Il était peut être 23h, je dis bien peut être, parce que je ne pouvais pas sortir mon téléphone de ma poche et l'allumer au risque d'être vu, et la nuit nuageuse n'aidait pas. Si seulement nous n'étions pas dans la ville qui ne dort jamais, j'aurais pu me fier aux sons citadins mais non, peine perdue. Je me trouvais perché dans une cage d'escaliers de secours, sur le côté d'un immeuble de trois étages. Pourquoi? Bonne question Officiellement je surveillais une rencontre entre des hommes du Caïd et d'autres d'un gang mineur sur lequel Ivan avait des vues, à comprendre par là que s'il ne pouvait pas le rallier, il l'absorberait. En réalité... Je cherchais la faille, encore et toujours, cette faille qui me permettrais de faire tomber Ivan. Un réseau criminel adverse suffisamment puissant pourrait le faire pour moi et si je jouais ça assez finement, je pouvais même ne pas être impliqué.

Cette rencontre là semblait avoir pour but des négociations de territoire camouflant une menace pourtant claire: marche sur nos plates bandes et ton petit groupe de gamins ira rejoindre le cimetière. J'avais flotté discrètement jusqu'à ce palier de l'escalier pour éviter d'être vu ou entendu. La rencontre se déroulait dans un immeuble abandonné, sur le point d'être détruit pour qu'un nouvel immeuble résidentiel prenne sa place. De là je pouvais voir par une ouverture assez large les hommes qui étaient à l'intérieur et je pouvais surtout entendre leurs conversations. Il avait suffit d'une rencontre fortuite avec l'un des gros bras, une bousculade innocente et j'avais pu placer un mouchard dans le col de sa veste en cuir. Ce genre de type adore sa veste en cuir et surtout ils étaient encore nouveaux dans le business, ma tête leur était inconnue. En tout cas à lui. Parce que oui, pour tout ceux ayant traité avec Ivan, j'existais. J'existais comme une menace silencieuse. J'étais pas un assassin menaçant, j'étais seulement l'homme qu'Ivan utiliserait pour les détruire, d'une façon ou d'une autre, et ça, ça ne s'oubliait pas.

Mon oreillette en place, j'écoutais sans être vu. Quoi qu'il arrive, je pouvais utiliser ça. Si le gang se liait au Caïd je pouvais les balancer, s'ils ne le faisaient pas je pouvais jouer sur les deux tableaux. Dans les deux cas je pouvais aussi impliquer le Caïd d'une façon ou d'une autre. Ça paraissait simple dit comme ça mais j'avais déjà tenté ce genre de stratégie auparavant, deux fois, sans succès. Par chance j'étais resté hors des radars, Ivan n'avait jamais soupçonné quoi que ce soit, mais je ne pouvais pas toujours être si chanceux. A l'abris du froid dans mon manteau noir, non pas en cuir, je suis d'un rang bien supérieur aux gros bras de bas étages, j'observais. S'ils continuaient comme ça j'allais m'endormir aussi mais bon patience, quelque chose allait bien finir par rendre tout ça intéressant.

Je fermais les yeux. Je commençais doucement à entendre les sons des voitures et la vibration des réacteurs d'un avion lointain comme une berceuse, vive et pourtant douce. Appuyé sur le rebord de la grille de mon avant bras gauche et de mon coude droit, je tenais ma tête avec ma main droite, un peu en équilibre, un peu sans équilibre. Je perdais le fil de la conversation, les mots redevenant des sons sans significations, comme des échos distants. Pour ma défense c'était d'un inintérêt total et j'avais eu une longue journée. Dans le fond de mon oreillette j'entendais ces voix, qui parlaient, sèches et dures, qui ordonnait, j'entendais sans écouter et en fait c'est quand le bruit du vide se transforma en son strident que je sursautais. Le micro était malmené et alors que j'allais m'inquiéter de constater qu'on l'avait découvert, je constatais surtout l'agitation en bas et ma mule étendue au sol. - C'est quoi ce bordel... - Il me fallait une seconde pour voir l’araignée blanche entrain de s'occuper de ces hommes, un par un, plusieurs par plusieurs, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un.

J'avais déjà sauté par dessus la barrière et chutais une demi-seconde avant de me mettre à voler. Manipulant la pesanteur je planais jusqu'à l'intérieur, à travers l'ouverture par laquelle j'observais jusque là, et j'atterrissais à l'étage éventré. Entre intrigué par tout ça et surtout énervé qu'on bousille mes plans, surtout que j'étais fatigué, je fixais l’araignée en me laissant tomber de l'étage, ralentissant ma chute sans mal pour arriver sans un bruit au sol. Je ne disais rien parce que je ne voulais pas que l'homme entende ma voix et surtout je ne voulais pas me mettre à l'insulter. J'aurais peut être dû. A peine étais-je à distance moins raisonnable qu'un pied venait percuter ma tête en pleine joue, me renvoyant dans mes prairies en un roulé-boulé magistral. J'avais mal, j'avais probablement une sale marque mais je n'avais rien de cassé. Sa force m'impressionnait un peu je dois dire mais j'étais pas d'humeur à la féliciter.

A peine avais-je repris mes esprits que je rivais mon regard sur elle et la libérais de toute attraction si bien qu'elle se mettait à flotter en l'air. Si d'aventure elle avait voulu tenter de bouger, se diriger sans pesanteur, elle aurait bien du mal car je la maintenais à cet endroit précis. Peut être pouvait-elle bouger les bras et les jambes, parler et respirer, mais elle ne pourrait s'éloigner. La lèvre fendue, les cheveux... dans le mauvais sens et une éraflure sur le côté gauche du front, je me relevais, massant ma joue endolorie. Je jetais un œil à la femme masquée... - Pas cool. - ... avant de me tourner vers l'homme toujours sur la voiture. Ils avaient fait entrer les voitures dans l'immeuble, malin. C'était un homme du Caïd, le leader du petit groupe dont tous les autres membres jonchaient le sol, inconscients ou grognant de douleur. - Dégage. - Lui avais-je dis sans chaleur aucune. Il avait vu mon visage. Si je parvenais à sauver les apparence, je pouvais toujours l'utiliser comme intermédiaire avec le Caïd pour mettre en place mon plan. Il descendait du capot de la voiture et je me détournais de lui pour revenir à l'araignée, me plaçant face à elle.

C'était vraiment nécessaire? - Lui avais-je demandé en montrant ma joue marquée. Elle était toujours perchée au milieu du vide, à un petit mètre du sol, et si j'avais eu des projets pour elle je l'aurais bien laissé là mais elle n'était qu'une gêneuse dans cette histoire, elle n'avait probablement même pas conscience d'avoir foutu le bordel dans mon programme, alors je la laissais retomber au sol. Si je n'avais de toute façon pas eu l'intention de la faire descendre avec douceur, je me doutais qu'elle saurait se réceptionner sans problème. - Qu'est-ce que tu fais là, Spidey-girl? - Familiarité? Je venais de me prendre l'un de ses pieds dans la figure, on était bien au delà de la familiarité.

Sa réception était souple et légère. Je l'avais vu comme tout le monde à la télé, je l'avais vu bouger et agir, mais ça restait impressionnant de la voir en personne. Ça valait pour tout ces héros d'ailleurs. Pas effrayant, je me sentais pas en danger, mais ça faisait son petit effet. Je croisais les bras lorsqu'elle se redressait et soupirait d'exaspération à sa justification pour m'avoir frapper. J'esquissais un sourire lorsqu'elle me reprenait sur son nom et lorsqu'elle expliquait distraitement ce qu'elle foutait là je reprenais mon sérieux. Bastonner du criminel c'est bien beau mais pour le coup ça m'arrangeait pas des masses.

Je passais ma main sur mon visage. Elle faisait juste son boulot, enfin façon de parler parce que je doutais que sauver des gens lui rapporte le moindre sous. Si j'avais pu mettre un panneau clignotant "Ne pas déranger" sur le toit je l'aurais fait pour éviter toute perturbation mais ce genre d'occupation ça se joue avec une grande part d'inconnu, une très grande. - T'es mal tombée, je comptais sur cette rencontre. -  Son intervention avait foutu en l'air mon plan et surtout j'avais presque dormis en haut d'un escaliers de secours pour rien. Faisant quelques pas sans rien dire je finissais par compléter ce que je disais juste avant. - J'enquête sur le Caïd et ses sbires. J'ai besoin de son assistance... Volontaire ou non. - Avais-je conclu à mi-voix. Dans l'objectif de monter ces gangs les uns contre les autres, je n'avais pas besoin de son avis, seulement de sa participation et si j'arrivais à manipuler ce monde comme je le souhaitais, il n'en saurait jamais rien.

Je ne devrais pas évoquer mes plans comme ça? C'était Spider-Woman. Elle n'allait certainement pas aller prévenir le Caïd de ce que je trafiquais. Pour autant je n'oubliais pas l'homme en fuite qui allait certainement rapporter tout ça à son patron. Une lacune à mes prévisions, une faille, cet homme, que je n'aurais jamais dû laisser partir. C'était un impondérable dont je me passerais bien et si j'avais la chance de le revoir avant qu'il ne raconte ce qui s'était passé, je devrais la saisir. Qu'il raconte l'embuscade n'était pas mon problème, mais qu'il parle de moi attirerait trop l'attention. Oui, il ne pourrait que rapporter qu'un homme était intervenu, avec quelques détails physiques éventuellement, mais surtout il pourrait parler de mon pouvoir et ça c'était certainement pas bon pour moi. Si cette information remontait à Ivan, j'étais grillé.

Fallait que je le retrouve et que je le fasse taire. Extérieurement je devais probablement paraître plus agité, fixant l'issue par laquelle il s'était enfuit tout en réfléchissant, toujours les bras croisés... Ok, on faisait plus évident mais n'allons pas nous plaindre, j'étais plus du genre expressif depuis longtemps. Ça me manquait d'ailleurs mais j'avais presque oublié comment faire. Presque.

Je continuais de marcher sans lâcher l'issue du regard. J'avais dis ça pour obtenir des informations, peut être un peu d'aide quoi je n'en demande pas forcément, mais recevoir à la place une leçon sur à quel point Fisk pouvait être dangereux, ça je m'en serais bien passé. Je ne l'avais jamais rencontré mais dans le milieu les rumeurs vont vite et bien et je le savais violent et sanguinaire, impulsif et colérique, puissant, parfois sauvage. Je le savais, je comptais justement là-dessus. Je ne devais pas être impliqué justement pour éviter les retombées mais en ayant laissé ce type partir je venais peut être de perdre cet avantage. Je tenais pas à me faire laminer entre la portière et l’habitacle d'une voiture. D'un autre côté, et sans paraître trop prétentieux, il faudrait déjà qu'il m'attrape. Toujours est-il que cette petite leçon faisait passer Spidey-girl de source d'information à agaçante araignée. J'étais pas prétentieux au point d'ignorer les avertissements mais de là à me dire ça sans me connaitre, c'était un peu moyen.

« Sincèrement, le Caïd c'est pas la meilleure des options. Tu va finir mort ou pire, écrabouillé. Je connais bien Fisk, et si jamais il t'a en grippe, il te lâchera que lorsque tu seras mort. Alors sois sympa Dayle, mais laisse la grande fille s'occuper du vilain baron de la pègre. » - Je lui tournais le dos à ce moment-là. Je lui tournais le dos et je m'étais raidi en l'entendant. En entendant mon nom. Pourquoi connaissait-elle mon nom? Comment était-ce possible? - Comment... - Je ne l'avais jamais rencontré, jamais croisé lors de soirée comme celle-ci et elle ne semblait pas du genre à rester perchée en hauteur à écouter plutôt que de sauter dans le tas. Je me retournais doucement, posais mon regard sur elle et faute de pouvoir fixer ses yeux je fixais le dessin de ces grands yeux blancs sur son masque. Je la savais du bon côté mais je me savais aussi du mauvais. Avait-elle enquêté sur moi? C'était une possibilité mais j'avais l'impression que c'était autre chose.

Dés le départ son aisance m'avait semblé naturelle, habituelle, mais je ne me rendais compte que maintenant qu'elle me semblait surtout familière. Autant que sa voix. Elle ne m'avait pas choqué, ni dérangée. Parfois on se dit tiens cette personne devrait avoir cette voix là, ou cette voix ci, mais là non, j'avais simplement accepté cette voix comme si je la connaissais déjà. Je ne m'en étais pas vraiment rendu compte jusque là mais maintenant que je l'analysais un peu plus, je sentais que quelque chose clochait. J'avais pas d'illumination, j'avais pas de réflexion simpliste comme par hasard, c'était du domaine de l'intuition, de la perception, de la mémoire lointaine. Juste un visage, que j'associais à cette voix. Un nom. - Gwen? - Jusque là je me donnais une marge d'erreur mais en prononçant ce nom je me souvenais à quel point elle s'était habituée au danger dans ce centre commercial qui s’effondrait. Je me souvenais aussi de sa force quand elle avait explosé ce gravât et de son aisance dans le vide. Ça pouvait être logique. En soit c'était un miracle que je me sois souvenu de ce nom avec le coup sur la tête que j'avais reçu et Wanda juste après mais maintenant que c'était là... - Sérieux?!

Je haussais les épaules à sa demande de garder le secret. Feinter l'indifférence pour mieux cacher mon excitation. J'étais pas du genre à faire la groupie mais ça faisait quand même un petit quelque chose, surtout en costume. Mais en plus apprendre que je la connaissais déjà? Le pied. Jusqu'à ce qu'elle révèle son visage cela-dit, il y avait toujours une part de moi qui s'attendait à une déception, à un mensonge, déformation professionnelle. Mais lorsqu'elle avait tombé le masque, lorsque j'avais pu voir ses yeux bleus, j'avais souri.-  « Alors comme ça, tu joue au criminel quand tu sauve pas les demoiselles en détresse  ? Je sais pas dans quelle situation tu t'es fourré, mais ça doit être grave pour aller demander de l'aide à Fisk. » - Alors que toi c'est du travail à plein temps apparemment. - Avais-je dis du tac au tac en lui lançant un regard. Je designais finalement les hommes inconscients autour de nous d'un geste de la main. - Je suis pas de ce genre là, si ça peut nous éviter de nouvelles déconvenues avec ton pieds. - Ces pieds qu'elle semblait tellement aimer mettre dans le visage des autres. Devait y avoir des lois contre ça... D'un autre côté y'avait des lois pour beaucoup de choses et c'était probablement pour ça qu'elle mettait des pieds dans les visages des gens.

Elle était entrain de parler quand elle... Arrêta de parler. C'est plus logique. Je posais mon regard sur elle, cherchant à comprendre ce qui l'avait arrêté et j'avais tout juste le temps de la voir sauter avant de me faire tirer en avant par l'une de ses toiles. Ça avait été plutôt vif, plutôt violent, et je m'étais rétamé comme une grosse merde. Je me relevais doucement, entendant en fond les balles fuser au travers du bâtiment, la joue éraflée, et arrachait la toile sur mon torse. Gwen s'était mise à couvert derrière une benne, moi j'avais roulé derrière la voiture sur laquelle Gwen avait piégé le gars à l'origine de tout ce bordel. Enfin techniquement l'origine c'était elle mais c'était pas le moment des accusations. - « Obi-Wan Kenobi, t'es mon seul espoir  ! Et autant dire que ça urge  ! » - Ils concentraient leurs tirs sur elle et cette benne n'allait pas tenir le coup bien longtemps. Reprenant ma respiration, calmant mon rythme cardiaque, je fermais les yeux un instant avant de me lever pour faire face à nos assaillants, toujours derrière la voiture. J'étendais ma perception, cherchant à tous les aplatir, j'étendais mes bras devant moi et la voiture s'envolait violemment vers eux et se fracassais contre le mur, en coinçant deux entre le métal et le ciment pendant que je poussais un cri digne d'une gamine à couettes. En un peu plus grave.

Je restais planté comme un con quelques secondes durant lesquelles un silence s'était fait avant que les hommes ne se décident à bouger et à dévier leurs tirs vers moi. Je m'envolais aussitôt, disparaissant dans l'ouverture du plafond. C'était quoi ce bordel? Pourquoi la voiture s'était-elle envolée? Je voulais les aplatir, bouger la voiture. Et puis elle aurait jamais dû bouger cette voiture, en tout cas pas comme ça. Même la sensation avait été différente. Je veux dire d'habitude quand j'utilisais mes pouvoirs je percevais les choses oui, mais au sens existentiel de la chose. Là j'avais ressenti la voiture, elle se détachait du reste. Ça avait été très étrange et... ça tirait toujours en bas pendant que j'étais accroupi à l'étage. Au moins ça semblait tirer vers moi et j'espérais que Gwen avait pu bouger. D'ailleurs il était temps que je bouge moi aussi. Au dernier décompte j'en avais supprimé deux, sans le faire exprès mais passons. Deux à terres, huit encore à faire. Je me relevais et me mettais à courir vers l'ouverture extérieur de l'étage. Le but? Revenir par dehors pendant qu'ils regardaient de l'autre côté. En attendant j'espérais avoir été une bonne diversion pour Gwen. Que ça ait servit à quelque chose.

Je sautais par l'ouverture dans le mur sans me demander s'il y avait un rebord ou pas - Y'en avait pas - et ralentissais ma chute en atterrissant au sol sans gène ni douleur avant de courir jusqu'à l’accès le plus proche pour revenir à la charge. Pendant qu'ils me cherchaient en haut ou s'occupait avec Gwen moi je faisais rapidement le tour par l'extérieur pour revenir par l'autre côté de façon à les coincer. On ne pouvait pas vraiment les laisser repartir, ils en avaient trop vu. On pouvait pas non plus vraiment les tuer alors il fallait espérer que leur taper assez fort sur la tête leur ferait oublier tout ça. C'était probablement trop demander. J'allais devoir trouver un autre moyen de manipuler les gars du Caïd parce que ce soir, c'était foutu. Par les quelques ouvertures que je passais mais que je n'utilisais pas je pouvais observer par intermittence les actions de Gwen et les fuyards qui tentaient de repartir par là où ils étaient venus. Certainement pas.

Je tournais sur ma gauche et les voyais à quelques mètres. J'arrivais par leur côté et ils n'avaient le temps de rien. A peine dans mon champs de vision je supprimais leur pesanteur et ils s'élevaient, incapables d'avancer, de reculer, ou quoi que ce soit en fait. - Vous n'irez nulle part. - Ils tournaient la tête vers moi, du moins ceux qui ne me tournaient pas le dos, et j'arrivais à leur niveau uniquement pour les faire voler violemment vers l'un des murs de ciment, de retour à l'intérieur. Ni inconscients, ni morts? Alors continuons. Je ne les relâchais pas non, ils flottaient toujours et je manipulais leur attraction pour faire un petit flipper. J'en faisais se percuter deux entre eux, puis les deux autres, puis l'un dans un mur et l'autre dans un pilier avant de recommencer ce petit manège plusieurs fois jusqu'à ce qu'un seul ne soit encore conscient. Tremblant mais conscient. Je les laissais retomber au sol et ce dernier se relevait difficilement. - T'en redemande en plus? - « Tu vas l'payer... » - Probablement. -  Je ne me servais pas de mes pouvoirs. Je prenais une accélération rapide au dernier moment pour me donner de l'élan et sautais en une vrille acrobatique pour abattre mes deux pieds dans sa tronche déjà abîmée.

L'homme s'écroulait sous la violence du coup alors que je retombais au sol sur mes pieds, accroupi, et me redressais pour me tourner vers Gwen. - « Alors, le spectacle t'a plu? » - Hey, t'es pas la seule à savoir sauter dans tous les sens. - On oublie pas, j'ai été entraîné au combat par des formateurs du MI6. J'étais juste... pas au courant à l'époque. - Ils étaient seuls? Aucun n'a pu en alerter d'autres?

J’acquiesçais en balayant du regard l'étendue des corps qui jonchaient le sol. Pas de morts, seulement quelques blessures entre os brisés et contusions, tous inconscients, enfin jusqu'à preuve du contraire. Nous étions hors de danger pour le moment, enfin l'avions nous réellement été dés le départ? Ces types n'étaient que des larbins, de la chair à canon. Ce sont ceux qui foncent dans le tas pour donner aux autres le temps de faire le truc vraiment important. Ceux qui meurent et personne s'en préoccupe. Ils n'étaient pas mort, au moins ils avaient ça pour eux.

Gwen revenait à notre conversation de tout à l'heure, juste avant leur interruption. Elle souhaitait m'aider. Pourquoi? Elle ne me connaissait même pas. Pourquoi voudrait-elle m'aider sans rien savoir? J'arquais un sourcil tout en l'observant parler. Dans mes mains son masque blanc et lorsqu'elle le reprenait après avoir arrangé ses cheveux je commentais. - Laisse tomber, c'est pas mieux. - Je lui rendais le masque et me retournait pour jeter un regard à l'extérieur par l'ouverture et voir le ciel nuageux. Elle voulait m'aider, peut être, mais cet endroit n'était pas sûr. - Pas ici... Suit moi.

Dans un silence impossible je décollais du sol, manipulant la gravité pour me diriger rapidement en hauteur, passant par l'ouverture par laquelle j'étais arrivé au départ. Je m'élevais dans le vide, longeant l'immeuble sur lequel j'étais posté un peu plus tôt pour atteindre son sommet et me poser sur le toit. J'avais entendu les toiles tissées de Gwen dans mon dos aussi lorsqu'elle atterrissait elle même sur le toit je ne sursautais pas. - Trop d'oreilles indiscrètes en bas, je préfère prendre aucun risques... Déjà que je suis peut être compromis avec tout ça. - Je faisais quelques pas sur le toit, inspirais l'air frais. Je n'aimais pas parler de tout ça, je n'aimais pas le raconter, je n'aimais pas demander d'aide autant par fierté que pour éviter de mettre d'autres personnes en danger.

La mafia a mon père. Ils le tiennent en otage pour m'obliger à travailler pour eux. Je ne peux pas attaquer de façon frontale ou ne serait-ce que laisser croire que je dévie de mon obéissance, ils me l'ont déjà prouvé. - Oui, un doigt, dans ma boite aux lettres. Super au réveil. - Je cherche le moyen de les faire tomber sans être impliqué pour pouvoir les faire plier. - J'expirais, un soupir. - C'est une course à l'information et lorsque j'aurais le bon levier je pourrais retourner la situation à mon avantage. - Ivan paierait. Je sauverais mon père de ses griffes après l'avoir fait souffrir. Il paierait pour lui et pour les autres. Je me retournais vers Gwen. - En attendant d'avoir ce moyen de pression, je reste dans l'ombre. Je reste sage. Je dors pas la nuit parce que j'imagine mon père au fond d'une cave et j'attend. La patience est une vertue il parait...