Je prends une inspiration. Le moment n’est pas à la dispute. Le moment n’est pas à la colère. Je dois, certes, être professionnelle et autoritaire, mais me prendre la tête avec Thor ne sert à rien. Nous aurons le temps de discuter, une fois dans la planque. Nous aurons le temps de communiquer. Car, c’est bel et bien un problème de communication. Peut-être même de compréhension. Thor ne vient pas de la même planète que la nôtre. Il doit s’habituer aux coutumes. Il doit apprendre à se comporter comme un Terrien. Même si cela fait plusieurs années qu’il est parmi nous. Même s’il aurait dû s’adapter plus rapidement. Il a simplement été prévenant. Il s’est simplement assuré que j’allais bien. Pourtant, je n’ai pas apprécié son attention. Je n’ai pas apprécié qu’il s’assure de ma santé. Je suis assez grande. Je sais prendre soin de moi. Je connais mes limites. Je peux me soigner toute seule. Je n’ai pas attendu après Thor pour m’occuper de mes blessures. Je n’ai pas eu besoin de lui jusqu’à maintenant. Je suis un agent expérimenté. Cette coupure n’est rien. Absolument rien. S’il savait. Je cumule les cicatrices de balles. Je collectionne les fractures et les fêlures. Je ne compte plus le nombre d’hématomes et de bosses. Cette blessure n’est pas la première et ne sera pas la dernière. Qu’il veuille s’assurer qu’elle n’est pas profonde est louable. C’est une belle attention, presque touchante. Mais je n’en ai pas besoin. Depuis que j’ai quitté la demeure familiale pour m’engager auprès du S.H.I.E.L.D., j’ai appris à me débrouiller seule. J’ai appris à m’en sortir par mes propres moyens. J’ai appris à ne compter que sur moi-même. Une carapace qui s’est forgée avec le temps. Une carapace qui s’est épaissie avec les années. Les personnes sont rares à parvenir à la traverser. Malheureusement, Thor ne le sait pas. Et il en fait les frais. Quand Steve lui a parlé de moi, il aurait peut-être dû mentionner que je ne suis pas facile à approcher. Que je ne suis pas facile à apprivoiser. Chaque nouveau pas dans la rue est un exutoire. J’en veux à Thor d’avoir essayé de me materniser. De me protéger. J’en veux à Thor d’avoir tenté ce geste attentionné. Je ne lui ai pas donné l’impression qu’il le pouvait. Je ne lui ai pas donné d’invitation explicite. Pourtant, il a osé me toucher. Il a osé s’inquiéter pour moi. Telle une petite créature fragile. Je fulmine. Je préfère rester silencieuse. Je préfère confiner ma colère à l’intérieur. Le dieu n’est pas vraiment en cause. Il a simplement voulu être gentil. Il a simplement voulu vérifier que je ne m’effondrerais pas en pleine rue. Il a eu raison d’agir ainsi. Mais je ne suis pas prête à laisser quelqu’un d’autre se préoccuper de moi. Alors, je reste silencieuse. Je digère ma colère. J’avale mes ressentiments.
Notre allure n’a rien de naturelle. Nous dépassons la plupart des passants que nous croisons. Nous avons l’air de deux personnes en fuite ou pourchassées. Ce qui est le cas, dans un sens. Je m’efforce de ralentir. De rendre ma démarche moins énervée, plus détendue. Je m’efforce de marcher tranquillement. Je m’efforce de caler mon rythme sur ma respiration. Expiration. Marche. Inspiration. Marche. Je parviens à garder une allure normale. Une allure qui ne tranche pas avec celle des autres. Nous sommes aux abords du Bronx. Les immeubles changent d’apparence. L’ambiance détonne avec celle dynamique et grouillante de l’Upper East Side. “Sommes-nous encore loin de la fin de tout cela ?” Je jette un coup d’oeil au téléphone. Nous nous rapprochons de la planque. Il faudra ensuite pénétrer dans l’habitation, s’assurer que nous n’avons pas été suivis et enfin, contacter notre équipe. D’ici une ou deux heures, nous devrions être débarrassés de la mallette. Et nous serons débarrassés l’un de l’autre, par la même occasion. “Encore cinq minutes et nous serons à la planque.” Il n’y a plus que le silence entre nous. Un silence agréable. Un silence appréciable. Un silence qui me convient. Je m’assure que mon arme est bien cachée sous mon sweat. Je n’ai pas envie d’attirer l’attention. Je n’ai pas envie d’avoir de problèmes supplémentaires. Un coup d’oeil aux alentours réveille mon attention. Il n’y a personne dans la rue. Des voitures stationnées sur le bord de la route. Des immeubles habités. Mais personne dans la rue. Ajoutez à cela les trois mètres de Thor, il est improbable de passer inaperçu. Je croise les doigts pour que nous ne soyons pas pris en filature. Le travail serait bien trop facile pour notre suiveur. “Pourquoi vous braquez-vous de la sorte ? Je voulais juste vous aider comme vous l’avez fait avec moi au parc.” Lorsque je lève les yeux vers lui, j’ai le sentiment de l’avoir offensé. Il a cet air de chien battu attendrissant qui cherche à comprendre ce qu’il a fait de mal. Je soupire. Il a vraiment de quoi plaire aux femmes. Il a vraiment des expressions de gamin. Si j’en oublie ma colère, il se pourrait que je le trouve touchant. Une simple hypothèse. Une simple possibilité. Comment lui expliquer ? Il doit me prendre pour une femme hystérique. Il doit me penser à moitié folle. Il doit m’imaginer insupportable. J’ai appris à devenir intraitable, en côtoyant des hommes de toutes les espèces. Du simple énergumène respectueux au typique agent sexiste. Il est déjà assez difficile d’ouvrir les yeux des hommes de cette planète, alors le faire comprendre à Thor semble… impossible.
Il faut attendre quelques mètres avant que je parvienne à trouver les bons mots. A trouver le bon ton. A trouver le calme nécessaire. “Écoutez, Thor, je n’ai rien contre vous. Vous semblez être un gars sympathique et profondément bon.” Je ne veux pas le blesser. Malgré les apparences, il y a tout de même un instinct protecteur derrière ma dureté. Il y a tout de même une volonté de le préserver derrière mon ton sec. Il m’agace, mais je ne peux me résoudre à le blesser. Sûrement son regard peiné. Il est un grand garçon avec un coeur en or, sauf que nous ne nous entendons pas. Tout simplement. Il est impossible d’être amis avec tout le monde. Il est impossible de copiner avec toutes les personnalités. On en a la preuve. Nos deux caractères ne collent pas. “Je n’aime pas que l’on s’inquiète pour moi.” Lui expliquer toutes les raisons prendraient du temps. Passer en revue toute mon adolescence et ma vie d’adulte serait long et ennuyant. Il n’a pas besoin de tout savoir. Il n’a pas besoin de savoir tous les détails. Seulement quelques miettes. Seulement quelques parcelles. “Et vous, vous êtes trop… trop protecteur. Je ne sais pas comment ça se passe à Asgard, mais ici, les femmes sont indépendantes et sont capables de prendre soin d’elles.” J’ignore tout de la culture asgardienne. J’ai entendu parler de guerrières combattantes et intrépides. De guerrières qui n’ont peur de rien. J’ai cru que hommes et femmes étaient égaux, dans son royaume. Je doute même qu’il aurait agi de cette manière avec un de mes collègues hommes. Son geste était mû par une volonté de protection purement masculine. Il a eu l’erreur d’exprimer cet instinct. Avec une autre femme, ce serait passé. Pas avec moi. Je n'ai pas l'habitude d'être choyée par qui que ce soit. Pas même par ma famille. Alors, un dieu...
Les midgardiens et leurs réactions étranges ne plaisaient pas vraiment à Thor. Avec les Avengers, il avait apprit certaines choses. Heureusement Clint était là pour l’aider quand il en avait besoin d’ailleurs. Tout comme Steve, mais autrement, quand il était livré à lui-même, il ne réagissait pas comme eux, mais bien comme un asgardien et après ça ne plaisait pas. Pour Sharon ça semblait presque une insulte, mais il ne voyait pas pourquoi. Alors, il expliqua simplement qu’il avait voulu vérifier qu’elle allait bien et l’état de ses blessures. Visiblement ça ne lui inspirait pas confiance et elle semblait penser qu’il y avait un autre motif pour le fait qu’il s’inquiète pour elle. Préférant ne rien dire de plus et voyant que quelque chose clochait de son côté, il reprit donc la route avec elle, faisant en sorte de passer inaperçu pour rejoindre l’endroit que le S.H.I.E.L.D. mettait à leur disposition. Se concentrant alors sur la mission, il lui demanda s’ils étaient encore loin de la fin de cette soirée et il hocha simplement la tête à sa réponse. Pas besoin de dire quoi que ce soit de plus pour le moment. Malheureusement, il ne pouvait s’empêcher de repenser à son comportement. Pourquoi se braquait-elle de la sorte ? Il ne comprenait vraiment pas et il ne pu s’empêcher de reprendre la parole pour avoir des réponses. En l’entendant soupirer, le Dieu ne pu s’empêcher de lever les yeux au ciel. Habitude qu’il avait prise en parlant avec Stark lors de discussion sans sens pour lui ou parce que ce dernier venait à dire un nombre d’absurdité incalculable en quelques minutes et toujours avec le sourire évidemment.
Cette fois-ci, le comportement de la jeune femme était véritablement étrange à ses eux et malgré tout ce que les autres lui avaient dit, personne ne lui avait parlé de l’agressivité dont faisait preuve Sharon. Le silence de l’agent ne l’aidait pas à comprendre son comportement, mais elle vint alors lui expliquer les choses et il fronçait les sourcils tout en étant attentif. Ca commençait plutôt bien et oui, malgré son passé compliqué, il était devenu quelqu’un de meilleur. Même s’il n’était pas de Midgard, il savait qu’il y aurait un mais aux prochains paroles de la jeune femme ou en tout cas quelque chose de négatif pour lui. Quand elle vint expliquer qu’elle n’aimait pas qu’on s’inquiète pour elle, il ne pu s’empêcher de hausser les sourcils. Ca n’était pas ce qu’il s’était attendu à entendre. Il pensait qu’elle allait lui faire un tas de reproches, donc il devait avouer qu’il était vraiment surprit. Mais, il continua de l’écouter avant de hocher doucement la tête. Le fait qu’il soit protecteur était quelque chose que sa mère lui avait apprit. Quand il s’attachait à quelqu’un, c’était plus fort que lui, il devait aider. C’était devenu presque naturel chez lui, mais il soupira à la fin de sa phrase.
Nous avons peu de femmes qui combattent, mais elles sont intrépides et savent prendre soin d’elles. Comme vous …
Après tout, c’était ce qu’elle voulait lui faire comprendre non ?
Mais ça doit venir de ma mère. Elle m’a apprit à prendre soin des autres et de protéger mes proches. Même si ces personnes sont sur un champ de bataille à mes côtés.
Penser à sa mère lui faisait toujours mal. Elle n’était plus là et c’était en partie de sa faute. C’était lui qui avait amené Jane sur Asgard alors qu’elle allait mal. Mais, il aurait du protéger Frigga. Il n’y était pas parvenu et il fronça alors les sourcils pour ne pas y songer maintenant. Ca n’était pas le moment, il devait se reprendre et il continua de marcher aux côtés de Sharon.
J’apprend vite, je ne le ferai plus.
Au moins c’était dit et il regarda autour de lui avant de reposer son attention sur elle.
Est-ce ici ?
Il ne savait pas pourquoi, mais il avait l’impression qu’ils n’étaient pas loin de l’endroit où ils devaient se rendre. Comme un sentiment étrange qui lui disait qu’ils seraient en sécurité dans un de ses bâtiments.
Parler avec des étrangers, c’est courant. Des gens qui viennent d’Europe. Des gens qui ont vécu dans les pays asiatiques. Des gens qui ont grandi en Afrique. La différence culturelle est toujours un choc. Un choc qui peut être dépassé. Mais avec Thor, la différence est énorme. Une autre planète. Une autre ère d’évolution. Une autre éducation. Une autre culturel. Tout est différent. Le choc est beaucoup plus violent. Beaucoup plus intense. Depuis qu’il est arrivé sur Terre, il n’est pas parvenu à se faire aux us et coutumes de cette planète. Il ne s’y habituera sûrement jamais. Alors, forcément, lorsque l’indépendance de Sharon rencontre la protection de Thor, il n’y a pas de miracle, mais plutôt des étincelles. Plutôt des conflits. Elle n’a pas envie de se montrer agressive envers lui. Elle n’a pas envie de se disputer. Elle n’a pas envie que cette mission soit un fiasco. Elle a juste envie qu’il cesse de la traiter comme une poupée, une gamine blessée. Elle a juste envie qu’elle respecte son autonomie. Mais visiblement, c’est dur. Même impossible de la part du dieu. Alors, c’est à elle de faire un effort. C’est à elle de se laisser chouchouter. C’est à elle d’accepter les gestes affectifs d’un inconnu. Prendre sur soi fait aussi partie du travail d’agent, après tout. Se forcer à supporter des comportements. Se faire violence pour ne pas frapper. Elle le croisera à quelques occasions, par la suite. Alors, elle doit juste prendre sur elle et terminer cette mission le plus rapidement possible. Elle retrouve son calme. Il suffit de se diriger vers la planque. Il suffit de contacter le reste de l’équipe. Il suffit de débriefer. Après, elle pourra se détendre et oublier cette rencontre. Elle jette des coups d’oeil réguliers à l’écran du téléphone. Comme pour s’assurer qu’ils sont sur la bonne route. Comme pour faire apparaître la planque plus près. Mais ça ne fonctionne pas. Elle est toujours aussi loin. Ils se rapprochent seulement à la force de leurs jambes. “Nous avons peu de femmes qui combattent, mais elles sont intrépides et savent prendre soin d’elles. Comme vous…” Un regard en coin dans sa direction. Elle ignore s’il s’agit d’un compliment. Elle ignore si elle doit se sentir flattée. Si elles sont si intrépides et combatives, elles ont dû nourrir des envies de mutilation à l’encontre de Thor. Elles ont dû vouloir lui apprendre à être attentionné avec quelqu’un d’autre. A moins qu’elles acceptent plus facilement. Qui sait ? Elles peuvent se révéler être des guerrières sans scrupules, puis apprécier les douces caresses d’un dieu inquiet pour leur santé. Sauf que Sharon n’est pas l’une d’entre elles. Elle est une Terrienne bien ancrée dans son monde et déterminée à ne dépendre de personne, même pour ses blessures.
“Mais ça doit venir de ma mère. Elle m’a apprit à prendre soin des autres et de protéger mes proches. Même si ces personnes sont sur un champ de bataille à mes côtés.” Protéger ses proches. Il la considère comme une proche. Après seulement quelques heures passées ensemble. Dans deux jours, ils sautent le pas et se marient ? Elle repousse la pique qui lui vient à l’esprit. Avec Thor, impossible de faire dans l’humour. Encore moins dans l’humour pince-sans-rire. Il ne comprendrait pas. Il vaut mieux rester sérieux. Sérieux et concentré. Et elle a entendu parler de la mort de sa mère. Un sujet sensible. Un sujet douloureux sur lequel elle ne souhaite pas rire. A l’expression du dieu, elle comprend que cette perte est encore une source de souffrance. “J’apprends vite, je ne le ferai plus.” Elle a le sentiment de l’avoir blessé. Elle a l’impression de l’avoir heurté. Ce n’était pas le but. Pas qu’elle soit du genre à éprouver des remords. Elle a appris depuis longtemps à ne pas s’excuser pour ses avis. Elle a compris que demander le pardon est une façon d’être rabaissée par les autres. Sauf que Thor a un bon fond. Un coeur généreux et gentil. Il ne mérite pas d’être maltraité comme elle le fait. Une raison de plus pour s’apaiser. Une raison de plus pour être indulgente. “Merci.” Sa voix est plus douce. Plus amicale. Elle sera gentille. Elle sera agréable. Seulement aujourd’hui. Elle garde les yeux rivés sur le plan du GPS. Elle les mène jusqu’à la planque. Ils tournent. A gauche. A droite. Ils avancent. Les mètres défilent. Les mètres s’enchaînent. Les mètres les rapprochent du studio qui les attend. Les bâtiments se ressemblent. Parfois en briques. Parfois en béton. Des bâtiments qui n’ont rien de beau ou d’admirable. Des bâtiments construits uniquement pour suivre la croissance de la population. Pour le moment, ils n’ont pas été embêtés. Ils n’ont pas été retrouvés par leurs poursuivants. Ce qui est une bonne chose. Dans d’autres circonstances, elle aurait pris le temps. Elle aurait observé les graffitis. Elle aurait essayé de trouver une histoire, une signification derrière chacun d’eux. Dans d’autres circonstances, elle ne transporterait pas une mallette précieuse aux yeux du S.H.I.E.L.D. Dans d’autres circonstances, elle ne se promènerait pas avec un dieu à ses côtés. “Est-ce ici ?” Sharon relève la tête. Elle réalise qu’elle est restée silencieuse. A croire qu’être gentille l’empêche de parler. A croire qu’il est plus facile d’être gentille quand elle se tait. Elle acquiesce. Oui, c’est bien là. L’immeuble est proche. A quelques mètres.
Elle fouille dans le sac de sport, à la recherche de la clé de leur nid douillet pour les minutes à venir. Elle trouve un trousseau. Une clé pour la porte d’entrée. Un porte-étiquette avec le numéro de la porte. Parfait. Elle referme le sac et se concentre sur le GPS. Il clignote. Il s’affole. Ils sont arrivés. “Par ici.” Elle désigne l’entrée d’un immeuble. Elle fourre le téléphone dans sa poche. Il ne lui sert plus à rien, maintenant. Un coup d’oeil au trousseau lui indique qu’ils doivent monter au quatrième étage. Ils devront ensuite chercher la porte D55. Et ensuite, ils seront sains et saufs. Enfin, espérons-le. Elle jette un coup d’oeil dans son dos. Juste pour s’assurer qu’ils ne sont pas observés. Juste pour s’assurer qu’ils ne sont pas espionnés. Ce n’est pas le moment d’être repérés par leurs adversaires de tout à l’heure. La voie est libre. Personne ne semble les regarder ou les suivre. Elle s’engouffre dans l’entrée. Elle entame la montée vers le quatrième étage. Elle jette un regard vers Thor, par-dessus son épaule. “Vous savez, je crois qu’on est partis du mauvais pied.” Elle grimace. Ne pas utiliser d’expression. Elle a oublié. Elle cherche une explication. Elle cherche une autre tournure de phrase. “... enfin, je veux dire que ça a mal commencé, entre nous. Mais je serai plus sympa les prochaines fois.” Elle fait de vrais efforts pour sembler plus amicale. Pour paraître plus avenante. Pour être même extrêmement positive. Elle ne connaît pas Thor. Il lui a semblé arrogant, puis sensible. Il lui a semblé prétentieux, puis protecteur. Elle ne sait pas qui il est vraiment. Mais elle est ainsi. Elle ne fait pas dans la délicatesse. Elle ne fait pas dans la tendresse. En particulier lorsqu’il s’agit des hommes. Ils arrivent au quatrième étage. Le couloir est vide. Ils vont pouvoir chercher la bonne porte sans éveiller les soupçons. “Vous m’aidez à chercher le D55 ?” La nouvelle Sharon est dans la place. Pour l’instant. Elle fait des efforts, mais il se pourrait que tout se brise. Il se pourrait que ses tentatives soient un échec. Tout ne tient qu’à Thor. Ils parcourent le couloir jusqu’à ce que la bonne porte apparaisse. La clé déverrouille le mécanisme, comme prévu. “Faut pas s’attendre au grand luxe.” Elle pousse la porte. Un studio simpliste se dresse devant eux. Une table, deux chaises, un lit simple, une kitchenette. Le strict minimum, au cas où les agents seraient fatigués ou auraient une petite faim. Elle abandonne le sac de sport sur le lit et se plante devant une des fenêtres. L’avantage avec les logements en hauteur, c’est qu’ils peuvent surveiller les allées et venues dans la rue. Elle passe quelques secondes à étudier le périmètre, avant de se détourner. Maintenant, il est nécessaire de contacter le S.H.I.E.L.D. Elle fouille au milieu des boîtes de conserve, dans les placards. Elle trouve ce qu’elle cherche. Elle en sort une balise GPS qu’elle active. Quelque part dans New-York, une alerte s’est déclenchée. Quelque part dans New-York, ils savent qu’ils sont ici, en sécurité. “Votre bras, ça va mieux ?” Elle récupère la trousse de secours placée dans la salle de bains. Il est temps de se soigner. Peut-être que Thor en aura besoin, lui aussi. Il est peut-être un dieu, mais il n'est pas obligé de cicatriser en une minute chrono.
Elle s’assoit sur une des chaises. Elle ouvre la trousse, à la recherche d’une compresse. Le temps qu’ils arrivent à la planque, le sang s’est mis à perler de nouveau à sa plaie. Il va lui falloir quelques points de suture. Une partie de plaisir en perspective. Thor en aura probablement besoin, lui aussi. Ou au moins, une bonne désinfection de la plaie. “Et si vous me parliez d’Asgard, le temps qu’on vienne nous chercher ?” Sa question est motivée par la curiosité, mais aussi par la volonté de lui montrer son intérêt. Elle n’est pas que l’agente sur-entraînée qui refuse qu’on la tripote. Elle peut aussi être une amie ou au moins, une personne à qui parler.
Il ne comprenait vraiment pas la jeune femme, alors il tenta de lui expliquer les choses. Il avait juste voulu être agréable et vérifier ses blessures comme elle avait fait avec lui quelques minutes avant. Malheureusement elle ne voulait pas qu’on le fasse pour elle ou plutôt qu’il le fasse pour elle. Alors, il avait décidé de reprendre leur chemin et il marchait à ses côtés. Capuche sur la tête, il faisait en sorte d’être rapide, mais il savait qu’avec sa taille, passer inaperçu n’était pas une mince affaire. Donc, il se concentra sur sa marche. Malgré tout, il discutait avec l’agent, lui expliquant que sur Asgard aussi ils avaient des femmes qui étaient des guerrières et qui n’avaient pas peur d’être blessées et qui étaient courageuses. Elles n’ont pas peur de se battre et de se salir les mains, tout comme Sharon. Au regard de cette dernière, il remarqua qu’elle semblait ne savoir quoi penser de ce qu’il venait de dire. Encore une fois elle ne le croyait pas. En tout cas, c’était ce qu’il pensait en la voyant le fixer de la sorte. Il n’était pas du genre à aller vérifier leurs blessures, mais il allait s’assurer qu’elles allaient bien. Après tout, elles étaient au service du Roi, donc il fallait qu’elles puissent combattre. Mais cela lui rappelait la façon dont sa mère lui avait dit de traiter les femmes. Elle avait toujours été claire sur le fait qu’il devait faire attention à elles, surtout pour celle qui deviendrait son épouse.
Loin d’avoir trouvé cette dernière, il n’avait d’ailleurs pas envie d’y songer. Le jour où il deviendrait Roi d’Asgard, il devrait se marier, mais il n’avait pas encore trouvé celle qui serait sa Reine. Cependant, il se souviendrait des conseils de Frigga le jour venu. Cette dernière avait perdu la vie quelques années auparavant et il avait toujours autant de mal à ne pas être triste. Se reprenant, il expliqua qu’il était du genre à comprendre et assimiler les choses rapidement, donc il ne s’approcherait plus de Sharon de cette façon. A son remerciement, il hocha simplement la tête, se concentrant à nouveau sur leur marche. Au bout de longues minutes, il regarda autour de lui, sentant que quelque chose était différent. Demandant alors à l’agent s’ils étaient arrivés et à son hochement de tête, il fut quelque peu soulagé. Au moins ils pourront faire une pause. Non pas qu’il était fatigué, mais ça leur permettrait au moins d’être à l’abri de ceux voulant récupérer la mallette et eux par la même occasion. La regardant fouiller dans le sac, il la vit en sortir des clés. La suivant à son indication, il la laissa faire, ne faisant que rester derrière elle. Ca n’était pas son genre d’être un suiveur, mais il ne pouvait pas faire grand chose de plus pour le moment. Montant les marches, il fut surprit quand elle reprit la parole. Fronçant les sourcils, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle dise une telle chose. Cependant, il ne pu s’empêcher de sourire quand elle chercha à s’expliquer d’une autre façon.
Je connais cette expression. Etrangement Barton l’utilise souvent quand il parle de la première fois que nous nous sommes tous rencontrés.
En même temps, il avait bien raison. Ils s’étaient tous prit la tête à cette époque là. Steve n’appréciant pas l’air supérieur de Tony. Fury ayant caché des secrets importants et bien d’autres points qui avaient fait qu’ils étaient en effet partit du mauvais pied.
Mais merci d’avoir expliqué différemment.
En effet, elle avait voulu qu’il comprenne ce qu’elle voulait dire et en plus, elle l’avait dit gentiment. Arrivant finalement à l’étage, il hocha la tête à sa question et finalement ils trouvèrent la D55. Après que Carter ait ouvert la porte, le Dieu haussa les sourcils à ses paroles. Il n’avait même pas songé à ce qui pouvait se trouver derrière la porte, donc il la suivit et regarda par lui-même. En effet c’était simple, mais il avait vu la même chose dans d’autres logements, même s’il devait avouer que c’était très loin des appartements d’Asgard ou de la Tour Stark. Mais ça ne le dérangeait pas, parce que Jane avait vécu dans le même genre de logement et ils y avaient vécus ensemble pendant un temps. Elle lui avait expliqué que les midgardiens n’avaient pas forcément beaucoup d’argent pour pouvoir se payer de grands logements. Donc, il comprenait. S’installant sur une chaise, il resta simplement silencieux, le regard dans le vide, ne pensant à rien d’autre qu’à la fin de la mission. Il sortit de ses pensées en voyant Sharon s’afférer à faire quelque chose, avant qu’elle ne veuille savoir comment allait son bras.
Oui, je crois.
Enlevant le sweat, il remonta la manche de son t-shirt et regarda sa blessure. Ca saignait encore un peu, mais moins que précédemment. Tournant vivement la tête à la question de la blonde, il haussa les sourcils. Ouvrant la bouche, il fronça les sourcils et referma la bouche. Il était enthousiaste à parler d’Asgard, mais du coup, il ne savait pas ce qu’elle voulait savoir. Prenant quelques secondes pour réfléchir, il finit par prendre la parole.
Notre Royaume est gouverné par le Père de Toute Chose, Odin Borson qui est également mon père. Vous savez déjà qui est Loki et je vous ai parlé de ma mère, Frigga.
Se rendant compte qu’il parlait de lui et pas d’Asgard, il chercha à nouveau quoi dire.
Odin a bâti Asgard au milieu des montagnes et au pied d’un lac il y a des millénaires. Nous sommes le premier des neuf royaumes. Nous avions une muraille qui était infranchissable, jusqu’à ce que Malekith n’envahisse la citée, mais nous avons reconstruit cette muraille depuis. Les asgardiens sont surtout des commerçants et ils vendent des étoffes, des bijoux, des pierres précieuses et des épices en plus des armes et de la nourriture en général. Vous trouverez aussi beaucoup d’échoppe. Nous aimons beaucoup faire des fêtes.
Souriant, il devait avouer qu’il ne comprenait pas pourquoi les midgardiens ne faisaient pas plus de fêtes, sortant la nourriture et les boissons pour de grandes occasions.
Le plus bel endroit est le jardin de ma mère. Enfin les jardins, parce qu’elle a multiplié les plantes et la nature était très important pour elle. Elle y passait beaucoup de temps …
Son sourire était déjà plus triste, mais il se reprit rapidement.
Vous connaissez le Bifröst ?
Il changeait de sujet pour ne pas redevenir triste et puis, elle avait demandé à en savoir plus, alors autant savoir ce qu’elle connaissait de son monde.
Loin du stress. Loin de l’infiltration. Loin de la tension. Elle est plus détendue. Elle est moins sur les nerfs. Elle est moins susceptible. La mission n’est pas totalement achevée, mais elle s’autorise à discuter. Elle s’autorise à interroger Thor. Elle s’autorise à s’intéresser à son coéquipier du jour. Elle s’adoucit presque. Trouvant un air d’enfant perdu à ce grand dieu imposant. Trouvant une pointe attendrissante dans sa manière d’être blessé à chacune de ses rebuffades. Ressentant une once de compassion lorsqu’il évoque sa mère décédée. Les mères ont ce pouvoir sur les enfants. Le pouvoir d’être le centre de la Terre (ou d’une toute autre planète). Le pouvoir d’être le point culminant de l’amour. Le pouvoir de briser le coeur d’un enfant lorsqu’elle meurt. Sharon a la chance d’avoir encore ses deux parents vivants. Vivants, mais loin de New-York. Ils se voient peu. Voire même, rarement. Son emploi du temps interdit toute absence de plus d’une journée. Elle ne peut se permettre de partir en vacances. Un agent du S.H.I.E.L.D. ne connaît pas ce mot. Mais elle les retrouve parfois, pour les fêtes de fin d’année, pour un repas d’anniversaire. Elle les retrouve avec toujours autant de joie, bien qu’un peu d’appréhension. Pourtant, elle est la fille qu’ils n’ont eu de cesse de soutenir, d’encourager, de couvrir d’attention. Au détriment de Riley. Elle veut les rendre fiers. Elle veut lire le bonheur dans leurs prunelles. Elle craint toujours les remarques sur son célibat. Elle redoute toujours les critiques sur son comportement. Après tout, ses parents ne sont pas à l’abri de la décevoir et de lui tourner le dos. En réalité, ils sont tous les trois devenus des inconnus. Des inconnus qui se parlent au téléphone. Des inconnus qui s’échangent des messages. Mais des inconnus. Elle n’a plus vécu sous le même toit depuis des années. Elle ne sait plus rien de leur quotidien, de leurs habitudes, de leurs goûts. Elle ne sait plus rien de leurs amis, de leur routine. Un jour, il faudra qu’elle y retourne. Avant que ça ne soit trop tard. Avant que son propre regard se fasse aussi mélancolique et triste que celui de Thor. “Oui, je crois.” Il résiste bien. Une résistance incroyable. Elle aimerait avoir cette faculté. Mais visiblement, elle n’est pas née sur la bonne planète ou dans la bonne famille. Elle reste et restera une mortelle, même si cette résistance accrue serait un avantage dans son métier. Elle trouve même cela étonnant que Thor ne soit pas encore enfermé dans un laboratoire, à servir de cobaye. Peut-être que la direction du S.H.I.E.L.D. a considéré cela légèrement trop dangereux. Un dieu emprisonné, se faisant piquer de tous les côtés, ce n’est pas des plus faciles à gérer.
L’état de Thor ne nécessitant pas de soins, elle se charge de sa propre blessure. Elle récupère un miroir de poche, perdu dans la trousse de secours. Parfait. Elle pourra se soigner, sans risquer de désinfecter le mauvais endroit. “Notre Royaume est gouverné par le Père de Toute Chose, Odin Borson qui est également mon père. Vous savez déjà qui est Loki et je vous ai parlé de ma mère, Frigga.” Elle se retient de lever les yeux au ciel. Les dieux doivent toujours porter des noms pompeux. Ils doivent toujours faire dans le grand et le spectaculaire. Mais se moquer serait un signe d’irrespect. Serait une moquerie. Serait vexant. Elle peut être sèche, autoritaire, dure. Mais irrespectueuse, elle ne l’est pas. Elle se contente de se consacrer sur ses soins. Elle se contente d’écouter. Elle ne s’est pas beaucoup intéressée à Asgard jusqu'à maintenant. Une erreur. Une faille dans son travail. Travailler avec un dieu nécessite de savoir d’où il vient, qui il est. Elle a lu ce qu’elle a trouvé dans le dossier du S.H.I.E.L.D. Elle n’a pas approfondi. Par manque de temps. Par manque d’opportunité. Mais elle se rattrape. Elle comble un vide dans son apprentissage. Il n’y a pas meilleur professeur qu’une personne descendant de ce royaume, après tout. “Odin a bâti Asgard au milieu des montagnes et au pied d’un lac il y a des millénaires. Nous sommes le premier des neuf royaumes. Nous avions une muraille qui était infranchissable, jusqu’à ce que Malekith n’envahisse la citée, mais nous avons reconstruit cette muraille depuis. Les asgardiens sont surtout des commerçants et ils vendent des étoffes, des bijoux, des pierres précieuses et des épices en plus des armes et de la nourriture en général. Vous trouverez aussi beaucoup d’échoppe. Nous aimons beaucoup faire des fêtes.” Elle suspend son geste, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Elle croirait entendre un guide touristique. Elle croirait voir un professionnel de voyages, prêt à lui vendre un séjour sur Asgard pour faire du shopping et la fête. On n’en est pas loin. Mais à travers ses mots, elle décèle une fierté. Un amour pour ce monde. Une affection pour l’endroit qui l’a vu naître. Il aime vraiment Asgard. Elle se surprend à s’imaginer à sa place, projetée dans un autre monde, noyée sous les nouvelles coutumes, perdue dans les rues. Elle se débrouillerait. Elle se débrouille toujours. Mais elle aurait peut-être un peu de nostalgie. Peut-être un peu de manque. Elle reprend son oeuvre. “Le plus bel endroit est le jardin de ma mère. Enfin les jardins, parce qu’elle a multiplié les plantes et la nature était très important pour elle. Elle y passait beaucoup de temps …” Encore sa mère. Serait-il un fils à sa maman ? Sharon n’a pas besoin d’un psychologue ou d’en savoir plus pour comprendre que Frigga l’a marqué. Profondément marqué. Elle devait être une femme formidable. Une femme aimante.
Qui aurait cru que derrière ce grand guerrier, traînant son marteau partout comme un doudou, se cachait un coeur plein d’amour pour sa mère ? On aurait pu le croire insensible, brutal. Mais si Captain America lui-même l’apprécie, c’est bien pour ses nombreuses qualités. C'est bien que Thor est tout sauf cruel. “Vous connaissez le Bifröst ?” Bien sûr qu’elle connaît le Bifröst. C’est à cause de lui que tout a commencé. C’est à cause de lui qu’ils ont reçu quelques visites hors du commun. C’est à cause de lui que le S.H.I.E.L.D. est devenu ce qu’il est. Elle a vu quelques dessins, quelques esquisses du Bifröst. Elle a pu s’imaginer à quoi il ressemble. Mais son fonctionnement lui échappe toujours. Ses hypothèses oscillent entre magie et technologie. Une chose est certaine, il ne s’agit pas d’un ‘appareil’ que l’on peut mettre en marche ou en arrêt grâce à un bouton. “J’en ai entendu parler. C’est votre espèce de tunnel qui vous permet de voyager. Vous pouvez aller n’importe où avec, c’est ça ?” Un transport sûrement plus rapide que le train. Un transport sûrement moins difficile que le bateau. Un transport sûrement plus sûr que l’avion. Elle ignore même ce que cela peut provoquer, quelle est sa rapidité. Le voyage est probablement instantané. En quelques secondes, il peut passer d’Asgard à un autre royaume, un autre monde. En quelques secondes, le décor peut changer de tout au tout. Les jets de Stark doivent lui paraître incroyablement lents, en comparaison. “J’imagine que vous avez dû beaucoup voyager grâce au Bifröst.” En ayant des possibilités aussi incroyables avec le Bifröst, il a dû découvrir des mondes incroyables. Des mondes curieux. Des mondes insoupçonnés. Elle remballe les affaires. Elle range le matériel dans la trousse de secours. Elle la referme et s’appuie contre le dossier de la chaise. Voyager. Elle a toujours adoré cet aspect du métier. Être agent de terrain suppose d’être en mouvement. De découvrir des contrées reculées. De se confronter à des cultures différentes. Un point qu’elle adore.
La famille a toujours été un concept important pour le Dieu. Frigga ayant pris soin de lui alors qu’Odin était bien plus distant. Thor savait que Le Père de Tout se devait d’avoir un certain recul face à sa famille pour ne pas faire de favoritisme, mais il aurait aimé pouvoir passer plus de temps père/fils avec lui. Heureusement sa mère était là pour combler ce manque et lui raconter des histoires sur leur passé, leur famille et répondre à toutes les questions qu’il pouvait avoir. Heureusement, il avait eu des parents présents, il savait que ça n’était pas le cas de tout le monde. Il l’avait vu avec les autres Avengers et il savait que certains étaient marqués par tout cela. Mais pour le moment, l’agent voulait savoir si son bras allait mieux et il répondit que c’était le cas, avant de vérifier juste au cas ou. Non, ça semblait aller définitivement mieux. Cependant, il ne s’était pas attendu à ce que Sharon veuille en savoir plus sur Asgard. Il en resta surprit un moment avant de commencer à en parler. Seulement, il parlait de lui et pas du Royaume.
Alors il se reprit, mais il ne se rendait pas compte qu’il parlait comme un guide touristique. Après tout, il parlait de chez lui comme il le ferait avec n’importe qui d’autre. En citant les fêtes, il devait avouer que c’était quelque chose qui lui manquait. Les banquets et les festins devraient se faire plus souvent sur Midgard, il faudrait qu’il en parle avec Stark, vu que ce dernier avait le nom d’un tas de personnes. Ca serait peut-être une idée intéressante. Il ne pu s’empêcher d’ajouter un commentaire sur les jardins de sa défunte mère. Cette dernière avait toujours fait en sorte de mettre la nature en avant et elle avait créé de magnifiques jardins. Oui, sa mère l’avait marqué et c’était grâce à elle qu’il avait appris beaucoup de choses, qu’il avait appris à être meilleur et il n’aurait plus l’occasion de pouvoir écouter ses conseils. Seulement, il ne voulait pas être triste, alors il préféra changer de sujet et il demanda à la jeune femme si elle connaissait le Bifröst et il écouta sa réponse avec attention.
C’est ça. C’est notre pont pour aller n’importe où dans les 9 Royaumes.
Hochant la tête, il se souvenait de toutes les fois où Tony lui avait dit qu’il ne devait pas ouvrir le Bifröst quand il était sur de la pelouse, ça laissait des traces que les jardiniers ne pouvaient pas recouvrir. Seulement Thor savait que ça énervait le scientifique, donc il ne pouvait pas s’empêcher de l’ennuyer en continuant. Ecoutant les paroles de la jeune femme, il acquiesça.
Dès que j’ai été en âge de suivre les traces de mon père oui. Il m’a présenté les mondes que je ne connaissais pas encore et nous avons voyagés, pour que je puisse connaître ce que je finirai par gouverner un jour.
Il était à la fois nerveux de devoir diriger Asgard un jour et en même temps il espérait être un bon souverain. Mais ce dernier point voudrait dire qu’Odin aurait perdu la vie et ça n’était pas une pensée agréable.
Le S.H.I.E.L.D. n’a jamais essayé de traverser le Bifröst ? Vous n’y avez jamais été ?
Il avait appris que Coulson avait fait la rencontre d’un asgardien un jour, même s’il n’avait jamais voulu lui dire son nom. Phil semblait vouloir garder l’identité de cet homme secrète, il ne savait pas pourquoi, puis Sif était venu sur Midgard plusieurs fois. Donc, il s’était imaginé que l’agence avait fait en sorte d’ouvrir le pont ou de faire en sorte de le recréer, mais il ne savait pas s’ils y étaient parvenus. Si ça avait été le cas, Heimdall aurait sans doute prévenu Odin et même Thor, donc ce dernier n’avait pas de quoi avoir peur pour le moment.
Dans la planque, ils ont retrouvé un cocon. Un endroit où ils sont en sécurité. Un endroit où ils peuvent respirer. Un endroit où ils peuvent panser leur plaie. C’est ce que fait Sharon avec des doigts experts. Les soins de base, étape primordiale de toute formation d’agent. Elle a appris à nettoyer et à panser. Elle a appris quelles plantes peuvent servir de cataplasme. Elle a appris comment accélérer la cicatrisation. Elle a appris comment créer un pansement. Elle a appris comment désinfecter une blessure. Les missions ne se déroulent pas toutes dans une ville. Il arrive qu’il n’y ait même pas de planque. Alors, il faut ruser. Il faut trouver une solution. Quand elle parle, sa peau s’étire et la fait souffrir. Mais elle n’en montre rien. En même temps que les entraînements, elle s’est endurcie. Elle s’est habituée à conserver ses propres émotions pour elle. Elle s’assure de ne pas montrer ses faiblesses. Même devant Thor. Même devant sa soeur. Il n’y a pas de favoritisme. Plus le temps passe et plus elle réalise que l’entraînement d’agent a empiété sur son quotidien. Sur sa vie personnelle. C’est en côtoyant sa soeur qu’elle s’en rend compte. Elles sont diamétralement opposées. Elles sont tellement différentes. Riley est plus sensible et pourtant si combative. Elle laisse la place pour les relations humaines. Elle se permet de ressentir des émotions. Alors que Sharon, en comparaison, est froide, insensible. Sa soeur est solaire. Sharon est déprimante. Elles n’ont pas eu la même histoire. Elles n’ont pas eu le même passé. Riley serait sûrement plus chaleureuse et accueillante avec Thor, par exemple. Alors que Sharon s’est montrée intraitable, autoritaire et impatiente. Elle essaye d’inverser la tendance. Elle essaye de faire des efforts pour se rattraper. Pour en apprendre plus sur le demi-dieu. “C’est ça. C’est notre pont pour aller n’importe où dans les 9 Royaumes.” Il y a encore quelques années, l’idée qu’il y ait des planètes, univers ou royaumes ailleurs était saugrenue. Maintenant, ce fait est réel, prouvé et accepté. Ils ne sont pas seuls dans l’univers. Il y a des gens qui peuvent les envahir. Il y a des personnes qui peuvent leur enseigner des choses. Il y a des peuples avec lesquels ils peuvent échanger. Dur à accepter au départ, cette réalité est devenue normale. Bien qu’un peu conceptuelle. Un peu difficile à avaler. Si il n’y avait pas Thor pour prouver leur existence, Sharon aurait probablement eu du mal à le croire. Avec son esprit terre à terre, elle aurait trouvé toutes les raisons possibles pour réfuter cette possibilité.
Et pourtant, ce sont des royaumes qu’elle aimerait visiter. Des cultures qu’elle aimerait découvrir. Des peuples qu’elle aimerait rencontrer. Thor a la chance d’avoir eu cette opportunité. “Dès que j’ai été en âge de suivre les traces de mon père oui. Il m’a présenté les mondes que je ne connaissais pas encore et nous avons voyagés, pour que je puisse connaître ce que je finirai par gouverner un jour.” Elle s’est surprise à arrêter ses gestes. A être pleinement concentrée sur ses paroles. Elle s’est surprise à écouter attentivement. Il a une vie incroyable. Une vie faite d’aventures, d’histoires et de découvertes. Une vie riche et prometteuse. Il a encore de nombreuses années à vivre. Peut-être même des siècles. Peut-être même des milliers d’années. Ces expériences n’ont pas réussi à atteindre sa naïveté et son innocence. Thor a cette dualité en lui. Il peut être doux et naïf, tout en se révélant être un guerrier exceptionnel. Un guerrier au grand coeur. Il en est touchant. Sa bonté est encore différente de celle de Captain America qui agit pour la justice. Ce sont deux personnes qui sèment le bien autour d’eux à leur manière. Ce sont des personnes admirables. “J’aurais aimé avoir votre chance, mais tout ce qui m’importait quand j’étais jeune était de suivre les traces de mon aïeule et d’entrer au S.H.I.E.L.D.” Déjà au lycée, elle savait ce qu’elle ferait plus tard. Elle le savait même depuis longtemps. Depuis que ses parents lui ont raconté les histoires de son aïeule. Depuis qu’elle a pris Peggy Carter comme exemple. Depuis qu’elle s’est identifiée à ce membre de sa famille. Depuis qu’elle a considéré que les valeurs de l’organisation secrète étaient correctes. Au final, elle n’a grandi que pour devenir agent. Elle n’a vécu que pour se transformer en une redoutable combattante. Maintenant qu’elle a atteint son rêve, elle travaille tous les jours pour le conserver. Pour continuer à vivre son rêve. Pour perpétuer l’image des Carter. Elle a trouvé son bonheur au S.H.I.E.L.D. Un bonheur relatif. Un bonheur construit sur le travail. D’autres le trouvent ailleurs. D’autres sont heureux entourés d’amis. D’autres sont heureux en amour. Pour Sharon, c’est le travail qui prime. Le travail qui lui fait battre le coeur. Le travail qui lui donne envie de se lever tous les matins.
“Le S.H.I.E.L.D. n’a jamais essayé de traverser le Bifröst ? Vous n’y avez jamais été ?” Pour une meilleure sécurité, les informations sont cloisonnées. Tout le monde n’a pas accès aux mêmes éléments. Tout le monde ne peut pas consulter tous les dossiers. Parfois frustrant, ce système permet d’assurer l’étanchéité de l’organisation. Certains agents ne sont toujours pas fiables. Certains s’amusent à distiller des informations dans une conversation anodine. Certains ne se rendent même pas compte de leur erreur. Alors, la classification est ce qu’il y a de mieux. De plus sûr. Même si Sharon aimerait savoir ce qu’il se passe dans le bureau de Hill. Même si elle aimerait découvrir les projets tops secrets lancés par le S.H.I.E.L.D. En intégrant l’organisation, elle a accepté de ne pas être au courant de tout. Elle a accepté qu’une part des actions restent secrètes de tous. Elle se trouve incapable de répondre à Thor. Elle ignore si une équipe a été formée pour découvrir le secret du Bifröst. Si une équipe cherche à voyager à travers un univers dont ils ne maîtrisent rien. Cela ne l’étonnerait pas. Elle ne serait pas surprise de l’apprendre. Mais elle n’en sait rien. “Vous savez, je ne suis pas au courant de tout ce qu’il se passe au S.H.I.E.L.D. Nous aimons avoir nos petits secrets, mais je ne pense pas que Coulson ou Hill aient essayé ou, du moins, réussi. L’invasion des Chitauri a dû calmer leurs ardeurs.” Toutes les décisions prises par l’organisation secrète ne sont pas bonnes. Elles sont motivées par des raisons louables, mais elles finissent parfois par créer des catastrophes. Ils en ont eu la preuve il y a quelques mois. Sharon n’est pas toujours d’accord. Elle n’est pas toujours convaincue. Pourtant, elle se force à y croire. Elle se force à faire confiance. Elle se force à penser qu’il y a une motivation derrière. Parce qu’elle a confiance. Avoir le contrôle sur Bifröst serait dévastateur. Ce serait une ouverture vers des royaumes dont ils ne connaissent. Peut-être d’autres menaces. Peut-être d’autres catastrophes. Mais pour combattre l’ennemi, il faut le connaître. Il faut se préparer. Il n’y a pas d’autres moyens que celui d’aller à sa rencontre. “Et même si ce portail existe, je suis trop occupée à surveiller les héros pour m’occuper de ce qu’il se passe dans le ciel.” Partir à la découverte de nouvelles cultures, de nouveaux peuples, de nouvelles planètes est une envie qu’elle nourrit. Une curiosité qu’elle possède. Elle serait heureuse de pouvoir découvrir le monde à travers un tunnel pareil. Sauf qu’on n’attend pas cela d’elle. On attend qu’elle gère les super-héros. On attend qu’elle soit celle qui facilite les relations avec le S.H.I.E.L.D. Chacun a sa place. Chacun a sa mission. La sienne n’est pas d’être exploratrice.
“Vous pensez retourner à Asgard, un jour ?” Il en parle avec tellement d’amour, avec tellement d’affection, avec tellement de nostalgie. Il en parle comme il parlerait d’une chose qui lui manque. Rien ne le retient ici, si ce n’est son frère. Si ce n’est son rôle dans l’équipe des Avengers. Il pourrait retourner à Asgard et se ressourcer là-bas. Il pourrait retrouver ses repères. Il pourrait vivre dans un environnement qu’il maîtrise. Rien ne l’empêche d’être un Vengeur par alternance. Un Vengeur remplaçant. Il serait toujours accepté dans l’équipe. Elle en est certaine. Pourtant, il est toujours ici. Il est toujours sur Terre pour empêcher les moindres faits et gestes de Loki. Il a créé sa propre malédiction. Son propre fardeau. Il a fait de son frère son poids à traîner. Tant que Loki ne restera pas tranquille, Thor ne le sera pas. Sharon n’a pas eu la même force avec Riley. A aucun moment, elle ne s’est pas battue pour leur relation. A aucun moment, elle a tenté de se rapprocher de sa soeur. Jusqu’au jour où elle est tombée dans le coma. Jusqu’au jour où Sharon a cru perdre sa benjamine. Dès lors, elle se bat contre les préjugés. Elle se bat contre l’image de fille populaire que renvoyait Riley. Elles font du chemin. Doucement. “Vous ne pouvez pas éternellement surveiller votre frère. Il y a un moment où vous devrez retourner chez vous pour faire votre vie.” On ne peut pas vraiment dire que Loki lui rend son amour. Que Loki est le frère modèle. Il est tout le contraire. Alors, pourquoi se donner tant de mal ? Sharon ne comprend pas. Enfin si, elle a sa propre idée. Elle a une hypothèse. Celle selon laquelle Thor se sentirait responsable de son frère. Celle selon laquelle il l’aime encore. L’amour fraternel est plus fort que tout, pas vrai ?
Evidemment qu’il avait été surpris quand la jeune femme avait voulu parler d’Asgard. Après tout, personne ne lui avait vraiment demandé comment était la cité et comment y aller. Tout le monde semblait connaître le Bifröst de nom, mais il voulait alors savoir si Sharon savait de quoi il s’agissait exactement. Content qu’elle le sache, il vint ajouter quelques petites informations sur le sujet avant de répondre à sa question suivante. Oui, il avait pu aller dans les différents royaumes. Il fallait être prudent pour certains, mais Odin l’avait amené dès qu’il avait pu être assez grand pour ça. En entendant la jeune femme reprendre la parole, il hocha la tête.
Peggy Carter. J’en ai entendu parler et elle était une femme de caractère. Je comprend d’où vous tenez cela.
Esquissant un sourire, il reprit rapidement son sérieux pour éviter de recevoir un objet en plein visage. Alors, il reprit la parole en voulant savoir si le S.H.I.E.L.D. avait déjà tenté d’apprendre des choses sur le Bifröst, mais selon l’agent, ça n’avait pas été le cas ou en tout cas, elle n’en avait pas été mise au courant. Quand elle parla des Chitauris, Thor devait avouer que c’était sans doute mieux ainsi. Au moins Thor n’aurait pas à combattre des ennemis de ce genre à nouveau.
C’est vrai qu’avec Stark vous avez beaucoup de travail.
C’était dit sérieusement, il trouvait que parfois Tony pouvait être envahissant, mais il aimait bien l’homme quand même. Il était même content de faire partie de ses amis et que ce dernier ait accepté de lui proposer un logement à la Tour Stark. A la question de l’agent, il soupira doucement.
J’y vais pour vérifier l’état de santé de mon père, mais je devrais y rester un jour. Le jour où je prendrais la suite, je ne pourrai plus venir sur Midgard autant qu’aujourd’hui.
Il y avait une certaine tristesse dans sa voix. Il avait appris à aimer ce royaume et ça lui ferait clairement mal de devoir renoncer à y vivre. Seulement, il savait qu’il devrait faire des sacrifices, c’était ce qu’il devrait faire pour devenir Roi. Mais, il fronça les sourcils et regarda la jeune femme.
Malgré tout ce qu’il a fait, il reste mon frère.
Son ton était plein de colère sur le fait qu’elle puisse douter d’une telle chose. Il savait que beaucoup ne comprenait pas, mais il ne pouvait pas juste l’abandonner de la sorte.
Ses pouvoirs lui ont été en partit retirées, mais je sais que tant qu’il n’aura pas ce qu’il veut, il ne s’arrêtera. Seulement, il ne pourra jamais avoir ce qu’il veut.
Baissant les yeux, il resta silencieux un moment. Loki voulait le pouvoir. Gouverner un royaume dont il serait le seul souverain. Thor savait que son frère n’hésiterait pas à tuer au besoin et c’était une chose qu’il ne pouvait pas acceptait.
On a beau vouloir s’émanciper de notre passé, de notre famille, on est toujours influencé par eux. Ça a été le cas de Sharon. Elle ne s’est jamais posée la question. Elle n’a jamais imaginé sa vie autrement que comme agent du S.H.I.E.L.D. Elle y est parvenue. Elle a atteint son objectif. Elle a acquis un caractère en conséquence. Un caractère dur, difficile. Un caractère qui cache des sentiments plus doux et sensibles. Des sentiments plus humains. Elle arrive seulement à les montrer à quelques personnes. Même avec sa soeur, elle a encore le réflexe de se cacher derrière sa carapace, derrière son caractère infaillible. Si elle s’est autant endurcie, c’est aussi pour faire comme sa grande-tante, pour arriver à sa hauteur, pour être aussi intraitable. Elle voulait être comme Peggy. Elle a fini par y arriver. Elle a fini par devenir une autre version de la Peggy Carter. Elle a réussi à se démarquer, aussi. A aucun moment, elle n’a voulu que son nom change quelque chose dans le regard des supérieurs. Elle a fait ses preuves comme bon nombre de gens. Voire plus. Encore aujourd’hui, on persiste à la comparer à son aïeule. On lui attribut son caractère. On lui prête son agilité. On lui trouve des ressemblances physiques. Petite, ces phrases lui faisaient plaisir. Elle était heureuse d’être comparée à son inspiration. Aujourd’hui, elle travaille durement pour s’en détacher. Pour ne vivre que par elle-même et pour elle-même, même si elle est encore flattée qu’on la pense aussi douée que sa grande-tante. Quant à Riley, elle a toujours voulu s’éloigner et prendre son indépendance par rapport au S.H.I.E.L.D. Elle a quand même fini par intégrer l’organisation. Quoique l’on fasse, quoique l’on dise, nos actes sont toujours dictés par une espèce de pression. Une espèce d’impression que ce qu’on fait est bien. Thor est sur Terre, à attendre que son frère arrête d’agir comme un gamin capricieux. Parce que c’est ce qu’attendent ses parents. Parce que c’est ce que tout le monde attend de lui. Et pas seulement en raison de son amour fraternel. Il ne faut pas se leurrer. En tant que futur roi, il se doit d’être exemplaire. Il se doit de faire ce qui est juste et de veiller à la sécurité de chacun. Déjà, les responsabilités pèsent sur ses épaules. “Peggy Carter. J’en ai entendu parler et elle était une femme de caractère. Je comprend d’où vous tenez cela.” Elle lève les sourcils. Est-il sérieux ? Leur conversation de tout à l’heure ne lui a pas servi de leçon ? Mais elle ne s’en agace pas. Elle l’a déjà assez maltraité. Et il a raison. Elle a un sacré caractère. Un caractère difficile à dompter. Un caractère difficile à apprivoiser. Il y arrivera peut-être, un jour. Après tout, elle sait qu’il a un bon fond. Elle sait qu’il lutte pour que la Terre soit en sécurité. Il n’est plus le dieu imbu de lui-même qui a débarqué quelques années plus tôt. Il a mûri. Il a grandi. Ils doivent juste apprendre à se comprendre. Ils doivent juste être patients. Ils arriveront à se supporter.
“C’est vrai qu’avec Stark vous avez beaucoup de travail.” Pour ne citer que lui. D’autres super-héros posent problème. D’autres individus se croient au-dessus des lois et tentent de sauver la ville en détruisant la moitié des immeubles. Perdus dans leur volonté de faire le bien, ils en oublient les conséquences et les dégâts qu’ils provoquent sur leur passage. Parfois, les bonnes actions sont moindres à côté des dommages. il faut réussir à raisonner et à canaliser les enthousiasmes. Un travail de longue haleine. Un travail pénible. Mais un travail nécessaire. Lorsqu’elle en a terminé avec les super-héros, elle doit doit rendre des comptes à ses supérieurs. Elle doit expliquer pourquoi. Elle doit argumenter. Elle doit défendre. Elle essaye de trouver un juste milieu entre les héros et le S.H.I.E.L.D. Elle essaye de ne pas prendre parti. Elle essaye de comprendre les deux camps. Au final, elle n’a pas toujours la sensation d’être une employée de l’organisation secrète. Elle a parfois le sentiment d’être entre deux entités. D’être un électron libre. Cette sensation disparaît rapidement lorsque les ordres arrivent. “J’y vais pour vérifier l’état de santé de mon père, mais je devrais y rester un jour. Le jour où je prendrais la suite, je ne pourrai plus venir sur Midgard autant qu’aujourd’hui.” La tristesse dans sa voix est palpable. Des fluctuations, des intonations. L’arrachement à sa terre d’adoption est là, menace persistante au-dessus de la tête de Thor. Son coeur se pince devant sa mélancolie. Elle baisse sa garde. Elle se fait sentimentale. Elle se fait émotive. Ce sont les yeux de chien battu de Thor qui l’attendrissent. Ses satanés yeux. Elle se redresse. Elle chasse la compassion. Elle efface l’empathie. Elle ne peut pas se permettre de s’apitoyer devant le sort d’un dieu. Il doit accomplir son devoir. Il doit faire ce qui est juste. Si on l’attend sur le trône, il doit y aller. Il a grandi avec cette obligation. Elle n’a pas à avoir pitié pour lui. Il s’en remettra, après tout. Il a le centuple de son âge ! Il est assez grand pour surmonter cette épreuve. “Malgré tout ce qu’il a fait, il reste mon frère.” Passer de la tristesse à la colère semble aisé pour Thor. Elle n’est pas surprise. La famille est un sujet sensible. Sinon, il serait déjà parti depuis longtemps. Sinon, il aurait refusé de réparer les erreurs de son frère. Au moins, n’est-elle pas la seule à s’emporter pour un oui ou pour un non. Lui aussi a ses sauts d’humeur. Lui aussi a des sujets qui lui tiennent coeur. Mais contrairement à la réaction de Thor quand elle s’était emportée, Sharon reste calme. Elle ne le prend pas pour elle. Elle ne s’en émeut pas. Les gens s’énervent et se calment. La vie est ainsi faite. Elle n’a qu’à attendre que son coup de colère disparaisse et ne soit qu’un lointain souvenir.
“Ses pouvoirs lui ont été en partit retirées, mais je sais que tant qu’il n’aura pas ce qu’il veut, il ne s’arrêtera. Seulement, il ne pourra jamais avoir ce qu’il veut.” Il y a quelque chose entre la relation des deux frères qui lui rappelle celle qu’elle a avec sa propre soeur. Loki souhaite gouverner. Loki aimerait avoir la place de son frère. Riley a été pareille, quand elle était jeune. Sharon volait toute l’attention parentale. Elle était au centre des discussions. Une place qu’aurait voulu avoir Riley. Leur relation n’a jamais été parfaite. Au contraire, elles se sont longtemps regardées comme deux inconnues. Avec le temps et la distance, les choses se sont arrangées. Elles sont encore maladroites entre elles. Elles sont encore en train de ménager l’autre. Mais elles font des efforts. Elles s’adressent la parole. Un grand pas pour les Carter. Alors, elle comprend. Elle comprend la position de Thor. Elle comprend sa tristesse. “Vous avez des frères et sœurs agent Carter ?” A croire qu’il a lu dans ses pensées. Elle aurait adoré avoir plusieurs frères et soeurs. Elle aurait adoré passer des moments de complicité avec eux. Elle aurait adoré les conseiller. Sauf qu’elle n’a jamais eu ce lien avec son unique soeur, alors pourquoi espérer d'autres cadets ? Ses parents n’ont eu que deux enfants. C’était bien assez pour eux. Ils avaient les deux opposés : la fille studieuse à qui tout réussi et la fille populaire. “J’ai une petite soeur, oui. Pendant longtemps, on ne s’est pas appréciées. Nous étions, et nous sommes encore, différentes. Elle convoitait quelque chose que je possédais, mais que je n’avais pas demandé. Un peu comme vous avec Loki. Sauf qu’à notre échelle, c’était bien plus insignifiant.” Elle se surprend elle-même à se confier, à parler de sa vie, à évoquer son expérience. Elle était partie pour ne répondre que “oui”. Les paroles sont sorties sans qu’elle ne s’en aperçoive. Sans qu’elle ne puisse dire stop. Mais au moins, il comprendra mieux. Elle est bien placée pour savoir combien les relations fraternelles peuvent être compliquées. Elle est bien placée pour donner quelques conseils. “Étrangement, la distance a réussi à nous rapprocher. Vous devriez essayer avec votre frère, ça ne vous ferait pas de mal. Qu’est-ce que le monde risque, après tout ? Une énième invasion ?” Ils ne mourront pas demain. Ils ont encore des millénaires à vivre. Ils ont encore des siècles à traverser. Ils ont encore des disputes à avoir. Alors, ils peuvent s’autoriser quelques années de séparation. Ces années ne seront qu’une poignée de secondes dans leur vie infinie. Son cadet sera heureux de vaquer à ses occupations, de bénéficier de sa pleine liberté, de vivre loin de l’ombre de son Thor. Même si laisser Loki sans surveillance est dangereux, il y aura toujours des super-héros pour rattraper le coup. Elle ignore depuis combien de temps ils discutent. Elle se lève pour retourner vers la fenêtre. L’équipe ne devrait plus tarder. C’est l’histoire de quelques minutes. Elle pivote dans la direction de Thor. “Toutes les relations ont des hauts et des bas. Un jour, votre frère vous aidera à gouverner et ma soeur… m’accompagnera le jour de mon mariage. Non pas qu’un homme soit assez suicidaire et courageux pour s’y essayer.” Le mariage n’est pas dans ses projets. Absolument pas. Elle souhaite se concentrer sur sa carrière et sur ses missions. Mais elle a encore des difficultés à imaginer partager des moments intenses et émouvants avec Riley. Elles n’en sont qu’au début de leur relation. Peut-être que dans quelques mois, Sharon ne verra plus sa vie sans sa cadette dans les parages. Peut-être.
En grandissant, il avait compris quel serait son rôle. Premier de la lignée des Odinson, ça serait à lui que reviendrait le trône et toutes les fonctions de Roi. Malheureusement, il avait été aveuglé par le pouvoir et ça lui avait amené beaucoup de problèmes. Mais ça lui avait aussi permis de faire la connaissance de personnes qui l’avait aidé à devenir meilleur. Jane, Darcy, Steve, Barton et bien d’autres. Ca n’avait pas été chose facile, mais il était parvenu à être quelqu’un de bien et il faisait en sorte de rester sur ce chemin le plus possible. Evidemment que ça n’était pas toujours simple, surtout avec des ennemis à combattre à tours de bras, un frère qui ne veut que se venger et des problèmes qui arrivent jour après jour. Oui, rien n’est simple et la pression de la famille n’aide vraiment pas. Alors quand Sharon parla de la sienne, il ne pu retenir le nom de Peggy. Il en avait entendu parler, surtout par Steve, entre sa relation entre eux, mais aussi la création de S.H.I.E.L.D.. Parlant du caractère des deux femmes, il ne pensait pas que cela pourrait être mal vu par la jeune femme, mais il pensait plutôt que c’était un compliment à vrai dire. Mais, en l’entendant parler de sa mission à elle avec les superhéros, il comprenait donc qu’avec des personnes comme Stark, elle ait du boulot.
De son côté Thor ne connait pas toutes les personnes qui font face à Carter, mais il se doute qu’elle doit en voir un grand nombre par jour. Mais quand elle se mit à parler d’Asgard, ce fut important pour le Dieu, avant que ce dernier ne vienne expliquer qu’un jour il ne pourrait plus venir sur Midgard. Prendre le pouvoir dans la cité, voudrait dire abandonner le reste. Aussi dur que cela puisse être, il sait qu’il devra obéir et prendre la place d’Odin. Seulement un sujet plus épineux vint sur le tapis : Loki. Il imagine que la jeune femme le voit aussi comme tout le monde, comme le Dieu voulant simplement un trône. C’était vrai, il ne pouvait le nier, mais il voyait autre chose chez son frère. Sa prise de parole fut donc dure, mais il s’en fichait. C’était ainsi qu’il réagissait quand on parlait de son demi-frère. Il savait que parler ainsi de Loki, c’était lui trouver des excuses, mais son frère n’arrêtait jamais parce qu’il avait un objectif qu’il ne pourrait sans doute jamais atteindre et ça voulait dire que Thor devrait toujours avoir un œil sur lui. Demandant finalement à la jeune femme si elle avait des frères et sœurs, il attendit sa réponse. A ce qu’elle expliquait, il hocha la tête. Apparemment, elle comprenait ce qu’il voulait dire, même si c’était à une échelle différente.
Après sa première invasion, je n’ai pas réussi à le sauver et il est tombé du Bifröst. Je le croyais mort et nous ne sommes pas vus pendant longtemps, mais il est revenu à New-York. Il a rencontré des gens qui lui ont promis certaines choses dont le pouvoir. La distance ne changera rien pour Loki, il restera le même, parce qu’il pense que notre père et moi sommes les fautifs de ses problèmes. Mais je dois mettre la main sur les personnes qui lui avaient promis le pouvoir.
C’était un objectif qu’il s’était fixé depuis longtemps, mais il n’avait rien trouvé. Il était loin de s’imaginer que Thanos était un joueur dans ce jeu. Mais, il comptait mettre la main sur les personnes qui avaient utilisés son frère de la sorte et en finir avec sa soif de pouvoir.
Personne n’a à mourir pour nos erreurs.
C’était aussi un problème pour Thor. Il ne voulait pas que des innocents meurent à cause de ce que des Dieux faisaient loin, dans une cité qu’ils ne connaissaient pas quelques années auparavant. Gardant la tête baissée, il réfléchit à tout cela. Il l’entendant marcher pour se rendre à la fenêtre et il relève la tête vers l’agent quand elle reprend la parole.
Je doute qu’il accepte de m’aider à gouverner, nous n’avons pas la même vision de la chose. Mais je ne doute pas que vous finirez mariée. Vous vous dénigrez beaucoup agent Carter, vous ne devriez pas.
Esquissant un sourire, il soupira avant de remettre sa veste. Pas besoin qu’on voit son visage par une fenêtre et qu’on les repère. A la place, il resta assit contre la chaise et fixa la jeune femme.
Peut-être que vous avez déjà rencontré cet homme dont vous parlez. Un ami d’enfance ou un collègue que vous ne voyez pas ainsi pour le moment.
Après tout, l’amour arrive n’importe quand et elle avait peut-être déjà croisé le chemin de cette personne sans s’en être rendu compte.
Finalement, des deux, elle est peut-être la plus naïve. Celle qui pense que l’éloignement pourrait être bénéfique à Loki. Celle qui imagine qu’il pourrait retourner dans le droit chemin. Il ne fonctionne pas comme Riley. Il n’a pas le même caractère. Il n’a pas la même histoire. Oui, elle est peut-être bien naïve et optimiste. Pour une fois. Pour une fois qu’elle voit le bon côté des gens. Pour une fois qu’elle veut voir le positif. Elle qui se méfie et qui doute de tout et de tout le monde. Elle qui est sur ses gardes en permanence. Elle commence à voir une quelconque gentillesse chez Loki. C’est encore de la faute des yeux de chien battu de Thor, ça. Avec sa bonté et son innocence, il arrive à la contaminer. Il arrive à lui faire croire que les les gens peuvent changer, même son frère. Il arrive à la rendre naïve. Quelques heures avec lui et elle est déjà en train de changer sa manière de penser. Heureusement qu’ils ne sont pas dans une mission de plusieurs jours. Sinon, elle irait à la rencontre de leur cible avec un sourire aux lèvres et de belles paroles au bout de la langue. Il faut qu’elle se reprenne. Il faut qu’elle soit sur ses gardes. Ils ont réussi leur mission, ce serait idiot de tout foutre en l’air à cause d’un regard bleu. Elle est plus forte. Elle est plus coriace. “Après sa première invasion, je n’ai pas réussi à le sauver et il est tombé du Bifröst. Je le croyais mort et nous ne sommes pas vus pendant longtemps, mais il est revenu à New-York. Il a rencontré des gens qui lui ont promis certaines choses dont le pouvoir. La distance ne changera rien pour Loki, il restera le même, parce qu’il pense que notre père et moi sommes les fautifs de ses problèmes. Mais je dois mettre la main sur les personnes qui lui avaient promis le pouvoir.” Il doit. Il s’est donné cet objectif et où en est-il aujourd’hui ? Nulle part. Sinon, il serait déjà reparti sur Asgard, à apprendre aux côtés de son père et de son peuple. Il est ici pour réparer les erreurs de son frère, alors que ce n’est pas son rôle. Sharon a appris depuis longtemps à ne pas prendre pour soi les échecs et les bêtises de sa cadette. Non pas qu’elle ait beaucoup eu d’opportunités, d’ailleurs. Mais quand elles étaient petites, elle s’accusait à la place de Riley. Jusqu’à ce qu’elles grandissent et ne se supportent plus. Maintenant qu’elles sont dans la même organisation, Sharon suit les avancées de sa benjamine d’un regard bienveillant et distant. Si Riley doit réussir ou échouer, ce ne sera pas de la faute de Sharon. Elle comprend la réflexion de Thor. Venir sur Terre et traquer ceux qui ont proposé le pouvoir à Loki est sa manière de le protéger. Sauf que protéger n’est pas toujours la solution. “Personne n’a à mourir pour nos erreurs.” Elle le dévisage. Derrière ce visage enfantin et sa naïveté se cachent un homme qui prend toutes les responsabilités sur ses épaules. Il assume le poids du monde. Il veut en faire son boulet, sa raison de vivre et de continuer.
Encore assise, elle se penche vers Thor. Elle ancre ses prunelles dans celles du dieu. Elle n’aurait jamais cru conseiller une divinité. Elle n’aurait jamais cru pouvoir travailler avec l’une d’elles. Pourtant, le monde se révèle plein de surprises depuis quelques années. Et encore aujourd’hui, elle s’étonne. Elle s’étonne du caractère personnel de cette conversation. Elle s’étonne de l’intimité qui se créent entre eux. “D’accord, votre frère est un cas désespéré. Mais ce n’est pas pour autant que vous devez rester. Une fois qu’on sera tous morts, il n’y aura plus personne pour vous reprocher quoi que ce soit.” Humour noir. Elle garde un visage sérieux, comme à son habitude. Jusqu’à ce qu’elle réalise que Thor n’est pas le plus doué pour repérer l’humour derrière de simples phrases. Elle doit se rappeler de ne pas blaguer de la sorte avec lui. Il pourrait s’inquiéter, s’insurger, s’énerver. Elle se redresse soudain. “Je plaisante, bien sûr ! On ne mourra pas et vous, vous êtes le prince et futur héritier d’Asgard, pas celui des neuf royaumes. Seul le bien d’Asgard devrait vous préoccuper.” Il devrait passer plus de temps à Asgard, au milieu des siens. Il devrait davantage se préoccuper de la sécurité de son royaume. Il devrait s’intéresser au bien-être de son peuple. Pourquoi se soucier de la Terre ? D’accord, Loki a décidé d’y traîner quelques années de sa triste existence, mais ce n’est pas pour autant que Thor doit le suivre. Ce n’est pas pour autant qu’il doit supporter. A un moment donné, le dieu devra vivre sa propre vie. Il devra rencontrer sa future reine. Il devra régner sur une cité. Il a encore un peu de liberté. Encore un peu de temps. Il devrait en profiter pour vivre. “J’ai un petit secret à vous avouer : Loki est assez grand pour assumer seul ses fautes, alors vous n’êtes pas obligé de subir son comportement. Et puis, vous nous avez appris à lui survivre.” Certains diront que Thor a amené des menaces extraterrestres insoupçonnées. Elle ne partage pas leur avis. Au contraire, elle considère que la présence du dieu leur a permis de mieux se défendre contre ces dangers. Les habitants des neufs royaumes auraient fini par trouver le moyen d’atteindre la Terre tôt ou tard. Ils ont pu éviter le pire grâce à Thor. Maintenant qu’ils ont tout appris de lui, ils peuvent gérer eux-même Loki. Sharon est maintenant près de la fenêtre, l’épaule appuyée contre le mur, le regard tourné vers la rue. Elle ne voit pas de menace immédiate ni de renfort, mais elle compte bien surveiller. Surveiller et échapper au regard azur qui saurait presque la rendre naïve. “Je doute qu’il accepte de m’aider à gouverner, nous n’avons pas la même vision de la chose. Mais je ne doute pas que vous finirez mariée. Vous vous dénigrez beaucoup agent Carter, vous ne devriez pas.” Elle lève un sourcil. Vraiment ? Elle se tourne vers lui avec un sourire accroché aux lèvres.
Il pense vraiment qu’elle puisse trouver quelqu’un, même après qu’elle l’a maltraité dans le parc ? Il pense vraiment qu’elle est capable de tomber amoureuse ? Encore sa naïveté, peut-être. Ou alors, il a raison. Si elle a quelques difficultés à exprimer ses sentiments, elle n’en reste pas moins humaine. Elle a des sentiments. Des sentiments enfouis derrière trois couches de caractère et de détermination, mais des sentiments quand même. Elle a une fâcheuse tendance à la taquinerie lorsqu’elle doit les montrer. Un mécanisme de défense. Une protection qui finit par sauter lorsqu’elle est assez en confiance. “Peut-être que vous avez déjà rencontré cet homme dont vous parlez. Un ami d’enfance ou un collègue que vous ne voyez pas ainsi pour le moment.” Durant son enfance, elle n’a pas été exactement la fille sociable. Elle était celle qui passait son temps à étudier à la bibliothèque, à travailler. Elle n’était pas bavarde et encore moins encline à se faire des amis. Elle n’avait qu’une chose en tête : intégrer le S.H.I.E.L.D. Le genre d’ambitions que l’on ne peut pas raconter autour de soi. A l’époque, cette organisation était méconnue du grand public. Les choses ont bien changé. “Laissez-moi réfléchir… non, il n’y a personne qui correspond à cette description. En principe, les hommes de notre planète n’aiment pas les femmes caractérielles. Il faudrait que je cherche un prétendant ailleurs. Peut-être à Asgard ? Vous pensez qu’il y aurait quelqu’un d’intéressé ?” Simple question rhétorique. Elle a déjà des difficultés à trouver une personne sur Terre, alors pourquoi aller chercher ailleurs ? Elle devrait déjà réussir à s’ouvrir aux hommes de sa propre ville, avant de vouloir conquérir les autres cités de l’univers. Mais après tout, l’idée n’est pas si idiote. Si à Asgard, les femmes ont toutes un caractère comme le sien, elle ferait moins peur. Le seul gros problème est sans aucun doute la distance. Ce ne serait plus une relation à distance, dans ce cas là. Ce serait une relation impossible. “Alors comme ça, vous m’imaginez dans une robe blanche, à échanger mes voeux avec un homme ?” La taquinerie vous a-t-on dit. Elle a le regard brillant. Le regard taquin. Elle ne peut pas s’empêcher de l’embêter. Elle ne peut pas s’empêcher de le gêner. Juste pour le plaisir de le mettre face à ses propres mots. Ils se connaissent depuis seulement aujourd’hui. Il ne peut pas la connaître. Il ne peut pas l’avoir déjà imaginé le jour de son mariage. Pourtant, il est déjà en train de supposer qu’elle serait une épouse, un jour. Mais de nos jours, le mariage est surfait, non ?
“Par contre, vous, je suis sûre que vous devez recevoir une centaine de propositions de mariage par jour.” On parle de Thor, l’homme le plus musclé de tous les super-héros. L’homme le plus gentil et le plus attendrissant. Il n’y a qu’à voir la prévenance dont il a fait preuve tout à l’heure. Il doit attirer des hordes d’hystériques folles amoureuses de lui. Que ce soit ici ou à Asgard, certaines doivent tourner de l’oeil en le voyant. Pourtant, depuis Jane Foster, il semble que sa vie amoureuse soit vide. Désertique. Paradoxal.
Son frère ne changera jamais. Malgré tout l’amour qu’il a pour lui, il ne voit pas comment Loki pourrait changer. Ce dernier a des objectifs et il a voulu aller jusqu’au bout de ses plans, peu importe le prix à payer. Donc, pour le blond, il est impossible que son frère finisse par s’assagir ou se rendre. Si un jour cela devait arriver, il en serait le premier surprit. Mais pour le moment, il expliquait ce qu’il pensait sur son cadet. Il avait fait des rencontres qui l’avaient poussé à attaquer New-York. Thor voulait pouvoir mettre la main sur ses personnes pour comprendre leurs plans, mais aussi qu’ils arrêtent de promettre des choses à son frère, parce qu’il se doutait qu’il n’était qu’un pion dans un jeu bien plus grand que ce que quiconque pouvait imaginer. Mais le pire aux yeux du blond était que les midgardiens et d’autres personnes puissent mourir à cause des problèmes d’autres royaumes. Pour lui, c’était inconcevable et il ne laisserait pas ses ennemis faire de telles choses. Voyant la jeune femme se pencher vers lui, il fronça les sourcils, mais fut attentif à ses propos. Soupirant, il ne savait pas quoi répondre à cela. Elle avait sans doute raison, mais il ne voyait pas l’humour là-dedans, encore une fois. Mais à ce qu’elle vint ajouter, il secoua la tête.
Non, il n’y a pas que Asgard qui doit me préoccuper. Oui, je suis le prince, mais le jour où je devrais prendre la place de mon père, je devrais m’en faire pour les autres Royaumes. Je dois tout savoir sur les 9 Royaumes et je dois savoir les protéger.
Pour lui, c’était important de pouvoir être polyvalent et tout savoir des royaumes qui entouraient Asgard. En l’écoutant reprendre la parole, Thor fixa la jeune femme.
Il blâme les autres pour ses problèmes, il n’assume rien du tout.
C’était un constat amer, mais pour le Dieu, c’était la pure vérité. Loki avait blâmé leur père, parce que ce dernier l’avait sauvé de Jötunheim et adopté. Ensuite, il avait blâmé Thor de lui avoir piqué le pouvoir, puis il avait blâmé encore une fois ce dernier de lui avoir retiré ses pouvoirs. Le blond ne comprenait pas le comportement de son frère, mais il ne pouvait pas le laisser avoir le pouvoir sur Midgard ou ailleurs.
Comment vous ai-je appris à lui survivre ?
C’était ce qu’il demandait depuis qu’elle venait d’en parler. Il ne voyait pas ce qu’il avait pu faire pour qu’elle dise une telle chose. Mais, en pensant aux paroles de Sharon, il vint expliquer qu’il ne voyait pas son frère accepter de gouverner avec lui et qu’ils n’avaient sans doute pas la même façon de voir les choses. Cependant, il vint lui dire qu’il ne comprenait pas pourquoi elle était si négative envers elle-même, alors qu’elle pourrait finir mariée. La voyant tourner la tête et sourire, il en fit autant. D’ailleurs, selon lui elle l’a peut-être déjà rencontré et elle ne le sait pas encore. A sa réponse, il fut surprit, mais il ne pu s’empêcher de rire à ses questions.
Je ne suis pas sûr que vous trouverez quelqu’un là-bas. Les hommes ont tendances à vouloir une femme qui reste à la maison et qui ne travaille pas. Ca risque de ne pas vous plaire. Sauf si vous rejoignez l’armée royale, là vous avez une chance de pouvoir rencontrer un soldat qui comprendrait que vous avez besoin de bouger et vivre votre vie. Mais je pourrai avoir quelques noms en tête.
Amusé, il avait en effet quelques personnes qui lui venaient à l’esprit, mais certains étaient plus pour rire. Thor retrouva vite son sérieux à la question suivante.
Oui … pourquoi pas.
Bien joué Carter, le Dieu était à nouveau embarrassé et il n’aimait pas ça. Il avait imaginé qu’elle finirait mariée, mais il ne s’était pas attendu à ce qu’elle pose une telle question. Heureusement pour lui, elle reprit la parole et il haussa les épaules.
J’en reçois, mais ça n’est pas ma priorité. Ma mère m’a souvent dit que je devrais être gentil et à l’écoute avec ma femme. Je n’avais jamais vraiment compris pourquoi, mais je voyais comment mon père, cet homme dur et complexe pouvait être si simple et doux avec ma mère. J’ai compris avec le temps ce qu’elle voulait me dire, mais je ne vois pas avoir un tel comportement avec les femmes que je connais pour le moment.
Oui, il avait déjà songé à se marier un jour, mais il n’avait pas encore rencontré la personne qui lui ferait voir un futur à deux. Mais au lieu de broyer du noir, il décida de s’amuser un peu.
Mais serait-ce un brin de jalousie que je perçois dans vos propos agent Carter ?
Il jouait avec le feu, il le savait parfaitement, mais il n’avait pas peur de se brûler. Au contraire, il voulait voir si elle allait s’énerver et se renfermer ou si au contraire, elle se laisserait aller à entrer dans son jeu.
Leur culture est sûrement trop différente. Il a grandi en sachant qu’il monterait un jour ou l’autre sur le trône. Elle a grandi en gardant en tête son idée de rejoindre le S.H.I.E.L.D. Il a été élevé comme un futur roi. Il a appris à se préoccuper des autres. Elle a été élevée pour être une femme qui réussit dans la vie. L’altruisme n’a pas été une des premières valeurs qu’elle a acquises. Elle l’a plutôt obtenue au fil du temps et de l’expérience. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ils ne s’entendent pas sur ce point. Thor se croit obligé d’épargner la Terre des dangers pouvant provenir des neuf royaumes, alors que Sharon ne voit pas la situation du même oeil. Qu’il voit plus loin qu’Asgard est un point positif. Il se soucie des autres et ne veut pas s’arrêter aux frontières de son royaume. Toutefois, il a autre chose à faire que de regarder ailleurs. Ses devoirs devraient l’obliger à se concentrer sur son propre territoire, son propre peuple. C’est la vision de Sharon. Une mortelle face à un dieu. Ils ne pourront jamais être d’accord. Ils ne pourront jamais s’entendre sur ce point. Tant pis. Ils arriveront à survivre à ce désaccord. “Il blâme les autres pour ses problèmes, il n’assume rien du tout.” Le problème commun à toutes les personnes qui sont mal dans leur peau et qui cherchent à donner un sens à leur vie. Loki finira bien par comprendre qu’il est le seul responsable de sa situation actuelle. Sharon a eu l’occasion de le croiser à une seule occasion. Une expérience où ils étaient plusieurs à frôler la mort. Il n’a pas cherché à fuir. Il n’a pas cherché à abandonner tout le monde. Au contraire, il a semblé aider. Peut-être que Loki n’est pas totalement perdu. Peut-être que dans sa soif folle de pouvoir, il y a encore un petit espoir. Peut-être. L’espoir fait vivre, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas le genre de proverbes que l’on doit trouver à Asgard. “Comment vous ai-je appris à lui survivre ?” Elle le dévisage un instant. Sa question est claire : il ne voit pas en quoi son arrivée a débouché sur une meilleure survie dans cette société de plus en plus folle. Et pourtant… Avec son arrivée sur leur planète terre, ils ont découvert que le monde n’était pas si petit et ils ont cessé d'être nombrilistes. Ils ont appris de Thor et de son monde. Le S.H.I.E.L.D. a pu développer des armes d’une technologie révolutionnaire. Tout a changé avec l’apparition de Thor et de Loki. “Avant d’être un Avenger ou même le prince d’Asgard, vous êtes un guerrier. Alors, vous savez qu’il est important de connaître son ennemi et d’être préparé à toutes les éventualités. C’est ce qui est arrivé quand vous avez débarqué chez nous. Vous avez déclenché une prise de conscience. Le gouvernement a demandé la fabrication de nouvelles armes, d'un genre beaucoup plus efficaces contre des attaques.” Elle hausse les épaules. Elle n’a pas à en dire plus. Elle n’est pas autorisée à dévoiler toutes les activités et les avancées de l’organisation. Si il souhaite en savoir davantage, il devra lui en faire la demande et elle s’arrangera avec Hill ou Coulson. En attendant, elle se contente de servir une version simplifiée.
La conversation prend une tournure plus légère. Plus détendue. Oscillant entre taquinerie et amusement. Ils en oublient la tension de tout à l’heure. Ils en oublient leurs frictions. Tout semble être effacé. En tout cas, pour l’instant. Le rire de Thor lui arrache un sourire. Au moins a-t-il perçu l’humour, cette fois. “Je ne suis pas sûr que vous trouverez quelqu’un là-bas. Les hommes ont tendances à vouloir une femme qui reste à la maison et qui ne travaille pas. Ca risque de ne pas vous plaire. Sauf si vous rejoignez l’armée royale, là vous avez une chance de pouvoir rencontrer un soldat qui comprendrait que vous avez besoin de bouger et vivre votre vie. Mais je pourrai avoir quelques noms en tête.” A sa tête, elle imagine clairement qu’il n’est pas sincère où alors, qu’il n’a pas une idée plaisante pour elle derrière la tête. Mieux vaut qu’il se retienne de lui présenter quelques Asgardiens, elle risquerait de les envoyer balader rapidement. Le célibat lui convient parfaitement. Elle n’a jamais été aussi libre de ses mouvements et de ses choix que depuis qu’elle a laissé tomber cette mission sociale de trouver l’homme parfait. Même si cela peut sembler une aberration pour la plupart des gens, elle continue sa vie, sans se préoccuper de trouver l’homme idéal un jour. Elle a d’autres choses en tête. Comme son travail et son perfectionnement. Deux objectifs qui lui prennent tout son temps libre. Elle pousse la taquinerie un peu plus loin avec sa nouvelle question. Elle cherche à l’embêter, peut-être à le provoquer. Et ça fonctionne. “Oui … pourquoi pas.” Il n’y a pas de moments où il semble plus vulnérable et enfantin que lorsqu’il est embarrassé. Son visage se fait alors plus triste, plus doux. Le grand guerrier prend des allures de petit garçon. Humilier les autres ou les rabaisser n’est pas une passion chez Sharon. En réalité, elle est plutôt touchée par cette faiblesse qu’il laisse entrevoir. Au S.H.I.E.L.D., il vaut mieux cacher ses émotions pour ne pas se faire écraser. Elle n’a plus l’habitude de voir des gens réagir aussi ouvertement et sincèrement. Cependant, elle le relance. Elle lui tend une perche pour échapper à la gêne. “J’en reçois, mais ça n’est pas ma priorité. Ma mère m’a souvent dit que je devrais être gentil et à l’écoute avec ma femme. Je n’avais jamais vraiment compris pourquoi, mais je voyais comment mon père, cet homme dur et complexe pouvait être si simple et doux avec ma mère. J’ai compris avec le temps ce qu’elle voulait me dire, mais je ne vois pas avoir un tel comportement avec les femmes que je connais pour le moment.” Elle lève un sourcil interrogateur. Il a une conception du couple particulière. Pour qu’il se lance dans une relation, il doit être instinctivement protecteur et attentionné, alors qu’il pourrait le devenir avec le temps. Si ça se trouve, lui aussi a déjà une femme dans sa vie dont il ne soupçonne pas encore son importance. C’est toute la cruauté de l’amour.
Il est possible de côtoyer une personne pendant des années, avant d’ouvrir les yeux et de réaliser que finalement, cette personne est celle qu’il vous faut. Ils le sauront, un jour. Ils découvriront qui ils aiment. Ou pas. Ils n’auront peut-être pas cette chance, après tout. “Mais serait-ce un brin de jalousie que je perçois dans vos propos agent Carter ?” Les doigts la démangent. Elle lui enverrait bien un projectile en pleine face, mais tout ce qu’elle a à proximité se résume à de la poussière. Thor a de la chance. Il échappe à une réponse physique. Pour autant, son regard n’est qu’incrédulité. Il rougit presque quand elle lui demande si il l’a imaginée en robe de mariée, mais il la taquine sur ses potentiels sentiments. Le paradoxe total. Elle ne s’attendait pas à cela de sa part. Pourtant, il semble prendre de l’assurance. Il semble s’amuser de la conversation. Malheureusement pour lui, il ne sait pas dans quoi il s’engage. Certainement pas. Elle grimace. Une grimace feinte et sur-jouée. “Oh vous savez, je n’aime pas trop les dieux. Ils sont vieux et vivent une éternité. Et puis, je serais quoi pour vous ? Une petite parenthèse de quelques semaines ?” Il est vrai qu’elle ne serait qu’une passade, qu’un vague souvenir, qu’une simple aventure. Elle ne peut pas rivaliser avec l’immortalité d’une divinité. Elle, petite mortelle. Elle vieillirait, alors que lui resterait le même. Elle en ferait son unique amour, alors qu’il pourrait avoir d’autres femmes dans sa vie. Ce qui n’est pas très équitable. Et franchement, Sharon, en reine ? L’idée est saugrenue. Elle a sa place sur le terrain, une arme à la main et un adversaire en face d’elle. Sûrement pas sur un trône. Il devrait retourner avec Jane Foster, elle serait plus domptable. Elle accepterait plus facilement de rester assise toute la journée. Pas Sharon. Il peut espérer ou taquiner. Il peut le penser ou le vouloir. Peu importe la raison qui se cache derrière sa question. Elle ne se laissera pas tenter par un dieu musclé et aux yeux bleus. Elle est plus forte et indépendante que cela. “Vous et moi, ça n’arrivera jamais, nous sommes trop différents pour nous supporter. Je vous rappelle qu’on a déjà failli se disputer tout à l’heure.” Léger détail qu’ils ne peuvent pas omettre. Ils cherchent trop à se provoquer mutuellement pour qu’ils puissent se supporter. Le jeu du chat et de la souris ne peut pas être un cadre idéal pour une relation équilibrée. Alors non, elle n'est pas jalouse. Elle ne se fait pas d'illusions. Elle n'en a jamais eu, d'ailleurs. Cela dit, elle l’imagine très bien avec d’autres femmes mortelles. Elle en a eu la confirmation tout à l’heure : elles sont nombreuses à prétendre ravir le corps du dieu. Il faut dire qu’avec un physique et une personnalité pareils, il ne peut qu’attirer les foules d’admiratrices. “Par contre, si une Midgardienne vous intéresse, je peux vous proposer des amies.” A son tour de sourire. A son tour de voir la réaction de Thor. Finalement, peut-être que ce jeu lui plaît. Et de toute manière, elle n’a rien d’autre à faire en attendant qu’on vienne les chercher. Alors, pourquoi pas ?
Toutes ces histoires avec Loki sont compliquées. Chacun à sa vision des choses, il le sait parfaitement. Stark, Rogers, Romanoff, Barton, Banner, chacun a eu à faire face à Loki à un moment où un autre et Thor a entendu de tout concernant son frère, mais c’est aussi le cas avec Sharon. Il ne saurait dire pourquoi, mais tout le monde prenait Loki pour le méchant de l’histoire. C’était le cas, mais il fallait voir au-delà selon le blond. Il avait été manipulé, en partie, il ne fallait pas oublier ça selon lui. Mais, ça ne voulait pas dire que Loki avait sa confiance, loin de là même. Cependant, il fut surprit par les paroles de l’agent. Selon elle, les midgardiens étaient parvenus à apprendre à survivre à Loki. Voulant en savoir plus, il la fixa le dévisager. Apparemment, il avait encore dit une absurdité, mais il attendit sa réponse. Hochant la tête à ses paroles, il savait en effet que connaître son ennemi était important.
Est-ce vraiment une bonne chose ? Vous vous faites déjà la guerre, avoir de telles armes n’est pas une mauvaise chose ?
Si ça arrivait à Asgard, il savait parfaitement que la cité devrait se protéger encore plus ou que leurs ennemis voudraient en savoir plus. Mais, après les tensions arrivent l’amusement et Thor devait avouer qu’il ne s’était pas attendu à ce que Sharon puisse parler de sa vie à elle. C’était un plus selon le blond, mais il n’en dit rien, préférant rire à ce qu’elle venait de dire avant d’expliquer que sur Asgard, elle risquait de trouver des hommes qui préférait voir une femme à la maison, sauf si elle faisait partie de l’armée. Là, elle aurait une chance, mais il s’amusait en ajoutant qu’ils avaient quelques noms en tête pour elle, même si ça n’était clairement pas les meilleurs partis de la cité. Malheureusement, il ne vit pas le piège qui se referma finalement sur lui. Elle l’avait eu en beauté et il se retrouva maladroit à nouveau. L’avoir imaginé en robe de mariée ? Voilà une image magnifique, mais il ne trouva pas les bons mots, alors il préféra passer le sujet au plus vite. Venant alors répondre à ce qu’elle venait de demander, il avouait que oui plusieurs femmes lui demandaient de l’épouser, mais ça n’était clairement pas sa priorité. A la place, il expliqua ce qu’il avait vu entre ses parents, mais il n’avait pas encore trouvé celle qui pourrait le rendre heureux. Assez de blagues le concernant, il préféra s’amuser avec la jeune femme. Il savait que c’était dangereux, mais il n’avait pas envie de devoir redevenir sérieux tout de suite. Parlant alors de jalousie chez elle, il la regarda grimacer et il s’attendait à tout comme réponse, sauf à ce qu’elle venait de dire. Restant la fixer, il n’était pas certain de savoir ce qu’il devait répondre à ça.
C’est ce que vous appelez de la rhétorique ?
Oui, autant savoir s’il venait de se faire avoir ou s’il devait répondre. Parce qu’il ne comptait pas trop en dire si elle se jouait de lui. Mais le pire arriva à ce qu’elle vint ajouter et il ouvrit de grands yeux.
Je ne parlais pas de nous, ainsi …
Il ne savait pas comment le définir, mais il soupira en comprenant qu’elle se moquait de lui quand elle proposa de lui présenter des humaines.
Très malin, mais non, ça ne m’intéresse pas merci.
Non, il n’était pas là pour ça et puis, il ne comprenait pas les midgardiennes, ou en tout cas pas assez pour voir un avenir avec l’une d’entre elles.
Mais vous devriez avouer que nos enfants seraient beaux avec des parents comme nous.
Il reprenait du poil de la bête, mauvaise idée, mais il fallait qu’il arrête de se faire avoir comme ça par elle, il devait se battre verbalement s’il voulait réussir à lui tenir tête.
“Est-ce vraiment une bonne chose ? Vous vous faites déjà la guerre, avoir de telles armes n’est pas une mauvaise chose ?” Elle n’est pas une spécialiste de la géopolitique, ni une guerrière. Elle est seulement un agent d’une organisation secrète qui s’efforce d’obéir aux ordres, dans la limite du raisonnable. Elle n’est pas à même de juger de la pertinence de développer des armes, mais elle a son propre avis. Opinion qui rejoint celle de Thor. Les êtres humains ont le talent de se détruire. Leur permettre de développer des armes encore plus puissantes et meurtrières, c’est leur donner la possibilité de s’anéantir encore plus rapidement et facilement. Raison pour laquelle les industries Stark avaient autant été décriées. Elles ont développé des armes incroyables, révolutionnaires, qui étaient utilisées pour tuer des familles entières. Mais Sharon tempère son avis. Tant que les armes développées grâce aux connaissances asgardiennes ne sont pas utilisées contre les humains, il n’y a pas de raisons de protester. En tout cas, elle l’espère. Elle a confiance en Hill et Coulson. Ils ne feront rien qui mettraient en danger l’humanité. Ils ne se prendront jamais pour des êtres plus supérieurs et divins qu’ils ne le sont. Dans une organisation comme la leur où les secrets et les dossiers classés sont nombreux, il faut avoir confiance. Élément primordial pour continuer à travailler tous les jours. Néanmoins, quand sa foi est mise à mal, Sharon n’hésite pas à interroger, à comprendre. Elle en a parfois besoin pour légitimer une action.
Un sujet en chassant un autre, elle en est maintenant à taquiner Thor. Le fier guerrier se dévoile plus sensible qu’il ne pourrait le laisser présager. Peut-être même susceptible. Se jouer de sa naïveté et de son incrédulité est trop tentant pour que Sharon se retienne. Non sans une pointe de remord. Elle se rassure en se disant qu’avec Stark, Barton et compagnie, Thor doit supporter bien pire. L’humour a ses nuances, en fonction des personnalités et des contextes. A Asgard, ils ne doivent pas beaucoup s’amuser, si l’on base son avis sur le comportement d’un des seuls Asgardiens de la planète Terre. Malgré tout, il parvient à plaisanter et même à la taquiner. Elle ignore comment il était avant d’intégrer l’équipe de super-héros, mais il semble que les Avengers aient une bonne influence sur lui. Dans quelques années, peut-être même dans quelques mois, Thor sera capable de manier l’ironie et le sarcasme comme un professionnel. Elle a hâte de voir ça. “Je ne parlais pas de nous, ainsi…” Son sourire la trahit toute seule. Il est encore tombé dans le piège. Elle ne connaît pas toutes les coutumes de son royaume, mais elle se doute bien qu’une mission commune à Asgard ne conduit pas deux personnes inconnues l’une de l’autre à former un couple et à fonder une famille. Et heureusement ! Si ça avait été le cas, elle aurait aimé être prévenue et surtout, donner son accord avant de se lancer là-dedans. Même pour Thor, elle préférerait lui épargner une relation où elle serait incapable de se confier et où elle passerait son temps à râler. Sharon en couple, ce n’est vraiment pas de tout repos. Visiblement, le dieu a compris le trait d’humour puisqu’il finit par soupirer. “Très malin, mais non, ça ne m’intéresse pas merci.” Quelle déception ! Il était prêt à la marier avec ses amis et elle, elle n’a pas le droit d’en faire autant. Elle prend une mine peinée. Tant pis, elle tentera de lui présenter des prétendantes discrètement lorsqu’ils se reverront. Elle a déjà quelques personnes qui lui viennent en tête. Des collègues qui seraient heureuses de retrouver un dieu chez elles, en rentrant du travail. Et dire qu’à une époque, les divinités n’étaient que des êtres impossibles à rencontrer, inaccessibles. Ils étaient les faiseurs de miracles et les destinataires de nombreuses prières. Aujourd’hui, il est possible de discuter avec le dieu de la foudre, dans un quartier de New-York. Tout est normal. Tout est logique.
“Mais vous devriez avouer que nos enfants seraient beaux avec des parents comme nous.” Des petites têtes blondes qui courent dans tous les sens, avec les yeux bleus de leur père et les cheveux blonds des deux parents. C’est vrai qu”ils auraient des bouilles à croquer. Avec ce genre de petits monstres, ils seraient dépassés et n’auraient aucune autorité. Sharon en est certaine. Comment disputer un enfant de cinq ans qui vous amadoue en papillonnant des paupières ? Elle peut mener son équipe avec autorité et tyrannie, mais face à des enfants, elle n’est pas sûre d’être aussi sévère et intraitable. Ces petits êtres sont démoniaques ! “Beaux peut-être, mais ils seraient intenables à vouloir faire comme papa et à se promener avec leur mini-marteau.” Un instant, elle a l’image de trois enfants, munis de marteaux, courant à travers le salon, en explosant tous les objets sur leur passage. Peut-être qu’avec le sang divin, ils seraient d’autant plus vivaces et dynamiques. Beaucoup trop pour une simple mortelle. Elle n’est vraiment pas faite pour la maternité, encore plus lorsqu’il s’agit de la progéniture d’un dieu. Elle en cauchemarde d’avance. “Par contre, un chien pourrait être moins compliqué à gérer. On l'appellerait Médor et on le promènerait tous les week-ends dans Central Park. C’est mieux non ?” Un chien demande moins d’attention et de contraintes. Il suffirait de le promener plusieurs fois par jour. Il ne risquerait pas de réclamer un marteau pour Noël, ni une cape pour son anniversaire. Il ne demanderait pas à suivre papa et maman au travail. Non vraiment, un chien serait tellement mieux. Elle laisse aux autres le soin d’assurer la survie de l’espèce humaine. Elle n’est pas faite pour cette responsabilité. “Attendez, ne me dites pas qu’en plus, il faudrait que je quitte mon boulot pour vous suivre à Asgard, telle l’épouse parfaite ?” Elle prend un faux air horrifié. Elle vient de se rappeler ses propos de tout à l’heure. Dans sa cité, les femmes sont plutôt cantonnées au rôle de la femme au foyer qui s’occupent des enfants. Autrement dit, le contraire de Sharon. Rien que l’idée de rester enfermée une journée dans son appartement lui donne des frissons et l’agace d’avance, alors en faire sa vie… hors de question !
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Dim 3 Jan - 9:42
