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skyfall


Ils ont tous les deux mal. Mal à en crever. Mal à s’en déchirer. Ils ne supportent plus cette situation. Cette distance. Cette opposition. Bobby n’en peut plus. Partagé entre son désir de la protéger et celui de l’embrasser. Il n’en peut plus. Arrivé à un moment de saturation. Arrivé à un point de non retour. Point de rupture où toute la frustration, la douleur, la colère jaillissent, s’expulsent. C’est fini, le silence. C’est fini, la distance. C’est fini, les regards de loin. C’est fini. Tout éclate. Cette bulle protectrice qu’il voulait construire autour de Snow s’effrite, se détruit. Il voulait la protéger de lui. Il n’a fait que la rendre plus malheureuse. Plus sensible. Plus triste. Il a tout foiré. Les conséquences lui explosent au visage. Elle a la certitude qu’il la déteste. Elle est à mille lieues de la vérité. Tellement loin de la réalité. Comment pourrait-il la haïr quand il s’inquiète continuellement pour elle ? Comment pourrait-il la détester alors qu’il continue à avoir des sentiments pour elle ? Il pourrait la détester parce qu’elle refuse de passer à autre chose. Il pourrait la détester parce qu’elle est toujours attentionnée et bienveillante à son égard. Il le pourrait. Il n’y arrive pas. À chaque fois qu’il croise ses grands yeux bleus, il succombe. Il abandonne toutes ses promesses, toutes ses convictions. Elle est convaincue qu’il la déteste. Il y répond par la colère. Elle crée une profonde blessure. Une douleur intérieure. Une souffrance du myocarde. Il a mal. Il ne supporte par ce jugement. Il ne tolère par cette croyance. Elle ne peut pas. Elle peut croire qu’il ne l’aime pas comme une petite-amie. Mais pas croire à de la haine. Elle n’a pas le droit. “Toi, arrête !” Son injonction le frappe de plein fouet. Elle est en colère. Elle est fâchée. Elle répond à sa colère par la colère. Elle répond à sa douleur en ouvrant ses propres plaies. Il est prêt à accepter. À tout prendre. À tout subir. Il est prêt à l’écouter. Il est prêt à tout remettre à plat. Parce qu’il suffoque. Il s’asphyxie. Il ne parvient pas à respirer normalement dans le rôle de l’ex-petit-ami. Ce n’est pas le rôle dont il rêve. Ce n’est pas le rôle qu’il veut avoir à ses côtés. “Arrête de me repousser, arrête de me montrer cette indifférence, arrête de me fuir et arrête de tenir cette promesse absurde !” Il prend l’uppercut verbal en pleine mâchoire. Il recule d’un pas. Cette promesse absurde. Il l’a faite pour la protéger. Il l’a faite en pensant épargner son coeur une deuxième fois. Il n’est pas capable de savoir ce qu’il lui fera, ensuite. Il n’est pas capable de savoir si cette histoire durera. Il n’en sera fichtrement rien. Et c’est ce méconnaissance qui l’effraie, qui l’inquiète, qui le perturbe. Il a besoin de savoir. Il a besoin de prévoir. Il a besoin d’anticiper la douleur d’une rupture. Il a eu le coeur brisé. Il sait le mal que c’est. Il sait le choc que cela produit. Il ne voudrait pas imposer la même chose à Snow. Pas une seconde fois. Elle ne le mérite pas.

Fais un choix Bobby. Fais-le.” Un autre pas en arrière. Elle lui en demande trop. Elle lui demande de faire un choix égoïste. Elle lui demande de choisir. L’aimer à distance pour la protéger et respecter une promesse qu’elle considère comme idiote. L’aimer à quelques millimètres de son coeur et risquer de la briser. Il referme les bras sur son torse. Il ne peut pas. Faire des choix. Ce n’est pas sa spécialité. Il n’est pas un leader. Il n’est pas un chef de file. Il suit toujours le mouvement. Il se laisse toujours porter. Prendre des décisions, même pour son avenir, est source de questionnements, de doutes, d’inquiétudes. Encore pire lorsque cela implique une autre personne. Une personne qu’il apprécie. Une personne à qui il tient. Il fait froid. Un froid incroyable. Un froid que même lui ressent. Une perturbation de la température qui serait fatal pour n’importe quelle personne. Sauf pour eux. Preuve que la conversation tient à coeur de Snow. Preuve que la conversation la révolte, la blesse, la met en colère. Un constat qui le touche bien plus. Un constat qui lui pince le coeur. “Tu veux me protéger ? Embrasse-moi. Dis-moi ce que tu ressens vraiment !” L’embrasser. Il ne peut pas. Elle n’est pas sérieuse. Il ne peut pas. Si il l’embrasse, il abandonne tout. Sa promesse. Sa volonté de la protéger. Son désir de l’épargner. Elle ne peut pas l’embrasser. Parce qu’il perdrait toutes ses barrières, toute volonté. Parce qu’il se laisserait aller dans ses bras et il ne lâcherait plus. Parce qu’il succomberait de nouveau. Parce qu’il ne pourrait plus résister. Il ne peut pas l’embrasser. C’est le seul barrage physique qui lui reste. Le seul barrage qui l’empêche de craquer. “J’en ai rien à foutre que tu partes un jour, que ça ne dure pas toute la vie, que tu puisses arrêter demain ou dans dix ans. Tu sais pourquoi ? Parce que je te veux toi, et personne d’autre, avec tous tes doutes et tes défauts.” Le ton est redescendu, mais la portée de ses mots est aussi forte. Il la dévisage. Comment peut-elle y arriver ? Comment peut-elle être certaine ? Dans quelques années, elle changera peut-être d’avis. Elle ne sera peut-être plus aussi assurée et confiante. Elle est catégorique maintenant. Elle ne le sera plus du même avis plus tard. Quand ils se seront attachés. Quand ils se seront projetés. Quand ils auront traversé plusieurs années ensemble. Il a vécu la même chose avec Malicia. Il ne savait pas si ça tiendrait. Il ne savait pas quand ça casserait. Mais il s’en fichait. Elle était celle qu’il aimait et rien d’autre ne comptait. Et maintenant ? Dix ans plus tard, ils se sont séparés. Il a eu du mal à s’en remettre. Il a fait des erreurs avec Snow. Rien ne garantit que Prudence ne connaîtra pas la même histoire. Ils n’en savent rien. Absolument rien.

Je.. je veux bien une histoire carrément clichée ou .. attendre nos 80 ans pour prendre une décision importante. J’m’en fous Bobby. Laisse-nous une chance..” Il secoue la tête. Non. Non. Non. Impossible. Il s’arrache douloureusement à son regard. Il avance dans le couloir. Il se rapproche d’elle. Mais il ne s’arrête pas. Il passe à côté d’elle sans s’arrêter. “Je suis désolé…” Un murmure qui résonne dans le couloir vide. Désolé. Terriblement désolé. De lui briser le coeur une deuxième fois. De ruiner tous ses espoirs. De ne pas être à la hauteur. Il poursuit son chemin. Il y en a qui ont peur du vide. Il y en a qui craignent les sensations fortes. Et il y a ceux qui s’effraient de l’engagement. Il s’arrête en plein milieu du couloir. Il ferme les poings. Les jointures blanchissent. Mais à quoi bon ? A quoi bon refuser de s’engager à cause d’un avenir incertain ? A quoi bon ne pas se lancer dans le grand bain de la vie par peur d’éventuelles souffrances ? Il ne peut pas s’empêcher de vivre par peur de ce qui l’attendra plus tard. En prévision de tous les obstacles. En prévision de toutes les difficultés. Il ferme les paupières. Il ne peut pas savoir de quoi sera fait demain. Il ne peut pas prévoir toutes les catastrophes du monde. Ils ne sont pas des dieux. C’est ce que Snow lui a dit, tout à l’heure. Non, ils ne le sont pas. Bobby le serait, il s’isolerait sur une île, loin de tous les problèmes, et il pourrait enfin vivre son histoire avec Snow. Il pourrait enfin arrêter de s’interroger. Mais il ne l’est pas. Alors, il doit vivre avec ce qu’il a. Il doit s’adapter aux changements. Il doit agir comme il le peut. Les poings se desserrent. Les muscles se décontractent. Il fait demi-tour. Il presse le pas. Il fonce sur Snow. Il ne s’arrête pas. Il ne peut pas. Si il s’arrête, il va se remettre à réfléchir et il va renoncer. Si il s’arrête, il va fuir de nouveau. Si il s’arrête, il va changer d’avis et choisir la fuite. Encore. Ce n’est plus concevable. Il est temps qu’il se comporte en adulte. Il est temps qu’il agisse selon ses désirs. Il est temps qu’il arrête de se brider. Il encercle le visage de Snow de ses deux mains. Il prend le temps d’étudier son regard, avant de kidnapper ses lèvres. Un baiser dont il a rêvé depuis tellement longtemps. Un baiser dont il a eu envie depuis des semaines. Un baiser qu’il s’était tant interdit. Un baiser qu’il peut enfin délivrer. Bon sang, que ça fait du bien. Qu’il a été con. Terriblement con. Il a encore le coeur qui saigne de ses accusations, de la conversation. Il a encore le coeur à vif. Mais ça va aller. Ils vont avancer ensemble. “Je suis là, maintenant. Je ne te lâche plus.” C’est fini, les conneries. Il arrête de l’abandonner. Il arrête de réfléchir au pire. Il arrête d’imaginer le ‘après’. Si elle est d’accord, si elle l’accepte, il est prêt à se lancer éperdument dans cette relation. Il y aura peut-être de nouvelles vagues de doute. De nouveaux réflexes de fuite. Mais il reviendra. “Je suis tellement désolé.” Il a été impitoyable avec son coeur. Il a été indécis et cruel. Promis, il ne recommencera pas. Cette fois, il arrête de réfléchir. Il se permet de la rendre heureuse autrement qu’en s’éloignant.

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Skyfall.

« But I'm only human And I bleed when I fall down I'm only human And I crash and I break down Your words in my head, knives in my heart You build me up and then I fall apart 'Cause I'm only human  » -  Human, Christina Perri.

I
l est désolé, sans doute pas autant qu’elle. Il se détourne et la laisse seule avec la neige, seule avec ses regrets. La température cesse de descendre, les flocons cessent de tomber et la silhouette aqueuse reprend forme humaine. Finalement le noir de la combinaison reflette bien l’ombre d’un deuil ; celui qu’elle devra faire de cet amour stupide. Quelle chance croyait-elle avoir de le convaincre ? C’est blessant. Les plaies du coeur saignent encore sans qu’elle ne consente à les laisser prendre le dessus : Bobby a choisi, il a décidé de se fermer et, à son tour, elle se doit de tourner la page. Elle ne pouvait pas s’accrocher au souvenir de quelques instants de bonheur. Prudence était en train de reprendre le contrôle de ses émotions, de trier pour jeter dans le tiroir des remords ce qu’il restait de ses espoirs quand elle a perçu les pas revenir dans sa direction. « Tu as oublié de quitter ta tenue. » Constat plat qui tombe. Les mains encerclent pourtant son visage et elle s’attend à une réprimande, à ce qu’il lui interdise de réitérer sa demande, à ce qu’il exige qu’elle renonce.

Les lèvres s’accrochent. Pas de réaction immédiate, elle est sonnée. Il lui faut plusieurs secondes avant de répondre, avant d’accrocher sa main à son épaule, comme pour vérifier qu’elle n’hallucine pas, qu’elle n’a pas perdu l’esprit. Il est là. C’est fini. Plus de lutte, plus de promesse absurde, plus d’éloignement forcé. « Je suis là, maintenant. Je ne te lâche plus. » Peut-elle le croire ? Elle réalise qu’elle a cessé de respirer, qu’elle est complètement sous le choc, assommée par le changement de situation et le surplus émotionnel. « Je suis tellement désolé. » Les bras se referment autour de lui, se resserrent dans le dos, rapprochent les corps. Il a manqué la perdre. Il a frôlé le point de non-retour. Un jour de plus et c’était terminé, un jour de plus et elle abandonnait. Assez de se battre, assez de voir le monde sombrer, assez de voir l’équipe s’éloigner, se déchirer, se contredire. Assez des conflits. Son isolement auprès des enfants avait peut-être sauvé sa raison mais sa foi en l’avenir marchait sur un fil, délicieuse funambule qui vient d’éviter la chute fatale.

« Je ne changerai pas pour toi.. » Un murmure près de son oreille. Elle veut que ce soit clair, elle ne veut pas reproduire les mêmes erreurs, elle ne veut pas être prisonnière des doutes et des jugements. Elle ne veut pas essayer d’être une autre pour coller à un rêve ou un vulgaire fantasme. « Je serai toujours un peu cette confrériste qui veut se battre pour les siens. Je serai toujours un peu la fille de Mystique et la disciple d’idéaux que tu détestes.. » le ton est doux, presque autant que si elle faisait des excuses, presque autant que s’il s’agissait d’une vérité si difficile à entendre que la douceur doive être de mise. « On ne sera jamais d’accord sur tout mais si tu es prêt à supporter ça.. on survivra. Ensemble. » La main a retrouvé la nuque, est revenue jouer avec les cheveux comme si elle n’avait jamais cessé de se nicher là, dans cette tendre proximité. « Qu’est-ce que tu dirais d’une vie extraordinaire.. ? Une vie à neutraliser des dangers publics pour des objectifs qui nous dépassent, à manger des burgers dans des fast-food douteux et à s’enfermer dans ton bureau pour discuter pendant des heures.. » Elle lui fait la peinture d’un quotidien dont il n’a peut-être jamais voulu mais qui se rapproche au plus près de la réalité. Elle ne peut pas lui promettre qu’ils vivront un jour dans une maison à la campagne, entourés de chiens et de bambins, parce que son absence de recensement ne le permet pas, parce qu’elle n’envisage pas encore de s’éloigner de l’Institut. Snow lui pardonnait. Elle lui pardonnait l’errance et la souffrance parce qu’elle était habituée à l’abandon, elle pouvait sombrer dans des déprimes à la limite de la pousser au suicide puis remonter la pente, Dieu seul savait comment. Elle pardonnait mais n’oubliait pas.

C’était terminé le temps où la blonde se modelait à l’image qu’on attendait d’elle. C’était terminé l’époque de la gamine docile qui recevait les coups sans se rebeller. Elle n’était qu’un vulgaire être humain avec ses failles, ses blessures et ses rancoeurs, elle acceptait cette condition tout en se promettant de ne plus jamais être le jouet de personne. Bobby était une source positive, une ancre pacifique dans le désert de neige que pouvait parfois être sa colère. « Tu le sais, mh, que j’suis pas une gentille fille ..? » Les lèvres se frôlent lorsqu’elle relève le visage. Il est toujours aussi grand. La hauteur s’efface toutefois, la glace venant lui offrir les quelques centimètres manquant pour ne plus avoir à s’accrocher à lui telle la lilliputienne qu’elle était. Peut-être que son coeur battait trop fort, peut-être que sa peau était toujours aussi froide mais au fond des grands yeux bleus se rallumait la petite lumière d’un espoir timide.
© Starseed
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De simples mains sur son visage. Des bras autour de sa taille. Un simple contact. Répété de nombreuses fois avant. Retrouvé aujourd’hui après tant de semaines à se retenir, à s’en empêcher, à se le refuser. Libéré de toute entrave, de toute restriction, de toute promesse. Libéré de lui-même. Il en a fini de lutter. Il en a fini de se tromper. Il a retrouvé une place laissée vacante cruellement follement. Il a retrouvé une place qu’il avait abandonnée. Cela ne fait que quelques secondes. Et déjà, il se sent respirer plus facilement. Et déjà, il se sent plus libéré. Et déjà, il n’a plus envie de quitter les bras de Snow. Retrouver cette peau familière. L’embrasser de nouveau. Un désir enfoui qui ressurgit maintenant qu’ils sont l’un près de l’autre. Comment a-t-il fait pour ne pas le voir ? Pour ne pas le sentir ? Le déni, l’abstinence, une habitude bien ancrée en lui. Une habitude régulière et vitale pour lui. Mais aujourd’hui, il a pris conscience d’une chose. La protéger de lui n’était pas possible. C’était inconcevable. Il était encore plus dangereux, encore plus blessant, en prenant ses distances. “Je ne changerai pas pour toi..” Il s’en fiche. Il ne lui demande pas de le faire. Il n’a jamais eu l’impression de le faire. Elle peut être qui elle veut. Elle pourrait se découvrir une passion pour les chaussettes à carreaux qu’il s’en ficherait. Parce qu’il l’a retrouvée. Parce qu’il lui a promis de ne plus la lâcher. Parce qu’il n’a pas envie de s’accrocher à quelqu’un d’autre. Il s’est trop longtemps éloigné pour réaliser qu’elle est importante dans sa vie. Un complément de sa glace. Il l’accepte comme elle est. Avec ses faiblesses, ses peurs, ses secrets, ses silences, ses caresses, ses sourires, sa solitude. Il est prêt à tout prendre. “D’accord…” Il accepte tout. Parce qu’elle sera obligée de tout accepter de lui. Sa protection, ses questions, son empathie, son instinct de psychologue, son acharnement au travail, son caractère borné, son intériorisation. Cela marche dans les deux sens. Ils devront s’adapter à l’autre. Ils devront s’arranger pour que leur couple fonctionne. Pour qu’il fonctionne d’une autre manière que la première fois. Recommencer pour mieux réussir. Voilà l’objectif. “Je serai toujours un peu cette confrériste qui veut se battre pour les siens. Je serai toujours un peu la fille de Mystique et la disciple d’idéaux que tu détestes..” Il a déjà appris à faire avec. Il a déjà accepté qu’elle ait un passé de Confrériste, même s’il s’obstine à voir deux personnes différentes. Deux personnes qui n’ont rien à avoir l’une avec l’autre. Une Snow Queen qui aurait tué sur demande, sans sourciller, sans contester. Une Snow qui se préoccupe des autres et qui ne s’en prend plus aux autres aussi instinctivement et violemment qu’avant. Plus humaine, finalement.

Snow Queen fait partie de son passif. Sans elle, ils ne se seraient jamais rencontrés. Ils n’auraient jamais eu l’occasion de parler, de se rapprocher, de s’apprécier. Snow Queen a été nécessaire pour faire naître Snow, pour donner naissance à Icesnow. “On ne sera jamais d’accord sur tout mais si tu es prêt à supporter ça.. on survivra. Ensemble.” Ils n’ont jamais été d’accord, sauf sur certains points. Les désaccords font partie de leur couple. Les désaccords sont nécessaires pour retrouver l’essence de leur relation. Sans compter qu’ils sont différents. Leur histoire. Leur caractère. Différents jusque dans l’utilisation de leur mutation. Tellement opposés qu’une entente complète est inconcevable. Mais ils finiront par se réconcilier. Ils finiront par trouver un autre terrain d’entente. Ils finiront par se retrouver. Comme à chaque fois. “Qu’est-ce que tu dirais d’une vie extraordinaire.. ? Une vie à neutraliser des dangers publics pour des objectifs qui nous dépassent, à manger des burgers dans des fast-food douteux et à s’enfermer dans ton bureau pour discuter pendant des heures..” Si seulement… Si seulement ils pouvaient avoir la certitude d’un avenir aussi normal. Si seulement ils pouvaient vivre tranquillement. Mais ça ne sera pas le cas avant plusieurs mois. Pas tant que le sort des mutants ne sera pas totalement réglé. Pas tant que les gamins resteront effrayés. Pas tant que l’ambiance à la X-Mansion ne se sera pas détendue. Pas tant que la chasse des Watchers ne sera pas terminée. Un léger sourire vient tout de même fleurir sur ses lèvres. Il a envie de partager cet avenir avec elle. Si il doit exister, il ne voudrait le partager avec personne d’autre. “Ça sonne plutôt bien…” Son besoin de partir de l’Institut, de voir du pays, de s’installer dans une maison, d’avoir une vie posée… tout cela semble être remis en question. Tout cela est impossible avec Snow à ses côtés. Elle voudrait peut-être rester à la X-Mansion. Elle voudrait peut-être conserver un oeil sur tous ces enfants qu’elle semble avoir adopté. Elle ne pourra pas en avoir, alors il ne peut pas lui arracher les seuls qui l’entourent. Les seuls qui pourraient être considérés comme ses enfants adoptifs. Il devra y repenser. Il devra reprendre ce projet et en discuter avec elle. Il devra décider, trancher. Peut-être serait-ce leur première décision à deux. “Tu le sais, mh, que j’suis pas une gentille fille ..?” Les lèvres se frôlent. Il en profite pour les attraper, les ravir. Ses mains abandonnent le visage, délaissent ses traits. Elles s’installent dans son dos pour l’attirer contre lui. Elle est grande, maintenant. Aussi grande que lui. La glace est venue tricher, prothèses froides pour des jambes trop courtes. Elle n’est pas une gentille fille. Ça tombe bien, il n’a pas l’air attiré par les gentilles filles. Il n’y a qu’à voir ses choix jusqu’à maintenant.

Alors que tout va mal autour d’eux, il veut juste profiter un peu. S’accorder une vie à laquelle il n’a jamais eu le droit. S’offrir des moments à deux, loin des problèmes. Réussir à s’échapper du quotidien. Réussir là où il a échoué jusqu’à maintenant : prendre du temps pour lui. Pour eux. “J’en ai assez d’être toujours en conflit avec toi et de te fuir. Alors, gentille ou pas, je prendrai tout ce que tu voudras bien me donner.” Il a assez joué le con. Il a assez bousillé son coeur. Il ne peut plus se permettre de faire le difficile. Il ne peut pas se plaindre qu’elle manque de confiance. Il ne peut pas s’attrister qu’elle refuse de s’engager. Il ne peut rien lui dire, rien lui reprocher. Qu’elle lui pardonne est déjà énorme. Il n’a pas l’impression de le mériter. Il n’a pas l’impression que ce soit justifié. Mais il en profite. Égoïstement. “J’aurais des horaires raisonnables et je ne manquerai pas un seul repas.” Elle ne sera plus obligée de lui apporter un plateau-repas. Elle ne sera plus forcée d’entrer dans son bureau pour venir le chercher et passer quelques minutes avec lui. Elle ne l’observera plus travailler pendant des heures. Il va apprendre à libérer du temps pour elle. Il va trouver des moment pour eux deux. Elle ne sera plus la seule à essayer de faire vivre cette relation. Il plante son regard dans les prunelles bleutées de Snow. Une étrange lueur dans le regard. Un étrange désir dans les yeux. “Et si on remettait à plus tard le burger ?” Le burger. L’un des premiers repas qu’ils ont partagés. L’un des premiers moments marquants de leur relation. Un truc qu’il met de côté pour qu’ils se retrouvent. Ailleurs que dans un couloir. Dans l’intimité d’une pièce. Pour sceller leurs retrouvailles, leur réconciliation.

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