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MessageSujet: Live fast, die old | Jazred   Live fast, die old | Jazred Icon_minitimeDim 1 Mai - 17:33
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Dix-neuf heures. L’heure de déposer son vélo dans les locaux de l’entreprise. L’heure de délaisser son uniforme. L’heure de retirer son casque hideux. Il retrouve ses collègues. Ils ont tous le sourire. Ils sont tous heureux de rentrer chez eux et de profiter du week-end qui s’annonce. Ils discutent. Ils échangent. Ils se parlent de leur programme des deux prochains jours. Des invitations sont lancées pour boire un verre ensemble, ce soir. Jared décline. Il secoue la tête, sourire aux lèvres. Il a déjà quelque chose de prévu. Il a déjà une soirée programmée. Il ne peut pas être partout. Surtout, il ne peut pas décommander. D’ailleurs, il jette un coup d’oeil à son téléphone. Pas de message. Pas d’annulation. Pas de mensonge. Elle va venir. Cette soirée, il l’attend depuis longtemps. Depuis le plat de spaghettis. Depuis la visite de son appartement. Depuis plusieurs jours. Cette soirée, elle est la concrétisation de leur pacte. De leur accord. Cette soirée, il l’a préparée soigneusement. Il a réfléchi à l’endroit (ce sera au Raine Lounge). Ni trop classe, ni trop branché, ni trop détendu. Un endroit élégant qui lui plaira. Il avait tout prévu. Sauf sa résistance à l’idée de sortir en semaine. A croire que boire un verre ou deux en pleine semaine est inconcevable. Il a essayé de négocier. Il a essayé de vaincre ses réticences. En vain. Alors, il a cédé. Ils se sont finalement mis d’accord sur vendredi. Le vendredi, c’est bien. Il n’y a pas de travail le lendemain. Il y a le samedi matin pour se remettre de la soirée ou pour rentrer. Le vendredi, c’est vraiment bien. Le vendredi, c’est parfait. Et les voilà. Le jour est arrivé vite. Bien plus vite qu’il ne l’aurait imaginé. Ils ont rendez-vous à 20h30. Il compte arriver vingt minutes en avance. Il compte lui faire bonne impression. Surtout, il sait que si il arrive en retard, elle pourrait prendre peur et s’enfuir en courant. Alors, il préfère être là dès le début. Bien avant son arrivée. Pour choisir la bonne table. Pour commander les boissons. Pour ne pas lui laisser le choix de venir. Sinon, il se connaît, il pourrait se pointer une demi-heure en retard. Même si, en principe, il fait son possible pour arriver à l’heure lorsqu’il est question de femme. Après avoir quitté le travail, il ne perd pas de temps. Il file directement dans le métro new-yorkais pour rejoindre son appartement dans le Bronx. 19h28. Il a encore un peu de marge. Assez pour se laver de la pollution de la ville. Assez pour se préparer. Assez pour repartir. Pas assez pour manger. Il avalera un bol de céréales et s’enfilera une barre de céréales sur le chemin. Ça fera l’affaire. De toute manière, il n’a pas prévu de boire beaucoup. Juste un verre. Juste pour l’accompagner. Parce qu’il sera l’adulte responsable. Il sera le garde-du-corps. Il sera le guide de la soirée.

19h45. Douché. Changé. Affamé. Jared peut partir. Il a abandonné l’idée d’avaler ses céréales quand le bol lui a échappé des mains pour exploser sur le sol. Il a, par la même occasion, renoncé à l’envie de tout nettoyer dans l’immédiat. Pas le temps. Vraiment pas le temps. Il a revêtu son plus propre tee-shirt à manches longues, enfilé sa plus belle veste. Il a sa barre de céréales dans la main. Son téléphone dans l’autre. Ses clés et son portefeuilles dans ses poches. Il est paré. Il file vers la station de métro au coin de la rue. Direction le Queens. Il fixe sa montre, dépité. Les secondes passent bien trop vite. Pourquoi il n’est pas possible d’arrêter la course des aiguilles ? 20h20. Il sort du métro. Son téléphone se met à vibrer dans sa main. Il regarde le nom indiqué. Maman. Evidemment. Elle appelle toujours quand il ne faut pas. Il lève les yeux au ciel. Pile au bon moment pour éviter le lampadaire qui se dresse sur son passage. Le sadique. Il était prêt à le piéger, mais Jared ne s’est pas laissé faire. Il le fusille du regard en le contournant. Hors de question qu’il se pointe au bar avec un oeil au beurre noir. Il ne ferait pas vraiment bonne impression. Le téléphone continue à vibrer. Il décroche. “Yep ?” Il imagine déjà sa mère soupirer à l’autre bout du téléphone devant son manque de politesse. Si soupir il y a, il ne l’entend pas. Il continue sa route jusqu’au Raine Lounge. Pas rapides. Il doit absolument arriver avant elle ou en même temps. Elle n’apprécierait pas qu’il se pointe en retard et il a envie de faire des efforts pour elle. Il a envie d’être à la hauteur. “Bonsoir mon chéri ! Comment tu vas ?” Il échappe de peu à une portière qui s’ouvre sur le trottoir. Il la contourne avec talent. Pour le moment, il ne s’est pas encore pris un mur dans la face, il n’est pas encore tombé, il ne s’est encore rien cassé. Peut-être qu’ils auront une bonne soirée. “Bien m’man… qu’est-ce qu’il y a ? Papy veut encore aller sur skype et n’y arrive pas ? Je lui ai dit 4000 fois de noter son mot de passe...” Mettre ses grands-parents et sa mère aux nouvelles technologies a été la pire erreur de sa vie. La plus atroce. La plus horrible. La plus regrettée. Ils n’arrivent jamais à rien et le prennent pour un conseiller informatique. Résultat, il reçoit régulièrement des sms mystérieux que sa grand-mère essaye de taper sur son téléphone portable ou des appels involontaires de son grand-père. Le genre d’appels où on les étend débattre de celui qui a triché au scrabble. Des conversations terriblement constructives et importantes.

20h23. Il arrive au bar. Il lance un regard dans la rue, à la recherche de cheveux roux. Rien à l’horizon. Il entre dans l’établissement et se place au comptoir. “Mais non, Jaja ! C’est pas ça… je voulais juste prendre des nouvelles de mon fils unique, ta pauvre mère n’a pas le droit ? Tu n’appelles jamais !”  Il n’entend presque plus la voix de sa mère. Mais cela ne semble pas la perturber. Il pousse un soupir. Il a parfois le sentiment d’être un gamin de cinq ans réprimandé par sa mère. Elle a le don de le faire culpabiliser ou en tout cas, d’essayer. “Mamaaaaaaan…” Complainte lasse. Il connaît la chanson. Si il la laisse faire, elle va commencer à parler des enfants de ses voisines qui viennent tous les dimanches pour manger avec eux. Elle va parler des petits-enfants de Brigitte qui sont adorables. Elle va lancer des insinuations non-discrètes sur le fait qu’elle n’est toujours pas grand-mère. Il ne pourra plus l’arrêter. “Quoi ?! Tu ne vas pas dire le contraire et puis, on se deman….” Le barman s’est libéré. Il se tourne vers Jared avec des points d’interrogation dans le regard. Il se penche en avant pour lui passer commande. “Deux secondes, m’man... deux bières, s’il vous plaît… tu sais que je t’aime, mais j’ai pas le temps.” Il n’a pas le temps d’aller la voir. Il n’a pas le temps de lui parler maintenant. Il n’a pas le temps, tout simplement. Il n’a même pas l’argent pour se payer un billet d’avion. Elle lui manque. Ils lui manquent tous. Mais revenir au bercail le ferait traverser tous les Etats-Unis. Il faudrait qu’il vienne plus longtemps que deux jours. Pas sûr que son patron acceptera. “A qui tu parles, Jared ? Je ne t’entends pas…” Nouveau soupir du côté de Jared. Sa mère a vraiment un problème. Faudrait qu’elle aille consulter. A qui elle pensait qu’il déclarait sa flamme ? A un barman passionné de bodybuilding ou à elle ? “Je te parlais, maman ! Promis, je viens bientôt, d’accord ? Tu me dis à quelles dates et j’essaye de me débrouiller avec le boulot.” Avec le temps, il a appris à lui donner raison. Il a appris à aller dans son sens. C’est mieux ainsi. Pour eux deux. Il ne culpabilisera pas et elle sera satisfaite pour les dix jours qui suivent. Il faudra qu’il pense à l’appeler plus tard. Demain après-midi, peut-être. Il donne un coup de coude à son voisin qui se reverse son cocktail sur le pull. Jared fait volte-face et regarde ailleurs. Il joue l’innocence à la perfection. Il cale son téléphone entre l’oreille et l’épaule. Il récupère les deux bières et s’en va à la première table libre qu’il trouve.

Oh ! Je suis tellement heureuse de…” Il ne peut retenir un sourire. Voilà ce qu’il voulait entendre. La joie dans la voix de sa mère. Imaginer l’éclat de son visage. Deviner son bonheur. Il a beau dire, elle lui manque. Elle lui manque terriblement. Elle a eu du courage de l’élever toute seule. Elle a eu du courage de tenir le rythme toutes ces années. Il est sûrement le fils le plus indigne de toute la planète. La porte du bar vient de s’ouvrir. Il ne voit qu’un éclair roux, mais il sait déjà que c’est elle. Il ne peut s’agir de personne d’autre. “Je dois te laisser, maman ! Bisous, je t’aime, à plus, bye.” Il raccroche rapidement. Il a soudain l’impression d’avoir une boule d’appréhension au fond de l’estomac. Etrange. A croire que cette soirée entre amis a plus d’importance à ses yeux. A croire qu’il appréhende la suite. A croire qu’il craint que ça se passe mal. Il abandonne son téléphone sur la table. Il se redresse. Prêt à l’accueillir avec un sourire colgate. Sourire colgate qui disparaît dès qu’il la voit. Jazz. Sur son 31. Sa bouche s’ouvre pour articuler un mot qui ne vient pas. Il la referme aussitôt. Il a assez l’air ridicule pour devoir en rajouter. Ses paupières papillonnent. Sa gorge s’éclaircit. Il s’efforce de sourire. “Wow… tu es magnifique.” Impressionné, c’est le bon mot. Il la savait parfaite. Intelligente, drôle, belle, combattante, dangereuse, héroïne. Il savait. Il ne pensait pas qu’elle pourrait encore le surprendre. Il n’imaginait qu’elle pouvait encore hausser le niveau. Dans son pull et sa veste, il n’est clairement pas à la hauteur. Il n’ose même pas s’approcher. Comme si il pouvait briser cette apparition de chair et d’os. Il se décale sur le côté pour lui faire de la place. “J’ai déjà commandé deux bières pour commencer doucement.” Il pousse un des verres de bière vers Jazz. Il prend le sien et le soulève pour trinquer. Il ne prendra pas d’autres verres. Il ne boira pas plus. Il s’est promis de la ramener entière chez elle. Il s’est promis de veiller à ce qu’elle rentre bien, sans encombres. D’être son héros le temps d’une nuit, même si elle n’en a clairement pas besoin. Elle serait capable de lui botter les fesses les yeux fermés. “J’espère que tu ne regrettes pas d’être venue. Je m’attendais presque à ce que tu annules. Je l'aurais fait si ça avait été un de tes cours de danse...” Les cours de danse. Quelle douce plaisanterie. Danser pour maîtriser son équilibre. Il ignore d’où elle tient sa théorie, mais il n’y croit pas du tout. Il est un cas désespéré. Un cas pour lequel on ne trouvera pas de remède pour sa maladresse.

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E
lle angoisse. Elle angoisse comme jamais. C’était étrange, comme à l’époque de ses seize ans, à la X-Mansion. Elle est stressée comme quand elle s’était rendue compte que toutes les filles flirtaient alors qu’elle en était incapable, alors qu’elle se dissimulait sous des couches de vêtements informes. Transparente. Elle angoisse comme si ça n’était pas qu’une sortie entre amis. La douche brûlante à la sortie du travail ne suffit pas à la détendre, pas plus que les remarques des garçons avant qu’elle ne quitte le bureau - comme si elle avait besoin de chaperons. Ils aimaient la charrier, c’était réciproque, quoique ce soir là elle était distraite. Qu’est-ce qu’elle devait porter, pour aller voir Jared ? Le jean lui paraissait trop décontracté, le tailleur trop stricte. Soupir d’agacement face à sa propre incompétence. Elle a sorti du dressing une robe de dentelle noire au décolleté lacé. Peut-être que c’est un peu trop provoquant, non ? D’habitude elle se fichait royalement de l’avis des autres sur ses tenues, elle avait appris avec le temps à s’assumer un minimum - à dévoiler ses formes pour guérir de ses complexes. Ca marchait presque. Finalement, elle n’avait pas revu Bobby depuis trop longtemps, elle aurait dû lui demander de l’aide à l’époque, quand elle a intégré le SHIELD. Il aurait su lui enseigner, lui, comment sortir de ses blocages. Sacha, c’était pas la peine, il pensait avec son pantalon. La peau claire s’orne du contraste sombre et elle ajoute des collants plus clair pour contraster - quoiqu’en y regardant bien, ça n’assagissait pas le tout. Si ça n’était pas vulgaire, ça ne laissait toutefois pas de marbre.

Face au miroir, elle se détaille d’un oeil critique. Jamais assez parfaite. Les tatouages cachent les cicatrices, dissimulent les stigmates, les souvenirs dérangeants, ils ont soigné sa peur du regard des autres, en partie, mais avec les hommes c’est une autre histoire ; elle se sent maladroite et si peu désirable. Qu’est-ce que ça peut faire, c’est une sortie entre amis, non ? Elle se le répète méthodiquement en enfilant les bottines à talons. Ca ferait l’affaire. Ca suffirait. Elle laisse la cascade de cheveux roux tomber sur ses épaules, pour ne pas avoir l’air trop rigide. Rouge à lèvres posé sur le meuble de l’entrée, elle récupère son sac à main, ses clefs, ferme et descend les escaliers pour décompresser, l’ascenseur aurait fait monter la pression d’un cran. « Vous sortez, miss Duchannes ? » « Oui. Ca vous surprend, mh ? » L’immeuble était trop chic pour se passer de personnel. A son retour, il n’y aurait sans doute plus personne, à moins que ce soit un désastre et qu’elle revienne une heure plus tard, dépitée.

« Wow… tu es magnifique. » Le rose aux joues. L’endroit lui est inconnu, elle ne sort pas assez pour se sentir bien dans ce type d’environnement, et elle se sent ridicule, qui plus est. Ridiculement petite, ridiculement sobre, ridiculement inexpérimentée. « Merci.. » politesse timide qui ne lui ressemble pas vraiment. Disons que tout lui semble plus simple auprès de son équipe, au sein du SHIELD ou à la X-Mansion, là où aucun rapprochement ambiguë ne lui paraît possible, là où elle est en terrain familier. Dire qu’elle était adaptable à de nombreux types de missions et qu’elle était dépassée par un homme. « J’ai déjà commandé deux bières pour commencer doucement. » Commencer doucement. Jazz n’est pas sûre d’être à la hauteur de ses attentes. « J’espère que tu ne regrettes pas d’être venue. Je m’attendais presque à ce que tu annules. Je l'aurais fait si ça avait été un de tes cours de danse… » Pourquoi aurait-elle annulé ? Elle se tait, parce qu’elle n’a rien à dire, parce qu’elle observe Jared puis le décor, puis Jared. Il y a trop de monde, si elle explosait quelque chose, il y aurait des blessés. Inspiration difficile. « Je me sens un peu idiote.. » Un aveux qui suit le verre soulevé, qui suit les lèvres trempées dans le liquide dont le goût n’est pas vraiment celui qu’elle préférait.

« Et je n’aime pas qu’on me regarde.. » Elle était coutumière des rencontres avec des inconnus, des mutants en détresse, tout ce qui concernait son job, purement et simplement, lui permettait d’écarter les implications personnelles. Elle pouvait se battre au milieu d’une foule, pas de souci. Se retrouver dans un bar était pire. Il y avait ce gars, dans l’angle de son regard, qui lui donnait la sensation d’être décortiquée. Finalement elle aurait peut-être besoin d’une vodka pour survivre à cette soirée. Le noeud à l’estomac ne la lâchait pas. Un rendez-vous avec un ami, rien de plus, respire.
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Elle est là, juste devant lui. Il se rappelle pourquoi il la considère comme la perfection sur Terre. Un retour en pleine face. Il l’avait presque oublié après qu’elle ait tenté de le tuer avec son pouvoir. Après les spaghettis avalées difficilement. Elle était presque devenue une femme normale. Une femme qui porte un costume la nuit pour sauver des gens. Une femme qui a des pouvoirs. Une femme qui mène une vie top-secrète. Il avait presque oublié. Il s’était concentré uniquement sur la femme qui lui parlait, omettant toutes ses qualités. Maintenant, il s’en rappelle. Il s’en rappelle très bien. Il ne risque plus de les oublier. Le silence s’installe entre eux. Il ne sait pas ce qu’il a dit. Il ne sait pas ce qu’il a fait. Mais elle n’a pas l’air à son aise. Bien sûr qu’elle ne l’est pas. Elle doit avoir l’habitude des ruelles sombres et des gens dangereux. Ici, il n’y a rien. Même pas quelqu’un qui essaye de partir sans payer. Alors, elle n’est sûrement pas dans son environnement. La prochaine fois, il devrait peut-être mette en scène un braquage fictif pour qu’elle se sente bien et qu’elle sache quoi faire. Ici, dans ce bar, elle n’a aucune habitude, aucune familiarité. Elle a l’air d’un animal perdu dans un nouvel environnement. Il aurait peut-être dû commencer par l’emmener… au cinéma ? Ou un truc moins compliqué, moins formel. Après tout, elle passe de son appartement à la vie sociale, d’un seul coup. Le changement est trop brutal, trop rapide. Il avale une gorgée de sa bière. A la recherche d’une question, d’une phrase. A la recherche de quelque chose à lui dire. Pour une fois, il est à court de mots. Il est à court de conneries. Il est en rupture de stock de tout. Ce qui arrive très rarement. Ce qui n’arrive que lorsqu’il a le ventre noué et qu’il veut faire les choses correctement. Il est sur le point de lui proposer d’aller ailleurs, d’acheter un truc rapide à manger dans un fast-food et de le grignoter dans un parc, quand elle se tourne de nouveau vers lui. “Je me sens un peu idiote..” Idiote. Elle se sent idiote. Au moins, ils sont deux. Jared secoue la tête. Il nie. Il n’accepte pas cette explication. Comment elle peut être idiote ? Elle est d’une classe folle avec sa robe, ses cheveux, ses yeux… Elle n’est pas idiote, seulement pas coutumière de ce genre de sorties. Cela viendra avec le temps. Elle doit juste sauter. Elle doit juste faire sa première sortie de toute sa vie. C’est tout. Elle s’en sort plutôt bien jusqu’à maintenant. Elle n’a pas annulé. Elle n’a pas pris peur devant la porte du bar. Elle n’a pas fui en le voyant. Elle a même bu une gorgée de sa bière. Elle s’en sort bien !

Tu n’es là que depuis cinq petites secondes, laisse-toi du temps pour t’habituer à une soirée en robe et pas en costume de super-héroïne.” Il tente de la rassurer. Il esquisse un sourire. Tout va bien se passer. Il l’espère. Il prend très au sérieux son rôle de maître Yoda. Il est bien décidé à lui montrer comment s’amuser, en dehors de la lecture et des bagarres. Il compte lui dévoiler un nouvel univers, nocturne lui aussi, mais où on rit, on discute, on profite de la vie. Tout simplement. Vivre. Elle finira bien par se détendre au fur et à mesure que les verres arriveront. Il l’espère. Même si le but n’est pas qu’elle finisse ivre, à vomir dans la rue. Il préférerait éviter de la conduire jusqu’à cet état d’ébriété pour ne pas la dégoûter des soirées dans les bars. “Et je n’aime pas qu’on me regarde..” Il se redresse. Merde. Elle pense qu’il la mate ? Elle pense qu’il regarde ses formes, ses yeux, ses… non ! Jamais. Il est pris d’un élan de panique. Il ne sait pas quoi faire. Il ne sait pas quoi dire. Avec une autre femme, il aurait trouvé une pirouette, une blague. Avec Jazz, ce n’est pas possible. Elle doit avoir un détecteur de mensonges intégré dans le cerveau. Il ne peut pas lui mentir ou essayer de détourner la conversation. De toute manière, il n’a jamais été doué pour les mensonges. Demandez à son patron ! Il n’est clairement pas talentueux pour mentir. Raison pour laquelle il préfère les réactions spontanées. Raison pour laquelle il ne tente jamais de modifier la vérité. Il s’emmêlerait tout seul les pinceaux. Il se tromperait. Il ne vaut mieux pas qu’il se lance là-dedans. Par contre, il peut continuer d’être sincère. Il peut continuer d’être honnête. Domaine dans lequel il excelle. “Tu n’aimes pas qu’on… c’est moi ? Je suis désolé, je n’ai jamais voulu… je n’ai pas…” Il bafouille. Il prend peur. Il ne voulait pas lui paraître désagréable avec son commentaire. Il ne voulait pas l’embêter. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise. A aucun moment. La soirée commence mal. Même quand il ne casse rien, il n’est pas fichu de faire les choses correctement. Mais dans la panique, une idée surgit. Une illumination. Un soulagement. L’idée germe dans son cerveau. L’idée repousse les craintes. L’idée dissipe la panique. Il sait. Il a trouvé l’explication. Il n’est pas le gamin pris la main dans le sac. Il n’est pas le gamin qu’on accuse à tort. Il y en a un autre. Il pose un nouveau regard, empli d’espoir, sur Jazz.

... ou c’est quelqu’un d’autre ?” C’est forcément quelqu’un d’autre. Ca ne peut pas être lui. Il a seulement posé furtivement son regard sur elle quand elle est arrivée. Il l’a simplement dévisagée comme si elle était une hallucination. Ce n’est pas le genre de comportements qui dérange… si ? Il cherche des yeux celui qui pourrait l’incommoder. Il cherche le responsable. Il va lui parler. Il va lui dire ses quatre vérités. Il va lui dire ce qu’il pense de son comportement totalement dégueulasse. Les femmes ne sont pas des morceaux de viande. Non mais ! Il dresse la tête. Il est où ? Il est où ce connard ? Il est où que Jared aille lui expliquer quelques petites choses sur la décence ? “Qui te regarde ? Je peux aller lui parler si tu veux, je peux lui dire que ça ne se fait pas…” Il quitte déjà la table. Il retire sa veste qu’il laisse choir à côté de son verre. Ainsi, il est plus libre de ses mouvements. Il est plus adroit. Il est plus habile. Enfin, si son corps en est capable. Il fait un pas dans la salle, le regard noir. Le regard à l’affût du moindre comportement suspect. Les hommes ont tous l’air de pervers professionnel. Il voit le dos du client qu’il a bousculé tout à l’heure. Si ça se trouve, il n’a pas apprécié de recevoir de l’alcool sur ses vêtements, alors il compte bien avoir sa revanche. Peut-être. C’est possible. Qui ne voudrait pas tenter sa chance avec Jazz ? Sinon, il y a cet homme là-bas. Il a les yeux lubriques et des muscles à faire pâlir Hulk. Jared n’aurait aucune chance face à lui. Il se ferait écraser comme une bonne vieille crêpe. Sauf que ce n’est pas vraiment ce qui empêcherait le coursier d’aller parler avec le malotru. Il a déjà démontré ses capacités à se mettre en danger. Tant qu’il aura toute sa tête et la pleine possession de son corps, il ne manquera pas une occasion de risquer sa peau. Il se tourne vers la jeune femme. “C’est lequel ?” Il n’a pas envie de rire. Il n’a pas envie de plaisanter. Si elle n’est pas bien à cause de quelques cons, il veut régler la situation. Il veut lui permettre de passer une bonne soirée. Il veut qu’elle apprécie cette sortie. Son premier vendredi soir. Son premier pas vers une vie moins calibrée, plus spontanée. Il ne va pas laisser un crétin tout gâcher. Ce serait dommage. Ce serait nul. Pour une fois, il est en colère. Pour une fois, il a oublié sa bonne humeur. Pour une fois, il est agacé contre cet inconnu qui a décidé de pourrir la soirée de son amie. Pour une fois, il est prêt à se prendre la tête avec quelqu’un. Il ne tentera pas d’apaiser la situation avec un sourire et des excuses. Il ne tentera pas de calmer le jeu avec une blague mal trouvée. Pour une fois.

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I
l s’excuse, même si sur le coup, elle ne comprend pas pourquoi. Son sens de l’observation est aiguisé en milieu hostile, déformation professionnelle, et en l’occurrence un bar était aussi un milieu hostile. Sacrément. « ... ou c’est quelqu’un d’autre ? » Pas le temps de répondre, de confirmer ou d’infirmer qu’il est déjà tendu comme un arc. Elle est assise, un peu rouge d’embarras et elle se répète simplement de garder le contrôle, de ne pas paniquer, de ne pas créer de problèmes. « Qui te regarde ? Je peux aller lui parler si tu veux, je peux lui dire que ça ne se fait pas… » Jazz savait se défendre seule. Elle donnait plus de coups que ne le ferait Jared dans toute sa maladresse sur la journée. Est-ce qu’ils étaient là pour cumuler les ennuis ? Non. Alors elle devait trouver un moyen de le calmer. Il retire sa veste, elle le détaille, se mordant la lèvre inférieure, essayant d’imaginer ce qu’il pourrait bien faire face au type qui pourrait broyer une canette avec le petit doigt. « C’est lequel ? » La jeune femme vide sa boisson, nerveuse. Ca ferait passer le stress, c’est Sacha qui le dit. Quand il est agacé ou ennuyé, il se prend une bière, c’est que ça doit aider.

Le verre explose. Le type comparable à une armoire à glace est projeté contre le mur le plus proche, légèrement coupé par les éclats mais, par chance, pas brûlé. C’était aléatoire, la chaleur dégagée par sa mutation, et ça l’inquiétait toujours ; lorsque ça se déclenchait ainsi, elle n’avait aucun moyen de contenir l’onde de choc. Jazz prend le parti de se retourner, comme les autres clients, feignant à merveille la surprise, la main devant la bouche. Au même moment, un autre homme s’échappe, laissant supposer à l’assistance qu’il est coupable de cette attaque injuste. Dire que la rouquine tentait par tous les moyens possibles de convaincre les jeunes de ne pas se sentir jugés et qu’elle était là, à cette table, à trembler qu’on la repère et la signale.

Elle s’est levée, s’est dirigée vers le bar et a demandé une vodka, niveau supérieur de risque d’ébriété. On lui a demandé sa carte - ENCORE -, qu’elle a consenti à montrer en levant les yeux au ciel. Comme si elle avait dix-huit ans et que sa mère allait débarquer pour la réprimander. Elle n’avait pas de mère, de toute façon. Deux gorgées. Bordel c’est fort. Elle grimace un peu en revenant vers la table, sans être certaine que toute cette soirée était raisonnable - pas plus que la dernière. Jazz n’avait pas oublié les spaghettis, elle n’avait pas oublié son sourire un peu idiot, son insistance à lui payer un café, sa façon presque galante de vouloir l’aider à cuisiner. « Plus la peine de te battre. » a-t-elle soufflé en revenant sur sa chaise, posant le verre sur la table. Si elle ne finissait pas à l’envers, ils auraient de la chance. Ca montait vite à la tête. La main passe dans la tignasse de feu. On pouvait bien l’appeler Sparks, vu comme elle était douée. Vive comme une étincelle, une vilaine étincelle qui brûle et abandonne vite - au niveau des relations sociales, en tous cas. L’Institut n’avait pas fait d’elle une pro des histoires d’amour. Elle savait rassurer un mutant sur sa condition, sur son avenir mais elle était incapable de croiser le regard d’un Jared sans rougir, sans s’embourber dans une crainte absurde de pseudo-rancard qui n’en était pas un. Elle n’avait rien pour lui plaire, de toute façon.

Qui voudrait d'une nana explosive qui ne peut rien dire de son job, de sa vie, de son passé, de ses amis, de ses passe-temps ? Qui voudrait d'une fille qui passe son temps à risquer sa peau sans affirmer à quel groupe elle appartient, de qui elle dépend ? Jared était toute la normalité dont elle avait longtemps rêvé, il n'y avait pas de raison qu'il reste ami - et plus si folie - avec une bizarrerie de la nature, résultat d'un accident improbable.
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Qui est-ce ? Lequel de ces types l’indispose ? Qui la dérange ? Il veut le savoir. Il veut l’aider. Il veut que cette soirée soit parfaite. Il peut être diplomate. Il préfère discuter plutôt que frapper. C’est la première étape de son plan. Discuter. Négocier. Convaincre. Faire comprendre. Il n’a pas prévu de se battre. Pas dans un premier temps. Pas tout de suite. Il y sera peut-être contraint par la suite. Il devra peut-être retrousser les manches de son pull et cogner un petit peu. Il espère ne pas en arriver là. Il n’est pas doué pour les bagarres. Il est doué pour recevoir les coups, cela dit. Avec le temps et l’expérience, il a appris comment se placer, comment contracter les muscles, comment ne pas mordre sa langue. Il a appris. Alors, encaisser deux trois coups de poing ne l’effraye pas. Si ça peut défouler le mec et les laisser tranquilles. Si ça peut aider Jazz et les débarrasser de lui. Il attend qu’elle parle. Il attend qu’elle lui désigne un individu parmi les clients. Au lieu de cela, elle boit. Elle descend son verre un peu trop vite. Un peu trop anormalement. Pour quelqu’un qui ne sort pas beaucoup et qui ne boit pas, elle a une bonne descente. Et lorsqu’elle a terminé, tout semble partir en vrille. Le verre explose en mille morceaux. L’homme bodybuildé est projeté contre un mur, la peau marquée ici et là par les éclats. Sous le regard médusé de Jared. Il connaît les capacités de Jazz. Il sait de quoi elle est capable. Raison pour laquelle il la trouve si parfaite. Si incroyable. Si extraordinaire. Mais c’est la première fois qu’elle use de son pouvoir contre quelqu’un d’autre. C’est la première fois qu’elle dévoile son côté super-héroïne. Il ne s’y attendait pas. Il attrape son verre pour le boire cul sec. De la bière. Définitivement pas assez fort pour surmonter cette vision. Il n’a pas peur. Il ne craint pas pour sa vie. Il est surpris. Il a assisté à une démonstration de puissance, de force. Il a vu un miracle, une chose exceptionnelle. Comme un jour de Noël, mais en mieux. Il utilise l’absence de Jazz pour se remettre de ses émotions, pour effacer cet air impressionné qui lui colle au visage. Il rêve de pouvoir faire des choses pareilles. Il rêve d’exploser un verre au visage d’un inconnu embêtant. Il rêve de faire peur rien qu’en clignant des yeux. Il ne le pourra jamais. Mais Jazz le peut. Dans un sens, elle en souffre. Le monde fait mal les choses, n’est-ce pas ? Le monde est cruel. Il attribut des capacités à des gens qui n’ont rien demandé. Il laisse cruellement de côté ceux qui en ont toujours voulu. Peut-être que le monde a ses raisons. Peut-être qu’il a ses explications.

Jazz revient. Un verre à la main. Elle aurait au moins pu lui ramener quelque chose. Lui aussi a besoin d’un remontant. Lui aussi aimerait bien passer au niveau supérieur. Mais il se rappelle qu’il doit être plus ou moins sobre pour s’assurer qu’elle ne va pas trop loin dans la consommation, pour s’assurer qu’elle profite de sa soirée. Pour le moment, ça commence plutôt mal. “Plus la peine de te battre.” C’est une solution plutôt radicale. Il aurait quand même préféré discuter avec l’homme plutôt que de lui offrir une séance d'acupuncture gratuite. Il suppose qu’on ne choisit pas toujours, n’est-ce pas ? On ne fait pas toujours ce que l’on souhaite, surtout avec un pouvoir capricieux. Il pose un regard interrogateur sur Jazz. Elle semble encore toute perturbée de son ‘intervention’ spontanée. Elle semble encore chamboulée. Bien plus que lui. “Je pensais lui parler, mais ta méthode fonctionne très bien.” Méthode inédite. Méthode surprenante. Méthode non conventionnelle. Mais méthode qui fonctionne. Il ne faut pas en demander plus. On peut toujours compter sur Jared pour blaguer lors d’une situation compliquée, tendue. Cette soirée ne l’est pas. La raison de la gêne de Jazz vient d’être calmée. Apaisée. Brûlée. Coupée. Ils n’ont plus qu’à reprendre où ils en étaient. Ils en étaient où ? Pas très loin, en réalité. Ils ont à peine eu le temps de finir leur premier verre. Ils ont à peine réussi à échanger quelques mots. Il est temps d’entamer les choses sérieuses. “T’es prête à profiter du reste de la soirée, maintenant que tu as explosé tout objet et homme encombrants ?” Il a un sourire amusé sur les lèvres. Prendre ce qui dérange pour le tourner en dérision. Il voit qu’elle n’est pas fière de son petit effet. Il voit qu’elle n’est pas à l’aise. Il voit qu’elle ne se réjouit pas de passer la soirée ici. Elle ne serait pas aller chercher un autre verre. De la vodka, qui plus est. Elle aurait pu tenter un alcool plus doux. Une autre bière. Un cocktail. Non, elle est passée directement à l’étape supérieure. Il a une autre idée. Une idée qui lui plaira sûrement plus. Une idée qui permettra à Jazz de se détendre. Une idée qui n’implique pas la présence de dizaines de personnes. Il a visé un peu trop haut pour une première sortie. Il a été un peu trop optimiste. Ils retenteront une autre fois. Pas tout de suite. “Voilà le programme : tu finis ton verre, on sort de là s’acheter une bouteille et on s’écroule sur un banc comme deux vieux pour cuver. Promis, tu rentreras avant que ton carrosse se transforme en citrouille.

Une bouteille dans la main. Les fesses sur un banc. Le regard plongé dans un parc. Souvent, les choses simples créent les meilleurs souvenirs. Il se rappelle de certaines soirées avec ses amis, à boire des canettes de bière dans les parcs et à s’amuser comme un groupe d’adolescents. Jazz ne s’abaisserait jamais à de semblables idioties, même ivre, mais elle serait plus en confiance. Il n’y aurait personne pour la regarder de travers. Il n’y aurait personne pour la reluquer. Il n’y aurait personne pour la dévisager. Elle pourrait être libre et naturelle. C’est le principal. “Ou bien, on peut rester ici et exploser les verres de tous les gars qui ont l’air de pervers. Comme tu le souhaites !” Il hausse les épaules de manière désinvolte. Faisant mine de s’en ficher. Il laisse son regard circuler dans la salle. Il observe les potentielles cibles. Les potentiels pervers qui pourraient la déranger. Il note dans un coin de ne jamais la regarder avec insistance. De ne jamais la dévisager trop longtemps. De ne jamais avoir le comportement d’un obsédé patenté. Il se le promet. Histoire de ne pas finir avec des débris de verre fichés dans le visage. Histoire de ne jamais risquer sa vie. Non pas qu’il ait besoin d’observer Jazz pour se mettre en danger. Une simple promenade dans la rue peut devenir source d’ennuis. Une simple discussion peut mal tourner. Alors, un regard, ce n’est rien pour Jared. C’est même une routine, une habitude. Il repose ses prunelles sur la jeune femme. Il lui propose une porte de sortie. Il lui propose de jouer le jeu à moitié. Même si les bars sont l’environnement de Jared, il est prêt à sacrifier ce décor familier pour une soirée plus calme et intime. Une soirée où il n’y aurait qu’eux deux. Enfin, eux trois si l’on compte la bouteille. Une soirée où ils n’auront pas de distraction pour essayer de faire la conversation. Une vraie soirée. Mais entre amis, bien sûr. Il ne peut pas parler de rencard. Il ne peut pas parler d’un tête à tête. Il est encore trop tôt. Il n’est même pas sûr qu’un tel rendez-vous pourrait intéresser Jazz. Ses rougissements disent le contraire. Ses rougissements portent à confusion. Il est possible de rougir par timidité. Il est possible de rougir par plaisir. Il ignore ce qui vaut pour la jeune femme. Sûrement pas par plaisir. Elle ne doit pas éprouver une quelconque joie de se savoir magnifique ou ravissante. Elle est au-dessus de ces considérations. Sûrement de la timidité. Il a cru comprendre que les relations amicales n’étaient pas son fort. Recevoir des compliments est peut-être un peu trop pour elle. Il posera la question à Ellie, la serveuse du Starbucks. Elle saura lui répondre. Du haut de sa vingtaine d’années, elle a sûrement assez d’expériences pour savoir.

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S
a méthode fonctionne bien. Elle fonctionne sans doute d’autant mieux que la peur des mutants est à son comble. Nathan allait la tuer si ça lui arrivait aux oreilles - et diable que le SHIELD avait des oreilles absolument partout. « T’es prête à profiter du reste de la soirée, maintenant que tu as explosé tout objet et homme encombrants ? » Il a un sourire amusé qu’elle ne comprend pas vraiment - chassez le naturel, il revient au galop. Et la vodka est passée trop vite, elle a l’impression d’être un peu moins lucide, ce qui ne lui convient pas tellement en présence de tant de personnes ; imaginez qu’elle fasse sauter le bâtiment ? Elle ne savait pas vraiment où étaient les limites de son pouvoir, parce que même au sein de l’institut, elle n’avait pas eu envie de voir combien de personnes elle pouvait tuer, même fictivement, même sur des mannequins. Elle a explosé l’encombrant, et ça lui déplaît. Si elle attrapait un rhume, elle risquait d’éradiquer la moitié des mâles de l’endroit préféré - du moins suppose-t-elle - de Jared. « Voilà le programme : tu finis ton verre, on sort de là s’acheter une bouteille et on s’écroule sur un banc comme deux vieux pour cuver. Promis, tu rentreras avant que ton carrosse se transforme en citrouille. » Il lui propose la liberté, la fuite, le départ, l’abandon du milieu hostile. Elle finit son verre, avec une petite grimace. C’est fort, ce truc. Elle préfère être loin, ne pas être une menace. En mission elle maîtrisait ses émotions et sa peur, elle assumait, parce qu’il le fallait bien, comment pourrait-elle prétendre qu’être mutant ne doit pas être un frein si elle ne montrait pas l’exemple ? Elle savait inciter les jeunes effrayés à accepter l’offre, à aller à l’Institut. Elle en était partie, elle était malgré elle un certain exemple de réussite - au fond, ses complexes avaient la vie dure. Elle aurait dû en parler à Bobby, elle n’avait pas eu le courage. Il avait vu la petite couverte de vêtements, cachant ses formes et rougissant au moindre regard. Il n’avait pas vraiment constaté les changements. Si la robe de dentelle montrait la délicatesse de sa peau et ne cachait pas les tatouages, il n’en était pas vraiment de même pour sa tenue de travail. Enfin pas quand elle allait à la X-Mansion.

Elle hésite. Elle sent bien qu’il aime cet endroit, toute idiote sociale qu’elle était. Elle sent bien qu’il n’a pas trop envie de sacrifier sa soirée mais c’est plus fort qu’elle, Jazz a noué ses doigts à ceux de Jared et l’a entraîné à l’extérieur, le plus calmement possible, pour ne pas qu’ils deviennent suspects. L’air frais et un peu pollué de la ville, le bruit qui cesse et le temps qui semble à nouveau s’étirer normalement. Ils ont sagement payé, ils sont libres de s’évader, loin de ces êtres qu’elle juge si étranges, si différents d’elle. Jazz aimait la normalité, la banalité du monde qui ne dépendait pas des héros, de ces gens qui avaient un quotidien loin des pouvoirs surnaturels, qui subissaient, pauvres âmes en perdition.. mais elle n’était pas de leur monde, elle ne l’avait jamais vraiment été. Est-ce que grandir auprès des X-Men faisait d’elle une enfant comme les autres ? Est-ce que le SHIELD avait fait d’elle une femme comme les autres ? Non. Elle évoluait loin de Jared, très loin - ou pas tant, mais elle ne pouvait pas deviner qu’il coursait les super-héros à longueur de temps libre.

Ca tangue, elle s’accroche à son bras, se retient à lui. Ca tourne un peu, elle sait que ça va passer, juste le temps de s’habituer. Inspiration, expiration, un petit rire qui s’échappe. « Pardon. J’avais besoin d’air. » Elle se hisse sur la pointe des pieds, dépose un baiser sur le coin de ses lèvres, un peu coupable. Un peu rose aussi, sur ses joues pâles. « Je passe mon temps à courir après des mutants en détresse et toi, tu m’intimides. Sacha se ficherait de moi. » Un pause. « Sacha c’est mon idiot de collègue. » Elle se sent un peu obligée de se justifier, mais peut-être que l’alcool ne lui réussit pas. La bière et la vodka, c’est déjà beaucoup pour une sobre perpétuelle. « Tu m’emmènes où, alors ? »
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Dans un bar ou dehors, il s’en fiche. La soirée peut être tout aussi agréable. Elle peut être tout aussi réussie. Mais elle ne peut l’être que si toutes les personnes s’amusent. Ce ne sera pas le cas tant que Jazz sera entourée de personnes. Elle ne sera pas détendue. Elle ne sera pas à l’aise. Elle sera dans la retenue. Il ne l’a pas vu avant. Il n’a pas anticipé le problème. Il a oublié sa peur de son pouvoir. Il a oublié sa crainte de ses capacités. Il a oublié, mais il tente de rattraper son erreur. Il faudra qu’il y pense, la prochaine. Qu’il l’emmène dans un endroit où l’alcool n’est pas au coeur de la soirée. Au cinéma ? Est-ce qu’elle ne risquerait pas de faire exploser le pot de pop-corn du voisin dans le stress du film ? Trop risqué. Une promenade. Juste une promenade. Ça semble relativement inoffensif et apaisant. Voilà, ils se promèneront. Génial. Il saute de joie d’avance. Il va vraiment falloir qu’elle se fasse confiance, sinon cette initiation à la vie sociale ne sera d’aucune utilité. Mais il comprend mieux pourquoi elle s’enferme des heures avec ses livres. Ce ne sont pas les mots qui vont la regarder de travers. Ce sont pas les mots qui vont l’agresser. Ce ne sont pas les mots qui vont exploser. Sauf qu’elle ne peut pas se cacher derrière des pages toute sa vie. Pour seule réponse, Jazz termine son verre et le repose sur la table. Alors, c’est parti. Jared enfile sa veste et sort son portefeuilles pour payer les consommations. Les doigts agiles de Jazz viennent s’enrouler autour de sa main. Un contact surprenant. Un contact doux qui l’attire en dehors du bar. La chaleur étouffante de l’établissement laisse place à le fraîcheur du mois de mars. Ils sont bien là. Il prend le temps de humer l’air frais. De respirer à plein poumon la pollution. Au moins, les risques sont limités, ici. Toujours main dans la main, ils se lancent dans la conquête de la ville. Ils sont jeunes. Ils sont intelligents. Ils sont l’avenir. La ville les attend. N’est-ce pas ? A ses côtés, Jazz titube. Il éclate de rire. Il pose une main sur le bras qui l’enserre. Il s’assure qu’elle ne lui échappe pas. Il veille qu’elle ne s’effondre pas en pleine rue. Pour une fois qu’elle est la plus maladroite des deux. “Heeey, doucement. Faudrait pas que tu te brises une cheville.” Elle rit. L’ivresse la rend légère. L’ivresse la détend. L’alcool a un sacré pouvoir sur elle. Elle lui rappelle les premières fois qu’il a bu. Ce sentiment de bonheur. Cette plénitude totale. Cette joie de vivre. C’est sûrement ce que Jazz est en train de ressentir, d’expérimenter. Il a l’habitude de la voir sage, de la voir sérieuse. Pas aujourd’hui. Pas ce soir. Elle a le sourire au bord des lèvres. Elle est finalement mieux ici qu’à l’intérieur. “Pardon. J’avais besoin d’air.” Elle vient l’embrasser. Une bise sur le coin des lèvres. Un nouveau contact dont elle ne l’a pas habitué. Il sourit. Grand sourire idiot. Grand sourire ridicule. Mais il sourit. Finalement, il n’a pas raté totalement l’organisation de la soirée.

Il aura réussi à lui montrer qu’elle peut s’amuser. Il sera parvenu à lui prouver qu’elle n’est pas obligée de lire des bouquins pour s’éclater. Au bout de deux verres, elle est déjà sur un petit nuage. Cependant, il va s’assurer qu’elle n’abuse pas trop de l’alcool. Elle risque de le regretter demain matin et de le haïr. “Je passe mon temps à courir après des mutants en détresse et toi, tu m’intimides. Sacha se ficherait de moi.” Sacha ? Intimider ? Trop d’informations dans ces phrases. Il dévisage Jazz. Il l’intimide. C’est nouveau. Il ne l’a jamais pensé. Il l’imaginait réservée. Il la pensait peu sûre d’elle. Mais pas au point de l’intimider. En quoi peut-il être effrayant ? Il est grand, fin, les bras maigrichons, la maladresse dans tout le corps. Il n’est pas aussi intimidant qu’un Hulk ou un Ultron. Il est même un bisounours à côté. Et qui est ce foutu Sacha ? Un ami ? Un collègue ? Un petit-ami ? Non, pas un petit-ami. Elle ne se comporterait pas ainsi avec lui. Elle ne l’embrasserait pas sur le coin des lèvres. Elle ne s’accrocherait pas à lui de cette manière. On parle de Jazz. La femme sérieuse, timide, droite. On ne parle pas d’une femme qui collectionne les hommes. Alors, Sacha pourrait être… un ami ? Un ami gay, forcément. Un ami avec qui elle parle de ses histoires d’amour. “Sacha c’est mon idiot de collègue.” Son idiot de collègue. Merveilleux. Il ne se sent pas rassuré. Il ne se sent pas confiant. Il ne se sent pas soulagé. Après tout, il serait aussi du genre à se moquer d’une amie qui est intimidée devant un homme. Alors, il est probablement aussi idiot que ce Sacha. Il est probablement aussi con. “Aaaah, ton collègue…” Et puis, les relations amoureuses entre collègues existent. Elles sont possibles. Elles sont probables. Jazz ne sort jamais. Les seules personnes qu’elle fréquente sont ses collègues. Si elle passe ses journées avec un homme, elle pourrait très bien avoir eu une aventure avec ou… Stop. Il ne peut pas se mettre à spéculer sur les relations de Jazz. Ils ne sont que deux amis. Deux amis qui se baladent dans une rue. Deux amis qui passent une soirée ensemble. Mais quand même… “Tu m’emmènes où, alors ?” Toujours ce besoin de contrôler. Toujours ce besoin de savoir. Elle ne peut pas simplement savourer le moment présent. Elle ne peut pas juste se laisser conduire. Elle doit savoir. Ça l’amuse. Ce ne serait jamais facile de lui organiser une surprise. Ce ne serait pas possible de faire un road trip. Elle devrait tout organiser à l’avance. Six mois à l’avance, au minimum. Minute après minute. Heure après heure. Ivre ou pas, elle a besoin de savoir la suite du programme.

On va entrer dans cette merveilleuse épicerie et on va se trouver un truc à boire et à grignoter. Ensuite, si tu tiens encore sur tes jambes, je t’emmène voir l’une des plus belles vues de New-York.” Il pointe du doigt l’enseigne lumineuse. Encore quelques mètres et ils seront devant la boutique. Encore quelques mètres et ils se retrouveront de nouveau enfermés dans une pièce. Mais cette fois-ci, il y a moins de risques de tuer quelqu’un. A moins que l’épicerie se fasse cambrioler, pile à ce moment là. Ce serait vraiment pas de chance. Ce serait vraiment bête. Pour la suite, il compte bien l’emmener au bord de l’East River pour qu’elle puisse s'émerveiller devant autre chose que ses livres. Là-bas, il y a une belle vue sur la skyline de New-York. Dans l’obscurité, les buildings s’y découpent. Les lumières donnent de la vie à la vue. L’endroit parfait où boire et discuter. L’endroit parfait pour profiter. “J’y emmène toutes mes conquêtes.” Clin d’oeil. Sourire en coin. C’est faux. Terriblement faux. Sauf qu’il l’intimide et il est bien décidé à la taquiner. Il faut bien qu’il en profite un peu. Il faut bien qu’il en joue. Il pousse la porte de l’épicerie. La lumière artificielle fait mal aux yeux. La télévision est allumée dans un coin. Il n’y a personne là-dedans, sauf le vendeur. Un homme de cinquante ans, penché sur son journal. “Viens, ça doit être par-là… et essaye de ne rien casser.” Il est le plus maladroit des deux. Le plus à même de bousculer, briser, tomber. Le plus à même de tout casser. Sauf que plus il boit, plus il retrouve son habilité. La logique de l’ivresse. Il l’emmène jusqu’au fond du magasin où les attend un rayon entier d’alcool. Il jette un coup d’oeil à Jazz. Il ne va pas tenter de lui proposer un alcool plus fort. Il devrait même prendre du jus de fruits et des gâteaux pour imbiber ce qu’elle a déjà ingurgité. Il se contente de prendre un pack de bières. Ce sera assez doux pour ne pas l’assommer complètement, mais assez alcoolisé pour jouer le jeu de la soirée. Alors qu’il prend le chemin pour rejoindre la caisse, il se tourne vers Jazz. Sourire taquin aux lèvres. “Alors comme ça, je t’intimide, hm ? Ne me dis pas que je suis pire qu’un de tes vilains que tu frappes !” Il est curieux de connaître les raisons. Il est curieux de savoir pourquoi. Un ami n’intimide pas. Un ami ne gêne pas. A moins qu’il soit important. A moins qu’il soit manipulateur. Ce qu’il n’est pas. Enfin, il l’espère. Sinon, il ne s’en rend pas compte et alors, c’est bien pire.

Il pose le pack sous le regard critique du vendeur. Ses yeux passent de Jared à Jazz, de Jazz à Jared. “Quoi ? Elle a bu toute seule, je ne l’ai pas forcée, m’sieur !” Il est totalement, complètement, entièrement, innocent ! Jazz s’est mise dans cet état toute seule. Elle aurait pu continuer avec de la bière, plutôt que de la vodka. Mais c’est lui que l’on juge. Trop d’injustices ! Il paye les boissons, avant de ressortir, en veillant à ce que Jazz ne perde pas l’équilibre. Ils prennent la direction du nord du Queens. Ils ne sont qu’à quelques rues du point de vue. Seulement quelques pas. Ils devraient réussir à y aller. Ils devraient s’en sortir.

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I
l ne faudrait pas qu’elle se brise une cheville. Elle a ri, parce qu’elle était entraînée à marcher sur à peu près n’importe quoi sans se briser une cheville, cependant elle ne l’était pas à avancer à moitié ivre - Jared avait peut-être raison de s’inquiéter, de la retenir ainsi. Peu habituée au contact, il semblait que l’alcool déride la demoiselle, qu’il fasse tomber les réticences et les peurs dont elle était empreinte depuis toujours. La X-Mansion apprenait énormément de choses mais l’art de prendre une cuite mémorable n’était, à vrai dire, pas au programme. Elle a trouvé son sourire idiot tout à fait mignon, puis elle a oublié ce qu’elle s’était promis en partant de chez elle : rester sobre, sage et un minimum digne. Ca semblait mal parti, cette affaire. Si Jared était un peu jaloux, elle ne l’aurait pas remarqué, parce qu’elle ne sortait jamais avec des hommes en dehors de son équipe de bras cassés avec qui rien ne fut envisagé, à aucun moment, avec aucun d’entre eux. Elle était la petite soeur du groupe, et au fond, elle plaignait le premier qui oserait l’embrasser ou tenter quelque chose avec elle, parce qu’il devrait passer au rayon X de leurs accusations les plus folles.

L’enseigne lumineuse pointée du doigt, Jazz se dit qu’elle a l’air quand même sacrément loin et qu’elle risquait de rester accrochée au bras de Jared pendant encore quelques mètres - de peur de s’écraser le nez contre le bitume. Son agilité était remise en cause par la vodka. Dommage, parce que c’était bien pratique l’équilibre et la coordination. Quelqu’un pouvait lui rappeler pourquoi diable avait-elle accepté cette sortie ? Du masochisme pur et simple. « Mais je tiens parfaitement sur mes jambes ! » Protestation soldée par un dérapage contrôlé, quand elle s’accroche au haut du coursier, tant bien que mal. « Bon.. pas tant que ça .. » Fallait s’avouer vaincue.

« J’y emmène toutes mes conquêtes. » Rouge comme un coquelicot en plein été, la rousse a baissé les yeux, incapable de répondre à une telle remarque. Il blaguait, hein ? Elle, elle n’avait pas l’étoffe d’une conquête, elle ne savait même pas vraiment ce que ça voulait dire, et elle était trop petite à côté de lui. Quoi ? Si, la taille ça compte, il devrait se baisser, elle ne voulait pas avoir l’air d’une lilliputienne. Puis inutile de tergiverser, elle était une amie, c’était une sortie entre amis. « Viens, ça doit être par-là… et essaye de ne rien casser. » Il l’a lâchée et elle s’est sentie déséquilibrée. Le mur était son meilleur ami. Plus jamais la vodka, plus jamais. La bière ça passait, c’était raisonnable, à petites doses ça ne faisait rien mais le mélange, là, il lui donnait l’impression de flotter bizarrement. Ou c’était Jared. Non, elle chasse l’éventualité, offre un rire nerveux pour toute réponse - très constructif, en effet.

Le rayon puis la caisse. C’était encore loin ? Elle voulait s’asseoir le temps que ça passe. Ca allait passer, hein ? « Alors comme ça, je t’intimide, hm ? Ne me dis pas que je suis pire qu’un de tes vilains que tu frappes ! » Une moue boudeuse. Elle ne veut pas répondre à cette question. Il se moque d’elle et ça n’est pas très gentil. Les vilains, ça se mate avec deux-trois explosions, ça se maîtrise par la force, ça s’assomme et on n’en parle plus. Les Jared, on ne peut décemment pas les étaler sur le sol pour les faire taire, ce serait injuste. Puis il était assez maladroit pour qu’elle se blesse en essayant de contrer sa drôle de coordination. « Quoi ? Elle a bu toute seule, je ne l’ai pas forcée, m’sieur ! » Jazz se sent un peu décortiquée par le vendeur. Elle avait l’air fragile au point qu’on doive vérifier ? Elle savait se défendre toute seule d’abord ! Les garçons lui ont appris qu’il fallait viser sous la ceinture en cas d’urgence. C’était une leçon de survie, elle avait intégré, fallait pas s’inquiéter pour elle. Une grande fille. Majeure et vaccinée. Et un peu ivre, là, mais c’était un détail. « J’suis consentante, m’sieur ! » Ca avait eu le mérite de la rendre un peu moins guindée.

En sortant, elle s’accroche à nouveau à lui. Elle aime bien, c’est confortable. Elle a fait attention à attraper le bras libre, pour ne pas le faire tanguer d’un seul côté, ils auraient fini par terre et ç’aurait été triste, à quelques pas de l’objectif. Si c’était encore loin, elle préférait s’installer là, sur le trottoir et plus bouger. « Et t’en as beaucoup, des conquêtes ? » L’interrogation tombe, un peu timide. Elle ne sait pas trop parler de cela, de trucs aussi normaux, parce que son quotidien se porte plus sur la sécurité de la population et des mutants que sur la lingerie ou le nombre de baisers échangés en une soirée. Une vraie épreuve, qu’il lui fait subir. Sadique.
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Mais je tiens parfaitement sur mes jambes !” Il lui lance un regard sceptique. Elle tient parfaitement debout ? Ce n’est pas ce que ses pieds mal synchronisés semblent dire. Ils crient qu’ils ne savent pas ce qu’ils font et qu’ils ne contrôlent plus la situation. On peut être une super-héroïne et ne pas tenir l’alcool. L’injustice de la vie. Il tente de la retenir lorsqu’il la sent partir dans un dérapage dangereux. Il ferait peut-être mieux de la jeter sur son épaule, comme un sac à patates. Elle risquerait moins de se blesser si il la porte que si elle marche. Ce serait tellement élégant, une Jazz sur l’épaule, tiens. Une bonne manière de lui montrer qu’elle lui plaît. Il repousse l’idée. Il va se contenter de lui tenir le bras et de vérifier qu’il n’y a pas d’obstacles sur son chemin. L’avantage d’être maladroit, c’est que l’on repère immédiatement les dangers. Les crottes de chien. Les feuilles mouillées. Les bouteilles abandonnées. Les trottoirs traîtres. Il a un espèce de scanner rétinien qui lui permet de tout repérer, de toute évaluer, de tout éviter. “Bon.. pas tant que ça ..” Il éclate de rire. Au moins, elle s’en aperçoit avant de tomber. D’autres acceptent la réalité seulement quand ils chutent de dix centimètres et se foulent une cheville. Jazz aura évité le pire. Bras dessus, bras dessous. Ils avancent dans la nuit new-yorkaise. Qui des deux s’accroche le plus au bras de l’autre. Le mystère reste entier. Mais ils ne se lâchent plus. Jared veille à avancer droit, à marcher lentement. Ils ont peut-être l’air d’un couple de jeunes ivres d’alcool. Ils ont peut-être l’air de deux adultes ivres de bonheur. Les passants voient peut-être deux personnes qui s’apprécient. Mais ils n’en sont pas encore là. Il n’y a que le fard de Jazz pour l’encourager, pour lui prouver qu’il y a quelque chose, pour lui indiquer qu’elle n’est pas insensible. Il n’y a que son ressenti pour lui démontrer qu’il voit juste. Mais il ne crie pas victoire. Il ne prend pas confiance. Il doute. Beaucoup. Elle est la femme parfaite. La femme parfaite ne se séduit pas en quelques secondes. La femme parfaite ne finit pas avec l’abruti de service. La femme parfait tombe amoureuse de l’homme parfait. L’homme parfait est grand, intelligent. Jared en est loin. Très loin. Il s’imagine trop maladroit. Il se pense trop idiot. Il se voit trop immature. Il n’arrive pas à la cheville de tout homme parfait. Si il veut prétendre conquérir son coeur, il va devoir s’améliorer. Il va devoir changer. Il va devoir évoluer.

Ils atteignent finalement l’épicerie. Après un long chemin. Après un parcours laborieux. Ils y sont. Il se défend devant le caissier. L’homme n’est clairement pas convaincu. Il a trop l’habitude de lire les faits-divers sur des femmes droguées, alcoolisées qui finissent abandonnées dans une rue, tuée ou violée. Il a trop l’habitude d’entendre de mauvaises choses se passer. Alors, il se méfie. Mais Jared n’est coupable de rien. Sauf peut-être d’avoir laissé Jazz finir son verre de vodka d’un cul sec. Sauf peut-être de l’avoir encouragée à venir dans un bar. “J’suis consentante, m’sieur !” Il ne retient pas son sourire amusé. Le langage de charretier. Il a une mauvaise influence sur elle. Il est définitivement en train de la contaminer avec son langage d’adolescent. Jazz a plutôt l’habitude de faire de belles phrases, de soigner ses mots. Elle a plutôt l’habitude de s’exprimer clairement et distinctement. Pas quand elle a bu deux verres. Pas quand elle titube. L’entendre s’exprimer avec autant de familiarité a de quoi amuser Jared. Il découvre une nouvelle facette de la rousse. Il la trouve aussi plus déjantée et amusante que lorsqu’elle a le nez plongé dans ses livres. Ils retrouvent la fraîcheur de la soirée pour remonter le Queens. Ils reprennent rapidement leur position. Jazz accrochée à son bras. Jared en conducteur de convoi. Parce qu’ils sont un convoi. Ils prennent la moitié du trottoir avec le pack. Heureusement, il n’y a personne pour les fusiller du regard. Il n’y a personne pour râler. Il n’y a personne pour leur fait de reproches. Les gens se contentent de passer à côté, sans rechigner, sans protester, sans s’agacer. “Et t’en as beaucoup, des conquêtes ?” La question qui fâche. Il s’est déjà rendu compte que certaines femmes n’apprécent pas de savoir le vrai nombre de conquêtes. Certaines préfèrent se savoir unique et penser qu’elles ont un privilège. D’autres s’en fichent royalement et sortent une liste plus longue que la sienne. Avec Jazz, il se doute que lui dire qu’il en a eu 800 - ce qui est humainement impossible - serait gênant. Mais il a l’intention d’être honnête. Il a l’intention de ne rien lui cacher. Même ses histoires de couple. “J’en ai quelques unes, oui. Ce sont souvent des rencontres que je fais pendant des soirées, mais il m’arrive d’avoir des relations sérieuses.” Il ne compte pas le nombre de femmes qu’il a connues. La plupart sont des aventures. Des relations qui ne durent pas longtemps. Parfois, parmi les aventures se cachent une vraie histoire. Une personne qui lui donne envie de s’investir. Une personne qui compte à ses yeux. Sur le long terme, il est rare que les femmes supportent l’équation mortelle : maladresse + retard + immaturité. Le gros problème reste son amour pour les super-héros. Et la décoration de sa chambre. Mais ça, c’est encore autre chose.

Elles ne peuvent pas résister à mon charme maladroit, tu comprends ?” Nouvelle plaisanterie. Il ne sait pas avoir une conversation sérieuse plus de cinq secondes. Cinq secondes. Le temps qu’il faut pour qu’il dise quelque chose de sérieux et qu’il recouvre son idiotie habituelle. Le temps nécessaire pour qu’il ait l’impression de se prendre trop au sérieux. Ils ne sont plus qu’à quelques pas. Ils traversent la route. Jared s’arrête. Il baisse le regard vers Jazz. Il a un sourire de gamin sur les lèvres. Il est fier de son idée. Il est fier de l’endroit où il l’emmène. Ils pourraient avoir une vue pareille à peu près partout dans le quartier, mais la jeune femme ne prend jamais le temps de vivre. Il fait la pari qu’elle n’a pas encore profité d’un panorama de New-York, en pleine nuit. Ce soir, ce sera chose faite. Si elle n’arrive pas à s’émerveiller devant ce paysage urbain, il saute dans l’East River. C’est décidé. “Okay, on y est presque ! Tu me fais confiance… ?” Il attend qu’elle réponde, avant de reprendre la parole. “Alors, ferme les yeux et ne triche pas, j’te surveille !” Il prend son intonation la plus autoritaire, bien conscient qu’il n’est pas crédible un instant. Jared n’aura jamais la tête du gars autoritaire et sérieux. Il sera toujours le gars avec un sourire collée à la glue sur les lèvres et des grimaces plein le visage. Il n’aura jamais aucune autorité sur ses enfants. Il sera même pire qu’eux. Mais il compte sur Jazz pour faire un effort et pour tenir cinq minutes les yeux fermées. Il redouble d’attention pour l’amener à son point de vue. Là-bas, sur la promenade qui longe l’East River. Des bancs sont installés. Des bancs attendent sagement. Il choisit celui qui semble offrir le plus belle angle. Il pose le pack de bières dessus. Il aide ensuite Jazz à s’asseoir. “Okay, vas-y, tu peux ouvrir les yeux !” Devant eux s’étale un New-York plongé dans le noir. Seules quelques lumières à des fenêtres trahissent une activité en discontinu. Les buildings se dessinent dans l’obscurité. Des silhouettes obscures qu’ils côtoient au quotidien. Il est toujours impressionné de voir l’immensité de la ville. Il est toujours sous le charme d’un tel urbanisme. Il scrute son visage, à la recherche d’expression. Il attend de voir une émotion. Il cherche des réactions. Il veut la voir sourire devant ce paysage. Il veut la voir enjouée de profiter d’une soirée, en dehors de son appartement. Il veut lui montrer toutes les merveilles de la ville. “S’il te plaît, ne me dis pas que c’est moins bien qu’un de tes livres chiant à mourir !” Il la met en garde. Elle doit faire attention à ce qu’elle va dire. Elle doit mesurer ses paroles. Elle ne doit pas briser ses espoirs. Il s’empare d’une bouteille de bière qu’il décapsule avec le rebord du banc. Mac Gyver est dans la place. Poussez-vous ! C’est toute une technique. Une maîtrise qui nécessite des dizaines d’années d’entraînement. Il tend la boisson à Jazz et reproduit le même scénario avec une deuxième. Un banc, une vue, une bière, une amie. Il n’y a pas mieux pour rendre une soirée parfaite.

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Q
uelques unes. Des rencontres dans des soirées. Ou des relations sérieuses. Jazz assimile comme elle peut des informations dont elle n’est pas sûre de saisir l’étendue. Est-ce que Jared est un séducteur ? Est-ce que c’est pour cela qu’il a tant insisté pour qu’elle accepte un café ? Elle n’était pas vraiment capable de se mettre à sa place, parce qu’elle ne trouve pas d’intérêt aux conquêtes, parce qu’elle n’était pas assez sûre d’elle pour laisser trop de contacts envahir sa vie. Ca n’était pas qu’elle ne les supportait pas, c’était plutôt l’expression de ses complexes, de ces marques laissées par l’accident. « Elles ne peuvent pas résister à mon charme maladroit, tu comprends ? » Embarras. Il blague mais Jazz ne sait pas trop réagir. Est-ce qu’il y a quelque chose à répondre à cela ? Elle a encore le rose aux joues, la maladresse au bord des lèvres, et ça ne fait qu’empirer dans l’épicerie. Elle se sent comme une gamine mal dans sa peau, elle qui faisait en sorte de s’assumer la plupart du temps, cacher ses failles et le malaise qu’elles génèrent. Elle se mord la lèvre inférieure tandis qu’ils reprennent leur route. Pourquoi n’a-t-elle pas décidé de rester chez elle au lieu de s’enivrer comme ça ? Tout lui donne l’impression de tanguer. La route lui paraît longue, aussi. « Okay, on y est presque ! Tu me fais confiance… ? » « Oui.. » Enfin en même temps, elle n’a pas trop le choix, elle est partie avec lui, elle lui a ouvert la porte de son appartement, elle lui a confié une part de sa vie secrète - est-ce qu’il était vraiment possible, là, de lui refuser sa confiance ?

« Alors, ferme les yeux et ne triche pas, j’te surveille ! » Elle ferme les yeux, obéissante. C’est d’autant plus dur d’aligner les pas qu’elle n’est pas très claire. Uh. Ca devient difficile à digérer. Il la pose sur un banc, ou ce qui lui semble être un banc, elle n’est pas sûre. Et elle n’ouvre pas les yeux parce qu’il ne lui a pas donné l’autorisation. Elle ne veut pas le décevoir, lui gâcher son plaisir, parce que ça a vraiment l’air de lui faire plaisir de lui montrer quelque chose. « Okay, vas-y, tu peux ouvrir les yeux ! » Les billes mordorées découvrent le paysage, les lumières dans l’obscurité mais à vrai dire, elle n’offre pas vraiment d’expression à cela, non qu’elle soit foncièrement indifférente, simplement qu’on en trouvait aisément des photos dans des livres. « S’il te plaît, ne me dis pas que c’est moins bien qu’un de tes livres chiant à mourir ! » Silence. A croire qu’il lit dans ses pensées. Quoiqu’en fait, ça n’est pas ‘’moins bien’’, c’est juste assez similaire ; puis elle voyait des trucs improbables dans son travail. Est-ce qu’être normal, c’était s’émerveiller devant un décor ? Jazz s’émerveillait plus facilement devant une plage, une mer turquoise, une eau déchaînée. Ca, c’est joli, c’est peut-être romantique, elle ne sait pas. Le fait de décapsuler la bouteille semble bien plus l’intriguer que le paysage. C’est une habileté qu’elle ne lui aurait pas soupçonné. « Pourquoi ici ? » Pourquoi ce banc plutôt qu’ailleurs ? Pourquoi l’emmener loin ? Est-ce qu’il veut la rassurer ? Est-ce qu’il veut être charmant en l’éloignant de la civilisation quitte à se priver de ce que lui il aime ? Quand elle prend la bouteille, elle hésite, puis finit par goûter. Un peu plus ou un peu moins, hein. En fin de compte, elle regrettait de ne pas être comme lui.

Jazz regrettait de ne pas savoir prendre son courage à deux mains avec les hommes, elle regrettait de ne pas être capable de simplement profiter sans avoir la sensation d’être imparfaite. Elle baisse le regard. Il faudrait vraiment qu’elle demande à Keegan pourquoi elle se sent embarrassée de cette façon en présence de Jared. Sacha, il se moquerait, avec une explication gentille mais évidemment taquine. Il lui dirait qu’elle en pince pour ce gars. Est-ce qu’elle en pince pour Jared ? Une gorgée de plus, pour que ça passe. Ca va aller, elle va se détendre. Elle va arrêter de se poser toutes ces questions. « Je-Je sais pas bien ce que je dois dire ou faire ou.. je suis jamais sortie, comme ça. Surtout pas avec un homme.. et j’me sens.. vraiment stupide, là. T’as un remède contre la stupidité ? » Une petite moue. Bientôt, elle allait se mettre à bafouiller à la moindre volonté de communiquer. Ca devait être un effet secondaire de l’alcool. Ca pardonne pas, l’alcool.
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Pression totale. Il espère sincèrement que la vue lui plait. Que la surprise est à la hauteur. Mais lorsqu’elle ouvre les yeux, rien ne se passe. Pas de sourire. Pas de yeux exorbités. Pas de bouche ouverte. Juste le silence. Il a raté. Il a raté son effet. Il n’a pas réussi à l’émerveiller, à l’étonner, à la surprendre. Pourtant, c’est ce que fait l’homme parfait, non ? Il est toujours plein de surprises et de bonnes attentions. C’en était une. Une surprise. Une bonne attention. Jared est perdu. Complètement paumé. Il était pourtant certain qu’elle serait ravie d’être là, à observer une ville endormie. Mais forcément, lorsque l’on est une héroïne, on a forcément l’habitude de voir New-York dans cet état. Elle connaît probablement ce spot. Elle sait sûrement où trouver les meilleures vues. Elle a probablement vu des choses plus incroyables. Il a merdé totalement. Une bière, il lui faut une bière. Pour boire. Pour oublier. Pour effacer la déception. Pour supprimer la gêne. Ils auraient dû rester au Raina Lounge. Au moins, ils ne pouvaient que s’amuser en explosant des gens. ici, il n’y a personne. Pas de divertissement. Pas de diversion. Peut-être qu’il va sauter dans l’East River, tiens. Là, il arrivera à faire réagir Jazz. Il arrivera à lui arracher un sourire, une exclamation ou une crise cardiaque. Il s’attendait à tout. A un rire. A un sourire. A une incompréhension. Certainement pas au silence. Il aurait encore préféré qu’elle se mette en colère plutôt qu’elle fixe la rivière, le regard dans le vague. Jared arrête de la fixer. Ca ne sert à rien. Aucune réaction n’en sortira. Il porte ses yeux sur la skyline. Il l’aimait bien, cette vue. Il l’a découverte deux ou trois jours après son arrivée. Il trouvait cela tellement imposant et incroyable. Il se sentait tellement petit face à cette immensité. Il se sent toujours petit. Mais ce sentiment n’est pas partagé. Il n’est pas commun à tout le monde. Seulement d’une petite minorité. Seulement de ceux qui parviennent à s’émouvoir d’un paysage urbain. D’accord, ils sont loin du désert du Sahara ou du Grand Canyon. Ils sont loin de la nature. Ils sont loin des décors désertiques du Nouveau-Mexique, mais quand même… “Pourquoi ici ?” Il hausse un sourcil. Parce qu’il faut une raison ? Une raison pour chaque décision. Une raison pour chaque pensée. Une raison pour chaque geste spontané. Ce n’est pas ainsi qu’il fonctionne. Il marche au coup de coeur, à l’émotion, au moment présent. Il marche à la spontanéité, à l’improvisation. Il ne calcule pas, il ne maîtrise pas. Il laisse faire. Ils auraient pu aller n’importe où ailleurs, mais ils étaient proches. Ils auraient pu rester dans le bar. Ils auraient pu ne pas se voir. Ils auraient pu. Mais les choses étant ce qu’elles sont, ils sont arrivés ici. Il hausse les épaules. Il ne comprend pas vraiment le sens de sa question. Il ne comprend pas. Elle est si déçue par cette vue ? Elle est énervée ? Ils sont passés de la joie de vivre à une conversation pesante. Il n’aime pas ça. Il aime la légèreté, l’amusement. Il a bien conscience que toutes les discussions ne peuvent pas être amusantes, que certaines doivent être sérieuses. Mais pas là. Pas maintenant.

Pourquoi pas ?” Tout simplement. Pourquoi pas. Pourquoi est-ce qu’ils n’auraient pas vu venir ici ? Il n’est pas comme Jazz. Il n’a pas besoin de réfléchir plusieurs minutes pour prendre une décision. Il a seulement besoin d’écouter ses émotions. Il a seulement besoin d’agir. Il n’est pas aussi réfléchi qu’elle. Il n’est pas aussi contrôlé et posé. Il est juste lui-même. Il n’en sait rien pourquoi il l’a emmenée ici. Pourquoi ce banc. Pourquoi cette vue. Pourquoi ces bières. Il a seulement pensé que la soirée serait plus agréable, plus détendue. Il a seulement imaginé lui faire plaisir. Alors, il a bougé. Il a agi. “Personne ne risque de mourir ici, sauf moi et ça semble plutôt bien parti. Je pensais à tort que tu serais soulagée d’être loin de la foule.” Visiblement, il s’est trompé. Elle n’est pas transportée par une joie incommensurable. Elle n’est pas soulagée au point de se relâcher. Peut-être qu’elle craint. Elle craint qu’il tente quelque chose. Elle craint qu’il essaye d’abuser d’elle. Mais ce n’est pas le cas, même si les bouteilles de bière peuvent faire penser le contraire. Il en boit une gorgée avant de la poser par terre. A côté de ses pieds. Erreur monumentale si il doit se mettre debout. Il la renversera à coup sûr. Mais ses préoccupations ne sont pas là. Il pose ses coudes sur ses genoux, son menton dans le creux de sa main. Il l’aime bien, cette vue. Quoiqu’en pense Jazz. Quoiqu’elle en dise. Elle ne parviendra pas à gâcher le moment. Il aurait simplement aimé qu’elle soit plus enjouée. On n’a pas toujours ce que l’on souhaite, pas vrai ? “Je-Je sais pas bien ce que je dois dire ou faire ou.. je suis jamais sortie, comme ça. Surtout pas avec un homme.. et j’me sens.. vraiment stupide, là. T’as un remède contre la stupidité ?” Sortir comme ça ? Surtout pas avec un homme ? Est-ce qu’elle est en train de comparer leur rendez-vous de ce soir à un rencard. Ce qui peut l’être dans un sens. Tout ceci n’est pas entièrement innocent, n’est-ce pas ? Jared la trouve parfaite, elle n’a pas l’air totalement insensible. Il se pourrait bien que ce rendez-vous nocturne soit plus qu’une soirée entre amis. Bien plus. Et puis, il la savait accro à ses livres. Il la savait passionnée par une vie calme et enfermée dans son appartement. Il n’avait pas imaginé qu’elle ne sortait jamais. Il aurait dû s’en douter. Il y avait des signes. Sa réticence à accepter de boire un verre. Son manque d’enthousiasme à l’idée de se retrouver dans un bar. Son pouvoir incontrôlable. Il aurait pu voir tous ces signes. Il se redresse. Il se tourne vers elle. “Je ne sais pas ce que t’as dit Sacha ou n’importe quel autre de tes collègues, mais t’as pas besoin de te mettre la pression.” Ils vont y aller à leur rythme. Ils vont écouter les besoins de l’un et de l’autre. Ils vont essayer de faire un bout de chemin ensemble. A aucun moment il ne compte faire peser une pression énorme sur elle pour qu’elle modifie son comportement. Non. Il l’apprécie pour sa naïveté et sa timidité. Il l’apprécie pour son sérieux et son héroïsme. Il ne va sûrement pas influer sur son caractère.

Il s’adosse au banc. Il récupère sa bouteille. Finalement, il va peut-être être celui qui boira le plus, ce soir. Même si Jazz a davantage besoin de se détendre que lui. Elle a trop peur. Elle a trop d’anxiété. Alors qu’elle a juste à se comporter normalement. Elle l’a déjà fait quand il s’est pointé chez elle avec un colis à lui livrer, quand il lui a offert un café, quand elle l’a invité à manger des spaghettis. Ce soir n’est pas différent d’un autre jour. Ils ont juste fait un effort vestimentaire. Ils ont juste bu quelques verres. Il fait juste nuit. “En principe, les gens normaux essayent d’être eux-même et de profiter du moment présent.” Juste profiter. Admirer les environs. Respirer l’air. Boire quelques gorgées. Discuter de futilités. Rire de bêtises. Juste vivre. C’est ce que font les gens quand ils sortent. Ils oublient les ennuis du quotidien. Ils oublient les préoccupations routinières. Ils se concentrent sur l’ivresse et sur les amis. Ils se concentrent pour retrouver le bonheur. Un bonheur bref. Un bonheur à court terme. Mais un bonheur quand même. “Je te promets que je ne vais rien te faire.” Il a besoin de le lui dire. Pour ne pas qu’elle s’inquiète. Pour ne pas qu’elle s’imagine quelque chose. Pour ne pas qu’elle prenne peur. Et pour qu’il se sente mieux, aussi. Il déteste l’idée d’être vu comme un pervers, comme un obsédé. Il n’a pas été élevé ainsi. Il n’a pas grandi dans cet irrespect. “On peut s’arrêter là et rentrer chez nous, si tu préfères.” Il ne veut pas la forcer. Il ne veut pas pousser les choses. Peut-être qu’elle a atteint le maximum de ses capacités ce soir. Peut-être qu’elle a juste envie de se glisser dans son lit et de cuver l’alcool. Peut-être qu’elle a envie de retrouver le confort de son appartement. Il comprendrait. Il ne jugerait pas. Il accepterait. Elle a déjà bu plus qu’elle n’en a jamais fait toute sa vie. Elle doit probablement avoir la tête qui tourne. Le mieux serait qu’elle rentre chez elle maintenant. Tout de suite.

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tre soi-même. Le concept était-il viable lorsque l’on était une mutante dangereuse et complexée complètement coincée ? Jazz n’avait jamais eu l’audace de regarder un homme autrement qu’en tant qu’ami, sans doute trop craintive et désabusée pour espérer plus. Petite, elle avait été dingue de Bobby, comme toutes les petites filles étaient innocemment dingues du grand garçon protecteur, qu’il soit un cousin ou comme un frère. Il fut son seul repère masculin finalement, on ne pouvait pas compter sur John pour jouer ce rôle, quoique le côté flambant la fasse beaucoup rire. Elle avait vu évoluer le couple avec Malicia de façon si positive et avec tant de bienveillance qu’elle avait renoncé, l’idée qu’elle ne puisse avoir cette chance ayant fait son chemin trop tôt, à son insu. Être elle-même lui semblait impensable. Il est déçu qu’elle montre si peu de réactions, si peu d’enthousiasme, et elle ne sait comment lui expliquer ce qu’elle ressent, alors elle baisse le visage, écoutant ce qu’il raconte. « Tu ne vas pas exploser.. » a-t-elle seulement tenu à souligner, se sentant déjà coupable de l’effrayer. Elle aurait fait une piètre X-Woman, avec ses angoisses existentielles et son manque d’assurance ; dur de clamer qu’elle était mutante et fière de l’être - et elle n’était d’ailleurs qu’une falsification de mutation. Un simple accident. Est-ce qu’elle devrait lui avouer qu’elle s’inquiète pour lui ? Est-ce qu’elle devrait évoquer le fait qu’elle a peur de lui faire du mal, au milieu d’une foule, sous l’effet du stress ? Elle est entraînée aux situations d’urgence, la vie quotidienne n’est en fin de compte qu’un grand, un vaste mystère.

« Je ne sais pas ce que t’as dit Sacha ou n’importe quel autre de tes collègues, mais t’as pas besoin de te mettre la pression. » Sacha était celui auquel elle pensait le plus parce qu’après tout, c’était le plus déjanté, le barge de service sans complexes qui dit tout haut ce qu’il pense même si c’est super indélicat - et pourtant elle ne lui envisage pas une once de méchanceté. « Il y a Sacha, Raphaël, Keegan et Nathan, mon chef. » L’idée qu’elle puisse ne travailler qu’avec une personne a semblé le déranger. Elle ne sait pas bien pourquoi, alors elle opte pour une liste complète, comme ça il n’aura plus à se poser de questions sur les gens avec qui elle peut partager son temps. Sans doute est-elle trop naïve pour penser à l’éventualité qu’il la considère en couple. Ou attirée par ledit collègue. Quant à la pression.. bien sûr qu’elle se met la pression, Jared est gentil, mignon, grand et joyeux, elle elle est seulement maladroite, mariée à son boulot, le nez dans les livres et, actuellement, plutôt éméchée.

Pas assez pour ne pas lire la profonde déception dans l’attitude de Jared. Elle ne sait pas ce qu’elle doit faire pour le réconforter. « En principe, les gens normaux essayent d’être eux-même et de profiter du moment présent. » Elle n’est pas une personne normale, elle est décalée, totalement hors du moule, que ce soit au niveau de l’éducation ou des loisirs. Elle se sent tellement dépassée par sa façon de boire les gorgées de sa bière, comme si tout criait qu’il a l’impression de tout avoir raté - et pour qu’elle parvienne à l’interpréter, il devait vraiment y avoir un souci. Ou l’alcool rendait Jazz lucide, allez savoir.

« Je te promets que je ne vais rien te faire. » Rien lui faire ? Elle penche la tête, la tourne pour le regarder, un peu choquée par son besoin de.. de quoi ? Lui assurer qu’il ne va pas la violer ? Déjà il faudrait qu’elle donne envie de la violer et sincèrement, elle n’y croyait pas trop. Et puis s’attaquer à une mutante explosive, même diminuée par la vodka, quel citoyen s’y risquerait seul, dans le noir ? Sidérée, elle le fixe, la bouche entr’ouverte. « On peut s’arrêter là et rentrer chez nous, si tu préfères. » Froncement de sourcils. Temps de réflexion.

Elle s’est déplacée sur le banc, prenant son courage à deux mains, et repoussant ses limites par la même occasion. Prudemment, elle se glisse contre le jeune homme, faisant passer un bras masculin autour d’elle. Il n’y a pas meilleure manière de dire qu’elle ne veut pas partir, et que le décor lui plaît bien même si elle n’est pas émerveillée comme une enfant allant pour la première fois à Disney World. C’est difficile. Elle tient sa bouteille des deux mains pour être sûre de ne laisser échapper aucune étincelle ne serait-ce que du petit doigt et elle s’oblige à respirer calmement, à se dire que non, Jared n’allait pas finir fondu sous une friction de molécules et qu’elle n’était pas moche au point de le dégoûter ou de lui donner la nausée. « Il est très bien, ce banc. » Si elle n’a presque rien dit, les gestes valaient mieux que tout le blabla du monde, ils prouvaient une certaine sincérité qu’elle n’était pas certaine de transmettre avec les mots. Il ne la connaissait pas encore assez pour savoir distinguer ses moments de mal-être personnel et les instants d’ennui réel.
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Tu ne vas pas exploser..” Il le sait. Il lui fait confiance. Mais il a le sentiment d’avoir fauté. Il a le sentiment qu’il aurait dû taire sa proposition. Il aurait dû se contenter de la voir exploser les gens dans le bar. Ça aurait été tellement plus simple. Tellement moins compliqué. Tellement plus facile. Il n’aurait pas eu à justifier son choix de l’emmener au bord de la rivière. Il voit la scène d’un autre oeil, maintenant. Il voit qu’ils sont seuls, en pleine nuit, de l’alcool à portée de main. Il pourrait se passer tout et n’importe quoi. Il pourrait s’agir d’une tentative de l’embrasser. Il pourrait s’agir d’une situation romantique piquée à un film à l’eau de rose. Après tout, ça l’est. Et surtout, il a plaisanté sur ce lieu de pelotage. Endroit qu’il fréquenterait avec ses précédentes copines. Autant dire qu’il n’a pas vraiment rassuré Jazz. Elle est en droit de l’exploser. Elle est en droit de lui en vouloir. Elle est en droit de le lui faire payer. Il l’a mérité, après tout ! Il n’est pas mieux que les autres. “Il y a Sacha, Raphaël, Keegan et Nathan, mon chef.” Ça fait une sacrée quantité d’amis gays, dis donc. Trop pour continuer à espérer qu’ils soient tous homosexuels. Il a de la concurrence. De la concurrence déloyale. Ils sont sûrement forts, baraqués, musclés. Les tablettes de chocolat sur le ventre (Jared les a aussi, mais sûrement moins creusées que ceux de ses collègues). Le charisme à volonté. Le sourire colgate. Les bras protecteurs pour épargner quelques blessures à Jazz. Il ne sait même pas ce qu’elle fait comme métier. Mais sûrement pas un travail banal. Elle n’est sûrement pas boulangère. Ni infirmière (faites que non ! Il a trop regardé Grey’s Anatomy pour ne pas succomber). Il l’imagine policière, agent secret. Il l’imagine élève dans un centre d’entraînements de ninjas. Il a de quoi laisser son imagination vagabonder, avec Jazz. Elle est pleine de mystères. Elle est pleine de secrets. Elle ne peut pas tout lui dire. Elle ne peut pas tout lui raconter. Elle créé sans le vouloir une espèce d’aura extraordinaire autour d’elle. Ce qui la rend un peu plus impressionnante encore. “Que des hommes…” Et après, elle dit qu’elle n’a pas l’habitude de sortir avec des hommes. Alors qu’elle en côtoie plusieurs, tous les jours. Alors qu’elle passe le plus clair de son temps avec eux. Elle devrait connaître le fonctionnement de la gent masculine. Elle devrait pouvoir anticiper chaque mot, chaque geste. Elle devrait savoir. Mais non. Il y a quelque chose qui lui échappe. Il y a quelque chose qu’il ne comprend. Comme si il n’était pas un de ses collègues. Comme si il était différent. Il l’est sûrement. Il n’y a qu’à voir leur relation. Ce rendez-vous. Ce besoin de faire attention, de marcher sur des oeufs. Cette volonté de préserver l’autre. Ils s’attendent à plus. Ils mettent plus d’espoir que de raison dans ce rendez-vous. Alors qu’ils étaient d’accord. Seulement deux amis. Seulement une initiation à la vie nocturne. Il faut croire qu’ils étaient conscients qu’autre chose pouvait avoir lieu. Ils le sont encore.

Enfin, Jared l’était jusqu’à ce qu’il voit sa déception. Devant son visage impassible, les espoirs se sont brisés. Percutés par un mur de briques. Envolés devant un soupir. Peut-être qu’il s’est trop réjoui. Peut-être qu’il a trop imaginé, trop pensé. Il se fait rapidement des films. Il perd facilement le cours de ses pensées. Il s’est laissé prendre par son enthousiasme. Il a perdu de vue la réalité. Et puis, quand il pense que tout est perdu, Jazz vient se blottir contre lui. Il laisse son bras l’entourer. Il la laisse s’appuyer contre lui. Il n’ose pas bouger. De peur de la faire fuir. De peur de briser cette illusion. Parfois, lorsque l’on veut très fort quelque chose, on a une hallucination. Peut-être que c’est le cas. Peut-être qu’il est en plein désert et que ceci est un mirage. Peut-être. C’est totalement probable pour le gars qui ne voyage jamais. “Il est très bien, ce banc.” Elle parle. Est-ce qu’une hallucination peut parler ? Sûrement. Mais il est sûr que ce n’est pas le cas. Alors, il se détend. Il profite de cette proximité. Ils n’ont jamais été aussi proches. Il a respecté sa peur du contact. Il a appris la leçon. Elle sait qu’elle craint de perdre le contrôle et de ne pas pouvoir approcher quelqu’un sans lui exploser la face. Pour l’instant, tout semble bien se passer. Elle arrive même à apprécier le moment. Jared peut être fier de lui. Il l’est. Finalement, il est prêt à reprendre tous ses espoirs. Il est prêt à laisser son imagination vagabonder. Il est certain de ne plus se faire d’idées. Pour l’instant, du moins. Il n’est jamais à l’abri d’une rechute. “Ça tombe bien, c’est le plus confortable de tout New-York. Tu peux tous les essayer, tu n’en trouveras pas de meilleur et tu sais pourquoi ? Parce que t’es assise sur ma veste.” Il n’est pas peu fier de sa blague. Mais la situation commençait à être compliquée. Le tissu tendu, il était obligé de se tenir penché. Maintenant, la veste est de nouveau libérée. Il est libre de ses mouvements. Pour autant, il ne bouge pas. Il veut garder Jazz à ses côtés aussi longtemps que possible. Il veut profiter de ce moment. Ils ont un coin de New-York pour eux tout seuls. Un luxe que tout le monde n’a pas. Ce serait dommage de ne pas en abuser. Admirer l’horizon, à côté d’une femme qui nous plaît, que demander de plus ? Il ne peut pas rêver de meilleur moment. Il est bien. L’alcool aide sûrement. Il aide à se réchauffer. Il aide à faire abstraction du froid du banc. Il aide à se concentrer sur le positif. Il a aussi des choses à découvrir. Des informations à creuser, à la manière d’un inspecteur. A la façon d’un policier. A la façon d’un journaliste. Il ne passe jamais à côté de ce qu’on lui dit. Si il n’aborde pas un sujet, c’est pour mieux y revenir plus tard. C’est le cas maintenant. “Alors, comme ça, tu travailles avec des hommes ? Que des hommes ?” Il a le sourire malicieux. De ceux qu’il arbore quand il est fier de sa question. De ceux qu’il porte quand il est curieux. De ceux qu’il fait quand il sait que le sujet peut être gênant. Le tabou, il ne connaît pas. Tous les sujets sont accessibles, sont abordables, sont discutables. Il n’a pas de restrictions. Il n’a pas de limites. Sauf si il sait que cela peut vraiment toucher et choquer une personne. Alors seulement, il prend des pincettes, il contourne, il évite.

Pour être entourée par autant d’hommes, elle doit forcément faire un métier dit ‘d’hommes’. Il y en a toute une liste. Des dizaines de possibilités. Elle ne peut pas être pompière. Elle n’a pas la taille pour. Peut-être plombière ? Elle ne serait pas aussi gênée. Les sous-entendus sur les plombiers sont tellement nombreux qu’on lui aurait déjà proposé d’échanger les rôles pour déboucher son conduit. Non, c’est autre chose... “Laisse-moi deviner… tu travailles dans une salle de sport ? Non, attends… ! Tu es militaire ?” Retrouver la légèreté des premiers jours. Retrouver l’innocence des premiers échanges. Lorsqu’il est avec elle, il en oublie d’être immature. Il en oublie de s’amuser d’un rien. Il a tendance à être plus sage, à être plus posé. Il se dévoile plus mature. Elle est plus jeune, plus intelligente, plus brillante. Son caractère déteint sur celui de Jared. Il retrouve une partie de ses traits oubliés, enfouis. Des traits de caractère qu’il a développés quand il était à l’école et qu’il essayait de se concentrer pour obtenir des notes médiocres. Pour ne pas décevoir sa mère. Il n’a plus fait preuve de sérieux depuis… depuis qu’il a arrêté les cours et qu’il a commencé à travailler. Le jour où il trouvera un travail qui l’intéresse et le passionne, il sera plus sérieux, concentré et assidu. En attendant, il a un travail purement alimentaire. Un travail qu’il supporte. Un travail qui ne l’épanouit pas. Mais un travail nécessaire pour ne pas dépendre de sa mère. Pour vivre. Pour avoir son indépendance. Peut-être que Jazz pourrait le pistonner dans sa salle de sport… Non, en fait, mauvaise idée. Il servirait à quoi ? A faire le ménage ou à essuyer la transpiration de quelques colosses venus s’entraîner. Il préfère encore pédaler toute la journée.

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L
a blague la fait rire. Jared est drôle et c’est ce qui lui plaît, chez lui. Il a un humour simple qu’elle comprend, qu’il met à sa portée, ce qui est carrément notable quand on voyait le niveau de son équipe, tous les jours, au boulot. La veste libérée, la situation devient un brin plus confortable, quoique se trouver entre les bras du coursier n’était pas ce qui pouvait la mettre la plus à l’aise. Le meilleur endroit sur terre pourrait être là qu’elle n’en serait pas sûre, obnubilée par l’idée de faire une gaffe monumentale et de perdre le peu d’estime que le brun devait avoir pour elle. « Alors, comme ça, tu travailles avec des hommes ? Que des hommes ? » La question tombe avec le sourire malicieux et irrésistible de celui qui est fier de sa trouvaille. Elle préfère boire avant de répondre. Jazz préfère juste noyer la remarque le temps de réfléchir à ce qu’elle pourrait dire, à ce qu’il attend d’elle, à ce qu’implique cette façon de souligner qu’il n’y a que des hommes. Est-ce que c’est dérangeant, qu’elle soit entourée de Keegan, Sacha et Raphaël les trois quarts de son temps ? Elle n’a jamais vu cela comme un problème. « Laisse-moi deviner… tu travailles dans une salle de sport ? Non, attends… ! Tu es militaire ? » Bingo. Ou presque.

Il fait un peu chaud. La bière est presque finie du coup. Petite moue. Elle aimerait lui révéler ce qu’elle fait vraiment, parce que Jared la met en confiance, il est gentil, attentionné et il ne la juge pas, cependant c’est dans le contrat, elle ne peut pas évoquer le SHIELD. « Formation militaire, oui. La tenue est juste plus jolie. » On aurait pu dire sexy, si on prenait en compte l’aspect parfois moulant, mais elle n’avait pas ce genre de considérations ce qui rendait la description peu fiable. Et il s’en fichait sans doute, de savoir si elle allait travailler en tenue de camouflage ou en bikini, non ? Grandir à la X-Mansion lui avait ouvert certaines opportunités que la petite Duchannes n’aurait pas eu si l’immeuble ne s’était pas embrasé, si les fumées toxiques n’avaient pas changé le cours de son destin. Elle devait aller dans une école privée, faire de brillantes études artistiques comme sa mère ou scientifiques comme son père, choisir une carrière, s’y tenir, épouser un homme avec des moyens et une éthique (douteuse, sûrement), élever des marmots, une existence classique en somme. Classique et aisée.

Sauf que rien ne s’est passé comme prévu, que le Karma a pris sa vengeance, répandant les conséquences des expériences de Duchannes sur sa fille chérie. Heureusement est-il mort avant d’en observer le résultat. Alors elle n’avait pas une carrière classique, elle n’était pas forcément ce qu’on attendrait d’une petite bonne femme comme elle, et au final elle l’assumait - tant que ça n’impliquait pas une trop grande intimité, elle assumait. Elle pouvait bien dire qu’elle était une militaire ou une flic, ça passait comme couverture, ça n’était jamais très loin de ce qu’elle faisait vraiment, c’était juste beaucoup plus secret, pas moins dangereux. « J’aide les mutants. C’est tout ce que je peux te dire, je suis désolée. » Comment entamer une quelconque amitié quand on ne pouvait rien dire de ses activités ? C’était pire que devoir inventer des mensonges quand on est infidèle parce que tout devenait secret d’état. Façon de parler.

La bière est finie. A chaque pic de nervosité, elle en a bu un peu et résultat, sa bouteille est complètement vide. Et son esprit tricote. Un rire s’échappe, elle pose l’objet sur le sol et profite d’un instant de silence pour faire l’impensable ; voler un baiser c’est mal, mais le voler quand on a absolument aucune expérience, c’est de la folie. Mieux vaudrait vraiment qu’elle arrête de s’enivrer pour ce soir, au risque d’agir de façon inconsidérée et de regretter le lendemain. Cela dit elle n’a pas l’air de regretter, elle lui offre un sourire un peu idiot. Si elle avait mangé, peut-être qu’elle se serait moins vite imbibée. « C’est plus simple. Comme ça.. comme ça j’ai plus peur que tu le fasses par surprise. Comme ça tu exploses pas. » Certains diraient que c’est du gâchis, compte tenu du passé pour le moins platonique de la rousse : elle ne trouve pas de grandes valeurs dans un baiser - il est furtif, il est attrapé au vol, il ne provoque aucune sensation embarrassante, juste le soulagement d’une angoisse latente. Quelque part, elle lui signifiait qu’il lui plaisait aussi, avec une maladresse digne d’être légendaire. Le pire début de flirt du monde, à vrai dire.
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Il préfère mille fois l’entendre rire. La voir sourire. La sentir détendue. Il préfère la voir joyeuse, même grâce à l’alcool, que de l’observer dépitée devant une vue et s’inquiéter des significations. Alors, lorsque son rire surgit dans la nuit, il est soulagé. Soulagé et content. Il joint son rire au sien. Il y a quelque chose qui se passe sur son visage, quand elle rit. Elle cesse d’être la femme parfaite qu’il idolâtre. Elle cesse d’être la femme sérieuse et réservée. Son visage s’illumine, se détend, se dévoile. Elle devient une femme normale, accessible. Elle se transforme en une femme qu’il pourrait séduire, avec qui il pourrait se lancer dans une histoire. Il aime voir ce visage s’éclairer. Il aime voir ses prunelles rieuses. Il aime voir ses dents toutes blanches apparaître. Finalement, faire rire une personne est la plus belle récompense. Faire rire, c’est distiller le bonheur par petite goutte. Faire rire, c’est éloigner une personne des problèmes de son quotidien. Il n’a pas de plus grand plaisir dans la vie. Voir les gens heureux, voir les gens rires, voir les gens sourire. Une récompense. Un bonheur. En particulier lorsqu’il s’agit d’une personne aussi sérieuse que Jazz. L’humour est universel. L’humour est commun à tous. Il y a des nuances plus ou moins acceptables. Il y a des nuances plus ou moins appréciées. Mais celui que maîtrise Jared est, la plupart du temps, bien perçu. Un humour qui leur permet de retomber dans cette relation qu’ils ont depuis le début. Celui du gars maladroit, immature. Celui de la femme sérieuse qui se laisse entraîner. Peut-être même influencer. Il en a conscience. Ce n’est pas pour rien qu’il compte être le plus sobre des deux, ce soir. Pour veiller sur elle. Pour s’assurer qu’elle ne fasse pas trop d’effort en une seule fois. Pour ne pas qu’elle fasse de bêtises. Il se rappelle de sa première cuite. Une expérience pas très jolie jolie. Il se souvient encore de cette nuit où il est rentré à cinq heures du matin, en titubant. Il avait mis dix minutes à insérer la clé dans la serrure. Dix minutes pendant lesquelles il avait effrayé la moitié du voisinage. Qui avait appelé la police. Evidemment. Les agents l’avaient arrêté, réveillé sa mère et lui avaient annoncé que sa maison avait failli être fracturée par un alcoolique. Je ne vous raconte pas le visage de ladite mère. Ni le moment qui s’en est suivi. Ni le réveil à sept heures du matin, à base de musique à fond, de bruits de casserole et de tortures physiques. Madame Hemingway est un vrai tyran lorsqu’elle s’y met. Jared en porte encore les vestiges. Il a parfois des mouvements de recul, des réflexes de survie. A cause d’elle.

Formation militaire, oui. La tenue est juste plus jolie.” Formation militaire. Bordel. Elle est militaire. Elle sait tirer. Elle sait faire le parcours du combattant. Elle est… impressionnante. Tout s’explique. Son sérieux. Sa rigueur. Ses secrets. Elle doit faire un métier trépident. Un métier dangereux. Un métier d’action. Un métier passionnant. Si ça se trouve, elle fait partie de ces agents secrets. Elle est l’une d’entre eux et il est sa mission. Il doit forcément intéresser une personne sur cette planète. Peut-être pas un gouvernement. Ce serait trop prétentieux de le croire. Elle peut aussi être un ninja. Ils portent des tenues un peu plus cool que les militaires. Ninja. Non, impossible. Elle n’a pas l’air de crier des trucs en frappant les gens. Elle n’a pas ce regard totalement fou et froid des ninjas. C’est autre chose... “J’aide les mutants. C’est tout ce que je peux te dire, je suis désolée.” Son métier a l’air terriblement cool. Et terriblement dangereux. Mais il en sait suffisamment pour savoir qu’elle ne prend pas de risques inconsidérés. Correction, il la connaît assez pour savoir qu’elle prend des risques inconsidérés. Se promener dans les rues de New-York la nuit pour sauver les fesses de quelques personnes est fou. Mais après avoir grandi au milieu des X-Men, il semble logique qu’elle ait voulu poursuivre sa vie là-dedans. Il esquisse un sourire. “Sinon tu devras me tuer ?” Il part dans un rire qu’il arrête en croisant son regard. Quoi ? Elle pourrait vraiment le tuer parce qu’elle lui a révélé son métier ? Les gens font vraiment ça ? Mince alors. Il aurait dû poser la question à Cagoule, il lui aurait sûrement répondu que évidemment, les organisations secrètes se foutent des morts qu’elles laissent sur leur passage. Jared n’est qu’une épine dans leur pied. Un obstacle pour maintenir le secret. Il tient suffisamment à sa vie pour ne pas tenter le coup. Il va rester sagement de son côté. Il ne va pas poser de questions (même si des centaines fourmillent dans ses pensées). Il va être poli et bien élevé. Et bien accroché à sa vie. Son geste attire son attention. Elle a déjà fini sa bière. Il devrait lui dire de lever le pied. Il devrait lui dire d’arrêter. A cette vitesse, elle va avoir une envie pressante dans cinq minutes et une envie de vomir dans dix minutes. Il ne lui donnera pas d’autres bouteilles. A moins qu’elle soit dans un état de profonde déshydratation. Ce qui n’est pas le cas. Absolument pas. Et puis, elle se met à rire. Comme une folle. Ou comme une ivrogne. Elle rit, de ce rire enivré et nerveux. Il fronce les sourcils, sans se départir de sa mine amusée. Il ne comprend pas le sens de son rire, mais la voir dans cet état est plutôt drôle. Il devrait la prendre en photo et la filmer pour envoyer les images à ses collègues. Il n’y a pas mieux pour se faire accepter par une bande de mecs. Il n’y a pas mieux pour se faire détester par la personne concernée.

Il la voit s’approcher. Rapidement. Et d’un coup, leurs lèvres se touchent. Furtif. Bref. Rapide. Juste assez pour qu’il se rende compte qu’ils s’embrassent. Assez pour qu’il réalise ce qu’elle est en train de faire. Ses lèvres ont le goût de la bière et de la vodka. Son baiser a quelque chose de désespéré, de fou, d’inespéré, d’urgent. Comme si elle craignait de changer d’avis. Comme si elle sautait dans le vide. Lorsqu’elle s’éloigne, il a la bouche ouverte de celui qui ne l’a pas vu venir. De celui qui ne s’attendait pas cela de sa part. C’était tellement court qu’il aurait pu l’imaginer, qu’il aurait pu le rêver. Et en même temps, il sait que c’est bien réel. “C’est plus simple. Comme ça.. comme ça j’ai plus peur que tu le fasses par surprise. Comme ça tu exploses pas.” Mais oui, bien sûr, comme ça, il n’explose pas. Il est censé être rassuré maintenant ? Il s’en fiche. Elle l’a embrassé. Preuve qu’elle est intéressée. Preuve qu’il ne se faisait pas d’illusion. Preuve qu’ils sont bien attirés l’un par l’autre. Alors, la bouche ouverte cède la place à une expression de gamin. Il pensait être le premier à l’embrasser. Il pensait tenter sa chance plus tard dans la soirée. Il pensait profiter de cette sortie. Elle l’a devancé. Même si son baiser est avant tout motivé par l’alcool, il n’en reste pas moins réel. Il se penche sur elle pour attraper ses lèvres et donner une suite à ce baiser trop court à son goût. Il n’y a plus de risque, elle l’a dit elle-même. Plus de peur d’exploser. Plus de peur de brûler. La peur n’a pourtant jamais été un obstacle. A part la peur de la faire fuir. A part la peur de se méprendre. Il peut enfin l’embrasser. Chose à laquelle il a pensé depuis leur rencontre. Depuis le jour où elle a refusé ses excuses. Il se détache au bout de quelques secondes. “Tu sais que c’est incroyablement romantique ce que tu as fait ?” Un baiser devant une vue pareille, en pleine nuit. Un baiser effrayé et précipité. Un baiser désiré. Il aurait pu faire l’objet d’un film romantique. Elle ne s’en rend sûrement pas compte. Elle ne le sait peut-être même pas. Il pourra finalement dire que ce banc est celui de ses conquêtes. Jazz a été la première. Il ne pense pas aux prochaines, il ne veut pas. Il va déjà voir où le mène cette histoire avec elle. Il y a toujours la possibilité qu’elle se réveille le lendemain en pensant avoir fait une erreur. En s’effrayant de son comportement. Elle pourrait regretter son coup de tête, une fois l’alcool dissipé. Peu importe ce qu’il se passe ensuite. Un baiser de la femme parfaite est déjà énorme. Il prendra tout ce qu’elle acceptera de lui donner. “Alors, ça veut dire qu’on peut s’embrasser n’importe quand sans prendre rendez-vous six mois à l’avance ?” Il prend un air innocent. Il est taquin. Il sait très bien qu’elle a peur de chaque contact, raison pour laquelle il n’avait encore rien tenté. Raison pour laquelle il attendait de voir la suite des événements. Il veut bien risquer sa vie, mais pas inutilement, il n’est pas fou ! Cette peur du contact interdisait la spontanéité. Maintenant qu’ils ont franchi ce cap, ils vont pouvoir laisser parler leur attirance. Ils vont pouvoir arrêter de contrôler leurs gestes. Un vent de liberté.

Mais il y a une chose dont il veut s’assurer. Une chose qui est restée ancrer dans un coin de ses pensées. Une chose qu’il a relevé est mise de côté. Jusqu’au bon moment. Il semblerait que ce soit le cas. Il a besoin d’avoir une réponse, avant d’aller plus loin. Pour savoir de quoi il est question. Pour savoir comment se comporter. “Je ne veux pas te paraître intrusif ou curieux, j’ai envie de faire les choses bien… tu es jeune et je ne veux pas te forcer à quoique ce soit… alors tu… quand tu dis que tu n’as pas l’habitude de sortir avec des hommes… tu veux dire que tu ne l’as pas fait depuis longtemps ou que tu ne l’as jamais fait ?” Il s’est embrouillé dans ses questions. Il a mélangé les idées. Il est parvenu à formuler la question. Il a essayé de prendre des pincettes. Il a essayé de ne pas être trop brusque. Il a essayé. Il se doute que ce n’est pas un sujet facile pour Jazz. Encore moins si c’est lui qui l’aborde.

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