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a multitude of sins


.. San Francisco me manque..” San Francisco. La ville où tout a commencé. La ville où plus rien d’autre n’existait. Juste eux. Juste une quête dans le passé de Snow. Et beaucoup de baisers. De bons moments. De beaux souvenirs. Pourtant, il ne parvient pas à partager l’avis de Snow. Sa vie est ici. Sa famille est là. Son métier aussi. Ses repères également. San Francisco lui manque pour ce que la ville représente pour eux, mais elle ne lui manque pas comme l’Institut pourrait le faire. San Francisco n’est pas une maison pour lui. L’école, si. ”C’est chez nous, ici.” Tout simplement. Ils vivent ici. Ils y ont leurs habitudes. Ca ne le restera pas éternellement. Ils finiront bien par prendre leur envol, un jour ou l’autre. Et peut-être que San Francisco devra leur lieu de vacances privilégié. Peut-être qu’ils apprécieront d’y retourner, de retrouver le fast food de leur premier repas, de revenir devant le manoir de son enfance. Peut-être. En attendant, ils doivent faire avec ce que la société leur offre. C’est-à-dire, pas grand chose. Ils doivent se contenter de la X-Mansion. Ils doivent attendre que la situation s’améliore. Pour patienter, ils peuvent défendre la cohabitation des homo sapiens et des homo superior. La seule occupation véritable. Le seul vrai enjeu. Si Bobby arrive à combler les moments de vide avec son travail, ce n’est pas le cas de Snow. Encore trop peu occupée, apparemment. Les cours devraient pourtant lui suffire. L’idée d’un blog ne lui plaît pas. Comme si mettre des mots virtuels sur le besoin d’une cohabitation pouvait la faire basculer, de nouveau. Comme si elle était capable de se rapprocher de la Confrérie avec ses convictions. “Quand ces foutues lois me seront aussi familières que le grain de ta peau, je pourrais me permettre de négocier avec la bêtise humaine.” Ce qui promet de jolies nuits torrides en compagnie de ses bouquins. Il va bientôt être remplacé par la Constitution, si ça continue. Est-ce que l’on peut être jaloux de livres ? Peut-être. Peut-être pas. Mais pour une fois qu’elle serait l’acharnée du travail et qu’il l’attendrait, il ne peut pas se plaindre. L’avenir de Snow est important. Qu’elle le forge avec lui ou toute seule. Le Droit en fait partie. Elle ne doit pas négliger ses études pour un petit-ami. Surtout si après tout ce travail, elle peut défendre les droits de chacun. Bobby l’imagine déjà en une personnalité importante de la société. Une personnalité publique qui n’aurait pas peur de prendre la parole devant les caméras du monde entier. Une personnalité publique qui ira au-devant des polémiques et qui lèvera les tabous. Et même si sa volonté première n’est pas d’être connue, elle le deviendra rapidement. Les médias voudront parler de cette inconnue qui prône le respect de chacun. Mutant ou pas. Sans restriction. Sans discrimination.

Tu n’oseras jamais !” Serait-ce un défi ? Serait-ce une tentative de le tester ? Elle ne sait pas dans quoi elle s’embarque. Il n’a jamais été le gars détendu avec elle. Il ne s’est jamais montré drôle ou taquin. Pas avec elle. Parce qu’elle n’en avait pas besoin. Parce que leur relation ne le permettait pas encore. Il l’est facilement avec Kitty ou avec Warren. Il l’est naturellement avec Ororo. Il l’est moins avec les pensionnaires. Il l’est encore moins avec Snow. C’est fini. Il arrête d’être sérieux toute la journée. Il arrête d’être dans la retenue. Il arrête de n’être qu’une partie de lui-même. Comme elle le lui a demandé. Il hausse les épaules, nonchalant. ”Qui sait ? Faudra bien y penser, un jour.” C’est vrai, après tout. S’ils n’en sont qu’au début de leur relation, il y aura bien un moment où ils devront aller plus loin. Où ils devront se poser les bonnes questions. Où ils devront décider ce qu’ils veulent pour leur avenir. Et même s’ils ont déjà discuté d’enfants et de projets professionnels, rien n’est concrétisé. Rien n’est acté. Il avale finalement sa première bouchée de salade. Celle qui était restée suspendue dans le vide. Le flirt, c’est encore un truc dans lequel il patauge. Heureusement qu’il a l’humour et la taquinerie pour l’aider. Heureusement. Sinon, la situation serait deux fois pires. Il a encore du travail à faire, avec ça. Des réflexes à reprendre. Après dix années sans flirter, il y a certaines choses qu’il doit réapprendre. “Est-ce que tu es en train de me proposer un rancard ?” Il fait une moue. Il ne pensait pas à cela ainsi. Plutôt passer un peu de temps ensemble. Plutôt profiter de cette sortie pour prolonger le moment. Ils sont déjà en couple, alors parler de rancard est peut-être trop tardif, non ? Et puis, la dernière fois qu’il a eu un rancard, il avait… douze ans ? A cette époque, on glissait un bout de papier à la personne avec le lieu, la date et l’heure dudit rendez-vous. Snow et Bobby ne sont pas passés par cette étape. En fait, ils ne sont passés par aucune étape. Ils ont fait le cheminement inverse. Ils se sont détruits avant de s’embrasser. Ils se sont détestés avant de s’aimer. Jusqu’à ce qu’ils se séparent, de nouveau. Ce n’est que maintenant qu’ils reprennent tout de A à Z. Enfin, autant que possible. Il leur faudrait un guide pour apprendre à un être un couple normal. Un gourou qui les assommerait de conseils. Un gourou qui les coacherait. ”Okay, c’est peut-être bien un rancard... J’espère que l’on va respecter le couvre-feu des parents. Je ne veux pas de problème, moi !” Il a l’impression d’être projeté des années en arrière. Il a le sentiment d’être revenu dans la peau de l’adolescent. Le gamin qui profitait de la vie. Avant que tout ne bascule. Le gamin qui avait des petites-amies éphémères. Chaque sortie était toujours un grand moment. Il fallait que les cheveux soient parfaitement positionnés et placés grâce au gel. Il fallait porter son plus beau tee-shirt. Rien ne devait être laissé au hasard pour aller manger une glace.

Cette époque lui semble tellement lointaine. Et pourtant, il n’a que vingt-neuf ans. “Serions-nous donc un couple normal ? Comment tu vas faire, si tu ne peux pas me ramener chez mes parents pour voler un baiser devant la porte d’entrée ?” Il pose sa fourchette, le temps de réfléchir. Alors, voyons voir. Cela fait des années qu’elle ne vit plus chez ses parents. Mais elle ne dort pas dans la rue. Il y a toujours la porte de l’Institut. Celle de sa chambre. Ou pour mettre un peu de piment, ils pourront toujours s’embrasser devant la porte du Professeur. Ils auront l’impression d’être deux adolescents qui transgressent les règles et prennent des risques. Il finit par esquisser un sourire. ”Je n’ai pas besoin d’une porte d’entrée pour t’embrasser.” Ca se saurait. Ils sont capables d’exprimer leurs élans affectueux n’importe quand, n’importe où. Ils se cherchent toute la journée. Un regard. Un contact. Un mot. Une relation spontanée et passionnée. Alors, s’il fallait attendre qu’une porte soit dans le coin pour qu’ils s’embrassent, ils seraient particulièrement frustrés à l’heure actuelle. “On a peut-être raté une occasion dans ta chambre d’ado.” Il lève un sourcil sceptique. Okay, ça peut être un fantasme de coucher dans la chambre d’adolescent, en ayant toute la famille à l’étage du dessous. Mais connaissant sa mère, ils n’auraient pas eu le temps de s’attarder. Elle se serait pointée au bout de dix minutes d’absence. Autant dire qu’ils auraient été pris sur le fait. Pas sûr que Bobby en ait envie. ”Ah parce que tu penses qu’on nous aurait laissés faire quoi que ce soit ? Et je te rappelle qu’on l’a fait dans la tienne.” Il récupère sa fourchette. Bien déterminé à manger cette salade. Déjà que ce n’est pas un plat dont il raffole, il ne va pas la laisser traîner trop longtemps sous son nez. Il pourrait changer d’avis. Il jette un coup d’oeil à l’assiette de Snow. Elle est censée avoir faim. Mais à force de sous-entendre des choses, elle délaisse son plat au profit du frottage de cheville. Il pointe sa fourchette dans sa direction. ”Mange déjà ta salade et après, on discutera de toutes les bêtises qu’on pourrait faire les trente prochaines années, d’accord ?” Seulement pour les trente prochaines années. Après, il n’est plus sûr de pouvoir assurer le service. Il s’approche lentement, mais sûrement de la trentaine. Déjà. Il ignore ce que lui réserve toutes ces années encore à vivre. Il ne sait même pas ce qu’il se passera demain. Cette incertitude n’est pas rassurante. Cette incertitude est angoissante. Il sait au moins qu’il y aura Snow à ses côtés. Un point d’ancrage vers lequel revenir. Un point de repère.

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Love covers over a multitude of sins.
Bobby considérait New York comme leur lieu de vie, la X-Mansion comme leur véritable refuge. Snow avait une vision différente, elle avait grandi ailleurs, évolué dans une autre sphère, si bien qu’elle n’était plus chez elle nulle part. Elle ne ressentait pas ce qu’il éprouvait à l’Institut, elle s’y sentait plus épiée et prisonnière qu’autre chose et, finalement, seul le lac trouvait grâce à ses yeux. La seule sécurité qu’elle avait ressentie s’était brisée entre ses doigts dés l’instant où le psychologue lui avait affirmé qu’il ne reviendrait pas, lorsqu’il avait tourné le dos et l’avait laissée le coeur en miettes, les plaies béantes de l’âme à vif. Elles en saignaient encore, quoiqu’elle en laisse paraître. « Qui sait ? Faudra bien y penser, un jour. » Il n’y a pas eu de réponse. La première fois qu’ils avaient parlé mariage, c’était doux, complètement fou et prometteur, elle avait assumé cette discussion sans mal, elle avait visualisé cette existence. Ca n’était plus si facile, ça n’était plus léger et rassurant. C’était l’angoisse oppressante de le perdre qui refaisait surface, qui la hantait, tournant et retournant le couteau dans les chairs plaintives. Si elle serait parfaitement capable d’accepter pour qu’il soit comblé, elle n’était plus certaine de le vouloir pour elle-même, toujours si craintive qu’il fasse à nouveau demi-tour et qu’elle doive attendre des semaines ou peut-être des années. Elle aurait pu répondre n’importe quoi, elle aurait pu tenter de lui affirmer qu’ils verraient avec le temps mais seul le sourire triste a fait son apparition, fantôme trop palpable, sans doute pire que tous les aveux du monde. Je t’aime mais tu m’as fais du mal.

Elle chasse pourtant les regrets pour ramener la légèreté, elle ne veut pas que plane encore sur eux ses incessantes remises en question d’un avenir dont elle ne voyait plus les contours. « Okay, c’est peut-être bien un rancard... J’espère que l’on va respecter le couvre-feu des parents. Je ne veux pas de problème, moi ! » Elle se rappelle de quoi il avait l’air, des années plus tôt. Il n’était déjà plus un adolescent lorsqu’elle a atteint les dix-huit ans, lorsqu’elle s’est confrontée au X-Man, à sa glace, sa bonté, sa volonté de défendre une paix en laquelle elle ne croyait pas. Que serait-il advenu si, ce jour-là, elle avait accepté la main tendue au lieu de geler le myocarde surpris ? Ils avaient tout fait à l’envers, ils s’était déchirés, elle avait voulu lui arracher la vie, elle était parvenue à le pousser à une telle extrémité qu’il a douté de la nécessité de la sauver. Il a été meilleur qu’elle, capable de ramener l’enveloppe charnelle en sécurité, ne pas l’abandonner devant les grilles. « Je n’ai pas besoin d’une porte d’entrée pour t’embrasser. » Le sourire est plus sincère, plus agréable. Non, il n’en avait pas besoin. Il y’avait eu toutes sortes de baisers, entre eux, des timides aux passionnés, ils y avaient pris goût, gourmandise assumée et les élans d’affection devenaient de plus en plus naturels au fil du temps. Jeux de contacts si nouveaux. Bobby avait été privé par amour de ce qui semblait si normal aux autres couples et Prudence avait goûté au pire de ce que les hommes pouvaient faire d’une femme. Elle était déjà cassée bien avant que sa peau ne frôle la sienne.

Quant à ses parents.. ça l’a faite rire. Non, évidemment qu’elle n’était pas sérieuse, que coucher dans sa chambre d’adolescent n’avait rien d’un fantasme. Elle voyait plutôt ce qu’ils avaient raté en ne se croisant pas à la bonne époque, ils auraient pu s’embrasser maladroitement dans le secret de cette chambre en prétextant faire des devoirs ou jouer aux jeux de société, ils auraient pu affronter la peur des autres ensemble au lieu de subir la glace, seuls et effrayés. Le destin avait préféré les réunir dans le grand manoir Rosebury, dans le silence d’un drame, les lèvres frôlées par erreur et les coeurs ranimés par la clarté de la lune, par la tristesse du passé. Il lui a dit de manger, elle n’a pas protesté, la cheville immobilisée non loin de la sienne, contact maintenu mais qui n’est plus suggestif, simple reflet d’un besoin de proximité. Il était le seul dont elle veuille réellement le contact, le seul qui ne la faisait pas fuir en la frôlant. Manger apaise au moins l’estomac et la vague sensation de vertige. Elle oublie parfois que c’est vital. Elle n’a rien dit durant plusieurs minutes avant de finalement souffler. « Tu m’as sauvé la vie. » Le ton de la voix est tendre. Il la lui avait sauvée autant de fois qu’elle avait tenté de le tuer, littéralement. Il l’avait extirpée de l’épuisement, l’avait ramenée au professeur. Il l’avait sortie du lac lorsqu’elle y avait plongé, blessée. Il l’avait empêchée de se faire du mal toutes ces fois où elle l’avait croisé, dans le désespoir stupide de l’avoir perdu.. lui et les chances d’avoir un jour une famille. « Je crois.. je crois que je suis heureuse quand tu es avec moi. Chaque fois que tu souris, j’ai enfin l’impression de pouvoir respirer.. malgré tout ce qu’il se passe dehors. » C’est une déclaration un peu maladroite qu’elle avait besoin de lui faire, et c’est un peu étrange de le lui dire entre deux feuilles de salade et de la tomate, mais ici ils sont tranquilles, le cadre est différent, ça n’est ni le reflet de l’enfermement ni celui de la solitude. « J’ignore comment te remercier.. » C’est compliqué, elle a autant de rancoeur que de reconnaissance, de réticences que de désirs, de blocages que d’envie d’avancer. Elle voudrait pouvoir envisager les trente années suivantes de façon sereine mais tout ce qu’elle voyait, c’était une malheureuse salade, et le devoir de changer, de se faire passer pour une autre au regard du monde, dissimulée derrière les lentilles grises. « J’aime beaucoup ta chemise. » C’est plus léger, avec ce sourire en coin, avec sa façon d’essayer d’alléger le sens de ses paroles. Elle n’arrivait pas à lui dire qu’elle l’aimait mais elle avait toutes ces drôles de façons de l’exprimer. « Elle fait ressortir tes yeux.. »

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C’est agréable. De pouvoir discuter. De pouvoir partager. De pouvoir plaisanter. De pouvoir rire. C’est agréable de vivre normalement. Plus que jamais, leur sortie est dangereuse. Mais plus que jamais, ils sont heureux d’être dehors. Loin de l’Institut. Loin des soucis. Loin des questions. Loin des regards. Ici, ils ne sont qu’un couple venu manger. Ils ne sont que deux individus lambdas qui cherchent à remplir des estomacs affamés. Rien de plus. Personne ne va leur demander si la X-Mansion va fermer. Si le gouvernement va venir les chercher. Si ils vont tous être enfermés. S’ils ne pourront plus jamais sortir. Il n’y a que la légèreté. Il n’y a que l’affection. Il ne se rappelle pas quand, pour la dernière fois, ils se sont sentis aussi libres et légers. Même à San Francisco, leur complicité était sur fond de souvenirs et de traumatismes du passé. Il semblerait qu’ils aient enfin réussi à se trouver, à profiter de chaque moment. Et ça fait du bien. De lâcher prise. D’agir naturellement. De ne pas s’interroger. De simplement sourire à la vie. “Tu m’as sauvé la vie.” Il cligne des paupières. Qu’y a-t-il de remarquable là-dedans ? Des milliers de personnes sur Terre font cela mieux que lui. Des milliers de personnes en ont fait leur métier. Lui, il se contente de faire ce qu’il peut, à son échelle, avec toute la patience et la volonté qu’il possède. Il l’a sauvée, oui, comme il l’a fait de nombreuses fois avec d’autres personnes. C’est aussi ça être X-Man. C’est aussi ça être psychologue. Il l’a sauvée et pourtant, elle n’a jamais semblé heureuse d’être toujours en vie. “C’est mon travail.” Il hausse les épaules. Il a l’air de s’excuser. Comme s’il était désolé de l’avoir sortie de ses problèmes. Comme s’il était navré de ne pas la laisser mourir. Elle le lui a tant reproché, par le passé. Elle le lui en a tant voulu. Elle aurait sûrement préféré mourir des années plus tôt au lieu d’errer dans les méandres de sa mémoire, sans savoir qui elle était. Aujourd’hui, il ne sait plus où elle en est. Si elle le lui en veut toujours ou pas. Si elle lui a pardonné d’avoir simplement agi comme la logique le souhaitait. Égoïstement, il ne regrette pas. La vie de Bobby n’aurait pas été la même sans Snow. Elle n’aurait pas été si mouvementée, si folle, si changeante. En entrant dans sa vie, elle a apporté une touche de spontanéité et de folie. “Tu l’as fait, toi aussi, au centre commercial.” Il ne l’oublie pas. Comment le pourrait-il ? Il n’aurait pas tenu longtemps, avec cette barre dans l’abdomen. Quand elle l’a soigné, il se perdait déjà dans les limbes de l’inconscience. Il s'évanouissait, sans moyen d’être soigné. Mais elle était arrivée au bon moment. Elle avait su faire le nécessaire. Il ne l’oublie pas.

Irrémédiablement, ils sont attirés vers des sujets sérieux. Comme s’ils ne pouvaient pas simplement être heureux. Comme s’ils étaient incapables de se satisfaire de ce bonheur. Ils pourraient se promener gaiement, main dans la main. Mais non. Trop simple. Trop facile. Le sérieux revient toujours. Vieille rengaine dont ils n’arrivent pas à se défaire. “Je crois.. je crois que je suis heureuse quand tu es avec moi. Chaque fois que tu souris, j’ai enfin l’impression de pouvoir respirer.. malgré tout ce qu’il se passe dehors.” Il incline la tête. Une déclaration d’amour qui ressemble à une confession. Il emprisonne les doigts de Snow entre les siens. Il ne peut pas expliquer ce qu’il ressent, le coeur qui se pince, le sourire qui envahit son visage, le bonheur qui le remplit. Une succession de réactions physiologiques. Elle est heureuse. C’est tout ce qu’il a voulu pour elle depuis des années. Depuis leur première rencontre. Depuis qu’il a croisé son regard bleuté. “L’amour a le pouvoir de tout rendre futile, tant que l’on peut vivre aux côtés de la personne qu’on aime.” En tout cas, il le croit. Et il le vit. Il s’était jamais senti aussi malheureux que lorsqu’il s’était éloigné d’elle. Il n’avait jamais eu autant de mal à avancer qu’en se tenant loin de Snow. Et maintenant qu’ils se sont retrouvés, tout semble plus facile. Parce qu’il se sait capable de tout pour la défendre, pour la protéger. Parce qu’il est prêt à prendre des risques pour l’accompagner. Parce qu’il n’est plus seul pour affronter cette société qui décline. Ils ne sont plus seuls. Ils sont deux. Ils sont un tout. Et c’est probablement ce qui fait leur force. “J’ignore comment te remercier..” Il fronce les sourcils. Le remercier pour quoi ? Pour l’aimer ? Pour la rendre heureuse ? Pour avoir été présent ? Pour l’avoir sauvée ? Il n’a pas agi ainsi pour récolter des remerciements. Il n’a pas cherché à obtenir des remerciements. Il ne demande rien. Pas alors qu’il lui a brisé le coeur. Tout le bien qu’il a pu lui faire a été balayé par cette rupture. “Me remercier pour quoi, Prue ? Tu en fais autant pour moi que j’en fais pour toi.” Il n’y a pas de remerciement en amour. Il n’y a pas de remerciement quand la relation est si équilibrée qu’ils y trouvent chacun leur compte. En étant là pour lui, Snow lui rend tout ce qu’il peut lui offrir. Elle n’a pas besoin de faire plus. Elle n’a pas besoin de dire plus. Il a tout ce dont il pourrait avoir besoin. “J’aime beaucoup ta chemise. Elle fait ressortir tes yeux..” Son sourire devient fier. Il a fait un sacré parcours depuis San Francisco. Il ne se trémousse plus dans tous les sens. Il ne se gratte plus. Il se tient fièrement dans sa chemise blanche. Il a même fait l’effort d’entrer dans une boutique pour s’acheter une chemise. Chose qu’il n’aurait jamais faite des années plus tôt. Mais quand on sort avec une femme qui est toujours élégante, quelle que soit les circonstances, il faut bien faire des efforts. Il faut bien être à la hauteur. Il passe une main sur son torse, lissant le tissu. “J’ai copié celle que tu m’avais offerte. Je ne savais même pas qu’il existait des coupes différentes !” Il a découvert tout un monde. Il se doutait bien qu’il y avait une coupe cintrée et une coupe plus large. Mais il a appris la différence entre ajustée et cintrée. Il a survécu à cet univers trop riche et luxueux pour lui. Il s’en est sorti, avec son butin dans un sac.

Et finalement, ce n’est pas si terrible que ça. Il se sent à l’aise. Il se sent bien. La chemise blanche est aussi confortable que ses éternelles chemises à carreaux et ses tee-shirts. Il pourrait prendre goût aux vêtements chers. Bientôt, il imitera Warren en vouant un culte pour les caleçons. Ce qui pourrait donner des conversations hallucinantes sur la qualité du coton, sur l’élastique trop serré ou sur le modèle le plus confortable. “On devrait partir, juste quelques semaines, comme on l’a fait à San Francisco. Sauf que cette fois, ce serait de vraies vacances.” L’idée vient de surgir dans ses pensées. Vive, fugace. Des vacances. Ca pourrait leur faire du bien, non ? Ils quitteraient le climat tendu de l’Institut et de New-York. Pour s’éloigner. Pour prendre une bouffée d’air frais. Pour goûter à la liberté. Ils en ont besoin. Il n’y a qu’à voir ce repas. Ils ne se livrent jamais autant entre les murs de l’école. Ils ne sont jamais aussi proches qu’en dehors de la X-Mansion. Il devine déjà les protestations de Snow. Ses inquiétudes. Sa peur. “On n’a pas besoin d’aller loin, on prendra une voiture de l’Institut et on louera un appartement.” En quelques heures de route, ils peuvent se trouver dans un autre Etat, dans un cadre différent. En quelques heures de route, ils peuvent retrouver leur liberté et profiter de la vie. En quelques heures, ils peuvent oublier tous leurs soucis. Ils n’auront qu’à se trouver un appartement au bord de l’océan, dans le nord, où il fera doux. Pas trop chaud pour que Snow supporte la température. Il se chargera des courses, si c’est ce qui inquiète Snow. Il est recensé. Il n’a rien à se reprocher. Et avec une voiture, pas besoin de passer des contrôles de sécurité. Ils sont libres d’aller où ils le souhaitent. Quelques jours de vacances. Juste quelques petits jours.

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Love covers over a multitude of sins.
On pourrait croire que communiquer est une chose aussi simple que naturelle. Ca n’a jamais vraiment été le cas pour eux, parce qu’avant d’être un couple, ils ont été Iceman et Snow Queen, parce qu’avant de s’aimer ils se sont déchirés. Elle a été sa patiente, il a vu ses peurs, ses démons, il sait tout ce qu’elle a pu faire. Parfois, comme à cet instant, elle ne comprend pas la tendresse de son regard, elle ne comprend pas la délicatesse de ses gestes. C’est son travail, oui. C’est son travail mais rien ne l’obligeait à tout cela. Rien ne le forçait à récupérer cette chose gelée et amnésique, rien n’aurait dû pousser son coeur à l’accepter ainsi. Il n’a pas fait que la réchauffer, il s’est acharné à la soigner comme nul autre n’aurait eu la volonté de le faire. Il a réorganisé le puzzle de son esprit, avec le Professeur. Il a insisté quand elle se taisait, il a poussé ses réflexes, il a ranimé sa personnalité. « Tu l’as fait, toi aussi, au centre commercial. » Ca fait encore mal. Elle n’oubliera sans doute jamais cette image, l’odeur brûlée, le sang sur ses mains. Tout ce sang. Son sang. Il ne devrait plus être en vie. Il a même lâché prise, il n’a pas donné l’air de vouloir se battre. Ils n’étaient plus ensemble et elle a cru devoir encore renoncer à lui. Le myocarde se serre et elle se concentre sur sa salade pour ne pas trembler, ne pas pleurer. De cela, ils n’ont pas vraiment parlé. Qu’aurait-elle pu dire à l’homme qui n’était plus sien ? Elle avait voulu lui dire combien elle l’aimait, le supplier de vivre parce que sans lui, Snow n’était plus rien, plus que l’ombre d’un fantôme insignifiant. Elle aurait aimé pouvoir lui affirmer qu’elle avait besoin de lui, qu’il était le meilleur d’elle-même, que s’il s’effaçait, elle n’était pas sûre de pouvoir combattre la violence de ce qui dormait, derrière les barrières. Elle a pu le soigner. Elle ignore comment elle en a eu la force mais elle l’a fait, et malgré elle, elle a renforcé le lien qui existait déjà entre eux.

Il a pris ses doigts entre les siens. Affection palpable. Il y a quelque chose qui a changé dans l’attitude du psychologue. « L’amour a le pouvoir de tout rendre futile, tant que l’on peut vivre aux côtés de la personne qu’on aime. » Elle a baissé le regard, soudain intimidée. Il avait cette façon de la rassurer, de lui souffler ses sentiments, et elle ne savait plus comment y réagir. Elle pouvait être la passion pleine d’assurance, c’était facile. Elle pouvait glisser les lèvres sur sa peau, jouer d’une mélodie silencieuse du bout de ses doigts dans son dos, elle pouvait le tenter avec sa lingerie mais les mots n’étaient pas son domaine, c’était presque plus intime, trop réel. « Me remercier pour quoi, Prue ? Tu en fais autant pour moi que j’en fais pour toi. » C’était faux. Qu’avait-elle fait ? A peine apposer de la glace sur ses blessures, à peine le faire sortir de son bureau. Rien de plus. Rien qu’une autre n’aurait pas accompli. Prue. Il a adopté l’appellation. Elle y est étrangement sensible, sans se l’expliquer. Il a cette façon si particulière de le dire, comme on souffle doucement du miel sur les souffrances du passé.

Puis la fierté se lit sur ses traits. Il a fait l’effort de sortir, d’acheter des vêtements neufs dépourvus de carreaux. Il ne se gratte pas et, vu la texture, ça n’est pas n’importe quelle marque, ça lui a sans doute coûté une certaine somme. Monsieur Drake faisait dans la parfaite élégance. « J’ai copié celle que tu m’avais offerte. Je ne savais même pas qu’il existait des coupes différentes ! » Elle rit, amusée de sa découverte. Non, il ne pouvait pas savoir, il avait dix fois le même exemplaire de carreaux en divers coloris, et il n’avait visiblement pas besoin de renouveler souvent. « Je vais pouvoir emprunter d’autant plus de chemises moches, alors.. » Taquinerie tendre. Elle essayait toujours de ne pas trop lui piquer ses vêtements, bien que cela s’avère compliqué puisqu’en divisant leur vie en deux chambres, elle n’avait jamais de tenues propres au réveil. Autant dire que les nuits passées avec Bobby, elle ne tenait pas le matin à se balader nue dans les couloirs. « As-tu voulu me priver d’une excuse pour que je ne place plus de robe de chambre dans ton armoire ? » C’est de l’humour, évidemment, puisqu’elle ne l’a fait qu’une fois, par erreur, encore à demie endormie. Il se réveillait toujours plus tôt, par obligation, et elle avait insisté pour déjeuner avec lui. Visiblement, elle avait surtout somnolé.

« On devrait partir, juste quelques semaines, comme on l’a fait à San Francisco. Sauf que cette fois, ce serait de vraies vacances. » La dernière tomate, ultime rescapée du plat, est restée en suspension quelques secondes avant qu’elle ne la glisse entre ses lèvres. Pardon ? Elle n’est pas sûre d’avoir bien compris la proposition. « On n’a pas besoin d’aller loin, on prendra une voiture de l’Institut et on louera un appartement. » Elle penche légèrement la tête, repose sa fourchette, en s’interrogeant sur une potentielle hallucination due à une fatigue persistante. Non, il lui propose vraiment des vacances, tous les deux. Louer un apparement, quitter l’Institut, voyager en voiture pour plus de sécurité. « .. ton travail.. les jeunes.. ? » Elle oublie de penser à ce qu’elle voudrait, elle. Sa première réaction est d’envisager la détresse de gamins laissés sans psychologue. Elle s’en voudrait tellement de les priver. Puis elle réalise que Bobby en aurait vraiment besoin. Que leur couple en avait besoin. Sous tension permanente, dans une vie en communauté perpétuelle souvent privée d’intimité (Merci Alec), ils n’arrivaient même pas à se projeter au lendemain. Ils étaient trop jeunes pour la routine pesante, non ? « Quand veux-tu faire cela ? » Sourire sincère, bien plus enjoué. Le monde ne serait pas pire s’ils restaient ou s’ils partaient. Le monde n’irait pas mieux ni moins bien. L’univers ne leur en tomberait pas plus vite sur la tête. Des vacances, il n’en prenait jamais, le psychologue. « Tout ce que tu voudras. » Le temps qu’il voudra, le lieu qu’il voudra. Notez, elle ne râle même pas sur l’éventualité qu’il doive payer une partie des dépenses.

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Je vais pouvoir emprunter d’autant plus de chemises moches, alors.” Le rire s’échappe. Des chemises moches. Okay, quand elles ne sont pas portées, elles ne sont pas jolies avec leur imprimé et leurs couleurs. Il faut les voir sur quelqu'un pour qu’elles révèlent leur charme. Il ne faut pas s’attarder sur les apparences. Il faut creuser sous la surface. Comme toutes les personnalités qui composent ce monde. Il y a ce que l’on montre et ce que l’on est. Il y a ce que l’on voit et ce que l’on perçoit. Quand on dépasse la laideur des carreaux, on apprécie les couleurs, les formes, la matière, le confort. Les chemises à carreaux. C’est sa marque de fabrique. C’est un vêtement dans lequel il se sent bien. Pour autant, l’armoire n’est pas uniquement remplie de ce genre d’habits. Mais tout ce que Snow retient est la mocheté des chemises. Rien d’autres n’a d’importance à son regard. Avec le temps, elles sont devenues une blague. Elles sont devenues une plaisanterie entre eux. Parce que Snow les aime bien, finalement. En tout cas, elle a l’air de les apprécier quand elle les porte. “Ne te réjouis pas trop vite, je n’ai acheté qu’une seule chemise pour le moment. Il va me falloir un travail psychologique supplémentaire pour que j’en mette d’autres.” Il va avoir besoin de quelques jours pour s’en remettre. Dès qu’ils rentrent à la X-Mansion, il arrache la chemise blanche et il se roule dans les carreaux. Il est en manque ! Alors, il n’est pas prêt à avoir une collection de beaux vêtements dans son armoire. Pas tout de suite. Probablement jamais. Il apprécie la simplicité de la vie. Il apprécie de vivre selon ses moyens. Il apprécie de garder ses racines. Ses parents n’ont jamais vécu au-dessus de leurs moyens. Ils n’ont jamais été riches. Mais ils sont heureux. Ils ont réussi à offrir une belle vie à leur famille. Ils sont parvenus à inculquer des valeurs importantes. Sans cette éducation, il aurait probablement pris goût à la vie dans le manoir du Professeur. Il aurait demandé à voyager plus souvent en jet privé. “As-tu voulu me priver d’une excuse pour que je ne place plus de robe de chambre dans ton armoire ?” Il prend un air offusqué. Déjà, on n’empiète pas sur sa place comme ça, sans demander la permission. Ensuite, est-ce qu’elle a pensé à lui ? Si elle peut porter facilement ses chemises, Bobby n’a pas la même chance. “Et moi, alors ? Quand est-ce que je vais arrêter d’enfiler tes robes pour retourner dans ma chambre ?” On parle beaucoup de ses chemises moches, mais peut-on parler des robes trop serrées et courtes de Snow ? Elles ne sont clairement pas à la taille de Bobby. Il est obligé de retourner dans sa chambre avec les vêtements de la veille. Heureusement qu’il n’est pas psychorigide sur la propreté. Sinon, il aurait envahi la chambre de Snow depuis longtemps avec ses vêtements. Moitié-moitié dans chaque chambre. Ils y trouveraient leurs comptes tous les deux, finalement.

A moins qu’ils n’aient pas le temps de partager leur chambre, trop occupés à prévoir un voyage. Trop occupés à fuir la réalité. Trop occupés à se retrouver. “.. ton travail.. les jeunes.. ?” Il s’adosse à sa chaise, bras croisés. Il y a pensé. Il y pense tout le temps. Et c’est bien le problème. Elle le sait tout autant que lui. Il ne sait pas s’arrêter. Il ne sait pas se reposer. Il ne sait pas se comporter normalement. Il se noie dans les responsabilités. Il se donne trop. Elle le lui a dit. Elle lui a demandé de faire attention. Elle lui a demandé de prendre soin de lui. Elle n’est pas la seule à l’avoir fait. Et maintenant qu’il propose de s’éloigner quelques jours, Snow lui renvoie tous ses devoirs en pleine face. Il secoue la tête. “Ce sont des vacances, je ne serai pas absent pendant des mois. Et puis, le Professeur est doué avec le cerveau des gens. Il saura se débrouiller tout seul.” Il aimerait pouvoir dire que partir comme ça ne lui pose pas un problème de conscience. Il aimerait pouvoir assurer qu’il ne pensera pas à ceux qui pourraient avoir besoin de lui. il aimerait pouvoir oublier ce qu’il pourrait se passer durant leur absence. Il aimerait faire le pari qu'il se tiendra loin de tout moyen de contacter l'école. Il ne peut pas. Même en prenant de la distance. Mais ce sera déjà un début. Il ne sera plus sollicité. Il sera dérangé uniquement par sa conscience professionnelle. “Quand veux-tu faire cela ?” Il hausse les épaules. Bientôt. Dans les prochaines semaines. Le plus tôt sera le mieux, non ? Ils en ont besoin maintenant. Pas dans six mois. Pas dans un an. Ils doivent profiter que l’actualité soit moins tragique pour faire leurs valises et souffler un bon coup. Ce ne sera pas une fois dans la tempête qu’ils pourront pourront demander une semaine de vacances. “A la fin du mois ? J’ai besoin de quelques jours pour m’organise. Comme ça, on aura le temps de trouver notre destination. Tu en penses quoi ?” Il leur reste encore quelques semaines pour planifier ce séjour. Choisir l’hébergement. Se libérer des rendez-vous. Faire tous les devoirs de Droit. Ca semble faisable, non ? “Tout ce que tu voudras.” Il plisse les yeux. Tout ce qu’il voudra. Ce n’est pas l’idée de ce voyage. Ce n’est pas l’objectif de ces vacances. Elle laisse encore ses envies personnelles de côté au profit de Bobby. Elle serait prête à oublier toutes ses peurs d’insécurité pour l’accompagner dans sa fuite du quotidien. Elle serait prête à mettre sa vie entre parenthèses pour l’aider à se déconnecter. Sauf qu’il ne voit pas les choses ainsi. Il imagine un moment de détente, à deux. Un moment de repos. Un moment de décompression. Pas l’un qui accompagne l’autre par amour. Pas l’un qui suit l’autre pour faire plaisir. Ce n’est pas ainsi qu’il conçoit ce voyage. Il n’est plus question de se sacrifier pour l’autre. Il n’est plus question de laisser toute la place à l’autre. Ils ont besoin d’équilibre. Et cela passe aussi par une importance équitable attribuée à chacun.

Tu n’as pas compris…” Sa voix est douce. Il ne veut pas la brusquer. Il ne veut pas l’accuser. Il ne veut pas moraliser. Elle pense à lui, avant tout. Parce qu’elle l’aime. Parce qu’elle veut son bien. Il le sait. Il en a parfaitement conscience. Il est aussi convaincu que ce n’est pas la bonne manière de faire. Parce qu’elle est humaine. Comme lui. Elle a le droit d’avoir ses coups de fatigue. Elle a le droit de chercher le repos. Elle a le droit de penser à elle. Ce n’est pas condamnable. Ces vacances pourraient lui faire du bien. L’éloigner des tensions de l’Institut. La plonger dans un quotidien loin des menaces des Watchers. En dehors de New-York, ils doivent forcément être moins nombreux, moins organisés. Il en est de même de l’Human Protection Unit. Ils seront plus tranquilles. Ils n’auront pas besoin de compter les minutes. Ils pourront marcher sans regarder par-dessus leur épaule. “Oui, je suis fatigué et je travaille trop. Mais il n’est pas question que de moi. Tu en as besoin, toi aussi. Alors, ça sera ce que NOUS voulons.” Ils seront deux à faire leurs valises et à partir en vacances. Ils seront deux à profiter. Ils seront deux à faire ce qu’ils veulent. Pas de favoritisme. Pas de concession. Ils vivront à leur rythme. Pas à celui des cours et des séances. Ils mangeront à l’heure qu’ils souhaitent. Dans tous les restaurants qu’ils voudront. Même si ça nécessite une chemise et des chaussures vernies. En compensation, ils mangeront dans un fast food le lendemain. Chacun son tour. Chacun fera ce qui lui plaît. “Est-ce qu’il y a une ville que tu aimerais visiter ? Philadelphie ? Boston, peut-être ?” Faire le tour des Etats-Unis. Une envie qui le prend subitement. Il y a tant de villes et de paysages différents aux Etats-Unis. Il serait idiot de ne pas en profiter. Il serait idiot de ne pas tout voir. Il n’est pas question de transformer ces vacances en un road trip. Il n’y a rien de plus fatigant. Par contre, ils peuvent visiter un nouvel endroit. Ils peuvent découvrir une ville. Laisser San Francisco pour une prochaine fois. Se contenter d’une agglomération plus proche, plus accessible.

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Il n’a acheté qu’une chemise mais n’est-ce pas déjà le bout du monde ? Et dans ses yeux brille une lueur nouvelle, derrière le gris fade des lentilles. Il fait de l’humour, il a l’air bien plus détendu que les jours passés. Il vit. Plus que tout, il a enfin l’air d’apprécier sa présence. Il a l’air d’apprécier l’instant. Son rire est un pansement sur les plaies de son coeur blessé et elle en savoure chaque note, l’intégralité de la partition. « Et moi, alors ? Quand est-ce que je vais arrêter d’enfiler tes robes pour retourner dans ma chambre ? » Un sourire sur le bord des lèvres, elle ne répond pas immédiatement, perdue dans une réflexion profonde. L’humour employé souligne un défaut dans leur quotidien. Elle peut effectivement porter les vêtements masculins mais l’inverse ne fonctionne pas. De quoi aurait-il l’air, affublé de ses robes de chambre ? Elle se penche légèrement, appuyant ses bras contre la surface de la table pour reprendre la parole, plus bas. « Est-ce qu’il y’a des étapes, dans un couple, monsieur le psychologue ? » Elle est tendrement moqueuse, parce que Bobby sait ce genre de choses, parce qu’il a étudié les comportements humains et sociaux. Il n’a certes pas vraiment eu l’occasion d’expérimenter mais il n’est pas ignorant des impacts de la vie de couple. Elle a, sûrement malgré elle, fait basculer une partie de son existence. Il a goûté à autant de plaisir nouveaux qu’à certaines souffrances jusque là inconnues. « On vit déjà sous le même toit mais peut-être que tu pourrais laisser quelques vêtements dans ma chambre, mh ? C’est terriblement transgressif. » C’est de l’amusement. C’est une sorte de jeu, que de noter l’étrangeté de leur relation. Il est peut-être aussi mal vu que Snow passe la nuit dans sa chambre que le schéma inverse, quand bien même elle soit majeure, quand bien même elle suive des cours ailleurs, comme si elle était inlassablement l’élève. Elle s’y était faite. Elle n’avait jamais été plus X-Woman que depuis les vociférations de Logan, que depuis la confrontation avec la Confrérie, et ce en partie parce qu’elle n’avait pas fait ses valises. Si dans les actions des autres, rien ne changeait, elle avait au moins la vague sensation d’une légitimité, parfois, éphémère, comme là. Elle pouvait être vulnérable à souhait, puis avoir cette drôle d’assurance quelques heures plus tard, défaite de ses démons. De façon plus morose, elle souffle à peine. « Elle est partie.. qui pourrions-nous encore blesser .. ? » Malicia était partie. Il n’y avait plus personne à préserver de leur relation et ça lui faisait presque mal que les choses se terminent ainsi, comme si il ne restait que le vide, sans explications, sans confrontation. Prudence aurait préféré que la brune lui fasse subir la morsure de son pouvoir, parce que cela aurait montré à Bobby qu’il était important, qu’elle l’avait vraiment aimé durant les dix années passées.

Il envisage les vacances vers la fin du mois. Elle acquiesce, c’est logique, ça leur laisse le temps à tous les deux de préparer le séjour, de ne pas déserter les lieux trop vite, ça laisse aussi une marge de manoeuvre en cas de catastrophes, car elle n’oublie jamais la réalité des menaces. « Tu n’as pas compris… » La voix douce capte son attention. Yeux dans les yeux. « Oui, je suis fatigué et je travaille trop. Mais il n’est pas question que de moi. Tu en as besoin, toi aussi. Alors, ça sera ce que NOUS voulons. » Elle baisse légèrement le visage. Ca la dérange. Pas lui, pas ce qu’il dit, non cela elle comprend. C’est la lentille gauche qui la gêne. L’oeil pleure, cristallise la glace sur la surface. « Excuse-moi.. c’est gênant.. » Elle ne la craint pas, la glace, pas directement sur son corps, pas lorsqu’elle est calme. Elle n’est pas angoissée, il n’y a pas de crise à l’horizon. Il n’y a que la matière sujette à la perturbation. Elle le sait, que portées trop longtemps elles finissent par subir l’attaque de sa mutation, comme un corps étranger. Il ne lui faut pas longtemps pour revenir une fois éclipsée vers les toilettes, juste assez pour passer de l’eau froide sur son visage, tant pis pour le maquillage. Juste assez pour retirer les lentilles, nettoyer et replacer. Heureusement qu’elle a de quoi limiter les dégâts sur elle.

Quand elle réapparaît, il n’y a plus d’assiettes sur leur table. Elle retrouve Bobby, glisse un bras autour du sien et attrape un baiser tendre. « Disons Philadelphie. Une vie presque normale, voir si tu me supportes sans pause, sur plusieurs jours ? » Elle plaisante, évidemment. Le restaurant est déjà en train de fermer ses portes et, du regard, elle cherche où est-ce qu’elle a bien pu poser son sac. Il est hors de question qu’elle le laisse payer la totalité du repas. « Hé ! Voleur ! » Le gentleman a sauvé ses affaires, oui, mais comment elle les récupère maintenant, mh ? De toute façon il ne sortira pas avec un sac à main, c’est une certitude. Et au pire, elle peut le couvrir de baisers jusqu’à ne plus avoir d’air pour respirer. « Merci pour cette sortie. » Merci pour tout, pour même avoir éclairé sa morne existence. Peut-être qu’avec lui, son avenir ressemblera à quelque chose d’heureux.

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Est-ce qu’il y’a des étapes, dans un couple, monsieur le psychologue ?" Est-ce que ce serait de la moquerie ? Oui, ça en est. Incontestablement. Il pose ses coudes sur la table et joint les mains devant son visage. Une expression soudainement très sérieuse. Il fait mine de réfléchir pendant quelques secondes. Ce qu’il fait vraiment, au final. Il y a des étapes dans la vie d’un couple. De nombreuses études le démontrent. Et les rapports sociaux finissent d'anéantir tous les doutes. Sauf que tous les deux, ils n’ont rien respecté. Ils sont l’exception qui confirme la règle. Ils sont ce que la science du comportement ne prévoit pas. Deux électrons libres qui ont fini par ne faire qu’un. Des électrons libres qui étaient censés se repousser, comme la physique l’entend. Et finalement, ils ont défiés toutes les lois. Ils sont allés à l’encontre de toutes les croyances. L’air sérieux est effacé par sa grimace. “Je crois que notre couple ne respecte aucune règle. On est un OVNI pour toutes les sciences." Des cas désespérés dont la science ne sait pas quoi faire. Tant pis. Parce qu’ils sont heureux comme ça. Parce qu’ils ont enfin trouvé leur équilibre. Parce qu’il y a enfin cette légèreté dans leur rapport. Parce qu’il voit de nouveau le sourire joyeux de Snow. Et si ne pas se conformer aux normes sociales leur permet d’être heureux, pourquoi s’en priver ? Ils ne vont pas entrer dans la peau de deux personnages qu’ils ne sont pas. Ils en seraient malheureux. Ils peuvent s’en amuser, cependant. Ils peuvent prétendre être un couple normal. Comme ici, dans ce restaurant. Ils renvoient l’image de deux amoureux complices. Des amoureux qui se connaissent depuis des années. Des amoureux qui éprouvent toujours des sentiments envers l’autre. Alors qu’en réalité, ils ne sont qu’au début de leur relation. Ils s’autorisent seulement de vivre. Ils s’accordent seulement quelques instants ensemble. Dans un sens, ils mettent leur couple entre parenthèses, dès qu’ils sont à l’Institut. Exposés aux regards des autres. Obligés de vivre en colocation avec des dizaines d’adolescents et d’enfants. Ils n’auront jamais l’intimité dont ils ont besoin pour s’épanouir pleinement. “On vit déjà sous le même toit mais peut-être que tu pourrais laisser quelques vêtements dans ma chambre, mh ? C’est terriblement transgressif." Il incline la tête de côté, sourire aux lèvres. Elle veut se la jouer rebelle, maintenant ? Enfin, elle n'a jamais été pas le modèle de la pensionnaire modèle. Entre les cours qu’elle séchait autrefois et sa romance avec le psychologue, Snow n’a pas le statut de pensionnaire de l’année. Quelques vêtements masculins dans sa chambre ne seraient pas un grand changement. Et puis, qui s’en rendrait compte ? “Tu es sûre de vouloir prendre des risques pareils ? On pourrait te condamner à quelques heures d’entraînements avec Logan." C’est sûrement le partenaire le plus redoutable pour un entraînement. Même si, dans le fond, Logan a un coeur. Enfin, quand on creuse bien profondément. Très très profondément. Derrière ses manières brusques et son comportement de sauvage.

Logan et Bobby auraient pu bien s’entendre. Du moins, ils auraient pu avoir une entente cordiale. Ils auraient pu. Sauf qu’il a fallu que le glaçon tombe amoureux de la seule femme que Logan a pris sous son aile. Evidemment. Pourquoi faire simple quand on peut risquer de se faire couper un bras par les griffes de Wolverine, hein ? D’ailleurs, ce n’est pas une légende. Il a bien perdu quelques bras de glace au cours de leurs disputes. Depuis, Bobby bénie le jour où il a découvert ses capacités de régénération. “Elle est partie.. qui pourrions-nous encore blesser .. ?" Il garde le silence quelques secondes. Le temps de digérer. Malicia est partie, oui. Il ne saurait dire ce qu’il a ressenti en la voyant s'en aller. Un mélange de déception, de colère et de résignation. Déçu de sa trahison. En colère à cause de son comportement. Résigné à l’idée qu’il ne pourrait plus jamais rien se passer entre eux. Elle a décidé de passer du côté de la Confrérie pour des raisons obscures. “Tu te rappelles ? On a dit qu’on vivait cette relation pour nous, sans s’inquiéter de l’avis des autres." Malicia fait partie des autres. Il ne peut pas le nier : si Anna Marie avait encore éprouvé des difficultés à voir Icesnow proche, il aurait eu du mal à passer outre. A ne pas s’inquiéter pour elle. A ne pas prendre soin d’elle. Il aurait été coincé entre Snow et Malicia. Incapable de se comporter naturellement. Incapable de savoir quoi faire. Et finalement, elle est partie. Si elle laisse derrière elle un arrière-goût de trahison, elle laisse également de l’espace. Icesnow va pouvoir grandir, évoluer, avancer. Ils vont pouvoir se construire, sans se soucier de qui ils blessent, de qui ils font souffrir. “Excuse-moi.. c’est gênant.." Elle l’abandonne, sans vraiment s’expliquer. Il n’y a que les paupières qui papillonnent pour lui indiquer que les lentilles font des siennes. A moins que ça ne soit la mutation qui se retourne contre le corps étranger. Bobby en profite pour se rapprocher du serveur. Il en est réduit à attendre que Snow s'éclipse aux toilettes afin de payer l’addition. Où va le monde ? Elle le croit définitivement pauvre. Elle le pense sans un sou. Pourtant, même s’il ne gagne pas une fortune, il a assez pour se payer quelques restaurants. Il ne touche presque pas à ses salaires. Inutile quand on est logé et nourri. Il récupère leurs affaires avant de se poster dans l’entrée du restaurant. Il est temps qu’ils laissent les serveurs se reposer un peu. Avant le début du prochain service. “Disons Philadelphie. Une vie presque normale, voir si tu me supportes sans pause, sur plusieurs jours ?" Philadelphie. Très bon choix. Une ville qui leur réserve sûrement des surprises. Assez grande pour être un nid d’activités différentes. Assez petite pour qu’ils ne parviennent à se retrouver. Ils ne s’ennuieront pas, il en est certain. “Tu pourrais faire une overdose de carreaux et de caleçons, tu en as conscience ?" Une overdose qui pourrait lui être fatale. C’est dangereux, il ne faut pas négliger ce genre de risques. Et puis, il peut lui arriver de ronfler ou de prendre de la place dans le lit. Est-ce qu’elle supporterait ? Si ces vacances à Philadelphie sont un premier entraînement pour la vie à deux, il y aura forcément des choses à revoir. Mais ça sera amusant.

Une lueur amusée brille dans son regard bleuté quand Snow retourne vers la table, à la recherche de ses affaires. Il ne tarde pas à lever la main pour lui montrer le sac qui pend au bout de son bras. “Hé ! Voleur !" Il éclate de rire. Un piètre voleur. Un piètre voleur qui n’est pas peu fier d’avoir réussi à lui payer le restaurant. Pour une fois. Elle ne sera pas faire le prochain coup, il le sait déjà. Il devra ruser, s’il veut recommencer. Et il a déjà une petite idée de comment faire. “Il reste le pourboire à donner, si tu veux." La seule participation qu’il lui accorde. Quelques dollars afin de remercier le serveur. Quelques dollars afin de donner l’impression qu’elle participe à ce repas. “Merci pour cette sortie." Il se penche au-dessus d’elle. Il dépose un baiser sur ses lèvres. Ses doigts glissent dans sa main. Il n’est pas à l’origine de cette sortie. Mais Snow, si. Ils en avaient besoin. Ils avaient besoin de se promener. Ils avaient besoin de souffler. “C’était agréable… on devrait recommencer plus souvent." La sortie. Le baiser. Peu importe. Tout était agréable, aujourd’hui. Tout. Ils retrouvent la chaleur extérieure. La vie poursuit son cours, là dehors. Les voitures continuent leur course effrénée. Les passants ne prennent pas le temps de regarder autour d’eux. Et là, au bout de la rue, des hommes en uniforme avancent. Le corps de Bobby se tend. Il les reconnaît, même de loin. Il a déjà subi leur regard méfiant, voire agressif. Les yeux de l’un des agents de police se posent sur eux. Et alors, Bobby le sent. Il sent qu’ils ne vont pas y échapper. Il tire Snow dans la direction opposée. Une vaine tentative pour fuir le contrôle imminent. “On va aller par..." Il n’a pas le temps de terminer sa phrase. Il voulait l’emmener ailleurs. Loin. Dans un endroit où elle pourrait trouver une cachette. Un parc. Une ruelle. Peu importe. Parce que chaque contrôle d’identité peut se terminer par un tour dans les locaux de l’H.P.U. “Hey, vous là-bas !" Trop tard. Bobby s’arrête, le dos crispé. Il lâche lentement la main de Snow. Ils savent tous les deux qu’elle ne peut pas rester. Qu’elle ne peut pas subir le protocole de surveillance. Qu’elle est en danger. Le bruit des pas derrière eux se rapproche. Ce n’est qu’une question de minutes avant que les deux agents n’arrivent. Il baisse le regard dans sa direction. “Tu devrais retourner dans le restaurant." Un ordre plus qu’un conseil. Il n’a pas envie de la voir arrêtée ou débarrassée de ses pouvoirs. Il se retourne. Il fait un pas en avant. Simple barrière entre le policier et Snow. Bobby offre son plus beau sourire poli. Histoire de paraître le plus coopératif possible. “Vos papiers, s’il vous plaît." Le ton employé n’a rien de sympathique, lui. Pour autant, Bobby ne se défait pas de son sourire. Seule façade pour cacher la tension qui encombre ses muscles. Il sort son porte-feuilles afin d’y trouver sa carte d’identité.

Oui, bien sûr… ma petite-amie a juste oublié ses affaires au restaurant." Le policier récupère la carte et l’examine. Le contrôle semble prendre des heures. D’interminables minutes pendant lesquelles il se demande s’ils vont pouvoir partir tranquillement. Il regrette déjà de ne pas avoir donné les clés de la voiture à Snow. Il ignore si elle sait conduire, mais elle aurait au moins pu se cacher à l’intérieur. “Donc, la jeune femme et vous, vous êtes ensemble ?" L’agent de police lui redonne sa carte. Bobby s’empresse de ranger. Il hoche la tête. Toujours dans son rôle de parfait citoyen. Il sait les policiers sur leurs gardes depuis que les contrôles des mutants ont augmenté. Ils ne sont pas l’H.P.U., mais rien ne les empêche de l’embarquer pour vérification. Rien. Juste leur bonne volonté. “C’est ça. On est passés à l’église Saint-Etienne pour qu’elle puisse adresser des prières à ses parents décédés." A l’évocation de l’église, le comportement de l’agent change. Comme si une personne croyante ne pouvait pas être un danger pour la planète. Comme si toute personne entrant dans l’église Saint-Etienne ne pouvait être un mutant. “Dans ce cas, tout est ordre pour nous. Passez une bonne journée." Quoi ? C’est tout ? Bobby les regarde partir. Il s’assure qu’ils ne reviendront pas pour l’arrêter. Lorsque la voie est libre, il pousse la porte du restaurant, encore sonné, encore tendu. Ils ont eu chaud. Ils auraient pu tomber sur des agents moins conciliants. Ils auraient pu être contrôlés. Mais rien. Juste un contrôle de routine. Ce n’est qu’en voyant Snow qu’il ressent un vague de soulagement. Il l’attire contre lui. “Tu sais que je t’aime ?" Ca y est. Il l’a dit. La pensée s’est traduite en mots. La pensée a dépassé la barrière qu’il se mettait. Il l’aime. Tout simplement.

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Ils échappaient à tous les calculs, toutes les probabilités. Qui se serait entiché de celle qui a tant de fois tenté de le tuer ? Et elle, comment prévoir qu’elle pouvait tomber amoureuse de l’ennemi de toujours ? Elle l’avait détesté si fort qu’elle ne pouvait désormais que l’aimer éperdument. Tout semblait s’apaiser lentement en ce qui concernait leur relation, il n’y avait plus vraiment eu de reproches, pas aussi violents qu’avant leur rupture. Plus personne n’avait osé dire à Prudence qu’elle n’était pas digne de Bobby, elle n’avait plus eu droit aux crises terribles qui avaient provoqué leur séparation. Elle ignorait cependant si c’était du fait d’une acceptation générale ou si le psychologue avait posé un refus catégorique d’entendre de nouvelles dérives d’opinions de la part du personnel, de ses amis - hormis Warren, cette tête de buse ou de quiconque. Ca l’avait profondément blessée, cette façon dont chacun s’était mêlé de leur histoire, et dieu seul savait comment elle avait pu passer au-dessus pour venir en aide à Kitty. Peut-être Snow n’avait-elle pas mauvais fond. Peut-être pouvait-elle apprendre le pardon, Bobby représentant le meilleur d’elle-même, cette part enfouie depuis trop longtemps. Aurait-elle été ainsi, si il avait croisé sa route plus tôt ? La gamine avait perdu son innocence avant de connaître l’éclat de l’amour, de l’affection. Pauvre poupée de chiffon sans cesse jugée. Ses actions avaient fini de convaincre de sa cruauté. Gestes de désespoir qui l’avaient marqué pour le reste de sa vie. « Tu es sûre de vouloir prendre des risques pareils ? On pourrait te condamner à quelques heures d’entraînements avec Logan. » Logan. Elle ne parvenait plus à communiquer avec lui, non pas qu’elle en était particulièrement proche auparavant mais quelque chose s’était fissuré, quelque chose s’était brisé. Et chaque fois qu’elle croisait le regard du leader des X-Men, elle se sentait coupable, presque honteuse de goûter au bonheur quand Malicia en a été privée, toutes ces années. La blonde a baissé le visage. « Tu te rappelles ? On a dit qu’on vivait cette relation pour nous, sans s’inquiéter de l’avis des autres. » « Ca n’est pas.. les autres. » Complexe d’infériorité. Lentement, la balance s’inversait. Malicia était devenue Confrériste, elles s’étaient échangé les places, la loyauté et les vies inversées. Et si chacun s’interrogeait sur les raisons de cette trahison, si tous avaient souffert de ce départ, Prudence comprenait. Ou, tout du moins, elle arrivait à envisager les choses du point de vue de la brune. « Bobby.. elle l’a fait pour avoir le droit de vivre. Elle l’a fait parce que Tadeusz est la preuve qu’elle peut contrôler. Il a des enfants, il a .. » La voix meurt doucement, la phrase ne trouve pas de fin. Il faut qu’ils en parlent. Il faut qu’il sache, parce qu’elle ne veut pas le voir plein de rancoeur à l’encontre de celle qu’il a aimé au point de s’oublier. Elle a presque envie de lui dire que Malicia lui reviendra un jour, mais elle ne peut pas, son coeur ne supporte pas l’idée de le perdre à nouveau, de devoir s’en défaire.

La glace rompt l’échange pourtant redevenu plus léger. La glace se révolte contre les lentilles, contre ce corps étranger qui dissimule ce qu’elle est. Snow n’a jamais su si c’était une véritable gène qui provoquait ce genre d’effets ou si sa mutation ne faisait que réagir à un état psychologique. Toujours est-il qu’elle s’est éclipsée vers les toilettes pour défaire les lentilles du givre qui s’y cristallisait. Stupides limites. En réapparaissant auprès du psychologue, elle constate qu’il a rusé. Vile voleur qui lui a ravi son sac pour payer l’addition. Et le rire est une pommade délicieuse sur les plaies encore béantes de l’âme. L’éclat amusé est si rare dans le regard de Bobby qu’elle en savoure tous les aspects, comme on découvre un élixir. Elle lui pardonne sa tricherie. Il a l’air beaucoup trop satisfait pour qu’elle gâche son plaisir et il lui laisse l’autorisation de donner un pourboire, alors il est tout excusé - avouons que le baiser aide à la corruption. « C’était agréable… on devrait recommencer plus souvent. » « Un délice.. » souffle-t-elle contre ses lèvres, mutine. Elle parle évidemment du baiser et non de la salade, parce que rien n’égale, pour elle, la présence de Bobby. Il l’apaise, il la rend heureuse. Une journée parfaite dans un monde imparfait. Oui, c’était agréable, c’était doux, ça mettait du baume sur la tristesse, qu’à son bras elle commençait à oublier.

Une journée parfaite qui s’écroule, qui s’écrase brutalement contre le mur de la réalité lorsque leur regard se pose sur les agents. Un contrôle. Elle ignore si c’est l’HPU. Elle ignore si c’est une vérification drastique ou un simple contrôle de routine pourtant son rythme cardiaque s’accélère déjà. Elle est attirée de l’autre côté par Bobby qui tente, elle le sent déjà, de la protéger. « On va aller par… » Il n’a pas le temps. Ils n’ont pas le temps et elle déteste les risques qu’il prend. Il est recensé, il n’a pas à avoir peur, il n’a pas à craindre de sortir de l’Institut, il n’a pas à fuir devant des vérifications, il est en règle. Il se crispe pourtant. Il est aussi tendu qu’elle, comme s’il avait réellement quelque chose à se reprocher. L’ordre est donné, elle retourne dans le restaurant sans discuter, avec la démarche la plus naturelle possible, sans se presser particulièrement pour que ça ne paraisse pas suspect. Elle a récupéré le sac pour qu’il ne se retrouve pas coincé avec des explications vaseuses. Ca n’est qu’une fois à l’intérieur qu’elle ressent le froid. Un froid mordant sur le bout de ses doigts. Elle se savait capable de riposter, capable de blesser, de tuer même. Elle se savait susceptible d’arracher la vie de ces êtres humains pour éviter à Bobby des problèmes et, malgré cela, elle sait que c’est elle le problème. Elle perçoit à nouveau le vide, un morceau de sa conscience qui recommence à craqueler la barrière psychique, comme à l’intérieur de l’Eglise. Elle a froid, elle tremble comme une feuille mais le restaurant n’en subit pas les effets. Il n’y a qu’elle, appuyée contre une table, subissant les relents de ses remords. Il n’y a qu’elle, si froide, quand le reste de la pièce reste à une température normale. La crise n’atteint pas son environnement, pour une fois.

Et Bobby l’attire contre lui. « Tu sais que je t’aime ? » La gorge nouée, elle ne peut pas pleurer. Elle ne peut pas, sa température ne le permet pas, pourtant tout son corps réagit comme à un sanglot. C’est une crise d’angoisse tout ce qu’il y’a de plus banale, à part qu’elle atteint une mutante aux pouvoirs particulièrement expressifs. La respiration est courte, contre le cou de l’amant protecteur. Elle tremble de cette peur trop brutale. Elle ne parvient plus à synchroniser l’inspiration et l’expiration. Il l’aime mais elle le met en danger, elle lui fait risquer son statut social, sa sécurité. Elle est toxique pour lui. Elle est une menace pour son bien-être. Elle aurait pu avoir des réactions disproportionnées, des réflexes meurtriers. Elle aurait pu plonger la rue dans une tempête de neige. « T-Tu ne dois plus faire ça.. » C’est compliqué d’articuler. Snow s’est sentie menacée et elle a eu aussi peur de ces agents que d’elle-même, que de perdre celui qu’elle aime. Il lui a dit, il a pu articuler ces mots qui ne sortent pas sous le coup de ces émotions brusques. C’est trop pour une seule journée, des montagnes russes émotionnelles qu’elle est incapable de rationaliser. « Tu ne dois plus.. me protéger. » Il ne doit plus se mettre dans une situation pareille simplement pour lui éviter un contrôle, parce qu’elle doit assumer le choix de ne pas être recensée, parce qu’elle aurait dû rester entre les murs de la X-Mansion. C’est une folie de détourner l’attention pour la couvrir, lui, le citoyen conciliant et respectueux des lois, lui qui ne se rebelle jamais contre l’autorité, lui qui est toujours si pacifiste, si prompt à prouver que les mutants ne sont pas un danger.  

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Les syllabes se sont échappées. Les mots se sont formulés. Aussi simplement que s’il avait respiré. Aussi facilement que s’il avait posé une question. Sauf que le message est loin d’être simple, anodin. Sauf que le message est tout sauf facile à prononcer. Il l’aime. En le lui disant, il lui offre son coeur. Il le lui met entre les mains. Il se donne à elle. Entièrement. A corps perdu. Il n’a plus peur. A part de ce qu’il pourrait arriver à Snow. Il n’a plus peur. A part de la perdre. Et c’est là tout ce qui compte. Il y a comme un poids qui s’est envolé. Les épaules sont moins affaissées. Le coeur est moins lourd. L’estomac est libéré. L’expression de ses sentiments le hantait. Comme un vieux cauchemar. Comme une obligation. Il se sentait obligé de le lui dire. A un moment donné. Pour qu’elle sache. Pour qu’elle lui pardonne. Pour qu’elle lui fasse confiance. Il ne savait pas quand, ni où, ni comment le faire. Il savait juste qu’il faudrait prononcer les syllabes. A un moment donné. Le moment est arrivé. La pression. La crainte de la perdre. La volonté de la retrouver. Les syllabes sont sorties spontanément. Bien loin du devoir. Bien loin de l’obligation. Il l’a dit, alors qu’il pensait juste la serrer dans ses bras. Alors qu’il imaginait lui dire que tout allait bien. Le “je t’aime” est sorti. Expulsé. “T-Tu ne dois plus faire ça.." Là, tout contre lui, il la sent chercher son souffle. Il la sent lutter contre ses peurs. Il la sent suffoquer face au danger. Il resserre sa prise autour d’elle. Ils doivent offrir un spectacle étrange. Ils doivent paraître bizarre. Et pour cause. Ils passent du couple parfait et adorable au couple paranoïaque. Il perd une main dans ses cheveux. Ce contact soyeux dont il a l’habitude. "Doucement… respire lentement. Tout va bien. Ils sont partis. Tout va bien." Elle est froide. Terriblement froide. Et elle tremble. Il contrebalance en retrouvant une température normale. Un trente-sept degrés qui peut paraître chaud pour elle. Un trente-sept degrés qui devrait l’aider à surmonter son froid. Il a envie de la ramener dans la voiture. Il a envie de la ramener à l’Institut, dans sa cellule dorée. Mais ce ne serait pas juste. Ce ne serait pas la meilleure solution. Et elle a besoin de temps. Pour se remettre de ses émotions. Pour reprendre le contrôle sur sa mutation. Pour recouvrer son calme. Elle a besoin de temps. Il le lui offre. Au creux de ses bras, il lui permet de se retrouver, de se recueillir, de se calmer. Après tout, la patience est ce qui le caractérise le plus. Lui aussi en a besoin. Il a besoin de la savoir vivante, saine et sauve. Il a besoin de la savoir en sécurité. Et si cela doit prendre des heures, alors ils prendront ces heures. A peine retrouvés, ils ont failli être séparés de nouveau. Un destin funeste les poursuit. Un destin qui veut les éloigner l’un de l’autre. Un destin qui refuse qu’ils soient heureux. Mais ils vont se battre. Ils vont lutter pour y arriver. Ne serait-ce que quelques heures. Ne serait-ce qu’une micro-seconde.

Tu ne dois plus.. me protéger." Il y a un proverbe qui dit que l’on se rend compte de la valeur d’une personne qu’un fois qu’on l’a perdue. C’est vrai. Il l’a perdue une fois. Une première fois. L’unique fois. Il ne compte pas perdre Snow une seconde fois. Encore moins sous ses yeux. Encore moins sans rien faire. Il a juré de la protéger. Il a juré de prendre soin d’elle. Il a juré de veiller sur elle. Bien avant de le lui promettre, il s’est déjà mis en danger pour les autres. De nombreuses fois. C’est d’ailleurs ainsi qu’il s’est retrouvé à la X-Mansion. En voulant aider sa petite-amie de l’époque. En protégeant, plutôt. C’est dans ses gênes. C’est dans son caractère. Protéger est un réflexe. Il ne peut pas changer. Il ne peut pas arrêter. Pourquoi le ferait-il ? "Tu parles sous le coup de la peur, tu ne le penses..." N’est-ce pas ? N’est-ce pas qu’elle le pense pas ? N’est-ce pas qu’elle ne le repousse pas ? Encore. Et encore. Il a envie de le croire. Il a envie de penser qu’elle ne le pense pas vraiment. Parce qu’au fond d’elle, elle se doute qu’il ne lui tournerait pas le dos si elle était sur le point de se faire contrôler, arrêter, blesser, tuer. Peu importe la situation. Peu importe le risque. Il ne resterait pas les bras ballants, à regarder faire. Il ne se détournerait pas en essayant d’oublier ce qu’il se passe dans son dos. Il ne fuirait pas lâchement. Non. Il agirait. Il prendrait tous les risques nécessaires pour l’épargner. Elle le sait, n’est-ce pas ? Pourtant, le doute s’insinue en lui. Un doute qu’il repousse de toutes ses forces. Un doute qui revient au galop. Il fronce les sourcils. Il s’écarte de Snow. Il a besoin de la voir. De voir son visage. De voir ses expressions. De croiser son regard. "Tu ne t’attends quand même pas à ce que je te regarde affronter tous les risques toute seule ?!" C’est absurde de lui demander une chose pareille. C’est fou. C’est insensé. C’est ridicule. Qui le demanderait ? Personne ! Il fait un pas en arrière. L’incompréhension. La surprise. La dispute guette. Elle attend de surgir. Elle reste tapis dans l’ombre, dans l’attente de la suite. Patiente. Aussi patiente que Bobby. Mais lui n’a pas assez de patience pour laisser Snow dire des choses pareilles. Blessé dans son amour. Touché dans son coeur. La regarder mourir serait la pire chose qui pourrait arriver. Il se sentirait coupable. Il ne s’en remettrait jamais. Est-ce qu’elle en a seulement conscience ? Il s’arrangera toujours pour qu’elle soit en sécurité. Même si pour cela, il doit dire adieu à sa propre liberté, à sa propre vie. Même si pour cela, il doit plonger tête baissée dans les ennuis. C’est ce qu’on appelle l’amour. L’amour. Ce n’est pas un truc que tu choisis de ressentir un jour, puis de ne plus rien avoir le lendemain. L’amour, ça dicte un comportement, ça pousse à agir inconsciemment, ça pousse à protéger ceux que l’on aime. L’amour ne permet pas la fuite, l’abandon face aux problèmes.

Il secoue la tête. C’est de la répulsion plus que du dégoût. C’est du désarroi plus que de la colère. Pourtant, sa réaction reste vive, violente. Sa réaction est celle d’un homme blessé à qui on refuse le droit de protéger celle qu’il aime. Sa réaction est celle d’un homme qui refuse de fermer les yeux quand celle qu’il aime est en danger. "Non, Prue, non… tu ne peux pas me demander de rester en retrait quand tu es en danger. Tu ne peux pas !" Elle est auto-destructrice. Elle l’a toujours été. Mais il pensait qu’elle en avait fini. Il pensait que ça s’était atténué. Ce n’est pas le cas. Elle en est encore loin. Très loin. Au point de lui demander de ne rien faire. Au point d’insister pour qu’il reste impassible. Il ne le fera pas. Il ne le fera jamais.

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Doucement. C’est ce qu’il dit, en la serrant contre lui. Il l’apaise, il augmente sa température corporelle et tout ce qu’elle ressent, c’est cette terreur sans fin qui ronge tout sur son passage, tout sauf l’amour déraisonnable qu’elle porte à Bobby. Elle tente de respirer, d’inspirer profondément pour expirer longuement mais rien n’y fait, les sanglots nouent sa gorge sans qu’une seule petite larme ne consente à couler. Elle ne veut pas qu’il la protège, elle ne veut pas qu’il se mette en danger ; par dessus tout, elle ne veut pas le perdre, elle ne veut pas le voir payer pour ses propres actes. Accrochée à lui, elle est incapable de dire autre chose, incapable de lui répondre qu’elle l’aime alors qu’elle le ressent jusqu’au plus profond de ce coeur gelé. « Tu parles sous le coup de la peur, tu ne le penses… » Bien sûr qu’elle le pense. Bien sûr qu’elle est sincère. Elle sait qu’il serait prêt à risquer son avenir pour elle, pour une femme qui n’est pas digne de toute sa bonté. Elle sent les remords réapparaître, son assurance soufflée dés l’instant où il s’écarte d’elle pour la regarder. Les prunelles grises ne sont plus couvertes de glace, elles sont humides. « Tu ne t’attends quand même pas à ce que je te regarde affronter tous les risques toute seule ?! » Ca lui fait mal, qu’il s’énerve, qu’il hausse le ton. Prudence voudrait être assez forte pour se tenir droite, pour le leurrer mais elle ne l’est pas, elle ne feint même pas de l’être. Il n’y a que les bras qui se referment sur sa poitrine, qui forment une protection symbolique contre le monde, la dispute, la peine. Le bonheur s’est envolé de ses billes claires, falsifiées, il n’y a que l’orage dans ce gris, la mélancolie aussi et bien trop de culpabilité. Il a cru l’avoir éloignée de ces traits de sa personnalité, évidement, et elle n’a pas menti : sur le moment, elle était heureuse, ça ne signifiait pas qu’elle était guérie, que l’auto-destruction n’était plus.

Et Snow ne sait pas interpréter son expression lorsqu’il secoue la tête, elle ne voit que le dégoût et la colère. « Non, Prue, non… tu ne peux pas me demander de rester en retrait quand tu es en danger. Tu ne peux pas ! » Elle le peut, elle le fait. Mais elle n’est plus sûre, parce que Bobby vient de lui dire qu’il l’aime et il l’a regardée comme… le mot ne lui apparaît pas, tout ce qu’elle ressent, c’est de la honte. C’est ça, elle en est venue à éprouver une forme de honte à être une mutante quand elle en avait été si fière, sans doute parce qu’une part d’elle considèrait ce fait comme la raison d’une absence d’avenir, parce que si elle était humaine, Bobby pourrait la présenter à sa famille sans les contrarier, il pourrait envisager une existence plus paisible, elle pourrait lui donner des enfants et l’accompagner en voyage. Elle ne peut pas, parce qu’elle est mutante, parce qu’elle refuse d’être fichée comme une malade, une anomalie, une erreur. Parce que cette mutante là avait des principes faits de paradoxes qui l’empêchaient d’adhérer au système. Elle ne savait même plus pourquoi. « Je.. je veux pas gâcher ta vie.. » C’est sa seule justification. Les doigts passent nerveusement dans la chevelure blonde, défaisant la coiffure si parfaite. Le reste de mascara coule déjà et elle revoit Axel, ses jugements, ses ordres, ses coups aussi. « Axel aurait dû finir le travail.. » Pas le gamin de la X-Mansion, qu’elle appelait toujours Hyperion mais bien l’homme, le thermokinésiste, le pervers narcissique. La faille se creuse et brise un morceau du mur psychique, l’obligeant à porter les paumes au niveau de ses tempes. Elle doit avoir l’air d’une folle, d’une espèce de psychotique ou d’une droguée en manque. Elle est certaine que son apparence n’a plus rien d’élégant.

Et puis ça s’arrête. Elle ne tremble plus, elle n’a plus l’impression d’étouffer. L’image d’Axel cesse de se superposer à celle de Bobby. « Je suis désolée.. » La main s’est portée près des lèvres féminines, dans une expression de surprise et d’incompréhension mêlées. « Je-Je sais pas pourquoi j’ai dis ça.. » Elle déglutit difficilement, recule mais rencontre une table, ce qui l’empêche de continuer sa progression. Elle ne voulait pas le blesser. Elle ne veut surtout pas qu’il parte, qu’il s’éloigne d’elle et pourtant elle continue à ne pas se sentir digne de lui - peut-être ne se sent-elle digne de personne, à bien y réfléchir, mais cela, elle ne le sait pas vraiment. « Je t’aime trop pour te mettre en danger, Bobby.. et je suis pas recensée.. je.. me sens inutile.. pour toi, pour l’Institut, pour les X-Men.. » Le flux de paroles est d’une sincérité désarmante, bien plus que lors de leurs séances, pourtant elle ne cherchait pas à lui cacher ses ressentis, ils étaient simplement atténués, peut-être pris à la légère par l’un comme par l’autre. « J’ai même pas pu protéger Sterling.. » Son point faible, quelqu’un avait atteint son point faible en faisant du mal à un des gamins de l’école et ne pas pouvoir riposter, ne pas pouvoir l’aider avait fragilisé un peu plus encore sa vision d’elle-même. Ils ne pouvaient toutefois pas discuter ici, pas alors qu’il pourrait y avoir un témoin, dieu seul savait d’ailleurs comment elle n’avait pas encore changé les lieux en chambre froide. « Il faut qu’on retourne à la voiture.. » Oui, voilà.
 
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Je.. je veux pas gâcher ta vie..." Il est sonné. Sonné par son désir de ne pas l’abîmer, de ne pas lui faire mal, de ne pas lui briser le coeur. Pourtant, en ne voulant pas lui gâcher sa vie, c’est exactement ce qu’elle fait. Elle est en train de l’écraser, de l’émietter, de le broyer. Elle est en train de jouer avec. Elle cause bien plus de dégâts qu’en rompant simplement. Il ignore ce qu’elle veut. Qu’ils soient ensemble ? Qu’ils soient séparés ? Qu’ils soient heureux tous les deux ? Qu’ils aient le coeur brisé ? Ils étaient tellement bien. Ils étaient insouciants, souriants. Heureux. Juste heureux. Ils auraient pu continuer ainsi pendant des jours, des semaines, des mois. Ils auraient pu profiter de leur couple, sans se poser de questions, sans flipper, sans rien demander. Ils auraient pu. Un projet qui semble compromis. "Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ?! A quel moment est-ce que tu peux croire que tu gâches ma vie, alors que je te dis que je t’aime !" Oh que oui, il l’aime. Il l’aime tellement que ses phrases lui écorchent le myocarde. Il l’aime tellement qu’il ne comprend pas qu’elle puisse le repousser. Il l’aime tellement qu’il ne gâchera jamais sa vie, en étant avec elle. Il n’a jamais été aussi heureux depuis des mois. Il n’a jamais autant souri depuis des semaines. Il a des projets plein la tête. Il a l’esprit léger. Tout cela grâce à Snow. A aucun moment, il ne regrette de l’avoir embrassée. A aucun moment, il ne voudrait retourner en arrière. “Axel aurait dû finir le travail.." Ca fait mal comme un coup de poignard dans le dos. Ca fait mal comme un coeur brisé. Et c’est bien ce qu’il ressent quand elle prononce ces mots, quand son myocarde se pince. Parce qu’il est blessé. Parce qu’il a le sentiment de ne pas faire assez pour la rendre heureuse, pour lui faire oublier son passé, pour lui donner envie de vivre. Non, pas un sentiment. Plutôt une certitude. Il ne la rend pas heureuse. Du moins, pas assez. Il ne parvient pas à détourner ses pensées de son histoire. Il ne lui offre pas ce dont elle a besoin. Il n’arrive à rien avec elle. Elle est cette énigme avec lequel il persiste à se débattre. Une énigme insoluble. Il a mal. Tellement mal. A chaque fois qu’il offre son coeur à une personne, elle le lui renvoie en pleine face. A croire qu’il repousse toutes les femmes de sa vie. A croire qu’il finira célibataire.

La respiration est difficile. Saccadée. Rythmée par les assauts de la souffrance. Il espère qu’elle parle sous le coup d’une folie passagère. Il espère qu’elle ne pense pas un seul mot prononcé. Et pourtant, ses paroles sonnent vraies, sincères. Ses paroles trahissent de vrais ressentis. Il en est persuadé. “Je suis désolée.." Pas autant que lui. Il devrait pouvoir l’aider. Il devrait pouvoir lui donner les clés du bonheur. Sauf qu’elles n’existent pas. Snow est la seule à pouvoir se le permettre. Elle est la seule à être capable d’être heureuse. Sauf qu’elle se met trop de barrières. Qu’elle ne s’autorise rien. “Je-Je sais pas pourquoi j’ai dis ça.." Pourtant, elle l’a dit. Elle l’a pensé. Elle l’a ressenti. Elle le ressent encore. Bobby a mal. Et c’est probablement la raison pour laquelle elle regrette. La souffrance se laisse gagner par la colère. Une colère contre lui, contre elle, contre eux. Il ne va pas la laisser partir. Il ne va pas la laisser s’éloigner. Il ne va pas la regarder tout gâcher. Parce qu’il a flippé, lui aussi. Il a flippé quand il s’est disputé avec Logan. Il a flippé et il a rompu. Il ne la laissera pas faire la même erreur. Il ne le lui permettra pas. “Je t’aime trop pour te mettre en danger, Bobby.. et je suis pas recensée.. je.. me sens inutile.. pour toi, pour l’Institut, pour les X-Men.." Il fait un pas en avant. Puis un second. Puis un troisième. Jusqu’à être près d’elle. Jusqu’à pouvoir tenir son visage entre ses mains. Jusqu’à planter son regard dans ses yeux. Il est hors de question qu’elle décroche de ses prunelles. Il est hors de question qu’elle se défile. Il a probablement les mains trop chaudes pour la peau de Snow. Il a probablement de la colère dans le regard. "Tu vas arrêter maintenant et tu vas l’enregistrer une bonne fois pour toute. Je ne le répéterais pas." La voix est fermé. Il est temps qu’elle prenne confiance en elle. Il est temps qu’elle voit la vérité en face : il l’aime et il n’est pas prêt à l’abandonner. Il ne changera pas d’avis. Pour rien au monde. Et elle aura beau lui dire qu’elle n’est pas faite pour elle, il persistera. Il s’accrochera. Il lui prouvera par tous les moyens possibles et inimaginables qu’il ne fait pas d’erreur. "Tu es une personne formidable. Tu donnes tout ton temps libre à l’Institut. Tu es une X-Woman parfaite. Et on s’en fout du recensement." Il lâche son visage pour mieux écarter les bras, pour mieux marquer son exaspération. Il aurait tant de choses à lui dire. Tant de déclaration d’amour à lui faire. Mais ce n’est ni le lieu ni le moment. Il se doute que les serveurs sont encore dans le coin, peut-être même en train d’écouter. La sagesse voudrait qu’ils s’en aillent avant que l’un des employés n’appelle l’H.P.U. Bobby demande juste encore quelques secondes. Le temps nécessaire pour achever de la convaincre. En tout cas, il l’espère. "Je t’aime, bon sang ! Qu’est-ce qu’il te faut de plus, Prue ? Qu’est-ce que je dois faire pour te prouver que je ne me trompe pas avec toi ? Que je te demande en mariage ? Okay, très bien, je fais ça tout de suite, s’il le faut ! On devrait même passer par la mairie maintenant, si ça peut t’aider !" Ce n'est pas une blague, cette fois. Après tout, ce n’est pas si insensé. Il aime Snow. Ils auront sûrement une vie courte, en raison du climat actuel et de leur statut de X-Men. Ils ne peuvent pas se permettre d’attendre trente ans. Ils ne peuvent pas repousser éternellement les choses. Il est prêt à le faire immédiatement, si elle en a besoin pour accepter son amour, pour être rassurée, pour gagner confiance.

Il n’a pas peur de s’engager. Il n’a pas peur de construire sa vie avec elle. C’est même une chose qui lui donne du baume au coeur. Pour une fois, il n’a pas de limites. Il n’a pas d’obstacles. Ils ne sont que les deux à décider quoi faire et quand le faire. Autant en profiter. “J’ai même pas pu protéger Sterling.. " Il lève les yeux au ciel. Ils n’ont pas vu venir la fuite de Sterling. Encore moins ce qu’il lui est arrivé. Ils ne pouvaient pas deviner qu’il rencontrerait une créature surnaturelle et qu’il en serait traumatisé, au point d’agresser les autres. Comment Snow aurait pu le savoir ? Elle n’est pas télépathe. Elle n’a pas de pouvoir de prémonition. Elle ne pouvait pas le surveiller toute la journée. Ce n’est pas son rôle. Ce n’est pas ce que la X-Mansion attend d’elle. "Ce n’était pas à toi de le faire. C’était à l’Institut et à moi. On a échoué, d’accord ? Mais ça ne veut pas dire qu’il est trop tard pour l’aider." L’espoir est permis. Sterling s’est perdu, traumatisé et marqué par ce qu’il a vécu. Il lui faudra du temps pour se réhabituer aux échanges avec les gens. Il lui faudra du temps pour faire confiance. Il lui faudra du temps pour redevenir l’être qu’ils ont connu. Il ne sera plus aussi innocent, cependant. “Il faut qu’on retourne à la voiture.." Il pousse un soupir. Cette conversation n’est pas terminée. Il faudra qu’ils en reparlent. Il faudra qu’ils mettent les choses au clair. Il faudra qu’elle comprenne qu’il l’aime et que toutes ses frayeurs peuvent érafler l’amour de Bobby, mais pas le détruire. Oui, ça fait mal. Mais c’est pour mieux rebondir. Comme elle. Elle a été là. Elle ne lui a pas tourné le dos après leur rupture. Elle a continué à espérer et à croire en leur amour. Il compte bien faire la même chose. Il compte bien lui offrir toutes les chances dont elle a besoin. "Allons-y." Il passe un bras dans son dos. Ils quittent le restaurant, plus abîmés qu’à leur arrivée. Mais aussi plus forts. Plus déterminés. Bobby compte bien se battre contre, contre elle. Contre tous ceux qui auraient peur, qui critiqueraient, qui dénigreraient leur relation. Il se promet de persister et de tenir bon. Jusqu’au bout. Jusqu’à ce qu’elle lui dise qu’elle a compris. Jusqu’à ce qu’elle ait assimilé qu’elle est la femme qu’il aime. Pas une autre. Seulement elle.

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Elle ne veut pas le détruire. Elle ne veut pas l’abîmer et c’est ce qu’elle fait, en se débattant avec ses remords, ses peurs, ses failles. Elle lui fait du mal et ça lui fait mal. Elle se sent indigne de son affection, de son attention, de tout ce temps qu’il sacrifie sans résultats. « Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ?! A quel moment est-ce que tu peux croire que tu gâches ma vie, alors que je te dis que je t’aime ! » Le regard humide n’a qu’une réponse à offrir : c’est ce qu’elle ressent quand il se met en danger, quand il risque ses principes simplement parce que sa copine n’a pas le courage d’aller se recenser. Alors oui, sur le coup, Snow envisage le pire, elle se dit qu’Axel aurait épargné bien des vies en lui retirant la sienne. Les sentiments savent ronger sa raison. Et Bobby en souffre. Elle lui inflige des déchirures qu’il n’a rien fait pour les mériter, lui qui prend soin d’elle. La colère qu’il ressent semble chasser son désarroi et le contact lui fait l’effet d’une brûlure. « Tu vas arrêter maintenant et tu vas l’enregistrer une bonne fois pour toute. Je ne le répéterais pas. » Il n’a jamais haussé le ton de cette manière. Ou s’il l’a fait, ils n’étaient plus ensemble, il tentait de se défaire de son amour. Elle l’aime, alors elle se tait. Les premières secondes, elle ne dit rien, le bleu de ses yeux perdu dans les billes masculines. Et puis ça devient insupportable, parce qu’il est chaud quand elle est si froide, parce que leurs températures ne sont plus compatibles dans cette lutte pour lui faire entendre ce qu’il souhaite. « Tu.. tu me fais mal.. » Le ton est plat. Elle a cessé de se débattre depuis trop longtemps lorsqu’il s’agissait des hommes de sa vie, elle ne cherchait pas à se défaire de la souffrance, même si elle la ressentait. A quoi bon ? Elle pouvait bien payer ce qu’elle venait de lui faire. « Tu es une personne formidable. Tu donnes tout ton temps libre à l’Institut. Tu es une X-Woman parfaite. Et on s’en fout du recensement. »

Il est exaspéré mais il la libère. Les doigts féminins, tremblants, se portent à sa joue tandis qu’elle détourne le regard. Tout ce qu’elle voit, c’est un cauchemar. Snow s’est refermée. Elle s’est repliée, un bras refermé sur sa poitrine, l’autre main toujours contre sa joue. Elle n’est plus la petite-amie de Bobby, elle est le reflet de celle qu’elle était avec Axel, rien de plus. Il pouvait s’énerver, s’emporter, la bousculer, elle ne lui en voudrait pas. Elle l’aimait bien trop pour lui en vouloir, quoiqu’il arrive, quoiqu’il décide. « Je t’aime, bon sang ! Qu’est-ce qu’il te faut de plus, Prue ? Qu’est-ce que je dois faire pour te prouver que je ne me trompe pas avec toi ? Que je te demande en mariage ? » Un regard intimidé vers lui. Qu’est-ce qu’il raconte ? Il parle sous le coup de l’agacement. Il est furieux. « Okay, très bien, je fais ça tout de suite, s’il le faut ! On devrait même passer par la mairie maintenant, si ça peut t’aider ! » Il a l’air terriblement sérieux. Beaucoup trop. Pourquoi s’enchaîner à une fille aussi instable qu’elle ? Il y’en avait des tas, des mieux, des bien plus aimantes. Elle voulait être avec lui, elle voulait rester dans sa vie parce qu’il était le seul capable de la rendre heureuse mais elle était terrifiée à l’idée d’être abandonnée, encore. Terrifiée à l’idée qu’il recule au dernier moment, qu’un mot ou une remarque le fasse renoncer, que l’histoire se répète. La confiance est une chose complexe, surtout dans leur histoire, surtout avec tout le mal qu’ils se sont fait. « Tu n’es pas comme ça.. à faire des choses si importantes sur un coup de tête.. » C’est vrai. Bobby a toujours voulu prendre son temps, réfléchir ses actions, savourer les étapes de la vie. Les dix années passées avec Malicia étaient une preuve de sa patience, de sa volonté à bien agir, pourquoi changer avec elle ? Pourquoi voudrait-il suivre les folies de Snow, soudain ? Non, il n’est pas sérieux.

« Ce n’était pas à toi de le faire. C’était à l’Institut et à moi. On a échoué, d’accord ? Mais ça ne veut pas dire qu’il est trop tard pour l’aider. » Fautive. Elle se sent fautive de ne pas être capable d’apaiser Sterling, de ne pas avoir les moyens de l’aider. Il était sorti et elle ne l’avait pas vu alors qu’elle passait une grande partie de ses journées à s’occuper des gamins. Lui, il en avait plus besoin que les autres et elle n’avait pas été là. Le jeune autiste avait perdu son innocence, et cela, Snow ne le tolérait pas. Elle était frustrée, en colère, incapable de pardonner à cette créature d’avoir blessé le garçon. Pire encore, elle ne pouvait pas lui rendre ses tortures, elle ne savait pas qui était le fautif. Il fallait toutefois qu’ils retournent à la voiture, parce que n’importe quel serveur pouvait s’amuser à contacter l’H.P.U, à épier l’étrange conversation de ce couple dans l’illégalité la plus totale. Il passe un bras dans son dos, sans qu’elle proteste, sans qu’elle s’éloigne. Elle se sent complètement vidée de son énergie, épuisée par toutes ces émotions éprouvantes. « Bobby.. je t’aime mais j’ai peur.. » a-t-elle soufflé, une fois à l’abris dans la voiture. La tension retombe doucement. Elle se sent moins en danger, moins susceptible d’être repérée, moins sujette aux regards des autres. Les lentilles sont définitivement retirées et elle finit par caler sa tête contre le dossier, en soupirant. « Axel a voulu m’épouser quand je me suis mise à lui résister et.. et il a changé d’avis. Je n’arrive plus à oublier. J’ai tous ces souvenirs qui se mélangent et j’ai peur de te blesser.. de réellement te faire mal, un jour.. physiquement. » Les angoisses évoluent à mesure que la mémoire revient. Est-ce qu’elle saura toujours lutter contre ça ? Est-ce qu’elle ne finira pas par tous mélanger ? « Tu pourrais te lasser et m’abandonner.. » La laisser derrière pour construire une vie tranquille et normale.
 
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a multitude of sins


Il se noie. Il se perd. Il se débat. Et pourtant, il essaye. Il tente. Il lutte. Il argumente. Mais il se noie. Il persiste. A moins que ça ne soit Snow. Ils se noient tous les deux, en réalité. A essayer de faire comprendre quelque chose à l’autre. A essayer de s’aimer tout en s’éloignant. A essayer de démontrer que l’un n’est pas fait pour l’autre. Ils se noient. Ils se font mal. Ils souffrent. Ils n’arrivent pas à s’aimer normalement, simplement, naturellement. La passion les consument, les brûlent, les rongent. La passion les attire comme elle les repousse. La passion est trop forte pour qu’ils trouvent leur équilibre. Trop violente pour qu’ils arrivent à perdre la tête et à s’adonner entièrement à cette relation. “Tu n’es pas comme ça.. à faire des choses si importantes sur un coup de tête.." Snow est bête. Snow est idiote. Snow est folle. Elle ne voit pas que là, juste dans les prunelles de Bobby, il y a de l’amour. Un amour inconsidérable. Un amour qu’il lui voue. Une fierté. Une attirance. Une envie. Il n’est pas spontané en temps normal. Mais il l’est dès qu’elle entre dans sa bulle. Dès qu’elle pose le regard sur lui. Dès qu’elle l’embarque dans son monde. Il n’est spontané que pour elle. Que parce qu’il l’aime. Se marier sur un coup de tête ne lui correspond pas. Il prendrait le temps avec quelqu'un d'autre. Il attendrait trois ou quatre ans. Mais pas avec Snow. Pas s’il risque de la perdre. Pas si elle s’éloigne par peur. Pas si elle refuse de le croire. "Je ne veux pas te perdre..." Il ne veut plus la perdre. Il ne veut plus la savoir malheureuse. Il ne veut plus être séparé d’elle. C’est fini, les conneries. C’est fini, les doutes. Mais elle ne le voit pas. Elle ne le comprend pas. Elle a ses propres inquiétudes. Elle a ses propres démons. Est-ce qu’un jour, ils vont réussir à s’aimer librement ? Ce n’est pas si sûr. Ils ont une tendance à s’auto-détruire. Pas besoin des autres. Pas besoin d’écouter les opinions divergentes. Ils se débrouillent tout seuls. Ils retournent à la voiture. Les serveurs n’ont pas besoin d’entendre leur conversation. Et surtout, le couple a besoin de retrouver la sécurité rassurante de la X-Mansion. Une fois à l’intérieur, il pose les mains sur le volant. Il ne fait aucun mouvement pour mettre sa ceinture, pour démarrer le moteur, pour sortir de la place. Il a simplement le regard fixé devant lui. Il ne sait pas quoi faire. Il y a tant de choses qu’il veut lui dire. Tant de choses qui se bousculent dans ses pensées. Tant de choses qu’il a envie de faire. “Bobby.. je t’aime mais j’ai peur.." Les doigts se cramponnent au volant. Elle a peur. Et lui, est-ce qu’il n’a pas peur ? Malicia l’a quitté du jour au lendemain, sans prévenir. Elle l’a abandonné sous prétexte de vouloir maîtriser son pouvoir. Snow pourrait faire la même chose. Elle pourrait utiliser le même prétexte. Elle pourrait lui renvoyer en pleine face qu’elle ne veut pas le blesser, comme l’a fait Malicia. Elles sont similaires, toutes les deux. Sûrement la raison pour laquelle elles ne s’entendaient pas. Entre la jalousie et les ressemblances, l’une ne pouvait pas supporter qu’il se donne du mal pour l’autre.

La tête vient se poser contre l’appui-tête. Les paupières se ferment. La concentration se porte sur sa respiration. Il aimerait s’énerver. Ca ne servirait à rien. Sauf à la pousser dans ses retranchements. Sauf à lui faire peur. Sauf à l'inciter à se renfermer. S’énerver est inutile. “Axel a voulu m’épouser quand je me suis mise à lui résister et.. et il a changé d’avis. Je n’arrive plus à oublier. J’ai tous ces souvenirs qui se mélangent et j’ai peur de te blesser.. de réellement te faire mal, un jour.. physiquement." Et voilà. Elle l’a dit. Et bordel, ça fait mal. Bien plus qu’il ne l'avait pensé. Il a encore l’image d’Anna Marie dans la tête. Son expression quand elle lui a dit que tout était fini. Son regard quand il a répondu. Ses paroles quand il a essayé de la retenir. Il ne sait pas garder les femmes qu’il aime à ses côtés. Il ne sait pas garder les gens qu’il apprécie. Il n’est pas suffisant pour que ses proches restent. Il rouvre les paupières. Il tourne lentement la tête dans la direction de Snow. "Je ne suis pas Axel, Prue, et tu n’es pas Malicia. On ne doit pas projeter sur l’autre ce qu’ils nous ont fait." Il doit se faire une raison : Snow ne le quittera pas parce qu’elle peut le mettre en danger. Bobby ne frappera pas Snow, ne lui promettra pas de se marier, avant de l’abandonner. Ils ne feront rien de tout cela. Ils construiront leur propre histoire. Ils feront leurs propres erreurs. Ils avanceront à leur propre rythme. Il n’y a pas deux histoires qui se ressemblent. Il n’y a pas deux couples similaires. “Tu pourrais te lasser et m’abandonner.. " Il lâche le volant. Les bras s’enroulent autour de Snow. Sa fragilité l’a toujours touché. Il a toujours eu besoin de la réconforter, de la rassurer, de l’entourer. Aujourd’hui plus que jamais. Là, dans cette voiture, elle lui paraît fragile. Bien plus que le jour où il l’a trouvée inconsciente. Bien plus que les mois qui ont suivi son arrivée. Elle a parfois cette peur si caractéristique des enfants. Des enfants qui craignent d’être abandonnés par leurs parents, à la moindre faute. Des enfants qui veulent être aimés. Des enfants qui ne demandent que de l’affection. Bobby ne lui en donne jamais assez. Il n’est jamais assez présent pour elle, pour l’écouter, pour l’épauler, pour l’aimer. Il n’est pas le meilleur petit-ami qu’elle pourrait avoir. C’est certain. Mais il peut au moins faire son maximum pour elle. "Je ne t’abandonnerai plus jamais, Prudence. Tu es celle que j’aime, pas une autre. Et ça ne changera pas avec les années." Sa bouche n’est qu’à quelques millimètres de l’oreille de Snow. Sa voix n’est qu’un murmure. Il aimerait la garder contre lui pendant des jours. Il aimerait pouvoir lui chuchoter des paroles réconfortantes à longueur de journée. Il aimerait. Humainement, ce n’est pas possible. Il s’écarte. Il veut voir son visage. Il veut voir son regard. Il veut la voir, elle. Celle qui a une place de choix dans son coeur. "Tu peux me blesser, me frapper, me repousser, je serais là comme tu l’as été avec moi." Il ne faiblira plus. Il ne pliera plus. Il ne reculera plus. Il ne s’enfuira plus. Elle pourra avoir peur des centaines de fois, il la prendra toujours dans ses bras. Elle pourra lui devenir la pire facette de la glace, il veillera toujours sur elle. Elle pourra lui demander de s’éloigner, il attendra toujours qu’elle revienne auprès de lui. Il veut lui rendre ce qu’elle a tant fait pour lui. Il veut être à la hauteur.

Ce ne sont que des paroles. Ce ne sont que des mots articulés. Ils pourraient ne pas avoir de sens. Ils pourraient être des mensonges. Ils pourraient être creux. Mais ils ne le sont pas. Ils sont la seule arme de Bobby contre les démons de Snow. Ils sont son seul moyen pour combattre les peurs de la jeune femme. Il n’a rien de plus. Les gestes ne sont pas suffisants. Ni les mots, d’ailleurs. Mais il ne peut rien faire d’autre. A part la supplier d’attendre, de voir ce que l’avenir leur réserve, d’observer par elle-même, de tenter le tout pour tout. Un pari qu’il ne peut pas lui imposer. Un pari qu’elle doit faire, elle, toute seule, en lui faisant confiance. Alors, il n’a que des mots. "Je te promets de ne plus prendre la fuite. Je serai là jusqu’à ce qu’on meurt de vieillesse. Tu pourras m’acheter toutes les chemises que tu veux ou m’emprunter celles que tu préfères." Ses doigts se promènent sur cette joue dont il connaît le grain par coeur. Il rêve d’un avenir à deux, à trois, à quatre. Il rêve d’un avenir ensemble, où elle n’aura que le sourire aux lèvres. Rien d’autre. Pas de grimace. Pas de hurlement. Pas de dispute. Pas de peur. Juste un sourire. Ses yeux suivent le trajet de ses doigts sur la peau. Un avenir commun, oui. Agrémenté par un mariage, par des enfants. Par des obstacles, il en faut. Ils sont nécessaires pour consolider un couple. Pas par des séparations, ils en ont déjà soufferts. Un avenir ensemble dans lequel ils s’épanouiront. Dans lequel ils seront heureux. Et alors, ils pourront se retourner et contempler avec satisfaction le chemin parcouru. Et alors, ils pourront serrer leurs mains fripées et échanger un regard plein d’amour. Il veut y croire.

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« Je ne veux pas te perdre… » C’est mieux que toutes les déclarations d’amour. Elle s’est revue dans ses mots, elle s’est revue le supplier de leur laisser une chance, de lui laisser le droit de l’aimer à sens unique. Toutes les larmes pleurées, toutes les peurs accumulées, elles faisaient écho à l’aveu de Bobby. Il ne veut pas la perdre et elle ne le veut pas non plus mais rien ne parvenait à taire le passé, Snow en restait l’éternelle prisonnière, malgré les efforts considérable du personnel et de Charles en personne pour la relever, pour qu’elle trouve enfin la stabilité. « Je ne suis pas Axel, Prue, et tu n’es pas Malicia. On ne doit pas projeter sur l’autre ce qu’ils nous ont fait. » Le sanglot est soumis au silence par la main qu’elle place devant ses propres lèvres. Elle tente de s’empêcher de céder, elle tente d’effacer la détresse en se faisant violence. Il n’est pas Axel. Elle se le répète souvent pour se rassurer, quand elle est seule, quand elle n’a plus l’agitation des gamins autour d’elle. Il n’est pas Axel, il ne la malmènera pas, il ne la frappera pas, il ne la soumettra pas. Elle le sait, elle connaît Bobby, il n’a jamais levé la main sur elle, il ne l’a jamais volontairement blessée, pas depuis qu’elle a intégré la X-Mansion, plus depuis qu’ils ne s’affrontent plus. Elle veut parvenir à oublier à nouveau, sans succès. Ca ne fonctionne pas ainsi, sinon ils vivraient dans une bulle merveilleuse en se détournant de leurs histoires terminées. N’en était-elle pas une, également ? C’était cela, le frein : leur couple n’avait pas résisté, la première fois et elle tremblait à l’idée de s’abandonner à cet amour considérable pour qu’on le lui arrache encore, parce que son coeur déjà éraflé ne s’en remettrait pas. Il pourrait partir, lassé de ce qu’elle était, lassé d’avoir plus une patiente à gérer qu’une femme à ses côtés.

Les bras s’enroulent autour d’elle. Prudence ne résiste pas, elle se laisse attirer contre le corps masculin, les doigts s’accrochant à son épaule et les pleurs incontrôlables symptomatiques de cette angoisse étouffante qui ne la quittait plus depuis qu’ils avaient croisé les agents. La peur de l’avenir était autant un problème que sa difficulté à faire le deuil de toutes les violences vécues ou infligées. « Je ne t’abandonnerai plus jamais, Prudence. Tu es celle que j’aime, pas une autre. Et ça ne changera pas avec les années. » Elle resserre sa prise. Le murmure de Bobby tout contre son oreille semble diminuer les tremblements, mélodie apaisante sur les plaies béantes. Elle est plus fragile qu’une enfant lorsqu’il s’agit d’amour, elle ne l’a jamais connu durable ou tendre, l’amour. C’est un sentiment qu’elle a trop souvent associé à la peine, la trahison ou la maltraitance, qu’elle a trop souvent vécu dans ses pires aspects. Elle a fini par tuer pour se défaire de la prison que pouvait former l’affection. Il s’écarte doucement pour la regarder et c’est par réflexe qu’elle essuie ses larmes, qu’elle tente d’effacer le mascara de ses joues, de se redonner une apparence moins pitoyable. « Tu peux me blesser, me frapper, me repousser, je serais là comme tu l’as été avec moi. » Elle n’a pas été assez là. Snow considère qu’elle a brisé sa vie, que sans elle Malicia serait encore là, que le couple avancerait encore côte à côte. Elle n’a pas été assez là, sinon il n’aurait pas si mal vécu sa séparation, leurs échanges, les sentiments naissants. Il a voulu rompre, il s’est éloigné d’elle six mois durant, c’est qu’elle n’a pas été assez bien, assez aimante, assez attentive. Tout ce qu’elle ressent pour lui n’a pas suffit. Il lui promet que ça ne se reproduira pas, alors elle veut lui faire confiance. Il est enfin capable de lui exprimer ce qu’il gardait pour lui, il lui dit qu’il l’aime et elle se sent profondément ingrate d’en être effrayée à ce point. « Je me souviens sa façon de m’attraper.. de m’immobiliser.. ses mains brûlantes.. et j’arrive pas à chasser ces images. Je comprends pas ce qu’il se passe, Bobby.. je ne peux pas te demander d’être le psy si souvent.. tu as besoin que je puisse t’aimer comme au début.. » De la même façon que chez les Drake. De la même façon qu’au manoir Rosebury une fois les morceaux du puzzle suffisamment rassemblés, une fois la première nuit partagée. Il mérite bien plus qu’une pauvre fille traumatisée qui n’a plus aucune gestion des souvenirs qui remontent. Elle avait l’impression que c’était hier, qu’elle le vivait encore.  « Ca va passer. Ca passe toujours. » Ca s’efface, ça retourne dans la petite boîte de Pandore, dans un coin de sa tête et ça revient par moments, dés qu’un choc fait remonter à la surface ses souvenirs les plus noirs.

« Je te promets de ne plus prendre la fuite. Je serai là jusqu’à ce qu’on meurt de vieillesse. Tu pourras m’acheter toutes les chemises que tu veux ou m’emprunter celles que tu préfères. » Il lui a arraché un sourire. Un sourire amusé alors que ses yeux sont toujours humides et fatigués. Il caresse sa joue. Il promène les doigts sur sa peau et elle ose enfin croiser son regard. Ses yeux qu’elle aime tant. Ses yeux magnifiques et doux. Elle reste silencieuse à le regarder comme s’il était la septième merveille du monde, comme s’il valait tous les trésors de la planète. Elle se penche, elle attrape ses lèvres avec tendresse puis elle accentue le contact, plus longuement. Les doigts se perdent contre sa nuque, à la rencontre de ses cheveux. « Tu seras vieux avant moi.. » souffle-t-elle contre sa bouche, un sourire en coin, une expression plus moqueuse. Amoureusement moqueuse. « Je veux vivre avec toi. Je veux rendre ta mère folle tous les Noël, t’imposer des chemises chics qui impressionneront ta belle-soeur, m’endormir dans tes bras tous les soirs. Et te donner la famille dont tu rêves. Vivre dans une petite maison sans radiateurs où tu te perdras quand même. » Elle ne peut pas faire plus sincère, plus utopiste. Elle ne peut pas trouver de mots plus représentatifs de ce qu’elle ressent. « .. mais je serais toujours instable et ça, j’ignore comment l’effacer. »
 
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Il se sent tellement démuni face à elle, face à ses démons, face à son passé, face à ses peurs. Les belles paroles réconfortantes ne suffisant pas avec Snow. Elles ne sont jamais assez. Elles ne sont que des pansements sur des plaies béantes. Il n’est pas le médecin capable de les soigner. Ce n’est pas l’impression qu’il en a, en tout cas. Il n’est qu’un antalgique. Un moyen d’apaiser les maux temporairement. Un moyen sur le court terme. Il n’est pas la solution finale. Il en a parfaitement conscience. Et ce sentiment d’impuissance est accru par l’affection qu’il a pour elle. Tant d’attachement qui le fait souffrir, finalement. Ne pas être capable d’aider ceux qu’il aime est la pire chose qui puisse lui arriver. Il est fait pour aider. Il a ça dans le sang. Sauf que Snow est la seule personne qu’il ne puisse pas secourir. A moins qu’elle n’ait pas envie d’être aidée ? Trop heureuse de soufrfir continuellement de ses problèmes. Trop heureuse de vivre dans son passé. “Je me souviens sa façon de m’attraper.. de m’immobiliser.. ses mains brûlantes.. et j’arrive pas à chasser ces images. Je comprends pas ce qu’il se passe, Bobby.. je ne peux pas te demander d’être le psy si souvent.. tu as besoin que je puisse t’aimer comme au début..” Elle ne comprend toujours pas. Elle n’a pas besoin de le lui demander. Elle n’a même pas besoin de sourciller. Il est psychologue. Son travail n’a pas d’horaires. Son travail n’a pas de bureau. L’empathie ne s’arrête pas à la fin de la journée. Elle reste là, ancrée en lui, même quand il est avec Snow. Elle ne veut peut-être pas qu’il joue le psychologue à longueur de journée. Pourtant, c’est ce qu’il est. Quand elle est aussi troublée et apeurée, il ne peut pas fermer les yeux, jouer le connard et lui tourner le dos. Ce n’est pas ainsi que ça fonctionne. “J’ai besoin que tu sois toi-même et que tu sois heureuse. Alors, si ça doit passer par des périodes de doute ou de souvenir douloureux, okay. Je prends.” Il le lui a dit : il sera là. Toujours. Il n’y a pas de débats à avoir. Il n’y a pas de peur à ressentir. Il sera là. Même si les premières années de leur couple devront être consacrées à ses problèmes. Ce ne sera pas joyeux, idyllique. Ce ne sera pas le bonheur, la joie tous les jours. Mais à la fin de la route, ils auront une belle vie qui les attendra. Une récompense pour tout le mal qu’ils se seront donnés. Ca se tente, non ?

Ils peuvent faire ce pari. Ils peuvent essayer. Ils verront où cette histoire les mène. Ils verront s’il y a un vrai avenir ensemble. Parfois, l’amour est fait de désillusion. Parfois, l’amour est moins reluisant qu’en apparence. Parfois, l’amour réserve de mauvaises surprises. Pour le savoir, il faut tenter. Il faut sauter à pieds joints dedans et s’y noyer. “Ca va passer. Ca passe toujours.” Elle essaye d’être courageuse. Elle essaye d’être positive. Bobby ne s’y trompe pas. Uniquement des apparences. Uniquement un besoin de rassurer. Il esquisse un sourire. Doux, le sourire. Affectueux, le sourire. Il la reconnaît bien : toujours forte, toujours déterminée. Elle doit toujours relever la tête et avancer. Elle doit toujours se battre. Il n’est pas convaincu qu’elle ait la bonne méthode. Elle subit ses souvenirs. Elle ne les accepte pas. Elle n’accepte pas qu’elle ait pu être si naïve, si laxiste. Elle n’accepte pas d’avoir laissé quelqu’un la blesser. Alors, elle supporte tant bien que mal, comme un châtiment corporel qu’elle s’infligerait. “Tu ne peux pas continuellement subir ces souvenirs, tu dois les affronter pour t’en débarrasser définitivement.” A force de courir pour fuir ses démons, Snow s’épuise. Il n’y a qu’à la voir, tremblante, en larmes. Dans un état de fragilité extrême. Chaque situation stressante la met dans tous ses états. Ca ne devrait pas être le cas. Il finit quand même par la faire sourire. Il y a comme un soulagement dans le coeur de Bobby. Il peut encore la faire sourire, malgré les larmes. Il peut encore voir ses lèvres se retrousser, malgré les souffrances du passé. Ses doigts continuent à se perdre sur sa joue. A essuyer les expressions de la peur. A repousser les marques de ses inquiétudes. Et il sourit, lui aussi. On reconnaît la communion entre deux êtres à ce simple geste. Un sourire qui contamine l’autre. Un comportement copié sur celui de l’être aimé. Et le baiser qui vient ensuite. Preuve ultime que la parenthèse s’est refermée sur les douleurs de Snow. Preuve ultime qu’une certaine légèreté est revenue. Installée confortablement entre eux. “Tu seras vieux avant moi..” Il éclate de rire. Evidemment qu’il le sera avant elle. Il a cinq ans de plus qu’elle. Sans compter qu’elle triche. La régénération lui offre une jeunesse quasi-éternelle. Les affres du temps ne se feront sentir chez elle qu’au bout de plusieurs décennies. Elle triche, c’est incontestable. “Je veux vivre avec toi. Je veux rendre ta mère folle tous les Noël, t’imposer des chemises chics qui impressionneront ta belle-soeur, m’endormir dans tes bras tous les soirs. Et te donner la famille dont tu rêves. Vivre dans une petite maison sans radiateurs où tu te perdras quand même.” Ce dessin de leur avenir fait sourire Bobby. Il en a envie. Peut-être pas d’une maison assez grande pour se perdre (deux ou trois chambres suffisent !). Mais une vie à deux, à trois, à quatre, à cinq. Une maison où les rires d’adultes et d’enfants résonnent. Une collections de chemises qui déborderait de la penderie.

Ils pourraient l’avoir, cette vie. S’ils décidaient de tout claquer et de partir ailleurs. S’ils prenaient leur courage à deux mains, ou leur lâcheté, et qu’ils laissaient tout derrière eux. S’ils n’étaient pas autant loyaux à la X-Mansion. Ils pourraient. Peut-être qu’ils font la pire erreur de leur vie en restant à l’Institut. Peut-être qu’en combattant, ils n’auront jamais cet avenir dont ils ont tant rêvé. Peut-être. S’ils partent maintenant, Bobby risquera de s’en vouloir. Longtemps. Souvent. S’ils partent maintenant, ils risqueront de se sentir coupables. Alors, ils restent. Ils attendent qu’on n’ait plus besoin d’eux. Ils patientent jusqu’au bon moment. “.. mais je serais toujours instable et ça, j’ignore comment l’effacer.” Quand ils se sont remis ensemble, elle l’a bien précisé : elle ne changera plus pour lui. Il l’a compris et d’ailleurs, il ne le lui demande pas. Effacer son instabilité serait changer. Ce serait accepter qu’elle n’est pas assez parfaite pour lui. Alors qu’elle l’est. Il l’aime, ça ne va pas plus loin. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Juste, il l’aime. Avec ses qualités et ses défauts. Avec son passé et ses traumatismes. Il l’accepte toute entière. “Tu n’as pas à l’effacer, c’est une partie de toi.” Une partie qu’il accepte. Une partie qui les forge tous les deux, en les mettant à l’épreuve régulièrement. Toute instabilité peut être gardée sous contrôle. Toute instabilité peut être plus ou moins importante. Sans rien faire, sans rien dire, elle a su garder son calme pendant des semaines. Elle n’a pas été victime de crises avant aujourd’hui. C’est bien la preuve qu’il lui suffit d’avoir un cadre propice à l’épanouissement et à l’affection. Un cadre sécuritaire, protecteur. “On gèrera tes crises à deux et on trouvera des moyens pour les rendre plus courtes et supportables.” Travailler main dans la main, c’est tout ce dont ils ont besoin, finalement. Jusqu’à maintenant, ils ne faisaient que de se détruire, se repousser, se modifier. Les temps changent. Ils sont dans une nouvelle relation. Bien plus saine et équilibrée. Bien meilleure pour eux. Il pose un dernier baiser sur ses lèvres. Il se tourne vers le volant. Il est temps de rentrer. Il est temps de penser à la suite. A ce voyage qui les attend dans quelques semaines. Peut-être l’avant-goût d’une future Lune de miel, qui sait ?

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