Il devait être neuf heures lorsque Prudence est arrivée dans la cuisine de l’Institut, désormais vidée par la reprise des cours, par la reprise d’un quotidien sous tensions. Elle avait passé une nuit peut-être un peu plus agitée que les précédentes, réveillée par des flots de souvenirs angoissants. Ca ne lui était plus arrivé depuis presque deux mois et à présent que les espoirs renaissaient, elle se demandait bien quel plaisir son inconscient prenait-il à la torturer. Bobby ne l’a sentie sursauter qu’une ou deux fois sur les six, épuisé par sa journée de travail et les nombreuses inquiétudes dont il ne parlait que trop peu - s’en faire pour tout le monde était dans son caractère, il y sacrifiait sa tranquillité d’esprit et beaucoup d’heures durant ses repos. Le nuage heureux s’ombrageait de la réalité, pleurant sur la quiétude perdue d’une société qui se déchire. Snow était une habituée du désespoir, elle avait fait de la solitude sa compagne, du silence son arme et en retrouvant la proximité chaleureuse du psychologue, elle se rendait lentement compte qu’elle ne pensait simplement pas mériter d’être heureuse, malgré toute son envie de profiter de chaque heure de chaque jour tant que cela était encore possible. Se sortir les images de l’esprit s’avérant plus compliqué que prévu, elle a lavé les bols dans lesquels ils avaient bu leur café ce matin là puis elle a entrepris de faire une tarte. Citron meringué. Concentrée sur sa préparation, elle a à peine vu les diverses âmes errantes traverser, certains se dirigeant vers le terrain de sport, d’autres cherchant à savourer les rayons d’un soleil trompant la morosité ambiante. Lorsque les adolescents ne se hurlaient pas dessus pour tel ou tel idéal, ils se perdaient dans une volonté farouche de maîtrise ou dans une angoisse palpable. Finalement, aucun n’était épargné, pas même les plus jeunes qui avaient fini par comprendre que, peut-être, ils auraient à nouveau à souffrir de la différence.
« Dis, Snow.. je peux avoir un chocolat ? » Elle lève le nez. Le petit télépathe n’a pas ouvert la bouche mais à ses traits tirés et la chaleur qui émane de son corps, elle comprend qu’il est malade - ce qui explique qu’il ne soit pas en cours. Elle met la préparation au four et fait le fameux chocolat chaud (avec une bonne dose de chocolat réconfortant), laissant le garçon s’installer sur une chaise. La toux indique une méchante bronchite. « Tu es allé à l’infirmerie ? » demande d’une voix douce alors qu’elle place le mug chaud entre ses mains. Il hoche la tête, rassurant la jeune femme qui se sentait quelque peu impuissante. Une boisson n’était pas un remède miracle mais si déjà il parvenait à avaler ça avant de sombrer à nouveau dans le sommeil, ce serait mieux que rien.
La silhouette de l’enfant s’éloigne et laisse place à une autre, beaucoup plus grande. D’une autre envergure, sans mauvais jeu de mots (un peu, quand même). Le four indique déjà la fin de la cuisson et l’échec de son entreprise pour s’alléger l’esprit. L’odeur de pâtisserie embaume certes la pièce mais Snow ne parvient pas à s’ôter ses inquiétudes de la tête, d’autant moins que c’est Warren qui vient d’entrer. Visiblement, il n’a pas encore eu cours. De tous les habitants de l’institut, il fallait qu’elle se retrouve seule avec celui qu’elle n’avait pas croisé depuis que les murmures sur le retour de Bobby à ses côtés s’étaient répandus. « Bonjour, Angel. » Le plat est déposé sur la table. « Une part de tarte ? » Elle devait bien faire l’effort d’avoir ne serait-ce qu’une discussion à peu près cordiale avec lui sinon elle ne pourrait réellement pas se considérer digne de l’affection du psychologue ; il était décidément ami avec tous ceux qui ne lui faisaient pas confiance. Elle se penche légèrement et souffle sur la tarte pour lui donner la température de dégustation idéale - pourquoi attendre quand une mutation pouvait accélérer les choses, mh ? « Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai encore jamais empoisonné personne. »
Exceptionnellement, je me suis accordé une grasse mat'. Du moins je le déduis à la vue d'un rayon de lumière qui me fait un petit bonjour entre les volets. Je glisse une main maladroite devant mon visage, la fraîcheur d'une pluie matinale me fait du bien. J'aime l'odeur de la pluie, le parfum d'un orage qui va s'abattre dans peu de temps, la sensation du vent qui se lève et puis observer tout ça de derrière ma fenêtre. Ce matin, c'est le parfum de l'après tempête, du monde qui se réveille. Je ne dirais pas le soleil brille et les petits oiseaux chantent mais presque. Je m'étends dans le lit puis jette un œil distrait à ma montre. Ça va, je n'ai pas cours avant 10h, je suis laaaarge ! Je me lève, ouvre un peu plus les volets, j'ai vu sur les jardins, derrière l'école. Beaucoup d'élèves sont déjà en train de se promener, en train de se détendre à l'extérieur. Je prends mon temps pour me réveiller, comprendre l'arrêt pipi et la rasade d'eau sur la tronche. Je reste en bas de pyjama simplement, ce n'est pas comme si je me baladais nu dans l'école. Et puis zut c'est le matin. Bizarrement, ces vacances avec Kayden m'ont rendu un peu moins pudique, on se demande pourquoi. D'ailleurs il est où ? Découvrant un pied qui dépasse de la couette, je constate qu'il est toujours là. Je l'ai peut-être étouffé avec un tas de plumes dans la bouche pendant la nuit. Je passe mon doigt sous la plante de son pied, ça bouge, c'est bon signe. Je sors sur la pointe des pieds et ferme délicatement la porte. Me retournant, je fais un bond silencieux quand Louis est fixé là en train de me regarder de ses grands yeux suspicieux : « votre petit ami dort toujours ? » Mon quoi ? Ah oui c'est vrai, cette rumeur ! Je secoue la tête puis lui dis simplement que c'est un ami qui a un petit soucis de logement.
J'évite les détails, l'explosion de son appartement, les morts tout ça. Soucis de logement, ça fait moins dangereux. Je l'envoie se préparer, voyant qu'il est comme moi pieds nus, les cheveux ébouriffés et il a même la trace de l'oreiller sur la joue. Je le laisse et passe tranquillement au-dessus de la rambarde, déploie mes ailes et descends doucement vers le rez-de-chaussée. Arrivant, je croise un élève de l'école, télépathe. Je le salue d'un signe de la main, il a mauvaise mine, de grosses cernes et il se racle la gorge pour retenir une quinte de toux. Comme s'il en avait marre de se répéter, il m'envoie d'une pensée une remarque pour me faire savoir que oui, il ira à l'infirmerie. Mais je n'ai encore rien dit. Arrivant enfin à la cuisine, je comprends mieux quand j'aperçois Prudence sur place.
Avec Prudence c'est... compliqué. Ce n'est pas que je ne l'aime pas – VADE RETRO SATANAS – mais c'est plutôt que j'ai eu longtemps des réserves sur sa présence ici. Je comprends le message de paix, de pardon, de compréhension du Professeur mais c'est simplement que... je ne sais pas... Il y a comme un côté obscure en elle qu'elle n'arrive pas à combattre et parfois, ça me fait peur. Et pas que pour l'école. Radio Toto a prévenu qu'ils sont de nouveau ensemble, elle et Bobby. Est-ce une bonne nouvelle ? Le temps le dira. Je n'ai pas de conseils à donner à Robert – enfin je pourrais presque, même en terme de prêts de vêtements d'autrui et d'hygiène, oui d'hygiène, parfaitement – mais je garde un œil sur elle, et elle le sait. Quand elle me salue, je manque de l'appeler par son prénom mais ne l'irritons pas de si bon matin. J'esquisse un sourire et lui fais un petit signe de la main « Salut Snow. Bien dormi ? » Je me dirige vers la cafetière, près à me servir un bol de potion magique quand elle me prend par les sentiments. Je me tourne vers elle et sa pâtisserie et sa remarque m'arrache un sourire, manque même de me faire verser à côté. Je glisse un demi-sucre dans mon bol et m'assieds sur un tabouret. Je lui réponds, entre le sarcasme et l'amusement : « Merci pour cette précision ô combien rassurante. » Je bois une gorge de café et lève les yeux vers ceux de Prudence : « Oui, volontiers. » Je laisse passer quelques secondes puis conclus d'un courageux « Soyons fous. »
On avait déjà dépassé la fin du moins d'août, cette courte période de quelques jours ou tous, sans exception, ressentions cette lassitude des vacances et cette envie de reprendre les cours. Ce n'était l'affaire que de quelques jours, ces quelques jours durant lesquels j'avais simplement passé mon temps à attendre. Attendre que le mois se termine. Attendre que Septembre arrive. Et puis Septembre était arrivé, quelques jours étaient passés... et les vacances semblaient un doux et lointain souvenir. Qui demande à être revécu. L'avantage à être à l'université c'est que les horaires de cours sont assez aléatoire et surtout le début de l'année est toujours un peu bordélique. Des cours commencent, d'autres retardent. Certaine salles allouées à d'autres groupes. Certains amphithéâtres en travaux ou simplement quelqu'un qui aura oublié de venir ouvrir les portes. Il s'avère que ce jour là était encore libre, mes cours n'y ayant pas encore débuté. J'aurais pu dormir, squatter le fond de mon lit encore quelques heures de plus comme un retour éphémère des jours chauds, mais non. J'étais parfois raisonnable. Je ne voulais pas casser le rythme. Je m'étais réveillé avec les premières lueurs du soleil et avait tourné un peu sur le lit une bonne heure à observer les autres dormir ou se préparer, et puis seulement j'avais décollé.
Douche? Nan. Un coup d'eau sur la tronche oui, entre deux regards vers un Warren tout endormis et un Kayden tout recroquevillé. Ils étaient mignons tous les deux, ensemble, dommage que les nuits restaient si platoniques. J'enfilais un short et un débardeur et je sortais. Déjà l'institut se réveillait depuis un petit moment. Les cours avaient repris ici aussi et les élèves se hâtaient déjà entre petit déjeuner et derniers préparatifs pour la journée. Moi je traversais le couloir, les mains dans les poches, mes doigts se refermant sur mon téléphone et mes écouteurs qui seraient dans quelques minutes irrémédiablement emmêlés. Je traversais la distance jusqu'à l'ascenseur et appuyais sur un bouton. Et ça descendait. Rez-de-chausser. Premier sous-sol. Second sous sol. Je sortais de la boite de métal, direction la salle de sport. Descendre ici me faisait toujours cette impression... de pas avoir à être là. Certains élèves, les jeunes ou les naïfs, pensaient toujours que c'était une école classique mais moi je voyais à travers le sol. Je voyais les installations de pointes, la salle des dangers, le coin des X-men. Enfin le "coin". Faut dire qu'on a besoin d'espace quand on sauve le monde. Je les avais souvent aperçu se bouger en bas, plancher, déguerpir en vitesse. Bon à ce niveau j'étais encore dans la légalité au moins. J'entrais. Pas grand monde, faut dire qu'il était encore tôt et tout le monde avait à faire. Je prenais cinq minutes, oui autant, pour délier mes écouteurs et les fourraient dans mes oreilles. Il était temps de suer un peu.
Ça me prenait presque deux heures. Finalement tant mieux de ne pas avoir à bouger d'ici de la journée, parce que j'allais dormir. Mes muscles étaient tendus, j'étais rouge et dégoulinant. Mes cheveux tenaient seuls en l'air à force d'y avoir passé mes mains. J'avais laissé tomber mon débardeur aux premières gouttes et j'avais tombé le short en rejoignant les douches. L'eau chaude me faisait un bien fou et je me rhabillais - si si - avant de remonter. Je sortais de l'ascenseur au rez-de-chausser et... là. Cette odeur. Embaumant tout. Le citron. Le sucre. Mon regard perçait le mur pour se poser sur un plat sur la table de la cuisine. Qui avait osé?! Je suivais le couloir et entrais dans la cuisine sans un mot, me penchant derrière Warren, passant ma tête juste au dessus de son épaule, nos oreilles se frôlant à peine. - Tarte? - Je bisoutais la joue de Warren avant de me reculer d'un bond. - Bonjour! - Simple taquinerie. C'était pas souvent qu'il se baladait aussi peu vêtu l'ange, ces vacances en Australie avait au moins servi à quelque chose. Et puis pour une fois que c'était moi le plus énergique des deux, je pouvais bien l'embêter un peu. - Je peux? - Mais de toute façon j'étais déjà entrain de me servir. Elle avait fait une tarte citron meringué en pleine journée et en plein passage. Elle devait forcément se douter de ce qui arriverait. Je laissais mon regard dévier pendant que je coupais un morceau de tarte avec ma cuillère et le posais sur Snow. Plus précisément sur sa hanche. Et me voilà qui parlait distraitement avant de fourrer dans ma bouche le morceau de tarte. - Tiens, Bobby cachait ce grain de beauté l'autre nuit...
Warren avait tout pour plaire, physiquement s’entend. Warren était un homme sportif, grand, avec de beaux yeux. Warren avait aussi un défaut de taille qui ne se mesurait pas par l’envergure de ses ailes mais bien par sa mauvaise foi sans failles, capable de rivaliser brillamment avec Bobby Drake et Wolverine. « Salut Snow. Bien dormi ? » Elle esquisse un sourire en coin. Il est déjà en train de jeter un oeil sur la tarte, à croire que la moitié des hommes de cette école étaient dirigés par leur estomac. « Tu as retenu comment je m’appelle, félicitations ! » Après tout ce temps à l’appeler Prudence, envers et contre toutes ses protestations, il était légitime qu’elle finisse par penser qu’il avait simplement un cerveau à l’image de sa mutation. Elle voudrait bien être tolérante, Snow, mais il l’est si peu avec elle qu’elle n’éprouve aucun désir de l’être en retour ; si ce jour-là, elle le fait, c’est parce que Bobby le mérite, pas parce que Warren lui serait soudainement plus sympathique. La part de tarte est servie dans une assiette et est tendue au professeur de sport tandis qu’il met du sucre dans son café. La cuisine embaumait ainsi un savant mélange de senteurs et il ne fut pas vraiment étonnant qu’une autre voix résonne dans la pièce peu de temps après, ne laissant pas à la jeune femme l’occasion de répondre sur les circonstances de sa nuit ou sur l’amabilité de ses précisions.
Le baiser sur la joue de l’homme laisse Prudence perplexe. Est-ce qu’elle a raté un épisode ? Est-ce que finalement, l’emplumé de service est vraiment gay ? C’est que les élèves parlent. Ils disent énormément de choses et quand ça n’est pas autour des excès du gouvernement, alors ça concerne leurs professeurs ou les membres du personnel. Disons qu’elle n’avait pas une écoute assidue des ragots mais qu’elle ne pouvait plus vraiment les ignorer, elle en était devenue un des sujets fétiches - ou plutôt ce qu’elle pouvait bien faire avec le psychologue était devenu sujet aux rumeurs et aux questionnements farfelus. « Je peux ? » « C’est le principe d’une tarte, non ? » Elle ne l’avait pas faite pour servir de décoration. Il y a eu une époque où l’on se méfiait trop d’elle pour savourer ses pâtisseries, désormais il n’y avait que Warren et quelques irréductibles gaulois pour rester bloqués sur le concept de la vilaine confréristes. D’autres étaient partis, avaient déserté et elle était toujours là. N’était-ce pas une preuve suffisante ? Peut-être pas, en fin de compte.
« Tiens, Bobby cachait ce grain de beauté l'autre nuit... » Les yeux d’Alec étaient posés sur sa hanche, et si elle savait qu’il n’avait aucun moyen pour lui de contenir le flot de ces commentaires tendancieux, elle était toujours assez mal à l’aise à l’idée d’être détaillée de la sorte. Ses tenues étaient souvent près du corps mais cachaient sa peau, ce qui n’était pas effectif avec le mutant savourant la tarte. On n’a pas idée d’avoir une génétique pareille ! La chair est remplacée par l’eau, offrant ainsi la silhouette aqueuse pour contrer la perversité masculine. « Les yeux, c’est par ici. » lui indique-t-elle d’un geste de la main. Il n’avait pas besoin de la regarder ailleurs. Pas d’agression toutefois, elle ne râle pas, ne s’énerve pas, elle lui rappelle simplement les convenances. Si quelques semaines auparavant elle vivait plutôt mal de s’afficher sous cette forme, elle l’acceptait bien depuis, elle avait fait de cette évolution une autre part d’elle-même, moins aisée mais pas détestable pour autant. Sans l’aide du psychologue, elle n’y serait peut-être pas parvenue. « Et puis à quoi bon mater ce qu’on ne peut pas toucher, mh ? » Question purement rhétorique, elle se fiche du pourquoi il mate. « Occupe-toi plutôt du caleçon d’Angel. » Oui. C’est bien plus intéressant que son grain de beauté. Et le sourire malicieux accroché à ses lèvres indique bien qu’elle a hâte de savoir ce qu’ils auront à répondre. Warren sera très à l’aise, c’est une certitude !
Il n'y a pas à dire, Snow est une mutante impressionnante, avec une mutation sur développée même au-delà de ce qu'elle pense pouvoir faire. Par exemple, elle rend l'ambiance glaciale en un temps record. Parce qu'au moment où j'essaie de faire preuve d'un peu d'amabilité, j'en viens à me demander si elle saurait retrouver le mot dans le dictionnaire. Je lève les yeux au ciel quand elle crache sa réplique. Ah c'est vrai que mademoiselle ne souhaite pas être appelée par son prénom. C'est Mystique qui appelait ça son nom d'esclave et Snow a été à bonne école, il ne faudrait pas venir à l'oublier. Et hop, ambiance à -10°C, comme je l'avais dit. Je hausse des épaules, je ne me sens particulièrement insulté par sa remarque, si ce n'est que je n'aime pas tout ce qu'elle peut impliquer. Je m'occupe de mon café quelques instants puis, calmement, j'en viens à lui répondre : « Parfois j'en viens à croire que c'est toi qui as oublié comment tu t'appelles. »
Bla bla, je la vois déjà s'insurger mais peu importe. Qu'elle s'agace toute seule si elle le souhaite, mais je ne suis pas celui qui a ouvert les hostilités. Soudain, Alec débarque dans la cuisine. Je lance un regard à Snow, pour interrompre toute envie qu'elle pourrait avoir de me claquer quelque chose devant les élèves. Après tout, ils ne sont pas censés savoir que ça ne se passe bien. Je tiens à ce qu'on maintienne une certaine cohésion, à leurs yeux. M'enfin, j'imagine que si Snow avait des problèmes, j'irais évidemment quand même l'aider. Une petite tête sauvage apparaît au-dessus de mon épaule pour venir chasser la tarte. Puis il m'embrasse sur la joue. Euh... d'accord... Je pivote vers lui, ne m'en offusque pas. Alec est un gentil garçon et même si ses manières laissent souvent à désirer, et pas forcément à cause de son don, je l'aime bien quand même.
Alec a à peine demandé à servir qu'il passe à l'acte. Je bois une nouvelle gorgée de café alors qu'il fait une remarque à Snow sur un grain de beauté, et fait donc explicitement référence à Bobby. Tout le monde sait qu'ils sont de nouveau ensemble, ce n'est un secret pour personne. S'il est heureux comme ça, alors pourquoi pas... Soudain, Prudence change de... consistance pour devenir eau, essayant de recadrer un peu les yeux baladeurs d'Alec. Quant à moi, je suis encore suffisamment gêné pour en venir à tourner le dos à la chambre d'Alec quand je me douche mais je suis presque habitué. Presque seulement, bien entendu. Je mange un morceau de tarte mais manque de m'étouffer quand elle pose sa question. Malheureuse, elle l'encourage à toucher à mater ET à toucher tout ce qui se trouve à portée ? Je tends l'index vers Alec rapidement, pour essayant de l'interrompre dans le potentiel fil de ses pensées : « Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut toucher ce que tu peux mater bien entendu. »
Ouf, sauvés ! J'arque un sourcil dans sa direction quand elle parle de caleçon. Je pose les coudes de part et d'autre de la tasse et affiche un grand sourire à l'intention de Snow : « J'imagine qu'Alec est déjà au courant mais tu seras ravie d'apprendre que je n'en porte pas sous mes pyjamas. » Je reprends ma tasse en main et en bois un peu. « De rien, c'est cadeau. » Je me tourne vers Alec, la peur de voir où se dirigent ses yeux : « Tu aimes la tarte Alec ? Tu vas faire quoi aujourd'hui ? » J'essaie de serrer les jambes sur mon tabouret, quand même...
Lorsque Snow changeait de consistance et d’apparence, je perdais de vu le grain de beauté pour ne voir qu'une forme aqueuse et translucide. - T'es pas drôle. - Je contrôlais pas mes commentaires, je pouvais au moins les atténuer. Le complément qu'elle apportait me faisait me redresser. J'allais répondre mais Warren coupait mon élan d'un discours moralisateur qui me faisait me ratatiner doucement sur ma part de tarte. - Je suis pas non plus un violeur en série, ça va. - Mais... quelqu'un a parlé de caleçon? Mon regard se posais sur Snow, puis sur Warren. Il répondait dans un grand sourire et par réflexe je baissais le regard. Non je savais pas. Faut dire que moi je ne voyais que ce que je voulais bien voir. Alors je réduisais un peu le zoom et ne voyais.. Ah bah voilà. - Non, je confirme, y'en a pas. - Et je m'attardais quelques secondes sans gêne ni contrôle. - « Tu aimes la tarte Alec ? Tu vas faire quoi aujourd'hui ? » - Un sourire amusé étirait mes lèvres alors qu'il resserrait les jambes. Je relevais mon regard vers son visage et plaçait ma main le long de ma joue, comme pour faire des messes basses, alors que clairement tout le monde entendait et entendrait. - Ça sert à rien de te tortiller, hein? - Je voyais quand même, tout, toujours.
Je reprenais une position plus normale avec la nette impression de jouer les murs de séparation et avalait un nouveau morceau de tarte. - Elle est très bonne cette tarte! T'es encore en lice pour une semaine supplémentaire. - Avais-je dis à l'intention de Snow sur un ton faussement sérieux. - Et! - Je tournais la tête vers Warren. - Rien. Je vais dormir. Je viens d’enchaîner deux heures de sport, je vais aller m'écrouler dans un coin faute de mieux. - J'allais surement pas dormir toute la journée mais une bonne sieste réparatrice pour reposer mes muscles fatigués? Ouais. - Enfin pas tout de suite, faut que la pression retombe. Mais après. Tout à l'heure. Enfin bref. - Je parlais trop, comme d'habitude. Un nouveau morceau fourré dans ma bouche et je rétorquais. - Et vous? - J'arquais un sourcil vers Warren. - T'as pas un cours à donner toi d'ailleurs? - Et puis mon attention se perdait derrière lui, à travers lui pour être plus précis, où je voyais une silhouette plus lente que les autres. Même Logan qui pourtant se balader sans la moindre hâte les trois quart du temps, marchait plus énergiquement. Je reconnaissais sa posture autant que son visage que j'avais déjà scruté quelque fois. - Bonjour la belle au bois dormant.
Un grognement. C'était toujours mieux que rien? Je parcourais son corps comme je le faisais avec tout le monde et je soupirais. - Comment tu peux juste dormir.. avec "ça". - Dayle faisait quelques pas et levais une main. La cuillère m’échappait alors des mains et son dos venait frapper mon front avant qu'elle ne s'envole jusqu'à lui. - Heey! - Il versait dans une tasse une bonne rasade de café noir et utilisait MA cuillère pour le remuer. Il avait même pas mis de sucre! Il faisait à nouveau quelques pas, tout en buvant deux longues gorgées, pour se retrouver entre Warren et moi à l'angle de l’îlot central et posait la cuillère à côté de mon assiette. - Good boy. - Voleur. - Ils étaient pas nombreux les gens avec un accent britannique ici alors j'appréciais chaque mots que Dayle prononçait comme un souvenir de Londres. Parce que même si ma vie là-bas avait été très moyenne, mon pays me manquait. Ma ville surtout me manquait. Quelqu'un était pas du matin à l'évidence. Ou pas du réveil du moins. Moi je sautais du lit à pieds joints alors je pouvais pas vraiment comprendre. Je récupérais la cuillère et prenais un autre morceau. C'est que je commençais à attendre le bout. C'était bien dommage. - Bon et donc? Quel est le programme du jour?
Prudence a-t-elle oublié son nom ? Sans doute, quelque part, a-t-elle au moins oublié ce qu’il signifie, d’où il vient, désormais synonyme de honte et de regrets. Alors non, Warren ne comprend pas, la plupart des X-Men ne comprennent pas, cela dit elle s’en fiche, elle sait pourquoi cette identité première n’est plus la sienne depuis ses dix-huit ans. Enola avait plus d’existence, de consistance. Enola était un nom choisi qui n’avait plus d’attaches. Pourquoi se faire appeler Prudence quand sa seule période de normalité s’était déroulée sous en étant Enola, jouet d’un homme riche et violent, petite poupée entre ses doigts ? Warren ne pouvait pas imaginer que le choix de Mystique, celui de la baptiser Snow avait finalement été le seul véritable acte d’amour reçu en bien des années de jugements et de tristesse. « Après ce que ton père t’a fait, tu devrais comprendre mon choix, Angel. » Le ton n’est pas agressif. A quoi bon ? Et le regard qu’il lui lance lorsqu’Alec passe la porte l’agace. Il la juge suffisamment stupide pour lui coller une gifle devant les gamins ? Il la croit irresponsable à ce point ? Elle fulmine intérieurement. Ils venaient de ce même milieu d’argent et d’aisance sociale, ils avaient bien des moyens de se comprendre mais ne trouvaient aucune voix pour s’entendre, parce qu’il avait choisi le pardon là où elle avait opté pour la haine. Là où la colère avait été dévastatrice.
« Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut toucher ce que tu peux mater bien entendu. » Il n’a pas laissé à Alec le temps d’exprimer le fond de sa pensée. Voilà pourquoi elle ne supportait pas cet emplumé, c’était un moralisateur, de ces hommes qui se croient mieux que les autres parce qu’ils ont dépassés certains sentiments et certaines conditions de vie pour atteindre un poste, un statut. Il était comme.. comme Jeremiah Rosebury dans sa période de prestige, quand il pouvait faire la charité pour délivrer de foutus messages de morale et de conventions. Peut-être Snow avait-elle des monceaux de sujets sur lesquels elle était réticente mais elle n’avait pas cette foutue posture d’autorité et de pseudo-leçons à délivrer. « Je suis pas non plus un violeur en série, ça va. » Elle esquisse un sourire. Il ne devait pas avoir un quotidien facile, avec sa mutation et son caractère un brin déviant. Il devait sans cesse être jugé sur chacun de ses mots ou de ses regards. Calmement, Prudence reprend une apparence humaine, une consistance classique. Le grand sourire de Warren la laisse froide. Au début, à son arrivée, le moindre commentaire un tant soi peu tendancieux la contrariait ; ça n’était plus le cas. En récupérant une partie de ses souvenirs, elle avait réappris à lire les sous-entendus, à comprendre l’intérêt du contact et de l’affection. La perversité de certains ne la faisait plus rougir. « Ah oui ? Tu ne dors pas seulement couvert de tes superbes plumes ? » Sourire parfaitement hypocrite. Le plus triste, c’est qu’elle a imaginé le vieux pyjama style combinaison, à carreaux.
Il parle beaucoup, Alec. Trop. Il meuble le silence froid entre Warren et Prudence. En étaient-ils à devoir évoquer des banalités pour détourner le jeune homme de la nudité ? Et puis un zombie a traversé la cuisine, interrompant la conversation. Je dis un zombie parce que c’est ce dont avait l’air l’homme, traînant des pieds pour obtenir de quoi boire. Comme l’ours dans la pub, il est pas bien s’il a pas eu son café. « Euh.. bonjour. » hasarda-t-elle. On ne pouvait pas vraiment dire qu’elle connaissait l’invité en question, toujours occupée avec les gamins lorsque les adules se retrouvaient. Quand elle ne mangeait pas avec Bobby, s’entend, et dans ces cas là les choses se compliquaient assez. On ne savait plus très bien quel était le statut de la blonde au sein de l’école. « Bon et donc? Quel est le programme du jour? » Une question à laquelle elle ne savait pas trop quoi répondre. Elle n’était pas professeur donc elle n’avait pas de cours à donner, et elle n’en recevait plus tellement non plus. « Entraînements. Et j’ai un devoir à rendre. Le code civil est à vomir. » Une réalité, ça. Peu savaient qu’elle avait fini par opter pour du Droit par correspondance.
« Après ce que ton père t’a fait, tu devrais comprendre mon choix, Angel. » La remarque de Snow fout un gros coup dans les couilles de ma bonne humeur matinale. C'est justement parce qu'il ne m'a rien fait, à moi, que je peux me trouver ici, parmi eux. Après, je sais bien qu'il doit être haï de mutants dont les pouvoirs n'ont pas résisté aux « essais cliniques » de mon père. Enfin n'ont pas résisté, ou ont été amplifiés pour certains... Mon regard lance une bombe sur Snow mais comme l'étudiant entre dans la pièce, je ne réponds rien. Verbalement du moins...
À la remarque du jeune homme, d'ailleurs... Je lance une œillade vers Alec et lève les yeux au ciel gentiment, lui répondant que je sais bien. Alec a beau avoir un pouvoir qui influe sur ses interactions avec les autres, il a bon cœur. On s'est déjà parlé de nos passés respectifs et Alec, en dépit des apparences, est sans doute celui le plus à même de comprendre les relations que j'entretiens avec les membres de ma famille. D'ailleurs, ma mère est fan d'Alec même si elle m'a dit après leur première rencontre : « Il est gentil mais je n'aime pas ses manières... M'enfin, je n'aime vraiment pas ses panières, mais il est gentil. » Elle ne comprend parfois pas que les mutations s'accompagnent de contraintes, et souvent pas pour l'entourage mais vraiment pour les mutants eux-mêmes. En guise d'excuses pour la maladresse de mes mots – et parce que je ne veux pas qu'il pense que je le vois comme un pervers – je passe une main dans son dos que je frictionne plusieurs fois avant de me concentrer à nouveau sur le petit-déjeuner.
Finalement, et surtout pour embêter Snow, je lui confie que non, je ne porte pas de sous-vêtements sous mon pantalon de pyjama. Le prévisible se produit et j'essaie de serrer les jambes quand Alec regarde dans ma direction. Forcément, sa remarque m'arrache une sorte de sourire gêné et sens le rouge me monter aux joues. Rah, cette maudite indépendance de mes joues et cette fâcheuse amour de la couleur rose... Je mime un sourire à l'encontre de Prudence et réponds presque poliment : « Non, je ne dors pas uniquement couvert de mes plumes. Contrairement à mes amis oiseaux, il m'arrive même de porter des vêtements la journée. » J'avoue que sur le coup, je suis un peu sur la défensive. C'est comme une sorte de réflexe qui s'opère quand Snow est dans les parages...
Je me lève pour remettre une dose de café dans ma tasse. Après quoi, j'essaie de détourner la conversation pour qu'elle prenne une tournure plus... cordiale. Je note tout de même les efforts d'Alec pour meubler les silences gênants. Je l'en remercierai quand nous nous retrouverons seuls... j'imagine que ce n'est pas une situation bien confortable pour lui... Je les écoute donc donner leurs réponses, esquissant un sourire quand Alec explique qu'il va se remettre de deux heures de sport. Je lui propose, s'il veut profiter de son élan de motivation, de se joindre à nous s'il le désire. J'en profite pour répondre à sa question, jetant un œil sur la pendule : « Non pas tout de suite. Normalement, je ne suis jamais en retard à mes cours. Et surtout ceux du matin. » Non parce qu'après le repas du midi, j'ai souvent la flemme de lever mes fesses pour retourner dehors ou en salle pour donner les cours. Il faut se déplacer, montrer les exercices, courir d'un côté et de l'autre. Alors qu'une sieste digestive serait tellement la bienvenue...
C'est à cet instant que l'ombre de Dayle fait son apparition. Au départ, je ne comprends pas la question d'Alec puis lance une œillade vers mon ami, et l'étudiant. Ah oui d'accord. Je passe la main dans ma nuque puis choisis de hausser des épaules en mode « c'est la vie » ou... ils peuvent interpréter comme ils veulent, je n'ai pas envie de rejouer le couplet de amitié, guylove, bla bla. Finalement, je les observe du coin de l'oeil alors que Dédé récupère de quoi mélanger son café. Je me tourne vers Prudence et lui demande : « Le code civil, Snow ? Qu'est-ce que tu prépares d'intéressant ? » J'aurai bien le temps de reprendre notre conversation sur mon père plus tard, ou jamais. En fait. Je replonge le nez dans ma tasse avant de terminer ma part de tarte. Je lance un coup d'oeil vers Alec : « On pourra compter sur toi pour le cours de sport ? Peut-être même que je pourrai convaincre Dayle de venir aussi, si tu acceptes de le harceler avec moi. »
J'avais apprécié le geste de Warren. Il me connaissait. Il savait ce que je vivais tous les jours même si moi je ne m'en rendais pas toujours compte. Il savait aussi que j'avais l'habitude de ce genre de remarque. Je m'enfichais les trois quarts du temps par habitude et le reste du temps... je prenais sur moi, et pourtant il avait quand même fait ce geste. J'avais légèrement haussé les épaules au contact de sa main dans mon dos, comme un frisson. Et pour une fois sans perversité aucune. Oui j'avais apprécié, oui je lui avais souri pour le rassurer. Qu'il ne s'inquiète pas. Cours il avait, mais du temps aussi avant d'y aller. Dayle entrait, la cuillère volait. Au bonjour de Snow, il levait même son regard sur elle. - Bonjour. - Pas de grand sourire, pas de fanfares, mais pas d'agressivité non plus. Fallait peut être pas trop en demander après deux gorgées de café seulement mais au moins il lui avait répondu au mieux. Enfin j'osais supposer. Il m'avait jamais semblé que Dayle partage ou attise le comportement de certains vis à vis de Snow, vis à vis de son passé. D'un autre côté il était pas non plus toujours là et elle pas toujours avec tout le monde... Enfin pas toujours là... à part dernièrement.
« Entraînements. Et j’ai un devoir à rendre. Le code civil est à vomir. » - Mes épaules s'affaissaient presque sous le poids de cette simple idée. - A qui le dis-tu... C'est une vrai vacherie ce truc. Et attend de passer au pénal, tu vas voir, c'est gé-nial. - En réalité j'aimais beaucoup ce que je faisais. J'avais toujours aimé tordre les règles, les connaitre pour mieux les contourner. Je devais tenir ça de mon père. Pas grand chose que j'avais de lui, pas grand chose dont je voulais surtout, mais dans le lot il y avait ça. J'étais meilleur que lui à ce jeu là, le soucis étant qu'il n'en savait rien... et moi non plus à ce moment-là. J'aimais bien avoir Warren dans un coin du regard dans ces moments de glissades dans un passé dont je ne voulais plus. Il connaissait cette situation, il savait, lui, ce que cette vie représentait. - « On pourra compter sur toi pour le cours de sport ? Peut-être même que je pourrai convaincre Dayle de venir aussi, si tu acceptes de le harceler avec moi. » - Je levais un regard sur Warren, un regard un peu en détresse, puis à l'évocation de Dayle je posais mon regard sur lui aussi. Il s'était figé sur place, comme s'il allait devenir invisible. Comme s'il allait se fondre dans le sol et disparaitre.
Son regard passait par moi puis par Warren avant de réagir. - Non. Non, non, non. - Il portait la tasse à ses lèvres et buvait une longue gorgée avant de se sentir obligé d'apporter quelques précisions. - Non, non, non, non, non. - Personnellement je voulais dormir mais bizarrement... La simple idée de l’embêter me tenait réveillé. Et puis le sport ça marche comme ça, une fois qu'on y est, la drogue vous tiens debout. Enfin pas tous, pas tout le temps, mais j'étais pas non plus épuisé au point de m'écrouler. - Dayle. - Non. - Alléé. - Non. - Daaaaayle - Non j'ai dis. - Dayle! - Non! - Il répondait par réflexe, je doutais même qu'il avait vraiment conscience vu son état de zombification avancée de ce qui se passait. - Allez Dayle! - Non. - Dayle. - Non. - Dayle. - No... - Dayle! - N... - Dayle! - Bon ça va! - Il en renversait un peu de son précieux café et je revenais à ma part de tarte, fier de moi. - J'suis trop fort à ce jeu là. - Je fourrais le dernier morceau dans ma bouche et sentais une chaleur dans mon cou, un souffle prêt de mon oreille, et j'entendais sa voix bien trop proche. - Tu vas courir Alec... Tu vas courir. - Je déglutissais bruyamment. Oups.
Warren était en permanence sur la défensive, sans que Prudence ne sache ce qui le dérangeait vraiment chez elle. Elle ne l’aimait pas, c’était un fait, mais uniquement parce qu’il s’évertuait à se montrer hostile. Pour lui, elle était toujours une gamine dangereuse et ça la dérangeait. Lorsqu’il lui jetait ces regards de réprimande comme on gronderait silencieusement une enfant, elle avait envie de le déplumer. Lorsqu’il agissait comme s’il avait un semblant d’autorité sur elle, elle n’avait qu’une envie : lui faire passer cette manie de se croire supérieur, plus expérimenté ou plus digne d’une quelconque responsabilité. Le fait que la blonde se soit retrouvée dans l’équipe des X-Men a dû lui froisser les ailes, au pauvre piaf. En toute honnêteté, s’il faisait l’effort de ne plus la considérer comme une traitre, elle passerait sur son incroyable lâcheté et sa faculté surprenante à ne jamais être là lorsque les combats faisaient rage. X-Man en carton pâte. Être monsieur Worthington devait le dispenser d’une présence régulière, n’est-ce pas ? On part faire bronzette pendant que le monde se déchire, sans gêne et sans culpabilité. Quel hypocrite ! Elle ne répond ainsi pas au fait qu’il porte des vêtements, comprenant qu’en fin de compte, elle n’était pas la moins douée de l’école pour les subtilités, l’humour et l’ironie. Ce mec devrait prendre des cours, sérieux. Et après c’était elle l’antisociale ? « Non pas tout de suite. Normalement, je ne suis jamais en retard à mes cours. Et surtout ceux du matin. » Elle ne commente pas, découpe une part de tarte qu’elle met de côté. A ce rythme, Bobby risquait de ne pas y goûter si elle ne préservait pas un peu de la pâtisserie des morfales masculins qui allaient se succéder. Elle préférait que ce soit mangé, malgré tout, diminuant ainsi la sensation d’être une intruse dont on craignait les tendances à l’empoisonnement.
« A qui le dis-tu... C'est une vrai vacherie ce truc. Et attend de passer au pénal, tu vas voir, c'est gé-nial. » Il connaissait le poids de cette horrible chose inventée pour torturer les étudiants. Vous voulez blesser un camarade ? Faites donc tomber le code civil sur ses orteils, il ne vous cherchera plus jamais de noises. Enfin, Alec était plutôt du genre à mater qu’à blesser, aucun risque que cette lubie lui prenne. Pas le temps toutefois de répondre que Warren fait le notable effort de communiquer sans sous-entendre les mille noms d’oiseaux qu’il pourrait lui donner. Incroyable, il sait parler ! « Le code civil, Snow ? Qu'est-ce que tu prépares d'intéressant ? » Un hochement de la tête. Oui. Ca n’était pas parce qu’elle ne suivait plus les enseignements de l’institut qu’elle passait ses journées dans l’oisiveté et la luxure - même si certains, non Alec ne te sens pas visé voyons, aimaient à l’envisager de cette façon. Elle étudiait dans sa chambre et ne rejoignait Bobby qu’ensuite, routine agréable qui la changeait des crises. « Formation accélérée et intensive en droit. La loi est toujours le meilleur moyen de défendre une cause, celle des mutants ne fait pas exception. » Voilà pourquoi elle s’était lancée là-dedans. Voilà pourquoi elle ingurgitait ce flot d’informations. Par chance, elle n’avait plus à diviser son temps en un emploi du temps imposé, ce qui lui permettait de s’organiser sans trop de mal. Un jour peut-être irait-elle jusqu’à devenir avocate, pour l’heure elle ne se faisait pas d’illusions, consciente que ne pas être recensée était déjà une infraction. Le côté correspondance de ses études lui évitait les risques d’un contrôle. Le gène X est d’une évidence criarde, pas vraiment du genre discret dans ces conditions.
Et puis le regard trop bleu est passé entre les trois hommes. Relation étrange et ambiguë. Ca n’est pas tant le sujet du sport qui a retenu son attention mais bien cette façon dérangeante qu’ils avaient de s’approcher, l’un soufflant dans le cou de l’autre, de ces contacts à ces murmures qui laissaient supposer un vaste déni ou un manque cruel d’éducation. D’ailleurs.. qui était ce Dayle au juste ? Qu’importe. Tandis qu’ils se chamaillaient sur qui irait ou non transpirer, Snow a esquissé un geste souple de la main. Et Dayle s’est retrouvé avec de charmants patins en glace. Finalement ça n’était pas Alec qui allait courir mais l’invité surprise qui devrait glisser jusqu’au terrain. Oui, elle était parfois généreuse. Et son sourire amusé laissait supposer que voir un homme à peine réveillé surpris de la sorte était un divertissement sans nom.
Je laisse courir mon doigt autour de la tasse alors que Dayle salue, brièvement certes mais il vient de se lever, Snow. Je ne sais plus si je l'ai brieffé sur elle d'ailleurs, je ne crois pas. Mais il est de toutes façons assez grand pour se faire sa propre opinion et ce que j'aurais dit ne lui aurait en rien faire avoir des préjugés sur les uns ou les autres, ou il serait passé outre. Ça c'est mon Dédé ! Je regarde Snow et Alec échanger. J'imagine bien ce dernier dans le droit, il est vrai que c'est sans doute la meilleure façon de tordre le cou à ceux qui veulent pondre des lois pour enfermer les mutants dans des districts X. Alec sait par expérience que l'enfer est pavé de bonnes intentions et en dépit de l'importance de son don dans sa vie quotidienne, il sait prendre du recul pour aider au mieux les autres. Il ne se laisse pas « envahir ».
Prenant sur moi, j'essaie de refaire prendre l'échange avec Snow une tournure un peu différente et beaucoup moins froide, même s'il semblerait que ce soit la spécialité de la jeune femme. À son arrivée, il est vrai que j'ai été suspicieux. Parce que je découvrais cet institut, que j'avais aperçu ce dont étaient capables les mutants qui n'ont pas forcément les méthodes – à défaut des idéaux – de Charles... À mes yeux, Snow a toujours dissimulé une sorte de violence latente qui m'effraie un peu et avec le temps, je crois que c'est simplement devenu une sorte de lassitude mutuelle. Des atomes pas crochus du tout... Je ne saurais pas vraiment comment le définir exactement.
Je ne peux qu'acquiescer à la réponse de Snow. Attendez. On est tous morts ? C'est ça ? Parce que je suis d'accord avec ce que vient de dire Prudence, donc je devrais sans doute me pincer pour vérifier que je suis toujours vivant et pas dans le coma ou en train de flotter vers le paradis des volatiles. Je tourne la tête vers Kay – même dans mon esprit, c'est encore incertain – et Alec alors que ce dernier use de tout son pouvoir de persuasion sur mon frère. Et il arrive à ses fins, je le gratifie d'un clin d'oeil avant d'afficher un petit sourire satisfait vers Dédé. Puis je glisse à l'intention du jeune mutant : « Il va te faire courir avec une masse cinq fois supérieure à celle que tu as mais tu verras, passé les trois premiers mètres, le plus dur est fait. » Je ne peux que me souvenir de ce vil petit tour qu'il m'a joué lors du cours avec Piper ! Même le battement frénétique de mes ailes ne parvenait pas à me faire quitter terre mais c'était une sorte de challenge plutôt amusant. En plus, moi riant comme un gros débile, ça ne m'aidait pas du tout à garder du souffle pour avancer. J'ai terriblement hâte de voir Alec dans cette situation !
Je me tourne soudain sur le côté quand je vois Snow affliger Dédé de patins à glace. Je m'appuie bien confortablement sur le plan de travail, attendant de le voir flotter au nez et à la barbe – c'est pas moi qui le dis, c'est l'expression – de « Prudence »...
« Il va te faire courir avec une masse cinq fois supérieure à celle que tu as mais tu verras, passé les trois premiers mètres, le plus dur est fait. » - J'avais blêmi. Enfin je crois. Dayle était sympa, sexy aussi, et son regard me tuait. Enfin, il était pas pour moi ce regard, mais il avec ce regard... Enfin bref, mais là il me faisait flipper. Il avait ce regard là aussi. Et ce ton de voix surtout. Je déglutissais. - J'suis sûr que je peux le faire. - Pas vraiment. Mais fallait bien garder la tête haute. Et puis je portais ce poids en fonte, enfin de temps en temps, alors ça irait. Ça devait pas être si différent. Si? - Et puis si tu l'as fait, je peux le faire. - Il l'a pas fait... - Ah. Mon regard allait et venait entre les deux. Révélations. C'est sûr que si au bout de trois mètres il s'était laissé tomber... J'avais plus de tarte. Mais je pouvais survivre sans. Dayle reculait et revenait à sa place avant que je ne sente un courant froid traverser la pièce. Encore un regard en biais de la blonde et de l'ange? Non, Non. Un vrai courant froid et je tournais la tête vers Dayle pour voir son regard rivé sur Snow, avant de finalement suivre le regard de Warren vers le bas et les chaussures de Dayle partiellement enrobée de glace.
Au premier signe de déséquilibre il s'était fixé, son corps raidi alors que son pouvoir jouait comme un automatisme. Il se stabilisait instantanément, gardant un équilibre parfait, juché sur ses patins tout neufs. - Pas sympa ça, Snow. - Je pouffais, discrètement. Il posait la tasse devant lui et son regard sur Warren. Incrédule le regard. - Quoi, tu pensais que j'allais flotter? - Il soupirait. - Je suis pas si prévisible quand même. - Il revenait à Snow. - Je nettoierais pas les flaques, j'annonce. - Ça se voyait qu'il blaguait. Pas sur le fond, je le voyais pas faire le ménage derrière les conneries des autres, mais sur la forme. Le ton sévère était faux. Je me souvenais de la première fois où il était venu à l'institut et qu'il avait fait le ménage derrière lui. Je dois dire que j'avais été un peu surpris mais dans le bon sens du terme. Et puis après ils avaient un billard en tapant dans des boules et en manipulant des queues... Enfin bref, grande soirée. - C'est pas un peu mal vu la discrimination des non-mutants? - Pour une fois que c'était pas les mutants la minorité, autant en profiter pour se moquer un peu.
Parce que non je ne savais pas d'où Dayle tenait ses pouvoirs mais je savais qu'il n'était pas mutant. Comment je le savais? Mon petit doigt, et mon intuition féminine, et aussi parce que contrairement à certains, j'écoutais les gens parler. Pas aux portes, enfin pas que. Bref. - Ah donc c'est comme ça? Harcèlement des pauvres non-mutants? - Hein? - Et bah flottez, bande de mutants. - Et je sentais mon poids disparaitre, et la sensation de vertige alors que mon cul quittait le tabouret sur lequel j'étais assis. - Ah non! - Sauf que si. Et j'étais pas seul dans cette situation. Warren et Snow aussi.
Elle déteste flotter. Elle déteste être arrachée du sol. C’est une angoisse que beaucoup trouvent stupide et qui lui vient de sa chute du haut de l’immeuble, dont elle peine tant à se souvenir mais dont son esprit conserve le traumatisme. Elle déteste qu’on la décolle de la charmante solidité du sol, comme si à chaque seconde elle pouvait s’écraser. Ils ne sont pas haut et pourtant, déjà, elle est tendue. Un petit enfer personnel, cette phobie. Il a trouvé la bonne méthode, celui-ci. Juger n’est pourtant pas son genre, malgré les apparences, et si elle acceptait Alec et sa tendance à voir le monde à la mode nudiste, c’est bien parce que chaque mutation est une petite merveille de la génétique - sauf la sienne, qui l’encombre. Elle a oublié depuis si longtemps la magie de la glace.. à l’époque de la Confrérie, sa maîtrise était telle que, d’un baiser, elle pouvait figer un homme dans la glace, stopper définitivement les battements de son coeur. Enfermée dans ses incertitudes, elle avait perdu l’étincelle, elle ne voyait que trop peu le potentiel positif. Surtout pas avec Warren à proximité, juge parmi les juges. Il avait cette manière unique de la regarder comme une traitresse en puissance. Elle avait certes perdu l’innocence de son enfance mais chacun des X-Men avait déjà accompli des actes répréhensibles, pas toujours pour le bien commun. « Ah donc c'est comme ça? Harcèlement des pauvres non-mutants? » Un froncement de sourcils tandis que la cryokinésiste s’accroche à l’aide de la glace à la première surface qu’elle trouve. L’invité surprise de l’institut n’était donc pas doté du gène X. « Optimisé ? » La question tombe naturellement, parce que ça lui apparait comme une évidence. Ca n’est peut-être pas le cas, il pourrait être une divinité d’un quelconque panthéon, tout était possible. Un geste souple de la main et elle offre à Alec une autre accroche, près du mur. N’est-elle pas généreuse ? Warren vous soulignerait sans doute qu’elle essaye de les brûler avec ce froid sorti de nulle part. « Quand on parlait de sport, j’envisageais pas le parachute, tu sais ? » Non, vraiment pas.
Toutefois quelque peu décoincée par la distraction de cet être anti-gravitationnel, Snow a décidé de jouer avec les nerfs de celui qu’on nommait si injustement Angel. Un regard vers Kayden qui glisse lentement vers Warren, avec un sourire malicieux. Mon Dieu, elle sait sourire ! Qu’il le repose, ce sera drôle ! Mais si, regardez les jolis patins qu’elle offre à l’emplumé, en jouant de son index dans le vide. « Oups, je suis désolée, ça glisse ! » Le ton surjoué d’une adolescente simulant l’innocence. Qui a dit que Prudence ne savait pas distraire ? Elle était très douée avec les gamins, s’amuser était donc parfois dans ses cordes mais si rare que la plupart des adultes de l’institut l’ignoraient. « Il voulait faire du sport, qu’est-ce que tu en penses, Alec ? » Vous imaginez bien que dans une telle situation, il est difficile de se déplacer, de garder son équilibre, de dissimuler son corps à Alec et de déployer des ailes dans un espace restreint. « Alors, professeur Worthington, une bataille de boules de neige ? » C’est beaucoup mieux que des tours de terrain. Surtout si c’est le prof qui s’y colle.
Tout est sous contrôle, je répète : tout est sous contrôle. Alors que mes fesses viennent doucement quitter le tabouret, je me dis que tout cela n'est pas entièrement de mon fait. J'essaie de me tenir au plan de travail mais présentement je me sens comme... une sorte d'astronaute qui aurait perdu toute gravité. J'esquisse un sourire en étendant les bras et je dois bien reconnaître que ça me fait bizarre de garder les ailes repliées dans mon dos... et de me retrouver à léviter comme ça au-dessus du sol. Je fais comme pour m'asseoir en tailleur, en dépit du fait que je n'ai plus de contact avec la chaise, ou même avec le sol. Je tourne la tête vers Prudence quand elle pose la question à Dayle, sans plus d'introduction ; sans faire moi-même de commentaire.
Parachute ? Je n'ai jamais essayé le parachute mais ce doit être troublant parce que finalement, ce n'est que de la chute. Aucune possibilité pour « vraiment » remonter et à la merci d'un peu de fil et de toile ; Qu'on ne me propose jamais de parachute, j'aurais trop peur que le mécanisme soit défaillant et je sais que pour ma part je n'aurai jamais un nœud dans les plumes ou une grosse crampe qui m'empêchera de sauver ma vie.
Dédé glisse vers moi, je lui ouvre les bras en souriant, comme prêt à le réceptionner : « Laisse-toi aller, viens vers ton destin ! » J'ajoute ça comme ça et quand je rejoins le sol, je ne tiens plus sur mes pieds. Mes orteils crient au secours d'ailleurs. Il fait super froid dans cette cuisine en fait ! Comme pour retrouver l'équilibre, je déploie mes ailes mais l'une d'entre elles ne manque pas d'aller heurter les placards pendant que l'autre s'étend dans le vide. Je tends aussi les bras, levant les yeux vers Snow puis Alec. Dédé sait bien que je suis une sorte d'autruche dans une boutique de porcelaine. Je me retiens au tabouret et replie doucement mes ailes avant d'envoyer quelqu'un par terre. Je n'aime pas les espaces restreints et quand elles sont ainsi déployées, la cuisine me semble soudain petite, trop petite...
J'écarquille les yeux puis reprends : « une bataille de boules de n... ? » Je m'arrête, imaginant sans mal qu'elle sera capable de créer les conditions climatiques nécessaires pour permettre une telle bataille. Cramponné à mon tabouret, je lance un coup d'oeil vers l'horloge puis réponds à Prudence : « Disons que je donne mon cours et qu'après, je te prends où tu veux et quand tu veux. Attention, je fais du lancer ciblé, paf en trois boules, vous êtes tous dégommés ! » Et c'est vrai, pouvoirs mis à part, je suis presque sûr de pouvoir viser assez bien pour qu'ils mangent leur quotta de l'année de neige. Mais je vais devoir remettre la main sur un pull, ou un gilet. Parce qu'en t-shirt dans la neige, je vais me geler les grelots. Mais l'idée est bonne. Même venant de Prudence, elle est bonne.
« Optimisé ? » - Oui, optimisé. - Je les entendais mais je ne regardais pas. Mon regard était rivé sur l’îlot pendant que mes jambes pendaient dans le vide... plus haut que ma tête. J'avais pas peur non, j'aimais juste pas ça, et je m'agrippais jusqu'à ce qu'une extension de glace venu du mur ne m'atteigne et que je puisse m'y raccrocher pour obtenir une position plus... dans le bon sens. - Pas besoin de parachute, vous tombez pas là. - C'était facile à dire pour lui, il avait encore les pieds en contact avec le sol. Petit optimisé de mer... Il glissait vers Warren comme s'il était vraiment sur une patinoire. - « Laisse-toi aller, viens vers ton destin ! » - Il étendait les bras aussi mais les repliaient au dernier moment, refusant à Warren ce câlin qui l'aurait aidé à se tenir bien dans le vide. - Le destin attendra mon grand. - Ce type avait l'air à l'aise en toute situation. Il glissait comme si tout était normal. Il n'était jamais mal à l'aise quand je le regardais. Qu'est-ce qu'il pouvait être agaçant. Je n'avais pas vu l'échange de regard, mais j'avais vu Warren descendre pendant qu'on restait en suspension... et je l'avais vu manquer de tomber.
Les ailes de Warren se dépliaient instantanément pour garder son équilibre et si l'une ne touchait rien, l'autre venait cogner un placard qui se déversait, son contenu en suspension dans le vide grâce à l'action de Dayle. Dayle qui était mort de rire. - « Il voulait faire du sport, qu’est-ce que tu en penses, Alec ? » - J'en pense que j'veux descendre! Dayle! - Et après un sourire de pitié il nous rendait notre masse et mes pieds retrouvaient doucement enfin le sol. Respiration rapide, cœur... prêt à péter. Plus jamais. Voler en avion c'était une chose, ne plus sentir sa propre masse c'était autre chose. J'étais pas astronaute que je sache! Quoi que j'aimerais bien, c'est sexy. Pendant qu'on se remettait tous, Dayle entreprenait de ranger les items qui flottaient toujours dans le placard et alors que Warren parlait il tournait la tête vers Snow. Je le voyais, Snow le voyait, mais Warren non, il était dans son dos. Je le voyais ouvrir sa main, lancer un regard à Snow, et j'essayais de ne pas regarder la blonde pour ne pas trahir leurs regards.. Et je voyais une boule de neige apparaître dans sa main. Non. Il allait pas... Tendre son bras, armer, viser, tirer, la boule de neige filerait dans le vide et irait s'écraser dans le haut du dos de Warren? Bah si. Ma bouche s'entrouvrait sous la surprise et je me mettais à rire. - Fait pas de promesse, la dernière blonde à qui t'as dit ça s'est fait une soirée Netflix toute seule chez elle. - Je savais pas de qui il parlait mais je soupçonnais l'Australie.
De toute façon j'étais trop bidonné pour vraiment me poser la question. Notez l'évolution. Un froid glacial, indépendant du pouvoir de Snow, et dix minutes après ça tirait des boules de neige et se taquinait. Comme quoi ils étaient tout de même capable de ça. Ces deux imbéciles. Une reine des neiges et un X-man? Je m'en fichais bien, moi je voyais tout et c'était deux imbéciles parce qu'ils étaient capables. Dayle revenait derrière Warren et époussetait les cristaux neigeux pour les faire tomber par terre comme s'il n'était pas responsable de leur présence en haut de son dos, dans les plis de son vêtement et contre sa peau. - Tu m'en veux pas hein? - Ça devait lui couler dans le dos... En même temps il avait bien dit qu'il y aurait vengeance. Il y avait toujours vengeance avec eux. Mais c'était drôle à voir à chaque fois. Je tournais la tête vers Snow, ma tronche habillée d'un amusement réel. J'étais pas plus élève de l'institut qu'eux, après tout j'étais au même statue que Snow, et ça faisait du bien de voir les "adultes" s'amuser entre eux. C'était sain.