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 ICESNOW#6 ❅ « Learning to love. »

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Learning to love.

« You know you're in love when you can't fall asleep because reality is finally better than your dreams. » -  Dr. Seuss.
E
lle ne comprend pas bien comment il fait, comment il trouve chaque faiblesse mais tout son corps réagit, se cambre, frissonne sous ses doigts habiles. Plus qu’un plaisir grandissant, une extase incontrôlable de tous ses contacts disséminés, accumulés. Elle s’est agrippée à lui, désireuse d’en obtenir plus, jamais lassée, insatiable de ses baisers. Il lui a fait perdre pieds, si vite, encore sensible de leurs jeux à peine terminés. Elle serait prête à recommencer, là, sous cette main qui parcourt son dos, sous ses lèvres qui taquinent ses sens. Entièrement détendue, complètement détachée. Elle n’a jamais été si réceptive, si fébrile. La température monte, les yeux se ferment, les soupirs s’envolent. Bientôt, elle ne pèse plus rien, et ça n’apaise pas le feu qui l'embrase, qu’il fait renaître. Plus rien ne compte. L’eau rencontre la glace. Elle ne réalise pas tout de suite, emportée par le tourbillon heureux, qu’ils sont tous les deux transformés par leur mutation. Elle tangue entre mille sensations extrêmes, comme si être liquide ne changeait rien à leurs délices. Il s’installe à côté d’elle et elle se tourne pour l’observer. L’enveloppe glacée lui plaît autant que celle, classique, qu’il arbore habituellement. Un charme différent et incontestable qui l’attire. « Tu souffres lorsque les objets te traversent ? » Un non d’un signe de tête. Les cheveux flottent encore étrangement, comme si la gravité n’avait pas entièrement effet sur eux. Assez consistante, elle ne se fait pas aspirer par le matelas, ce qui est en soi une bonne nouvelle. « Je ne sens pas grand chose. C’est.. la légèreté absolue. Plus de douleur, plus de chaleur ou de frissons. Tout a l’air plus facile et heureux. » Sensation de liberté extrême loin de la prison du réel. A l’inverse de Bobby dont le corps modifié est lourd et contraignant, le sien flotterait presque entre les problèmes. Elle esquisse un sourire avant de prendre sa main, l’eau enveloppant délicatement le froid. La réaction créer quelques cristaux à la surface, qui fondent et sont absorbés. Fusion parfaite. Quant à lui, il entre en contact avec sa joue. C’est tendre, c’est agréable. Elle apprécie. La sensation est nouvelle mais elle existe, elle est présente. De nouvelles façons de toucher, de caresser, d’accepter. « Si tu lâches prise, tu sentiras toi aussi.. » lui murmure-t-elle.

Il pourrait percevoir la cohésion de l’élément, le frôlement aimant. Il est ancré dans une forme de réticence peut-être inconsciente mais perceptible. Les contours de la silhouette aqueuse s’adaptent à ceux de la silhouette glacée pour s’épouser, parfaitement se combiner. Elle peut toucher la glace. Elle peut s’approcher, comme elle le fait là, et déposer un baiser sur ses lèvres. Un baiser d’une légèreté sans pareille, presque pur par la fraîcheur qu’il dépose. « Tu crois que je peux te traverser ? » Il est froid. Sa température est plus basse que tout ce qu’elle a connu et c’est agréable. C’est apaisant et rassurant, cette glace familière qui ne peut pas blesser l’eau. « Je suppose.. essaye. » Il semble hésitant, il semble avoir peur de pousser trop loin la curiosité. Elle est fascinée par Bobby. Fascinée par le dessin net de ses muscles, par les blocs rassurants et lisses. Une paume se pose à la surface de son abdomen, prudemment. « Une impulsion sèche, sinon ça ne traversera pas. Je crois que c’est la force, qui provoque la fluidité. Sinon ça reste à la surface. » La glace était un élément particulier qui ne répondait pas aux mêmes lois que les autres matériaux, dans cette mutation. Il y avait une certaine souplesse, une tolérance particulière à intégrer, apprivoiser.

« Est-ce que tu penses que notre relation a provoqué cette mutation ? » La question trotte depuis qu’elle a découvert cette faculté, elle rôde sans qu’elle n’ose vraiment la formuler avec sérieux. C’est mal formulé, alors elle réfléchit, elle reprend, elle corrige, un peu intimidée. Elle n’aime pas faire appel à son côté professionnel, alors qu’ils sont entièrement dévêtus, et paradoxalement elle n’a jamais autant de facilité à communiquer avec lui, du positif ou de ses doutes. « Les chocs émotionnels, tu sais.. est-ce que ça veut dire que sans cette dispute, je n’aurais peut-être jamais développé ce potentiel ? » Qu’est-ce qui avait fait de Bobby Drake un Iceman complet ? Qu’est-ce qui avait couvert sa peau de cette armure impénétrable, imperméable ? Elle espérait secrètement que ça s’arrête là, que rien, plus jamais, ne la fasse muter. Il y avait une limite à son acceptation du gène X : la cryokinésie lui convenait, puissante mais pas insurmontable, utile mais pas repoussante, douce ou mortelle. Une augmentation de capacités représentait un réel défis, il suffisait de voir Wanda et son incommensurable pouvoir. Il suffisait de voir de quoi étaient capables certains mutants, à l’égal des dieux d’une mythologie écartée. Snow ne voulait pas que gagner en possibilités la prive de sa chance, de l’occasion d’essayer de fonder un foyer viable et aimant. Un avenir, tout simplement.
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Sous ses doigts, il la sent trembler. Frémir. Se cambrer. Chaque impulsion de ses lèvres génère une réaction en chaîne. Chaque effleurement est une occasion de la sentir vibrer. Les baisers appellent la chaleur. Les caresses sont des encouragements supplémentaires. Une incitation à une température plus haute. Une incitation à la liquéfaction. Il ignore comment il fait. Il ressent, tout simplement. Il a mémorisé les endroits cruciaux. Il a mémorisé ceux qui ont le pouvoir de lui arracher des soupirs. Ceux qui ont le pouvoir de créer un tremblement. Ceux qui ont le pouvoir de la crisper. Il se souvient de tous ces points. Il revient vers eux, après des égarements sur le reste du corps. Il revient vers, irrémédiablement attiré. La magie opère. Elle s’est changée sans qu’elle n’ait eu à souffrir. Sans qu’elle n’ait eu à réfléchir. Une étape dans le processus du plaisir. Une pause dans leur échange. Ils y reviendront bientôt. Ils y reviendront vite. Mais pour l’heure, il est temps d’expérimenter. Il est temps d’essayer. Il est temps de jouer aux scientifiques. Des scientifiques en herbes qui ne savent pas où ils mettent les pieds. Des scientifiques qui ne savent pas ce qu’ils vont découvrir. Il est curieux d’en savoir plus. Il est curieux de connaître les particularités de la liquéfaction. Il ne maîtrise que la solidification. Il ne cherche pas à évoluer, mais il se pourrait qu’un jour, il développe aussi cette part de la mutation. Il se pourrait qu’il puisse vagabonder d’un état liquide à un autre. De la liquéfaction à solidification, en passant par la vaporisation. Il se pourrait qu’il puisse atteindre ce niveau. Un jour, peut-être. Alors, il veut savoir. Il veut aider Snow dans cette nouvelle phase de son gène. “Je ne sens pas grand chose. C’est.. la légèreté absolue. Plus de douleur, plus de chaleur ou de frissons. Tout a l’air plus facile et heureux” Plus facile et plus heureux. Serait-elle en train d’apprécier cette nouvelle forme ? Une nouvelle apparence qui lui offre la liberté qu’elle n’a pas en étant pleinement humaine. Une apparence qui lui permet d’aller partout, sans aucune barrière, sans aucun obstacle. Une vie où rien ne l’empêcherait, où rien ne la retiendrait. Finalement, elle lui trouve des avantages. Elle lui trouve des points positifs. Finalement, elle est à deux doigts de dompter cette forme aqueuse. Elle a parcouru du chemin dans l’acceptation. Elle qui, encore quelques jours auparavant, ne supportait pas de se sentir liquide. De perdre le contrôle sur son corps. De se sentir changée. Le contact entre l’eau et le glaçon fait naître des cristaux. Des pellicules délicates et élégantes. Des diamants purs et magnifiques. La preuve que la glace peut être belle. Que l’eau peut être magique.

Il sent cette eau qui l’enveloppe. Comme une caresse sur sa peau de glaçon. Il a le sentiment qu’il va l’absorber. Qu’il va la geler. Un instant, il craint que ce soit le cas. Il craint de retirer une partie de Snow pour se l’approprier. Mais l’accident ne vient pas. Elle est fascinée par leur contact. Elle est hypnotisée par ces deux formes aqueuses qui se rencontrent. “Si tu lâches prise, tu sentiras toi aussi..” Il a déjà lâché prise. Il a déjà oublié les questions. Il n’y a plus que la fascination. Il n’y a plus que cette eau froide contre lui. Il n’y a plus que ce contact entre deux corps différents. Un spectacle à la limite de la poésie. Un spectacle à la limite de l’extraordinaire. Le baiser est frais. Délicat. Il laisse sur ses lèvres des particules glacées. De l’eau qui est restée accrocher à sa peau de glace. “Je suppose.. essaye.” Elle l’autorise à la traverser. A planter son bras en elle. A la traverser, tel un objet. Il refuse de lui faire mal. Il refuse que cette tentative ait pour conséquence une douleur. Mais cette possibilité est loin des pensées de Snow. Elle semble profiter du moment. Elle semble éloignée des soucis. Elle semble obnubilée par ce dont ils sont capables. Il sent son regard sur lui. Sur son corps. Il n’est pas sûr d’apprécier. Il n’est pas sûr d’être à l’aise. Mais il sait qu’en s’offrant nu et de glace, il a accepté de révéler un corps plus structuré. Plus ciselé. Plus musclé. Un corps plus beau que celui d’origine. Un corps plus impressionnant par sa matière. “Une impulsion sèche, sinon ça ne traversera pas. Je crois que c’est la force, qui provoque la fluidité. Sinon ça reste à la surface.” Il fronce les sourcils. L’idée ne lui plaît pas. Si il ne passe pas en travers, il pourrait lui mettre un coup de poing. Et un coup de poing d’un homme de glace a de quoi faire mal. Les dommages physiques pourraient être importants. Il n’a pas envie de la blesser. Plutôt que d’enfoncer son bras en elle - rien que cela semble étrange - il préfère parcourir ce corps. S’approprier la sensation de son contact. Apprécier les caresses liquides. Il est occupé à jouer sur son ventre. Là où son nombril devrait être. Là où la surface translucide reflète le plus la lumière. Un ruisseau contenu en Snow. Voilà ce qu’est la liquéfaction. Elle pourrait faire des vagues. Elle pourrait résonner du clapotis de l’eau. Elle pourrait refléter la lumière, telle une créature légendaire. Si Jade la voyait, elle serait émerveillée. Si Jade la voyait, elle ne s’en remettrait pas. Et Lawson, n’en parlons pas. Il n’aurait jamais vu de femme aussi séduisante et hypnotisante.

Est-ce que tu penses que notre relation a provoqué cette mutation ?” Il relève le regard vers elle. Il fronce ses sourcils gelés. Comment cela ? Est-ce que leur relation aurait généré un changement de sa mutation ? Une relation si désagréable et punitive, au point d’évoluer ? Il en a fini avec sa fascination pour le corps liquéfié. Il accorde pleinement son attention à Snow et à sa question. Au sens caché derrière son interrogation. “Les chocs émotionnels, tu sais.. est-ce que ça veut dire que sans cette dispute, je n’aurais peut-être jamais développé ce potentiel ?” Il est vrai que les chocs émotionnels ont tendance à être les déclencheurs des mutations. Elles apparaissent souvent lorsque le mutant ressent de la colère, de la peur, de l’insécurité, de la joie. La preuve en est avec sa propre expérience. Il a eu peur de perdre son père et c’est ainsi que la cryokinésie a fait son apparition. Les émotions ne sont que le bouton d’allumage des mutations. En aucun cas, elles ne poussent le gène à évoluer davantage. “Les mutations sont génétiques. C’est une coïncidence qu’elle soit intervenue lors de ta dispute avec Kitty. Si ça n’avait pas été là, elle serait apparue tôt ou tard.” Il abandonne la glace pour la chaleur de la chair. La conversation ne se prête pas à cette apparence. Le changement de température est contrebalancé avec la thermokinésie. Un jour, il pourrait tomber malade. Il pourrait s’enrhumer, à force de changer de température. Pour le moment, ce n’est pas encore arrivé. “Je ne veux pas t'inquiéter, Snow, mais il faut que tu vives avec la possibilité de toujours évoluer. A quatre-vingt ans, tu pourrais encore te découvrir une nouvelle capacité. On ne peut pas prévoir où ni comment les mutations évoluent, mais on peut apprendre à les maîtriser. Si ça se trouve, tu en as une troisième que tu ne soupçonnes pas. On ne peut pas savoir.” Il hausse les épaules. Il y aura toujours un risque pour qu’elle se découvre un nouveau pouvoir. Il y aura toujours une possibilité pour que la liquéfaction ne soit pas son dernier don développé. N’importe quel gène du corps humain peut muter, peut générer des maladies ou des déformations. N’importe quel corps peut contracter soudainement des tâches de rousseur ou un éclaircissement des cheveux. Ce sont des modifications que l’on ne maîtrise pas. Que l’on n’anticipe pas. “Je sais que ces changements sont effrayants, mais tu ne peux pas vivre dans l’angoisse de la prochaine évolution. Tu dois juste… vivre. Profiter.” Elle lui a demandé de profiter de l’instant présent. Elle lui a demandé de lâcher prise. Elle doit en faire de même avec la mutation. Elle doit apprendre à accepter ce gène qui lui impose des pouvoirs. Elle doit faire un effort pour ne plus se poser de questions là-dessus. Difficile à faire lorsque les changements influent sur son corps.

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« You know you're in love when you can't fall asleep because reality is finally better than your dreams. » -  Dr. Seuss.
I
l retrouve sa peau naturelle, il retrouve une peau douce et presque chaude comparée à son armure glaciale. La conversation redevient sérieuse. Il n’a pas souhaité lui passer au travers, risquer de potentiellement lui faire du mal. Toujours aqueuse, silhouette translucide, elle l’observe, avec le même intérêt. Il est beau, quoiqu’il soit, quelque soit ce qui trace les contours de son corps. C’est étrange, elle paraît toujours fascinée par la simple idée qu’il puisse être là, avec elle, autrement que comme le psychologue. Autrement que comme une aventure d’un soir. Dans l’eau de son regard brille quelque chose, une lueur douce qui suit son attention sur lui. Les doigts légers reviennent toucher le torse, tester les limites. Elle laisse sur sa peau un sillon humide. « Je ne veux pas t'inquiéter, Snow, mais il faut que tu vives avec la possibilité de toujours évoluer. » Instabilité. Une onde qui traverse l’enveloppe fluide. « A quatre-vingt ans, tu pourrais encore te découvrir une nouvelle capacité. » Il ne veut pas l’inquiéter mais c’est réussi. Elle n’était pas restée assez longtemps au sein de la Confrérie pour voir ne serait-ce qu’un mutant pondre une nouvelle faculté, comme ça, en un battement de cil. A la X-Mansion, les évolutions brusques n’intervenaient pas tous les jours et il semblait y avoir des terrains propices aux dons grandissants - les télépathes avaient l’étendue du cerveau pour s’améliorer, par exemple. Une simple cryokinésiste n’avait pas de raison valable, selon elle, pour évoluer. Pourquoi ? Parce qu’elle savait pertinemment, désormais, qu’elle avait passé des années à se perfectionner, à tenter d’atteindre la limite. Une faculté dormante n’aurait-elle pas dû se réveiller à cette époque ? A moins que son corps n’ait été trop jeune pour supporter des fluctuations pareilles. A moins que l’adolescence ait posé ses barrières à ne pas dépasser. « Si ça se trouve, tu en as une troisième que tu ne soupçonnes pas. On ne peut pas savoir. » Non merci. Deux c’était amplement suffisant. Dire qu’à une époque, Prudence était une partisane de la puissance mutante. Dire qu’à une époque, le fait de posséder le gène X suffisait à déterminer, pour elle, la supériorité face aux homo sapiens lambda. Dire que, peut-être, elle aurait fait la fierté de Mystique, là, avec cette liquéfaction tellement épuisante, mais pratique. La dame en bleue lui aurait trouvé des utilités incroyables.

« Je sais que ces changements sont effrayants, mais tu ne peux pas vivre dans l’angoisse de la prochaine évolution. Tu dois juste… vivre. Profiter. » Elle n’était plus à une angoisse près. C’était l’angoisse de trop, cependant. Les ondes s’accentuent sur la matière aqueuse, jusqu’à ce que la peau reprenne ses droits, dans la douleur. La toux est importante. Les doigts se sont crispés sur les draps, sans que l’air n’accepte de remplir ses poumons. La brûlure intense est brutale et les quelques gouttes rouges qui viennent tâcher le coussin suffisent à la faire trembler de froid, de peur. C’est épuisant. Les effets secondaires sont désagréables, sont largement flippants. Elle sait que tout son organisme doit s’adapter, mais à quel prix ? Snow bouge, vient se lover entre les bras de Bobby, cacher son visage contre son cou, se nourrir des battements de son coeur, de la berceuse qu’était sa chaleur. Sa présence suffisait souvent à faire retomber la pression. Les changements d’état étaient trop réguliers, ils mettaient à mal les poumons, le myocarde affolé, tous ces lieux vitaux et fragilisés. Comme si tout ne parvenait pas à se rematérialiser à la même vitesse. Fondre était facile. Revenir était intenable.

…*…

Le réveil sur la table de nuit affiche 3h. Elle s’était endormie, sans pouvoir lutter, et là, elle se redressait, le regard dans le lointain. Elle a perdu le contact physique avec Bobby, au cours de la nuit. La nuisette est revenue sur elle, sans qu’elle ne sache ni pourquoi ni comment, et dans ce sommeil actif, elle n’en a que faire. Elle est sortie du lit, sans percevoir la présence du psychologue et elle a ouvert la porte. Trois heures du matin, comme souvent quand elle commence à vagabonder. Les couloirs défilent, sans intérêt, jusqu’à celui qui menait vers les dortoirs des garçons, puis vers la chambre de Bobby. Snow s’arrête, cesse de bouger un moment, comme si une porte invisible l’empêchait d’entrer dans cette aile du manoir, comme si une laisse la retenait de franchir les derniers mètres jusqu’à la chambre du petit-ami. La somnambule se résigne, rebrousse chemin pour descendre les étages. La porte du bureau, fermée. Elle paraît savoir qu’il n’est pas là. C’est comme goûter à une absence permanente. C’est comme percevoir un vide, du fin fond d’un coeur qui ne se sent pas en sécurité. Elle ne tente même pas de passer l’obstacle, elle retourne à son errance, cette fois vers l’extérieur. Attirée comme une abeille vers le miel.
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Il l’effraie. Il l’effraie en parlant d’un avenir où le gène muterait encore. Il l’effraie en abordant l’éventualité d’un autre pouvoir. Il n’a pas les mots pour la rassurer. Il a beau lui dire de ne pas s’inquiéter. Lui dire de profiter. Cela ne fonctionne pas. Il lit l’anxiété sur ses traits. La douleur d’un futur chaotique. Il aimerait lui montrer la beauté d’une mutation. Il aimerait lui montrer la chance de maîtriser des dons. Mais il semble incapable, lorsqu’il s’agit de Snow. A une époque, elle était pourtant convaincue que la mutation était un don. Un pouvoir dont il fallait faire usage. Son rapport a totalement basculé. Son rapport a totalement changé. Elle ne voit plus les avantages. Elle est obsédé par les inconvénients. Ce qui rend sa situation encore plus étouffante. Encore plus angoissante. Elle ne trouvera jamais la paix, à lutter contre elle-même. A lutter contre la génétique. Si le passage de la glace à la chair s’est déroulé facilement pour lui, on ne peut pas en dire autant de la liquéfaction à la chair. Snow souffre. Et la voir dans cet état est un crève coeur. Il reste à l’écart, ne sachant comment soulager sa douleur. Ne sachant comment l’aider à passer ce cap. Plus elle se débat avec elle-même, plus elle souffre. Les émotions ne sont que des raisons supplémentaires de rendre la mutation intolérable. Il faut qu’elle le comprenne. Il faut qu’elle l’assimile. Sinon, il craint le pire. Un jour, la mutation pourrait de nouveau se retourner contre elle. Le gène X pourrait l’attaquer, la punir. La tuer. Il l’observe lutter pour respirer. Lutter pour reprendre le contrôle sur son corps. Les gouttelettes vermillons tâchent le tissu. Ça en est trop. Il se rapproche pour lui offrir ses bras. Pour lui offrir son soutien. Pour lui offrir son affection. C’est enlacé qu’ils finissent par retrouver un semblant de sérénité. Bobby se refuse de dormir. Il se refuse de fermer les yeux de la nuit. Il va la surveiller. Il va s’assurer qu’elle va bien. Il va s’assurer qu’elle ne vagabonde pas. Il la berce. Il la garde contre lui. Il veille sur son sommeil. Entre ses bras, il la sent se détendre. S'échapper vers des songes plus agréables. A son tour de pouvoir se détendre. Légèrement. Pas trop, pour ne pas succomber au sommeil. Pas trop, pour ne pas rêvasser. Il ramène les draps sur leur corps nu. Une protection contre le monde extérieur. Une protection contre les tourments. Il s’installe le plus confortablement possible, s’assurant de ne pas réveiller Snow. S’assurant de ne pas la tirer de ses rêves. Mais elle semble profondément endormie. Éprouvée par la liquéfaction. Épuisée par ses nuits de somnambulisme. c’est fini maintenant. Elle va passer des nuits agréables. Elle va passer des nuits reposantes. En théorie.

Les heures passent. Il a le bras qui s’engourdit à force de tenir dans la même position. Il tente de le déplacer. Il tente de se mouvoir. A chaque geste, il lui semble entendre Snow se réveiller. Il n’en est rien. Elle persiste à dormir. Il est presque trois heures du matin. Il est éveillé depuis presque vingt-quatre heures. La fatigue le gagne. Toute la volonté du monde ne suffirait pas à lui garder les yeux ouverts. Il lui faut du café. Une bonne tasse de café. Un bon stimulant pour tenir les dernières heures. Il observe le visage de Snow. Paisible. Endormi. Apaisé. Un visage dont les traits sont détendus. Un visage libéré de toutes les tensions. Un visage évacué de toutes les peurs. Elle ne se réveillera pas tout de suite. Il a le temps de se faire couler un café. Il a le temps de se dégourdir les jambes. Il retire son bras. Doucement. Délicatement. Il glisse ensuite hors du lit, en priant pour que le matelas ne fasse pas de bruits. En priant pour que le changement de température ne la dérange pas. Finalement, il s’est extirpé du lit. Et elle a toujours les paupières closes. Il s’empresse de remettre son éternel caleçon et d’enfiler son pull. Il ne prend pas la peine de mettre un pantalon. Qui traîne encore dans les couloirs de l’Institut à cette heure-ci ? Il ne croisera personne et ce ne sont pas deux jambes qui feront pâlir quelqu’un. Au moment de refermer la porte de la chambre, il jette un dernier regard sur Snow. Il peut s’en aller. Il peut s’absenter un instant. Elle ne disparaîtra pas. Elle ne s’évanouira pas dans la nature. Il traverse le couloir. Il descend les trois étages. Il arrive dans la cuisine. Là où la soirée a commencé. Là où il a croisé Snow. Il met en route la cafetière. Il dose le café. Il ajoute l’eau. Et c’est parti. Dans le silence de la pièce, il a le sentiment que l’appareil fait un bruit d’enfer. Un bruit capable de réveiller tous les pensionnaires. Un bruit qui s’entend jusqu’à New-York. Seulement son imagination. Seulement un son amplifié par le calme. Il verse le liquide noir dans une tasse et repart. Il fait le chemin inverse. Il gravit les trois étages. Il parcourt le couloir. Il fait peser doucement son poids sur la poignée. Elle s’enclenche en silence. Le battant s’ouvre. Sur un lit vide. Un électrochoc. Snow était là il y a à peine un quart d’heure. Elle dormait. Elle était dans ses rêves. Comment est-ce possible ? Il pose la tasse un peu trop violemment sur le bureau. Tant pis pour le bruit. Snow ne sera plus réveillée. Elle l’est déjà. Enfin, plus ou moins. Dans la chambre, il n’y a pas d’indice lui indique où elle serait allée. Il constate uniquement qu’elle s’est rhabillée. Maigre consolation que de savoir qu’elle ne erre pas dans les couloirs toute nue. Il n’aurait pas dû la laisser seule. Il n’aurait pas dû s’absenter. Il n’aurait pas dû partir. Bordel de merde.

Par la fenêtre, un croissant de lune brille. Des étoiles parsèment le ciel. Le spectacle illumine l’extérieur de l’Institut d’une lumière spectrale. D’une lumière douce et lunaire. Et là, juste au pied du bâtiment, une silhouette blanche s’éloigne. Une silhouette fantômatique. Une silhouette qui pourrait être Snow. C’est obligatoirement elle. Il reconnaîtrait la cascade de ses cheveux. Il reconnaîtrait son corps. “Et merde.” Il retourne dans le couloir. Il oublie la tasse de café. De toute manière, il est pleinement réveillé. Il est pleinement en forme. Et il n’a pas le temps de boire. La glace s’échappe de ses mains, formant un toboggan. Bien plus rapide. Bien plus pratique. Il doit la retrouver avec qu’elle ne s’éloigne de trop. Avant qu’elle disparaisse de l’enceinte. Avant qu'il ne lui arrive quelque chose. Le toboggan traverse l’étage jusqu’aux escaliers. Il glisse jusqu’en bas. Jusqu’au rez-de-chaussée, en direction de la porte. Là, ses pieds touchent le sol. Ses yeux s’affolent, à la recherche de Snow. Il la voit au loin. Elle disparaît un instant derrière un arbre. Avant de réapparaître plus loin. Elle marche, sans se soucier des branches, de l’herbe. Elle marche, en direction d’une destination connue d'elle seule. Il s’élance à sa suite. Il se fait la réflexion que tout compte fait, un pantalon n’aurait pas été du luxe. Mais tant pis. Les problèmes vestimentaires attendront plus tard. Les problèmes vestimentaires seront réglés un autre moment. Il se rapproche. Ce n’est qu’en voyant un reflet qu’il réalise où il se trouve. Près du lac. Là où tout a plus ou moins commencé entre eux. Là où elle a montré ses failles. Là où ils se sont rapprochés. Lorsqu’il se pense assez proche, il s’arrête. Tandis qu’elle continue sa route. “Snow ? Tu es réveillée ?” Sa question tourne, flotte, tombe. Elle trouve un écho au milieu de la nature. Mais pas de réponse. Elle dort. Elle fait une crise. Il profite d’un instant pour reprendre son souffle. Pour prendre conscience de ce que cela signifie. Il se remet en marche. Il ne court plus. Plus besoin. Il sait où elle se rend. Il sait ce qu’elle recherche. Elle cherche leur havre de paix. Elle cherche leur complicité. Elle le cherche. Elle s’arrête. Il arrive à son niveau. Elle a le regard perdu. Le regard endormi. Le regard vide. Des yeux si bleus et pourtant si inexpressifs. Il se plante devant elle. Ce regard lui arrache un frisson. Il est habitué à plus de sentiments. A plus d’émotions. A plus de vie. Il frôle sa joue de la pulpe de ses doigts. Elle est froide. Comme toujours. Mais dans ce contexte, sa froideur l’inquiète. “Hey Snow… Il faut te réveiller.” Doucement. La tirer de son sommeil délicatement. La ramener vers la réalité avec douceur. Le réveil peut être brutal. Il peut être aussi difficile qu’une personne tirée du lit par un bruit sourd. Il ne faudrait pas qu’elle prenne peur et retourne ses pouvoirs contre lui. “C’est Bobby. Je suis là, maintenant. Tu peux retourner dans ton lit.” Il abandonne sa joue pour récupérer sa main. Il va la ramener dans son lit. Il va s’assurer qu’elle ne quitte plus sa chambre. Elle le cherchait, elle l’a trouvé. Plus besoin de vagabonder. Plus besoin de déambuler dans tout l’Institut. Plus besoin de l’inquiéter.

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« You know you're in love when you can't fall asleep because reality is finally better than your dreams. » -  Dr. Seuss.
U
ne voix lointaine arrête la progression. Snow ne bouge plus. Elle est là, silhouette fantomatique près du lac. « Hey Snow… Il faut te réveiller. » C’est difficile. C’est comme la faire sortir d’un brouillard épais. Le contact sur sa joue lui fait cligner des yeux, la ramène lentement. Elle sent qu’elle a froid. Elle perçoit la présence de Bobby, elle perçoit sa tendresse. « C’est Bobby. Je suis là, maintenant. Tu peux retourner dans ton lit. » Elle manque perdre l’équilibre. Elle manque tomber, son corps refusant de la porter, déphasée. Elle se raccroche à cette main qu’il lui a offerte, elle se raccroche à une épaule, sortie de son sommeil au mauvais endroit, au mauvais moment. « Bobby.. » Un froncement de sourcils. Ils s’étaient endormis sur son lit, non ?  Ils étaient l’un contre l’autre et elle se retrouvait dehors, en nuisette. Une crise. Elle réalise qu’elle a fait une nouvelle crise, malgré les moments passés ensemble, malgré l’amour partagé. Ca l’effraye. Une frayeur brusque. Elle plante ses yeux trop bleus dans ceux du psychologue qui n’a pas eu le temps de s’habiller, en se redressant, en reprenant l’équilibre. « Je.. suis allée jusqu’à ta chambre et.. excuse-moi, j’ai dû te faire peur. » C’est un euphémisme. Elle sait que l’adrénaline a dû violemment pulser dans les veines du psychologue protecteur. Un regard alentours. C’est le lieu du palais glacé. C’est proche de leur dîner sur la table transparente. C’est le lac de leurs confrontations. C’est tout ce qui les a un jour réuni, dans l’amitié, la haine et l’affection.

« Viens.. » Elle l’entraine à l’intérieur, frissonnante, elle le ramène vers la cuisine, là où la température est plus agréable, là où il peut s’asseoir et se calmer. Elle gâche sa nuit. Elle gâche le cours normal de sa vie et elle ne sait absolument pas comment se faire pardonner. Elle ne sait que faire pour qu’il soit pleinement heureux, pleinement apaisé, prêt à tourner la page de ses questionnements incessants pour croquer la pomme du plaisir à pleines dents. Plaisir d’avancer, avant tout. Trois heures du matin, ça n’est pas raisonnable. Il travaille, il a une journée à assurer, il ne peut pas vagabonder avec elle à la recherche.. d’elle ne savait trop quoi, d’ailleurs. A la recherche d’elle-même, peut-être. Sous cloche, un gâteau au chocolat dont elle découpe une part qu’elle fait légèrement réchauffer afin de lui offrir un aspect plus fondant. Personne n’a osé y toucher. A croire qu’il fallait qu’elle y goûte devant tout l’institut pour qu’ils cessent d’être méfiants. Une cuillère récupérée et Snow tend la gourmandise à Bobby. « Après l’effort, le réconfort.. » Un sous-entendu.

Il a passé des heures entre ses bras, entre luxure et découvertes. Il avait veillé - elle en était sûre - contre tout aspect raisonnable. Il méritait bien un peu de sucre. Et ça le forcerait bien à dormir, durant la digestion. Fourbe ? Un peu. « Tu devrais aller te reposer, je ne risque rien. » Elle s’assied, encore vaseuse. Elle devrait être allongée, elle devrait avoir droit à un peu de normalité, au moins la nuit. Est-ce qu’elle culpabilisait au point de faire sans cesse le chemin à l’envers ? Le chemin à l’envers. Ca trotte quelques secondes. Elle a fermé les yeux, elle a reposé les prunelles claires de la lumière qu’elle trouve drôlement agressive.

« Ta chambre. Ton bureau. Le lac. Les grilles. » Divers endroits où elle se souvient avoir été réveillée, d’abord par Aneliese et désormais par Bobby. Elle remontait presque le temps dans ses errances et qui sait jusqu’où une nuit pourrait la mener ? « Je me sens coupable. Coupable de pouvoir te toucher et t’aimer.. coupable d’être ici alors que mes actes ont longtemps été en contradiction avec les valeurs même de l’Institut. Coupable de.. parfois penser à construire quelque chose avec toi alors que tu vaux tellement mieux.. » La langue déliée sur les émotions dormantes. Elle semble encore à demi-plongée dans ce drôle d’état qui nous piège après un réveil brutal. Elle ne sait que penser de ce qu’il vient de se passer. Bobby ne peut pas veiller sur elle chaque seconde de ses journées, chaque heure de ses nuits. Il devait être libre de vagabonder sans s’inquiéter de ce que son inconscient peut décider de faire. Si le passé la rendait brusquement violente, victime d’un souvenir, qui pourrait encore prétendre qu’elle a sa place au sein de la X-Mansion ? « J’ai froid.. » Rien à voir. Comme si les barrières de la retenue étaient tombées. Comme si elle ne pouvait faire autrement qu’être sincère et lui délivrer les secrets et sensations qui remontaient à la surface.
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Bobby..” Elle revient vers lui. Elle s’est réveillée. Son regard a changé. Plus vivant. Plus conscient. Il préfère de loin cette version de ses prunelles. Le bleu brille de nouveau d’une lueur de vie. Il lit l’incompréhension sur son visage. Il lit la surprise, l’étonnement. Elle ne s’attend pas à être debout, au bord du lac. Elle ne s’attend pas à une nouvelle crise de somnambulisme. Elle ne s’attend pas à une promenade en nuisette. Cette frayeur dans son regard l’attriste. Il aurait mieux fait de la raccompagner dans son lit. Il aurait mieux fait de ne pas la réveiller. Il a encore des choses à apprendre sur les somnambules. Il a encore des choses à découvrir. Il devrait se renseigner. Il doit bien avoir un livre sur ce sujet dans sa bibliothèque. Sinon, les moteurs de recherche sauront lui répondre. Il presse sa main. Il est là. Il ne bouge pas. Il sera toujours là. Il essaye un sourire, sans grand succès. Il ne parvient pas à la rassurer. Il a eu peur. Il s’est inquiété. Il s’est fait du souci. Il n’arrive pas à faire semblant. Il n’arrive pas à lui cacher son inquiétude. Il peut, parfois. Il y parvient plutôt bien, des fois. Pas là. Pas en plein milieu de la nuit. Pas alors qu’il était juste parti boire un café. Il semblerait qu’elle soit douée pour l’effrayer. Il y a eu la liquéfaction et maintenant, de nouveau ses promenades nocturnes. Il est abonné aux soucis avec elle. Mais tant pis. C’est bien la preuve qu’il tient à elle, non ? La preuve qu’il souhaite la protéger. La preuve qu’il commence à développer des émotions plus fortes. “Je.. suis allée jusqu’à ta chambre et.. excuse-moi, j’ai dû te faire peur.” Il hausse les épaules. Feint le détachement. Non, bien sûr que non. Elle ne lui a pas fait peur. Il a juste eu un sursaut en voyant son lit vide. Il a juste eu des milliers de scénarios de malheurs qui lui sont venus à l’esprit. Il a juste craint qu’il ne la retrouve pas à temps. Non, il n’a pas eu peur. Juste une petite panique. Il secoue la tête. Il dément. Son sourire se fait plus franc. Plus sincère. Elle pense d’abord à s’excuser, avant de reprendre le contrôle sur la situation. C’est adorable. C’est attentionné. “Je vais m’en remettre.” Il note dans un coin de son cerveau de consulter un cardiologue. Juste pour être sûr que son coeur tient le choc. Juste pour être sûr qu’il ne va pas mourir d’un moment à l’autre. Juste pour se rassurer. “Viens..” Elle l’attire à sa suite. Elle ne le lâche pas et il en est content. Il préfère être accroché à elle, par le simple lien de deux mains serrées, que de la perdre de vue. Que de la perdre à un virage. Que de la savoir disparue. Là, sa main dans la sienne, il sait qu’elle ne s’en ira pas de sitôt. Il sait qu’il saura la retenir, au cas où elle replongerait.

La silhouette de la X-Mansion se profile. Bâtisse noire dans l’obscurité. Elle se détache, laissant apparaître quelques fenêtres allumées. De rares pensionnaires rebelles qui font durer la soirée. Mais Bobby ne s’y intéresse pas. Il ne s’arrête pas sur ce genre de détails. Ils retrouvent la chaleur, presque étouffante. Presque insupportable après la basse température extérieure. La magie de la mutation fait son oeuvre. La magie de la mutation lui fait gagner quelques degrés. Snow le conduit jusqu’à la cuisine. “Tu sais que ce n’est pas l’heure de manger ?” Il n’a pas envie de manger. Il n’a pas envie de boire. Il n’a pas envie de rester éveillé plus longtemps. Il veut juste retourner sous les draps. Il veut juste se laisser couler dans le sommeil. Il veut juste se reposer. Mais il s’assoit docilement au comptoir. Il passe une main sur son visage pour chasser les traces de fatigue qui reviennent. L’inquiétude apaisée, l’épuisement reprend ses droits. Il le sent dans ses muscles. Il le sent dans son corps. Il pourrait s’endormir dans la cuisine. Il pourrait croiser les bras et en faire un oreiller confortable. Il pourrait se contenter du comptoir. Il ne peut pas. Il doit garder un oeil sur Snow. Il doit la suivre dans chacun de ses mouvements. Il doit veiller à ce qu’elle reste dans sa chambre. Il fronce les sourcils, en la voyant s’agiter dans la cuisine. Elle passe d’un coin à un autre. Un coup, une assiette dans la main. Une autre fois, un couteau au bout du bras. Et bientôt, un gâteau au chocolat trônant sur une assiette lui est présenté. Il est à deux doigts de soupirer. Il est à deux doigts de s’excuser d’être incapable de manger un gâteau à cette heure de la nuit. Trois heures du matin, bon sang. On ne mange pas, à moins d’avoir très faim. Chose qui n’est pas son cas. “Après l’effort, le réconfort..” Elle semble tellement satisfaite de lui servir cette part. Elle semble tellement heureuse de le chouchouter. Il attrape l’assiette. “Merci.” Il croit. Il n’est pas sûr. Il est capable de se nourrir tout seul. Il est capable de se préparer des repas. Mais son geste part d’une bonne volonté. Son geste démontre une envie de prendre soin de lui. Un retour de balle. Alors, il va en manger quelques morceaux. Pour lui faire plaisir. Et qui sait, il renouvellera peut-être ses batteries. “Tu devrais aller te reposer, je ne risque rien.” Il lève les yeux. On ne fait pas mieux en matière de mauvaise foi. En matière de déni. Elle ne risque rien ? D’accord, mais ne vient-elle pas de s’échapper de sa chambre, en direction du lac ? “Si ça ne te dérange pas, je vais quand même te surveiller.” Qui sait ce qui aurait pu arriver. Elle aurait pu tomber dans l’eau. Elle aurait pu se fouler une cheville dans l’herbe. Elle aurait pu être assommée par une pomme de pin. Quoi d’autres, encore ?

Il a le regard plongé sur le gâteau. Il n’a pas le courage d’entamer une conversation. Il n’a pas le courage de manger. Il le regarde avec dépit, mais il coupe un nouveau morceau. Il doit au moins faire l’effort. Il doit au moins montrer un certain intérêt pour sa confection. Même que sa pâtisserie est bonne. Bien mieux que ce qu’il est capable de faire avec des pâtes préparées. “Ta chambre. Ton bureau. Le lac. Les grilles.” “Hum… ?” Il a du gâteau plein la bouche. Il lève le regard vers Snow. Qu’est-ce qu’elle raconte encore ? Qu’elle le harcèle ? Il avale la part enfournée. Il doit avoir l’esprit trop endormi, trop lent. Il ne comprend pas ce qu’elle essaye de dire. Il ne comprend pas son raisonnement. Snow ne le regarde pas tellement. Elle est repartie dans un univers où elle seule vit. Où elle seule est la survivante. Un univers où ses pensées sont plus claires. Un univers où ses réflexions sont plus logiques. “Je me sens coupable. Coupable de pouvoir te toucher et t’aimer.. coupable d’être ici alors que mes actes ont longtemps été en contradiction avec les valeurs même de l’Institut. Coupable de.. parfois penser à construire quelque chose avec toi alors que tu vaux tellement mieux..” Ses mots s’ancrent dans son cerveau. Ses mots trouvent un sens. Ses mots l’incitent à abandonner l’assiette. Il dépose la cuillère au bord. Il ne quitte plus Snow des yeux. Elle semble ailleurs et pourtant, tellement lucide. Tellement consciente de ses problèmes. Donc, ce serait la culpabilité. Mais encore une fois, elle se remet en question. Elle se remet tout le temps en question. Elle a depuis longtemps démontré son implication pour faire le bien, avec les X-Men. Elle a été là depuis que Malicia a rompu. Il ne voudrait être avec personne d’autre, à ce moment précis. Elle persiste à se blesser, à se rejeter, à se désavouer. Elle persiste à culpabiliser. Il ne sait plus quoi faire. Il ne sait plus comment la convaincre du contraire. Comment la convaincre qu’elle a sa place parmi les pensionnaires. Comment lui prouver qu’il apprécie sa présence. “J’ai froid.. ” Un appel qu’il entend parfaitement. Il se lève de son tabouret pour l’enserrer de ses bras devenus chauds. Il pose son menton au sommet de son crâne. Il préfère la sentir contre lui, plutôt qu’à errer dans les jardins de l’Institut. Il préfère la réchauffer, plutôt que de la savoir gelée au bord d’un lac. Elle est à moitié éveillée, à moitié endormie. Il va probablement la tirer de sa réflexion lucide avec ce contact. Tant pis. Il prend le risque. Il a besoin de ce contact. Elle aussi. “Il faut que tu me dises comment je dois faire pour te convaincre que tu as ta place à mes côtés.” Il pense avoir fait le tour des preuves. Il pense avoir montré combien il l’appréciait à ses côtés. Il pense n’avoir rien fait pour la pousser à ne pas l’aimer. Bien sûr, il y a Kitty qui lui a dit tout le contraire. Mais Snow mieux que quiconque connaît les raisons de son amie. La jalousie. Entre ses bras, il sent Snow se réchauffer. Il sent ses bras se couvrir d’une couverture chaude. Il sent son buste devenir chaleur. Elle retrouve une température normale.

Tu es l’une des meilleures X-Woman qui existent. Depuis que tu es arrivée, tu as défendu les valeurs de l’Institut avec plus de courage et de force que n’importe lequel d’entre nous.” Elle a appartenu à la Confrérie pendant longtemps. Elle a cru en leurs valeurs. Elle les a défendus. Elle a tué pour elles. Mais depuis, elle s’est rachetée une conduite. Son opinion a changé. Elle est un atout indispensable de l’équipe des X-Men. Ils ont fait équipe, tous les deux. Ils ont montré ce dont ils étaient capables. Sans elle, il aurait probablement eu quelques blessures et quelques fractures. Sans elle, il n’aurait pas réussi aussi facilement. Il s’écarte pour attraper son regard. Un regard ensommeillé. Il y a une chance pour qu’elle ne soit toujours pas totalement consciente. L’occasion de lui poser des questions. L’occasion de l’inciter à parcourir ses peurs, ses doutes. L’occasion de fouiller là où son esprit se refuse d’aller en général. “Tu maîtrises mieux la liquéfaction et tu en souffres moins pendant tes crises. Qu’est-ce qui te bloque quand tu es éveillée ?” Parce que, c’est bien ce qu’il se passe. Elle ne bronche pas lorsqu’elle se liquéfie pour passer sous une porte. Son apparence ne fluctue pas lorsqu’elle se promène dans la nuit. Elle maîtrise cette partie de sa mutation parce que rien ne vient court-circuiter sa concentration. Il doit exister une explication. Il doit exister une raison.

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« You know you're in love when you can't fall asleep because reality is finally better than your dreams. » -  Dr. Seuss.
C
a n’est pas l’heure de manger mais Prudence est déconnectée. Elle lui tient une conversation, elle lui sert une part de gâteau, elle bouge et agit sans que tout soit réellement en phase avec sa conscience. Elle dort presque. Il ne peut même pas être certain qu’elle se souvienne de cela au réveil. Elle flotte dans un univers clair et un peu angoissant à la fois. « Si ça ne te dérange pas, je vais quand même te surveiller. » Pas de commentaire. Pas de réponse. Elle était tellement bien contre lui, quelques heures plus tôt. Elle ne veut pas s’en séparer, elle ne veut pas qu’il parte se coucher sans elle, au fond. Sa présence est rassurante, apaisante. Elle pourrait presque sombrer là, sur la table. Il ne l’a pas abandonnée, il ne lui est rien arrivé. En état de somnolence, Snow perçoit les bras de Bobby autour d’elle. Elle pose sa tête contre lui, lovée dans sa chaleur douce, dans le silence de l’Institut endormi. C’est agréable. Elle est prête à se rendormir complètement quand la voix de Bobby la tire du brouillard qui l’absorbait. « Il faut que tu me dises comment je dois faire pour te convaincre que tu as ta place à mes côtés. » Il ne peut pas. Elle se sent illégitime, parce qu’elle est coupable du malheur d’une autre. Le psychologue a beau lui faire remarquer que Malicia était jalouse, que sans elle c’aurait été une autre, les doutes persistent dans de longues nuits d’angoisse. Contre sa volonté. Contre elle-même.

Elle n’a pas répondu. Elle n’a rien dit. Elle est restée muette, dans sa semi-lucidité. Il n’y avait aucune solution toute prête, l’esprit trop complexe ne le permettait pas. Les doutes faisaient partie d’elle. Les remises en question ne cessaient jamais. « Tu es l’une des meilleures X-Woman qui existent. Depuis que tu es arrivée, tu as défendu les valeurs de l’Institut avec plus de courage et de force que n’importe lequel d’entre nous. » Il essaye de la rassurer, elle le sait. Il essaye de lui faire croire qu’elle est utile, que ses fautes sont rattrapées par ses actes récents. Elle sait pourtant qu’il lui faudra plus d’une vite pour effacer les meurtres, les douleurs, la violence et l’intolérance. De plus, elle sait parfaitement que ce qui la rend efficace n’est rien d’autre que son expérience, Prudence ne contourne pas les problèmes dans un combat, elle ne s’acharne pas à garder l’ennemi en vie - s’il faut ôter la vie, elle le fait, sans une once d’hésitation. Blesser ou tuer n’est pas un blocage. Ca n’est complexe à gérer qu’ensuite, une fois les faits digérés, qu’une fois le temps écoulé qu’elle est hantée.

« Tu maîtrises mieux la liquéfaction et tu en souffres moins pendant tes crises. Qu’est-ce qui te bloque quand tu es éveillée ? » Il s’est écarté pour accrocher le regard trop bleu. Snow n’est plus vraiment là. Elle s’est laissée couler dans l’ambiance tranquille, avant qu’il ne bouge. Un état proche de celui qu’on obtiendrait par l’hypnose. Il n’y a plus de barrière entre elle et sa mémoire, entre elle et ses peurs. « .. La douleur. » Ca n’est d’abord qu’un murmure. Un aveux soufflé. « Ca brûle.. c’est comme si John s’amusait à enflammer chaque cellule quand je dois redevenir consistante. » John. Pyro était sans doute sa plus grande référence au sadisme et elle parvenait pourtant à le nommer autrement que par son pseudonume. Liés par la glace, Prudence et Bobby savaient mieux que personne la souffrance que pouvait représenter le feu face à leur mutation. Le psychologue était parvenu à surmonter tout ça, à vaincre une peur, passer au-delà de l’ennemi naturel. Elle n’en avait pas réellement eu l’occasion. « .. comme si on m’arrachait les poumons.. » Une souffrance anesthésiée par les états de somnambulisme, par les promenades nocturnes. L’être humain est une machine particulière qui recèle mille mystères. Il lui faudrait plus de temps qu’ils n’en ont pour déverrouiller toutes les portes.

« Ca me terrifie.. je déteste ne pas maîtriser.. » C’était une réalité. Snow aimait conserver le contrôle sur la plupart des aspects du quotidien. Elle rangeait, par exemple. Tout avait une place prévue, un ordre, sans que ça ne tourne à la maniaquerie absolue. Elle préférait garder ses sentiments pour elle, afin de ne les livrer en pâture à personne. Ses tenues étaient toujours en parfait état, soignées, de même que la combinaison noire dont elle prenait soin. Tout avait une valeur et un degré plus ou moins grand d’importance. Qu’elle ait opté pour livrer son coeur était même surprenant pour la reine des neiges, celle qui était réputée autrefois pour en être dépourvue. En fin de compte, elle évitait depuis longtemps les implications émotionnelles pour ne pas avoir à en souffrir. Il était peut-être là, le noeud du problème : éviter la douleur, la peine, éviter ce qui pourrait la déstabiliser, ce qui avait fait partie intégrante de son adolescence. Elle ne se laissait finalement emporter que par Bobby.
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L’esprit de Snow est si complexe qu’y pénétrer est un parcours du combattant. Un parcours jonché d’obstacles. Un parcours jalonné par des défaites, des peurs et des réussites. Un parcours long, pénible et laborieux. Alors, profiter de son état est presque trop beau. Trop facile. Mais il en profite. Parce qu’il n’a pas d’autres choix. Parce qu’il doit lui faire prendre conscience de certaines choses. De certains faits. De certaines peurs. Il doit l’inciter à mettre des mots sur ses peurs. Il doit la pousser à exprimer ses doutes, ses remords, ses peines. Il doit la faire parler. En plein milieu de la nuit, dans l’intimité d’une cuisine, cette séance officieuse et improvisée est plus concluante que toutes les séances organisées dans son bureau, avec un calepin et un contexte professionnel. A croire qu’il vaut mieux sortir du cadre pour obtenir des résultats. Mieux vaut tard que jamais. Alors, il l’interroge. Il la pousse. Il l’incite à explorer les méandres de son esprit. Car c’est ce dont il s’agit. Une forêt de problèmes. Une jungle de peurs et de souvenirs. Un labyrinthe de pensées. Il n’a pas le plan pour s’orienter là-dedans. Il n’a pas les clés pour se diriger dans le cerveau de Snow. Mais elle, elle les a. Elle est la seule capable de se comprendre. Elle est la seule à pouvoir trouver des réponses. Elle est la seule à pouvoir s’aider. Il est simplement là pour lui éclairer la route. Pour lui donner des directions. Pour la guider. “.. La douleur.” Ce n’est qu’un murmure et pourtant, il l’entend clairement. Dans le silence de la cuisine, un simple murmure se transforme en une phrase prononcée à voix haute. La douleur. C’est donc ce qui la bloque. C’est donc ce qui l’effraie. La douleur est nécessaire. La douleur va de pair avec la liquéfaction. Elle s’habituera. Changer physiquement est un sport. Son corps finira par mieux réagir. Son corps finira par mieux appréhender les modifications de consistance. Ce n’est qu’une question d’entraînements. “Ca brûle.. c’est comme si John s’amusait à enflammer chaque cellule quand je dois redevenir consistante.” Encore Pyro. Il semblerait qu’il soit sa référence en matière de douleurs. Comme si le Confrériste avait déjà tenté de la blesser. Comme si il avait déjà utilisé ses pouvoirs sur elle. Il est possible qu’une attaque de feu ait rencontré une défense de glace, durant une confrontation avec les X-Men. Mais de là à s’en effrayer… A contrario, elle trouve le feu tellement beau, tellement hypnotique. On est souvent médusé par ce qui nous donne la chair de poule. Il semblerait que ce soit le cas de Snow.

.. comme si on m’arrachait les poumons.. ” La comparaison est forte. Presque exagérée. Cela aurait pu être son opinion. Si il n’était pas passé par cette étape. Si il n’avait pas connu cette souffrance. Si il n’avait pas eu la possibilité de se transformer en homme de glace. il ne juge pas cette comparaison exagérée. Au contraire. Elle rend justice à la douleur ressentie. A cette impression que son propre corps mute, se transforme, perd sa consistance. A cette impression que son corps ne lui appartient plus. A cette impression que son corps va le lâcher. Et puis, il y a cette douleur qui prend de la tête aux pieds. Cette douleur qui étreint le cerveau, la cage thoracique. Cette douleur qui brûle tout le corps. Cette douleur qui ne disparaît que grâce à la fraîcheur de leur corps. Il connaît. Il sait très bien de quoi elle parle. Il aimerait avoir des conseils. Il aimerait avoir des astuces. Il aimerait lui donner des explications pour ne plus souffrir. Sauf qu’il n’en a pas. Il peut seulement lui dire de patienter, de s’entraîner, de dépasser la douleur. Tout le monde n’en est pas capable. Tout le monde ne peut pas oublier les souffrances. “Ca me terrifie.. je déteste ne pas maîtriser..” Il a un sourire. Venant d’elle, cette phrase sonne telle une plaisanterie. Encore quelques heures auparavant, elle lui demandait de lâcher prise. Encore quelques heures auparavant, elle lui demandait de profiter de la vie. Alors qu’elle s’enferme dans un quotidien propre, net et organisé. Alors qu’elle s’acharne à ce que tout soit carré. Alors qu’elle veut tout maîtriser. Elle ne peut pas. Elle doit arrêter de tout organiser, tout contrôler, tout gérer. Elle se fatigue plus qu’autre chose. Elle se force à une discipline qui l’épuise et la ronge. Entre eux, c’est Snow qui a le plus besoin de se détendre. De savourer la vie. “Le feu et la glace s’opposeront toujours. Tu dois seulement être plus stratège et intelligente.” Il gaspille sa salive. Ce qu’il lui raconte ne doit même pas parvenir jusqu’au cerveau de Snow. Ce qu’il lui raconte ne doit même pas l’impacter. Ce sont des mots qui entrent et ressortent, sans rien endommager, sans rien provoquer. Il gaspille sa salive, mais il n’y peut rien. Il veut la rassurer. Il veut la protéger. Son état à la limite de l’hypnose ne la rend pas réceptive à ce genre de discours. Il ferait mieux de garder son énergie pour une séance où elle sera pleinement présente.

Les réponses lui viennent facilement. Les réponses coulent d’elles-mêmes. Les mots s’échappent, les pensées s’articulent entre elles. Comme dictées par son inconscient. Il n’éprouve pas de scrupules à l’idée d’utiliser sa fatigue. A l’idée de l’interroger dans cet état. A l’idée de l’inciter à trouver des réponses. Ce sont des explications qui sont nécessaires. Ce sont des explications qui l’aident. Ce sont des explications qui permettent d’évoluer. “Qu’est-ce qui a changé depuis la Confrérie ? A cette époque, tu étais puissante et fière de la personne que tu étais devenue. Maintenant, tu as peur.” Il regrette de ne pas avoir un stylo et une feuille sous la main. Trop inquiet de ne pas se rappeler de tous les détails. Trop soucieux de ne pas pouvoir lui rapporter ses dires. Il ignore si elle s’en souviendra après. Il ignore si ses réponses resteront dans sa mémoire. Il ignore tout. Il abandonne l'idée pour se concentrer sur les paroles de Snow. Uniquement sur elle. Au final, c’est le principal. Être là pour entendre ses souvenirs, ses craintes. Être là pour écouter ce qu’elle a à raconter. Être là pour lui répéter, ensuite. Peu importe si c’est approximatif. “Tu te rappelles de cette boîte que tu as ramenée de San Francisco ? Qu’est-ce qu’elle contient ?” Il y a des centaines de sujets qu’il veut aborder. Des centaines d’interrogations qui lui viennent. Seulement quelques unes peuvent être posées. Snow ne restera pas éternellement dans son semi-endormissement. Elle ne tardera pas à rouvrir des yeux plus éveillés, plus vivants. Des yeux plus conscients. Et alors, ce sera la fin de cette conversation. Priorités aux zones obscures, sombres et vides. Priorités aux informations qu’il n’a jamais pu obtenir.

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« You know you're in love when you can't fall asleep because reality is finally better than your dreams. » -  Dr. Seuss.
E
lle entend mais ne semble pas vraiment intégrer. Elle est là, elle écoute, elle se perd dans le vague et les conseils, s’ils parviennent jusqu’à son cerveau, ne sont pas réellement décryptés. Il n’y a rien qu’elle puisse réellement faire si ce n’était cracher les informations, telle une marionnette dirigée à la mélodie de la voix de Bobby. « Qu’est-ce qui a changé depuis la Confrérie ? A cette époque, tu étais puissante et fière de la personne que tu étais devenue. Maintenant, tu as peur. » Ca ne vient pas immédiatement. La poupée paraît cassée, dans ce sommeil éveillé. C’est tellement loin, tellement enfoui, il faut gratter à la surface des blessures passées pour lever le voile. « Culpabilité. » Le mot a déjà été prononcé, plus nettement cette fois, il revient, sentiment imprimé dans son coeur, sentiment ancré jusqu’au plus profond de sa mémoire, de sa conscience. La culpabilité, inextricable, douloureuse prison qui menace de la briser chaque seconde de son existence d’errance. « Remords. Douleur. Abandon. Deuil. Chaos. » Chaque terme est détaché, prononcé calmement, distinctement, une liste de tout ce qu’elle enferme, garde pour elle, de tout ce que son esprit lui refuse parfois, ces fêlures suintant encore dans son quotidien, verrouillant de nombreuses facultés. Le subconscient la protège, elle a oublié, elle oublie encore parfois parce qu’elle se protège, parce qu’elle serait détruite si elle laissait imploser tout ce qu’elle conserve dans son douloureux jardin secret. S’autoriser à ressentir pleinement était un risque non négligeable qui se montrait intégralement à Bobby pour la première fois.  « Amour. » Puis le silence. Une déclaration que Snow n’aurait pas voulu faire, qu’elle n’aurait pas faite si elle en avait eu le choix. Est-ce qu’elle se serait permise d’aimer, réellement, pleinement ? Non. C’était le cas, pourtant. Elle avait appris à aimer Bobby malgré elle. Le virus Drake l’avait contaminée le jour où il lui avait résisté, où il s’était redressé, couvert de glace, s’était opposé à elle et était devenu son défis, sa cible, celui qu’elle avait refusé de voir blessé, si ce n’était par elle. L’affection s’était insinuée dans la dualité, l’amour s’était mêlé à la haine, la reconnaissance avait fusionné avec la rancoeur. Un cocktail mortel de sensations contradictoires.. et pourtant, le seul terme qui s’était brusquement mis à correspondre était celui-ci : amour.

Est-ce que ça l’avait faite changer ? Oui. Mais ça n’avait en rien apaisé les tourments en arrière-plan, la culpabilité intense, le besoin de se racheter. La peur était son pire ennemi. La peur d’elle-même effritait son efficacité, brûlait son assurance, faisait sauter l’ancrage de sa fierté passée. Snow n’était plus vraiment cette femme capable de tuer sans en payer, plus tard, le prix. Elle le faisait, parce qu’il le fallait, ça ne voulait pas dire qu’elle le vivait bien. Elle se noyait dans ses craintes au point que la liquéfaction devenait absolument invivable. L’acceptation était plus longue, plus laborieuse. « Tu te rappelles de cette boîte que tu as ramenée de San Francisco ? Qu’est-ce qu’elle contient ? » La boîte qu’elle n’a pas ouverte. Prudence se lève, traverse la cuisine, elle abandonne la pièce pour se diriger vers les dortoirs. Imperturbable, elle monte les escaliers, traverse les couloirs. Une hésitation. Elle tourne vers la chambre de Bobby, s’arrête, revient sur ses pas et rejoint enfin la sienne.

La porte de l’armoire qui s’ouvre sur cette grande boîte. Vital, inscrit sur le côté, de son écriture ronde, comme si elle s’était laissée des indices, un testament par objets abandonnés au manoir Rosebury. Elle l’ouvre, soulevant doucement le couvercle, assise sur le lit. Et le corps se laisse aller sur le côté - elle s’est rendormie. Complètement. Incapable d’aller au-delà. C’est plus que ses forces ne le lui permettent, plus qu’elle ne peut en tolérer. Il y a un album de souvenirs, des photos d’une époque où elle se croyait heureuse, de ses débuts avec Axel, des essayages joyeux de robe de mariée, comme pour mieux l’enfermer entre ses filets. La bouille mignonne d’un garçon et d’une fille, perdus dans les voilages blancs. Des notes de restaurants luxueux, offerts régulièrement, accrochés comme des preuves d’un amour trop superficiels. Puis des vides, des pochettes qui ne contiennent rien. Des pages déchirées de carnets, des aveux de souffrance, de tristesse. La première gifle, la première fois qu’il l’a obligée à faire quelque chose. Du papier froissé ou humidifié par les larmes. Moins de souvenirs malheureux que de souvenirs heureux, cependant. Accrochée à une punaise plantée dans le carton, une bague, de celles qui brillent et signent des promesses vaines. Snow a espéré. Elle venait d’ouvrir au psychologue la tombe de ses espoirs détruits. Les cendres de ce qu’elle avait cru possible. Les coupures de journaux des catastrophes de l’époque servent de fil chronologique aux évènements. Elle n’a pas eu le courage de l’ouvrir parce que quelque part, elle ne voulait pas se souvenir de tout cela. Et pourtant son esprit voulait qu’il y ait accès, parce qu’il était le seul capable de l’aider à se battre contre ses terreurs silencieuses.
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Il n’y a pas plus improbable qu’une séance dans une cuisine, en caleçon et en nuisette. Cette discussion aurait pu avoir lieu n’importe où, n’importe quand. Dans son bureau, dans une de leur chambre, au bord du lac. Il a fallu que ce soit ici. Là où tout le monde peut les interrompre. Là où tout le monde peut les entendre. Non pas qu’il craigne être dérangé à trois heures du matin. Il doute que qui que ce soit se risque à sortir pour boire un verre d’eau. Quant aux somnambules, ils sont rares. En fait, il n’y a que Snow. Elle est la seule à hanter les couloirs de l’Institut durant la nuit. Elle est la seule à visiter les locaux. Elle est la seule à se promener. Pendant que les autres dorment, elle marche. A la recherche d’une légitimité. A la recherche d’une issue pour fuir sa culpabilité. Un jour, elle parviendra à trouver le sommeil. Un jour, elle parviendra à se convaincre de son importance. Un jour, elle parviendra à accepter qu’elle est intégrée et qu’elle a sa place. Veiller sur elle constamment est un sport. Une épreuve de tous les instants. Il s’en est aperçu. A peine a-t-il tourné le dos qu’elle s’est faufilée dans la pénombre. A peine s’est-il absenté qu’elle a disparu. Elle est pire qu’un enfant. Un enfant doit être surveillé pour ne pas qu’il se blesse, mais au moins, il a conscience de ses gestes. Au moins, il comprend. Ce n’est pas le cas de Snow. Elle n’a pas conscience. Elle ne contrôle rien. Elle ne répond qu’à son subconscient. Elle ne répond qu’à ses pensées refoulées. Ce qu’il dit ne change rien. Ce qu’il fait ne l’impacte pas. Pour tous ces côtés, elle est pire qu’un enfant. Il ne peut pas faire ça tout seul. Il a besoin de l’aide d’Aneliese. Il a besoin de sa bienveillance et de son amitié. Il a besoin de son soutien. Il faudra qu’elle l’aide à surveiller Snow. Il faudra qu’elle le remplace lorsqu’il ne pourra plus assurer les nuits blanches et les journées de travail. En principe, il ne demande pas l’aide des étudiants. Il ne souhaite pas les impliquer, en particulier lorsque cela peut influer sur leurs notes et leur concentration. Mais là, il n’a pas le choix. Après seulement quelques heures, il a été forcé d’abandonner Snow pour un café. Qu’est-ce que ce sera dans quelques jours ? Quand il aura accumulé le manque de sommeil. Quand il ne tiendra plus éveillé plus de vingt minutes d'affiliées. Quand il sera impossible de se concentrer sur son travail. L’aide d’Aneliese ne sera qu’un soutien ponctuel. Temporaire. Il trouvera une autre solution. Quitte à enfermer Snow dans une pièce totalement hermétique. Étanche. Imperméable. Une pièce qui ne souffre d’aucune ouverture ou fente. Une pièce dont elle ne pourra pas s’échapper, même liquide. Une pièce qui n’existe pas. Pas encore. Il peut voir avec Xavier pour la créer. Il peut voir avec Xavier comment faire. Peut-être que le professeur aura une solution plus télépathique.

Culpabilité.” Snow le sort de ses pensées. Elle le force à se concentrer sur ses réponses. Il fronce. Elle se répète. Est-ce un effet indésirable de son état ? Elle ne peut pas souffrir encore de culpabilité. De la culpabilité pour tout. Elle ne peut pas vivre dans ces remords perpétuels. Il réalise l’urgence de sa situation. L’urgence de répondre à toutes ses inquiétude. L’urgence de lui prouver que culpabiliser ne sert à rien. Si au début, son arrivée a été décriée et critiquée. Les pensionnaires ont fini par tolérer sa présence. Et depuis qu’elle s’est mise à parler aux autres, elle est acceptée. Au sein de l’équipe des X-Men, sa place n’est plus à faire. Alors, la culpabilité n'est pas nécessaire. “Remords. Douleur. Abandon. Deuil. Chaos.” Elle ne s’encombre pas de phrases complètes. A quoi bon ? Il comprend. Il n’a pas besoin de paroles superflues. Il n’a pas besoin d’explication poussée. Il comprend ce qu’elle essaye de dire : elle s’en veut pour le mal causé. Elle s’en veut pour les douleurs occasionnées. Elle souffre d’être abandonnée. Par sa famille. Par Axel. Par la Confrérie. Et peut-être, par Bobby. Elle n’a pas eu une vie facile. Une vie jonchée de morts, de combats. Une vie loin de ce que l’on souhaite à tous les adolescents de son âge. Son regard se détache de Snow. Il assimile les informations. Il les enregistre. Il crée des liens avec des anecdotes de son passé. Il trouve des concordances avec des événements de son histoire. “Amour.” Il pose ses yeux bleus sur Snow. L’amour. Le mot résonne étrangement. Dans sa voix, il ne perçoit aucune émotion. Pourtant, elle l’a prononcé. Comme un message. Comme une vérité. Comme une confession. Il garde la silence. L’amour. Il ignore si ce mot lui est dirigé. Si il la fait culpabiliser en sortant avec elle. Si il la met mal à l’aise en l’embrassant. Si il ne la rassure pas assez sur le bonheur d’être à ses côtés. Il devrait lui poser la question. Il devrait l’interroger à ce sujet. Mais il n’est pas là pour régler des problèmes personnels. Il est là pour Snow. Pour obtenir les réponses à ses interrogations. Pour combler des vides que son subconscient refuse de remplir. Pour l’inciter à exprimer des faits qu’elle se refuse de reconnaître. Il verra plus tard, s’il en a le temps. Il verra plus tard, si elle reste dans cet état encore longtemps. Sinon, ce sera pour un autre jour. Sinon, il abordera le sujet quand elle sera pleinement consciente.

Il préfère l’amener à parler de cette boîte mystérieuse. Une boîte ramenée de San Francisco. Une boîte qui s’est glissée dans ses bagages. La visite du manoir familial des Rosebury a été une réelle plongée dans le passé. Un réel retour aux sources. Un vrai remue-ménage dans ses souvenirs. Elle a seulement récupéré quelques affaires, dont ce coffret. Un objet qui doit avoir une importance pour elle. Mais elle ne l’a pas ouvert. Elle l’a laissé dans un coin de son armoire. Elle l’a rangé, en attendant le courage. En attendant la motivation. En attendant le bon moment. A sa question, Snow se lève. Elle quitte la cuisine. Pas un mot. Pas une expression. Il déteste la voir si peu expressive. Si peu réactive. Il se lève. Il la suit. Ils rebroussent chemin. Ils vont d’abord jusqu’à la porte de sa chambre. Il est prêt à intervenir. Il est prêt à lui demander ce qu’elle pense trouver chez lui. Mais, elle s’éloigne. Elle repart. Elle reprend la route. Direction le dortoir des femmes, maintenant. La porte de la chambre s’ouvre. Puis celle de l’armoire. En-bas, c’est une boîte qu’elle récupère. Une boîte qu’elle pose sur son lit. Une boîte dont elle retire le couvercle. Une boîte autour de laquelle elle s’allonge. Endormie. Jusqu’alors sur le pas de la porte, Bobby pénètre dans la chambre. Fouiller dans les affaires est une pratique peu recommandable. Une pratique peu acceptable. Fouiller dans les affaires est aussi un moyen de découvrir une personne. Fouiller dans les affaires permet de trouver des pans d’histoire. Celle de Snow semble se jouer dans ce coffre. Il se penche au-dessus du contenu. Ses doigts retirent des photos, des carnets, des pochettes, des papiers abîmés. Des fragments de sa vie. Des souvenirs d’un passé. Des indices de la Snow qu’elle a été. Il repose le contenu. Mieux vaut qu’elle découvre tout cela par elle-même. Pas à cause de Bobby. Il referme la boîte. Il la dépose au pied du lit. Il s’assure que Snow est installée confortablement. Assez confortablement pour dormir toute la nuit. Assez confortablement pour se réveiller en forme. Puis, il opte pour le fauteuil. Celui qui trône dans la chambre. Celui dans lequel il ne s’endormira pas. Celui depuis lequel il va pouvoir veiller sur son sommeil. Il attrape un livre qui traîne. Un livre dont il se fiche du sujet. Un livre qui suffira à le maintenir occupé jusqu’à l’aube. Plus que quelques heures. Avant le lever du soleil. Avant le réveil de Snow. Avant le début de la journée. Seulement quelques heures.

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