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 (Jack) ◊ « So cold. »

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MessageSujet: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeDim 11 Déc - 19:43
So cold.
« Oh, you can't hear me cry, See my dreams all die. »

I
l fait froid. Il fait terriblement froid dans le coeur en morceaux, comme si tout avait implosé, comme si elle était morte à l’intérieur. Le sol sur lequel elle est assise est couvert de sang et de neige, sans qu’elle ne fasse rien contre cela, parce qu’elle n’a plus envie de vivre et qu’elle est encore là, lâchement là. Elle serait bien retournée à la confrérie si ça avait eu une quelconque importance, une quelconque utilité. Qu’aurait-elle pu dire à Tadeusz ? Qu’elle avait tout perdu ? Oui, comme tout le monde à la X-Mansion. Pas plus, pas moins. La robe de chambre toujours sur le dos, elle n’a pas jugé nécessaire de chercher un refuge, parce qu’après tout Snow n’a pas froid, elle devient le froid, et plus elle a mal plus la teinte de ses cheveux s’éclaircit, plus la température de sa peau chute. Enveloppe abandonnée, coquille vide. Elle régénère, elle s’en fiche bien d’être blessée, elle s’en fiche bien de l’allure qu’elle a. Elle mettrait peut-être des semaines avant de mourir de faim. La tête appuyée contre la surface du mur de l’Eglise, à l’arrière et à l’abri des regards, elle contemple la lune comme s’il ne lui restait qu’elle, comme si la beauté de l’astre pouvait panser les souffrances, les plaies qui ne cicatriseraient peut-être jamais dans l’esprit en perdition. La lune était là depuis toujours, elle serait là bien après tout le monde, bien après les guerres et les exterminations. Si Snow s’inquiétait de finir attrapée par quelqu’un susceptible de la traîner et de la malmener parce qu’elle n’était pas recensée ? Non. Non parce que tout lui était égal, parce que rien de pire ne pourrait lui arriver. Elle avait perdu l’homme qu’elle aimait et l’enfant qui aurait pu lui maintenir la tête hors de l’eau alors elle s’en fichait éperdument, elle n’avait que ce vide infini en tête.

Ca pourrait faire deux heures ou deux jours, elle ne ferait pas la différence. Elle a toujours l’air paradoxalement propre, les cheveux tombant sur ses épaules avec fluidité, seules les larmes glacées figées sur ses joues pour marquer sa peau. Et le sang, le sang sur ses vêtements comme seul témoin de ce qu’il venait de lui arriver. Elle vous dirait que se liquéfier permet au moins de nettoyer la peau, si elle avait assez d’humour pour cela. Elle n’en a plus. Le monde en lequel on a voulu lui faire croire, lui faire espérer, n’existera jamais. Tout ça n’était que mensonges et foutaises d’intellectuels qui niaient l’évidence et la violence. Elle avait abandonné le navire, incapable d’être encore une X-Woman, de faire face à cette réalité.

« Si Dieu n’entend plus mes prières depuis longtemps.. le Froid oui, visiblement. » Le ton est vide, sans intonation particulière, plat constat. Jack avait été là quand elle était une petite fille seule, il était là désormais qu’elle avait la sensation de redevenir cet être complètement désemparé par l’univers, par toute cette vie sans queue ni tête. Elle a fait l’effort de parler, parce que c’était lui, parce qu’il ne mérité pas qu’elle l’ignore mais elle n’a rien rajouté, retournant à la contemplation de cette lune silencieuse qui n’avait rien à dire mais qui occupait ses yeux, qui détournait son attention de l’état du sol autour d’elle. Il neige autour d’elle depuis des heures,  Jack ne serait pas dépaysé, dans son élément jusqu’au bout, une neige douce et presque mélancolique qui se fixe et refuse de disparaître, nourrie par ce froid que rien n’a l’air de pouvoir calmer ou réchauffer.   
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeDim 11 Déc - 22:50
So cold.
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Froid. Tellement froid. Je suis le froid et pourtant j'ai froid. J'avais froid. Car ce froid là contrairement aux autres je le ressens. Ce froid là ne vient pas de moi, il ne vient pas d'ailleurs. Il vient d'ailleurs et lorsque j'ouvre les yeux et que la vapeur s'extirpe de ma bouche, je ressens le frisson. L'ombre et la pénombre. Voilà ce qui hante mes rêves. D'anciennes ténèbres que mon esprit semble vouloir ramener aux devants de mes pensées. Je m'en passe, merci. Je m'extirpe du lit, la couverture grisâtre plus là pour avoir la sensation d'être couvert que pour avoir un quelconque intérêt sur ma température corporelle se retrouvant vaguement repoussée au bout du matelas. Je pose mes pieds nus sur le carrelage et une couche de givre vient le recouvrir doucement sans que je ne m'en formalise. Trop l'habitude. Etre moi ça veut dire être froid, ça veut dire ne pas pouvoir vivre comme tout le monde. Ça veut dire qu'avoir un bel appartement dans les étages est autant inutile qu'une perte d'argent, argent que de toute façon je n'ai pas. Moi je vis au sous sol d'un bâtiment, deux pièces. La porte de cette "cave" donne sur une première pièce principale, pièce principale, et une marche au fond donne sur la chambre, là où je me trouve. Chambre qui donne elle-même, via une porte, à une salle de bain pour le moins précaire mais qui s'en soucis lorsque de toute façon se doucher à l'eau froide n'est pas un problème? Toujours mieux qu'une grotte de toute façon.

Les deux ouvertures au niveau du plafond me montrent le trottoir devant l'immeuble et je vois la pénombre de la nuit. Une nuit bien avancée. Dans mon sous-sol, dans mon boxer noir, ma peau à nue, j'ai froid. Mais ce n'est pas l'hiver approchant, ce n'est pas l'air autour de moi. Ce n'est pas moi. Mon regard se dirige rapidement vers mon bâton, debout contre un mur. J'ai la sensation que quelque chose s'est passé et je ne perd pas vraiment de temps à me demander l'heure qu'il est avant de m'habiller et de sortir de là. J'ai pris l'habitude de passer par l'arrière du bâtiment, plus simple pour s'envoler sans être vu, et je me retrouve rapidement dans le ciel de Staten Island. Le vent secoue mes cheveux et la capuche de mon sweat mais mon regard balais la ville comme si je pouvais réellement voir ce que je cherche. Je laisse l'air du vent me guider, comme une certaine petite fille disait des années plus tôt... Et lorsque je vois la neige recouvrir l'herbe, mon cœur se serre et mes appréhensions s'accroissent. Dans la nuit froide et sous le halo des rayons lunaires je vois ses cheveux trop clairs et sa robe trop rouge. Je vois son visage trop pâle et mes pieds rejoignent la neige éternelle dans un son étouffé. - « Si Dieu n’entend plus mes prières depuis longtemps.. le Froid oui, visiblement. » - Toujours...

Je traverse la distance, laissant à mon bâton le loisir de se tenir debout à côté de nous mais tombe à genoux à ses côtés. Le sang, ce sang c'est le sien et même si je connais ses pouvoirs de guérison je ne peux m’empêcher de m'inquiéter. - Qu'est-ce qui s'est passé? - Je touche ses mains mais elle ne réagit même pas. Je cherche la blessure mais je ne la vois pas. Si la neige était déjà solide, elle le devient encore plus alors que mon givre s'étend sur le paysage blanc et gagne les pierres de l'église sur laquelle elle est appuyée. Je dégage les cheveux sur son visage, révélant ses yeux trop bleus et son regard vide. Je n'ose la toucher plus, je n'ose la prendre dans mes bras. Je ne l'ai jamais vu dans cet état et à cet instant je ne suis pas sûr qu'une étreinte ait un quelconque effet bénéfique. Alors je reste devant elle, à genou dans cette neige. Je cherche son regard, légèrement voûté. Oh Lune... - Parles-moi...
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeLun 12 Déc - 0:41
So cold.
« Oh, you can't hear me cry, See my dreams all die. »

E
lle se fichait bien qu’aujourd’hui une quelconque divinité l’entende, parce que quand elle en avait eu besoin, il n’y’avait eu personne. Personne quand la glace avait altéré le cours normal de sa vie. Personne quand Axel l’avait prise pour un jouet à sa disposition. Personne non plus quand elle aurait donné son âme pour ramener Bobby. Jack n’y était certes pour rien mais elle n’était pas juste, elle n’avait plus le coeur à tenter la justice ou la bonté. Elle gelait lentement sur place depuis des heures, les pieds nus pris dans la neige ornant le sol, le regard fixé sur une lune qui ne lui parlait pas mais semblait éveiller un intérêt tout particulier. L’humanité n’en avait plus. Cette planète non plus. Il tombe à genoux et tout ce qu’elle décide de faire, c’est observer Bâton, à défaut de pouvoir continuer à admirer le ciel où elle aurait préféré se trouver. Il touche ses mains qui ne font aucun effort pour répondre à ce contact, comme si elle n’était rien d’autre qu’une marionnette. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Aucune réponse. Ce qu’il s’était passé n’avait plus aucune sorte d’importance, parce qu’encore une fois elle devait recommencer à zéro. Comment peut-on recommencer autant de fois à à peine vingt-quatre ans ? Qu’allaient alors devenir les années à rallonge que sa mutation lui promettait ? Une torture. Une infinie et insoutenable torture. Il l’oblige toutefois à le regarder, en écartant les longues mèches blanches - à la lueur de l’astre au-dessus de leur tête. Si le soleil avait été présent, les cheveux auraient joué d’encore quelques reflets d’or capable de subsister, mais même cela tend à changer, comme si son corps se fondait avec sa mutation, la toute première, délaissant les autres caractéristiques qu’elle aurait pu avoir. « Parles-moi… » « Tue-moi.. » C’est une supplique. Quelque chose s’allume enfin dans les yeux trop bleus, une souffrance infinie qui lui est si insoutenable que la glace au sol craquèle, se fissure de toutes parts, iceberg abandonné sur le bitume.

Les larmes viennent rouler de plus belle et tomber en perles cristallines sur le tissu encore rouge de sang. Elle n’y arrivera pas, pas cette fois. Elle serait bien retournée voir Logan, elle l’aurait bien provoqué pour qu’il l’achève mais ça n’était pas un monstre, il aurait peut-être même volontiers joué le défouloir, sans jamais accepter de mettre fin à cette histoire. L’enveloppe charnelle finit par bouger, par rencontrer le sweat de Jack, s’accrochant au tissu sans que ça ne lui apporte le moindre réconfort. Rien ne pourrait la réconforter sinon la mort, sinon ce qu’a subi Bobby, qu’elle le rejoigne, qu’elle laisse les autres tout détruire, s’anéantir. Même la haine ne la ferait pas tenir. Même la vengeance n’a aucune saveur. Elle n’a ni faim ni la volonté de respirer, ni désir ni espoir. Juste cette peine et ce vide au fond de l’estomac. Elle n’est même plus sûre de savoir ce que rire veut dire, si aimer a un avantage, si voir les jours se lever et se coucher peut encore avoir un intérêt. Elle est une créature détruite et seule, rien de plus. Un animal qu’on aurait jeté au bord d’une route pour le laisser crever, sans s’en soucier. Ca n’était pas la première fois, on l’avait déjà crue morte et sans doute cela se répétait-il à l’heure actuelle, parce qu’elle avait simplement disparu, elle n’avait pas gardé de mutants avec elle, pas cherché à protéger les enfants. Fini le rêve utopiste de construire une école, si elle faisait encore une chose, cela se résumerait à semer la mort parmi ceux qui osent encore, insectes insignifiants, tuer les mutants.

« Fais que ça s’arrête.. je peux plus.. » Le visage s’est enfoncé contre le bord de la capuche, se dissimulant de la lumière comme du regard de Jack. Elle étouffe des sanglots qui la trahissent, qui coupent sa respiration. « Il est mort.. il est mort parce qu’il a pris une balle qui m’était destinée.. c’est ma faute, Jack.. j’ai pas su..  ça m’est passé au travers.. » Culpabilité brûlante alors qu’elle est si froide, trop froide. Elle n’a pourtant pas l’air d’être gênée par cette nouvelle chute libre de sa température, descendant sous les dix degrés autrefois insoutenables, même pour elle. « Aide-moi.. » A mourir. C’était tout ce qu’elle demandait. Tout ce qu’elle lui demandait. Une dernière volonté.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeLun 12 Déc - 2:14
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Mes épaules s'affaissent sous le coup de massue. La tuer. La tuer! Mais... Pourquoi? Comment? Je la regarde, je cherche son regard, je la perd. Je vois l'intense souffrance au fin fond de ses yeux et j'en frissonne. Que s'était-il passé? Est-ce encore dû à ses instabilités? Je ne comprend pas et à vrai dire je pense que je ne veux pas comprendre. Son visage vient se perdre dans mes bras et je sens son corps vibrer au rythme des sanglots qu'elle tente d'étouffer. - « Fais que ça s’arrête.. je peux plus.. » - Je serre mes bras autour d'elle, je fais ce que je voulais faire sans oser le faire et je ne suis même pas sûr que ça serve vraiment à quelque chose. Et lorsqu'elle passe aux aveux, lorsqu'elle laisse enfin sortir la raison de tout ceci... Je me fige. Je me tétanise comme la glace que je forme. Je comprend en une fraction de seconde de qui elle parle, de qui est mort, et mon étreinte se renforce malgré tout. - « Aide-moi.. » - Je soupire doucement, l'air opaque passant mes lèvres allant se perdre ailleurs. Mes mains viennent tenir ses épaules pour la repousser légèrement afin que je puisse voir son visage, ses yeux et les larmes givrées sur ses joues. - Qui? Qui a fait ça? Qui doit-on retrouver? - Qui doit-on abattre pour obtenir justice? Pour obtenir vengeance? C'est la vengeance qui m'avait amener à côtoyer le monde. Une vengeance que j'avais assouvi, d'un pieu de glace au beau milieu du torse du sujet de ma haine.

C'est ma première pensée, vengeance. Mes pouces viennent essuyer les larmes craquelées, mon regard se fait doux malgré cette proposition de chasse à l'homme et le contraste ne tient lieu que par la froideur de son cœur. Je passe une main sur mon visage, sentant la lueur de la lune baigner. - Tu n'es pas responsable. A moins que tu ais consciemment laissé passer cette balle, ce n'est pas toi. Ce n'est pas ta faute. - Je forçais son regard dans le mien, tenant son menton entre mon pouce et mon index. - La faute est sur la personne qui a tiré. Celui qui tenait l'arme. Pas toi. - La nuit est avancée, les gens dorment et rares sont les fenêtres qui laissent encore passer la lumière artificielle des lampes et ampoules. Le son de la ville ne s'éteint pas pour autant, jamais et j'entend les sirènes de voitures de police passer au loin. Je manque de mot, c'est vrai. Je peux gérer mes propres deuils, j'y suis malheureusement beaucoup trop accoutumé même si l'on ne s'habitue jamais à perdre les gens que l'on aime mais j'ai rarement eu à gérer ceux des autres. Que puis-je dire? Penses un peu à moi, j'ai des centaines d'années de deuil derrière moi?

Je n'ai rien à te dire, rien qui puisse te faire te sentir mieux. - Ma main vient se poser sur sa joue, tenant sa tête. - Je ne peux rien y faire sinon t'aider dans tout ce que tu pourras entreprendre pour t'en remettre parce que oui, je suis désolé, mais tu t'en remettras. - Ma main glisse le long de son cou et vient se plaquer sur le haut de son torse, juste sous sa gorge. Une fine couche de glace s'étend alors sur sa peau et je sens sous mes doigts son corps apprécier ce contact gelé. - Mais il est hors de question d'en finir. De toute façon, comme tu peux le sentir, je ne peux pas te faire de mal. - Je peux la tuer de dizaine de façons différentes. Des dizaines. Mais c'est hors de question. Ce n'est pas à l'ordre du jour. - C'est comme le reste. Le temps fera le travail et ça te semblera une éternité... Et je serais là tout du long.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeLun 12 Déc - 12:59
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«
 Qui ? Qui a fait ça ? Qui doit-on retrouver ? » Il l’a repoussée, sans brutalité, il l’a écartée de ses bras en la tenant par les épaules. Il essuie les larmes, elles se détachent de ses joues, viennent s’échouer sur le sol. Il n’y’a personne à retrouver, aucune vengeance qu’elle veuille assouvir, seulement cette sensation de ne plus rien avoir à attendre de ce monde, de cette vie. Bobby avait finalement fait la chose la plus terrible qui soit : il lui avait offert l’espoir, il l’avait faite espérer une vie normale, une existence à deux, tout ce à quoi elle avait aspiré si longtemps sans le trouver. Axel l’avait brisée, des années plus tôt, mais lui n’avait jamais été doux, n’avait jamais donné la moindre part de véritable bonheur, amour à sens unique si frêle, si fragile, vulgaire illusion. Pour le psychologue, elle n’avait pas été un jouet et elle avait désormais sur la langue l’amertume d’un énième échec, après toutes les difficultés qu’ils avaient eu à s’accepter. « Tu n'es pas responsable. A moins que tu ais consciemment laissé passer cette balle, ce n'est pas toi. Ce n'est pas ta faute. » Elle voulait fuir ce regard, elle n’avait pas envie qu’il sonde toutes ces peurs qui l’envahissaient, toute cette douleur démesurée. La gamine d’autrefois se noyait dans l’obscurité, s’étouffait dans ses angoisses, prise au piège de ces cauchemars qui devenaient sa réalité. « La faute est sur la personne qui a tiré. Celui qui tenait l'arme. Pas toi. » Les images se bousculent dans sa mémoire, le chaos se fond sur les traumatismes passés, n’associant que trop vite Alcatraz, l’Invasion et les évènements de la X-Mansion.

La glace craque. Elle ne lâche pas les yeux de Jack, piégée dans son regard mais derrière elle se joue un théâtre de givre, manifestations qui ne se produisaient que lors de ses crises de somnambulisme, habituellement. Répliques de corps masculins cloués au mur de l’Eglise, répliques des enveloppes charnelles mutilées par les pieux glacés, par les arcs ayant déchiré la chair. Elle exprime parfois mieux par sa mutation ce que les mots refusaient de traduire, bloqués au fond de sa gorge et c’est le cas à cet instant, son élément parlant pour elle comme s’il possédait une vie propre. Elle n’a eu aucune pitié pour les âmes qu’elle a volé, la reine glacée refaisant surface, se détachant du code de conduite qu’elle s’était imposée en devenant X-Woman. L’humanité ne méritait pas la compassion qu’elle avait eue.

« Je n'ai rien à te dire, rien qui puisse te faire te sentir mieux. » Poupée de chiffon entre les doigts de Jack, elle se laisse faire, elle entend sans vraiment écouter. Tout ce qu’elle sent, c’est le froid qui vient l’envelopper, la ramener malgré sa volonté, malgré son envie de mourir. Il refuse de la laisser partir, il refuse ce qu’elle lui demande, il affirme qu’elle s’en remettra mais elle n’y croit pas, elle n’y croit plus. « C'est comme le reste. Le temps fera le travail et ça te semblera une éternité... Et je serais là tout du long. » Brutalement, elle s’écarte, elle se détache de lui, il n’y’a eu entre les derniers mots et sa réaction que quelques longues secondes, le temps d’assimiler la fine couche sur l’épiderme. « Tu ne peux rien faire ! Tu ne peux pas m’aider, ni maintenant ni jamais ! » La colère prend le dessus sur le chagrin, dévorant tout sur son passage, dévorant ce en quoi elle croyait, de Dieu jusqu’à la silhouette masculine qui se tient devant elle. « J’ai.. j’ai tous ces pouvoirs inutiles, qui n’ont aucun but ! A quoi ça me sert, tu peux me le dire, Jack ?! A quoi ça sert ?! » Elle s’est redressée mais elle ne tient pas debout, le poids de ses émotions bien trop lourd, le poids de la fatigue bien présent. Oui, Prudence régénère, c’est un fait, mais elle régénère lentement si elle n’a pas d’eau, elle peut survivre à la plupart des blessures mais cela peut durer des heures si elle refuse de changer de forme, si elle refuse de plonger dans un bain froid. Elle n’a rien bu depuis la veille et elle ne s’est pas fondue dans son aspect aqueux depuis que le soleil s’est levé puis couché. Elle a finalement espéré mourir, comme n’importe qui, en avortant la régénération quand celle-ci a tenté de prendre le dessus, quand celle-ci a cherché à la sauver de cette hémorragie douloureuse. « Tu veux savoir ce qu’il s’est passé ? J’ai perdu l’homme que j’aimais, j’ai perdu l’endroit qui était ma maison et j’ai perdu mon enfant ! » Le rire est nerveux, déchirant, quand elle retient le sanglot, quand elle ne maîtrise plus rien de ses réactions. « Ca en fait au moins un que tu n’auras pas à protéger de moi. » Ca tombe, affirmation glaciale. Elle fait référence au mythe, évidemment, à l’association que l’on fait de Jack Frost avec l’innocence, de l’Hiver avec le jeu, de la légende avec l’espièglerie de l’enfance. Il l’a vue raconter des histoires aux gamins de l’école, il l’a vue protectrice et maternelle. Il a connu la petite fille qu’elle était, admirative de cet ami imaginaire. Dis, Jack, moi aussi un jour je pourrai faire comme toi ? « J’n’ai plus que ça.. le froid.. » En s’appuyant contre le mur, elle a porté son attention sur ses propres mains couvertes de givre, fine couche encore scintillante à la lueur de la lune, comme si elle ne l’avait jamais vu, comme si c’était la première fois. Ca l’était un peu, parce qu’elle ne tremblait pas de froid, parce qu’elle souffrait de tout sauf de cela.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeMar 13 Déc - 1:41
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Sa réaction est si brutale que j'ai un léger mouvement de recul avant que mes yeux ne se ferment pour accuser le volume de sa voix et le ton de ses mots. - « Tu ne peux rien faire ! Tu ne peux pas m’aider, ni maintenant ni jamais ! » - L'ai-je poussé à bout? Ai-je poussé trop loin? Est-ce trop tôt pour les discours sur l'espoir et le futur? Sur la vie après la perte? La survie en somme? - « J’ai.. j’ai tous ces pouvoirs inutiles, qui n’ont aucun but ! A quoi ça me sert, tu peux me le dire, Jack ?! A quoi ça sert ?! » - Je me remets sur mes jambes, la neige encore collée à mon pantalon au niveau des genoux. Je la regarde tenter de se lever et je la vois trébucher, je la vois fondre sous son propre poids comme si la masse de malheur était de trop pour ses jambes si frêles. Elle est usée, fatiguée. Et maintenant que je la regarde, maintenant que je vois ses difficultés à se tenir ainsi, je comprend qu'elle tente d'user la corde et que ma glace n'a fait que lui donner l'énergie nécessaire à exploser. - « Tu veux savoir ce qu’il s’est passé ? J’ai perdu l’homme que j’aimais, j’ai perdu l’endroit qui était ma maison et j’ai perdu mon enfant ! » - Mon regard se porte immédiatement sur cette tâche de sang sur sa robe et je comprend immédiatement son origine. Je comprend ce qu'elle représente et mon regard se baisse vers le sol, comme une honte stupide ou la tentative d'éviter de regarder... De regarder "ça".

Car "ça" n'est pas sa honte, "ça" est son horreur. C'est un fléau. La cassure. La souffrance d'un avenir qui ne sera pas et d'une incertitude qui ne pourra jamais être assouvie. Je m'appuie sur mon bâton comme un réflexe pour donner de la force car si elle est la victime de ce mauvais sort je ressens sa peine par une empathie maladive. Je l'ai connu si jeune, je l'ai perdu trop tôt, je l'ai retrouvé si abîmée et maintenant... Et maintenant quoi? Je lève mon regard sur la statue de glace qui s'est formée au mur de l'église, imperméable à sa beauté, à sa hideur. - « J’n’ai plus que ça.. le froid.. » - Il neige. Oui, il neige depuis déjà longtemps ici. Une neige impossible et je ne vois les flocons chutant que maintenant. Que maintenant que l'un d'eux vient frôler le bout de mon nez. Que maintenant qu'elle le mentionne. Ça. Le froid. Je suis "ça". Je suis le froid. Alors suis-je aussi son horreur? Son fléau. D'une façon perverse et étrange j'aurais presque tendance à dire que oui, pour une raison qui m'échappe et d'une pensée trop lointaine pour que je ne l'entende.

Je soupire, cet air opaque s'extirpant encore de mes narines. Mon corps n'est pas plus chaud que l'air, non, c'est tout l'inverse justement. Une brise s'élève doucement, orientant les flocons dans une direction commune. - Te souviens-tu? De ce que je te disais lorsque tu étais enfant. Pendant que tu n'étais qu'une enfant sans pouvoir, sans froid. Pendant que cette part de toi ne t'était pas encore apparu. - Je relève mon regard sur elle. - Je ne te disais pas "ça va venir" ou "garde espoir". Je ne cherchais pas à combler une enfant en manque de cadeaux. - Ma prise se resserre sur mon bâton. - Je te disais "tu seras incroyable". Car si tu doutais, moi je savais déjà que le froid te trouverait. - Peut être va-t-elle répondre, peut être pas. Je n'attend pas de le savoir. - Je savais déjà. Tout ce qui te reste c'est le froid mais tu es le froid. Au même titre que moi. Tout ce qu'il te reste c'est toi. - Je soupire enfin. - Tu survis, toujours. Tu es si forte et tu ne le vois même pas. Tu lui survis, tu le ressens comme une honte, comme une atrocité insoutenable mais que penses-tu qu'il voudrait pour toi? Tu penses qu'il voudrait que tu meures? Je suis certain qu'il voudrait que tu vives, que tu trouves un moyen et que tu vives. - Je baisse les yeux un instant, juste un instant, et le vent se pose, comme un calme avant la tempête. - Hors de question de le priver de ça.

Alors un vent glacial vient frapper Prudence. Des tréfonds du ciel et de la nuit il l'enveloppe et la glace se forme autour d'elle, rapide, brutale, inarrêtable. Le vent se fait plus violent, si violent et si fort que les arbres se courbent et blanchissent d'un givre solide. Prudence sous cette glace ne peut que subir et le vent l'emporte. Il nous emporte. Mon visage est tordu d'une expression d'indifférence. Quelle hurle, qu'elle me haïsse, qu'elle m'attaque une fois sortie de cette prison de froideur. Peu m'importe. Ce n'est qu'un bond, un bond de quelques centaines de mètres dans le vide avant que la statue de glace ne chute dans ce parc. Ne chute au beau milieu de cette piscine d'eau gelée. Avant que la glace qui ne piégeait la mutante ne s'estompe comme si elle n'était jamais venue en une multitude de flocons gelés. Mes pieds se posaient au bord de la piscine et je lâchais le bâton qui se tenait seul à côté de moi. - Guéris! Gorge toi de cette eau! Survis! Pour lui! Fait lui cet honneur! A lui, à cet enfant que tu portais! Ne te déteste pas pour ce que tu n'as pu changer mais change ce que tu peux devenir! - Le givre autour de moi sur le sol ne cesse de gagner en superficie au rythme de mes paroles, au rythme de ton que j'emploie. Fort, dur. Grave. Cette dernière phrase je la disais plus bas, plus moi, pour la lune ou l'univers, que pour elle. - Hais moi pour ce que je fais mais vis pour me haïr.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeMar 13 Déc - 13:30
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L
a glace, un élément si familier qu’elle avait presque fini par en oublier la brutalité, centrée depuis trop longtemps sur sa beauté, sur ce qu’on lui avait appris à en voir. Le vent la piégeait avec tant de force qu’elle en devenait parfaitement impuissante, jetée dans une tempête aussi violente que celle qui étouffait son coeur. Emportée comme une plume par la brise, elle est forcée de céder, malgré la peur qui tambourine dans sa poitrine, signe s’il en fallait un qu’elle n’était ni guérie du vertige ni de cette drôle de phobie qu’était celle de mourir enfermée dans un bloc épais de cette glace si familière. Le choc, ensuite. Statue glacée qui s’échoue au fond de la piscine, d’abord sans réaction. Elle ignore le temps que cela a duré, son esprit a atteint un point de rupture, si bien qu’elle s’est isolée de l’environnement, seulement bercée par ce froid, par le liquide en résonance avec l’enveloppe charnelle libérée de sa souffrance. Elle n’a plus mal. Légère, trop légère. De la peau à la forme aqueuse qui se nourrit des liquides en contact avec elle. Elle n’a ni besoin de respirer ni besoin de ressentir. Elle flotte, là, tout au fond de la piscine, percevant la voix de Jack comme à travers un voile épais et cotonneux. Combien de fois Bobby lui avait-il dit de ne pas avoir peur ? Combien de fois lui avait-il répété qu’elle était ce froid qui l’angoissait tant ? Combien d’années ensuite à apprendre à ne pas faire de mal, à ne pas nourrir de vengeance ou de haine ? Survivre, c’était peut-être cela, sa nature. Royaume isolé, liquide et terriblement paisible dont elle ne cherche pas à s’extirper. Le monde ne pèse plus rien, sa peine non plus, pas là, pas bercée par le chant délicat des éléments qu’elle perçoit, sans doute plus nettement que jamais. Change ce que tu peux devenir.

La silhouette finit par remonter, par s’arracher à cet immobilisme comme on s’arracherait des bras de la mort. Elle ne reprend apparence humaine qu’une fois posée à la surface, sur une couche de glace qui s’étend à chaque pas, chemin vers le bord où se tient encore Jack. L’hiver se jouerait-il donc de sa détresse ? Les doigts de la main droite ont effectué un mouvement, formant deux lames glacées qu’elle a dirigé vers le mythe, les plantant au sol, à quelques millimètres de ses orteils, sans ciller. Elle est parfaitement sèche, physiquement remise de ses mésaventures et si il n’avait pas été celui qui venait de la jeter dans l’eau, il aurait presque pu douter qu’elle se soit mouillée quelques seconde plus tôt. Prudence est proche, trop proche, venant souffler à son oreille : « Tu n’auras pas ma haine. Ni aujourd’hui ni jamais. » Murmure délicat aux accents de miel froid, ce ton qu’elle employait autrefois, entre la cassure d’un vent d’hiver et la chaleur d’une séduction dérangeante. Il avait ramené à la surface celle que la jeune femme avait repoussé trop longtemps, celle contre laquelle elle s’était acharnée, celle qui n’avait ni pitié pour ses victimes ni espoir en l’avenir, celle qui, privée d’amour, retournait son élément contre le monde avec un plaisir cruel. Celle que Jack n’avait finalement pas vraiment connue, celle avec laquelle communiquer fut impossible.

« La personnification de l’Hiver oserait-elle se comparer à un insecte mortel ? » Elle est dans son dos, désormais, les bras croisés, seule la longue chevelure offrant un léger mouvement, fluide et presque trop doux en comparaison avec ce qui s’éveille dans le regard trop bleu. « Tu veux me forcer à vivre, Jack ? Te sens-tu seul à ce point ? » L’hiver était une saison solitaire, dont on appréciait la magie qu’une courte période avant de réclamer la chaleur du soleil, de l’été. L’hiver était une drôle de morosité seulement compensée par la joie des enfants se jetant dans la poudreuse, par les rires d’une bataille de boules de neiges. « J’étais si naïve, n’est-ce pas ? » Elle évoque la gamine qu’elle était, qui voulait sortir dés que les premiers flocons tombaient dans le jardin, qui voulait retrouver cet ami que personne d’autre ne voyait. « Je ne voyais que la magie de cette neige spontanément générée.. mais le froid, c’est une infinie solitude.. » Elle bouge, à nouveau. Elle se rapproche, elle pose l’index contre le cou masculin, générant dés lors un nouvel éclat givré sur la peau, sans faire perdurer plus longtemps ce contact. « Ne pouvoir toucher personne, ne pouvoir aimer personne.. » Il y’a une extrême fatalité dans ce qu’elle raconte et pourtant il est difficile de ne pas voir le fond de vérité qui s’y trouve, parce que plus elle accepte ce froid dont il lui parle, plus la normalité s’éloigne et chaque choc psychologique, chaque destruction émotionnelle l’éloigne un peu plus de cette vie qu’elle avait longtemps cherché, à n’importe quel prix. Au prix de la vie des hommes ayant ponctué son existence. « Tu ne pourras pas me maintenir en vie éternellement. C’est le privilège de l’humanité, mourir et ne jamais revenir. » Parce que lorsque Jack Frost meurt, il finit par réapparaître, drôle de réalité qu’elle a encore un peu de mal à intégrer, drôle de mysticisme qui la dépasse, elle qui sait si bien conter de jolies histoires sans croire aux fins heureuses. « Et en attendant, que vas-tu fais de moi ? Patienter jusqu’à ce que je me lève un beau matin pour faire un massacre ? » Elle joue machinalement avec le flocon encore attaché à son poignet, sans vraiment le voir en fin de compte, paradoxe entre les paroles accusatrices et les actes, forme d’attachement à celui qui avait traversé les années, celui qu’elle n’avait jamais vraiment oublié, simplement ramené au monde imaginaire d’autrefois, celui qui était revenu, au mauvais moment mais qui se trouvait là quand même, réconfort qu’elle niait encore dans son rejet des émotions. « Comment m’as-tu trouvée ? » Ca ne l’effleure que maintenant. Comment pouvait-il être là, alors qu’elle ne l’avait pas appelé ? Le hasard, ce serait impossible. Avait-il une sorte de radar capable de trouver les basses températures peu naturelles ? Dans ce cas, elle serait privée d’une chance d’échapper à sa vigilance quand la douleur reviendrait, parce qu’elle reviendrait forcément.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeJeu 15 Déc - 1:09
So cold.
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« Tu veux me forcer à vivre, Jack ? Te sens-tu seul à ce point ? » - Je souffle par le nez. Le ton de sa voix a changé, son attitude aussi. Sa démarche. La froideur de l'air sur son visage collant parfaitement à la froideur du vent qui soufflait doucement. Les deux lames de glaces plantées juste devant moi ne m'ont qu'effleuré. Je sens leur présence comme je sens tout ce qui est froid, je les vois mais je n'en ai cure. La glace n'est pour moi qu'un autre courant d'air et mon regard reste rivé sur elle. Rivé sur Prudence qui marche vers moi tel un Christ déchu, qui marche sur l'eau gelée. Elle me défie par sa haine mais sa haine je ne souhaite que la laisser filer. Qu'elle explose, elle détruise cet endroit si c'est nécessaire. Cette haine la consume, je sais qu'elle doit l'éprouver pour s'en débarrasser. Elle n'en a seulement pas encore conscience car l'apanage d'un immortel vient en ce point de détail: savoir reconnaître ce qui dure et ce qui disparaît. Elle passe dans mon dos mais je demeure face à la piscine traversé de ce chemin de glace, une fine vapeur d'eau s'en échappant, roulant sur le liquide sombre et chloré. - La solitude est une vieille amie... - Et je la connaissais trop bien pour la subir. C'était la compagnie qui m'était étrangère, qu'il était pour moi compliqué d'accepter car elle était si... improbable.

De ma vie, la seule personne a avoir durablement pu supporter ma présence avait été Steve, et le monde sait qu'il n'est pas qu'un homme. Malgré l'accident du débat, malgré ses frasques et ses victoires, il n'était pas qu'un homme. Les gens de mon village, même habitués à la banquise et a ses rugosités ne pouvaient rester trop prêt de moi à l'époque. La solitude est ma vie car le froid est ainsi. Il est dur, insistant. Il est mordant et perçant. Calme et pourtant si intense. Je me retourne sur elle lorsqu'elle reprend la parole, mes yeux ne la quittant pas un instant. Je cherche à cerner ce nouveau comportement, cette Prudence qui m'est inconnue. Je cherche à la comprendre, pas pour l'aider mais pour l'anticiper. Je sens qu'elle est différente, imprévisible et le froid n'est il rien d'autre sinon imprévisible? Accepte-t-elle l'élément pleinement? S'y perd-elle? Son doigt se pose sur mon cou, comme une menace, et je sens le givre sur ma peau, doux contact cristallisé. La fine plaque opaque se zèbre bien vite des magnifiques fleurs que mon pouvoir génère mais elle est déjà ailleurs. - « Ne pouvoir toucher personne, ne pouvoir aimer personne.. » - Tu fais erreur... - Mais c'est tout juste si elle m'entend. Il faut dire que je ne parle très fort, passif dans une conversation à sens unique qu'il faudra bien que je délie.

« Tu ne pourras pas me maintenir en vie éternellement. C’est le privilège de l’humanité, mourir et ne jamais revenir. » - Try me... - Je marmonne pour moi-même mais je laisse en suspend son défi. Un massacre? C'est censé me faire peur? Je suis censé devenir tout gentil par crainte de la mort d'innocents? Oui, c'est sûr, je devrais peut être... Mais si c'était se... - « Comment m’as-tu trouvée ? » - Je levais mon regard sur elle, fixant ses yeux trop bleus. - Une intuition. - Réponse futile, limitée. Insuffisante. - J'avais froid, ça m'a réveillé. Sauf que je n'ai pas froid, jamais, donc j'ai laissé mon instinct me guider et je t'ai trouvé. - A croire que je pouvais effectivement sentir les basses températures. C'était peut être qui m'avait guidé jusqu'à elle? Je savais déjà en être capable mais là... C'est plus pointu. - J'ai dû sentir ta souffrance, d'une manière ou d'une autre. Mais tu te trompes... - Revenir en arrière? C'est exactement ce que je fais. - Ne pouvoir toucher personne fait parti du jeu. Mon contact, comme le tien, peut devenir dangereux. Notre simple présence peut être inconfortable voire désagréable... - Je fais une pause, infime seconde de silence. - Mais aimer? Oh Prudence... Si tu crois que le froid empêche d'aimer alors ta naïveté est bien profonde.

Je croise les bras, un ton exaspéré dans la voix. - Penses-tu que ma solitude n'a été que vide et silence durant ces millénaires? Penses-tu que je suis resté dans un coin de ma grotte tout ce temps? - J'étouffais un rire. - J'ai aimé. De nombreuses fois. Profondément. J'ai aimé et ils sont tous morts. Pas une ride, pas un souffle de moins pour moi et eux, tous, disparus. Décomposés dans un coin de la planète. Et tu sais pas quoi? - Je ne suis pas en colère, je ne suis pas agacé. Je ne cris même pas. J'ai juste besoin de marquer un point, de démontrer quelque chose. - Et bien j'ai continué d'avancer. J'ai appris à vivre avec ces souvenirs parce qu'ils font parti de moi. J'ai appris de ces personnes mais j'ai aussi compris que j'étais destiné à leur survivre. - Laïus terminé, j'en viens au point à démontrer. - Alors ne vient pas me dire, à moi, que le froid empêche d'aimer. Ne m'insulte pas avec tes propres faiblesses.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeJeu 15 Déc - 19:50
So cold.
« Oh, you can't hear me cry, See my dreams all die. »

L
a souffrance assoiffée se délecte de ce froid mordant alors même qu’elle en nie la réalité. Elle n’avait plus rien à quoi se raccrocher, comme à ses dix-sept ans, comme lorsque la glace avait bouleversé sa vie. Elle s’en était sortie par la haine, par le meurtre, par le déchainement d’une infinie colère mais, désormais, elle n’en avait plus la force. « Je ne souffre pas. » a-t-elle lâché, cassante. Le coeur de glace était pourtant moins dur qu’autrefois, moins imperméable au monde et la preuve de cela résidait dans cette conversation : elle restait, malgré tout. Elle restait non loin de Jack, ancre plantée là, intemporelle. « Ne pouvoir toucher personne fait parti du jeu. Mon contact, comme le tien, peut devenir dangereux. Notre simple présence peut être inconfortable voire désagréable… » Combien de personnes avaient pu lui résister ? Les hommes s’étant trouvé sur son parcours en étaient morts, d’une manière ou d’une autre, gelés ou victimes collatérales. Il n’y’avait eu que Bobby pour la rendre heureuse, pour lui faire goûter à l’affection, à cette douceur qui lui manquait terriblement. Jack avait peut-être appris à exister sans la tendresse d’un baiser, sans la proximité rassurante d’une personne mais ça n’était pas le cas de Prudence dont la solitude était l’incarnation d’un enfer. « Mais aimer? Oh Prudence... Si tu crois que le froid empêche d'aimer alors ta naïveté est bien profonde. » Elle ne le regarde plus, perdue dans des souvenirs qui lui étaient revenus, grâce au travail du psychologue. Pourquoi ne pouvait-elle pas redevenir l’amnésique indifférente à l’humanité ? Il y’avait eu quelque chose pour la pousser du meurtre à la protection des autres, sans qu’elle ne parvienne jamais à mettre un nom dessus. « J'ai aimé. De nombreuses fois. Profondément. J'ai aimé et ils sont tous morts. Pas une ride, pas un souffle de moins pour moi et eux, tous, disparus. Décomposés dans un coin de la planète. Et tu sais pas quoi? » Elle entend, elle écoute mais elle n’intègre que difficilement. Jack Frost est l’innocence, elle ne parvient pas à le considérer autrement, elle ne peut pas l’imaginer aimer, pas en adulte, pas en homme, il est un mythe, il est l’histoire qu’elle a raconté des dizaines de fois aux gamins de la X-Mansion.

Il fait de plus en plus froid, ou c’est son enveloppe charnelle dont la température chute dangereusement, trop par rapport à ce dont elle a l’habitude. « Et bien j'ai continué d'avancer. J'ai appris à vivre avec ces souvenirs parce qu'ils font parti de moi. J'ai appris de ces personnes mais j'ai aussi compris que j'étais destiné à leur survivre. » Il tente de lui démontrer qu’elle fait erreur, et ça n’est pas qu’elle refuse de le comprendre c’est qu’elle ne peut pas accepter. Elle n’a que vingt-quatre ans et déjà trop de vies derrière elle, un passé trop lourd pour ses frêles épaules. Elle la refuse, cette souffrance, elle ne veut pas la ressentir, elle ne veut pas traverser le deuil, encore, elle ne veut plus être si seule quand la confrériste du passé savourait les hivers éternels. Elle est en conflit intérieur avec elle-même, avec la reine de glace qui arrachait ce qu’elle désirait, sans la moindre pitié et la Prudence qui construisait des châteaux enneigés pour faire rêver les enfants. « Alors ne vient pas me dire, à moi, que le froid empêche d'aimer. Ne m'insulte pas avec tes propres faiblesses. » Il a raison. Trop de faiblesses. Ce froid la dévore en même temps que cette douleur qu’elle étouffe et le silence s’étire tandis qu’elle finit par s’appuyer contre un arbre, le contact givrant immédiatement la surface autour de sa main. « Le dieu dans la glace parle de faiblesses. » Le rire nerveux s’envole, signe de fracture dans sa résistance à une situation dont elle est prisonnière, refusant de lâcher prise, de libérer sa haine, cette brûlure au coeur qui la consume. « C’est tellement ironique.. Bobby qui était persuadé que je fantasmais un sauveur imaginaire d’une légende improbable. » Elle tient encore debout, appuyée contre le tronc de l’arbre qui subit les assauts de la glace, malgré elle. « C’est ce que tu es, Jack, une légende. Le Destin, l’éternité, t’es fait pour ça, comme ça. » Il est forgé d’une glace superbe, d’un froid polaire, du fond des contrées qu’elle ne verrait sans doute jamais, fait pour protéger, pour exister malgré le temps, malgré les guerres, au-delà de toute conception humaine. « On n’a rien en commun.. t’es peut-être même une hallucination censée me permettre de survivre, qui sait ? » Elle appuie son épaule, finalement, pour garder une prise solide et ses doigts viennent machinalement jouer avec le flocon encore accroché à son poignet, rattaché à un bracelet d’argent. Elle le fait comme un réflexe, comme une habitude, indiquant inconsciemment qu’elle croit peut-être vraiment en lui, qu’elle a porté cet objet plus souvent qu’elle n’aurait dû.

Les longs cheveux presque blancs bougent au rythme du vent, doux et presque réconfortant, laissant échapper les flocons qui s’y sont formés. Elle est fatiguée, épuisée, éprouvée et elle lutte malgré tout, refusant de fermer les yeux, refusant le sommeil qu’elle sait déjà hanté de mille cauchemars. « Rentre chez toi.. cesse donc de me protéger, je n’suis plus l’enfant que tu as fait rêver. » De doux rêves, de merveilles incomparables. Ca lui revenait, un peu, alors qu’elle fermait les yeux quelques secondes. « T’as été la dernière histoire de ces gamins.. » Tristesse infinie dans le ton de sa voix. Elle n’est plus tout à fait cohérente, plus tout à fait lucide. C’est le froid qui la berce, qui l’enveloppe. Elle ne veut pas penser à cet enfant qu’elle a perdu, ce serait trop dur, ça l’achèverait. Elle tente d’éloigner l’image du corps inerte de Bobby, tant bien que mal. Peut-être qu’en restant là, elle se figerait dans une glace solide et silencieuse, peut-être qu’en restant contre cet arbre, on l’oublierait assez longtemps. Juste assez longtemps pour qu’elle étouffe le torrent de sentiments.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeJeu 15 Déc - 23:25
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J'avais touché un point sensible, fissuré la glace. Je le sens au ton qu'elle emploi, à ce rire qu'elle émet. A son regard. - « C’est tellement ironique.. Bobby qui était persuadé que je fantasmais un sauveur imaginaire d’une légende improbable. » - Oui bah c'est pas plus mal qu'il soit mort alors, parce que je suis ni imaginaire, ni un sauveur. Cette simple pensée traverse mon esprit en l'espace d'une fraction de seconde et je me surprend à l'avoir réellement pensé. Comment ai-je pu? Mon regard vire dans le vide pendant que Prudence continue de parler. Bobby était mort, peut être quelques heures plus tôt, et je me fais ce genre de réflexion? Déjà? Suis-je devenu si froid avec le temps? Si détaché? Si.. monstrueux? - « Rentre chez toi.. cesse donc de me protéger, je n’suis plus l’enfant que tu as fait rêver. » - Je relève mon regard sur elle. - « T’as été la dernière histoire de ces gamins.. » - Ma bouche s'entrouvre. Que veut-elle dire par là? Les gamins.. Que s'est-il passé? Je vais pour lui demander mais j'entend le portail du parc grincer et ma bouche se referme. L'arbre contre lequel Prudence est appuyée se met à blanchir, la glace l'enrobant doucement. Je tourne la tête vers l'origine du son et vois des silhouettes avancer. Rapides, coordonnées, organisées. Les mains liées autour d'armes. Quoi encore... - « HPU! On bouge plus! »

Hpu? C'est qui ça? Je hausse un sourcil, agacé par tout ce mouvement. Je sens Prudence qui s'est raidi, prête à bondir. Les types nous tiennent en joue et je serre les dents. - C'est quoi tout ça? - « On nous a rapporté des mutants dangereux ici, déclinez vos identités. Numéro de recensement! » - Je me retourne totalement, leur faisant face. Je ne répond pas, pas vraiment informé sur la situation et Prudence reste silencieuse aussi... Probablement pas pour les mêmes raisons. Après ce court blanc, j'entend une voix, l'une des silhouettes dans une radio. - « Mutants non recensés ici... » - Mon regard passe sur cette silhouette, puis sur les autres. Je fais un pas en avant et ils réassurent leur prise sur leurs armes. - « Ne bougez pas! Répondez! » - Non. - Dans mon dos, de l'agitation. Prudence est sortie de son immobilité et tout ce joyeux bordels s'anime. - « Mouvement! Mouvement! » - Les tirs fusent, nombreux. Mais le son est différent, étrange. Je me suis interposé par réflexe, mon corps faisant barrage est maintenant criblé de fléchettes et lorsque je tourne la tête c'est pour voir Prudence au sol, deux projectiles plantés en bas de son cou. Consciente mais impuissante. Alors...

Mon sang ne fait qu'un tour. La fine couche de glace qui recouvre ma peau se décolle, repoussant les aiguilles hors de mon corps et les faisant retomber au sol dans un son dérangeant. Si ce produit annule les pouvoirs de Prudence, il ne me fait absolument rien et je tend mon bras pour que mon bâton retrouve le chemin de ma main. Les tirs se poursuivent mais cette fois les fléchettes sont déviés par une rafale de vent froid. - « Mutant hostile! Arme véritable! » - Ils s'agitent tous, courent partout, tente de trouver un abri ou un refuge et je reste planté là, autant agacé qu'amusé. Ridicule... Mon corps s'entoure d'un cercle opaque et blanc, brillant, et lorsque j'en ai assez, je le relâche. Le cercle retombe au sol et tel un cataclysme, provoque une vague de glace qui s'étend autour de moi de façon circulaire et s'éloigne, encore et encore, puissante, inarrêtable. Ils tirent mais leurs balles ne font que rebondir. Ils hurlent mais la glace ne les entend pas. Elle continue, roulant sur le sol jusqu'à les atteindre et là, de vague elle devient épine. De là, elle grandit et s’acère. De là elle les perfore et les éventre. De là elle devient leur fin et lorsque le son de la glace qui coulisse cesse, on entend plus que les voix paniquées dans les radios et le son du sang qui coule le long des épines de glace, des corps suspendus en l'air par ces mêmes épines brillantes.

Lorsque tout est fini je me retourne vers Prudence sans plus de considération pour mes victimes et je la trouve, étalé sur le sol, inconsciente. Loin du massacre. Je regrette déjà ce que je viens de faire. Amèrement. Mais tout ce que je fais ensuite c'est la rejoindre, la prendre dans mes bras et faire souffler le vent pour nous élever dans le ciel. Je laisse tout ainsi, j'abandonne ces corps à leur triste sort. L'air frais des hauteurs me fait du bien et je tiens fermement ma protégée contre moi pour ne pas qu'elle tombe. Nous traversons la baie et je vois notre reflet à la surface de l'eau. Dans la lumière lunaire, je nous observe, distrait. Je vois mon propre regard et je le fixe un instant. Qu'ai-je fais... Je lui ouvre le canapé et l'y allonge. Moi je retrouve le confort de mon propre lit mais tarde à retrouver le sommeil, perdu dans mes pensées, perdu dans mes actions récentes. Lorsque je rouvre les yeux, c'était pour observer la lumière du jour traverser l'ouverture entre mon salon et ma chambre, loin de me gêner. A son intensité, je déduis que la journée est déjà bien avancée et je m'extirpe du lit pour enfiler un pantalon de survêtement gris et un t-shirt blanc. Mes pieds nus me portent vers les quelques marches et je vois immédiatement le canapé vide. Je monte les deux marches, tourne la tête et le soulagement s'entend dans ma voix. - T'es toujours là...
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeVen 16 Déc - 1:11
So cold.
« Oh, you can't hear me cry, See my dreams all die. »

H
PU. Le sang ne fait qu’un tour au fond du myocarde. HPU. Elle a eu sa dose d’anti-mutants pour les dix prochaines années. Impossible pourtant de répondre, impossible pourtant d’attaquer, pas sans raison, parce que quelque chose la raccroche encore à ce désir idiot : ils ont le moyen de l’éteindre et Bobby n’aurait pas voulu qu’elle s’en prenne injustement à eux. Elle hésite, il y’a une laisse qui la retient, la laisse stupide d’un apprentissage qui, autrefois, n’aurait pas existé. Elle les aurait troué, sans demander son reste, sans leur laisser l’occasion de viser. A croire qu’elle est rouillée ou trop usée. Aucun numéro de recensement à fournir. « Non. » « Mouvement! Mouvement! » Elle a levé la main mais la glace n’a pas eu le temps de s’abattre, et cette fois, la liquéfaction ne s’est pas activée, les fléchettes touchant la cible qui s’effondre lourdement sur le sol. Elle a encore échoué, n’est-ce pas ? C’est sa dernière pensée avant de sombrer.

… ✁…

La lumière éclaire la pièce où elle se trouve, faisant bouger les paupières. Quelle heure est-il ? La main se tend à la recherche d’un corps qu’elle ne trouvera pas. Un quart de seconde, elle songe que tout n’était qu’un mauvais rêve. Elle allait lui raconter ce cauchemar mais elle réalise, en ne touchant du doigt que l’absence, que tout était trop réel. Pourquoi est-elle encore en vie, alors ? Jack. Ca lui revient lorsqu’elle perçoit le flocon à son poignet. Il n’a pas pu s’empêcher de l’aider, encore. Elle bouge. Elle s’oblige à bouger, elle s’oblige à sortir de cette léthargie, se redressant pour regarder la pièce. Ca n’est pas un hôtel. Emerger est difficile, elle se sent collante, décalée par rapport à ce décor, telle une orpheline dans un palais luxueux. Il n’y’a pas de réel luxe, pourtant, il n’y’a qu’un endroit comme elle les aime, plutôt épuré mais là n’est pas sa place. Se remettre sur ses deux jambes est un défi qu’elle relève tant bien que mal, remettant le canapé en ordre comme elle peut, sans trop savoir ce qu’elle doit faire. Disparaître ? Elle y songe mais pour aller où ? Le bâton finit par capter son attention. Paradoxe sans nom d’un objet de légende dans un salon tout ce qu’il y’a de plus normal.

Un pas, deux pas. Le troisième se rattrape de justesse contre le mur tandis qu’elle étouffe une expression de mécontentement. Si Bâton pouvait parler, il aurait sans doute de quoi rire de la glissade non contrôlée. Le verglas au sol est incomplet, fissuré, à moitié liquéfié. Elle réalise que ses doigts sont couverts de cristaux glacés. L’Eraser. Elle se souvient des fléchettes, maintenant. Le froid a dû revenir dans son sommeil, la glace comme un réflexe anesthésié. Et ça la terrorise. Elle s’assied à même le sol, contre le mur, tentant de générer des flocons qui s’éteignent presque aussitôt. Elle a laissé de côté le deuil, même son idée de préparer quelque chose à manger pour le remercier, il ne reste que cette obsession : qu’on ne la prive pas de son élément, pas alors qu’il ne lui reste rien d’autre. Elle ne le tolèrerait pas. Elle ne le supporterait pas. Son manège dure, sans qu’elle ne compte ni les secondes ni les minutes. « T'es toujours là… » Elle sursaute, surprise, la gerbe glacée couvrant le sol jusqu’à la silhouette de Jack, hors de contrôle mais signe d’un rétablissement plus effectif. Elle reste interdite, un instant. Soulagement évident, ensuite, sur les traits féminins. « Je suis désolée.. je ne voulais pas te réveiller. » Non, elle ne voulait ni le réveiller ni le déranger. Elle ne voulait pas encombrer sa vie. L’index se pointe vers le bâton, doucement. « Chouette déco. » Elle tente un sourire, sans grande réussite, sans grande conviction mais elle tente, c’est déjà ça. Elle tente parce qu’elle n’a pas le choix, elle doit faire face, elle doit survivre. Jack s’est interposé, elle lui doit bien cela.

Elle se remet debout, pour le rejoindre, pour faire quelque chose qu’elle n’aurait sans doute pas osé faire en d’autres circonstances : l’étreinte est d’une sincérité surprenante, défaite des réticences ou de la distance qu’elle pouvait mettre entre elle et les autres. « Merci.. » Petite chose contre la grande silhouette. « .. t’es froid.. » Non, c’est elle qui n’a pas encore retrouvé sa température normale, c’est elle qui est plus chaude. Lui, il a toujours été ainsi. Elle s’écarte, maladroite, un peu gênée. « Je vais partir mais avant.. j’ai besoin de savoir pourquoi t’as fait ça. C’est pas ta guerre et tu pouvais partir.. » Vraiment, elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas ce qu’elle considère comme un acte de folie, de son point de vue si humain, si mortel, si vulnérable en fin de compte. « Ne pas me recenser était un choix que tu n’avais pas à subir comme cela. » Même si subir n’est pas le terme adéquat, elle n’en a pas d’autre, elle ne sait pas quel qualificatif associer à ce qu’il s’était passé, elle ne le connaissait pas assez pour deviner ses sentiments ou ses pensées. Tout ce qu’elle connaissait de lui se résumait à des rêves d’enfant et à quelques mots dans de vieux livres aujourd’hui partis en poussière.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeVen 16 Déc - 1:44
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Ft. Prudence Rosebury


Ce n'est pas toi, seulement la lumière du jour. - J'aurais pu couvrir ces fenêtres, ajouter des rideaux épais mais non. Je préfère ça comme ça. J'ai vécu dans une grotte pendant des années, puis dans une tente, puis dans une maison. J'ai vécu dans la nature. Je suis la nature. Le jour ne m'a jamais dérangé et là encore, il est le bienvenue. Généralement il me tire de mes rêves plus tôt que ça mais avec ce qui s'était passé la nuit dernière... C'est pas vraiment étonnant. Je ne suis pas du genre à avoir un sommeil léger. Je n'ai jamais eu à veiller pour ma sécurité. Et puis mieux vaux le jour pour réveille qu'une sonnerie stridente et désagréable comme j'ai pu en entendre auparavant. Je répond à son compliment par un sourire fatigué, faut dire je sors du lit, et je m'avance doucement pour allumer la bouilloire, le givre sous mes pieds venant compléter le sien. Croyez-moi ou non, être froid est une chose, perpétrer ce froid encore une autre... Mais boire du thé froid, non. Je peux contrôler mon propre froid et même si une fois dans mon estomac, le liquide refroidit, ce n'est pas bien grave. Lorsque la loupiote s'allume et que le son de l'eau se fait entendre je me retourne tout juste à temps pour sentir deux bras entourer mon torse et un petit corps se coller au miens en une étreinte.

Je reste un instant les bras en l'air, pas sûr de savoir quoi faire. Parce qu'il faut le dire, ce genre de contact ne m'arrive pas souvent. J'ai souvent offert ce dernier cadeau aux personnes qui m'étaient chères, sur leur lit de mort. L'étreinte finale, fatale. Leur passage dans l'autre monde par la glace. Ça a toujours été étrange et là encore, la sentir contre moi, ça me fait bizarre mais je sais qu'elle ne risque rien alors mes bras finisse pas l'enserrer en retour. - « Merci.. » - Je resserre l'étreinte à ce mot. Il n'était pas nécessaire, il n'était pas plus attendu mais il est apprécié et lorsqu'elle décroche ses mains je la relâche. - « .. t’es froid.. » - Hey, soit pas désagréable, je me lève. - Je lui lance un sourire et finis par m'éloigner de la cuisine. Allez faire chauffer une bouilloire dans un congélateur, je vous souhaite bien du courage. - « Je vais partir mais avant.. j’ai besoin de savoir pourquoi t’as fait ça. C’est pas ta guerre et tu pouvais partir.. » - A ces mots, un air légèrement déçu passe sur mon visage. Je ne peux pas la séquestrer ici. Je ne veux pas l'enfermer. Je sais que la laisser seule dehors n'est pas vraiment une meilleure idée mais si c'est de cette solitude dont elle a besoin, qui suis-je pour la lui refuser. C'est sûr, j'aurais pu partir, j'aurais pu m'envoler à l'arrivée de ces gens. J'aurais pu disparaitre et la laisser se débrouiller.

« Ne pas me recenser était un choix que tu n’avais pas à subir comme cela. » - Je m'adosse au mur sous l'une des fenêtres donnant sur le trottoir. Des jambes passent, inlassablement, mais aucun son ne traverse le triple vitrage. Mes bras se croisent, mon regard ne la quitte pas une seconde. - Quand tu étais petite je t'ai juré que je serais toujours là pour toi. Je t'avais dis que quelque soit le problème, je serais là pour t'épauler. Tu m'as cru... - Dans ma tête raisonne encore ses mots de la nuit passée. Sa naïveté. - Et je t'ai abandonné. - Faux, mais je ne peux la blâmer pour m'avoir inconsciemment repoussé. Mais je peux me blâmer moi pour être persuadé de ne pas avoir assez essayé. - Sauf que je suis là maintenant. Je t'ai enfin retrouvé. Et cette promesse tient encore. Si je le peux, alors j'agirais à tes côtés. - Je me rapprochais doucement, posant ma main sur sa joue. - Et puis tu sais, je me suis battu toute ma vie pour exister... Alors me battre pour toi est de loin le sacrifice que j'accepte de faire avec le plus de volonté. - Un sourire traversait mon visage encore embrumé. - Si c'est ton choix, à toi, alors je le défendrais moi-même si je le dois. - Et lorsque le clac sonore de la bouilloire se fait entendre je la lâche pour me diriger vers l'eau, la théière et mon thé à venir. - Si tu veux partir, je ne te retiens pas. Mais tu es la bienvenue. Tu peux rester. Et sache que la porte te sera toujours ouverte.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeVen 16 Déc - 3:56
So cold.
« Oh, you can't hear me cry, See my dreams all die. »

C
’est agréable. C’est agréable parce qu’il est palpable, réel, il ne lui apparaît plus comme une totale hallucination due à la fatigue. C’est rassurant parce que c’est une tendresse délicate, sans besoin de penser à l’opinion des autres, sans crainte que quelque chose soit mal interprété. « Hey, soit pas désagréable, je me lève. » Il sourit mais elle ne parvient pas vraiment à y répondre de la même façon, toujours un peu noyée dans cette incertitude émotionnelle, comme si elle attendait une cassure intérieure. Et elle ne comprend pas tout de suite qu’il s’éloigne, qu’il laisse la bouilloire orpheline. Pourquoi ? Il est froid. Bien plus froid qu’elle ne l’est, il doit perturber tout ce qui génère de la chaleur, ce qui n’est pas son cas, pas de façon constante. Il ne s’agace pas et, paradoxalement, ça la déstabilise. Elle ne sait pas comment agir. Et c’est terrifiant, de réaliser qu’elle ignore comment agir sans ligne de conduite. « Quand tu étais petite je t'ai juré que je serais toujours là pour toi. Je t'avais dis que quelque soit le problème, je serais là pour t'épauler. Tu m'as cru… » La fillette émerveillée devant l’existence d’une légende. Elle dépoussière les souvenirs, elle dépoussière le voile jeté sur ce passé qu’elle avait longtemps préféré enfermer dans une boîte de Pandore. « Et je t'ai abandonné. » Les yeux trop bleus croisent ceux de Jack, sans accuser, avec une forme de regret. Elle l’avait repoussé, il ne l’avait pas laissée lâchement. « Sauf que je suis là maintenant. Je t'ai enfin retrouvé. Et cette promesse tient encore. Si je le peux, alors j'agirais à tes côtés. » La main se pose sur sa joue. Secousse intérieure, les doigts féminins rejoignant ceux de Jack. La température varie, brutalement, retrouve cette façon de s’adapter à l’environnement, et son environnement actuel est une incarnation d’hiver. C’est froid. Si froid et pourtant elle respire mieux, elle respire sans craindre de se retrouver piégée par son élément, sans craindre de blesser les autres en ne maîtrisant rien. Peut-être qu’elle perdrait le contrôle mais.. et alors ? Lui pouvait la stopper, si simplement, d’un battement de cil.

« Et puis tu sais, je me suis battu toute ma vie pour exister... Alors me battre pour toi est de loin le sacrifice que j'accepte de faire avec le plus de volonté. » Ne pas exister. Il y’a une infinie tristesse qui se glisse dans les prunelles de Prudence lorsqu’elle relève le nez pour ne pas se laisser submerger. « Je suis navrée d’avoir douté de toi.. » Elle doit le dire. Elle doit le dire parce qu’il l’a protégée, parce qu’il a toujours été là et qu’elle lui en a voulu, avant de l’oublier, avant de le laisser retomber dans l’oubli. Et même après son retour, elle avait dû lutter pour continuer à croire en lui, à croire sans qu’on ne cherche à l’interner. « Si c'est ton choix, à toi, alors je le défendrais moi-même si je le dois. » Le clac sonore les détache, lui laissant le loisir d’observer le sol, d’observer les nuances de la glace qui s’est étirée. La bienvenue mais pas une prisonnière. Elle est plongée dans une forme de réflexion alors que ses pas suivent le givre, comme trop d’années auparavant.

« Pourquoi moi parmi tous les autres enfants.. » Ca aurait tout l’air d’une question, si le ton avait suivi. Le ton ne suit pas, le ton est un murmure, un souvenir. Un écho. Elle s’arrête et se tourne vers lui, le détaille longuement. « Tu as croisé beaucoup de cryokinésistes, dans ta vie ? » Elle en avait cherché sans en trouver, en concluant que c’était un talent plutôt peu répandu comparé à la télépathie. Elle avait trouvé Bobby, oui, mais guère d’autres réels cryokinésistes, beaucoup de mutants se contentant d’une sorte de thermokinée. « Au Pôle Nord, c’est peut-être plus courant remarque.. ça et les lutins. » Okay, vanne gratuite pour le Père Noël, mais à sa décharge, elle ne croit pas en lui, ni à la fée des dents, pas plus qu’au marchand de sable, même assez difficilement à Thor qu'on voit pourtant partout. Elle a la croyance limitée à Dieu et en Jack Frost, opinion fortement sélective, je vous l’accorde. « Je devrais déménager. Là-bas, on aura pas idée d’envoyer des fléchettes. » Déménager. Elle n’a pas dit mourir ou abandonner mais bien déménager. Changer d’air, de vie, de galaxie si elle pouvait. Elle n’oublie pas le psychologue, il est encore gravé là, finalement plus par ses reproches à cet instant parce qu’elle se laisserait couler si elle pensait à la fraîcheur de son contact ou à ses chemises à carreaux. « Me recenser, c’était accepter qu’on considère mes capacités comme une anomalie. Que je ne sache pas vivre avec est une chose mais je refuse d’être fichée dangereuse simplement parce que .. disons parce que le potentiel me dépasse. » Elle s’est rassise sur le bord du canapé, les doigts tirant un peu sur le bout de la robe de nuit dont la tache tranche à ses yeux bien plus que la veille. « Tant qu’ils ignorent ce dont je suis réellement capable, je peux survivre. Neutraliser un blizzard qu’on n’attend pas est complexe. » Elle est d’ailleurs elle-même incapable de l’arrêter lorsque les crises atteignent cette ampleur. « Qu’est-ce que tu as fait des hommes de l’HPU ? » La question est posée avec douceur mais elle a toujours le nez sur cette tache, constatant qu’elle ne parvient pas à se liquéfier, à changer de forme. Elle en conclut que le processus est plus lent, comme elle le craignait. « .. Et d’ailleurs qu’est-ce que tu fais de ton éternité ? » Cette fois, elle relève le regard vers lui. Elle se sent un brin intrusive, à lui poser des questions mais elle veut le connaître. Elle veut voir plus que l’histoire de cet amuseur de service gentiment héroïque.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeVen 16 Déc - 23:48
So cold.
Ft. Prudence Rosebury


Je verse l'eau fumante sur le thé dans le filtre, entendant d'une oreille distraite ce que dis Prudence sans y répondre. Pourquoi elle, encore ces questions sous entendues. Y a-t-il eu d'autres enfants? Aucune idée. Pas que je sache. Faut dire que ma mémoire n'est pas vraiment pleine et entière et en 70 ans de léthargie, beaucoup de choses ont pu se passer. - « Tu as croisé beaucoup de cryokinésistes, dans ta vie ? » - Je m'éloigne de la théière, laissant infuser les feuilles sombres tranquillement, sans répondre. Je la sens perdu sans ses pensées, je la sens curieuse, avide de réponses et je sens aussi que ses réflexions ne sont pas terminées alors je la laisse réflechir, je la laisse parler. - « Au Pôle Nord, c’est peut-être plus courant remarque.. ça et les lutins. » - Ouais enfin ceux de Santa... - Avais-je marmonné pour moi-même. Pas sûr qu'elle m'ait entendu, avec un peu de chance. Mais faut dire que les lutins du père-noël ne sont pas des lumières. J'esquisse un sourire à ses prévisions de déménagement. C'est sûr que la retrouver là-bas serait plus compliqué. D'autant que la banquise, c'est basiquement tout ce qu'elle peut être. Je me sais tout puissant au pôle, je connais cette sensation d'avoir sous ses pieds tout ce dont on a besoin. - « Me recenser, c’était accepter qu’on considère mes capacités comme une anomalie... » - Je lève une main pour l'arrêter. - Tu n'as pas à te justifier.

Cela dit je comprend sa position, je la partage même. J'ai eu vent de cette volonté de lister tous les mutants, les super-héros, tout les gens aux capacités extraordinaires. Je trouve ça ridicule. En des millénaires d'existences j'en ai vu des stupidités mais ça... Ce n'est stupide, c'est juste sale. Vous vous souvenez l dernière fois qu'on a listé des gens comme ça? C'était dans les camps, durant la guerre et j'y étais donc je peux dire sans mal que tout ça n'est que pure connerie. - « Qu’est-ce que tu as fait des hommes de l’HPU ? » - Je ne dis rien, attendant avec espoir qu'elle pose une autre question par dessus celle-ci car je ne saurais pas lui mentir, pas à ce sujet. Au lieu de ça je reviens vers la cuisine et retire le filtre, et le thé, du liquide coloré avant de servir deux tasses hautes. - « .. Et d’ailleurs qu’est-ce que tu fais de ton éternité ? » - Je contrôle mon froid pour ne pas atténuer la chaleur et me dirige vers Prudence pour lui donner l'une des tasses. - Je te prépare du thé, pour commencer. Et ça me prend bien quatre minutes de mon temps, alors apprécie le. - Un sourire passes sur mes lèvres et je me retourne pour m'asseoir sur le fauteuil de cuir noir en face d'elle, repliant une jambe, affalé là-dessus sans la moindre forme de tenue. Je trempe mes lèvres dans le liquide chaud et le contraste des températures propage un frisson dans mon corps.

Répondre. A quoi? Par quoi commencer? Elle en a de ces questions celle-là aussi. - Pas tant que ça, figure toi. Des cryokinésistes je veux dire. Avant toi, j'en avais rencontré... peut être cinq ou six. Oui, six. - Je tente de me les repasser en mémoire rapidement et certains visages m'échappent encore. - Mais pas que au pôle nord. Il y en eu une au pôle, mais les autres, je les ai trouvé un peu partout. Je me souviens d'un homme, le chef d'une caravane dans le Sahara. Il réussissait à générer de la glace à partir de l'air dans le désert et les gens transportaient et conservaient l'eau comme ça. Il était vraiment impressionnant. - Je me perd dans mes pensées, revoyant encore ce gars là frotter ses mains entre elles et générer ce voile opaque qui allait constituer la glace à partir des cristaux dans l'air. Moi j'en suis capable, sans ciller, mais un mutant, dans le désert. Certes en pleine nuit c'est plus facile mais il l'avait déjà fait de jour, sous le soleil et dans la chaleur et je l'avais vu. Je crois que l'expression sur mon visage avait été le plus beau cadeau que je pouvais lui faire. Une gorgée de thé vient glisser le long de ma trachée et je m'enfonce dans le fauteuil. - Ils sont morts. - Je regarde le liquide ambré avant de lever les yeux. - Tous. Après tout, ils avaient qu'à pas venir nous attaquer. Steve serait pas content... - Cette dernière phrase, je la marmonne pour moi-même. C'est vrai qu'il râlerait en plus.
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MessageSujet: Re: (Jack) ◊ « So cold. »   (Jack) ◊ « So cold. » Icon_minitimeSam 17 Déc - 1:21
So cold.
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«
  Je te prépare du thé, pour commencer. Et ça me prend bien quatre minutes de mon temps, alors apprécie le. » Ca la fait sourire, un peu. Il lui donne cette tasse chaude, qu’elle prend même si elle sait parfaitement qu’elle n’a ni faim ni soif. Il y’a ce noeud dans son estomac. Les matins ne devaient pas ressembler à ça, ils ne ressemblaient jamais à cela. Elle préparait le petit déjeuner ou Bobby râlait jusqu’à ce qu’elle le laisse faire, ils discutaient, ils riaient parfois. Chaque journée commençait comme ça, avec des attentions ou de la tendresse. Et ça ne serait plus jamais le cas. Le sourire s’estompe, remplacé par une expression de regret, le regard perdu trop loin. Et le froid chasse la peine, courant d’air dérangeant pour toute autre personne que ces deux-là. Le thé fume d’un contraste de température. « Non. Non non non. » Elle repose la tasse sur le sol, pour la préserver de la glace qui réagit aux variations. Soupir agacé. Elle détourne les yeux, gênée. De quoi ? De ne rien contrôler. L’état émotionnel et l’Eraser n’aident pas, c’est certain, mais Jack lui avait longtemps montré la beauté de la glace et une extraordinaire maîtrise, elle s’en sentait d’autant plus incompétente. Il n’avait pas l’air de la juger pourtant, faisant preuve d’une patience qu’elle n’aurait pas à sa place. « Merci quand même.. » Même si elle le pose, même si elle ne le boira sans doute pas aussi chaud qu’il l’avait fait. Rien de dramatique, en somme. « Pas tant que ça, figure toi. Des cryokinésistes je veux dire. Avant toi, j'en avais rencontré... peut être cinq ou six. Oui, six. »

Six. Mais elle ne sait pas si c’est beaucoup, elle ignore l’âge exact de Jack comme elle ignore le temps effectif qu’il a passé sur Terre, vivant. Six, ça n’est peut-être qu’un grain de sable dans une éternité d’existence. Une au Pôle Nord, les autres partout. Elle le regarde à nouveau. Elle écoute exactement comme lorsqu’elle était l’enfant fascinée par l’existence d’un être aussi fabuleux, ayant vécu plusieurs existences, ayant voyagé plus qu’elle ne pourrait jamais imaginer le faire. « Je me souviens d'un homme, le chef d'une caravane dans le Sahara. Il réussissait à générer de la glace à partir de l'air dans le désert et les gens transportaient et conservaient l'eau comme ça. Il était vraiment impressionnant. » Des caravanes dans le Sahara. Il s’était rendu là-bas ? Comment pouvait-on seulement vouloir aller dans un tel endroit ? Si les étendues gelées faisaient rêver Prudence, le sable, la plage ou les déserts brûlants avaient un effet répulsif, comme une allergie naturelle à la seule idée de s’y rendre. Par chance elle n’y était pas contrainte. « Ce devait être un mutant particulièrement puissant.. » Ca lui semblait logique. Elle savait que certains étaient presque impossible à arrêter, que certains avaient d’infinies capacités et elle remerciait le ciel que ça ne soit pas son cas. Quoiqu’à l’apparition de ses capacités, elle s’était mise en tête d’en explorer la moindre facette, de connaître chaque nuance, chaque limite. Elle avait oublié, depuis, comme bien des choses. Axel avait éteint sa flamme passionnée trop longtemps, neutralisé le froid et l'amnésie avaient fait le reste, si bien qu'elle tentait bien plus de contenir que de connaître.

« Ils sont morts. » Ca fracture le cheminement de pensée. Il les a tué. Il a tué les agents de l’HPU. Quelque chose change, au fond des prunelles trop bleues quand elle détaille les traits de Jack. La vision enfantine qu’elle a de lui se fissure, laisse filtrer une autre réalité. Bien sûr, il n’a jamais été différent, il a toujours été trop grand, si sûr de lui, si étrangement magique, ce qu’elle perçoit ça n’est pas une réelle modification physique mais la perception qu’elle a de lui. C’est une chose de savoir qu’il a usé de la glace à des fins peu délicates, c’en est une autre d’envisager qu’il puisse tuer si aisément, sans en éprouver de douloureux remords. « Tous. Après tout, ils avaient qu'à pas venir nous attaquer. Steve serait pas content… » Steve. Ca ne lui vient pas tout de suite à l’esprit, elle est trop occupée à essayer d’assimiler. La tasse est récupérée. Elle avale une gorgée avant d’enfin oser reprendre la parole. « Tu n’es donc vraiment pas que le jeu et l’innocence.. » Personne ne se contente que d’une facette, n’est-ce pas ? Mais Snow a connu l’esprit de l’hiver quand les nuances de bien et de mal étaient impossibles à lier, à un âge qui ne supposait pas de connaître la noirceur du monde. « J’en conclus que tu n’exiges pas que je sois irréprochable, pleine de morale et de pitié. » Combien de personnes lui avaient demandé de changer ? Trop. Et quoiqu’elle fasse, elle redevenait toujours si fragile ou si froide, si imprévisible et lunatique, telle une tempête de neige. « Qui est Steve ? » finit-elle par demander, tout en se concentrant sur ses doigts autour de la tasse pour ne pas geler le liquide et se retrouver avec un sorbet au thé.  
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Dernière édition par Prudence Rosebury le Sam 17 Déc - 20:06, édité 1 fois
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