Elle avait le sommeil léger. Enfant, un tremblement de terre n’aurait pas suffi à la réveiller mais depuis qu’elle avait commencé à réellement travailler pour le SHIELD, le moindre bruit inhabituel pouvait la réveiller. Il n’y avait que lorsqu’elle se trouvait en présence de personnes en qui elle avait vraiment confiance qu’Ava se laissait aller à dormir profondément. Et elles n’étaient que trois à lui procurer ce sentiment. Nick, Phil et Clint. Travailler pour le SHIELD lui avait appris à toujours être sur ses gardes et à être opérationnel en toutes circonstances. Même si elle venait de se réveiller en sursaut. Il fallait vite analyser, comprendre ce qu’il se passait puis agir, c’était bien souvent une question de vie ou de mort. Alors quand un cri rauque déchira le silence qui régnait parfaitement dans l’appartement, Ava se redressa d’un bond, les yeux écarquillés, le souffle rauque. Son premier réflexe fut de saisir l’arme qui se trouvait sur sa table de chevet mais elle resta immobile, attendant d’entendre le moindre son qui lui permettrait de comprendre ce qu’il se passait. Un autre cri retentit et cette fois-ci, Ava comprit immédiatement ce qui l’avait réveillée. Elle reposa son arme et repoussa les couvertures avant de se lever, traversant sa chambre pour en sortir. Dans le salon, elle se figea, la gorge nouée. Ça faisait quelques jours que James s’était pointé chez lui après avoir été gravement blessé. Depuis, elle avait réussi à le convaincre de rester et c’était la première fois qu’une telle chose se produisait. Le premier soir, il avait été bien trop fatigué pour rêver de quoi que ce soit et elle n’avait rien entendu les autres. Les cauchemars devaient peupler les nuits de James, elle en était certaine. Mais celui-ci devait être particulièrement violent.
Les bruits qu’elle percevait à travers la porte n’avaient rien de rassurant et elle ne souhaitait pas les entendre plus longtemps. Alors elle l’ouvrit doucement, sans faire trop de bruits, puis tourna l’interrupteur qui diffusa peu à peu de la lumière dans la pièce. Elle n’était pas assez stupide pour s’approcher de lui dans le noir sans lui permettre de la reconnaître alors qu’il était dans cet état. Ava ne vit d’abord que son dos et sa tignasse emmêlée. Il se tenait en chien de fusil, les draps rejetés comme s’il s’était battu avec une partie de la nuit. Ses épaules tremblaient et elle n’arrivait pas à déterminer si c’était à cause de la violence de son cauchemar ou parce qu’il était gelé. Ava aimait lorsqu’il faisait bon dans son appartement, mais s’il avait passé la nuit sans couverture, il était bien probable qu’il ait froid à cette heure-ci. Les dents serrées et les entrailles nouées de le voir dans un tel état, la jeune femme s’approcha pour réaliser qu’il murmurait une litanie rauque qu’elle ne parvenait pas à comprendre. Le sortir de son cauchemar semblait être une terrible idée, sa réaction ne pourrait être que mauvaise. Mais elle ne pouvait pas le laisser ainsi sans rien faire. Elle s’avança donc un peu plus vers lui mais se figea immédiatement lorsqu’il se redressa d’un bond dans une plainte déchirante. Les yeux grands ouverts, le regard complètement perdu, il sembla incapable de reprendre son souffle et chercha où il était. Enfin, son regard s’arrêta sur elle et il ne sembla pas la remettre. Elle le vit immédiatement se tendre, comme prêt à bondir. « James, » murmura-t-elle d’une voix douce en se disant qu’elle avait vraiment bien fait de mettre un peu de lumière. « C’est moi, c’est Ava, » poursuivit-elle et il sembla enfin la reconnaître. Ses épaules s’affaissèrent, toujours tremblantes.
Il ouvrit la bouche, pour parler certainement, mais son regard se voila de douleur et seule une plainte rauque lui échappa. Alors elle n’hésita pas plus longtemps et s’approcha du lit doucement, espérant ne pas le surprendre. En voyant qu’il ne semblait pas déstabilisé par sa présence, elle alla s’asseoir à ses côtés. Ava attrapa les draps qu’il avait si violemment repoussés et les passa autour de ses épaules tremblantes. Il se crispa d’abord au contact mais sembla bien vite rechercher cette chaleur qui lui manquait cruellement. La jeune femme prit soin de l’envelopper correctement dans la couverture et passa un bras autour de lui – du moins autant que sa carrure lui permettait de le faire. Elle s’attendit presque à ce qu’il résiste ou s’éloigne d’elle, mais au lieu de cela, il se laissa presque aller, comme à bout de forces et Ava réalisa qu’il tremblait toujours autant. La gorge nouée et le cœur lourd de le trouver ainsi, la jeune femme ne put s’empêcher de l’attirer un peu plus contre elle et alla glisser une main dans ses cheveux emmêlés et trempés de sueur froide. « Hey, » murmura-t-elle d’une voix rauque. « C’est fini, ça va aller. » Elle ne savait pas lequel des deux avait le plus besoin de ce contact en cet instant précis, mais elle alla appuyer sa joue contre la tempe de James. Sa main libre alla saisir celle du jeune homme et elle la serra doucement pour lui rappeler qu’il n’était pas seul. Et surtout, surtout, qu’il n’était pas là-bas. Elle n’arrivait pas à savoir s’il tremblait encore à cause de son cauchemar ou s’il avait réellement aussi froid, mais elle n’aimait vraiment pas ça. Bien malgré elle, son cœur battait la chamade, parce qu’elle ne savait pas quoi faire pour arrêter ce qui le torturait et c’était insupportable. Alors elle continua de murmurer des paroles réconfortantes qui n’avaient probablement pas vraiment de sens, espérant simplement que le son de sa voix lui permettrait de se raccrocher à la réalité. De se rappeler que ce n’était qu’un cauchemar.
Combien de fois s’était-il réveillé ainsi au beau milieu de la nuit, mais entièrement seul pour gérer sa douleur et la peur qui le saisissait ? Combien de fois avait-il ouvert les yeux sur un monde qu’il ne reconnaissait pas, sans savoir qui il était vraiment, sans personne pour lui rappeler ce qui comptait vraiment ? Ava ne pouvait s’empêcher d’y penser. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle était témoin de cela. Quand ça lui était arrivé alors qu’elle était chez lui, elle n’avait rien pu faire et il s’était tiré de là lui-même mais cette fois-ci, ça semblait pire encore. Était-ce la première fois, ou avait-il droit à cela régulièrement ? Ava détestait cette idée. « Je te tiens, je suis là, » murmura-t-elle doucement et elle se sentit stupide parce que ce n’était pas ça qui allait l’aider. Mais c’était le genre de choses que l’on disait dans ces situations, non ? Elle ne savait pas quoi faire de plus, ni ce qu’il avait besoin d’entendre. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle ne supportait pas de le voir ainsi. Qu’elle avait besoin presque viscéral de faire en sorte que ça cesse. Qu’elle qui ne savait pas consoler les autres se sentait capable de le tenir ainsi des heures si c’était ce dont il avait besoin. Qu’elle pourrait ne jamais le lâcher, juste pour apaiser son âme meurtrie.
(c) AMIANTE
Spoiler:
#Niaise. C'pas ma faute, il est tard.
Dernière édition par Ava Moriarty le Jeu 26 Nov - 18:45, édité 1 fois
La balle traversa la tête de la recrue, aspergeant le mur derrière elle de sang et le Winter Soldier la regarda s'effondra au sol dans un bruit sourd alors que Bucky poussait un hurlement déchirant. Il n'était que spectateur de ce qu'il voyait, comme si quelqu'un d'autre contrôlait son corps sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit. Le Winter Soldier sortit de la pièce en marchant tranquillement, sans afficher la moindre réaction par rapport à ce qu'il venait de faire. Ils lui avaient donné l'ordre de nettoyer la Red Room, de ne laisser aucun témoins et c'était ce qu'il faisait, sans se poser de questions tandis que James continuait de hurler de rage, essayant d'arrêter ce qu'il voyait.
Il pénétra dans le dortoir, tombant nez à nez avec une autre recrue, recroquevillée dans un coin, tremblante de peur. Elles n'étaient que des gamines, des tueuses en devenir certes, mais pour le moment elles n'étaient que des gamines sans défenses. Mais ça ne posait aucun problème au Winter Soldier. Il accomplirait sa mission sans se poser de questions, sans états d'âmes. Il leva son arme vers la jeune fille, malgré les supplications de Bucky, et lui tira elle aussi une balle dans la tête avant de se diriger vers la sortie.
Il arpenta les couloirs de la Red Room pendant de longues minutes, abattant froidement toutes les personnes qu'il croisait, recrues comme soldats et une fois sa mission accomplie, franchit les portes pour se retrouver à l'extérieur, savourant le contact de l'air frais contre son visage alors que Bucky gémissait de douleur, incapable d’empêcher ce qu'il voyait. Impuissant. Il avait encore accomplis sa mission sans problèmes et pouvait à présent rentrer faire son rapport. Le Winter Soldier jeta un dernier regard vers les bâtiments, sentant son cœur se serrer dans sa poitrine pendant une fraction de seconde. Pourquoi est ce qu'il ressentait ça ? Il n'avait jamais mis les pieds ici, n'était jamais venu dans cet endroit alors pourquoi ? Il avait eu une sensation de déjà vu pendant tout le temps où il s'était déplacé dans ces couloirs, mais il ne parvenait pas à comprendre pourquoi.
James poussa un cri et se réveilla en sursaut, se battant avec les draps qui l'entravaient et l’empêchaient de respirer et retomba lourdement sur le lit dans un gémissement. Le matelas était trempé de sueur, de même que les draps mais il parvint à se rendormi presque immédiatement.
La sangle se resserra autour de son torse et James poussa un grognement tout en lançant un regard noir au scientifique qui se recula vivement, l'air apeuré. James releva la tête vers les autres scientifiques, occupés à pianoter sur des ordinateurs. Il ne comprenait pas. Pourquoi est ce qu'ils avaient refusés de répondre à ses questions sur la Red Room ? Ils voulaient juste savoir pourquoi il avait eu cette impression en voyant les bâtiments et ils s'étaient contentés de le sangler dans ce caisson sans prononcer un mot. La porte du caisson se referma dans un bruit sourd et James sentit immédiatement son rythme cardiaque augmenter. La température commença à baisser lentement, ralentissant son rythme cardiaque. Il poussa un gémissement en sentant ses muscles commencer à se contracter et essaya de se dégager des sangles qui le retenaient mais sans succès. La température continuait à tomber, le rendant de plus en plus faible, refroidissant son corps petit à petit sans qu'il ne puisse réagir.
James se réveilla en hurlant et se redressa sur le lit. Tremblant de froid, en sueur, il mit plusieurs secondes à réaliser qu'il était dans l'appartement d'Ava. Il tourna son regard vers la silhouette non loin de lui et se raidit, prêt à bondir au moindre mouvement de l'inconnu. « James, » La voix le déstabilisa un moment. Il connaissait cette voix. « C’est moi, c’est Ava, » Il se décrispa légèrement en reconnaissant la jeune femme mais resta immobile, toujours tremblant. Il avait tellement froid. Ce cauchemar avait été bien trop réaliste, bien trop douloureux.
Il voulu ouvrir la bouche pour parler mais seul un gémissement de douleur lui échappa et il serra les bras contre son torse, essayant de protéger son corps du froid et de calmer la douleur qu'il ressentait. Du coin de l’œil il vit Ava s'approcher doucement de lui pour s'asseoir à côté de lui mais il ne bougea pas, trop occupé à calmer ses tremblements. Il ne supportait pas le froid, il ne supportait pas cette sensation. Il sentit Ava bouger à côté de lui pour attraper le drap et le lui passa autour de ses épaules avant d'en faire de même avec la couverture.
Il ne parvenait pas à se sortir ces images de la tête. Il les revoyait sans cesse. Les corps en sang étendus sur le sol, les balles les perforant. Et cette sensation... Il ne s'était jamais souvenu de ses cryogénisations et ne les avait jamais vécu dans ses cauchemars. Son esprit avait sans doute volontairement occulté ses souvenirs pour qu'il n'en souffre plus mais il venait de s'en rappeler et la douleur était insoutenable.
Il sentit le bras d'Ava se refermer autour de ses épaules mais ne se raidit pas comme il avait l'habitude de le faire, trop occupé à essayer de se contenir. Sa main métallique attrapa un coin de la couverture pour la resserrer un peu plus contre lui. Il ne parvenait pas à se réchauffer, il avait toujours cette sensation atroce, ses muscles étaient toujours contractés et il avait encore du mal à respirer.
Une des mains d'Ava vint se glisser dans ses cheveux et elle reprit la parole, murmurant. « Hey, » Il ne prêtait presque pas attention à ce qu'elle disait, trop occupé à essayer d'effacer les images qu'il avait en tête. « C’est fini, ça va aller. » Elle vint ensuite appuyer sa joue contre la tempe de James, lui tirant un léger frisson et le faisant pousser un bref gémissement. La main libre de la jeune femme vint serrer celle de James et il la serra plus fort, se raccrochant à cette sensation pour essayer de reprendre ses esprits.
« Je te tiens, je suis là, » James voulu répondre quelque chose mais seul un nouveau gémissement lui échappa. Il ne parvenait pas à se réancrer dans la réalité, à se sortir de ce cauchemar qu'il venait de faire. Il serra un peu plus la main d'Ava dans la sienne, continuant de gémir faiblement mais parvint à murmurer un « Ça fait mal. » Dans un souffle.
« C'était pas moi. » Il s'affaissa subitement, fondant en larmes, parvenant tout de même à bégayer entre deux sanglots un. « Non, c'était pas moi. » Il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il avait fait ça. Qu'ils l'avaient forcé à faire ça. Malgré tous les souvenirs qui lui étaient revenus, ceux ci lui étaient totalement inconnus. C'était la première fois qu'il revivait ces moments là et la douleur qu'il ressentait n'avait rien de comparable avec ce qu'il avait déjà pu ressentir. Il était terrorisé parce qu'il... Non. Parce que le Winter Soldier avait fait. Mais il avait encore plus peur d'avoir d'autres souvenirs encore plus horribles enfouis dans un coin de sa mémoire.
Ses tremblements continuaient de plus belle, sans qu'il ne puisse rien y faire. Il n'arrivait pas à se débarrasser de cette sensation horrible, de l'impression de mourir à petit feu... Il reprit la parole d'une petite voix, presque en murmurant. « J'ai froid. » Il sentit un nouveau frisson lui parcourir l'échine mais reprit d'une voix toujours aussi faible. « J'arrive pas à me réchauffer. »
De quoi avait-il rêvé pour que cela le plonge dans un tel état ? Etait-ce un simple cauchemar ou un véritable souvenir ? Ava espérait sincèrement qu’il ne venait pas de se rappeler d’une chose qui aurait mieux fait de rester enfouie. Si ses souvenirs risquaient tous de le mettre dans cet état alors à quoi bon les récupérer ? Elle ignorait ce qu’il avait vu mais elle était persuadée que ça avait un rapport avec l’HYDRA et son envie de leur faire payer tout ça refit surface. James était incapable de s’exprimer et lui qui rechignait tant à laisser les autres prendre soin de lui, lui qui avait encore autant de mal avec les contacts physiques, semblait plus que jamais avoir besoin de se raccrocher à quelque chose, quelqu’un. Elle alla saisir sa main et il la serra presque douloureusement, s’accrochant désespérément à elle. Ava le laissa faire, tant pis si ses phalanges commençaient à lui faire mal, ce n’était pas grand-chose face à ce qu’il éprouvait lui. « Ça fait mal. » fit-il dans un souffle haché, rauque. Le cœur de la jeune femme se serra et elle ferma un instant les yeux. Ses doigts toujours glissés dans les cheveux de James, elle appuya un peu plus sa joue contre sa tempe. « C'était pas moi. » Ça la tuait de le voir ainsi, de ne pas savoir ce dont il s’était rappelé, d’être aussi impuissante. Alors il s’affaissa contre elle et en plus de trembler de froid, il se retrouva secoué par des sanglots terribles qu’il ne parvenait plus à maîtriser. « Non, c'était pas moi. » S’était-il souvenu d’une de ces missions que l’HYDRA avait confié au Winter Soldier ? Les dossiers que le SHIELD avait réussi à rassembler étaient plutôt complets, elle les avait suffisamment parcourus pour connaître le genre de tâches qu’il avait eu à accomplir. Des meurtres sanglants, maquillés en accidents pour la plupart. Mais elle se doutait qu’ils ne savaient pas tout ce qu’il avait fait pour eux. Ce qu’elle avait lu lui avait noué les entrailles, mais James avait vécu ces choses-là. Même s’il ne s’en souvenait pas, même s’il n’était pas lui-même alors, il était celui qui avait commis ces actes. Elle savait qu’il ne pourrait s’empêcher d’être rongé par la culpabilité.
Ava parvint à extirper ses doigts de la prise de James et passa son bras autour de lui, dans une étreinte ferme. Elle décolla sa joue de sa tempe et de son autre main, le guida doucement jusqu’à ce qu’il vienne nicher son visage baigné de larmes dans le creux de son épaule. « Non, ce n’était pas toi, » murmura-t-elle d’une voix rauque. Peu importe ce qu’il avait réellement vu, ce dont il se souvenait. Ces fragments de mémoire étaient ceux du Winter Soldier, du monstre créé par l’HYDRA. Ils n’avaient rien à voir avec l’homme qui se tenait là, tremblant et terrifié à l’idée d’avoir pu commettre de telles atrocités. « J'ai froid. » fit-il d’une voix faible et elle fronça les sourcils. « J'arrive pas à me réchauffer. » Il n’avait aucune raison physique d’être à ce point frigorifié, tout ça c’était à cause de son cauchemar alors comment pouvait-elle l’aider, si ça n’était que psychologique ? Ava maudit son inutilité et son incapacité à trouver rapidement une solution. Elle serra les dents et inspira profondément. « Okay, okay, » fit-elle faiblement. Elle le lâcha un moment et se glissa dans son dos avant de l’emmitoufler plus encore dans la couverture. Une fois satisfaite, elle l’attira contre elle, passant ses jambes des deux côtés de ses flancs. Puis elle l’entoura de ses bras et le serra fermement. Même si ce n’était que psychologique, peut-être que ce contact et la chaleur procurée lui permettrait de se rattacher à la réalité.
« Calme-toi, respire, » murmura-t-elle en appuyant sa joue contre le sommet de son crâne. « Ce n’était pas toi James. Ils ne te forceront plus jamais à faire quoi que ce soit, je te le promets. » Pas tant qu’elle aurait encore un souffle de vie. Ils s’étaient servi de lui, pendant soixante-dix ans, ils avaient transformé un homme profondément bon en machine à tuer, en assassin dénué de morale et de compassion. Pendant soixante-dix ans, ils avaient réduit son esprit à néant, jusqu’à en faire un être incapable de discerner le bien du mal, jusqu’à ce qu’il ne soit plus en mesure de reconnaître son propre reflet. Leur précieux atout, Ava savait qu’ils ne rêvaient que d’une chose, remettre la main sur lui. Pour l’éliminer ou pour récupérer le Winter Soldier et s’en servir à nouveau elle n’en savait rien mais une chose était certaine, elle ne les laisserait pas faire. Le Bucky Barnes des histoires qui avaient bercé son enfance ne méritait pas un tel sort et c’était pour cela qu’elle avait décidé de l’aider en premier lieu. L’homme qu’elle avait appris à connaître, Ava réalisait peu à peu qu’elle ne pourrait probablement jamais le laisser tomber. Encore moins entre les mains d’HYDRA. Ses tremblements semblèrent se calmer un peu, alors elle détacha un de ses bras et retourna glisser ses doigts dans les mèches brunes de James, dans une caresse apaisante. Elle n’avait absolument aucune idée de l’heure qu’il était, de combien de temps ils avaient dormi. Elle ne savait pas si l’état de Barnes l’avait rendue si alerte, l’avait tant inquiétée qu’elle n’éprouvait plus aucune fatigue, mais sa nuit était terminée, elle le savait. Lui ne semblait pas avoir beaucoup dormi, mais elle doutait qu’il parvienne à retrouver le sommeil, même si elle restait à ses côtés. Ce qu’il avait vu l’avait beaucoup trop secoué. « Tu as encore froid ? » demanda-t-elle d’une voix faible, hésitante. « Tu veux que j’aille chercher une autre couverture ? Ou que je t’apporte un truc chaud à boire ? Je… » Elle s’interrompit et laissa échapper un soupir un peu tremblant. Elle appuya son front contre l’arrière de son crâne, puis alla loger son menton dans le creux de son épaule. « Ou je reste là, je… Je ne sais pas quoi faire, » admit-elle d’une voix un peu misérable.
« Dis-moi ce qu’il te faut ou… Ne parle pas, tu n’es pas obligé de parler, » fit-elle dans un souffle. « Je peux me taire aussi, si jamais… » Elle s’interrompit et ferma les yeux un instant en maudissant sa stupidité. Ce n’était pas tellement le moment de montrer à quel point elle était nulle pour ce genre de choses. Si elle n’était même pas fichue de le réconforter sans faire n’importe quoi, autant qu’elle la ferme une bonne fois pour toute. C’est ce qu’elle fit donc, son cœur cognant douloureusement et trop vite dans sa poitrine. Elle détestait être aussi désemparée. C’était ce genre de situation qui la poussait à se dire qu’il n’était pas tombé sur la personne idéale. Ava pouvait gérer bien des situations de crises mais ça devenait beaucoup plus compliqué lorsque l’on était à ce point impliqué.
James continuait de trembler, le corps secoué par ses sanglots. Il ressemblait à un gamin, un petit garçon qui aurait fait un cauchemar et qui ne parviendrait pas à se calmer. Il s'était laissé faire quand Ava était venue passer un bras autour de ses épaules et l'avait laissée enfouir son visage dans le creux de son épaule. Il n'était plus en état de résister ou d'être gêné à ce stade là.
Il ne parvenait pas à se débarrasser de cette sensation horrible de froid, d'avoir l'impression d'être gelé jusqu'aux os. C'était les seuls mots qu'il avait pu articuler à Ava et la jeune avait lancé un faible. « Okay, okay, » Avant de passer dans son dos pour l'emmitoufler encore plus dans la couverture et de passer ses jambes autour de sa taille tout en l'enserrant avec ses bras. James savait très bien que cette sensation n'était que psychologique, que tout ça se passait dans sa tête et qu'il n'avait pas réellement froid mais son cauchemar avait été si... Réaliste, douloureux, qu'il ne parvenait pas à s'en défaire.
« Calme-toi, respire, » Elle vint appuyer sa joue contre le sommet du crâne du jeune homme qui serra un peu plus la couverture sur ses épaules. « Ce n’était pas toi James. Ils ne te forceront plus jamais à faire quoi que ce soit, je te le promets. » James ferma les yeux tout en hochant la tête et poussa un léger gémissement. Il le savait ça, il s'était toujours dit qu'il ne les laisserait pas le reprendre vivant. Mais ce n'était pas ce qu'ils le forceraient à faire qui le terrifiait. C'était ce qu'ils lui avaient fait faire et qu'il avait occulté. Ce souvenir de la Red Room était de loin le plus horrible qu'il ait eu jusqu'à présent. Et il priait pour qu'il n'ait rien commis d'autre d'aussi affreux.
Sentant qu'il ne parviendrait pas à se calmer tout seul, simplement en s'emmitouflant dans des couvertures, il cala sa respiration sur celle d'Ava -bien plus calme- et essaya de détendre petit à petit ses muscles contractés. Cette solution semblait marcher puisque ses tremblements se calmèrent un peu. Ava sembla le remarquer et libéra l'un de ses bras pour ramener sa main dans les cheveux de James, les lui caressant doucement, le calmant un peu plus. Heureusement qu'elle était là, parce que James ne savait vraiment pas ce qu'il aurait pu faire, comment il aurait réagi s'il s'était retrouvé tout seul après un tel cauchemar.
« Tu as encore froid ? » Sa voix brisa le silence, manquant de faire sursauter James. « Tu veux que j’aille chercher une autre couverture ? Ou que je t’apporte un truc chaud à boire ? Je… » Elle s’interrompit brusquement, poussant un soupire et James se crispa subitement, terrorisé à l'idée qu'elle le laisse. « Ou je reste là, je… Je ne sais pas quoi faire, » Dans une autre situation, James aurait très certainement pu en rire. Elle se retrouvait exactement dans la même situation quand il l'avait blessé dans son ancien appartement. Elle était dans le même cas, incapable de savoir quoi faire pour l'aider. « Dis-moi ce qu’il te faut ou… Ne parle pas, tu n’es pas obligé de parler, » fit-elle dans un souffle. Mais il ne savait pas de quoi il avait besoin, ce qu'il lui fallait pour aller mieux. C'était la première fois qu'il vivait une telle expérience et il se sentait totalement impuissant. « Je peux me taire aussi, si jamais… » James relâcha la couverture pour attraper la main d'Ava toujours autour de ses épaules et la serra dans la sienne, murmurant un. « Non reste. » D'une voix apeurée. Il ne voulait pas rester seul, pas même quelques secondes. « Reste s'il te plaît. » La présence d'Ava l'apaisait, il s'en rendait compte et il avait bien trop peur de rechuter si jamais elle le laissait. Il ne savait pas ce qu'il lui fallait, mais il savait que la présence d'Ava l'aidait à aller mieux.
Ses tremblements se calmèrent un peu plus, de même que sa crispation et il parvint à enfin arrêter ses sanglots, reprenant un peu de consistance. « Il y avait ces... Ils m'ont... » Il ne parvint pas à terminer sa phrase, poussant un gémissement plaintif à la place. Parler à Ava l'avait toujours aidé, depuis le début et il sentait que parler de ce qu'il venait de vivre lui permettrait d'extérioriser, de se retirer un poids des épaules mais les images lui revenaient en tête dès qu'il y repensait.
James inspira profondément et libéra la main d'Ava qu'il tenait toujours dans la sienne, réalisant enfin qu'il devait lui faire mal à la serrer aussi fort. « C'étaient que des gamines... » De nouveaux flashs lui revinrent et il gémit une nouvelle fois en baissant la tête, la secouant pour essayer de les effacer. « Et je les ai... » Il leva sa main pour la plaquer sur ses yeux, le corps secoué par un nouveau sanglot. « J'arrive pas à les enlever de ma tête. Toutes ces images... Toutes les recrues... » Il sanglota à nouveau mais parvint à reprendre rapidement d'une petite voix. « Je les ai toutes tuées. »
Il avait l'impression d'avoir régressé. C'était comme si tous les efforts qu'il avait fait ces derniers mois n'avaient servis à rien, comme s'il n'avait pas avancé d'un pouce. Il pensait avoir oublié ce passé et qu'il pourrait reprendre une vie normale mais son passé le rattrapait encore. « C'était pas moi. » Il ponctua sa phrase en faisant non de la tête, comme pour se persuader de ce qu'il venait de dire.
Ses tremblements dû au froid s'étaient complètement arrêtés à présent, mais James n'y prêtait plus attention, trop occupé à essayer d'effacer les images qui continuaient à lui venir. Profitant d'une accalmie, il reprit la main d'Ava dans la sienne, murmurant un « Merci... » Il vint ensuite poser sa main métallique sur l'autre bras de la jeune femme, le serrant délicatement. « Merci d'être là. »
Ava se sentait idiote. Ce n’était pas en prouvant qu’elle était parfaitement nulle pour gérer ce genre de situation qu’elle allait aider James. Surtout si elle se mettait à paniquer alors qu’il avait besoin qu’on le calme, qu’on le rassure. Elle avait pourtant appris à garder son sang-froid, à analyser n’importe quelle situation pour y trouver une solution. Mais elle avait déjà prouvé par le passé qu’elle n’était pas aussi efficace quand ça concernait des personnes proches d’elle. Malgré tout ce qu’on lui avait enseigné, même si elle savait que cela pouvait représenter une grosse faiblesse, Ava n’était pas capable de garder la tête froide quand ses proches souffraient, c’était plus fort qu’elle. Et si elle ne risquait rien en ce moment même, elle savait très bien que c’était ce défaut qui l’avait lancée à la poursuite du Winter Soldier, après l’assassinat de Nick. Et elle savait très bien aussi que sa quête de vengeance aurait pu très mal se terminer. Au final, elle avait eu de la chance et ça ne serait peut-être pas le cas à chaque fois. Elle sursauta presque lorsque la main de James vint saisir la sienne. Elle était froide, ce qui l’inquiéta un moment, avant de se souvenir que c’était la gauche, que c’était normal. « Non reste. » fit-il brusquement, comme s’il était terrifié à l’idée qu’elle puisse partir et cela lui serra le cœur. « Reste s'il te plaît. » Elle serra sa main, l’étreignit un peu plus contre elle pour qu’il comprenne qu’elle avait bien l’intention de rester. « Je ne vais nulle part, » murmura-t-elle contre son oreille. Elle ne savait pas quoi faire de plus, mais il sembla se calmer un peu. Ses tremblements cessèrent petit à petit et il s’arrêta de sangloter, ce qui leva un poids de la poitrine d’Ava. « Il y avait ces... Ils m'ont... » Il s’interrompit, visiblement incapable de terminer sa phrase et une plainte rauque lui échappa. Elle lui avait dit qu’il n’avait pas besoin de parler s’il ne voulait pas, s’il ne s’en sentait pas capable. Pourtant, il s’acharnait alors elle ne dit rien. S’il avait besoin de raconter ce qu’il avait vu, elle n’allait pas l’en empêcher.
Elle le sentit prendre une grande inspiration et il libéra sa main. Ava remua un peu ses doigts endoloris mais n’en fit pas toute une affaire. Elle pouvait bien encaisser une poigne solide. « C'étaient que des gamines... » fit-il d’une voix rauque et la jeune femme fronça les sourcils. « Et je les ai... » Il n’eut pas besoin de terminer sa phrase, elle avait parfaitement compris où il voulait en venir. Et ça la rendait malade. Le SHIELD ne faisait pas toujours dans la dentelle et s’ils faisaient de leur mieux pour éviter qu’une telle chose se produise, il arrivait parfois que certaines missions engendrent des… dommages collatéraux. Des pertes civiles. Elles pesaient lourd sur la conscience de chaque agent. Mais ça ? Exécuter des gosses ? Et dans quel but, bon sang ? Savoir qu’ils avaient transformé James en assassin était déjà suffisamment révoltant. Apprendre qu’ils s’étaient servis de lui pour commettre des actes aussi barbares lui donnait clairement envie d’abattre ces chiens. « J'arrive pas à les enlever de ma tête. Toutes ces images... Toutes les recrues... » Pourquoi fallait-il qu’il se souvienne d’une chose pareille ? C’était le genre de souvenir qu’il aurait mieux fallu enterrer à jamais. L’agent tiqua au mot recrues et elle ne tarda pas à faire le lien. Il n’y avait qu’une organisation qui était connue pour engager des jeunes filles afin de les transformer en machine à tuer. Une organisation pour laquelle James avait travaillée, c’était parfaitement inscrit dans les dossiers qu’elle avait lus. Non contents d’avoir fait de lui l’instructeur des gamines de la Red Room, ils l’avaient également envoyé toutes les massacrer une fois qu’ils n’en avaient plus eu l’utilité ?
« Je les ai toutes tuées. » acheva-t-il dans un sanglot et Ava serra les dents. Il aurait pu rêver d’un été particulièrement chaud à Brooklyn, avec Rogers. Ou même de la guerre, elle ne doutait pas qu’il ait vécu des choses terribles à cette époque, mais il y avait une nette différence entre tuer un soldat pour défendre sa propre vie et assassiner des gamines. « C'était pas moi. » répéta-t-il en secouant la tête, comme s’il essayait de s’en convaincre ou de chasser les images qui polluaient son esprit. « HYDRA, la Red Room, ce sont tous des monstres, » murmura-t-elle d’une voix rauque. « Ils sont responsables de ce massacre, tu n’y es pour rien. » Il cessa enfin de trembler, comme si son esprit avait finalement compris où il se trouvait réellement. Alors elle en profita pour se détacher un peu de lui, mais il attrapa sa main et elle se figea, prête à lui dire qu’elle n’allait nulle part. « Merci... » dit-il faiblement. Il vint serrer son bras dans sa main de métal, lui tirant un léger frisson. « Merci d'être là. » Comme si elle aurait pu être ailleurs, le laisser seul dans cet état. Ava se décala un peu et extirpa sa main de la poigne de James, pour aller prendre ses joues entre ses paumes chaudes. « Ne me remercie pas pour ça, » murmura-t-elle doucement. De ses pouces, elle essuya les sillons humides sous ses yeux rougis et tourmentés. Il avait l’air épuisé, pas seulement à cause de ce qu’il avait traversé, mais elle était persuadée qu’il n’avait eu droit qu’à quelques heures de sommeil, cette nuit. Pourtant, il était peu probable qu’il veuille tenter de se rendormir tout de suite. Pas après ça. Il fallait qu’il se change les idées, qu’il pense à tout sauf à ce souvenir affreux. Après une mission difficile, Zach et elle avaient tendance à se retrouver pour boire un coup (ou plusieurs), regarder la télévision, se lancer des âneries au visage. Ça marchait plutôt bien, mais aucun d’eux n’avait des souvenirs aussi atroces que ceux de James.
Elle libéra son visage, passant une main dans ses cheveux bruns pour les écarter au passage et chercha son regard. « Viens avec moi, » dit-elle avec un mince sourire. Elle se leva et en prenant garde à ce qu’il soit toujours correctement emmitouflé dans la couverture, lui attrapa la main et tira doucement, pour lui intimer de se redresser à son tour. Il ne se fit pas tellement prier, probablement trop à côté de la plaque pour se poser des questions. Sans lâcher sa main, elle l’entraîna hors de la chambre, jusqu’au salon. Ava le mena jusqu’au canapé sur lequel il s’assit, encore trop secoué par son cauchemar pour tenir debout plus longtemps. Elle passa à nouveau une main dans les cheveux de James, à défaut d’avoir les mots, elle était au moins capable d’apporter ce genre de réconfort. « Je t’amène un truc chaud, d’accord ? » fit-elle avant de se diriger vers la cuisine. En quelques gestes, elle lança la cafetière et attendit que la boisson se prépare. Du coin de l’œil, elle aperçut son reflet, notant sa tignasse blonde en bataille de celle qui venait de sauter du lit. Au moins, elle avait toujours meilleure mine que James. Mais c’était guère réconfortant. En rangeant le café dans un placard, elle s’arrêta un moment, puis haussa les épaules et attrapa la plaque de chocolat qui s’y trouvait. Elle n’avait pas du tout faim après ce qu’elle venait d’apprendre et elle doutait que ce soit le cas du brun, après ce qu’il venait de voir. Mais le chocolat possédait des bienfaits dont il pouvait bien bénéficier en ce moment. Bien évidemment, c’était ridicule face au poids qui l’accablait, mais Ava n’avait pas mieux pour l’instant. Elle attrapa les deux tasses de café et retourna rapidement auprès de James, pour les déposer sur la table devant eux, avec la plaque. La jeune femme s’installa à côté de Barnes, n’hésitant pas une seconde avant d’appuyer son épaule contre la sienne, comme pour lui rappeler qu’elle était bien là. Voyant qu’il ne semblait pas bouger, elle s’empara d’une tasse et alla la caler entre les paumes de James en s’assurant qu’il ne risquait pas de la lâcher. « Bois, ça te fera du bien, » dit-elle doucement en essayant à nouveau d’esquisser un mince sourire. Il ne semblait plus avoir froid, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir besoin de ça pour se remettre les idées en place.
Pourquoi est ce qu'il se retrouvait dans cet état là ? Est ce que c'était une manière pour sa conscience de lui faire payer ce qu'il avait fait ? Il pensait pourtant se sentir déjà bien assez coupable. Il ne comprenait pas, ça n'avait aucun sens pour lui. Il s'était dit que si des souvenirs restaient flous, s'il en occultait certains c'était bien pour une raison, comme pour se protéger inconsciemment mais à présent toute cette théorie s'était effondrée.
James ferma un instant les yeux quand Ava vint appliquer ses mains sur ses joues, appréciant la chaleur qu'elles dégageaient. Alors il avait fallu ce déclic, ce cauchemar pour qu'il arrête enfin de se brusquer au moindre contact humain ? Ou alors c'était juste qu'il était encore trop le choc pour qu'il ne puisse régir ? Il n'en savait rien mais il appréciait ce moment. « Ne me remercie pas pour ça, » Il acquiesça en fermant à nouveau les yeux et lui lança un mince sourire, gêné, quand elle passa ses pouces sous ses yeux encore rougis par les larmes. Il n'avait qu'une envie, se recoucher, mais avec ce qu'il venait de revivre, il savait très bien qu'il ne parviendrait pas à se rendormir. Même si Ava avait réussi à le calmer et à le ramener à la réalité, il ne pourrait pas refermer les yeux sans repenser à ce qu'il avait vu.
Elle dégagea ses mains, en passant une dans sa tignasse brune et lui lança un mince sourire. « Viens avec moi, » Elle se leva du lit et lui attrapa la main, le tirant doucement pour le faire se relever, toujours emmitouflé dans sa couverture. James se sentait ridicule, pathétique, mais il était bien trop faible et encore sous le choc pour laisser sa fierté prendre le dessus et se laissa faire, la suivant jusqu'au salon pour s'affaler sur le canapé. Il ajusta la couverture sur ses épaules et se recroquevilla pour ne laisser que sa tête à l'air libre. Dans d'autres circonstances Ava se serait très certainement encore moqué de lui en lui disant qu'il ressemblait à un burrito mais ils étaient loin d'être dans l'état d'esprit pour plaisanter.
La blonde passa à nouveau une main dans les cheveux de James qui apprécia une nouvelle fois ce contact mais resta silencieux. « Je t’amène un truc chaud, d’accord ? » Le brun acquiesça et baissa la tête dès qu'elle quitta son champ de vision, poussant un profond soupire. Il était pitoyable. Il n'avait pas fait de nouveaux cauchemars depuis son arrivée chez Ava et quoi ? Il avait vraiment cru que c'était terminé ? Qu'est ce qu'il espérait ? Il avait vraiment pensé qu'il parviendrait à tout laisser derrière lui comme ça ? Il releva les yeux vers l'écran de la télé, éteinte et resta bloqué sur le reflet de sa silhouette. Voilà ce qu'ils avaient fait de lui. Même s'il s'était libéré de son contrôle ils étaient toujours là, prêts à lui rappeler ce qu'il avait fait pour eux.
Il entendait Ava préparer les cafés dans son dos mais restait immobile, fixant sa silhouette dans l'écran, les poings serrés sous la couverture. La tristesse et la douleur qu'il avait pu ressentir plus tôt s'étaient complètement envolées, laissant petit à petit place à la rage qu'il éprouvait envers l'HYDRA et ceux qui lui avaient fait ça. Il avait mis du temps à le comprendre, mais c'était à présent clair dans sa tête. Il n'était pas responsable des actions du Winter Soldier.
Il reprit ses esprits quand Ava retourna au canapé, posant deux tasses ainsi qu'une tablette de chocolat sur la table basse. La jeune femme s’installa à côté de lui, appuyant son épaule contre celle du brun. Elle attrapa l'une des tasses qu'elle déposa entre ses mains, s’assurant qu'il la tenait bien. « Bois, ça te fera du bien, » James plongea son regard dans la tasse, murmurant un « Merci. » Avant d'en boire une gorgée, savourant de sentir le liquide brûlant lui couler dans la gorge.
Il recala correctement la tasse entre ses doigts et poussa un soupire, les sourcils froncés et la tête toujours baissée. « Je... Je comprends pas. Pourquoi j'ai revu ça ? » Il tourna son visage vers Ava, lui lançant un regard presque implorant, comme pour savoir si elle avait la réponse. Il se doutait bien qu'elle ne devait pas savoir pourquoi mais elle l'avait toujours aidé, avait toujours trouvé les mots pour l'aider et espérait qu'elle puisse le faire encore. « Je sais pas je... » Il détourna le regard pour fixer à nouveau son reflet dans l'écran. « C'est comme si ma conscience voulait me rappeler ce que j'avais fait. Mais ça n'a aucun sens c'est... » Il soupira et but une autre gorgée de café, maugréant ensuite un « J'en sais rien. » D'une petite voix.
Il finit par quitter l'écran des yeux, baissant son regard. « Il... » Il soupira tout en levant une main jusqu'à son visage pour se masser lentement les paupières. « Il n'y avait pas que ça, la Red Room. » Il sentit une nouvelle vague de froid lui traverser le corps en repensant à la sensation qu'il avait vécu et frissonna pendant une fraction de seconde. Il haïssait cette sensation, cette impression de mourir à petit feu. « J'étais... » James fronça les sourcils, serrant la mâchoire en repensant à ce rêve là. « J'étais dans un de ces trucs. Un de leurs caissons. » Il eut un nouveau frisson et dans un réflexe agrippa un coin de la couverture. Il s'était toujours dit que parler de ses cauchemars à Ava l'aidait, lui permettait d'extérioriser, mais là il commençait à douter du bien que ça pouvait lui faire. Il secoua brièvement la tête, essayent de se redonner un peu de consistance et reprit. « Et là ils m'ont... Ils ont actionné leur machine et j'ai... J'ai sentit le froid monter. » Il retint un sanglot et ferma un instant les yeux, essayant de se contrôler. Il ne fallait pas qu'il y repense. Si jamais il replongeait il ne savait pas combien de temps il lui faudrait pour s'en remettre et ce malgré la présence d'Ava. « J'étais frigorifié. J'ai cru que j'allais crever. »
Il poussa un grognement et but une gorgée de café avant de poser sa tasse sur la table, laissant ses mains libres et resserra ses bras autour de son torse, agrippant sa prothèse de sa main droite pour la serrer. Il se sentait sans défenses, inoffensif. Lui qu'on considérait comme un tueur sans états d'âme, une machine à tuer, se sentait aussi ridicule qu'un petit garçon à ce moment là. Le brun déglutit avec difficulté et murmura un « Je veux plus revivre ça. » Tout en secouant la tête.
James parvint à se calmer, libéra sa prothèse et resta un moment immobile, fixant sa tasse posée devant lui. Il la reprit en main et y but une gorgée. Encore une fois Ava avait vu juste, avoir quelque chose de chaud à boire lui faisait du bien. Il reporta son attention sur la jeune femme et lui lança un mince sourire. « Je... Je sais pas ce que j'aurais fait sans toi, sans ton aide. Désolé de te causer tous ces problèmes. »
Elle n’aimait pas voir James aussi vulnérable, aussi secoué. Principalement parce qu’elle savait qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se trouver pathétique et elle n’était pas d’accord avec cela. D’accord, à sa place, elle se comporterait certainement de la même manière et se sentirait particulièrement mal d’ainsi imposer ses problèmes à quelqu’un d’autre. Mais elle était de mauvaise foi, ce n’était pas une nouveauté. Ce qui s’appliquait à elle ne s’appliquait pas forcément aux autres. Et James avait toutes les raisons de se sentir mal après ce qu’il venait de voir. Il n’avait pas à avoir honte de l’état dans lequel ça l’avait plongé. La jeune femme avait bien l’intention de lui faire comprendre cela, alors elle l’entraîna jusqu’au salon où il s’affala sur le canapé et ne put s’empêcher de passer une nouvelle fois une main dans ses cheveux bruns. Il ne s’écarta pas à ce contact et au contraire, sembla s’y appuyer un peu. Ava tenta de ne pas montrer sa surprise et se contenta d’aller préparer un café chaud. Depuis le début, James avait beaucoup de mal avec les contacts physiques. Il n’avait plus l’habitude de les expérimenter autrement qu’accompagnés de douleur et c’était normal qu’il se méfie ainsi. Depuis quelques jours il avait semblé faire des efforts et tenter de s’habituer à ce qu’on puisse le toucher autrement que pour le blesser. Mais là, c’était différent. C’était comme si au lieu de supporter, de faire avec, il recherchait ces contacts. A vrai dire, ça arrangeait presque Ava. Elle n’était pas très douée avec les mots, surtout lorsqu’il fallait les employer pour réconforter quelqu’un. Mais si James avait besoin d’une étreinte pour se sentir mieux alors elle se sentait bien plus apte à l’aider. Elle ne tarda donc pas à retourner auprès de lui, lui confiant une tasse de café avant d’appuyer son épaule contre la sienne, comme pour lui rappeler qu’elle était bien là, qu’il n’était pas seul. « Merci. » murmura-t-il avant de porter la tasse à ses lèvres et elle esquissa un mince sourire. C’était déjà ça.
« Je... Je comprends pas. Pourquoi j'ai revu ça ? » fit-il alors d’une voix rauque avant de se tourner vers elle et Ava déglutit avec difficultés en croisant son regard. « Je sais pas je... » Il se remit à fixer l’écran éteint de la télévision, les sourcils froncés. « C'est comme si ma conscience voulait me rappeler ce que j'avais fait. Mais ça n'a aucun sens c'est... » Il se tut et maugréa dans sa tasse de café. Ava soupira et se pressa un peu plus contre lui, pour attirer son attention. « Ils ne sont plus là pour effacer tes souvenirs et je pense que… tu commences à te rappeler de tout, petit à petit, » dit-elle d’une voix douce. « Et… la vie étant bien faite, il y a de fortes chances pour que tu te rappelles de ce genre de choses avant tes joyeux souvenirs d’enfance, » admit-elle avec une grimace. Ça n’avait rien de drôle et elle ne se moquait pas, elle constatait simplement les faits. Sans le contrôle d’HYDRA, James Barnes n’aurait jamais massacré une bande de gamines, même si elles étaient destinées à devenir des assassins. Ces souvenirs révoltaient le soldat et Ava ne doutait pas que leur nature violente était la raison pour laquelle ils revenaient plus aisément à la surface. « Il... » Elle se tut et se tourna vers lui, tandis qu’il passait une main sur ses traits tirés. « Il n'y avait pas que ça, la Red Room. » Elle le sentit clairement frissonner contre elle et fronça les sourcils. Elle s’était doutée que ses souvenirs étaient la raison pour laquelle James avait semblé être transi de froid et il semblait s’en rendre compte lui aussi. « J'étais... J'étais dans un de ces trucs. Un de leurs caissons. » Oh. Alors elle comprenait mieux. Elle aurait dû deviner que c’était ça, c’était presque évident. Comme si y repenser était suffisant pour le ramener à nouveau là-bas, James frissonna encore et Ava sentit son cœur se serrer. « Et là ils m'ont... Ils ont actionné leur machine et j'ai... J'ai senti le froid monter. » Alors quoi, sous prétexte qu’il n’était qu’un outil, un soldat dopé au super sérum, ils s’étaient dit que le laisser vivre la phase de cryogénisation n’était pas gênant ? A chaque fois qu’il avait fidèlement servi l’HYDRA, ils s’étaient contentés de l’enfermer là-dedans et d’attendre que le froid mordant l’endorme, au lieu de lui injecter quelque chose pour lui éviter ça ? Sales chiens. Ava serra les dents en le voyant lutter de toutes ses forces pour retenir un sanglot et elle ne put s’empêcher de glisser à nouveau ses doigts dans ses cheveux bruns, dans une caresse brève mais réconfortante.
« J'étais frigorifié. J'ai cru que j'allais crever. » Les missions qui tournent mal dans des régions de la planète guères accueillantes, elle connaissait ça. Devoir endurer la chaleur suffocante et le froid mordant, c’était déjà arrivé à Ava. Mais ça n’avait jamais égalé ce que James avait dû éprouver dans ce maudit caisson, à chaque fois qu’ils le remettaient là après bons et loyaux services. Elle comprenait mieux pourquoi il avait semblé être frigorifié un peu plus tôt. Pourquoi il l’était encore, à chaque fois qu’il y pensait. Ce n’était pas qu’un cauchemar, c’était un véritable souvenir. Un grognement lui échappa et il but une gorgée de café avant de poser la tasse sur la petite table du salon. Elle le regarda s’entourer de ses bras, sa main de chair venant agripper le bras de métal. « Je veux plus revivre ça. » murmura-t-il d’un ton presque terrifié. Il sembla se calmer un peu et récupéra sa tasse, la boisson chaude l’aidant un peu à oublier à quel point il avait eu froid un peu plus tôt. « Je... Je sais pas ce que j'aurais fait sans toi, sans ton aide. Désolé de te causer tous ces problèmes. » fit-il après s’être tourné vers elle, un mince sourire aux lèvres. Alors elle leva les yeux au ciel et cessa d’hésiter quant à ce qu’elle pouvait faire ou non, ce qui le mettait à l’aise ou pas. Elle passa un bras autour des épaules de James et glissa sa main dans ses cheveux. D’une légère pression, elle lui fit pencher la tête vers elle et alla poser ses lèvres sur sa tempe. « Commence par arrêter de t’excuser pour des choses qui ne sont pas de ton ressort, » murmura-t-elle avec un air faussement désapprobateur. « Ce qu’ils t’ont fait, c’est… » Elle s’interrompit et secoua la tête, désemparée. Dégueulasse ? Inhumain ? Elle n’avait pas les mots pour décrire ça. Elle s’écarta un peu et se pencha vers la table pour attraper la plaquette de chocolat qu’elle ouvrit avant d’en casser quelques carrés, qu’elle tendit au jeune homme. « Tu vas finir par penser que je résous tous mes problèmes avec la nourriture, mais je t’assure que c’est efficace, » dit-elle avec un mince sourire. « Maintenant, je sais que tu n’en as probablement pas très envie, mais tu devrais essayer de dormir un peu. » Elle attrapa la télécommande et alluma la télévision, s’assurant que le son ne soit pas trop fort, zappant à plusieurs reprises avant de tomber sur la rediffusion d’une saison de South Park.
Elle hésita un moment puis finit par reposer la télécommande. James n’était pas suffisamment renseigné sur le vingt-et-unième siècle pour comprendre toute la subtilité de cette série, mais le but n’était pas de captiver son attention. « Comme je t’aime bien, je vais te confier une technique spéciale, » dit-elle sur le ton de la confidence. Elle s’installa plus confortablement dans le canapé et repassa un bras autour des épaules du jeune homme pour l’attirer contre elle. « Laisse la télévision absorber ton âme. » Elle lui adressa un petit sourire et plongea ses doigts dans la tignasse brune de James avant d’y appliquer une caresse apaisante. « Je bouge pas d’ici, » promit-elle avant de porter son attention sur la télévision. Il n’arriverait peut-être pas à se rendormir, mais il en avait vraiment besoin alors autant mettre le paquet.
Il en avait assez d'être redevable à Ava, d'avoir encore besoin d'elle. Il savait que c'était sa fierté qui lui faisait penser ça mais il ne pouvait pas s’empêcher de le faire. Il pensait avoir laissé tous ses problèmes derrière lui, qu'il pourrait avancer tout seul à présent mais il arrivait toujours un point il ne pouvait pas se passer de l'aide de la jeune femme.
Il avait demandé à Ava si elle savait pourquoi il revivait des souvenirs aussi affreux, pourquoi est ce que ces souvenirs là lui revenaient plutôt que d'autres plus joyeux et avait hoché la tête quand elle lui avait expliqué que c'était sûrement du au fait que l'HYDRA n'était plus là pour lui laver le cerveau. Sa mémoire revenait petit à petit et il ne pouvait faire qu'avec. D'un autre côté, c'était un bon signe, ça lui montrait qu'au moins il n'avait pas oublié ce qu'il avait vécu et qu'il finirait sûrement par se souvenir de tout. Mais James n'était vraiment pas sur de vouloir se souvenir de son passé s'il devait revivre des horreurs pareilles...
Ava passa un bras autour des épaules du brun et glissa sa main dans ses cheveux alors qu'il se laissait faire. Elle lui fit doucement pencher la tête vers elle et alla poser ses lèvres sur sa tempe. James ferma les yeux, savourant ce contact. Il avait complètement dépassé le stade où il craignait les contacts humains et était heureux de savoir qu'il n'était pas seul. « Commence par arrêter de t’excuser pour des choses qui ne sont pas de ton ressort, » murmura-t-elle. « Ce qu’ils t’ont fait, c’est… » Elle s’interrompit et secoua la tête, visiblement désemparée. La jeune femme s’écarta un peu et se pencha vers la table pour attraper la plaquette de chocolat qu’elle ouvrit avant d’en casser quelques carrés, qu’elle tendit au jeune homme. « Tu vas finir par penser que je résous tous mes problèmes avec la nourriture, mais je t’assure que c’est efficace, » Il répondit à son sourire par un bref rire nasal et la remercia d'un signe de tête, croquant un morceau de chocolat. « Maintenant, je sais que tu n’en as probablement pas très envie, mais tu devrais essayer de dormir un peu. » James baissa la tête, restant silencieux pendant qu'elle allumait la télé, zappant à la recherche d'une chaine et s'arrêta sur South Park.
Il ne voulait pas dormir. Il savait qu'il finirait par s'endormir s'il se forçait, mais il ne voulait pas risquer de revivre les souvenirs qui lui étaient apparus ce soir. Plus ce soir. Le brun releva les yeux vers l'écran, observant un moment ce dessin animé qu'il ne connaissait pas et resta interdit, ne sachant trop quoi en penser. Il avait encore tellement de choses à rattraper, tellement de choses qu'il n'avait pas découvertes.
Du coin de l’œil il vit Ava reposer la télécommande sur la table et reporta son attention sur la jeune femme quand elle reprit la parole. « Comme je t’aime bien, je vais te confier une technique spéciale, » Le regard de James s'illumina, visiblement excité à l'idée qu'elle détienne une technique qui pourrait l'aider. Du moins une autre technique que manger ou boire quelque chose de chaud. Elle s’installa plus confortablement dans le canapé et repassa un bras autour des épaules du jeune homme pour l’attirer contre elle. « Laisse la télévision absorber ton âme. » Elle lui lança un petit sourire et vint une nouvelle fois caresser doucement les cheveux du brun qui ferma les yeux et secoua la tête tout en lâchant petit rire. « Tu as vraiment des techniques peu conventionnelles. » Elle avait vraiment le don pour dédramatiser les situations, il devait bien l'admettre. Maintenant qu'il y pensait, C'était comme ça qu'il était aussi à l'époque quand Steve n'allait pas bien. Il avait lui aussi tendance à jouer la carte de l'humour pour réconforter son ami. Il ne savait pas si ça avait pu vraiment fonctionner avec Steve, mais ça marchait avec lui.
« Je bouge pas d’ici, » James s'appuya un peu plus contre la jeune femme et leva sa main droite, venant saisir celle d'Ava toujours dans ses cheveux pour la serrer doucement dans la sienne. Tout en caressant doucement le dos de la main de la jeune femme avec son pouce il tourna son regard vers sa voisine et laissa son regard se perdre dans celui de la jeune femme. Elle en avait tant fait pour lui. Pas uniquement ce soir, mais depuis qu'ils s'étaient rencontrés dans son appart miteux. S'il lui en avait voulu au début de ne pas l'avoir abattu pour mettre fin à ses souffrances, aujourd'hui il était plus qu'heureux qu'elle ne l'ait pas fait. S'il en était là à présent c'était uniquement grâce à elle, parce qu'elle avait eu foi en lui et qu'elle l'avait poussé à continuer à "se battre", à ne pas abandonner. Et il lui serait éternellement reconnaissant pour ça.
James ouvrit légèrement la bouche pour prendre la parole. « Je... » Il se ravisa subitement, baissa un instant les yeux. Il voulait la remercier pour tout ce qu'elle avait fait, mais il savait qu'elle lui répondrait d'arrêter de le faire, que c'était normal qu'elle fasse ça. Le brun releva finalement les yeux vers la jeune femme et reprit la parole d'une voix hésitante. « J'ai pas envie de dormir, risquer de revivre tout ça ce soir. Je veux juste... » Il stoppa une nouvelle fois sa phrase, visiblement gêné par ce qu'il voulait dire. Il secoua rapidement la tête, se reprenant. « Je veux juste profiter de… » Un mince sourire se dessina sur ses lèvres. « De ça, de ce moment avec toi. » Il se sentit rougir et son sourire s'agrandit un peu plus alors qu'il lui lançait un regard gêné. Il se sentait ridicule à dire ça comme ça, mais c'était ce qu'il pensait. Ça faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas sentit aussi bien, autant en sécurité.
Le jeune homme libéra finalement la main d'Ava et ramena la sienne sur sa cuisse, l'observant silencieusement. Il s'était amélioré au niveau des contacts humains, c'était indéniable mais avait encore du mal à ne pas se sentir gêné quand il s'agissait de dire ce qu'il avait sur le cœur. Il avait énormément fait d'efforts, c'était grandement amélioré sur ce point et savait que c'était normal qu'il ait encore du mal avec ça, mais il ne parvenait pas à se satisfaire de ce résultat. Il voulait toujours faire mieux.
James se retourna vers la jeune femme, l'observant longuement. Il se doutait bien que ce qu'il comptait lui dire allait elle aussi la mettre mal à l'aise, mais il voulait qu'elle le sache. « Désolé, je... Je veux pas te mettre mal à l'aise mais... » Il lui adressa un léger sourire, les joues encore légèrement rougies parce qu'il lui avait dit. « Je... Je suis heureux d'avoir besoin de toi. » Il s'était tellement reposé sur elle, avait tellement évolué grâce à elle, qu'il ne se voyait pas continuer sans Ava. Oui, il était vraiment heureux d'avoir besoin d'elle pour pouvoir avancer. Et elle devait en être consciente elle aussi.
Il rapprocha son visage de celui de la jeune femme, replongeant son regard dans le sien, le laissant s'y perdre pendant un moment puis vint délicatement presser ses lèvres contre celles d'Ava, sa main droite se posant doucement sur la cuisse de la jeune femme. Il ne savait pas pourquoi il avait sentit le besoin de faire ça, pourquoi il venait de le faire. Il avait simplement suivit son instinct. James resta ainsi quelques secondes, continuant d'embrasser la jeune femme, les yeux fermés et finit par se reculer, rouvrant les yeux pour observer le visage d'Ava. Il serra délicatement la cuisse de la jeune femme, gardant le silence.
by Epilucial
Spoiler:
Bon, j'ai tenté le coup pour la fin, mais si c'est trop "tôt" ou que ça te va pas dis le moiiiiii
Il rit légèrement, ça sonnait plus comme un réflexe que comme un rire sincère et heureux, mais l’entendre réchauffa le cœur d’Ava. S’il était encore capable de produire ce genre de sons cette nuit alors tout n’était pas complètement perdu, n’est-ce pas ? Elle n’avait pas de solution miracle pour aider James à chasser ses démons ou tout du moins, à les accepter. Elle ne savait pas comment on faisait cela. Mais si elle pouvait le détourner de ces pensées moroses, si elle parvenait à le faire rire alors c’était déjà ça, non ? Une maigre consolation, mais la jeune femme n’aurait pas imaginé obtenir une telle réaction de la part du brun aussi tôt. C’était presque gênant, de se sentir brusquement plus légère après l’avoir entendu rire, mais ce n’était pas la première fois qu’Ava pensait que ça lui allait bien mieux qu’une mine triste ou renfrognée. A vrai dire, c’était une des premières choses qu’elle s’était dite une fois qu’elle l’avait reconnu. Et il ne souriait peut-être pas encore comme elle l’avait vu faire dans les archives de guerre ou sur les photos des Howling Commandos, mais à chaque fois que ses lèvres s’incurvaient vers le haut, la jeune femme prenait cela comme une victoire. « Tu as vraiment des techniques peu conventionnelles. » dit-il lorsqu’elle lui conseilla de se laisser absorber par la télévision et elle esquissa un sourire amusé. Certes, il marquait un point. Mais si son débit d’âneries permettait à James de penser à autre chose que ses mauvais souvenirs alors elle avait atteint son objectif. Il sembla apprécier la caresse légère qu’elle appliquait dans ses cheveux et pendant un instant, Ava crut qu’il allait suivre son conseil. Mais il vint saisir sa main et elle glissa un regard en coin dans sa direction, prête à arrêter ce qu’elle faisait si ça le dérangeait. Alors elle sentit le pouce de James caresser le dos de sa main et croisa son regard. Elle réalisa seulement qu’elle retenait son souffle et fit de son mieux pour inspirer à nouveau sans donner l’impression d’être gênée par ce qui était en train de se passer.
« Je... » commença-t-il d’une voix un peu rauque, mais il se ravisa bien vite et cessa de soutenir son regard. Elle n’osait pas bouger. Et peut-être, éventuellement, que son cœur s’était mis à battre un peu plus vite alors qu’elle venait de prendre conscience de leur proximité. Certes, c’était elle qui avait fait en sorte qu’il soit aussi proche, mais elle l’avait fait sans vraiment y penser, souhaitant seulement le réconforter. Pourtant, c’était comme si l’atmosphère avait changé en à peine quelques secondes. « J'ai pas envie de dormir, risquer de revivre tout ça ce soir. Je veux juste... » Elle ne put s’empêcher de grimacer un peu à ses paroles. Elle comprenait parfaitement son ressenti. A sa place, elle serait très certainement déjà sortie de l’appartement pour aller se dépenser, travailler, n’importe quoi plutôt que de se rendormir. Alors elle ne pouvait pas tellement lui en vouloir. Elle ouvrit la bouche, prête à lui dire qu’elle comprenait et qu’il n’avait pas à s’en faire, en voyant à quel point il semblait gêné, mais il fut plus rapide. « Je veux juste profiter de… De ça, de ce moment avec toi. » Hein ? Elle se tourna vers lui en espérant ne pas afficher un air trop stupide et retint à nouveau son souffle en voyant ses joues rougies et son sourire gêné. Okay, mignon n’était définitivement pas un adjectif qu’elle aurait pensé associer à James Barnes un jour. Après tout, avant d’être ce type un peu paumé qu’elle avait décidé d’aider, il avait surtout été un héros de son enfance. Enfant, elle l’avait trouvé fort et courageux, adolescente, elle avait très certainement pensé canon, en tombant sur des clichés du meilleur ami de Captain America. Mais là tout de suite, il était possible qu’elle ait pu penser très brièvement, un micro-instant, que James était mignon. Ce qui eut pour effet de la gêner au moins autant que lui et elle ne s’autorisa à reprendre son souffle que lorsqu’il libéra sa main.
Le silence s’installa entre eux et Ava se dit qu’elle devait vraiment trouver quelque chose à dire si elle ne voulait pas qu’il s’éternise ou encore que James pense qu’il aurait mieux fait de se taire. Bien que, en y réfléchissant, il aurait peut-être mieux fait de ne rien dire, après tout, ils étaient tous les deux nuls lorsqu’il s’agissait de s’exprimer alors pourquoi s’acharner, hein ? Okay, ça commençait à être vraiment gênant. Depuis quand elle perdait ses moyens ainsi ? Jamais. La réponse était jamais. Elle ne perdait pas ses moyens. Ava Moriarty n’était pas une idiote qui se retrouvait à ne pas savoir quoi faire ou dire juste parce qu’un mec prenait de plus en plus de place dans son existence. Le tout sans prévenir, subtilement, jusqu’à devenir une de ces personnes essentielles à son bon fonctionnement. « Désolé, je... Je veux pas te mettre mal à l'aise mais... » Elle se retint de lui dire que c’était un peu trop tard pour ça et se tourna vers lui pour constater qu’il la fixait déjà depuis un moment. « Je... Je suis heureux d'avoir besoin de toi. » avoua-t-il avec un sourire gêné et Ava le regarda sans dire un mot. C’était… agréable, d’entendre ça ? Elle n’en savait rien, elle ne savait plus grand-chose, en cet instant. James était presque trop proche, son regard plongé dans le sien. Il semblait gêné par ce qu’il venait de dire et en même temps… presque soulagé d’avoir exprimé ça à voix haute. Alors il se rapprocha encore un peu et Ava se figea, interdite.
James posa ses lèvres sur les siennes et la jeune femme cessa de respirer. Elle mit un moment à réaliser ce qui était en train de se passer et la main de Barnes sur sa cuisse la ramena sur terre. Plus instinctivement qu’autre chose, Ava répondit au baiser, peut-être un peu maladroitement au début. Lorsqu’il s’écarta, silencieux, pour l’observer, elle s’autorisa enfin à reprendre son souffle et surtout, à essayer de comprendre ce qui venait de se passer. Il venait de l’embrasser. Okay, ça, c’était plutôt évident. Pendant un instant, elle voulut considérer la question du pourquoi, du comment. Un besoin de se sentir vivant, parce que ça faisait longtemps, parce qu’elle n’était pas la seule à éprouver tout un tas de choses contradictoires lorsqu’elle se trouvait en présence de James. Elle ne savait pas ce que c’était et elle n’était pas certaine de vouloir le savoir. Une voix dans sa tête cria mauvaise idée et elle avait raison. Elle était déjà trop impliquée dans toute cette histoire. Il n’y avait qu’à voir comment elle réagissait à chaque fois qu’il allait mal, qu’il se mettait en danger. Elle était déjà allée trop loin, elle prenait beaucoup trop de risques. Accueillir chez elle un ancien héros de guerre transformé en assassin par une organisation néo-nazie était déjà suffisamment stupide comme ça. Se retrouver à le bécoter sur son canapé, ça frôlait la folie pure.
Et puis merde. Elle glissa une main dans la nuque du jeune homme et vint presser ses lèvres contre les siennes. Quitte à s’attirer des ennuis, autant le faire correctement, non ? Et puis, il l’avait prise par surprise un peu plus tôt et il fallait réparer ça. Alors elle prit son temps, se montrant plus active que lorsqu’il l’avait embrassée. Elle n’avait pas tellement envie de réfléchir à ce que c’était, à ce qu’ils faisaient. Pas pour l’instant. La jeune femme n’avait pas une seule seconde envisagé qu’un tel scénario puisse produire, encore moins ce soir. Mais elle s’y plaisait plus que ce qu’elle aurait cru. Alors tant pis s’ils franchissaient encore une ligne dangereuse, parce qu’embrasser James Barnes s’avérait bien plus addictif que prévu. Lorsque le souffle vint à leur manquer, elle s’écarta de ses lèvres et appuya son front contre le sien, un sourire aux lèvres. « Et ça, je suppose que c’est ta technique peu conventionnelle ? » murmura-t-elle d’un air taquin. Quoi ? Ce n’était pas comme si elle pouvait affirmer avec certitude qu’elle savait ce qu’elle fichait, alors on ne pouvait pas tellement lui reprocher de se réfugier dans une chose qu’elle maîtrisait à peu près…
James n'avait pas bougé d'un pouce. Il était toujours parfaitement immobile, le regard plongé dans celui d'Ava, sa main toujours posée sur la cuisse de la jeune femme. Il ne comprenait pas pourquoi il avait fait ça, il ne parvenait pas à se l'expliquer. Y avait-il seulement une explication ? Il avait tout simplement arrêté de réfléchir et avait agi, il n'avait fait que suivre son instinct, sans se soucier des répercussions que cela pourrait avoir. Ils s'étaient déjà bien trop impliqués l'un pour l'autre et avaient pris bien trop de risques mais à ce moment précis, il n'y pensait pas, où plutôt ne voulait plus y penser.
Il décela un changement dans l'attitude d'Ava mais resta immobile, attendant de voir ce qu'elle allait faire. Il appréhendait un peu sa réaction. Comment est ce qu'elle allait réagir ? Il venait de l'embrasser, sans vraiment réfléchir aux conséquences que ça pourrait avoir mais n'avait pas non plus réfléchis à la réaction que pourrait avoir la jeune femme. Elle vint glisser sa main sur sa nuque et James sentit son cœur cogner un peu plus fort dans sa poitrine alors qu'elle se rapprochait de lui pour venir presser ses lèvres contre les siennes. Il ferma les yeux, l'embrassant en retour. Il ne comprenait pas cette situation. Depuis quand est ce que leur relation avait évoluée à ce point ? Bien sûr, ils s'étaient rapprochés depuis leur rencontre, avaient partagé énormément de choses, mais il se demandait si elle ressentait la même chose que lui. C'était totalement différent des aventures qu'il avait pu avoir dans son ancienne vie. C'était plus... Sérieux ? Il était plus impliqué ? Il ne parvenait pas à l'expliquer. Tout ce qu'il savait c'était qu'il était bien plus proche d'Ava depuis qu'il avait été blessé dans son appartement. Il était venu chez elle sans réfléchir, par instinct, parce qu'il voulait la revoir.
Après un moment qui paru une éternité au jeune homme, Ava s'écarta de ses lèvres et appuya son front contre le sien, lui murmurant d'un air taquin, un sourire aux lèvres. « Et ça, je suppose que c’est ta technique peu conventionnelle ? » James lâcha un léger rire et sa main quitta la cuisse d'Ava pour venir se poser sur la joue de la jeune femme. Il lui répondit lui aussi dans un murmure, souriant un peu plus. « Eh. Chacun son truc hein ? » Son sourire se fit plus large. Et il baissa les yeux pendant une fraction de seconde, légèrement gêné. Ce n'était pas encore digne du grand Bucky Barnes, mais il commençait à s'en rapprocher.
Le brun ouvrit la bouche, prêt à prendre la parole mais se retint, préférant fermer les yeux à la place. Ça faisait une éternité pour lui qu'il n'avait pas vécu ce genre de contact humain. Il commençait à peine à se réhabituer à ce qu'on le touche sans vouloir le blesser et voilà qu'il se retrouvait à embrasser Ava, sans vraiment savoir ce qu'il faisait. Il avait... Peur de mal faire ?
James libéra finalement la joue de la jeune femme, faisant glisser sa main sur sa nuque, caressant doucement ses cheveux. Il embrassa une nouvelle fois Ava puis abandonna ses lèvres pour déposer un baiser sur sa joue avant de descendre lentement jusqu'à son cou, continuant de déposer des baisers sur chaque parcelle de peau qui se présentait, s'arrêtant de temps en temps pour la mordiller.
Les battements de son cœur se faisaient de plus en plus rapide, de plus en plus fort tandis que sa respiration se faisait de plus en plus lourde. Tout en continuant d'embrasser Ava dans le cou, James fit passer sa main droite sous le t-shirt de la jeune femme, dans son dos, la ramenant contre lui. Il leva ensuite sa main métallique, près à la poser sur la nuque de la jeune femme mais s'immobilisa. Il s'arrêta net et releva son visage vers Ava, les sourcils froncés, restant bloqué, sa main métallique toujours en l'air, à quelques centimètres de la nuque de la jeune femme.
Il ne voulait pas se servir de sa prothèse, pas comme ça. Il avait fait des choses horribles grâce à cette abomination, il avait manqué de tuer Ava avec... Il ne se voyait pas l'utiliser pour la serrer contre lui. C'était comme si sa confiance en lui s'était envolée au moment où il avait réalisé ça et il resta un long moment immobile, son visage à quelques centimètres de celui d'Ava.
Le souffle d'Ava contre sa peau le ramena à la réalité et il reprit ses esprits, baissant sa prothèse pour la ramener contre lui. Il retourna son regard vers Ava et malgré son regard perdu lui lança un faible sourire. Il lâcha un faible. « Désolé je... » Dans un murmure mais ne termina pas sa phrase, préférant secouer doucement la tête, fermant ses yeux. Il fallait qu'il arrête de se prendre la tête, ça n’était pas le moment pour ça. Pourquoi est ce qu'il ne pouvait tout simplement pas profiter de cet instant au lieu de se remettre en question ? Il déposa un bref baiser sur les lèvres de la jeune femme, préférant oublier ce qu'il venait de penser et déconnectant son cerveau.
James passa ses doigts le long de la colonne vertébrale d'Ava, l'effleurant du bout des doigts et s'attaqua à nouveau à ses lèvres, les embrassant avec plus d'intensité à mesure que ses battements de cœurs se faisaient plus forts et plus rapides. Serrant Ava contre lui de sa main droite, il la força doucement à s'allonger sur le canapé pour se retrouver au dessus d'elle, s'appuyant sur ses mains posées de chaque côté du visage de la jeune femme. Il se pencha vers son visage, l'embrassant une ultime fois avant de se redresser de quelques centimètres et lui lançant un sourire bien plus grand que les précédents.
Les réponses à ses questions viendraient en temps et en heure. Pour l'instant, James voulait juste profiter de ce moment, profiter de cet instant avec Ava. Il posa sa main sur la joue de la jeune femme, la lui caressant doucement avec son pouce puis vint enfouir son visage dans le creux du cou d'Ava, l'embrassant sauvagement, la mordillant avec plus d'enthousiasme tandis qu'il faisait glisser sa main droite le long du corps de la jeune femme pour l'arrêter sur l'intérieur de sa cuisse, la lui caressant délicatement.
Le cœur de Bucky battait à tout rompre et sa respiration, rauque, était bien plus rapide que ce à quoi il s'attendait. Il retira son visage du cou d'Ava le temps de reprendre son souffle et resta immobile. Il releva la tête, plongeant ses yeux dans ceux de la jeune femme et finit par s'y perdre. Il s'était complètement laissé submergé par ses émotions et avait agit sans réfléchir. Il attendit la réaction d'Ava, silencieux.
Au moins, sa remarque tira un nouveau rire à Bucky, ce son qu’elle appréciait de plus en plus. Elle ne put s’empêcher de le suivre, soulagée d’avoir obtenu cette réaction. Qu’est-ce qu’ils étaient en train de faire, au juste ? Une erreur monumentale ? C’était fort probable. Pourtant, James ne semblait pas regretter son geste et même si elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que c’était probablement une grosse bêtise, Ava ne parvenait pas non plus à regretter ce baiser. Elle aurait dû, pourtant. Elle avait déjà pris conscience qu’elle s’était trop impliquée, elle le savait. Et au lieu de freiner tout cela, de prendre ses distances et d’agir avec plus de sérieux, elle s’enfonçait encore plus. Alors oui, elle aurait dû regretter ce geste. Mais elle en était parfaitement incapable. Lorsqu’il remonta sa main pour la poser sur sa joue, elle cessa de rire pour soutenir son regard. « Eh. Chacun son truc hein ? » Elle répondit à son sourire par un hochement faussement navré de la tête. Elle s’était demandé si ce baiser n’allait pas rendre les choses totalement étranges entre eux et si James semblait encore gêné, cela ne l’empêchait visiblement pas de rire et de plaisanter avec elle. Honnêtement, Ava aurait vraiment regretté ce geste, si ça avait changé cela entre eux. Car c’était peut-être ce qu’elle appréciait le plus dans cette relation étrange qu’ils étaient en train de bâtir. Il libéra sa joue, mais sa main vint se glisser dans sa nuque, lui tirant un frisson. Alors leurs lèvres se joignirent à nouveau pour un court instant, avant qu’il ne les abandonne pour sa joue et son cou. De ses doigts, Ava attrapa les cheveux du jeune homme tandis qu’il passait une main sous son tee-shirt, afin de la poser à même la peau de son dos. Mais alors il se figea brusquement et releva la tête vers elle. Elle n’eut pas besoin de regarder pour savoir ce qui l’avait ainsi arrêté. Sa main de métal, à quelques centimètres de son visage, figée, tandis qu’il semblait parfaitement incapable de savoir quoi faire.
Le souffle bloqué dans sa gorge, Ava le regarda écarter sa main et relever la tête. « Désolé je... » De quoi s’excusait-il ? D’avoir son lot de problèmes qu’elle comprenait parfaitement ? La jeune femme fronça légèrement les sourcils, prête à répliquer, mais il la coupa d’un baiser. D’accord, ce n’était peut-être pas le moment de débattre sur ce sujet, elle comprenait qu’il n’en ait aucune envie. Mais il n’allait pas s’en tirer comme ça. Elle n’était pas du genre à laisser tomber les sujets sensibles parce que c’était plus simple comme ça. Pourtant, avant qu’elle ait le temps d’y réfléchir plus longtemps, il effleura sa colonne vertébrale du bout des doigts et recommença à l’embrasser avec plus d’enthousiasme. Pressée contre lui, elle percevait distinctement les battements effrénés de son cœur, qui faisaient échos aux siens. Et c’était peut-être une erreur, mais qu’importe. Sans trop s’en rendre compte, elle finit allongée sur le canapé, surplombée par James qui esquissa un sourire. Ça aussi, c’était plutôt agréable. La jeune femme commençait à se demander si elle n’était pas en train de développer une fascination étrange pour le rire et le sourire de Barnes. C’était un peu ridicule, non ? Bah, tant que personne ne l’apprenait, elle pouvait bien vivre avec ça. Lorsqu’il plongea son visage dans son cou pour y embrasser et mordiller sa peau, elle laissa échapper un soupir tremblant et glissa ses doigts dans les cheveux du jeune homme, se faisant brièvement la réflexion que leur longueur pouvait s’avérer plutôt pratique.
Il frôla son corps du bout des doigts, jusqu’à s’immobiliser au niveau de sa cuisse pour relever la tête vers elle et plonger son regard dans le sien. Il sembla l’interroger silencieusement, se demander s’il n’était pas, lui aussi, en train de commettre une grave erreur. Alors elle esquissa un sourire rassurant et ramena ses mains pour enserrer le visage de James entre ses paumes. Ava prit un instant pour observer ses traits, la main qu’il avait posée sur sa cuisse, puis celle qui lui permettait de prendre appuis. Celle qu’il semblait tenir le plus loin possible d’elle. La jeune femme fronça les sourcils, puis libéra son visage pour poser ses paumes sur son torse et le repousser fermement. Préférant éviter qu’il se fasse des idées et s’imagine qu’elle voulait mettre un terme à ce qu’il se passait ici, elle se redressa à son tour, passa ses bras autour de la nuque de James et s’installa sur ses cuisses sans aucune gêne. Là, elle posa brièvement ses lèvres sur les siennes puis s’écarta un peu pour plonger son regard dans le sien. Elle semblait sérieuse, presque déterminée, comme si tout ceci avait une importance toute particulière. Elle détacha ses mains de la nuque du jeune homme et sans même hésiter, attrapa le bas de son tee-shirt pour le passer au-dessus de sa tête et le laisser tomber sur le sol, derrière elle. Ava n’était pas particulièrement pudique. La confiance en soi était une des premières choses qu’elle avait maitrisées, surtout lorsqu’il s’agissait de son apparence physique. Les entraînements du SHIELD avaient sculpté son corps et si de nombreuses cicatrices parcouraient son abdomen et son dos, elles étaient la preuve qu’elle avait survécu à toutes ces épreuves. Elle n’avait pas l’intention de les cacher. Et il était hors de question que James pense qu’elle pourrait être gênée par les siennes. Le souffle rauque, sans quitter le brun du regard, elle alla saisir sa main. Celle faite de métal, bien plus froide que le reste de son corps, dont elle percevait parfaitement la chaleur à présent. « Tu penses trop, » murmura-t-elle doucement.
Sans lui laisser le choix, elle ramena sa main jusqu’à sa taille, frissonnant au contact froid du métal sur sa peau. Elle la libéra, juste pour pousser son coude jusqu’à ce que son bras entoure complètement sa taille. « Tu penses beaucoup trop, » ajouta-t-elle avant d’aller presser sa poitrine nue contre son torse, puis ses lèvres sur les siennes. Elle prit son temps, comme si elle souhaitait imprimer le tracé dans sa mémoire, jusqu’à le connaître par cœur. Elle ne s’écarta que pour reprendre son souffle et s’autorisa enfin à esquisser un sourire. Elle espérait qu’il avait compris le message. Qu’elle se fichait complètement de tout ça, qu’il était le seul que le souvenir de ce qu’il avait pu faire dérangeait, en cet instant même. Qu’elle acceptait toutes ces facettes de lui, même les plus sombres. Qu’elle faisait les choses entièrement et ne choisissait pas seulement le plus facile, le plus arrangeant.
Il avait bien vu qu'elle avait froncé les sourcils quand il s'était excusé juste avant mais il avait préféré ne pas y prêter attention. Ce n'était pas le moment pour ça. Il avait recommencé à l'embrasser pour éviter d'affronter le regard d'Ava et qu'elle ne lui dise encore d'arrêter de s'en faire. Il savait déjà tout ça. Il savait qu'il devait cesser de se prendre de la tête pour ce qu'il avait pu faire dans son passé et qu'il devait arrêter de se sentir coupable. Il ne pouvait pas s'en empêcher, c'était plus fort que lui. Même quand il semblait commencer à aller mieux, quand il faisait des progrès, le moindre problèmes le ramenait à ses périodes de doutes et le paralysait.
James attendait la réaction d'Ava, presque paralysé par les questions qu'il se posait. Il n'avait pas peur de mal faire... Il était terrifié. Terrifié par ce qu'il était en train de faire. Il ne s'en sentait pas digne, se disait qu'il ne méritait d'avoir le droit à un peu de répit dans sa vie en reconstruction. Est ce qu'il n'était pas en train de commettre une grave erreur ? Ils étaient déjà aller bien trop loin et s'étaient bien trop rapprochés pour qu'il ne remette pas la situation en question.
Ava ramena ses mains sur le visage de James, le prenant entre ses paumes et lui lança un sourire rassurant. Il soutint son regard alors qu'elle l'observait et le suivit quand elle le posa sur ses mains, la droite toujours posée sur la cuisse de la jeune femme et sa prothèse sur laquelle il s'appuyait. La jeune femme fronça les sourcils, puis libéra son visage pour venir poser ses paumes sur son torse et le repousser fermement. Alors elle pensait la même chose que lui ? James lui lança un regard désolé et s'apprêta à bouger, persuadé qu'il le méritait mais Ava se redressa, passant ses bras autour de sa nuque tout en s'installant sur ses cuisses. Il ne réagit pas, complètement perdu par la suite des événements. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il n'eut pas le temps de se poser des questions qu'elle posa brièvement ses lèvres sur les siennes avant de s’écarter de lui pour plonger son regard dans le sien. Son regard semblait déterminé et James le soutint difficilement. Même sans qu'elle ne prononce un mot, il savait très ce que regard voulait dire. Il fallait qu'il arrête de trop réfléchir et qu'il laisse son passé derrière lui.
Ava libéra ses mains de sa nuque et retira dans la foulée son t-shirt qu'elle laissa tomber au sol. James laissa son regard passer sur le corps de la jeune femme, ses sourcils se fronçant légèrement quand il réalisa le nombre de cicatrices qu'elle avait. Il savait qu'elle en avait, elle lui avait montré celle qui lui barrait le bas ventre lors d'une de ses visites chez lui. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle en ait autant. Son regard toujours braqué sur celui de James, elle prit sa main métallique dans la sienne avant de murmurer doucement. « Tu penses trop, » Ce qui provoqua un nouveau froncement de sourcils chez le brun qui serra la mâchoire. Il savait déjà ça, il en était déjà conscient mais il ne parvenait pas à s'en défaire. Il ne cessait de se dire qu'Ava ne méritait pas ça. Qu'elle méritait mieux que lui.
La jeune femme ramena la main de James jusqu’à sa taille et il la sentit frissonner au contact du métal contre sa peau. Elle la libéra ensuite poussant le coude du brun afin que son bras entoure complètement la taille de la jeune femme. « Tu penses beaucoup trop, » Elle vint presser sa poitrine contre son torse et James expira bruyamment en sentant la chaleur de la peau d'Ava contre la sienne. La jeune femme pressa ses lèvres contre celle du brun, l'embrassant longuement, prenant son temps et James répondit à son baiser, fermant les yeux. Sans s'en rendre compte, sa prise sur la taille de la blonde se fit plus forte, son bras la serrant contre lui et ce n'est que lorsqu'Ava s'écarta de son visage qu'il réalisa ce qu'il venait de faire avec sa prothèse.
Ava esquissa un sourire et James lui sourit faiblement en retour, un air désolé sur le visage, réalisant à quel point il avait été stupide. Elle se fichait de ce qu'il avait fait dans son passé. Elle le connaissait, savait qui il était vraiment. Ce n'était pas lui qui avait accompli toutes ces horreurs, ce n'était pas lui qui avait utilisé ce bras pour commettre ces crimes. Il baissa les yeux et secoua doucement la tête tout en maugréant un. « Un abruti... » Il releva les yeux sur le visage d'Ava et esquissa à son tour un sourire. Il s'était planté sur toute la ligne, avait eu tout faux depuis le début. Il n'était plus l'assassin de l'HYDRA ou du KGB. Il était James Barnes. Il méritait tout ça. Il lâcha un léger rire tout en secouant une nouvelle fois la tête. « Je suis qu'un putain d'abruti. »
Son bras gauche était toujours fermement serré autour de la taille de la jeune femme et il bougea légèrement ses doigts, comme pour s'assurer que c'était bien lui qui maintenait Ava contre son corps. Il prit une profonde inspiration et ferma les yeux un instant, comme pour signaler à Ava qu'il s'excusait et rapprocha son visage du sien pour l'embrasser tendrement. Il fit passer sa main droite dans le dos de la jeune femme, le lui caressant du bout des doigts, s'arrêtant sur les cicatrices qu'il sentait pour les effleurer délicatement. Chaque expiration de la jeune femme contre sa peau lui tirait des frissons et il pouvait sentir son cœur battre à l'unisson avec le sien à mesure que leur échange se prolongeait. Sa respiration commençant à lui manquer, il s'écarta du visage d'Ava pour l'observer silencieusement, le souffle rauque et ramena sa main droite sur le front de la jeune femme pour en écarter une mèche de cheveux. Il plaça sa main sur sa nuque, lui caressant doucement les cheveux et revint presser ses lèvres contre les siennes
Continuant d'embrasser la jeune femme, il s'appuya délicatement sur elle, la forçant à nouveau à s'allonger sur le dos pour se retrouver au dessus d'elle. Il prit quelques secondes pour reprendre son souffle et observa Ava, son visage n'étant qu'à quelques centimètres du sien, un sourire naissant sur ses lèvres alors qu'il laissait son regard parcourir son corps.
Il ramena son corps sur celui d'Ava, expirant bruyamment en sentant sa peu brûlante contre la sienne et pressa son bassin contre le sien. Il déposa un bref baiser sur ses lèvres, puis un second alors que sa main droite allait attraper celle de d'Ava, la serrant dans la sienne, entremêlant leurs doigts. Ses lèvres joignirent celles de la jeune femme, les meurtrissant plus violemment, avec plus d'intensité qu'auparavant alors qu'il commençait à exécuter un mouvement de va et vient avec son bassin, sa respiration se faisant plus lourde à mesure que les secondes passaient.
Il avait complètement arrêté de réfléchir ou de penser. Il ne voulait plus se torturer avec ses états d'âmes. Tout ce que Bucky voulait à présent c'était profiter de cet instant avec Ava, sans se poser de questions. Ne faire plus qu'un avec elle sans se soucier des conséquences.
Continuant de l'embrasser avec toujours autant d'intensité, la respiration lourde et son cœur cognant violemment contre sa cage thoracique, il lâcha la main d'Ava et lui retira son boxer, le faisant glisser le long de ses jambes et en fit de même avec le sien. Il libéra finalement les lèvres de la jeune femme, reculant son visage du sien pendant quelques secondes et la regarda silencieusement, son regard plongé dans le sien avant de lui sourire une dernière fois. Cette fois c'était vraiment un sourire digne de lui, un sourire franc, comme pour lui montrer qu'il la remerciait.
James rapprocha le plus lentement possible son visage de celui d'Ava et vint l'embrasser tendrement, langoureusement. Il laissa passer quelques secondes dans cet échange avant de reculer son visage et finit par venir doucement en elle, poussant un gémissement rauque. Il resta un instant immobile, ses lèvres à quelques millimètres de celles d'Ava, sentant son souffle mourir contre sa peau et l'embrassa à nouveau.
Il ne bougea pas, au début. Confus, ou parce qu’il n’osait pas, sûrement parce qu’il n’osait pas. Mais alors que leur baiser se prolongeait, qu’il cessait enfin de réfléchir à ce qui n’avait pas lieu d’être en cet instant, Ava sentit sa prise se raffermir autour de sa taille. Elle sourit contre ses lèvres, s’autorisa un soupir satisfait et retourna plonger ses doigts dans les cheveux de James. Elle mit fin au baiser pour reprendre son souffle et l’observa avec attention pour voir enfin un sourire sur son visage. Bien malgré elle, son cœur manqua un battement et elle sentit ses lèvres s’étirer un peu plus de le voir ainsi. « Un abruti... » maugréa-t-il et la jeune femme arqua un sourcil tandis qu’il riait légèrement en secouant la tête. « Je suis qu'un putain d'abruti. » Elle n’en pensait pas tant, très sincèrement, en décidant d’aider le Winter Soldier, Ava ne s’était pas attendue à ce qu’il progresse aussi vite, aussi bien. Et très franchement, elle n’avait pas imaginé une seule seconde que ça puisse les mener à ça. Elle ouvrit la bouche pour faire un commentaire sarcastique, mais il remua ses doigts, lui tirant un léger grondement lorsque le métal froid frôla sa peau. Parce que ce n’était pas grave, parce que ça ne la dérangeait pas, elle esquissa un petit sourire qui disparut lorsqu’il reposa ses lèvres sur les siennes. De son autre main, il parcourut son dos, s’attardant sur les cicatrices qui le recouvraient. Des entraînements qui avaient un peu dérapé, des missions qui s’étaient mal terminées, des preuves qu’elle n’en faisait qu’à sa tête et prenait des risques inconsidérés, parce qu’elle faisait toujours les choses entièrement, quitte à se mettre dans des situations terribles. Le bras autour de sa taille était toujours froid, mais la chaleur qui s’emparait peu à peu d’elle compensait parfaitement cela. Un soupir rauque lui échappa lorsqu’il frôla une zone plus sensible que le reste dans son dos et elle alla taquiner la lèvre inférieure de James de ses dents, comme pour se venger. Lorsqu’ils se séparèrent à nouveau, ils avaient tous deux le souffle court, les lèvres rougies et presque douloureuses. Mais qu’importe. Parce qu’elle pouvait lire la même envie, le même désir dans son regard. Lorsqu’il remonta sa main pour écarter une mèche de cheveux de son front, avant d’aller la nicher dans sa nuque, elle ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire et le laissa reprendre le dessus.
C’était fébrile, empressé. Ils n’étaient pas là pour prendre leur temps, pas cette fois-ci, ils n’en étaient pas capables. La seule chose qui importait était d’avoir l’autre, ici, maintenant. Il vint saisir sa main qu’elle serra fermement tandis qu’il pressait son bassin contre le sien. Leurs lèvres se joignirent à nouveau dans un échange brulant, désordonné, parfait. Ava n’était pas du genre à s’ouvrir, à s’abandonner, à laisser le contrôle. Il y avait toujours cette part d’elle qui avait besoin de s’assurer qu’elle avait bien les choses en mains, que la situation ne risquait pas de déraper, de lui échapper complètement. Elle avait reproché à James de trop penser, de trop réfléchir, mais elle le faisait aussi, elle n’abaissait jamais totalement sa garde. Personne ne la dirigeait, c’était une chose qu’elle avait toujours bien fait comprendre. Pourtant, à mesure que James cessait de réfléchir, à mesure qu’il s’abandonnait, la jeune femme se voyait faire de même. C’était différent. Parce qu’il avait déjà gagné sa confiance, parce qu’elle lui avait déjà donné droit de vie ou de mort sur elle en misant tout sur sa capacité à lutter contre le Winter Soldier. Parce qu’il s’était ouvert le premier, en lui confiant ses démons et les pires facettes de son être, celles qu’il n’aurait jamais osé montrer à d’autres.
Parce que ça n’avait rien d’une lutte pour le pouvoir, c’était un besoin brulant, vital de l’autre. Il libéra sa main pour retirer le dernier vêtement qu’elle portait encore et elle lui facilita la tache avant de l’aider à faire de même avec des gestes empressés, impatients. Son regard accrocha le sien et son cœur cognait déjà douloureusement dans sa poitrine mais lorsqu’il esquissa ce sourire avant de l’embrasser, Ava sentit ses dernières défenses s’effondrer. Il y aurait du temps plus tard pour réfléchir, pour s’interroger et se remettre en question. Si une personne se devait de la connaître entièrement, sans réserve, si une personne avait gagné ce droit, c’était James. Alors elle referma ses cuisses autour de ses hanches et se cambra contre lui, accompagnant son geste. Son souffle bloqué dans sa gorge, une main accrochée à son épaule et l’autre dans ses cheveux, elle alla appuyer son front contre le sien. Le gémissement rauque qu’il laissa échapper sembla résonner inlassablement et elle ne s’autorisa à souffler enfin que lorsqu’il s’immobilisa. La respiration hachée, laborieuse, elle répondit fébrilement à son baiser qu’elle finit par interrompre pour aller nicher son visage dans le cou de James en espérant recouvrer ses esprits. Pendant un instant, elle regretta sa vie mouvementée, les missions à répétitions qui l’avaient visiblement condamnée à mener une vie de nonne ces derniers temps et qui ne lui facilitait pas vraiment la tâche. Contenant à peine un sourire qu’il ne pouvait heureusement pas voir à cette pensée, elle pressa ses lèvres dans son cou, une fois, puis deux. Elle lâcha son épaule et fit glisser sa main le long de son flanc avant de finalement plaquer sa paume au creux de ses reins. Ses lèvres retracèrent la peau de son cou, lentement, puis vinrent se poser derrière son oreille, à peine un frôlement. Ava se cambra un peu plus contre lui et un soupir rauque lui échappa, tandis que ses doigts s’enfonçaient dans la peau de son dos, lui intimant sans un mot de bouger. Réalisant que son attitude précédente avait peut-être inquiété James et que ce n’était vraiment pas le moment pour lui d’hésiter, elle emprisonna le lobe de son oreille entre ses dents avant de murmurer d’une voix rauque : « J’t’attends, big guy. » Elle éloigna son visage de son cou et plongea son regard dans le sien. Un sourcil arqué, un sourire espiègle au coin des lèvres, elle s’écarta légèrement, puis retourna presser son bassin contre le sien, lascivement. Ultime provocation pour lui rappeler que rien ne pourrait les arrêter, à ce stade.
Il s'était immobilisé, la respiration lourde, pour embrasser une nouvelle fois Ava qui s'était collée à lui, ses cuisses enserrant ses hanches, les mains accrochées à son épaule et sa nuque. Elle quitta ses lèvres pour enfouir son visage dans le coup de James, y déposant un baiser, puis un deuxième. Sa main lâcha son épaule et elle la fit glisser le long de son flanc pour finalement plaquer sa paume au creux des reins de Bucky, lui tirant un léger frisson. Ses lèvres remontèrent de son cou pour s'arrêter à son oreille, l'effleurant, forçant James à fermer les yeux une fraction de seconde, se concentrant pour ne pas frissonner.
Ava se cambra un peu plus contre lui, laissant échapper un soupir rauque auquel James répondit en expirant bien plus bruyamment. Il sentit ses muscles se crisper légèrement quand elle enfonça ses doigts dans la peau de son dos et il poussa un nouveau soupir. Il sentit les dents de la jeune femme se refermer sur le lobe de son oreille avant qu'elle ne murmure. « J’t’attends, big guy. » D'une voix rauque, poussant James à expirer bruyamment par le nez, son souffle haché par le rire qu'il retenait difficilement. Il secoua doucement la tête, levant les yeux au ciel. Elle n'aurait pas eu besoin de le dire... Il avait bien compris qu'elle voulait la même chose que lui. Elle quitta finalement son cou, plongeant son regard dans le sien, un sourcil arqué et un sourire au coin des lèvres. James soutint son regard, souriant lui aussi et murmura un « T'es pas croyable... » D'une voix amusée. Elle se recula ensuite, puis ramena une nouvelle fois son bassin contre celui de James, lui tirant un nouveau soupir rauque.
Il se sentait vraiment idiot pour avoir pu douter d'Ava. Il ne pouvait plus s'en vouloir, continuer à se rabaisser comme ça, pas maintenant qu'elle lui avait montré qu'elle n'avait que faire de son passé. Ils avaient bien trop partagé, s'étaient bien trop ouvert l'un à l'autre pour qu'il continue à faire ça. Il ne pouvait pas faire ça à Ava, pas après tout ce qu'elle avait fait pour lui.
Il se recula légèrement, profitant de ce faible moment de répit pour reprendre son souffle et ramena son bassin contre celui d'Ava avec plus d'intensité, laissant échapper un gémissement rauque. Il répéta son geste un peu plus intensément, venant ensuite enfouir son visage dans le cou de la jeune femme pour l'embrasser tendrement, laissant son souffle y mourir. James continua son mouvement de va et vient, avec de plus en plus d'intensité, poussant des soupires de plus en plus puissants, s'arrêtant de temps en temps pour embrasser Ava dans le cou ou meurtrir sa peau en la mordillant.
Bucky retira ses lèvres du cou de la jeune femme pour relever la tête, laissant une nouvelle fois son regard se perdre dans les yeux d'Ava puis ramena sa main dans les cheveux de la blonde, les caressant doucement alors qu'il reculait son bassin pour ensuite revenir sur ses lèvres, se délectant de pouvoir les coller aux siennes, savourant chaque seconde qu'il passait à les presser contre les siennes. Il revint coller son bassin contre celui d'Ava, plus vivement, libérant ses lèvres au moment où un nouveau gémissement vint franchir les siennes.
Il accéléra ses mouvements, ses gémissements se faisant de plus en plus puissant, de même que ses pulsations cardiaques et retourna vers le cou d'Ava, y enfouissant son visage et se surprit à murmurer un « Ava... » A peine audible, ses doigts agrippant plus fermement les cheveux de la jeune femme alors qu'il continuait de venir presser son corps contre le sien, expirant bruyamment en sentant sa peau brûlante contre la sienne.
Plus ne rien ne comptait pour James à part Ava. Il n'y avait plus qu'elle dans son esprit, toutes ses pensées étaient pour elle, n'étaient dirigées que vers elle. Ce moment leur appartenait. Il n'était plus question de l'HYDRA, du KGB ou du SHIELD. Il n'y avait plus de Winter Soldier ou d'agent Ekko. Ils ne faisaient plus qu'un.
James remonta ses lèvres jusqu'à celles d'Ava, les taquinant ardemment, lui mordillant sa lèvre inférieure, ne s'arrêtant que pour y déposer de brefs baisers. Un nouveau soupir lui échappa et il murmura un faible. « Ava... » Contre ses lèvres, le reste de sa phrase se mourant dans sa gorge. Il n'avait pas eu besoin de prononcer d'autres mots, son simple prénom suffisait. Il savait qu'elle comprenait. Il s'était posé trop de questions plus tôt, s'était demandé s'il pourrait se laisser aller, s'il parviendrait à satisfaire Ava. Ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait plus fait ça, il avait eu peur de mal faire. Mais à présent qu'il se laissait aller, qu'il s'abandonnait dans les bras d'Ava et qu'il ne faisait plus qu'un avec elle, il se fichait de ce qu'il avait pu penser.
Il se recula de la jeune femme, le corps tremblant, la respiration lourde, prenant quelques secondes pour retrouver ses esprits. Il revint plus vivement en elle, gémissant et continua d'accélérer ses mouvements, le visage enfoui dans la chevelure de la blonde, sa main métallique agrippant le canapé.
Pressant une dernière fois son corps contre celui d'Ava, James poussa un ultime gémissement rauque, puissant. Il s'immobilisa, les muscles crispés, haletant, son cœur menaçant d'éclater dans sa poitrine puis se laissa retomber sur Ava, le visage contre sa joue et y déposa un baiser, fermant les yeux tout en reprenant son souffle.
Il se retint clairement de rire à sa remarque, secouant la tête sans contenir son sourire. Et c’était peut-être ça, le mieux. De pouvoir se dire que même avec ce qu’ils étaient en train de faire, que même après avoir franchi cette limite qu’ils ne pourraient certainement jamais retracer, rien n’avait véritablement changé. Qu’ils ne feraient jamais partie de ceux qui couchaient ensemble sur un coup de tête et se retrouvaient incapables de se regarder dans les yeux ou de s’adresser la parole après. Il n’y avait pas de place pour la gêne et les regrets entre eux. Pas après ce qu’ils avaient déjà partagé, pas lorsque toutes les fibres de son corps la poussaient vers lui. Ce qui arriverait plus tard importait peu, tout ce qui n’était pas James n’avait plus aucun intérêt. Elle s’accrocha à lui, pressa son corps contre le sien tandis qu’il plongeait son visage dans son cou. Chaque son émit par le jeune homme l’électrisait complètement, lui donnait à la fois envie d’y répondre et d’en entendre plus. Il n’y avait plus que lui, ses lèvres, son souffle, ses mains, les battements effrénés de son cœur. C’était dévastateur, cette chaleur dans ses veines, ce besoin d’en avoir plus et de le laisser tout prendre. Sa main quitta le creux des reins de James, remonta entre ses omoplates et ne bougea plus, s’accrocha à lui. L’autre libéra un moment ses cheveux pour glisser dans sa nuque et jusqu’à son visage, où elle pressa sa paume contre sa joue tandis qu’il plongeait son regard dans le sien. Elle pouvait tout voir de lui, de ses sourcils froncés sous l’effort et la concentration à ses pupilles si dilatées qu’elles semblaient avaler ses yeux clairs.
Il n’y avait pas le confort de la pénombre pour masquer ces choses-là. Ils n’avaient pas besoin de cacher quoi que ce soit, ils ne se connaissaient peut-être pas encore par cœur, mais il n’y avait aucune honte à s’ouvrir à l’autre. C’était une chose puissante, écrasante, c’était parfait. James plongea ses doigts dans ses cheveux blonds et se pencha pour capturer ses lèvres avant d’éloigner son bassin. Ava grogna presque dans leur baiser tandis qu’il semblait prendre son temps et lorsqu’il revint en elle, ses doigts s’enfoncèrent dans sa chair, son corps s’arqua contre le sien et elle entrouvrit les lèvres dans un cri silencieux qui resta bloqué dans sa gorge. Elle libéra sa joue, retourna agripper ses cheveux dans une poigne ferme. La jeune femme plia un genou, le ramenant contre le flanc de James, l’enserrant plus encore entre ses cuisses. Cambrée contre lui, elle accompagna son rythme, répondit à chacun de ses soupirs. « Ava... » le murmure rauque, à peine perceptible ainsi étouffé dans son cou, la fit presque trembler. Le frisson qui parcourut son échine lui tira un gémissement, la chaleur dans son ventre se diffusa jusqu’à sa poitrine déjà douloureuse et elle alla enfouir son visage dans les cheveux de James, s’enivrant de leur odeur, cet étrange mélange de ce qui était Barnes et du shampoing qu’il lui empruntait depuis qu’il était chez elle. Etrange et pourtant parfait.
Ava n’abaissait pas ses défenses, Ava ne comptait sur personne. Pourtant, elle s’accrochait à lui comme s’il était la chose la plus importante en ce monde. Lorsqu’il releva la tête pour capturer ses lèvres, elle vint immédiatement à sa rencontre, s’abreuva de son souffle et de ses soupirs. Il murmura à nouveau son prénom contre ses lèvres et c’était comme si elle lui appartenait un peu plus encore. Alors il s’écarta et elle émit un gémissement plaintif avant de chercher son regard, de s’y accrocher un court instant. Elle voulut l’appeler, lui dire qu’il lui fallait plus, qu’elle avait besoin de lui, tout de suite. Mais il sembla comprendre et lui tira un gémissement rauque et retournant se perdre en elle. Il n’y avait plus de rythme, plus de sens, tout n’était plus que désordre. Ils n’étaient plus que deux corps cherchant désespérément à se fondre dans l’autre. Une main dans les cheveux de James, l’autre sur son dos, elle y traça une ligne de ses ongles, dans le creux de ses reins. Enfin, presque désespérée à cause de cet instant où tout était trop sans être assez, Ava s’accrocha à lui (et tant mieux si c’était une fesse ferme et musclée sous sa paume) et le poussa vers elle, toujours plus vers elle. Chacun de ses muscles sembla se tendre et elle se cambra une dernière fois contre lui, les lèvres entrouvertes sur un gémissement presque plaintif. Rapide, dévastatrice, la vague qui la secoua la laissa tremblante tandis qu’à son tour, il se figeait dans un gémissement rauque à son oreille.
Toute la tension sembla les abandonner au même moment et elle accueillit le baiser sur sa joue avec un petit sourire. Ainsi pressée contre lui, elle pouvait sentir les battements effrénés de son cœur, similaires aux siens. Sa joue appuyée contre la sienne, elle sentait son souffle rauque balayer son cou. Ava libéra la poignée de cheveux qu’elle avait toujours dans la main et glissa ses doigts dans la tignasse complètement emmêlée de James dans une caresse tendre tout en essayant de reprendre son souffle. Son autre main remonta dans le dos du jeune homme, y traçant des arabesques dénuées de sens. Petit à petit, ils semblèrent enfin retrouver un semblant de calme dans un silence agréable, réconfortant. Ava tourna légèrement la tête et alla presser ses lèvres sur la tempe de James. Avec un sourire en coin, elle dégagea quelques mèches de ses cheveux trop longs venues se coller contre son front, puis déposa un baiser au coin de ses lèvres. « J’ai besoin d’une douche, » murmura-t-elle d’une voix rauque. Elle déposa un autre baiser, sur sa bouche cette fois-ci. « Et toi aussi, » susurra-t-elle avec un sourire taquin. Elle s’écarta un peu pour plonger son regard dans le sien. « Et avant que tu ne poses la question, oui, je suis toujours aussi délicate, » ajouta-t-elle avant de le forcer à se redresser. Elle se leva sur des jambes encore un peu tremblantes et sans même un regard en arrière, attrapa la main de James pour l’entraîner à sa suite, jusqu’à la salle de bain.
Sans être une fleur sensible et délicate, elle n’appréciait pas spécialement l’état dans lequel l’on se retrouvait après ce genre d’activités et elle estimait avoir au moins besoin d’une bonne douche chaude pour se remettre les idées en place. En quelques gestes, elle alluma le jet de la douche, attendit que l’eau qui en sorte soit presque brulante et se glissa en-dessous en attirant James vers elle. Elle ferma les yeux un instant, poussa un soupir de bien-être puis les rouvrit pour trouver un air amusé sur le visage de Barnes. Ava arqua un sourcil et leva une main vers lui pour la glisser dans sa nuque avant de lui faire baisser la tête sous le jet d’eau. Ses cheveux se plaquèrent sur son visage, lui donnant un air particulièrement comique dont elle n’hésita pas à se moquer. « Je crois que j’apprécie de plus en plus cette maudite tignasse, » fit-elle d’un air faussement songeur. Comme pour appuyer ses propos, elle attrapa ses cheveux désormais trempés et se dressa sur la pointe des pieds pour aller taquiner sa lèvre inférieure, entre ses dents. « Elle a ses avantages, » susurra-t-elle avant de rire doucement et d’achever d’attirer James vers elle pour qu’ils se trouvent tous deux sous le jet d’eau brulant.
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Lun 26 Oct - 4:01
