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 Ask your questions | Harriett

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Anonymous
it's a revolution, i suppose
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MessageSujet: Ask your questions | Harriett   Ask your questions | Harriett Icon_minitimeVen 16 Oct - 16:42
questions ?
Did you work upon the railroad, Did you rid the streets of crime, Were your dollars from the white house, Were they from the five and dime (Pogues - Thousands Are Sailing)

Encore plus fort. Encore plus puissant. Encore plus percutant. Mes poings frappent. Mes poings assomment. Mes poings assènent. L’impact vibre dans tout mon bras. Il secoue mon corps de mini-séismes. Chaque impact est maîtrisé. Chaque coup est pensé. Se battre n’est pas qu’une affaire de force. Se battre est une affaire de stratégie. Tester l’adversaire. Lire dans ses yeux. Localiser ses faiblesses. Frapper. Frapper durement. Endurer les coups. Tenir le plus longtemps possible. Se battre n’est pas une mince affaire. Si je m’en sors très bien en art martial, je m’entraîne encore plus dur à la boxe. On sous-estime la force d’un simple coup de poing dans le visage de quelqu’un. Je ne compte pas les coups, ni les minutes qui s’écoulent. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici. Seules les douleurs dans mes bras m’indiquent que je me suis exercée depuis plus d’une heure. Je n’ai pas terminé. Je dois encore progresser. Devenir la meilleure. Pouvoir se battre contre n’importe quel adversaire. Pouvoir me protéger contre les coups. Mon obsession. Je redresse les poings au niveau de mon visage. Je sautille sur mes jambes. Mes pieds remuent, décrivant une chorégraphie athlétique. La réussite est un objectif que je me suis fixée depuis l’école. Être la meilleure dans tous les domaines. Réussir tout ce que j’entreprends. Je ne baisse pas les bras. Ce n’est pas dans ma nature. Je ne suis pas défaitiste. Je cherche des solutions. Seule la peur peut parvenir à mes fins. Mais la peur de quoi ? Face à un ennemi armé, je n’ai peur que de moi. De flancher. D’oublier pourquoi je suis ici. De perdre mes réflexes. Mon seul vrai ennemi est mon reflet dans le miroir. En combat, on ne peut se fier qu’à soi-même. Il faut repousser ses limites. Il faut avoir le courage d’aller au-devant des coups. Bien sûr, il y a les coéquipiers. Mais eux n’encaisseront pas les attaques à notre place s’ils sont déjà occupés. Il est important de partir du principe qu’une seule personne peut nous sauver : nous. Les autres sont des bonus. Ils sont des bouées de sauvetage. Nous nous y accrochons parce que nous ne savons pas quoi faire d’autre. Si nous pouvons éviter de les mettre en danger, alors il faut le faire. Il faut mettre tous les moyens de notre côté pour savoir se débrouiller seul. Pour épargner nos équipiers. Alors, je m’entraîne. Je ne compte pas mes heures. Je ne compte pas les hématomes. Je ne compte pas les courbatures. Quand cette douleur est capable de me sauver, j’accepte de passer par-là. Elle est devenue normale. Elle n’est pas handicapante. Elle est juste un obstacle à franchir. Un de plus. Chaque coup me rapproche de la survie. Chaque coup est un pas de plus vers un combat réussi. Alors, si j’arrive à abattre ce punching-ball, j’aurais tout gagné. Mais malheureusement, je n’ai pas la force de frappe de Captain America. Je ne suis pas donc prête à le décrocher de sa suspension. Et se battre contre un sac qui gigote sagement n’est pas comme se battre contre un être humain. Le sac n’a pas la haine. L’humain, si. Le sac n’a pas la mobilité. L’humain, si. Il me faudrait une vraie personne avec qui m’exercer. Une vraie personne sur qui frapper. l’époque de l’Académie où on se battait les uns contre les autres est bien loin. J’arrête un instant mes mouvements. Je pose un poing ganté sur le punching-ball afin de le stabitliser. Ça aussi, les poings protégés, ce n’est pas comme dans la vraie vie. Pas comme dans les combats. A quel moment vais-je m’arrêter et demander un temps mort, en plein combat, pour que je les enfile ? Je me suis déjà entraînée sans gants. J’ai déjà senti mes poins s’atrophier. Mes poings se bloquer. Mes poings trembler. La souffrance des courbatures n’est rien comparée aux poings abîmés, déchirés, ensanglantés, lorsque je frappe directement ma cible. Mes coups reprennent. Tous maîtrisés. Tous sur rebondissements. Il frappe, il revient, il frappe, il revient. Mécanisme bien huilé.

Au loin, la porte de la salle d’entraînement s’ouvre. Mais mon attention reste fixée sur le sac de frappe. Je garde mon attention fixée sur le sac de frappe. Sur mon objectif. Des dizaines de gens vont et viennent tous les jours. Qui que ce soit, il ne viendra pas me déranger. Je continue de frapper. Jusqu’à sentir une présence à mes côtés. Je me suis trompée. Je m’arrête de gesticuler. Je quitte le punching ball des yeux pour les poser sur le nouvel arrivant. Enfin, la nouvelle arrivante. Harry. Je soupire intérieurement. Cette femme… est un phénomène. Elle est une tornade à elle toute seule. Elle débarque dans une pièce. Elle pose ses questions les unes après les autres, telles une mitraillette. Parfois, ses interrogations bousculent les certitudes. Puis, elle s’en va. Mais seulement si elle a obtenu ce qu’elle est venue chercher. Je passe une main sur mon front pour repousser les mèches collées. Je crois qu’elle ne m’en voudra pas si je ne lui fais pas la bise. “Salut Harry.” Je sais déjà que ma séance d’entraînement touche à sa fin. A moins que j’embarque Harry dans l’histoire. Ce serait une bonne idée pour l’épuiser, cela dit. Je doute qu’elle parvienne à m’interroger, tout en suant et en s’essoufflant. Je porte mon gant à ma bouche pour défaire la bande de velcro. Elle ne me laissera pas tranquille pour les prochaines minutes. Autant arrêter l’entraînement maintenant. Je coince ensuite le gant entre mes cuisses pour en extirper ma main. “Comment tu vas ? Toujours autant de questions ?” J’esquisse un sourire amusé. Si Clara me voyait, elle qui cherche toujours à m’arracher un minuscule sourire, elle serait jalouse. Peut-être même qu’elle s’évanouirait, sous le choc. Je pars du principe que je suis là pour travailler, non pour rire avec mes collègues. Surtout, je prends mon poste au sérieux. J’aime quand le boulot est fait proprement, voire parfaitement. Alors, je me cache derrière mon autorité. Avec Harry, c’est différent. Elle a l’air d’une petite fille qui débarque chez le Père Noël. Tout est sujet à des interrogations. Tout éveille sa curiosité. Pour elle, c’est noël tous les jours, au S.H.I.E.L.D. Tant de candeur et de naïveté me fait tellement rire. Non vraiment, Clara serait surprise de me voir sourire franchement. J’entreprends de me délester de mon deuxième gant. D’ailleurs, comment Harry a su que j’étais là ? Je l’imagine déjà harceler mon équipe afin de savoir où je suis. Les pauvres... Ou bien, elle m’a tracée dans tout le S.H.I.E.L.D. Elle est opératrice, elle le peut. A moins qu’elle me connaisse tout simplement. Bien mieux que je ne la connais. Dans le fond, nous n’avons jamais partagé autres choses que des questions et des réponses. Rien de personnel. Pourtant, Harry a réussi à percer ma carapace. Elle a réussi à obtenir ma confiance. Elle a réussi là où des centaines de personnes ont échoué. Elle a réussi bien avant ma propre soeur. Impressionnant. Il va falloir que je me renseigne sur cette femme. Je veux m’assurer que ma confiance ne va pas à n’importe qui. On verra ce que je trouverai !
© GASMASK
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