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Learning to love.

« You know you're in love when you can't fall asleep because reality is finally better than your dreams. » -  Dr. Seuss.
L
e chaud, le froid. La mutation instable. Elle est restée couchée toute la journée. Blottie dans les draps, fiévreuse, elle ne s’est ni sentie capable d’aller en cours, ni de rejoindre Bobby pour leur séance. La fatigue l’a écrasée toute la matinée. Vers midi, Snow est parvenue à se lever, chancelante, pour rejoindre l’infirmerie, inquiète que rien ne se stabilise. Du repos, lui a-t-on dit. Soit. Elle est retournée se reposer. En passant devant le bureau du psychologue, elle a hésité à toquer, à s’expliquer - absent. Il devait être allé manger, ou être sorti prendre l’air, et si habituellement elle le cherchait pour voler quelques minutes de contact, cette fois-ci elle est partie. En rejoignant sa chambre, elle a voulu attraper son téléphone, lui laisser un message, en vain, trop liquide, elle aurait bousillé l’objet. Foutue mutation. Les larmes de frustration sont venues à bout de l’énergie qu’il lui restait.

…*…

Il devait être vingt-et-une heures lorsque Snow a ouvert les yeux, la chemise de Bobby sur le dos, à laquelle elle avait trouvé une étrange vertu : elle avait le sommeil moins agité, comme les enfants se servent d’un doudou, elle se servait du vêtement. En promenant son regard dans la pièce, elle a constaté que certaines choses avaient bougé : l’ordinateur ouvert sur ses cours de droit n’était plus bancal sur le lit, les livres étaient posés sur le bureau, son téléphone s’était déplacé sur la table de nuit. La mutante s’est redressée, moins vaseuse, sortant difficilement du brouillard. Tangible, de chair et d’os. Le cirque génétique s’était calmé. Iceberg était forcément passé, il n’y avait que lui, pour se permettre d’entrer. Il avait dû vouloir la disputer, et la trouver profondément endormie, peut-être qu’il n’avait pas voulu la déranger, lui qui connaissait sa difficulté à se reposer. Lentement, Prudence se lève, vacille un peu et se dirige vers la porte. La décoration est simple, seul le mannequin de couturière avec la tenue blanche restait invariable, était passé d’une chambre à l’autre, un souvenir du passé. Sur les murs, quelques photos de paysages, de Paris à Londres, de décors ensoleillés, des endroits qu’elle avait rêvé de visiter. Elle apprenait à personnaliser, à s’approprier un lieu, signe sans doute qu’elle était enfin prête à y rester.

Un pas dans le couloir. Une fraîcheur agréable. Les cheveux détachés, tombant en cascade dans le dos, elle ne se préoccupe pas franchement d’une quelconque présence entre les murs de l’institut, elle veut seulement rejoindre la cuisine. Rien mangé depuis la veille. Elle s’arrête dans le salon. La télévision marche, des dessins animés, et un frêle petit garçon avec un lapin dans les bras suit attentivement les images. Parfois, des mutants plus jeunes arrivaient chez Xavier, recueillis comme les orphelins qu’ils étaient trop souvent. « Tu n’arrives pas à dormir.. ? » demande-t-elle en s’approchant doucement. Un non de la tête. Certains dons empêchaient des nuits complètes, le règlement était d’ailleurs très souple sur le sujet. « Tu veux un chocolat chaud ? » Un petit oui, timide. Elle esquisse un sourire et passe dans la cuisine où, surprise, quelqu’un se trouve déjà.

« Tu ne dors pas. » Un constat joyeux. Elle ne sait pas exactement ce qu’il fait mais elle est ravie de le voir, de peut-être pouvoir profiter d’un peu de temps près de lui, avant que Morphée ne l’emporte, ne le lui vole. « Je suis désolée de ne pas être venue.. à l’infirmerie ils m’ont dit de rester couchée et.. mon téléphone déteste l’eau. » C’était le moins que l’on puisse dire. Elle attrape le lait dans le réfrigérateur, un mug dans un placard et le chocolat en poudre. Les gestes sont précis. Un chocolat chaud, c’est tout un art, n’est-ce pas ? Elle le fait chauffer, range ce qu’elle a sorti, met une paille dans le récipient enfin prêt et retourne dans le salon. « Tiens, attention, ne te brûle pas. » Snow ne croit pas l’avoir déjà croisé. Est-ce qu’il est arrivé dans la journée ? « Si tu as besoin, on est juste à côté. »

Retour vers Bobby, un baiser sur sa joue. « Tu m’en veux.. ? » Une inquiétude qu’elle exprime. Et s’il lui tenait rigueur de son instabilité physique ? Si elle l’agaçait à être absente, à son tour ? Elle devait manger avec lui, à midi, et elle n’était pas venue, elle n’avait même pas été en cours. Il s’était sûrement inquiété. Il déteste s'inquiéter. 
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Il y a un moment où l’appel du ventre est plus fort. Un moment où on ne peut pas l’ignorer. Un moment où même le travail ne parvient pas à focaliser les pensées. Alors, la concentration s’échappe. La concentration se dilate. La concentration s’éparpille comme autant de billes. Dans ces moments, il n’arrive plus à rien. Lorsqu’il lève les yeux de son bureau, il découvre l’heure : vingt heures trente. Déjà. Encore hier, il s’en serait voulu d’avoir travaillé si tard. Il serait allé discuter avec Snow, avant de l’abandonner pour qu’elle dorme. Mais aujourd’hui, elle n’est pas venue manger. Elle n’a pas donné de nouvelles. Elle a même été absente lors de ses cours. Alors, il repousse les remords. Il a le droit de fauter. Il s’arrache à ses dossiers pour quitter son antre. Il éteint derrière lui. Il n’y retournera pas ce soir. Il va simplement cuisiner un plat rapidement. Il va simplement s’assurer que Snow est toujours en vie, dans sa chambre. Il va simplement aller se coucher. Un programme qu’il compte tenir. A vingt-trois heures au plus tard, il sera dans son lit, à ronfler aussi fort qu’il le voudra. Il passe devant le salon où un des plus jeunes pensionnaires est planté devant la télévision. Au loin, il s’assure que le programme qu’il regarde est adapté à son âge. Puis, il s’éloigne. Les mutants ont des raisons de ne pas dormir. Ils sont souvent emplis d’inquiétudes et de démons intérieurs. Les nuits sont souvent courtes, à cause des insomnies. Bobby repassera par le salon après son repas afin de ramener le garçon dans sa chambre. Pour le moment, son estomac gronde. Il fouine dans le réfrigérateur pour y dénicher trois oeufs qu’il transforme en omelette. A une époque, il aimait manger des céréales tard le soir. Maintenant, il se montre raisonnable. Il se rabat sur les oeufs. Moins sucrés et meilleurs pour la santé. Non pas qu’il s’inquiète pour le bon fonctionnement de son organisme. Il s’en fiche. Il s’en préoccupera lorsqu’il aura soixante ans et qu’il devra réparer les dégâts de plusieurs années d’alimentation douteuse. Pour l’instant, il profite. L’omelette glisse de la poêle à l’assiette. L’assiette vient se placer sur le comptoir. Bobby s’installe en face de son plat, fourchette à la main. Il l’avale en un temps record. Il est en train de faire la vaisselle lorsqu’il est rejoint. “Tu ne dors pas.” Il n’a pas besoin de la voir pour savoir qu’il s’agit de Snow. Il sent sa température dans l’air ambiant et sa voix est unique. Il abandonne l’assiette dans la mousse pour se tourner dans sa direction. C’est maintenant qu’elle émerge ? Qu’elle sort de sa cachette ?

Il l’a cherchée, ce matin. Il l’a cherchée lorsqu’elle n’est pas venue à sa séance. Il est habitué à ce que les pensionnaires sèchent ses séances. Ils trouvent des excuses pour ne pas s’y rendre : trop de devoirs, un cours terminé trop tard, un oubli, un virus foudroyant. Il se serait attendu à ce genre d’absence de la part de Snow, il y a quelques mois. Maintenant, il a oublié ce que cela faisait. Les dix premières minutes, il a pensé qu’elle était simplement en retard. Lorsqu’il a patienté pendant vingt minutes, il a commencé à s’inquiéter. A la trentième minute, il en était à tourner en rond dans son bureau, énervé par l’idée qu’elle ne vienne pas. La quarantième minute fut l’occasion de s’inquièter. Elle l’aurait prévenu, si elle l’avait pu. Elle lui aurait dit qu’elle ne pouvait pas honorer la séance. Il a dû se passer quelque chose. A la cinquantième minute, il a abandonné son téléphone. Pas de message. Pas d’appel. Pas de réponse. Silence total. Il n’a pas pu se rendre directement dans sa chambre, un nouveau pensionnaire étant attendu. Mais son téléphone n’est pas resté loin. A la vue de tous sur son bureau. Le son allumé pour ne pas rater des nouvelles. Le midi, elle ne l’a pas rejoint pour qu’ils mangent ensemble, comme ils l’avaient prévu. Ce n’est qu’en fin de journée qu’il a pu s’extirper de sa pièce pour mener l’enquête. Enquête qui l’a conduit à l’infirmerie. On lui a annoncé un état de fatigue important, causé ou causant des fluctuations de consistance. Il a fini par lui rendre visite dans sa chambre, mais il l’a trouvé endormie. Les affaires en vrac. Il est reparti aussi discrètement qu’il est arrivé. Il l’a laissée à ses rêves. Il l’a laissée à son repos. Ils auraient d’autres occasions de discuter. Ils auraient d’autres possibilités de manger ensemble. Il a pu se rassurer. Il a pu repartir travailler, l’esprit tranquille. Dans la cuisine, il esquisse un sourire. “J’ai profité de ma soirée de libre pour travailler.” C’est agréable de la voir en forme. Souriante. Joyeuse. Sûre d’elle. Loin de l’image vacillante entre chair et eau. La liquéfaction humaine reste une mutation encore peu connue de la X-Mansion. Il est difficile de la guider dans son contrôle. Il est difficile de la rassurer face à un pouvoir que personne ne maîtrise. Mais elle le vit pour le mieux. Elle s’en sort. En tout cas, c’est l’impression qu’elle donne. Il rince l’assiette, avant de la déposer sur l’égouttoir. Il s’essuie les mains sur une serviette. “Je suis désolée de ne pas être venue.. à l’infirmerie ils m’ont dit de rester couchée et.. mon téléphone déteste l’eau.” Il s’appuie contre le meuble de cuisine, les bras croisés. Il l’observe créer un chocolat chaud avec minutie. “Je sais.

Les excuses, il en est coutumier. Chacun a les siennes. Chacun a ses méthodes. Chacun truque plus ou moins la vérité. Il aurait juste espéré qu’elle se comporte autrement. Il aurait juste voulu qu’elle demande à une personne de le prévenir. Il aurait juste aimé qu’elle pense à informer son petit-ami. Pourtant, elle sait qu’il a tendance à s’inquiéter. Il se soucie des autres. C’est dans sa nature. Elle devait se douter qu’il attendrait de ses nouvelles. Elle quitte la cuisine avec sa tasse de chocolat chaud. Elle revient, un baiser au bord des lèvres. Il ne bronche pas lorsqu’elle le plaque contre sa joue. Il ne fait pas un geste pour l’attirer contre lui. Snow n’a pas l’habitude des relations de couple. Il le sait. Elle doit encore assimiler certaines choses. Certaines règles. Elle doit encore comprendre qu’une personne se fait du soucis pour elle, sur cette planète, et qu’elle a le devoir de le rassurer. Elle doit encore comprendre qu’un couple se forme avec deux personnes et que la communication est primordiale. “Tu m’en veux.. ?” Un peu. Beaucoup. Le niveau de colère est indéfinissable. Disparaître comme elle le fait est inconscient. Le garder dans le secret est désagréable. En fait, il lui en veut. Il accepte qu’elle ait été trop malade pour l’informer. Mais elle aurait pu laisser un mot, prévenir quelqu’un. Elle a bien dû croiser une personne sur le chemin de sa chambre. Simplement lui éviter l’inquiétude. Simplement lui éviter de la chercher dans tout l’Institut. Une conversation qu’ils pourraient avoir des centaines de fois. Il n’a plus la force de lancer le débat. Il n’a plus le courage d’entrer dans une conversation stérile. “T’en vouloir pour quoi ? Parce que tu n’es pas venue à ta séance ? Parce que je t’ai attendue pour manger ?” Il hausse les épaules. Il lui en a voulu et il était prêt à la disputer lorsqu’il est entré dans sa chambre. Il n’a pas eu le courage de la réveiller. Il n’a pas eu envie de briser le seul moment de repos qu’elle a. Sa colère a eu le temps de s’apaiser depuis. Maintenant, il n’y a plus que la lassitude. Il n’y a plus que le désarroi. “Bien sûr que je t’en veux. Je me suis fait du souci pour toi. Tu aurais pu me laisser un mot.” Il y a de la rancune. Mais ne pas prendre en compte son état de fatigue serait égoïste. Elle aurait pu faire les choses autrement, certes. Sauf que tout le monde le sait, lorsque l’on ne va pas bien, on ne réfléchit pas. On ne pense qu’à son confort. Qu’à son bien-être. Bobby n’était pas dans les priorités de Snow. “Mais je constate que tu vas mieux. C’est le principal.” Sa main s’échappe pour faire un mouvement dans la direction de Snow. Oui, elle va mieux. Elle est en forme. Elle est prête à rester éveillée toute la nuit, s’il le faut. Il préfère la voir souriante que dévorée par la fatigue. Il préfère la sentir détendue qu'envahie par l’anxiété. S'inquiéter valait la peine, au final.

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I
l l’a attendue pour manger. Un fait qui la contrarie. Elle était pourtant certaine d’avoir vu le bureau vide, quand elle est passée, au retour de l’infirmerie. Peut-être était-ce le seul moment où il a mis le nez dehors. A quelques minutes près, elle l’aurait vu, elle aurait pu lui parler. Elle aurait pu dire qu’elle se sentait mal. « Bien sûr que je t’en veux. Je me suis fait du souci pour toi. Tu aurais pu me laisser un mot. » Rancune. Elle baisse le regard. Elle n’aime pas qu’il lui en veuille. Elle n’aime pas la perspective d’une dispute. Il n’a pas réagi à son baiser, il n’a pas répondu au contact ; Snow a vraiment énormément de choses à apprendre en amour. « Mais je constate que tu vas mieux. C’est le principal. » Une main en approche. Elle esquisse un sourire. Bobby est gentil, foncièrement tolérant. Il ne lui en tiendra pas rigueur. Il ne lui fera pas la tête durant des semaines pour cette erreur. Liquide. Le soulagement créer une variation émotionnelle et sa consistance change, elle se fait à nouveau silhouette translucide. Elle ne s’en rend pas compte tout de suite, passer de l’état solide à liquide n’est pas douloureux, l’inverse est plus complexe. Quand elle le réalise, c’est trop tard, le contact est impossible. « .. Ce truc me fatigue. » Le moins que l’on puisse dire. Elle était fatiguée de ne plus rien contrôler, fatiguée de devoir vivre entre deux univers matériels, entre le tangible et l’à peine tangible. Elle voyage entre des matières que personne ne semble plus percevoir de la même manière qu’elle - sauf Bobby. Une minute ou deux de réflexion. Il lui a affirmé qu’il ne fuirait pas le changement, que cette mutation ne provoquerait pas de rupture alors elle tend la main, elle pose la paume contre la joue. Prendre soin de ne pas passer au travers. Une caresse en surface, qui laisse une sensation de fraîcheur. « Excuse-moi, j’aurais dû attendre devant ton bureau, me douter que je ne parviendrais pas à t’envoyer de message. » Les gants, ça ne fonctionne pas sur le tactile. Foutue technologie. Foutue liquéfaction.

Prudence s’écarte, ferme les yeux. Stabiliser les sensations, prendre conscience de ce qui l’entoure. Ca ne prend pas longtemps, l’eau laisse place à la peau. Elle retrouve son état normal, sans certitude de le garder suffisamment pour profiter de la soirée. Triste réalité. Un baiser volé. Un baiser qu’elle attrape, pour s’excuser, pour goûter à sa présence, pour contrer la distance. « Je vais contrôler.. je te promets que je vais contrôler.. pour nous. » Pour que ça se passe bien, pour qu’ils ne soient pas confrontés à la difficulté de ne pas pouvoir se toucher autant qu’ils le veulent, il sortait de ce genre de relation et Snow refusait de le lui imposer, encore, alors qu’ils approchaient une vie normale. Une vie de couple simple, tranquille. « Tu me crois ? » Besoin d’être rassurée, de savoir qu’il ne ressent pas une forme de rejet, de dégoût face à ce qu’elle était en train de devenir.

L’estomac noué. Elle va chercher la bouteille de lait dans le réfrigérateur, pour en verser dans un bol, avec des céréales. Manger froid pour ne pas provoquer d’autre variation de température, ça n’est pas forcément ce qu’elle préfère mais c’est toujours mieux que rien. Puis elle avait faim, quoiqu’il en soit. Le bol à la main, elle se cale contre l’encadrement de la porte, observant le garçon avec son doudou lapin et son chocolat chaud, collé devant les dessins-animés. Seul. Peut-être un peu trop seul pour son jeune âge. Il devait avoir quoi, huit ans à tout casser ? La mutation pouvait vraiment gâcher la vie très tôt. « Il est arrivé aujourd’hui, n’est-ce pas ? » Question presque rhétorique. Prudence ne pouvait pas se vanter de connaître tous les élèves, elle n’y prêtait pas assez d’attention pour cela, mais elle sait qu’elle n’aurait pas oublié cette petite bouille, cette tête blonde trop innocente pour subir la cruauté de leur monde. « A quoi bon avoir des enfants pour les abandonner à leur sort ? » A quoi bon forger une famille pour qu’un rien ne finisse par la détruire ? Il lui fait de la peine. Les céréales sont presque finies quand le bol s’écrase violemment contre le sol, le lait restant ne l’éclabousse pas mais lui passe au travers. Encore. Elle réagit à toute source de danger, comme s’il n’y avait plus de niveau de perception. L’esprit est sensé savoir réagir à différents degrés, savoir différencier une menace imminente et un simple accident de parcours. Ca n’est plus son cas. Il restait encore à déterminer s’il s’agissait d’une conséquence de l’accident ou d’une liquéfaction excessivement réactive. Même manger devenait un défi. Le moindre geste du quotidien pouvait devenir une véritable épreuve digne de la salle des dangers. « .. On.. va peut-être arrêter les frais.. je casse tout ce que je touche.. autant rester couchée. »  
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.. Ce truc me fatigue.” Ce qu’elle appelle ‘truc’ est ce qu’elle est. C’est comme se plaindre d’une allergie. C’est comme en avoir marre de son nez. Ce ‘truc’ fait partie d’elle. Ce ‘truc’ est en elle. Elle ne peut rien y faire. La mutation est un changement biologique extraordinaire qui peut être vécu comme une punition ou comme une bénédiction. L’écart entre les deux est faible. Il suffit d’une saute d’humeur. Il suffit d’un événement. Il suffit d’une réflexion. Et tout bascule. Pour le moment, Snow n’en est qu’à l’étape de l’acceptation. De la maîtrise. Tous les mutants sont passés par-là. Lui le premier. A la découverte de sa mutation, il ne cessait de trembler de froid. Il ne le supportait plus. Les couches de vêtements et les radiateurs à fond ne changeaient rien. Il avait froid. Incontestablement froid. Il subissait son pouvoir, avant de finir par le contrôler. Par le dompter. Par le plier à sa volonté. Maintenant, il peut moduler sa température. Il peut sortir la glace de ses doigts. Il peut devenir la glace. Le chemin parcouru est immense. Snow repasse par cette période de découverte que l’on vit à l’adolescence. Elle doit juste s’y faire. Elle doit juste l’accepter et tout finira par s’arranger tout seul. C’est la solution. Sous ses yeux, elle fluctue entre chair et eau. A croire que son corps ne sait plus de quoi il est fait. A croire que son corps ne parvient pas à choisir. Chaque émotion est sujette à une modification de consistance. Il veut bien croire que ce soit fatiguant. Mais il croit aussi qu’elle sera capable de limiter ces changements, plus tard. Qu’elle saura les utiliser à bon escient. Il regarde sa main approcher. Une main faite d’eau. Une main ondoyante. La première fois qu’elle le touche de son contact liquide. Le toucher est frais. Léger. Il retrouve le froid de Snow. Il retrouve la fraîcheur de l’eau. Il porte ses doigts à sa joue, frôlant la main liquide. Il y voit une avancée. Une certaine acceptation. “Excuse-moi, j’aurais dû attendre devant ton bureau, me douter que je ne parviendrais pas à t’envoyer de message.” Peu importe. L’erreur est commise. Ses excuses ne peuvent pas remonter le temps et réparer les dégâts. Ses excuses n’enlèvent rien au fait qu’il a attendu. Il a compris son comportement. Il a accepté. Il ne ressent plus d’amertume ou de rancune. Ressasser ne sert à rien. Ressasser n’est qu’une perte de temps, alors qu’ils peuvent profiter l’un de l’autre. Elle rompt le contact. En quelques secondes, le corps retrouve son apparence solide. Elle contrôle. Elle a trouvé le truc. Il sourit. Elle peut dire ce qu’elle veut, elle ne subit pas sa mutation. Elle en a seulement peur. Et c’est là que se joue la différence.

Je vais contrôler.. je te promets que je vais contrôler.. pour nous.” Il secoue la tête. Il refuse d’être la raison principale. Il refuse que leur couple l’incite à se contrôler plus rapidement. Plus efficacement. Et si tout se brise ? S’ils ne se supportent plus ? Elle n’aura plus aucun intérêt à se maîtriser. Elle n’aura plus d’excuses pour dompter son don. Et puis, on lui a déjà fait cette promesse. Ces mots, ce ne sont pas les siens. Ce ne sont pas ceux qu’elle aurait prononcés en temps normal. Il comprend la raison sous-jacente. Celle de lui offrir bien plus qu’il n’a connu. Celle de faire plus d’efforts que son ancienne petite-amie. Celle de ne pas lui priver de contacts. Ce ne sont pas les bonnes motivations. Il préfère qu’elle le fasse pour elle. Elle seule. Pour son bien-être à elle. Pour son équilibre à elle. Pour sa santé à elle. Pas pour eux. Pas pour se différencier d’une autre. Elle veut sûrement lui faire plaisir, mais c’est raté. “Tu me crois ?” Sa question est naïve, touchante. Il n’a pas le coeur à lui briser ses attentions. Il n’a pas le coeur à lui briser ses espoirs. Elle a besoin d’être rassurée. Elle a besoin d’être aimée. Telle une enfant. Il ne peut pas lui dire qu’elle doit le faire pour elle. Ce serait une forme de rejet. Une forme de désaveu. Alors, il sourit. Il acquiesce. Parce que, d’un côté, il la croit. Elle le fera. Elle est ainsi. A se donner à fond. A être excessive. A être passionnée. Elle le fera par amour. “Je te fais confiance pour ça.” Il range les quelques affaires dérangées par son passage. Il avait prévu de passer dans la chambre de Snow avant de se coucher. Au final, elle est venue jusqu’à lui. Au final, il n’a plus si envie de se coucher. Il peut bien discuter un peu. Il peut bien profiter du moment présent. Il peut bien s’octroyer un peu de détente. Il se place derrière elle. A un pas. Le jeune mutant est toujours assis, à visionner des dessins animés. Il ne remarque pas les deux adultes qui l’observent. Il est dans son monde. Plongé dans des histoires rocambolesques. A une époque, Bobby s’amusait devant ces dessins animés. Il les trouvait amusant. Maintenant, il a perdu son âme d’enfant. Ces mêmes histoires ne le font plus rire. Il envie le garçon et son innocence. Même si ses premiers pas dans le monde ont été difficiles à cause de sa mutation, il n’a pas conscience de toutes les épreuves qui l’attendent. Il sait encore s’émerveiller devant des personnages animés. Il sait encore passer des heures devant la télévision sans s’ennuyer. “Il est arrivé aujourd’hui, n’est-ce pas ?” Elle a un bon sens de l’observation. Ils sont des dizaines, peut-être même des centaines, à vivre dans l’Institut. Ce gamin aurait pu être là depuis des semaines. Mais non, elle a remarqué son arrivée. “Oui. Tornade est allée le chercher dans le Kentucky.

Un gamin qui a découvert trop tôt sa mutation. Un gamin qui a amusé ses camarades de classe lorsqu’il a donné vie à un dessin. Un gamin qui a effrayé son enseignant lorsqu’il a assisté au phénomène. Et des parents qui n’ont pas su quoi faire. C’est souvent le cas. Entre la peur et l’incompréhension, les géniteurs se sentent démunis. Ils n’ont pas les armes pour affronter et aider leurs enfants. “A quoi bon avoir des enfants pour les abandonner à leur sort ?” Elle est injuste. Elle est sévère. Elle se base uniquement sur son expérience. Tous les mutants présents à l’Institut ne sont pas abandonnés. Certains sont venus ici parce que leurs parents n’ont pas les moyens de les aider. Face à un enfant qui maîtrise le feu, comment faire pour l’éduquer et lui apprendre à utiliser ce don ? C’est impossible. Autant confier cette partie à des gens compétents. Autrement dit, à l’Institut. Il s’apprête à le lui dire. Il s’apprête à protester lorsque le bol fracasse le sol. Il sursaute. Surpris. Le gamin devant la télé en fait autant. Il se retourne dans leur direction. Le lait et les céréales se répandent par terre. Un lac blanc, jonché d’icebergs de céréale. Il s’agenouille pour ramasser les morceaux. Il s’agenouille pour réparer les dégâts. Ce n’est rien. Seulement une maladresse. Seulement le symbole d’une émotion vive. “.. On.. va peut-être arrêter les frais.. je casse tout ce que je touche.. autant rester couchée.” Il arrête son mouvement. Il se redresse. Il abandonne les débris ramassés dans la poubelle. Il se retourne vers Snow. Le regard plus dur. Le regard plus sévère. Rester couchée est une solution facile. Indigne d’elle. Indigne de la force qu’elle cache. “Tu fuis. Encore.” Peut-être nostalgique d’une époque révolue. Peut-être nostalgique d’une vie où elle a failli le tuer. D’une vie où elle n’a pas eu de pitié pour ses beaux yeux. A chaque fois, il se remémore cette période. Il regrette de ne plus voir Snow s’assumer. Il regrette de ne plus voir sa détermination et sa force. A l’époque de la Confrérie, elle était cruelle, froide. Mais forte. Cette force, elle est capable de la modifier, de l’embellir. Elle est capable d’en user pour faire le bien autour d’elle. Elle est capable de l’utiliser pour surmonter cette nouvelle mutation. Il est le seul à le voir. Il y a la possibilité qu’il soit utopiste. Il y a la possibilité qu’il se fasse des idées. Tout est possible. “Pourquoi est-ce que tu as aussi peur ? Tu as réussi à maîtriser la cryokinésie toute seule. Tu étais jeune et inexpérimentée. Ce n’est plus le cas maintenant.” Elle est parvenue à utiliser son don à l’adolescence. Seule, abandonnée de tous. Maintenant qu’elle a l’expérience de sa première mutation et qu’elle est entourée de mutants, Snow ne devrait pas avoir aussi peur. Il vacille entre deux pensées. Celle logique de craindre ce dont on est capable et le regard des autres. Et celle rationnelle de penser qu’elle peut arrêter de subir son pouvoir, en quelques entraînements.

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I
l lui fait confiance. Ca a fait naître un sourire, doux. Elle avait besoin de savoir qu’il lui faisait confiance, qu’il n’allait pas désespérer. Elle avait besoin de savoir qu’elle n’était pas une déception de plus dans sa vie. La main liquide qu’il a frôlé est une véritable avancée, parce qu’elle consent à nouer de nouvelles expériences - elle n’est pas certaine cependant de supporter son regard sur ça trop longtemps. La femme faite d’eau n’est pas celle qu’il a choisi. Il avait choisi une forme de normalité, une fois les crises passées, une fois l’un contre l’autre loin des rivalités. Ce garçon dans le salon lui rappelle l’Iowa, cette famille qui n’avait jamais vraiment intégré la notion de mutation et avec laquelle il avait fallut négocier. Ce garçon est une piqure de rappel : ils avaient discuté d’énormément de choses, d’avenir, comme s’il était fixe, comme si aucun d’eux ne pouvait changer, l’éventualité qu’elle se change en une flaque n’était pas à l’ordre des rêves. « Tu fuis. Encore. » lui dit-il, en ramassant ses dégâts. Il se redresse. La créature liquide baisse la tête, gênée. Oui elle fuit. Elle fuit les conséquences, la réalité, les difficultés. Snow n’en peut plus de se battre contre elle-même, contre une violence innée, contre les fluctuations émotionnelles et cette terrible sensation de solitude. Elle se sent seule, même entourée, même à l’Institut. Quand elle était dans son lit, loin de lui, elle ne pouvait s’empêcher de ressasser ses erreurs, ses faiblesses. Il avait connu une mutante bien trop dangereuse, au contrôle effrayant. Il n’avait plus devant lui qu’une apprentie maladroite.

« Pourquoi est-ce que tu as aussi peur ? Tu as réussi à maîtriser la cryokinésie toute seule. Tu étais jeune et inexpérimentée. Ce n’est plus le cas maintenant. » Elle fixe le sol jonché de lait et de céréales. Sur la surface du corps aqueux, des ondes, comme lorsque l’on jette une pierre dans l’eau, manifestation d’angoisse, d’instabilité. Le silence dure plusieurs longues secondes. « Je ne suis pas comme toi. Je ne suis pas capable d’accepter que mon corps devienne .. différent. Toi tu assumes ta forme glacée, elle te va bien, elle fait partie de toi. Elle est solide et .. utile.. puis.. » elle te correspond. Ca n’est pas seulement le regard des autres, le problème, c’est le sien, ce que lui voit quand il constate que tout passe au travers de sa copine. C’est aussi son propre rejet, les psychologues lui souffleraient sans doute qu’elle a un véritable souci d’acceptation de soi. Elle sait bien que c’est vrai, que quelque chose cloche, que son refus n’est qu’un symbole de mal être plus profond. Elle rationalise souvent, sans progrès. « .. Je ne veux pas que.. Bobby.. sortir avec une flaque .. ! » Elle retrouve une certaine solidité, l’eau semble refroidir, et les éclats glacés finissent par lui permettre de retrouver son état normal. De chair et d’os.

« La seule chose qui peut me toucher, c’est de la glace. J’ai essayé. La seule chose qui m’empêche de devenir ce truc liquide c’est le froid polaire. Je peux pas t’imposer ça.. » Lui imposer une instabilité permanente qui pourrait durer des semaines voire des mois. Il pourrait se lasser, s’agacer. Et le dégoût qu’elle porte à cette nouvelle mutation, elle le répercute, elle suppose qu’il ressent la même chose, parce que mutants et fiers de l’être est un crédo qui a ses limites. « Parfois.. parfois j’arrive à faire tomber ma température mais l’institut est chauffé, ça complique tout. Je pourrais mettre un mois ou deux pour trouver les clefs. Plus peut-être. » Le seul avantage, c’est qu’elle n’était pas encore capable d’user de la cryokinésie sous sa forme aqueuse, de fait, elle devenait clairement moins dérangeante pour les autres pensionnaires. Personne n’avait subi une brusque baisse de la chaleur depuis.

« Si je suis incapable de .. m’accepter comme ça, comment tu pourrais apprendre à m’aimer.. ? » Elle n’ajoute rien. Leurs séances avaient mené vers bien des sujets difficiles, elle avait encore du mal à se pardonner le passé retrouvé, et en fin de compte, elle n’avait pas eu le temps d’aborder ça, de lui dire qu’elle était soudain horriblement mal dans sa peau. Snow avait toujours compris qu’elle était plutôt jolie aux yeux des autres, même si ça n’était pas toujours son avis, Aneesh le lui avait souligné sans vraiment de délicatesse et désormais.. elle ne savait plus ce qu’elle était. Son reflet lui était désagréable. Son enveloppe charnelle trop froide était déjà un défis pour songer à l’avenir, terrain hostile pour des enfants, pour fonder une famille, qu’est-ce que ça allait être, maintenant ? Elle avait déjà 24 ans et elle refusait de s’avouer vaincue au point d’abandonner des rêves bien trop récents pour être jetés aux oubliettes. A quoi bon s’acharner à vaincre ses peurs, à se relever, si la génétique se jouait d’elle ?  
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Fuir est une perpétuelle quête. Fuir est une course infinie. Fuir est fatiguant. Elle ne peut pas le faire éternellement. En tout cas, il ne la regardera pas courir. Il ne la laissera pas faire. Elle se fatigue. Elle s’épuise. Il ignore ce qu’elle cherche. De l’espoir. Une meilleure vie. Peut-être est-ce un refus de vivre. Dans tous les cas, elle ne le mérite pas. Il peut l’aider. Il peut l’accompagner dans la maîtrise de sa nouvelle mutation. Il peut lui proposer de travailler avec certains mutants. Il peut lui donner des conseils. Elle n’est pas seule. C’est la seule chose qu’elle doit retenir. La X-Mansion est un concentré de mutations en apprentissage. C’est un nid à mutants. Elle a toute l’aide dont elle a besoin à disposition. Que demander de plus ? Fuir n’est plus utile. Ça l’était à l’époque de San Francisco. Plus maintenant. “Je ne suis pas comme toi. Je ne suis pas capable d’accepter que mon corps devienne .. différent. Toi tu assumes ta forme glacée, elle te va bien, elle fait partie de toi. Elle est solide et .. utile.. puis..” Il accuse le coup. Il détourne le regard. Il n’accepte pas exactement sa forme glacée. Il se mue facilement en glaçon pour survivre. L’unique raison pour laquelle il accepte aussi bien. Sa voix se transforme sous cette forme. Elle devient plus grave. Plus vibrante. Son corps se transforme en un bloc lourd et imposant. Il n’est pas à l’aise. Mais, il ne subit pas sa forme. Il ne l’assume pas. Mais, elle lui convient. Parce que c’est lui. Parce qu’il n’a pas d’autre choix. S’il avait pu, il aurait opté pour une métamorphose plus légère. Plus fluide. Il est le psychologue. Il n’a pas le droit de montrer ses faiblesses. Il n’a pas le droit de souffrir lui-même d’infériorité ou de mande d’assurance. Il est censé guider les plus jeunes. Il est censé aider les mutants à s’assumer. Comment le pourrait-il s’il montre son mal-être ? “Je ne veux pas que.. Bobby.. sortir avec une flaque .. !” A aucun moment, il a montré son dégoût. A aucun moment, il a reculé de peur. Il est mutant. Les chances qu’il tombe amoureux d’une femme ‘normale’ sont minces. Alors, depuis longtemps, il a accepté l’idée que ses petites-amies seraient dotées de pouvoir. Que cela soit l’absorption de pouvoir ou la liquéfaction. Que ce soit la télépathie ou la géokinésie. Peu importe. La tolérance est nécessaire lorsque l’on est mutant. Là où Snow ne voit qu’une flaque, lui voit une femme féminine et fascinante. Une femme qui jouit des avantages du corps de chair et du corps d’eau. Une femme qui a tout pour être assurée.

La seule chose qui peut me toucher, c’est de la glace. J’ai essayé. La seule chose qui m’empêche de devenir ce truc liquide c’est le froid polaire. Je peux pas t’imposer ça..” Elle ne peut pas lui imposer ça. Le froid. Le froid polaire qui semble lui faire effet. Alors qu’il est lui-même capable d’atteindre cette température. Alors qu’il est lui-même capable d’agir sur sa température. Elle n’a pas à avoir peur. Elle n’a pas à se retenir de le toucher. Il survivra. Il supportera. Le froid lui est plus agréable que le chaud. Le froid est un doux toucher qu’il affectionne. Elle devrait le savoir. Elle le sait probablement, mais elle repousse cette pensée. Qu’elle soit froide ou chaude. Qu’elle soit de chair ou d’eau. Il l’accepte. Il a la capacité de s’adapter, alors il le fera. Il changera sa température en fonction d’elle. Il prend le rouleau d’essuie-tout et récupère quelques feuilles pour les poser par terre. Éponger le lait. Rattraper les maladresses. Accepter les faits. Elle devrait en faire autant. Elle devrait simplement s’accepter telle qu’elle est. “Parfois.. parfois j’arrive à faire tomber ma température mais l’institut est chauffé, ça complique tout. Je pourrais mettre un mois ou deux pour trouver les clefs. Plus peut-être.” Et alors ? Il a bien attendu dix ans que Malcia prenne le plein contrôle de sa mutation, sans succès. Il lui offrira la même patience. Il l’accompagnera avec le même espoir. Il attendra le temps qu’il faudra. Dix ans ou plus. Dix ans ou moins. Après tout, il a hérité de l’image de l’homme le plus patient du monde. Ce n’est pas pour rien. “Si je suis incapable de .. m’accepter comme ça, comment tu pourrais apprendre à m’aimer.. ?” Tout vient de là. De l’amour. Du regard de l’autre. De l’acceptation de l’autre. Elle le surprend toujours autant. Comment une femme aussi belle pourrait douter ? Comment une femme aussi séduisante pourrait se voir laide ? La modestie et l’inconscience de la beauté sont plus touchantes que la prétention. Mais il y a une limite. Elle doit apprendre à s’aimer. Elle doit apprendre à se voir telle qu'elle est vue par les autres. Les regards qui se posent sur elle ne sont pas négatifs. Il y en aura toujours pour critiquer. Quelques rares critiques pour des centaines de compliments. Il abandonne l’essuie-tout pour se concentrer sur Snow. “Que tu te transformes en bonhomme de neige ou en flaque, je m’en fiche.” Une étrange déclaration d’amour. Si on peut appeler cela une déclaration d’amour. Lui dire qu’il tient à elle est trop tôt pour quelqu’un qui a supporté l’abstinence pendant dix ans. Il en est encore à se poser des questions, à réparer son coeur, à craindre de ne plus pouvoir aimer. Lui dire qu’il tient à elle serait lui donner de faux espoirs, s’il s’avère inapte à éprouver de l’amour. Il ne peut que lui dire ce qu’il pense.

Son regard se fait fuyant. Mal assuré. Se confier n’est pas habituel. Il est plus souvent le réceptacle. Il est plus souvent l’oreille attentive. Jamais le contraire. Il prend une inspiration. Il a peur. Peur que son opinion change. Peur qu’elle ne l’apprécie plus autant. Peur de ne plus voir cet amour dans ses prunelles. Ils ont tous les deux peur pour des idioties. Le moment est venu de ne plus redouter. De ne plus se questionner. De sauter le pas. Il plante ses yeux dans ceux de Snow. Plus de fuite. “Tu as tort : je ne m’assume pas. Enfin, pas autant que je le devrais. Je ne trouve pas mon apparence glacée élégante ou facile à supporter. Oui, elle me sauve la vie, elle me rend presque invincible, mais je ne l’apprécie pas. Je m’en contente.” Malgré l’image qu’il peut renvoyer, il n’est pas le X-Men sûr de lui. Sa carapace de glace est seulement sous son contrôle par commodité. Il n’aimerait pas finir sous cette forme toute sa vie. En même temps, il n’aimerait pas mourir durant une mission. Il a trouvé le juste milieu. La chair dans la vie de tous les jours. La glace en mission. La mutation ne requiert pas qu’on l’aime, mais qu’on l’accepte. Qu’on l’adopte. Elle ne nécessite rien de plus. “Tu n’es pas obligée de t’aimer sous cette forme. Tu as juste besoin de comprendre comment elle fonctionne et d’agir dessus.” Facile à dire. Difficile à appliquer. Mais elle y arrivera. Comme elle est parvenue à prendre le dessus sur la cryokinésie. Comme elle a su l’utiliser pour créer des formes ou pour déclencher des tombées de neige. Elle y arrivera parce qu’elle est Snow ou Prudence. Peu importe à qui elle s’identifie le plus, maintenant. Snow et Prudence ne sont qu’une seule et même personne. Elles l’ont toujours été. “Tu ne dois pas maîtriser ta mutation pour nous, mais pour toi seule.” Elle est la seule à la vivre, à la subir. Si lui ressent juste le toucher liquide et froid, il n'éprouve pas les conséquences physiques, la fatigue occasionnée. Il ne voit que la mutation. La maîtriser doit être un objectif personnel. Un objectif pour son bien-être à elle. Un objectif pour s’affirmer. “Peu importe la mutation, peu importe l’apparence, je ne te quitte pas.” Il la suivra dans toutes les aventures. Il la suivra dans toutes les épreuves. C’est ça, l’amour. C’est ça, un couple. Elle a beau craindre l’abandon, cela n’arrivera pas. Ou alors, ce sera dû au fait qu’ils ne s’entendent pas et non à cause d’une mutation.

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« You know you're in love when you can't fall asleep because reality is finally better than your dreams. » -  Dr. Seuss.
«
Que tu te transformes en bonhomme de neige ou en flaque, je m’en fiche. » Elle a relevé les yeux au moment où Bobby a détourné le regard, fuyant.. elle ne sait trop quel jugement. Elle est restée bouche bée face à une telle déclaration. Non, il n’est pas du genre à lui dire hâtivement qu’il l’aime mais par ces quelques mots, il a affirmé bien plus. Il serait prêt à l’accepter avec cette allure, ou une autre. Leur relation a d’abord été charnelle et c’est peut-être ce qui l’a poussée à penser que la liquéfaction changerait tout, changerait l’essence même de leur affection naissante. Il reprend, en plantant les billes claires dans les siennes. « Tu as tort : je ne m’assume pas. Enfin, pas autant que je le devrais. » Un froncement de sourcils. Pourquoi aurait-il fait mine du contraire, alors ? « Je ne trouve pas mon apparence glacée élégante ou facile à supporter. » Snow n’est pas d’accord. Elle n’approuve pas parce qu’en le regardant, en mission, glisser si aisément, résister aux attaques, elle avait toujours éprouvé une sorte d’admiration un peu niée, un peu refusée. Leur lien trop complexe ne lui a pas permis d’exprimer cela, de laisser son attention détailler la peau glacée, et pourtant jamais une seule fois elle n’avait trouvé quoique ce soit de repoussant en cette mutation. « Oui, elle me sauve la vie, elle me rend presque invincible, mais je ne l’apprécie pas. Je m’en contente. » Il est psychologue, il ne s’est sûrement pas permis de montrer ses doutes, parce que son rôle est de rassurer, d’aider des mutants perdus à s’assumer, à s’affirmer. Elle n’est pas obligée de s’aimer ainsi. Snow ne se sent pas de vivre en cohabitation avec sa mutation. Elle avait épousé sa première différence, elle avait embrassé la cause des homo superior comme prochaine étape de l’évolution et tout l’enseignement de Mystique s’effondrait parce qu’elle se découvrait des facultés inattendues. Elle trouvait la confrériste belle avec son bleu caractéristique. Elle trouvait un charme à Bobby dans sa solidité froide. Son reflet aqueux, en revanche, la dérangeait.

« Tu ne dois pas maîtriser ta mutation pour nous, mais pour toi seule. » Si. Pas que, certes, mais elle devait penser à eux, parce que c’était sa seule motivation, son seul objectif. Elle ne tenait pas à mettre dix ans à maîtriser ça, à retrouver assez de confiance, de contrôle, pour profiter du temps qu’il lui accorde. Un temps limité avant qu’il ne retourne auprès de celle qui le mérite vraiment. « Peu importe la mutation, peu importe l’apparence, je ne te quitte pas. » Elle profite d’être réellement tangible pour terminer de nettoyer les dégâts, ne sachant d’abord pas ce qu’elle devait répondre ou si elle devait le faire. Plus de lait sur le sol, plus de sopalin ou de céréales. Elle range ce qu’elle a sorti, jette les débris, efface les marques de son passage. Ca n’était pas à lui de tout faire.

Lorsque tout est propre, elle revient vers lui. Elle attrape l’une de ses mains, calmement, et la presse avec douceur. Elle n’a pas les mots. Elle ne trouve pas la manière d’exprimer ce qu’elle ressent. Elle n’a que ses yeux trop bleus dans les siens pour lui affirmer qu’elle le trouve parfait. Elle n’a que la peau contre la peau pour initier une communication silencieuse. Elle finit par se hisser sur la pointe des pieds afin de souffler à son oreille : « Tu es beau, glacé ou pas. » Inutile de lui faire une thèse sur son ressenti. Il lui plaît, c’est tout. Il lui plaît dans sa combinaison noire, entièrement fait de la matière qu’ils ont en commun, ou simplement dans ses jeans simples, dans son apparence très humaine. Est-ce qu’il est possible de parler d’amour aveugle ? Pas vraiment. Elle n’a pas rejeté le charme d’Iceberg, avant, elle l’a simplement mis de côté, occulté, sa conscience laissant la complexité qui les unissait assez loin pour ne pas la faire souffrir, l’attirer vers l’inaccessible. Le fait qu’il ait été en couple avec Malicia a fermé toutes les portes d’une potentielle attirance. Ce qu’elle n’a pas vu, elle l’a éloigné pour leur bien, sans le savoir.

Un mouvement. Elle l’attire vers le salon, vers le garçon qui somnole sur le canapé. « Il a froid. » Snow perçoit la température un peu trop basse. Elle se sépare de Bobby, s’agenouille devant le canapé et prend quelques minutes pour réveiller le jeune élève. « Il est l’heure d’aller au lit, mh ? Tu vas attraper un rhume, comme ça. » Il ne parle pas. Il hoche la tête mais ne prononce rien. Ses yeux verts se posent sur le psychologue, comme pour lui demander l’autorisation, pour s’assurer aussi que la dame a le droit de l’approcher. On lui a sûrement appris à ne pas se fier à la première venue. « Il n’y a rien à craindre, les professeurs ne sont jamais loin. » Il s’éloigne avec son doudou lapin pour rejoindre sa chambre, un peu moins tendu. Trop jeune. Elle persiste à penser que la nature est injuste. Variation. La pincement au coeur à cette idée la fait fondre, littéralement, et la silhouette disparaît, la flaque translucide s'effaçant sous le canapé avant de réapparaître douloureusement dans le dos de Bobby. Elle tousse, reprend une respiration affolée. Ca va aller. Dormir avait redonné l’occasion à son corps de tester tous les états, complètement déphasé, aussi incertain qu’elle de la forme adéquate à garder. « Ca va. » Le rassurer. Prudence a besoin d’une minute pour se tenir, solide, sur ses jambes mais tout va bien. Elle commence à s’habituer à cette sensation désagréable de brûlure quand l’eau laisse place à la peau. Ses cellules s’y feront aussi, c’est encore frais.

« Est-ce que c’est douloureux.. ? » La question lui est adressée. Est-ce qu’il a souffert et est-ce qu’il souffre encore quand il devient l’homme de glace sur le champ de bataille ? Est-ce que sa propre douleur est normale ? Personne n’a su lui répondre et elle n’a pas osé déranger le Professeur alors qu’il y a, et elle le réalise à peine, une autre personne entre les murs de l’Institut qui change d’état. Kitty traverse les objets. Bobby devient la glace. Elle songe qu’avant d’apprendre à gérer l’aspect peu tangible, c’est la métamorphose qu’elle doit gérer. Une inspiration profonde. Là. Tout va bien. Snow retrouve le chemin vers lui, elle noue ses doigts aux siens. « Ca t’embête si on va en discuter ailleurs.. ? » Sa chambre ou celle de Bobby, qu'importe, mais pas au milieu du salon où n'importe quel insomniaque pourrait passer. Besoin d'un peu d'intimité.  
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Seul le silence lui répond. Il essaye de lui montrer son affection. De lui prouver son attachement. Elle garde le silence. Comme si chaque mot qu’elle comptait prononcer pouvait tout changer. Il aimerait lui soutirer une réponse. Il aimerait lui arracher des paroles. Il aimerait l’entendre parler. Tant pis s’il s’agit de doutes, de peurs, d’espoirs. Il est prêt à tout recevoir. Il est prêt à tout écouter. Elle doit juste parler. Mais elle se contente de bouger. De profiter des gestes qu’elle ne peut pas accomplir en étant liquide. Il s’éloigne. Il s’écarte. Il lui donne de l’espace pour nettoyer. Pour respirer. Pour digérer. Parce que c’est ce qu’on lui a reproché. D’étouffer. D’écraser. On lui a reproché de trop aimer. Alors, il laisse de l’amplitude pour réfléchir. Même quand elle presse sa main dans la sienne, il attend. Il a besoin de mots. Il a besoin d’entendre. Pas de ressentir. Pas de toucher. Il croise ses yeux où il ne voit qu’une infinie tendresse. Une tendresse démesurée. Une tendresse qui le noie et l’absorbe. Elle se rapproche. Elle délivre son message. Elle confie son secret. “Tu es beau, glacé ou pas.” Elle le dit, mais il n’y croit pas. Il met cela sur un manque d’objectivité. Un aveuglément causé par ses émotions. Une volonté de l’embellir. La beauté est subjective. Cette notion varie en fonction de la culture et des goûts. Cette notion est abstraite. On peut être beau, mais ne pas avoir de charme. On peut avoir du charme, sans être être beau. Une personne belle ne le sera pas forcément pour quelqu’un d’autre. Il ne parvient pas à y croire parce que l’image que lui renvoie son reflet lorsqu’il est un glaçon ne lui convient pas. Il ne se reconnaît pas. Il se trouve défiguré par les arêtes glacées. Il n’est plus Bobby. Il devient Iceberg. Littéralement. Il a accepté ses pouvoirs puisqu’ils sont une manifestation discrète et volontaire. La forme glacée est plus visible. Une variante de sa mutation qu’il n’accepte pas totalement. Il s’y fera. Ce n’est qu’une question de temps. Après tout, il n’est réellement l’Iceberg que depuis quelques mois. Et encore, il n’adopte pas cette apparence vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il suffit juste d’attendre. Il s’y habituera. Il finira par ne plus se surprendra en se voyant dans un miroir. Il a déjà arrêté de craindre de rester coincé en glaçon toute sa vie. Une crainte qu’il a nourrie secrètement durant des semaines. Il est embarqué dans le mouvement de Snow. La cuisine est derrière eux. Le salon devient le nouveau décor. “Il a froid.” C’est possible. Le garçon est endormi, son corps a fini par diminuer sa température. Il n’a pas eu une journée facile. Une nouvelle école. De nouveaux visages. De nouvelles habitudes. Une longue visite des couloirs pour se repérer. Tous ses repères sont chamboulés, abandonnés. Il peut les oublier et s’en construire de nouveaux.

Il est l’heure d’aller au lit, mh ? Tu vas attraper un rhume, comme ça.” Il n’a plus de famille, ici. Sa famille, ce sont les élèves, les X-Men, les professeurs, le personnel. C’est à eux de prendre soin de lui. Il observe Snow convaincre le gamin de retourner dans sa chambre. Elle est devenue maternelle depuis la visite chez ses parents. Depuis sa confrontation avec de petits êtres fragiles. Les présentations aux Drake ont au moins eu cet effet positif. Bobby croise le regard du garçon. Il esquisse un sourire. Ils se sont rencontrés, plus tôt dans la journée. Il lui a parlé de l’Institut, de l’aide à laquelle il aura le droit. Il a tenté de le rassurer et de lui montrer une facette ludique et joyeuse de la mutation. Les plus jeunes sont les plus sensibles et les plus perdus. Ils ont besoin d’un cadre. Ils ont besoin d’être rassurés. Non, ils ne sont pas des monstres. Non, ils ne vont pas être abandonnés. Oui, ils vont pouvoir utiliser leur mutation. Oui, ils n’ont pas à avoir honte. Des faits simples qui doivent leur être rappelés. “Il n’y a rien à craindre, les professeurs ne sont jamais loin.” La méfiance est de mise dans un Institut où Mystique est parvenue à s’infiltrer. Adopter l’apparence des autres est un sport de compétition dans lequel elle est douée. Bobby s’en rappelle encore. Il sent encore ses lèvres se poser sur les siennes. Il se souvient encore de ce sentiment libérateur de savoir que Malicia pouvait enfin toucher sans tuer. Puis, la chute. Le retour à la réalité. Le moment où il réalise que la femme qu’il embrasse n’est pas sa petite-amie. Une révélation cruelle. “Elle a raison, tu devrais te coucher.” Le gamin finit par sauter du canapé, peluche à la main. Bobby croise les doigts pour qu’il retrouve son chemin. Le manoir peut ressembler à un vrai labyrinthe pour les nouveaux pensionnaires. Snow disparaît de son champ de vision. Chair et os redevenus à l’état liquide. Elle doit vraiment faire quelque chose. Il sent la panique l’envahir. L’inquiétude de ne pas savoir où elle est. Le souci de la savoir en sécurité. Sa toux lui faire tourner la tête. Elle est là. Dans son dos. Reconstituée. “Ca va.” Les battements de son coeur s’apaisent. Qui aurait cru que deux petits mots croiraient avoir un effet aussi positif ? Il réalise que son coeur va continuer de manquer des battements. Va continuer de frôler l’arrêt. Va continuer de souffrir. Tant que Snow ne maîtrisera pas sa liquéfaction, il continuera à s’affoler. Il est définitivement trop accroché. Trop attaché. Ou simplement protecteur. “Est-ce que c’est douloureux.. ?” Comme tout effort physique, se métamorphoser en glaçon est douloureux. Au début, du moins. Son corps a fini par s’habituer, par le supporter. Il aurait fait du running que l’effet aurait été semblable. Les courbatures auraient fini par disparaître plus rapidement. Les douleurs auraient fini par devenir inexistantes. Il réalise que les fluctuations de consistance sont sources de souffrance pour Snow. Élément qu’il n’avait pas pris en compte. “Au début, ça l’était et après, la douleur s’estompe. Tu verras.

Le changement en est presque devenu effrayant. En quelques secondes, il peut devenir un glaçon. Il peut se couvrir de glace, sans souffrir. En quelques secondes, l’effet peut s’inverser. La facilité est déconcertante. La facilité est déstabilisante. Il baisse le regard sur leurs doigts qui s’entremêlent. Qui dansent entre eux. Qui se cherchent et se trouvent. “Ca t’embête si on va en discuter ailleurs.. ?” Il a de mauvais souvenirs avec les chambres. Il a failli mourir récemment, en se pointant dans celle de Malicia et en s’endormant contre elle. Plus récemment encore, il y a eu une rupture. Depuis peu, il a une chance de changer les choses. Il a une chance de bousculer les événements négatifs. Il n’est pas encore à l’aise avec l’idée d’entrer dans la chambre d’une pensionnaire. Une élève, qui plus est. Dans une université ou un lycée, ça ne passerait pas. Ici, la relation est tolérée. “Allons-y.” Le salon est abandonné sans un regard. Direction le dortoir des filles. Une partie réservée aux femmes de l’Institut, de tous les âges. Il fait office d’anomalie dans ces couloirs. Il ne devrait pas se trouver ici. Il ne devrait pas poser les yeux sur ces portes. Et si l’une d’elles s’ouvrait sur Malicia ? Il n’y aurait pas pire situation gênante. Derrière chaque porte, une ambiance unique. Il entend de la musique, des discussions, des rires. Parfois même, du silence. Certaines ont déjà éteint les lumières pour s’enfoncer dans une nuit construite de rêves et de cauchemars. La chambre de Snow est là. Une porte qui s’ouvre sur un univers personnel. Une chambre qui s'est décorée au fur et à mesure. Il a fallu qu’elle change de chambre pour qu’elle s’approprie les lieux. Il a fallu qu’elle retourne à San Francisco pour qu’elle se sente chez elle ailleurs. “Je sais que c’est effrayant et que tu vois ton corps autrement maintenant, mais tu restes Prudence Rosebury.” L’apparence change, mais pas la personnalité. Le physique fluctue, mais pas le caractère. Elle peut prendre toutes les formes qu’elle souhaite - ou pas - elle restera celle qui sait créer des palais de glace. Celle qui veille au bien-être des enfants. Celle qui dépend de l’amour qu’on lui témoigne. Liquide ou solide. Eau ou chair. Elle ne change pas. “Tu es capable de choses exceptionnelles et la liquéfaction en fait partie.” Elle doit seulement le comprendre. Elle doit seulement l’assimiler. Il a perdu de sa crédibilité en avouant qu’il ne s’assumait pas. Elle ne le croira peut-être pas, mais il a compris depuis longtemps que les regards extérieurs sont importants pour elle. Surtout celui des personnes qui l’aiment. Alors, même si lui dire ne l’aide pas à accepter sa liquéfaction, cela peut au moins lui prouver que la vision des autres est différente de la sienne. Plus positive. Plus bienveillante. “Qu’est-ce que tu as appris sur ta liquéfaction ?” L’aspect pratique. L’aspect technique. Il a constaté qu’elle le contrôle ou en tout cas, qu’elle en a une certaine maîtrise. Maîtrise qui lui suffit à reprendre le dessus. Mais quoi d’autres ? Le moindre détail peut aider. La moindre information peut venir à bout de cette mutation sauvage.

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« You know you're in love when you can't fall asleep because reality is finally better than your dreams. » -  Dr. Seuss.
A
près la douleur s’estompe. C’est idiot mais ça la rassure. Ca la rassure de savoir que quelqu’un était déjà passé par là, avait surmonté la découverte, la douleur, l’instabilité. Elle se laisse entraîner vers sa chambre, ce qui met Bobby visiblement mal à l’aise. Venir dans cette aile du manoir pour voir Malicia était moins dérangeant que s’y rendre pour voir une pensionnaire - non, parce que l’on sort avec une pensionnaire. Malicia était considérée comme une adulte consentante, une X-Woman assez âgée pour ne plus poser problème, elle avait largement passé les diverses étapes jusqu’à une forme de liberté dont le petit-ami idéal serait forcément privé avec elle. Il pouvait la toucher mais serait jugé pour ce fait. Culpabilité. « Je sais que c’est effrayant et que tu vois ton corps autrement maintenant, mais tu restes Prudence Rosebury. » Un sourire un peu triste. Sur le mur, elle rajuste la photo de Paris, qui manquait se décrocher. Elle range un peu. Elle remet les livres sur les étagères, libérant de l’espace. Quand les questions sont compliquées, Snow a toujours ce genre de réflexe, faire autre chose pour mieux réfléchir ou digérer les idées. Elle sait que c’est agaçant mais c’est la première fois qu’ils se retrouvent seuls dans cette pièce à cette heure, sans que les obligations proches ne s’empilent, sans que l’heure de dormir soit une priorité. « Je ne suis Prudence Rosebury que pour l’université. Que pour les professeurs de Droit ou la banque. » Il ne restait plus grand chose de Rosebury, elle n’avait plus le manoir, elle n’avait pas eu le courage de terminer de trier les papiers. Comme si elle avait définitivement tourné la page au point de laisser cette identité dans les cartons en bas de l’armoire. Le seul passé visible, c’est la combinaison blanche. « Tu es capable de choses exceptionnelles et la liquéfaction en fait partie. »

Un soupir. Son regard se promène dehors, par la fenêtre. « Je devais visiter des appartements. Parce que je me liquéfie, le peu de vie extérieure que j’envisageais m’échappe.. oui j’ai appris à apprécier l’Institut, j’aime bien cette chambre et je crois que je suis.. à peu près heureuse quand tu es là mais.. est-ce qu’il y a une limite aux mutations ? » Ils étaient différenciés par classes, certains mutants étaient d’une puissance ahurissante et d’autres avaient des talents plus limités, plus pratiques ou moins encombrants, elle ne se souvenait cependant pas avoir vu tant de mutants que ça débloquer à ce point. En ayant maîtrisé une première faculté si jeune, elle ne devrait pas être désemparée face à un simple changement de consistance, comme si glacer les coeurs s’était avéré plus facile que garder l’intégrité de son corps. Wanda avait des raisons de craquer, apte à modifier jusqu’à la réalité, Pyro donnait quasiment vie à ses flammes, Bobby était presque indestructible. Elle se liquéfiait, point. Sa peur était irrationnelle. Peut-être que la douleur était le déclencheur de la panique.

Snow s’assied au bord du lit. « Qu’est-ce que tu as appris sur ta liquéfaction ? » Question pertinente. Elle baisse le nez, concentrée sur le bas de la chemise à carreaux qu’elle fait glisser entre son index et son pouce. Elle faisait toujours en sorte de ne pas trop l’abîmer, elle en prenait soin comme s’il s’agissait du vêtement le plus précieux qui soit. Une chemise qui devrait être trop grande et qui, finalement, était une tenue plus sexy que moche. Ou une pseudo-veste sympathique à porter avec un t-shirt et un jean. « Les objets me passent au travers. Je peux.. glisser à peu près partout, une fissure dans un mur ou sous les portes, même une serrure en fait. Ca n’a pas grand chose en commun avec l’intangibilité de Kitty, quand on y réfléchit. » On lui avait bien fait remarquer que passer au travers de trucs, ça y ressemblait, et elle y avait beaucoup songé, elle avait tenté quelques expériences. Ca n’était pas ça. « Si un objet est trop gros ou trop consistant, le côté flaque est.. défensif, je crois. Et l’électricité peut devenir un problème. J’ai manqué griller en allumant la lumière, la dernière fois. » C’aurait été une fin idiote, mourir parce que ses doigts étaient passés au travers de l’interrupteur. Elle devenait, par son côté aqueux, un conducteur efficace. La limite ? Elle l’ignorait. Le chaud et l’électrique, des faiblesses contrariantes. « Si j’arrivais à rester liquide, ça ne me blesserait pas. C’est la stabilité qui manque. Changer me fatigue et j’ai encore beaucoup de mal à utiliser la glace, sous cette forme. » Voilà tout ce qu’elle avait appris, en sortant, ou seule dans son coin. Elle avait essayé de conserver l’un ou l’autre des aspects plus de deux heures, sans succès. « Oh.. et je l’absorbe, la glace. C’est bizarre mais je peux choisir de l’intégrer ou de l’exclure.. tenir un glaçon est aussi facile que prendre un verre quand je suis ‘normale’. » Finalement, heureusement qu’elle ignorait pourquoi, si on lui avait annoncé que la mutation n’était toujours pas complète, que l’eau ferait office de remède miracle pour soigner les blessures les plus graves, elle aurait sans doute finie inconsciente sur le sol, victime de son stress.

Sa main attrape celle de Bobby. Snow le mène vers elle. Elle l’incite à venir s’installer, parce que sa chambre n’est pas une salle de tribunal, il n’a pas à s’y sentir jugé ou en trop. Il est chez lui entre ces murs aussi. «  Bobby.. est-ce que tu renoncerais à ta mutation si tu le pouvais ? Est-ce que tu y renoncerais si ça t’offrait une vie normale ? Honnêtement.. toi, pas seulement le psychologue.. » Par moments, elle y songe. Ca n’avait jamais été le cas avant San Francisco, avant les Drake. Elle s’était faite à l’idée d’une existence uniquement centrée sur l’absence de passé et la mutation. Désormais, peut-être qu’elle voulait l’impossible, l’impensable. Peut-être devenir une autre personne, quelqu'un de bien, de mieux. Les étapes étaient inversées, avec elle, l'acceptation complète de ce qu'elle était précédait la remise en question d'un avenir.
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Chaque mutation nécessite de la comprendre. De la ressentir. De la vivre. Sans cela, il est impossible de déceler les mécanismes qui la déclenchent. Sans cela, il est impossible de la garder sous contrôle. Cela ne fait que quelques jours que Snow a découvert cette seconde mutation. Une liquéfaction qui remet tout en cause. Une liquéfaction qui contrecarre ses projets. Une liquéfaction qui l’effraye et qui lui échappe. Raison pour laquelle elle ne l’aime pas. Raison pour laquelle elle ne s’apprécie pas sous cette forme. Lorsqu’elle saura la dompter, elle ne se révulsera plus. Elle ne se supportera plus. Elle s’acceptera. Il est plus facile d’accepter une chose que l’on contrôle. Quand on sait qu’on peut l’arrêter à tout moment. Quand on sait qu’on peut la mettre en marche par simple pensée. Snow finira par s’y faire. Elle n’a pas le choix, de toute manière. Ce n’est pas un paquet de céréales que l’on achète en supermarché et dont on peut demander le remboursement. C’est un gène. C’est dans son corps. C’est elle toute entière qu’elle rejette en détestant la liquéfaction. “Je ne suis Prudence Rosebury que pour l’université. Que pour les professeurs de Droit ou la banque.” Il secoue la tête, convaincu qu’elle se trompe. Qu’elle se méprend. Elle a peur de ce que signifie sa vraie identité. Elle se cache derrière des alias. Elle se cache derrière des surnoms. Alors que Prudence Rosebury est une personne à part entière. Pas seulement la jeune fille qui a tué sa famille. Pas seulement la mutante rejetée. Elle est celle qui a eu un passé dans la Confrérie. Elle est aussi celle qui a sauvé des vies avec les X-Men. Elle est celle qui a rejoint l’Institut et qui a su s’ouvrir. Elle est toutes ces vies qu’elle a vécues. Il en est certain. Elle le réalisera plus tard. “Je devais visiter des appartements. Parce que je me liquéfie, le peu de vie extérieure que j’envisageais m’échappe.. oui j’ai appris à apprécier l’Institut, j’aime bien cette chambre et je crois que je suis.. à peu près heureuse quand tu es là mais.. est-ce qu’il y a une limite aux mutations ?” Il soupire. Son obstination à se refuser la liberté qu’elle aspire est désespérante. Qu’elle sache ou pas contrôler son pouvoir ne change rien. Elle a juste peur. Elle se trouve seulement des excuses. Elle fuit. Elle fuit son identité. Elle fuit sa liberté. Elle fuit les épreuves. Elle fuit. Elle lui a parlé de son projet. Elle lui a expliqué qu’elle voudrait investir dans un appartement avec l’argent qui la rattache à son passé. De l’argent qui signifie beaucoup. De l’argent qui possède une aura affective. Un engagement qui la rend plus responsable. Un engagement qui démontre sa sagesse. Un engagement qui dénote avec ses comportements parfois infantiles.

Les objets me passent au travers. Je peux.. glisser à peu près partout, une fissure dans un mur ou sous les portes, même une serrure en fait. Ca n’a pas grand chose en commun avec l’intangibilité de Kitty, quand on y réfléchit.” Snow est la première mutante liquéfiée qu’il rencontre. Chaque mutation est différente. Chaque mutant utilise ses pouvoirs différemment. Mais le corps se transformant en liquide est une première. Il ne peut pas l’aider. Si ce n’est lui donner des conseils. Si ce n’est l’aiguiller pour mieux saisir le fonctionnement de sa mutation. Si ce n’est l’inciter à analyser ses réactions. Elle est la seule à pouvoir faire le travail. “Si un objet est trop gros ou trop consistant, le côté flaque est.. défensif, je crois. Et l’électricité peut devenir un problème. J’ai manqué griller en allumant la lumière, la dernière fois.” Il esquisse un sourire. Malgré lui. L’idée est drôle. Elle aurait pu plonger l’Institut dans le noir. Tant que sa liquéfaction ne sera pas maîtrisée, elle sera en danger. Pas sûr qu’il sourit longtemps. Pas sûr qu’il reste serein longtemps. Il y a de l’électricité partout. Il y a de l’électroménager et de l’électronique partout. Elle risque sa vie dans cet Institut. Elle ferait mieux de s’exiler dehors jusqu’à ce qu’elle sache utiliser ses pouvoirs. Un exil forcé pour son bien et celui des pensionnaires. “Si j’arrivais à rester liquide, ça ne me blesserait pas. C’est la stabilité qui manque. Changer me fatigue et j’ai encore beaucoup de mal à utiliser la glace, sous cette forme.” Il a raison d’avoir confiance en elle. Elle parvient déjà à interpréter sa liquéfaction. A y trouver un sens. Même à terre, elle se relève. Même face à l’inconnu, elle affronte. Elle a beau fuir, elle analyse quand même. Elle a beau s’effrayer, elle cherche à déceler les mécanismes de déclenchement. “Oh.. et je l’absorbe, la glace. C’est bizarre mais je peux choisir de l’intégrer ou de l’exclure.. tenir un glaçon est aussi facile que prendre un verre quand je suis ‘normale’.” La cryokinésie et la liquéfaction ont fusionné pour lui permettre de maîtriser les deux en même temps. Pour lui permettre d’accepter le froid en elle. Il est fasciné par cette fusion. Il est fasciné par ce qu’elle est capable de faire. La neige et maintenant l’eau. Quelle sera la suite ? Elle pourra bientôt contrôler un élément à tous les stades. A toutes les températures. Lui ne peut que gérer la glace. Il ne peut que devenir la glace. Il aurait aimé pouvoir générer de la neige par la pensée. Il aurait aimé faire d’eau son propre corps. Au lieu de cela, il reste et restera un bloc de glace. On n’a pas toujours ce que l’on souhaite. Les bruns veulent être blonds. Les yeux bleus veulent être des yeux bruns. Les cheveux raides veulent des cheveux ondulés. Les petits veulent être grands. Se satisfaire de ce que l’on a est compliqué. Loin de l’instinct. Loin de la volonté. Quitte à être malheureux. Quitte à ne pas s’aimer.

Bobby.. est-ce que tu renoncerais à ta mutation si tu le pouvais ? Est-ce que tu y renoncerais si ça t’offrait une vie normale ? Honnêtement.. toi, pas seulement le psychologue...” Il lui faut du temps. Il lui faut peser le pour et le contre. Il lui faut repenser à ces dernières années. Il lui faut se remémorer les moments joyeux et tristes. Il voit le chemin parcouru. Au début, ça n’a pas été drôle. Le regard apeuré de sa famille. La haine de ses voisins. Et après, la découverte de l’Institut. L’apprentissage et les rencontres avec d’autres mutants. La cryokinésie lui a enlevé beaucoup, mais lui a apporté énormément en échange. Une vie où il est heureux. Des valeurs dans lesquelles il croit. Une volonté de faire le bien. Une maturité qui l’a poussée à prendre les autres sous son aile. Il ne changerait pour rien au monde. Il ne remonterait pas dans le temps. La mutation fait partie de lui. Elle est génétiquement dans ses cellules, dans son sang. Il ne peut pas lutter contre ça. Ce serait comme vouloir un troisième bras. On ne peut rien faire contre la génétique. Sans la glace, il ne serait plus le même Bobby. Il ne serait plus le psychologue qui prend soin de ses patients. Il serait sûrement dans les forces de l’ordre. Il ne serait pas l’homme patient et respectueux. Il serait plus sanguin et irréfléchi. Il pourrait être heureux dans cette autre vie. Il pourrait se satisfaire d’un monde sans mutation. Mais celle qu’il vit actuellement lui convient. “Non, je ne pense pas. J’ai grandi avec elle et à cause d’elle. Je ne vois pas ma vie autrement qu’en glissant sur un toboggan de glace ou en aidant les autres. Je suis un mutant et je ne le porte pas comme un fardeau.” Qu’il se transforme en glace n’y change rien. Qu’il n’affectionne pas cette forme n’a pas d’incidence. Il est fier d’être le prochain stade de l’évolution. Il est fier d’aider les autres. Il est fier de sortir la glace de ses mains, élément qui se fait rare avec le réchauffement climatique. Il est fier d’avoir intégré un groupe qui lutte contre les injustices et qui sauvent les mutants ou les humains. Il est fier, tout simplement. “Je crois que si l’on accepte de renoncer à notre mutation, c’est comme abandonner une partie de nous. On ne serait plus la même personne après.” Tout simplement. Ils vivent depuis des années avec cette mutation. Ils s’y sont habitués. Ils l’ont intégrée. L’abandonner serait comme accepter qu’on lui coupe un bras. Il devrait passer par une phrase de réadaptation. De dépression. D’apprentissage. Tout recommencer à zéro, alors qu’il a enfin trouvé son équilibre. Ce serait cruel. Idiot. Il a trouvé son bonheur. Il a trouvé des raisons de se battre pour vivre. Il n’aurait plus d’emploi. Plus de maison. Plus d’amis. Plus rien. Pourquoi tout détruire pour reconstruire ? Il a l’impression de s’installer dans cette chambre comme la mutation l’a fait au préalable. Un peu envahissant. Un peu à l’étroit. Un peu déplacé. “Malgré toi, la mutation t’a conditionnée. Tu n’as plus froid en hiver. Tu t’habilles sans te soucier de la température. Comment tu arriverais à faire face à ces changements ?” Il pourrait citer des centaines d’exemples. La mutation a dicté ses gestes - leurs gestes - depuis tellement d’années. Ils ont réagi en fonction d’elle. Ils ont pris des décisions qu’ils n’auraient pas prises autrement. Ils ont appris à vivre avec. Il n’a plus froid. Il n’a plus chaud. Il est plongé dans un perpétuel sentiment de confort. Il est devenu psychologue. Il vit dans un Institut. Il sauve des vies. Tout cela n’aurait pas été possible autrement.

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lle a vu son sourire. Elle a vu qu’il trouvait ça comique, et quelque part ça l’était, passer au travers du système électrique et plonger tout l’institut dans le noir à défaut de le plonger dans la neige. Le coussin a traversé la pièce, petite vengeance en pleine tête pour l’iceberg. « Moque toi ! » De la grillade de Snow au petit déjeuner, ça ne le réjouirait sûrement pas. Le jeu ne dure cependant pas, sa question était sérieuse, raison pour laquelle elle l’écoute, elle prend son opinion en compte. « Malgré toi, la mutation t’a conditionnée. Tu n’as plus froid en hiver. Tu t’habilles sans te soucier de la température. Comment tu arriverais à faire face à ces changements ? » Il a raison. Elle n’a pas le souci commun de toutes les femmes de la planète, à devoir choisir des vêtements moins élégants quand les températures deviennent négatives, à devoir s’accommoder de la neige et du froid. Elle peut porter des mini-jupes en plein hiver, quitte à passer pour une dingue. Elle n’était plus à un jugement près. Finalement, elle n’a plus envie de réfléchir, plus envie de se prendre la tête. Il n’était pas l’heure de se questionner, de retourner sa vie dans tous les sens pour une remise en question totale. Elle avait Bobby avec elle, pour quelques heures, elle comptait bien en profiter. « Ce serait dommage.. je n’aurais jamais pu te déshabiller dans ce manoir mal chauffé.. » Un sourire en coin, un sous-entendu. Depuis combien de temps ne s’était-elle pas sentie légère au point d’évoquer leur escapade joueuse entre les murs de la demeure Rosebury ? En fait elle ne se souvenait pas lui avoir réellement fait ce genre de commentaire depuis leur retour.

Légère ou gênée, elle ne sait pas trop. Tout était tellement différent. Il y avait les regards, les jugements, les obligations, les interdits tacites. Elle se sentait encore coupable de chercher sa peau, de vouloir son contact quand elle savait qu’à quelques portes de là pouvait se trouver Malicia, qui avait trop longtemps été privée de ce privilège. Il y a encore du mouvement dans les pièces autour, des rires à peine perceptibles, des discussions tardives. Un moment muette, Prudence décide de se lever pour enclencher la petite enceinte, sur son bureau, laissant ainsi s’envoler les notes de piano enregistrée sur un ipod qui avait l’air d’avoir fait la guerre - et ça n’était pas tout à fait faux, il était rescapé de sa vie luxueuse. Elle était peut-être une des rares pensionnaires à avoir de la musique aussi classique dans son répertoire. Elle trouvait ça relaxant, et ça couvrirait leur conversation sans faire un bruit d’enfer au-delà de la porte. Si elle avait un problème à l’idée qu’Aneliese vienne faire la fouine ? Un peu. Et Ane, ce serait le plus acceptable.

Ses pas la mènent ensuite vers l’armoire, où elle récupère une nuisette légère, noire pour la poser près de Bobby. « Ta chemise mérite de retrouver son véritable propriétaire » Réinstallée au bord du lit, elle entreprend de défaire les boutons, un à un. Ceci fait, elle remplace les carreaux par la dentelle noire. « Kitty n’a pas trop apprécié que je la porte. » Une remarque un brin amusée signalant qu’elle a digéré l’altercation et qu’elle n’en veut pas trop à la jeune femme de l’avoir agressée devant la porte du bureau. « Et puis.. je risque d’abimer le tissu. » C’était la raison de la séparation, d’ailleurs. Elle avait trouvé une vertu à cette chemise : lui permettre de focaliser son esprit sur de bons souvenirs, pas sur le négatif, cependant elle refusait de mettre à mal quelque chose qui ne lui appartenait pas. Il n’y avait guère que sa combinaison qui résistait. Il faudrait qu’elle prenne le temps d’en retracer la fabrication, d’ailleurs, savoir pour quelle raison cette caractéristique avait été ajoutée alors qu’elle manquait à la tenue d’X-Woman, qui elle se voulait tout de même plus perfectionnée. Un mystère de plus.

Un baiser déposé sur sa joue, qui cristallise un éclat glacé. Elle a retrouvé assez de consistance pour jouer de froid sur sa peau. Un froid qui fait partie d’elle, qui fait partie d’eux et de leur relation si particulière. « Je tenais à te dire.. merci. Merci d’être toujours si patient, même quand je te mène la vie dure ou que je refuse de parler. » Elle lui est reconnaissante, plus qu’elle ne le montre, peut-être bien plus qu’il ne le pense. Il lui offrait des opportunités qu’elle n’aurait jamais envisagé, il lui avait ouvert la porte de sa famille et lui avait fait redécouvrir des palettes entières d’émotions positives. « Merci d’être aussi gentil et compréhensif. Et têtu. » Oui, têtu, parce qu’elle aimait ce défaut, ce caractère obstiné qu’il avait quand cela concernait les gens dont il prenait soin, auquel il tenait. « Et.. tu sais que tu as le droit d’être plus envahissant que ça, mh ? » Parce qu’elle voyait ses réticences, parfois, à se montrer présent sans lui demander son avis, comme si un fil le retenait, l’empêchait de suivre seulement ses envies. Communiquer, il lui avait montré l’importance de parler, d’extérioriser, ce qu’elle ne faisait pas toujours. Le sujet l'exigeait, cependant.
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Ce serait dommage.. je n’aurais jamais pu te déshabiller dans ce manoir mal chauffé..” La remarque le fait sourire. Non, effectivement. Elle aurait risqué d’attraper un rhume. Elle aurait risqué de frissonner. Il ne l’aurait pas permis. Il aurait compensé avec sa propre température. Il se serait assuré qu’elle ait toujours chaud. Il aurait été fidèle à lui-même. De toute manière, ils ne seraient jamais allés dans ce manoir, sans la mutation de Snow. Ils ne se seraient même jamais rencontrés. Elle aurait évolué dans un cercle éloigné. Elle aurait grandi dans un milieu aisé, favorisé. Elle aurait côtoyé des hommes riches et destiné à hériter d’une fortune. Comme quoi, les mutations ont du bon. Comme quoi, elle ne peut pas la regretter. La musique classique remplit la chambre. Les notes ricochent contre les murs. Les instruments prennent vie sous les doigts des artistes. La musique classique, dépourvue de toute parole, dépourvue de fioriture, est ce qu’il y a de plus beau. De plus pur. De plus prenant. De plus émouvant. Il n’a pas grandi, bercé par ce style musical. Plutôt des styles plus urbains. Plutôt des styles plus contemporains. Et pourtant, il n’est pas insensible à la mélodie des instruments. Il n’est pas insensible à l’âme donnée à chaque composition. Il ne s’ennuie pas à l’écoute des notes. Au contraire. Il les trouve reposantes. Il est rare que la musique emplisse l’Institut. Alors que cela soit doux et beau est encore mieux. “Ta chemise mérite de retrouver son véritable propriétaire” Sa chemise. Il est vrai qu’elle la porte. Qu’elle l’adopte à chaque fois qu’il la voit. Une chemise qui lui va mieux qu’à lui. Elle peut le garder. Il ne manque pas de chemises moches dans son armoire. Il n’a presque que ça. Il n’est plus à une chemise près. Peu importe ce qu’elle risque entre les mains de Snow. Il sait qu’elle n’y est pour rien. Il sait qu’elle est respectueuse et ne l’abîmera pas par volonté. “Tu peux la garder, tu sais.” Elle s’y est attachée. Il s’est habituée à la voir dans ces carreaux. Il ne faudrait pas bousculer les habitudes. Il ne faudrait pas bousculer les envies de chacun. Mais elle la retire. Chaque bouton est défait avec minutie. Il détourne le regard. Les yeux brûlés par la vision de toute cette peau dénudée. Il est encore prude. Il est encore pudique. Coucher pendant un week-end n’a pas fini de le débloquer. Coucher pendant un week-end n’a pas brisé toutes les barrières construites durant dix ans. Dix années à lutter pour ne pas craquer. Dix années à s’abstenir de toucher, d’embrasser. Dix années ne peuvent être balayées par un simple week-end. Il se lève, la laissant à sa nudité et à son absence de pudeur. Il s’approche des murs. De ces photos collées avec minutie. De ces images collectées ici et là. Il fait mine de se plonger dans leur contemplation. Pour mieux échapper au corps dévêtu.

Kitty n’a pas trop apprécié que je la porte.” Kitty. Il grimace. Il n’a pas encore trouvé la force de lui parler. Il n’a pas encore trouvé le courage de mettre les choses au clair. Il ne l’a même pas croisée. Est-il possible qu’elle le fuit ? Cette possibilité lui pince le coeur. Peu importe ses sentiments, elle reste son amie. Il ne supporterait pas qu’elle s’éloigne. Il ne supporterait pas de la perdre. Elle reste Kitty, la fille solaire et intenable. Kitty, la gamine qu’il aime comme une soeur Mais il doit absolument lui parler. Il doit absolument trouver un moyen de s’expliquer. “Et puis.. je risque d’abimer le tissu. ” Il s’arrache au mur. Il se tourne vers elle. Cette chemise, elle la trouve hideuse. Pourquoi s’acharner à la préserver ? Elle devrait être heureuse de la détruire minutieusement avec sa liquidité. Il retourne s'asseoir sur le lit. Le lit. Quand on y pense, il n’y a pas endroit plus intime. Il n’y a pas endroit plus incroyable. Durant la nuit, on lui livre les peurs et les rêves. Durant la nuit, on s’y enfonce pour trouver du repos. Durant la nuit, on se laisse aller dans ses draps. Il peut arriver que le lit soit le théâtre de quelques ébats amoureux. Le lit a quelque chose d’intime. Et être là, près de Snow, rend le fait encore plus présent. Pesant. De nouveau, il a cette sensation d’être un adolescent dans la chambre de sa petite-amie. Un adolescent pataud. Un adolescent pas tout à fait à l’aise. Mais il est le seul à se faire cette idée. Ce n’est qu’un lit. Un simple meuble qui a le mérite d’offrir un minimum de confort. C’est tout. Un baiser glacé sur le joue. Un souffle froid sur sa peau presque chaude, en comparaison. Un contact qui fait naître un frisson. “Je tenais à te dire.. merci. Merci d’être toujours si patient, même quand je te mène la vie dure ou que je refuse de parler.” Il fronce. Il apprécie l’effort. Il apprécie la volonté de le remercier. Il apprécie que son comportement soit approuvé. Mais il est ainsi. Il est patient avec tout le monde. Snow ou pas. Il n’y a rien de plus naturel que de laisser des chances aux autres. Que d’attendre qu’ils se livrent. Que de donner l’opportunité à l’autre de se comporter comme il l’entend. Une tolérance à toutes épreuves que beaucoup n’ont pas. “Merci d’être aussi gentil et compréhensif. Et têtu.” Patient. Gentil. Compréhensif. Il se serait presque cru le type le plus parfait de la planète. Mais non, il est têtu. Il était à deux doigts de sortir le champagne pour célébrer la nouvelle. Ironie mise à part, il est mal à l’aise avec tous ces compliments. Ce serait comme féliciter Snow pour son intelligence et son affection. Ces remarques sur ses qualités n’ont pas lieu d’être. Il n’a rien fait pour les mériter. Il est seulement lui-même.

Et.. tu sais que tu as le droit d’être plus envahissant que ça, mh ?” Un sourire désolé sur les lèvres. Il aimerait. Il essaye. Il fait des efforts. Sans y parvenir. Il a encore des difficultés à passer le cap de la hiérarchie. A dépasser l’idée qu’elle est une étudiante de l’Institut. Il n’est pas familier de ce genre de situations. Avec Malicia, tout était plus facile. Il n’y avait pas de possibilités de se toucher. Elle n’était pas une étudiante. Beaucoup plus simple. Avec Snow, il doit apprendre à mettre de côté le réglement et à se concentrer sur le moment présent. Sur leur couple. Le sourire désolé se transforme en grimace. “Oui, je sais. Je suis désolé, c’est que… j’ai l’impression d’être un gamin dans la chambre de sa copine et que tes parents vont débarquer d’une minute à l’autre.” Une impression ridicule. Les parents de Snow sont morts ou disparus de la surface de la planète. Ils ne surgiront pas de sitôt dans sa chambre. Le seul risque est de voir Aneliese débarquer à l’improviste. Ici, ils ne risquent rien. Pourtant, il ne se sent pas légitime. Il ne se sent pas à son aise. Il se retient de marcher de long en large. Il se retient de parcourir cette chambre. Il cache sa nervosité. Car, il s’agit bien de nervosité. Se retrouver seul avec Snow, dans une chambre, génère un taux d’anxiété élevé. Perdre sa virginité n’aura pas suffi à anéantir ses inquiétudes. Perdre sa virginité ne l’aura pas rendu moins nerveux. Sa main vient envelopper la joue froide de Snow. Une main démesurément grande. Une main qui englobe son visage. “C’est normal d’être là quand tu en as besoin. Je suis ton petit-ami, non ?” Le mot roule sur sa langue. Petit-ami. Le fait est encore étrange. Il y a quelques mois, ils étaient ennemis jurés. Puis, ils se sont tolérés jusqu’à devenir plus proches. Au point de partager le même lit. Petit-ami. Il n’aurait jamais songé se définir ainsi par rapport à Snow. Il imaginait de l’amitié, mais pas de l’affection, pas de l’amour. A croire que la vie leur réserve des surprises. Il rapproche son visage. Il n’est pas certain de ce qu’il fait. Peut-être est-ce la nudité surprise de Snow. Peut-être est-ce des envies refoulées qui font surface. Peut-être est-ce un besoin d’exprimer son amour. Mais il se rapproche. Il accroche leurs lèvres ensemble. Sa main abandonne la joue pour s’emparer de la nuque. Un baiser pour expulser sa nervosité. Un baiser pour exprimer des émotions réfrénées. Un recul afin de capter son regard. Des grandes prunelles bleues. Des grands lacs au milieu du visage. “Tu as changé depuis San Francisco.” Elle n’est plus la même femme. Elle n’est plus celle qui est partie dans la maison familiale, à la recherche de souvenirs oubliés. Elle n’est plus celle qui semait des plaques de verglas dans toute la X-Mansion. Elle est plus sage. Plus sociale. Plus bienveillante. Elle a grandi. Sa peau se sépare de la sienne, tandis qu’il cherche les mots. Il ne saurait dire exactement ce qui a changé en elle. Il y a eu un déclic. Il y a eu un élément déclencheur. “Tu es plus ouverte.” Ce doit être ça. Plus ouverte. Elle ne s’enferme plus dans son monde. Elle s’intéresse aux autres. Elle s’inquiète pour les autres. Elle fait attention à ses démonstrations de pouvoir. Elle veille au bien-être des jeunes pensionnaires. Une ouverture qui lui permet de s’épanouir et d’apprécier sa vie ici. Les projets de partir semblent loin. Et il en est heureux. Il n’aurait pas supporté de perdre une personne de plus. Pas elle.

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I
l est gêné, vraiment. Elle l’a vu détourner les yeux et durant une seconde, elle a songé qu’elle ne lui plaisait plus, une seconde qui lui a pincé le coeur avant qu’elle ne se souvienne, qu’elle ne se rappelle de l’inexpérience de Bobby, de tout ce qu’il avait dû s’abstenir, toutes ces années. Elle l’a observé, un moment, avant de reprendre la parole, alors qu’il lui cédait gentiment leur première chemise moche en commun. « Ca t’embarrasse. J’aurais dû y penser, désolée. » Il s’était déjà montré très pudique, en dehors des draps, cela devait aussi bien faire partie de son éducation que de son caractère, peut-être pas seulement du fait que les femmes nues ne jalonnaient pas son existence. Il venait d’une famille bien comme il faut, avec des valeurs, certaines en commun avec les Rosebury d’ailleurs. Il avait été élevé par des parents qui lui avaient enseigné le respect, et de ce qu’elle avait pu constaté, le concept était même assez extrême. Ca lui manquait presque, la petite maison pleine de tensions. Quant à être plus envahissant, la réponse est précédée d’un sourire désolé puis d’une petite grimace, comme s’il s’en voulait presque de ressentir ce qu’il s’apprêtait à lui dire. « Oui, je sais. Je suis désolé, c’est que… j’ai l’impression d’être un gamin dans la chambre de sa copine et que tes parents vont débarquer d’une minute à l’autre. » Un gamin. Elle sourit. Il est nerveux, c’était presque normal, ils avaient fait les choses à l’envers alors qu'il lui semblait toujours avoir mis un point d’honneur à agir dans l’ordre, on embrasse la fille, on sort avec, on dîne sûrement, ensuite seulement on couche. Bobby n’avait rien du gars qui couchait le premier soir et s’en félicitait. « Mes parents ne t’auraient jamais laissé passer la porte. » Le ton est léger. Ils n’avaient pas parlé de ses parents depuis que les morceaux du puzzle avaient été reconstitués dans leur grande partie, Prudence n’avait pas vraiment abordé la question, elle avait volontiers avoué au psychologue qu’elle ne parvenait pas à ouvrir les cartons.. et là.. elle en parlait comme si elle en avait fait le deuil, comme si leur mort datait de nombreuses années. Pas comme une personne qui se sentait coupable de les avoir assassiné, pas comme celle qui en faisait pourtant des cauchemars à glacer le sang des plus courageux. Quelque chose avait changé. Un poids s’était envolé. « Ma mère t’aurait traité de mauvaise fréquentation, mon père aurait défendu ta cause, t’aurait invité à dîner trois ou quatre fois pour te soutirer tes pires bêtises et puis un jour il t’aurait averti qu’au moindre accident, tu serais obligé de m’épouser. » Un petit sourire s’insinue, malgré elle. « Je suis sûre qu’à ses yeux, je n’ai toujours pas l’âge de coucher. » En bons catholiques vieux jeux, ils auraient sûrement désapprouvé l’idée de coucher avant le mariage, de toute manière.

Le contact de sa main sur sa joue la fait taire. Elle réalise qu’elle apprécie quand il initie les gestes, quand il choisit. « C’est normal d’être là quand tu en as besoin. Je suis ton petit-ami, non ? » Et le mot la fait rougir, légèrement. Petit-ami. C’est toujours aussi étrange. Ca lui fait toujours autant d’effet. Ne jamais avoir eu de véritable petit-ami rendait l’émotion plus vive. Être la maîtresse d’un homme était clairement moins romantique, on n’avait pas le temps de discuter qui plus est puisqu’il fallait rentabiliser chaque heure ensemble avant que l’officielle ne se pointe. Il l’embrasse et elle cesse de réfléchir. Elle se perd contre ses lèvres, les sens en alerte, la main contre sa nuque semblant la stabiliser un minimum. Si son bras droit est devenu translucide, un instant à peine, rien d’autre n’a subi de fluctuation. Elle n’a rien gelé, elle n’a rien fait bouger. Un échange presque tranquille, un délice de complicité qu’il ne rompt que pour la regarder, pas pour la fuir.

« Tu as changé depuis San Francisco. » Snow penche un peu la tête sur le côté, sans trop savoir ce qu’elle devait dire, si elle devait répondre quelque chose. Elle avait changé, c’était certain, elle était moins solitaire, moins agressive aussi. Elle faisait un peu plus attention aux nouveaux arrivants, à défaut de se lier aux anciens dont la rancune pouvait être tenace. Ceux qui l’avaient vue arriver se souvenait de son état de mutisme dangereux qui manifestait des réponses par la glace et ceux qui étaient entrés à l’institut après ne s’étaient pas forcément réjouis de glisser sur du verglas égaré. « Tu es plus ouverte. » Il constate. Pas comme il le fait dans le bureau pendant leurs séances. Si elle n’est pas sûre de la raison qui le pousse à l’exprimer, elle aime cette ambiance, la musique apaisante qui ronronne dans le coin, la proximité délicieuse, le calme, l’absence de regards susceptibles d’épier. « Je suis tombée sous le charme d’un iceberg. » L’explication est tellement simple qu’elle semble enfantine et malgré tout, elle était plausible, elle était réaliste. Il ne s’était rien passé d’autre, rien de bouleversant en dehors de ce voyage à San Francisco, elle était restée égale à elle-même et ses terreurs jusqu’à ce baiser volé, dans un demi-sommeil. « Il m’a faite fondre. » La métaphore est d’autant plus efficace qu’elle est désormais dotée d’une nouvelle mutation. Un élément commun. Deux vies et deux mondes différents. Et un besoin grandissant de le savoir en sécurité, de le savoir heureux, de l’avoir près d’elle. « Est-ce que.. Est-ce qu’il y a des choses que tu aimerais faire ? Des projets à court terme que tu n’as jamais osé envisager ? » Il n’y avait pas meilleur endroit qu’une chambre pour aborder ça, qu’une heure tardive pour parler de ce qu’il ne s’était jamais permis, de ce dont il rêve peut-être, sans l’exprimer.
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Qui aurait cru que la perte de sa virginité était une phase facile à affronter. L’acte est fait. Pourtant, il continue à se noyer dans l’anxiété. Il continue à appréhender chaque moment en sa compagnie. Il continue d’agir maladroitement lorsqu’elle se dévêt. A croire qu’il s’agit d’une vision interdite. A croire qu’il n’a pas le droit de la regarder. Alors qu’il n’y a pas plus beau que le corps d’une femme. Ses courbes. Ses détails. Ses perfections et ses imperfections. Il n’y a pas plus élégant. Il n’y a pas plus magnifique. Il s’en est rendu compte lorsqu’il a pu la tenir entre ses mains. Lorsqu’il a pu la parcourir. Lorsqu’il a pu laisser parler un sens annihilé depuis trop longtemps. Lorsqu’il a pu s’approprier cette peau inconnue. La gêne finira par disparaître. Elle finira pas s’effacer doucement. Il finira par apprécier de la voir se déshabiller avant autant d’assurance. Sans fausse pudeur. Sans hésitation. Avec le temps. Avec l’expérience. Il se contente de détourner le regard. Il se contente d’ignorer l’appel de la chair. Il se contente de se changer les idées. En attendant. Et Snow l’a remarqué. Il aurait aimé éviter. Il aurait aimé être capable de cacher son anxiété. Elle n’a pas à changer son comportement pour lui. Elle n’a pas à le préserver. Il ne le veut pas. Surtout pas. Il préfère qu’elle ne l’épargne pas, en mimant une pudeur feinte. Il préfère qu’elle continue à s’assumer comme elle le fait si bien. Elle qui a tant de mal à s’aimer. A s’apprécier. Elle semble tout oublier quand il est à ses côtés. Alors, elle ne doit pas arrêter. Elle ne doit pas retenir ses doigts de défaire la chemise. Elle ne doit pas retenir son envie de se glisser dans une nuisette. “Mes parents ne t’auraient jamais laissé passer la porte.” Il lève le regard vers elle. Est-ce qu’elle tente de le rassurer ? Car, ce n’est pas l’effet escompté. Au contraire. Cela ne le rend que plus gêné. Que plus étranger. Il ne devrait pas être ici. Pas dans la chambre d’une étudiante. Qu’elle ait vingt-quatre ans ne change rien. Elle reste et restera une étudiante. Une patiente. Une femme qui a besoin d’être guidée vers le bonheur. Il est heureux de partager des moments avec elle. Il en chérit chaque instant. Mais il ne perd pas l’idée qu’elle est aussi une élève et une patiente. Ses gestes sont susceptibles d’influer sur le comportement de Snow. Ses paroles sont susceptibles de générer une réaction chez Snow. La pensée que ce qu’ils font est mal ne le quitte pas. Ne le décolle pas. Ils ne devraient pas se fréquenter. Ils ne devraient pas s’embrasser. Ils ne devraient pas se voir en dehors des séances. Mettre un terme à leur relation n’est pourtant pas envisageable. Une dualité d’opinions qui rend la situation intenable. Insupportable. Il sait qu’en s’éloignant de Snow, il n’aura qu’une envie : revenir. Lui parler toujours plus. L’écouter toujours plus. Parce qu’il a fonctionné ainsi avant qu’ils ne s’embrassent. Parce qu’il a été attiré par elle, même du temps de Malicia.

Ma mère t’aurait traité de mauvaise fréquentation, mon père aurait défendu ta cause, t’aurait invité à dîner trois ou quatre fois pour te soutirer tes pires bêtises et puis un jour il t’aurait averti qu’au moindre accident, tu serais obligé de m’épouser.” Mauvaise fréquentation. L’expression est dure. Blessante. Sa mère était aussi terrible que la sienne. Elle se seraient bien entendues. Elles auraient papoté pendant des heures sur leurs enfants qui ne parviennent pas à trouver de bon partie. Finalement, Bobby est plutôt heureux que les Rosebury ne soient plus dans le coin. Le champ est libre. Les jugements sont évités. Les disputes sont tuées avant de naître. “Je suis sûre qu’à ses yeux, je n’ai toujours pas l’âge de coucher.” La différence d’éducation est flagrante. Ils ont été élevés dans le même souci du respect, mais lui a eu une plus grande liberté. Une plus grande indépendance. De celle que l’on attribue aux garçons. De celle qui veut que les garçons soient moins surveillés que les filles. Une différence d’éducation qui les complète, les confronte. Une différence d’éducation qu’ils parviennent à outrepasser avec intelligence. “Je suis tombée sous le charme d’un iceberg.” Un sourire. S’il était la seule raison de ce changement, il n’y croirait pas. Il n’y croit pas. Une simple rencontre ne peut pas avoir autant d’effets. Autant de changements. Il ne réalise pas qu’elle puisse agir ainsi à cause de lui. Grâce à lui. C’est impensable. L’inspirer à faire le bien. L’inciter à être meilleure. Il n’est pas sûr d’être capable de le faire. Il n’est pas la raison de son revirement de comportement. Il y a forcément autre chose. Une prise de conscience. Une maturité soudaine. Une découverte bouleversante. “Il m’a faite fondre.” Il y a encore peu, il n’aurait pas parié qu’elle puisse s’attacher à une personne. Qu’elle puisse tomber amoureuse. Qu’elle puisse se soucier d’une personne. Les miracles existent. Les miracles sont possibles. L’amour est parvenue à s’insinuer dans le coeur de Snow. L’affection est parvenue à faire sa place au milieu de sa haine et de sa colère. Les émotions ne sont qu’une affaire de rencontres et d’opportunités. Elle est restée sur de mauvais souvenirs avec ses parents, Alex et la Confrérie. Il a fallu une visite à San Francisco pour tourner une page. Il a fallu une visite à San Francisco pour en écrire une nouvelle.

Est-ce que.. Est-ce qu’il y a des choses que tu aimerais faire ? Des projets à court terme que tu n’as jamais osé envisager ?” La question est surprenante. La question est inattendue. Des projets à court terme, il en a. Il aimerait voyager. Il aimerait lire de nouveaux livres. Il aimerait découvrir la cuisine italienne. Il aimerait apprendre une nouvelle langue. Il aimerait aider toujours plus. Il aimerait se mettre au basketball. Mais des projets qu’il n’a jamais osé envisager, il ignore. Aux côtés de Malicia, il n’espérait pas une vie de couple normale. Il n’espérait pas fonder une famille. Il n’espérait pas dépasser le stade de petits-amis. Il l’aimait, mais ne nourrissait pas de projets parce qu’il savait que le toucher mortel était un obstacle psychologique et physique. Elle n’a pas cessé de le repousser, de l’inciter à partir. Avec ce genre de comportements, il était impossible de songer à un avenir en tant que mariés. Il a détruit tout projet à court ou à long terme. Il a abandonné toute ambition. Il a oublié tout rêve. Maintenant, les choses ont changé. Malicia a mis fin à leur couple. Il est avec Snow. Il peut se permettre la rêverie. Il peut se permettre l’espoir. Il peut se permettre d’imaginer des projets. “En fait, non. J’ai bien imaginé d'apprendre le russe, de me mettre au sport, mais je n’ai rien de complètement fou.” Avouer qu’il n’a pas de projet lui laisse un goût d’échec. D’inachevé. Il ne vit pas sa vie. Il ne profite pas de sa vie. Il se contente de la vivre. De l’attraper au fil des jours. D’être porté par les événements. Il ne fait rien pour accomplir ses projets. Il ne fait rien pour en imaginer. Il n’a pas une once d’ambition. Il n’a pas un degré d’imaginaire. Il est ennuyant à mourir. Un vieux psychologue, coincé dans sa routine. Un vieux psychologue qui se complet dans sa vie plate et monotone. Un vieux psychologue. Il n’est pas mieux qu’Aneesh, aigri et lassé par la vie. Il n’est pas mieux que ce philosophe qui a tout vu de la vie. Aneesh a au moins une raison de ne rien attendre de la vie. Alors que Bobby n’aura qu’un seul siècle à vivre. Il n’aura qu’une seule chance de profiter. Il n’aura qu’une seule chance de réaliser ses rêves. Il manque de spontanéité pour réussir. “Quand j’étais petit, je rêvais de devenir policier. Je voulais partir à la découverte de tous les pays. Je crois qu’en grandissant, j’ai perdu tout ça.” La confrontation avec la réalité a été rude. Il a perdu tout espoir d’une vie faite de voyages et d’aventures dignes de film d’action. Il a oublié toute l’innocence et la naïveté de la jeunesse. Il a vu la haine dans le regard des autres. Il a vu ses espoirs s’effondrer. Il a pris la première solution qui s’offrait à lui. Une vie loin des problèmes. Une vie où il serait accepté pour ce qu’il est. Une vie où il serait épanoui. L’institut s’est trouvé être la seule issue de secours. Une hésitation et il avait accepté. Parce qu’il n’a pas eu le courage d’affronter les regards des autres. Parce qu’il ne voulait pas revivre un lynchage public. Et puis, il a rencontré Malicia et il a délaissé ses rêves pour vivre son amour. “Je crains que tu ne sortes pas avec l’homme le plus fou et le plus spontané de cette planète.” Une excuse. Il est conscient que Snow est habituée à une vie rythmée. A une vie où l’ennui n’a pas sa place. Une vie fluctuante où il est possible de changer d’avis du jour ou lendemain. Ou prendre un vol est possible en un claquement de doigts. Ou l’impulsion est le moteur au quotidien. “Enfin si, j'ai toujours rêvé de fonder ma famille, d'acheter une maison et d'adopter un chien. Une vie normale, avant de renfiler la combinaison de X-Men.” Le regard perdu au loin. Le regard fixé sur un pan de mur. Une vie normale, entremêlée à celle d'un X-Men psychologue. Il rêve de tenir ses enfants dans ses bras. De les choyer et de les protéger. De formaliser un amour grâce à des petits êtres vivants. Un rêve égoïste et utopiste.

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l n’a rien rêvé d’extraordinaire. Il n’a pas d’ambition folle, d’envie délirante. C’est finalement un homme heureux, en quelque sorte. Il a trouvé la paix, il sait se satisfaire du confort. Petit, il voulait devenir policier et voyager. On a tous ce genre de projets, enfants, les garçons veulent devenir pompiers ou gendarmes, les filles veulent être des princesses. Une évolution classique écrasée dans la douleur, tuée avec son innocence. Il a découvert sa différence plus jeune qu’elle et goûter à une existence sécurisante dans l’Institut, auprès d’une femme qu’il ne pouvait pas toucher mais qu’il aimait a su lui faire envisager les choses différemment ; il a appris à prendre les évènements comme ils venaient. « Je crains que tu ne sortes pas avec l’homme le plus fou et le plus spontané de cette planète. » Snow fronce les sourcils. En quoi était-ce un problème ? Elle avait eu un homme à la fois fou et spontané, au point qu’il était capable de la plaquer contre le carrelage pour satisfaire ses propres désirs, qu’elle soit réellement consentante ou non. Un homme tranquille lui convenait. Un homme capable d’aimer inconditionnellement était le bienvenu, qu’il envahisse son espace, qu’il l’étouffe de tendresse, elle en avait trop longtemps manqué. Qu’il marque de sa présence chaque grain dans le sablier du temps mais qu’il n’oublie jamais d’être heureux, qu’il ne s’oublie pas pour autant. « Enfin si, j'ai toujours rêvé de fonder ma famille, d'acheter une maison et d'adopter un chien. Une vie normale, avant de renfiler la combinaison de X-Men. »

Il fixe la tapisserie, lointain. Ne se souvient-il pas ce qu’elle lui a promis ? Il semble s’excuser d’avoir ces rêves-là, il parait s’excuser de ne pas lui sortir des envies dingues comme grimper sur le sommet d’une montagne ou traverser le désert. Elle en conclut qu’il ne l’a pas prise au sérieux ou que son esprit a occulté, parmi toutes les informations donnée chez les Drake. Elle bouge. Elle vient attraper ses lèvres, tendrement, puis plus profondément. Elle n’a pas les mots pour lui rappeler qu’elle tenait à lui offrir tout ça. Elle n’a pas les mots pour lui souligner, encore et encore, qu’elle était sérieuse, que si tout allait très vite entre eux, c’était leur folie, leurs excès à eux et que s’ils consistaient à brûler les étapes alors ça lui allait, elle en serait heureuse. « J’ai peur des chiens.. » souffle-t-elle, entre deux baisers, de sa bouche au creux de son cou. « .. mais si ça marche entre nous.. je ne demande pas mieux.. »

Qui l’aurait cru ? Qui aurait cru que la confrériste convaincue laisserait place à cet être attentionné dont le seul avenir idyllique envisagé était le classique de l’humanité ? Rencontrer Jade avait replacé Prudence dans une souffrance oubliée, la petite avait creusé dans ce vide intense qu’elle avait renié, avec les autres marques d’échec de son passé. Elle vivait avec l’idée que, peut-être, elle aurait plus de mal à concevoir que la plupart des femmes. Elle vivait avec l’idée que, sûrement, elle était punie pour sa cruauté et l’injustice dont elle avait fait preuve. Et malgré tout, il y avait une petite étincelle, une lumière dans le regard de Bobby qui balayait les doutes, parce qu’il était aussi froid qu’elle, parce qu’il lui avait résisté, parce qu’il n’avait pas souffert entre ses bras. Il était peut-être la clef, la véritable clef du bonheur comme elle le voyait.

« Une petite maison avec un petit jardin.. Et une balançoire.. » Elle cesse de parcourir son cou de baisers pour le regarder, pour planter ses billes trop bleues dans les siennes. Une de ses mains passe sur la joue de Bobby, caresse la joue du bout du pouce. Ses paroles ne sont plus que des murmures, des secrets délicieux entre eux, sur fond de musique classique. « .. Un petit garçon qui court partout dans tes pattes. Et qui veut surfer comme papa. » Un sourire doux. Elle est sincère, le regard ne ment pas. « Et qui embêtera ta mère avec sa tolérance et ses bizarreries. » Le dessin d’un avenir parfait. Bobby était son psychologue, hiérarchiquement supérieur, et là, sur le coup, elle s’en fichait. Elle ne voyait que son homme blessé, son amour dans le doute. Elle ne le dit pas, elle ne le dit plus, qu’elle l’aime ; elle l’a prononcé quand ils se disputaient, quand il fallait lui ouvrir les yeux et elle ne voulait pas que ce mot ne fasse écho qu’au doute. Elle voulait qu’il veuille dire tellement plus. « Tu lui raconteras qu’il a de la chance que Jade grandisse parce qu’à une époque, elle lui aurait fait des tresses. » Accepter les Drake n’avait pas forcément été évident après la réaction disproportionnée de la mère de famille, accepter Ronnie avait été presque plus facile, mais elle l’avait fait et tant qu’elle avait encore droit à l’affection de Bobby, elle voulait en profiter Elle voulait tout lui donner. Voir la joie briller dans ses prunelles.
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