne peut pas chassé définitivement ce que l’on est en quelques minutes. Il avise la table basse et son chandelier. Snow s’est créée une vraie maison. Un endroit où elle se sent bien.

... Je te fais perdre ton temps.” Elle l’arrache à sa contemplation. Elle n’arrêtera donc jamais ! Il pivote dans sa direction. Il décèle encore cette lueur. Cette lueur d’inquiétude, de gêne, de timidité. Oui, de la timidité. Elle ne veut embêter personne. Elle ne veut pas attirer l’attention. Il revient vers elle. “Je suis le seul juge de comment j’occupe mon temps. Alors, si je m’ennuyais ici, je partirais.” Il esquisse un sourire. Prendre du temps pour les autres. Cela a toujours été un réflexe. Il trouve son bonheur dans celui des autres. La présence de personnes malheureuses l’affecte bien plus que ses propres émotions. Et s’il était parti, jamais cela ne se serait passé. D’ailleurs, il en oublie qu’il est au-dessus d’un lac. Un coup d’oeil au sol lui montre que même la surface du lac a été renforcée pour soutenir la structure. Il fait un geste en direction de son palais. De son antre. Si seulement l’Institut pouvait ressembler à cela. “C’est magnifique. Un vrai travail d’architecte… tu vois que tu es capable de belles choses !” Un grand sourire se peint sur son visage. Il est gagné par une espèce d’euphorie, de joie, de fierté. Il ne sait pas. Passer d’un piège épineux à une pièce architecturale en l’espace de quelques minutes. Digne de Snow. Prudence est laissée de côté. Son regard accroche une silhouette. Une silhouette de glace. Il se lève. Il s’approche. Est-ce… ? Malicia. Il n’est plus qu’à quelques centimètres. Doucement, il touche la délicatesse de son visage froid. Doucement, il découvre cette Anne Marie de glace. Du bout des doigts, il frôle ses joues gelées. Il y a quelque chose de dérangeant à la voir là, si froide, si glaciale. Si lumineuse. C’est comme s’il l’avait gelée. Comme s’il avait perdu le contrôle de ses pouvoirs. Comme s’il avait causé cela. Il retire brusquement ses doigts. Idiot, complètement idiot. Pourtant, le visage de Malicia de glace, translucide, lui inflige des frissons. Elle n’est pas réellement là. Elle doit probablement être au chaud, à l’Institut. Mais pas . Il ne parvient pas à s’arracher de son visage. Son pire cauchemar. Il ferme les paupières un instant. Juste une illusion. Rien de plus. Si Snow a peur de tuer, de blesser, il partage lui aussi ses peurs. Cette représentation de Malicia n’est là que pour lui faire plaisir. Il n’y aucun mal derrière. Pourtant… Il s’éloigne d’elle. Il fait un pas de côté. Voir autre chose. Découvrir encore plus. “Merveilleux...” Il murmure. Ce palais, cette oeuvre… c’est la preuve qu’il a raison. Il a raison de croire en elle et en ce dont elle capable. Si elle laissait davantage parler son coeur, elle accomplirait de belles choses. Si seulement les autres pouvaient voir ça… Il n’exprime pas ce désir. Snow se dévoile devant lui, certes. Mais elle n’est pas prête à le faire devant les autres. Où d’autres pourraient trouver cet endroit glacial, froid et pire qu’un congélateur, lui ne voit que la beauté de la glace. Il s’y sent bien. Un cocon qui leur ressemble. A un détail prêt, il peut se sentir chez lui, ici. Sa petite touche personnelle. “Il manque quelque chose...

Aussitôt, des trous se creusent dans les murs. Des vitraux prennent naissance dans la glace. La lumière entre dans la pièce. Joue avec les reflets. Habille la pièce de ses simples rayons. Des fenêtres pour voir l’extérieur. Des fenêtres pour toujours oberver la neige et la nature. Des fenêtres pour découvrir l’avenir. Il esquisse un sourire satisfait. “Je resterai bien ici...” Impossible. Il sent le décalage qu’il y a entre eux deux et les autres mutants. Ils se complaisent dans le froid. Ils s’épanouissent dans la glace. La chaleur de l’Institut n’est pas naturelle pour eux. Elle est factice. Ils sont le froid. Alors, pourquoi s’entêter à rester au chaud ? Son regard se pose de nouveau sur la statue de Malicia. Parce qu’il y a elle. Et tous les autres. Parce que sa vie est au chaud. Elle n’est pas ici, dans le froid de l’hiver. C’est à lui de faire l’effort. L’inverse ne serait pas possible. Ils ne supporteraient pas. A lui d’aller vers eux. A eux d’aller vers les autres.


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Bobby ✧ Prudence
« C’est magnifique. Un vrai travail d’architecte… tu vois que tu es capable de belles choses ! » Si elle baisse les yeux, c’est autant par gêne que par incapacité à répondre une phrase logique. Il évoluait étrangement dans cet espace, sans pour autant sembler mal à l’aise - la glace n’était pas le problème. C’est la Malicia dessinée dans l’élément qui le dérange, qui reflète sans doute une peur enfouie, une crainte de perdre le contrôle, pour lui qui ne paraît pourtant pas sujet à ce genre de défaillance. « Merveilleux… » Prudence relève le nez, curieuse. Qu’est-ce qu’il y a là qu’il ne serait pas apte à construire ? Elle l’ignore. Elle ne comprend pas bien. « Il manque quelque chose… » Un froncement de sourcils avant que les vitraux ne remplacent la solidité compacte autour d’eux, permettant à la lumière de jouer de reflets vers l’intérieur. Elle se lève, calmement, prenant toute la mesure de ce qu’ils viennent de créer, chacun sa touche, chacun sa contribution. « Je resterai bien ici… » « Tu peux. » La voix semble faite de miel, maintenant que l’angoisse est envolée, que la peur est effacée, que la distance est tombée. Il n’y a plus ce quelque chose d’un peu intimidant - ce serait presque une douceur charmeuse. Elle ouvre la paume de sa main, y faisant apparaître une couronne, avec un air mutin, ce petit sourire en coin. Un geste souple fait léviter l’objet jusqu’à ce qu’il se pose sur les cheveux sombres de Bobby.

Elle s’avance, lui passe devant, finissant son chemin vers la porte qu’il manque, pensive. Il est dans son dos, elle est une silhouette blanche et blonde, une image de neige et de clarté ; un fantôme un peu irréel au milieu d’un décor peut-être aussi beau qu’inhospitalier pour le commun des mortels. « Tu as une princesse, un palais et du temps. Profites-en. » Il lui faut ses deux mains pour construire la cheminée aux douces courbes, un peu trop imposante pour qu’elle y parvienne d’un simple clignement d’yeux - pas seule, pas après les tourments qui l’ont dominée. Est-ce qu’il réalise qu’elle lui offre un décor romantique ? Le sait-elle elle-même ? Il y a un souvenir de chaleur, qui reste bloqué, loin, d’où se nourrit la délicatesse de ce qu’elle sculpte.

« Je ne sais pas faire le feu pour aller dedans. » De l’humour. Effectivement, lorsqu’elle revient face à lui, le bleu de ses pupilles brille d’une bonne humeur aussi surprenante que passagère ; une fois enfermée dans sa solitude, à l’intérieur de l’institut, elle se parerait à nouveau de givre et de silence. Il est grand. Elle réalise qu’il est grand, maintenant qu’elle prête attention à ce qu’il est et non pas à la haine superficielle qu’elle nourrissait. Prudence ne se souvient pas vraiment de ce qui a causé cette escalade de colère envers le psychologue, et s’il ne le lui avait pas dévoilé, peut-être se serait-elle obstinée plus longtemps. Il accepte ses plus noirs recoins, apparemment.. alors elle laisse entrevoir des trésors de ressources, une brise de malice. « Tu n’es pas heureux. Et ne me sors pas ton baratin de psychologue. » Elle a l’air différente. Un peu plus adulte, un peu moins fragile. Il y a une palettes de traits de caractère sous l’unique couche protectrice qu’elle montre à qui veut l’approcher. « Reconnaissant, je crois.. mais pas heureux. Parce que tu ne peux pas la toucher, première supposition. » Ca s’aligne naturellement. Il y a une fissure dans le mur qui scinde l’ancienne Snow et la nouvelle, une faille qui laisse passer des analyses que la jeune fille perdue ne pourrait pas faire - elle s’est redressée, pour lui, elle s’est libérée de sa tétanie psychique pour soulager.. elle ne saurait dire quoi. Cassée, mais pas définitivement, sinon l’esprit resterait dans le brouillard.

« .. parce que tu ne construis pas d’avenir. » Deuxième supposition. Mais là, si près, elle a la vague et désagréable sensation de faire face à son reflet. Le bonheur a, certes, énormément de facettes mais il est impensable de songer que Bobby, tout positif qu’il est, puisse être pleinement heureux. Pas comme ça. Pas dans un monde de combats et de racisme où chaque jour pourrait être le dernier. « Pourquoi vous n’allez pas vivre votre vie loin d’ici ? En Europe, par exemple ? » Elle soupire. Ca ne la regarde pas. Le questionnement pourrait résonner dans l’autre sens, il pourrait lui dire de partir, de reconstruire sa vie, et si elle s’acceptait, il n’y aurait rien pour s’y opposer. Lui avait au moins quelqu’un, il s’était ouvert à une forme d’amour. « Fais la venir. Et ne lui dis pas que j’étais là, j’ignore lequel de nous deux elle tuerait en premier. » S’il y a un peu de taquinerie dans le ton, Prudence est sérieuse dans le fond, la relation avec Malicia n’était pas facile. Sûrement un autre morceau de sa vie qu’elle a oublié. « Au moins tu aurais droit au baiser d'adieux. » Il est un peu sombre, là, l'humour, tout de même.
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