Trouver du positif dans le malheur. Trouver des avantages à la souffrance. Elle arrive à voir le côté drôle et pratique de la rupture quand lui ne voit que les remords et la tristesse. Deux manières de fonctionner. Deux manières de réagir. Deux manières de penser. Elle est tellement plus forte, plus solide. Même si ce n’est que de l’humour et qu’elle cache ses vrais sentiments, elle garde la tête haute. Il ignore où elle arrive à puiser cette force. Où elle trouve ce courage. Se relever. Continuer. Mettre un pas devant l’autre. Elle a toujours été douée pour le faire. Elle a toujours été douée pour repousser ses limites. Encore aujourd’hui. Sa ténacité est impressionnante. Elle ne cessera jamais de le surprendre. Même quand tout le monde la croit plus bas que terre, elle démontre une capacité à se relever. Bobby admire cela chez elle. Elle peut paraître faible, instable. Elle l’est peut-être, dans un sens, mais elle aussi une personne qui ne se laisse jamais abattre. Il a cette même endurance quand il est en mission avec les X-Men. Il ne se laisse pas atteindre. Il ne se laisse pas toucher. Même si les émotions ont toujours été un souci. Même si il a toujours eu du mal à faire la part des choses. Il n’y a qu’à voir son conflit perpétuel avec Pyro. Malgré ça, il est toujours en vie. Il est parvenu à échapper à la mort, à se battre pour la vie des autres et pour la sienne. Une fois le costume de X-Man retiré, il ne reste plus rien de cette ténacité. Il se laisse bouffer par la culpabilité. Il se noie sous les responsabilités. Il ne sait pas gérer la pression de sa vie émotionnelle. Pour un psychologue, c’est assez contraignant. Et son contact, douce caresse contre sa peau, ne fait qu'accroître son égarement. Il ignore où il en est. Il ignore si il éprouve encore des sentiments pour elle. Il ignore s’il peut prendre le risque de lui faire des promesses. Ses émotions ne sont que fouillis et désorganisation. La distance est censée l’aider. La distance est censée clarifier la situation. Et enfin, lorsqu’il saura à quoi s’en tenir, il pourra agir. Pas avant. Il la suit du regard lorsqu’elle décide de prendre son calmant. Il perçoit une réticence. Un dégoût à l’idée de succomber à l’appel médicamenteux. Qui voudrait dépendre de quelques calmants pour trouver la sérénité et le repos ? Personne. Il ne peut que la comprendre. Il ne peut que se mettre à sa place. Elle qui avait refusé les anti-douleurs pour sa blessure à la jambe. Elle qui a toujours refusé de céder aux recommandations des médecins. Son besoin de ressentir la douleur est balayé par son besoin de repos. Il faut parfois faire des choix. Il faut parfois se faire violence. Bobby doit se faire violence. Il doit s’obliger à réfléchir, à décortiquer, à analyser, à comprendre. Il doit passer sur son propre fauteuil et se psychanalyser.
Il laisse sa main partir, manipulée par les doigts de Snow. Ils ont besoin l’un de l’autre. La réalité lui saute aux yeux. Depuis qu’ils se sont affrontés à Alcatraz. Depuis qu’ils se sont vus pour le première fois. Ils savent qu’ils sont liés. Ce lien a pris tout son sens au fur et à mesure des affrontements, puis des rapprochements et enfin, des mutations. Ils ont besoin l’un de l’autre. Pour trouver l’équilibre parfait. Pour trouver la paix intérieure. “J’ai plusieurs vies. J’en aurai d’autres. L’homme de ma vie n’existe pas, ça n’a pas d’intérêt. Tu sais que personne ne sera aussi complémentaire que toi.” Il la dévisage. Il ne voit que de la résignation. Elle est prête à affronter son avenir, solitaire. Elle s’est faite à l’idée de vivre seule. Alors qu’elle pourrait changer cette tendance. Elle a connu de mauvaises expériences en amour. Cela ne veut pas dire qu’elle doit condamner toutes les autres. Il réalise qu’il a dévasté son coeur, qu’il a détruit ses derniers espoirs de vivre heureuse, avec une famille qui l’aime. Il a tout ruiné. Il a tout brisé. Bien plus que son coeur. Bien plus que son mental d’acier. Il a brisé son avenir. Il a brisé ses rêves. Qui est-il pour se permettre autant de méchanceté ? Personne. Il n’est qu’une partie de l’élément qu’ils maîtrisent. Il n’est qu’une facette du froid. Il n’avait aucun droit d’influencer autant sur sa vie. Et cette main contre la sienne. Ces deux mains qui les unissent. Symbole d’une complémentarité et d’une proximité. Symbole d’une opposition et d’une différenciation. “Cesse de trop réfléchir, Bobby.” Il sourit. Elle le connaît trop bien. Elle lit dans ses pensées. Alors, il repousse ses remords. Il échappe à sa culpabilité. Le temps de quelques heures. Le temps de quelques instants. Il s’enfuit de son esprit torturé pour simplement veiller sur Snow. Comme il se l’est promis. Pas parce qu’il a pitié. Pas parce qu’il s’en veut. Pas parce qu’il désire se faire pardonner. Seulement parce qu’il tient à elle. Parce qu’il souhaite la protéger. Parce qu’il l’apprécie. Veiller sur elle. Cela a toujours été son rôle. Cela a toujours été son objectif. Même là, alors qu’elle laisse le sommeil l’absorber. Même là, alors qu’elle laisse ses soucis de côté pour se reposer. Veiller sur ses nuits. La protéger de ses démons. Être présent en cas besoin. Ils ont toujours fonctionné ainsi.
Quand ils s’affrontaient. Quand ils vivaient sous le même toit. Quand ils se disputaient. Quand ils s’aimaient. Il y avait toujours de la bienveillance. Toujours de l’attention. Toujours de l’affection. Elle ne l’a jamais tué. Il n’a jamais essayé. Ils sont complémentaires. Elle a raison. Ils ne peuvent pas se tuer, ce serait perdre une partie d’eux. Ce serait supprimer une part de ce qu’ils sont. Ils sont complémentaires. Pourtant, c’est si dur de s’aimer, si dur de se comprendre, si dur d’être heureux. Ce devrait être instinctif, facile, normal. Il n’y arrive pas. Et là, pendant qu’elle dort, il se dit qu’ils auraient pu avoir un bel avenir. Ils auront un bel avenir. Un jour. Peut-être.
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Mar 31 Mai - 17:51