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Prisoners + trapped & forgotten
Billy Kaplan
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i'm walking in this cloudI'm walking in this cloud, in this cloud, upon love. But still I feel this doubts, feel this doubts, about us. This road can't be mine, can't be mine. Stand down, drop these weapons now, we're walking in this lie, walking in this lie. You know I try, try to compromise, we're walking in this high, walking in this high. We are pushed back and down, I'm out of my mind otherwise. We are pushed and fallen down, into this ground and space.

seven years ago.William laissa échapper un profond soupir et leva une main tremblante vers la lourde porte en bois qui se tenait devant lui. Il se figea et baissa le bras, la gorge nouée. Theodore avait besoin de lui. Il devait mettre de côté ce qu’il éprouvait et être là pour lui. Le jeune homme inspira profondément et ajusta sa cape sur ses épaules, avant d’enfin taper du poing contre le battant de la porte. Une voix rauque lui répondit et il pénétra dans la pièce à peine éclairée par une bougie à la flamme vacillante. Le mage fronça les sourcils et d’un geste de la main, alluma les chandeliers, éclairant plus vivement les appartements. Alors enfin, il le vit, assis au bord de son lit, la tête basse. Theodore se tourna vers lui et William nota ses yeux rougis d’avoir trop pleuré. Son cœur se serra à cette vision et il s’approcha du lit, incapable de rester loin de lui lorsqu’il était dans un tel état. « Tedd— My King, » murmura-t-il faiblement et le blond posa un regard rempli de douleur sur lui. William tiqua, mais il fit de son mieux pour ne rien laisser paraître. Il avait toujours su que tout ceci toucherait à sa fin, un jour. Theodore était l’héritier du trône, il avait toujours su qu’un jour, il deviendrait roi et qu’il devrait retourner d’où il venait. Ce jour était venu plus vite que prévu, trop vite à son goût, mais la Reine Anelle les avait finalement quittés et c’était au tour de Theodore de gouverner leur peuple.
Il était peut-être le Premier Sorcier de la cour, mais il n’en demeurait pas moins dénué du moindre titre de noblesse. Plus encore, il était un homme et un Roi se devait d’épouser une femme de haute naissance et s’assurer que sa lignée perdurerait. William se planta devant son souverain, les poings serrés de se retenir de le serrer contre lui et le cœur cognant douloureusement dans sa poitrine. « I am sorry for your loss. The Queen— I am sorry. » Theodore fronça les sourcils et les larmes roulèrent à nouveau sur ses joues. « Don’t—don’t talk to me like that, » répondit-il d’une voix tremblante. William détourna le regard. « My King, we can’t— » « Stop calling me that ! » s’exclama Theodore en se levant d’un bond. Il le dépassait d’une bonne tête, ça avait toujours ainsi. Mais maintenant qu’il se tenait debout, ils étaient proches, beaucoup trop proches.

William voulut s’écarter d’un pas, au moins, mais une large paume se logea dans le creux de ses reins et l’arrêta net. Il se figea, tandis que le blond venait appuyer son front contre son épaule. « I can’t do this without you, » murmura Theodore d’une voix rauque et le mage ferma les yeux, les dents serrées. Me neither, voulut-il répondre, mais il n’en avait pas le droit. Il devait mettre un terme à tout ceci. C’était à lui de le faire, Tedd—Theodore ne le ferait pas. « We have to stop this, » lâcha-t-il plus froidement qu’il ne l’aurait souhaité et le jeune roi leva un regard désespéré vers lui. William ignora la douleur dans sa poitrine. « Bill— » « Don’t. Just— don’t. Please. We both knew this would be over someday. Don’t make it harder than it already is. I’m the First Wizard and you’re the King. We can’t be more than that. Not anymore. » Il s’écarta, se dégageant de l’étreinte de Theodore et fit quelques pas en arrière. Il ne parvenait pas à le regarder. Les larmes dans ses yeux étaient une torture à observer.
« That’s it ? » demanda-t-il dans un souffle et William inspira profondément. « Yes. Yes, that’s it. » Il ne leva toujours pas les yeux vers lui et s’inclina avant de sortir de la pièce d’un pas raide. Il traversa les couloirs qui le séparaient de ses propres appartements plus vite qu’il ne l’avait jamais fait et s’y enferma. Une fois la porte close, il porta une main tremblante à la broche qui maintenait sa cape sur ses épaules et s’en défit, la laissant tomber à terre. Le souffle court, il pressa une main contre sa poitrine et ferma les yeux avant de se laisser tomber à terre. Là, il laissa libre court à ses sanglots.


___________________________________

« Protect your king ! » s’exclama William. Un éclair bleu s’échappa de la paume de ses mains et frappa de plein fouet deux soldats qui s’effondrèrent au sol, inertes. Du coin de l’œil, il s’assura que les chevaliers s’étaient bien rapprochés de Theodore, pour former un cercle protecteur autour de lui. Il s’ébroua, pour ne pas se laisser distraire par les coupures sur le visage de son Roi et le sang sur son armure. Ce n’était rien, que quelques plaies qu’il pourrait aisément soigner. La magie crépita au bout de ses doigts et il traça rapidement des signes dans les airs, afin d’apposer des pièges autour du cercle de chevaliers, pour leur prêter main forte. Reprenant son souffle et ignorant la sueur qui perlait à son front d’avoir combattu si longtemps, William se concentra sur les ennemis. « WIZARD ! » s’exclama alors une voix et le jeune homme fit volte-face. Steel against steel, magic against magic. C’était ainsi que les choses fonctionnaient, ainsi que leur armée était efficace. Il chercha désespérément le mage du regard et finit par l’apercevoir, dans sa tenue noire et rouge. Un halo magique l’entourait et un frisson parcourut l’échine de William. Il était puissant.
Il se ressaisit immédiatement et un nouvel éclair bleu fila en direction de l’autre mage qui l’évita aisément, un sourire au coin des lèvres. L’homme leva les mains et traça des signes dans les airs. « Shit, » s’exclama William avant de se précipiter vers lui pour l’empêcher d’achever son sort. Il se mit à tracer à son tour, sans cesser de courir. Mais le sort de l’autre mage partit avant le sien. Trois chevaliers du cercle formé autour du roi s’embrasèrent instantanément dans des cris atroces. Ils se mirent à courir et finirent par s’effondrer, formant une brèche. William lança enfin son sort et une grande taillade se forma sur le torse du mage, éclaboussant son visage avant qu’il ne s’effondre, raide mort.

« THE KING ! THE KING IS HIT ! » fit une voix et William pâlit. Il se retourna et vit l’armure dorée à terre et un autre mage juste à côté. Noh-Varr se jeta sur le sorcier et le transperça de sa lame, mais c’était trop tard. Trop tard. Ça n’avait été qu’une diversion et il ne l’avait pas vu venir, il n’avait pas été là pour protéger son roi. William se précipita vers lui, glissant dans la boue, le sang. Noh-Varr empoigna immédiatement Theodore, aidé de deux autres chevaliers et ils commencèrent à l’entraîner à l’arrière, sans laisser le temps au mage de vérifier son état. Les autres soldats formèrent immédiatement une ligne de défense derrière William qui s’empressa de rejoindre les autres. L’armure dorée était couverte de rouge, Theodore était pâle et du sang s’échappait abondamment de sa bouche.
Il traça de nouveaux signes et le souleva dans les airs, libérant Noh-Varr et les deux autres du poids qu’ils transportaient. « Go back there, I have him, » siffla-t-il entre ses dents. Le chevalier leva un regard vers lui, les lèvres serrées, mais il hocha la tête et fit signe à ses hommes de le suivre. Le cœur battant la chamade, William s’approcha de Theodore et posa une main sur les plates qui recouvraient son torse avant de tracer des signes de l’autre. En un instant, ils quittèrent le champ de bataille pour se retrouver dans la tente du roi.

Il ne tarda pas à lui retirer son armure et lâcha un hoquet en voyant l’immense plaie d’où s’échappait trop de sang, sur son torse. Il s’empressa de l’allonger et de s’agenouiller à ses côtés pour vérifier son pouls. Il était là. Faible, à peine perceptible, mais son cœur battait toujours. Les mains tremblantes, William commença à former une série de signe. La magie était un art compliqué. Plus facile à employer lorsqu’il s’agissait de détruire que pour guérir. Et le Premier Sorcier avait toujours été un sorcier de guerre, plus qu’un guérisseur. Mais il ne pouvait pas échouer, pas cette fois.
Il était épuisé, la bataille lui avait drainé une bonne partie de son énergie, mais ce n’était pas important. Les sourcils froncés sous la concentration, il continua de signer, murmurant la formule dans l’Ancienne Langue. Au début, rien ne se produisit et William eut envie de pousser un hurlement de rage, mais il persévéra et enfin, une lueur bleue s’échappa de ses mains et l’immense plaie commença à se refermer. Il continua, jusqu’à ce que la chair ne soit plus visible, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une large cicatrice sur le torse de Theodore.

Epuisé, il saisit la main de son souverain et laissa les larmes qu’il contenait jusqu’à présent rouler le long de ses joues. Il se pencha, jusqu’à ce que son front s’appuie sur le bras de Theodore, les épaules agitées de sanglots. « I’m sorry, Teddy, I’m sorry, » hoqueta-t-il d’une voix faible. « Be alright, please, be alright, I can’t do this without you, I can’t, please, » supplia-t-il dans une litanie désespérée.


Dernière édition par Billy Kaplan le Dim 8 Mai - 16:18, édité 2 fois
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Teddy Altman
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i'm walking in this cloudI'm walking in this cloud, in this cloud, upon love. But still I feel this doubts, feel this doubts, about us. This road can't be mine, can't be mine. Stand down, drop these weapons now, we're walking in this lie, walking in this lie. You know I try, try to compromise, we're walking in this high, walking in this high. We are pushed back and down, I'm out of my mind otherwise. We are pushed and fallen down, into this ground and space.

seven years ago. Le verdict était tombé : la reine venait de mourir d'une longue maladie qui avait fini par l'emporter. Alors qu'il était en pleine entraînement avec le chef de la garde royal et ami, Noh-Varr, un conseiller accompagné d'un guérisseur était venu le voir afin de lui annoncer que la fin était proche. Le sourire qu'il avait aux lèvres quelques secondes plus tôt se figea avant définitivement disparaître. Il n'avait pas hésité un seul instant avant de lâcher son épée et de se diriger à grand pas vers la chambre de la reine.

Les rideaux étaient tirés, épargnant les yeux fatigués de la jeune femme d'une quarantaine d'année, qui affichait un sourire tendre à l'entrée de son fils unique qui resta figé face à ce spectacle. Elle tendit une main vers celui-ci, comme une invitation, et Théodore s'empressa de la rejoindre, attrapant sa main avant d'en embrasser le dos. Il s'agenouilla à côté du lit, observant le visage fatigué de sa mère qu'il croyait immortel. Il serra fort sa main avec les siennes, espérant ainsi lui insuffler sa force et la sauver de cette mort qu'il n'acceptait pas. « Mère, je... », sa voix se brisa l'espèce d'un instant. Il ne savait pas quoi dire pour la réconforter, quoi faire pour la sauver. Alors il baissa la tête, comme une prière envers n'importe quel dieu qui pourrait l'entendre. « Mon fils... » sa voix était douce, rassurante. Elle faisait écho à tous ces doux souvenirs qu'il avait avec elle, aux histoires racontées quand il n'était encore qu'un enfant, aux mots rassurants quand il s'était blessé. Il n'acceptait pas cette mort injuste, il ne l'accepterait sûrement jamais.

La main de sa mère sur son crâne le ramena sur terre et il releva un regard remplis de larmes mal contenues sur elle. La reine sourit tendrement avant de faire sortir tout le monde de la pièce d'un geste de la main et chacun s'exécuta. Il savait qu'il allait entendre là, sûrement, les derniers mots réconfortants de la reine Anelle, les derniers conseils avant qu'il ne monte sur le trône. « Mon cher, cher petit garçon... », elle caressa avec amour sa joue avant de la laisser poser là et Teddy y posa sa tête, appréciant le contact maternel, « Tu vas devoir être fort, bien plus fort que tu ne l'as jamais été. » Le jeune homme pouvait sentir que la conversation était importante, alors il écouta, enregistra, chaque parole de sa mère et tout s'imprima en lui au fer rouge. « Les gens vont vouloir profiter de la situation. Ils penseront que tu es faible, que tu n'as pas ce qu'il faut pour être roi mais ne doute jamais. Sois toujours sûr de t'entourer des bonnes personnes. Garde Noh-Varr auprès de toi, c'est un homme bon et fidèle : il fera un bon allié. » Theodore acquiesçait à chaque mot de sa mère. Il serra prêt à tout pour défendre le trône qui était dans sa famille depuis des générations. Son grand-père avait été un tyran et beaucoup avait été soulagé en apprenant sa mort. Anelle, au contraire, avait été une reine juste et bonne qui avait su se faire aimer de son peuple et respecter des autres alors le jeune homme suivrait toujours ses enseignements. « Je sais que je vais t'en demander beaucoup, mon fils, mais tu dois savoir que je fais cela pour toi. » Le blond fronça les sourcils, incertain d'où voulait en venir sa mère, mais il écouta attentivement. « J'ai organisé une entrevue entre toi et la princesse Katherine du pays voisin. » Le jeune homme ne put empêcher son visage d'exprimer le choque. Non. Il ne voulait pas. Il n'avait jamais voulu d'un mariage arrangé. Son cœur se stoppa et une image fugace de William passa devant ses yeux : il ouvrit la bouche pour protester mais sa mère leva la main dans un geste doux mais qui ne tolérait aucune discussion. « Je sais très bien ce que tu ressens pour ce mage. Je ne suis pas dupe, je ne l'ai jamais été, mais maintenant que ma mort est proche, tu te dois d'endosser ton rôle de roi. Le temps de l'enfance et de l'insouciance est fini, mon fils. Tu es roi maintenant ou, en tout cas, le seras-tu bientôt. » Une larme roula sur la joue de Theodore mais il baissa la tête, cachant son visage à sa mère et acquiesça silencieusement.

___________________________________

Il était resté jusqu'au bout avec sa mère, la soutenant dans ses derniers moments une boule grandissant de plus en plus à chaque secondes que la respiration de la reine se faisait laborieuse. Puis, elle était partie. Comme ça. Les trompettes avaient raisonnés dans tout le royaume annonçant la fin d'une époque et le début d'une nouvelle. Il avait rejoint ses quartiers comme dans un brouillard, ignorant toutes les personnes qui le regardaient passer le visage peiné. Les gens appréciaient le prince Théodore, même si beaucoup le pensait trop jeune pour régner, et le voir ainsi n'était facile pour personne. Il se retrouva assis sur sa chambre. Il avait à peine allumer une bougie quand il était arrivé là. Il était sur son lit, la tête basse, n'arrivant pas à croire que la reine - sa mère - était morte. Les larmes commencèrent à ruisseler sur ses joues. Sa mère était morte.

Il ne sait pas combien de temps il resta immobile sur son lit, mais au bout d'un moment il entendit quelqu'un frapper à la porte. Il essuya rapidement ses yeux. « Entrez. », dit-il d'une voix rauque et fatiguée d'avoir trop pleuré. La personne entra, illuminant la pièce d'un coup, et le jeune roi sut qui c'était : William. Il se tourna vers lui, montrant son visage défait. Mais il s'en fichait, ce n'était pas n'importe qui : c'était l'homme qu'il aimait. Rapidement, le mage se rapprocha de lui avant de murmurer faiblement. « Tedd— My King, » Cette phrase fut un coup de poignard de plus dans son cœur. Le brun ne l'avait plus appelé ainsi en privée depuis des mois, voir des années. Le Premier Sorcier avait-il condamné leur relation sans se battre ? Peut-être. Sûrement. Le jeune homme avait toujours été plus sérieux et ancré dans la réalité que son souverain. Le brun se planta devant lui, les poings serrés, et Teddy leva son regard perdu vers lui. « I am sorry for your loss. The Queen— I am sorry. » Théodore fronça les sourcils, essayant de retenir les larmes qui arrivaient en repensant à sa mère mais surtout en voyant l'homme qu'il aimait être aussi cérémonieux avec lui comme s'ils n'étaient rien l'un pour l'autre, en vain. « Don’t—don’t talk to me like that, » répondit-il d'une voix tremblante. Il ne supportait pas que le jeune homme mette cette distance entre eux. C'est comme s'il le rejetait, comme s'il reniait cette relation alors qu'hier encore, il l'embrassait caché par une tenture quelconque, le serrait contre lui. Le mage détourna le regard. « My King, we can’t— » Le jeune roi ne put pas en supporter d'avantage et se leva d'un bond, hurlant. « Stop calling me that ! » Sa voix raisonna dans la pièce et Theodore se retrouvait maintenant presque coller au brun. Il pouvait sentir la chaleur de son corps à travers ses vêtements et cela lui donna envie de le serrer dans ses bras, de coller son visage dans son cou et de respirer son odeur rassurante avant de se permettre de pleurer contre lui. Le mage le laisserait-il faire ? Sûrement pas.

Mais quand il vit le jeune homme essayer de reculer, il n'y tint plus et apposa sa paume au creux de ses reins, l'arrêtant net. Il sentit le mage se figer mais il n'y fit pas attention et appuya son front contre son épaule, en profitant pour respirer son odeur rassurante - l'odeur de la maison. « I can’t do this without you, » murmura le blond dune voix rauque et c'était vrai. Le jeune homme était devenu essentiel à sa vie. Il ne pourrait plus jamais se séparer de lui. Il ne pourrait pas... Sa main se resserra instinctivement dans le dos du jeune homme, formant un poing avec la cape du mage à l'intérieure. Ça faisait du bien de se retrouver là, dans les bras du brun. « We have to stop this, » lâcha le Premier Sorcier, froidement, faisant ouvrir en grand les yeux du jeune roi. Quoi ? Il releva un regard désespéré vers son vis-à-vis. Il ne pouvait pas être sérieux, pas vrai ? « Bill— » « Don’t. Just— don’t. Please. We both knew this would be over someday. Don’t make it harder than it already is. I’m the First Wizard and you’re the King. We can’t be more than that. Not anymore. » Le mage s'écarta, se dégageant de l'étreinte de Theodore avant de faire quelques pas en arrière. Le blond pouvait sentir les larmes continuer à couler sur ses joues. Il ne croyait pas à ce qui lui arrivait. William ne pouvait pas être sérieux, n'est-ce pas ? Alors il demanda dans un souffle. « That’s it ? » Le brun inspira profondément. « Yes. Yes, that’s it. » Le mage évita son regard et s'inclina avant de sortir de la pièce.

Theodore porta une main tremblante à son visage avant de la passer dans ses cheveux. Il venait de tout perdre : sa mère, sa liberté, mais plus que tou Billy. Le jeune était parti sans même un regard en arrière. Il n'avait pas hésité un seul instant avant de l'abandonner. Son coeur se brisa alors qu'il s'asseyait sur le lit, portant ses deux mains à son visage, laissant couler librement ses larmes. Il était seul.

___________________________________

La bataille faisait rage. Des gens des deux camps tombaient mais les soldats ne perdaient pas espoir. Ils combattaient au côté de leur roi. Levant son épée, Theodore l'abattit sur un soldat ennemi qui mourut sur le coup. Il tourna son visage autour de lui, hurlant des ordres à ses compagnons d'arme qui lui obéir comme un seul homme. « Protégez le flanc droit ! » Il tourna son regard vers la bataille s'y enfonça un peu plus, rendant coup pour coup, parant, esquivant. Cela faisait des heures qu'ils se battaient mais ils continuaient, puisant dans leur force. « Protect your king ! » Son visage se tourna un instant vers William dont les mains échappaient un éclair bleu frappant de plein fouet  deux soldats qui s’effondrèrent. Le jeune roi put sentir une grande fierté le prendre face à la puissance du mage mais aussi un pincement au cœur en se disant que tout était fini entre eux. Un cri d'un de ses soldats le ramena sur terre, lui permettant de parer une attaque d'un soldat avec qui il batailla pendant quelques secondes avant de contrer, infligeant la mort à son ennemi. Il envoya un signe de tête à la personne qui l'avait prévenu.

Les chevaliers se rapprochèrent de lui, formant un cercle protecteur autour de lui. Il pouvait sentir les coupures sur son visage qui le démangeait mais il n'y fit pas attention, se battant comme un diable face aux attaques. Il aurait tout le temps pour s'en inquiéter plus tard : ce n'était que des égratignures superficielles. Il essuya rapidement la sueur qui perlait sur son front sur sa manche et aida ses compagnons d'armes à repousser l'ennemi. « WIZARD ! » s'exclama une voix et Theodore tourna son regard vers la direction qu'indiquait son soldat. Il y découvrit une homme vêtu de noir et rouge, un halo magique l'entourant. Le jeune roi vit rapidement son Premier Sorcier se diriger vers le mage adverse et il reporta son attention sur son propre combat. Alors qu'il combattait un soldat, bataillant pour le repousser, et, alors qu'il lui donnait le coup de grâce, il sentit une brûlure le prendre au niveau du torse. Son regard se baissa et il porta sa main à son poitrail avant de l'amener ensanglantée devant son visage. Sa bouche se remplit de sang et il s'effondra avant d'entendre quelqu'un hurler d'une voix forte. Diversion, eut-il le temps de penser. « THE KING ! THE KING IS HIT ! » Il cracha vainement le sang qui avait envahit sa bouche, tentant de respirer alors qu'il vit en face de lui le visage de Noh-Varr qui l'empoignait avec deux autres chevaliers avant d'être rejoint pas William, qu'il vit du coin de l’œil. Il n'aurait sûrement pas dû le voir, mais c'est comme si son corps était toujours attiré par lui, par sa présence.

Soudain, il se sentir soulever du sol et il savait que le Premier Sorcier y était pour quelque chose. Comme dans un brouillard, il entendit le brun donner des ordres aux chevaliers qui tournaient autour de lui, dans l'espoir d'aider leur roi blessé. Noh-Varr ne devait sûrement pas être content d'être ainsi renvoyé par le Premier Sorcier, pas qu'il ne le respectait pas, bien au contraire, mais il aurait voulu aider son roi. Il se sentait impuissant face au spectacle de son roi blessé. Le visage de Billy se retrouva en face de lui, le regard inquiet. Theodore voulut le rassurer mais une gerbe de sang sortant de sa bouche l'en empêcha, ne faisant entendre qu'un gargouillis incompréhensible. Et puis, il vit le mage poser sa main sur torse avant de signer de l'autre. Teddy pouvait sentir la magie parcourir son corps et il sut qu'il se déplaçait. Il sut qu'ils se dirigeaient loin de la bataille. La brûlure de la blessure se réveilla quand il atterrit dans sa tente, William à ses côtés.

Celui-ci n'hésita pas une seule seconde à lui retirer son armure et le jeune homme blond n'entendit pas le hoquet, le sang bourdonnant à ses tympans. Mais il vit son visage, choqué, peiné. Theodore avait envie de lever la main, de le rassurer, mais il n'en avait pas la force alors il se contenta d'être spectateur de la panique de Billy. Il le vit vaguement s'occuper de sa blessure, tentant de faire des signes afin de le guérir mais... Mais le roi le savait. Le Premier Sorcier n'était pas un mage de défense, de guérison, il était un mage fait pour l'attaque, pour être dans le champ de bataille. Alors, il le vit s'acharner à essayer de signer la bonne combinaison. Y arriverait-il ? La guerre avec ce pays voisin l'avait épuisé, il avait usé de beaucoup de magie pour repousser les attaquants. Theodore se vit mourir. Il était sûr qu'il allait y rester là, tout de suite, et il ne pensait même pas à sa femme, à sa chère Katherine qui était devenue une amie au fut et à mesure des années. Non. Il ne pensait qu'à Billy et surtout à tout le temps qu'ils ont perdu loin de l'autre. Il ferma les yeux, une larme roulant le long de sa tempe. Allait-il mourir sans avoir parlé au mage ?

Finalement après quelques minutes, une chaleur - bienfaitrice cette fois - se fait sentir sur son torse et il peut sentir ses chairs se refermer, se reformer. William avait réussi. Il n'était pas encore en pleine forme, mais il s'en sortirait ou, du moins, l'espérait-il. Mais la douleur était plus supportable. L'adrénaline était encore présente dans ses veines dû à la peur de mourir. Il lâcha le souffle qu'il n'avait pas eu conscience de retenir et tourna la tête sur le côté afin de cracher le sang qui envahissait encore sa bouche. Le contact d'une main autour de la sienne le ramena sur terre et il baissa son regard sur le mage, les larmes ruisselant le long de ses joues. Il le vit se pencher jusqu'à ce que son front s'appuie sur le bras de son souverain, les épaules agités de sanglots. « I’m sorry, Teddy, I’m sorry, » hoqueta-t-il d’une voix faible et le roi ne comprit pas. De quoi s'excusait-il ? Il venait de lui sauver la vie, épuisant ses dernières forces pour lui. Lui.  « Be alright, please, be alright, I can’t do this without you, I can’t, please, » supplia-t-il dans une litanie désespérée. Le blond put sentir son cœur se briser face à son spectacle. Il était tellement perdu dans sa propre souffrance qu'il ne se rentait pas compte qu'il n'avait pas été le seul à souffrir de cette séparation, de cette rupture.

Utilisant le peu de force qu'il avait, il tendit sa main vers le jeune homme avant de passer sa main dans les cheveux du brun, les caressant doucement. « Billy... », sa voix avait l'air bizarre à son oreille, bien plus rauque à laquelle il avait l'habitude. Et puis, il n'avait plus l'habitude d'utiliser le surnom de celui-ci depuis des années. Leur relation était devenue strictement professionnelle : celle d'un Premier Sorcier avec son roi. Rien de plus. Alors entendre à nouveau le surnom du brun rouler sur la langue lui fit du bien. Il en profita, le savoura et le dit une nouvelle fois. « Billy, ne t'excuse pas. » Non, il n'avait pas à le faire. C'était à lui de s'excuser, de ne pas avoir compris la souffrance de l'homme qu'il aimait, de ne pas avoir compris la décision difficile qu'il avait dû prendre des années plus tôt. « Je n'ai pas compris à l'époque. » Sa voix était toujours rauque et cela lui faisait mal de parler mais il s'en fichait. Il devait dire tout cela à William. Cela faisait bien trop longtemps qu'ils aurait dû avoir cette discussion. « J'étais jeune et stupide et je n'ai pas compris que cette décision que tu as prise à ce moment-là était la bonne pour moi. » Il caresse doucement ses cheveux avant de porter sa main à sa joue, forçant le mage à relever le visage vers lui. « Tu voulais me protéger des autres s'ils découvraient notre relation, mais surtout de moi-même. Car si tu n'avais pas pris cette décision, j'aurais été capable de tout pour toi, même d'abandonner le trône et, à l'époque, tu en étais conscient. » Il rapprocha le jeune homme de son physique avant de poser sa bouche ensanglantée sur la sienne. Ce n'était qu'un effleurement mais il ressentit plus de chose à ce moment-là que durant les dernières années à partager la couche de Katherine. Un soupire de contentement lui échappa avant qu'il ne pose son front sur celui du mage, plongeant son regard dans le sien. « Mais tu n'as plus besoin de me protéger à partir de maintenant. C'est à moi de prendre soin de toi.  » Sa main se trouvait derrière la nuque du brun qu'il caressa tendrement. « Je ne suis plus un jeune roi maintenant. J'ai su me faire respecter par mes pairs, même si encore quelques uns tentent de prendre mon royaume je suis prêt. » Il ferma les yeux, raffermissant sa prise sur le cou de son vis-à-vis. « Reviens-moi, Billy... Reviens-moi. » Il prononça cette dernière phrase dans un murmure, comme une prière. Il ne voulait pas regarder son visage, celui de la personne qui pourrait tout briser, qui pourrait le condamner une deuxième fois à l'enfer. Il ne voulait pas...

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En tant que petit fils du Premier Sorcier, William avait vu le jour à la cour. Cependant, il avait tout de suite appris quelle était sa place. Il pouvait côtoyer la noblesse, il avait droit à une bonne éducation et probablement de bonnes chances de mener une vie correcte et agréable. Mais jamais, jamais, il ne serait considéré l’égal d’un noble. Son rôle était de servir, ça s’arrêtait là. Alors il avait accepté ce que l’on voulait bien lui offrir, et ne s’était jamais offusqué lorsqu’on lui avait refusé certaines choses, lorsque les autres gamins de la cour le traitaient comme un moins que rien. De toute manière, il avait rapidement compris qu’il serait un sorcier, comme son grand-père avant lui. Et s’ils étaient respectés, ils étaient avant tout craints. Theodore avait été le premier à le traiter comme son égal. A ne pas le craindre. Alors qu’il était l’héritier du trône, le prince, il avait été le premier à lui sourire avec autant de sincérité. « Stop bothering my future First Wizard, » avait-il dit avec une moue amusée. William ne savait pas ce qui avait fait battre son cœur plus vite, à l’époque. Le fait que son futur roi était persuadé qu’il serait Premier Sorcier à son tour, qu’il en avait les capacités. Ou le possessif qu’il avait employé. Theodore n’avait jamais cessé d’être de son côté, par la suite. Alors qu’ils grandissaient, passant d’enfants à adolescents, William s’était attendu à ce qu’il finisse par ne plus se préoccuper de lui. Mais bien au contraire, l’attention et l’affection de l’héritier s’étaient accrues.
Lorsque William avait réalisé qu’il était tombé amoureux, profondément et désespérément amoureux de son prince, son futur souverain, il avait songé à fuir. Terrifié par ses sentiments et incapable de regarder Theodore en face, il s’était préparé à partir, le plus loin possible. Mais Teddy l’avait rattrapé, traité d’idiot et enfin, il l’avait embrassé. Depuis ce jour, ils avaient toujours fait bien attention d’être discrets, pour que personne ne découvre jamais la véritable nature de leur relation. Ils avaient réussi, même si William soupçonnait la Reine Anelle d’avoir compris. Le mage se souvenait encore de l’angoisse terrible qu’il avait éprouvée lorsqu’elle l’avait regardé différemment, un jour. Elle l’avait regardé de la même manière qu’elle scrutait les nobles de la cour, de ces yeux qui disaient « I know you’re lying to me ». Il avait attendu, les entrailles nouées, qu’elle vienne lui parler, lui dire qu’elle était au courant. Pire encore, il avait attendu que la garde royale vienne le chercher pour le jeter dehors. Mais ça n’était jamais arrivé. La Reine Anelle s’était seulement mise à les regarder d’un air étrangement mélancolique, triste, parfois.

Ils avaient redoublé de vigilance, pour être certains que la reine soit la seule à connaître leur secret. Et pendant des années, ils avaient connu ce bonheur, cet amour. William avait toujours gardé dans un coin qu’un jour, il perdrait cela. Qu’un jour, ils devraient arrêtée. L’année de leurs dix-huit ans, la Reine Anelle était tombée gravement malade et avait fini par succomber. Elle avait rejoint son époux, le Roi Mar-Vell, laissant Theodore sur le trône. Etre le secret, l’amant d’un prince était difficile, un danger permanent. Etre celui du roi était plus risqué encore. Le royaume se remettait difficilement d’une réunification qui avait pris des années de conflits et de négociations, s’il s’était avéré que Theodore, le roi, était ce genre d’homme, toutes ces années de sacrifices auraient volé en éclats.
William l’avait immédiatement compris. Si leur secret venait à s’apprendre, les nobles qui acceptaient déjà difficilement de ployer le genou devant leur roi auraient tout fait pour l’évincer. En tant que Premier Sorcier, William avait juré de protéger son souverain. Auprès de la reine agonisante, il avait promis qu’il ferait toujours tout ce qui était en son pouvoir pour aider, conseiller et protéger Theodore. En tant qu’amant, il s’était juré qu’il ne perdrait jamais Teddy. Pour respecter ces trois promesses, il n’y avait qu’une seule solution alors il avait mis un terme à cette relation qui ne pourrait, sur le long terme, qu’apporter du malheur à Theodore. Mais ça ne voulait pas dire que ça avait été facile, pour lui. Ça ne voulait pas dire que ça n’avait pas été douloureux. Oh non.

___________________________________

Les musiciens se mirent à jouer un air entraînant et du coin de l’œil, William regarda Thomas se lever et inviter une jolie brune à danser. Bien vite, il reporta son regard sur la table royale, où le roi et sa toute nouvelle reine échangeaient quelques paroles. Katherine Bishop était resplendissante, dans sa robe blanche aux broderies de sa contrée. Sur ses épaules se trouvait encore le manteau de fourrure aux couleurs de la lignée royale, que Theodore avait déposé lors de la cérémonie. Mais c’était le Roi Theodore, que William observait. La fine couronne magnifiquement ouvragée ceignait son front, la couleur s’accordant au blond de ses cheveux. Il avait opté pour la tenue bleue, celle qui mettait ses yeux en valeur. Il était magnifique.
Le père de Katherine se pencha vers Theodore pour lui dire quelque chose et le jeune homme afficha un sourire. Celui qui sonnait faux, celui qu’il adressait aux personnes qu’il n’aimait pas, lorsqu’il devait quand même sourire pour faire bonne figure. Theodore ne souriait plus qu’ainsi, désormais. Et William s’en voulait, par les dieux, il s’en voulait d’être le responsable de la disparition des sourires sincères et heureux de son roi.

Theodore tourna la tête et son regard accrocha celui de William. Ils se figèrent tous deux et un frisson parcourut l’échine du brun, qui déglutit avec difficultés. Le monde cessa de tourner pendant un moment. Le mage s’imagina traverser la distance qui les séparait et saisir son visage entre ses mains avant de presser ses lèvres contre celles de Theodore, là, devant tout le monde. Un mince sourire se dessina sur les lèvres du blond et William s’empourpra. Teddy avait toujours su lire la moindre de ses expressions et deviner ce qu’il pensait. Ce n’était pas le moment, ni l’endroit pour cela. Mais il était incapable de détourner le regard, de fixer autre chose que l’homme qu’il aimait. Cet homme auquel il avait renoncé et qui était désormais l’époux de Katherine.
Il ne pouvait même pas se résoudre à la détester. Elle non plus n’était pas ravie de se trouver là et elle n’était pas responsable des arrangements passés entre leurs parents. Theodore fut le premier à briser le contact visuel entre eux, lorsque le père de sa reine lui adressa de nouveau la parole. Lord Bishop se pencha pour murmurer quelque chose à l’oreille du roi et William le vit se raidir brusquement et l’extrémité de ses oreilles s’empourprer.

Il força un sourire sur ses lèvres et hocha la tête, avant de se tourner vers Katherine, dont les traits s’étaient assombris. Ils échangèrent un regard et Theodore lui tendit la main. Elle sembla hésiter un moment, puis elle la saisit et ils se levèrent ensemble. La gorge de William se serra. Il n’entendit pas le roi et la reine remercier leurs convives pour leur présence, ni le joli discours de Theodore sur l’unification, la paix du royaume. Sa vue se brouilla et il réalisa qu’il pleurait, lorsque les larmes roulèrent le long de ses joues.
Le mage s’empressa d’essuyer ses yeux d’un revers de manche et regarda Theodore et Katherine quitter la grande salle de réception. Ce soir, le roi partagerait sa couche avec une autre. Pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, il s’endormirait aux côtés d’une personne qui n’était pas William. Il s’excusa d’une voix tremblante auprès de ses voisins de table et se leva vivement pour sortir de la pièce. Ses pas précipités le menèrent dans la vaste cour du château, où l’air frais et la pluie froide lui glacèrent immédiatement le corps. Mariage pluvieux, mariage heureux, disait-on. Les larmes de William se mêlèrent à toute l’eau que le ciel déversait. « William ? » fit une voix dans son dos. Il la reconnut sans peine et se tourna, le visage déformé par le chagrin. « Thomas, I— » Sa voix se brisa sur un sanglot.

Son jumeau soupira et s’approcha avant de refermer ses bras autour de lui. « You did right. You did right, Billy, » murmura Thomas et le jeune homme nicha son visage dans le creux de son cou, avant d’accrocher ses doigts à sa tunique, dans son dos. « I can’t— » « You will. Come on, you will. I’m here, I’ll always be here. You know that, right ? » Le mage hocha maladroitement la tête dans son cou. « Good. Now come on, we’ll freeze to death, out there. »


___________________________________

Mais Thomas n’était plus là. Il pourrissait dans les geôles du château, parce qu’il n’avait pas pu s’empêcher d’abuser de ses pouvoirs. Leur mère avait toujours dit qu’il ressemblait beaucoup plus à leur oncle et leur grand-père. Que cela finirait par lui attirer des ennuis. William aurait dû le surveiller de plus près, mais il n’avait pas su protéger son frère jumeau et il n’avait pas non plus su protéger son roi. S’il perdait Theodore également… Une main se glissa dans ses cheveux pour les caresser et le jeune homme redressa brusquement la tête, les yeux écarquillés. « Billy… » Un hoquet misérable lui échappa à ce surnom que le roi avait cessé d’employer depuis des années à présent. A la demande de William, certes. Mais ça n’en était pas moins douloureux pour autant. « Billy, ne t'excuse pas. » Il devait le faire, pourtant. Pour l’avoir abandonné, pour lui avoir brisé le cœur, pour ne pas avoir su le protéger de ce sorcier. « Je n'ai pas compris à l'époque. » Il fronça les sourcils, l’air de ne pas comprendre.
Une partie de lui voulait dire à Theodore d’arrêter de parler, de se reposer. Mais l’autre était trop curieuse, l’autre n’en pouvait plus de cette distance qui s’était créée entre eux, alors qu’ils demeuraient aussi proche, physiquement. « J'étais jeune et stupide et je n'ai pas compris que cette décision que tu as prise à ce moment-là était la bonne pour moi. » La paume chaude du blond quitta ses cheveux pour se glisser sur sa joue et William ferma les yeux, tandis qu’un frisson parcourait son échine à ce contact. « Tu voulais me protéger des autres s'ils découvraient notre relation, mais surtout de moi-même. Car si tu n'avais pas pris cette décision, j'aurais été capable de tout pour toi, même d'abandonner le trône et, à l'époque, tu en étais conscient. » Un hoquet lui échappa et de nouvelles larmes s’échappèrent de ses yeux, certains allant rouler entre les doigts de Theodore.

Alors le roi s’approcha et pressa ses lèvres contre les siennes. A peine un effleurement, une caresse, mais le cœur de William manqua un battement et ses yeux s’ouvrirent en grand. « Mais tu n'as plus besoin de me protéger à partir de maintenant. C'est à moi de prendre soin de toi. Je ne suis plus un jeune roi maintenant. J'ai su me faire respecter par mes pairs, même si encore quelques-uns tentent de prendre mon royaume je suis prêt. » La main de Theodore avait quitté sa joue pour se glisser dans sa nuque, dans une prise ferme. Le cœur de William cognait si fort et si vite dans sa poitrine, qu’il avait l’impression qu’il cherchait à s’en extirper.
« Reviens-moi, Billy... Reviens-moi. » Le Premier Sorcier ferma les yeux et resserra sa prise autour de la main de Theodore. Depuis que William avait mis un terme à leur histoire, sept ans plus tôt, ils n’avaient plus jamais eu cette discussion. Il s’était attendu à ce que le blond lui en reparle, à ce qu’il tente de le convaincre de revenir sur sa décision. Mais il ne l’avait pas fait. Il avait respecté sa décision et il s’était retrouvé plongé dans les affaires du royaume, son mariage à venir, bien trop de choses à gérer pour se laisser distraire par leur histoire.

Les choses avaient fini par se calmer, mais Theodore n’était toujours pas venu le trouver et William s’était dit qu’il était passé à autre chose. Que contrairement à lui, il avait cessé de l’aimer. Ça avait été douloureux. Par les dieux, que ça avait été douloureux. Mais il avait accepté la situation, il l’avait endurée chaque jour en se disant que c’était pour le mieux. Que tant que Theodore était heureux, il pouvait parfaitement rester en retrait à l’aimer secrètement jusqu’à la fin de ses jours.
Mais il n’était pas passé à autre chose, n’est-ce pas ? Lui aussi, il avait souffert chaque jour. Ils s’étaient traités avec tant de froideur. William l’avait fait pour instaurer une distance supportable entre eux, mais il ne s’était pas attendu à ce que Theodore le fasse également. Il avait certes appris à maîtriser ses émotions en face des autres, mais il n’avait jamais su le faire avec lui. Combien de fois avait-il craint que tout le monde finisse par découvrir la nature de leur relation, à force de trouver le jeune héritier en train de le dévorer du regard, un sourire bête aux lèvres ? Le blond n’avait jamais été capable de cacher ce qu’il éprouvait, avec William. Pourtant, il l’avait fait durant ces sept dernières années. Si bien que William avait fini par croire qu’il n’éprouvait plus rien pour lui.

Mais Theodore l’aimait toujours. Et le mage devait refuser. Même si ça signifiait lui briser le cœur à nouveau, il devait refuser. Ils mettraient bien trop de personnes en danger. A commencer par Teddy lui-même. Mais également le jeune prince Mar-Vell et même Kate. Lord Bishop n’attendait qu’un faux pas de la part du roi pour prendre sa place. Il attendait dans l’ombre, prêt à frapper. Il lui suffirait d’écarter Theodore et Katherine et de placer son petit-fils sur le trône. A sept ans, Mar-Vell serait parfaitement malléable et le pouvoir serait finalement entre ses mains.

Mais il n’était même pas la seule personne dont William se méfiait. Ils étaient trop nombreux à convoiter le trône. Et la guerre faisait rage. Ils ne pouvaient pas se permettre de fragiliser le pouvoir. Alors oui, il devait refuser. Lui expliquer à nouveau clairement, sans faillir, que ce qu’ils souhaitaient ne pourrait pas arriver. Qu’ils ne pouvaient pas se permettre une telle chose, sans mettre des vies en danger. Il était le Premier Sorcier, il avait juré de protéger le royaume. Il avait consacré sa vie à racheter les fautes de son grand-père, à se faire accepter de ses pairs et du peuple, à leur prouver qu’il ne voulait que leur bien. Il n’avait jamais cessé de mettre sa vie entre parenthèses pour les autres.
Et pour une fois, William voulait être égoïste. Pour une fois, il voulait ne penser qu’à lui. Ne plus réfléchir aux conséquences, simplement agir, faire ce que chaque parcelle de son corps lui dictait depuis des années. Alors il libéra la main de Theodore et saisit son visage délicatement, comme s’il était la chose la plus précieuse au monde et il l’était, dieux, il l’était. De son pouce, il essuya le sang qui maculait encore les lèvres de son roi et se pencha pour les embrasser. Une fois, puis deux. « I’m sorry, » sanglota-t-il d’une voix rauque. « I’m so sorry. » Il déposa un nouveau baiser sur ses lèvres. « Theodore, Teddy. » Il effleura la commissure de ses lèvres. « I love you. » Sa mâchoire. « I love you, Teddy. » Ses joues. « I love you so much. » Et enfin ses lèvres, à nouveau.
Ses doigts glissèrent jusque dans la nuque du blond, attrapant les cheveux un peu trop longs qui s’y trouvaient et il approfondit le baiser. Leur premier baiser depuis sept ans. Sept années insoutenables. Sept ans durant lesquels, il n’avait jamais cessé de l’aimer, de le désirer. Il s’écarta finalement et appuya son front contre le sien. « I was scared, I’m always scared, I— It was better than losing you, I would do anything to protect you, I— I never meant to hurt you,  I just-- » Sa voix se brisa et il ferma les yeux. « You mean everything to me. I swore to protect the kingdom, but I would sacrifice them all for you, » admit-il faiblement. « That’s why I had to end it, I— » Il se tut et ramena une main tremblante vers le visage de Theodore pour écarter des mèches de cheveux de son front. « I thought I had lost you, » murmrua-t-il dans un souffle. « I’m yours. I’ve always been. I’ll always be. My King. » Ces dernières années, il l’avait appelé ainsi sans y mettre la moindre émotion. Un simple titre, une marque de respect. Cette fois-ci, il laissa transparaître toute son adoration, toute la tendresse, tout l’amour qu’il éprouvait pour Theodore. Pour ce garçon qui l’avait toujours traité comme son égal. Pour cet homme qui avait autant sacrifié que lui pour les autres.
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Prisoners + trapped & forgotten
Teddy Altman
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William ferme les yeux et resserre sa prise autour de la main de Teddy qui est soulagé par cette réaction. Il soupire et sourit à l'home qu'il aime mais un peu tendu. Il ne sait pas s'il va le repousser ou bien lui sauter dans les bras. Il ne sait jamais avec Billy qui est toujours plein de mystère, de... pudeur. Le roi a toujours été quelqu'un de franc à dire les choses même si ça ne plaisait pas - même s'il s'est un peu assagi avec le temps et sa condition de seigneur du royaume. Il n'a pas eu le choix de s'assagir. Il devait protéger ses terres et repousser les gens qui le pensaient trop jeunes, trop naïfs, pour pouvoir assumer cette position. Il leur a prouvé à tous qu'ils avaient tort. Il est un roi par son sang, son héritage et surtout son comportement. Sa mère a su le guider sur la bonne voie, lui montrer la vraie nature des gens afin de se méfier des autres et savoir en qui placer sa confiance. Comme William. La reine lui a toujours dit qu'elle pourrait lui faire confiance mais sur son lit de mort... Elle lui a dit qu'il n'était plus un enfant, que cette relation était vouée à l'échec. Mais il ne l'a jamais cru. Peu importe ce qu'elle disait, peu importe ce que le premier Sorcier disait : leur relation n'est pas vouée à la destruction et ne l'a jamais été. Ils avaient juste besoin de patience, de temps, afin de trouver le bon moment pour se retrouver. Et ce moment est arrivé.

Teddy pousse un soupir de contentement - de soulagement - à l'idée que l'amour de sa vie va enfin lui revenir, que peu importe tout ce qu'ils ont vécu, ça ne change pas le fait qu'ils sont fait l'un pour l'autre. Le temps, les épreuves... Rien n'effacera les sentiments qu'ils ont l'un pour l'autre. Jamais. Et c'est cette certitude - cette croyance - qui a permis à Theodore de tenir le coup jusque là : l'espoir de retrouver l'homme pour qui il serait prêt à tout sacrifier.  Ça avait été si dur de rester loin de lui durant tout ce temps mais il sait que c'était nécessaire. Il sait que tout ça avait un but simple : se retrouver et savoir qu'ils pouvaient être ensemble. Il en a marre de penser aux autres, au Royaume, il veut penser à lui pour une fois. Il veut être égoïste pour une fois. Il ne supporte plus de devoir tout sacrifier pour ce foutu héritage qu'il n'a jamais demandé. Il ne le supporte plus depuis qu'il a embrassé William pour la première fois, dans un coin sombre du château. Il se souvient encore des papillons dans son estomac d'enfin l'embrasser, la boule au creux de son ventre de peur de se faire prendre et l'adrénaline dans ses veines de se dire « enfin ! ».

La main de Billy qui lâche la sienne le ramène sur terre et son cœur rate un battement de peur que ce soit un signe de rejet. Mais il n'en est rien. Et la chaleur des paumes du Premier Sorcier sur ses joues le rassure, faisant accélérer sa respiration et il n'hésite pas un seul instant avant de s'appuyer sur elles, profitant de son contact. La délicatesse de ses gestes lui envoie des frissons et si cette foutue blessure ne le faisait pas encore souffrir il se jetterait littéralement sur William. De son pouce, celui-ci essuie le sang au coin de ses lèvres avant de les embrasser une fois puis deux et ça coupe le souffle du roi qui ferme les yeux face à ce geste. Enfin « I’m sorry, » sanglote-t-il d'une voix rauque et Teddy rouvre les yeux d'un coup. « I’m so sorry. » Il dépose un nouveau baiser sur ses lèvres et Theodore n'est pas sûr de comprendre. Le repousse-t-il ? Est-ce un moyen plus gentil de l'éconduire ? Ou s'excuse-t-il pour toutes ces années loin de l'autre ? Le roi est pendu à ses lèvres, dans l'attente de la suite. « Theodore, Teddy. » Il effleure à nouveau la commissure de ses lèvres et un frisson le parcourt à l'entente de ce surnom que Billy n'a plus utilisé depuis des années, créant une distance entre eux, montrant ainsi qu'ils ne s'appartenaient plus, mais qu'ils n'étaient plus qu'un roi et son Premier Sorcier. Rien de plus. « I love you. » Ces mots... Il les a attendus pendant si longtemps. Il a attendu ces mots après la mort de sa mère quand William coupait tout lien avec lui. Il les a attendus et ils sont enfin là alors que les lèvres de son vis-à-vis effleure sa mâchoire, coupant le souffle de Theodore. « I love you, Teddy. » Puis, ses joues. « I love you so much. » Avant d'à nouveau embrasser ses lèvres et Teddy lève la main, agrippant le poignet de William et dont la main se trouve toujours sur son visage et le serrant gentiment afin de lui montrer que lui aussi ressent ces sentiments. Il ferme les yeux, profitant de cet instant.

Ses doigts glisse jusque dans la nuque du blond, attrapant ses cheveux afin d'approfondir le baiser et un gémissement échappe au roi. Ses mains se relève d'un coup - l'une se plongeant dans la chevelure de son vis-à-vis et l'autre au creux de ses reins. Il a envie, maintenant. Il veut rapprocher Billy, que leurs deux corps se fondent l'un envers l'autre. Il a tellement attendu ce moment et peu importe la douleur qui se réveille au niveau de son torse. Il s'en fiche : rien n'est plus fort que ce qu'il ressent pour le brun. Mais celui-ci s'écarte, faisant pousser un gémissement de dépit au blond mais qui le laisse faire alors que son front s'appuie contre le sien. « I was scared, I’m always scared, I— It was better than losing you, I would do anything to protect you, I— I never meant to hurt you,  I just-- » Sa voix se brise sur ses derniers mots et il ferme les yeux alors que le roi soupire de soulagement. Il n'a pas été le seul. Il n'était pas le seul à souffrir. Ils ont été idiots, si idiots. Sept ans c'est trop long, beaucoup trop long. Il n'a plus la patience, il n'a plus l'énergie pour continuer à se battre, à être loin de lui. « You mean everything to me. I swore to protect the kingdom, but I would sacrifice them all for you, » admet-il faiblement et ça vaut tout l'or du monde car c'est réciproque. « That’s why I had to end it, I— » Il se tait avant de ramener une main tremblante sur le visage de Theodore et d'en écarter une mèche de cheveux de son front, amenant un frisson à celui-ci face à ce contact si tendre, si intime pour eux. « I thought I had lost you, » Murmure-t-il dans un souffle et ça brise le cœur de Teddy. Jamais il ne le perdra. Il sont fait l'un pour l'autre. Ils ne peuvent pas se perdre. Impossible. « I’m yours. I’ve always been. I’ll always be. My King. » L'adoration qui découle de sa voix à travers ce titre qui n'a jusqu'ici signifié que souffrance pour Teddy lui coupe maintenant le souffle. Il n'a jamais aimé ce titre ronflant qui lui rappelait juste qu'il avait perdu l'homme de sa vie. Mais plus maintenant. Non. Ce titre signifie bien plus dans la bouche de Billy. Il signifie toute l'adoration, la tendresse mais surtout tout l'amour qu'il éprouve pour lui et le blond se sent soulagé. Il n'a jamais aimé quand le brun l'appelait ainsi mais là... Maintenant, à cet instant précis, il serait prêt à l'écouter toute la journée l'appeler de cette manière tant qu'il y mettait toute cette émotion.

Prenant son visage en coupe de ses mains, Theodore profite de ce moment d'accalmie pour partager le même souffle avec son vis-à-vis. Il ouvre les yeux qu'il n'avait pas eu conscience de fermer face au discours du brun et plonge son regard celui de ce dernier. Il a toujours adoré ses yeux. Billy a beau être le roi du mensonge, ses yeux disent tout et il adore ça. « Billy, Mon Billy... » murmure-t-il dans souffle, dans un murmure, comme pour garder cet instant caché. C'est le leur, il veut en profiter jusqu'au bout. Il s'approche à nouveau, agrippant les cheveux de William dans son poing droit avant de le rapprocher d'un geste qui pourrait paraître brusque mais qui n'en est rien. Son autre main appuie un peu plus au creux de ses reins le rapprochant alors qu'il prend sa bouche de manière possessive, poussant un grognement appréciateur quand il le sent répondre à son baiser. Sa main gauche se glisse rapidement sous la tunique du sorcier et il commence à caresser avec empressement son dos.

Le souffle court, il s'éloigne de son homme mais laisse ses mains là où elle sont. « Je t'aime. Je t'ai toujours aimé, peu importe le temps, peu importe les épreuves, mes sentiments ne changeront jamais. » Il dépose de rapides baisers sur ses lèvres, sur ses pommettes, sur sa tempe avant de revenir sur ses lèvres. « Tu ne me perdras jamais. C'est impossible. Comment le pourrais-tu ? Je refuse de te laisser partir. J'ai compris tes motivations de l'époque, tu n'as pas besoin de t'excuser. Tu n'en as jamais eu besoin : tu serais revenu, à n'importe quel moment, je t'aurais ouvert les bras, comme aujourd'hui. Tu. Es. À. Moi. » Il appuie chaque mot avant de finir par un grognement possessif alors que sa main gauche griffe le bas de son dos, comme pour le marqué comme étant sien. À Jamais. Il l'embrasse à nouveau. « Tout comme je suis à toi. Pour toujours. » La douleur sur son torse est toujours présente mais c'est plus comme une gêne, un rappel de sa blessure. Là, l'adrénaline et l'envie coulent dans ses veines comme un délicieux poison dont il n'a pas envie de s'échapper. Usant de ses bras musclés, il attrape la taille de Billy et le soulève afin qu'il le chevauche. Il l'observe pendant quelques instants, fasciné : ses cheveux en désordre, ses lèvres martyrisées par leurs baisers. Il est parfait.  Il n'attend pas un seul instant et enlève le haut du jeune homme, la tâche est ardue mais il y arrive et sa main droite, tremblante, se lève vers son torse et le caresse doucement, délicatement, comme s'il était la chose la plus précieuse au monde, comme s'il le redécouvrait pour la première fois. Il le regarde, un air presque béat et halluciné de le voir là. « Est-ce un rêve ? Un autre rêve ? Vas-tu encore t'évaporer et me dire que tout cela n'a été que le fruit de mon imagination sadique ? Je ne pourrais pas le supporter, Billy. J'ai trop fait de rêve où tout ça n'était que pure utopie. » Il lève la main et caresse son visage, la posant sur sa joue. « Dis moi que tu es réel. » murmure-t-il. Sa voix trahit la peur et la tristesse de se réveiller à nouveau seul dans ses draps ou aux côtés de Kate et de découvrir que tout cela n'aura jamais existé...

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Prisoners + trapped & forgotten
Billy Kaplan
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Les paumes larges et chaudes de Theodore entourèrent son visage et William réalisa à quel point rien que ce geste lui avait manqué. Le contact de sa peau sur la sienne, la chaleur de son corps. Les mains de son roi étaient plus rugueuses, plus abimées qu’autrefois. Les entraînements et les batailles l’avaient rendu plus grand, plus dur. De loin, le sorcier avait regardé le blond perdre les rondeurs de l’enfance, le dépasser d’une tête, devenir cet homme tout en muscles que tous respectaient pour ses faits d’arme et son courage. « Billy, Mon Billy... » Un frisson lui parcourut la colonne vertébrale et il ferma les yeux lorsque le blond agrippa ses cheveux pour le rapprocher de lui, se laissant complètement faire. Il pressa son corps contre le sien et lorsque ses lèvres prirent les siennes, dans un baiser brulant, possessif, le grognement que poussa Theodore sembla résonner dans tout son corps et William ne put s’empêcher de gémir à son tour. Par les dieux, ça lui avait tant manqué. Ses mains quittèrent ses cheveux, pour se glisser dans son dos, sous sa tunique qui commençait sérieusement à devenir une gêne. « Je t'aime. Je t'ai toujours aimé, peu importe le temps, peu importe les épreuves, mes sentiments ne changeront jamais. » Il tremblait, parce que ces mots étaient tout ce qu’il avait rêvé d’entendre depuis des années. Les lèvres de son roi chassèrent les larmes de son visage et William ouvrit les yeux, pour le regarder avec adoration, le cœur si gonflé de tendresse et d’amour qu’il en était presque douloureux.
Mais cette douleur était plaisante. « Tu ne me perdras jamais. C'est impossible. Comment le pourrais-tu ? Je refuse de te laisser partir. J'ai compris tes motivations de l'époque, tu n'as pas besoin de t'excuser. Tu n'en as jamais eu besoin : tu serais revenu, à n'importe quel moment, je t'aurais ouvert les bras, comme aujourd'hui. Tu. Es. À. Moi. » Les ongles du blond maltraitèrent la peau de son dos et William laissa échapper un gémissement rauque, que la bouche de Theodore vint interrompre. « Tout comme je suis à toi. Pour toujours. » Oui, à lui et rien qu’à lui, ça n’avait pas changé, ça ne changerait jamais. Alors qu’il était encore blessé, même si la magie était toujours à l’œuvre pour réparer ses chairs, il n’eut aucun mal à soulever le sorcier qui se retrouva au-dessus de lui. Déjà, ses mains défirent les boutons de sa tunique et William lui vint en aide en détachant sa cape, de ses épaules. Les deux vêtements tombèrent et un soupir de satisfaction lui échappa, lorsque Teddy se mit à parcourir son torse de ses mains.

Lorsqu’il s’arrêta, le brun baissa son regard sur son roi et en voyant celui qu’il posait sur lui, il sentit ses joues s’échauffer. Il ne s’habituerait à cette manière dont le blond le regardait. Comme s’il était la plus belle chose au monde. Comme s’il n’y avait rien de plus précieux que lui. « Est-ce un rêve ? Un autre rêve ? Vas-tu encore t'évaporer et me dire que tout cela n'a été que le fruit de mon imagination sadique ? Je ne pourrais pas le supporter, Billy. J'ai trop fait de rêve où tout ça n'était que pure utopie. Dis-moi que tu es réel. » Sa voix tremblante et rauque, pleine de peur, serra le cœur de William qui pencha légèrement la tête sur le côté. Ses doigts vinrent trouver ceux de son amant et les serrèrent avec force. « I’m real. I swear I’m real, » murmura-t-il dans un souffle. Un sourire se dessina sur ses lèvres et il se pencha pour embrasser Theodore. « Let me show you, » susurra-t-il contre sa bouche.
Alors il se redressa et acheva de retirer sa chemise au blond, avec des gestes lents, délicats. Avec révérence, il parcourut son torse du bout de ses doigts, frôla le centre de sa poitrine où la chair s’était refermée, laissant une cicatrice plus foncée que le reste de sa peau. Il avait failli le perdre. William déglutit avec difficultés et se pencha à nouveau, pour déposer un baiser sur les lèvres de Theodore. Puis sa mâchoire, son cou. Il suivit la ligne de carotide en y pressant tendrement ses lèvres, tandis que ses mains glissaient jusqu’au pantalon tâché de boue et de sang, qu’il entreprit de retirer.

Il pourrait utiliser la magie pour cela, mais il voulait prendre son temps. Retirer chaque vêtement lui-même, jusqu’à ce que son roi soit entièrement nu, jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’à lui. Il s’arrêta pour se débarrasser des bottes de Teddy et fit subir le même traitement aux derniers vêtements qui le recouvraient. Son cœur battait la chamade et à le voir ainsi étendu sous lui, offert, William sentait un feu dévorant parcourir ses veines. « You’re so beautiful, » murmura-t-il d’une voix tremblante, la gorge nouée par l’émotion. Il percevait encore le bruit des combats qui faisaient rage, plus loin. Mais il s’en fichait. Par les dieux, il s’en moquait éperdument. Il n’y avait plus que Theodore, son roi, son amour. « I had dreams, too, » poursuivit-il avant d’embrasser le torse du blond, au niveau de son cœur. « All about you. » Ses lèvres tracèrent un parcours délicat et tendre sur sa peau brulante. Il sentait le sang et la sueur, mais c’était Teddy, son Teddy. « Sometimes you just took me in your arms to kiss me and we made love, softly, like we used to. » Sa langue retraça le contour d’un téton. « Sometimes, you pushed me against a wall, in one of those dark corridors of the castle-- » murmura-t-il avant de glisser sa main plus bas, ses doigts allant se perdre dans la ligne de poils blonds. Il remonta son visage jusqu’à l’oreille de Theodore, qu’il taquina de ses lèvres, mordilla légèrement. « --and fucked me until I couldn’t think, nor say anything but your name. » Il se redressa et observa les pupilles dilatées de son roi, ses lèvres rougies, son torse qui se soulevait trop rapidement. « And sometimes, you were just like this, » continua-t-il avant de tracer quelques signes, qui le débarrassèrent de ses derniers vêtements, le laissant nu à son tour. « Perfect and pliant under me, » susurra-t-il en le dominant de sa hauteur. Ses doigts se refermèrent autour de l’érection de son roi, délicatement.

Il se pencha de nouveau et reprit ses baisers, sur le torse de Theodore. Il descendit, descendit encore, traçant une ligne brûlante de sa langue. Enfin, il arriva à proximité de son objectif et sans attendre, referma ses lèvres autour du sommet de son sexe. Le blond tressaillit et une de ses mains vint se perdre dans ses cheveux, l’autre dans sa nuque, un geste qui encouragea William à poursuivre ce qu’il avait entrepris. Il ne prit pas son temps, cette fois-ci. Il avait faim de lui, il avait tant envie de le sentir contre lui, de l’avoir rien que pour lui. Il voulait l’entendre gémir, l’appeler par son prénom, il voulait se perdre dans le plaisir de son amant. Il voulait voir Theodore se défaire sous lui, jusqu’à ce que toute cette distance qu’ils avaient mise entre eux ne soit plus qu’un lointain souvenir.
Ses lèvres se resserrèrent et sa langue parcourut son érection sur toute sa longueur, tandis qu’il sentait le blond perdre pied, peu à peu. Lorsque ses soupirs se changèrent en gémissements désespérés, William libéra son roi et se redressa, le souffle court et les yeux débordant du désir qu’il avait pour lui. « You’re perfect, » murmura-t-il avec un sourire. Le plus sincère qu’il ait esquissé depuis des années. Il saisit une main de son amant et la porta à ses lèvres. Il en embrassa l’extrémité, une fois, deux fois. Puis sa langue les remplaça et il s’appliqua à leur faire subir le même traitement qu’à l’érection de Theodore, sans le quitter du regard. Il retira finalement sa bouche et mena l’autre main du blond jusqu’à ses fesses. Un grognement rauque lui échappa lorsqu’il n’hésita pas à refermer sur l’une d’elles, le poussant un peu avant, de manière à ce que leur érection se frôle presque douloureusement. « I need you, » haleta-t-il, perdu, désespéré. Il mena l’autre main de Teddy derrière lui et pressa un peu plus son membre contre le sien, comme pour l’encourager. « Please, I need you, » supplia-t-il presque.


#smut #shaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaame #imsorryforthisshit

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