« Encore un autre. » assena le type en posant son verre vide avec violence sur le bar. Maxine fronça les sourcils et toisa le gars en question. Il n’avait pas l’air dans son assiette, mais surtout il n’était pas seul. Les deux autres l’encadraient et semblaient le soutenir d’une main pendant que l’autre emprisonnait leur verre à moitié plein. « Je crois que vous avez assez bu là. » L’un de ses acolyte toisa méchamment Maxine. « Ressers-le, gamine. » La jeune fille esquissa un sourire. « Non. » répondit-elle simplement. Elle détestait qu’on lui donne des ordres et ça n’allait pas être trois types un peu bourrés qui allaient lui faire peur. L’autre frappa du poing sur le comptoir en la dévisageant. « Nous chauffe pas, tu sais pas de quoi on est capable. » Maxine se retint de rire. Elle était certaine que si elle les poussait avec son index, ils allaient s’effondrer. Elle poussa un soupir et indiqua du doigt une pancarte qui expliquait les règles simples à respecter dans le bar. « Vous allez vous calmer de suite où j’appelle Lewis pour qu’il vous jarte direct. Je ne fais que suivre les règles. » Le type bourré ouvrit finalement la bouche. Son haleine d’alcool vint fouetter le visage de Maxine. Elle faillit lui vomir dessus. Comment pouvait-il se supporter ? « Écoute moi bien espèce de garce. Tu me ressers un verre ou je t’assure que tu vas commencer à craindre les coins sombres. » Des menaces. Elle détestait les menaces. Son sourire disparut, elle agrippa une fourchette qu’elle vint planter dans la main posée à plat de l’homme. Il glapit pitoyablement arrachant un rire sadique à la jeune fille. « Toi et tes petits copains, vous dégagez ou j’appelle Lewis et ça sera pas une petite blessure à la main qu’il vous fera. » Elle la retira d’un coup sec. « Tu vas tellement le payer cher. » gémit-il avant de s’en aller avec ses deux amis. L’air de rien, Maxine nettoya le comptoir et rangea les verres. Elle accueillit une cliente avec un grand sourire tout en toisant la porte d’entrée du bar se refermer.

(23h00) – C’était la fin du service de Maxine. Elle alla se changer, détacha ses cheveux qui retombèrent sur sa nuque et enfila sa veste, prête à partir. Elle salua Lewis et Sarah et sortit tranquillement dans la rue. Elle ne se rendit pas compte qu’elle était suivie. Ce ne fut qu’en sentant une poigne forte sur son épaule et qu’on la retournait violemment qu’elle s’aperçut de sa terrible erreur. Elle n’eut pas le temps de réagir qu’un poing s’abattit sur sa pommette. Elle recula sentant la douleur vriller son visage. Le coup n’avait pas été suffisamment fort pour la faire tomber. Maxine se mit en position de défense comme elle l’avait appris pendant ses cours d’arts martiaux et reconnut enfin ses agresseurs. Les trois types. Le plus bourré se mit à rire. « Je t’avais dit qu’on allait te retrouver. Tu vas gentiment te laisser faire pendant qu’on va te donner une bonne leçon ! » « Quoi ? Vous ? Me donner une leçon ? Je demande à voir. » Le type sur sa droite tenta d’envoyer un autre coup. Maxine riposta en lui faisant une balayette. Il s’écrasa au sol en un bruit sourd. Sans réfléchir, elle laissa son corps la guider et elle donna coup sur coup. Les deux autres prirent autant que l’autre gars au sol. Ils étaient tout de même plus grands qu’elle et plus forts. Elle arrivait à les mettre à terre rapidement, mais ils se redressaient presque aussitôt. Ils avaient beau être bourrés, ses coups n’étaient assez forts pour les sonner. Maxine sentit l’urgence lorsqu’une vieille douleur au genou se réveilla. Elle savait que c’était le signal pour qu’elle arrête. Elle choisit alors la fuite, mais fut mise au sol par l’un des types qui l’attrapa par les cheveux. Maxine poussa un gémissement de douleur. « Paul, tiens-là, que je lui rende les coups qu’elle m’a donné après on pourra s’amuser. » Un frisson glacé parcourut le dos de la jeune fille. Hors de question. Elle commença à se débattre, tentant de donner des coups de pieds avec sa jambe valide. Le dénommé Paul tira un peu plus fort sur ses cheveux pendant que l’autre commençait à faire pleuvoir ses coups. Son ventre lui faisait mal et avec l’alcool, le bougre semblait taper de plus en plus fort. Elle serra les dents pour ne pas hurler, mais elle sentait les larmes rouler sur ses joues. Elle avait mal. Que quelqu’un lui vienne en aide.

« J'ai jamais vraiment compris le délire. » Cette voix. C’était Sarah. Maxine releva difficilement la tête et voulut lui dire de fuir, mais elle ne put faire sortir qu’un gémissement de douleur. « C'est quoi le challenge, dans le fait d'être à trois contre quelqu'un qui ne sait pas vraiment se battre ? L'issue du combat est quasiment déjà écrite ! Ce qui est intéressant, c'est l'incertitude les gars, sérieusement. » Sarah, pars, s’il te plaît. Pas Sarah. Ils pouvaient s’en prendre à elle quand ils voulaient, mais pas Sarah. Elle tenta de se débattre une fois de plus avant de se prendre un coup de coude dans la joue. « Vous devriez essayer, je vous jure, ça change la vie, et c'est ça qui fait avancer. » Maxine les entendit rire. Elle en vit deux s’éloigner pendant que l’autre la maintenait toujours. Il serra un peu plus sa prise sur ses bras la faisant grimacer de douleur. Maxine vit Sarah jeter sa veste un peu plus loin. Qu’était-elle en train de faire ? Elle était folle ! « Allez, au boulot. Je vais refaire votre éducation, les mecs. » Elle voulut lui dire de ne pas s’en mêler et de prévenir les flics plutôt que d’intervenir, mais ses mots moururent dans sa gorge quand elle la vit étaler les deux en l’espace de quelques secondes. Sarah était vraiment une fille exceptionnelle et pleine de surprise. Ce n’était pas étonnant pour Maxine si elle avait ressenti autre chose qu’une profonde amitié pour elle. La jeune femme sentit que l’autre la lâchait enfin. Elle tomba en avant et entoura son ventre d’un bras. C’était douloureux. Elle entendit le bruit caractéristique d’un tazer et elle vit le dernier des trois tomber au sol en convulsant lamentablement. La brune finit par sentir qu’on la soulevait et elle vit le visage de Sarah. « Viens. » Elles se mirent à marcher rapidement, s’éloignant de la ruelle. Le chemin se fit en silence entrecoupée par les gémissements de douleur de Maxine et le bruit de la circulation.

« Où… où est-ce qu’on va ? » Murmura Maxine alors qu’elle tournait dans une autre rue. Le silence lui répondit. Peut-être n’avait-elle pas parlé si fort qu’elle croyait. Elle ne préféra pas réitérer sa question. Elle avait confiance en Sarah. La jeune femme finit par s’arrêter devant une porte et l’ouvrit. Elle fit entrer Maxine. « Va sur le canapé. » La brune se tourna dans la direction indiquée et s’y rendit. Elle se laissa tomber sur ledit canapé et laissa échapper une grimace de douleur. Ils ne l’avaient pas loupée ces enfoirés. Elle souleva son pull pour constater les dégâts. Pour le moment, il n’y avait rien, mais elle était sûre que d’ici quelques minutes, les bleus allaient apparaître. Sans compter sur celui qu’elle avait sur le visage. Elle ne pouvait pas rentrer chez elle dans cet état. Sa grand-mère allait faire une crise cardiaque et Zach n’allait plus vouloir qu’elle sorte ou qu’elle aille travailler au bar or elle avait besoin de ce travail tout comme elle avait besoin de cet argent. Sarah revint et s’installa juste en face d’elle. « Comment tu t'es retrouvée dans cette situation, Max ? » Elle pinça ses lèvres. « J’ai encore trop ouvert ma gueule je crois. » Elle tenta un sourire, mais ça lui faisait mal. « Et j’ai peut-être enfoncé une fourchette dans la main d’un des trois parce qu’il me cherchait un peu trop au bar. Il était bien bourré déjà et Lewis refuse ce genre de comportement dans son bar alors j’ai refusé de le servir. Ils ont essayé de discuter, mais avec le coup de la fourchette, ils ont compris que c’était inutile. » Elle se tut un moment. « Ceci dit, je pense qu’ils ont fui quand j’ai évoqué ton frère. » Fit-elle en souriant qu’elle ravala aussitôt en voyant l’air sérieux de Sarah. « Je suis désolée. » Finit-elle par dire. Depuis toujours elle avait cette impression d’attirer les situations du genre sans trop comprendre comment ni pourquoi. « J’espère que ça ne va pas attirer des ennuis à Lewis ou au bar… et qu’il… m’en voudra pas trop de mon comportement. Et toi ? J’ai oublié de te demander… ils ne t’ont pas touchée ? Je ne savais pas que tu savais te battre non plus. » Elle avait les yeux qui brillaient d’admiration. Elle enviait la jeune femme pour sa souplesse et sa rapidité et regrettait comme toujours cette blessure au genou.

Je sais que j'ai pu paraître un peu brusque. J'espère que Maxine ne m'en tiendra pas trop rigueur. Mais j'ai pensé qu'il valait mieux décamper le plus vite possible de cet endroit avant qu'il y ait des témoins ou que l'un des gros balourds se réveille. Visiblement, elle n'a pas l'air de m'en vouloir de l'avoir traînée dans un endroit qu'elle ne connaît pas sans explications. C'est déjà un bon début. C'était mon seul plan, de toute façon. Je ne pouvais pas retourner au bar, je ne pouvais pas la laisser là, ou même lui proposer d'appeler un taxi pour qu'elle rentre chez elle. Elle vient de vivre quelque chose de plutôt choquant, et je suis bien placée pour savoir qu'il ne faut pas être seul après ces choses-là. Je n'ai jamais été la meilleure personne pour offrir du soutien moral, mais mieux vaut une tentative que rien du tout. Sans compter le fait que Max va sûrement vouloir des réponses à mon comportement. Comme toutes les personnes qui me fréquentent, je suppose qu'elle n'avait pas imaginé une seule seconde que j'étais ce genre de personne. Elle sait que je ne suis pas qu'une héritière sans cervelle, bien sûr, et c'est bien pour ça que je la considère comme une amie mais... Je sais qu'elle ne s'était pas imaginé que ça aille jusque là.

Bon. Chaque chose en son temps. D'abord, savoir comment elle a réussi à se foutre dans une merde pareille. « J’ai encore trop ouvert ma gueule je crois. » Elle esquisse un petit sourire qui se transforme vite en grimace de douleur. Je ne peux pas m'empêcher de grimacer aussi. Je n'ai pas encore pu observer l'étendue des dégâts mais j'ai bien l'impression que ces gars-là n'y sont pas allés de main morte. La réponse de Maxine n'est pas franchement surprenante... Sa franchise à toute épreuve, son assurance, lui ont sûrement déjà joué des tours. Peut-être que ça lui apprendra à tenir un peu sa langue. En tous cas, je l'espère. Je suis une spécialiste de la franchise également, mais j'ai appris à me faire violence depuis toujours, en tant qu'unique représentante féminine de la nouvelle génération des Reagan. « Et j’ai peut-être enfoncé une fourchette dans la main d’un des trois parce qu’il me cherchait un peu trop au bar. Il était bien bourré déjà et Lewis refuse ce genre de comportement dans son bar alors j’ai refusé de le servir. Ils ont essayé de discuter, mais avec le coup de la fourchette, ils ont compris que c’était inutile. » Mes yeux  sont désormais grand ouverts. Ce n'est même plus de l'assurance... C'est presque de l'inconscience. Je me frappe le front de la main. Pour être honnête, j'aurais été capable de la même chose, un peu plus jeune. Mais bon, ce n'était quand même pas très sage de provoquer ainsi des hommes qui semblaient déjà ne plus vraiment être eux-même. Je ne peux m'empêcher de parcourir la silhouette frêle de Max. Comment aurait-elle pu, sans entraînement, s'en sortir face à ces trois hommes ? Il faut vraiment qu'elle apprenne à gérer ce genre de situations. « Ceci dit, je pense qu’ils ont fui quand j’ai évoqué ton frère. » Bien sûr qu'ils ont fui. Lewis n'est pas du genre à faire de cadeaux, et son passé de militaire, c'est le genre de truc qui dissuadait. « Je suis désolée. » finit par dire la petite brune. Mon air trop sérieux lui a peut-être fait peur. Je pince les lèvres. Bien sûr que je ne lui en veux pas.

« J’espère que ça ne va pas attirer des ennuis à Lewis ou au bar… et qu’il… m’en voudra pas trop de mon comportement. Et toi ? J’ai oublié de te demander… ils ne t’ont pas touchée ? Je ne savais pas que tu savais te battre non plus. » La voilà, la fameuse question. Je lui lance un petit sourire plein de mystère, mais ne répond pas tout de suite. « C'est un truc de famille. » Certes, ça reste très... vague, mais bon, c'est déjà un élément de réponse. Je vais chercher de la glace dans le congélateur. « Et tu as bien de la chance d'ailleurs que mon père et mon frère m'aient appris ! » Je balance la tête de droite à gauche, un poil exaspérée. « Je veux que tu me promettes que la prochaine fois, tu garderas ton sang froid malgré la provocation. » Avant qu'elle ne rétorque, parce que je me doute qu'elle va peut-être le faire, j'ajoute : « Je sais que c'est dur. Je suis comme toi, j'ai toujours eu envie de me débrouiller toute seule, de pouvoir me défendre sans avoir besoin d'aide... Mais parfois c'est inévitable. Tu as vu comme ils t'ont amochée aujourd'hui ? Qu'est-ce que ce sera la prochaine fois, si personne ne peut venir t'aider à temps ? » Je l'ai dit avec une pointe de colère, mais c'est parce que je tiens à Max. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose. « Je n'ai pas envie de te trouver dans une ruelle. Pense à ton frère, pense à ta famille. » Je lui tends un linge avec de la glace. Elle va en avoir besoin. « Pourquoi tu te mets en danger comme ça, hein ? »

« C'est un truc de famille. Et tu as bien de la chance d'ailleurs que mon père et mon frère m'aient appris ! » Les Reagan, cette famille qui en imposait simplement par leur présence. On ne pouvait pas se laisser berner, on comprenait directement en les voyant qu’il ne fallait pas tenter de leur chercher des ennuis. Maxine avait beaucoup de respect pour eux. « Je veux que tu me promettes que la prochaine fois, tu garderas ton sang froid malgré la provocation. Je sais que c'est dur. Je suis comme toi, j'ai toujours eu envie de me débrouiller toute seule, de pouvoir me défendre sans avoir besoin d'aide... Mais parfois c'est inévitable. Tu as vu comme ils t'ont amochée aujourd'hui ? Qu'est-ce que ce sera la prochaine fois, si personne ne peut venir t'aider à temps ? » Maxine baissa la tête légèrement honteuse ayant l’impression d’être une enfant prise en faute. Elle savait qu’elle avait dépassé les bornes et que ça pouvait lui coûter bien plus qu’un coup de poing au visage et des coups au ventre. Bon sang, si Sarah n’était pas intervenue… un frisson d’effroi parcourut son dos. Non, elle n’avait pas réfléchi aux conséquences de ses actes. Elle avait naïvement pensé que ces brutes s’en seraient allées et ne l’auraient pas attendue à la fin de son service. Dans quel monde vivait-elle ? « Je n'ai pas envie de te trouver dans une ruelle. Pense à ton frère, pense à ta famille. » Elle prit le linge qu’elle pressa contre sa joue et ne put retenir le gémissement de bonheur en sentant le froid contre le coup. Elle pensa à Zach et sa grand-mère. Comment auraient-ils réagi si Sarah n’avait pas été là ? L’horreur la glaça sur place. Elle sentit les larmes monter jusqu’à ses yeux et elle préféra garder la tête baissée. Inutile que Sarah la voit comme ça. Elle prit sur elle pour ne pas éclater en sanglot sentant ses nerfs lâcher et ravala ses larmes. Maxine Gordon était plus forte que ça, bon sang. « Pourquoi tu te mets en danger comme ça, hein ? » Elle redressa la tête. Maxine avait toujours été comme ça. Impulsive. Maladroite. Bagarreuse. Elle ne s’était jamais posé la question du pourquoi tout en sachant qu’elle connaissait déjà la réponse. « Désolée. » Commença-t-elle en prenant garde à ce que sa voix ne tremble pas. « J’avais pas pensé… aux conséquences. Je pensais bêtement qu’ils s’en iraient et c’est tout. J’ai oublié ce que c’est que d’être une fille. » C’était toujours plus simple de s’en prendre à une nana, normalement elles sont sans défense. Normalement. C’était ça qui amusait Maxine avant quand elle avait encore un genou solide : aucun garçon ne s’attendait à se faire rétamer par une fille qui devait peser quarante kilos tout mouillé. « Je sais qu’il faut jamais rejeter la faute sur la famille, mais je pense que c’est à cause de mes parents si je suis comme ça. Ils nous ont jamais remarqués, Zach et moi, on est né et ils nous ont balancés dans les bras de nos grands-parents. Je me dis que si… » Elle s’arrêta un moment, elle avait failli dire que Zach travaillait pour le SHIELD et ça, elle n’était pas sûre de pouvoir le divulguer, même si c’était Sarah. « Si je me mets en danger inconsciemment – je te jure que je le fais pas exprès, j’ai tendance à cogner d’abord et poser les questions après – c’est pour qu’ils me remarquent même si je sais qu’ils ne sont pas à New York. » Elle haussa les épaules. Elle n’était pas triste en disant cela, elle était arrivée à ce constat plusieurs fois lorsqu’elle sortait de situations compliquées. « C’est pour ça qu’avant la musique et le bar, y avait le sport. Je voulais me sentir exister pour quelque chose. » La jeune fille se rendit compte qu’elle plongeait tout droit dans le mélodramatique. « Ok, ça et le fait que j’étais intenable gamine et qu’il fallait m’épuiser. » Elle sourit de nouveau et grimaça encore une fois, pressant un peu plus le linge contre sa joue. « La vache… ils m’ont pas loupé. » Elle planta ses yeux dans ceux de Sarah. « En tout cas… merci Sarah. Je t’en dois une énorme et désolée pour… ça » Fit-elle. Le ça signifiant le petit discours déprimant qu’elle venait d’avoir. Elle se trouvait un peu idiote d’avoir déballé tout ceci sans réfléchir. Maxine retira le linge de sa joue et le porta à son ventre pour apaiser la douleur qui la lançait à cet endroit. Elle grogna sous la sensation. Ce que ça pouvait être désagréable.

Il y a forcément une raison à ce comportement complètement irréfléchi. Un besoin d'exorciser de la colère, un besoin de montrer qu'on existe. Un besoin de se prouver à soi-même qu'on n'est pas quelqu'un de faible. La colère est quelque chose de dangereux, quand on la laisse nous consumer. Pas besoin d'avoir un demi-siècle pour le savoir. Je l'ai moi-même appris à mes dépends quand j'étais un peu plus jeune, et je l'apprends toujours encore un peu de manière claire et précise dans les moments où je me crois plus maligne que mes adversaires. Cette vague de chaleur, de haine qui vous prend à la gorge, ça peut vous sauver la vie, mais ça peut aussi, et surtout, vous la foutre en l'air. J'espère que Maxine l'a bien compris ce soir, parce que je ne me gênerai pas pour lui rappeler jusqu'à ce que ce soit bien ancré dans sa petite tête de crevette. Je vois dans ses yeux qu'elle réalise ce qui vient de se passer, et je suis plutôt contente que ce soit le cas. Je n'aime pas trop voir ses yeux brillants comme ça, que ce soit de douleur ou de peine. Mais elle a besoin de passer par là. Elle reprend contenance avant de répondre, et relève la tête vers moi. « Désolée. » Je vois bien qu'elle essaie de se montrer forte, alors que tout ça l'a bien ébranlée. J'avoue qu'elle m'impressionne, quand même. Je pensais connaître plutôt bien Max, mais elle a visiblement plus de courage et est bien plus battante que je le soupçonnais. Peut-être qu'au fond, elle a juste des problèmes de colère, ou personnels, à régler, pour arrêter de se lancer dans les ennuis. Elle a peut-être juste besoin d'aide. Je m'en veux presque de ne pas l'avoir vu avant. Je n'ai jamais été la meilleure pour lire clairement en les gens. À part mes deux frères et colocataires, bien sûr, qui ne peuvent avoir de secrets pour moi même s'ils le veulent. Pour Jeremiah, c'est une autre histoire. Il est devenu quelqu'un d'autre, quelqu'un que je ne reconnais plus, quelqu'un dont je ne peux plus aussi bien qu'avant prévoir les coups et stratégies. « J’avais pas pensé… aux conséquences. Je pensais bêtement qu’ils s’en iraient et c’est tout. J’ai oublié ce que c’est que d’être une fille. » Je ris légèrement, incapable de ne pas m'identifier à cette phrase. Elle ne parle pas à n'importe qui. Moi aussi, j'ai souvent oublié ce que c'était, d'être une fille. Mais mes parents m'ont toujours plus ou moins gentiment rappelé à l'ordre en me déguisant en fille parfaite pour les événements mondains auxquels ils me traînaient… Et me traînent toujours régulièrement à mon plus grand dam, bien sûr.

« Je sais qu’il faut jamais rejeter la faute sur la famille, mais je pense que c’est à cause de mes parents si je suis comme ça. Ils nous ont jamais remarqués, Zach et moi, on est né et ils nous ont balancés dans les bras de nos grands-parents. Je me dis que si… » Elle marque une pause. Et je lui souris, l'encourageant à poursuivre. Je me doute que ce n'est pas le genre de confidence qu'elle fait à n'importe qui, et maintenant qu'elle est en train de déballé ce qu'elle a gardé pour elle tout ce temps, je me sens responsable d'elle, presque. C'est étrange. Je tiens à lui montrer qu'elle peut me faire confiance. Après tout, je me rends compte que nous ne sommes pas faites sur des moules grandement différents, elle et moi. « Si je me mets en danger inconsciemment – je te jure que je le fais pas exprès, j’ai tendance à cogner d’abord et poser les questions après – c’est pour qu’ils me remarquent même si je sais qu’ils ne sont pas à New York. » Je penche légèrement la tête sur le côté. Le voilà donc, le nœud du problème. Je comprends mieux. Je me disais bien que ça avait quelque chose à voir avec tout ça. Maxine essaie d'attirer l'attention. Par extrapolation, peut-être même se prouver à elle-même qu'elle est capable de s'en sortir sans ceux qui l'ont laissé derrière. C'est tout à fait compréhensible. « C’est pour ça qu’avant la musique et le bar, y avait le sport. Je voulais me sentir exister pour quelque chose. » Je hoche la tête. Tout est plus clair maintenant qu'elle m'a expliqué. Et je suis contente qu'elle l'ait fait. Depuis que nous travaillons ensemble, Maxine est devenue ce qui se rapproche le plus d'une amie pour moi. Je n'ai pas l'occasion d'en avoir beaucoup, à cause de mon emploi du temps… Particulier. Mais depuis que je la connais, je l'ai toujours appréciée, et je suppose que ça doit être réciproque, puisqu'elle est si loquace avec moi ce soir. « Ok, ça et le fait que j’étais intenable gamine et qu’il fallait m’épuiser. » Je souris légèrement. Elle grimace en appuyant le linge sur son visage. « La vache… ils m’ont pas loupé. » fait Maxine, et je fronce presque les sourcils face à son ton surpris. « Ah bah ça c'est clair, qu'ils t'ont pas loupée... » Finalement, j'ai bien envie de lui dire qu'elle ne s'est pas loupée toute seule, puisque si elle n'avait pas fait l'idiote, elle ne serait pas là avec ce visage un poil boursouflé. Il va falloir expliquer ça à Zach, maintenant. J'espère que ça ne va pas retomber sur Lewis. En tout cas… merci Sarah. Je t’en dois une énorme et désolée pour… ça dit Maxine. Je lève les yeux au ciel.  « Tu ne me dois rien. Et ne t'excuses pas, je suis contente que tu m'en aies parlé. Je comprends mieux d'où ça vient, maintenant. »

Je me lève et vais me servir un verre de coca avant de revenir près du canapé. Il va sûrement falloir que je lui fasse une petite suture sur l'arcade. Je ne vais pas l'emmener à l'hôpital juste pour ça alors que je peux le faire moi-même. « Tu sais quoi ? » Je fais en m'asseyant à côté d'elle sur le canapé.  « Je sais pas pourquoi tes parents sont pas là, mais il y a un truc qu'il faut que tu saches, c'est qu'ils passent complètement à côté de quelque chose. » Je hausse les épaules. « Je sais que ça ne change rien, et que tu pourras me balancer des contre-arguments à ce que je vais dire, mais... » Je la regarde dans les yeux. Elle m'a fait confiance, je peux bien lui faire confiance aussi. « Au moins, tu as la liberté de devenir la personne que tu veux être. Tes parents ne sont pas là pour te façonner à leur image, ou te donner une destinée qu'ils imaginent être la bonne pour toi. Tu peux être qui tu veux Maxine, tu as le droit de choisir. C'est une chance que beaucoup aimeraient avoir. » Bien sûr, qu'elle comprendra sans problème que ce que je viens de dire sort tout droit de l'expérience. Je marque une pause, puis ajoute, fronçant légèrement les sourcils : « Quant à ces problèmes de colère… Est-ce que tu as déjà considéré l'idée de te mettre aux arts martiaux ? Nan parce que… Du peu que j'ai vu, y'a du potentiel sous cette frêle carcasse. » J'enfonce mon doigt dans son épaule pour la taquiner. De toute façon, elle ne le prendra pas mal… à quelques muscles près, je suis toute aussi mince qu'elle.

Zach allait la tuer. C’était certain. Quand il verrait sa gueule demain, il allait lui passer le pire savon possible. Avant elle pouvait se défendre, elle ne comptait plus le nombre de convocations que sa famille avait reçu parce qu’elle avait mis un gamin hors d’état de nuire. Là c’était différent. Max n’était plus capable de se défendre autant qu’avant, elle avait toujours le risque que son genou cède et qu’elle doive passer par l’opération inévitablement (avec quel argent ?). « Tu ne me dois rien. Et ne t'excuses pas, je suis contente que tu m'en aies parlé. Je comprends mieux d'où ça vient, maintenant. » Si. La vie. Maxine pinça ses lèvres et grimaça. Ça tirait un peu sur son bleu. Sarah se redressa pour revenir quelques minutes plus tard, laissant à la jeune femme le loisir d’observer un peu plus l’appartement des Reagan. Il était vraiment très chouette, bien loin de la petite ferme où elle vivait avec sa grand-mère. « Tu sais quoi ? » Elle s’installa à ses côtés sur le canapé. Maxine sentit les effluves du parfum de Sarah. Elle sentit son cœur se serrer comme à l’époque où elle avait ce crush pour elle. Elle chassa rapidement ses pensées pour se focaliser sur ce qu’elle allait lui dire. Inutile qu’elle diverge autant. « Je sais pas pourquoi tes parents sont pas là, mais il y a un truc qu'il faut que tu saches, c'est qu'ils passent complètement à côté de quelque chose. Je sais que ça ne change rien, et que tu pourras me balancer des contre-arguments à ce que je vais dire, mais... Au moins, tu as la liberté de devenir la personne que tu veux être. Tes parents ne sont pas là pour te façonner à leur image, ou te donner une destinée qu'ils imaginent être la bonne pour toi. Tu peux être qui tu veux Maxine, tu as le droit de choisir. C'est une chance que beaucoup aimeraient avoir. » Sarah avait planté ses yeux dans les siens et Maxine avait du mal à se détourner de ce regard. Elle comprenait ce qu’elle voulait dire. Il était vrai qu’elle avait le choix de son avenir et que ses grands-parents avaient fait un boulot formidable avec elle et Zach. Elle saisissait la chance qu’elle avait, mais si elle avait eu ses parents, ça lui aurait permis de ne pas causer toute cette inquiétude à sa grand-mère (et plus avant, son grand-père). Elle voulait la préserver le plus longtemps possible. « Je sais qu’ils ratent beaucoup puis on les a un peu bannis avec Zach après la mort de mon grand-père. Quand on n’est pas fichu d’élever ses gosses et se pointer à l’heure pour un enterrement, on n’a plus rien à faire avec la famille. » Elle haussa les épaules. « Mais mon subconscient doit se rebeller à cette idée… puis j’ai tellement à leur dire sans jamais avoir eu l’occasion. J’avais neuf ans la dernière fois que je les ai vus. »


Sarah reprit finalement la parole. « Quant à ces problèmes de colère… Est-ce que tu as déjà considéré l'idée de te mettre aux arts martiaux ? Nan parce que… Du peu que j'ai vu, y'a du potentiel sous cette frêle carcasse. » Maxine se mit à rire. « Ça et le hockey, c’était mes sports favoris quand j’étais gosse, mais… j’ai été blessée gravement au genou et on m’a dit que je pouvais pas reprendre les deux sports sans qu’il y ait un gros risque pour qu’il finisse par réellement me lâcher et que je doive passer par une opération tellement onéreuse que ça endetterait la famille. J’ai laissé tomber. » Il y avait de la tristesse dans sa voix. Ça lui manquait tellement. « Zach continue de m’amener aux matchs de hockey, j’adore toujours autant mais c’est très frustrant de pas pouvoir aller sur la glace pour pouvoir jouer. » Elle se perdit un instant dans ses pensées, regardant un point fixe face à elle un léger sourire sur les lèvres. Elle déplaça légèrement le sac de glace et poussa un léger gémissement en sentant le soulagement l’envahir. Elle ne pourrait pas aller en cours demain dans cet état. Sauf si Sarah avait un fond de teint suffisamment couvrant pour masquer les bleus et qu’elle détache ses cheveux.

« Je sais qu’ils ratent beaucoup puis on les a un peu bannis avec Zach après la mort de mon grand-père. Quand on n’est pas fichu d’élever ses gosses et se pointer à l’heure pour un enterrement, on n’a plus rien à faire avec la famille. » Je hausse les sourcils, surprise. En effet, ce n'est pas franchement un comportement de parent respectable. Il doit sûrement il y avoir un certain nombre d'autres variables que je ne connais pas, mais visiblement, les parents des deux Gordon n'ont pas été des parents exemplaires. C'est quand même dingue d'imaginer que Maxine et Zach aient été obligés de les pousser de leur vie définitivement. C'est un acte courageux, je le reconnais aisément. Moi-même je n'ai pas été capable d'envoyer mes parents se faire voir, et encore aujourd'hui, je me plie à certaines de leurs volontés pour avoir la paix, alors que je pourrais me battre pour ma liberté. Mais mes parents ne sont pas si méchants, et c'est pour ça que je le fais, même si je n'en ai pas la moindre envie. « Mais mon subconscient doit se rebeller à cette idée… puis j’ai tellement à leur dire sans jamais avoir eu l’occasion. J’avais neuf ans la dernière fois que je les ai vus. » Je pince les lèvres. Neuf ans. En effet, elle était très jeune. C'est un âge auquel on n'est pas encore en pleine possession de toutes les données, un âge où on ne peut pas encore tout comprendre. Maxine a eu le temps de grandir et de réfléchir à tout ça, je m'en doute bien. D'essayer de comprendre, de trouver des raisons. Elle doit avoir tous ces mots, toute cette colère qui bouillonne sans jamais trouver de répit. Ça doit être épuisant.

Je pense vraiment ce que j'ai dit, concernant les arts martiaux. Ça m'a beaucoup aidé, moi. Et même avec un physique comme le mien, on peut s'en sortir. C'est souvent même un atout parce que l'adversaire ne s'attend pas à une telle force et une telle technique dans un si petit corps. Maxine pourrait en tirer beaucoup d'avantages et surtout, ça lui permettrait peut-être d'exorciser un peu sa colère. « Ça et le hockey, c’était mes sports favoris quand j’étais gosse, mais… j’ai été blessée gravement au genou et on m’a dit que je pouvais pas reprendre les deux sports sans qu’il y ait un gros risque pour qu’il finisse par réellement me lâcher et que je doive passer par une opération tellement onéreuse que ça endetterait la famille. J’ai laissé tomber. » Elle a l'air de regretter beaucoup cette époque. Ça rend Sarah un peu triste de voir que la jeune femme a du abandonner des choses qui lui plaisaient tant. Mais elle comprend. Elle connaissait l'amour de Maxine pour son frère et sa grand-mère, et savait bien qu'elle ne ferait rien pour les mettre en difficulté. Quoique… Elle avait bien failli se faire tabasser dans une ruelle, et ça, ce n'était pas les préserver. « Zach continue de m’amener aux matchs de hockey, j’adore toujours autant mais c’est très frustrant de pas pouvoir aller sur la glace pour pouvoir jouer. » J'acquiesce. Évidemment que c'est frustrant. Je n'ose même pas imaginer comment je pourrais vivre si j'étais privée d'un muscle. Plus d'une fois, j'ai été blessée. Mais j'ai eu la chance de toujours bien m'en sortir, avec juste une petite douleur ou des cicatrices. Jamais une grosse blessure ne m'a empêchée de continuer ce train de vie. Je me rends compte que j'ai beaucoup de chance, quand même. « Je comprends. » Puis, une idée m'effleure l'esprit. « C'est mon père qui m'a appris à me battre comme ça. Et il m'a donné beaucoup de conseils au cours des années… Il m'a notamment donné des idées pour me battre même quand une de mes jambes est inutilisable. Ou même les deux. » Je hausse les épaules et avec un sourire, lance : « Je pourrais te donner deux-trois trucs. Ce ne serait pas grandiose, mais ça suffirait à te défouler un peu, et surtout, à te défendre en cas de situation extrême sans tuer ton genou au passage. » Je la vois grimacer quand elle bouge le sac de glace sur ses blessures. « Bon, en tous cas une chose est sûre, il va falloir camoufler tout ça. Tu vas rester là pour ce soir. Envoie un message à ta grand-mère pour lui dire que tu dors chez moi et que je t'emmènerai en cours demain. Je t'aiderai à maquiller tout ça. » Je fais en pointant son visage du doigt.

« Je comprends. C'est mon père qui m'a appris à me battre comme ça. Et il m'a donné beaucoup de conseils au cours des années… Il m'a notamment donné des idées pour me battre même quand une de mes jambes est inutilisable. Ou même les deux. Je pourrais te donner deux-trois trucs. Ce ne serait pas grandiose, mais ça suffirait à te défouler un peu, et surtout, à te défendre en cas de situation extrême sans tuer ton genou au passage. » Le sourire qui illumina le visage de Maxine se fana légèrement lorsqu’une fois de plus elle sentait que ça tirait sur sa joue endolorie. Il fallait vraiment qu’elle apprenne à la fermer dans ce genre de situation. Mais la joie comprimait sa poitrine, réapprendre à se battre était probablement la meilleure nouvelle de la journée. Elle était plus que partante à apprendre ces nouvelles techniques qui lui permettraient de se défendre sans fatiguer son genou et ça c’était le bonheur. « Bon, en tous cas une chose est sûre, il va falloir camoufler tout ça. Tu vas rester là pour ce soir. Envoie un message à ta grand-mère pour lui dire que tu dors chez moi et que je t'emmènerai en cours demain. Je t'aiderai à maquiller tout ça. » Maxine hocha la tête et sortir son téléphone de sa poche. Elle pianota un rapide message pour sa grand-mère (Don’t worry, i’m fine. I’m at Sarah’s place, i sleep there tonight. See you tomorrow, love you – Max). Grand-mère qui savait parfaitement se servir d’un téléphone portable tactile et qui avait réussi à bluffer ses petits enfants en leur demandant si elle pouvait avoir une tablette pour Noël. Depuis la mort d’Ethan, elle avait trouvé comment s’occuper et elle était devenue accro à son petit ordinateur portable sur lequel elle aimait regarder les séries de l’ancien temps et d’en découvrir des nouvelles. Maxine rangea son téléphone par la suite. « Merci beaucoup Sarah, vraiment. T’es tellement la meilleure » Elle était toujours un peu émue par sa proposition de lui apprendre à se battre sans l’utilisation d’un membre de son corps. « Je suis plus que d’accord pour que tu m’apprennes ces techniques. Ça me ferait le plus grand bien je pense. » Elle pourrait se défendre, mais également défouler cette rage qui grondait toujours un peu dans sa poitrine et qui refusait toujours autant de s’en aller. « Au fait, c’est aussi ton père qui t’a appris à te battre comme ça ? Avec taser et tout ? Parce que c’était assez impressionnant. » Elle ne pouvait pas s’empêcher de dissimuler une pointe d’admiration dans sa voix. Plus elle repensait à Sarah en combat et plus elle trouvait ça hallucinant que son amie (qui lui paraissait pourtant si calme et si douce) puisse faire preuve d’autant de violence.

Puis elle se souvint que Sarah l’avait invité à rester chez elle ce soir et il lui semblait que son amie lui avait dit qu’elle vivait ici avec les autres Reagan. « Oh et tu es sûre que ça ne dérangera pas tes frères que je reste ? » Elle appréciait vraiment beaucoup cette famille et travailler avec deux d’entre eux lui montraient ce qui lui manquait le plus avec Zach. Depuis qu’il ne vivait plus avec eux, ils avaient beaucoup moins d’occasion de se voir et avec son boulot plutôt prenant au SHIELD ça devenait de plus en plus difficile pour lui de se rendre dans la maison familiale. Maxine lui en voulait beaucoup pour ça et elle enviait beaucoup Sarah aussi pour la complicité qu’elle voyait entre elle et Lewis. De son côté, elle avait l’impression que quelque chose c’était brisé entre Zach et elle. Elle chassa la tristesse qui commençait à s’installer pour se concentrer sur l’instant présent. Elle sentait aussi la fatigue qui la rattrapait après les émotions de ce soir. Elle espérait trouver le sommeil rapidement une fois couchée, sans ressasser ce qu’il s’était passé encore et encore.

Maxine acquiesce et sort son téléphone pour envoyer un message. Il vaut mieux que sa grand-mère (et son frère s'il est là), ne la voit pas dans cet état. « Merci beaucoup Sarah, vraiment. T’es tellement la meilleure » Sarah lâche un petit sourire amusé et flatté. « Parce que tu ne le savais pas déjà ? » dit-elle pour plaisanter, en lançant un nouveau clin d'oeil à son amie. « Je suis plus que d’accord pour que tu m’apprennes ces techniques. Ça me ferait le plus grand bien je pense. » Sarah acquiesce. Oui, ça ferait du bien à Maxine, de savoir qu'elle peut se défendre. Mais la jeune Reagan sait déjà qu'il va quand même falloir qu'elle lui fasse un topo sur le fait de se contrôler. Elle-même a eu des problèmes avec ça, au début. Elle est d'accord pour lui apprendre des techniques, mais seulement si elle est sûre que Maxine les utilisera à bon escient, et pas pour jouer les casse-cou ou régler des comptes à ceux qui la font chier. Sarah cherche juste à lui donner des moyens de se défendre, et de passer au-dessus de la frustration que son genou a pu engendrer, pas plus. Il est hors de question qu'après ça, Maxine cherche à se lancer dans le même genre de vie qu'elle. Elle ne la laissera pas faire ça. Sarah souffre assez au jour le jour de la situation dans laquelle elle est. Bien sûr, elle aime sa vie. Elle est née pour ça. Mais il y a bien entendu des jours – beaucoup plus nombreux qu'elle ne voudrait l'avouer – durant lesquels elle regrette de ne pas être une jeune femme normale, dont les seuls problèmes sont avoir son année à la fac et avoir une jolie relation amoureuse. « Au fait, c’est aussi ton père qui t’a appris à te battre comme ça ? Avec taser et tout ? Parce que c’était assez impressionnant. » Sarah baisse les yeux avec un petit sourire flatté. Cela fait tellement partie de sa vie qu'elle ne se rend même plus compte du fait que ça puisse être impressionnant pour les autres. Ceux qui l'entourent, dans sa famille et chez les Watchers, sont tout aussi entraînés qu'elle, voire plus pour certains. « Oui, mon père. Et mon frère, aussi. Lewis m'a appris quelques trucs quand il est rentré de l'armée. Mais bref, c'est une tradition familiale assez sérieuse, de savoir se défendre, je ne sais pas vraiment pourquoi. » Au final, elle ne ment que par omission. Elle ne sait en effet pas où est née cette haine pour les mutants et le fait de les chasser chez les Reagans. Tout ce qu'elle sait, c'est que tout a commencé pendant la première guerre mondiale. Que son grand-oncle Ronald Reagan, même quand il était président, est resté un chasseur de mutant dans l'obscurité. C'est ainsi.

« Oh et tu es sûre que ça ne dérangera pas tes frères que je reste ? » Sarah lève légèrement les yeux au ciel en se relevant. « Bien sûr que ça ne les dérangera pas. Ils sont mignons comme tout sous leurs airs de gros durs. » fait-elle avec un sourire. « Et même si ça les dérangeait... Ils n'ont rien à dire. Ils veulent pas l'avouer mais c'est moi qui porte la culotte à la maison. » Nouveau petit clin d'oeil. Elle tend une main à Maxine pour l'aider à se relever, et l'entraîne vers la chambre d'amis. « Je vais te sortir un pyjama et des draps propres. Tu peux aller prendre une douche en attendant si tu veux ! Je vais nous faire quelque chose à grignoter. » annonce Sarah en commençant à ouvrir une armoire. Prendre soin de Maxine, pour que les choses ne tournent pas mal, que sa colère ne prenne pas le dessus et ne bouleverse pas sa vie. C'est sa nouvelle mission.