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 Too many leaves for one girl. || Ft. Madelyn

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Prisoners • trapped & forgotten
Alec T. Jameson
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Quand est comme moi, un gros pistonné du cerveau, on a pas besoin de passer des heures à potasser ses cours. C'était la source de frustration de pas mal de monde. Je n'avais jamais eu besoin de bosser des heures pour apprendre quoi que ce soit. En fait, il me suffisait de lire quelque chose pour m'en souvenir presque totalement. C'était certes devenu plus compliqué avec mes études de droit mais j'avais toujours une avance considérable et dérangeante. Certains pensaient même que je me tapais les profs pour avoir de meilleures notes alors qu'en réalité j'avais des bonnes notes ET je me tapais les profs. Enfin pas tous. Mais en bon roi de la rumeur je savais que un égale tout lorsqu'on rapporte correctement l'information. Toujours est-il que pour une professeur satisfaites, j'avais cette réputation sur le dos, réputation dont je me fichais éperdument. Et puisque malgré tout, je devais lire au moins une fois ce que je retenais, je me retrouvais à la bibliothèque de l'institut avec un livre entre les doigts. J'aurais pu lire ça dans ma chambre, me je savais que dans ma chambre je serais incapable de me concentrer, alors j'étais resté là, avec ce bouquin passablement intéressant. Mes yeux parcouraient ses lignes avec rapidité... et je dois dire que je parcourais en survolant. C'était plus une question de culture que de véritables cours à apprendre ici, alors je faisais ça vite.

Une petite heure que j'étais là, le nez dans ces pages, et je passais ma main sur ma nuque lorsqu'elle commençait à me tirer un peu. Cette position assise tuait mon dos et je levais la tête en fermant les yeux pour les reposer. Pas de ce que je voyais, ils avaient l'habitude de ça, mais de l'air. Lorsqu'on se concentre on cligne moins souvent ils commençaient à me le faire sentir. Fatigue quad tu nous tiens. A travers mes paupières je voyais encore et à travers les murs j'observais l'extérieur. Le parc, les arbres, les jardins, et une jolie blonde avec une fourche entre les mains. Une fourche, le diable, c'était ce qu'elle était pour certains. Je souriais en la voyant. Jane avait été l'attraction numéro un de l'institut pendant un temps, dans son sens le plus malheureux. Personne ne lui parlait, personne ne l'avait approché sauf obligé. Moi je l'avais vu pleurer pendant que personne d'autre ne pouvait la voir. Alors j'étais allé la voir. Je fourrais le livre dans mon sac et j'enfilais ma veste avant de passer la bandoulière sur mon épaule. Un signe à Snow et je sortais de là, bien content de respirer un peu d'air frais. Il faisait encore très beau pour la saison mais l'air n'était plus aussi chaud que durant l'été, alors lire dans l'herbe était devenu moins agréable.

Je passais les portes et descendais les quelques marches pour que mes pieds ne foulent le gravier clair. C'était la fin de la journée et la plupart des élèves de l'institut se baladaient dehors, ou bossaient dedans. Moi j'en avais fini pour aujourd'hui... Enfin pas comme si j'avais un délais à respecter. Je traversais la distance et un sourire trahissait mon visage lorsque je m'approchais d'elle, rapidement stressé par quelques regards d'élèves peu discrets qui semblaient mal voir mon appréciation pour la jeune femme. Qu'ils aillent se faire fout... - Salut beauté! Comment ça s'passe? - Je sortais de mon sac une bouteille d'eau tout juste entamée et la lui tendais. - Petite soif? - Je regardais autour d'elle pour voir les feuilles mortes entassées, vaguement, avant de poser mon regard sur la fourche puis elle. - Et pourquoi tu les fais pas... - Je claquais des doigts et faisais onduler ma main comme pour mimer un truc qui flotte. - Dayle il fait ça des fois, c'est quand même plus simple. Non?


Dernière édition par Alec T. Jameson le Jeu 13 Oct - 1:20, édité 1 fois
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Des œillères. C'est ce qu'elle s'était mise autour des yeux, psychologiquement parlant. Elle ne pouvait pas éviter les murmures. S'assourdir laissait savoir qu'elle se fermait aux insultes et aux réflexions mais ça ne les effaçait pas pour autant et ça lui faisait même imaginer le pire en plus de lui faire perdre l'équilibre précaire qu'elle avait acquis. Les œillères psychologiques, elles, l'aidaient à tenir le coup. Les regards sur elle, elle ne les voyait plus, n'y prêtait plus d'attention. Elle ne les sentait plus sur elle comme des armes qui la fusillent en place publique. En à peine plus de deux mois de réveil, elle s'en était malheureusement formalisée, comme s'il s'agissait de quelque chose de normal, d'acquis. Etre seule aussi, la plupart du temps, elle y était habituée. Si au début, elle avait tenté de se sociabiliser, c'est les refus extérieurs qui l'avaient découragé et finalement, elle finissait toujours par demander si c'était possible d'être seule pour certaines tâches faites normalement à deux. Imposer sa présence, non seulement elle n'aimait pas ça mais si en plus c'était pour subir des agressions verbales et physiques ou se sentir de trop, elle ne préférait même pas essayer et jouait dorénavant la carte de la prudence et de la solitude - bien qu'elle en devait pesante. C'était de cette façon qu'elle se retrouvait seule à ramasser les feuilles sur une partie de l'immense parc qui entourait l'institut. Armée de son balai à feuilles, elle rassemblait les feuilles d'un vieux chêne qui se déplumait au fil des heures.

Étrangement, c'était une activité qui lui plaisait parce que ça avait le don de la détendre et de lui faire oublier sa situation inconfortable. Quand elle jardinait, que ça aille du simple balayage de feuilles à l'élaboration d'un potager, elle n'était soudainement plus la même, bercée par les bruits de la nature, ailleurs, un rappel de sa vie antérieure aux attentats probablement dont elle n'avait aucun souvenir quand son corps, lui, se rappelait encore. Elle faisait le vide autour d'elle, en elle, assez pour ne pas remarquer immédiatement que c'était à elle qu'on s'adressait, encore une fois par habitude. Elle se retournait souvent sous les voix d'adultes, celles des professeurs, rarement sur les plus jeunes mais pour le coup, la portée vocale cherchait clairement à l'atteindre, ce qui lui faisait relever les yeux. Ses iris émeraudes se portaient sur un jeune homme brun oscillant sûrement dans le même âge qu'elle, ou en tout cas celui qu'on lui avait estimé. « Euuuh, ça se passe, c'est déjà pas mal je crois. » ironisait-elle un peu. Bien ou mal, ce n'était que du ramassage de feuilles, ça avait ses bons comme ses mauvais côtés, elle y parvenait avec de la patience et un peu de concentration et c'était là le principal, bien qu'elle était un peu lente à la tâche. « Merci. » ajoutait-elle simplement en saisissant la bouteille pour en boire quelques gorgées, reposant quasiment tout son poids sur le balai à feuilles.

Profitant de cette petite pause, elle s'étonnait de le voir encore là. Certains élèves étaient un peu de sa trempe. Ils tentaient d'être gentils mais ils ne s'attardaient jamais, s'éloignant vite, poussés par une crainte dont elle ignorait la nature mais qu'elle devinait à leur regard. Alec, lui, restait et s'engageait sensiblement dans une conversation qui ravissait la jeune femme autant que ça lui faisait peur. Elle appréhendait toujours la suite des discussions, peu importe de qui elles venaient parce qu'elle avait eu le droit à des coups bas de personnes faussement intéressées pour mieux l'enfoncer dans sa galère par des mots qui se voulaient volontairement blessants. Encore un foutu réflexe de sauvegarde qu'elle avait acquis. « Parce que Dayle a la chance de pouvoir le faire. » Haussant un peu les épaules, elle lui rendait sa bouteille et rajoutait une minuscule explication qui suffirait pour que GoldenEye comprenne. « J'imagine que nos deux dons ne fonctionnent pas de la même manière. Je peux le faire que sur les humains. Les feuilles d'arbre sont plus rebelles qu'elles n'y paraient. » Valait mieux en rire qu'en pleurer, pas vrai?

Se penchant en avant avec une lenteur et un tremblement qui témoignaient de son équilibre pouvant rompre à tout moment, celle que tout le monde appelait Jane peinait à mettre les feuilles dans une large pelle de balayette avant de se redresser pour la vider dans un sac à végétaux. Bien qu'elle s'évertuait à effectuer la tâche qu'on lui avait donné, on ne lui avait pas interdit de discuter avec quelqu'un en même temps - à vrai dire, on lui avait même recommandé fortement - et quand enfin, elle se remettait assez droite pour être sûre de ne pas tomber, elle relâchait l'air de ses poumons pour aligner quelques mots. « Tu n'as pas peur de perdre quelques uns de tes amis à me parler? J'espère que tu sais que c'est un risque. » Plus ou moins vrai. Elle ignorait si quelqu'un avait perdu des amis parce qu'il ou elle avait osé lui adresser la parole quand elle n'était vu que comme une traîtresse, une terroriste au visage faussement angélique alors tout était possible. Irrémédiablement attirée par le regard doré du brun, elle ne doutait pas qu'il s'agissait là d'une belle conséquence de sa mutation - en tout cas, la concernant, elle trouvait ça joli tous ses éclats d'or - et elle ne pouvait pas s'empêcher de lui poser des questions sur ce qui se disait à son sujet. « Il parait que tu es incapable de t'arrêter dans l'utilisation de ton don. Ca doit pas être simple tout le temps. » Ne serait-ce que d'être regardé de travers pour la couleur de ses iris, ignorante qu'elle était sur les conséquences nombreuses et néfastes que pouvaient avoir la mutation du jeune homme sur lui-même et sur autrui.
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Aucune coopération ces foutues feuilles mortes... - Avais-je commenté distraitement. Distrait par quoi? Les feuilles? Oui, exactement. Je venais par réflexe d'écrire quelque chose sur mon téléphone, ça m'évitait de commenter oralement à quel point son corps me provoquait des choses. - Dayle c'est une histoire d'univers, j'ai rien compris quand il l'a expliqué... Faut dire que techniquement c'est pas à moi qu'il parlait aussi. - Je voyais tout mais je n'entendais rien, alors quand je pouvais entendre quelque chose... J'observais Jane se pencher pour pousser les feuilles et outre mon regard déviant sans aucune surprise vers son centre de gravité, je ressentais une sorte de mal aise à la voir galérer comme ça. - « Tu n'as pas peur de perdre quelques uns de tes amis à me parler? J'espère que tu sais que c'est un risque. » - Je laissais tomber mon sac par terre et posais ma veste par dessus. Je gardais mon t-shirt sur le dos. Je préférais de loin laisser ma peau à l'air libre mais quand l'air est si frais... - Pousses-toi jeune fille, pause syndicale. - Je lui laissais le balais en guise d'appui et me munissais d'une fourche courte, posée avec d'autres outils, avant de la charger de feuilles et de les foutre dans le sac.

Des amis j'en ai pas des masses tu sais. On accepte ma mutation parce que ce serait bien hypocrite autrement, mais de là à parler d'amis... - Ce serait vite dit. Tolérer ma mutation est une chose, supporter mon caractère en est une autre. Et même si tout le monde savait parfaitement que mon caractère, ou plutôt mon comportement, n'était que la conséquence de ma mutation et donc pas du tout de mon fait, les gens ne faisaient que rarement l'effort. Ils étaient rares les gens que je pouvais considérer comme des amis. Warren était l'un d'eux, même si je le mettais régulièrement mal à l'aise, il ne m'avait jamais laissé tomber. Et j'avais toujours l'écharpe dans mes affaires. Je faisais fuir les gens, je comprenais pourquoi, ça ne m'aidait pas pour autant à faire avec. Je poussais un peu quelques feuilles et chargeais un nouveau tas que je déversais dans le sac. C'est certain qu'entre ses capacités motrices actuelles et mon corps d’Apollon... Le boulot serait vite fait si je le faisais. Et puis ça ne me dérangeait pas: j'avais déjà esquivé les corvées trois fois. - « Il parait que tu es incapable de t'arrêter dans l'utilisation de ton don. Ça doit pas être simple tout le temps. »

Je m'arrêtais une seconde, m'appuyant moi-même sur la fourche pour la regarder, un air légèrement ennuyé. Je n'aimais pas trop en parler parce que c'était l'une des facettes de mon pouvoir qui dérangeait le plus. Je ne voulais pas la faire fuir. D'un autre côté je ne me sentais pas de simplement lui dire que je ne voulais pas en parler... parce que je savais qu'elle ne parlait à personne. Et je ne voulais pas la priver de ça. Ni elle, ni moi d'ailleurs. - Disons que je peux, techniquement... Mais j'en ai besoin. J'ai besoin de voir. Donc si je m'arrête... Enfin bref c'est une torture de ne pas voir. - Le mot voir prenait avec moi un sens bien supérieur. Je n'avais plus éteint mon pouvoir depuis des années, de très longues années, et je n'osais même pas imaginer ce que je deviendrais sans. A l'époque je pouvais encore me permettre de faire des pauses, les pulsions étaient supportables quelques heures, voire quelques jours. Mais maintenant? Maintenant je ne pourrais pas le supporter. Maintenant je regardais les courbes parfaites de ses hanches et je savais pertinemment que me priver de ma vue serait ma perte. Je la quittais du regard comme si on venait de me prendre sur le fait et je reprenais mon oeuvre. - Pardon. - Avais-je d'ailleurs ajouté. Elle était consciente de ce que je faisais parce que je le lui avais expliqué... Mais avec ce que les gens pouvaient bien dire ici, je ne voulais pas le gêner plus que ça. Parce que oui, même si j'étais le roi de la rumeur, je n'étais pas de ceux qui parlaient dans le dos des autres.. Enfin sauf pour commenter un joli petit cul.
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Il lui arrachait sans mal un sourire quand il révélait à demi-mots qu'il avait écouté une conversation qui ne le concernait pas. Pour sa part, ça ne fonctionnait que sur les humains. Elle ignorait pourquoi, elle ignorait jusqu'à l'intérêt d'avoir un tel don parfois - comme maintenant, c'est vrai que ça serait foutrement plus pratique si elle pouvait faire flotter les feuilles - elle ne faisait que constater les faits. Ce n'était pas pour autant qu'elle se plaignait de son pouvoir qu'elle trouvait bien pratique par moment, elle ne pouvait pas le nier. Elle l'observait à peine lorsqu'elle lui posait la question relative aux amis, bien trop concentrée sur sa tâche et sur son équilibre. Ce n'était qu'en relevant les yeux sous sa sommation qu'elle comprenait qu'il allait faire le boulot à sa place. « Jeune fille? Tu t'es vu hein, little baby. » plaisantait-elle même si elle ignorait autant l'âge d'Alec que son propre âge finalement. Ce n'était pas ce qui comptait le plus de toute façon. Si elle n'était pas contre de l'aide, il pouvait rêver pour qu'elle le laisse tout faire. S'il y avait bien une chose qui ne changeait pas et ne changerait probablement jamais c'était son caractère avec cette tendance à l'entraide ou plus précisément cette sensation de malaise de laisser une personne faire les choses seule quand on peut l'aider un minimum. C'est cette façon de penser qui l'amenait à s'éloigner un peu et à s'asseoir sur le sol. Oh non, elle ne prenait pas une pause, elle s'octroyait seulement une position plus confortable pour continuer à ramener les feuilles et à en faire des tas, même si ce n'était qu'autour d'elle et qu'elle devenait tendre les bras pour balayer le plus loin possible. Ridicule? Oui mais rien à foutre actuellement.

« Tu peux déjà en compter une. » d'amie. Jane ne lui disait pas ça pour lui faire plaisir ou pour le rassurer de quoi que ce soit. C'était, encore une fois, qu'un foutu constat. Pour les fois il lui avait parlé, pour les fois même où leurs regards se sont seulement croisés sans aucune animosité, elle ne pouvait que constater qu'elle l'appréciait. Certes, il semblait dire qu'il avait un caractère particulier à supporter à long terme mais pour le moment, il pouvait la compter en amie parce qu'elle le supportait très bien. A voir où ça les mènerait s'ils étaient amenés à se fréquenter plus souvent mais elle doutait qu'elle puisse changer d'avis. A vrai dire, elle-même étant dans une position délicate à cause de l'étiquette qu'on lui collait dans le dos, elle ne pouvait que le comprendre. Lui tourner le dos n'était pas envisageable alors qu'il était le seul à la supporter réellement en dehors des professeurs. Elle pouvait bien le supporter aussi, c'était même normal pour elle de le faire, sans y avoir aucun intérêt derrière et sans avoir à faire d'effort pour cela. Elle l'appréciait, point, ça s'arrêtait là.

Elle posait des questions, trop peut-être. Elle le voyait bien à ses traits plutôt fermés quand elle abordait son incapacité à stopper sa mutation. Elle était prête à s'excuser, prête à lui dire d'oublier cette question visiblement sensible et déplacée mais c'était sans compter sur sa réponse rapide et sincère. Elle l'observait parler, elle l'écoutait attentivement. Probablement qu'elle ne poserait plus de question relative à ça mais elle ne pouvait pas empêcher son esprit de retourner ses mots quelques fois. Elle comprenait rapidement que le don d'Alec était devenu une véritable dépendance, une drogue, et nul n'était sans savoir qu'une dépendance quelconque n'a absolument rien de drôle. Le besoin de voir à son maximum, ça engendrait chez lui le besoin de tout commenter, de tout regarder dans les moindres détails et elle le voyait aisément à cette façon qu'il avait de la fixer à certains moments et surtout à certains endroits, ceux cachés pour les yeux du monde sauf pour les siens. De quoi rendre mal à l'aise, c'était certain mais elle comprenait, alors qu'elle se redressait de nouveau, que c'était un besoin pour lui, une curiosité maladive à nourrir, encore plus maintenant qu'il s'excusait de l'observer. « Il y a pas de mal. » Elle préférait se faire littéralement déshabiller du regard et se sentir mal à l'aise pour ça bien plus que de se prendre des insultes et subir des gestes violents. Et puis, quand on réfléchissait bien, il y avait pas mort d'homme et il y avait même ce petit côté flatteur. Encore une trace de Madelyn qui traînait quelque part en Jane, en cette façon de voir les choses du bon côté.

Posant ses fesses un peu plus loin sur la pelouse pour continuer son travail de rassemblement de feuilles, elle avait le réflexe de lever une fesse à la sensation d'humidité froide sur son jean. « J'ai le cerveau qui va avec ma couleur de cheveux, c'est rassurant. » Ou pas. Autour de l'arbre, le soleil de l'après-midi avait permis de sécher l'herbe mais sous l'arbre... son ombre avait empêché l'humidité de s'en aller et Jane se retrouvait avec un jean humide et vert. Ses connaissances minimes ne lui permettaient pas de savoir si ces traces vertes allaient s'en aller à la machine mais sa moue faisait part de son appréhension. En étant une totale inconnue et en ayant débarqué ici sans aucun vêtement hors ceux qu'elle portait déjà, il fallait dire qu'elle n'avait pas cinquante fringues à se mettre sur le dos et ça serait quand même bête de tuer un jean. Maintenant que c'était fait de toute façon, elle ne pouvait pas revenir en arrière. Entre deux coups de balai à feuilles, elle relevait ses iris vers les siens et haussait une épaule, comme si ses paroles qui venaient étaient une évidence. « Tu vas sûrement trouver ça stupidement spontané mais je me demandais si ça te dirait qu'on mange ensemble ce soir? » Elle ne voulait le forcer à rien mais elle tenait à préciser ses pensées. « J'aime bien lire des trucs concrets en dehors des cours et j'ai appris quelques trucs en cuisine. Ça me plairait bien de te faire ton dîner pour te remercier de ton aide, même si ça a rien à voir avec une cuisine de grand chef... Si tu es d'accord bien entendu. »


Dernière édition par Madelyn Underwood le Jeu 20 Oct - 1:30, édité 1 fois
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« Tu peux déjà en compter une. » - J'avais souri sans répondre autre chose qu'un simple regard. C'est sur ça me faisait plaisir. Et puis finalement elle me rassurait et allait s'asseoir par terre avant de pester toute seule. Enfin dans sa tête. Peut être. Je l'avais vu sentir le froid de l'herbe humide. - « J'ai le cerveau qui va avec ma couleur de cheveux, c'est rassurant. » - J'étouffais un rire. - C'est pas évident à faire partir au lavage ça en plus. Mais on trouverait bien une solution. Et sinon ce serait opération shopping. Bien sûr que je savais ce qui se trouvait dans sa penderie. Je savais tout ce que tout le monde avait, même la boite noire secrète de Warren et ce qu'elle contenait. Une honte qu'il n'utilise pas ça plus souvent. Il me manquait, mon voisin de chambre. Je ne voyais qu'une pièce vide et ça me faisait déprimer. Je la voyais continuer de rassembler les feuilles alors que je vidais une autre fourche dans le sac. Pause syndicale! Je l'avais dis non? Oh et puis zut. - Et au pire on te trouvera d'autres vêtements, c'est pas comme si le monde n'était pas plein de boutiques prêtes à être dévalisées. - Voilà, solution toute trouvée.

« Tu vas sûrement trouver ça stupidement spontané mais je me demandais si ça te dirait qu'on mange ensemble ce soir? » - Je m'arrêtais une seconde pour l'observer, m'appuyant sur la fourche d'un air distrait. - Oui, je suis choqué par cette proposition. Vraiment. - Mon rire accompagnait mes paroles et je reprenais mon boulot. Enfin son boulot. Enfin peu importe. - De toute façon j'avais rien de prévu pour ce soir alors pourquoi pas. - Je m'arrêtais une seconde, laissais mon regard se perdre pendant que je réfléchissais, puis tournais la tête vers elle avant de reprendre la tâche. - Dans le doute je vais préparer le numéro pour commander une pizza. - Je fourrais la dernière fourche de feuille dans le sac. - C'est pas que j'ai pas confiance en tes talents de cuisinière... mais on sait jamais. - Bon en fait j'avais pas confiance, mais en sa mémoire. Elle avait peut être oublié être mauvaise cuisinière et j'allais être sa première victime. Alors la pizza donnerait le change. C'est que mon corps, il fallait le nourrir!

Je finissais de grappiller les quelques dernières feuilles qu'elle avait rassemblé là et les foutais dans le sac avant de la rejoindre. - Ça c'est fait. - Je fourrais les mains dans les poches en la regardant faire. - Tu m'excuseras je m’assois pas avec toi, je tiens à mon pantalon, moi. - Je levais le regard vers le ciel, l'air pensif. - Ou alors je l'enlève... - Bah quoi, bien sûr que c'était une option. C'était toujours une option. Je baissais le regard sur elle à nouveau, laissant volontairement cette option en suspend, et reprenais. - Et donc? Qu'est-ce qu'on mange?
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Opération shopping qu'il disait. Si elle ne répondait pas, elle n'en pensait pas moins. S'il était capable de voir qu'elle était habillée avec des fringues qu'on lui avait donné histoire qu'elle traîne pas à poil, il devait être capable d'entrevoir un portefeuille vide. Pas d'argent, pas même de papier pour certifier de son état civil. A vrai dire, même pas de portefeuille tout court, elle n'aurait rien à mettre dedans. Pour faire une opération shopping, il fallait de l'argent, pour avoir de l'argent, il fallait un boulot - ou un héritage mais ça c'était une autre question - et pour avoir un boulot, il fallait exister aux yeux de l'Etat et ce n'était pas son cas ou en tant que terroriste et là c'est les patrons qui veulent plus de vous. Autant dire que dans sa petite tête, l'opération shopping c'était niet, elle préférait s'acharner au lavage pour conserver les fringues qui trônaient déjà dans son armoire. Elle pourrait faire la manche, voilée, elle pourrait clairement vendre son corps - Alec ne dirait pas le contraire pour ce qui est de la marchandise, n'est-ce pas - toujours voilée. Mais l'un comme l'autre, ça ne lui convenait pas et elle serait d'autant plus peinée. Il restait le travail au noir. Pas de déclaration, invisible aux yeux de l'Etat une nouvelle fois mais encore fallait-il trouver et avoir l'envie de bosser comme un acharné pour des clopinettes. Non, clairement elle se contentait de ce qu'elle avait pour l'instant et restait bien protégée des yeux du monde à la x-mansion.

Bientôt c'était le rire d'Alec qui se faufilait dans la conversation. Réflexe... lui lancer une poignée de feuilles. Je peux vous dire que ça vole pas très bien les feuilles... C'était le sien de rire finalement qui le suivait suite à sa réflexion sur la pizza, quelle saloperie putain. « Non mais hé! Ais au moins un peu de confiance en mes capacités d'apprentissage. » Ouais un peu... pas trop... on sait jamais, en effet. A défaut de savoir si elle était bonne cuisinière ou non dans le passé, elle avait appris beaucoup de choses dans les livres et elle savait quand même suivre une recette sur un bouquin, ça avait rien de compliqué, elle comptait pas l'empoisonner. Les feuilles ramassées, elle se demandait pourquoi ils faisaient tout ça en fait. « Quand je pense que demain, il y en aura sûrement autant. » Bah ouais, l'automne quoi, so much fun pour ramasser les feuilles. Une petite moue sur le visage, elle semblait dépitée à cette idée mais le jeune homme la ramenait à la réalité avec une option suspendue dans l'air des plus saugrenues. « Il parait que je suis qu'une jeune fille, tu oserais pas quand même. » disait-elle avec ironie. Lui tendant la main, elle prenait volontiers une dernière aide de sa part pour se relever. « Merci pour l'aide. Je crois que tu m'as épargné une bonne heure de plus à courir après les feuilles. » Après les feuilles oui, mais pas seulement...

Reposant son outil sur le chariot roulant, un regard malicieux traversait son visage, clairement prête à dire une connerie, et probablement à en faire une aussi. « Pour moi je sais. Pour toi, puisque tu doutes tant de mes talents culinaires, tu auras que des glands! » Ramassés au pied de l'arbre au moment de se relever une dernière fois, Jane le mitraillait de glands, profitant de la surprise pour s'échapper et se cacher derrière l'arbre. Enfin se cacher... tout est relatif avec Alec quand il s'agit de cachette. Plus habile des mains et des bras que de ses jambes, elle profitait de la bassesse d'une branche large, affaissée par son propre poids, pour se hisser et poser ses fesses avant que l'attaqué ne la rejoigne. Elle n'était pas hors de portée, elle le savait bien mais elle ne pouvait grimper plus haut et d'ici, elle pouvait s'armer d'autres glands. « Ramènes-toi si t'es un homme, GoldenEye. » Un soupçon de défi dans la voix, elle s'apprêtait déjà à le mitrailler de nouveau.
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« Quand je pense que demain, il y en aura sûrement autant. » - Oui mais demain, c'est pas à toi de le faire. - Et je tapais dans un tout petit tas de feuilles rescapé avec mon pied. - Rien à foutre. - De toute façon elle avait fini pour aujourd'hui, alors bonne chance au suivant. - « Il parait que je suis qu'une jeune fille, tu oserais pas quand même. » - Bien sûr que j'oserais, non mais qu'est-ce qu'elle croyait? Je la regardais en détail, plus que d'habitude, et la montrais du doigt. Cette fois mon commentaire je ne l'écrivais pas. - Crois-moi, t'es pas une si jeune fille que ça. - Avec un corps pareil, aucun risque. J'en connaissais un rayon sur l'anatomie humaine, et j'étais sûr de moi. Je l'aidais à se relever et étouffais un "C'est vite dit" en rapport à ses paroles. Courir... Oui, plutôt ramper. Ou sautiller. Ou trembloter comme une vieille. Je remettais les mains dans mes poches et elle répondait. Manger. Manger. Glands? Pardon? Mais pas le temps de réfléchir que j'étais assailli par les projectiles et me retournais tout en courbant légèrement le dos pour protéger ma tête. - Hey!

La guerre était ouverte? Oui, certainement. Lorsque je pouvais enfin me retourner, je la voyais se carapater, toutes proportions gardées compte tenu de son état, derrière l'arbre. Bon en réalité j'avais largement eu le temps de la regarder faire, totalement incrédule. L'arbre n'était qu'un voile à travers lequel je la voyais se hisser sur une branche. - Descend de là tu vas te faire mal. - « Ramènes-toi si t'es un homme, GoldenEye. » - Et la voilà qui me narguait maintenant. Je la voyais parfaitement à travers ce vieux chêne, je savais dans quel sens elle était tournée et je choisissais de passer de l'autre côté. Je contournais le tronc pour arriver dans son dos à pas de loup, du moins autant que possible avec les feuilles mortes. Au moins ce serait moins facile pour elle de viser en se tournant sur la branche. Vu sa taille d'ailleurs, elle ne supporterait pas mon poids en plus alors la seule option c'était l'inverse. J'arrivais pas derrière, évitant soigneusement son regard, et me plantais juste en dessous, silencieux, hors de champ de vision. Je n'avais plus qu'a saisir sa cheville et tirer vers le bas. - Tout le monde descend!

Ce que je n'avais pas prévu c'était l'état de la branche. Alors que Jane aurait dû simplement glisser vers le sol, la branche craqua, occasionnant une chute. Par chance j'étais juste en dessous et je rattrapais Jane dans mes bras. On pourra pas dire que j'avais pas de bon réflexes. Ma tête était couverte de feuilles et de poussière mais mon regard la fixait droit dans les yeux. - Ça fait deux fois que quelqu'un me tombe dans les bras depuis un arbre, ça commence à devenir une habitude. - Je la rendais au sol et commençais à ébouriffer mes cheveux pour faire tomber le bordel qu'il y avait dessus. - J'en ai encore?
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Elle se répétait maintes et maintes fois qu'il n'avait pas le choix, que c'était une conséquence de sa mutation et pourtant, se sentir mal à l'aise sous ses regards et sous ses remarques que beaucoup pensent désobligeantes était humain. Forcément, face à ce genre de réaction, du point de vue de Jane, la meilleure chose a faire était de ne pas relever pour ne pas alimenter la discussion sur cette pente sinon il n'allait jamais s'arrêter de parler. Elle préférait passer au dessus, évincer la chose pour mieux partir sur un terrain de jeu en lui lançant des glands. C'était quand même une meilleure vengeance que ces saloperies de feuilles! Elle le provoquait volontairement et s'amusait sans mal de ses mots. « Mais non, je suis pas en sucre, je crains pas grand chose. » Preuve en était, elle avait été retrouvée sous les décombres de l'hôpital. Ce n'était pas en tombant d'une branche qu'elle allait se tuer, normalement. Correctement assise, elle avait le réflexe de regarder devant, attendant la venue du jeune homme probablement prêt à se venger à son tour mais il se trouvait qu'Alec était plus rusée que la blonde et faisait le tour de l'arbre. Elle l'entendait, un peu, marcher sous le craquement des quelques feuilles qui restaient mais elle était incapable de savoir s'il était loin devant ou près derrière, d'autant plus qu'elle n'arrivait pas à se tourner correctement pour l'apercevoir.

Ce n'était qu'en sentant sa main autour de sa cheville qu'elle se rendait compte de sa présence, vite entraînée vers le bas, la branche de l'arbre avec elle. Naturellement, elle se faisait plus légère en influençant sa propre gravité dans les bras du jeune homme même si elle n'y restait que quelques secondes. « Te plains pas, on t'aide à faire ta muscu. » Elle n'avait pas besoin de voir à travers les fringues pour le constater, il suffisait de poser deux secondes son regard sur lui pour voir qu'il remplissait son t-shirt de muscles et pas de gras. Retrouvant le sol, elle le débarrassait d'une feuille rescapée dans ses cheveux suite à sa demande. « Tu vas avoir besoin d'une douche quand même. » Jetant un œil à sa montre, elle rajoutait quelques mots. « Tu as deux heures, deux heures et demi pour la prendre, ça suffira ou t'es pire qu'une fille? » Quoi? Il fallait être aveugle pour ne pas voir qu'il prend soin de lui et de son apparence quand même. Emboîtant le pas pour retourner vers le chariot qu'elle poussait - et dont elle se servait comme appui - pour aller le ranger, elle répondait plus ou moins à sa question initiale. « Je veux juste savoir si tu es allergique à quelque chose ou si tu as un régime alimentaire spécifique. Pour le reste, je ne dirais rien. » Il pouvait très bien être vegan ou un truc du genre. Quant au menu, il en aurait la surprise et puis c'est tout.

Abandonnant le chariot dans le hangar approprié, elle se dirigeait ensuite en compagnie d'Alec vers l'intérieur de la résidence et plus précisément vers l'ascenseur dont elle avait besoin pour monter à l'étage des dortoirs des filles. Il n'était pas le seul à avoir besoin d'une douche et de se changer avant de se mettre à cuisiner. « Je te donne jusqu'à 20h30 maximum pour ramener tes fesses dans la cuisine. Après ça, je commence sans toi. » Depuis que son estomac se réhabituait à accueillir des aliments solides - et non par sonde comme elle avait eu pendant ses mois de coma - elle prenait un grand plaisir à manger et c'était une mauvaise idée que de la priver. Un véritable estomac sur patte quand elle s'y mettait. S'engouffrant dans le géant de métal avec le brun, elle appuyait sur les boutons 2 et 3, bien consciente que s'il la suivait, c'était pour se rendre à son dortoir également. Le second étage atteint, c'était bien entendu celui des garçons, profitant de l'agencement du manoir pour ironiser. « Je savais que tu finirais par m'abandonner, je le savais. » Un dernier sourire, un dernier regard et l'ascenseur continuait sa route jusqu'au troisième où la jeune fille s'activait, elle n'avait pas de temps à perdre si elle voulait que le dîner soit prêt à l'heure.
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Vous la justifiez plutôt. Kurt c'est pas un poids compliqué à soulever. - Si je faisais ma muscu avec des Kurt, je serais encore tout maigre. Ou alors ce serait un autre genre de sport. Elle me débarrassait d'une dernière feuille et m'annonçait le temps que j'avais pour me préparer. - Hmm... J'ai un doute, mais ça devrait aller. Peut être. - C'était large, très large. Même si j'étais effectivement du genre à prendre mon temps sous la douche parce que j'aimais rester sous l'eau, je n'étais pas de ceux qui passaient trente minutes pour tenir dans un angle spécifique de trois degrés Sud Est une seule mèche de cheveux. Je lui lançais finalement un sourire lorsqu'elle évoquait un quelconque régime. - Non, rien du tout. Si ça se mange, alors c'est bon pour moi. - J'étais pas du genre à me restreindre niveau nourriture ou boisson. Rares étaient les choses que je n'aimais pas vraiment et aussi lourd ou gras soit le plat, je savais qu'il serait éliminé de mon système dés la prochaine séance de sport, ou la seconde, dépend du plat. Ceci réglé, j'accompagnais Jane jusqu'au hangar à outil pour y laisser le chariot et on rejoignait le manoir et l'ascenseur pour monter. J'aurais pu prendre les escaliers, mais c'était quand même plus fun avec le tube cosmique dans le mur.

« Je te donne jusqu'à 20h30 maximum pour ramener tes fesses dans la cuisine. Après ça, je commence sans toi. » - Mes fesses seront prêtes, promis. - Je montais à bord et on montais. Lorsque le second étage était atteint, la porte s'ouvrait et je faisais un peu vers l'extérieur. - « Je savais que tu finirais par m'abandonner, je le savais. » - Je me retournais, mon regard brillant la fixant droit dans les yeux. - Oh mais je ne te quitte pas du regard, rassure toi. - La bonne vieille blague flippante récurrente. Je la faisais à tout le monde, j'adorais voir leur visage se décomposer en comprenant. Il s'avérait que la moitié du temps je ne mettais jamais cette affirmation à exécution. Et puis le reste du temps... La porte de l'ascenseur coulissait et brisait le contact visuel. Je m'en retournais alors jusqu'à ma chambre, tombant mes vêtements pour aller me réfugier sous l'eau fumante, exilant tout résidu végétal intrus dans mes cheveux, et ailleurs. Vous seriez surpris de la détermination de ces petites branches. Je quittais finalement la salle de bain pour m'habiller. Rien de trop formel, rien de trop casanier non plus. Je troquais souvent mes vêtements pour un bon pantalon de survêtement mais là je n'allais pas piller la cuisine et remonter, alors autant être présentable.

Si j'avais remis un jeans, je portais désormais un sweat à capuche sur mon t-shirt et je descendais les escaliers calmement. Avant de sortir de la chambre j'avais jeté un œil en l'air pour ne pas la voir dans sa chambre et un œil en bas pour la voir s'afférer dans la cuisine sans pour autant pouvoir voir ce qu'elle préparait. Ce serait donc effectivement la surprise, quoi qu'une fois dans le hall, une odeur particulière titillait mes narines. Je connaissais, enfin quelque chose dans ces effluves me semblait familier. Ne perdons pas de temps, de toute façon j'étais affamé. Je traversais la distance, les mains fourrées dans les poches du sweat et je me calais dans l'embrasure de la porte, épaule contre l'encadrement. - Alors, alors. Qu'est-ce qu'on mange? Je te préviens, mon estomac est en manque, c'est violent.
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Une douche rapidement prise, un jean noir et un top de la même couleur imprimé d'une tête de mort tout aussi vite enfilés et elle se rendait déjà dans la cuisine pour s'atteler à la préparation du repas. A vrai dire, elle avait un peu réfléchi sous la douche. De base, sa première idée avait été de faire une pizza maison. Rien de bien sorcier finalement mais qu'Alec lui fasse comprendre que si son talent culinaire était médiocre ils allaient commander une pizza, autant dire qu'elle n'avait pas trop envie de se frotter à une quelconque industrie ou pizzeria connue pour en faire des délicieuses. Elle avait donc délaissé l'idée pour se pencher sur une autre: une petite salade césar pour l'entrée suivi d'un hamburger maison et de ses french fries, bien entendu. Quand au dessert, il n'y avait rien de plus simple à faire qu'un banana split ou une poire belle hélène selon les goûts du jeune homme mais pour ça, elle le ferait au dernier moment et à une seule condition: avoir encore faim. De son côté, elle doutait pouvoir s'enfiler tout ça même si elle n'était pas le genre de fille à manger que de la salade et des légumes, elle gardait un petit estomac qui avait encore du mal à accepter trop de nourriture solide.

Ca faisait donc un peu plus d'une heure qu'elle était en cuisine quand Alec ramenait le bout de son nez, déjà curieux de ce qu'il allait avoir à se mettre sous la dent. Relevant le regard sur lui, un sourire pointait au coin de ses lèvres, visiblement encline à raconter des bêtises. « Tu vas être déçu. Je ne fais que ça. J'ai raté tout le reste. » Sur l'îlot central de la cuisine, elle avait seulement déposé les assiettes de salade... autant dire pas grand chose, d'autant plus quand il s'agit d'un mec qui a la dalle. Foutage de gueule? Un petit peu. Il fallait être enrhumé ou sans odorat pour ne pas se rendre compte qu'autre chose était en train de cuir dans cette cuisine. « Je plaisante mais la suite reste une surprise pour le moment. » Même si elle avait parfaitement conscience qu'il pouvait fouiller la cuisine de son regard sans bouger d'un pouce et aisément deviner ce qui se préparait pour la suite. « On ferait mieux de commencer sinon le reste va être soit cramé, soit froid. » Et clairement, pour un burger et des frites, l'un ou l'autre, c'était juste immonde. « T'attends pas à de la grande gastronomie non plus. » Elle préférait le prévenir, on sait jamais...

Faisant le tour de l'îlot de la cuisine, elle le rejoignait de l'autre côté, prenant place sur un tabouret tout en lui souhaitant un bon appétit poli. De son côté, elle ne trouvait pas ça mauvais mais bon, ce n'était qu'une salade. Il fallait clairement être sans aucune connaissance pour louper une salade, surtout aussi simple que la césar. Elle ne doutait pas d'elle, pas sur ce coup-là, c'est bien pour ça qu'elle ne cherchait pas à savoir s'il aimait cela ou non et qu'elle entamait directement une discussion, bien loin de celle de la nourriture. « Comment t'as atterri ici au juste? » Demandait-elle tout en leur servant de l'eau. De ce qu'elle avait compris, l'école était là pour des jeunes mutants qui voulaient maîtriser leur don. Il était clair qu'Alec, de son côté, n'avait rien à maîtriser puisqu'il refusait d'éteindre son don ne serait-ce que quelques secondes. Forcément, ça poussait la curiosité de Jane pour savoir ce qu'il faisait là, quel était son but à être à la x-mansion et surtout, comment il était arrivé ici. Après tout, en ayant aucune envie de faire taire son pouvoir, il n'avait aucune raison non plus de venir ici ou à ce qu'un professeur vienne le chercher.
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Je suivais son geste du regard pour le poser sur les deux assiettes de salade césar, ou en tout cas je supposais que c'était ça vu les quelques morceaux de poulet, de tomate et de parmesan, et je revenais à elle, un air légèrement effrayé sur le visage. Je dis légèrement, parce que je sais me tenir, mais effrayé quand même parce que j'étais affamé et que ça ne se fait pas d'aller chercher autre chose alors que quelqu'un vous a préparer quelque chose. L'odeur que je sentais ne correspondait pas à ce que je voyais mais sur le coup je n'y pensais pas et c'est seulement lorsqu'elle me rassurait que tout prenait du sens. - J'ai eu peur de devoir appeler la pizzeria! - Si le reste était une surprise alors je ne cherchais pas à savoir et me dirigeais vers l’îlot pour m'installer sur le tabouret. Elle nous avait installé à l'angle, elle d'un côté, moi de l'autre, pour qu'on se fasse face sans pour autant que ce soit un tête à tête. - « T'attends pas à de la grande gastronomie non plus. » - Oh crois-moi, la cuisine gastronomique, c'est très surfait. - Combien de fois avais-je dû avaler ces amuses-bouche mousseux immondes sous prétexte que c'est de la grande cuisine... Non, ça monsieur, c'est de la mousse violette de légume dégueulasse au milieu d'une assiette dix fois trop grande.

Je répondais à son "bon appétit" par un sourire avant de piquer un morceau de poulet grillé avec une feuille verte et de la sauce pour le fourrer dans ma bouche. - Ok, si tout est comme ça, je pense qu'on peut oublier la pizzeria. - C'était très bon. C'est sûr, c'était qu'une salade, mais j'en connaissais un qui aurait raté même une salade. Oui, mon père, exactement. Pas foutu de survivre sans son cuistot ou sa femme. Je prenais mes aises, quoi que je n'avais pas vraiment été inquiet de la qualité de sa cuisine. Pas réellement. - « Comment t'as atterri ici au juste? » - Je levais mon regard sur son visage, un bout de salade dépassant de mes lèvres avant de disparaitre. - C'est pas très équitable, moi je sais déjà comment t'es arrivée. - Comme tout le monde dans l'école en fait. Ce n'était un secret pour personne. Et techniquement la raison de ma présence n'était pas plus un secret mais c'était clairement moins connu principalement parce que c'était pas vraiment important.

C'est Warren qui m'a invité au départ. - Je parlais en faisant des gestes avec ma fourchette. - Quand je suis arrivé à New York il m'attendait à l'aéroport, courtoisie de ma mère qui voulait être sûr que j'étais entre de bonnes mains ici. - Je haussais les épaules. - Il a réussi à me persuader de venir visiter et je me suis rendu compte que c'était plus sympa ici qu'ailleurs. - Je lui lançais un sourire. - Tu sais j'étais plutôt seul avant de venir ici. A part Warren je n'avais personne et tu peux discuter avec tout le monde, si tu n'as personne qui importe, tu es seul. Ici au moins j'ai pas l'impression d'être différent, ni d'être seul. - Je n'étais ni élève, ni professeur. J'étais seulement un résident. Je louais la chambre, ou plus précisément on me prêtait la chambre et je pillais la bouffe. Et des fois je me rendais utile, mais seulement des fois. Je tournais la tête vers le mur, côté salon, pour observer le billard et les trois types qui y jouaient. Entre queux et boules, des pensées impures me venaient et lorsque ma bouche s'ouvrait pour les prononcer je me mordais la lèvre. Encore une fois mon téléphone servait de réceptacle et mon estomac se tordait légèrement. Me changer les idées, vite, poitrine droit devant. - Et toi alors? Comment tu t'en sors? T'as des souvenirs qui te reviennent?
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Avec un simple rire, elle ajoutait seulement qu'il devait potentiellement s'y préparer à appeler la pizzeria. Après tout, on sait jamais. Une salade, c'est relativement simple. Des burgers et des frites aussi mais il suffisait d'un manque de cuisson ou au contraire d'un surplus pour que ça rate et que ce soit immangeable. C'était pour cette seule raison d'ailleurs qu'il arrivait qu'elle quitte le regard d'Alec pour mieux constater l'heure qui avançait sur la pendule. L'heure... elle avait eu un peu de mal à réapprendre à lire une pendule mais dorénavant, elle pouvait le considérer comme acquis sans craindre de s'être trompée dans les temps de cuisson. Un simple sourire aux lèvres qui transpirait le remerciement accompagnait les paroles du jeune homme, visiblement satisfait de la petite entrée qui était plus une mise en bouche qu'une réelle entrée. Elle avait clairement tout misé, en terme de satisfaction de faim, sur le plat principal. C'était risqué mais ça la représentait relativement bien finalement. C'était bien beau de manger mais les blancs en compagnie de quelqu'un, ce n'était pas vraiment son truc alors forcément, elle était rapidement amenée à lui poser des questions. Pas seulement pour combler la conversation, c'était vrai. Ça serait mentir que de dire qu'elle ne s'intéressait pas à lui, humainement parlant, bien entendu. Comprendre sa présence ici, le pourquoi du comment il était amené à parler à une fille comme elle, une fille que la plupart fuit comme la peste pour les on dit ou simplement par peur d'être catégorisé d'ami de.

Alors forcément, c'était avec un regard intéressé - bien que de temps en temps détourné vers son assiette qui lui ouvrait l'appétit - qu'elle écoutait sa réponse et à vrai dire, elle était clairement étonnée. Elle percutait qu'il était seulement résident sans avoir la casquette d'étudiant. Elle ne pensait pas que c'était possible et comprenait ainsi mieux pourquoi certains mutants voyaient en l'école un havre de paix et non pas une école à proprement parler. De son côté, si on retirait l'aspect d'harcèlement moral et parfois physique que certains lui faisaient subir, elle gardait tout de même cette image d'école, cet endroit où l'on se tue les neurones à apprendre. Même si elle adorait ça, c'était un effort qui lui coûtait en énergie et parfois même en patience quand elle n'arrivait pas à apprendre quelque chose ou qu'elle se trouvait en difficulté pour comprendre. Cette raison suffisait à expliquer qu'elle se sentait plus en internat que réellement chez elle, qu'elle ne voyait pas totalement l'école comme une maison, comme un endroit de paix. « Warren est un type cool. » Enfin cool... ça dépendait par moment. Quand il la forçait à aller chercher au fond d'elle des restants d'énergie et de force insoupçonnés pour marcher et retrouver sa forme physique, elle le trouvait étrangement moins cool bien que ça finissait par payer. « Parce que tu viens d'où exactement? » Question légitime puisqu'il venait de dire que c'était Warren qui l'avait accueilli à la sortie de l'avion. « C'est bizarre que tu étais seul. Hormis ta spécificité, t'es sympathique et pas méchant comme garçon. C'est dommage que personne à part Warren n'ait cherché plus loin. » Sa spécificité, autrement dit son don qui l'obligeait à être d'une franchise désarçonnante, parfois même souvent gênante. Elle pouvait comprendre que ça mette mal à l'aise, elle l'avait déjà subit et constatée mais au point de le repousser alors qu'il n'y pouvait rien, elle trouvait ça idiot. De son point de vue, c'était comme si on repoussait un handicapé physique ou mental pour sa différence. Idiot oui et méchant surtout parce qu'à l'instar d'un handicapé, Alec n'avait rien demandé et subissait tout autant sa mutation.

Elle apprenait petit à petit, au fil de leurs entrevues, à se faire au don d'Alec et surtout à ses conséquences. A ses regards lourds de sens, à ses mots crus et francs, à ses pupilles se posant sur des parties du corps qu'on aimerait lui cacher sans y parvenir. Exactement comme sa poitrine qu'elle sentait observée par les yeux inquisiteurs de Jameson. La gêne d'être ainsi reluquée, elle l'avait - et elle ne s'envolerait pas de ci-tôt, elle le savait - mais la compassion et la dérision, elle en était aussi dotée. C'était donc sans cérémonie qu'elle saisissait - quand même délicatement - le menton du jeune homme pour relever son visage vers elle, capté son regard du sien et lui répondre d'un sourire amusé. « Je m'en sors mieux que toi on dirait. » Le lâchant pour mieux se reporter sur son assiette - et tant pis s'il pouvait décidément pas s'empêcher de la mater - elle finissait par réellement lui répondre, avec sérieux sans pour autant y mettre trop de tragédie non plus, ils étaient pas là pour ça. « En termes d'apprentissage, ça va. Je m'en sors plutôt bien même si j'ai clairement une préférence pour les math que pour la lecture, par exemple. » Probablement parce que les Math était comme un jeu de logique alors que la lecture était bourrée de difficultés et n'avait aucune logique. « Pour les souvenirs, rien de nouveau mais apparemment ça peut rester comme ça plusieurs mois voire à vie. Je dirais que j'essaie plus de me faire à l'idée de ne pas avoir de souvenir plutôt que de tenter de les retrouver alors que je sais même pas ce que je cherche vraiment. » Essayer de se rappeler d'une sœur quand on en a pas, par exemple, ça serait idiot et énergivore alors elle préférait laisser le temps faire les choses... si jamais il voulait bien faire quelque chose... « C'est surtout le sommeil qui me pose souci. Je suis bombardée d'images sans savoir si c'est juste un mauvais rêve ou un souvenir, du coup je suis souvent rendue dehors la nuit ou à errer dans le manoir. Je crois que d'essayer de dormir et être réveillée par un cauchemar c'est finalement plus fatiguant que de dormir très peu, j'ai fait mon choix du coup. »

Un dernier coup de fourchette et elle finissait son assiette, bondissant - tout est relatif - de son tabouret pour mieux aller arrêter le four et les poêles. Sortant deux autres assiettes, elle montait les burgers sous les yeux d'Alec, visiblement concentrée à la tâche et manquait de se brûler en déposant quelques frites dans un petit panier de métal. « Désolée, elles promettent d'être croustillantes. » Elles n'étaient pas brûlées mais clairement, elles étaient plus dorées qu'elles ne devaient l'être. Heureusement le burger, lui, semblait parfait à l’œil en tout cas... si seulement elle n'avait pas oublié d'y mettre de la sauce. C'est de retour près de lui et en coupant un bout qu'elle portait à sa bouche qu'elle s'en rendait compte. Autant dire qu'un burger sans sauce, il n'y avait que la viande et le fromage qui donnaient du goût... autrement dit, rien de délicieux. Stoppant Alec dans son potentiel geste de mangeur, elle le privait de son assiette. « Je refuse que tu puisses croire que je suis une buse à ce point en cuisine. Tu ne goûteras pas ce burger avant que j'y ajoute ce que j'ai bêtement oublié... et tu n’appelleras pas la pizzeria non plus! » Autant dire l'élément essentiel d'un burger... la honte. « Mayo ou ketchup? Ou les deux? »
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« Je m'en sors mieux que toi on dirait. » - Désolé. - Avais-je dis l'air sincère. Je l'étais, vraiment. Je n'avais pas le choix que de plier sous ma mutation, elle faisait parti de moi à un niveau génétique que je ne comprenais pas toujours, mais ça ne m’empêchais pas d'être désolé pour ce que je pouvais dire ou faire. J'avais malgré tout conscience de tout ça, de ce que je faisais, de ce que les gens pouvaient subir, de ce qu'ils pouvaient se dire et penser. D'eux, de moi, de ma volonté dans tout ça. Parce que les gens avaient tendance à se persuader que je ne faisais pas d'effort, pire encore que je mentais sur cet esclavagisme de ma mutation... De quoi parfois me donner envie de m'éloigner du monde et pourtant, je restais. Pourquoi? Qui sait...
J’acquiesçais à son récapitulatif, content d'apprendre que malgré tout elle parvenait encore à faire des progrès. - Faut peut être juste être patient. Enfin, peut être. - Qu'est-ce que j'en savais aussi. Je pouvais observer l'intérieur de son cerveau sans pour autant y comprendre quoi que ce soit. Je pouvais seulement supposer, espérer un peu pour elle mais sa "philosophie" avait du sens. Mieux valait accepter ça comme une réalité plutôt que d'espérer quelque chose qui n'arriverait jamais. - Bah si tu dors pas la nuit, tu peux venir me réveiller. Je te tiendrais compagnie.

Elle sautait sur ses pieds et prenait mon assiette vide alors que mon regard partait dans le vide, signe d'une réflexion intense. - Ou alors tu me regarderas dormir parce que t'aura pas réussi à me réveiller, ou parce que j'aurais pas tenu. - Mon regard se posait à nouveau sur elle. - Mais je suis mignon quand je dors, alors ça va. - Tout dépend. Les nuits où je me cramponnais à mon coussin comme à un doudou, oui. Les nuits de grand déchet avec bouche ouverte et bave... certainement moins. Mais les mœurs et les fétichismes ne se discutent pas. Mon regard déviait et pour une fois les deux jolies choses rebondies que j'observais se trouvaient être les pains supérieurs des burgers qu'elle nous préparait et une langue gourmande venait mouiller mes lèvres. - « Désolée, elles promettent d'être croustillantes. » - Une frite est une frite, et une frite n'est jamais mauvaise. - Sauf totalement cramée, ou totalement crue... Mais ce n'était pas le cas aussi j'attendais ce petit panier avec impatience. Et lorsqu'elle revenait vers l’îlot avec nos assiettes je gigotais sur mon tabouret comme un enfant. Assiettes posées, elle installée, j'en profitais pour observais ce que j'avais devant moi pour constater la lacune en sauce mais sans rien dire.

Allait-elle le dire, ne rien dire, s'en rendre compte ou non? Je faisais mine de saisir le burger et à peine avais-je fais un geste en avant qu'elle m'interrompait. - Je savais que j'aurais dû appeler la pizzeria! - « Mayo ou ketchup? Ou les deux? » - Les deux! - Avais-je dis en me retournant. Je piquais une frite en passant, croustillante à souhait, et elle revenait. Là encore, je gigotais sur mon tabouret et ne perdait pas une seconde pour saisir le burger et l'amener à ma bouche. Après tout en soit c'était tout bête à faire et pourtant c'était toujours bon. Et celui-ci ne dérogeait pas à la règle. - Oh bo l... - J'avalais ma bouchée. - Ah bah là, encore mieux! - Ne pas parler la bouche pleine, simple règle parfois oubliée. Faut dire qu'à l'époque où la convenance était si importante, ma première règle était justement de bafouer toutes les autres. - Et sinon je viens de Londres, ça s'entend à mon accent, non? - J'affichais un sourire. Me replonger dans tout ça ne m'amusait pas vraiment mais ça n'était pas un tabou. Je ne le criais pas sur tous les toits mais je n'avais aucune raison de le cacher. - Mes parents m'ont... "déporté" à New York. Ils me préfèrent loin, très loin. Et du coup Warren est venu m’accueillir parce que ma mère a appelé sa mère. - Je haussais les épaules, disant ceci avant de prendre une nouvelle bouchée. - Elle veut pas plus me voir qu'avant, mais je suppose qu'elle voulait quand même être sûre que ça irait.
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Un sourire sur les lèvres, Jane ne pouvait s'empêcher de se dire que si elle le faisait, elle allait très certainement lui gâcher toutes ses nuits. « Crois-moi, tu veux pas que je te réveille à chaque fois que je suis moi-même réveillée. Ça ferait baisser tes capacités sportives, ça serait bête quand même. » Parce que son temps libre, il le passerait à rattraper les nuits gâchées ou à défaut, il se fatiguerait plus rapidement en salle de sport. Quoi qu'il en soit, c'était pas la meilleure des idées pour lui. Néanmoins elle riait à l'image de le regarder dormir. « T'imagines, tu te réveilles à ce moment-là? Ça serait sacrément creepy. » Se réveiller avec une personne toute proche en train de vous regarder... ouais, sérieusement, ça faisait sacrément film d'horreur cette bêtise, on allait éviter. En revanche, elle gardait la proposition en tête. Si elle ne comptait pas le réveiller à chaque fois, de temps en temps, il était vrai que ça ferait une bonne compagnie pour passer le temps ou pour tenter de retrouver le sommeil.

Le pointant du doigt, elle lui lançait un regard entre le sérieux et la fille prête à rire. « Je vais te priver de ton téléphone si tu me menaces encore d'appeler cette pizzeria, fait gaffe. » Attrapant les sauces demandées, elle en mettait dans le burger avant de le refermer comme si de rien était. Retrouvant sa place rapidement après avoir corrigé son erreur, elle se posait près de lui et grignotait une frite en observant sa réaction qui ne se faisait pas attendre. « Je sais avec quoi te soudoyer maintenant. » Se servir d'un burger comme appât, pour sûr qu'elle était capable. C'était probablement sa seule arme réelle d'ailleurs. Mangeant un morceau à son tour, elle haussait une épaule avant d'avaler pour mieux lui répondre. « Ça s'entend si, mais si j'ai oublié jusqu'à mon prénom, j'oublie aussi d'où vienne les accents. » Valait mieux en rire qu'en pleurer pas vrai. Suite à quoi la conversation devenait de suite moins marrante. Par moment, c'est peut-être une chance de ne pas se souvenir de ses parents finalement. « Pour ce que j'en sais, tu t'en sors très bien. » Mettre l'accent sur le positif plus que sur le négatif, toujours! Et c'était non sans un sourire malicieux qu'elle ajoutait quelques mots pour détendre l'atmosphère et oublier cette question pour le moins intrusive sans vraiment le vouloir. « J'aurais du m'en douter de toute façon. Il y a que les anglais qui ont un tel charme. » Quoi? Elle allait pas le cacher non plus. Toute personne censée, pas trop timide et honnête, lui dirait sans honte et c'était son cas. Alec avait du charme, c'était certain.

Attaquant sérieusement son burger, elle passait quelques minutes silencieuses, à nourrir son estomac avant de se tourner vers lui. Curieuse de beaucoup de choses le concernant, elle se tenait prête à le bombarder de questions et elle espérait qu'il serait à même de lui répondre. « Pourquoi t'as choisi le droit en fait? Hasard, envie, conviction? » Elle savait que certaines personnes prenaient cette voie pour faire changer les choses, pour rendre justice ou faire de cette dernière une justice meilleure. C'était peut-être son cas. Ou encore d'autre choisissait cela parce que c'était une nouvelle matière, que tout le monde démarrait au même niveau et qu'il s'agissait là d'une occasion d'être bon à l'école. « Je t'avoue que ça m'impressionne, ça m'a l'air bien compliqué comme truc. » Pour ce qu'elle en savait, c'est-à-dire pas grand chose puisqu'elle avait oublié l'intégralité de sa vie mais quoi qu'il en soit, il se disait à la x-mansion que le droit était sûrement la matière la plus difficile après médecine. « Surtout que j'ai pas l'impression que tu étudies beaucoup par rapport aux autres étudiants de droit. » C'est pas qu'elle en avait vu des tonnes mais pour en avoir vu, ils ne semblaient pas avoir de vie autre que leurs études, ce qui n'était clairement pas le cas d'Alec.
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Prisoners • trapped & forgotten
Alec T. Jameson
Alec T. Jameson
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Too many leaves for one girl.
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« T'imagines, tu te réveilles à ce moment-là? Ça serait sacrément creepy. » - Oui, c'est vrai que se faire regarder en secret, c'est très creepy. - Et c'est surtout pas du tout ce que je faisais toute la journée avec tout le monde. Quoi que moi c'était pas un secret, elle était peut être là la différence. Lorsqu'elle mentionnait ne pas se souvenirs de l'origine des accents j'avais une sueur froide. J'aurais dû y penser. Tant pis. - « J'aurais du m'en douter de toute façon. Il y a que les anglais qui ont un tel charme. » - Mes joues rougissaient légèrement alors qu'un sourire passait sur mes lèvres. Et plutôt que m'enfoncer dans le sol, je préférais briser la tension. - Ouais, c'est vrai qu'on est pas mal. - J'avais ris avant de prendre une énième bouchée. Si elle voulait me soudoyer avec ça à l'avenir, elle pouvait bien me demander n'importe quoi, je le ferais. Quoi qu'il y avait déjà peu de chose que je ne ferais pas, donc le soudoiement serait pour ces choses là. Et il fonctionnerait.

« Pourquoi t'as choisi le droit en fait? Hasard, envie, conviction? » - Bonne question. Non, non et non? Je posais le burger et m'essuyais les mains pendant qu'elle continuait à parler. La serviette venait essuyer mes lèvres et je levais un regard en l'air tout en réfléchissant, observant je ne sais pas trop qui entrain de se doucher. - Disons que c'était... un choix logique. - Mon regard revenait à elle. - J'ai toujours été bon pour trouver la faille dans les règles, ça m'a paru naturel de suivre cette voie en fait. - Je haussais les épaules. Rien à voir avec mon père et son domaine d'expertise. Si une quelconque fierté masculine me dictait peut être de le surpasser, je ne m'arrêtais certainement pas à ça. Je ne m'arrêtais plus à lui depuis bien longtemps. - Mais non, je suis pas un bosseur acharné. Jamais eu besoin. - Avais-je lâché avant de reprendre mon burger en main pour croquer dedans. C'était vrai, et je n'exagérais pas. J'avais toujours eu d'énormes facilités pour comprendre, apprendre, mémoriser. Il n'était pas question de mémoire absolue non... Mais dans cet ordre d'idée. Mon cerveau avait toujours été très actif et parfois je me demandais comment je serais si je n'avais pas eu cette mutation qui parasitais mes pensées.

Au moins j'ai pas mal de temps pour faire d'autres choses... - Un sourire à une pensée. - Comme par exemple ramasser tes feuilles. - J'attrapais mon verre d'une main et buvais une gorgée, ne sentant pas la pointe de ketchup qui s'était posée au coin de mes lèvres. - Et toi alors? - Je savais parfaitement de quoi était faite sa vie actuellement, mais ça ne coûtait rien d'y penser. - Tu réapprends tout, je sais, mais y'a rien qui t'attire déjà? Comme une familiarité? Ou quelque chose où tu te sens plus à l'aise? - Je haussais les épaules, pas expert non plus. - Parait que parfois on se focalise sur des souvenirs concrets alors qu'en fait c'est ce genre de simple "confort" qui permet de se souvenir de choses.
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