Les héros ne sont plus ce qu'ils étaient. Hancock a plus d'allure que cette épave à poil, même récuré de fond en combles... Je fronce les sourcils à sa remarque. Pas impressionné ? Mais de quoi ? Je n'ai même pas encore montré mes seins. Il dit n'importe quoi n'importe quand. Je lui souris, puis regarde où je suis assise comme si je le découvrais avant de m'exclamer : « Oh ça ? Mais je ne te fais pas une démonstration de force ! Tu poutres du Coréen, non ? Oh non, vraiment, ne t'arrête pas à des détails ! » Là où il n'a pas tort c'est que je parle beaucoup. Mais j'aime bien parler, ça permet de combler les blancs, en général de savoir ce que les gens ont sur le cœur. Ah je me souviens de cette époque où j'étais dentiste. C'était marrant de parler aux patients qui ne pouvaient pas répondre. Ils essayaient toujours, à un moment ou à un autre. Et ils finissaient par avaler leur sang. Heureusement, il y a cet truc qu'on leur donne pour rincer leur bouche. Camoufler le sang en leur faisant boire du truc à la fraise, c'était amusant, quand même. Je suis devenue bonne dans l'arrachage de molaires, au final, et dans l'anesthésie.
Hey, s'il veut consulter, je lui ferai un prix peut-être. Il se lève, me reprend une fois encore la bouteille avant de la finir. Roh monsieur n'est pas partageur, il ne doit pas avoir une grande famille parce qu'il saurait que « mon » et « ma » ça ne veut rien dire du tout. « Est-ce que tu savais, petit scarabée écrasé... » il est déjà complètement pété ? Je le regarde en arquant un sourcil, me disant qu'il ne doit pas faire partie d'une équipe. Ou alors il doit être fort, parce qu'en diplomatie, comme en répartie, ah c'est pas ça du tout. Moi-même, je ne suis pas bonne négociatrice. En général, je paie et ça va. Je pose les coudes sur mes genoux et cale mon menton sur mes mains. Oh oui grand-père, raconte-moi une histoire sur l'esclavage, qui sait, je vais peut-être même pleurer. Oh mon dieu non... alors ces personnes que nous vendions... elles avaient vraiment une âme ? Quelle horreur ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Ah non attends trois secondes... je m'en fous.
Quand il me demande directement mon avis, je fais un bruit avec mes lèvres, genre j'en sais rien. Est-ce que je crois que l'esclavage c'est mal ? Je m'en fous, je n'ai pas d'esclave à la maison que je sache. Il repose le regard sur moi, je hausse des épaules. Je sors l'un de mes couteaux et joue avec pendant qu'il s'allonge sur le lit. Je pose le couteau sur ma main et enfonce doucement, lui transmettant la blessure au fur et à mesure qu'elle s'agrandit dans ma main : « Je n'en sais rien, tu leur poseras la question. » J'arrête, levant la lame. J'attends sa réaction puis regarde à l'extérieur. Je me penche à la fenêtre. « Ouais ouais, ça doit être ça, la langue plus solide » lui dis-je sans vraiment faire attention à ses propos.
Finalement, comme prise d'une soudaine excellente idée, je me retourne vers lui, des étoiles dans les yeux : « Oh et si on jouait à un truc ? Disons que tu me dis ton nom et ton prénom ? Et moi en échange... hum... Disons je reste ici. Et sinon, bah je me défenestre. Qu'est-ce que tu en dis ? C'est équitable non ? »
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La douleur transperçante vrillait ma main et je la levais devant moi pour y voir le sang couler et la plaie apparaître. Je tournais la tête vers elle et la voyait, son couteau en l'air. Oh la salope. Je fermais la main, laissant aux nanites le soin de stopper le saignement mais gardant hors de vue cette cicatrisation rapide. Hors de question qu'elle puisse voir ça. Je m'asseyais sur le bord du lit en regardant la blessure d'un air dégoutté pendant qu'elle regardait dehors. Comment avait-elle fait ça? Je commençais vaguement à comprendre son petit manège et ça ne me plaisait pas vraiment. Je refermais la main lorsqu'elle se retournait sur moi, son regard pétillant d'une nouvelle connerie. Et quelle connerie. - T'es pas très drôle comme fille, mais c'est pas grave, je t'aime bien quand même.
Je me levais et approchais doucement de la fenêtre. Que pouvais-je bien faire après tout, elle aurait aussi tôt fait de me téléporter dans ma chambre. J'avisais l'extérieur, la camionnette, les passants, la nuit et quelques voitures qui roulaient. C'était relativement calme faut dire. Je posais mes mains sur le rebord de la fenêtre et humais l'air bruyamment avant de tourner la tête vers elle. - Tu sais quoi? Je vais te dire un truc. Je vais te dire que je vais pas te dire mon nom. Ni mon prénom. Ni même la taille de ma queue. - Je me redressais et laisser tomber la serviette qui jusqu'à présent préservait mon intimité de son regard. - Voir par soit même, c'est quand même mieux. - J'inspirais comme si tout mon corps pouvait enfin apprécier l'oxygène. - Et sur ces bonnes paroles jeune fille, bonne nuit et à jamais.
Sous son regard je disparaissais. En une seconde toute parcelle de mon corps s'estompait et je devenais invisible. La seconde suivant je sautais par la fenêtre et ni un son ni une image ne me trahissait. Le craquement de mes genoux lorsque mes pieds touchaient le trottoir était atténué par les nanites et je filais. Je boitais. Je me traînais loin de là, la fraîcheur de la nuit chatouillant mes valseuses. Je ne laissais derrière moi que mon flingue, lambda, et la moto. L'ordinateur de bord aurait vite fait de s'auto-détruire à la moindre mauvaise manipulation, lui et son hôte mécanique. Pendant ce temps je détalais, la douleur de mes genoux vrillant chacun de mes pas mais je ne voulais pas éteindre la douleur. Faire ça revenait à faire taire toute émotion et je me refusais à le faire. Je préférais souffrir plutôt que devenir l'ombre, encore. A la première cabine téléphonique je contactais le SHIELD pour les avertir de ce qui venait de se passer. Pas que je sois inquiet, mais je voulais surtout partager ça. C'était un fragment de l'histoire dont on ne savait rien et mes nanites avaient enregistré énormément de choses qu'il faudrait récupérer et analyser. Et cette femme... Je devais être plus prudent, plus prévoyant. La prochaine fois je planquerais une matraque électrique dans mon boxer. Ça en ferait deux.