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 When the watcher became the watched ω feat. Kayden & Aaron

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Kayden T. Jefferson & Aaron Reagan

" Il est passé où le monsieur...? "

"Allez Aaron, dépêche toi Aaron" qu'on m'a dit. "Va surveiller ce mutant Aaron. Ca te fera un bon entraînement sur le terrain, Aaron" qu'on m'a dit. "Ca te remettra dans le bain" qu'ils m'ont tous dit. Ouais, chouette. Non bon, en vrai je suis plutôt excité ! J'ai l'impression que ça fait une éternité que père ne m'a pas confié une mission. Comme si le fait d'avoir adhéré aux Watchers avaient marqué une pause dans mon métier de Reagan chasseur de mutant à plein temps. Bon il est vrai que quelques années auparavant, j'aurais certainement pu craquer et, innocent ou pas innocent, j'aurais cherché à tuer ce mutant sans même prendre la peine de m'intéresser à lui. Mais c'est fini cette période depuis ! Enfin je crois. Parfois j'ai des relents de nausée qui me remontent encore lorsque je vois un reportage sur les mutants ou que je croise une de ces manifestations pro-mutants dans la rue. Je pense que Jeremiah a été bien plus loin dans mon cerveau que ce que j'aurais cru. Mais j'y travaille hein ! Je m'améliore. Ca fait longtemps que je n'ai plus eu envie de tuer un mutant gratuitement. Bon, une petite semaine... Oui bon, j'ai dit que j'y travaillais...

Bref, c'était une super occasion de me remettre en selle et de travailler sur mon self-control. Une simple petite mission de filature qui plus est. Les doigts dans le nez pas vrai ? Ouais sauf qu'il pleuvait des cordes et que le monsieur en question, ma cible, aimait particulièrement bien se promener. Surtout la nuit et quand il pleut. A croire qu'il savait presque qu'on le suivait et qu'il s'amusait à me tremper jusqu'à l'os avant de me fausser compagnie. Sauf que j'étais plutôt discret. J'ai après tout plusieurs années d'entraînement devant moi et je prends le plus de distance possible avec lui. Il paraîtrait qu'il est affilié à la mafia. Un certain Dayle Strickland. Ca fait pas trop mafieux on est d'accord ? Si je devais deviner, j'aurais cru à un fonctionnaire de police presque modèle et bien trop propre sur lui. Un citoyen américain comme les autres. Pas à un mafieux qui trempe dans le crime russe de New-York... Je me serais plutôt attendu à un Igor. Ou un Andreï à la limite.

Enfin, il paraîtrait que la source est sûre. Un de nos contacts qui a l'habitude de traîner dans les bars. Il s'avère que les mafieux russes sont peut être parfois un peu pochtrons sur les bords et un peu trop bavards pour leur propre bien... Enfin nous on va pas se plaindre, ça nous fait de l'information gratuite. On a même pas besoin d'interroger qui que ce soit. Un vrai coup de chance pour le coup. Mais quelque chose me disait qu'il y avait un truc qui clochait. Une mauvaise impression. C'était trop simple. Déjà qu'avoir l'information aussi facilement était plutôt louche alors voir déambuler cet homme dans les rues de New-York comme cela, quelque chose n'allait pas. Je le sentais dans mes tripes. Alors je ne me sentais pas à l'aise, nerveux à vrai dire. D'autant plus que cette pluie n'arrangeait vraiment rien. Mon sweat-shirt n'étais plus qu'une vague serpillère dont la capuche était repliée sur ma tête. Et mon jean me collait comme une seconde peau. Non vraiment, j'aurais préféré être bien au chaud chez moi devant un bon chocolat chaud à dessiner devant mon pupitre. Mais quand le devoir appelle...

Cela doit bien faire une demi-heure que je le suis à bonne distance sans le quitter des yeux. Pour l'instant, rien ne me laisse penser qu'il est impliqué dans quoique ce soit ou qu'il ait le moindre pouvoir. Mais, ce n'est pas comme si les mutants montraient ça à tout le monde dès la première occasion. Je ne sais pas de quoi il serait capable et ça ne fait que renforcer mon malaise. Si cela tournait mal, je n'avais pas la moindre idée de comment je devais me défendre. Raison de plus pour me tenir à bonne distance. L'homme s'enfonce de plus en plus dans les coins louches de Brooklyn et j'en fronce les sourcils. Voilà qui devient étrange. Je le suis encore, la curiosité prenant le pas sur la prudence. J'ai simplement envie de voir s'il ne m'amènerait pas directement dans le repère de la mafia russe. Au moins j'aurais quelque chose à raconter sur ma petite filature improvisée. L'homme traverse la rue sans presque regarder et je m'apprête à faire la même chose lorsqu'un taxi en décide autrement et m'empêche de traverser, m'éclaboussant copieusement sur le passage en passant sur une flaque d'un égout déjà débordé par le mauvais temps.

- Bordel d'****** de sa ****.

Je jure pour moi-même. Une bonne ondée gelée et bien dégoûtante. C'est justement ce qu'il me fallait à cet instant précis ! Je jure à nouveau pour moi-même et reprend rapidement la filature de ma cible qui s'est bien trop éloignée de moi. J'arrive à rattraper mon retard mais au bout de quelques minutes, son pas s'accélère, plus nerveux. Bizarre. Ca ne m'empêche pas d'accélérer le rythme à mon tour pour ne pas me faire distancer. Mais je ne sais pas ce qu'il lui prend. J'ai un très mauvais pressentiment et pourtant je n'abandonne pas. Non il faut passer à l'étape supérieure. Je vois l'homme disparaître au coin de la rue et je me mets à courir dans cette direction et dépasse l'angle du mur, mon regard se perdant dans une ruelle bizarrement sombre et... Vide. Il n'y a que moi et... Cette pluie qui tombe toujours drue sur un moi trempé. Je fronce les sourcils. Wait... Il est pas censé y avoir quelqu'un là...? Il était là il y a quelques secondes à peine. Je ne l'ai quitté des yeux qu'une seconde et cette ruelle n'a pas 36 issues possibles. J'avance de quelques pas prudemment et ma main se pose automatiquement près du manche de mon couteau personnel. Je sais déjà que je fais une erreur. Je me suis fais avoir. Mais trop tard. Je me tends et je ferme les yeux pendant une seconde, résigné. Bon qu'est-ce qu'il va me tomber sur le coin du nez cette fois-ci...?

- Et m****...


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Nuit, pluie, cordes, déluges, Noé réincarné et si j'avais eu un gros bateau en bois j'y aurais mis tous les animaux sauf les chauffards et les mimes. Surtout pas les mimes. Comment ça je considère les chauffards et les mimes comme des animaux? J'vous emmerde.
A pieds dans les rues du Brooklyn je me dirigeais vers chez moi. Je ne me pressais pas, je marchais à allure normale. Autour de moi les quelques passant, proportionnellement à la population, courraient pour ne pas être mouillés mais honnêtement, regardons l'état des rues et la pluie qui tombaient, j'étais trempé comme si je m'étais baigné dans l'East river tout habillé. C'est pas un aveux. Au moins n'avait-elle pas l'odeur ni le goût de celle qui s'échappait des bouches d'égouts de la rue dans laquelle j'avançais.

Les mains fourrées au fond des poches de mon trench pendant lamentablement, je sautais par dessus un écoulement de gouttière et continuait ma marche. Ça faisait quoi maintenant? Cinq ans depuis la Sokovie? Quatre? J'en sais trop rien, toujours est-il que depuis j'avais pris quelques habitudes, j'avais développé certains instincts. J'avais appris à me méfier des seringues, à garder à l’œil les grands mecs aux cheveux blancs qui te volent ton ptit déj' entre deux clignements mais surtout ma fuite hors du pays m'avait appris à regarder par dessus mon épaule. Je n'avais fais que ça, pendant des mois, surveiller, être prudent, ne laisser aucune traces. Soupçonner chaque type louche jusqu'à soupçonner tout le monde. J'avais appris sur le tas, on ne m'avait pas conseillé, on ne m'avait pas montré. C'est la paranoïa qui avait eu le rôle de professeur et parfois ses leçons me revenaient en tête comme un coup queue ferait hurler une pucelle. D'un coup. Je sentais la présence, le regard. C'était comme une intuition, un vague sentiment.

Je profitais de la présence d'un lampadaire pour dériver de ma trajectoire à cause d'une flaque et esquiver le lampadaire en pivotant, me permettant de jeter un regard en arrière. Une intuition c'est pas une preuve aussi je continuais de me dire que je me faisais des idées. Après tout ça pouvait n'être qu'un gars comme un autre qui rentre chez lui comme moi je le faisais. La ville était immense, la population nombreuse et j'étais pas seul sur ce trottoir. Cela étant dit je faisais aussi confiance à mon instinct. Un coup d’œil à la rue et je traversais, faisant deux enjambés plus longues pour passer avant qu'un taxi n'arrive à mon niveau. J'avais le temps d'arriver jusqu'au trottoir d'en face et me retourner rapidement pour voir le jeune homme être retenu par ce même taxi. Je reprenais ma marche comme si de rien n'était.

Mon instinct me faisait-il défaut ou mon ressenti et les évidences ne trompaient pas? J'allais devoir m'en assurer définitivement. J'accélérais le pas pendant quelques minutes, m'éloignant de ma trajectoire initiale pour ne pas le mener trop prêt de mon immeuble et finissait par bifurquer sec dans une ruelle. A peine étais-je hors de vue que je donnais à mes chaussures une force opposée à la gravité et me propulsais d'un coup rapide à hauteur du troisième étage des immeubles formant la ruelle. Dans la nuit, dans la pénombre et la pluie j'étais devenu invisible, flottant doucement au dessus de l'impasse. Je me retournais pour le voir arriver peut être une seconde après que je sois entré là et l'observais s'avancer prudemment. C'était certain désormais, il me suivait.

Qui était-il? Que me voulait-il? Pourquoi posait-il sa main sur son arme? Se sentait-il en danger ou devais-je me sentir menacé? Un homme dans la pluie tel Neo en plein combat contre l'Agent, je le fixais. - Qu'est-ce que tu me veux? - Une lueur artificielle illuminait son visage un instant et je constatais à quel point il était jeune. Je me laissais tomber dans le vide, grande classe, et ralentissais ma chute juste avant l'impact pour sauver mes jambes tout en gardant l'impression d'avoir chuté et de m'être quand même bien réceptionné. Le visuel ça compte et je préférais impressionner ce jeune dont je ne savais rien plutôt que de devoir le faire d'une autre manière. Je lui bouchais le passage et s'il me suivait jusque-là maintenant c'était moi qui dominait le terrain. Je faisais de pas en avant pour que mon visage soit éclairé par le néon extérieur et complétais ma question. - Je n'aime pas beaucoup être suivi alors j'espère que tu as une bonne excuse.
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" Et l'oscar revient à... "

Le silence assourdissant de la pluie tombant drue tout autour de moi et le bruit qui me parvient de la rue sans que j'y fasse vraiment attention. Toute l'activité se passait ici. Je savais que quelque chose n'allait pas. Ce cul-de-sac n'était pas du tout censé être vide à cet instant précis. Malheureusement, à part s'il s'est envolé ou évaporé, je n'ai pas la moindre idée de comment il a pu m'échapper et ça m'énerve plutôt pas mal. C'était bien ma veine ça. Une simple filature qui tourne mal. Je savais bien que je n'avais pas toutes les informations qu'on rêvait d'avoir sur ma cible m'enfin, j'avais quand même des doutes concernant la fiabilité de l'informateur. Et si jamais la cible était beaucoup plus forte qu'on le pensait et que je ne faisais pas le poids...? Je rejette presque immédiatement cette idée. J'avais reçu une formation complète de combat au corps à corps et au maniement des armes depuis que je suis en état de marché. Reagan style. A moins d'avoir reçu une formation militaire, ma cible n'est pas censée me résister aussi facilement que cela. Sauf que voilà, mafia russe, on s'attaque tout de même à un sacré gros poisson. Du genre qui peut allègrement vous bouffer une jambe si on y fait pas gaffe.

Et rappelle toi Aaron, c'est un mutant. Le diable sait ce dont il est capable de faire. Je regarde partout devant moi. Ma première idée: l'invisibilité. Normalement grâce à la pluie, cela devrait être plutôt facile à repérer. Mais rien. Pas de traces dans les flaques d'eau ou sur le sol, pas de gouttelettes tombant anormalement. Et puis de nuit, dans une ruelle sombre, essayez donc et vous pouvez-dire au-revoir à vos yeux... Je me redresse un peu. Si ça se trouve, il s'est planqué derrière cette benne à ordure tout simplement. Je m'avance de quelques pas en cette direction puis je me fige. Non. Un mutant, il doit s'être fourré ailleurs. Donc à part s'il s'est téléporté, auquel cas je dois bien avoué que je suis marron sur ce coup-là... Peut être est-ce qu'il v...? Mais je me fige déjà. Une voix résonne bien distinctement au-dessus de moi et derrière moi. J'ai à peine le temps de faire volte-face que je vois le monsieur atterrir de nulle part. Non sérieux. En mode super-héros des années 90. On lui dit ou pas que c'est dépassé...? N'empêche que j'aimerais bien savoir où il était lui... A tous les coups j'ai hérité d'un mutant volant.

Je fronce les sourcils et je regarde, pas aussi surpris que je devais sûrement l'être, l'endroit d'où il était supposé venir. Bon oui, c'est définitivement un volant. Et moi qui n'ai que mon couteau sur moi, ça va être pratique ça tiens. Mais j'ai pas vraiment le temps de me lancer une grande discussion. Le grand bonhomme, oui parce qu'il me dépasse de quelques centimètre quand même, me demande ce que je lui veux. Haha, bonne question ça... Euh... Réfléchis Aaron, réfléchis. Calmement comme on t'a appris. Les plus grosses excuses sont parfois les plus crédibles. Shit, aucune idée. Je vais être grillé. Shit...? Mais oui du shit ! Le voilà mon argument. Bon un pseudo-argument quoi. Mais je n'ai rien trouvé d'autre. Va falloir que je me mette dans le rôle du personnage moi maintenant. Mes yeux bleus se posent sur lui, innocent, presque effrayés. Je montre alors mes paumes devant moi en signe de semi-reddition, comme le feraient les gens normaux lorsqu'ils sont quelques peu agresser dans la rue et ne cherchent pas les problèmes. Enfin je crois.

- Hey ! Du calme mec, de quoi tu parles...? Moi je suis juste venu ici fumer tranquille, tu vois ? Je cherche pas les problèmes...

Bon je suis assez crédible là, vous croyez...? Je fais bien le mec drogué alors que je n'ai pas touché un joint de toute ma vie...? Et bien on verra bien je suppose... Je vois son regard qui glisse vers la main près de mon arme. Heureusement que mon couteau est planqué sous mes vêtements. J'exagère mes gestes et suis avec ma tête ce qu'il regarde. Doucement, une paume de main toujours en avant, je glisse ma main gauche dans la poche qu'il regardait. C'était comme désamorcer une bombe sauf que la bombe était en fait un mutant très en colère qui visiblement n'avait pas aimé être collé au train. Franchement, j'ai dû mal à comprendre pourquoi... Doucement, je ressors ma main de ma poche et j'en ressors un briquet que j'ai toujours sur moi depuis que... Enfin depuis que voilà. Je n'ai pas encore trouvé le courage de refaire le test. Comme si le faire me confirmerai que je suis bel et bien et mutant alors que je m'accroche encore de toutes mes forces à être un simple homo sapiens banal... Je lui fais un sourire peu rassuré histoire de détendre l'atmosphère. Quel bon acteur je fais...! Enfin j'espère...

- T'en veux un peu...? Je pense que t'en aurais bien besoin gros... T'as l'air tendu...

Bon j'aurais peut-être pu m'abstenir de faire le malin pour le coup... Et ce vocabulaire... Je ne me reconnaissais vraiment pas. Mais bon c'était le but après tout non...? Être crédible dans mon rôle d'ado attardé qui voulait se défoncer tranquillement dans un coin. Ca marche non...? Juste la pluie qui n'est pas trop raccord. Foutue pluie à la con. Ca va tout gâcher à tous les coups... Surtout que s'il me répond oui, je suis quand même bien dans la mouise. Non parce que, il faut préciser que je n'ai pas la moindre herbe sur moi. Nada. Que pouic. Pas la moindre cigarette qui ferait illusion pendant une seconde. Oui bah à la guerre comme à la guerre. Soit ça passe pacifiquement, soit ça passera bien par la manière forte... Mais comme il me bloque la ruelle, c'est un peu plus délicat d'y aller comme un taureau. Surtout qu'il ne semble pas vraiment du genre à se laisser faire...


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Je fixais son visage, je lisais son regard. En quelques secondes il perdait son air froid pour afficher une mine inquiète et apeurée, tendant les mains en avant pour me les montrer vide. Fumer. Voilà une idée qu'elle était bonne. Je l'aurais cru s'il ne pleuvait pas averse. En fait non, je l'aurais pas cru parce que je le voyais sur son visage. Pourtant je ne disais rien, je le laissais poursuivre. Je l'avais vu me suivre, c'était un fait, je voulais voir jusqu'où il allait aller pour me vendre ses conneries. Je pouvais sentir le métal sur lui. C'était nouveau, dérangeant parfois vu la quantité de métal qui jonche la planète, mais c'était un fait. Je le sentais, je le savais présent. Je posais mon regard sur sa main, là où je le sentais, et il me voyait faire. Je l'observais sortir doucement de poche un briquet, un zippo, et ça me tirais un léger sourire. - « T'en veux un peu...? Je pense que t'en aurais bien besoin gros... T'as l'air tendu... » - Pourquoi je souriais? Parce que je ne sentais pas que ça.

Tu m'as pris pour un débutant, gamin? - Je levais ma main vers lui et son couteau traversait ses vêtements trempés pour aller se planter violemment dans le mur au fond du cul de sac. Simple répulsion, je savais au moins faire ça. La première fois ça avait été avec cette voiture, sans vraiment le contrôler, mais depuis j'avais compris comment ça marchait. Enfin presque. A peine le couteau avait-il pénétré les briques que j'éliminais la pesanteur chez le gosse qui se mettait doucement à flotter, avant d’accroître l'attraction du mur d'un coup sec. Visuellement? Le jeune homme venait de se faire violemment projeter contre le mur et y était collé, à cinquante centimètres du sol, sans moyen de s'en décoller malgré tout ses efforts. Il devait sentir que c'était le mur qui l'attirait et non une quelconque force qui le plaquerait dessus, et ça devait faire bizarre.

Je traversais la distance, augmentant la pression contre ce mur jusqu'à ce que ça devienne douloureux. - Je t'ai vu me suivre, je t'ai vu me chercher. Tu pensais pouvoir me mentir? Sérieusement? - J'augmentais encore, augmentant la douleur. Je ne voulais pas le blesser ni le tuer et en réalité c'était plus inconfortable que véritablement douloureux mais inconfortable était suffisant vu le contexte. Et puis bon, il devait avoir un peu de mal à respirer aussi, mais c'était loin de l'asphyxie. - C'est comme ça maintenant? On envoi des gens faire des filatures sans informations? - S'il avait eu des informations il aurait su qu'il ne fallait pas se faire prendre. - Je veux savoir qui tu es et ce que tu me veux. Et je veux le savoir immédiatement! - Je réduisais un peu la pression pour lui laisser reprendre son souffle. C'était qu'un gamin. A son âge j'étais encore à l'école. Il me suivait, c'était certain, mais je pouvais au moins lui offrir le bénéfice du doute: il pouvait ne pas le faire de son propre chef.
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Mon regard croise le sien, sombre et implacable. Et c'est ainsi que j'arrive à comprendre qu'il n'en croit pas une miette de tout ce que je viens de raconter. Bah, ça valait bien le coup d'essayer non...? Foutu pour foutu. Pour la première fois, j'arrive à voir son visage avec plus de détails à travers la lumière indirecte provenant de la rue derrière lui et qui projette des ombres menaçantes sur ses traits. Pour un peu, je serais flippé. Sauf que non, on m'a entraîné à n'avoir peur de rien. Et si des mygales arrivaient à se taper un 100 mètres sur mon torse sans que je tressaille, c'est que je n'ai vraiment plus peur de rien... Alors j'applique ce qu'on m'a appris, je mémorise son visage. Ca tombe bien que ma mémoire visuelle est plus développée que le reste. Je saurais à coup sûr le décrire trait par trait, voire le dessiner avec fidélité. Au moins cette filature n'avait pas été complètement ratée. Seul hic dans l'histoire, c'était que mon mensonge était tombé à plat. Et sous mes yeux à peine surpris, mon couteau bouge tout seul et vient se planter sans ménagement dans le mur à côté. Tiens, c'est nouveau ça les couteaux qui volent...

Pour l'instant, je n'ai pas de quoi avoir peur. Des télékinésistes, ce n'est pas ce qui manque parmi les mutants. Mais je n'ai juste pas encore réalisé que je m'étais trompé de diagnostics. En plus d'avoir perdu ma seule arme disponible. Par contre, le monsieur se met à m'appeler gamin et ça j'aime pas du tout. Je suis pas un gamin. Ca fait belle lurette que je suis passé à l'âge adulte ! Un peu de respect tout de même ! Je lui fais un regard noir, histoire de dire insidieusement "Va ch*** papy" et ma mâchoire se serre. J'ai ma fierté l'air de rien. Alors par simple défi, je le fixe droit dans les yeux et, même en sachant que ça sent le roussi pour moi sur l'instant, je rétorque:

- On sait jamais avec les vieux, sur un mal entendu on peut croire qu'ils sont aveugles et séniles.

Mais aussitôt, mon regard noir s'envole, avec moi pour le coup. Je perds aussitôt le sol. Mais pas seulement. C'était comme si je n'avais plus aucun poids. Aussi léger que de l'air. Cette sensation était très bizarre. Bon, pour le coup, je n'ai pas pu éviter l'étonnement. On passait de télékinésiste à quelque chose d'autre. De beaucoup plus différent et de beaucoup plus dangereux aussi. J'étouffe un nouveau juron puis je bats légèrement des bras et des jambes comme si ça allait changer quelque chose à ma situation. Il me tient bien là et il ne semble pas disposer à me lâcher de si tôt. D'ailleurs après quelques brasses dans le vide, je finis plaqué violemment contre un mur dans un petit grognement de douleur. Un vrai magnet accroché à un frigo. Croyez-moi, la situation n'est pas agréable. Les idées s'emballent dans ma tête et pour le coup une franche surprise se dessine sur mon visage lorsque mon regard se pose à nouveau sur lui. Pas question de flancher pourtant. Il peut toujours rêver pour que je lui dise le moindre truc. On se dénonce pas aussi facilement entre Reagan.

- Rah mais t'es quoi comme bestiole à la fin...? Bats toi si t'es un homme !

Je me débats vainement mais c'est comme si une mouche se débattait sur du scotch. Ca ne marche pas. Mon dos est irrémédiablement attiré par ce mur et ce n'est pas fait pour me rassurer. Pire encore, ça a le don de m'énerver car c'est presque de la paralysie, et être paralysé je déteste ça. L'expérience la plus traumatisante que j'ai eu avec un mutant. Je préfèrerai encore mourir que de devenir un légume. Mes yeux bleus le foudroient de toute leur puissance mais il n'en reste pas moins que je suis complètement sur le carreau. L'homme ne veut pas en rester là. Il tient particulièrement à me faire cracher l'info, à me torturer même si ça lui permet de l'avoir. La pression s'augmente au fur et à mesure de ses questions. Je tremble un peu, incontrolablement, sous la force exercée sur chaque parcelle de mon corps. C'était comme si j'étais couché par terre et que j'étais si obèse que je ne pouvais pas me redresser.

- Tu peux toujours crever pour que je te le dise !

Je résiste encore un peu, la douleur est supportable. Sauf qu'elle n'arrête pas d'augmenter, cette force, comme si un camion s'installait durablement sur moi pour m'écraser doucement contre ce mur en mode crêpe. Bordel mais c'est quoi son pouvoir à lui ? On aurait dû m'informer un peu mieux que ça tout de même... Ca en devenait critique. Mais qu'est ce que je foutais là...? La pression s'intensifie et je me mets à grogner de douleur ce qui veut dire que je commence sérieusement à être titillé. Non en fait, je souffre bien comme il faut quand même, il faut bien l'avouer. Mais la pression se relâche un peu et je peux respirer un peu mieux. Ah bonheur. Ayant compris la raison: que je sois capable de parler, je prends un air sincère en le regardant puis je lui réponds:

- Bon, d'accord ! D'accord ! C'est un mec qui m'a donné 100 dollars pour que je te suive jusqu'à chez toi pour savoir où tu habites, c'est tout ! J'en sais pas plus ! Libère moi tu me fais flipper mec !

"Mec" haha. L'as du mensonge ! Quoi ? Qui a dit que j'allais vraiment ne pas mentir sérieusement...? C'est mal me connaître. Encore je suis quelqu'un qui déteste mentir dans la vie de tous les jours, autant lorsqu'il s'agit du boulot, je suis incapable de dire la vérité. Et puis à quoi ça lui servirait de savoir qu'il a une organisation secrète de tueurs de mutants aux fesses hein...? Pas à grand chose n'est-ce pas...? Et puis bizarrement, j'ai l'impression que ce n'est pas le genre de gars à qui la vie est paisible et sans heurts. Plutôt le genre d'homme qui a une horde de militaires derrière lui et prêts à lui faire la peau. Mais bon, juste une intuition. C'est peut-être dû à sa façon particulière d'aborder des inconnus dans la rue...?


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« On sait jamais avec les vieux, sur un mal entendu on peut croire qu'ils sont aveugles et séniles. » - Jsuis pas... Si vieux. - Avais-je dis à mi-voix plus agacé qu'autre chose. Ce gamin était... Un gamin. J'étais persuadé qu'il avait l'âge d'être au lycée. En comparaison j'étais plus vieux oui, mais j'avais que 25 ans, merde! La réflexion de la bestiole me dérangea un instant. Pourquoi ce mot? Pourquoi cette pensée? S'attendait-il à autre chose? Avait-il prévu autre chose? Je poursuivais la pression jusqu'à ce qu'il crache quelque chose et ce qu'il crachait c'était une raison plutôt banale. Son visage bien éclairé par le néon j'avais pu voir ses traits et j'avais pu voir son regard vers la gauche. Un quart de seconde, c'était suffisant. Il mentait. Il était bon pourtant, mais il mentait. Je ne savais pas pourquoi il m'avait suivi mais je savais désormais une chose: la douleur ne semblait pas être suffisante.

J'en avais assez subi pour savoir que tout homme a son point de rupture et je suppose que j'aurais pu l'atteindre chez lui en poussant un peu plus. Soit à l'aide de mon pouvoir, soit à l'aide de ce couteau toujours planté dans le mur. Coup de bol pour lui, c'était pas mon genre. Je connaissais l'efficacité de ces méthodes, mais je savais aussi ne pas souhaiter les employer, encore moins sur un gosse. Non, j'allais devoir passer par une autre méthode pour avoir mes réponses. J'avais vu son étonnement quand je l'avais soulevé, quand je l'avais plaqué au mur. J'avais vu la surprise dans son regard. J'avais lu l'humiliation. Il se savait coincé mais il ne lâchait pas l'affaire alors je le laissais descendre. Je relâchais mon action jusqu'à la dissiper totalement et doucement il retrouvait le plancher des vaches sous ses pieds. - Qui t'as envoyé? T'avais pas l'air de savoir qui tu suivais. - J'étais presque sympa. J'avais pas envie pourtant. Il m'avait suivi, il portait un couteau. Je pouvais imaginer beaucoup de choses à ce moment et je connaissais assez ce monde pour savoir que les assassins n'ont pas d'âge.

Je croisais les bras, l'air quelque peu hautain volontairement. C'était pas un air que je portais souvent tout simplement parce que ce n'est pas qui je suis mais je voulais provoquer un effet bien précis. La frustration, l'humiliation. Si la douleur physique ne suffisait pas, je voulais qu'il ressente autre chose. - Ou alors on te l'a pas dit parce que t'es pas assez important dans la hiérarchie? - Oui, le mot hiérarchie. Pourquoi? Parce que je n'avais aucun ennemie qui n'appartenait pas à un groupe ou à une organisation. La mafia, Hydra, les gangs et autres organisations criminelles... Rares étaient mes contacts solitaires et je n'avais jamais eu de soucis avec eux. A l'évidence on l'avait mal informé. Je ne laissais pas de carte de visite avec mon pouvoir écrit dessus mais on l'aurait probablement averti de ça si on avait fait le choix d'envoyer quelqu'un à mes trousses. - Alors, gamin? Qui t'as envoyé à l'abattoir?
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" Je suis liiiibre ! "

Et bim, touché, échec et maths, wouhou ! Bon il n'avait pas apprécié que je le traite de vieux. Tant mieux. Il n'avait qu'à pas me traiter de gamin. Mais bon, je n'étais pas plus avancé que ça, vu que j'étais toujours cloué au mur telle une bonne vieille tapisserie du manoir familial. Si jamais on m'avait dit ça un jour, je ne l'aurais jamais cru. En même temps... Quelle honte ! Je m'étais fait avoir comme un bleu et je m'étais fait désarmer en l'espace d'une toute petite minute. Si un jour je reviens de cette affaire, il vaudrait mieux que j'évite de parler de ce passage... Bref, je suis content de moi, ma petite vengeance à porter. Je fais un sourire en coin. C'est à peu près la seule maigre victoire que je peux tirer de tout ça... Il faut bien en trouver dans ce qu'on peut. Même si techniquement, il est très loin d'être vieux. Il ne doit pas être bien plus vieux que moi en fait. Mais bon j'ai ma fierté, je suis plus jeune alors par définition ce sera le papy jusqu'à ce qu'il me libère de ce... Truc là.

En tout cas, j'étais fermement décidé à ne rien lui dire. La situation était déjà assez humiliante comme ça pour moi pour en plus que je lui raconte tout en détail sur ma mission. J'étais peut être impressionnable, mais pas stupide. Mais bizarrement, je ressentis petit à petit le poids du monde sur mon corps. Ah mon Dieu quelle douce sensation ! Se sentir lourd à nouveau et toucher à nouveau le sol. Fini ce poids qui m'écrasait la poitrine, fini ce flottement bizarre dans le vide. Le sol, ce bon vieux sol. Mais étrangement, ça me surprit quelque peu d'être libéré si facilement. Pourquoi le faisait-il maintenant ? On avait à peine commencer la séance de torture. Alors soit c'était une technique vraiment particulière, soit il était particulièrement mauvais dans ce domaine. Probablement l'option 2. Alors je me laissais retomber tranquillement le long du mur, le fixant toujours du regard mais avec les sourcils froncés cette fois-ci. J'étais presque déçu que ça s'arrête en fait. Comme si je voulais qu'il me donne une bonne raison de le frapper...

Il me demande qui m'a envoyé mais je reste muet comme une carpe. Pourquoi je lui répondrais après tout ? Il ne semble plus vouloir le moindre mal alors quel avantage aurais-je à lui raconter le moindre truc. Non je me contente de m'étirer un peu les muscles qui me sont devenus quelques peu douloureux depuis que j'ai été pressé comme un citron sur un mur. Je me contente de le regarder fixement dans les yeux en souriant en coin des lèvres. Pire, je me contente de lui répondre par une question.

- Pourquoi tu m'as relâché ? J'étais bien moi, perché sur mon mur...

Il prend un air supérieur, croise les bras pour paraître peut être plus menaçant. A ce qu'il croit. Certes il a l'air très musclé et tout mais je sais très bien depuis le temps que la force ne fait pas tout. Cependant, je l'avais déjà sous-estimé une fois, mieux aurait valu que je ne le sous-estime pas plus. Mais bizarrement, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que ceux qui tentaient de devenir plus menaçants en croisant les bras n'en devenaient que plus drôles. Bref, à moi ça me faisait l'effet inverse. Alors autant dire que je ne pris pas sa phrase suivante très au sérieux. D'autant plus qu'il avait faux sur toute la ligne s'il pensait que la hiérarchie était chez moi un point sensible sur lequel appuyer. Bien entendu que je ne suis pas important dans la hiérarchie. Je n'ai que 18 ans. Et l'avantage d'avoir ses parents à la tête de l'organisation, c'était qu'on avait tendance à leur faire extrêmement confiance. D'autant plus que notre organisation n'était pas non plus très large. A moins qu'il ne parle des Watchers, mais là c'était différent. Mais dans cette organisation-là, je n'avais pas vraiment envie de grimper les échelons.

- Haha, si tu me poses cette question, c'est que tu n'as aucune idée d'où je viens donc... C'est plutôt rassurant en fait.

Cependant, il n'arrête pas pour autant son charabia et il continue à savoir absolument qui m'envoie. ET IL ME TRAITE ENCORE DE GAMIN. Mes mâchoires se serrent, je grogne rapidement tout en lui rétorquant: "Je ne suis pas un gamin, papy." Oui traitez moi de suiveur, de péon sans importance et ça me fera rire. En revanche, traitez moi de gamin et je risque de m'énerver assez vite. Nerveux, je tourne mon briquet dans ma main comme si ce simple geste me permettait de calmer mon énervement. En réalité, l'énervement faisait place peu à peu au dégoût. Penser à ce briquet me dégoutait profondément de moi-même. Mais je suppose que ça marche pareil non...? Finalement je me détends un peu et lui demande:

- Bon le phénomène de foire, on a qu'à jouer à un jeu, tu réponds à mes questions et je réponds aux tiennes. Puisque tu as l'air d'être du genre curieux. As-tu déjà tué quelqu'un...?

A moi de croiser les bras à présent. Oui je crois que j'ai fait ça juste pour le provoquer une énième fois. Je ne sais pas pourquoi mais son ultra-confiance en lui m'incitait à le faire. Même si je n'étais pas bien sûr de la conséquence de son éventuel énervement. Mais bon, on n'a pas découvert la pénicilline en réfléchissant hein !


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C'était pas passé loin. Je l'avais surpris en le laissant redescendre et je l'avais énervé en refaisant appel à son jeune âge. Pourtant ça n'avait pas été suffisant et il retrouvait son calme. Cela dit je l'avais vu faire tourner son briquet dans sa main. Je ne savais pas quoi faire de cette information, pas encore encore, mais je l'avais vu. Effectivement je ne savais qui l'envoyait ni pour qui il travaillait, c'était bien pour ça que je posais ces questions. Était-il lent à la détente ou bien? Il croisait les bras et me proposait un petit jeu de question-réponse auquel je n'avais pas vraiment envie de jouer. Sérieusement, il pensait que j'allais répondre à "cette" question comme ça? Juste pour ses beaux yeux? Fourrant mes mains dans mes poches, je le fixais du regard. - Je t'ai laissé redescendre parce que tu t'es ni un obstacle, ni un danger, et que je n'ai pas envie de te torturer. - Faiblesse de ma part? J'en connaissais dans la mafia qui n'aurait pas sourciller une seconde avant d'aller lacérer ce gosse pour obtenir des informations. Je n'étais pas de ce genre-là. Dans ma tête je me disais qu'il n'était pas vraiment là de son plein gré. D'un certaine manière pour moi il n'avait pas le choix. Je connaissais le concept d'obligation pour le vivre au jour le jour, peut être voyais-je seulement le bon côté d'une pièce qui n'en avait pas.

Non, on va plutôt jouer à ça: tu retournes chez tes parents et je m'en vais. Il pleut des cordes, je suis trempé, et j'ai aucune raison de répondre à tes questions. - Si, obtenir des réponses en échange. Pour autant sa première question me dérangeait et autant je voulais comprendre, autant je préférais passer mon tour. Je n'avais aucune envie de révéler quoi que ce soit alors que techniquement je n'étais responsable de rien dans cette histoire. J'étais curieux oui, pas imprudent, aussi je l'avisais avant de me retourner. - Rentre chez toi, tu vas choper la mort... - Je ne me serais jamais cru si prévenant. Ou peut être était-ce parce que plus jeune je n'avais eu personne pour m'aider? Enfin vraiment m'aider? Quoi qu'à son âge je n'étais pas encore passé de l'autre côté du miroir mais je perdais vite la notion du temps quand je repensais à mon passé. Enfin peu importe, je voulais rentrer chez moi, me débarrasser de ces vêtements trempés et prendre une bonne douche chaude. Et s'il me suivait j'allais devoir rallonger mon trajet pour le perdre. C'était vraiment pas le bon soir pour faire ça, il aurait au moins pu vérifier la météo avant.
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" Cours forrest, cours ! "

On se regarde en chiens de faïence, des regards de défis plein les yeux sous cette pluie drue qui n'en finis pas. Mais bon au point où on en est après tout. Un peu plus ou un peu moins trempé, quelle différence ? Enfin c'était surtout moi qui le défiait. J'espérais qu'il adhère à mon petit jeu pour que je puisse éventuellement en apprendre plus sur lui mais lui semblait vouloir abandonner. Ce qui n'était pas pour me déplaire non plus. Après tout, s'il ne voulait pas en savoir plus sur les gens qui le suivaient, c'était son problème, je n'allais pas me mettre moi-même le couteau sous la gorge. A vrai dire, à part un petit moment délicat, je ne repartais pas les mains vides mais avec un paquet d'informations. Son visage, taille, corpulence, son caractère grossier, un petit éventail de ses capacités de mutants, mes impressions, tout était bien gravé dans mon esprit. Assez pour mettre une alerte sur ce mutant, qu'il soit surveillé de plus près mais bien plus discrètement. Alors plutôt faire profil bas non ?

Il semblait avoir une idée plutôt fausse de moi si j'en croyais ses paroles et ça m'arrangeait bien. Je pourrais facilement devenir un danger pour lui si je décidais de m'énerver un peu trop. Malheureusement je ne maîtriserais rien et puis je n'avais absolument aucune envie de déclencher ça à nouveau. Que cela reste plutôt enterrer au fond de moi à jamais ! Non, je pense que la principale raison qui le poussait à me laisser partir c'était qu'il n'avait pas envie de torturer qui que ce soit. Un "gamin" encore moins si j'en croyais ses paroles. Même si je n'en suis pas un, je ne sais pas pourquoi il a précisé ça. Alors je me contentais de hausser des épaules. C'était tout à son honneur mais c'était son problème. Dans une situation inversée, je n'aurais pas été si clément, loin de là. Il les aurait crachées ses infos. Non, à la place, il m'incitait à partir de chez moi et à le laisser tranquille. Chose que j'étais prêt à lui accorder... Enfin... Non tiens... Pas tout à fait !

- Bon d'accord, tu as gagné... Je rentre chez ma maman. Mais tiens, j'aimerais juste savoir une dernière chose, est-ce que tu...

Mais je ne finissais pas ma phrase. A vrai dire, j'en avais pas vraiment eu l'intention. Non, il avait juste fallu que je m'approche un peu de lui en faisant semblant de lui poser une question. Il avait trop confiance en ses capacités pour s'attendre à un coup en traître. Et les coups en traître, moi j'aimais bien ça. Enfin il aurait dû s'y attendre lorsque j'ai prononcer le mot "maman". Je lui avais donné un indice quand même. Mais non à la place mon bras droit saisit son épaule droite tandis que ma main gauche se glissa astucieusement dans une de ses poches par-dessus son épaule gauche. Puis d'un coup d'épaule astucieux, il pivota soudainement pour se retrouver la tête la première dans un mur tandis que dans mon autre main jaillit son portefeuille qui venait tout droit de sa poche. Bingo ! Enfin pas le temps de m'appesantir, je n'ai pas envie de me retrouver vraiment dans les airs, là tout de suite. J'ai comme qui dirait le mal de l'air. Alors je fonce, droit devant moi. Une porte qui donnait sûrement sur l'arrière boutique d'un quelconque magasin. Pas le temps de m'appesantir. Je l'ouvre à la volée, elle n'est pas verrouillée, c'est déjà ça !

J'entre en trombe dans un magasin de fringues pour femmes où toutes les demoiselles tournent instantanément un regard surpris vers moi. Parfait, voilà un endroit où il ne pourra pas utiliser son pouvoir. Mais pas le temps de bavasser, je me dirige en trombe vers la sortie et j'entends la porte de derrière s'ouvrir à la volée. Pas besoin de me retourner pour savoir que le monsieur Strickland ne doit pas être content de la façon dont s'est terminée notre discussion et qu'il compte bien récupérer ce qui est à lui... Je traverse le magasin en sprint et déboule dans la rue, manquant de renverser un promeneur de chiens sur ma lancée. D'un geste rapide, je prends vite connaissance de mon environnement et arrive à calculer mes échappatoires en une seconde. Je m'élance alors à toute vitesse pour traverser la rue. J'ai tout le temps pour traverser avant que... Hein ?

- C'est quoi ça...?

Je ressens un truc bizarre qui s'allume en moi et vibre doucement comme un bon moteur. Une sensation agréable comme si nous étions en osmose, elle et moi. Mon regard dévie malgré moi et je me fige, fixant mon regard sur... Un briquet qu'un fumeur vient d'allumer, cantonné sous son parapluie à son grand désespoir pour éviter une ondée. Je plisse le regard pour mieux regarder cette flamme qui se met aussitôt à frémir et mon coeur se serre aussitôt. J'ai un haut le coeur et un début de nausée qui me prend. Puis c'est le klaxon et des phares qui s'allument et s'éteignent rapidement me faisant plisser les yeux. Un vague crissement de pneus. Ma tête se tourne dans cette direction et mon regard s'écarquille. Et merde. Trop tard, là.


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Je faisais quelques pas en avant mais c'est lorsque j'entendais le mot "maman" que je fronçais les sourcils. Soyons clairs: si froncer les sourcils était une arme, Peter Capaldi serait l'homme le plus puissant de la planète et moi je ne me serais pas manger un mur. Pas le temps de réagir, ce petit salopard m'avais pris par surprise et par une astucieuse clé de bras, d'épaule, et je sais pas trop quoi, il avait réussi à me voler mon porte-feuille tout en me faisant rencontrer le mur avant de se faire la malle. Je ne prenais jamais mon porte-feuille avec moi, jamais. Aujourd'hui j'en avais eu besoin, comme par hasard. Foutue destin. Je me retrouvais rapidement par terre à remettre mes esprits dans les bonnes boites et à peine levais-je les yeux vers le gamin que je voyais son petit cul musclé se carapater par la porte sous le néon. Ni une ni deux je sautais sur mes pieds et filer à sa poursuite. Il en savait plus que ce qu'il savait avant notre petite conversation, je ne voulais pas qu'il reparte avec ça en prime.

La porte se refermait le temps que j'arrive à son niveau mais je l'ouvrais à la volée pour entrer. Il n'était pas si tard malgré l'obscurité de l'orage et de la nuit et cette porte donnait sur un magasin de prêt-à-porter féminin. Je posais mon regard sur sa nuque mais je voyais aussi toute ces femmes en plein shopping. J'aurais pu le ramener à moi sans le moindre effort mais pas avec tout ces yeux sur moi. Je ne voulais pas attirer plus l'attention aussi j'utilisais mes jambes et traversais la boutique. Il conservait son avance et même s'il était plus petit que moi, il courrait tout de même assez vite pour me garder à distance. Je passais la porte d'entrée, la vrai, et déboulais sur le trottoir humide et la rue que nous avions quitté un peu plus tôt.

Je le repérais assez facilement, entrain de traverser la route et soufflais d'agacement. J'allais traverser à mon tour lorsque je le vis s'arrêter. Il tournait la tête vers le trottoir, vers un groupe de passants. Planté au milieu de la voie il ne bougeait plus, comme ignorant du danger. Ma bouche s'entrouvrais alors que je ne comprenais pas vraiment à quoi il jouait. Il pouvait fuir, j'avais été occupé, je lui avais laissé malgré moi une avance considérable et les voitures qui roulaient étaient parfaites pour lui donner l'opportunité de disparaître. Pourquoi s’arrêtait-il? Surtout pourquoi au milieu de la route. - Hey! - Je ne savais pas ce qu'il regardait, je ne savais pas ce qu'il voyait, mais depuis mon trottoir je pouvais voir les voitures bouger et j'avais déjà repéré le type qui roulait droit vers lui. - Sors de là! - Il avait beau freiner, avec la route recouverte d'eau, il n'allait faire que glisser vers lui, la voiture allait devenir incontrôlable, il ne pourrait ni dévier ni s'arrêter et la seule issue possible serait le gamin, mort ou en mauvais état, sur la chaussée. C'était déjà entrain d'arriver.

La voiture n'était qu'à quelques mètres, ça ne prendrait qu'une seconde. Je créais une zone de répulsion sous le gamin et le faisais sauter au dessus de la voiture. Littéralement, c'était comme s'il avait sauté sur un super trampoline, sauf qu'il n'avait pas sauté. Pendant qu'il était propulsait en l'air, c'est moi que je propulsais vers lui. Je ne volais pas, pas le temps, je me poussais violemment en l'air pour l'intercepter en plein vol et traverser la rue par le dessus pour atterrir de l'autre côté. Enfin atterrir... Façon de parler. - C'est quoi ton problème! - Je récupérais mon porte-feuille sans commentaire et me relevait pour essayer en vain de retirer la saleté de mon manteau. Peine perdu vu la pluie qui tombait, je devrais attendre qu'il soit sec pour le brosser. - Pourquoi tu t'es arrêtés! Tu aurais pu te faire tuer là-bas! - Je l'engueulais? Oui madame, exactement.
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" Sauvé... Par un mutant ? "

Pourquoi suis-je aussi apathique ? Aucune idée. C'est comme si cette flamme m'avait hypnotisée d'un coup et m'avait laissé paralysé en plein milieu de la route. Pas le meilleur endroit du monde, il faut le dire... J'entends à peine cette voix masculine qui me crie dessus, elle n'est pourtant pas suffisante pour m'arracher à ma rêverie. Je ne vois même pas que tous les regards se tournent vers moi et deviennent horrifiés, que les passants se mettent à crier d'angoisse alors que c'est moi qui devrait me faire dessus. Pourtant pas un ne bouge, c'est ce qu'ils font lorsque quelque chose de terrible est sur le point d'arriver. On a peur, on crie mais personne ne risquerait sa vie pour un parfait inconnu. Ca je le sais bien et c'est bien pour ça que je sais qu'il est déjà trop tard pour bouger ou pour survivre. Je me sais perdu alors je regarde les phares de cette voiture comme une biche prise au piège sur une route de campagne. Puis je ferme les yeux. Courageux oui, mais j'avoue que de voir le choc et de voir mon corps voler tout en étant désarticulé n'est pas la dernière vision que j'aimerais avoir sur cette terre. Non à la place je me mets à repenser à mes plus beaux moments et le visage de ma soeur apparaît en premier devant moi.

Je sens mon sang qui quitte mes joues, je suis vraiment terrifié et j'ai toujours cette nausée dont l'accident proche ne fait qu'empirer les choses. Je me sens terriblement mal. Et pourtant, à la dernière minute, mon corps quitte violemment le sol. Pendant un instant, j'ai cru que le choc s'était produit et que je volais pour ça. Mais j'ai réalisé qu'à part le souffle coupé, je n'avais pas mal. Pas mal du tout en fait. C'était comme si une force invisible m'avait pris et balancé en l'air comme un vieux chiffon. Ca me faisait tout drôle. Oui non ce n'est pas si sympa de se faire balancer en l'air comme un boulet de canon. Et surtout de ne pas savoir d'où ça vient. Mais je n'ai pas tellement le temps de réagir, juste de battre vaguement des bras et des pieds en l'air avant qu'un autre choc ne m'entraîne dans une autre direction. Bordel, je suis plus secoué encore que dans un prunier ! Je me sens agrippé, scellé. Puis après c'est le choc, dur et implacable sur le sol avec un poids qui m'écrase mais fini par se relever.

- Mais... Il s'est passé quoi là...?

Je cligne des yeux, vaguement. La pluie tombe sur mon visage, et je reste pendant plusieurs secondes, par terre les bras en croix, l'air stupide d'incompréhension figé sur mon visage. Je tente vainement de comprendre ce qu'il s'est passé mais je n'y arrive pas. J'entends quelques applaudissements tout autour qui arrivent doucement à couvrir le bruit de la pluie. Une insulte au loin qui est vociférée puis un objet qui m'est arraché des mains. Le portefeuille. Oh, je l'avais presque oublié avec tout ça. Puis mon regard se pose sur ce mutant dont j'ai essayé d'échapper. Je l'entends me crier dessus comme s'il était mon père. Oh il en est pas loin finalement. Mais ce n'est pas mon père qui aurait le plus d'autorité sur moi... Loin de là. Je le regarde et je comprends peu à peu ce qu'il s'est passé. Alors je le laisse finir de s'énerver puis je me mets à sourire avant d'éclater de rire. Merde je suis en vie quoi ! Wahou ! C'est trop cool ! J'avais failli mourir là-bas et puis non, il y a eu un miracle.

- Je suis en vie ! Haha ! Woow ! Attends tu m'as... Oh merde...

Je réalise enfin ce qu'il s'est passé. Oui bah je suis artiste, pas scientifique. Un mutant. Vient de me sauver. La vie. Il a posé ses mains. Sur moi. Oh mon dieu... La nausée me reprend et je crois que c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Mon pouvoir qui me dégoûte, mon corps balloté dans tous les sens, la peur de mourir et ce mutant qui me dégoûte aussi... Je sens quelque chose monter et je me précipite vers un caniveau tout proche dans lequel je relâche la pression, entre autres choses. Oui bon je vomis. C'est pas classe du tout, je sais. Mais là... Trop d'émotions pour un seul Aaron. Je suis pas habitué encore aux vols planés. Enfin mon corps ne l'est pas. Car pour ma part, j'ai vraiment trouvé ça cool. L'adrénaline que ça m'a fait ! Ca finit par se calmer, je me calme aussi en même temps bien que mon souffle soit toujours un peu rapide encore. Je m'essuie la bouche du dos de la main après avoir craché une dernière fois dans le caniveau. Glamour bonjour ! Puis je me relève et fait face au mutant.

- Euh... Merci. Pour euh... M'avoir sauvé la vie. Et tiens, c'est à toi.

Je suis pas à l'aise. Mince c'est un mutant à la fin ! C'est des pourritures, le genre qu'on enterre tous les jours avec ma famille. Enfin, c'est peut être Sarah et Lewis qui ont raison finalement, les mutants sont peut être bons aussi parfois. Mais alors pourquoi ce mec était de la mafia tout en étant gentil ? C'était à n'y rien comprendre. Je savais plus trop quoi penser du coup. Le remercier était alors la moindre des choses. Je fronçais les sourcils. J'avais une dette envers un mutant. Mince. Alors je lui tendis ses papiers, ceux que j'avais récupéré dans son portefeuille pendant la course. Les seuls qui m'avaient intéressés à première vue. Je ne les ai pas lus mais c'était la moindre des choses que j'aurais pu faire à cet instant. Je le regarde alors puis je baisse le regard, un peu honteux, jouant vaguement avec une flaque du bout de mon pied.

- Ecoute, je suis désolé pour euh... Ton front. J'aurais pas dû faire ça. Je pensais que t'étais un mutant dangereux. Mais tu ne l'es peut être pas tant que ça...

Mais déjà dans la rue, plusieurs personnes s'étaient rassemblées non loin de nous. Certains pour acclamer le nouveau héros, d'autres pour l'insulter. Un mutant, cela ne faisait plus de doute pour personne, même sous une pluie torrentielle. Personne ne fait de tel bond dans les airs à moins d'en être un. Mon regard dérive sur eux et instinctivement je note les personnes qui pourraient poser problème sous peu. Je ne pense pas qu'il soit bon de rester ici plus longtemps car certains badauds n'ayant pas assisté à la scène commençaient à se mêler à la foule et à poser des questions autour d'eux. Est-ce que j'avais grillé la couverture de mon sauveur...? Mon regard se pose à nouveau sur lui, plus inquiet cette fois...


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Je faisais presque les cents pas. Presque j'ai dis. J'étais pas énervé en soit. Ou peut être que si? Il s'était mis en danger, stupidement. Pourquoi? On sait pas. Et moi j'avais sauté pour le sauver, sauté au sens littéral du terme, avec un petit plus. J'avais fais ce choix mais je n'aurais probablement pas eu à le faire s'il n'avait pas été si imprudent. Pourquoi je me souciais de lui de toute façon? Après tout il m'avait volé mon porte-feuille et il n'était clairement le genre de jeune qui vole à la tire pour le fun. Je fourrais mon porte-feuilles dans ma poche intérieure et posais mon regard sur lui lorsqu'il se mettait à rire. Le regard que je lui lançais alors était entre noir et médusé. Il se moquait ou bien? Et puis je l'observais se ruer vers un caniveau pour rendre à la terre ce qui revient à la terre. - Imbécile... - Avais-je dis à mi-voix, couvert par la pluie et les applaudissements. Allons bon, des gens qui applaudissent. C'est bien pour ça que j'étais sur les nerfs. Son imprudence avait provoqué mon choix et ce choix m'exposait. Je n'étais pas du genre à me montrer comme ça et généralement ceux qui me voyaient utiliser mon pouvoir étaient trop assommés pour s'en souvenir. J'aime pas la pub, j'en veux pas, j'en ai pas besoin.

Il revenait vers moi et me tendait mes papiers, dérobés de mon porte-feuilles, que je reprenais sans douceur et fourrais dans ma poche intérieure avec le reste. Sale gosse. - « Ecoute, je suis désolé pour euh... » - Et le voilà qui s'excusait maintenant. Je soupirais bruyamment, exaspéré. - Je suis pas un mutant. - Mais j'étais dangereux, pas besoin de contre-dire ça. - Toi en revanche t'as un problème. Qu'est-ce qui t'as pris de t'arrêter comme ça au milieu de la route! - Des voix s'élevaient. Des insultes qui couvraient les maigres acclamations. C'était pas l'endroit. Je vivais dans ce quartier. J'avais l'avantage du mauvais temps, avec cette pluie et cette pénombre, on aurait pas vu mon visage. Il fallait juste que je me barre rapidement. - Faut qu'on sorte de là... - Je balayais la rue du regard, observait les options et échappatoires, visualisait une destination et imaginait un plan. Beaucoup de détails inutiles? Faux. Si je ne faisais que partir, on me suivrait, on me verrait. Si j'entrais quelque part en entrerait aussi. Il y avait trop de regards qui observaient. J'avais besoin d'une diversion. Je tournais le dos à l'attroupement principal - qui n'était pas si important que ça - et utilisait mon pouvoir pour annulait la chute de la pluie autour d'eux, laissant l'eau flotter, leur donnant quelque chose à observer de plus bizarre que moi empoignant le col du gamin et le forçant à avancer pour nous fondre dans la masse.

Une fois dans la foule nous étions moins repérables mais je ne voulais pas rester dehors comme ça. Il nous fallait sortir de la rue et il était hors de question que je ramène ce gamin jusque chez moi. Pourquoi ne pas le laisser là? Parce que quelque chose clochait avec lui et que je ne comptais pas le laisser dehors sans m'être assuré qu'il n'allait pas se jeter sous le prochain bus. Qui plus est, les observateurs hostiles l'avaient peut être vu. Arrivé au niveau d'une porte au verre opaque et orangé je bifurquais et entrais dans un vieux bar. A peine la porte était-elle refermée que je croisais le regard du barman et m'adressait à lui dans un russe parfait. - On est pas là. - L'homme acquiesçait et j'avançais. - On va au fond. - Au fond il y avait un renfoncement et une table avec banquettes entre deux murs. Invisible depuis l'entrée, discret. Je ne dirais pas ce que j'y avais fais la première fois que j'étais venu mais ça impliquait deux mallettes et un serbe pas commode. - On sera tranquille le temps que ça se tasse dehors...
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" Face to Face. "

Visiblement, mon compagnon improvisé avait été quelques peu irrité par mon récent comportement. Non sérieux, ça se comprend quelques part. Je le suis, au beau milieu de la nuit, je l'insulte presque, me moque de lui, le cogne, par légitime défense certes mais je le cogne quand même, et lui pique son portefeuille. Je pense que je serais sur les nerfs à sa place. Et pourtant, il m'a sauvé la vie. Cet homme, mutant, chose. Peu importe comment il se considère. Bizarrement, il commence peu à peu à m'impressionner. Je pourrais presque croire qu'il me fout la trouille mais non. C'était comme si je commençais à le voir comme quelqu'un de bien. Quelque chose comme ça dans son regard. Stupide n'est-ce pas...? Un mutant avec des pouvoirs pareils, ça ne peut forcément qu'être mauvais. Surtout s'il appartient à la mafia russe comme l'indicateur nous l'avait dit. Tu délires mon pauvre Aaron. On t'a trop retourné l'estomac ces derniers temps. Alors je le vois grogner et quelque part je me sens mal. Bah oui, tout ce monde qui crie sur lui, c'est un peu à cause de moi. Il va être dans l'embarras sous peu. Moi aussi peut être mais au moins, je ne me ferai pas mettre en charpie par des extrémistes. Des gens comme moi...? Et si jamais ils avaient vu ce que j'avais fait à cette flamme de briquet...?

C'est là que je la sens, cette peur qui me prend au ventre et tord mes boyaux. Mince, ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça... Et c'était pas agréable. Je lance des regards autour de moi. Je vois des regards haineux dirigés vers moi. Ou vers lui, je ne sais pas. Mais comme on se trouve à côté... J'ai l'impression que c'est moi qu'ils foudroient de leurs regards malsains... Alors mon visage se ferme, je redresse ma capuche sur mon visage et je lance toujours des regards autour de moi. Je ne réponds même pas à mister muscle lorsqu'il me dit que j'ai un problème. Sérieusement. bien sûr que j'en ai un. UN GROS MÊME. Il vit peut être dans le déni en clamant qu'il n'est pas mutant mais pas moi, je sais que j'ai un put**n d'ADN dans les veines et que je pourrai jamais m'en débarrasser à part dans ma mort, si j'ai pas fait trop de victimes avant ça. Alors j'évite son regard et me réfugie dans mon silence, ça vaut mieux. Et puis, je n'allais pas déballer toute ma vie devant cet inconnu en plein milieu de la rue non plus. Surtout quand cet inconnu s'était mis à vous plaquer contre un mur quelques minutes auparavant.

Mais le certain Dayle se met à parler à nouveau. Il veut que l'on parte d'ici. "On"? Je tique un peu. Pourquoi "on"? Si j'avais chercher à le fuir il n'y a pas si longtemps, ce n'est pas pour le re-suivre derrière. Et puis, je ne comprenais pas vraiment pourquoi il tenait à ce que je vienne encore avec lui après tout ça. Non vraiment. Pourquoi ne me laissait-il pas dans mon coin à me démerder ? Moi c'est ce que j'aurais fait. Alors je fronce les sourcils en me retournant vers lui pour le regarder trouver une issue autour de nous. C'est qu'il était sérieux en plus. Alors je le regarde faire, curieusement. Peut être que ça m'aidera à comprendre comment fonctionne son pouvoir. Il bouge un peu, toune le dos à la foule et d'un coup, la pluie se met à s'arrêter de tomber et reste comme en suspension dans les airs. Et moi, comme un débile, je regarde ça, bouche-bée comme tous les autres gens autour de moi. Mais je n'ai pas vraiment le temps de m'extasier que je me fais tirer par le col comme un malpropre. Rude le gars. M'enfin, je le suis, surtout parce que j'ai pas envie de me faire tabasser par tous ces fous au milieu de la rue...

Je le suis, enfin il me traîne, et il m'amène dans un bar bizarre, que je ne connaissais pas vraiment en fait. Monsieur muscle parle vaguement au barman et moi je capte rien du tout. Ca devait être Russe ou Européen. Enfin de ce côté là quoi... Je connais pas tous les langages de la Terre moi. Je regarde l'endroit où il veut s'installer et je soupire. Pourquoi je le sens pas le coup du bar miteux...? Je fourre mes mains dans mes poches et je me sens pas à l'aise. Je jette un coup d'oeil à l'extérieur et j'aimerais bien être sous cette pluie torrentielle, là de suite. Mais je suppose que je n'ai pas trop le choix en fait. Ou alors j'allais me retrouver à flotter une nouvelle fois dans les airs pour rien. Alors tant pis, je le suis à reculons mon pouce caressant distraitement mon briquet et mes yeux se posant tout autour de moi, récoltant toutes sortes d'informations plus ou moins utiles. On ne sait jamais ce qui sera utile un jour ou un autre... Puis je m'assois en face de lui sur une banquette en jetant encore des regards tout autour de moi avant de le fixer à nouveau.

- C'est plus pour toi que ça doit se tasser... Je soupire légèrement tout en m'appuyant vaguement sur la table. Tu viens souvent dans... Ce bar miteux. Cet endroit...?

Tapotant légèrement mes doigts sur la table un peu rongée par les années, j'avisais notre environnement direct et me mis à jouer avec un dessous de verre en carton qui se trouvait devant moi. Distraitement, il se mit à tournoyer, transformant cette publicité pour un night club du coin en un petit tourbillon de couleur. Puis mon regard se posa à nouveau sur Dayle puis sur le bar en général, un petit sourire en coin sur les lèvres: "Tu m'as amené au QG de la mafia russe ou quoi...?" C'était une blague. Ouais j'avais oublié qu'elle pouvait effectivement tomber à pic avec monsieur Strickland ou peu importe son nom. J'étais de toute façon persuadé qu'il ne s'appelait pas vraiment Dayle. Dayle Strickland sérieusement. Le mec avait bien plus de classe qu'un Dayle Strickland. Tout le monde avait plus de classe qu'un Dayle Strickland. Sans trop m'en rendre compte, je sortis un crayon à papier d'une poche intérieure à ma veste, j'en avais toujours un sur moi en toute circonstance, puis je me mis à dessiner distraitement au dos du dessous de verre.

Puis mon regard se posa par réflexe sur le barman qui nous apportait deux chopes de bière sans poser la moindre question ou prendre la moindre commande. Euh... Coucou, tu m'as vu ou quoi...? J'ai pas 21 ans moi. Mais il avait l'air de s'en foutre royalement. Fronçant les sourcils, je haussais vainement des épaules, me concentrant à nouveau sur mon dessin sans vraiment faire attention à ce que je dessinais. Bizarrement, il ressemblait de plus en plus à la personne qui me faisait face, avec ce même air renfrogné qu'il affichait quelques minutes auparavant. Mais j'y faisais pas vraiment attention. Je réfléchissais encore à ce qu'il venait de se passer. Puis après quelques minutes de réflexion, je fronçais à nouveau les sourcils, continuant de dessiner tout en lui posant une autre question :

- Pourquoi tu m'as sauvé tout à l'heure...? Tu avais toutes les raisons de me laisser mourir alors pourquoi me sauver...?


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Je m'installais sur la banquette qui faisait face à l'entrée. De là j'étais invisible pour quiconque entrerait dans le bar et en réalité je ne voyais pas la porte mais jusqu'à plus de la moitié du comptoir, c'était suffisant pour voir venir les problèmes. - T'étais avec moi là-bas, ils peuvent très bien t'avoir pris pour cible aussi. - Ça et le fait qu'il allait cracher le morceau, même si je devais lui bourrer la gueule jusqu'à plus soif pour ça. Il se passait plus de choses que les apparences voulaient bien laisser voir avec ce gamin. Son attitude, sa vivacité, son comportement, ses questions... Là encore je le regardais en haussant un sourcil lorsqu'il évoquait la mafia russe. Était-ce hasardeux parce que j'avais parlé russe en arrivant? Ou savait-il ça aussi? Avait-il été si bien renseigné finalement? C'était inquiétant. - Non, le QG est dans un club de streep-tease dans le Queens, qu'est ce que tu crois. - Faux. La mafia n'avait pas de QG et certainement pas dans le Queens. En disant ça je confirmais d'une certaine manière que j'étais lié à la mafia. En quelques sortes. Parce que s'il ne faisait que blaguer sans rien savoir, j'entrais simplement dans son jeu. S'il savait des choses en revanche, je le lirais sur son visage: cette fois la lumière était fiable.

Le barman nous rejoignait avec deux chopes de bière et je posais mon regard sur le visage du gamin, esquissant un sourire. Était-il surpris qu'on ne lui demande pas ses papiers? Ou son âge? Le barman qui était aussi le patron n'avait que faire d'un mineur qui buvait une bière. Il paraissait assez vieux de toute façon, c'était suffisant pour lui et je le remerciais d'un mince sourire avant de saisir mon verre et de boire deux longues gorgées. J'avais noté son petit manège avec le dessous de verre, je n'avais pas pu rater son crayon mais je ne parvenais à voir ce qu'il faisait quoi que je pouvais deviner sans mal vu son attention qu'il dessinait quelque chose. - « Pourquoi tu m'as sauvé tout à l'heure...? Tu avais toutes les raisons de me laisser mourir alors pourquoi me sauver...? » - M'avait-il demandé tout en restant concentré sur son dessin. Peut être que ça l'aidait à réfléchir? J'en avais connu d'autres qui avaient besoin de choses bien plus étrange pour ça.

Pourquoi je t'aurais laissé mourir là-bas? Hmm? - C'était ça la question en réalité. J'avais beau être passablement agacé d'avoir été vu en plein public, je demeurais calme, je savais pourquoi j'avais agis et je ne le regrettais pas. - Parce que tu me suivais? Parce qu'on a eu cette altercation dans la ruelle? Parce que je suis une "bête de foire"? - J'accentuais volontairement mes dernières mots, le citant directement. On m'avait qualifié de bien pire, je n'allais pas m'offusquer pour si peu. Et puis avec ce que je lui avais fait subir dans cette ruelle, j'étais pas non plus blanc comme neige. - Tu n'as rien fait qui mérite que je te laisse crever sous une voiture comme un animal. - Il manquait une nuance importante à ma réponse, une nuance que j'avais perçue dans ses propos. - Je t'ai sauvé parce que je le pouvais. J'ai fais ce choix. - Pouvoir. Choix de mot bien précis. J'avais aussi le pouvoir d'alléger la voiture pour en accroître la vélocité. J'avais fais le choix d'utiliser mon pouvoir, de l'exposer, pour lui sauver la vie. Le choix, elle était la véritable différence. - Qu'est-ce que tu dessines? - Curiosité, curiosité...
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" Le point sensible. "

Sous mes coups de crayons experts, une voiture commençait à prendre forme devant mes yeux. J'étais appliqué, concentré. A vrai dire, bizarrement ma créativité m'aidait à réfléchir. Ou peut être que cela m'apaisait et que cela laissait le champs libre à une réflexion un peu plus poussée et un peu plus efficace... Qui sait ? Quoiqu'il en soit, je me sentais bien et après ces récents événements, ce n'était pas vraiment de trop. J'avais toujours été bien en dessinant et je ne sais pas vraiment pourquoi je n'ai pas pensé plus tôt que cela à aller dans une université pour étudier l'art appliqué. Il avait fallu que mon frère m'y pousse contre vents et marées. Comprenez "contre mère et père". Tellement de choses avaient changé en si peu de temps. Parfois, je ne m'y retrouvais plus vraiment. Et cette nouvelle rencontre avec monsieur muscle n'arrangeait pas les choses. Mince, je ne savais même pas si j'avais encore les pieds sur Terre avec lui... La gravité...? Hum. Pas con Rony. Le dessin me rendait vraiment plus intelligent en fait. Entendant sa réponse à ma première question, je soupirai légèrement. Il a un petit complexe du héros le monsieur. Ou alors il tient vraiment à me sauver... J'ai une grande robe de princesse et des couettes jusqu'aux hanches ou quoi ?

- Je ne suis pas sans défense. Qu'ils viennent et ils passeront un sale quart d'heure...

Le ton était plat, normal. Ce n'était que la vérité après tout. Ils se retrouveraient face à un mutant qui ne contrôle pas ses pouvoirs et pourtant les utiliserait sans hésitation si ça permettait de sauver son cul. Alors bonne chance aux futures merguez... Puis je le vis tiquer un peu à l'évocation de la mafia russe. Touché coulé ? Il semblerait. Il était vraiment bien cet indic' finalement... Mon sourire ne fit que s'élargir davantage. A vrai dire je m'en fichais un peu qu'il soit de la foutue police ou de la mafia moi. Il était mutant, cela me suffisait pour penser qu'il était fondamentalement mauvais. Mais ça ne collait pas au personnage que j'avais sous les yeux depuis tout à l'heure. Il semblait plutôt avoir un bon fond. Sinon il aurait déjà essayé de m'étriper non...? Bref il était pas clair quoi. Cela ne m'empêcha pas de rire à sa réponse. C'était tellement cliché. Bien entendu j'y croyais pas un seul mot. C'était juste drôle. S'il appartient à la mafia, il m'aurait dit n'importe quel endroit sauf l'emplacement de son QG. Mais trouver la mafia russe ne faisait pas vraiment parti de mes plans de toute façon et voir des femmes se trémousser à poil, encore moins. Yeurk. Alors, je continuais sur sa lancée, tout sourire :

- Mais oui, bien sûr ! Et tu es assassin au compte de la mafia, le jour, et gogo-danceur la nuit ! Pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ?! Haha !

Sous mes yeux, une voiture émergeait doucement de mon imagination. De mon souvenir plutôt. La voiture qui avait failli me renverser quelques minutes auparavant. Quelque chose me disait que je ne l'oublierai pas de sitôt ce souvenir là... Elle devenait de plus en plus vraie comme si aucun détail ne m'avait échappé. Et il semblait bien que c'était le cas... Mais mon attention se détourna un instant du dessin lorsqu'il répondit à ma dernière question, faisant s'évanouir mon sourire sur mes lèvres. Un choix... Il avait choisi de ne pas me laisser mourir. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il aurait dû me laisser là en plein milieu de la route, sous ces roues. Un briquet. Il avait suffi d'un briquet. Ce pouvoir allait devenir incontrôlable. Je ferais mieux de mourir maintenant avant de blesser quelqu'un, avant de blesser mon frère ou ma soeur. Je ne me le pardonnerais jamais. Et cette peur revint me prendre aux tripes, mal-être affreux qui me saisit à la gorge. Je ne voulais pas qu'il me voit dans cet état alors mon regard se baissa aussitôt sur le dessin que je fixai vaguement sans pourtant y toucher.

- C'est pourtant ce que tu es... Mister gravité... Il n'y a pas d'autres mots...

Et c'est ce que j'étais aussi, une bête de foire, rien du plus. Un danger qu'il valait mieux mettre en cage avant qu'il ne porte préjudice. Monsieur était bon et puissant, monsieur avait choisi de me sauver. Et moi je commençais à m'énerver. Je ne sais pas bien si c'était contre lui. A vrai dire, je ne le pensais pas vraiment si orgueilleux quand j'y repense. C'était plus contre moi-même. Contre ce qui m'arrivait. Ou alors j'étais bipolaire, au choix. C'était l'impression que ça me faisait à cet instant. Passer de la joie à la haine en passant par la déprime. Aaron tu fais fort. Oui bah j'ai failli mourir moi. Et en même temps, j'aurais bien voulu. Allez chercher l'erreur. "Tu aurais dû laisser faire. Je t'ai rien demandé moi." Vainement, je serrais mon poing sur mon crayon à papier qui n'avait rien demandé à personne. Pourquoi je me mettais en rogne ? Non je sais pas. Depuis cette fichue soirée, rien n'étais plus pareil, je n'étais plus moi-même non plus. Tout était différent et ça m'énervait. Je n'avais plus de contrôle sur rien. Et puis bizarrement, sa dernière question eu le don de m'apaiser et de me surprendre un peu. Ca parlait de dessin, comprenez-vous...?

- Euh... Toi.

Oui. La vérité tout simplement. De but en blanc. A quoi ça me servirait de lui mentir après tout ? Il finirait bien par le voir de lui-même. Et puis c'était comme ça et voilà. Il m'avait inspiré sur le coup et si ça lui plaisait pas, c'était pareil. Alors je haussais les épaules et me remis à dessiner doucement comme si en parler m'avait redonné envie de dessiner. Alors les phares prirent vie sous mon coup de crayon et la pluie semblait tomber à nouveau sur le dessous de verre...


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