« Ahhhh on peut donc faire rougir le Jameson, c'est intéressant à savoir. » Il était vrai qu'avec sa mutation, il était difficile de deviner qu'il pouvait rougir de quoi que ce soit, lui qui ne pouvait pas s'empêcher de balancer des réflexions toutes plus gênantes les unes que les autres. Dans ces conditions, elle ne s'imaginait pas le moins du monde qu'il pouvait être lui-même gêné par un compliment comme elle venait de lui balancer. La discussion changeait néanmoins rapidement - elle tenait pas à le mettre mal à l'aise non plus même s'il semblait gérer à coup d'humour - et c'est logiquement qu'elle lui demandait pourquoi le droit. Elle se demandait d'ailleurs s'il allait vraiment aller jusqu'au bout. Pas qu'elle le jugeait inapte mais pour ce qu'elle avait entendu parler, tout ce qui relevait de la médecine, du droit et tous ses métiers dont les études étaient particulièrement difficiles, il fallait le vouloir, en avoir la passion surtout. Avait-il réellement la passion de rendre justice aux personnes et aux entreprises dans cette logique qu'il semblait démontrer? Un sourire amusé se glissait ses lèvres avant d'être suivi de quelques mots. « Pourquoi ça m'étonne pas vraiment de toi ça? » Probablement parce que le peu qu'ils s'étaient fréquentés, elle avait vite compris qu'il n'était pas le premier à suivre les règles ou en tout cas, pas le dernier à leur donner un autre sens. « T'as jamais pensé à utiliser cette facilité autrement? » Aider concrètement les autres, devenir inventeur. S'il avait tant de facilité à apprendre, elle ne doutait pas de ses capacités à mettre des projets sur pied en connaissant les règles élémentaires et fondamentales de la physique et de la chimie, par exemple et de rendre ces projets concrets pour faire de la Terre un monde meilleur. Elle ne doutait pas que ça irait dans ce sens puisque malgré une mutation handicapante qui le rendait infréquentable pour certain, c'était un garçon gentil et qui donnait réellement de sa personne.

« Par exemple. » répétait-elle après lui, un fin sourire sur les lèvres à ce souvenir tout récent. Sans surprise, il lui renvoyait la question, bien qu'elle avait forcément moins d'éléments de réponse que lui... quoi que. « Sur une base très scolaire, j'aime bien les maths. Il y a pas vraiment besoin de comprendre, il suffit d'appliquer la règle sans se poser trop de questions. » Bon, il fallait dire qu'elle était pas non plus rendu à un niveau de dingue, elle n'était rendue qu'à faire des divisions, et encore, elle les posait, c'était dur le niveau peu élevé qu'elle avait encore. « En général en revanche, j'ai vraiment un penchant pour la nature, les animaux tout ça, je trouve ça fascinant. » Et contrairement à cette Madelyn qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam finalement, Jane s'intéressait davantage aux animaux marins qu'aux animaux terrestres. Elle s'intéressait bien plus aux soucis de pollution et au surplus de perche qu'à aller soigner des vaches dans des fermes. Les deux terrains avaient touchés les animaux, ça n'avait finalement rien à voir. « T'as une tâche de ketchup au coin des lèvres depuis deux grosses minutes, ça me perturbe. » Assez pour rester figée dessus ces deux minutes durant, de quoi donner des doutes à Alec sur ses intentions. Une personne dévorant vos lèvres du regard n'avait-elle pas pour intention de les dévorer tout court? Et bien non, pas encore. C'est la fin de son burger qu'elle se contentait de dévorer, grignotant quelques frites au passage.

« Si j'ai bien compris, t'as pas des masses d'amis mais du coup avec les professeurs de ta fac et ici, ça va? » Parce que eux ne le fréquentaient qu'en cours. Cela dit, avec le monde dans une faculté, il était peut-être déconcentré par tout ça aussi et ça pouvait tout autant énervé les professeurs qu'il regarde ailleurs plutôt qu'il écoute. « J'imagine qu'en amphi théâtre tu te met devant... ou que tu n'y va pas tout court. » Elle avait appris que les cours magistraux se passaient dans des amphi-théâtre remplis de monde où l'appel des élèves n'était évidemment pas fait. Pour éviter ce monde, elle se disait naturellement qu'il se mettait donc devant ou qu'il n'y allait pas tout court. Attrapant son verre pour boire un peu en écoutant sa réponse, elle repoussait légèrement son assiette devant elle, un geste qui venait de Madelyn sans le savoir signifiant simplement qu'elle avait terminé, qu'elle ne finirait pas ses frites - notamment pour laisser de la place au dessert dans son cas - et qu'elle attendait gentiment qu'il en fasse de même. « Si tu as un truc hyper important sur la vie à m'apprendre, je suis toute ouïe. »

Je parlais, je mangeais et elle fixait mes lèvres sans la moindre forme de gêne. C'était déroutant parce que les gens qui fixaient comme ça avaient généralement une idée derrière la tête et j'avais la ferme intuition que ce n'était ni le cas ni le genre de Jane. De quoi, du coup, être déroutant. - « T'as une tâche de ketchup au coin des lèvres depuis deux grosses minutes, ça me perturbe. » - Ah! Me disais aussi. - Et ma langue était venu lécher le coin de mes lèvres avant que ma serviette ne finisse le travail. Je n'avais pas répondu à sa question précédente, sur utiliser mes facilités autrement. J'avais seulement haussé les épaules avant d’enchaîner. Je n'avais pas de réponse à cette question. Je me pensais capable de m'adapter à d'autres domaines, mais ils faisaient moins de sens à mes yeux et de fait, je ne savais pas comment y aller. Comment logiquement m'y rendre. Ou peut être la logique n'avait aucun espèce de sens dans ce choix? Je revenais à mon burger, j'étais sur la fin, lorsqu'elle me parlait de la fac et des professeurs. Ma mémoire ramenait en avant la vision de ma professeur de droit civil, ou plus spécifiquement elle allongée sur le bureau de l'amphi, jupe relevée et moi dessus, dedans, enfin bref. Je chassais l'image, inadéquate en cette situation.

J'y vais pas, enfin pas souvent. J'évite un maximum les horaires dans la journée, je préfère les cours de fin de journée. Y'a moins de monde, c'est moins gênant pour moi... et eux. - Elle poussait son assiette et j'avisais ce qu'il restait de mon burger, pas tant que ça, avant de le fourrer dans ma bouche. Grossièrement. Soit je parlais trop, soit je mangeais trop lentement. Les deux options se valaient compte tenu de mon habitude à engloutir ma nourriture comme un mort de faim. il faut nourrir le Alec. Je mâchais, avalais, appréciais, buvais une gorgée pour faire passer le morceau et finalement piquais dans les frites. Je ne comptais pas les laisser, mais je pouvais faire plusieurs choses en même temps. - T'apprendre un truc important de la vie? Tout le monde dirait que je suis le dernier à qui il faut demander ce genre de chose. - Après tout, tout le monde tomberait d'accord pour dire que j'étais seulement capable de voyeurisme, de perversion et de... ouais, d'être sale. Une frite y passait. Puis une autre. Puis une autre pendant que je réfléchissais. J'avais mangé les miennes au fur et à mesure aussi le stock s'épuisait et lorsque le panier était vide j'étais bien obligé de donner une réponse. - La vie n'est pas juste. Une fois que t'as compris ça, c'est plus facile d'aller de l'avant, peut importe ce qui arrive. Et il n'y JAMAIS trop de frites. C'est d'égale importance.

Je buvais une longue gorgée, l'eau fraîche apaisant le sel des frites, aidant à la soif qui me prenait. Je poussais moi-même mon assiette, par pur mimétisme. Moi j'avais toujours de la place, je ne m'inquiétais même pas. Même si je devais rouler dans l'institut pour me déplacer, ça irait. - Mais tu sais, j'ai pas beaucoup d'amis parce que je suis dur à vivre. Les professeurs de la fac me voient peut être deux fois par semaine, quand j'y vais, donc je les épargne un maximum. Ils savent parce que je les ai prévenu, mais ils ne subissent pas vraiment. - Oui, j'y revenais. Après tout elle avait posé une question, non? - C'est les gens d'ici les véritables victimes. On devrait vous décerner une médaille pour m'avoir jeté au fond du lac depuis tout ce temps. - Je m'adossais au tabouret, étirant mon ventre. - Je suis plus à l'aise avec des "adultes"... - Je faisais des guillemets avec mes doigts. - ... parce qu'ils sont capables de ne pas me regarder de travers. Ils ont la maturité pour comprendre. Pas comme la plupart des gens de notre âge qui vont critiquer ou prendre la mouche immédiatement. Ou me taper dessus. - Ouais, ça arrivait. Et j'étais un adulte aussi, d'une certaine manière, alors c'était normal aussi. Enfin une heure par jour, parfois deux. Grandir est un piège, qu'on se le dise.

Seul un sourire amusé pouvait traverser son visage en présence d'Alec. Ce type était impossible dans le genre. Dès l'instant où il avait remarqué qu'elle avait fini son plat principal - ou plus précisément qu'elle laissait des restes - il avait fourrer son restant de burger dans sa bouche comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort. Il pourrait s'étouffer mais visiblement, il n'en avait que faire. Ne faisant aucune remarque là-dessus - fallait mieux pas, il serait capable de tenter de lui répondre et d'avaler de travers - elle profitait de son silence forcé pour lui poser une question qui pouvait entendre qu'il finisse sa bouche. A vrai dire, il commençait d'un point de vue auquel elle ne s'attendait pas. Fronçant très légèrement les sourcils, elle ne pouvait empêcher quelques mots de sortir, sincères mais quelque peu piquants dans leur genre. « Je m'en fou de l'opinion des autres. » Qu'il soit, aux yeux des autres, fait ou non pour lui apprendre quelque chose d'important, elle s'en fichait royalement. Si elle devait écouter ce que le monde disait de leurs semblables, la pourriture de ce monde l'aurait probablement assez atteinte pour que l'idée de mettre fin à ses jours la traverse. Sincèrement, elle voulait son point de vue sur la vie et elle se fichait bien de savoir si autrui le trouvait apte à le faire. Dans le genre, elle le trouvait bon d'ailleurs. Certes, ce n'était pas un point de vue des plus positifs comme on peut parfois lui connaître mais pour s’être réveillée sans souvenir, sans possibilité de marcher et avec une étiquette de terroriste collée sur le front, Jane trouvait Alec plutôt réaliste dans ses paroles. « Un jour je te ferais une fournée de frites extrême pour que tu me prouves ta théorie. » Jamais trop de frites, ben voyons, gourmand!

Tandis qu'elle lui laissait quand même du temps pour digérer, elle attrapait leurs deux assiettes pour les débarrasser tout en tendant l'oreille sur ce qu'il disait. « Je suis pas sûre mais je crois que ça s'appelle le savoir-vivre de ne pas jeter quelqu'un dans un lac quand il fait des choses qui ne sont pas de son ressors. » lui disait-elle avec un sourire rassurant. Il le disait lui-même, c'était dur de vivre avec lui mais visiblement, ce n'était pas impossible non plus. Peut-être que le fait d'être un grand nombre dans l'institut aidait aussi pas mal les choses. Alec ne croisait pas toujours les mêmes personnes et par conséquent, ce n'était pas toujours les mêmes non plus qui subissaient ses remarques. Il était clair que dans un espace restreint avec moins de personnes, ça pouvait vite être compliqué de garder totalement son calme face à lui. La concernant, ce qui l'aidait le plus était de relativiser. Il n'avait pas le choix de subir lui aussi et ce n'était jamais très méchant alors à quoi bon lui en vouloir? Ça ne savait rien et, comme il le soulignait lui-même en disant qu'il était plus à l'aise avec les adultes, c'était puéril. « On est pas nés dans la bonne génération toi et moi. » Sa mutation à lui, son étiquette à elle, les réactions des autres face à eux, les insultes et les coups les obligeaient à grandir plus vite que les autres et à fréquenter des gens d'une autre génération mais Jane ne pouvait pas s'empêcher de se dire que c'était peut-être, malheureusement pour lui, une chance pour elle d'avoir quelqu'un qui pouvait plus ou moins la comprendre comme elle pouvait plus ou moins le comprendre aussi.

« Banana split ou tu préfères une poire belle-hélène? » Lui demandait-elle en sortant des assiettes à dessert en se rendant compte que l'interroger sur ses préférences pour une banane ou une poire c'était assez risqué et bancal dans le genre. Trop tard et tente de rester neutre, c'est le meilleur moyen de ne pas éveiller des allusions sexuelles, si c'était un tant soit peu possible de les éviter avec Alec... Quant à elle, elle n'hésitait dorénavant plus après cette courte pensée, elle se préparait une poire. Même coupée en morceaux, une banane dans la bouche d'une fille dont le jeune homme avait déjà tendance à mater la paire de seins, ça serait vraiment de trop et la gêne s'installerait d'autant plus facilement entre eux, ce qu'elle ne souhaitait pas évidemment. Concentrée sur ce qu'elle faisait - elle ne tenait pas à se couper avec ses gestes à mobilité réduite - elle préparait les desserts selon la réponse d'Alec et les montait le plus joliment possible. Quand ce fut chose faite, elle posait l'assiette d'Alec face à lui et en profitait pour lui glisser quelques mots qui rebondissaient sur ses dernières paroles. « Je tiens à ce que tu restes toi-même avec moi, vis-à-vis de ta mutation je veux dire. Je te taperai pas dessus pour ça, pas méchamment en tout cas. » Parce qu'il existait tout de même ces petites tapes entre amis quand l'autre disait une connerie amusante et ça, elle ne pouvait pas lui garantir de ne pas lui en donner de temps en temps. De retour à sa propre place, elle attaquait le dessert. Sûr que pour lui, elle en laisserait pas une miette!

« On est pas nés dans la bonne génération toi et moi. » - Oh tu sais, c'est qu'une période à passer. Dans quelques années ça ira peut être mieux... - J'en pensais pas un mot, et d'ailleurs... - Ou pas. Mais qu'est-ce qu'on y peut après tout. - Parce que même si les gens autour de moi, les gens qui me connaissaient, acceptaient mes yeux et mon comportement le reste du monde lui n'en saurait jamais rien. Et il continuerait de me, nous, détester. Et le chemin que la société prenait ne faisait que m'effrayer d'autant plus. - « Banana split ou tu préfères une poire belle-hélène? » - Un sourire passait sur mes lèvres pendant qu'elle avait le dos tourné. - Faudrait demander à la belle-hélène si elle prendrait la banane tiens... - Trop facile? Ok, peut être. On est pas toujours bon non plus. - Banana pour moi, toujours. - Et je l'observais se mettre au travail, forcé de détourner le regard lorsqu'elle agitait la bombe de chantilly pour ne pas faire exploser mon pantalon, pour d'autres raisons que mon ventre bien plein. L'air pensif je laissais mon regard dérivé vers le plafond et finissais la tête penchée en arrière, la bouche ouverte, observant je ne sais pas trop qui. - Je connais une Hélène en plus...

« Je tiens à ce que tu restes toi-même avec moi, vis-à-vis de ta mutation je veux dire. Je te taperai pas dessus pour ça, pas méchamment en tout cas. » - Je baissais la tête pour poser mon regard sur la banana split. - Oh, très joli ça! - Il était temps d'ajouter un peu de sucre à cette alimentation à moitié équilibrée. J'attaquais mon dessert, perdant toute forme de lenteur, perdant aussi la voix. Je préférais me taire, la banane était le genre de chose qui me faisait dire des choses peu recommandable et si je pouvais la féliciter d'avoir penser à la couper en morceau pour éviter la vision étrange et gênante d'une banane entière dans ma bouche, je ne pouvais me retenir de lécher mes lèvres à chaque débordement de chantilly ou de crème glacée fondue. Je finissais la langue dans l'assiette à glaner la moindre goutte de crème, essuyant mon nez souillé avec ma serviette. - Tu vas devoir me faire rouler jusqu'à l'ascenseur ensuite, désolé. - Avais-je lâché en m'appuyant sur le dossier du tabouret, étendant mon ventre déjà trop tendu.

Néanmoins lorsqu'elle se levait pour débarrasser je bondissais sur mes pieds. - Ah non c'est moi qui fait! - Et j'attrapais les assiettes et allait me poster à l'évier pour faire la vaisselle. Et lorsqu'elle approchait? - Chut, non, lâche ce torchon! - Avant de lui envoyer quelques gouttes d'eaux innocentes au visage. Je lavais, j'égouttais, je séchais. - Ce serait quand même pas mal un lave-vaisselle quand même. - Je tournais la tête, laissant les dernières assiettes finir d'égoutter sur le bord de l’évier et... - Ok, j'ai rien dis. - Oh! un lave-vaisselle, juste là. Imbécile. - C'est ta faute avec la banane là. - On restait un peu à discuter, tranquillement, et finalement lorsque je la voyais fermer les yeux à plusieurs reprises je me levais. - Allez jeune fille, fais moi rouler jusqu'à l'ascenseur. - Je riais en l'attrapant par la taille. Aucune arrière pensée, pour une fois, mais la volonté de l'aider à marcher jusque là. Je savais ses difficultés, son apprentissage. Je l'avais vu réapprendre à marcher, à se déplacer. Je prenais conscience de l'énergie impossible à fournir pour survivre simplement un jour. Alors ouais, je la tenais, mais je faisais en sorte que ça ne passe pas pour ce que c'était. Plutôt pour une simple accolade en marchant. J'avais toujours été tactile, c'était pas neuf.

Ascenseur, bouton, je la tenais toujours mais je ne ressentais aucun malaise. Lorsque la porte coulissais je la lâchais et faisais un pas en avant et tendais le bras pour tenir la porte ouverte. - Besoin d'une escorte jusqu'à votre chambre, jeune fille? - Ouais, on était au troisième étage, pas au second.

Ne pas relever. Ne pas relever. Ne pas relever. Elle s'efforçait à le faire pour éviter toute tentation à Alec d'argumenter encore plus, de voir d'éventuelles boulettes dans ses dires et d'en profiter pour en rajouter une couche. Ne pas relever, ne pas en rajouter davantage, c'était se préserver mais le préserver également, même si elle ne doutait pas qu'il devait avoir une forme de satisfaction à tout cela - sans quoi sa mutation ne se serait pas autant développé. Quant à sa remarque qu'il se faisait un plaisir d'ignorer pour mieux se concentrer sur le dessert, elle ne lui en tenait pas rigueur non plus. Elle avait une forme de demande qui cachait une espèce de promesse et elle savait combien les promesses pouvaient devenir aisément des mensonges. Il en avait peut-être trop vécu lui-même pour la prendre au sérieux. Alors à son instar, elle ne disait rien de plus et attaquait le dessert, soulagée également de retrouver une place assise. Même si la préparation des desserts avaient été rapide, rester debout n'était pas de tout repos pour elle et encore plus pour l'une de ses jambes sur laquelle elle avait la fâcheuse tendance à mettre tout son poids. Autant dire que le dessert glacé passait sans encombre et que les assiettes étaient rapidement terminées... voire même carrément récurée n'est-ce pas Jameson? « Te faire rouler? Je vais avoir du mal, t'es encore trop carré, au moins en terme d'épaules. » Alec n'avait rien d'une allumette et encore moins d'un ballon de baudruche. Le faire rouler serait sacrément compliqué. « En revanche je peux te faire planer mais je suis pas bien sûre que tu apprécies l'initiative. » C'était humain après tout. A part pour les mutants volants ou ceux d'oter du même pouvoir qu'elle, plus ou moins, avoir les pieds qui quittaient le sol n'avaient rien de très agréable. C'était même, la plupart du temps, malaisant et source de peur que ce soit celle du vide ou de la hauteur.

Bientôt l'idée de faire la vaisselle - ou plutôt de mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle - lui venait à l'esprit mais ça, c'était sans compter sur Alec qui était bien déterminé à s'en débrouiller. Sans un mot elle le laissait donc faire, curieuse tout de même de savoir en combien de temps il allait se rendre compte qu'il s'embêtait pour rien. Heureusement qu'il ne s'agissait que de quatre assiettes, deux verres et quelques couverts, rien de bien encombrant ni long à faire à la main. Malheureusement pour lui, ce n'était qu'à la fin de sa besogne qu'il se rendait compte de la présence d'un lave-vaisselle dans la cuisine. En y pensant, heureusement qu'ils avaient prévu cet équipement. Avec le nombre d'élèves qu'il y avait ici, pour sûr que certains ne feraient pas leur vaisselle et que l'évier serait bien encombré. « Je te l'aurais bien dit mais tu semblais tellement déterminé à le faire par toi-même. Je voulais pas que tu sois déçu, tu comprends. » disait-elle non sans un sourire fortement amusé. Rien que pour ça elle aurait pu se prendre de nouveau des gouttelettes d'eau mais forcément, elle avait bien pris le temps de le dire une fois que l'évier était vide. De toute façon, il aurait tout le temps de la tremper et de se venger le reste de la soirée puisque, pour sûr, ça ne serait pas la dernière bêtise qui allait se glisser entre ses lèvres ce soir.

Quelques bêtises oui, quelques clignements d'yeux également, un peu trop longs pour ne pas se rendre compte que Morphée n'était pas loin. Alec s'en rendait d'ailleurs rapidement compte, loin d'être idiot, et si la blonde faisait une moue presque boudeuse, elle lui donnait raison et suivait le mouvement. Il était certain qu'elle aurait voulu continuer la soirée, ne ressentir aucune fatigue, parce qu'il s'agissait là d'une parenthèse agréable et la fermer l'ennuyait un peu. Soutenue par le brun, Jane avançait à son allure et ils se retrouvaient rapidement dans l'ascenseur qui les menait directement au troisième étage, le quartier de ces dames. « Tu as déjà fait beaucoup aujourd'hui, je crois que je peux me débrouiller toute seule sur quelques mètres. » Un sourire aux lèvres, elle s'autorisait à glisser un baiser sur sa joue avant de sortir de l'ascenseur. « Merci pour la soirée, c'était cool, ça change de d'habitude. » Patiente, elle attendait simplement que les portes se referment sur lui pour faire demi-tour et continuer sa route vers sa chambre. Ce soir-là, il serait fort probable que sa nuit soit plus douce.