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Shattered.

« I pirouette in the dark I see the stars through a mirror. Tired mechanical heart Beats 'til the song disappears. Somebody shine a light, I'm frozen by the fear in me. Somebody make me feel alive And shatter me  » -  Lzzy Hale ft. Lindsey Stirling.

J
our 6. Mangé. Dormi. Trop. Travaillé. Evité Bobby, 3 fois. Compliqué.
Jour 7. 3h00. J’ai cru qu’il y avait quelqu’un. Fantôme de souvenirs. Migraine et fatigue. Oublié de manger. Impossible de me détendre. Son odeur partout dans ma mémoire. Colère, tellement de colère. Plus de promenades nocturnes.
6h. Cauchemars. Manque. Trop de travail. Tristesse, saleté de tristesse.
Nausée aussi. Bizarre. Toujours pas de glace.
Jour 9. Devenir folle, inactive, angoissée. Pas de larmes. L’oublier, difficile. Mode automatique. Je crois que je ne dors pas assez. Eviter Malicia, Kitty, Logan, B.. dissertation à rendre. Jeté la robe blanche et la combinaison. Tourné la page.
Pardonner.

Jour 10.
Prudence avait passé une journée programmée à la seconde près, les cours d’abord, plus assidue que jamais, puis l’heure d’écrire quelques devoirs, rédiger le plan d’une dissertation, apprendre une ou deux lois. Elle s’empêchait de penser, elle tuait toute émotion, toute variation de sentiments, telle une marionnette sans but qui agit, aucun enthousiasme, aucune vie dans les grands yeux trop bleus. Dix-sept heures, elle part s’entraîner, comme chaque soir depuis le centre commercial, comme chaque soir depuis qu’elle avait compris combien la situation était irréversible. Plus rien à espérer avec Bobby, il avait repris son chemin, si loin du sien. Gronde la colère qui la pousse à cogner plus fort sur les cibles immobiles. Elle n’utilise plus la glace, elle arrive à peine à la générer alors elle use de ce qu’il lui reste : ses poings. Elle a enchaîné les exercices ainsi jusqu’à ce que sonnent les dix-neuf heures. L’oublier, l’oublier, l’oublier. Elle sort des sous-sols pour prendre une douche, nettoyer une énième fois un corps capricieux qui refuse de se défaire de son image, de sa présence, de sa peau, de son odeur. Triste mélancolie. L’eau, un élément qu’elle commence à s’approprier, à aimer plus que la glace qu’elle a laissée de côté. Sensation de courte tranquillité quand ruissellent les gouttelettes sur l’épiderme. Le pantalon et le haut noir la ramènent à la réalité douloureuse et quand elle attache négligemment ses longs cheveux trop clairs, c’est à peine si elle croise réellement son reflet dans le miroir. Les enfants l’attendent. Trois ou quatre, sûrement, oui quatre, c’est ça. Huit, dix, onze et treize ans. Le dernier sera un véritable adolescent sous peu.

Les burgers avalés par les petits morfales, tout le petit monde s’est installé dans le salon. Les contes, chaque soir un conte, parce qu’ils délivraient des leçons, parce qu’ils offraient l’imaginaire, la télévision n’était pas une baby-sitter toujours très agréable, alors après La petite sirène, Le rossignol et La petite poussette, la fillette a réclamé La reine des neiges. Trop comique. Le diable avait fabriqué un miroir qui rendait le bien insignifiant et amplifiait le mal. L’histoire des enfants était longue, le conte composé de sept parties et les références bibliques croisaient énormément de notions qu’elle avait dû expliquer aux deux plus jeunes. Les deux autres écoutaient d’une oreille différente et leur regard se promenait sur Prudence, comme cherchant pourquoi elle avait adopté le pseudonyme d’une Reine capable de laisser un garçon bleuir de froid à composer le mot ‘Eternité’, sans fin, un morceau de miroir dans l'oeil, l'autre dans le coeur.

« Et qu’est devenue la Reine des Neiges, Prudence ? » La blonde a penché la tête, stoppant le geste qu’elle faisait, le livre en suspend. « Ils l’ont oubliée. Ils n’auraient pas pu vivre dans le palais de glace de la reine, il y fait trop froid. Maintenant il est temps d’aller vous coucher. » Quelle idée. Si elle avait choisi les contes de Grimm, personne n’aurait eu l’idée absurde de lui faire lire cette histoire. Un soupir las s’échappe d’entre ses lèvres. Elle range, elle efface les traces de leur passage, nettoie la vaisselle, laisse son assiette intacte avec le burger refroidi. Deux ou trois nouvelles heures d’entraînement l’attendent, jusqu'à ce que la fatigue l'emporte, jusqu'à ce que l'épuisement la force à dormir. Elle s'assied, seule dans la cuisine quelques minutes, micro-repos avant de reprendre l'interminable course contre le temps, contre ses pensées - contre elle-même.
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Shattered


Il y a un moment où l’on pense avoir touché le fond. Un moment où l’on pense que tout va mal. Un moment où l’on pense que ça ne pourrait pas être pire. Et puis, le pire arrive. Le pire débarque. Le pire s’installe. Chasse les vagues espoirs. Détruit les efforts. Efface le bonheur. Le pire s’installe et te fait voir ce qu’est vraiment le fond. C’est ce qu’il s’est passé avec la rupture de Malicia. Il a pensé toucher le fond. Il a imaginé ne pas pouvoir remonter à la surface. L’espoir a pris le visage de Snow. Sa bienveillance. Ses attentions. Son amour. Elle a été les rayons de soleil dans son existence nuageuse. Elle a été son ancre avec la réalité. Elle a été la raison de ses espoirs. Et puis Logan est arrivé. Il a fait office d’éléphant dans un magasin de porcelaine. Chaque pièce fragile, si difficilement construites, si minutieusement préparées, s’est effondrée. Il a piétiné les miettes. Il a défoncé les meubles. Il a tout détruit sur son passage. Bobby a rechuté. Il est retombé dans les méandres du désespoir. La dispute avec Malicia n’a fait qu’empirer les choses. Là, il a vraiment touché le fond. Là, il a vraiment compris. Il a vraiment su ce que cela faisait d’être plus bas que terre. Il a vraiment appréhendé la signification de l’expression. Il a vraiment découvert. L’envie de travailler. L’envie de manger. L’envie de se lever. Tout a disparu. Il s’est raccroché au travail. Parce que c’est ce qu’il fait toujours. Parce que c’est le seul moyen de garder la tête froide et de ne pas penser. Parce qu’il en a besoin. Mais l’envie n’y est pas. Une envie devenue une nécessité. Une nécessité devenue un besoin vital. Alors, il travaille. Du lever du jour jusqu’au coucher. Il travaille. Seules les apparitions d’Aneliese le coupent. Seules ses critiques et ses regards perçants le sortent de son quotidien. Elle lui en veut. Il le sait. Il s’en veut aussi. Il regrette. Il regrette tellement. Il n’a jamais voulu faire souffrir Snow. Jamais. Pourtant, c’est bien ce qu’il se passe. C’est bien ce qui arrive. Elle souffre et elle fuit. Elle gère à sa manière. Non, elle ne gère pas. Elle survit. Il entend les rumeurs. Il entend les commentaires des professeurs. Il entend les hypothèses sur ses occupations nocturnes. Il prend note. Il a conscience que cette rupture a brisé quelque chose en elle. A renfermé des sentiments refoulés. A interdit l’espoir d’une vie heureuse. Il a conscience d’être responsable de son comportement des derniers jours. Un comportement exemplaire en cours, mais préoccupant pour le reste.

Alors, ce soir-là, il a quitté son bureau. Il a abandonné le confort de son fauteuil. Il a oublié ses problèmes. Il s’est donné une mission. Une seule. Celle de raisonner Snow. Celle de comprendre ce qui ne va pas, au-delà de la douleur, au-delà de sa tristesse. Alors, ce soir-là, il l’écoute conter des histoires à ces enfants. A une époque, elle ne les aurait pas approchés. Elle les aurait même fuis. Depuis San Francisco, elle a changé son rapport avec eux. Il trouve du réconfort à la voir s’occuper des jeunes mutants. Comme si ils étaient ses frères et soeurs. Comme si ils étaient ses enfants. Comme si ils étaient sa seule famille. Les enfants sont trop gentils pour briser son coeur. Les enfants sont trop naïfs pour comprendre ses tourments. Appuyé contre le mur qui sépare la cuisine du couloir, il écoute. Les douces conversations innocentes. Les histoires racontées. Les paroles soufflées. Il écoute, sans prendre part à cet instant. Cet instant appartient à Snow. Un instant où elle trouve un certain bonheur. Un instant où elle se sent bien. Il ne peut pas le lui voler. Pas celui-ci. Alors, il attend. “Et qu’est devenue la Reine des Neiges, Prudence ?” La Reine des Neiges a eu le coeur explosé. La Reine des Neiges a décidé de s’enfermer dans la solitude. La Reine des Neiges a perdu tout espoir de fonder une famille. La Reine des Neiges s’est transformée en figure de glace, fondant seulement au contact des petites mains d’enfant. L’histoire se termine. L’histoire s’achève. Il va devoir faire son entrée. Il va devoir entrer dans cette cuisine comme il le ferait dans une arène. Il a le coeur qui bat fort. Qui rythme son anxiété. Qui marque la tension. Il ignore ce qu’il va lui dire. Il ignore ce que l’on peut dire dans ces cas-là. ‘Pardon’. ‘Je ne voulais pas’. ‘Je n’aurais pas dû’. Paroles plates. Paroles creuses. Ce ne sont pas celles qu’elle veut entendre. Elle voudrait sûrement entendre un ‘Je t’aime’ qu’il est incapable de prononcer. Elle voudrait sûrement l’écouter faire une déclaration d’amour. Mais la vérité est qu’il ne sait toujours pas. Il ne sait toujours pas qui il aime. Qui il doit aimer. Il ne sait pas. Ses émotions sont trop confuses. Trop aléatoires. Trop éparses. Entre l’amour d’une décennie et l’amour d’un mois. Il ne peut lui offrir son amour pour le moment. Il espère qu’elle acceptera son amitié. “Ils l’ont oubliée. Ils n’auraient pas pu vivre dans le palais de glace de la reine, il y fait trop froid. Maintenant il est temps d’aller vous coucher.” L’histoire s’achève brutalement. Sans aucune poésie. Sans aucune magie. L’histoire tombe à plat. La chute est triste. Les enfants finissent pas sortir de la cuisine. Le ventre plein. La tête remplie de féerie. Ils jettent un regard curieux à Bobby. Il leur adresse un sourire. Sourire est devenu tellement douloureux. Tellement surnaturel. Tellement désagréable. Ses sourires ne sont plus nourris par des émotions positives. Ils sont nourris par le mécanisme. Par l’envie de montrer que tout va bien. Par le besoin de mentir. Il attend qu’ils soient assez loin. Il attend qu’ils aient disparu pour entrer. Il ne s’arrête pas. Il ne lui jette pas un regard.

Il fait mine de s’affairer dans la cuisine. La porte du réfrigérateur s’ouvre. La brique de jus d’orange en sort. La porte du réfrigérateur se ferme. Un verre se retire de l’égouttoir. Le liquide orange se verse. Le bruit de ses mouvements se répercute contre les murs de la cuisine. C’est calme. Anormalement calme. Ou plutôt, normalement calme. Il avale une gorgée. Il est dans son dos. Dos à dos. C’est plus facile ainsi. C’est plus simple. C’est plus lâche. Il ferme les paupières quelques secondes. Il cherche les mots. Des mots qui exprimeront son inquiétude. Des mots qui exprimeront ses remords. Des mots qui exprimeront ses excuses. Il sait d’avance qu’elle balaiera tout cela d’un geste. Qu’elle s’enfuira. Il prend son verre. Il prend la brique. Il pose les deux à une bonne distance de Snow. Il fixe enfin ses yeux sur elle. Il la regarde enfin. La première fois depuis longtemps. Elle a changé. Il la trouve fatiguée. Il la trouve amaigrie. Il la trouve différente. Être présent dans la même pièce qu’elle est un effort. Un miracle. A une époque, ils se seraient croisés ici pour manger ensemble. Pour discuter. Pour partager. Ils auraient été heureux de se retrouver. “Je ne t’ai jamais remerciée de m’avoir sauvé la vie.” Il n’a pas oublié. Il aurait pu mourir au centre commercial. Il aurait pu succomber à sa blessure. Il aurait pu y rester. Pourtant, elle ne l’a pas laissé crever de ses blessures. Elle a donné d’elle pour qu’il vive. Un don dépourvu de rancune. Lui parler est si dur. Si difficile. Si peu naturel. Il n’a plus l’habitude. Il a oublié ce que cela faisait. De faire face à ses grands yeux trop bleus. De dévisager ce visage si parfait et dévoré par les émotions. Son coeur se serre. Encore une fois, les remords. La culpabilité. La honte. Il serre le poing autour de son verre. Il se cognerait si il le pouvait. Il se foutrait des claques si il le pouvait. Un connard. Voilà ce qu’il est. Il meurt d’envie de lui demander comment elle va. Mais il connaît déjà la réponse. Il meurt d’envie de lui dire qu’il est désolé. Mais il connaît déjà la réponse. Il meurt d’envie de la prendre dans ses bras. Mais il connaît déjà sa réaction. “Tu as abandonné les robes.” Une différence qui veut tout dire. Un changement significatif. Elle, la fille de bonne famille qui s’apprêtait tous les matins. Elle, la fille de bonne famille qui ne quittait sa chambre qu’avec de beaux vêtements. Elle ne se cache plus derrière ces bouts de tissus. Elle offre à tout le monde sa déchéance et son malheur.
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«
Je ne t’ai jamais remerciée de m’avoir sauvé la vie. » Prudence a levé les yeux, croisant le regard de Bobby. Elle aurait voulu continuer à l’ignorer. Elle aurait voulu qu’il poursuive sa vie loin d’elle, hors de son espace vital, hors de sa maigre zone de confort mais il est là, il n’a pas pu s’empêcher de venir, sûrement motivé par sa foutue culpabilité. Elle n’a aucune envie de dialoguer, ses billes claires sur elle suffisent à lui faire ressentir ce malaise imprimé sur sa peau, à lui rendre cette impression d’être marquée par une luxure interdite, d’avoir sur la peau tatouée l’infamie. Le fait qu’il la détaille lui donne la sensation d’être une poupée gonflable dont on ne veut plus. « Tu n’as pas à le faire. » Le ton est mort. Il n’y a pas la douceur qu’elle offre aux enfants, il n’y a que le terne, le gris, la tristesse imprégnée dans le timbre morne. Il n’a pas à la remercier, elle l’a fait parce qu’elle l’aime, parce qu’elle est certaine de ses sentiments, d’autant plus depuis qu’elle a eu son sang sur les mains, l’âpre saveur de la faucheuse sur le coeur qu’il a brisé. Elle donnerait toujours sa vie pour lui, s’il le fallait. Ca n’est pas réciproque, il est indifférent à ses charmes, c’est Malicia qu’il veut, elle n’a jamais été qu’un lot de consolation, le lot qu’elle a bien voulu être en offrant tout ce qu’elle était.

« Tu as abandonné les robes. » « Ne perds pas ton temps. » Elle ne lui laisse pas l’occasion de tenter les banalités, de s’étaler sur le blanc qu’elle ne porte plus, le noir qui le remplace. Il s’en fiche, il veut juste se faire pardonner parce que c’est un brave gars qui ne supporte pas de provoquer la souffrance, de semer les miettes des femmes qu’il a approché, dont il a brûlé les ailes, malgré lui. Malicia est mieux, elle est son amour de toujours, qu’il laisse Snow tranquille, qu’il la laisse dans son coin, loin d’eux. Qu’au pire il aille se perdre entre les bras d’une autre cryokinésiste, elle s’en fiche. Les espoirs sont enterrés loin dans un passé jeté derrière le voile de semaines trop courtes, si heureuses qu’elle ne lui semblent même plus réelles. « Je t’en veux pas, okay ? Tu peux retourner avec elle ou partir travailler sans culpabiliser. » Peut-être qu’elle est trop gentille de refuser d’être en colère après lui, peut-être qu’être en colère contre elle-même relève du masochisme. Ca n’est pas grave, elle n’a plus rien à perdre, plus aucun désir n’effleure ses sens, du chocolat ou des sourires, tout la laisse de marbre, jusqu’à la disparition de la glace, tarie par son rejet de ce qu’elle fut. En se séparant de ce bonheur fragile, elle s’était séparée de son élément de base. Plus personne n’avait eu à se plaindre de verglas, jusque là elle l’avait promis, mais d’elle n’émanait plus rien, plus de fraîcheur caractéristique, plus de flocons cristallisés parfois sur sa peau, sur ses robes. Trente-sept degrés. Elle se noyait dans la masse thermique, elle n’était plus repérable sur les mêmes critères, ni le blanc, ni le froid, ni son apparence sophistiquée. Snow existait à peine comme un reflet imprimé sur la rétine de Bobby comme un souvenir de ce qu’il avait toujours connu. Elle avait survécu à Axel en partie grâce à l’amnésie. A lui, elle ne survivrait pas et elle était certaine qu’ils le savaient tous les deux. Prudence ne l’avait pas informé de ce qu’elle avait découvert sur ses nouvelles mutations, elle l’avait écarté de tout au point de réclamer le secret professionnel à l’infirmier. Elle interdisait de divulguer quoique ce soit de privé. C’était son corps, elle en faisait ce qu’elle voulait. « J’ai accepté d’être une poupée pour toi. Je savais que tu ne resterais pas. C’est pas ta faute. La page est tournée, reprends ta vie. Tu m’as jamais rien promis et je l’accepte. » Elle ne peut pas faire mieux, elle ne peut rien lui dire de plus, pas le rassurer autrement, c’est au-dessus de ses forces d’essayer de mieux apaiser ses tourments. Elle soupire, pousse le burger vers lui. « J’ai pas faim, vas-y. C’était ma part pour qu’ils ne posent pas de questions. » Ils auraient refusé de manger si elle ne s’était pas préparée quelque chose pour plus tard. Elle ne pouvait plus avaler ces trucs, ça lui nouait jusqu’aux tréfonds de l’âme.
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Shattered


Elle est froide. Distante. C’est limite si le regarder semble être un effort surhumain. Il comprend. Comment lui en vouloir ? Il est le seul responsable. Il est la raison de la déchéance de leur couple. Il est le dernier à devoir se plaindre. Le dernier à devoir s’apitoyer. Le dernier à devoir pleurer. Le dernier à devoir être consolé. Snow devrait être au coeur de toutes les attentions. Elle devrait être épaulée et soutenue. Elle devrait être entourée. Mais elle fait le vide autour d’elle. L’amour lui a ouvert les portes la sociabilité. La rupture les a refermées. Bobby aurait voulu qu’elle puisse se tourner vers ses amis. Les rares personnes sur lesquelles elle peut compter. Mais même Aneliese a été bannie de son palais de glace. Même Aneliese a été rejetée. Raison de sa colère si intense envers Bobby. Raison pour laquelle il subit régulièrement ses regards acerbes et ses remarques cinglantes. Il a même eu le droit à une gifle une fois. Et dire qu’à une époque, elle l’aimait bien. Et dire qu’à une époque, elle posait des yeux gourmands sur lui. Des yeux qui sont devenus effrayants et assassins. “Tu n’as pas à le faire.” Si. Il doit le faire. Il lui doit bien ça. Après lui avoir poignardé le coeur. Après lui avoir donné de faux espoirs. Après lui avoir fait croire en un avenir à deux. Après avoir ravivé des émotions oubliées. il lui doit bien des remerciements. De simples remerciements. Ce n’est rien lorsque l’on a survécu. Ce n’est rien en échange de la vie. Il peut au moins lui adresser quelques mots. Il peut au moins lui avouer sa reconnaissance. Il peut au moins la considérer comme sa sauveuse. Loin de la rancune. Loin de la colère. Elle a agi pour qu’il vive encore. Elle a été à ses côté. Effrayée. Les émotions à vifs. Plus fragile que jamais. Elle a eu peur pour lui et ça, il s’en souviendra toujours. Il s’en souviendra même lorsqu’elle lui criera dessus. Il s’en souviendra même lorsqu’elle le percera de ses pics de glace. Il s’en souviendra même lorsqu’elle le repoussera. Il s’en souviendra. Parce que la peur révèle les sentiments. La peur confronte les émotions. Son comportement a été la trahison de son amour. Son comportement a été le symbole d’une inquiétude profonde. Elle n’a pas fait semblant. Elle ne l’a pas fait par opportunisme. Elle l’a fait parce qu’elle ne voulait pas le perdre. Et les voilà. A rompre le silence pesant. A marcher sur des oeufs. A peser chaque mot. A supporter la tension. Tout peut péter. Tout peut exploser. Tout peut partir en vrille. La colère du désespoir. La colère de la rancune. La colère ne pas avoir pu aller jusqu’au bout.

Ne perds pas ton temps.” Sa phrase sonne comme un ordre. Comme une injonction. Ne pas perdre son temps. Il ne cherche pas à la changer. Il ne cherche pas à lui dire qu’elle n’est plus la même. Il ne cherche pas à pointer du doigt ce qui ne va pas. Il ne fait que constater. Elle a laissé tomber les robes. Elle a laissé tomber le blanc. Elle a laissé tomber la combinaison. Une pâle copie déshumanisée et dépersonnalisée. Voilà ce qu’elle est devenue. Il s’en veut. Il s’en veut parce que la version de Snow qu’il a sous les yeux est sa propre création. Elle est causée par sa faute. Il n’imaginait pas qu’une rupture pouvait autant influer. Autant marquer. Autant modifier. Il s’en rend compte maintenant. Il s’en aperçoit maintenant. “Je t’en veux pas, okay ? Tu peux retourner avec elle ou partir travailler sans culpabiliser.” Ses doigts se crispent davantage autour du verre. Il va peut-être le briser. Comme il a brisé Snow. Comme il a brisé son propre coeur. Il va peut-être briser le verre et se couper par la même occasion. Une douleur légitime. Une douleur justifiée. Il devrait lui aussi être affecté physiquement. Être impacté corporellement. Il a perdu du poids. Il a abandonné les efforts vestimentaires entrepris pour Snow. Il s’est concentré sur son travail pour ne manger qu’une seule fois par jour. Et encore. Quand il réalise que la soirée n’est pas entamée. Sinon, il s’enferme dans sa chambre. La culpabilité fait partie intégrante de sa personne. Il carbure aux remords. Il brûle la culpabilité. Il se nourrit au malheur. Il en a besoin pour fonctionner. C’est tellement plus facile de se rendre responsable de toutes les fautes. Son pardon ne sert à rien. Son pardon n’a pas de sens. Elle n’a pas à l’excuser. Elle n’a pas à lui pardonner. Il a fauté. Il assume. Il ne vient même pas chercher son pardon. Il n’en veut pas. Il est venu pour… pour quoi, d’abord ? Pour lui parler. Pour voir comment elle va. Pour la convaincre de ralentir son rythme. Pour prendre soin d’elle. Il est venu pour répondre aux critiques d’Aneliese. Il est venu pour taire ses propres inquiétudes. Il s’attendait à un accueil plus mouvementé, plus colérique, plus violent. Il s’attendait à un accueil digne de Malicia. Mais ce n’est pas Malicia. Elle lui a si souvent prouvé. Elle lui a si souvent montré qu’elles étaient différentes. “J’ai accepté d’être une poupée pour toi. Je savais que tu ne resterais pas. C’est pas ta faute. La page est tournée, reprends ta vie. Tu m’as jamais rien promis et je l’accepte.” Une poupée. C’est ainsi qu’elle voit leur relation. C’est ainsi qu’elle perçoit leur aventure. Une femme-objet. Un profiteur. Il n’apprécie pas. Elle a été bien plus. Elle a été une petite-amie exemplaire. Elle a été une romance dont il se souviendra. Elle a été un soutien. Elle a été importante. Elle l’est toujours. Il se soucie toujours d’elle. Il souhaite toujours la protéger. Rien n’a vraiment changé, si ce n’est la nature de leur relation. Si ce n’est qu’ils ne se parlent plus.

Il pose le verre sur le comptoir. Il sent que c’est plus sûr ainsi. Des deux, Snow a toujours été la plus maladroite. Il n’a pas envie de lui faire concurrence. Elle repousse l’assiette. Elle l’amène vers lui. L’assiette. Il n’y a pas prêté attention. Il ne s’y est pas intéressé. Un hamburger. Elle a préparé des hamburgers. Un week-end à San Francisco et elle est devenue adepte de la junk food. Un week-end à San Francisco et leur vie a basculé. Il dévisage ce pauvre hamburger. Un hamburger qui n’a rien demandé. Un hamburger qui n’est qu’un plat normal. Pourtant, Bobby a l’impression d’être ramené quelques semaines en arrière. Dans ce fast food où il lui a fait manger son premier burger. Où il lui a montré comment le manger sans s’en se salir. Dans ce manoir familial où elle en a cuisiné de nouveau. Où elle lui a prouvé qu’elle était attentive. “J’ai pas faim, vas-y. C’était ma part pour qu’ils ne posent pas de questions.” Il n’en veut pas. De son burger. Il ne veut pas manger un vestige de leur couple. Il veut pas manger ce plat symbolique. Il ne pensait pas qu’elle cuisinerait de nouveau ce plat. Il pensait qu’elle abandonnerait l’idée d’en faire. Il secoue la tête. Il avale sa salive. Difficilement. Il voit un fantôme dans cette assiette. Le fantôme de leur couple. Coup de poignard. Il ne quitte pas le pain du regard. Elle y a sûrement mis beaucoup de coeur. Comme à chaque fois qu’elle cuisine. Comme à chaque fois qu’elle s’occupe de ces enfants. Comme à chaque fois qu’elle se donne une mission. Mais il ne peut pas le manger. Impossible. A l’idée d’en avaler une bouchée, son ventre se retourne. “Je n’ai jamais vu en toi une poupée gonflable. J’ai vraiment cru que je pourrais oublier ma douleur et t’aimer autant que tu m’aimais.” Il a relevé les yeux. Passant du burger à Snow. Passant du passé au présent. Passant d’un fantôme à un autre. Il a vu de l’espoir dans leur couple. Il a vu un avenir plus heureux, sans contraintes. Il a vu une possibilité de vivre la vie dont il a rêvé. Il a pensé pouvoir offrir un minimum d’amour à Snow. Il s’est fourvoyé. Il a été trop optimiste. Il a été trop utopiste. Dans sa quête du bonheur auprès d’elle, il a oublié celle qu’il laissait derrière. “Mais je ne peux pas être heureux dans ces conditions. Je ne peux pas être égoïste et vivre mon bonheur à la vue de Malicia… je ne peux pas.” Il n’y arrive pas. Il aurait voulu essayer. Il aurait voulu tenter. Mais il n’y est pas parvenu. Parce que cette culpabilité le rongeait déjà bien avant que Logan débarque. Parce qu’il doutait bien avant qu’ils se disputent. Parce qu’il soupçonnait que cela arrive un jour ou l’autre. Parce qu’il n’aime pas être heureux au détriment des autres. Trop de gentillesse. Trop d’empathie. Trop d’altruisme. Un mélange de tout qui l’empêche de continuer d’avancer, si les autres restent à l’arrêt. Maintenant, ils sont tous sur le bord de la route. A attendre. Attendre que quelqu’un les prenne en chemin. Attendre qu’il sache qui il aime vraiment. Attendre que la situation soit moins douloureuse. “J’ai besoin que tu comprennes que ce n’est pas de ta faute.” Il a besoin qu’elle arrête de se croire responsable. Il a besoin qu’elle arrête de s’enfermer. Il a besoin qu’elle arrête de se détester. Il a besoin qu’elle arrête de s’épuiser avec ses entraînements. Il a besoin qu'elle fasse attention à elle. Parce qu'il n'est plus là pour le faire. Parce qu'elle ne le veut plus à ses côtés.
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I
l y a cru. Et elle n’y croit plus. Créature désincarnée qui erre entre les murs de l’institut telle un fantôme des erreurs passées. Le fait qu’il ait pensé oublier ses douleurs avec elle suppose d’office qu’il la considère comme un remède plus qu’un être à aimer, et quelque part c’est ainsi qu’elle s’est voulue, qu’elle s’est donnée, par attirance et compassion, parce que son sourire n’avait soudain plus de prix. « C’est comme ça que je me sens. » Elle ne cherche même pas à mentir, à quoi bon ? Elle en a assez bavé avec l’entourage du psychologue pour en plus devoir faire l’effort surhumain d’une comédie absurde. Le coeur explosé contre les parois. Le coeur écrasé, piétiné, déchiré, comme elle suppose l’avoir mérité. « Mais je ne peux pas être heureux dans ces conditions. Je ne peux pas être égoïste et vivre mon bonheur à la vue de Malicia… je ne peux pas. » Il retourne brutalement le couteau dans la plaie et la nausée devient plus forte. Elle porte une main à sa bouche, refermant un bras au niveau de son estomac. L’épuisement physique s’associe mal aux mutations successives, si elle avait géré au centre commercial, stabilisée, la prolongation de cette rupture de façon définitive avait fait s’effondrer le château de cartes. « Mais Malicia a pu être égoïste en te jetant après dix ans d’amour. Elle a pu être égoïste au point de pleurer ses propres actes auprès de Logan. Tu préfères la solitude au peu que je t’apportais. » C’est pire que tout, de se dire qu’il lui préfère la solitude, qu’être seul vaut mieux qu’être avec elle parce que Malicia l’a décidé ainsi. Elle pensait qu’il la quitterait pour elle pas à cause. « J’ai besoin que tu comprennes que ce n’est pas de ta faute » Snow ignore si elle doit rire ou pleurer. Elle est en retard sur son programme, elle devrait déjà avoir commencé les exercices d’assouplissement.

Elle devrait partir avant de ne plus contrôler ce qu’elle dit, avant de s’énerver contre elle-même, avant d’être malade. Le décor lui donne l’impression de tanguer. « Comme l’a si bien dit Kitty : je ne sais que foutre le bordel, et ce depuis mon arrivée. » C’est de sa faute à elle, sa rupture, son malheur, ses larmes, sa perte de poids, la disparition de son sourire. Elle a rangé les couverts, les doigts tremblants. Et elle s’est coupée en manquant tomber, en se rattrapant de justesse au bord de l’évier. La lame a entaillé la main dans la largeur, laissant couler le filet de sang sur le carrelage. Pas plus de réaction que cela, comme si elle s’était habituée à ce type de douleur - et c’est le cas, elle l’a souvent fait volontairement, pour tester. La paume vers le haut, elle a observé la blessure disparaître sous une formation aqueuse, comme si de nouveaux tissus liquides liaient les deux parties blessées. C’est le cas. La peau a repris sa place, neuve, seules les taches rouges en témoignage.

Snow se souvient qu’elle n’a rien dit à Bobby, qu’il pense encore qu’elle possède une mutation pour une fois identique à la sienne, une régénération par les liquides froids. Presque. Il y a quelque chose de plus.. parfait dans son évolution, de beaucoup trop multiples. La nature l’a dotée d’une palette incroyable d’outils de survie, de défense et d’attaque, forgée pour avancer quoiqu’il arrive. On attend cela de Wolverine et d’X-23, perfectionnés par la science. On l’entend de Jean Grey et Scarlet Witch. Pas d’elle. Tellement de mal à se faire à tout ça. Tellement de mal à accepter que ses cellules avaient ralenti le rythme de vieillissement, déjà, qu’elles se soignaient seules même si elles perturbaient encore beaucoup l’entièreté du métabolisme. « Laisse-moi être malheureuse toute seule, si t’as encore ne serait-ce qu’un peu de pitié à mon égard Bobby. » La laisser souffrir en silence. Elle n’a plus de larmes ni de glace. Instable, elle avait toujours redécoré les murs de givre. Pas là. Plus rien à donner, plus rien à espérer, plus rien à aimer. Son efficacité en situation d’urgence ne lui avait même pas rendu son statut. Pauvre inutile qu’elle devenait. Elle s’est sentie vaciller, encore. Depuis combien de temps n’a-t-elle rien mangé ? Et elle est vraiment en retard. Elle ne veut pas décaler son planning, c’est important, ça taira la peine innommable qui s’empare d’elle en la présence de Bobby.
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Mais Malicia a pu être égoïste en te jetant après dix ans d’amour. Elle a pu être égoïste au point de pleurer ses propres actes auprès de Logan. Tu préfères la solitude au peu que je t’apportais.” Elle ne comprend pas. Elle n’a pas envie de comprendre. Oui, il a choisi la solitude. Oui, il a préféré rompre. Oui, il a décidé de s’éloigner. Oui, il a souhaité être malheureux. Mais il n’imaginait pas les choses autrement. Il n’imaginait pas s’autoriser le bonheur, alors que d’autres n’y ont pas le droit. Il n’imaginait pas accepter d’être heureux au détriment de Malicia. Il ne pouvait pas. Tout simplement. Un choix qui ne s’explique pas. Un choix qui ne se justifie pas. En optant pour la solitude plutôt que pour le bonheur, il a trouvé une certaine paix. Une décision qu’il assume. Une décision qui lui correspond. Une décision qu’il serait prêt à reprendre. Il ne regrette pas. Ils ont tous le coeur brisé. Ils sont tous malheureux. Mais Bobby y trouve une certaine satisfaction. Il sait qu’il a fait le bon choix. Il sait qu’il est resté cohérent avec ce qu’il est. Il sait qu’il s’en serait voulu, sinon. Il n’aurait eu de cesse de penser à Malicia, au lieu de profiter de sa relation avec Snow. Il n’aurait pas arrêté de culpabiliser, alors qu’il aurait dû être heureux. Il n’aurait pas assumé le malheur de Malicia, plutôt que de rendre Snow heureuse. Il n’aurait pas pu être à cent pour cent dans ce couple. Il n’aurait pas pu aimer Snow tel qu’elle le méritait. Il n’aurait pas pu. Bien sûr qu’ils ont passé de beaux moments ensemble. Bien sûr qu’ils ont partagé beaucoup de choses. Bien sûr qu’ils se sont découverts. Bien sûr qu’ils étaient bien. Mais il n’aurait pas supporté plus longtemps. Il n’aurait pas pu être aussi détaché. Il était obligé de rompre. Il était obligé de s’éloigner. Il était obligé de piétiner son coeur. Pour être en accord avec lui-même. Pour être en accord avec ce qu’il est. Il était contraint. “Comme l’a si bien dit Kitty : je ne sais que foutre le bordel, et ce depuis mon arrivée.” Ce n’est pas vrai. Elle se trompe. Elles se trompent toutes les deux. Snow n’a pas apporté que des mauvaises choses. Elle a aussi apporté sa bonne humeur. Elle a aussi donné son amour et sa tendresse. Elle a aussi offert ses attentions et son dévouement. Elle a été bien plus qu’une emmerdeuse. Elle a été bien plus qu’une mutante dangereuse. Elle a été bien plus qu’une poupée gonflable. “Arrête ça, c’est faux.” Elle se fait du mal pour rien. Elle se fait souffrir pour rien. Quand ils étaient ensemble, elle a vu qu’elle n’apportait pas de la merde. Elle a vu qu’elle distribuait l’amour. Durant ces quelques jours, elle s’est ouverte. Bien plus qu’elle ne l’avait fait auparavant.

Elle manque de tomber. D’écraser sa tête contre le meuble. De s’assommer. Elle manque de s’évanouir ou de faiblir. Mais elle se rattrape. Bobby a eu le temps de la rejoindre. Il a même fait un geste dans sa direction. Mais il l’a stoppé. Il s’est arrêté juste avant de la toucher. Il ne veut pas lui imposer son contact. Il ne veut pas l’obliger à le supporter. Surtout, il a le regard fixé sur sa paume ensanglantée. Ça saigne. Abondamment. Mais Snow ne réagit pas. Snow ne tremble pas. Snow s’en fiche. Et là, juste sous leurs yeux, la plaie se répare. La plaie cicatrise. La plaie disparaît. L’espace de quelques secondes. L’espace de quelques clignements de paupières. Il croit avoir rêvé. Il croit avoir halluciné. Il croit avoir perdu la tête. Pourtant, le sang par terre témoigne qu’elle a été blessée. Témoigne qu’un corps a été meurtri. Il dévisage la jeune femme. A la recherche d’une réponse. A la recherche d’une explication. Il ne comprend pas. Il n’est pas au courant. Il ne sait pas. Il n’a pas entendu parler d’une nouvelle variante de sa mutation. Il n’a pas été informé d’une régénération quelconque. Ce n’est pas possible. “Qu’est-ce qu’il...” Il laisse mourir la fin de sa phrase. Il laisse son interrogation en suspens. Il se doute déjà de la réponse. Déjà lorsqu’ils étaient en couple, il n’était pas digne de sa confiance, il ne peut pas s’attendre à être au courant maintenant. Déjà lorsqu’ils étaient en couple, elle lui cachait tout. Elle le fuyait même, parfois. Elle craignait ses réactions. Maintenant qu’ils ne sont plus que deux âmes en peine, elle se confie encore moins. Elle lui parle encore moins. Elle le fuit encore plus. “Laisse-moi être malheureuse toute seule, si t’as encore ne serait-ce qu’un peu de pitié à mon égard Bobby.” Il fait un pas en arrière. Il recule. Les paroles l’ont frappé douloureusement. La laisser être malheureuse est impensable. Impossible. Il l’a plongée dans cet état, à lui de la sortir de là. A lui de l’aider. A lui de lui montrer comment être heureuse. A lui de la guider vers une vie plus heureuse. Impossible qu’il éprouve de la pitié pour elle. Il éprouve de l’affection. Il éprouve de l’amour. Il éprouve beaucoup d’émotions à son encontre. Un fouillis émotionnel sans aucun sens. Mais un fouillis émotionnel qui ne le laisse pas indifférent. Il refuse de laisser tomber. Il refuse de baisser les bras. Il refuse de lui donner raison. Il n’est pas disposé à lui donner raison. “Je ne peux pas.” Elle s’effondre. Elle tombe. Ses jambes fléchissent, faiblissent. Il la rattrape. Il arrête sa descente. Il la serre contre lui. Là, en sécurité. Là, soutenue.

Il hésite. Elle semble épuisée. Elle semble à bout de force. Elle semble sur le point de s’évanouir. Il ne peut pas la quitter. Il ne peut pas l’abandonner. Il ne peut pas non plus la forcer à s’alimenter. Il ne peut pas la forcer à se reposer. Il ne peut pas la forcer à arrêter son quotidien chronométré et millimétré. Il passe un bras sous ses genoux. Il en passe un autre dans son dos. Il la soulève. Elle est légère. Plus légère que dans ses souvenirs. Plus fragile que dans le passé. Elle lui fait l’effet d’être la mutante échouée aux portes de l’Institut. Elle lui fait l’effet d’être la même femme perdue et amnésique qui est arrivée. Il n’est pas le seul à s’être maltraité ces derniers jours. A s’être laissé mourir de faim. “Je vais t’emmener à l’infirmerie et tu vas te reposer.” Elle refuse son aide. Elle ne pourra pas refuser celle de professionnels. Elle ne pourra pas s’échapper. Ils sauront quoi faire. Ils sauront la remettre sur pieds. Ils sauront réparer les dégâts d’une rupture douloureuse. Ils sauront. En tout cas, il l’espère. Ils quittent la cuisine. Ils s’enfoncent dans le couloir sombre. Il s’inquiète. Il s’inquiète toujours. Tout le temps. Il ne peut pas s’en empêcher. Il s’agit de Snow. Fragile et aux tendances autodestructrices. Il la côtoie depuis des années. Il la suit depuis autant d’années. Il a veillé sur son rétablissement à son arrivée. Il a tenté de la faire parler par tous les moyens. Il l’a découverte plus intimement. Alors, l’inquiétude est là. Dans le creux de son ventre. Dans les battements de son coeur. Dans ses veines. L’inquiétude est partout. Encore plus lorsqu’il la voit dans cet état. Encore plus quand elle est proche de l’évanouissement. Encore plus quand elle ne se ménage pas. “Il faut que tu arrêtes de t’acharner comme ça. Tu dois diminuer tes entraînements. Tu dois te reposer.” Il faut qu’elle arrête de lui faire peur. Il faut qu’elle arrête d’être déraisonnable. Il pourrait continuer la liste. Il pourrait continuer les reproches. Mais il s’arrête là. Parce qu’elle ne veut sûrement pas entendre cela de sa bouche. Parce qu’elle ne veut sûrement pas qu’il se soucie d’elle. Parce qu’elle est sûrement assez épuisée physiquement et mentalement pour ne plus l’écouter. Ils sont dans les sous-sols. L’infirmerie est toute proche. Il n’est pas prêt à déléguer. Il n’est pas prêt à la laisser aux soins d’une autre personne. Il n’est pas prêt à se séparer d’elle. Il n’est pas prêt. Il voudrait la tenir contre lui pour s’assurer qu’elle va bien. Il voudrait que ce simple contact la remettre d’aplomb. Il voudrait qu’un enlacement suffise. Doux rêve. Il n’a pas le choix. L’infirmerie est là. Il dépose doucement Snow sur un des lits. Il s’agenouille à côté d’elle. “Je te promets de te laisser à ton malheur si tu me promets de faire attention à toi.” Donnant-donnant. Il lui promet de s’éloigner. Il lui promet de la laisser tranquille. Il promet de ne pas intervenir dans son quotidien. Il est prêt à le faire. A une seule condition. Qu’elle fasse attention à elle. Qu’elle soit capable de prendre soin d’elle-même. Qu’elle écoute son propre corps. Si elle l’accepte, elle est débarrassée de lui. Une seule petite condition.
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« I pirouette in the dark I see the stars through a mirror. Tired mechanical heart Beats 'til the song disappears. Somebody shine a light, I'm frozen by the fear in me. Somebody make me feel alive And shatter me  » -  Lzzy Hale ft. Lindsey Stirling.

L
e contact a déverrouillé quelque chose. Quand elle a perçu ses bras, quand il l’a serrée contre lui, elle a senti le froid mordre sa peau, le gel sortir de sa cage, sans aucune tendresse ni délicatesse, comme si la pression était trop forte à l’intérieur. « Je vais t’emmener à l’infirmerie et tu vas te reposer. » Elle ne peut pas, elle doit aller faire ses exercices, elle doit les faire parce que ça l’aide, parce que c’est sa thérapie, sa façon de survivre. Il ne peut pas la priver de ça. Il la soulève, elle ne pèse rien pour lui et elle n’a as la force de lutter, de se débattre, pas même celle de se liquéfier pour lui échapper. Elle souffre de cette proximité comme jamais. Elle a la sensation qu’il la torture en la promenant ainsi, en lui imposant cette présence dont elle ne veut pas. Des douches ne suffisent déjà pas à effacer le souvenir de son toucher après plusieurs semaines alors là.. il ruine ses efforts sans le savoir, il ruine sa volonté destructrice de solitude. « Il faut que tu arrêtes de t’acharner comme ça. Tu dois diminuer tes entraînements. Tu dois te reposer. » Elle lui refuse la communication. Elle est malheureuse, elle est d’autant plus malheureuse qu’il est là, qu’à peine quelques semaines plus tôt, elle aurait pu se presser contre lui jusqu’à l’aube, qu’à peine quelques temps plus tôt, il a manqué mourir sous ses yeux. C’est une pitoyable tragédie dont elle voudrait se défaire, pour la première fois depuis des années elle voudrait non pas retrouver la mémoire mais qu’on la lui arrache. L’infirmerie est devenue presque plus familière que sa chambre à force d’y passer et repasser, à force de venir se faire décortiquer la mutation.

Il l’a déposée sur un des lits pour s’agenouiller près d’elle. Pourquoi est-ce qu’il ne part pas ? Pourquoi est-ce qu’il ne lâche pas l’affaire ? Sitôt loin de sa peau, la sienne se réchauffe et la glace s’efface, absorbée, envolée. La mutation est influencée par les émotions, ils le savent tous mais après tous ces entrainements, elle devrait en être pleinement maîtresse, plus que jamais. A l’instar de cette époque où geler un coeur revenait à respirer. Un simple claquement de doigts. « Je te promets de te laisser à ton malheur si tu me promets de faire attention à toi. » « Non. » La réponse n’était même pas réfléchie. Elle ne se laisse pas une seconde de méditation sur le sujet. Elle ne veut pas. Elle ne veut pas faire attention à elle, elle ne veut pas faire semblant, elle refuse de jouer la comédie pour lui faire plaisir. Il n’a pas besoin qu’elle lui fasse plaisir. Il ne le mérite pas. Il préfère piétiner son coeur pour être bien avec lui-même, tant mieux pour lui, tant pis pour elle.

La lumière a attiré l’infirmier. Il fait visiblement des heures supplémentaires et son soupir ne masque pas le fond de sa pensée. « Vous avez encore perdu trop de sang, Prudence ? » Elle lui indique que non, d’un signe de tête. La X-Mansion était toujours habitée, il y avait toujours du mouvement quelque part, un insomniaque ou un travailleur mais surtout il y avait toujours quelqu’un pour venir en aide à ceux qui en ont besoin. « J’ai glissé et monsieur Drake croit encore que j’ai cinq ans. Ne vous en faites pas. » La rupture est consommée au point qu’elle revienne à une appellation dont elle usait autrefois avec moquerie ou agressivité. Là, il n’y a rien, juste du vide, de la distance. « Vous savez que même Logan a besoin de se nourrir pour avancer, mh ? » « Oui mais- » « Je sais. » Il s’est effacé comme il est venu, adressant un regard entendu à Bobby ; non, il n’insistera pas parce que cette histoire ne le regarde pas, parce qu’il y a quelqu’un de compétent pour prendre soin de Prudence, il n’a pas besoin de faire le psy ce soir-là. Il n’a plus besoin de jouer tous les rôles. Qu’ils règlent cette histoire comme ils l’entendent.

Et il sait qu’elle n’apprécie pas qu’il ramène Wolverine sur le tapis, lui et sa régénération parfaite, sans la moindre petite faille. Ils ont déjà eu cette discussion et tant d’autres, parce qu’elle a eu besoin de comprendre ce qui lui arrivait, quand est-ce que cela cesserait également. Il n’a pas toujours eu les réponses et elle n’a pas voulu déranger Charles Xavier.. parce que quelque part, elle ne se sent toujours pas à sa place. Il le sait. Bobby le sait. On ne force personne entre ces murs. Têtue, Snow se redresse pour s’asseoir au bord du lit. La tête tourne un peu, rien d’insurmontable, c’est seulement désagréable. « Que tu culpabilises ne changera pas mon comportement ni ma décision de ne plus avoir de séances. Je n’ai pas besoin d’un psy qui se révèle aussi masochiste que moi. En fait personne ne devrait écouter tes conseils parce que tu ne les suis pas. Si j’avais fait à quelqu’un ce que tu me fais, tu m’aurais conseillé d’essayer de me satisfaire de ce maigre bonheur plutôt que d’être seule et désincarnée. » Personne ne devrait laisser filer les heures agréables au profit d’un autre être. Il lui aurait sûrement dit de vivre, d’apprendre à avancer, de ne pas ruiner son avenir et ses rêves. « D’autant que tu ne manges pas plus que moi. N’essaye pas de prétendre que tu vas mieux que la pauvre petite fille riche que je suis. » Il y a une cruelle ironie dans la manière dont elle se qualifie, se dépréciant sans aucune pitié. C’est ce qu’elle est : une gamine capricieuse qui pourrait avoir tout ce qu’elle veut et qui ne désire que ce qui ne lui appartient pas. « Si tu t’inquiètes, rassure-toi, je ne vais pas me laisser mourir. J’aimerais bien mais il se trouve que ça s’avère plus difficile.. maintenant. » Qu’il se rassure, s’il a sa mort sur la conscience, ce sera par accident dans un formidable éboulement ou un terrible incident en cours de mission. Quoiqu’il faudrait qu’elle soit réintégrée pour ça. « Je n’ai plus Raven pour m’aider, ça va être plus long, c’est pas grave, bientôt les émotions s’envoleront et je serai à nouveau efficace. J’ai retrouvé la mémoire, plus rien ne m’empêche de redevenir ce que j’étais. » Les entrainements intensifs et excessifs ne servaient qu’à ça : oublier l’émotion pour se concentrer sur l’action, sur celle qu’elle devait à tout prix redevenir. Aneesh avait tort, il y avait encore une chose à retirer d’elle : une agent efficace, une agent prête à sacrifier sa propre vie pour une équipe qui ne la pleurerait sans doute pas beaucoup.
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Non.” Ça sonne comme une sentence. Ça sonne comme une peine de mort. Ça sonne comme un fait. Non. Non, elle n’accepte pas les négociations. Non, elle refuse de prendre soin d’elle. Non, elle ne souhaite pas se débarrasser de lui si cela suppose de faire attention à elle. Non. Ce simple mot a quelque chose de violent. De catégorique. De dur. Ce simple mot le fait ciller. C’est pourtant simple. Il s’éloigne, il la laisse tranquille, il ne lui parle plus. En échange, elle diminue le rythme des entraînements, elle se repose, elle mange. Il ne pensait pas lui demander la lune. Il ne pensait pas dépasser les limites. Il ne pensait pas obtenir un refus. Elle n’a pas pris le temps de réfléchir. Elle n’a pas pris le temps de peser le pour et le contre. Elle n’a pas eu besoin. Apparemment, sa décision était prise avant même qu’il n’ouvre la bouche. Il se redresse. Il s’éloigne. Il est sous le choc. Elle est si malheureuse qu’elle se fiche qu’il la laisse tranquille ou pas. Qu’elle se fiche si elle se débarrasse de lui. Même cela n’est pas une motivation suffisante pour qu’elle prenne soin d’elle. Et c’est de sa faute. De la faute de Bobby. Il l’a plongée dans cet état. Il l’a plongée dans cette tristesse. Elle s’est enveloppée avec, jusqu’à en faire sa seconde peau. Il croise les bras sur sa poitrine. A une époque, il aurait su quoi lui dire. Il aurait su la conseiller, la raisonner, la guider. Plus maintenant. Son rejet est si douloureux qu’il préfère ne rien tenter. Il ne sait plus quoi faire. L’infirmier débarque, comme si travailler à une pareille était normale. Peut-être que le médecin aura plus de chance. “Vous avez encore perdu trop de sang, Prudence ?” Encore perdu du sang. La question émet un signal d’alarme dans sa tête. Comment ça, encore ? Elle est plus mal en point qu’il ne l’imagine. Elle est encore plus faible, encore plus destructrice, encore plus dangereuse. Mais au moins trouve-t-elle de l’aide auprès de l’infirmier. Au moins ne se laisse-t-elle pas mourir dans un coin de l’Institut. Quoique, d’après ce qu’il a pu voir, elle ne peut pas mourir. La vie lui arrache même sa possibilité de quitter le monde lorsqu’elle le décide. Monde cruel. Bobby dévisage l’infirmier. Il se demande si il pourrait oui ou non lui soutirer des informations sur l’état de santé de Snow. Si il pourrait en savoir plus. Si il pourrait obtenir des aveux. Mais cela semble impossible. Alors, il fait quelques pas dans la salle. Il laisse le professionnel et sa patiente discuter. Il ne veut pas attendre. Il ne veut pas écouter. Conscient que chaque parole pourrait susciter davantage d’inquiétude, davantage de remords. Autant d’éléments qui vont l’empêcher d’abandonner Snow. Il attend que l’infirmier soit parti pour revenir vers Snow.

Que tu culpabilises ne changera pas mon comportement ni ma décision de ne plus avoir de séances. Je n’ai pas besoin d’un psy qui se révèle aussi masochiste que moi. En fait personne ne devrait écouter tes conseils parce que tu ne les suis pas. Si j’avais fait à quelqu’un ce que tu me fais, tu m’aurais conseillé d’essayer de me satisfaire de ce maigre bonheur plutôt que d’être seule et désincarnée.” C’est encore plus violent que son ‘non’. Encore plus cruel. Encore plus blessant. Son métier de psychologue lui tient à coeur. Il est son socle, son ancre, sa bouée de sauvetage. Et elle le critique. Elle le juge incompétent. Elle le pense inapte à donner des conseils aux autres. Il pensait que le plus dur était passé, après la dispute avec Malicia. Il pensait que le plus douloureux était derrière lui. En fait, il s’est trompé. C’est le calme et l’amertume de Snow qui sont les plus difficiles à gérer. Ce sont ses mots sincères et réfléchis qui sont compliqués à avaler. Ce sont ses pensées honnêtes qui écorchent le plus. Elle lui renvoie la vérité en pleine face. Parce qu’elle a raison. Evidemment qu’elle a raison. Il donne des conseils tous les jous. Il écoute tout le monde. Il analyse et rend son verdict. Mais il ne retourne pas ses méthodes contre lui. Il se laisse pourrir au fond de son bureau, le carnet et le stylo font illusion. Il se cache derrière son travail pour afficher une image lisse et parfaite. Une image où il n’est pas détruit. Mais lorsque l’on dépasse les apparences, lorsque l’on dépasse le carnet, un champ de bataille se dresse. Il ne va pas bien, mais il ne cherche pas à aller mieux. Snow a raison. Il devrait prendre soin de lui, s’écouter, régler ses problèmes avant de se proclamer psychologue. Avant d’avoir la prétention d’aider les autres. “D’autant que tu ne manges pas plus que moi. N’essaye pas de prétendre que tu vas mieux que la pauvre petite fille riche que je suis.” Elle continue. Elle continue à toucher les points sensibles. A désigner les incohérences. A le bousculer. Il hésite entre la remercier de ne pas l’épargner et refuser de l’écouter. L’écouter est douloureux, mais nécessaire. Ne pas l’écouter est rester dans le déni. Ni l’un ni l’autre est soulageant. Il vaut mieux arracher le pansement d’un seul coup. Il vaut mieux accepter dès maintenant. Il vaut mieux entendre ce qu’elle a envie de dire. Elle peut le blesser. Elle peut le meurtrir. Elle peut l’écorcher à coup de syllabes. Il l’a mérité. Il lui a fait bien pire. Il a arraché son coeur pour le jeter dans la poussière et le piétiner. Le traiter d’incompétent est moins atroce. Moins horrible. Presque trop gentil. Trop normal. Malgré tout, la regarder est impossible. Il ne parvient pas à l’observer proférer de telles choses. Il ne réalise pas que ces mots sortent de sa bouche. Et pourtant...

Si tu t’inquiètes, rassure-toi, je ne vais pas me laisser mourir. J’aimerais bien mais il se trouve que ça s’avère plus difficile.. maintenant.” La blague est de mauvais goût. La blague ne lui arrache pas un rire. Même pas un sourire. Il n’aime pas cet humour. Il n’aime pas cette plaisanterie. L’information fait son chemin. L’information sème l’inquiétude. L’information développe la peur. Elle a essayé de se tuer. Elle aimerait mourir. Non, il n’imaginait vraiment pas l’ampleur de son mal-être. Il n’imaginait pas qu’elle soit tombée si bas. Il n’imaginait pas qu’elle ait pu songer à mourir. Le suicide. L’un des maux les plus terribles auxquels il doit faire face, en tant que psychologue. Un mal compliqué à gérer. Un mal compliqué à décortiquer. Un mal qui ronge les plus démunis, les plus démolis, les plus atteints. “Je n’ai plus Raven pour m’aider, ça va être plus long, c’est pas grave, bientôt les émotions s’envoleront et je serai à nouveau efficace. J’ai retrouvé la mémoire, plus rien ne m’empêche de redevenir ce que j’étais.” Ce qu’elle était ? Une machine à tuer. Une tempête de neige insensible. Une tueuse aguerrie. Elle veut redevenir ce qui l’a plongée dans les remords. Elle veut redevenir celle qui a failli lui geler le coeur. Il ne peut pas la laisser faire. Il ne peut l’autoriser, car si elle le fait, elle ne pourra pas rester chez les X-Men. Ils ne pourront pas accepter qu’elle tue tout le monde. Ils ne pourront pas prendre le risque qu’elle perde le contrôle. Ils ne pourront pas l’emmener avec eux en mission. Il prend une inspiration. Pour apaiser le flot de questions. Pour ralentir le rythme cardiaque. Pour prendre le temps. Devant lui, ce n’est plus Snow. C’est une autre version. Peut-être Snow Queen. Mais Snow Queen n’aurait pas pris le temps de lire des histoires à des enfants. Peut-être une Snow en transition. En tout cas, elle n’est plus la même. “Tu as raison, je suis un piètre psychologue. Je n’ai rien à faire dans ce bureau, à conseiller les autres. Je ne suis qu’une arnaque. Mais je ne suis pas complètement incompétent, Snow.” Il la connaît assez bien pour savoir qu’elle ne va pas bien. Tout le monde l’a vu. Mais surtout, il n’est pas assez insensible pour fermer les yeux sur sa peine. C’est bien ce qu’elle appréciait chez lui, non ? Qu’il se soucie des autres, qu’il soit sur-protecteur, qu’il prenne soin d’elle. Elle le connaît, elle aussi. Elle sait qu’il n’abandonnera pas la partie aussi facilement. Elle sait qu’il ne la laissera pas tomber.

Si tu crois que devenir insensible va régler tes problèmes, tu te trompes. Ce sera encore plus douloureux quand quelqu’un parviendra à t’émouvoir.” Il est presque en colère contre elle. En colère qu’elle baisse les bras. En colère qu’elle régresse. En colère qu’elle retombe dans ses anciens travers. En colère qu’elle ne trouve pas la force de se redresser. Elle a fait preuve de plus de force. De plus de ténacité. De plus de courage. Mais l’amour semble avoir ruiné définitivement son coeur. Il aimerait retrouver cette femme douce et attentionnée. Il aimerait retrouver cette femme forte et paradoxalement, délicate. Sauf qu’il l’a tuée. Il l’a achevée en prononçant les mots de trop. “Et ne compte pas sur moi pour te regarder repousser tes limites. Tant que je serai vivant, tu m’auras sur le dos.” Il lui en fait la promesse. Il s’est déjà montré catégorique des années plus tôt, quand elle a refusé de se confier et de s’intégrer. Il s’est déjà montré tenace quand elle a commencé à retourner sa colère contre lui. Il s’est déjà montré tenace quand il la défiait et la provoquait. Il continuera. Il reprendra ses bonnes vieilles habitudes. Parce que c’est le seul moyen qu’il connaît pour qu’elle exprime ses sentiments. Pour qu’elle extériorise ses émotions. La glace agit comme la boxe. Chaque pic de glace est un uppercut. Chaque confrontation est un combat sur un ring. Ils vont se battre jusqu’à ce que l’un d’eux tombe K.O..
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« I pirouette in the dark I see the stars through a mirror. Tired mechanical heart Beats 'til the song disappears. Somebody shine a light, I'm frozen by the fear in me. Somebody make me feel alive And shatter me  » -  Lzzy Hale ft. Lindsey Stirling.

E
lle n’a pas voulu dire qu’il était une arnaque. Elle voulait simplement lui démontrer qu’il se laissait mourir de tristesse à sa façon, lui aussi, en s’enfermant dans un quotidien, dans l’habit du psychologue qui gratte le papier en écoutant les larmes des autres. Il refuse de la regarder, il nie ce qu’elle raconte, elle n’a pas besoin de voir ses billes claires pour le savoir. Il refuse les idées qu’elle laisse filtrer. « Si tu crois que devenir insensible va régler tes problèmes, tu te trompes. Ce sera encore plus douloureux quand quelqu’un parviendra à t’émouvoir. » Elle penche la tête sur le côté. Parce qu’il croit vraiment que quelqu’un d’autre parviendra à passer les barrières ? Il ne comprend absolument rien. Il prend toute cette histoire à la légère, il se voit comme une aventure qu’on peut effacer, dont on peut se remettre sans trop de mal. « On ne tue que les méchants, j’ai pas oublié la leçon, monsieur le psychologue. » C’est amer. Vivre à l’institut impose des règles qu’elle ne respectait pas autrefois. Il pense cependant qu’elle ne peut pas revenir en arrière. Comme si Snow Queen était définitivement enterrée au fond d’un amas de conscience. Elle ne rit pas, cependant. Elle ne se moque pas, elle est seulement vexée qu’il la pense stupide au point de faiblir encore et encore, sans fin. Diplômée des échecs.

« Et ne compte pas sur moi pour te regarder repousser tes limites. Tant que je serai vivant, tu m’auras sur le dos. » Elle a attrapé le premier ustensile tranchant à sa portée. « T’as peur de quoi ? Enfin regarde ! » Elle a seulement visé au coeur, le geste rapide, sûr, là où elle aurait dû saigner abondamment, là où elle aurait dû se révéler incapable de guérir, de se relever. Rien. La chair a laissé place à l’eau, la protégeant d’elle-même et de ses désirs les plus destructeurs. L’objet a glissé au travers de la matière aqueuse pour heurter le sol, sans provoquer le moindre dégât, seulement le tintement dans le silence de la pièce. Et le corps a retrouvé sa consistance. « Le coeur et le cerveau. Exactement comme toi, si j’en crois l’infirmier, sauf que je n’ai aucun moyen de les atteindre à moins d’être assommée et assassinée par une personne extérieure. Il pense que je suis une version améliorée. Les mêmes ingrédients mélangés différemment. » Elle sait qu’il a besoin de comprendre, qu’il a besoin d’une explication, tout comme elle, parce qu’il ne saura jamais s’empêcher de la protéger, de veiller sur ses bêtises. Ils sont ainsi, à se tirer sans cesse vers le haut, quitte à devoir s’entretuer pour y parvenir. « Alors arrête de t’en faire. Arrête de penser que quiconque serait capable de m’émouvoir, comme tu dis. » La colère ne tient pas, elle ne survit pas à ses si beaux yeux et Snow se rassied sur le lit, un soupir venant mourir au bord de ses lèvres. A quoi bon lutter ? Il n’entendra que ce qu’il désire. « Tu veux savoir pourquoi je m’entraîne ? Parce qu’être une X-Woman est tout ce qu’il me reste. C’est ce que je suis. Avec ou sans émotions… mais je suis pas très douée.. » La cryokinésie a fait d’elle un agent redoutable, elle savait stopper la progression d’un mutant en attaquant les organes avec le mordant de son élément.. lorsque Prudence a réalisé que sans Bobby, la glace ne répondait plus, elle a compris qu’il y avait des choses à améliorer. Elle a eu besoin d’évacuer sa colère destructrice en apprenant de nouvelles manières de se battre. « Mystique m’a appris les bases mais en réalité, je ne cogne pas assez fort pour que ça suffise. Rien ne valait un toucher glacial. » Cela dit, elle apprenait vite. Ca faisait seulement mal au début, la peau a beaucoup saigné de ses maladresses, de ses erreurs. La machine est toujours plus efficace que l’être humain, quoiqu’on en dise.

Un pas. Puis deux. Elle supprime la distance entre eux et l’entoure de ses bras, tendrement. L’étreinte est pleine d’amour. Ca lui pince le myocarde capricieux, les souvenirs lui font mal mais elle reste là, à l’enlacer comme elle l’aurait fait avant la rupture. Non, pas tout à fait, c’est un peu différent, c’est plus doux encore, parce que depuis elle a manqué le perdre, il a frôlé la mort, il est parti loin de sa peau. C’est l’expression d’un amour qui remonte trop loin pour le décrire, ronronnant derrière toute la haine qu’elle a fait mine d’éprouver des années durant. « Je serai toujours là, Bobby. » Les doigts sont venus se nouer aux siens de la main gauche et elle a relevé ses yeux trop bleus pour observer ses traits. « Si un jour tu te sens mieux, si la peine disparaît ou que tu regrettes ce qu’on a partagé, tu pourras toujours revenir. Je serai là, identique, que tu viennes dans une semaine, dix, trente ans ou jamais. » Sourire triste. Son odeur la hante, ses attentions lui manquent. Si elle n’avait pas muté encore entre les derniers évènements, elle sait qu’elle l’aurait mieux vécu. « Tu n’auras qu’à me demander un burger. » Le sourire se fait plus sincère. « Je t’en veux pas. Je comprends, d’accord ? Je suis juste furieuse de.. de t’aimer quand même, de pas arriver à t’en vouloir ou à te blesser. De ne pas avoir su te rendre assez heureux pour que tu restes.. » Ca n’a pas été assez bien pour qu’il veuille tenter sur la durée, ça ne l’a pas vraiment marqué, elle doit être une expérience tellement décevante. Si il veut qu’elle reste une amie, c’est qu’il n’a même pas le regret de leurs nuits partagées. Triste constat. Il n'a ni pensée tendre à son égard ni frustration de ne pas avoir vu où ça aurait pu les mener.
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Il n’a pas anticipé le geste. Il ne l’a pas vu venir. Comment aurait-il pu ? Comment aurait-il pu imaginer qu’elle se poignarderait ? Comment aurait-il pu penser qu’elle serait prête à tout pour lui montrer ? Il a sursauté. Il a tendu la main dans sa direction. Il a tenté de l’arrêter. Il a lâché un ‘Snow’ hurlé. Un appel qui a résonné dans la pièce. Un appel qui a sonné en lui comme une inquiétude profonde. Une frayeur incroyable. Il a cru qu’elle se tuait devant lui. Il a cru qu’elle se suicidait. Il a cru qu’elle était désespérée. Mais non. L’eau a pris le dessus. La liquéfaction a eu lieu. Il la déteste. Il déteste Snow. A cet instant précis, il lui en veut. Elle n’a pas le droit de l’effrayer de la sorte. Elle n’a pas le droit d’attenter à sa vie sans le prévenir. Elle n’a pas le droit. Il lui jette un regard assassin. Malgré lui. Il ferme les poings. Il se concentre sur sa respiration. Calmer la peur. Apaiser son coeur. Ralentir son pouls. Il a vraiment cru qu’elle allait mourir. Il a vraiment pensé qu’il serait face à sa dépouille. Elle doit arrêter. Elle doit arrêter de lui faire des peurs pareilles. Elle doit arrêter d’essayer de se tuer. Elle doit arrêter de mettre son organisme à l’épreuve. Elle doit tout arrêter. Ce n’est pas ainsi qu’elle évoluera. Ce n’est pas ainsi qu’elle contrôlera. Il a besoin de s'asseoir. Il a besoin de reprendre ses esprits. Il avise le lit voisin. Il s’y installe. Un jour, elle aura sa peau. Un jour, elle aura raison de lui. Un jour, il ne pourra plus supporter ses agissements. Un jour, son coeur lâchera, trop effrayé, trop peiné. “Le coeur et le cerveau. Exactement comme toi, si j’en crois l’infirmier, sauf que je n’ai aucun moyen de les atteindre à moins d’être assommée et assassinée par une personne extérieure. Il pense que je suis une version améliorée. Les mêmes ingrédients mélangés différemment.” On dirait qu’elle parle d’une recette. Une recette travaillée. Une recette expérimentée. Une recette améliorée. Elle est une mutation perfectionnée. Une mutation qui a essayé avec lui et qui a évolué avec Snow. Son état physique change plus rapidement que lui avec la glace. Sa mutation est plus instinctive, plus réactive. Il ne peut pas le nier. L’eau fonctionne mieux que la glace. Mais ce n’est pas une raison. Ce n’est pas une excuse pour lui faire peur. Ce n’est pas une justification pour ce qu’elle vient de faire. Des gens tiennent encore à elle. Il tient encore à elle. Qu’elle le veuille ou non. Elle ne peut pas jouer avec ses nerfs. “Alors arrête de t’en faire. Arrête de penser que quiconque serait capable de m’émouvoir, comme tu dis.” Elle a été capable d’aimer une fois, pourquoi pas deux ? Comme tout le monde. Comme lui. Elle aura besoin de faire son deuil. Elle aura besoin de s’en remettre. Et même si, actuellement, aimer de nouveau lui semble impossible, elle y parviendra de nouveau. Parce qu’elle est Snow. Elle se relève tout le temps.

Tu veux savoir pourquoi je m’entraîne ? Parce qu’être une X-Woman est tout ce qu’il me reste. C’est ce que je suis. Avec ou sans émotions… mais je suis pas très douée..” Il fronce les sourcils. Elle maîtrise parfaitement la glace. Elle a maintenant l’eau de son côté. Et la régénération. Elle possède une mutation incroyable. Une mutation en perpétuelle évolution. Une mutation redoutable. Une mutation parfaite et complète. Elle a déjà montré sa valeur aux côtés des X-Men. A aucun moment, il n’a songé qu’elle puisse être incompétente. Qu’elle puisse ne pas être à la hauteur. Elle l’une des plus puissantes de l’équipe. Une des plus redoutables. “Mystique m’a appris les bases mais en réalité, je ne cogne pas assez fort pour que ça suffise. Rien ne valait un toucher glacial.” Elle parle au passé. Comme si ce n’était plus le cas. Comme si la glace avait fondu au profit de l’eau. Pourtant, elle en a généré tout à l’heure. Pourtant, elle est toujours aussi froide. Il n’y comprend rien. Il comprend jamais rien avec elle. Tout est secret. Tout est mystère. Tout est caché. Si il veut savoir quelque chose, il doit lui soutirer des réponses. Mais lutter pour l’information est fatiguant. Épuisant. Avec les autres, il a davantage de patience. Avec les autres, la chasse aux réponses fait partie de son métier. Pas avec Snow. Elle ne le veut plus comme psychologue. Alors, c’est l’ami qui s’agace. C’est l’ami qui est dans l’incompréhension. C’est l’ami qui s’étonne. “Je ne comprends pas… c’est toujours possible. Un pouvoir n’en chasse pas un autre.” Pour lui, l’explication est simple. L’explication est logique. Snow a toujours tous ses pouvoirs. Elle est toujours capable d’utiliser les trois. La glace. L’eau. La régénération. Il n’y a pas de raison pour qu’elle n’en contrôle plus qu’une partie. Pour qu’elle ne possède plus qu’une partie de son identité. Une mutation ne fonctionne pas ainsi. Un pouvoir n’en remplace pas un autre. Il faut dire qu’il n’a pas eu une vie compliquée. Le début a été chaotique avec la découverte de sa mutation. Le début a été choquant. Le début a été violent. Mais il a relevé la tête. Il a continué son chemin. Il a pris une direction qui correspondait plus à ce qu’il est vraiment. Si au début, les émotions influençaient sa maîtrise, il a vite appris à utiliser sa mutation indépendamment de ses sentiments. Indépendemment de ce qu’il ressent. A aucun moment il n’a manqué de perdre un pouvoir. De le bloquer psychologiquement. Encore moins à cause d’une rupture. Encore moins à cause d’une déception. Encore moins pour une autre personne.

Il n’a pas de réponse. Parce qu’elle se rapproche de lui. Parce qu’elle ne fuit plus. Parce qu’elle passe ses bras autour de lui. Un geste dont il a tout oublié. Un geste qui n’est plus naturel. Il ne veut pas. Il ne veut pas qu’elle l’enlace. Il ne veut pas qu’elle soit forte pour le rassurer. Il ne veut pas qu’elle soit gentille avec lui. Elle devrait lui hurler des insanités. Elle devrait le frapper, le blesser. Elle devrait nourrir une haine inhumaine à son encontre. Elle devrait lui en vouloir. Mais ce n’est pas de la rancoeur qu’il sent dans ce geste. Il sent de l’amour. De l’affection. De la gentillesse. De la tendresse. Il refuse de se laisser aller. De succomber au câlin. De lui donner un nouvel espoir. Il s’est promis de ne plus kidnapper son coeur, de ne plus jouer avec ses émotions, de ne plus la voir comme une potentielle petite-amie. Il refuse. Sauf que la sentir contre lui met à mal ses résolutions. Elle rend la décision encore plus douloureuse, encore plus difficile, encore plus intenable. Snow est là. Tout contre lui. A tenter de communiquer. A tenter de délivrer son amour. Mais il n’entend rien. Il n’entend que les battements sourds de son coeur. Il n’entend que le sang battre dans ses tempes. Il a le coeur serré. Il a le coeur meurtri. Sentir ses doigts se lier aux siens, comme avant, comme une promesse, comme un signe d’amour, est une torture. Il ne peut pas lui promettre de l’aimer indéfiniment. Il ne peut même pas lui promettre de l’aimer un jour. “Tu n’auras qu’à me demander un burger.” Il veut hurler que ça n’arrivera pas. Il veut hurler qu’il ne la fera plus jamais souffrir. Il veut hurler qu’il ne peut plus imaginer un couple avec elle. Il veut hurler qu’il ne prendra plus le risque de la blesser. Mais il ne dit rien. Le silence. Les battements de son corps, toujours aussi intenses. Toujours aussi emballés. Il garde les lèvres closes. Il garde les mots enfermés au fond de son corps.  Savoir qu’elle l’attendra est un crève-coeur. Savoir qu’elle sera toujours là est atroce. Savoir qu’elle ne cherchera personne d’autre est cruel. Elle devrait reprendre sa vie. Elle devrait oublier tout espoir. “Je t’en veux pas. Je comprends, d’accord ? Je suis juste furieuse de.. de t’aimer quand même, de pas arriver à t’en vouloir ou à te blesser. De ne pas avoir su te rendre assez heureux pour que tu restes..” Il ne tient plus. Il arrache ses doigts aux siens. Il vient encadrer son visage entre ses mains. Il affronte son regard bleu. Il ne peut pas la laisser espérer infiniment. Il ne peut pas la laisser croire qu’elle est fautive. Il ne peut pas la laisser dans le flou. Il n’est pas assez salaud pour cela. Il n’est pas assez insensible. Il aimerait que cette proximité soit pour l’embrasser, soit pour chasser sa tristesse et ses doutes. Mais cette proximité est pour délivrer son message. Pour lui faire comprendre qu’elle n’est pas la responsable de leur rupture.

Enlève-toi cette idée de la tête. Tu m’as rendu heureux, Snow. Tu as été là quand j’avais besoin, tu m’as redonné goût à la vie. Tu… tu as été exceptionnelle. Je n’aurais pas pu rêver mieux, d’accord ? J’étais vraiment heureux avec toi.” Elle a été bien plus qu’une poupée gonflable. Bien plus qu’une aventure. Bien plus qu’une femme, en attendant Malicia. Elle a été une bouée de sauvetage, une ancre. Elle a été une aide pour remonter la pente. Elle l’a tiré vers le haut. Elle l’a incité à se remettre debout et à poursuivre sa vie. Il s’est perdu dans ses bras. Il a profité d’une bulle de bonheur. Une bulle qui a fini par éclater. Il en est le seul responsable. Il en est le seul fautif. Il a précipité leur chute tout seul. Il a abandonné l’envie d’être heureux pour être juste envers Malicia. Il a abandonné le bonheur pour le malheur. Il a refusé un privilège. En prenant cette décision, il a emporté Snow avec lui. Il l’a entraînée dans sa descente. “J’ai joué avec ton coeur. Et tu es encore là, compréhensive et attentionnée… les autres n’ont pas arrêté de te dire que tu ne me méritais pas, mais ils ont tort. C’est moi qui ne te mérite pas. Je ne mérite pas ta bienveillance ni ton amour.” Il retire ses mains. Il ne mérite même pas de lui faire ça : de la toucher. Il ne mérite même pas qu’elle accepte sa présence. Il ne mérite même pas qu’elle lui donne rendez-vous autour d’un burger. Il ne mérite rien d’elle. Lui, l’homme que tout le monde voit comme gentil et bon, est tout le contraire. Un homme brisé, écorché, qui répand son mal-être autour de lui. Qui embarque les autres dans sa tristesse. “Je te promets de ne plus recommencer, de ne plus te donner d’espoir, de ne plus te blesser.” Elle continue à penser qu’ils seraient bien ensemble, mais elle se voile la face. Lui le voit très bien. Il pourrait encore la briser. Il pourrait encore la piétiner. Il pourrait encore la rejeter. Il est hors de question qu’il la laisse penser qu’une histoire est encore possible. Il est hors de question qu’il la voit l’attendre.
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E
lle a eu peur. Elle s’est crispée en sentant ses mains rencontrer son visage, elle a cru l’avoir mis suffisamment en colère pour qu’il la repousse physiquement, violemment. Elle a essayé d’être gentille, d’être douce malgré son coeur blessé et elle a pensé avoir échoué, l’avoir fait sortir de ses gongs pour toutes autres raisons que celles qu’il débite brusquement. Il était heureux avec elle. C’est ce qu’il dit, elle n’est pas certaine d’y croire, nourrie des rumeurs qu’elle a entendu, des mots qu’on lui a répété, encore et encore, de son incapacité visible à donner réellement, par générosité et tendresse. « J’ai joué avec ton coeur. » Non. Elle n’en croit rien. Bobby est incapable de jouer avec un coeur, il est incapable de volontairement en briser un, parce que c’est quelqu’un de bien, c’est un homme bon qui prend soin des autres. Il a été arraché au bonheur, c’est lui qui souffre finalement, elle le réalise à chaque parole prononcée, il compte se priver plus encore, ou peut-être choisira-t-il une autre personne, quelqu’un qui lui convienne mieux. « Je ne mérite pas ta bienveillance ni ton amour. » Un froncement de sourcils. Il a retiré sa peau de la sienne, il se défait de ses espoirs, de sa vie, de sa proximité. Elle aimerait peut-être pleurer mais elle ne peut pas, il n’y a plus de place pour les larmes parce que si elle se l’autorise, elle s’effondrera, elle déversera ses pleurs jusqu’à épuisement, jusqu’à ce que plus rien ne subsiste d’elle, alors elle reste là, silencieuse à l’observer. « Je te promets de ne plus recommencer, de ne plus te donner d’espoir, de ne plus te blesser. » La gifle est partie seule, si vite que Snow a ensuite porté la main à ses lèvres, surprise de son propre réflexe idiot, le contact a été si vif qu’il a pu sentir la chaleur de sa paume contrastant avec la froideur qu’elle dégage quand elle s’attend à son toucher.

« Je suis désolée je.. » suis une idiote. La pluie salée s’est échappée, comme si le geste avait fait office de détonateur, comme si le son de cette claque avait symbolisé un mur se brisant, laissant passer la vague, le tsunami émotionnel. « Je n’espère pas, je te dis que je t’attendrai, que ça durera même si tu t’en fiche, même si tu choisis de m’ignorer, même si tu décides de me poignarder dans le dos et je ne te laisse pas le choix. » Pourquoi aurait-il le choix ? Pourquoi pourrait-il se permettre de choisir si oui ou non elle doit continuer à l’aimer ? Elle refuse de laisser quelqu’un d’autre entrer dans sa vie mais lui y a déjà toute sa place. « Je.. j’a cru que t’allais mourir entre mes bras Bobby ! J’ai cru que t’allais te vider de ton sang sans que je ne puisse rien y faire alors c’est trop tard, tu entends ?! J’étais là quand toutes celles qui ont pleuré sur notre relation étaient absentes ou occupées avec un autre ! » Elle n’avait jamais fait de reproches sur ce qu’il s’était passé, elle s’était empêchée de tenir rigueur à Kitty de son absence quand ils étaient seuls dans le noir mais la détresse qu’elle a ressentie ne l’a pas rendue très juste envers la jeune fille. Snow a été forcée de faire souffrir Bobby pour le sauver, elle a cru qu’elle allait provoquer son décès. Quiconque s’amuserait aujourd’hui à lui dire qu’elle doit se tenir loin du psychologue se prendrait un revers d’agressivité sans nom. Il aurait pu mourir seul, personne n’avait eu l’air de le chercher. « J’ai eu si peur que je ne suis plus capable de générer la moindre glace si tu ne me touches pas ! Tu peux dire ce que tu veux, tu peux m’interdire de t’approcher, de te regarder ou de respirer dans la même pièce que toi, ça ne changera rien. J’ai pu aimer Axel sous les bleus qu’il me faisait jusqu’à sa mort, je peux t’aimer à distance jusqu’à la tienne. » C’est terrible et pourtant terriblement vrai. Bobby a l’air d’oublier qu’elle n’est jamais retournée avec Axel parce qu’il est mort la nuit où il l’a quittée. Elle a oublié, faisant, de fait, un deuil forcé. Rien ne leur assure qu’elle se serait ouverte à un autre si il était encore en vie, il a continué à la hanter et il continue encore, dévoilant une capacité à la loyauté et la fidélité qu’on ne soupçonnerait pas chez la reine des neiges. L’amour pour Axel était peut-être un leurre nocif, elle n’en est pas moins restée marquée. « Je n’ai même pas demandé de réciprocité.. tout ce que j’aurais voulu c’est que tu sois délicat, que Logan ne s’en mêle pas.. t’étais pas enchaîné à moi, t’étais libre de retourner auprès de Malicia, de sortir avec Kitty ou d’épouser Tornade mais.. » Les mots meurent. Elle essuie les larmes qui roulent encore et encore d’un revers inutile de la manche. Quand elle pleurait, quelques temps avant, les gouttent cristallisaient sur la peau, ça la dérangeait moins. Une température normale a des inconvénients qu’elle découvre et qui lui déplaisent fortement.
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La joue lui brûle. La gifle déverse un vrai incendie dans son visage. Il se sent rougir. Il a le regard hébété de ceux qui ne comprennent pas ce qu’il vient de se passer. De ceux qui cherchent ce qu’ils ont fait de mal. Il lui a promis de la protéger de lui. Il lui a promis de ne plus la blesser. Il lui a promis de ne plus laisser ses sentiments parler pour lui. Il la laissera tranquille. Pour toujours. Il n’essayera plus de la séduire, de l’aimer, pour l’abandonner ensuite. Il n’essayera plus de faire naître l’espoir en Snow. C’est fini. Il prend cette gifle comme le premier signe d’une colère infinie. Il prend cette gifle comme un juste retour des choses. Il lui a fait mal, à son tour de souffrir. A son tour de ressentir la douleur physique. A son tour d’être malmené. Il ne se dérobe pas. Il ne s’éloigne pas. Si il doit y avoir plus de coups, plus de colère, plus de haine, il veut l’affronter. Il veut le supporter. D’un côté, il préfère cela. Il préfère la démonstration de son énervement et de sa douleur plutôt que le silence, plutôt que sa tendresse. Il préfère la sentir agressive et violente, plutôt que calme et aimante. Parce que c’est le comportement normal qu’elle devrait adopter. Parce que c’est le comportement que la majorité des femmes meurtries auraient. Il a décidé d’assumer. Jusqu’au bout. Même si cela suppose de se laisser transpercer par un pic de glace. Même si cela signifie être giflé plusieurs fois. Même si cela entend d’être traité de ‘connard’, de ‘salaud’, de ‘fils de pute’. Il est prêt à tout encaisser. Il est prêt à tout avaler. Comme une thérapie. Une façon de se soigner. Une façon d’avancer. “Je suis désolée je..” Elle ne doit pas l’être. Elle ne doit pas être désolée. Elle ne doit pas s’excuser. Il accepte. Elle ne comprend ? Il veut qu’elle extériorise sa colère. Il veut qu’elle exprime sa tristesse. Il veut qu’elle donne vie à sa douleur. Il veut être son défouloir, son exutoire. Il veut qu’elle aille mieux. Pas forcément qu’elle aille bien, mais qu’elle remonte la pente. Qu’elle soit soulagée. Qu’elle soit moins triste. Qu’elle retrouve le goût à la vie. Et il l’a mérité. Il a mérité bien plus qu’une gifle. Il a mérité sa haine. Il a mérité des regards assassins. Il a mérité des mots durs. Il a mérité son ignorance. Elle ne pourrait pas plus le torturer qu’en étant tendre et affective. Elle ne pourrait pas plus lui faire mal qu’en étant aimante. Aimante malgré tout ce qu’il lui a fait. Malgré toute la tristesse qu’il a engendré. Malgré tous les espoirs brisés. “Je n’espère pas, je te dis que je t’attendrai, que ça durera même si tu t’en fiche, même si tu choisis de m’ignorer, même si tu décides de me poignarder dans le dos et je ne te laisse pas le choix.” Il ouvre la bouche pour parler. Il ne peut pas la laisser faire. Il ne peut pas lui permettre de l’attendre. Il ne reviendra pas. Il ne reviendra plus. Il a décidé de la préserver. Il a décidé de la protéger. Elle doit arrêter d’espérer. Elle doit arrêter de l’aimer. Elle doit se trouver une autre personne. Une personne qui saura l’aimer. Une personne qui saura la choyer. Une personne qui saura lui rendre son sourire. Pas lui. Certainement pas lui.

Il veut parler, mais rien ne sort. Il est sonné. Pas par la gifle, mais par les mots. Il n’a pas évalué l’amour de Snow aussi important. Aussi grand. Aussi puissant, au point de l’attendre. Au point d’oublier de vivre. Au point de ne vouloir personne d’autre. Il n’a pas soupçonné son attachement. La rupture n’en est que plus cruelle, plus égoïste. La culpabilité est comme un feu ardent en lui. Elle est comme un incendie qui ravage tout son être. Elle est comme une catastrophe météorologique qui ravage tout sur son passage. Une tornade. Un ouragan. Elle est omniprésente. Il n’y a qu’elle qui gronde en lui. Encore plus maintenant. Chaque parole de Snow attise l’incendie. Chaque mot est une tempête qui vient grossir l’ouragan. “Je.. j’a cru que t’allais mourir entre mes bras Bobby ! J’ai cru que t’allais te vider de ton sang sans que je ne puisse rien y faire alors c’est trop tard, tu entends ?! J’étais là quand toutes celles qui ont pleuré sur notre relation étaient absentes ou occupées avec un autre !” Ses doigts cherchent à toucher sa joue, mais il arrête son geste. Il ferme son poing. Il retient ses mouvements. Il ne peut pas. Il doit penser à sa promesse. Il doit penser à la protéger. La réconforter, la toucher… tout cela est impossible. Il ne peut plus se permettre de toucher sa joue pour essuyer ses larmes. Il ne peut plus attraper ses doigts pour serrer sa main. Il ne peut plus. Il doit s’en rappeler. Elle lui fait mal. Elle lui fait mal en lui rappelant cet épisode. Une barre dans l’estomac. La mort au bout des doigts. La respiration brisée. La douleur provoquée. Il s’en rappelle. Il en a parfois des flashs. Comme traumatisé par l’attentat. Comme traumatisé par cette presque mort. Il aurait pu ne pas s’en sortir. Il aurait pu crever. Il n’aurait pas trouvé la force de se transformer, si elle n’avait pas été là. Il le sait. Sa mutation ne souffre que d’une seule règle : si la tête ou le coeur ne sont pas touchés, il peut se régénérer. Mais encore faut-il retrouver la glace. Encore faut-il accéder à un liquide réfrigéré. Encore faut-il y parvenir à se changer. Il souffrait trop pour y arriver. Il souffrait trop pour essayer quoi que ce soit. Mais elle l’a aidé. “J’ai eu si peur que je ne suis plus capable de générer la moindre glace si tu ne me touches pas ! Tu peux dire ce que tu veux, tu peux m’interdire de t’approcher, de te regarder ou de respirer dans la même pièce que toi, ça ne changera rien. J’ai pu aimer Axel sous les bleus qu’il me faisait jusqu’à sa mort, je peux t’aimer à distance jusqu’à la tienne.” Elle s’accroche. Elle s’accroche éperdument. Elle s’accroche jusqu’à en oublier sa propre existence. Il devrait être plus ferme, plus catégorique. Il devrait être plus dur et méchant. Mais il n’en a pas le coeur. Il n’en a pas le courage. Parce que les yeux qu’il croise lui font penser à ceux d’un enfant désespéré. D’un enfant ne voulant pas quitter ses parents. D’un enfant qui a peur de l’abandonner. Oui, elle a su aimer Axel, mais ce n’était pas le même amour. Axel était un amour dépendant, un amour par lequel elle vivait. Maintenant, elle a découvert la vraie vie. Elle a grandi. Elle a évolué. Elle a aimé pour de vrai. Elle pourrait de nouveau.

Snow…” Son prénom échoue sur ses lèvres. Un vague souffle. Un simple soupir. Son amour a quelque chose de désespéré. Son amour a quelque chose de fataliste. Soit lui, soit la solitude. Elle préfère attendre que tenter avec une autre personne. Elle préfère fermer son coeur à tout le monde, sauf à lui. Un privilégié qui l’a déjà piétinée, qui lui a déjà fait mal, qui lui a déjà montré sa pire facette. Il est hors de question qu’il recommence. Il est hors de question qu’il se laisse attendrir par son amour sans limites. Elle est perdue. Tout simplement. Perdue parce qu’elle n’a plus personne à aimer, maintenant que son coeur a retrouvé la bonne voie. Maintenant que ses émotions sont débridées. Maintenant qu’elle est devenue douce et attentionnée. “Je n’ai même pas demandé de réciprocité.. tout ce que j’aurais voulu c’est que tu sois délicat, que Logan ne s’en mêle pas.. t’étais pas enchaîné à moi, t’étais libre de retourner auprès de Malicia, de sortir avec Kitty ou d’épouser Tornade mais..” La réciprocité. Elle ne peut pas s’attendre à ce qu’il se mette en couple avec elle sans rien ressentir. Sans rien espérer. Sans rien imaginer. Sans rien éprouver. Il ne se met pas en couple juste pour la gloire, juste pour le statut. Il se met en couple parce qu’il apprécie la personne en face de lui, parce qu’il a des sentiments. Il lui a dit. Il lui a dit qu’il serait incapable d’un coup d’un soir. Il lui a dit qu’il serait incapable de seulement coucher avec elle. Une relation sans réciprocité aurait ressemblé à cela : deux amis qui se trouvent pour le sexe. Impossible selon la conception du monde par Bobby. Impossible pour sa vision du couple. “Je sais. Ça te fait souffrir et je m’en rends compte… Si j’en avais eu l’opportunité, je n’aurais pas rompu de cette manière. Je suis navré.” Il l’est. Sincèrement. Il regrette de ne pas avoir fait les choses autrement. Il regrette que Logan ait été mêlé à leur histoire. Il regrette de ne pas avoir été assez délicat pour éviter de rompre devant le X-Man. Il regrette de ne pas s’être montré plus attentionné. Il regrette. Si il pouvait remonter le temps, il se montrerait plus prévenant, plus protecteur. Il se montrerait plus doux. Il ne laisserait pas échapper une phrase. Une phrase qu’elle a interprétée. Une phrase dont elle a compris tout le sens. Une phrase qui l’a détruite.

On a vécu dans une bulle sans réaliser le mal que l’on faisait autour de nous. Malicia, Kitty… et maintenant, toi. Si on n’avait rien tenté, si on n’avait pas laissé parler nos émotions, tu ne souffrirais pas.” Si. Beaucoup de si. Ces derniers jours, il a ressassé les événements. Il a tout repris depuis le début pour trouver où la situation a basculé. Où il s’est dit que Snow pourrait être celle qu’il lui faut. Où il a oublié de penser à Malicia. Où il a omis de penser à ses amis. Si. Il y a beaucoup de si, mais refaire le monde ne sert à rien. Il a appris de ses erreurs. Il ne recommencera plus. “Tu peux me gifler autant de fois que tu veux, ça ne changera rien, Snow. Je ne t’abandonne pas, mais tu ne peux pas espérer que je reprenne le rôle du connard qui t’a brisé le coeur.” Prendre une voix posée. Parler sans s’effondrer. Se montrer fort et intraitable. C’est difficile. Compliqué. Il concentre toute son énergie pour lui faire comprendre. Pour lui expliquer que toute histoire d’amour entre eux est inenvisageable. Pour lui prouver qu’il fait cela pour son bien à elle.
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« I pirouette in the dark I see the stars through a mirror. Tired mechanical heart Beats 'til the song disappears. Somebody shine a light, I'm frozen by the fear in me. Somebody make me feel alive And shatter me  » -  Lzzy Hale ft. Lindsey Stirling.

C
a ne marche pas. Il peut dire ce qu’il veut, faire ce qu’il veut, il ne peut rien changer. Il essaie de piétiner ses espoirs mais elle est déjà morte à l’intérieur, son coeur seulement raccroché au fantôme d’un bonheur qu’elle sait inaccessible, condamnée à aimer un homme qui ne lui est pas destiné. « On a vécu dans une bulle sans réaliser le mal que l’on faisait autour de nous. Malicia, Kitty… et maintenant, toi. Si on n’avait rien tenté, si on n’avait pas laissé parler nos émotions, tu ne souffrirais pas. » Qu’il soit navré n’est pas son problème, en revanche il a fait renaître la tornade de la colère en prononçant ces mots, comme l’ultime regret. Elle l’interprète comme un aveu, comme sa façon de lui exprimer qu’il aurait préféré que rien ne se produise. Les larmes ont cessé de couler, bloquée par la lutte interne qui se joue en elle. « Tu as vécu dans une bulle. » lâche-t-elle finalement, consciente que ça va le blesser mais après tout, il se fiche pas mal de la blesser elle en lui refusant ce qui les avait rendu au moins un peu paisibles. A quoi bon s’acharner à sauver un homme qui n’a aucune envie de l’être ? « Tu crois que j’ai été aveugle Bobby ? Tu sais pour quoi je suis passée ? Par quoi je suis passée pour être avec toi ? Tu crois que j’ai apprécié la jalousie, les accusations, les crises ? C’est vrai, c’était super agréable d’entendre ta chère petite Kitty, devant ton propre bureau, me dire que je brise tout ce qui est sur mon chemin ! » Rage grondante et souffrance acide. Elle a eu mal. Elle a eu mal entourée de vipères défendant un nid qui ne leur appartenait plus, elle s’est sentie sombrer dans le doute et chaque fois il l’a rassurée.. pourquoi ? Pour rien. Il rejette ce qu’ils ont partagé et par la même occasion, il la rejette elle et ses peurs. Pas de haine pourtant dans son regard. Elle est seulement lucide. La vie n’a plus de saveur, l’avenir a perdu ses couleurs, le passé est plus vermeil que jamais.

« Tu peux me gifler autant de fois que tu veux, ça ne changera rien, Snow. Je ne t’abandonne pas, mais tu ne peux pas espérer que je reprenne le rôle du connard qui t’a brisé le coeur. » Le connard qui lui a brisé le coeur ? Le gifler ? Il est vraiment loin de ce qu’elle pense et de ce qu’elle ressent. La main passe dans ses cheveux, tremblante. Il n’y a plus d’énergie à donner, à consommer. Elle se sent défaite de ses dernières forces. Elle se sent noyée de ces larmes asséchées au fond du myocarde secoué. « T’es tellement loin de la réalité. T’es pas le fautif Bobby. Ce sont eux. Malicia, Kitty, les X-Men. » Elle s’est allongée. Non, elle s’est recroquevillée sur le lit, le sang battant dans ses tempes et l’esprit embrumé de déceptions accumulées. « Tu leur donnes ce qu’ils veulent. On savait tous que tu ne resterais pas. On savait tous que tu abandonnerais la partie au premier regard éploré de ta belle. Fais ce que tu veux. Finalement pour toi le pire sera de vivre en te disant que je t’aime toujours et que tu continues ta route avec ceux qui te blessent. T’as fais ton choix. » Elle serait bien partie. Elle aurait bien claqué la porte de l’institut pour ne plus jamais revenir mais elle n’a nulle part où aller, elle n’a pas un endroit où poser ses valises. Elle est une X-Woman en quarantaine, une mutante déphasée, pire encore elle sait qu’elle devient une menace pour ceux qui l’entourent. Quand la glace reprendra ses droits, quand elle aura enfermé dans la boîte de Pandore le poison de ses émotions, elle sait parfaitement ce qu’elle deviendra. Peut-être qu’elle n’est pas destinée à faire le bien autour d’elle. Peut-être qu’elle sera toujours une mauvaise mutante en puissance prenant plaisir à arrêter les coeurs de ceux qui ont droit au bonheur pour apaiser le sien, noirci de regrets. « Pars. Le garçon fait des cauchemars. Le jeune télépathe. Il a besoin de réconfort et je n’irai pas. » Elle ne peut pas. Il est télépathe, il lirait trop bien ses tourments et une berceuse, cette fois, ne suffirait pas à apaiser ses peurs. Elle ne pouvait plus jouer à la maman. Plus maintenant.
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Tu as vécu dans une bulle.” Elle rectifie. Façon cruelle de lui faire remarquer qu’il a été le seul à vivre dans un monde tout rose, tout beau. Façon cruelle de lui rappeler qu’il n’a pas souffert des jugements des autres. Façon cruelle de souligner qu’il était le seul à ne pas avoir problème. Le seul problème qu’il a dû affronter était celui de sa conscience professionnelle. De savoir qu’il couchait avec une étudiante et une patiente. De savoir qu’il enfreignait probablement des lois. Il ne s’est pas pris en pleine face la haine de Malicia, celle de Kitty. Il ne s’est pas disputé pour défendre son amour. Sauf avec Logan et on en connaît tous la finalité. Il a été injuste de vivre dans sa bulle. De ne sortir de son bureau que pour retrouver Snow. De ne pas se mêler de ses conflits. De ne pas se mettre à sa place. De ne pas croire en ses disputes. De ne pas évaluer correctement leur impact sur elle. Il s’est laissé envahir par cette bulle. Bien confortable. Bien protectrice. Bien pratique. “Tu crois que j’ai été aveugle Bobby ? Tu sais pour quoi je suis passée ? Par quoi je suis passée pour être avec toi ? Tu crois que j’ai apprécié la jalousie, les accusations, les crises ? C’est vrai, c’était super agréable d’entendre ta chère petite Kitty, devant ton propre bureau, me dire que je brise tout ce qui est sur mon chemin !” Qu’aurait-il pu faire pour l’éviter ? Mettre un panneau sur sa porte “Interdiction de se disputer” ? Ajouter une ligne au règlement intérieur pour intimer le silence et l’entente devant son bureau ? Si il avait pensé que cela poserait un problème à Kitty, il lui en aurait parlé avant. Mais il était loin d’imaginer qu’elle puisse ressentir des émotions envers lui. Il était loin de penser qu’elle attendait son tour. Il était loin de soupçonner sa jalousie. Kitty jalouse, une version qu’il n’a jamais connue. Une version qu’il peine encore à comprendre et à réaliser. Snow ne peut pas le lui reprocher. Elle ne peut pas lui en vouloir de ne pas avoir anticipé les disputes. Il est la glace, pas un voyant. Elle non plus ne se doutait pas de ce qui arriverait. Elle non plus ne pensait pas affronter Kitty. Mais elle a raison. Elle a dû supporter bien pire que lui et ses inquiétudes pour son poste. Elle a dû supporter les critiques, les regards, les disputes. Elle a dû supporter les sous-entendus, les murmures. Il était dans sa bulle. Elle était dans la réalité. Raison de plus pour ne plus rien tenter. Raison de plus pour la préserver. Raison de plus pour ne plus être avec elle. Snow est libre, maintenant. Les gens peuvent arrêter de la critiquer, de la dévisager, de la pointer du doigt. Les gens peuvent cesser de lui sauter dessus pour la jalouser. C’est fini.

T’es tellement loin de la réalité. T’es pas le fautif Bobby. Ce sont eux. Malicia, Kitty, les X-Men.” Elle désigne sa famille comme les fautifs. Bobby secoue la tête. Il n’est pas d’accord. Malicia, Kitty, les X-Men, ils sont sa famille. Ils sont ceux qui l’ont accueilli. Ils sont ceux qui lui ont appris à se sentir chez lui ici. Mais elle ne peut pas comprendre. Elle n’est pas arrivée à l’âge de quinze ans. Elle n’est arrivée qu’il y a que trois ans. Il ressent le même attachement pour l’Institut qu’elle pour Mystique. Mystique, la Confrérie, ce sont la maison de Snow. Celle de Bobby est constituée de ces mutants qu’elle pointe du doigt. Ils ne sont pas les responsables de leur rupture. Ils ne sont pas ceux qui ont causé leur perte. Bobby en est le seul fautif. Il aurait pu être plus fort. Il aurait pu être moins sensible. Il aurait pu être plus déterminé. Ainsi, il aurait sauvé son couple avec Snow. Ainsi, il aurait été capable d’envoyer balader Logan, de remballer Malicia, de calmer Kitty. Ainsi, il aurait pu aimer Snow sans se poser de question. Sauf qu’il se remet en doute à la moindre occasion. Sauf qu’il n’est pas assez sûr de lui pour assumer ses choix jusqu’au bout. Sauf qu’il est incapable de vivre autrement que par procuration. Si les autres sont heureux, il l’est aussi. Si ils ne le sont pas, il s’interdit le bonheur. “Tu leur donnes ce qu’ils veulent. On savait tous que tu ne resterais pas. On savait tous que tu abandonnerais la partie au premier regard éploré de ta belle. Fais ce que tu veux. Finalement pour toi le pire sera de vivre en te disant que je t’aime toujours et que tu continues ta route avec ceux qui te blessent. T’as fais ton choix.” Dit ainsi, il a l’air masochiste. Il a l’air d’apprécier de s’entourer de personnes qui désirent son malheur plus que son bonheur. Dit ainsi, il ne s’entoure que de personnes néfastes pour lui. Il n’y croit pas une seconde. Il connaît ces personnes depuis des années. Il les côtoie depuis plus de dix ans. Il les aime. Il les apprécie. Il a grandi grâce à eux. Avec eux. Il est devenu celui qu’il voulait être. Il est devenu celui qui s’accroche aux autres pour leur permettre de s’ouvrir, de prendre confiance en soir, de ne plus se voir comme des monstres. Snow peut décrier son entourage, mais elle a profité de ce que cet entourage a fait de lui. Un homme obstiné qui ne s’effraie pas devant le premier regard glacial. Un homme déterminé qui a décidé de la prendre sous son aile, malgré les souvenirs qu’elle faisait jaillir, malgré les sentiments revanchards qu’elle générait. “Pars. Le garçon fait des cauchemars. Le jeune télépathe. Il a besoin de réconfort et je n’irai pas.

Elle le chasse. Littéralement. Elle l’envoie en mission. Elle lui donne congé. La conversation n’est pas terminée, pourtant. La conversation est loin d’être achevée. Il y a encore trop de non-dits, trop de douleur, trop de tristesse. Il y a encore beaucoup à exprimer. Mais la jeune femme qui est recroquevillée sur le lit est fatiguée. Elle a besoin de repos. Elle a besoin de se remettre. Ils reprendront cette conversation plus tard. En espérant qu’il y ait un plus tard. En espérant qu’elle ne se tue pas de fatigue. En espérant qu’elle ne trouve pas un moyen de se suicider. En espérant qu’elle ne fuit pas. “Je vais y aller, mais… tu sais, tu te trompes. Les X-Men sont ma famille. Malicia et Kitty ont peut être mal agi, mais elles font partie de mon quotidien. Je suis le seul à avoir décidé de rompre. Je suis le seul à avoir agi, même si ils ont pu m’y pousser.” Il ne remet pas en cause son jugement. Peut-être que les X-Men ont bien essayé de le pousser hors des bras de Snow. Peut-être qu’ils ont tenté de les faire rompre. Peut-être qu’ils ont essayé de les séparer. Peut-être. Mais finalement, c’est Bobby qui a prononcé les mots. C’est Bobby qui a formulé l’idée. C’est Bobby qui a pris la décision. Il aurait pu se battre. Il aurait pu refuser. Il aurait pu faire tout son possible pour rendre cette histoire viable. Au lieu de cela, il a pensé à Malicia. Il a pensé au mal causé. Et il a fui. “Je ne regrette pas tous ces moments passés avec toi. Le mieux que je puisse faire maintenant, c’est de redevenir le psychologue digne de te conseiller.” Le psychologue auprès duquel elle a souvent cherché de l’aide. Le psychologue qui a toujours été à son écoute. Le psychologue qui a essayé de la conseiller et de la ramener sur le bon chemin. Le psychologue qui ne souffre pas plus que ses patients. Le psychologue qu’elle a connu. Il tourne les talons. Il part rejoindre le jeune mutant. Conscient qu’il va devoir se changer les idées. Conscient qu’il va devoir afficher des pensées positives et rassurantes. Conscient qu’il va devoir se glisser dans la peau du psychologue. Serein. Confiant. Rassurant.
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