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La pluie s'est enfin calmée. Enfin ! Je suis assise dans le café, près de la vitrine. Les gens se pressent au comptoir pour un café qu'ils avalent en deux secondes et en face de moi, Anita commente l'actualité, un journal à la main. Ma tasse vide est posée en face de moi, j'ai bu doucement pour ne pas réveiller la douleur que j'ai à la lèvre. Petite discussion autour de la manifestation pro-mutants qui a mal tourné. Qui « ont » mal tourné, la manif, et la discussion. Douglas est resté inconscient une partie de la nuit, après que je l'ai poussé dans la douche et qui ait brisé la paroi de verre. Quant à moi, j'avais déjà subi ses assauts. Ma lèvre est toujours douloureuse. Fort heureusement, il n'est pas allé jusqu'au cocard, parce que les lunettes de soleil de bon matin auraient forcément fait tâche. Anita est adorable, elle ne dit rien, elle sait. Quand elle me voit, elle fait comme s'il ne se passait rien, c'est ce que je lui demande. Parfois, j'ai peur quand nos joutes verbales finissent en free fight. J'ai peur de lui, je ne pense pas qu'il ait peur de moi. Je laisse Anita continuer son énoncé des pages imprimées... Des faits divers puis je glisse un œil sur la première de couverture et lui arrache le journal des mains : « District X ? »
Je me rends à la page concernée pendant que ma collègue commence à m'expliquer le fonctionnement de la chose, quartier réservé aux mutants pour qu'ils ne soient pas menacés et puissent vivre entre eux... La belle excuse, même si je pense que ça part d'un bon sentiment, c'est tellement stupide comme décision ! Récemment, il a été question d'établir un couvre-feu pour les femmes, pour les « protéger » d'agressions masculines. En Allemagne, un wagon d'une ligne très prise a été réservé pour les femmes. Quel message ça envoie ? Que celles qui voyagent dans les wagons mixtes donnent l'autorisation de se faire violer parce qu'elles n'étaient pas « entre elles » ? Et maintenant ? On se fera tuer ou griller par la HPU si on se ne cache pas dans le ghetto ? L'article m'énerve déjà, je fais une boulette du journal et je le claque sur la table d'à côté, sous le regard compatissant d'Anita qui me glisse que j'ai toujours défendu les mutants, parce que j'ai bon cœur... J'ai bon gêne, plutôt, mais peu importe. Nous échangeons quelques mots puis je m'excuse, je dois sortir... La pluie s'est calmée mais un voile humide couvre toujours les ombres qui circulent dans le rue, il est tôt, très tôt.
Je fais quelques pas puis m'adosse à un bâtiment quelconque. Ils offrent quand même le bâton pour se faire battre ces stupides homo-sapiens. Je veux bien qu'ils ne soient pas tous bons à dézinguer mais quand même, ils pourraient essayer de me filer un petit coup de main pour plaider leur cause. Quand je les regarde, je ne vois aucun potentiel, je ne vois qu'un aveuglement persistant, une sorte de dernier combat avant la fin. Ils pourraient évoluer avec nous, au lieu de se battre contre des moulins à vent. On ne combat pas l'évolution. Une silhouette attire mon attention parmi les autres. Je ramène mes cheveux vers l'arrière et décide de lui emboîter le pas. Il accélère, manque de me semer à un angle de rue. Je presse le pas, encore, jusqu'à courir derrière lui et finalement, il m'attend. Il a remonté son col et attend patiemment. « Je peux savoir pourquoi tu me surveilles ? » Silence gênant, c'est un ami de mon compagnon. Il avance prudemment vers moi, me file un coup d'épaule en passant et repart. Je pourrais... ce serait si simple. Je reste quelques secondes immobiles, les jambes vissées dans le sol, les bras le long de mon corps. Ce serait tellement simple, si ça pouvait être définitif. Je ferme les yeux un instant puis me retourne pour le rejoindre. Qu'est-ce qu'ils savent sur les mutants ? Et sur moi ? Je m'arrête quand j'aperçois Isaak sur le trottoir d'en face. Tiens, quand on parle de mutants... en voilà le terrible prince.
Isaak n'est pas ce que j'appellerais un extrémiste, il est plutôt... bon d'accord, il a sans doute été un peu extrémiste à un moment donné. Mais j'ai déjà eu l'occasion de discuter un peu avec lui, et je suis sure qu'il peut tempérer son opinion et envisager d'autres alternatives... Après tout, ce sont les hommes intelligents qui préfèrent la stratégie aux coups, n'est-ce pas ? Isaak ne me fait pas peur, mais il a cette expression profondément dure qui inspire la crainte, un charisme qui force au respect. Je traverse la route sans gêner la circulation puis le rejoins en me glissant derrière lui, passant silencieusement une main sur son épaule. J'avais songé au « coucou c'est qui » mais vu la réaction que j'ai moi-même eu avec Jared, je n'ose imaginer comment Isaak aurait réagi...
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Judith & Isaak Il avait passé sa matinée à observer l’une des entrées du District X, où plutôt l’un des checkpoint qui en barrait les accès. Cette mesure était une aberration. Alors maintenant ils ne se contentaient plus de les arrêter, ils voulaient en plus les parquer dans un ghetto ? Et quelle serait la prochaine étape ? Les tatouer ou bien les envoyer dans des camps de travail ? Oui, cette analogie était facile, trop sans doute, mais Isaak ne pouvait pas s’empêcher de la faire. Toutes ces méthodes, ces mesures qu’ils prenaient contre ne visaient qu’une chose, leur anéantissement. Isaak dépassa un nouveau groupe de gens agglutinés devant un café, continuant son chemin. Il traversait la foule sans prêter attention aux gens d’un pas vif, la tête basse et les mains enfoncées dans ses poches. Il fallait qu’ils trouvent une solution et vite. Ils ne pouvaient pas se permettre de continuer à subir ces attaques de la part des Watchers aussi bien que du gouvernement sans rien tenter. Mais qu’est ce qu’ils pouvaient faire ? Leur alliance avec l’institut Xavier ne concernait que les Watchers et la Confrérie était loin d’être assez puissante pour espérer pouvoir tenir tête au gouvernement. Surtout maintenant que le HPU avait récupéré de nouvelles armes. Il ne doutait pas des siens. Il ne douterait jamais d’eux mais Isaak commençait à se poser des questions. Et ça ne le rassurait pas. Au bout de plusieurs minutes, le Lehnsherr ralentit le pas et ferma encore un peu plus son esprit pour ne plus être parasité par les pensées des personnes présentent. Il s’immobilisa sur le bord du trottoir, le visage grave et balaya les alentours du regard, comme s’il espérait qu’une solution lui tombe soudainement du ciel. Qu’est ce qu’il espérait ? Cette guerre que son père avait lancé et qu’il s’évertuait à continuer n’était peut être qu’une cause perdue d’avance. Il s’était juré de tous les exterminer pour leur faire payer la mort de Leah mais n’avait rien changé. Ça faisait près de vingt ans. Près de vingt ans qu’il s’était engagé sur cette voix par vengeance et il n’avait pas avancé d’un pas. Perdu dans ses pensées et incapable de déceler la moindre présence du fait du blocage provoqué par son don, il sursauta en sentant une main se poser sur son épaule, ses barrières mentales volant en éclat au même instant, lui faisant subitement ressentir les pensées de toutes les personnes aux alentours. Grommelant de douleur, il porta une main à sa tempe le temps de refermer son esprit tout en se retournant vers l’inconnu qui venait de lui faire cette surprise et s’immobilisa en reconnaissant Judith. Il se massa pendant un instant sa tempe avec son index et son majeur avant de finalement baisser sa main et d’offrir un bref sourire à la jeune femme tout en prenant la parole d’une voix éraillée par la douleur encore présente dans son crâne. « Judith. On peut dire que tu m’as pris par surprise. » C’était bien la première fois qu’on le surprenait de la sorte. Il fallait qu’il soit plus prudent à l’avenir. Il avait eu de la chance que ce soit elle, n’importe qui aurait pu s’en prendre à lui sans même qu’il ne décèle la moindre animosité. Il ne devait pas reprendre de risque pareil en pleine ville, il ne pouvait pas se le permettre. Il observa les alentours, son regard suivant le passage d’un fourgon du HPU mais reporta rapidement son attention sur Judith, reprenant d’une voix normale cette fois. « Ça me fait plaisir de te voir. Comment vas-tu ? » Il ponctua sa phrase par un nouveau sourire, moins crispé que le précédent. « Tu allais quelque part peut être ? Je peux faire un bout de chemin avec toi ? » Il n’avait rien de prévu de toute façon alors il pouvait bien marcher un peu avec elle et discuter. D’autant plus qu’il aimerait bien avoir son point de vue sur la nouvelle idée du gouvernement. Judith était une des rares personnes avec lesquelles il parlait vraiment librement. Même avec son père ou Tadeusz, Isaak ne se permettait pas d’aborder certains sujets et avait du mal à s’ouvrir complètement. Mais avec la jeune femme il était plus... Ouvert. Il ne la connaissait que depuis peu de temps mais avait tout de suite apprécié la jeune femme, même si elle ne partageait pas forcément ses idéaux. Il s’était fait la réflexion, lorsqu’il avait appris le pouvoir qu’elle possédait qu’il pourrait tenter de la rallier à leur cause mais s’était ravisé. Il n’avait pas complètement abandonné cette idée et la gardait en tête bien sûr mais il ne voulait pas lui forcer la main. Et puis, avec l’ouverture du District X, il ne doutait pas qu’elle finirait éventuellement par adhérer à sa cause. Comme tous ceux qui étaient encore contre la Confrérie finalement. Si cette mesure avait un bon côté, c’était peut être celui là. Elle permettrait d’ouvrir les yeux des sceptiques et de ceux qui espéraient encore que le gouvernement ne les trahirait pas. |
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Au moment où ma main vient se poser sur son épaule, il sursaute. Je retire brutalement ma main et pivote sur le côté, je ne sais pas ce que je crois anticiper... N'importe quoi... Je soupire doucement, passe les doigts sous mon coude en levant les yeux au ciel. Quant à Isaak, il porte immédiatement une main à sa tempe. Ouch... Je n'envisage même pas d'utiliser mon don sur lui parce qu'on n'en a jamais parlé et qu'en général, les mutants n'aiment pas se sentir démuni de leur pouvoir, et ça me semble normal. Outre un moyen de défense, c'est avant une partie de soi.
Jamais je n'ai envisagé pouvoir en être dépourvue, que ce soit d'une façon ou d'une autre. Sur le même raisonnement, j'imagine que la plupart des humains ne voudraient pas se retrouver du jour au lendemain mutant. C'est cette peur, et cette méconnaissance, qui fait que les jeunes mutants paniquent en découvrant qui ils sont vraiment. C'est en les confinant dans cette culture du « normal » qu'ils essaient de fuir au lieu de contrôler... Et ainsi, le cercle vicieux peut tranquillement se poursuivre. Jusqu'aux lois de recensement, jusqu'aux district spéciaux.
Je reste interdite quelques instants avant qu'il ne réalise qu'il ne s'agisse que de moi. Fort heureusement, parce qu'Isaak n'est pas de ceux qu'on doit absolument capturer vivants... Je jette un coup d'oeil autour de nous, comme pour vérifier que personne ne surgit arme au poing. Mais non, les passants continuent de se promener tranquillement, comme si rien n'avait véritablement changé depuis Alcatraz, comme si les mutants ne devenaient pas l'espèce à confiner, de laquelle il faut vite se débarrasser. Mais tout cela se passera de façon discrète, n'en doutons pas. Tout cela se fera poliment, avec des « s'il vous plaît », « nous vous prions » puis « nous vous sommons ».
Est-ce par peur ou par confort, je l'ignore, mais je ne suis pas jamais vraiment sentie prête à dire à la Confrérie : allez, j'arrive. Sans doute parce qu'ils ont manqué d'autres alternatives et que je n'arrive pas à voir les homo sapiens vraiment comme l'espèce en voie disparition... ou comme inférieurs... juste différents. Je le regarde alors qu'il semble... reprendre contact avec lui-même... Je joins les mains devant moi et cherche son regard. « Judith. On peut dire que tu m’as pris par surprise. » Je lui souris, comme en guise d'excuses puis jette une nouvelle oeillade au-dessus de son épaule avant de lui répondre avec légèreté : « Ça ne m'étonne pas, tu as mauvaise mine... »
Isaak me connait relativement peu, c'est vrai. Mais de notre première rencontre, il a déjà pu entrevoir mon manque évident de diplomatie. Surtout avec les gens que j'apprécie au moins un peu. Et puis, on peut facilement pardonner au jeune Lehnsherr d'avoir cette tête avec ce qu'il a à gérer, j'imagine. Je suis le mouvement de sa tête quand un véhicule estampillé HPU passe dans la rue. Personne n'a envie de faire partie d'une liste. D'avoir ce doute constant, se demander s'ils viendront frapper à la porte un jour, s'ils vous empêcheront un beau matin d'aller travailler, ce qu'ils vous feront porter ou vous implanteront pour vous repérer. Je fronce les sourcils. Et je n'imagine pas la réaction de notre entourage surtout. Finalement, pourquoi choisir ? Cette vie à laquelle je tiens, c'est tant par sécurité que confort. C'est une question de liberté.
« Ça me fait plaisir de te voir. Comment vas-tu ? » Je hausse des épaules puis adopte le ton de la banalité alors que je lui réponds : « Comme tout le monde j'imagine, j'ai vu les nouvelles... Rien de bien engageant pour nous. » C'est peu de le dire. Le fait est que j'ai l'impression que les voix mutantes qu'on peut entendre en politique ne le sont que par bienséance et politiquement correct justement. Hank est un homme avec beaucoup de prestance, qui parle bien, présente bien. Le brave revêt même sa peau d'humain mais finalement, a-t-il eu le droit à la moindre tribune pour s'élever contre ce projet ? Non, comme toujours, ça s'est fait dans le secret et un beau matin, comme si New York avait subi une maintenance, ça nous tombe sur la gueule. « Et toi ? Comment est-ce que tu vas ? » Comprendre, comment tu gères tout ça ? Est-ce que je dois cacher tous les humains que je connais ? Non parce que ma boss l'est et tu comprends, je ne voudrais pas perdre mon travail. Et si... ? Une idée me traverse la tête, j'observe Isaak. Je sens que c'est encore une mauvaise idée, mais quand même...
« Tu allais quelque part peut être ? Je peux faire un bout de chemin avec toi ? » J'arque un sourcil avant de passer les doigts dans ma nuque. Oui pourquoi pas... De mon humour douteux, je lui donne un coup de coude dans les côtes : « Si on se fait arrêter, tu n'auras qu'à dire que tu me retiens de force. » Je ne ponctue pas ma phrase d'un « je plaisante ». Dire ça après une plaisanterie, même douteuse, c'est reconnaître publiquement qu'elle est pourrie... « Dis-moi... Tu fais quelque chose ce soir ? Parce que sinon, j'aurais bien une petite proposition à te soumettre. Ne t'en fais pas, je n'abuserai pas de ton corps, je n'aurais besoin que de ta voix... » Tout ce que je veux, c'est ta voix, allez chante Ariel, mouhahaha ! Pourvu qu'il n'ait pas lu ça dans mes pensées. Sinon adieu crédibilité.
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Judith & Isaak Il n’avait capté les pensées des personnes autours de lui que pendant quelques secondes et pourtant ça lui avait suffi à se rendre compte de l’état général de la population. Tout ce qu’il avait capté ne concernait que les mutants, le gouvernements ou ce District X. Il ne faudrait pas longtemps aux têtes pensantes pour monter toute la population contre eux. Il fallait qu’il agisse, qu’il trouve un moyen de protéger les mutants mais il ne trouvait rien. Rien qui leur permettrait de se protéger de manière efficace en tout cas. Judith lui donna un coup de coude dans les côtes, le tirant de ses pensées, avant de reprendre. « Si on se fait arrêter, tu n'auras qu'à dire que tu me retiens de force. » Isaak haussa les sourcils, amusé par sa tentative d’humour. « Où alors tu pourras dire que tu m’as mis la main dessus. » Un sourire étira ses lèvres. Il ne savait plus à combien s’élevait la prime pour sa capture ou des informations le concernant mais ça devait être une sacrée somme. Il était même étonné que personne n’ait encore essayé de l’arrêter depuis le temps. Il y avait bien eu quelques agents qui avaient tenté mais ça datait déjà de l’attaque du convois du SHIELD. Ça l’amuserait pourtant de voir quelqu’un réessayer. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait plus eu l’occasion de participer à un vrai combat et avec son père à la tête de la Confrérie il n’aurait pas l’occasion d’en voir d’autres avant un long moment. « Dis-moi... Tu fais quelque chose ce soir ? Parce que sinon, j'aurais bien une petite proposition à te soumettre. Ne t'en fais pas, je n'abuserai pas de ton corps, je n'aurais besoin que de ta voix... » Le télépathe se raidit légèrement face à sa proposition mais garda un visage impassible. Sa voix ? Pourquoi aurait-elle besoin de sa voix ? Est ce que ça avait un lien avec son travail d’animatrice radio ? En tout ça il ne voyait que ça, mais pour quelles raisons ? Est ce qu’elle voulait se servir de lui pour faire passer un message ? Il ne savait pas combien d’auditeurs la suivait, mais utiliser une station de radio serait un excellent moyen de se faire entendre. Il y avait déjà penser mais ça comportait bien trop de risques. Il se posait beaucoup de questions et savait qu’il n’avait qu’à lire les pensées de la jeune femme pour avoir des réponses mais il se refusait à le faire. Utiliser son pouvoir contre d’autres mutants était quelque chose qu’il s’était toujours refusé à faire. Sauf lors de ses affrontements avec les X-Men mais c’était différent. Il se passa sans le vouloir sa main sur sa gorge avant de reprendre, son visage retrouvant une expression plus amusée. « Tu as besoin de ma voix ? J’imagine que ça a un rapport avec ton émission de radio mais j’espère que tu ne comptes pas me faire chanter. Crois moi, ce serait un désastre. » Non, vraiment ça lui faisait du bien de plaisanter de la sorte. Il avait l’impression que ça faisait une éternité qu’il n’avait pas eu l’occasion de le faire. Entre la Confrérie à gérer, la disparition de Leah et sa fille, il n’avait jamais l’occasion de plaisanter. Le temps où il était encore insouciant et où il traînait avec Ash lui manquait soudainement. Le télépathe se reconcentra sur Judith. « Non, je n’ai rien de prévu ce soir. Enfin... Je voulais continuer à surveiller un peu ce ghetto qu’ils appellent District X mais ça peut attendre. » Il haussa faiblement les épaules. Il avait déjà passé sa matinée à le faire sans trouver la moindre solution. Faire une pause ne pourrait lui faire que du bien. « Donc pourquoi pas. » Il n’avait rien à perdre après tout. « Et puis je suis curieux de savoir ce que tu pourrais bien me proposer. » Il s’écarta légèrement, et inclina la tête, invitant la jeune femme à passer la première. « Je te suis. »Il ne savait pas si c’était une bonne idée de la suivre, surtout si elle voulait l’amener à sa radio mais il voulait comprendre. Bien sûr il y avait toujours le risque de croiser les collègues humains de Judith mais il n’aurait qu’à se rendre invisible avec sa télépathie. Dans le pire des cas il les tuerait. De toute façon, Judith était déjà au courant de son histoire, elle savait qui il était et de quoi il était capable. Il ne se gênerait pas parce qu’elle était là. |
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Oui je n'aurais qu'à dire ça, je lui ai sauté dessus et l'ai ramené à la raison avec une patate dans les roubignoles. Petite pensée pour le marteau de Jared. Et me vient l'idée de faire rentrer Isaak à la station. Ils ne sont pas des plus regardants sur les entrées et sorties tant qu'on a le fameux sésame à savoir le badge magnétique pour rentrer dans les locaux. Et ne pas porter de flingue mais je ne vois pas trop Isaak se promener avec ses armes et... Je le regarde, puis baisse les yeux sur sa ceinture. Non, pas trop son genre quand il peut foutre les habitants du quartier à l'état de légumes du potager... Pas le style du bonhomme...
Toujours est-il que ce serait intéressant d'avoir l'avis de celui qu'on fait parfois passer pour un terroriste désordonné qui n'a pas d'autres motifs que de zigouiller tous les homo sapiens. Même si j'admets qu'à notre première rencontre, je ne peux pas cacher que c'est ce que j'ai pensé. Il est un peu extrême dans sa vision de voir les choses de temps à autres... Il semble un peu... non pas perplexe mais embêté par ce que je laisse sous-entendre et je choisis de le rassurer en lui lançant simplement : « J'aimerais t'enregistrer. Avec un direct, ce ne serait pas compliqué pour les autorités de savoir où tu te trouves... Et on aurait des problèmes, j'imagine. »
Alors désolée Isaak mais l'un de nous deux est déjà bien dans la merde – suis mon regard – et la seconde ne veut pas s'y retrouver. Autant je peux comprendre que ma discrétion au sujet de ma mutation peut passer pour de la lâcheté ou un manque d'assurance, mais je ne veux pas mettre Douglas, ou ma vie en danger. Pas ma vie dans le sens où on me tuerait si je venais à me faire recenser mais ma vie sociale et professionnelle. Je ne veux pas y renoncer pour un combat que je ne peux pas encore mener. Un sourire se dessine sur mon visage quand il laisse sous-entendre qu'il ne pourrait pas chanter. « Quand tout sera terminé », peut-être qu'on sortira un soir, ou on ne fera que se croiser dans un resto, avec un karaoké. Il chantera comme une casserole, ses amis seront là, chacun ira de sa petite phrase ou de son petit pouvoir pour le déstabiliser et ça ne choquera personne... Ouais, quand tout sera terminé.
J'enfonce les mains dans mes poches à sa mention du District X. Un jour, ce sera peut-être l'endroit le plus sûr pour les mutants. Oh non, je commence à penser comme eux. Je me tape le front du plat de la main puis l'attrape par le bras, lui disant qu'il aurait bien le temps de le voir en long, en large et en travers dans les semaines à venir. Et puis, pour faire quoi ? Techniquement il n'y a que des mutants et recensés qui plus est. Même s'il s'y infiltre, je ne suis pas certaine que ça l'avancera beaucoup... Peut-être cherche-t-il à savoir ce qui se cache derrière ce projet. Le pire, à mon sens, c'est que ce n'est pas un leurre. C'est l'apartheid dans toute sa splendeur. Camouflé sous de bonnes intentions.
Nous entreprenons de nous diriger vers la station quand mon téléphone retentit. Je place ma main contre l'épaule d'Isaak pour l'arrêter et écoute quelques instants. Toujours en ligne, je marmonne : « Ah oui... Douglas doit venir me chercher... Oui... D'accord... » Je raccroche et m'excuse auprès d'Isaak : « Évidemment... c'est à croire qu'il a un sixième sens pour tout faire foirer. Et il n'est malheureusement pas le premier de tes fans. »
Faites qu'il ne lise pas ma pensée immédiate qui est : Et s'il te savait si proche, il ferait tout pour te faire tuer. Et moi avec, en dommage collatéral, peut-être. Je laisse mon numéro à Isaak et lui demande de m'appeler quand il sera disponible...
* * *
Les semaines passent. Un matin, j'arrive au travail, des « travaux » sont en cours sur le détecteur de métaux. Je prends mon café en discutant avec le technicien qui apporte les modifications. Il en a pour toute la journée. Nous échangeons alors qu'il s'énerve sur un câblage trop petit quand, sur le ton de l'humour, il balance qu'ils embêtent le monde, avec leurs mutants. Ah ça c'est sûr, mais pourquoi ? Quand il révèle l'utilité du détecteur, je manque de m'étouffer avec mon café que je recrache dans ma tasse. Il lève les yeux vers moi et je m'excuse : « Tout le sucre qui s'est retrouvé au fond... » Il sourit, reprend sa tirade sur les gouvernants qui pondent de nouvelles lois chaque matin. Je pose la main sur son épaule et m'excuse, expliquant que le devoir m'appelle. Shit, shit, shit !
Je passe sous le portique qui reste éteint et presse le pas jusqu'à l'ascenseur. Bon, ne pas paniquer, et réfléchir. D'abord, il est hors de question que j'aille me recenser, ça c'est clair. Je paie des impôts, bordel. Je ne vais pas attendre bêtement le moment où ils viendront nous chercher une jolie petite liste à la main... Ensuite, pourquoi ils installent ça ici ? Je porte la main à mon front, prise d'un accès de panique. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, Anita me salue chaleureusement et je ne lui offre qu'un signe de la main. Je rentre en trompe dans mon bureau et vais chercher un sac poubelle dans lequel je commence à mettre des dossiers. Anita vient passer la tête, curieuse. Sans me retourner, je grogne : « Désolée, désolée Anita mais je ne travaillerai pas dans un endroit qui se prétend libre pour envoyer à la UPH les gens qui ont tel ou tel gêne. Et tu ne devrais pas le faire non-plus. »
Elle me bredouille qu'elle n'en est pas responsable, et que c'est la loi. Je lui envoie un regard assassin et me dresse finalement en face d'elle : « Figure-toi qu'il fut un temps où voter était interdit pour les femmes, où l'avant des bus était interdit pour les noirs et je te rappelle que le mariage gay n'est pas légal partout. Alors ta loi, tu peux te la carrer dans le fion, sauf ton respect. » Je reprends mon déménagement hâtif. Et elle croise les bras avant de me demander, comme si j'avais la peste : « Mais... tu es une mutante ? »
Peu importe. Bon, si ça importe ; mais elle n'a pas à le savoir. Je soupire puis lui dis avec dépit qu'elle n'a rien compris. Je quitte mon bureau et me dirige à nouveau vers l'ascenseur. Anita fait pour m'arrêter, elle me redemande : « Judith, tu es une mutante, c'est ça ? » Je l'ignore puis avant que les portes ne se ferment et ne coupent court à la discussion, je réponds : « Mes gênes n'ont rien à voir là-dedans, et toi aussi tu devrais te sentir concernée. »
Neuf jours plus tard, je me sens déjà prête pour un remake de « Into the wild » tant j'en ai marre de mon appartement. Et pourtant, Douglas semble s'être radouci. Quant à moi, Anita a accepté que j'enregistre mes émissions et que je les lui envoie. Il faut dire que cinq de mes collègues ont sonné rouge à leur portail à la con, deux ont démissionné et autant sont en arrêt maladie. Du coup, difficile pour elle de faire la fine bouche. Quand Isaak m'envoie un message, je lui demande à ce qu'on se retrouve dans un café non-loin de l'hôpital qui a explosé suite aux attentats de février. J'arrive la première et prends place à une table non loin de la porte. Les lumières sont faibles, des filtres rouges ont été appliqués partout et je demande deux cafés : un pour lui et un pour moi, afin que personne ne nous dérange après qu'il soit arrivé. Ils passent des airs de jazz, parfois la même chanson deux fois d'affilée. Un peu trop fort, c'est mieux...
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Judith & Isaak Donc c’était bien pour l’enregistrer qu’elle avait besoin de lui. Mais pour quelle raison ? Il avait bien quelques idées en tête mais attendait de voir ce que Judith allait lui proposer. Il la suivit quand elle se remit en route, marchant à ses côtés, les mains enfoncées dans les poches, gardant le silence et observant les alentours. Une sonnerie de téléphone retentit rapidement et le télépathe s’immobilisa quand Judith posa une main sur son épaule, tournant son regard vers elle alors qu’elle décrochait. « Ah oui... Douglas doit venir me chercher... Oui... D'accord... » Il fronça les sourcils alors que la jeune femme raccrochait. Douglas... Elle lui avait brièvement parlé de son compagnon lors de leurs précédentes rencontres. « Évidemment... c'est à croire qu'il a un sixième sens pour tout faire foirer. Et il n'est malheureusement pas le premier de tes fans. » Isaak haussa un sourcil, ne pouvant s’empêcher de sourire légèrement. Oui, ça il l’avait bien compris. Il avait du mal à comprendre que Judith reste avec un type pareil, elle méritait bien mieux que lui. Il récupéra rapidement le numéro de la jeune femme et se promis de la rappeler rapidement avant de la regarder s’éloigner, restant immobile sur le bord du trottoir. ____________________ « Moi j’vous l’dit m’sieur. On se sent bien plus en sécurité avec ce District X. On est jamais trop prudent avec ces mutants. » Isaak ne répondit pas au conducteur du taxi et se contenta de se masser légèrement la tempe avec deux doigts tout en gardant les yeux posés sur le dernier message de Judith. Il était à peine ce type, mais pouvait capter ses pensées sans le vouloir et sentait un début de migraine le saisir. Ses pensées étaient... Nauséabondes. Elles lui prenaient la tête et même en se concentrant il ne parvenait pas à les ignorer. Le télépathe coupa son téléphone au moment où le conducteur reprenait la parole et releva finalement la tête pour croiser son regard dans le rétroviseur. « Ça peut permettre de mieux les surveiller et de contrôler ces monstres. C’est que mon avis hein, mais c’est une excellente mesure. Sûrement la meilleure qu’Obama ait prise. » Isaak ne put réprimer un sourire un coin et secoua doucement la tête. Et après certains de ses frères le trouvaient trop extrême ? Ce type était la preuve vivante que les Homo Sapiens n’étaient que des animaux. « Et vous z’en pensez quoi m’sieur ? » Le Lehnsherr poussa un soupir et activa sa télépathie sur le conducteur pour le forcer à se taire pour le reste du trajet et se renfonça un peu plus dans son siège. Il avait laissé passer quelques semaines depuis sa dernière rencontre avec Judith avant de la recontacter, préférant se concentrer sur le District X et les dernières mesures prises par le gouvernement. Il appréciait beaucoup la jeune femme mais ses objectifs avec la Confrérie passaient avant elle. Il était sûr qu’elle comprendrait. Il n’avait fait qu’observer et se renseigner sur ce ghetto et les différents endroits où ils avaient fait installer des portiques de détection. Le taxi s’immobilisa finalement devant le café où Judith lui avait donné rendez-vous et le télépathe persuada le conducteur qu’il l’avait payé et en descendit tranquillement sans lui adresser un regard. Ce type l’avait dégoûté au plus haut point et il aurait préféré lui faire comprendre à quel point les monstres étaient supérieurs à sa pitoyable race mais il avait mieux à faire. Isaak entra dans le café et balaya rapidement la salle du regard avant de l’arrêter sur Judith, assise non loin de la porte et la rejoignit rapidement à sa table pour s’asseoir face à elle. « Judith. Je suis content de te revoir. » Il lui offrit un faible sourire et observa une nouvelle fois la salle. Se retrouver dans un café était une bonne idée, mais ça pouvait être dangereux s’ils devaient aborder des sujets plus... Sensibles. Il n’avait pas oublié qu’elle avait demandé de l’enregistrer et ce n’était certainement pas pour parler de la météo. S’ils devaient le faire, ce n’était peut être pas une si bonne idée de se retrouver dans un café, même si celui-ci était relativement peu fréquenté. « Désolé. J’aurais du te recontacter plus tôt mais j’ai été pas mal occupé ces derniers temps. J’espère que tu ne m’en veux pas trop. » Il fit glisser la tasse de café la plus proche vers lui, remerciant la jeune femme d’un signe de tête avant de reprendre. « Tu m’avais parlé d’un enregistrement si mes souvenirs sont exacts, mais tu ne m’avais pas expliqué pour quelles raisons. J’espère que ce n’est pas pour te faire mousser auprès de tes patrons, je risquerais de mal le prendre. » Il ponctua sa phrase avec un léger sourire amusé et but une gorgée de café en attendant de voir ce que la mutante lui voulait. |
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it's a revolution, i suppose not affiliated • leave me alone | | | « Judith. Je suis content de te revoir. » Je lui souris, je le regarde balayer la pièce d'un regard un peu anxieux mais personne ne viendra nous chercher ici pourtant. J'attends qu'on nous amène nos cafés, mes doigts frôlent ceux du vieil homme qui nous a servis. Il esquisse un sourire, il sait qui est Isaak mais il ne le montre pas. Il pense à son propre pouvoir qu'il dissimule aux yeux des autorités, qu'il dissimule difficilement avec tous ses portails. Parfois, il pense au Moyent-Orient, il pense aux parfums qu'il ne retrouve pas ici mais à ces souvenirs olfactifs doux s'associent la douleur des pertes humaines et il sait pourquoi il est venu il y a trente ans.
Je le remercie et tourne mon regard sur Isaak quelques secondes, me demandant simplement s'il est déjà en train de scruter les pensées de cet homme, il peut le faire à tout instant parce que j'ai une entière confiance en lui, la preuve... nous sommes ici n'est-ce pas ? Je prends ma cuillère et joue avec quelques instants entre mes doigts. Je lui laisse le temps de prendre possession des lieux, peut-être même de se rassurer sur la sécurité de ces derniers.
Je prends une longue inspiration puis plonge la cuillère, commençant à tourner doucement. Les jours se font longs, et surtout il semblerait que le nombre de recensement contraints ne fait qu'augmenter, pour ceux qui se voient piqués malgré leurs précautions. Alors Isaak, qu'est-ce que tu as prévu de faire ? « Désolé. J’aurais du te recontacter plus tôt mais j’ai été pas mal occupé ces derniers temps. J’espère que tu ne m’en veux pas trop. » J'imagine bien qu'il a eu d'autres chats à fouetter et je me demande bien s'il a dans l'idée de répliquer à cette histoire de portails. N'est-ce pas l'ultime insulte, la provocation de trop ? Que va-t-il advenir de tous ceux qui croient faire respecter la loi et ne font que briser la foi de leurs semblables ? Je ne suis pas pour la mort ou la soumission de tous les homo-sapiens, Isaak le sait très bien et même si j'en viens à me dire le contraire sur un coup de colère, nous savons que le moment venu, je ne serai pas là pour leur demander de plier le genou. Je suis le genre de femmes qui promet de mettre le monde à feu et à sang et qui soupire le quart d'heure suivant en me disant qu'on va bien trouver une solution quand même... Une bonne solution, pas une solution qui vire dans les extrêmes. Je relève les yeux sur lui, souris et lève les yeux au ciel en me tapotant le menton de l'index, faisant exagérément mine d'y réfléchir : « Hm... Je ne sais pas trop. »
Je secoue la tête, jette un œil dans le café puis cale mon dos contre mon siège avant de lui répondre plus franchement et aussi plus sérieusement : « En soit, c'est déjà surprenant que tu aies pu venir. On ne peut plus bouger sans que ça sonne partout dans cette putain de ville. » Je serre la mâchoire puis donne des petits coups de cuillère dans le fond de ma tasse, comme pour passer un sucre qui n'y est pas et qui n'aurait pas eu besoin de mon aide pour se dissoudre. Je m'excuse brièvement puis déballe un demi-sucre de son petit emballage pendant qu'il me parle. J'affiche à mon tour un sourire amusé, un peu jaune tout de même, puis dis à voix haute : « Je ne peux pas me rendre à mon bureau, ou ce qui le fut sans passer sous leur portail à la con. »
Je sors mon sac de sous la table et le pose à côté de moi. « Je ne pourrai pas bosser de chez moi éternellement et si c'est toléré pour l'instant, on me demandera de revenir forcément. Alors je veux profiter de ce dernier temps sur les ondes pour te donner la parole. Je ne sais pas, je me suis dit que... changer les mentalités, faire réagir... » Disant cela, j'agite ma cuillère dans les airs, ne manquant pas d'envoyer quelques gouttes de café sur Isaak, ce dont je me rends compte. Je cale mes mains sur la table : « J'espère que le lieu ne te gêne pas. Ici ou ailleurs, en plus, j'imagine que tu saurais te rendre invisible à tous les esprits alentours... Mais nous ne risquons rien du propriétaire, fais-moi confiance. » Facile à dire, facile à dire, faire confiance et pourtant, si je lui dis, c'est bien que je suis sure de moi. Je le regarde dans les yeux, pour soutenir mon propos... |
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Judith & Isaak Malgré la bonne "ambiance" de cette rencontre, Isaak ne pouvait pas s’empêcher de jeter de brefs coups d’œil aux alentours de temps à autre. Il savait très bien que Judith ne l’aurait jamais attiré dans un traquenard, même si leurs idéaux pouvaient diverger sur certains points. Il lui faisait confiance et ne craignait pas qu’elle le trahisse où le livre au HPU. Elle était de son côté malgré tout et il la savait assez intelligente pour ne pas tenter de s’en prendre à lui. Mais malgré tout ça, il ne se sentait pas vraiment tranquille. Après tout il était recherché et son visage était placardé un peu partout et même s’il pouvait se faire oublier des autres il restait sur la défensive. « Je ne peux pas me rendre à mon bureau, ou ce qui le fut sans passer sous leur portail à la con. » La voix de Judith le tira de ses réflexions et il reporta son attention sur la jeune femme, hochant silencieusement en réponse. Effectivement. Tous les lieux publiques étaient équipés de ces portails à présent. Et vu ce qu’elle venait de dire, certaines entreprises commençaient elles aussi à s’aligner. Il ne faisait vraiment pas bon être mutant en ce moment... « Je ne pourrai pas bosser de chez moi éternellement et si c'est toléré pour l'instant, on me demandera de revenir forcément. Alors je veux profiter de ce dernier temps sur les ondes pour te donner la parole. Je ne sais pas, je me suis dit que... changer les mentalités, faire réagir... » Elle agita sa cuillère tout en parlant, faisant se froncer les sourcils du télépathe. Alors il avait vu juste ? Cette idée lui était resté en tête depuis leur dernière rencontre. Il n’avait cessé de se demander ce qu’il ferait s’il avait accès à une radio mais qu’elle lui dise ça maintenant, comme ça, le prenait un peu au dépourvu. « J'espère que le lieu ne te gêne pas. Ici ou ailleurs, en plus, j'imagine que tu saurais te rendre invisible à tous les esprits alentours... Mais nous ne risquons rien du propriétaire, fais-moi confiance. » Est ce qu’elle avait remarqué ses coups d’œil incessant ? C’était pour cette raison qu’elle précisait ça ? Elle n’avait pas besoin de le faire, il lui faisait entièrement confiance. Il soutint le regard de la mutante pendant quelques secondes avant de le poser sur le vieil homme, lui adressant un bref signe de tête. Il était presque étonné de voir que d’autres mutants pouvaient le soutenir, où du moins ne pas le dénoncer. Il était tellement habitué à ce que ceux qui ne faisaient pas parti de la Confrérie -et encore même certains de ses membres se méfiaient de lui- ne lui fassent pas confiance que ça le surprenait toujours un peu de voir qu’il y avait des mutants qui n’étaient pas forcément contre lui. Isaak but une gorgée de café, reposant son regard sur la jeune femme par dessus sa tasse, avant de la reposer et de se racler doucement la gorge. « Cet endroit est parfait. Et je te fais confiance. Je sais que tu ne serais pas assez stupide pour tenter de m’attirer dans un piège. » Il ponctua sa phrase par un sourire amusé, lui montrant bien qu’il plaisantait mais reprit rapidement son sérieux. « Tu veux donc que je prenne la parole dans ton émission. Je m’y attendais un peu compte tenu de notre dernière discussion mais... » Il hésita pendant un instant, cherchant ses mots. « Pourquoi me proposer ça ? Tu ne partages pourtant pas les idéaux de la Confrérie. Du moins pas les miens. Alors je dois bien avouer que ça m’intrigue. » Il se pencha légèrement au dessus de la table, croisant ses bras dessus avant de reprendre. « Changer les mentalités, faire réagir... Ce n’est pas en m’adressant à eux sur les ondes que ça changera quelque chose. Homo sapiens comme superior savent très bien ce que veut la Confrérie. Ce que je veux. » Il balaya vaguement l’air de sa main tout en se reculant dans son siège. « Le paroles ne changeront rien. Les actes si. » Son père et Xavier l’avaient bien prouvé au fil des années. Seuls les actes pouvaient changer les mentalités. « Le temps n’est plus à la discussion Judith. Plus maintenant. » Son regard se fit plus sérieux, plus dur alors qu’il le replongeait dans celui de la mutante. « J’apprécie ta proposition, vraiment, mais je ne pense pas que ça changerait quoi que ce soit. » Il s’installa plus confortablement sur sa chaise et haussa faiblement les épaules avant de pencher légèrement la tête sur le côté, invitant silencieusement la jeune femme à prendre la parole. « Prouve moi que j’ai tord, qu’il n’est pas trop tard pour ouvrir le dialogue et je le ferai sans hésiter. » Est ce que c'était mal vu de lui demander ça alors qu'elle venait de lui proposer son aide ? Probablement. Il ne voulait tout simplement pas perdre son temps, ni faire perdre le sien à Judith. Mais il le pensait vraiment. Si Judith parvenait à lui montrer qu’il n’était pas trop tard, il tiendrait parole. Il avait énormément de défauts, c’était vrai, mais il n’avait qu’une seule parole. C’était bien la seule chose que tous pouvaient lui reconnaître. C’était à elle de voir. |
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Il fut un temps où l'entreprise protégeait ses employés des déséquilibrés qui pouvaient vouloir s'en prendre à eux, maintenant elle se méfie de nous. Je n'ai jamais vraiment reçu de menace, tout au plus des insultes sexistes auxquelles j'ai répondu surtout au début mais certains de mes collègues ont une implication qui est à une toute autre échelle. Ils mettent le doigt où ça fait mal ; ceux-là sont ceux qu'on a aussi voulu écarter doucement. Et surtout, leurs bourdes semblent avoir été pardonnées par la nouvelle collaboration entre le gouvernement et la société qui nous emploie. Peut-être que finalement, ça a semblé acceptable : « on sera dans les petits papiers des hauts placés si on améliore nos détecteurs de métaux. »
Je n'ai pas la sensation d'être une criminelle, à la rigueur une casse-burnes multirécidiviste, pas vraiment plus. Je dévie la conversation sur le lieu que j'ai choisi pour notre petite discussion, alors qu'il ne peut s'empêcher d'observer les alentours à la recherche de quelque menace qui le guetterait. Je soupire, et tapote le bord de la tasse dans le but d'attirer son attention, je me penche doucement vers lui en essayant de capter son regard et quand c'est enfin chose faite, je lui dis doucement : « Je t'ai dit que tout irait bien, tu as l'air encore plus suspect en regardant partout comme ça, on dirait que tu veux vendre du shit, franchement. »
Il fait un signe de tête au gérant et finalement, je me détends un peu et lui aussi semblerait-il... Je lui souris quand il dit que je ne serais pas assez bête pour l'attirer dans un piège. Si je ne le connaissais pas un peu, je dirais que ça ressemblerait presque à une menace mais je ne me formalise pas... je me contente de le prendre avec un certain détachement. Et puis si je venais à tendre un piège à quelqu'un comme Isaak, j'aurais dans l'idée de ne pas rester à quarante centimètres de lui pour attendre qu'il transforme mon cerveau en soupe...
« Pourquoi me proposer ça ? Tu ne partages pourtant pas les idéaux de la Confrérie. Du moins pas les miens. Alors je dois bien avouer que ça m’intrigue. » Je serre les lèvres puis réponds, calant mon dos sur le fond du siège : « Tu es intelligent, j'ose imaginer que tu saurais modérer tes propos pour faire réagir les gens sans les amener à se diriger vers une guerre civile, comme ton père, non ? » Un silence, bref, avant qu'il ne dise cette phrase qui m'arrache un frisson : « Homo sapiens comme superior savent très bien ce que veut la Confrérie. Ce que je veux. » Justement, nous savons ce qu'il veut et je refuse de voir Douglas finir dans un bain de sang, même si je sais ce qu'il est et ce qu'il fait, et je ne veux pas qu'Isaak se laisse aveugler par la colère ou la peur...
« Le paroles ne changeront rien. Les actes si. » Je passe la main sur mon front, je ne pense qu'à Douglas, même cette conne d'Anita, je ne veux pas qu'elle meure sur l'autel d'une guerre civile... Je baisse le visage quand il me dit de lui prouver qu'il a tord. Je pose ma main contre la sienne et me mords la lèvre : « Tu ne dois pas lui faire du mal, ou tu devras me tuer. Parce que si tu t'en prends à lui, je ferai tout pour te faire du mal à mon tour, d'accord ? » Ma voix n'est pas teintée de menace, mais de peur. Je ne le menace pas, je l'implore... Je relève le visage, plante mon regard dans le sien et mes doigts se serrent autour de sa main : « Ton raisonnement n'entraînera rien de bon, que la mort de ceux que tu aimes. J'ai aussi voulu changer quelqu'un et je l'ai payé très cher. » Je pense à cette fois où j'ai laissé mon pouvoir agir sur Douglas... je pensais que ce serait la bonne solution, je le pensais vraiment. « Douglas est un watcher, et il ne me dénoncera jamais. » Je préfère le lui dire, ne pas lui demander de sonder mes souvenirs qui se partagent entre les moments tendres, les morsures et les coups de poings... « Et il ne me trahira jamais. Est-ce que tu te sens capable de détruire tous ceux qui ne te ressemblent pas, et qui seront un jour une menace ? Veux-tu être comme Douglas, et tous ces gens comme lui que tu méprises ? Est-ce que tu te sens prêt à devenir un Watcher, Isaak Lehnsherr ? »
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Judith & Isaak Elle espérait vraiment qu’il ferait en sorte de garder des propos modérés ? Comme son père ? Elle ne le connaissait pas aussi bien que ce qu’il pensait. Son père s’était ramolli, il était devenu faible. Il ne savait pas à quoi c’était dû, si la perte temporaire de ses pouvoirs y était pour quelque chose mais il ne reconnaissait plus ce père qu’il avait admiré dans ses jeunes années. La main de Judith se posa sur la sienne, le tirant de ses pensées et il releva la tête pour observer le visage de la jeune femme. « Tu ne dois pas lui faire du mal, ou tu devras me tuer. Parce que si tu t'en prends à lui, je ferai tout pour te faire du mal à mon tour, d'accord ? » Est ce qu’elle venait de le menacer ? Il accrocha son regard quand elle le planta dans le sien. Non, à voir son regard, ce n’était pas une menace. C’était comme si elle l’implorait de ne pas le faire. Est ce qu’elle avait peur de ce qu’elle pourrait faire s’il devait s’en prendre à Douglas ? Ça semblait être l’explication la plus plausible. Ses doigts se serrèrent autour de sa main, le faisant baisser son regard sur la main de la jeune femme. « Ton raisonnement n'entraînera rien de bon, que la mort de ceux que tu aimes. J'ai aussi voulu changer quelqu'un et je l'ai payé très cher. » Comme s’il n’était pas au courant de tout ça. C’était ce que son père et Tadeusz ne cessaient de lui répéter pour espérer le faire changer de mentalité. « Douglas est un watcher, et il ne me dénoncera jamais. » Isaak ne put réprimer un soupir amusé. Il ne la dénoncerait jamais ? Peut être. Mais à voir l’évolution des événements rien n’était sûr. Qu’est ce qui lui garantissait qu’il ne la dénoncerait pas si le gouvernement décidait de considérer comme criminels les gens étant proches de mutants ? On ne pouvait être sûr de rien. Surtout pas avec les Watchers. « Et il ne me trahira jamais. Est-ce que tu te sens capable de détruire tous ceux qui ne te ressemblent pas, et qui seront un jour une menace ? Veux-tu être comme Douglas, et tous ces gens comme lui que tu méprises ? Est-ce que tu te sens prêt à devenir un Watcher, Isaak Lehnsherr ? » Cette comparaison… Le télépathe sentit sa colère monter d’un cran, faisant légèrement trembler sa tasse dans sa coupelle mais il ferma un instant les yeux et serra la mâchoire pour garder son calme. Il laissa passer un instant avant de rouvrir les yeux, plongeant un regard mauvais dans celui de Judith et siffla un. « Ne me compare pas à eux. » Entre ses dents. Il referma brièvement les yeux et dégagea sa main de la prise de la jeune femme avant de reprendre. « Je suis prêt à exterminer tous ceux qui se mettront en travers de mon chemin. J’ai déjà bien trop perdu à cause de ces animaux. Ils m’ont pris ma femme, la mère de mon enfant sans aucune raison. Alors crois moi, je suis prêt à faire tous les sacrifices nécessaire. » Il prit une grande inspiration et hocha faiblement la tête, achevant de se calmer. « Tu ne veux pas que je m’en prenne à Douglas ? Très bien. Je n’aurais aucun intérêt à le tuer de toute façon. Mais s’il tente un jour de s’en prendre à mes proches, je n’hésiterai pas. Et crois moi il le fera. » Les Watchers étaient des animaux, ils en avaient assez de fois eu la preuve. Ce n’était pas parce que Douglas ne la dénonçait pas qu’il ne s’en prendrait pas à d’autres mutants. Il l’avait déjà fait, il en était certain. « Tu l’as dit toi-même, c’est un Watcher. Tu n’es pas à l’abri avec lui, même s’il ne t’as toujours pas dénoncé. » Il n’avait pas voulu être aussi froid et menaçant envers Judith mais n’avait pas pu s’en empêcher après qu’elle l’ait comparé aux Watchers. Elle n’avait pas le droit de faire ça. Il savait qu’il était extrémiste et qu’il était déjà aller bien trop loin mais il ne supportait pas qu’on puisse le comparer à ces malades. « J’aurais aimé qu’il y ait d’autres solution Judith, vraiment. Mais c’est trop tard. Le gouvernement ne reculera pas. Plus maintenant. Le recensement et le District X ne sont que le début. Les choses vont empirer, les Watchers vont prendre encore plus de libertés. » Il secoua doucement la tête en soupirant et releva les yeux vers la jeune femme. « J’apprécie que tu veuilles m’aider, que tu prennes des risques pour que je puisse me faire entendre mais je ne peux pas accepter. » Il haussa faiblement les épaules et lui offrit un sourire gêné. « Je suis désolé. » |
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Est-ce que je viens vraiment de le menacer ? Son regard croise le mien, non c'est une demande parce que je devine la puissance d'Isaak, supérieure à ce que j'en sais. Et je sais que l'homme que j'aime mourra si cet homme en face de moi le décide. Je n'y ferai rien, je ne saurai l'empêcher si sa décision est scellée. Mais je peux essayer de lui parler, parce que derrière sa colère, il y a forcément la raison des Lehnsherr. Erik n'a jamais été un monstre, c'est parce qu'il a su se montrer humain que tant de mutants perdus l'ont suivi... Même s'il n'a pas toujours pris les bonnes décisions.
Il esquisse un sorte de sourire dépité quand je lui dit qu'il ne me trahira pas, je fronce les sourcils. Il croit que tous les Hommes sont les mêmes, il croit que tous les mutants le suivront tôt ou tard, je pince les lèvres, agacée par sa réaction. Il a eu des moments de violence, mais en dépit de ce qu'on peut se faire mutuellement, je sais qu'il ne le fera pas. Je sais qu'on n'en arrivera pas là. On essaie de se convaincre qu'on essaie de temps en temps, chacun pour le bien de sa propre espèce mais je sais que je ne tomberai jamais dans un traquenard des Watchers qui m'attendront chez moi. Pourquoi est-ce si difficile à croire ? Dès lors, mon argumentation prend une tournure différente, la colère d'Isaak se perçoit aux tremblements de la tasse.
« Ne me compare pas à eux. » demande-t-il... ou plutôt ordonne-t-il sèchement. Il retire sa main et je croise mes bras sur ma poitrine en calant mon dos contre le siège. Il continue alors, et l'étincelle de colère dans son regard se mue en un brasier de haine. « Je suis prêt à exterminer tous ceux qui se mettront en travers de mon chemin. J’ai déjà bien trop perdu à cause de ces animaux. Ils m’ont pris ma femme, la mère de mon enfant sans aucune raison. Alors crois moi, je suis prêt à faire tous les sacrifices nécessaire. » Là, je sens alors que je vais comme d'habitude trop ouvrir ma gueule et dire quelque chose de désagréable... « Tu ne veux pas que je m’en prenne à Douglas ? Très bien. Je n’aurais aucun intérêt à le tuer de toute façon. Mais s’il tente un jour de s’en prendre à mes proches, je n’hésiterai pas. Et crois moi il le fera. »
Soudain, je lève les yeux au ciel. Je les rabats sur Isaak et pose les mains contre ma tasse, agissant doucement sur son pouvoir pour l'amplifier progressivement. « Tu devrais te concentrer sur les personnes dangereuses plutôt que de rester parmi ceux qui pensent que les homo-sapiens sont voués à une disparition imminente... disparition qui ne se passera naturellement peut-être dans dix, vingt, cinquante ou deux cents ans. Tu devrais regarder les gens tels qu'ils sont. Et tu devrais leur montrer que tu n'es pas le monstre dont ils ont peur. Du moins... tu aurais pu leur montrer. » Je me lève, lui souriant à mon tour et me penche sur lui pour l'embrasser sur la joue. Je m'écarte pour le considérer, fronçant les sourcils comme soucieuse : « tu as mal à la tête ? » Je continue d'appuyer, d'intensifier son pouvoir tant que je le peux... Et finalement, je fais un pas en direction de la porte, espérant qu'il ne fera quand même pas s'envoler l'établissement. D'ailleurs, le patron s'approche de moi quand je fais un pas vers la porte. Je le paie, laissant Isaak à sa probable migraine grandissante. Je demande à l'homme de sortir, avec ses employés, au cas où. D'une voix plus forte pour être sure que le mutant m'entende, je lui annonce : « Je te donne un petit coup de main pour que tu les entendes. Concentre-toi sur leurs peurs. Même si vous n'êtes pas responsables des dernières catastrophes, ils ont peur de toi. » J'applaudis brièvement, navrée. « C'est moi qui suis désolée Isaak. Bienvenue chez les Watchers en tout cas. » Je le laisse ainsi et m'en vais. Peut-être ouvrira-t-il les yeux plus tard...
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Judith & Isaak Cette discussion n’avait rien amené. Encore une fois, comme toutes celles qu’il avait pu avoir ces derniers temps et ce peu importe la personne qu’il avait eu en face de lui. Ça lui confirmait encore une fois que les dialogues n’amenaient rien. Seules les actions comptaient à présent. Il était déçu que Judith ne comprenne pas son point de vue, malgré le fait qu’elle soit mutante et que son petit-ami soit un Watcher. Mais il ne désespérait pas qu’elle comprenne un jour ce qu’ils devraient tous faire pour s’en sortir. Judith leva les yeux au ciel, visiblement exaspérée par ses propos. Le télépathe sentit dans la foulée une légère douleur se réveiller dans son crâne, le faisant froncer les sourcils et fermer les yeux pendant une fraction de seconde. « Tu devrais te concentrer sur les personnes dangereuses plutôt que de rester parmi ceux qui pensent que les homo-sapiens sont voués à une disparition imminente... disparition qui ne se passera naturellement peut-être dans dix, vingt, cinquante ou deux cents ans. Tu devrais regarder les gens tels qu'ils sont. Et tu devrais leur montrer que tu n'es pas le monstre dont ils ont peur. Du moins... tu aurais pu leur montrer. » Il expira bruyamment par le nez. « Tu ne comprends p… » Il s’interrompit quand la douleur dans son crâne s’amplifia d’un coup, lui faisant lâcher un grognement. Judith l’embrassa sur la joue, le faisant se raidir faiblement mais il ne répliqua pas, toute son attention étant focalisée sur son pouvoir dont il commençait à perdre le contrôle. Qu’est ce qu’il lui arrivait ? C’était la première fois que son don lui faisait ça, en dehors des séances d’entraînement qu’il avait eu avec Rachel étant plus jeune. « tu as mal à la tête ? » Il ne lui répondit que par un grognement et leva sa main pour en appuyer la paume contre sa tempe, essayant vainement de diminuer la douleur. C’était Judith. C’était elle qui était en train d’amplifier son pouvoir. Pourquoi ? Parce qu’elle ne comprenait pas ses idéaux elle voulait le faire souffrir ? La jeune femme s’éloigna de lui et adressa quelques mots au patron de l’établissement, qu’il ne pouvait pas entendre, trop occupé sur la douleur qui lui vrillait les tempes. Elle avait osé utiliser son pouvoir contre lui. Elle faisait bien de partir oui. « Je te donne un petit coup de main pour que tu les entendes. Concentre-toi sur leurs peurs. Même si vous n'êtes pas responsables des dernières catastrophes, ils ont peur de toi. » Elle applaudit brièvement, accentuant un peu plus la rage du Lehnsherr qui parvint tout de même à articuler un « C’est vraiment bas Judith. Surtout venant de toi. » « C'est moi qui suis désolée Isaak. Bienvenue chez les Watchers en tout cas. » Encore une fois elle osait le comparer à eux. Il tourna son regard vers la mutante, voulant lui répondre mais elle sortit du café, le laissant seul avec sa douleur. Il pressa sa main libre sur son autre tempe en grognant de plus en plus fort alors que les meubles autour de lui commençaient à trembler dangereusement et que les objets plus léger s’élevaient dans les airs. Il n’arrivait pas à se maîtriser. Quand il se concentrait sur les pensées qui l’assaillaient, c’était sa télékinésie qui prenait le dessus, manquant de détruire tout ce qui l’entourait. A l’inverse, s’il tentait de calmer cette partie de son pouvoir, c’était sa télépathie qui lui faisait subir toutes les pensées des new yorkais dans un rayon de plusieurs blocs. Il fallait qu’il trouve une solution et vite. Dans le cas contraire, il raserait probablement le café et probablement tout ce qui se trouvait aux alentours ou tuerait toutes les personnes qu’il pouvait sentir. Continuant de presser ses mains sur sa tête, gémissant de douleur, il se focalisa sur Tadeusz pour le contacter, lui envoyant un simple. Il faut que tu viennes me chercher. Aberdeen Road. Fais vite. Et se reconcentra dans la foulée pour éviter de raser les alentours, priant pour que son mentor arrive rapidement. |
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Lun 4 Juil - 11:20
