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snowflake


Laisse tomber. Ca n’est pas un peu de froid qui va me tuer.” Ou comment démolir les gentilles attentions. Il soupire et laisse sa température se régler toute seule. Elle atteint bientôt le juste équilibre entre le froid et le chaud. Entre les grelottements et l’étouffement. La température parfaite. Loin des 37° habituellement conseillé. Il aurait pu aider. Il aurait pu la soulager de ce froid mordant qui la fait trembler. A distance. Il se refuse de la toucher de nouveau. Pas tout de suite. Il a encore besoin de s’assurer que les sentiments sont profondément enterrés. Il a encore besoin de vérifier qu’il ne lui brisera plus le coeur. Comportement indigne de l’ami qu’il veut devenir. Il aurait sans mal enlacé Kitty si elle avait été gelée. Il aurait passé ses bras autour de n’importe quel étudiant souffrant d’hypothermie. Mais pas Snow. Au-delà du fait qu’elle soit l’une des seuls à supporter le froid, elle est aussi l’une des seuls avec qui il a entretenu bien plus qu’une relation amicale ou professionnelle. “Merci d’avoir essayé.” Il a essayé, mais ce n’est pas assez. Elle repousse son aide. Elle la jette sans aucun scrupule. Un rejet différent de ce qu’il a pu vivre quand elle est arrivée. A l’époque, le rejet était violent, méchant, agressif. Aujourd’hui, il ne l’est plus. Le rejet est, certes, brutal, mais sans une volonté d’être méchant. Il a l’esprit déjà ailleurs. Déjà porté sur ce qu’elle compte faire. A s’isoler de trop du reste de l’Institut, elle risque de perdre sa place. Elle risque de perdre l’affection de ses quelques connaissances. Elle risque de prendre goût à la vie en solitaire. Mais Snow ne semble pas apprécier ses questions. Bobby lève les yeux au ciel. Il a le sentiment de ne jamais dire ou faire ce qu’il faut. Comme c’était le cas avec Malicia. Il doit être doué pour décevoir et agacer. Il doit être talentueux dans ce domaine, bien plus que dans la psychologie. “L’Institut a besoin de tous ses X-Men.” Ce n’est pas la réponse qu’il attend. Elle se raccroche aux faits, à ce que tout le monde dit, à ce que tout le monde attend. Mais ce n’est pas ce que Bobby souhaite entendre. Il cherche de la sincérité, de l’ambition, de l’espoir. Elle en était capable, à une époque. Il y a encore quelques semaines. Elle pouvait imaginer comment serait son avenir. Elle pouvait rêver de voyager à travers le monde. Elle pouvait envisager de quitter l’Institut. Tout a changé. En même temps que les gens ont changé leur avis sur les mutants, Snow a perdu ses rêves. Peut-être qu’il n’est pas le seul à devoir prendre du bon temps. Peut-être qu’elle devrait, elle aussi, se trouver des occupations, des passes-temps.

Je partirai pas Bobby, jamais. La vie normale c’est pas pour moi.” Il est frappé par l’absence de sentiments, d’émotions. Elle ne laisse rien percer. Pas de détermination. Pas même de résignation. Rien. Absolument rien. Juste des mots récités. Juste une vérité. Elle se serait énervée, il aurait été moins touché, moins surpris. Il aurait accepté. Mais au lieu de cela, il voit une Snow insensible qui se contente de prendre la meilleure solution envisageable, par dépit. La X-Mansion lui assure une certaine sécurité qu’elle pourrait retrouver ailleurs. Elle pourrait changer de pays, vivre dans une ville où les mutants ne sont pas des personnes effrayantes. Elle pourrait. Mais elle semble ne même pas le vouloir. “Puis une mutante non-recensée aurait des problèmes. Et d’un autre côté, je serais classifiée terroriste si je le faisais. Les autorités se ficheraient de savoir que je ne tue plus d’homo sapiens ou que je connaisse un minimum les lois de ce pays de fous.” Terroriste. Homo sapiens. Est-ce qu’elle s’entend parler ? Elle a un discours digne de la Confrérie, de Magneto. Elle utilise les mêmes expressions, elle partage les mêmes pensées. Au tour de Bobby de marquer son agacement. Il fait deux pas pour s’éloigner. Deux pas pour prendre de la distance avec son opinion. C’est un sujet qui les divise. Un sujet qui les sépare. La loi sur le recensement. Les humains. Il ne voit pas en quoi la loi pourrait être dangereuse. Peut-être est-il aveugle. Peut-être est-il naïf. Dans tous les cas, il accepte de prendre le risque. Il accepte pour montrer que les mutants coopèrent et sont des gens comme les autres. Ils sont la prochaine étape de l’évolution, mais pas des êtres supérieurs pour autant. Ce que semble croire Snow. “Et en fin de compte, je suis quoi ? Ma classe 3 a dû en prendre un coup.” La classe ne définit pas une personne. Elle définit la dangerosité d’un pouvoir, d’une mutation, mais cela ne veut pas dire qu’il sera mal utilisé par son propriétaire. Cette explication ne tient pas la route. Oui, elle a évolué. Oui, elle s’est découvert de nouvelles capacités. Mais se transformer en un liquide ne la rend pas plus dangereuse que lorsqu’elle gèle le coeur d’une personne par le simple fait de la pensée. La classe ne fait pas tout. Il faut prendre en compte tout ce qu’il y a autour. Le caractère. Le contexte.

Qu’ils m’aiment ou pas ne compte pas. Il y a des jeunes en détresse partout. A défaut d’avoir mes propres enfants..” Compenser l’impossibilité de maternité par l’adoption affective des enfants des autres. Une bonne idée. Surtout avec les enfants de l’Institut. Loin de leurs parents, ils cherchent des substituts, des figures parentales pour remplacer celles qui manquent. Snow et les gamins ont trouvé un terrain d’entente. Il l’a vue agir avec Jade. Il a vu son bonheur de s’occuper d’une fillette. Il a vu la tendresse dans ses gestes. La nature lui a joué un triste sort, l’empêchant d’avoir ses propres enfants. Mais comme elle le dit : il y a des jeunes partout. Des personnes qui ont besoin d’elle. Qui lui rendront son affection. Qui lui rendront son amour. Dans des orphelinats, dans des hôpitaux, dans des associations… Elle pourrait être utile n’importe où dans le monde. “Tu crois que tu partiras, un jour ?” La question le surprend. Partir un jour. Il n’y a pas pensé depuis longtemps. Il s’était posé la question la première fois, quand il a débarqué à l’Institut. Adolescent de quinze ans, perdu, effrayé. Il se disait que l’Institut ne serait qu’une solution temporaire, le temps de maîtriser sa mutation. Il se disait qu’il retournerait chez ses parents. A dix-neuf ans, il s’est rendu compte que la X-Mansion était devenue sa maison. Son cocon. Il a fait le choix d’être utile comme tous les professeurs avant lui. Il a suivi des cours de psychologie, il s’est lancé ce défi. Les années sont passées. Il a rêvé de fonder sa famille avec Malicia, ailleurs. Quelque part aux Etats-Unis où ils auraient pu emmener leurs enfants à l’école, où ils auraient pu faire leurs courses… Des trucs que tous les gens normaux font. Mais le rêve n’a jamais été pris au sérieux, ne s’est jamais concrétisé. Est-ce qu’il partira un jour ? Il n’a pas la réponse. “J’en sais rien, je crois que je n’en ai pas vraiment envie. Pas pour le moment, en tout cas.” Il a toujours vu l’Institut comme un hall de gare. Un endroit dans lequel les gens rentrent, perdus, à la recherche de leur avenir. Une fois qu’ils savent quelle direction prendre, ils se lancent à l’aventure et prennent le premier train qui arrive. Il a aidé tous les mutants qui sont passés dans son bureau, avec cette idée en tête. Ils sont partis et il a eu la joie de leur souhaiter le meilleur. Il n’a jamais appliqué cette pensée à son cas. Il faudra, un jour. Il ne peut pas rester à vie à l’Institut. Dans ce cocon confortable. Sous ce toit rassurant.

L’Institut est un lieu de passage. On y entre pour contrôler sa mutation et on en sort pour vivre sa vie.” Au fond, il sait qu’il ne restera pas. Il faut laisser la place aux plus jeunes. Il faut leur donner l’opportunité de rendre à l’Institut qu’il leur a donné. Surtout, il faut vivre sa vie en dehors de ce cadre sécurisé. Oui, dans le fond, il sait déjà qu’un jour, il s’installera dans un appartement et qu’il trouvera du travail. Probablement à New-York ou peut-être dans une plus petite ville. Peu importe. Pas trop loin pour pouvoir donner un coup de main aux X-Men en cas de besoin. Pas trop près pour ne pas venir régulièrement et surveiller les nouvelles générations de mutants. “Quand j’aurais fait le tour de ce que je peux apporter à l’Institut, je ferai mes bagages.” Il le dit. Il se le promet. Il ne veut pas être un de ces gars qui s’accrochent jusqu’au bout, jusqu’à être viré à coups de pied au derrière. Il veut profiter encore de ses années avant de mourir pour découvrir le monde, pour construire un semblant de vie. Pas forcément une vie normale - ce n’est pas possible - mais une vie agréable, sans incidents de mutation ou d’interventions dangereuses. “Je suis d’accord avec toi : les gens comme nous ne peuvent pas espérer avoir une vie normale. Tu imagines Captain America en vendeur de hot-dogs dans Central Park ?” Il a un léger sourire en coin. Les X-Men ne sont pas à la hauteur des Avengers. Ils ne jouent pas dans la même catégorie. Cependant, les deux groupes sont des héros. Ils se mettent en danger, ils se battent, ils le font pour protéger la population. Que ce soit Captain America en vendeur de hot-dogs ou Logan en plombier, les deux ne sont pas crédibles. “Mais on peut au moins essayer d’avoir une vie stable qui nous rend heureux.” Essayer. Juste essayer. Et au pire, ils ne vont pas en mourir, n’est-ce pas ?



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« We accept the love we think we deserve.  » - Stephen Chbosky.

L
e mouvement de recul lui indique qu’il est en désaccord. Même lui fait l’erreur. Même lui interprète ses mots comme identiques à ceux de son ancien groupe d’appartenance. Combien d’années devra-t-elle encore faire ses preuves ? Pourquoi la croit-il toujours capable du pire sans songer qu’elle puisse simplement.. voir les choses différemment ? Eux ont toujours eu la bonté de l’Institut, qui pour la plupart les a rattrapé avant la chute fatale. Ils ne savent plus, avec les années, combien l’humanité peut être cruelle, dans son ensemble, dans tout ce qu’elle a de plus basique ou de plus évolué. Des moyens légaux ont déjà servi des objectifs terribles et les X-Men l’oubliaient, quand ils voulaient s’aveugler d’espoir. « C’est le mot, qui te choque ? » Le calme est toujours là. Elle pourrait dire qu’elle est blessée, le lui montrer cependant elle juge cela inutile. A quoi bon ? Elle ne veut pas toujours être la faible fille qu’il peut percer comme une passoire d’un battement de cils. « Homo sapiens et homo superior, ce sont les termes. » Elle passe la main de ses cheveux, chassant la glace qu’elle sent, la neige qui se cristallise et la dérange. Elle ne tremble plus même si elle a les lèvres légèrement bleues, elle s’efforce de garder son esprit focalisé sur la conversation tout autant que sur la température qu’elle veut faire remonter. C’était l’aspect le plus complexe, à ses yeux, parce que la thermokinésie ne lui avait longtemps été familière que pour de mauvaises raisons. « On est tous humains, ça ne correspondait pas à l’idée. Et tu m’as assez reproché de les trouver plus normaux que moi. » Pour une fois qu’elle retenait quelque chose, pour une fois qu’elle prenait ses conseils passés en compte, il fallait qu’il voit sa pensée sous son mauvais aspect. Elle avait eu tant de mal à s’accepter sous sa forme liquide, utiliser un vocabulaire erroné lui aurait semblé.. un retour de quelques jours en arrière. Elle n’y tenait pas. Et le droit exigeait d’apprendre à choisir comment formuler des idées aussi glissantes que celle de l’humanité. « Et une terroriste, c’est ce que j’étais, même si l’idée est désagréable. » Elle était peut-être un peu plus lucide.

Le sujet des enfants est impossible à formuler, en revanche. Elle préfère passer des heures à écouter Aneesh qu’être obligée de parler de ce qu’avait laissé Jade derrière elle. Il n’y avait pas assez de paix pour choisir d’avoir des enfants, pas dans une période aussi chaotique et si elle baisse les yeux, ça n’est pas pour fuir, cette fois, seulement pour effacer le trouble au fond des billes trop bleues. Elle avait toujours, en s’endormant, cette sensation brûlante que Bobby lui avait faire entrevoir un avenir pour le lui arracher aussi vite, et si elle se répétait qu’il n’avait jamais voulu la blesser, si elle se le récitait comme une leçon, elle savait aussi qu’elle était fautive. Désormais, tout était brisé. Peut-être préférait-il même la laisser mourir de froid qu’avoir à la toucher. 3°C de moins. C’en est trop pour sa peau. Elle choisit de passer par l’état liquide pour faire remonter le tout, sans cesser de l’écouter, de percevoir sa présence. « L’Institut est un lieu de passage. On y entre pour contrôler sa mutation et on en sort pour vivre sa vie. » Il est sans doute le mutant avec la plus grande maîtrise de cette école, pas seulement de sa faculté mais de ce qu’il était, des aspects rugueux de la glace à la douceur du sourire rassurant qu’il offrait aux pensionnaires perdus. Et il était également celui qui ne partait pas. « Quand j’aurais fait le tour de ce que je peux apporter à l’Institut, je ferai mes bagages. » La peau reprend ses droits, Snow inspire profondément et retrouve ainsi des couleurs, bien qu’elle ait l’air fatiguée, elle n’était plus bleue. Les cadavres ne sont pas élégants. « Tu as progressé. » Si elle n’exprime pas la suite, ils savent tous les deux qu’elle évoque le fait qu’il ne l’avait jamais évoqué ainsi, au futur. Même dans ses bras, il s’était révélé incapable de se projeter.

« Je suis d’accord avec toi : les gens comme nous ne peuvent pas espérer avoir une vie normale. Tu imagines Captain America en vendeur de hot-dogs dans Central Park ? » Le rire lui échappe. L’image était amusante. Et si le rire n’avait pas été si léger depuis qu’ils s’étaient quittés, il meurt vite. Elle ne se sent pas vraiment l’égale de Bobby, ni une héroïne ni une âme charitable. Elle n’a pas été capable de le rendre heureux parce qu’elle avait peur, sans cesse. Lui n’exprimait aucune autre peur que celle de perdre des êtres chers. « Mais on peut au moins essayer d’avoir une vie stable qui nous rend heureux. » Un hochement de tête pour lui répondre. Elle entame le chemin inverse sur le lac immobile. « Tu le peux, en effet. » Il méritait bien mieux que ce qu’il avait entre les quatre murs de son bureau, aussi confortable soit-il. « J’ai toujours cru que de nous deux, tu serais le dernier à partir. » L’existence était une errance pleine de surprises. Une errance, oui, c’était finalement tout ce qu’elle y voyait. Elle est revenue à sa place d’origine, s’asseyant sur le plaid. Le temps apaise tout, dit-on, et du temps, ça n’était pas ce dont elle manquait. La régénération aurait dû lui être attribuée, à lui qui faisait tant de bien, qui avait tant de choses à faire encore, tant de mutants à aider avant de réellement envisager de se construire à l’extérieur.
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Tu as progressé.” Il hausse les épaules. Il faut croire que se prendre une barre dans l’estomac change la conception des choses. Il faut croire qu’il essaye de poursuivre sa vie. Son quotidien n’est plus rattaché à personne. Pas de Malicia. Pas de Snow. Pour la première fois depuis longtemps, il doit concevoir son futur tout seul, sans personne pour l’accompagner. Pour la première fois depuis longtemps, il peut faire ce qu’il souhaite, sans se soucier de l’avis de quelqu’un. Il a progressé, c’est certain. Il y a un moment où il devra partir de l’Institut. Pendant, il s'est vu y vieillir. Il s’est imaginé terminer sa vie ici. Mais quelque part, il a toujours rêvé de s’installer dans sa propre maison, de vivre sa propre vie. Pas aux dépens des autres. Pas sans s’être assuré qu’il ne met personne dans l’embarras. Il attendra de trouver son successeur. Il attendra de voir que tout fonctionnement correctement. Et il s’éclipsera. Il repartira par la grande porte. Il reprendra le chemin jusqu’au portail. Il retournera à une vie plus égoïste. C’est le plan. Il a encore quelques années avant que ce soit possible. Il y a encore de la route à faire avant qu’il décide de partir définitivement. En attendant, il espère continuer son travail avec autant d’investissement et de satisfaction. Il espère trouver toujours le même bonheur à écouter ceux qui en ont besoin. Oui, il a progressé. Il a fait un pas en avant. Il a ouvert les yeux pour visualiser son avenir. Il a sauté dans le vide, seul. Certains ont sauté dans le vide et ont décidé de rester à la X-Mansion. Ororo. Logan. Professeur Xavier. Jean et Scott auraient probablement fait la même chose. Kitty restera sûrement, aussi. Malicia, c’est moins certain. Elle  a toujours aimé sa liberté. Elle a toujours apprécié de vivre sa vie. Peut-être que dans sa quête du contrôle de son pouvoir, elle devra partir. Peut-être qu’elle s’éloignera pour ne jamais revenir. Peut-être. Et puis, il y a Snow. Elle semble décidée à rester toute sa vie. Elle semble déterminée à vivre et à mourir ici. Toute soif de découverte, de voyage, d’apprentissage, a disparu. Elle n’a laissé qu’un air blasé et une froide insensibilité. Il ignore ce qui l’a fait changer d’avis. L’évolution de sa mutation. Leur rupture. L’attentat. La loi. Il peut s’agir de cet ensemble. Il peut s’agir d’un petit détail. Il peut être s’agir de n’importe quoi. Dans un sens, elle a aussi progressé. Elle a aussi grandi. Elle a aussi pensé à son avenir. Elle y a pensé d’une manière moins positive et optimiste que lui.

Elle rit. Rire bref, mais sincère. C’est bon de voir ses traits se détendre et se déformer. C’est bon de voir une lueur d’amusement passer dans son regard. Elle reprend vite son sérieux, mais Bobby l’a remarquée. Il ne s’agit pas d’une hallucination. Il ne s’agit pas d’un rêve. Elle a bien ri comme elle le faisait avant. “Tu le peux, en effet.Tu. Elle s’exclut. Elle refuse d’entrevoir une vie heureuse. Un happy end. Le bonheur, c’est pour les autres. Elle a tort. Elle a le droit d’être heureuse. Elle a le droit d’être épanouie. Ce n’est pas en se refusant de vivre qu’elle y parviendra. Elle pourrait essayer. Elle pourrait trouver un moyen de vivre autrement que grâce à l’Institut. Elle pourrait apporter tellement. Elle pourrait continuer d’aider les jeunes, mais dans des établissements spécialisés, dans des orphelinats, dans les écoles. Peu importe. Des enfants, il y en a partout. Des enfants, il n’y a que ça. “J’ai toujours cru que de nous deux, tu serais le dernier à partir.” Avis qu'un bon nombre partage. Il n’a jamais exprimé son souhait de partir. Il n’a jamais annoncé qu’il prendrait son envol. Pour la plupart des jeunes, il est là depuis toujours. Depuis aussi longtemps que certains vieux meubles. Ils oublient qu’il est arrivé à quinze ans, avec des rêves plein la tête et beaucoup de désillusions. Ils oublient qu’il n’est pas seulement le psychologue de l’Institut. Il est entré dans la même catégorie que Ororo, Kitty et le Professeur. La catégorie de ceux qu’on n’imagine pas ailleurs dans dix ans. La catégorie de ceux qui seront toujours là, même dans deux siècles. “Tu l’as dit toi-même : j’ai progressé.” Comme toutes ces personnes qui ne le voyaient pas ailleurs, il ne rêvait pas de découverte et d’évasion. Il pensait rester à l’Institut jusqu’à la retraite. Il pensait avoir davantage sa place ici. Mais les faits sont là. Les sentiments sont présents. Il n’a plus envie de rester toute sa vie dans ce manoir. Il n’a plus de raisons de rester, si ce n’est ses amis et son travail. Un jour, il partira. Parce que c’est la suite logique. Jamais la X-Mansion n’a été créée pour servir de maison définitive à ses pensionnaires. Elle a été créée pour aider et permettre aux mutants et non-mutants de habiter ensemble. Ce n’est pas en vivant entre quatre murs qu’ils y parviendront. “Tu pourrais partir, toi aussi.” Elle a tout ce qu’il faut pour se lancer dans une nouvelle vie. Pas forcément normale. Pas forcément banale. Mais elle pourrait. Elle a les moyens financiers, elle est intelligente. Elle n’aurait pas de difficultés à trouver quelque chose.

Sauf qu’elle se punit encore de ses actions passées. Les remords sont logiques lorsque l’on a causé la mort de personnes. Elle est son propre juge. Son propre geôlier. Parce qu’elle a retiré la vie à certains, elle ne s’autorise pas à penser à elle. Mais la Snow qui tuait a disparu. Elle a laissé place à une jeune femme généreuse et protectrice. Bien loin de la femme sans coeur qui ne cillait pas devant la souffrance de ses victimes. Aujourd’hui, elle a le droit de reprendre le cours de sa vie. Elle a le droit de penser à l’avenir. Elle peut cesser de se punir. “Tout le monde a le droit à une seconde chance. Tu n’as pas arrêté de faire le bien autour de toi avec les enfants et les X-Men.” Il pourrait lister toute l’aide qu’elle a pu apporter. En l’espace de quelques semaines, elle a subi un revirement de caractère. Elle a donné aux autres tout ce qu’elle avait enfoui pendant des années. Elle a rattrapé le temps perdu. Elle a aidé, sauvé, protégé, risqué sa peau. Elle a pris les adolescents sous son aile. Elle a veillé au bien-être des jeunes. D’autres qui sont déjà partis n’ont pas fait la moitié. Si on leur posait la question, tout le monde s’accorderait à dire qu’elle a mérité de faire ce qu’elle souhaite. “Tu pourrais partir à l’autre bout du monde, visiter l’Europe, acheter un appartement… Qu’est-ce qui te retient ?” D’autres rêveraient d’être à sa place. D’avoir les mêmes possibilités. D’avoir les mêmes libertés. Elle n’en profite pas. Elle les gâche. Elle s’en contre-fiche. D’aussi loin qu’il se souvienne, elle a toujours aimé la liberté. Elle a toujours émis la possibilité de s’en aller. Même quand ils étaient ensemble. Peut-être que les enfants ont formé cette famille qu’elle cherchait. Peut-être qu’elle ne veut plus les abandonner, finalement.



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«
 Tu pourrais partir, toi aussi. » La vérité, c’est qu’elle n’a pas envie. L’argent ne fait pas tout. L’argent ne suffit pas. Est-ce que partir était vraiment possible, en l’état actuel ? Elle aurait voulu lui faire croire qu’elle suivrait ses désirs, mais à quoi bon lui mentir ? Il avait tant espéré qu’elle se reconstruise, tant refusé d’envisager son départ aussi, et malgré tout il insistait. Il insistait là où il n’y avait plus que des cendres. « Tout le monde a le droit à une seconde chance. Tu n’as pas arrêté de faire le bien autour de toi avec les enfants et les X-Men. » Il le lui répétait dés que l’occasion se présentait. La culpabilité était un obstacle depuis son arrivée, il avait lu dans le coeur gelé mieux que quiconque et dés lors qu’elle a fondu pour ses grands yeux clairs, il a pu percevoir les gouffres béants jalonnant son âme. C’aurait été flatteur, il y a quelques temps. Tout lui semblait fade, sans avenir. Ca lui allait finalement, c’était confortable de ne rien espérer - l’abandon était facile, tranquille. Snow n’avait plus à se préoccuper de ce qu’on disait d’elle, parce qu’elle n’avait plus personne à rendre fier, plus d’homme à qui il ne fallait pas créer d’ennuis. Triste réalité.

« Tu pourrais partir à l’autre bout du monde, visiter l’Europe, acheter un appartement… Qu’est-ce qui te retient ? » Une bonne question. Elle ne saurait pas l’exprimer. Il y avait autant de raisons de partir que de rester, au fond. Elle n’était qu’une mutante parmi tant d’autres à l’institut, elle n’était pas indispensable, pas la plus efficace ni la plus appréciée et pourtant elle se sentait responsable, elle avait un devoir envers ce manoir. Quand elle était devenue X-Woman, Snow n’avait fait que suivre des ordres, elle n’avait fait que suivre des conseils d’une thérapie douteuse - elle y avait pris goût, sans le montrer. A quoi bon ? Elle s’était toujours sentie à part de leur pacifisme et leur bien pensance mais c’était chez elle. Loin de la Confrérie, elle s’était rétablie auprès d’eux, Xavier lui avait accordé sa confiance. Xavier lui avait ouvert les portes malgré ce qu’elle avait été, parce qu’il laissait le choix, parce que même si elle avait évolué dans les idéaux de Magneto, elle avait vu une sagesse en cet homme, une bienveillance que jamais personne n’avait eu. Un homme qui portait la responsabilité de centaines de jeunes en détresse, quelque soit les tristes heures qui s’écoulaient à l’extérieur. « Un jour l’Institut accueillera un autre mutant comme moi, un de ceux qui ont décimé leur famille ou leurs amis en découvrant des capacités incontrôlables. » Le ton est toujours paisible, ni trop détaché ni trop concerné, signe d’une réflexion approfondie. « Si je reste, que j’obtiens le diplôme, je pourrais aider. » Snow semblait prête à épouser la solitude, le déni d’elle-même pour aider les autres. Elle semblait prête à faire partie des meubles de la X-Mansion aussi longtemps que les mutants seraient jugés, menacés et pointés du doigt. « Je sais qu’on est pas toujours d’accord dans les faits mais les mutants auront besoin d’être défendus par des gens qui les comprennent, comme on a eu besoin d’un psychologue ayant ressenti cette peur et tout ce qu’implique la mutation. » Même en étant tolérants, même avec la plus grande ouverture d’esprit qui soit, aucun être humain dépourvu de ces particularités ne pouvait réellement se mettre à leur place. On finissait par mettre la violence et les morts sur le compte d’un trait génétique les rendant malveillants - reflet d’une époque lointaine où l’humanité se déchirait sur la religion, elle se déchirait désormais pour son ADN. « C’est notre rôle : transmettre et protéger. » Chacun le faisait à sa façon, et se battre sur le terrain ne suffirait jamais à Snow, parce que si elle avait mis du temps à reconstituer le puzzle de son passé, si elle avait eu du mal à retrouver sa voie ensuite, ça ne lui avait jamais enlevé son désir de justice.

La boule lumineuse a fendu l’air, gelée dans la seconde, provoquant une vapeur intense et surprenante. La blonde a esquissé un sourire, tournant la tête sur le côté, vers la responsable de l’attaque surprise. « C’est pas encore ça, Liese. » « T’as un sixième sens ou quoi ?! Genre Spider-Man ? » Le rire est doux, léger, d’une atroce sincérité quand, la plupart du temps, elle paraît éteinte. Un signe de tête indique que non. « Ta mutation émet de la chaleur, j’y suis sensible. Et je suis prête à parier que Bobby aussi. » Le soupir d’Aneliese est caractéristique, adolescente dépitée qui ne passerait sûrement jamais vraiment l’âge adulte. Elle n’avait pas de mauvaises intentions, toutefois. « Tu y arriveras. » a conclu Snow, tandis que l’autre jeune femme leur souhaite une bonne nuit et s’efface, rendant à la nuit son silence, sa tranquillité, décor froid qui n’allait finalement qu’à eux. Le regard trop bleu s'est reposé dans celui du psychologue, ne sachant trop s'il fallait commenter ou se taire.
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Il se réinstalle à côté d’elle. Au bord du lac. Même maintenant que le soleil est couché, l’endroit est paisible, tranquille. Personne ne vient jamais ici. Les visiteurs sont rares. Le lac revêt un caractère sordide et glauque dans sa solitude. Pourtant, il est agréable de s’asseoir au bord de l’eau et de profiter du moment présent. Méditer. Réfléchir. Observer. Le lac est probablement un des endroits les plus calmes et les plus déserts de l’Institut. La population se concentre avant tout à l’intérieur. Parfois, dans les jardins et les terrains de sport. Jamais trop loin. Jamais trop longtemps. Comme si ils avaient peur d’être remarqués. Comme si ils craignaient de se perdre. Pourtant, il n’y a pas de vilaine créature qui rôde dans le coin. Des animaux sauvages, certes, mais pas de dangereux. Ils n’ont pas conscience de la chance qu’ils ont d’avoir la nature à portée de main. Ils ne réalisent pas tous les trésors que recèlent cet environnement. Ils s’en rendront compte, un jour. Quand ils seront assez grands. Quand ils arrêteront d’être égoïstes et de se contenter de leur confort. Quand ils auront soif de découvertes. Ils apprendront. Ils sauront. En attendant, Snow peut profiter pleinement de l’endroit. Elle peut s’y exercer, s’y réfugier, s’y reposer. Ce ne sera pas toujours ainsi. Un jour, ils accueilleront un mutant qui aura besoin d’être proche de la nature, proche du lac, proche du bois. Alors, Snow ne sera plus aussi tranquille. Mais peut-être qu’elle gagnera un ami. Peut-être. Perdre de la tranquillité, mais gagner en sociabilité, un bon compromis. “Un jour l’Institut accueillera un autre mutant comme moi, un de ceux qui ont décimé leur famille ou leurs amis en découvrant des capacités incontrôlables.” Peut-être. Il est probable que d’autres mutants perdus et assassins croisent leur route. Il est possible que d’autres adolescents tuent toute leur famille en perdant le contrôle. Tout peut arriver. Tout. Pour autant, elle n’est pas obligée de rester. Le “au cas où” n’est pas suffisant. Le “le jour où” n’est pas assez. Elle devrait s’autoriser à vivre. Elle devrait se permettre de voir le monde. Rien ne l’empêche de revenir par la suite. Rien ne lui interdit de réintégrer l’Institut. Mais il ne comprend peut-être pas toutes ses motivations. Il n’a pas eu ce malheur. Il n’a pas tué sa famille, même si il a failli noyer son père. Il a eu plus de chance. “Si je reste, que j’obtiens le diplôme, je pourrais aider.” Au moins a-t-elle un plan de vie. Elle sait ce qu’elle veut faire. Elle sait pourquoi elle veut le faire. La jeune femme qui était prête à se tuer à force d’entraînements est loin. Elle a fini par se donner un but. Elle a fini par se trouver une raison de vivre.

Dans un sens, elle lui paraît plus apaisée, plus déterminée. Dans un sens, il a le sentiment qu’elle s’est résignée. La mort ne veut pas arriver, ne veut pas la faucher. La mort s’en prend plutôt à ses proches, à lui. Plutôt que de se fatiguer à mourir, autant aider les vivants, n’est-ce pas ? Il ne sait pas si il doit se réjouir de ses vraies motivations, si il doit y voir une quelconque avancée. Il ne sait pas si il doit s’inquiéter de cette résignation plutôt glauque. “Je sais qu’on est pas toujours d’accord dans les faits mais les mutants auront besoin d’être défendus par des gens qui les comprennent, comme on a eu besoin d’un psychologue ayant ressenti cette peur et tout ce qu’implique la mutation.” S’adresser aux gens qui traversent les mêmes épreuves est toujours facile. Les langues se délient plus facilement. La peur du jugement disparaît. L’empathie est bel et bien présente. Alors, il n’y a plus aucune raison de garder des sentiments enfouis. Il n’y a plus aucune raison d’avoir peur. Ils savent qu’ils parlent à une personne qui les aidera. Ils le savent. Ils le ressentent. Ils sont soulagés. Snow fait des études de droit. Ils en ont plus que jamais besoin. En particulier maintenant qu’il y a le recensement. “C’est notre rôle : transmettre et protéger.” Il tourne la tête dans sa direction. Il la dévisage. Leur rôle. Elle s’intègre. Elle se considère comme responsable. Il ne l’aurait jamais cru. Il ne l’aurait jamais pensé. Finalement, cela arrive. Est-ce qu’elle considère les pensionnaires de l’Institut comme des membres de sa famille ? En tout cas, les adolescents, c’est certain. Les adultes, peut-être moins. Il a la bouche ouverte, lorsqu’il sent une variation de la température. Un mouvement chaud. Une onde de chaleur. Il referme la bouche. Il étouffe sa question pour se concentrer sur la présence humaine. Il est certain que c’est une personne. Les animaux ne produisent pas autant de chaleur. Son corps y répond en augmentant sa température. Un automatisme. Un réflexe. Il ne sera jamais vraiment froid. Il aura toujours la température qu’on attend de lui. Une boule lumineuse traverse l’obscurité. Aussitôt gelée par Snow. Aneliese. L’une des dernières fois où ils se sont croisés, elle l’a fusillé du regard. Elle lui en a voulu. Elle lui en veut sûrement encore. Il n’en sait rien. Mais il sait qu’il ressent assez de remords pour en plus, supporter ceux de la jeune mutante. “Ta mutation émet de la chaleur, j’y suis sensible. Et je suis prête à parier que Bobby aussi.” Grimace sur le visage, il hausse les épaules. Elle ne peut pas arriver discrètement. Elle ne peut pas profiter de leur dos tourné. Ils la sentent arriver. Ils la perçoivent. Bobby reste tout de même persuadé que Snow a une meilleure perception. Elle est plus douée, plus à l’écoute, plus évoluée. “Désolé…” C’est comme briser son jeu. Aneliese ne peut pas jouer à cache-cache avec eux. Pas drôle. Pas amusant. Même pour Snow et Bobby. Jamais ils ne pourront s’amuser dans ces jeux d’enfants. Ils sauront toujours trouver les autres ou en tout cas, les ressentir. Ils ne trouveront jamais de plaisir dans ces jeux enfantins.

Aneliese s’éloigne et avec elle, toutes les diversions possibles. Il attend de ne plus sentir sa chaleur. Il attend d’être certain qu’elle soit assez loin. Il attend qu’elle ne les entende plus pour reprendre la parole. “Est-ce tu as l’impression que je faillis à mon rôle en partant ?” Elle l’a toujours vu mieux qu’il ne l’était. Il en a parfaitement conscience. Qu’il décide de partir un jour remet cette perfection en cause. Il a le sentiment de la décevoir. Il a le sentiment d’inverser les rôles. Elle, la sage et mesurée X-Woman qui souhaite rester ; lui, le X-Man à la recherche d’une liberté perdue et d’un avenir loin de la X-Mansion. Ils se sont échangés les places, sans qu’ils ne s’en aperçoivent. “J’ai passé tellement d’années à me projeter avec quelqu’un, à m’imaginer un avenir… j’ai besoin de tracer ma route tout seul.” Il justifie. Il s’explique. Alors qu’il n’en a pas besoin. Il ne devrait pas. Chacun est libre de faire ce qu’il souhaite. Chacun est libre de prendre ses décisions. Il a été celui qui a écouté, guidé, accompagné, pendant des années. Si un jour il souhaite partir, il espère bénéficier de la même attention et de la même bienveillance qu’il a exprimé. Il se doute que Snow ne le retiendra pas. Elle ne le poussera pas non plus vers la sortie. Leur relation est compliquée. Leur relation n’est pas saine. Leur relation n’a plus de qualificatif. Ce n’est plus une amitié, ce n’est plus un couple, ce n’est plus une haine. Plutôt un mélange de tout cela. Ils ont appris à se connaître à travers les disputes, ils ont appris à se supporter avec l’amitié et ils ont appris à s’aimer et à se détruire à travers l’amour. Leur relation est complexe. Mais elle est importante. Incroyablement importante. Il sait que quoiqu’il fasse, quoiqu’il décide, Snow sera là. Comme lui l’a été et le sera pendant de nombreuses années. Ils peuvent se soutenir, se disputer, s’apprécier. Ils peuvent faire les trois à la fois.



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« We accept the love we think we deserve.  » - Stephen Chbosky.

L
e lac, sombre dans la nuit, se dégèle progressivement sous le regard fixe de Snow. Beaucoup détestaient ne pas en voir le fond, comme si le monstre du Loch Ness pouvait avoir une jumelle ici-même, comme si un Kraken pouvait y dormir. Elle n’était pas inquiète, sans doute parce que la plupart de ses cauchemars d’enfant n’avaient rien à envier à sa réalité, à tout ce que la vie lui avait réservé. Elle errait entre ses souvenirs quand la voix de Bobby a accroché son attention, l’extirpant des images plus ou moins heureuses qui défilaient dans son esprit. « Est-ce tu as l’impression que je faillis à mon rôle en partant ? » Elle a cligné des yeux, aucun autre mouvement, le visage toujours tourné vers le paysage. Qu’est-ce que ça pouvait lui faire, qu’elle en ait l’impression ou non ? En général, les habitants de l’Institut se fichaient pas mal de son avis, en dehors des plus jeunes et seulement parce qu’elle donnait l’affection d’une mère, sans vraiment se préoccuper des règlements et des conflits. Chaque fois que Bobby lui posait une question de ce genre, Snow s’interrogeait sur la raison qui le poussait à toujours lui accorder ne serait-ce qu’une once d’importance, comme si elle avait à dicter ses choix. « J’ai passé tellement d’années à me projeter avec quelqu’un, à m’imaginer un avenir… j’ai besoin de tracer ma route tout seul. » Il se justifie, et elle ne comprend pas bien pourquoi. Si, elle sait qu’il est ainsi, qu’il se préoccupe de toute la planète Terre avant de penser à lui-même, mais auprès d’elle, il aurait dû avoir conscience que se justifier est inutile. « Tu ne faillis jamais à ton rôle. Tu ne l’as jamais fait. » se contente-t-elle de répondre. Jamais. Le seul reproche qu’on pouvait faire à Bobby se trouvait justement à ses côtés, blonde et trop froide.

« Et tu n’as pas à te justifier. » Elle avait compris que l’aimer, c’était le laisser partir, mais pire encore elle avait accepté ce fait, elle avait cessé de se débattre entre la théorie et la pratique. Qu’il parte ou qu’il reste ne changerait ni ses sentiments à son égard ni son avis sur lui. Il avait sacrifié sa vie à l’Institut, au bien être de Malicia, à son travail, il n’avait pas profité, jamais pleinement. Qu’il désire enfin tracer sa route seul était positif pour lui, qu’importe qu’elle souffre de ne plus l’avoir près d’elle. Avec ses peurs, ses doutes et ses silences, elle avait ruiné leur couple, autant qu’il reparte de zéro avec une personne qui le mérite sincèrement, quelqu’un qui saurait lui rendre le sourire et fonder une famille heureuse. « Je t’ai demandé d’apprendre à vivre pour toi, tu crois que je te jugerais parce que tu choisis de le faire maintenant plutôt que quand tu couchais avec moi ? » C’est cru. C’est loin de la vision amoureuse qu’elle a conservé, loin de la notion de couple. Elle a opté pour ce mot parce que c’est ce à quoi tout se résume, pour lui, pour les X-Men, une banale histoire de sexe qui a mal tourné et qui a blessé Malicia. Ca n’est peut-être pas le souvenir que Bobby voulait en garder mais Snow préférait ne pas évoquer ses sentiments pour lui, c’était plus simple ainsi, ça ne lui donnait pas l’occasion de songer qu’elle le culpabilisait ou qu’elle tentait de le récupérer. En un sens, elle avait récupéré assez de ses souvenirs pour ne pas se retrouver désarçonnée par ces mots-là, pas à la manière dont sa mère le lui avait enseigné, ni salement comme Axel avait pu le faire. Elle avait couché avec Bobby, dans un an il ne s’en souviendrait sans doute plus et il pourrait guérir de l’expérience désastreuse. Elle aurait voulu lui offrir une première relation complète et sereine ; elle en avait été incapable, elle devrait vivre avec. « Je veux seulement que tu sois heureux, Bobby. Ici ou à l’autre bout du monde, il n’y a que toi qui peux décider de ce qui est le mieux. Tu en as donné bien plus que nécessaire aux X-Men. » Elle ne voulait ni se disputer ni lui faire des reproches. Les phases du deuil étaient toujours plus ou moins longues mais l’acceptation en était une grande étape. Se déchirer la fatiguait, et ça ne valait plus la peine.
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Prendre des décisions. Les assumer. Les concrétiser. Il passe ses journées à inciter les autres à en prendre. Il convainc qu’il est nécessaire de choisir, de faire ce qui les intéresse, d’agir comme ils le désirent. Il passe son temps à prêcher la bonne parole. Pourtant, il est le premier à ne pas choisir. La première vraie décision prise a été de suivre Scott à l’Institut. Il a décidé d’y apprendre le nécessaire. Il a décidé de vivre ici pendant quelque temps. Lorsqu’il a fallu penser à l’avenir, il a choisi de rester à la X-Mansion et d’être utile. Il s’est porté sur la psychologie. Deuxième grande décision de sa vie. La troisième décision importante est sûrement celle d’intégrer l’équipe des X-Men, de risquer sa vie, de défendre des valeurs, de faire le bien. Ce sont des choix loin de ceux que l’on peut faire au quotidien. Choisir entre des chaussettes grises ou des chaussettes noires. Choisir ce pull plutôt qu’un autre. Choisir de manger des céréales avec ou sans lait. Toutes ces décisions sont futiles face à celles qui provoquent un grand tournant dans la vie. Il n’en a plus fait depuis de nombreuses années. Il a accepté que Malicia rompt, mais ce n’était pas réellement de son fait. Il a seulement hoché la tête, sans se défendre. Il s’est incliné face à quelques arguments. Il ne s’est pas battu. Pas à un seul instant. Préférant se concentrer sur ce qu’elle voulait. Préférant sacrifier une relation pour le bonheur de l’autre. Il n’a pas pris de décision depuis une éternité. Jusqu’à maintenant. Jusqu’à il y a un instant. Il a décidé qu’il partirait. Il a décidé qu’il visiterait le monde. Il a décidé qu’il découvrirait la vie, ailleurs. Il a décidé. Il se sent libre. Allégé d’un pois. Libéré d’une pression. Il a une idée de son avenir. Il sait que sa vie se fera aussi en dehors de ces murs. Il le sait, maintenant. Mais il a besoin que Snow comprenne. Il a besoin qu’elle sache qu’il ne l’abandonne pas. Il a besoin qu’elle puisse accepter pleinement son choix. Ces derniers temps, elle est devenue importante. Un pilier dans sa vie, malgré tout ce qu’il s’est passé. Elle est devenue un socle. Son avis compte. Son avis est important. Son approbation aussi. Comme un enfant, il doit être rassuré et encouragé. Il doit s’entendre dire qu’il fait le bon choix, qu’il agit correctement. “Tu ne faillis jamais à ton rôle. Tu ne l’as jamais fait.” Elle a une confiance aveugle en lui. Une croyance qui l’effraye parfois. Il se demande si un jour, il la décevra. Si un jour, il fera défaut à l’image qu’elle a de lui. Si un jour, il ne sera plus à la hauteur. Il ne veut pas en arriver là. Il ne veut pas voir le dépit dans son regard. Il ne veut pas voir le dégoût dans ses prunelles.

Il a envie de faire les choses bien. Il a envie que sa décision soit comprise de tous - Snow y compris. Dans le cas contraire, il ne pourrait pas profiter. Il ne pourrait pas être totalement heureux. Pourchassé par des remords. Collé par la culpabilité. Alors, les explications commencent aujourd’hui. Avec Prudence. Le plus difficile et le plus facile, en même temps. “Et tu n’as pas à te justifier.” Il ne doit pas se justifier, mais il doit des explications. Il ne peut pas partir du jour au lendemain. Il ne peut pas tout laisser en plan. Il doit préparer son départ. Il doit prendre le temps. Même si cela n’interviendra que dans plusieurs années, il doit prendre les devants pour que tout se passe au mieux le jour J. Il n’a pas à se justifier, mais il sent l’importance de précisions. “Je t’ai demandé d’apprendre à vivre pour toi, tu crois que je te jugerais parce que tu choisis de le faire maintenant plutôt que quand tu couchais avec moi ?” Il se crispe. Il entend un reproche. Il sent une pique. Il ne la regarde pas. Les yeux fixés sur la surface du lac. Il a le sentiment qu’elle lui reproche de mieux vivre loin d’elle. Il a le sentiment qu’elle croit l’avoir étouffé, emprisonné. Ce n’est pas le cas. Absolument pas. Et toujours cette volonté de résumer leur couple à une simple histoire de sexe. Ils étaient attirés l’un par l’autre pour d’autres raisons. Par la personnalité, par les pouvoirs. Par tout un tas de choses. Réduire leur couple à des parties de jambes en l’air est dévaloriser ce qu’ils ont vécu. Ils ont passé de bons moments ensemble, des moments d’échanges, des moments de confidences, des moments de partages. Pendant quelques semaines, ils ont vécu autrement. Ils se sont ouverts. Ils se sont aimés. Avant qu’il ne fasse tout foirer. Ce n’était pas que du sexe, même si Snow persiste à le croire. Une manière de se protéger. Une manière de nier. Une manière d’omettre la réalité. Parfois, il repense à ce qu’ils ont vécu ensemble. Parfois, il se rappelle encore le goût de ses lèvres sur les siennes. Il se rappelle encore ces conversations dans l’intimité dans son bureau. Il se rappelle encore cette proximité confortable et agréable. Il se rappelle encore son toucher. Cela revient comme des flashs. Des souvenirs. Des rappels. Mais à chaque fois que Snow fait référence à leur ‘aventure’, il sent un pincement. Comme une attaque personnelle. Comme une volonté de le dénigrer. Elle le connaît. Il n’aurait jamais rien fait uniquement pour le sexe. Il était au-delà de ça avec Malicia. Il l’est toujours. Mais il se tait. Parce qu’il lui a posé la question. Il l’a voulu. Il encaisse en silence. Il lui a demandé, elle répond.

Je veux seulement que tu sois heureux, Bobby. Ici ou à l’autre bout du monde, il n’y a que toi qui peux décider de ce qui est le mieux. Tu en as donné bien plus que nécessaire aux X-Men.” Alors, pourquoi a-t-il l’impression qu’il a besoin de s’expliquer ? Pourquoi se sent-il obligé de repousser l’échéance à quelques dizaines d’années ? Quitter les X-Men, la X-Mansion, sera un grand déchirement. Dire au revoir à sa famille. Dire au revoir à l’endroit qui l’a vu grandir. Un endroit où il a vécu tellement de choses. Ce sera difficile. Encore plus de laisser sa place dans l’équipe. A moins qu’il ne se trouve un endroit paisible dans le coin. Un endroit proche où il pourrait mener à bien son objectif. Un endroit proche depuis lequel il pourrait rejoindre l’institut, en cas de besoin. Néanmoins, si il veut pleinement prendre son envol, il sera peut-être contraint de laisser tomber le costume. Ce vêtement qui lui colle à la peau depuis dix ans. Ce vêtement qui le suit dans chacune de ses transformations. Ce vêtement qui l’accompagne dans ses missions. “Merci.” Il tourne le visage vers Snow. Derrière ce simple merci se cache de nombreuses raisons. Son amitié. Sa bienveillance. Son désir de le voir heureux. Sa compréhension. Il n’en espérait pas autant de sa part. A une époque, elle l’aurait probablement traité de faible et l’aurait félicité d’abandonner enfin les X-Men. A une époque, elle lui aurait probablement gelé le coeur pour lui faire payer sa faiblesse. A une époque, ils n’auraient même pas eu cette conversation. Les choses changent. Les gens changent. Il est heureux de lui avoir donné l’opportunité de le faire, de le prouver. Il ne regrette pas un instant d’être allé la chercher. Il ne regrette pas de l’avoir collée pour qu’elle s’ouvre un peu. Il ne regrette pas d’avoir pris des risques pour qu’elle s’exprime. Il ne regrette rien. “Tu feras une bonne avocate, j’en suis sûr.” Une avocate qui ne laissera rien passer. Une avocate qui donnera une chance à tous les mutants perdus. Une avocate qui défendra avec vigueur et efficacité. Une avocate qui saura faire sa place dans le milieu. Ses confrères ne la prendront sûrement pas au sérieux. Ils la considéreront comme idiote et folle de défendre une cause pareille. Mais elle saura leur prouver qu’ils ont tort. Il en est certain. Elle a le caractère pour. Elle a la ténacité, la détermination, la force, la motivation.

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B
obby avait laissé un vide immense dans sa vie, plus que quiconque auparavant. Le deuil de ses parents était fait - ou du moins le deuil de sa mère et de ce qu’elle avait longtemps pensé avoir fait à son père. Elle avait lâché prise, laissant le manoir familial à la vente, l’argent à la banque. Elle avait laissé de côté ce qui avait fait d’elle, un jour, une jeune fille perdue et furieuse. Il n’y avait plus que ce vide, que ce trou béant qui ne se refermerait pas, et quand elle se souvenait, dans un flash fugace, de la tendresse du psychologue, elle partait se défouler sur des cibles de glace, pour oublier, quitte à parfois se blesser. Bobby avait laissé ce néant désagréable qui grignotait lentement sa raison. Son âme à moitié ivre glissait dans les méandres de cette froideur protectrice qui reprenait, petit à petit, la place qui fut autrefois la sienne. Elle n’avait pas ressenti cela depuis longtemps, depuis des années lui semblait-il, quand l’ombre d’Axel suivait encore la sienne, emprisonnant le regard trop bleu dans les remords. A vrai dire, elle regrettait presque sa violence, elle était arrivée au point où les coups lui manquaient, parce que c’était une façon certes déviante de l’aimer - mais une manière tout de même. Elle regrettait les bleus, ces contacts douloureux mais durables, vivaces. Il avait laissé un grand rien derrière lui, de ses baisers pleins d’affection au refus absolu de la toucher, comme une criminelle qu’on s’efforce d’écarter, d’effacer. Bobby aurait pu n’être que l’ennemi juré, et elle s’en serait mieux porté. Il avait besoin de tracer sa route solitaire et elle savait désormais que jamais il ne lui reviendrait, et condamnée à vivre, elle n’avait plus que les enfants, pour s’occuper, pour chasser les démons intérieurs. Il avait éveillé les sens d’une reine glacée qui aurait préféré se complaire dans ses habitudes, dans l’absence totale de ces besoins idiots de tendresse - elle dont l’esprit avait emprisonné les aspects sociaux nécessaires à l’humanité se retrouvait face à la difficulté de fermer à nouveau l’infernale boîte des péchés capitaux. Il n’y avait ni l’amour à recevoir, ni les bras réconfortants, la chaleur rassurante et elle ne pouvait plus rien détruire pour retrouver l’horrible stabilité d’une époque perdue.

Bobby avait laissé un vide, et c’était sans doute pour cela qu’elle ne le regardait pas, pour ne pas souffrir. Elle n’était plus rien, plus rien d’autre qu’une mutante, comme à l’époque de la Confrérie où Mystique lui avait appris la faiblesse des sentiments, à surpasser les obstacles, à se fondre dans un décor. Elle n’était plus que ça, une homo superior qui défend les siens, la combinaison lui collant à la peau. Enfin presque puisqu’elle n’avait pas trouvé le courage d’essayer la nouvelle, de mettre à l’épreuve la matière. « Tu feras une bonne avocate, j’en suis sûr. » Peut-être. Qu’est-ce qu’il en savait ? Elle serait sans doute de ceux qu’on qualifiait de véritable chiens, d’inflexibles. Aurait-elle vraiment de la pitié pour les victimes de ces mutants en perte de contrôle et de repères ? Si elle avait recontacté son père après avoir vu le psychologue frôler la mort, elle n’était cependant pas prête à tout lui passer - elle ne passait pas aux homo sapiens leur terreur irrationnelle. Oui, la peur était normale face à ce qui nous dépasse, c’était ce qui faisait d’eux des êtres humains, mutés ou non, mais cela justifiait-il de vouloir ficher les gens ? Pourquoi alors ne pas ficher les malades, les contagieux ? Après tout, n’était-ce pas le même combat ? Snow serait une de ces avocates aux mots acides, c’était certain - est-ce qu’elle en serait meilleure pour autant ?

« Il faut bien occuper les cent prochaines années. » L’évidence claque dans l’air. N’était-elle pas prisonnière de ses cellules ? Bobby avait raison : il lui fallait se faire à l’idée que la mutation puisse à nouveau prendre le dessus, évoluer, encore et encore. Certains gagnaient en puissance au point de devenir dangereux malgré eux, pour eux-mêmes, pour ceux qui les entouraient. Elle épousait sa condition à défaut d’offrir à l’homme près d’elle tout ce qu’elle aurait voulu lui donner - tout ce qu’elle ne se sentait capable de donner qu’à lui, à lui seul, parce qu’elle avait eu confiance, parce qu’il l’avait acceptée avec ses crises, ses défauts, ses failles. « Il y a sans doute un univers dans lequel je sais ce que signifie la paix. Ca n’est pas celui-là. » Un univers où elle n’a pas tué, où la destruction ne s’est pas avéré être une seconde nature. Un univers où elle n’a pas fait la bêtise de céder au psychologue de l’Institut - un univers peut-être où la X-Mansion n’est pas. Qu’importe. Ici, elle n’était que chair et os se débattant dans la mélasse de la société, de la rancoeur et des regrets. « Tu gâches ta vie à la sacrifier pour nous. Tu pourrais partir, fonder la famille dont tu rêves et tu restes là, à écouter les malheurs des autres, à renoncer pour les âmes ingrates que nous sommes. T’as pas de dette à payer, et tu n’en profites pas. » Elle s’inclut. Elle s’inclut dans les sacrifices, dans l’ingratitude. Après tout, s’il ne l’avait pas écoutée, il serait encore avec Malicia, il serait heureux. « Je crois sincèrement que tu aurais dû m’abandonner, ce jour-là. Me laisser devant les grilles. » Elle s’est levée. Ses résolutions se sont fissurées alors elle a opté pour bouger, pour marcher, histoire de s’obliger au silence, ça n’était pas de la rancoeur, ça n’était pas vraiment à lui qu’elle en voulait. Elle en voulait à ce que certains appellent « destinée ». Si Snow était morte d’épuisement, durant la catastrophe, elle ne se sentirait pas si.. vide, à l’heure actuelle.
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Il faut bien occuper les cent prochaines années.” Parfois, quand on discute, quand on est face à quelqu’un, quand on lance un sujet, on a l’impression de ne dire que des bêtises, de ne jamais dire ce qu’il faut. C’est le cas à ce moment précis. Ses paroles sont incomprises. Ses paroles sont mal interprétées. Peut-être qu’il se trompe. Peut-être qu’il se méprend. Peut-être qu’il a la susceptibilité à fleur de peau. Mais il a le sentiment qu’un sous-entendu se cache derrière sa réponse. Il a l’impression qu’elle lui en veut. La sécheresse de son ton. Les mots employés. Un ensemble qui véhicule la sensation d’avoir fauté. Il devrait se taire. Il devrait arrêter. Il devrait partir. Marcher. Rejoindre sa chambre. Dormir. Se reposer. Recommencer une énième journée. Ils essayent de redevenir des amis. Ils essayent de reprendre leur amitié où ils l’ont laissée. Échec cuisant. Ils ne font que de se prendre la tête. Ils font marche arrière. A l’époque où ils n’arrivaient pas à se comprendre. A l’époque où il tentait de la faire sortir de son silence. A l’époque où la glace était le seul moyen de communiquer. Il passe une main sur son visage. Plutôt que d’essayer, ils devraient se résigner. Savoir qu’une amitié n’est pas possible. Elle ne l’a jamais été. Mais il veut y croire. Comme il veut croire en la paix dans le monde. Comme il veut croire en un monde meilleur. Comme il veut croire en la bonté humaine. Comme il veut croire en une intégration totale des mutants. Il a des croyances, des espoirs. Il ne sait pas se résigner. Il ne sait pas accepter. Il préfère persévérer dans ses espérances. Moins douloureux. Plus commode. La fatigue le submerge. Une fatigue repoussée ces deniers jours. Une fatigue tue ces dernières heures. Il aimerait que les choses soient plus faciles. Pour tous les mutants. Pour Snow et lui. Il aimerait qu’ils s’entendent sur tout. Ce n’est pas possible. Ils n’y arrivent pas. Trop de non-dits. Trop de différences. Elle renferme trop de rancoeur pour réussir à s’ouvrir. Elle pourrait être heureuse d’avoir une plus longue vie. Elle pourrait savourer cette chance de faire le bien autour d’elle, plus longtemps. Elle pourrait se réjouir d’aider les X-Men pendant de nombreuses années. Même si cela veut dire voir mourir tous ses proches. Même si cela signifie mourir après tous les autres. Ce n’est pas facile. Il n’y a qu’à voir l’état d’Aneesh. Frôlant la dépression. Frôlant la lassitude. Frôlant le blasement total. Elle n’a peut-être pas envie de terminer comme le professeur. Mais elle est la seule à pouvoir le faire. Elle est la seule à pouvoir s’assurer qu’elle ne sera pas comme lui. Elle a l’exemple parfait à ne pas suivre. Pourquoi ne pas sa baser dessus ?

Bobby relâche le lac du regard. L’étendue d’eau ne pas va pas partir. Elle ne va pas disparaître. Elle ne va pas s’en aller. Elle sera encore là de nombreuses années. Bien plus longtemps que Snow. Bien plus longtemps que chacun d’entre eux. Ce lac est là depuis des années. Des décennies. Des siècles. Snow est composée d’un liquide qui devient rare. D’un composant qui devient précieux. Elle est l’avenir de la planète. Elle peut continuer à faire de belles choses. Elle peut continuer à s’occuper des mutants. Par choix. Par conviction. Par dépit. Comme elle le souhaite. Elle aurait pu choisir de rejoindre la Conférie. Elle aurait pu décider de partir. Elle aurait pu faire le mal. Même si elle semble résignée à affronter la centaine d’années qui arrive, elle fera quelque chose qui lui plaît. Qui lui tient à coeur. “Il y a sans doute un univers dans lequel je sais ce que signifie la paix. Ca n’est pas celui-là.” La paix. Qu’est-ce que la paix dans ce monde où l’on se dispute pour une bousculade, où l’on s’impatiente devant une file d’attente, où les gens se font tuer gratuitement ? Elle n’aura jamais la paix. Peu importe l’univers. Peu importe le pays. Peu importe la vie. Ils sont tous condamnés à se disputer, à s’énerver, à s’agacer. Elle peut espérer avoir une magnifique vie dans un univers alternatif, elle réalisera vite que ce n’est pas possible. Elle a ça dans dans le sang. Elle a besoin de se mêler des conflits. Elle a besoin de prendre part. Comme tous les X-Men. Comme tous les Confréristes. Des gens sont faits pour subir et accepter. D’autres sont faits pour agir et pour hausser le ton. “Tu gâches ta vie à la sacrifier pour nous. Tu pourrais partir, fonder la famille dont tu rêves et tu restes là, à écouter les malheurs des autres, à renoncer pour les âmes ingrates que nous sommes. T’as pas de dette à payer, et tu n’en profites pas.” Il redresse la tête. Il tourne le regard vers elle. Les poings fermés. Les poings serrés. Elle l’énerve quand elle parle ainsi. Elle l’agace quand elle l’accuse de tout mettre de côté. A aucun moment elle ne s’est demandée si il était heureux. Tout simplement heureux. Épanoui. Content. Satisfait. Quand il était petit, il ne rêvait pas de devenir psychologue. Il rêvait d’un métier dangereux. Il rêvait d’une vie de policier ou de pompier. Il rêvait d’une vie normale. La génétique, l’évolution, peu importe, en a décidé autrement. Il s’est révélé être un mutant. Même si la glace est incroyablement pratique pour geler un incendie ou pour arrêter un criminel en fuite, il n’a pas voulu poursuivre ses rêves. Parce que ce n’était que des rêves de gamin. Parce qu’il a découvert un autre monde. Celui des mutants. Celui de Charles Xavier.

Il a été accueilli dans cette grande famille. On lui a appris la valeur de l’aide, de l’ouverture, de la tolérance. Des valeurs dans lesquelles il se retrouve. Des valeurs qu’il a fait siennes. “Tu crois que je fais ça pour les remerciements ? Tu crois que c’est une corvée d’écouter les gens ? Ils ont besoin d’aide, Snow. Tu as besoin d’aide. Mon boulot me plaît, je ne suis jamais senti aussi utile que depuis que je bosse ici, depuis que je suis X-Man.” Il ne voulait pas s’énerver. Il ne voulait pas s’impatienter. Il ne voulait pas hausser le ton. Mais c’est ce qu’il est en train de faire. Il s’emporte. Il se met en colère. Il ne tient pas en place. Il est obligé de se lever. Il est obligé de marcher. Il est obligé d’évacuer un trop plein d’énervement refoulé, en marchant. Marcher. Encore marcher. Chaque pas évacue une tension. Chaque pas l’éloigne de son agacement et le rapproche de son calme habituel. Il déteste être énervé. Il déteste ne pas avoir de patience. Ces deniers temps, son tempérament apaisé lui fait défaut. Lui file entre les doigts. Il ne comprends pas. Il ne sait pas pourquoi. La pression, peut-être. La fatigue, probablement. L’impression que rien ne va, assurément. Un trop plein de raisons qui l’empêche de retrouver sa sérénité. Il y parvient encore. Un peu. Dans son bureau. Dans ce cadre si confortable et familier. Dans ce lieu où il maîtrise les peurs des autres. Il fait volte-face. Il retourne vers Snow. “La vérité, c’est que si je me casse d’ici, qu’est-ce qu’il me reste, qui je suis ? Hein ? Je suis ici depuis mes quinze ans, qu’est-ce qui m’attend à l’extérieur ? Rien, absolument rien.” Retourner chez ses parents est proscrit. Se lancer dans une nouvelle vie est difficile, pénible. Tout recommencer à zéro, alors qu’il a ses amis, sa seconde famille, ici. Ce serait idiot. Il perdrait tout ce qui fait son identité, tout ce qui a forgé la personne qu’il est aujourd’hui. Il ne peut pas simplement partir. Tourner le dos à ceux qui l’ont élevé. Abandonner ceux qui lui ont donné une chance. Quitter les seules personnes qu’il considère réellement comme sa famille et qui l’acceptent tel qu’il est. Il ne peut pas. Pas tout de suite. Pas du jour au lendemain. Il a besoin de suivre un processus. Il a besoin de se faire à l’idée de partir, puis de trouver le courage d’agir et de le faire. Il a besoin de temps. Il a besoin de travailler sur lui-même. Mais ça, Snow ne peut pas le savoir. Elle ne peut pas le comprendre. Elle n’est pas attachée à l’Institut comme il l’est. Il est arrivé à quinze ans. Il n’a jamais quitté les murs de l’école. Il n’a jamais lié d’amitiés avec des gens extérieurs, sauf à de rares occasions. L’institut est tout ce qu’il a. Il lui doit tout.

Je crois sincèrement que tu aurais dû m’abandonner, ce jour-là. Me laisser devant les grilles.” Les poings desserrent. Se serrent. La colère suinte. La colère palpite. Une vérité criante. Elle est dépressive. Elle est suicidaire. Elle subit la vie, plus qu’elle ne l’apprécie. Elle déteste ce qu’elle est, ce qu’elle est devenue. Mais dans quelques années, elle sera heureuse. Elle sera épanouie. Elle ne regrettera plus. Elle sera heureuse d’être sur Terre pour défendre des mutants paumés, pour plaider des causes perdues. Elle verra. Elle verra, mais en attendant, Bobby fulmine. Il la trouve ingrate. Totalement ingrate. Envers l’Institut. Envers toutes ces personnes qui lui font confiance. Envers tous ces adolescents qui dépendent d’elle. Il la trouve ingrate de ne pas saisir la chance qu’ils lui ont donnée. De ne pas saisir cette opportunité et d’en profiter à fond. Au lieu de cela, elle broie du noir. Elle préfère abandonner. Elle préfère avancer par obligation. “Arrête ça. Arrête…” Cette conversation, ils l’ont déjà eu. Plusieurs fois. Ce sentiment d’avoir dû mourir n’a jamais quitté Snow. Elle en a toujours souffert. Elle a toujours été amère. Dès le début. Dès le premier jour, lorsqu’elle s’est remise. Dès les premiers instants. Il est temps qu’elle accepte. Il est temps qu’elle apprenne à vivre. Il est temps qu’elle apprécie son quotidien. Peut-être que la colère n’est pas la bonne méthode. Mais il n’y en a pas. Il n’y en a plus. Il n’y a qu’une dispute pour créer un électrochoc, une prise de conscience. Il n’y a plus que ça. “Tu sais quoi ? Je suis fier plus que jamais de t’avoir ramenée. Regarde-toi, Prudence, tu es devenue une X-Woman. T’aurais pu tous nous tuer dans notre sommeil ou nous piéger des centaines de fois. Au lieu de cela, tu nous aides, putain. Ça ne veut rien dire pour toi ?” Fier. C’est le cas. Snow est devenue un pilier de l’équipe des X-Men. Elle est devenue indispensable dans le quotidien de l’Institut. Elle est appréciée, complimentée, adorée. Elle a su se faire aimer, malgré sa froideur, malgré sa solitude. Elle a su faire sa place parmi les pensionnaires. Si au début, il doutait d’elle, ce n’est plus le cas trois ans plus tard. Il est fier de se battre à ses côtés. Il est fier de l’avoir en ami. Il est fier d’avoir été son petit-ami. Il est fier de la savoir en vie. “Alors, tu regrettes la seconde chance qu’on t’a donnée ? Tu regrettes de faire le bien et de rattraper tes erreurs ? Très bien. Allons voir le Professeur et trouvons une solution pour te tuer.” La tuer. Il est lui-même choqué, touché. Le mot est fort, puissant, radical. Il ne voudrait pas la voir mourir. Il n’aimerait pas voir la vie quitter ses prunelles trop bleues. Il est impensable qu’ils l’aident. Impossible. Mais c’est ce qu’elle attend d’eux, n’est-ce pas ? Elle attend une délivrance. Elle attend une sortie digne de ce nom. Elle est prête à tout pour mourir. Pour crever. Pour arrêter sa vie.


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E
lle sait qu’elle a besoin d’aide, elle sait que malgré tous ses efforts, elle sombre invariablement, d’autant plus depuis le départ de Bobby. Elle a des hauts et des bas, de rares journées de stabilité parfaite et plus elle est seule, moins elle a de risques de craquer. Là, c’est trop tard. Les mots se sont échappés et la colère n’a pas tardé à être la réponse du psychologue. Et plus il parle, plus la tension est palpable. Elle ne bouge plus, elle le fixe, le regard clair empreint d’une rage contenue, de ces fêlures qui remontent à la surface, tels des icebergs dans une mer du nord. Sa vérité n’est pas la sienne, parce qu’il n’est pas « rien », parce qu’il n’est absolument pas possible qu’elle puisse adhérer à cette idée. Bobby avait été tout pour elle en si peu de temps qu’elle savait pertinemment qu’il saurait devenir bien plus encore pour une autre. Il était dévoué, il était passionné, il était intelligent et compatissant. Il avait tout pour s’en sortir. Tout ce qu’elle ne pensait pas avoir. Tout ce qui lui faisait défaut, et bien d’autres choses encore, dont l’optimisme et l’espoir quand elle tendait au pessimisme et, lentement, à la déprime chronique. « Tu as des parents encore vivants, tu as des neveux, des nièces, un diplôme, tu n’as pas rien ! Tu es un homme brillant qui a encore l’avenir pour voyager, pour aider d’autres personnes en détresse ! » Il n’avait pas la culpabilité sur la conscience, il n’avait pas d’actes irréversibles pour le hanter chaque nuit, il n’avait pas le deuil de sa famille à porter, et même s’il ne s’entendait pas avec la plupart du temps, il les aimait, il pouvait profiter d’une certaine forme de liberté.

Rien n’y fait, plus les secondes s’écoulent, plus la situation dégénère, et s’il lui demande d’arrêter, c’est désormais à elle de se mettre à bouger pour ne pas laisser la pression s’ancrer dans chaque fibre de son être. « Tu sais quoi ? Je suis fier plus que jamais de t’avoir ramenée. Regarde-toi, Prudence, tu es devenue une X-Woman. » Les pas s’arrêtent. Prudence. Il a récidivé, il n’use de ce prénom que pour exprimer du désaccord, de la désapprobation ou de la déception. Il ne l’utilise jamais avec tendresse ou affection. Les simples syllabes font monter son envie de prendre la fuite, de tourner les talons pour ne plus jamais revenir. Définitivement partir, disparaître de cette civilisation viciée, défaillante. « T’aurais pu tous nous tuer dans notre sommeil ou nous piéger des centaines de fois. Au lieu de cela, tu nous aides, putain. Ça ne veut rien dire pour toi ? » La vulgarité n’est pas dans les habitudes de Bobby, et c’est sans doute la seule raison qui l’empêche de s’écarter. Si ça ne veut rien dire ? Elle ne sait pas. Les doigts viennent masser les tempes. Snow devait bien avouer ne pas vraiment se souvenir de la raison qui l’a poussée à rester tranquille, les premières semaines. Elle était entourée de toutes ces personnes étranges et parfois autoritaires, de ces gens qui sous-entendaient qu’elle était dangereuse sans qu’elle ne le comprenne. Il ne lui était pas spontanément venu à l’idée d’éradiquer les pensionnaires de l’institut, peut-être aussi parce que sa mutation était restée en sommeil jusqu’à ce qu’elle puisse intégrer ce qui faisait d’elle ledit danger. « Alors, tu regrettes la seconde chance qu’on t’a donnée ? Tu regrettes de faire le bien et de rattraper tes erreurs ? Très bien. Allons voir le Professeur et trouvons une solution pour te tuer. » La blonde n’y tient plus. A son tour de serrer les poings dont la température est si froide qu’une vapeur glacée semble s’en échapper. Il n’intègre pas, il ne peut pas comprendre toute l’étendue de sa peine et de ses regrets, parce qu’il n’a jamais eu le moindre mort sur le coeur, parce qu’il n’a jamais franchit le pas vers ce qui fait d’un être humain un meurtrier. Au fur et à mesure, elle était arrivée à reconstituer des visages dans les nuits les moins calmes, sans que son cerveau puisse y associer des noms. Et le pire, c’est que cela la faisait bien moins souffrir que le deuil d’un couple auquel elle n’avait pas voulu espérer - jusqu’à le perdre, finalement. « Je regrette Axel. » La sincérité des mots est plus cruelle que tous les mensonges qu’elle aurait pu lui sortir pour le détourner d’une quelconque volonté de l’aider. « Je regrette qu’il ne soit plus là parce qu’avec lui je savais que j’étais vivante. L’impact d’un bleu, ça rappelle au corps qu’on respire, on savoure le fait d’avoir survécu, après. » Les yeux dans les yeux. Elle ne cache rien. Elle ne ment plus. Elle en a assez de faire semblant, de prétendre que tout va finir par s’arranger, parce que chaque fois qu’elle croit être sortie de ses tourments, une chute plus sévère s’en suit, sans jamais lui donner une réelle saveur. « Et toi.. toi t’as été doux. T’as été patient, gentil, délicat. T’as même pas été foutu de.. » Elle ne sait pas si elle est perdue entre la glace ou le volcan, et si ses sentiments sont un chaos sans nom, pour une fois elle ne se fait pas flaque dans l’ouragan intérieur. « T’as même pas été foutu de vraiment me faire du mal pour que je puisse te détester. Pour que j’ai une raison légitime de t’en vouloir. » Ca finit par sortir. Il fallait qu’ils se disputent pour qu’elle parle enfin, pour qu’elle crache ce qui lui pèse et qu’elle ne parvient jamais à extérioriser dans des séances, pas plus que sur ses carnets.

La température ambiante chute drastiquement. Si Snow refuse de pleurer, si elle refuse de faiblir encore ainsi, le décor lui subit des fluctuations plus intenses, le sol se couvre de givre sur une distance encore jamais atteinte aussi vite. Sa mutation réagissait toujours, c’était une seconde nature dont elle pensait avoir touché les limites des années auparavant, parce que la cryokinésie avait été perfectionnée par le passé - avant qu’elle ne déclenche d’autres facultés - pourtant le désert de neige qu’elle impose à l’extérieur de la X-Mansion témoigne du contraire. Elle se serait peut-être posée la question si elle n’était pas occupée, silhouette immobile, à contenir une catastrophe qu’elle est la seule à anticiper ; quand la jeune femme se jette sur Bobby pour le pousser, elle lui épargne l’attaque tranchante d’une pique glacée, faisant les frais de son instinct protecteur. La glace se couvre du rouge de son sang alors qu’elle serre les dents pour ne pas exprimer la douleur. L’entaille est profonde dans le mollet, l’empêchant de se relever aussitôt, la privant de toute opportunité de prétendre que ce n’est rien qu’une égratignure. Tout faire pour contenir la glace l’avait empêchée de se liquéfier, de préserver son enveloppe charnelle, l’intégralité des facettes de ces mutations n’étant pas encore sous contrôle - la vie de Bobby plutôt que la sienne, c’était donc finalement ce que son acte suggérait. Ses reproches ne surpassaient pas l’amour qu’elle lui portait, un amour idiot, excessif et contre-productif. La plaie ne se referme pas, et elle refuse de demander de l’aide. Bobby doit lui en vouloir. Elle ne veut pas croiser la déception au fond de ses prunelles claires.
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Tu as des parents encore vivants, tu as des neveux, des nièces, un diplôme, tu n’as pas rien ! Tu es un homme brillant qui a encore l’avenir pour voyager, pour aider d’autres personnes en détresse !” Un rire jaune lui échappe. Un rire mauvais. Un rire moqueur. Des parents vivants ? Bien sûr qu’ils sont vivants, mais ils n’assument pas le fils mutant qu’ils ont engendré. Depuis son enfance, ils n’ont pas cessé de vouloir brider son pouvoir. Ils n’ont pas arrêté de lui demander de le cacher. Quand ils sont allés leur rendre visite, Snow s’en est aperçue. Elle a été la première à lui dire qu’il devait être naturel, qu’il ne devait pas se cacher. Des neveux et nièces. Des personnes qui l’apprécient, sans aucun doute. Mais qu’est-ce qu’il peut faire pour eux ? Rien. Ils ont déjà des parents qui veillent sur leur bonheur et leur éducation. Ils ont leur propre famille. A l’Institut, il est bien plus riche. Riche de ses amitiés. Riche de ses responsabilités. Riche de son métier. Il est épanoui dans ce rôle de guide et d’accompagnateur. Il n’aurait pas pu rêver mieux. Une fois dehors, il n’est plus rien. Il n’a plus rien. Il lui faudra tout recommencer de zéro. Ouvrir un cabinet. Attendre que les premiers patients arrivent. Patienter que le bouche-à-oreille fonctionne. Quant à voyager, cela suppose d’avoir de l’argent pour payer les avions. Même en mettant de côté, il ne pourra pas subvenir à tous ses besoins. Pas dans un premier temps. Pour l’instant, il n’y a aucun avenir qui l’attend à l’extérieur. Il doit se le forger. Il doit se le créer. “Ma mère a failli faire une crise cardiaque pour un petit pois gelé, tu te rappelles ? Ils m’aiment, mais ils n’accepteront jamais que le petit mutant de la famille reviennent à la maison.” Il a le ton acide. Il a de la rancoeur pour ces parents qui n’ont jamais aimé leur fils à sa juste valeur. Il a de la rancoeur contre ces personnes qui ne parviennent pas à accepter leur propre enfant. Il va devoir tout recommencer. Tout reconstruire. Il s’est attendu à ce que Snow comprenne. Elle a été dans la même situation. Elle a fini entre les mains de la Confrérie. Lui espère un autre avenir. Un autre chemin. La situation n’est pas la même, mais elle a dû se créer une nouvelle vie. De toute pièce. Elle est partie de la maison familiale. Elle n’avait rien. Seulement sa haine contre ses parents. Seulement son envie de vivre telle qu’elle est. Bobby a seulement son envie de liberté, de vivre. Il a seulement envie de découvrir la vie en dehors de l’Institut. Mais elle doit sûrement lui envier cette famille si parfaite. Ces parents si adorables. Ces neveux et nièces si mignons. Elle doit les lui envier et oublier le scandale provoqué par deux mutants sous le même toit.

Tuer. C’est violent. C’est cruel. C’est inhumain. Bobby n’est pas un tueur, un assassin. Même pendant les missions, il s’assure de seulement assommer ou neutraliser. La mort n’est qu’une solution ultime. Une décision qui doit être prise en cas d’extrême nécessité. La mort est le dernier moyen quand on a déjà tout essayé. Cela n’arrive que lorsque tout le monde est en danger. Quand il n’y a plus d’autre solution. Quand il n’y a plus aucun espoir. Mais Snow a d’autres solutions, elle peut avoir de l’espoir. Elle n’est pas dans cette situation où seule la mort est une échappatoire. Elle doit seulement apprendre à rendre sa vie plus belle. Elle doit seulement savoir transformer sa vie en une chose dont elle pourrait être fière et qui lui donnerait envie de se battre. L’idée qu’elle veuille mourir, l’idée qu’elle regrette de ne pas être morte précédemment, l’insupportent. Il ne pourrait pas l’aider à mourir. Il ne pourrait pas la tuer. Ce n’est pas dans sa nature. Ce n’est pas dans ses habitudes. Et surtout, il tient encore à elle. La protéger, la rassurer, la réconforter. Il ne la hait pas. Il ne la déteste pas. Égoïstement, il refuse qu’elle quitte ce monde. Il refuse qu’elle se laisse abattre. Il refuse qu’elle se suicide. Elle a encore tellement de choses à voir. Tellement de belles choses. Tellement de grandes choses. Elle n’est qu’au début de sa vie. Elle vient de passer un quart de son existence à se battre pour trouver sa place, son identité. Il lui reste encore du temps pour s’épanouir et être heureuse. Dans dix, quinze, vingt ans, ils en reparleront. Ils en débattront. Ils reviendront ici, au bord de ce lac. Ils se disputeront ou rigoleront. Et une décision sera prise. Un constat sera posé. Dix ans. Pour ne pas baisser les bras. Pour continuer à se battre. Pour persister. Il ne peut pas s’empêcher de marcher. Dès qu’il s’arrête, ses poings se crispent. Il a besoin de bouger. Il a besoin d’extérioriser. Il sent le froid glacial. Il sent l’air gelé. Ce n’est pas naturel. Pas pour une météo en plein mois de mars. C’est Snow. Mais il s’en fiche. Il continue de parler. Il continue de fulminer. Il faut que ça sorte. Toutes ces pensées. Tous ces mots. Toutes ces émotions. Tout doit sortir une bonne fois pour toute. “Je regrette Axel.” Il est coupé dans sa marche de colère. Il s’arrête. Il dévisage Snow. Elle ne peut pas dire ça. Elle ne peut pas. Axel était violent, monstrueux, méchant, cruel. Il était inconscient de ses gestes. Elle a souffert sous ses coups. Elle a porté les stigmates des séances de frappe. Elle ne peut pas dire qu’elle le regrette. Il a la gorge nouée. Le coeur bondissant. Il réalise dans quel état elle est. Bien pire qu’il ne le soupçonnait. Bien pire qu’il ne le pensait. Elle en est à regretter un homme violent. Elle en est à regretter les douleurs. Est-ce que Bobby l’a autant blessée et démolie ? Il a envie de s’effondrer. Il a envie de se rouler en boule. Il a envie de retrouver cette innocence de gamin. Juste pour oublier ce qu’elle vient de dire. Juste pour oublier la culpabilité qui le poignarde.

Je regrette qu’il ne soit plus là parce qu’avec lui je savais que j’étais vivante. L’impact d’un bleu, ça rappelle au corps qu’on respire, on savoure le fait d’avoir survécu, après.” Il secoue la tête. Il aurait aimé ne pas entendre cela. Il aurait aimé qu’elle ne le dise pas. Il aurait dû se boucher les oreilles. Il aurait dû partir avant. Elle est dans le déni, dans l’incompréhension. Elle croit qu’une rupture passe forcément par la méchanceté, la douleur, la rancoeur. Mais non, ça n’est pas toujours le cas. “Et toi.. toi t’as été doux. T’as été patient, gentil, délicat. T’as même pas été foutu de..” Il se prend une nouvelle claque. Il se prend un nouveau coup. Il a été trop gentil, alors ? Trop bienveillant ? Il n’a pas été assez méchant pour qu’elle éprouve de l’amour, puis de la haine. Elle dit des conneries. Ses paroles dépassent ses pensées. Forcément. Il ne peut pas en être autrement. Personne n’envie les gens qui souffrent de violences domestiques. Personnes. Il n’est plus en colère. Il ne veut plus s’énerver. Il ne veut plus s’emporter. Il ne veut plus céder à la fureur. Les poings se déforment. Les doigts se détendent. Il n’a pas été violent avec Snow, il n’a pas été cruel. Il a été lui-même. Au plus grand désespoir de la jeune femme. Mais elle savait. Elle savait qu’il ne lui ferait rien. Elle savait qu’il prendrait soin d’elle. C’est aussi pour cela qu’elle l’a aimé. Qu’elle l’a apprécié. Elle avait une raison de ne plus aimer Axel. Mais, Bobby aussi lui en a donné une. Il lui a brisé le coeur. Il a joué avec ses émotions. Il a rompu pour soulager Malicia et pour faire taire Logan. Il a rompu, sans prendre en considération leur relation, sans se soucier de Snow. Il a été égoïste, il a été un vrai connard. Voilà une bonne raison de lui en vouloir. Voilà une bonne raison de le détester. “T’as même pas été foutu de vraiment me faire du mal pour que je puisse te détester. Pour que j’ai une raison légitime de t’en vouloir.” Elle a achevé de tuer sa colère. De dissiper son énervement. Il pousse un soupir. Il perd son regard dans la contemplation du lac. Il n’a pas agi comme Axel, c’est un fait. Il n’a pas été violent physiquement avec elle. Mais il l’a été psychologiquement. Il l’a détruite, il l’a blessée, il l’a meurtrie. Il a toujours essayé de lui donner confiance en elle, de lui montrer le plus beau dans la vie. Il a tenté de lui montrer une vision plus positive du monde. Il lui a fait goûter ce bonheur, avant de le lui retirer, sans aucune explication, sans aucun préavis. Il l’a fait passer d’un extrême à un autre. Il lui a fait subir une chute vertigineuse, du sommet du bonheur au gouffre de la tristesse. “Je ne t’ai pas frappée, non, mais j’ai rompu pour une autre.” Une raison suffisante pour lui en vouloir. Une raison suffisante pour le détester. Il ne comprend pas pourquoi elle lui pardonne, pourquoi elle l’excuse. D’autres femmes lui en auraient voulu. Lui aurait reproché tous les maux du monde. Pas Snow. Elle continue à le voir parfait, à l’imaginer bon et gentil. Alors qu’il ne l’est pas. Il l’a prouvé avec cette rupture.

Il fait froid. Incroyablement froid. Assez pour qu’il en ressente les effets sur son épiderme. Assez pour qu’il s’alarme. Cette conversation est plus forte, plus intense, que prévue. Ils se sont laissés emporter par la vague des souvenirs, des émotions. Elle en fait les frais. Il devrait l’aider à recouvrer son calme. Il devrait. Mais elle vient de lui reprocher d’être trop gentil, trop bienveillant. Il doit arrêter. Pour qu’elle commence à le haïr. Pour qu’elle commence à faire son deuil. Il doit rester à bonne distance. Peut-être pas maintenant. Peut-être un autre jour. Elle le percute. Elle le pousse. Il fait quelques pas en arrière, récupère son équilibre. Son regard s’est déjà accroché à la couleur rouge qui parsème la neige. Les prunelles passent du sang au visage de Snow. Il est choqué. Surpris. Marqué. Touché. Elle a essayé de le tuer. Son pouvoir a essayé de le tuer, plutôt. Mais elle l’a poussé. Elle l’a sauvé. Elle s’est sacrifiée. Pourquoi ? Elle se fait souffrir toute seule. Elle se fait du mal. Elle devrait le laisser mourir. Elle devrait le laisser souffrir. “Je t’en prie, Snow, arrête de me sauver, arrête de toujours vouloir me protéger. Je… je ne le mérite pas, d’accord ?” Elle rend les choses plus compliquées. Elle continue à s’inquiéter pour lui, malgré leur rupture. Elle continue à le sauver, malgré la distance. Elle continue à veiller sur lui, malgré la douleur. Il aimerait tellement qu’elle le déteste. Qu’elle lui crache des insultes au visage. Qu’elle le traite de tous les noms. Il aimerait tellement que sa mort ne lui importe pas. Ce serait tellement plus simple de s’éloigner d’elle. Mais ce n’est pas le cas et il n’y arrive pas. “Tu perds trop de sang…” Il se rapproche. Il s’agenouille devant la blessure. Il se souciera toujours d’elle. Il s’assurera toujours de son bien-être. Mais si elle le haïssait, il prendrait ses distances, il resterait loin d’elle, il lui donnerait de l’espace. Sauf qu’elle continue à l’apprécier. Alors, il est là, à s’inquiéter pour une blessure. Une vilaine blessure. Le sang s’épanche à l’extérieur. Une marée rouge. Il lève des yeux inquiets vers elle. Des yeux qui appellent à l’aide. “Dis-moi ce que je dois faire. Il te faut de l’eau, de la glace ? Tu as besoin d’aller à l’infirmerie ?” Elle a intérêt à lui dire quoi faire. Elle a intérêt à lui permettre de la secourir. Parce qu’elle l’a fait plusieurs fois pour lui. Elle lui a épargné la mort au centre commercial. Elle lui a sauvé la vie ce soir. Elle doit le laisser faire. Elle doit se reposer sur lui. Une fois. Une seule.


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« We accept the love we think we deserve.  » - Stephen Chbosky.

L
a douleur fulgurante déchire le mollet, de cette même jambe déjà deux fois traumatisée. Il reste toujours quelques séquelles psychiques, quand une nouvelle blessure atteint l’épiderme, parce que l’esprit ne s’est pas encore habitué à la cicatrisation si rapide, parce que l’enveloppe charnelle s’adapte encore à la régénération. La plaie est profonde, trop pour que la chair se reforme, c’est lent, ça s’agite sans doute au fond des tissus, ça puise l’eau, sans succès visible, sans que l’aspect ne change. Le sang glisse sur la neige et c’est presque salvateur, cette souffrance. « Je ne t’ai pas frappée, non, mais j’ai rompu pour une autre. » La phrase lui revient avec un décalage. C’était prévisible, elle a bien été surprise par la rapidité de la rupture mais elle s’attendait, chaque seconde de leur relation, à le perdre sous un battement de cils de Malicia. Elle lui avait volé l’homme de sa vie, son premier amour, elle avait volé la première fois, elle avait mérité tout cela - et bien plus encore la colère de Logan, la jalousie de Kitty. Snow préférait cette douleur physique à ce qui lui pesait sur le coeur. L’une allégeait un peu l’autre. Il l’avait quittée pour celle qui occupait vraiment ses pensées, elle ne pouvait pas le haïr pour cela. « Je t’en prie, Snow, arrête de me sauver, arrête de toujours vouloir me protéger. Je… je ne le mérite pas, d’accord ? » Il le mérite. La cascade de cheveux blond suit le mouvement du visage qui refuse, qui lui dit que non, elle n’arrêtera pas, elle n’abandonnera pas ; cette négation qui dit autant de mots que le silence ne prononce pas, cette façon de signifier qu’elle l’aime trop pour le laisser mourir, pour le laisser se blesser. « Tu perds trop de sang… » L’air ne passe pas bien dans ses poumons. Peut-être que c’est l’hémorragie qui lui donne cette sensation, elle ne sait pas trop, elle s’en fiche. Il est près d’elle, et ses billes trop bleues lui soufflent qu’elle pourrait lâcher prise, là, enfin.

« Dis-moi ce que je dois faire. Il te faut de l’eau, de la glace ? Tu as besoin d’aller à l’infirmerie ? » Snow voudrait refuser son aide, elle voudrait bien ne pas répondre à ses yeux qui appellent au secours, décider que finalement se vider lentement de son sang durant plusieurs heures avant de cicatriser entièrement serait une juste punition à ses actes. La génétique a voulu faire d’elle une arme plus performante, une créature aux facultés de survie surprenantes. D’aucuns diraient que c’était son caractère qui avait influé la génétique, que sa faculté à survivre aux épreuves psychiques avait eu un impact. Snow ignorait si c’était cela, elle ignorait si tout était lié mais si tel était le cas, elle aurait peut-être préféré ne pas être apte à se relever au premier choc.

Elle ne veut pas se relever. Elle bouge difficilement, à peine, glissant entre les bras de Bobby, silhouette fatiguée qui laisse dans la neige le rouge mortel. Snow White, finalement, mais le conte ne finira peut-être pas bien. Sa température serait insupportable pour tout être humain normalement constitué, l’extérieur continue de s’épaissir sous la couche d’une neige qui tombe sur eux et aux alentours. Si à plusieurs mètres de là une démarcation nette du sol n’indiquait pas le printemps en approche, on aurait pu se croire à un Noël enneigé. La joue contre son épaule, elle ferme les yeux. Le froid irradie d’amour, dans un paradoxe qu’il est le seul à recevoir parce qu’autour de lui il n’est pas mordant, il est magique, il est la glace dans son aspect doux, dans son aspect merveilleux - comme sous le château depuis longtemps fondu. La bulle exclut Bobby de la douleur. « Il faut.. » Les lèvres sont sèches. Pour la soigner, la régénération puise dans l’hydratation disponible. Elle a soif, elle a la bouche sèche. « Il faut que tu acceptes que je t’aime quand même. ‘Pas à toi que j’en veux. » Des morceaux de la phrase ont été mangés. Il comprendra, il n’a pas besoin qu’elle tente de tout articuler. Si sa colère porte sur son incapacité à le haïr, c’est bien qu’à lui elle ne reproche que trop peu de choses.

Est-ce qu’un glaçon peut faire de l’hypothermie ? Ses cheveux ont l’air blancs. Est-ce qu’un glaçon peut entrer en hibernation ? Elle semble sur le point de s’endormir. Elle pourrait très bien sombrer et se réveiller le lendemain, entièrement remise, elle n’en est pas sûre, ils n’ont pas fait de tests, elle n’a pas pu aller au bout d’un quelconque entraînement avec tous les changements sociaux. Un sursaut. Elle revient à elle, elle s’arrache de ce que son cerveau doit considérer comme un risque de mort imminent, elle croise les yeux de Bobby. Il a l’air de s’inquiéter encore. « Le lac. » Il a demandé ce dont elle a besoin : du lac. De l’eau froide, sans doute aussi gelée qu’eux avec leurs jeux. L’arme sortie de terre pour transpercer la jambe avait disparu presque aussi vite qu’elle n’était apparue, formation fulgurante, mortelle, d’un crime parfait dont on ne retrouve la trace que parce que l’hémoglobine s’étend. « Jette-moi dans le lac. » Ils verraient bien ce que cela donne. Elle avait déjà survécu à de multiples blessures grâce à une plongée brusque et imprévue dans les eaux sombres. Elle serait bien restée entre ses bras, plutôt, mais il se serait énervé. Il s’énerverait si elle se laissait mourir, n’est-ce pas ? Pourquoi ? Pourquoi ne plus rester avec elle s’il tenait à ce point à sa survie ? Pourquoi lui avoir montré les nuages, les lui avoir arraché, pour être là à vouloir qu’elle vive à n’importe quel prix ? Elle s’en voulait d’avoir avoué l’aimer encore, elle s’était presque promise de ne pas le lui exprimer, pour que ça lui soit plus facile de partir, à lui qui devait tourner le dos. Pour qu’il se reconstruise, elle devait taire ses sentiments mais Snow n’y arrivait pas, elle n’arrive jamais à rien, quoiqu’il en soit ; juste à détruire, tuer, décevoir, blesser, voler.
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Toute résolution de rester loin a disparu. Toute volonté de ne plus la toucher s’est effacée. Lorsqu’elle s’affaisse contre lui, il l’enferme dans ses bras. Il la maintient là. Il sait qu’elle ne fera rien. Il sait qu’elle ne bougera plus. Elle ne va pas faire l’idiote en se traînant le long du lac. Elle ne va pas faire l’inconsciente en retournant à l’Institut comme si de rien n’était. Elle lui donne le droit de prendre soin d’elle. Il ne va pas la décevoir. Pas sur ce point. Pas cette fois. Il y a certaines décisions qui sont faites pour être annulées. Comme celles de ne plus l’enlacer. Pour ne pas réveiller des émotions disparues. Pour ne pas rendre plus douloureuse la rupture. Pour ne pas les faire souffrir. Mais la situation l’exige. La situation l’impose. Il passe un doigt sur sa joue pour repousser ces mèches blondes. Un geste tendre. Un geste attentionné. Un geste qui ne retient pas. Elle ne va pas bien. Elle est faible, vidée de son sang. Il comprend un peu ce qu’elle a dû vivre au centre commercial. Quand elle a dû affronter cette vision de lui, perforée par une barre. Quand elle a dû prendre les choses en mains. Quand elle a dû décider de lui arracher cette barre, quitte à le voir souffrir davantage. Elle est seulement blessée à la cheville, mais il est déjà inquiet, touché. Il est déjà préoccupé de son état de santé. Il la serre contre son torse comme il serrerait une poupée de chiffon. Fragile, mais tellement appréciée. Si fragile que l’on a peur de la briser, de l’étouffer, de la blesser. Il ignore quoi faire. L’eau glacée fonctionne sur lui, mais sur Snow ? Elle a bien la capacité de régénération. Capacité qui semble avoir des difficultés à réparer les dégâts. Il ne peut pas la regarder perdre tout son sang et doucement couler dans l’inconscience. Il calcule le temps qui lui faudrait pour aller à l’Institut, pour rejoindre l’infirmerie. Il calcule la rapidité à laquelle il pourrait s’y rendre. Il pourrait le faire, non sans prendre le risque qu’elle perde connaissance sur le trajet et d’aggraver la blessure. En même temps, quel autre choix lui reste-t-il ? “Il faut..” Il baisse le regard. L’espoir dans les prunelles. Elle va lui dire quoi faire. Elle va lui expliquer comment procéder. Elle va lui expliquer comment la sauver. Elle va le faire. Elle ne va pas se laisser mourir dans ses bras. Elle ne va pas lâcher prise. “Il faut que tu acceptes que je t’aime quand même. ‘Pas à toi que j’en veux.” Il secoue la tête. Il ne peut pas. Il refuse d’accepter qu’elle l’aime encore. Aimer sans retour est atroce. Aimer en sens unique est une torture. Elle ne peut pas vivre ainsi. Elle ne peut pas supporter une situation pareille.

Il peut faire semblant. D’accepter. De vivre avec. De ne rien voir. Il peut mentir à Snow. Il peut faire illusion quand il est face à elle. Il le peut. Mais au fond de lui, il saura que ce n’est pas possible. Il saure qu’elle l’aime et qu’il est incapable de répondre à cette affection. Il saura qu’il a brisé son coeur et qu’il continue de le faire. Il saura qu’elle essayera toujours le protéger, au risque d’en mourir, parce qu’elle l’aime. Il n’est pas certain de pouvoir vivre avec ça. Elle mérite mieux. Tellement mieux. Elle mérite un homme qui saurait lui rendre toute son attention. Elle mérite un homme qui prenne soin d’elle. Un homme qui la rende heureuse. Un homme qui lui murmure des mots doux à l’oreille. Un homme qui sache apprécier sa froideur et son besoin de solitude. Un homme qui puisse reconnaître toutes les émotions qui traversent ses traits. Un homme qui soit totalement disponible pour elle. Il n’est pas le bon. Il n’est pas celui dont elle a besoin. Il n’est pas celui qui lui faut. Il a la gorge serrée. Il a la gorge nouée. Il ne veut pas continuer à vivre en sachant qu’elle l’aime toujours. En sachant qu’il va probablement continuer à lui faire mal, d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas dans sa nature. “Je… je vais essayer, d’accord ? Mais tu dois me dire ce que je dois faire...” Il peut au moins lui faire cette promesse. Essayer. Tenter. Poursuivre sa vie. Continuer à vivre son quotidien, sans se tenir complètement loin d’elle. Il peut tenter l’expérience. Il le peut. Seulement si elle lui explique comment faire. Seulement si elle lui dit comment elle doit guérir. Sinon, à quoi bon lui faire une promesse ? Elle pourrait mourir ici, au bord du lac. Elle pourrait se vider complètement de son sang et ne jamais cicatriser. Une belle mort, digne d’un film romantique, non ? Morte par amour, en sauvant l’homme qu’elle aime, au bord du lac où tout a commencé. Il n’a pas le coeur à apprécier la beauté de son geste, de la scène. Il se redresse. Snow dans les bras. Comme il l’a déjà fait tant de fois avant. Trop de fois. Il a trop attendu. Il a trop repoussé le moment. Il doit l’emmener à l’infirmerie. Les médecins la connaissent. Ils sauront quoi faire. Ils sauront l’aider. Lorsqu’il descend son regard sur elle, il réalise qu’elle a décroché. Qu’elle n’est plus totalement là. Il ressent l’urgence. Il ressent l’importance d’agir immédiatement. Il fait un pas en direction de l’Institut. “Le lac.” Il s’arrête. Quoi, le lac ? Il regarde l’étendue d’eau. Comme si une réponse allait apparaître. Comme si elle allait se mettre à parler et lui révéler tous ses secrets. Il ne fait pas le lieu avec l’eau. Il ne fait pas le rapport avec ses pouvoirs. “Jette-moi dans le lac.” Mais bien sûr et pourquoi en pas la jeter du toit de l’école ? Elle est complètement folle. Elle a perdu l’esprit. Elle ne sait plus ce qu’elle dit. Elle raconte n’importe quoi. Il est hors de question qu’il la jette dans l’eau. A moins que l’eau soit la solution. L’eau. L’eau pourrait résorber la blessure. Un peu comme lui avec les liquides glacés. Il pose un regard neuf sur le lac. Okay. Va pour le lac.

Il resserre sa prise autour d’elle. Hors de question qu’il la laisse tomber. Qu’il la lâche. Qu’il la jette. Il va y aller avec plus de douceur. Il rejoint le bord du lac. Il y a une fine pellicule de neige à sa surface. Des flocons rebellent. De glace figée. Il doit donner plusieurs coups pour qu’elle cède. Il finit par y entrer, Snow dans les bras. Le froid ne lui arrache même pas un frisson. Le froid ne provoque aucune réaction chez lui. L’avantage de pouvoir contrôler sa propre température. L’avantage de supporter le froid. Il l'immerge complètement. Il s’assure que les eaux froides la recouvre complètement. Il ignore ce qu’il doit faire ensuite. Sûrement attendre. Patienter que la mutation fasse son oeuvre. Attendre que la mutation régénère sa peau. Sauf qu’il n’a pas vraiment envie d’être patient. Il n’a pas vraiment envie d’attendre. Il pose son regard inquiet sur le visage de la jeune femme. Elle ne semble pas aller mieux, au clair de lune. Elle ne semble pas retrouver de vigueur. Depuis combien de temps est-ce qu’ils sont là, dans le lac ? Cinq secondes. Dix ? Une minute ? Le temps semble s’étirer atrocement. Se rallonger. Ralentir. Le temps ne passe pas. “Dis-moi que ça marche…” Une prière adressée à on ne sait qui. Un dieu quelconque. A Snow. A son intuition. Une prière murmurée en pleine nuit. Il ne veut pas la perdre. Pas dans ces conditions. Pas alors qu’elle a seulement voulu le protéger. Pas alors qu’elle s’est sacrifiée pour lui. Elle n’aurait pas dû le faire. Elle n’aurait pas dû le pousser. Il aurait survécu. Il a déjà connu pire. Il a déjà réussi à guérir avec un peu de liquide glacial et une transformation douloureuse en glaçon. Il aurait pu recommencer. Il aurait pu le refaire. Elle n’avait pas besoin de le faire. A part pour lui prouver son amour. A part pour lui démontrer son attachement. Il ne mérite pas autant. Il ne mérite même pas qu’elle verse une seule goutte de son sang. Qu’elle l’aime ou pas. Qu’elle ressente encore des choses pour lui le rend encore plus indigne de son sacrifice. Alors, il est hors de question que sa régénération fasse grève. Il est hors de question qu’elle vide de son sang. Il ne la laissera pas faire.


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« We accept the love we think we deserve.  » - Stephen Chbosky.

I
l referme ses bras autour d’elle et elle a presque envie de mourir là, juste là, parce que ce seul geste d’affection vaut largement les années de solitude à venir. Il repousse les mèches blondes et elle se rappelle les bons souvenirs, ces moments maladroits sur le canapé du salon Rosebury, les hésitations dans sa propre chambre, le hamburger si mal mangé. Elle lui offre un sourire un peu absent, un peu abîmé par la pâleur dérangeante de sa peau trop froide, mais un sourire plus sincère que tout ce qu’elle a pu donner depuis la rupture. Bobby est le seul à qui elle confierait aveuglément son destin, si cela lui importait vraiment, il était le seul à avoir vu presque toutes les facettes de cette ancienne ennemie à l’élément si familier. Quand il la serre contre lui, elle a presque l’impression d’être heureuse, et elle se laisse sombrer, sans trop savoir pourquoi, sans trop s’en rendre compte. Le subconscient, lui, refuse de se laisser avaler, il enclenche l’instinct de survie, à l’encontre du caractère trop largement suicidaire de la jeune femme.

Il va essayer. Cela signifie qu’il ne veut pas, qu’il se sent incapable de lui promettre, que quelque chose en lui s’y refuse mais qu’il va se débattre avec lui-même, parce que ce que veut son entourage passe avant tout. Il va lutter avec acharnement pour ne pas trop la contrarier, et elle va souffrir en silence, c’est ainsi qu’ils fonctionnent désormais. Snow pourrait avoir l’estomac noué, elle pourrait se sentir malheureuse parce qu’ils sont deux résignés qui ne parviennent à rien mais elle est trop loin de cela, elle est dans l’immédiat, dans le possibilité que la régénération ne veuille pas fonctionner. Dans l’angoisse qu’elle lit au fond des yeux du psychologue. Est-ce qu’il l’aime encore un peu, pour ne pas vouloir la laisser seule ? Il ne paraît pas saisir la nécessité de trouver de l’eau, ou plutôt le fait que le lac est une étendue d’eau plus froide que ce qu’il trouvera à l’intérieur du bâtiment. Sans doute aussi dépassé qu’elle quand elle l’a vu transpercé par une barre métallique, Bobby a besoin d’éclaircissement avant d’intégrer ce qu’elle entend par le lac.

Snow s’attendait cependant à tout sauf à ce qu’il se dirige vers la surface encore solide par endroits pour se tremper avec elle. Il a l’air de se ficher d’être habillé, de ruiner ses vêtements. Il la serre contre lui, casse la glace rebelle et la plonge avec bien plus de délicatesse qu’elle ne l’a demandé - mais avant qu’il n’y parvienne, les yeux se sont déjà fermés. Rien ne semble se produire. Elle a bien compris ses intentions lorsqu’il ne l’a pas simplement lâchée, lorsqu’il a vérifié qu’il la tenait bien contre lui, elle n’a seulement pas eu le temps de le remercier. La douleur lancinante de la jambe s’entremêle avec de désagréables réminiscence et elle lâche prise, émotionnellement du moins. Le reste suit.

Enveloppe charnelle inerte dans l’eau qui se cristallise au contact glacial de cette peau étrangère. Elle avait résisté à bien pire qu’une jambe ruinée par un stalagmite rebelle, elle savait avancer même blessée, en mission, quand la vie des autres en dépendait - la sienne n’a peut-être que trop peu de valeur pour que la lutte soit acharnée. « Dis-moi que ça marche… » Le silence de la nuit pour seule réponse. Et une inspiration profonde, brusque, alors qu’elle se redresse tant bien que mal, s’accrochant à Bobby. Elle lui a sûrement fait très peur et elle s’en veut, au fond, parce que si sa mutation ne lui avait pas échappé, n’avait pas tenté de l’attaquer, ils n’en seraient pas là. Les couleurs regagnent les joues, le sang ne coule plus et les cheveux retrouvent leur éclat, signes que si le regard est ainsi éteint, ça n’est au moins pas du fait de la blessure.

« .. tu as ruiné un tee-shirt moche.. » Le commentaire vaut sans doute tous les remerciements du monde. Sa température s’est adaptée à celle de Bobby, rendant l’air extérieur moins difficile à supporter, et si elle caresse d’une main tendre la joue masculine, c’est parce qu’elle se sent incapable de lui dire ce que n’importe qui aurait fait après un tel sauvetage. Comment souffler un merci lorsque l’envie de vivre est équivalente à des montagnes russes ? Il mérite plus que ça, parce qu’elle a manqué le tuer, parce qu’elle le blesse chaque jour par sa seule présence au sein de l’école, parce que quoiqu’il fasse elle ne parvient pas vraiment à le haïr. « Je crois qu’il faut qu’on parle, monsieur Drake.. » Pas d’agression, pas de moquerie, une simple taquinerie douce sur son nom de famille. Il n’a jamais renié son identité, contrairement à Prudence qui se hérisse dés lors que l’on prononce ces quelques lettres. Il faut qu’ils parlent, au calme, elle doit se débarrasser des remords, de la douleur, de toute cette peine qui la ronge, des regrets, de l’impression d’avoir été indigne de lui, et il doit aussi exprimer ses reproches, il doit bien être en colère, c’est humain - sinon pourquoi serait-il parti ? « Peut-être.. une fois propres et secs. » Parce que le lac n’était pas un modèle de douche très répandu, il fallait être honnête.
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Dans l’urgence du moment, on oublie parfois les désagréments. Il aurait pu grimacer à l’idée d’entrer dans le lac tout habillé. Il aurait pu râler que la température y est trop basse. Mais il n’a pas eu le temps. L’urgence est passée avant toute préoccupation égoïste. Il se souciera de ses vêtements trempés plus tard. Il s’inquiètera d’attraper un rhume à un autre moment. Pour le moment, tout ce qui l’importe, c’est Snow. Elle semble loin. Très loin. Perdue dans quelques inconsciences. Elle n’est plus là. Pendant un instant, il se demande si elle n’est pas morte. Aussi rapidement. Aussi brutalement. Mais elle ne perd pas assez de sang. L'accident vient tout juste de survenir. Elle ne peut pas être déjà morte. Peut-être affaiblie. Peut-être inconsciente. Mais pas morte. Quinze secondes. Il lui laisse encore quinze secondes pour rouvrir les paupières, pour donner un signe de vie. Quinze secondes. Il commence le décompte dans sa tête. Une. Toujours rien. Seulement le silence. Seulement sa respiration. Deux. Snow ne bouge pas. Elle ne remue pas. Même pas un petit mouvement. Même pas un sursaut. Trois. Les secondes passent tellement doucement. Il se pourrait qu’il ne compte pas correctement. Peut-être que dix secondes sont déjà passées. Quatre. Il va y aller. Il va rejoindre l’Institut et la déposer à l’infirmerie. Cinq. Elle vient de bouger, non ? Il n’est pas sûr… Il a entendu un bruit. Il est incapable de déterminer sa provenance. La forêt, le lac, Snow ? Ou son imagination. Sûrement son imagination. Six. Elle doit survivre. Elle doit tenir le coup. Elle doit se régénérer. Sept. Il se promet de lui hurler dessus si elle revient. Il lui promet de la disputer et de lui reprocher à vie son sacrifice. Huit. Il n’est pas sûr d’en être capable. Il sait d’avance qu’il va se radoucir quand elle ouvrira les yeux. Le soulagement. Neuf. Elle a eu le temps de guérir, non ? Elle a forcément eu le temps de régénérer. Sa mutation est peut-être inutile à ce stade. Dix. Il prie tous les dieux de faire quelque chose. Il supplie Snow d’ouvrir les paupières. Onze. Il ne sait plus vers quel dieu se tourner. Il les a tous fait. Peut-être qu’ils sont tous occupés. Peut-être qu’il n’est pas assez croyant. Snow croit, elle. Elle a la foi. Douze. Il n’en peut plus d’attendre. Il se demande si elle va finir par se réveiller. Si elle va finir par guérir. Si elle va cicatriser. Treize. Le temps presse. Elle doit lui montrer qu’elle va bien. Elle doit lui laisser entrevoir un espoir. Elle le doit. Quatorze. Il hallucine. Elle semble avoir repris des couleurs. Il n’est pas certain. Il fait trop nuit pour s’en rendre compte. Il fait trop sombre pour être sûr. Quinze. Ca suffit. Il a assez attendu. Il a assez… une main se cramponne à son tee-shirt. Une main blanche. Des doigts fins. D’un seul coup, il se détend. Il retrouve sa sérénité. L’inquiétude est chassée. Elle lui a fait peur. Terriblement peur. “.. tu as ruiné un tee-shirt moche..” Pas de “pardon d’avoir failli mourir”, de “désolé si je t’ai fait peur”, de “je ne recommencerai plus”. Elle pourrait. Ce serait la moindre des choses. Il a cru qu’elle allait se vider de son sang dans ses bras. Il a cru qu’il allait la perdre. Mais plutôt que de s’exaspérer, il esquisse un sourire. Parce qu’il est soulagé. Bon sang qu’il est soulagé. “Ne t’en fais pas, j’en ai plein d’autres.” Des dizaines de tee-shirt qu’elle trouvera plus moches les uns que les autres. Comme ses chemises et ses pantalons. Aucun vêtement ne trouvera jamais grâce aux de Snow. Elle les déteste tous. Elle n’est sûrement pas la seule.

Mais loin de se soucier de son dressing, Bobby est rassuré. Il note dans un coin de réagir plus instinctivement, la prochaine fois. Il avait le lac à portée de main. Il aurait pu la plonger aussitôt. Il aurait pu l’y emmener rapidement. Au lieu de cela, il était perdu. Complètement perdu. Encore des restes de sentiments. Encore des restes de réflexes amoureux. La rupture est difficile à accepter lorsque l’on passe plus de temps à repousser la vérité qu’à l’affronter. Mais maintenant, elle va bien. Il a juste à refouler ses sentiments ou juste à les assumer, les accepter et les classer dans la catégorie ‘impossible’. Si il a failli à sa promesse en la blessant, il compte bien respecter celle qu’il s’est faite : ne plus jamais lui briser le coeur. Ne plus jamais rien tenter avec elle. De toute manière, rien n’est plus clair dans ses pensées. Tout est le bordel. Il ne peut pas créer de nouveau l’espoir chez Snow et le lui retirer une deuxième fois. Ce serait inhumain. Il préfère être sûr. Il préfère prendre ses distances. Il préfère prendre le temps de réfléchir, d’analyser, de comprendre, de dissocier, de conclure, d’agir. Il faudrait qu’il trouve le temps de se psychanalyser, d’analyser ses comportements, ses peurs, ses sentiments. A force de se concentrer sur les autres, il n’a plus le temps de se concentrer sur lui-même. Un peu d’égoïsme n’a jamais fait de mal à personne. Il faudrait qu’il le fasse. Un jour. “Je crois qu’il faut qu’on parle, monsieur Drake.. Peut-être.. une fois propres et secs.” Parler. Oui, mais pas comme ça. Pas si proche l’un de l’autre. Pas dans un lac. Pas trempés. Ils doivent sortir de là. Et puis, il y a l’usage de son nom de famille. Elle l’a souvent utilisé pour mettre de la distance entre eux, pour lui rappeler qu’ils ne sont plus un couple, pour lui prouver sa rancoeur. Aujourd’hui, cela sonne plus joyeux, plus positif. Il se redresse. Snow toujours dans les bras. Cette scène, ils l’ont vécue de nombreuses fois. Ils ont commencé leur relation de psychologue/patiente de cette manière. Le jour où il l’a récupérée, à moitié inconsciente. Il semblerait que cela se termine de la même manière. Il les ramène sur terre. C’est une pluie qui s’abat sur le sol. Mais pas une pluie venue du ciel, mais une pluie tombée de leur corps humides. Heureusement qu’ils sont insensibles au froid, ils pourraient tomber malade au moindre coup de vent, sinon. “Ca va aller ?” Il pose un regard soucieux sur elle. La régénération est parfois spectaculaire. Cependant, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Il ne faut pas espérer échapper à la mort et pouvoir courir un marathon dans la minute qui suit. Mettre Snow sur pieds ressemble à un jeu d’équilibre. Empiler les pièces les unes au-dessus des autres pour créer une tour instable. Il la dépose quand même à terre. Prêt à la rattraper si jamais sa cheville n’est pas assez solide. Prêt à lui tendre son bras pour la réceptionner.

Une fois qu'il est sûr qu’elle tient plus ou moins en équilibre, il s’occupe de lui-même. Il remonte les manches qui pendouillent laborieusement au bout de ses bras. Il goutte de tous les côtés. La sensation n’est pas agréable. Pas confortable. “Tu crois qu’on sera un jour capable de sécher automatiquement ?” Il plaisante, même si il sait qu’une énième mutation signerait la fin de Snow. Elle a déjà eu des difficultés à accepter la liquéfaction. Elle a encore du mal à supporter l’idée de régénérer et d’avoir une vie plus longue. Il ne faudrait pas rajouter une mutation. Par contre, Bobby ne serait pas contre. Il gagnerait quelques secondes le matin. Il n’aurait plus de problème après une plongée imprévue dans le lac. Ils retournent vers l’Institut dans la nuit. Ils pourraient presque marcher silencieusement, s’il n’y avait pas les ‘splouch splouch’ caractéristiques des chaussures mouillées. Ils vont inonder les couloirs avec toute l’eau qu’ils transportent. Les gamins ne vont pas comprendre ce qu’il se passe. Et les personnes chargées du ménage vont les haïr. L’avantage, c’est qu’il fait nuit et que personne ne les trouvera là. Tout le monde est censé dormir. Tout le monde est censé être dans les dortoirs. Il n’y aura donc personne pour les dénoncer ou pour les surprendre. Ils sont au deuxième étage. Étage des garçons. Leur chemin se sépare ici pour mieux se retrouver dans quelques minutes. “On se rejoint dans les jardins ?” Il préfère que la conversation ait lieu en dehors de l’Institut. Loin des oreilles indiscrètes. Loin des gens qui essayent de dormir paisiblement. Il ne sait pas sur quel ton la conversation va avoir lieu. Si des disputes sont à prévoir. Si des débats sont possibles. Il ne veut pas prendre le risque de réveiller tout le manoir avec leurs histoires de couple. Autant qu’ils règlent leurs problèmes discrètement, comme ils ont vécu leur relation.


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