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 He talk, we walk. || Ft. Sharon

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Kayden T. Jefferson
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He talk, we walk.
Ft. Sharon Carter


Plus d'un mois. C'est le temps qui s'était écoulé depuis que nous avions débusqué le Comptable. J'avais amené ce type à trente mètres au dessus du sol et l'avais laissé tomber pour qu'il change son fusil d'épaule. Évoquer Marishka n'avait pas été une bonne idée et c'est sous couver de cette rage que j'avais fait ça: ça avait payé, ça ne voulait pas dire que j'étais content d'avoir perdu le contrôle. Depuis que j'avais commencé à travailler avec le SHIELD sur tout ça, tout était allé bien plus vite et je n'avais pas à le regretter. Ils étaient efficace, Sharon aussi, et j'apprenais tout en faisant chaque jour un pas de plus vers mon père. Je le sentais, je sentais que le jour venait où j'allais enfin le revoir, le retrouver. Lorsque Sharon m'avait téléphoné ce jour-là j'étais chez moi. La mafia ne m'avait pas contacté depuis quelques jours pour du travail, ce qui arrivait de temps en temps et honnêtement ça m'arrangeait. J'appréciais ces petits vacances et cette pause dans cette fausse vie que je subissais. Durant ce mois passé, le SHIELD, avec l'aide du comptable, avait réussi à trouver et arrêter un grand nombre de partisans et collaborateurs de la mafia russe. Ils avaient été discret mais ces derniers jours les opérations les plus grosses avaient été faites et plusieurs sous-réseaux étaient tombés. Les choses s'accéléraient et je sentais la panique chez les russes. Si au départ tout semblait "normal", maintenant ils ne pouvaient ignorer ces arrestations massives.

Au fil des dénonciations et des aveux, ils avaient mis le doigt sur une localisation particulière. C'est le Comptable qui avait balancé cet endroit mais aucun des mafieux appréhendés ne semblaient en avoir entendu parler. Il se trouver hors de New York, hors de l'état même. Assez prêt mais aussi assez loin pour que le SHIELD puisse penser que ça pouvait être "l'endroit". En voiture, direction la Pennsylvanie. Nous étions parti très tôt le matin, de nuit pour ainsi dire, et j'avais été sur les nerfs tout le trajet. Pas comme un enfant excité d'arriver à la mer, non, mais comme un homme qui n'en peux plus d'attendre, qui n'en peux plus de ne pas savoir et qui veux à la fois visiter cet endroit et ne jamais le voir de sa vie. Qu'allais-je y trouver? Ce que je recherchais? Ou alors rien du tout? Allais-je le trouver vivant? Entier? Il lui manquait déjà une main, manquerait-il autre chose? Toutes ces pensées harassantes me torturaient et mon regard se perdait dans le paysage au dehors, défilant sans fin. Nous n'avions pas pris le train ni l'avion, pour des raisons de sécurités et de discrétion. Il était plus simple d'utiliser une voiture banalisée, d'autant que nous y allions seuls avec deux autres agents. D'après les repérages, l'endroit n'étaient pas vraiment une place forte.

En réalité c'était un bâtiment discret. Un petit bâtiment résidentiel désaffecté de trois étages en périphérie de la ville. Abandonné pour cause de problèmes de gaz que jamais personne n'avait voulu régler. Du pain béni pour la mafia en somme. En descendant de la voiture et en observant l'endroit, mon visage n'exprimait que de la perplexité. J'avais toujours espoir de le retrouver, mais mon espoir était depuis longtemps entaché par un pessimisme étrange, un pessimisme qui me permettait souvent de survivre. Il était temps d'entrer et j'inspirais profondément. Je jetais un regard à Sharon puis un petit sourire pour montrer que ça allait. - Allons-y. - Et nous entrions...
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Une voiture banalisée. Trois agents. Un consultant. Des armes. Ils ne savent pas trop à quoi s’attendre. Ils pourraient rencontrer n’importe quoi dans ce bâtiment. Des hommes armés ou des moutons de poussière. Des personnes retenues ou des pièces abandonnées. Ils y vont à l’aveugle. Avec pas mal d’espoirs. Avec pas mal de doutes, aussi. Ils espèrent que l’endroit renferme une espèce de prison où le père de Kayden serait. Pas seulement un endroit désaffecté. Ce serait alors la fin d’une triste histoire pour lui. Ce ne serait pas fini pour le S.H.I.E.L.D., cependant. Retrouver le père serait un happy end, mais il y aurait d’autres choses derrière. De nouvelles personnes arrêtées. Une branche de la mafia démantelée. Un affaiblissement de l’HYDRA. De nombreuses conséquences. Dans la voiture, Kayden est nerveux. Il le cache moins bien que les agents. Sharon comme les deux autres agents sont habitués aux situations stressantes. Ils ont l’habitude d’intervenir sur des lieux dont ils ne connaissent pas grand-chose. Il faut juste y aller, sans trop réfléchir. Le mieux est de ne pas penser au danger. Ne pas penser aux enjeux. Juste y aller et agir calmement, avec tout le self-control possible. Elle a envie de lui dire de ne pas se faire trop d’illusions. De ne pas trop s’imaginer les retrouvailles avec son père. On n’est jamais à l’abri d’une déconvenue. On n’est jamais sûr de ce qui va se passer. Mais il doit sûrement le penser. Cela fait des années qu’il cherche son père. Des années qu’il fouine, qu’il espère, qu’il échoue. Il doit le savoir. Pas besoin d’en rajouter une couche. Pas besoin de le préparer. Il est assez grand. Ils profitent du trajet pour mettre en place une stratégie. Ils ne sont que quatre à pouvoir quadriller le terrain et le passer en revue. Ils ne pourront pas se permettre de se séparer. S’ils tombent sur quelques gars de la mafia, ils devront offrir une réponse de la même puissance que leur attaquant. Une fois à l’intérieur, ils procéderont par étape. Pièce après pièce. Méticuleusement. A la recherche de la moindre trace de pas. De la moindre goutte de sang. De la moindre trace de vie. Ils n’auront pas le droit à l’erreur. Ils arrivent finalement sur les lieux. Ils prennent tous quelques secondes pour observer le bâtiment. Trois étages. Des fenêtres à toutes les pièces. Autrefois, il abritait de nombreuses familles. Aujourd’hui, il est le territoire de la mafia. Ce sera long de passer en revue chaque pièce de chaque appartement, mais ils vont prendre le temps. Ils vont s’assurer de ne passer à côté de rien. Ils sortent de la voiture banalisée. Ils s’équipent. Il y a une certaine effervescence. Comme s’ils attendaient tous d’entrer là-dedans et de découvrir enfin ce qui les attend. Comme s’ils avaient hâte d’en découdre. Les deux agents qui les accompagnent ont suivi l’évolution de l’enquête depuis le début. Ils connaissent tous les détails. Même pour eux, cette ‘visite’ est la concrétisation de plusieurs mois de travail.

Les agents récupèrent chacun leurs armes. Au pluriel. On n’est jamais trop prudent. Des Colt. Des fusils semi-automatique. De quoi répondre à des échanges de tirs. Lorsqu’elle a fini de s’équiper, elle se tourne vers Kayden. Elle se rappelle encore de son comportement avec le comptable. De ses nerfs qui ont lâché. Des émotions qui ont joué. Il n’y aura pas de deuxième incident similaire. Ce n’est pas possible. “Cette fois, si tu pouvais faire preuve de sang-froid et ne pas utiliser ton pouvoir sous le coup de la colère, ce serait bien...” Elle fait une petite moue, avant d’incliner la tête. “... sauf cas d’extrême urgence.” Qu’on se le dise, un gars qui a des capacités extraordinaires à leurs côtés est un atout. Il peut faire des choses qui dépassent l’entendement. Il peut se révéler une arme redoutable contre leurs ennemies du jour. Elle ne peut pas l’empêcher d’utiliser ses pouvoirs s’ils risquent tous leur peau. S’ils sont en péril, il pourra laisser parler toute sa puissance. Mais pas si il est en colère. Pas si il est touché par les propos de quelqu’un. La mise en garde de rigieur est faite. Ils peuvent y aller. Ils peuvent se rapprocher de la résidence. Elle jette un dernier coup d’oeil à Kayden pour s’assurer qu’il est prêt. Il peut sourire autant qu’il le souhaite, elle n’a pas la certitude que ce soit sincère. “Allons-y.” Ils ne se font pas prier. Le groupe entrent dans le bâtiment. Ils passent en revue chaque pièce en silence. Lançant des “R.A.S.” réguliers. Les pièces s’enchaînent et le même constat tombe à chaque fois. Rien. Absolument rien. La frustration commence à se faire sentir. S’ils ne trouvent rien, c’est que, peut-être, il n’y a plus personne ici depuis des années. L’idée fait doucement son chemin dans les esprits. Les tentant d'abandonner. Sharon refuse de baisser les bras. Ils retournent dans le couloir principal. Là-bas, vers la porte, des câbles électriques sont posés sur le sol. Posés ou tirés, telle est la question. “Il y a quelque chose là-bas.” Elle désigne l’endroit en question. Les câbles ont l’air de sortir d’un appartement pour se faufiler dans le couloir. Ou à l’inverse, les câbles ont été tirés jusque dans l’appartement. Ils sont plutôt récents. En tout cas, bien plus que ce qu’ils ont vu jusqu’à maintenant. La couche de poussière et de saleté par-dessus n’est pas épaisse. C’est le seul indice qu’ils ont pour l’instant. Il faut le suivre jusqu’au bout. Leur seul espoir de ne pas repartir bredouille. Leur seul espoir de, peut-être, croiser quelqu’un.

© GASMASK
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Une pièce après l'autre, d'abord le hall, puis les escaliers, puis le premier étage. D'abord son couloir puis ses appartements, cuisine, chambre, bureau, salon. Les meubles abandonnés, la poussière reine, les rats courants.  Je n'avais pas d'arme, je n'en avais pas besoin, pas aujourd'hui. Pourquoi est-ce que je porterais bien un arme. Il n'y avait personne. Tout en marchant je projetais ma conscience autour de moi, aussi loin que je le pouvais. Je recherchais du mouvement, je recherchais les vagues dans les champs magnétiques, j'observais les murs décrépis et les miroirs brisés. Rien. Il n'y avait rien. Nous étions passés au second pour ne faire que le même constat: le vide. Pas une âme, pas un cadavre, pas une trace de quoi que ce soit. Mes bras étaient croisés sur mon torse, j'observais désormais sans réel intérêt. Nous passions au troisième. J'entrais dans le premier appartement et en faisais le tour. Ils étaient tous identiques, tous aménagés de la même façon et si ce n'est les couleurs qui changeaient parfois selon les gens qui y avaient vécu ou ceux qui les avaient possédé, rien ne bougeait vraiment. Je revenais dans le couloir lorsque la voix de Sharon s'était élevée. - « Il y a quelque chose là-bas. » - Mon visage s'était illuminé l'espace d'un instant et lorsque j'avais posé mon regard sur les câbles au sol, j'avais souris. Un indice.

Les câbles arrivaient depuis la fenêtre du couloir et courraient jusqu'à la porte de l'appartement du fond. Récents, tout juste poussiéreux, nous les suivions du regard jusqu'à la porte du 3D et j'inspirais en la poussant. L'endroit était propre, rangé, aménagé de la même façon mais c'était habité. Sur la table un journal trônait accompagné d'une tasse à moitié vide, dans l'évier de la vaisselle attendait. Les agents se déployaient et je marchais dans le petit couloir, mon regard accrochant chaque objet, chaque trace. Une porte. Verrouillée de l'extérieur par un loquet. Mon cœur ratait un battement. - Papa?! - Je partais en courant vers cette porte, en courant. Je faisais sauter le verrou par la pensée et défonçais presque la porte en entrant. Je déboulais alors dans une chambre, spacieuse, avec une petite salle de bain. Sur la table un plateau repas. Le lit était défait, les draps blancs ne l'étaient plus vraiment. Il y avait des dizaines de livres qui jonchaient le sol et dans le lavabo de la salle de bain... du sang. Aussitôt mon regard perdait son étincelle pour ne devenir qu'inquiétude et peur. Je voyais les traces rouges longer le mur, souiller le sol. Je voyais les bandages imbibés et jaunis. Je voyais la saleté. Je voyais l'horreur. J'observais, impuissant et spectateur, le théâtre de la captivité. - Il était là...

Sharon m'avait rejoins en m'ayant entendu courir et je me tournais vers elle, les yeux rouges. - C'était ici. - Je passais sur ma bouche une main fébrile, essuyant deux larmes qui s'enfuyaient. Ici, une chaise, rouge de sang. - Ils l’asseyaient là pour prendre les photos. - Oui. Asseyaient. Avant. Mais il n'y avait personne. Pas une âme, pas un cadavre. Mon père s'était envolé. Depuis quand? Ce repas n'était même pas moisi. Je m’asseyais sur le bord du lit: mes maigres espoirs m'abandonnaient. C'était le pire, en trouver pour les perdre aussitôt. Je n'étais pas en colère, j'étais seulement dévasté, et tout le reste du temps que nous avions passés sur place à fouiller et relever des indices j'étais resté silencieux. Un mutisme quasi absolu, perdu dans mes songes et parmi mes démons. Nous avions quitté les lieux en milieu d'après-midi et même durant le trajet j'étais resté dans mon coin, inaccessible, fermé. Nous étions arrivés en ville en fin d'après-midi et Sharon m'avait laissé à deux blocs de chez moi par soucis de discrétion. J'avais fais le reste du chemin à pieds après les avoir tout juste remercié pour leur aide. J'avais tout juste dis bonsoir au concierge, j'avais vaguement entendu le couple du premier qui se disputait, j'avais entendu la télé de la petite vieille du troisième dans l'escalier qui regardait encore son soap mexicain et finalement j'avais refermé la porte de mon appartement en fermant les yeux. J'étais usé par tout ça.

« A... Adrian? » - Cette voix me hérissait le poil et je rouvrais les yeux en faisant deux pas en avant. Je la trouvais là, onze ans à peine, assise sur cette chaise, les yeux baignés de larmes, le regard perdu, flou. Son visage était lacéré de multiples lignes rouges et de nombreuses autres cicatrices qui barraient ses traits pourtant si fins. Sa lèvre était fendue, elle se l'était mordue elle-même. Ses jambes et ses bras étaient attachés à la chaise sur laquelle elle était et autour de son torse un gilet. Des lanières de cuir noir. Des fils de couleurs et cette boite blanche. - Marishka?! - « FUIT ADRIAN! » - Un clic sonore. L'explosion se déchaîna, dévastatrice, brûlante et lumineuse. Une déflagration de flammes et de puissance qui dévasta tout sur son passage.

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