Il faut avouer qu'elle n'a pas beaucoup réfléchi aux conséquences de ses paroles. Mais bon, c'est dit, maintenant, et elle ne peut rien y faire. Elle ne va pas même essayer de rattraper les choses. « Ok ! C'est bon ?! Tout le monde est calmé ? » fait Noh-Varr en lui lançant un regard franchement désapprobateur, auquel elle répond par un haussement de sourcil qui le défie de dire quoi que ce soit de désagréable à son sujet. « Et c'est pas en le menaçant que tu feras avancer les choses America... Alors recules toi s'il te plaît. » Elle lâche un petit rire amusé. Bien sûr, ça ne fera pas avancer les choses… C'est clair que leurs explications et leurs discours dégoulinants de bons sentiments vont, par contre, faire avancer le schmilblick. Elle leur expliquerait bien comment les choses fonctionnent dans l'univers, là, tout de suite, mais elle capitule, parce qu'ils la saoulent. Elle met les mains devant sa poitrine, en signe de retrait, un sourire un peu mauvais sur les lèvres. « Comme son altesse voudra. » Son mépris est assez clair, et elle fait volte-face et va se poster sur le bureau de la chambre d'hôtel, en tailleur, les mains croisées devant la poitrine. En fait, elle va juste attendre que ça se passe. Boucles d'or va bien finir par se barrer, mais ce sera leur faute. S'ils lui laissaient faire le job, on n'en serait pas là. Elle cherche dans la poche de sa veste en jean et y trouve un paquet de chewing-gum qu'elle ouvre tandis que Noh-Varr continue son discours. On te comprends, blablabla, on voulait discuter, blablabla. Elle enfourne le chewing-gum en levant les yeux au ciel. « Si tu pouvais nous expliquer exactement ce qu'il s'est passé dans ton monde... Je pense que ce serait plus simple pour tout le monde. » Elle relève les yeux à ces mots. Elle se retient de lâcher un nouveau rire. Il y a beaucoup de choses qu'ils ne comprennent pas. L'une d'elles, c'est que justement, si boucles d'or leur raconte, ça va tout à coup se compliquer. America sait déjà qu'elle ne laissera pas tout ça arriver. Hors de question que les doutes s'insinuent un peu plus dans l'esprit de Kaplan. Ce que le speedster a déjà lâché va déjà foutre l'ambiance pendant quelques semaines au quartier général. Teddy prend à son tour la parole, et Miss America observe ses ongles en silence. Elle boude plus ou moins. Quand Hulkling balance qu'ils ont déjà une chambre pour le blondinet, un sourire moqueur s'étire sur ses lèvres. Elle murmure, dans sa barbe, « On t'a préparé des biberons aussi. »

Et puis Bishop s'y met, et ça commence vraiment à taper sur les nerfs de Miss Chavez. « Tu le penses vraiment? Tu penses vraiment que Billy serait pas capable de faire une chose pareille? Ça te choque pas, qu'il nous ait caché ça — qu'ils nous aient caché ça? » America ne relève pas les yeux. Elle se sent concernée, bien sûr. Mais elle ne considère pas qu'elle ait fait quelque chose de mal, alors clairement, elle s'en fout. Elle n'a rien caché, elle n'a juste rien dit. « On aurait dû écouter Eli. Vous puez les ennuis, j'arrive pas à croire que tu marches comme ça dans leurs mensonges, Teddy. Si il nous a menti sur ça, sur quoi d'autre il nous a menti? Hein? Je crois que ce mec a raison et qu'il tirait les ficelles depuis le début, si ça fait du sens. Je sais pas ce qu'il t'a fait mais ça n'arrivera pas. Ça n'arrivera plus. » America soutient le regard noir que la blonde pose sur elle. Elle n'a honte de rien. Bishop n'a aucune idée de ce qui se joue. Elle l'aime bien, hein, mais elle a un peu pitié d'elle, là tout de suite. « Vous êtes des enfoirés, vous êtes des enfoirés et cette situation pue. On se casse, Teddy, s'il te plaît. » Elle est légèrement amusée par ces mots, il faut le dire. Ou peut-être qu'elle veut être amusée, tout simplement. Ça lui fait pas plaisir, tout ça, au fond. En plus, ça met sa mission un peu à mal. L'idée que Kaplan perde certains de ses amis ne lui va pas, elle préfère être sûre qu'il y a du monde à le protéger. Mais bon, elle va finir par faire le boulot toute seule, comme d'hab. Elle n'est pas là pour être attendrie par cette bande de gamins, elle n'est pas là pour s'attacher et devenir pote avec tout le monde. Elle est là pour protéger Billy, et le reste, elle n'en a pas grand-chose à faire. Puis le téléphone de l'archère sonne. « Dégage. Eli a eu un accident, je dois y aller. Teddy, tu fais ce que tu veux mais je t'en prie, réfléchis un peu et n'interfère pas si ça tourne au vinaigre. Je me lave les mains de leur sort. » America se pince la lèvre. Elle a bien envie de s'en foutre, mais bon, elle a pas forcément envie que l'accident soit grave. Ça foutrait encore plus la merde. Et puis même si elle n'est pas particulièrement fan de Patriot, il lui file des donuts, parfois. Quand Bishop quitte la pièce, blondinet parle à son tour. « Je sais pas comment tu fais, Billy. Tu dois être drôlement fort. Ou complètement désespéré. » Parce que toi tu l'es pas, boucles d'or? « Ce ne sont pas nos amis. Pas ceux de ton monde, pas ceux du mien. Ils leur ressemblent tellement … Tu lui ressembles tellement. Mais ils sont différents. C'est égoïste, de les vouloir près de toi comme s'ils étaient les tiens. » Elle va vraiment finir par le ramener dans sa putain de dimension pourrie. « C'est se faire du mal pour rien. » And that, my dear, is why i don't have friends. Le speedster se volatilise en une demi-seconde. Un silence s'étire dans la pièce pendant quelques secondes, et Billy finit par intimer à Noh-Varr de filer. America se frappe le front de la main. Bien sûr, partez à la poursuite du blondinet, c'est ce qu'il veut, ça se voit. La pièce semble soudain bien vide, et America n'a pas vraiment envie de tenir la chandelle entre Kaplan et Altman. Elle les laisse converser deux minutes, et comprend que Billy essaie de se débarrasser d'eux. Elle descend de sa table et quand elle voit le visage de Wiccan, elle se sent un peu mal. Il fait un peu pitié aussi, il faut le dire. Et elle n'aime pas qu'il soit brisé comme ça. Il faut qu'elle fasse quelque chose. Maladroitement, elle lui tapote l'épaule. « T'inquiètes, ils peuvent pas se passer de toi ces boulets, ils sont nuls, ils vont revenir. » C'est tout ce qu'elle a trouvé. « Tu veux aller défoncer des vilains? » Encore une fois, elle fait de son mieux. Elle est presque prête à révéler l'un de ses pouvoirs et l'emmener dans une autre dimension, abandonnée, où ils peuvent tout casser. Mais bon, America et les sentiments, ça fait un peu quinze.