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MessageSujet: PIETRADEUS → run baby, run.   PIETRADEUS → run baby, run. Icon_minitimeDim 30 Aoû - 15:59
run baby, run
Amadeus referma la fenêtre qui affichait les traits du petit malin qui ne cessait de lui filer entre les doigts depuis trop longtemps déjà. Il attrapa un stylo et un post-it afin de noter l’adresse avant de le fourrer dans la poche de son jean. Un sourire satisfait se dessina sur son visage et il se leva de sa chaise pour attraper sa veste en cuir qu’il enfila avant de sortir de son bureau. Avec un signe de tête à l’attention de certains de ses collègues, il quitta le commissariat de police et grimpa dans sa voiture. Pietro Maximoff, c’était le nom de celui qu’il avait bien l’intention de remettre à sa place aujourd’hui. C’était devenu une affaire personnelle, peut-être même une obsession. Amadeus n’aimait pas échouer et autant dire que Maximoff trichait honteusement. C’était un mutant, s’il avait mis un moment à vraiment croire ce qu’il voyait, il ne pouvait plus tellement en douter désormais. Ce petit malin attendait toujours le dernier moment pour s’enfuir après avoir dérobé quelque chose et il parvenait à chaque fois à s’en tirer, grâce à sa vitesse exceptionnelle. Malgré son métier, Amadeus avait croisé peu de mutants, c’était peut-être pour cela que c’était devenu une affaire personnelle et qu’il n’avait fait appel à personne pour lui venir en aide. Il ne savait pas s’il était fasciné de voir quelqu’un maîtriser aussi bien son pouvoir, ou s’il estimait être celui qui devait l’arrêter, puisqu’il était un mutant lui aussi.
Et pourtant, c’était ridicule, parce que son don ne pouvait rien contre une super vitesse. A quel point était-il rapide, d’ailleurs ? Son holster était attaché à son torse et pourtant, le jeune homme se doutait que son arme ne lui servirait à rien, si Maximoff décidait de s’en prendre à lui. C’était sûrement stupide, mais il avait besoin de savoir. Qu’est-ce qu’un habitant du Queens, un quartier plutôt agréable, fichait à voler tout un tas de trucs, alors qu’il n’en avait sûrement pas besoin ? Etait-il kleptomane, en plus d’être un mutant ? Ou était-ce un quelconque passe-temps ? Peut-être faisait-il cela tout simplement parce qu’il pouvait le faire. Quoi qu’il en soit, Amadeus voulait des réponses.

Et puis surtout, il n’aimait pas tellement qu’on se fiche de lui. Et ce Maximoff avait toujours fait en sorte qu’il ne voie pas son visage, pourtant, la dernière fois, il avait volontairement laissé Amadeus observer ses traits, il en était certain. A quoi jouait-il ? Car c’était un jeu, l’inspecteur en était certain. Il ne pouvait pas coller le mutant derrière les barreaux car pour cela, il faudrait déjà qu’il l’attrape et si Amadeus estimait être un bon coureur, il ne faisait pas le poids face à lui. Il pourrait faire appel à des autorités plus compétentes que lui. Il suffirait de leur donner le nom et l’adresse de Maximoff. Mais étrangement, quelque chose l’empêchait de le faire.
Il voulait des réponses. Alors Amadeus mit le contact et quitta le parking du commissariat pour s’engager sur la route. Il était déjà presque vingt heures, il évitait donc les bouchons et s’assurait d’avoir le plus de chances de trouver Maximoff chez lui. L’inspecteur traversa rapidement les rues de New-York jusqu’à l’adresse qu’il avait notée et qui se trouvait dans sa poche, mais qu’il avait parfaitement retenue. A une rue de l’endroit où il vivait, un feu rouge l’arrêta et il tapota son volant d’un air distrait, lorsqu’une puissante vague d’agacement le submergea. Serrant les dents, Amadeus regarda autour de lui et soupira en voyant un homme arrêté à côté de lui, visiblement pressé et prodigieusement énervé par le feu qui venait de passer au rouge.

Amadeus inspira profondément, ferma les yeux et fit de son mieux pour repousser ces émotions parasites. Il était hors de question qu’il soit à nouveau distrait par toutes ces conneries alors qu’il allait sûrement se retrouver face à un mutant. Maximoff n’avait jamais montré des signes de violence, pas réellement, mais il ignorait comment il réagirait une fois face à lui. Un klaxon retentit bruyamment derrière lui et le blond sursauta avant de constater que le feu était passé au vert. Marmonnant un juron, il reprit sa route et trouva un emplacement où se garer. Là, il sortit de sa voiture, faisant face au vent glacé d’hiver qui lui gifla les joues. S’ébrouant, Amadeus se dirigea immédiatement vers l’immeuble qui portait le numéro qui l’intéressait. Une fois à l’abri, il s’immobilisa devant les rangées de boîtes aux lettres. Pietro & Wanda Maximoff, Victor Shade. Le jeune homme fronça les sourcils. Wanda, son épouse ? Il paraissait un peu jeune pour ça enfin, plus rien ne pouvait vraiment surprendre Amadeus. Mais il serait étrange pour un couple marié d’habiter avec une troisième personne. Ils étaient de la même famille, donc.
L’inspecteur soupira doucement, s’il n’habitait pas seul, ça allait tout de suite être beaucoup plus emmerdant. Mais bon, Amadeus n’était pas du genre à se défiler. Il avisa l’ascenseur du regard et l’appela avant de se glisser entre les portes. L’engin le mena jusqu’au bon étage et il vérifia rapidement le numéro de l’appartement, pour être certain. Inspirant profondément, il alla se planter devant la porte et regarda la sonnette, hésitant.

Si Maximoff était un danger… alors il faisait certainement la plus grosse erreur de sa vie. Sinon, il ne savait même pas vraiment pourquoi il se trouvait là. Il voulait qu’il cesse de se jouer de lui, certes, mais était-ce bien sa seule raison ? Amadeus passa une main sur son visage et se secoua avant de froncer les sourcils d’un air déterminé. Il n’avait absolument pas l’air d’un flic là comme ça, mais il ne doutait pas que Maximoff allait le reconnaître. Après tout, ça faisait un moment qu’ils se connaissaient maintenant, n’est-ce pas ? Se décidant enfin à agir, Amadeus appuya sur la sonnette et attendit quelques secondes. Des bruits de pas retentirent et il perçut une voix à travers la porte, tandis que le loquet se déverrouillait. « Victor, je te l’ai déjà dit, si t’as oublié tes clés, c’est pas grave, Wanda a les si… » Le battant s’ouvrit enfin sur les traits de Pietro Maximoff qui se tut immédiatement en constatant que son vis-à-vis n’était pas Victor. Amadeus esquissa un sourire en coin et attrapant le montant de la porte d’une main ferme. « Tu me remets, ou je dois sortir ma plaque ? » fit-il d’un ton doucereux. Le chat avait finalement attrapé la souris et pourtant, Amadeus avait plus l’impression d’avoir fait une grosse bêtise.
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RUN BABY RUN


Pietro avait sorti de sous son lit la petite boîte qu'il y dissimulait. Wanda et Victor étaient de sortie, il était plus que probable qu'elle l'avait une nouvelle fois traîné à une de ces soirées étudiantes où elle aimait aller pour avoir l'impression d'être normale. Dans ces cas-là, elle proposait toujours à Pietro de l'accompagner ; et de temps en temps, il acceptait. Il en profitait pour draguer une fille ou deux, parfois même passer aux choses sérieuses avec l'une d'elle si elle lui paraissait assez appétissante pour la soirée. De manière générale, il était plutôt là pour déconner, pour mettre le bazar, et pour surveiller sa sœur. Mais ce soir, il avait préféré rester à l'appartement. Wanda ne risquait rien aux côtés de Victor, et Pietro avait un butin à revoir. Plus tôt cette semaine, il avait encore effectué deux cambriolages, à une telle vitesse qu'il aurait pu entrer et sortir sans que personne ne l'y croise. Mais où était l'intérêt d'agir ainsi ? Le jeune homme avait préféré appeler la police pour signaler une intrusion. Il avait attendu l'inspecteur, son inspecteur, celui qui finissait toujours par se pointer quand un cambriolage était rapporté. Pietro aimait narguer les forces de l'ordre, leur montrer qu'il était plus fort qu'eux. Il aimait aussi la sensation de liberté qui en découlait, lorsque ses adversaires lui faisaient face et qu'il n'avait qu'à courir pour les semer : pour semer n'importe qui. Cet inspecteur, qu'il finissait toujours par revoir … était-ce sa Némésis ? Le Sherlock de son Arsène ? Si tel était le cas désormais, Pietro avait tout fait pour que les choses se déroulent ainsi. Il avait continuer d'effectuer ses petits délits, bien que sachant la police sur le coup. Il avait, à multiples reprises, vu le visage de Jaëger – ignorant alors le nom du détective – et avait voulu lui jouer un tour. Piquer sa curiosité, le pousser dans ses retranchements, le conduire à une lutte acharnée. Il avait simplement voulu faire durer une bonne blague : et aujourd'hui, il en était victime.

Lorsque la sonnette retentit, il lâcha le diadème qu'il tenait dans les mains. Une pièce qui valait cher, sans aucun doute. Le bijou frappa le parquet avec force, mais ne semblait pas endommagé. Pietro le reprit et le rangea dans la boîte, qu'il s'empressa de glisser dans un coin, sous une couverture, avant de pousser un long soupir. « Victor, je te l'ai déjà dit, si tu as oublié tes clés, c'est pas grave, Wanda a les si... » Alors qu'il venait d'ouvrir le battant, il s'interrompit et ses traits dégagèrent une surprise peu discrète. L'inspecteur. Comment avait-il … Pietro avait-il trop joué avec le feu ? Jusqu'à s'en brûler les paumes, apparemment. « Tu me remets, ou je dois sortir ma plaque ? » lança son vis-à-vis. Il avait une voix forte, celle qu'on colle aux flics dans les séries télé, et Pietro se rendit compte qu'il ne savait rien du détective à ses trousses. Pas même le son de sa voix, avant aujourd'hui. Il repensa à la boîte contenant son butin, et en un clignement d’œil – et quelque courant d'air – la boîte était retournée sous le lit, sans que Pietro n'eut semblé bouger. « On se connaît ? » glissa le jeune homme sur le ton de la rigolade. Il remarqua la main du policier sur le battant : celui-ci n'était pas prêt à quitter les lieux. Pietro aurait pu le mettre dehors sans trop de difficultés, et ça ne lui aurait sûrement pas pris plus de cinq minutes, mais il risquait ainsi de compromettre Wanda et Victor également ; hors de question de demander l'aide de Stark pour le sortir de cette affaire, si jamais il se trouvait emmené au poste. Il préféra jouer la carte de l'innocent, après tout sans preuve, il serait difficile à ce flic de faire quoi que ce soit. « Vous voulez entrer, peut-être ? » Il s'éloigna de la porte, laissant le passage libre pour l'inspecteur. Il n'était pas en danger, Pietro le sentait. Il l'avait juste fait un peu trop tourner en bourrique. Il calmera le jeu, et le détective pourra partir. Néanmoins, Pietro espérait que son vis-à-vis ne le quitte pas de suite. Il ne savait rien de lui, et aurait voulu en savoir plus. Une curiosité un peu étrange, si vous voulez. Un intérêt certain, disons. Ou quel que soit ce sentiment bizarre qui naissait quand Pietro croisait le regard trop dur de Jaëger.

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Amadeus prit enfin le temps de détailler longuement son vis-à-vis, maintenant qu’il se tenait face à lui, immobile. Il était un peu plus petit que lui, de pas grand-chose, mais c’était plutôt réconfortant. Ses cheveux en bataille lui donnaient un air de jeune chien fou qui correspondait plutôt bien à l’image que l’inspecteur s’était faite de Maximoff avant de vraiment l’apercevoir. De toute évidence, il était seul dans son appartement, ce qui allait faciliter les choses. Il était plus jeune qu’Amadeus, il avait suffi de détailler sa carte d’identité pour le savoir, mais il en avait la preuve à présent. Il avait vraiment une tête de gosse avec son petit sourire supérieur. Quelque chose d’étrange et pourtant familier à présent se produisit alors. Le jeune homme ne sembla pas avoir bougé mais un courant d’air balaya le visage d’Amadeus et la tignasse de Maximoff sembla plus ébouriffée qu’avant encore. L’inspecteur arqua un sourcil, intrigué et même s’il refusait de l’admettre, un peu admiratif, aussi. Il venait d’utiliser ses pouvoirs, il en était certain. Mais pour faire quoi ? Il avait laissé son portefeuille dans la voiture, donc ce n’était définitivement pas pour ça et il sentait encore son arme pressée contre son torse, rangée dans son holster. Ce n’était donc pas pour lui chiper quelque chose.
Avait-il quelque chose à cacher ? Certainement, c’était plus probable. Cette constatation ne l’agaça même pas, à vrai dire il était plus impressionné par la maîtrise dont le jeune homme faisait preuve. Utiliser ses pouvoirs semblait si… facile. Et pourtant, il était plus jeune qu’Amadeus. S’était-il rendu dans cette école où il avait refusé d’aller lui ? Il aurait peut-être dû y réfléchir plus longuement avant d’envoyer chier crâne d’œuf à roulettes. Courir super vite, c’était plutôt cool comme pouvoir, de toute évidence, Maximoff avait trouvé un avantage à cela. L’empathie, c’était juste une putain de plaie. Il n’y avait aucun avantage à ressentir les émotions des autres. A part peut-être durant ses enquêtes. C’était bien la seule chose utile, le reste était juste insupportable.

Courir vite, ça aurait pu lui être utile. Pour éviter les mandales de son père, les cassos du quartier et du lycée, qui lui cherchaient des noises. Au lieu de ça, il était condamné à ressentir la joie, la tristesse, la colère des autres. Et pire encore. « On se connaît ? » fit Maximoff avec beaucoup d’humour – du moins le pensait-il sûrement – et Amadeus se retint de lever les yeux au ciel. Au lieu de cela, il abaissa un peu les maigres barrières mentales qu’il parvenait parfois à ériger et se contenta d’observer le jeune homme, en apparence. Il le sentit inquiet, une chose qu’il pouvait comprendre bien sûr, mais il n’y avait pas que cela. A vrai dire, tout était un peu confus. Maximoff ne se sentait pas particulièrement à l’aise et pourtant, il refoulait tout cela profondément en espérant se montrer confiant. Il sentit une pointe de fierté mal placée et se demanda d’où elle venait, sans pour autant être capable d’en savoir plus.
Enfin, il le sentit curieux et cela intrigua Amadeus. Ainsi, il n’était pas le seul à vouloir en savoir plus ? « Vous voulez entrer, peut-être ? » s’enquit Maximoff avant de s’écarter afin de lui laisser la place pour passer la porte. L’inspecteur s’ébroua légèrement et cessa de farfouiller dans les émotions de son vis-à-vis. Il décida de jouer le jeu de Pietro et mit un pied dans l’appartement en prenant soin de détailler rapidement l’endroit du regard. Un chouette salon, il semblait plutôt bien installé, ici. De toute évidence, il ne manquait de rien. C’était donc bel et bien un passe-temps, pour lui.

« Je ne suis pas du genre susceptible, mais je dois bien admettre que je suis déçu. Je pensais qu’on se connaissait plutôt bien, maintenant, » fit-il d’un ton faussement blessé en se tournant vers Maximoff, pour reporter son regard sur lui. « Chouette appart. Voler des trucs, c’est pour passer le temps ou c’est une sorte d’entraînement intensif pour Speedy Gonzales ? » fit-il d’un ton détaché. Et pourtant, il voulait vraiment savoir ce qui motivait Pietro. Si c’était juste pour le faire tourner en bourrique et bien soit, c’était une réponse intéressante, qui en disait long sur lui. Il n’avait peut-être jamais adressé la parole au jeune homme avant ce soir, mais il savait déjà qu’il était joueur et se trouvait particulièrement drôle, à appeler lui-même les flics avant de détaler comme un lapin. Mais ce qui l’intéressait vraiment, au fond, c’était d’en savoir plus sur les pouvoirs de Pietro. Il ne se voyait pas tellement formuler une telle question, mais il était curieux. Comment se maîtrisait-il aussi bien ? C’était un mystère pour Amadeus qui après toutes ces années, galérait toujours à fermer son esprit aux émotions des autres.
« Fais pas l’innocent, j’suis pas là pour t’arrêter, j’me considère plutôt rapide, mais pas assez pour te courir après, » fit-il avec un sourire en coin. Il n’était absolument pas du genre à faire l’impasse sur la loi, bien au contraire même, mais cette fois-ci… Il ne se voyait pas appeler des renforts pour qu’ils tentent d’embarquer Maximoff et tout seul, autant dire qu’il ne pouvait pas faire grand-chose. Alors autant discuter civilement, n’est-ce pas ? Si Pietro montrait des signes d’agressivité alors il aviserait mais pour l’instant, il ne semblait pas avoir l’intention de s’en prendre à Amadeus. Et puis, de toute façon, c’était un peu trop tard pour éprouver des remords. Son sourire s’élargit un peu, peut-être plus face à sa propre stupidité que réellement destiné à Pietro.
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RUN BABY RUN


Lorsque le détective passa la porte, Pietro retint son souffle. Il avait invité le loup dans la bergerie, et il ne pourrait s'en prendre qu'à lui-même si ce dernier trouvait la quelconque preuve de sa culpabilité. Mais il ne s'agissait que de petits larcins, sans victime à déplorer, sans grande envergure non plus. Il n'était pas dangereux, et il était convaincu que l'inspecteur le savait aussi. Il y avait autre chose, derrière cette visite de courtoisie. Jaëger ne pourrait pas l'attraper ; personne ne le pouvait. Alors que faisait-il ici ? Comptait-il l'abattre froidement, parce qu'il était un criminel et qu'il était mutant ? Peut-être était-il juste curieux. Après tout, c'était bien cette même curiosité qui avait amené Pietro à l'inviter à entrer. Il observa le blond détailler le salon, son regard s'attarder sur les meubles. Wanda avait choisi de décorer ainsi, mais c'était Stark qui avait payé pour tout. Il essayait tant bien que mal de se racheter – ou bien était-ce dans sa nature de constamment payer pour les autres. Garder la main mise sur leur confort, sur leur vie, avec la possibilité de tout ruiner en un instant. Jaëger se retourna vers Pietro. « Je ne suis pas du genre susceptible, mais je dois bien admettre que je suis déçu. Je pensais qu'on se connaissait plutôt bien, maintenant. » L'ironie dans sa voix est claire. Pietro sourit : ce jeu lui plaît. « Pas assez bien, apparemment. » il murmure, plus pour lui-même. « Chouette appart. Voler des trucs, c'est pour passer le temps ou c'est une sorte d'entraînement intensif pour Speedy Gonzales ? » Il entre dans le vif du sujet sans tergiverser. Les pieds dans le plat. Pietro perd un peu de sa contenance, il ne s'était pas attendu à parler dons et mutations si vite. Il aurait aimé que le jeu ne tourne pas court aussi vite.

Il fit mine de réfléchir, posa sa main sur son menton dans une expression singulièrement agaçante de penseur. Pourquoi voler, hein ? Après tout, l'appartement fournit déjà le confort nécessaire à une vie tranquille, et Stark s'arrange pour payer chaque mois le loyer, malgré les Maximoff qui essaient toujours de le devancer auprès de l'agence (sans succès). Il a un emploi qui lui rapporte assez pour les extras dont il aurait besoin. Voler, ça n'a rien d'une obligation, il n'y a pas de prétexte, pas d'excuse à la Aladdin pour se comporter comme un petit malfrat. Pietro aime juste l'adrénaline, il aime courir pour échapper à ceux qui ne comprennent rien, il aime posséder ce qu'il ne devrait jamais avoir. Le flic s'impatiente : « Fais pas l'innocent, j'suis pas là pour t'arrêter, j'me considère plutôt rapide, mais pas assez pour te courir après. » Il pose ses yeux sur le policier, ses yeux rieurs, et prend ce ton canaille. « C'est parce que je peux. » Il s'assied sur l'un des accoudoirs du canapé, se tassant un peu face au détective, mais il garde l'esprit alerte. Les choses pourraient toujours mal se passer. Étrangement, il a envie de faire confiance à Jaëger. Il a envie de penser que ce dernier ne le blessera pas. Il sait pourtant que les gens sont imprévisibles, que les meilleurs personnes peuvent toujours faire le pire, alors il reste sur ses gardes. Il n'a pas le choix. « Vous la ressentez, vous aussi, l'adrénaline. Quand vous pourchassez un criminel, quand vous êtes à deux doigts de l'attraper. Chaque fois que vous croisiez mon regard avant que je déguerpisse, vous la ressentiez, pas vrai ? » Ses mains s'amusent avec l'un des coussins du sofa, qu'il fait tourner de gauche à droite, de droite à gauche, entre ses doigts. « Quand je vole, je sais qu'on ne m'attrapera pas. Mais il y a le risque quand même, il y a l'adrénaline. Le cœur qui bat la chamade, l'impression que tout est plus clair, qu'on est plus lucide que jamais. J'ai des pics d'adrénaline chaque fois que je vous vois arriver sur les lieux, chaque fois que vous me regardez. Parce que je sais que je peux partir quand bon me semble, et vous ne pourrez jamais m'attraper. » Son regard a quitté Jaëger, et il est vaguement distrait par le manège de ses propres mains et du coussin. Pietro sourit – il aime comme le vent frappe sa peau différemment après un larcin. Le vent l'applaudit.

Il finit par quitter son accoudoir, et fait quelques pas vers Jaëger, sans trop s'approcher pour autant : cet idiot pourrait avoir emmené une arme. Pire que tout, il pourrait s'en servir s'il se sentait attaqué. « Puisqu'on est si familiers l'un avec l'autre maintenant, rajoute Pietro, tu peux me dire ce que tu fais là ? Tu sais que tu ne m'arrêteras pas. Alors, qu'est-ce que tu veux ? » Il était près de lui maintenant. Il ressentait l'adrénaline, et son cœur battait la chamade.

Il regardait Amadeus et son cœur battait la chamade.

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Amadeus pouvait sentir l’angoisse de Pietro, elle était palpable, il aurait certainement pu s’en douter sans même avoir recourt à son don, mais là, c’était encore plus évident. Il devait se contrôler un peu mieux que ça, s’il ne voulait pas être parasité par tout ce que le jeune homme éprouvait. Et puis, il avait beau être curieux, il n’avait pas non plus envie de tout savoir de lui ainsi. Craignait-il d’attirer des ennuis à quelqu’un ? Il ne pouvait pas penser qu’Amadeus était réellement là pour l’arrêter, il avait trop confiance en lui et en son don, pour ça, n’est-ce pas ? Enfin, maintenant qu’il y pensait, il devait certainement passer pour un mec qui avait vraiment la haine, pour l’avoir ainsi traqué et se pointer chez lui à une heure pareille. A la place de Maximoff, il l’aurait très certainement pris pour un sacré taré et cette pensée manqua de tirer un rire à Amadeus. « Pas assez bien, apparemment, » entendit-il le jeune homme murmurer et il esquissa un sourire en coin. Ce petit jeu était certes amusant et il aurait pu le prolonger, mais il n’était pas tellement venu ici pour cela. La journée avait été plutôt longue, il l’avait passée à remplir de la paperasse, une chose qui l’ennuyait au plus haut point mais hélas, ça faisait partie du job. Alors il préféra jouer franc jeu et il sentit très clairement la déception de Maximoff. D’un côté, il n’était pas tellement là pour le satisfaire alors qu’importe, n’est-ce pas ?
Il l’observa donc calmement, attendit qu’il réponde en faisant mine de ne pas être agacé par l’air songeur du jeune homme. Il n’avait pas vraiment besoin d’y réfléchir, Amadeus en était certain. Mais il n’avait pas tellement l’intention de s’énerver pour si peu. Enfin, son vis-à-vis leva les yeux sur lui, avec ce regard taquin, comme si rien n’importait jamais vraiment dans sa vie. « C’est parce que je peux, » répondit-il finalement en confirmant les soupçons du flic d’un air amusé. Il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel tandis que Pietro s’asseyait sur un accoudoir du canapé placé au centre du salon. Il le sent prêt à réagir, si les choses venaient à mal tourner et cela l’amuse. Il n’est pas complètement stupide, au moins. « Vous la ressentez, vous aussi, l'adrénaline. Quand vous pourchassez un criminel, quand vous êtes à deux doigts de l'attraper. Chaque fois que vous croisiez mon regard avant que je déguerpisse, vous la ressentiez, pas vrai ? » Pour être tout à fait honnête, il ne s’était pas vraiment attendu à ça. Mais il avait été franc, pourquoi Maximoff ne pourrait-il pas l’être à son tour. L’adrénaline, hein ? Alors lui aussi provoquait des situations folles, juste pour se shooter à cette sensation grisante ? Ah, ils avaient peut-être plus de points communs que prévu.

« Quand je vole, je sais qu'on ne m'attrapera pas. Mais il y a le risque quand même, il y a l'adrénaline. Le cœur qui bat la chamade, l'impression que tout est plus clair, qu'on est plus lucide que jamais. J'ai des pics d'adrénaline chaque fois que je vous vois arriver sur les lieux, chaque fois que vous me regardez. Parce que je sais que je peux partir quand bon me semble, et vous ne pourrez jamais m'attraper. » C’est bien un jeu, alors. C’est bien dans le seul but de s’éclater un bon coup avant de reprendre une vie normale, de sombrer à nouveau dans la monotonie et l’ennui. Amadeus pouvait comprendre, ça. Il ne pouvait pas juger, après tout, n’était-il pas pathétique, lorsqu’il laissait les émotions des autres l’envahir juste pour ressentir quelque chose, n’importe quoi ? Mais bon, lui ne brisait pas la loi lorsqu’il faisait cela. Alors que Pietro lui… Sa conscience de flic ne cessait de lui rappeler qu’il aurait mieux fait d’appeler des renforts pour tenter de l’arrêter. Mais il savait aussi qu’ils n’auraient pas fait le poids, face à lui. Il n’aurait eu qu’à s’enfuir et alors ses proches auraient eu de gros ennuis. Ils ne savaient peut-être même pas ce qu’était Pietro, ce qu’il faisait.
Amadeus n’avait parlé à personne de son don. C’était un secret précieux, qu’il gardait pour lui, par peur que les gens le jugent et l’évitent comme la peste. Il n’était pas très courageux sur ce point, il pouvait l’admettre sans trop de honte. Mais ça n’avait jamais été simple de s’affirmer et il avait déjà suffisamment de choses à assumer sans se rajouter l’étiquette mutant sur le front. Pietro semblait bien vivre cela, lui. Enfin, il ne le connaissait pas, mais il assumait assez pour s’amuser avec. Amadeus avait tendance à repousser le sien, à s’en servir le moins possible. A vrai dire, il espérait encore pouvoir s’en débarrasser un jour, tout simplement.

Il fut tiré de ses pensées par Maximoff qui s’était relevé et approché de lui, sans qu’il le voie faire. Le flic cligna des yeux plusieurs fois, un peu bêtement et retint peut-être un peu son souffle. « Puisqu'on est si familiers l'un avec l'autre maintenant, tu peux me dire ce que tu fais là ? Tu sais que tu ne m'arrêteras pas. Alors, qu'est-ce que tu veux ? » Une bouffée d’adrénaline envahit Amadeus qui manqua de chanceler en sentant son cœur se mettre à battre la chamade, en réponse à ces sensations qui n’étaient pas les siennes. Pietro le regardait droit dans les yeux, sûr de lui et fier. L’inspecteur ferma les yeux un instant et inspira profondément par le nez, pour essayer de retrouver son calme, mais c’était trop tard. Et Maximoff était trop proche, beaucoup trop proche. Ses yeux clairs s’ouvrirent à nouveau brusquement et il s’écarta de quelques pas en espérant rétablir un périmètre sûr autour de lui. « Je… » commença-t-il d’une voix un peu trop rauque, alors il s’éclaircit la gorge et s’ébroua, pour reprendre contenance. « J’devrais t’coller au trou, ouais. Mais j’suis pas assez con pour penser que tu te laisseras faire gentiment, » admit-il avec un sourire faible. Bon sang, il devait reprendre ses esprits et tout de suite ! Mais c’était presque impossible lorsqu’il se trouvait dans cet état, envahi par les émotions d’un autre, incapable de fermer son esprit.
Putain, il aurait mieux fait de ne pas venir, finalement. « Je sais pas vraiment ce que je fais là, » avoua-t-il avec une petite grimace. « Je suis trop curieux, sûrement, je voulais en savoir plus. Ce… pouvoir, don, qu’importe, que t’as, c’est… Impressionnant, » fit-il brusquement plus gêné, cette fois-ci. Admettre qu’il était venu ici parce qu’il l’admirait un peu au fond, c’était particulièrement embarrassant, pour lui. « Dommage que tu t’en serves pour faire le con, » rajouta-t-il précipitamment, histoire de se donner bonne conscience. Il devait vraiment avoir l’air d’un type louche, à dire des trucs comme ça. Mais en même temps, il se voyait mal avouer clairement qu’il était un mutant, que son pouvoir était à chier, une vraie plaie, et qu’il admirait Pietro, d’un certain côté, pour avoir l’air de maîtriser et d’accepter le sien aussi facilement. Il préférait avoir l’air un peu creepy que pathétique. Parce que c’était clairement pathétique, d’avoir traqué ce voyou jusqu’à chez lui, juste pour être en contact avec un autre mutant, un mutant qui s’accepte.
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Leur face à face rendait Jaëger nerveux. C'était évident, et Pietro ne pouvait que s'amuser de le voir ainsi, paupières closes, cherchant son souffle en inspirant trop bruyamment. Il allait confesser ce pourquoi il était venu ? Il savait que Pietro était mutant – il était obligé de le savoir, désormais. Faisait-il partie de ce nouveau groupe extrémiste anti-mutants ? Le jeune homme en avait entendu parler, les journaux ne faisaient que relater leurs crimes, et Wanda l'avait à plusieurs reprises averti par prudence. « Je sais que tu cours vite, mais tu n'es pas immunisé contre les balles. Tu le sais bien. » Depuis qu'il avait été touché par Ultron, elle s'inquiétait plus que nécessaire. Et la menace des Watchers était assez grande pour l'inquiéter, lui aussi. Un instant, il songea que le détective faisait peut-être partie de ce mouvement, qu'il était venu pour mettre fin à ses jours. Dans ce cas-là, pourquoi venir seul ? Sans renfort, sans arme spéciale ? Ça ne tenait pas la route. Pietro se détendit, et vit l'inspecteur reculer de quelques pas. Avait-il peur ? Ou bien leur proximité le dérangeait-il ? « Je... » Sa voix était profonde, ses yeux vacillaient de droite à gauche sans trop bien savoir où se poser. « J'devrais t'coller au trou, ouais. Mais j'suis pas assez con pour penser que tu te laisseras faire gentiment. » Au moins, il avait du bon sens. A nouveau, Pietro afficha ce sourire canaille, ravi que son interlocuteur ne le sous-estime pas. Il était jeune et sa carrure n'impressionnait pas : certes, il avait le corps sèchement musclé, mais pas d'épaule, pas de carrure. Il avait le look de la petite racaille, du gamin sympa un peu trop borderline. De ce fait, beaucoup de gens ne le considéraient pas à sa juste valeur. Le fait que Jaëger porte sur lui un regard aussi honnête lui fit plaisir. « Je sais pas vraiment ce que je fais là, je suis trop curieux, sûrement, je voulais en savoir plus. Ce … pouvoir, don, qu'importe, que t'as, c'est … impressionnant. » Cette fois, Pietro bomba le torse. Lorsqu'on le comparait à sa sœur, il était toujours relégué au rang de bon sans jamais être qualifié d'exceptionnel. Wanda avait un don extraordinaire, qui lui permettait de faire quasiment n'importe quoi. Lui, il courait vite. Forcément, il ne tenait pas la comparaison. Que l'inspecteur lui dise qu'il était impressionnant (son don, mais Pietro prit le compliment pour lui) faisait naître des papillons quelque part dans son ventre. Parce qu'on le reconnaissait enfin. Parce qu'Amadeus le disait, peut-être.

« Dommage que tu t'en serves pour faire le con » ajouta le policier. Pietro fit la moue. Ç’avait été de courte durée. Il se renfrogna, et retourna s'asseoir sur l'accoudoir, s'éloignant de Jaëger qui sembla soulagé de rétablir une distance de sécurité. Comment pouvait-il dire ça ? Pietro n'était pas un petit con. Il avait peut-être un humour très limite, il prenait sûrement les choses trop à la légère, mais il fonctionnait comme ça. Il posait des barrières, instaurait des distances. Tout le monde a besoin d'éloigner les autres à un moment donné, même si nos manières diffèrent. « Ceux qui n'ont pas de don ne peuvent pas comprendre. » lança-t-il, toujours bougon. « Être mutant élargit le champ de possibilités. Ça forge de nouvelles limites, mais ça étend aussi nos libertés. » Il quitte le canapé et arpente la pièce, joignant les gestes à ses paroles. « On entend partout que homo superior et homo sapiens sont égaux, mais c'est faux. Nous pouvons faire des choses que vous ne pourrez jamais comprendre. » Dans ses yeux, il y a cette lueur, cette fierté d'être différent. Il a le pouvoir, il le sait. « Certains dons sont plus difficiles à supporter, à appréhender, à contrôler. Tu n'imagines pas à quel point ce fut un challenge de maîtriser cette super-vitesse. » Pietro se rappelait encore des jours où, chaque fois qu'il faisait un pas, il avançait en réalité de quelques kilomètres : la panique qu'il avait ressenti, quand il avait pensé que jamais il ne pourrait s'arrêter de courir et qu'il serait condamné à arpenter la surface de la Terre sans discontinuer jusqu'à sa mort. « Maintenant, je la contrôle. Ça fait partie de moi, et c'est une force dont je ne pourrai pas me passer. » Il reporte son attention sur Jaëger, il l'ausculte du regard. C'est un homme qui l'air dépassé. Il est beau dans sa confusion, les cheveux qui bataillent et le front un peu luisant, les sourcils froncés et les lèvres entrouvertes. Pietro le reconnaît oui, c'est un bel homme – et c'est son inspecteur. S'il arrivait à lui faire comprendre ce qu'être mutant provoque chez quelqu'un, peut-être pourrait-il gagner sa confiance ? Gagner un ami, dans les forces de l'ordre. Cela pouvait toujours s'avérer utile. « Ce que ressent un mutant, ça t'échappe. Du coup, moi aussi je t'échappe. Tout le temps. » Il peint un rictus narquois sur son visage, et ouvre le frigo. « Je peux essayer de t'expliquer, si tu veux ? Autour d'une petite bière. »

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Il était affreusement nerveux, parce que les émotions de Maximoff l’envahissaient et il n’avait aucun contrôle là-dessus. Ce n’était pas le moment, bon sang. Il était nerveux et ça semblait amuser beaucoup son vis-à-vis. Bien évidemment, il ignorait totalement pourquoi Amadeus se mettait dans un tel état et heureusement, c’était déjà suffisamment gênant de devoir vivre avec ce pouvoir à la con. Il prit ses distances, parce que l’autre était trop proche, parce qu’il espérait que ça puisse le calmer un peu. Mais non, c’était toujours là, bien présent. Tout ce que Pietro ressentait, il l’éprouvait aussi. Et bordel, ce type ressentait beaucoup de choses en peu de temps. Il passait de l’amusement à l’inquiétude, pour se détendre subitement et s’amuser à nouveau de lui. Parfois, Amadeus regrettait de ne pouvoir comprendre les pensées qui précédaient ces émotions. Savoir ce que les gens éprouvaient était parfois utile, particulièrement pour ses enquêtes, il devait bien l’admettre. Il ne comptait plus le nombre de fois qu’il avait identifié un excellent menteur grâce à ça. Ou évité à un de ses collègues de se prendre une balle ou un coup de couteau en sentant la colère monter chez les gars qu’ils tentaient d’arrêter. Pour ça, c’était pratique. Mais parfois, il ne s’agissait que d’émotions qu’il ne pouvait pas comprendre sans savoir ce qui les avait provoquées et c’était encore plus frustrant.
Et puis, il y avait le fait qu’il ne contrôlait rien, aussi. Certains jours, ça allait, il parvenait à fermer son esprit correctement, ou ne percevait que quelques émotions ici et là, rien de bien grave. Et puis, il y avait les jours où il ne maîtrisait rien, absolument rien. Les jours où il se retrouvait noyé sous les émotions de dizaines de personnes différentes. Les jours où il ne pouvait que s’isoler et prier pour que ça passe, avant de devenir complètement taré. Il n’était pas dans un si mauvais jour, sinon, il était certain de ressentir toutes les personnes vivant dans le bâtiment et ça, ce serait insupportable. Mais il n’arrivait pas à se fermer complètement pour Pietro et ça restait particulièrement chiant.

Une vague de… fierté ? L’envahit étrangement et il fronça les sourcils. Etait-ce parce qu’il venait de dire à Maximoff que son don était impressionnant ? Ça semblait être ça. Mince, personne ne lui avait jamais dit ? Peut-être que personne ne savait et dans ce cas, c’était parfaitement logique, mais Amadeus avait l’impression qu’il y avait plus que ça. Non, il venait de complimenter son pouvoir et Pietro s’en retrouvait particulièrement fier et presque… touché ? Pourtant, il était impressionnant. Bon, d’accord, Amadeus connaissait peu de mutants, il y avait Leo et si son don était lui aussi particulièrement puissant, il savait aussi que c’était une plaie, comme le sien. Il suivait les informations, regardait la télévision, ce que ce Nightcrawler avait fait en tentant d’assassiner le président des Etats-Unis était impressionnant également.
Mais Amadeus ne l’avait jamais rencontré alors que Pietro se tenait là, devant lui. Et il n’avait pas été témoin de son pouvoir à travers un écran de télévision, non, il l’avait vu à l’œuvre, avait senti les courants d’air qu’il déclenchait en se déplaçant. Et bordel ouais, c’était vachement impressionnant. Ce qui l’était encore plus, c’était la maîtrise qu’il semblait posséder. Et il semblait aussi… parfaitement à l’aise, avec ce don ?

Un peu gêné de s’être ainsi extasié face à Pietro, il tenta de se rattraper en le réprimandant un peu et il le sentit aussitôt déçu. A vrai dire, le jeune homme ne prit même pas la peine de cacher sa déception, puisqu’il afficha une moue qui lui donna l’air d’un gosse et alla bouder sur l’accoudoir de son canapé. « Ceux qui n'ont pas de don ne peuvent pas comprendre. » Et vraiment, de toutes ses forces, Amadeus fit de son mieux pour ne rien montrer. Il se contenta d’arquer un sourcil, ce qui pouvait passer pour de la curiosité, alors que son cœur se mettait à battre la chamade. « Être mutant élargit le champ de possibilités. Ça forge de nouvelles limites, mais ça étend aussi nos libertés. » Peut-être bien. Ça, c’était certain et… quelles libertés ? Amadeus émit peut-être un grognement sourd, qu’il tenta de camoufler en se raclant la gorge, rien de bien concluant. Quelles libertés ? Pour Pietro, peut-être, il pouvait courir vite, se rendre à l’autre bout de la ville en quelques minutes à peine, il pouvait certainement faire plus de choses encore. Mais pas pour Amadeus. Jamais pour Amadeus. Devoir s’enfermer dans son appartement ou quitter la ville précipitamment pour être le plus loin possible des autres pendant toute une journée, ça n’avait pas le goût de la liberté. Plongé dans sa rancœur, il ne vit pas Pietro se lever. « On entend partout que homo superior et homo sapiens sont égaux, mais c'est faux. Nous pouvons faire des choses que vous ne pourrez jamais comprendre. » Le vous ramena Amadeus à la réalité, il leva les yeux en direction de Pietro et sa gorge se serra, lorsqu’il vit la fierté dans son regard.
A nouveau, les émotions de Pietro devinrent les siennes, il s’en abreuva peut-être un peu, espérant comprendre pourquoi il ressentait cela. Lui n’avait jamais été fier de sa condition. Homo superior, quelle connerie lorsqu’il se sentait plus diminué qu’autre chose. « Certains dons sont plus difficiles à supporter, à appréhender, à contrôler. Tu n'imagines pas à quel point ce fut un challenge de maîtriser cette super-vitesse. » Cette fois-ci, il se retint véritablement de grogner à nouveau. Un challenge, hein ? Alors pourquoi ça avait l’air aussi facile, pour lui ? Bon sang, il était plus jeune qu’Amadeus et pourtant, il semblait avoir un contrôle parfait sur son don. Alors quoi, il l’avait découvert plus tôt ? Avait passé des années à s’entraîner comme un dingue ? Ou alors, il avait accepté la proposition de l’autre chauve, là où lui l’avait refusée ? Il voulait savoir, il devait savoir. Est-ce qu’il avait fait la plus grosse erreur de sa vie en disant non à ce Professeur Xavier ?

« Maintenant, je la contrôle. Ça fait partie de moi, et c'est une force dont je ne pourrai pas me passer. » C’était vraiment ce que l’on éprouvait, lorsque l’on contrôlait son don ? S’il avait appris à le maîtriser, s’il n’avait pas choisi de l’ignorer et de l’enfouir au plus profond de lui-même – sans grand succès – éprouverait-il la même chose que Pïetro, pour son pouvoir d’empathie ? Amadeus voyait ça comme une faiblesse, un contretemps terrible. Même s’il lui avait été utile, il y avait bien trop d’inconvénients. Maximoff le fixait, alors l’inspecteur soutint son regard, du mieux qu’il pouvait. « Ce que ressent un mutant, ça t'échappe. Du coup, moi aussi je t'échappe. Tout le temps. » fit-il de son sourire narquois et pendant un instant, Amadeus s’imagina rabattre son caquet en lui annonçant qu’il était un mutant, lui aussi. Pendant un court instant oui, il s’imagina lui révéler ce qu’il n’avait dit à personne. Juste pour voir la surprise se peindre sur son visage. Mais il ravala bien vite cette idée. « Je peux essayer de t'expliquer, si tu veux ? Autour d'une petite bière. » Amadeus inspira profondément, essaya de maîtriser les battements de son cœur dans sa poitrine. Il voulait comprendre. Pour la première fois depuis qu’il avait pris conscience de son don, il était prêt à entendre les arguments d’un autre, d’un mutant qui s’acceptait, parce qu’il voulait enfin comprendre.
« T’as raison, j’y comprends rien, » admit-il en essayant de maîtriser les tremblements de sa voix. Il ne mentait pas, après tout. Par omission, certainement. « Si tu es prêt à m’expliquer, pourquoi pas, » fit-il en prenant un air détaché, pas très concluant non plus. « Et je ne dis pas non, pour la bière. » Il inspira à nouveau, il pouvait le faire, il pouvait se calmer et prétexter une simple curiosité. C’était normal d’éprouver ça, non ? N’importe qui serait curieux, ce n’était pas louche. « Comment tu as fait pour… Maîtriser ça aussi bien ? » demanda-t-il d’un signe de la main vers Pietro. « Tu as dit toi-même que ça avait été difficile et pourtant… pourtant ça a l’air si facile, quand je te regarde, » dit-il en fronçant les sourcils de nouveau.
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Il y avait quelque chose de touchant chez Amadeus, et Pietro était incapable de savoir quoi. Il le regardait, la main sur la poignée du frigo, et il souriait à la façon dont les yeux du détective se perdaient, à sa voix un peu hésitante. Rarement avant, Pietro avait été intrigué par un autre homme : il avait le sentiment de déjà tout connaître. D'avoir vécu trop de choses pour être à nouveau surpris par quelqu'un. Mais il y avait ce quelque chose, chez Amadeus, et il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

« T'as raison, j'y comprends rien. » lâcha l'inspecteur. Il le dit sans grande conviction, probablement dépassé par toute cette histoire de mutation. Finalement, c'était une réaction normale, pour quelqu'un qui n'avait jamais été en contact avec des mutants – mais de par son travail, il avait déjà dû parler à des mutants. Ce n'était pas nouveau. Alors pourquoi paraissait-il aussi affecté ? « Si tu es prêt à m'expliquer, pourquoi pas ? Et je ne dis pas non pour la bière. » Voilà un langage que Pietro comprenait. Il lâcha un sourire plus éclatant encore, ouvrit grand la porte et en sortit deux bouteilles de bière qu'il posa sur le comptoir de la cuisine. Il tira un décapsuleur du fond d'un tiroir, ouvrit celle de Jaëger et la sienne, puis s'approcha de l'homme pour lui donner, en main propre, sa boisson. Le jeune coursier eut un frisson lui parcourant l'échine, lorsque ses doigts rencontrèrent ceux de son vis-à-vis. Une sensation étrange, pas désagréable, mais déstabilisante au possible. « A la tienne ! » lança-t-il avec fausseté, comme pour se sortir cette impression de la tête. Il s'éloigna du détective, et un petit silence s'installa alors qu'ils buvaient tous deux plusieurs gorgées. Pietro allait prendre la parole, demander à Jaëger de lui poser des questions, mais ce dernier prit les devants. « Comment tu as fait pour … Maîtriser ça aussi bien ? » Il désigna Pietro de la main, se référant sans doute à sa mutation. Ce n'était pas la question la plus posée, de prime abord, mais le jeune homme n'entendit que le compliment caché derrière la question, et une nouvelle vague de fierté l'envahit. « Tu as dit toi-même que ça avait été difficile et pourtant... pourtant ça l'air si facile, quand je te regarde. » C'était de l'admiration, ou de la jalousie ? Pietro pencha pour l'admiration : Amadeus n'avait rien d'un mutant. Si tel était le cas, et considéré son âge, ça fait longtemps qu'il aurait été approché par Xavier, ou par n'importe quelle autre organisation. Il connaîtrait son pouvoir, il n'aurait pas besoin de le questionner à ce sujet. Pietro préférait se convaincre que ces questions n'étaient qu'une curiosité un peu étrange. Il redressa le torse, et jeta un regard plein de suffisance à Jaëger. « Le talent, мой дорого́й*. »

Pietro pouffa de rire. Wanda répétait sans cesse qu'il était le seul à rire de ses blagues, mais qu'il continuait d'en faire en espérant à chaque fois arracher un sourire aux autres. De manière générale, elle ne souriait jamais, bien trop blasée après tant d'années, et Victor était toujours perdu, sans trop savoir distinguer les fois où Pietro blaguait, des fois où il était sérieux. « Non, sérieusement, il rajouta, par habitude face aux gens démunis par ses tentatives humoristiques, c'est une histoire longue, compliquée, et on n'est sûrement pas assez intimes pour que je te raconte tout. » il ajouta. Encore une fois, cette drôle de sensation lui parcourut le corps à nouveau, et il lâcha Amadeus du regard. « Mais je peux au moins te parler de la partie qui t'intéresse. Celle des expériences. » Pietro a les yeux qui se perdent un peu plus loin. En repensant à cette période, pourtant pas si éloignée, il se sent envahi par une tristesse qu'il repousse habituellement tout au fond de sa tête, quelque part où il sait qu'elle ne viendra pas troubler son optimisme. Y faire face le submerge. « J'ai une sœur jumelle. Elle s'appelle Wanda. » commença-t-il. Pourquoi lui parler de sa sœur ? Pourquoi l'impliquer ? Si jamais Jaëger voulait l'incriminer, il pourrait aussi bien emmener Wanda en prison. Il pourrait détruire leurs vies à tous les deux. Pietro avait confiance, pourtant. C'était étrange, comme sentiment : il ne connaissait pas l'inspecteur outre-mesure. Ils n'avaient pas un lien indéfectible, ils ne s'étaient rien promis. Mais Pietro le croyait incapable de lui faire du mal. « Nous sommes nés, et nous avons vécu quasiment toute notre vie en Transia. Nos parents sont morts quand nous étions très jeunes. » Il fit une pause, une courte pause alors que des images lui revenaient en mémoire. Cette tristesse, encore. Pietro ne comprenait pas pourquoi il racontait autant de détails intimes, pourquoi il se livrait à ce point – l'homme face à lui n'en avait cure. Cela ne répondait pas à sa question, il n'avait aucune affection particulière pour Pietro. Alors arrête de raconter tes malheurs, ta vie jalonnée d'obstacles. Tout le monde souffre un jour ou l'autre, tu n'es pas le premier, tu seras pas le dernier. Arrête.

Mais il continue. « Alors on s'est occupés l'un de l'autre – et on a découvert nos dons ensemble. Wanda peut faire des choses incroyables, bien plus incroyables que moi. Elle est exceptionnelle. Pourtant, si mon pouvoir a été difficile à contrôler, le sien l'était davantage. Être mutant, ça ne vient pas avec un manuel. On se retrouve vite démuni face à ce qu'on peut faire, et sans parent pour nous aiguiller, Wanda et moi avons longtemps galéré. » Il s'arrête encore dans son récit, boit une nouvelle gorgée à sa bière. Il ne veut pas noyer Amadeus sous les informations, alors il tente d'espacer son récit. Lui laisser le temps d'assimiler ce qu'il entend. « Puis on a eu vent d'une organisation qui pourrait nous aider. HYDRA. » En prononçant ce nom, Pietro frissonne. Quelle idée avaient-ils eu, alors ? Les Maximoff avaient fait de terribles choix. Ils avaient leurs raisons, bien sûr, mais ça n'excusait en rien leur responsabilité face à cette décision. « Ils avaient une technologie nouvelle. Une pierre alien, avec laquelle ils entendaient conduire des expériences sur les mutants. Pour les rendre plus forts, plus en contrôle. Nous nous sommes portés volontaires. » La tristesse avait laissé place à la douleur, face aux souvenirs qui s'imposaient derrière ses paupières. Pietro avait cru mourir de nombreuses fois, sous le coup des traitements de l'HYDRA. Il l'avait choisi, pourtant. C'était sa faute, son fardeau à porter. « Seuls Wanda et moi avons survécu. Nous avons gagné en puissance ; et nos dons ne sont désormais plus un problème. Nous avons un contrôle total. » Il y avait un certain orgueil dans sa voix. Après tout ce qu'ils avaient enduré, tous les choix qu'ils avaient fait avaient fini par payer. Wanda et Pietro étaient libres, ils étaient forts. Indépendants.

Le coursier but encore une lampée, chassant de sa tête tous ces tristes moments. « Voilà comment j'ai fait ! » finit-il par dire, le ton solaire. Il fallait retrouver le positivisme qui le caractérisait tellement. L'insouciance de son âge, la joie de vivre de sa génération. Tout ça était derrière lui désormais. Devant, il n'y avait qu'Amadeus. « Mais bien sûr, la méthode la plus classique serait de rejoindre l'institut Xavier. » il ajouta, sourire aux lèvres. Il aurait dû répondre ça directement, plutôt que de se montrer honnête. Il n'avait pas à raconter la vérité à Jaëger, après tout. Ce n'était pas son ami. Il lui avait pourtant offert une bière. Offert de rester – et ce sentiment en touchant ses doigts … Incapable de savoir ce qu'il y avait, Pietro ne pouvait également pas s'empêcher d'y penser. Quelque chose clochait chez lui – chez eux, dans cette interaction si étrange – et il voulait savoir quoi. Amadeus était spécial.  



* my dear
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Amadeus regarda Pietro attraper deux bières et les poser sur le comptoir avant de sortir un décapsuleur pour les ouvrir. Puis il s’approcha et lui tendit la bière, qu’il attrapa. Leurs doigts se frôlèrent et un court instant, il sentit une gêne étrange parcourir son vis-à-vis. Il ne put s’empêcher de froncer les sourcils, curieux. « A la tienne ! » s’empressa-t-il de dire alors il n’insista pas. De toute manière, il n’était pas censé avoir senti ça, n’est-ce pas ? Il préféra donc boire quelques gorgées de sa bière avant d’enfin poser sa question. Celle qui l’obsédait depuis qu’il avait vu le jeune Maximoff pour la première fois. Une nouvelle vague de fierté envahit Amadeus et il retint à peine un petit sourire en coin tandis que Pietro affichait un air suffisant qui ne le surprit même pas. « Le talent, мой дорого́й. » répliqua le jeune homme et l’inspecteur ne parvint pas à retenir un ricanement moqueur, heureux de ne pas avoir souhaité boire une gorgée de bière au même moment. Il n’avait aucune idée de ce que ces mots, certainement prononcés en russe, signifiaient, mais qu’importe. Le rire de Pietro était un son agréable, songea Amadeus avant de s’ébrouer légèrement. Il n’était pas là pour ça, okay ? « Non, sérieusement, c'est une histoire longue, compliquée, et on n'est sûrement pas assez intimes pour que je te raconte tout. » Il hocha la tête, la gorge nouée, tandis que le jeune homme détournait le regard. Il comprenait, c’était sûrement… personnel, non ? S’il ne voulait pas lui raconter cela, tant pis. Amadeus était déçu, mais il ne pouvait pas tellement le forcer à en parler.
Pour se donner quelque chose à faire, il but une gorgée de sa bière, ne sachant quoi dire d’autre. « Mais je peux au moins te parler de la partie qui t'intéresse. Celle des expériences. » Il releva la tête, les sourcils froncés. Il avait pensé qu’il ne voulait pas… les expériences ? Comme… lui faisant des tests, pour connaître ses limites, ce genre de choses ? Ou comme d’autres personnes, se servant de lui pour… ? Amadeus sentit sa gorge se nouer et il pâlit peut-être un peu. Alors il la sentit, faible et maîtrisée, refoulée, même, cette tristesse qui n’allait pas à Pietro. Okay, il n’aimait pas ça du tout. Un peu malgré lui, il serra les dents. « J'ai une sœur jumelle. Elle s'appelle Wanda. » Oh, sœur jumelle, donc. Cela répondait à la question qu’il s’était posée un peu plus tôt, mais il ne voyait pas tellement le rapport. Enfin soit. Amadeus hocha la tête, pour montrer qu’il écoutait, même si Pietro ne le regardait pas et semblait complètement ailleurs.

« Nous sommes nés, et nous avons vécu quasiment toute notre vie en Transia. Nos parents sont morts quand nous étions très jeunes. » Amadeus était un peu mal à l’aise. Ce n’était pas le genre de choses que l’on racontait à un inconnu. Il n’avait pas demandé à en savoir autant et… d’un côté, cool, ça voulait dire que Pietro lui faisait confiance, ne serait-ce qu’un tout petit peu mais d’un autre côté… Il ne savait pas vraiment quoi faire de ça. Cette confiance, cette information. Il était un bon flic, quand il s’agissait de s’occuper des victimes, de les réconforter, il était plutôt bon, parce que c’était son boulot. Mais pour un empathe, il était sacrément nul quand il s’agissait de compatir. Pourtant, il savait ce que c’était que de ne pas avoir de parents. Sa mère était morte quand il était gosse et son père… Ce gros con n’avait jamais été capable de faire son boulot. Mais il ne savait pas quoi dire. Je suis désolé ? C’était nul, ça ne réconfortait personne, ce n’était qu’une stupide convention sociale vide de sens. Alors Amadeus préféra se taire, serrer les dents, attendre la suite. « Alors on s'est occupés l'un de l'autre – et on a découvert nos dons ensemble. Wanda peut faire des choses incroyables, bien plus incroyables que moi. Elle est exceptionnelle. Pourtant, si mon pouvoir a été difficile à contrôler, le sien l'était davantage. Être mutant, ça ne vient pas avec un manuel. On se retrouve vite démuni face à ce qu'on peut faire, et sans parent pour nous aiguiller, Wanda et moi avons longtemps galéré. » Cette fois-ci, le blond arqua un sourcil, intrigué.
Pietro semblait plutôt fier de son don, alors l’entendre ainsi vanter les mérites de sa sœur jumelle… Amadeus se demanda de quoi elle était capable. Qu’est-ce qui pouvait être encore plus incroyable que de courir à une telle vitesse ? Il se retint de ricaner, lorsque le Maximoff dit qu’être mutant ne venait pas avec un manuel. Si seulement, il serait déjà débarrasser de tous ses problèmes. Il se retint plus encore en entendant qu’ils avaient longtemps galéré. Amadeus avait quatre ans de plus et il n’était même pas prêt de maîtriser son don. « Puis on a eu vent d'une organisation qui pourrait nous aider. HYDRA. » Euh, ok. Jaëger fronça les sourcils. Il suivait les informations, il avait entendu parler d’HYDRA lorsque tous les dossiers du SHIELD avaient fuité et… vraiment ? C’était une sacré organisation de merde, ça. Et Pietro et sa sœur s’étaient tournés vers eux ?

Amadeus commençait à douter de son envie de tout savoir et ça se voyait certainement. Il était tendu, la mâchoire crispée. « Ils avaient une technologie nouvelle. Une pierre alien, avec laquelle ils entendaient conduire des expériences sur les mutants. Pour les rendre plus forts, plus en contrôle. Nous nous sommes portés volontaires. » Sérieusement ? L’inspecteur ne contrôlait plus vraiment ce qu’il affichait et ses yeux s’étaient écarquillés. Et les émotions qu’il percevait n’arrangeaient rien. Il y avait eu la culpabilité, à la mention d’HYDRA. Et maintenant la douleur des souvenirs, des choses qu’Amadeus ne souhaitait pas imaginer. Ils s’étaient portés volontaires pour subir les expériences d’une bande de scientifiques néo-nazis complètement tarés ? Putain, il avait été plus d’une fois tenté de rechercher des gens pour l’aider à maîtriser son don, mais de là à faire une chose pareille…
Sans s’en rendre compte, Amadeus s’était rapproché de Pietro. Peut-être à cause de ce qu’il percevait, non, c’était certain, même. Il ne comprenait pas tellement mais cette douleur, il voulait qu’elle cesse. Pas seulement parce qu’il pouvait la ressentir, mais aussi parce que… raah, il ne savait pas, ce n’était juste pas bien venant de Pietro. Ce don était insupportable, putain. Il se figea brusquement en réalisant qu’il ne se tenait plus qu’à un ou deux mètres du Maximoff et se mordit l’intérieur de la joue. « Seuls Wanda et moi avons survécu. Nous avons gagné en puissance ; et nos dons ne sont désormais plus un problème. Nous avons un contrôle total. » C’était de pire en pire. C’était comme ça, qu’il avait appris à maîtriser son don ? En acceptant qu’on se serve de lui comme cobaye ? Amadeus avait envie de vomir.

« Voilà comment j'ai fait ! » s’exclama finalement Pietro d’un ton joyeux, comme s’il venait de parler de quelque chose de tout à fait normal, de raconter une petite anecdote marrante. Et la gorge de l’inspecteur se serra, ses doigts se fermèrent un peu trop fort autour de sa bière. « Mais bien sûr, la méthode la plus classique serait de rejoindre l'institut Xavier. » A ces mots, le jeune homme pâlit et leva à nouveau les yeux vers le Maximoff, le cœur battant la chamade. Alors il… il connaissait cet endroit ? Ce n’était pas une espèce de farce ? La méthode la plus classique… la meilleure solution aussi, n’est-ce pas ? Amadeus serra les dents à s’en faire mal et la colère prit place sur ses traits. Il avait vraiment agi comme un connard en refusant l’aide de cet homme, n’est-ce pas ?
Mais était-ce sa faute, pour ne pas y avoir cru ? Etait-ce de sa faute, pour avoir pensé qu’on se fichait de lui ? Il n’avait parlé de son don à personne, souhaitait l’oublier, qu’il disparaisse, tout simplement. Et ce type s’était pointé comme une fleur, pour lui parler de cet Institut, s’excusant presque de n’avoir pu le trouver plus tôt, que son don s’était réveillé tard, mais que ce n’était pas grave, qu’il pouvait toujours apprendre, que… Il était âgé de vingt-et-un ans alors, il venait de décrocher un job à la Franklin Station, et il aurait dû suivre ce vieux fou jusqu’à son école ? Putain. « Alors… alors c’est ça ? Laisser des timbrés faire des expérimentations où retourner à l’école, c’est les seuls choix qui s’offrent à m… aux mutants, » s’empressa-t-il de dire, mais c’était trop tard, n’est-ce pas ? L’horreur se dessina sur les traits d’Amadeus qui fit quelques pas en arrière, manqua de renverser sa bière. Il détourna les yeux, incapable de regarder Pietro tandis que son cœur cognait trop vite, trop fort dans sa poitrine. Merde, merde, merde. « Je devrais… » Sa voix rauque, chargée de regrets et de peur se retrouva coincée dans sa gorge. Partir, je devrais partir.
(c) AMIANTE
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RUN BABY RUN


En un fragment de seconde, Pietro se trouvait devant la porte de l'appartement, bloquant la route à l'inspecteur. Pas d'échappatoire, ce serait beaucoup trop facile. Il laissa un sourire glisser sur ses lèvres : comment avait-il pu passer à côté ? Il y avait bien quelque chose d'étrange chez Jaëger. Sa mutation.

Il perdit son sourire presque aussi rapidement qu'il était venu. Est-ce que ça voulait dire que …. le flic s'était servi de lui ? Il l'avait utilisé pour avoir des réponses à sa propre condition. Et bêtement, Pietro avait ouvert les vannes, il avait raconté bien trop, des bribes intimes de son histoire – il pensait pouvoir faire confiance à Amadeus. Il avait été stupide, merde. Il ne le connaissait pas. C'était un inconnu. Et le croiser quand il volait tel ou tel accessoire, l'initier petit à petit à un jeu de course-poursuite, n'en faisait pas un ami. Pietro grinçait des dents. Il se serait attaqué à Jaëger, s'il n'avait pas craint que ce dernier n'utilise son don. Après tout, ça pouvait être n'importe quoi, de la plus minable évolution au plus grand des pouvoirs. « Mutant, hein ? » railla-t-il en finissant d'une traite sa bière. En une seconde, il était retourné dans la cuisine, avait posé sa bière sur le plan de travail, et celle encore à moitié pleine de l'inspecteur. Il était de retour devant la porte, faisant barrage, en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire homo superior. « Pas de bière pour les menteurs. » lâche-t-il avec sarcasme, avant de finalement s'adosser au battant de bois et croiser les bras. « Tu as piqué ma curiosité. » Il dit ça comme si c'était nouveau, mais sa curiosité était piquée depuis plus longtemps que deux minutes. Amadeus l'avait intrigué au premier regard, il l'intriguait encore maintenant. Il avait le monde dans les iris, le monde entier et ses joies et ses peines et ses deuils et ses extases. Pietro avait trouvé ces yeux beaux, et cet homme beau ; si vous connaissiez le gaillard, vous sauriez que c'est rare. Pire, unique. Il n'aimait pas les hommes, il n'aimait pas leur plastique, il n'aimait pas leurs yeux ni le carré de leur mâchoire, ni la bataille dans leurs cheveux. C'était pour ça qu'il avait accordé aveuglément sa confiance au détective, parce que ce dernier avait touché, éveillé une part de lui qu'il pensait ne pas exister.

Et plus il y pensait, moins il aimait ça. C'était sûrement lié au don de ce grand con, il devait essayer de charmer Pietro, de l'envoûter, un truc du genre. Alors il quitta les yeux du flic, il essaya de se concentrer ailleurs. Sur ses mains, sur sa veste, sur la veine quelque part à gauche de son cou. « J'ai été honnête avec toi, un peu trop d'ailleurs, pensa-t-il, il serait peut-être temps de me renvoyer l'ascenseur, non ? » Si Amadeus ne souhaitait rien raconter de plus, qu'est-ce qu'il ferait ? Il n'allait pas le séquestrer … pas vrai ? Après tout, il ne devait rien au Maximoff. Il voulait seulement des réponses, et il était venu voir le seul mutant qu'il connaissait, qui contrôlait aussi bien son don. Pietro ne pouvait pas lui en vouloir à ce niveau-là. Mieux valait que Jaëger se pointe à son appartement, plutôt qu'à celui d'un mec comme Magneto. Si le flic veut partir, le jeune coursier le fera d'abord promettre de ne pas le dénoncer à la justice. Puis il le laissera quitter l'appartement, pincement au cœur. Mais il espérait que son vis-à-vis passerait à table. Qu'il lui dirait la vérité. A voir la panique dans ses yeux, dans ses gestes, on n'était pas encore là. « On dirait un chiot terrifié par son ombre. » se moqua Pietro. Il savait qu'il pouvait aider l'inspecteur, qu'il le devait en tant que mutant. Par solidarité, par amitié, par … merde, non il n'avait pas à l'aider. Va crever dans le fossé, Jaëger. Tu l'as utilisé, tu lui as menti. Pietro ne pouvait s'y résoudre, et ce constat l'agaça. « Tu es mutant, la belle affaire ! Il y a pire tare dans le monde. Genre, être homo ! » Il essayait de détendre l'atmosphère, de pousser Amadeus à lui parler, à lui raconter. Il ne voulait pas le voir partir. C'était frustrant, d'insister autant pour un étranger, pour sa présence. C'était même malsain.

Cette fois-ci, sa tentative d'humour ne marcha pas.

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Merde, merde, merde. Ce qu’il pouvait être con, putain. Tout ça, c’était la faute de ce maudit don, de ces émotions qu’il percevait comme si elles étaient les siennes et qui foutaient la merde dans sa tête. Le cœur au bord des lèvres, Amadeus fit volte-face, prêt à quitter l’appartement de Pietro pour se tirer loin d’ici, le plus loin possible. Mais il s’était à peine retourné que déjà, le jeune homme était planté devant la porte, lui barrant le passage. L’inspecteur se figea, déglutit avec difficultés. Le sourire du Maximoff avait disparu, laissant place à une expression bien plus dure. Et le sentiment de trahison heurta Amadeus de plein fouet, le faisant tituber, reculer de quelques pas. Oh bordel, c’était insupportable. « Mutant, hein ? » fit son vis-à-vis avant de finir sa bière. Un peu tremblant, Jaëger ouvrit la bouche pour répliquer, mais un courant d’air balaya son visage et il réalisa que sa propre bière avant disparu. « Pas de bière pour les menteurs. » Okay, ouais, c’était sûrement mérité. Il avait menti par omission et il pouvait parfaitement comprendre que Pietro se sente trahi. Mais que pouvait-il lui dire, sinon qu’il n’avait jamais parlé de son don à qui que ce soit et qu’à force de se cacher, c’était devenu naturel pour lui de mentir à ce sujet ? « Tu as piqué ma curiosité. » Ouais, sûrement. Il avait senti la colère du jeune homme, son envie de lui faire payer d’avoir profité de lui.
Et pourtant, il ne faisait rien. Pourquoi, parce qu’il avait peur du pouvoir qu’Amadeus pouvait bien posséder ? Le blond se retint de ricaner. Il n’y avait vraiment pas de quoi avoir peur de son ridicule don. « J'ai été honnête avec toi, il serait peut-être temps de me renvoyer l'ascenseur, non ? » Amadeus était incapable de croiser son regard. Les yeux baissés, la gorge nouée, son cœur n’avait cessé de battre la chamade. Et il avait toujours autant envie de fuir. Mais Pietro ne semblait pas disposé à le laisser partir et il ne pouvait pas tellement le distancer alors ça ne servirait à rien.

Le jeune homme déglutit avec difficultés. Okay, il pouvait le faire. Ce n’était pas parce qu’il n’en avait jamais parlé à voix haute, qu’il avait toujours tout fait pour le cacher qu’il ne pouvait pas le dire. Après tout, Pietro était un mutant lui aussi, non ? Mais il y avait une différence entre courir vite et être capable de percevoir quelque chose d’aussi intime que les émotions des autres. Ça avait quelque chose de malsain, de bien plus monstrueux qu’une super vitesse. Ce n’était pas pour rien qu’il ne se sentait à l’aise qu’avec Leonora, qui pouvait percevoir ses pensées. C’était donnant donnant, il n’avait pas l’impression de violer son intimité, avec elle. Mais bien des gens pouvaient trouver cela intolérable, ils en auraient le droit.
Mais Pietro avait raison, il ne pouvait pas lui avoir menti ainsi et s’en tirer aussi facilement. Alors Amadeus ouvrit la bouche, prêt à prendre son courage à deux mains pour lui répondre. « On dirait un chiot terrifié par son ombre. » se moqua-t-il subitement et l’inspecteur referma aussitôt la bouche. Il fronça les sourcils en se retenant d’afficher un air vexé. Il pouvait bien comprendre qu’il soit énervé, mais ce n’était pas la peine de se foutre de sa gueule, putain.

« Tu es mutant, la belle affaire ! Il y a pire tare dans le monde. Genre, être homo ! » Et c’était peut-être parce qu’il ne se sentait pas tellement à l’aise, là tout de suite. Ou parce que la colère de Pietro était devenue la sienne. Ou parce qu’il était incapable de percevoir qu’il s’agissait d’une tentative pour détendre l’atmosphère. Ou tout simplement parce qu’il n’avait que trop entendu ce genre de choses. Mais les yeux d’Amadeus s’écarquillèrent. Prendre quelqu’un comme Maximoff par surprise n’était pas chose évidente, mais il ne s’attendait certainement pas à cette réaction-là. En quelques pas, il était sur lui et son poing rencontra brutalement la mâchoire du jeune homme. Il profita de sa confusion pour l’empoigner par le col et le plaquer durement contre la porte derrière lui.
Il était plus proche que jamais de lui, à présent. Son regard orageux plongé dans le sien, son souffle balayant son visage. Une tare, hein ? Une putain de tare. « Répète ça, » siffla-t-il entre ses dents, complètement hors de lui. Ce n’était peut-être qu’une blague et en temps normal, Amadeus aurait certainement fait comme s’il n’avait rien entendu, aurait peut-être même ricané avec lui, juste pour la forme. Mais il n’était pas en état. Le tourbillon d’émotions qui dansait dans son crâne lui faisait perdre toute raison.

Il ne pensait qu’à ses paroles, à quel point les types comme Pietro lui donnaient envie de gerber. Amadeus n’était pas susceptible, mais il avait les nerfs à vif, c’était trop, juste trop. Le Jaëger poussa un grognement sourd, sa tête était douloureuse, il perdait trop le contrôle. Il n’y avait pas que ses émotions à lui et celles de Pietro. Il n’avait aucune idée d’où ça venait – des voisins, certainement – mais il y avait aussi cette lassitude, cet agacement, cette tristesse lancinante. Ce n’était pas à lui tout ça, ça ne lui appartenait pas et pourtant, tout s’entrechoquait brutalement, douloureusement.
Un grondement sourd lui échappa et il libéra Pietro de sa prise pour s’écarter d’un pas, chancelant. Amadeus amena une main tremblante à son crâne, hoqueta. Son poing se serra et il le serra contre sa tempe, comme pour sortir tout ça de sa tête.

C’était trop, putain, c’était juste trop.
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Le coup de poing de Jaëger le prit par surprise. Pietro chancela, la mâchoire douloureuse, et poussa un gémissement quand le détective attrapa son col et le plaqua contre la porte. Acculé, maintenu par une poigne ferme, il ne pouvait pas bouger. Aussi bizarre que ça puisse paraître, il ne voulait pas bouger. Amadeus était à quelques centimètres de lui. Pas besoin d'être empathe pour sentir la colère qui émanait de sa voix. « Répète ça » cracha-t-il. La terreur qui l'habitait avait complètement disparu. Le jeune Maximoff se surprit à avoir peur à son tour. Peur de la réaction du flic, peur de ce qu'il pourrait faire. Il avait touché une corde sensible. Alors, il était gay ? Il n'en avait pas l'allure. Ni les manières. Cette nouvelle information rendait leur position inconfortable pour Pietro. Il était à quelques centimètres de ses lèvres. Il avait une vue parfaite sur les iris si clairs de son vis-à-vis. Il s'y perdit, confus. Son cœur battait à tout rompre, une cavalcade qu'il ne contrôlait pas, un mélange de crainte et de … désir ? Il secoua la tête, rejetant cette idée, dégoûté de la possibilité qu'il puisse être attiré par ça. Par lui. Qu'est-ce qui se passait dans sa tête ?

Dans celle du détective, tout n'avait par l'air d'aller bien non plus. Il lâcha Pietro brusquement, recula de quelques pas et ferma les yeux. Il avait l'air de souffrir le martyr. Est-ce que son don allait se manifester ? Ou était-ce déjà le cas ? Penaud, adossé au contreplaqué bois, il hésita à s'approcher. Il pouvait profiter de ce relâchement chez Amadeus pour fuir, pour quitter son propre appartement et laisser ce merdier derrière lui. La fuite, après tout, était l'une des choses qu'il préférait. Mais quelque chose l'empêchait de laisser le détective dans un tel état, livré à lui-même. Appelons ça de la compassion – parce que ce n'était pas de l'affection. On ne s'attachait pas à quelqu'un en si peu de temps. Il se risqua à faire un pas en direction de l'autre, tenta de poser sa main sur son épaule, mais Amadeus se déroba. Il lui tournait le dos désormais, et il gardait la tête baissée, les poings serrés sur les tempes. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » murmura-t-il. Pietro n'attendait pas de réponse, il se doutait déjà que le pouvoir de Jaëger était mental. Il avait pensé que ce dernier avait un contrôle trop faible sur son don, qu'il était venu le voir pour apprendre comment être en totale possession de ses moyens. De sa mutation.

En réalité, Amadeus ne contrôlait rien du tout. Il subissait, victime de ses démons, de son évolution sans rien pouvoir y faire. Pietro s'en voulait, de l'avoir conduit à un tel état, d'avoir accéléré cet épisode, cette crise. Que pouvait-il y faire ? Si seulement il avait un moyen, n'importe quel moyen, pour changer les idées du détective. Pour le calmer. Rapidement, il attrapa le bras de Jaëger et l'attira contre lui. En une vingtaine de secondes, ils se trouvaient sur le toit. Le vent frais frappa le visage de Pietro, qui cilla à plusieurs reprises. La nuit tombait vite, l'horizon était teinté d'un mauve cauchemardesque, et la lune brillait fort. Il faisait froid, c'était l'hiver après tout, mais l'adrénaline empêchait le jeune homme de sentir la morsure des basses températures. Il jeta un œil à Amadeus. « Calme-toi ! » dit-il avec force. Il se voulait autoritaire, mais il y avait de la détresse dans sa voix. Il se sentait complètement démuni. Pourquoi Pietro cherchait-il encore à l'aider ? Il venait de le frapper ! Et au visage en plus … Pietro avait un si beau visage ! Amadeus n'avait pas l'air d'aller mieux, cette petite balade n'avait pas changé grand chose. « Putain mais ressaisis-toi ! » cria-t-il. A court d'idées, il colla une baffe au détective. Il regretta aussitôt son geste, ne souhaitant pas à nouveau être victime de ses coups. « Je blaguais okay ?! J'adore les homos. Maintenant, get your shit together, ça devient flippant ! »

Sans qu'il y réfléchisse, sa main resta sur la joue de Jaëger. Lorsqu'il s'en rendit compte, il la retira rapidement. Il lui tourna brièvement le dos, fixant les lumières des gratte-ciels au loin. Chaque fois qu'il venait ici, il se sentait le maître du monde. Il avait l'impression d'être loin de tout, isolé – est-ce que Jaëger le sentait aussi ? Est-ce que les peines dans sa tête s'étiolaient ? Ou au contraire, est-ce que le toit était un phare, un aimant à soucis, à souffrances ? Peut-être que Pietro avait empiré son état. Cette pensée l'écorcha. Derrière, il n'entendait plus les plaintes étouffées de l'inspecteur. Il ne voulait pas le voir dans cet état à nouveau. Il ne voulait pas le voir étendu sur le toit, à demi-mort par sa faute. Il garda les yeux rivés sur l'horizon, sur les étoiles urbaines de New-York. Sa voix glissa comme une brise fragile. Est-ce qu'il pleuvait ? Ou bien c'était une larme, suspendue à sa paupière.

« … Amadeus ? »

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Sa respiration était laborieuse, son cœur battait si fort dans sa poitrine que c’en était douloureux. Il n’avait jamais eu le contrôle sur son don, d’accord ? Il y avait juste des jours avec et des jours sans. Et puis il y avait ce genre de situations à la con, où il s’énervait tellement qu’il perdait tous ses moyens. C’était comme ouvrir les vannes. C’était pour ça qu’Amadeus se forçait toujours à rester le plus calme possible, à rarement compatir. S’il laissait ses propres émotions prendre le dessus alors il ne pouvait pas maintenir les maigres barrières qu’il érigeait pour se protéger. Et ça donnait toujours ça. Le tourbillon, les maux de tête insupportables. Là tout de suite, il n’était plus qu’une plaie béante, chaque émotion nouvelle qui s’ajoutait aux autres ne faisait qu’ajouter une souffrance supplémentaire. Il avait du mal de respirer, des larmes coulaient le long de ses joues pâles. Il sentit Pietro s’approcher et une vague d’inquiétude le submergea.
Trop, c’était trop. Amadeus se crispa brusquement et s’écarta, pressant un peu plus ses poings contre ses tempes. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » murmura le Maximoff mais l’inspecteur n’était pas en état de répondre. Qu’il recule, par pitié, qu’il recule. Il ne parvint pas à l’esquiver la deuxième fois que Pietro approcha de lui et il sentit qu’on l’attrapait par le bras. Les yeux écarquillés, il se retrouva alors pressé contre le jeune homme et tout devint flou. Alors le froid le frappa de plein fouet. Le vent frais fouetta son visage et un nouveau hoquet lui échappa. Il ne tenait plus debout, il allait finir par tomber et Pietro l’avait lâché. « Calme-toi ! » s’exclama le mutant, sa détresse ne faisant qu’ajouter au désespoir d’Amadeus qui lâcha un gémissement pathétique. « Putain mais ressaisis-toi ! » Et avant que l’inspecteur puisse lui crier de se taire, d’arrêter de lui gueuler dessus parce que ça n’arrangeait rien, une gifle cuisante vint retentir sur sa joue.

Ce geste lui coupa le souffle et bien malgré lui, sa vue se brouilla de nouveau. « Je blaguais okay ?! J'adore les homos. Maintenant, get your shit together, ça devient flippant ! » Il l’entendait à peine, incapable de voir à travers la brume qui avait une emprise totale sur son cerveau. La main de Pietro demeura sur sa joue et pendant un instant, il fut tenté de s’y appuyer, mais le contact cessa brusquement et le Maximoff se détourna. Alors Amadeus chancela une dernière fois et mit un genou à terre dans un grognement. Il se prit la tête entre les mains et tenta de retrouver son souffle. Inspire, expire, inspire, expire. Il devait se calmer, il devait absolument réussir à se calmer. Mais c’était impossible, putain. Lorsqu’il se mettait dans cet état, il avait souvent besoin de s’isoler des heures, loin de tous, juste pour que la douleur cesse.
Et il était en plein milieu de New-York. Les émotions des habitants du bâtiment lui semblaient plus lointaines, mais Pietro était toujours là, lui. « … Amadeus ? » l’appela-t-il et l’inspecteur émit un grondement rauque, presque animal. « Arrête ça, » hoqueta-t-il misérablement. « A-… arrête de… » Sa voix se brisa et son genou gauche vint rejoindre le droit à terre. Il faisait froid, sur ce putain de toit maltraité par un vent glacial. Ça aurait dû lui remettre les idées en place, mais ça ne suffisait pas.

Pas avec Pietro qui dégageait toutes ces émotions négatives. Il inspira profondément, par le nez et dégagea sa main droite de son crâne. « Juste… » Ses joues humides de larmes lui faisaient presque mal, à cause du froid mordant. Mais ce n’était rien par rapport à tout le reste. « Tu peux juste… » Bordel, il allait réussir à aligner plus de trois mots à la suite ?! Ses épaules tremblaient, ses traits étaient déformés par la douleur. Mais il leva une main vers Pietro et agrippa sa manche, de toutes ses forces, comme pour s’ancrer à la réalité. « S’il te plaît, pense à autre chose, » supplia-t-il d’une voix rauque. « A… à… je sais pas, juste… positif, » parvint-il à articuler en levant un regard tourmenté vers lui. Il n’y parviendrait jamais tout seul, pas dans cet état, il n’avait jamais réussi à le faire. Mais si Pietro le faisait et s’il se concentrait sur lui, juste sur lui, alors peut-être que… « D-désolé, » balbutia-t-il dans un nouveau hoquet. Il avait envie de se rouler en boule là, sur ce toit. De se recroqueviller sur lui-même et de laisser libre court à cette peine qui n’était même pas la sienne. Ou peut-être que si, à présent. Peut-être qu’elle lui appartenait plus qu’il ne le pensait.
Il voulait juste que ça s’arrête. Que la douleur cesse. Que le calme revienne, dans sa tête. Sa prise sur la manche de Pietro se desserra, mais il s’accrocha à ses doigts, plutôt. Chaleur humaine, contact physique, pour se rappeler qu’il était humain et pas seulement un océan de douleurs. Si ça ne marchait pas, il pourrait encore demander à Pietro de l’assommer. Ça ne serait pas la première fois qu’il ferait tout pour sombrer dans l’inconscience, plutôt que de subir ça plus longtemps.
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Un grognement bestial répondit à Pietro. Il sursauta, convaincu que seul le silence ferait écho à sa propre voix. « Arrête ça. » entendit-il, et bêtement il ne put en supporter plus. Il se retourna. « A-... arrête de... » La vision était tragique. Amadeus était le héros tragédien, le martyr à genoux qui suppliait pour que son âme soit sauvée, qui était prêt à sacrifier sa propre vie pour que les souffrances prennent fin. Pietro ne bougeait pas. Que pouvait-il faire ? Il ignorait tout du mal qui rongeait le détective. Quel que soit son pouvoir, c'était lui qui était en charge, qui avait le contrôle. Jaëger n'était qu'un pantin. Il renifla tristement. « Juste... » Dis-le, dis-lui quoi faire, comment t'aider. Il n'attend que ça ; il a vu trop de gens peinés, trop de gens se tordre de douleur. Il voulait l'aider. A quoi bon courir vite, plus vite que le son, que la lumière, à quoi bon franchir des milles en quelques secondes s'il ne pouvait pas venir à la rescousse de son prochain ? « Tu peux juste... » Mais Amadeus se perdait dans ses sanglots, il tremblait et sa voix se brisait sans arrêt. Il était une putain de chandelle laissée à la merci des bourrasques. Le jeune Maximoff fit un pas vers lui, mais n'osa pas le toucher. Il ignorait si le contact physique amplifiait les symptômes, ou au contraire, les diminuait. Il sursauta une nouvelle fois quand Amadeus attrapa sa manche, et la serra si fort que ses jointures blanchirent. « S'il te plaît, pense à autre chose. » Pietro commençait à comprendre.

La tête de l'inspecteur était une porte ouverture, un puits où se déversaient … quoi ? Les pensées des autres ? Leurs sentiments ? « A... à... je sais pas, juste... positif. » articula son Hippolyte. Le coursier avait entendu parler de télépathes assez spéciaux, dont l'habilité se résumait à l'abstraction des émotions, sans en connaître la cause, les conséquences. Un esprit qui captait les joies, les peines, qui expérimentait la peur et le dégoût, le mépris et la détresse sans savoir d'où ça venait, ce qui les provoquait. Une belle épine dans le pied, quand on ne pouvait pas le contrôler. Pietro ressentit une vague de pitié pour Amadeus, pour sa situation – les mutations psychiques avaient toujours des conséquences plus déprimantes et tortueuses que les manifestions physiques. Presque de suite, il s'efforça de refouler la compassion qui l'envahissait. Jaëger allait la ressentir aussi. Depuis le début de leur conversation, il pouvait capter tous les sentiments que Pietro éprouvait ? Avait-il perçu le désir, caché sous une montagne de culpabilité ? Dans son état, submergé par les émotions de, semblait-il, la Terre entière, c'était peu probable.

« D-désolé. » bégaya Amadeus, entre deux hoquets. Pietro finit par s'accroupir à son tour, sans jamais laisser le policier lâcher sa manche. « Hé, tout va bien. » Il lui fit face. Le visage du blond était strié de larmes. Honnêtement, il n'était pas beau à voir. Ses cheveux en bataille, ses yeux rougis, ses lèvres tremblantes … un vrai chiot terrifié par son ombre. Pietro avait vu juste sur ce coup-là. Il rassembla les souvenirs les plus heureux qu'il pouvait. Il vit Wanda, il la vit sourire et, taquine, lui envoyer sa tartine de beurre au visage. Il l'évita sans souci, et elle atterrit sur Victor, qui leva vers eux un regard hébété. La routine qu'ils avaient tous les trois était un des petits plaisirs du quotidien. Pietro sentit son cœur plus chaud, plus calme aussi. Les battements se faisaient réguliers. Il passa au souvenir suivant, à ses rares entraînements en compagnie de Barton. L'humour de l'agent, les piques qu'il lui lançait constamment, et les répliques de Pietro. Leurs francs éclats de rire. Malgré lui, le jeune homme sourit, tandis que les hoquets d'Amadeus s'espacent. Il pense à ses petits vols, à ses courses et à la sensation qui lui saisit les tripes quand il prend de la vitesse, quand il voit le monde tourner au ralenti.

Et le souvenir qui suit, c'est Amadeus. C'est le premier regard qu'il a lancé quand Pietro est parti à toute vitesse. Juste après, il y a le premier sourire entendu quand le détective a compris le manège. Puis son regard satisfait quand Pietro a ouvert la porte de l'appartement, plus tôt dans la soirée. Ce qui le rend bien, ce qui le rend heureux, c'est finalement le souvenir de ses iris où tragédies et euphories se mêlent. « Tout va bien. » répète-t-il, la main désormais assumée sur la joue d'Amadeus. Il essuie une trace de larme du pouce. Ils sont trop proches. Pietro sent son cœur repartir. Mais dans sa tête, il n'y a que de belles images, que de belles émotions.

La plus belle de toutes, c'est lorsque ses lèvres rencontrent celles de l'inspecteur. Le vent est fort mais il le serre plus fort encore, sa respiration s'éteint et son palpitant la joue épileptique dans sa cage thoracique. Quand il s'éloigne, Pietro laisse les sentiments contradictoires qu'il éprouve au fond du placard. Il culpabilisera après, il se maudira plus tard.

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Ses doigts étaient douloureux à force d’enserrer ceux de Pietro et le jeune homme devait certainement éprouver la même chose, mais Amadeus ne pouvait pas se résoudre à le lâcher. Il avait besoin de lui, plus que jamais, en cet instant. Me laisse pas, me laisse pas, me laisse pas. Il allait devenir dingue, si tout ça ne s’arrêtait pas. Il était terrifié à l’idée que le mutant décide de filer, de le laisser à son sort. Il ne pouvait pas bouger de là, c’était trop tard à présent, il était comme cloué au sol. Et s’il ne trouvait pas de quoi chasser toutes ces émotions insupportables… Il sentit du mouvement et releva les yeux vers le Maximoff qui s’était accroupi devant lui. « Hé, tout va bien. » Un nouveau hoquet, tout aussi pathétique, parce que non, rien n’allait. Rien n’allait jamais, putain. Amadeus ouvrit la bouche, prêt à le supplier de faire quelque chose, n’importe quoi, même si c’était le frapper encore, juste pour que ça s’arrête. C’est alors que la première vague de calme parvint à l’atteindre.
Un soupir tremblant franchit la barrière de ses lèvres et il ferma les yeux. Pietro. Rien que Pietro. Le reste n’existait pas, il n’y avait personne d’autre. Il desserra sa prise sur les doigts du jeune homme, remonta sa main, attrapa son poignet, moins fort, juste… un contact, une meilleure prise sur lui. Pietro, Pietro, Pietro. Amadeus s’ouvrit complètement, à lui, rien qu’à lui et la chaleur qui s’empara d’Amadeus lui tira un gémissement rauque. Il ne savait pas à quoi il pensait, mais ça fonctionnait. Peu importe ce qui provoquait ces émotions en Pietro, c’était… c’était parfait. La colère diminua petit à petit, disparut complètement. L’inspecteur cessa de se sentir las et inutile, épuisé pour des raisons qui n’étaient pas les siennes.

Puis la tristesse disparut à son tour. Les larmes cessèrent de couler le long de ses joues. Les yeux toujours clos, Amadeus s’abandonna complètement, se laissa envahir par la joie simple et calme de Pietro. Ce n’était pas de l’euphorie, ça n’avait rien d’excitant, pas comme ces fois où il s’ouvrait à des inconnus trop heureux juste pour éprouver quelque chose de positif. Pour se shooter à leur bonne humeur. Non, c’était apaisant, il faisait toujours froid et pourtant, Jaëger sentit son corps se réchauffer petit à petit. Sa respiration se calma, prit un rythme régulier, de même que les battements de son cœur. Il parvint enfin à inspirer profondément et résista à l’envie qu’il avait de s’appuyer contre Pietro, juste pour ressentir plus, toujours plus.
C’était addictif. Ce calme, cette sérénité. Cette joie simple. A quoi pensait-il ? Il n’en savait rien mais c’était divin. « Tout va bien. » lui parvint la voix de Pietro et il sentit une paume chaude contre sa joue. Un nouveau gémissement lui échappa, parce que la douleur disparaissait enfin et c’était… oh god, c’était parfait. Presque malgré lui, il appuya un peu sa joue contre la paume de Pietro, s’abandonnant à ce contact qui lui permettait plus facilement encore de n’éprouver que les émotions du jeune homme.

Pietro, rien que Pietro. Il se rapprocha de lui, s’appuya contre le jeune homme, juste assez pour tenir. Alors un contact chaud et humide sur ses lèvres le força à ouvrir les yeux. Amadeus cessa de respirer et il n’était pas stupide mais bordel, il mit un moment à comprendre. Son cœur bondit dans sa poitrine et un grondement sourd s’éleva de sa gorge. Ils étaient proches, si proches, plus que jamais et Amadeus ressentait tout de lui. Il n’y avait pas que ses émotions, mais aussi la chaleur de son corps, son parfum qui effleurait ses narines. Ses doigts se crispèrent autour du poignet de Pietro et il ferma de nouveau les yeux. Ça ne devait pas s’arrêter. Jamais, ça ne devait surtout pas s’arrêter.
Les émotions du Maximoff avaient presque une odeur, entêtante, délicieuse, parfaite. Amadeus ne voulait même pas penser à la raison de ce baiser qui n’avait aucune logique. Il ne voulait pas se demander pourquoi Pietro faisait cela. Non il en voulait juste plus. Plus de ce rayonnement que le jeune homme dégageait, plus de contact, plus de…

Mais il s’écarta et un autre grognement, presque plaintif, résonna entre eux. Les paupières lourdes, l’esprit embrumé, Amadeus fit de son mieux pour ouvrir les yeux. Ses pupilles étaient dilatées, parce qu’il faisait sombre mais il n’y avait pas que cela. S’ouvrir ainsi à Pietro, se laisser envahir par tous ces sentiments positifs, c’était mieux qu’une drogue. Et faire ça, s’ouvrir ainsi en ajoutant ce… contact, c’était indescriptible.
Jaëger réalisa qu’il tremblait encore, mais ce n’était pas de froid ni de douleur cette fois-ci. C’était comme si le manque s’installait déjà. Il ouvrit la bouche mais il était incapable de parler, semblait réduit à communiquer par grognements. Il était ailleurs, complètement. Pas sur un toit où il faisait un froid de chien, non, il était… Il n’en savait rien, mais putain, c’était le pied. Alors un rire rauque lui échappa, preuve qu’il ne contrôlait vraiment plus rien et il alla appuyer son front contre l’épaule de Pietro. A vrai dire, il ne s’arrêta pas là. Tournant légèrement la tête, il se nicha un peu plus dans le creux de son épaule, son souffle frôlant la peau pâle du jeune homme.

Il n’avait jamais rien éprouvé de tel. De toute sa vie, il n’avait jamais ressenti un truc aussi bon et pourtant, il avait tenté bien des choses pour faire passer ses crises. Mais ça, c’était indescriptible. Il était complètement défoncé, en fait. Cette pensée lui tira un nouveau rire, ou bien était-ce le souvenir de la joie éprouvée un peu plus tôt par Pietro, qui lui faisait perdre les pédales. « Cool, » murmura-t-il d’une voix rauque en fermant les yeux.
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