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 it's holiday time | Icesnow #12

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HOLIDAY TIME


C’est les vacances. Ca sonne tellement positif. Ca sonne tellement joyeux. C’est les vacances. Moment de joie que les enfants et les adultes adorent. Moment que chacun attend avec impatience. C’est les vacances. L’occasion de voyager, de glander, de lire, de vivre, de sortir, de man ger, de dormir. L’occasion de changer son quotidien, loin des cours, du travail, des responsabilités et autres obligations. C’est les vacances. Quatre mots que Bobby n’a pas prononcé depuis une éternité. On peut difficilement prendre des congés quand on est X-Man. On veut difficilement en prendre quand on aime autant son métier. Mais là, ça s’imposait. C’est les vacances. Il en a besoin. Il en a terriblement besoin. Pouvoir fermer les paupières, se laisser porter par le sommeil et dormir à poings fermés. Pouvoir se réveiller doucement, étendre les heures jusqu’à trouver le courage de se lever, savourer la pensée d’une journée libre. C’est les vacances. Il n’y part pas seul. Il y a Snow. C’est pour elle aussi qu’il veut prendre ses distances avec leur routine. Pour lui montrer que vivre normalement est possible. Pour lui prouver que la X-Mansion tient encore debout, avec deux X-Men en moins. Pour lui ouvrir les yeux sur le bonheur. Elle peut être heureuse. Elle peut sourire à la vie. Elle peut s’enthousiasmer d’un rien. Elle a le droit. Ou plutôt, elle le doit. Parce que ce monde est pourri jusqu’à la moelle. Parce que cette société va de plus en plus mal. Parce que le gouvernement enchaîne les conneries. Tant qu’il y aura des gens pour sourire, pour être bienveillants, pour être positifs, il y aura toujours de l’espoir. Rien n’est perdu. C’est les vacances. Ils vont enfin pouvoir vivre. Penser à ce qu’ils ont envie de faire. Réfléchir à leurs projets. Se pencher sur leur avenir. Bobby a mis son existence au service de l’Institut depuis qu’il est arrivé. Parce qu’il est redevable. Parce qu’il a conscience de sa chance. Parce qu’il est dévoué. Snow commence à faire la même chose. Elle fait passer l’école et les jeunes avant ses propres besoins. Il est temps de rééquilibrer la balance. Pendant quelques jours. C’est les vacances. Même s’il se sent légèrement fatigué, un peu malade, il s’en fiche. Il a hâte d’être à Philadelphie. Il a hâte de souffler. Il a hâte de passer quelques jours avec Snow. Son sourire. Ses yeux. Son visage. Tout trahit son impatience. Dès le moment où il a fait sa valise. Dès le moment où il a glissé quelques chemises immaculées. Dès le moment où il a pris quelques jeans. Dès le moment où il a refermé son bagage. C’est les vacances. Ils vont enfin avoir le temps de discuter, loin des regards indiscrets. Ils vont enfin se plonger dans une vraie vie de couple, loin de toutes inquiétudes. Un couple normal, c’est ce qu’ils vont être pendant les prochains jours. Un couple qui sort, qui s’aime, qui se tient par la main, qui discute, qui rit. Qui vit. Il serait temps, non ? Oui, il n’y a pas de doute, c’est bien les vacances.

Philadelphie. Deux heures de route. Deux heures pour s’éloigner du quotidien. Deux heures pour changer de décor. Deux heures pour laisser les soucis derrière eux. Finalement, qu’est-ce que deux heures ? Ils ont pris la route en début d’après-midi. Après les dernières séances. Après un dernier repas. Après un dernier regard en arrière. C’est comme abandonner une maison. Laisser derrière soi une famille. Ce n’est pas facile. De lâcher prise. De s’éloigner d’un quotidien bien présent. D’abandonner ses responsabilités. Ce n’est pas simple. Pourtant, en voyant le reflet de l’Institut rapetisser dans le rétroviseur, il ressent un sentiment de liberté. Un souffle nouveau. Il part en vacances. Pas un voyage aux vertus thérapeutiques. Pas une mission avec les X-Men. Des vacances. De vraies vacances. Deux heures de route, donc. Deux heures qui ont défilé au rythme des changements de paysages, des dépassements de voitures, des discussions.  Derrière son excitation de poser ses valises à Philadelphie, il y a aussi de l’appréhension. Il s’est chargé tout seul de la réservation de l’hébergement. Il a repéré les meilleurs restaurants. Il a planifié quelques sorties. Juste assez pour les occuper et leur faire visiter la ville. Juste assez pour qu’ils puissent organiser, ensemble, ce que Snow voudrait faire. Il oublie qu’il n’est pas en grande forme quand il gare la voiture, le long du trottoir. Il oublie qu’il est stressé quand il fait le tour pour récupérer les valises dans le coffre. Il oublie que ce voyage pourrait tourner court à cause de l’H.P.U. quand il pose son regard sur Snow. Il lui adresse un sourire. Ils ont quelques jours devant eux. Une semaine, exactement. Une semaine pour vivre normalement. Une semaine pour se plonger dans la vie de couple. Une semaine pour se prouver qu’ils peuvent vivre, en nageant dans le bonheur. Une semaine, peut-être plus. Pourquoi pas dix ou quinze ? "C’est ici." Il désigne une bâtisse en briques rouges. Des volets et une porte rouges. La maison typique des quartiers résidentiels de Philadelphie. Elle n’a pas le charme du manoir du Professeur. Elle n’a pas la grandeur du manoir des Rosebury. Elle a pourtant ses atouts. Chargé des valises, il traverse la rue. Il récupère la clé cachée par le propriétaire dans la jardinière la plus proche. Le mécanisme de la serrure se débloque après deux tours. Bobby ouvre la porte et s’efface de l’encadrement pour laisser passer Snow. "Je n’ai pas trouvé de manoir aussi grand que celui de San Francisco, mais j’ai réussi à mettre la main sur une maison avec deux chambres et deux salles de bains." Il se transforme en un Stéphane Plaza mutant. Le monde risque de ne pas s’en remettre. Déjà que les mutants sont pourchassés, alors si on en plus ils essayent de remplacer les gens à la télévision, nous voilà mal. Mais il est fier de sa trouvaille. Fier de permettre à Snow de vivre dans une maison assez spacieuse pour qu’elle s’y sente bien. Ils sont loin des soixante pièces du manoir familial, c’est vrai. On s’en rapproche quand même. A une plus petite échelle et à un budget moins conséquent.

Il laisse Snow passer devant. Il la suit dans l’exploration de la maison, en silence. Sage petit soldat. Il surveille les expressions. Il s’attarde sur chaque tressaillement du corps. Il attend le verdict final. Celui qui lui indiquera si oui ou non, la maison lui plaît. Celui qui donnera le sentiment d’avoir réussi sa mission ou d’avoir échoué. Celui qui lui permettra de se détendre ou de regretter ses choix. La maison est moderne, sans aucune doute. La décoration traduit le bon goût de ses habitants. Mélange de matériaux bruts et chaleureux pour une ambiance conviviale. Le salon est une grande pièce lumineuse avec sa propre bibliothèque. Les chambres, à l’étage, sont spacieuses. La cuisine est typiquement américaine, avec son plan de travail central sur lequel repose une bouteille de champagne et deux coupes. Bobby dépasse la jeune femme pour s’emparer de la bouteille. "Je me suis arrangé avec le proprio pour qu’il nous prépare du champagne." D’où la bouteille. Il lui a confié le soin de choisir l’un des meilleurs champagnes du marché. Bobby n’a pas eu le temps de découvrir les joies de l’oenologie depuis la dernière fois. Il doit encore s’en remettre aux connaissances des autres. Il retire le bouchon en liège et remplit les deux coupes. Il en tend une à Snow. "Ce n’est pas raisonnable de boire à cette heure-ci, mais on doit quand même célébrer le début des vacances." Un événement à marquer. Ils ne savent pas quand ils auront de prochaines vacances. Ils ne savent pas si même ils pourront en avoir. Autant marquer le coup. Autant en profiter. Il fait tinter son verre contre celui de Snow. Il a un sourire aux lèvres. Il ne connaît pas Philadelphie. Pas encore. Mais il a le sentiment que cette ville pourrait lui plaire. Pour tout ce qu’elle a à leur apporter. Pour tout ce qu’elle pourrait représenter. Il trempe ses lèvres dans le champagne. Il abandonne la coupe sur le plan de travail. Pas pour très longtemps. "Et ce soir, une table nous attend dans un restaurant réputé pour ses burgers gastronomiques." Comme quoi, il est possible d’allier leurs goûts respectifs. Les burgers ne sont pas obligés d’être gras, fabriqués à la va-vite et bourrés de cochonneries. Ils peuvent être pensés comme des oeuvres d’art. Même s’il est curieux de voir ça, de goûter à ces burgers de luxe, de se faire une opinion dessus, de manger un burger avec des couverts. Évidemment, la chemise sera de rigueur. "Et ne t’inquiète pas, je ne suis pas encore ruiné." Son sourire se fait amusé. Il la connaît assez pour savoir qu’elle ne veut rien de lui. Rien, à part son amour. Pas de surprises, pas de cadeaux, pas de dépenses. Sauf qu’il en a décidé autrement. Il a décidé d’inverser les rôles. Il n’est pas riche, il n’est pas pauvre non plus. A force de mettre de côté, il a économisé une petite fortune. Il n’est pas prêt à tout dépenser. Et puis, Snow pourra participer financièrement pendant leurs vacances pour qu’elle se sente plus à l’aise. Pour qu’elle n’ait pas l’image de femme entretenue qui lui fait si peur. "Alors, qu’est-ce que tu en penses ?" De tout. De la ville. De la maison. Du champagne. Du restaurant. De ces vacances. Il espère juste qu’elle ne regrette pas, qu’elle n’est pas morte de peur, qu’elle ne compte pas prendre ses jambes à son cou. Il espère juste qu’elle va se détendre et s’amuser. Il ne demande rien de plus.
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Dernière édition par Robert L. Drake le Jeu 13 Oct - 7:28, édité 3 fois
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It's holiday time.
Vacances. Pour beaucoup c’est un terme tranquille et joyeux, c’est l’enthousiasme de l’été ou l’émerveillement de Noël mais pour Snow, c’est une saveur d’amertume gravée sous la peau. Ne fais pas cette tête, Enola, je vais t’offrir de belles vacances. Elle s’en souvenait, maintenant, de toutes ces fois où Axel avait fait passer ses fureurs avec des séjours fous, de luxe et d’ivresse. Tu exagères toujours tout, chérie, ce sont nos amis. Elle doutait encore que l’amitié soit un motif louable pour qu’elle serve de poupée à partager. La grimace de dégoût lui a échappé lorsqu’elle a refermé sa valise, sans trop savoir si les vêtements correspondaient à ce qu’en attendait le psychologue, persuadée qu’il conserverait son air mystérieux si elle lui posait la question. Le reste de la journée aurait pu être banal si elle n’avait pas croisé le regard de Sterling, qui l’avait faite culpabiliser sans doute malgré lui, et celui de certains gamins qui n’auraient plus leurs rituels le soir. Non, Snow ne serait pas là pour faire le chocolat chaud, raconter une histoire ou créer de la neige pour qu’ils s’amusent, il n’y aurait pas Iceman non plus pour les rassurer, apaiser leurs angoisses. Ils étaient égoïstes. Elle ne s’est rendue compte du changement de sa situation qu’en croisant les yeux impatients de Bobby, elle n’a réalisé qu’à cet instant qu’elle prenait sa place : il acceptait de vivre et elle se sentait un devoir impérieux envers cette école, il faisait des projets et elle stagnait en ne s’imaginant plus quitter le manoir. Ah, oui, et elle a mis un jean aussi. Ca paraît banal, comme fait, mais quand on voyait les robes de la jeune femme de janvier à décembre, ça pouvait choquer. Et il n’y avait qu’elle pour porter un jean avec des escarpins, pour associer ce bleu délavé avec une veste de tailleur noire, et pour trouver ça aussi naturel que ses robes fluides. Peut-être que Bobby ne remarquerait rien, mh ? Ou il lancerait un avis de recherche pour savoir où était passée sa patiente préférée.

« Tu vas oùùùùùùù ? » Wow. Ca, ça fait mal. Elle a même un peu tangué. Le petit télépathe avait toujours quelques difficultés à dissocier les moments où il parlait de ceux où il transmettait directement ses pensées. Elle a pris le temps de lui expliquer, de déposer un baiser froid sur son front avant de se faire violence pour passer la porte, le coeur un peu serré d’abandonner les X-Men restants, le professeur et tous les élèves dans une période aussi difficile. Les valises étaient dans la voiture, le moteur était en route, trop tard pour faire machine arrière même si les premiers kilomètres se sont fait dans une silence significatif. Deux heures, ça n’est rien, n’est-ce pas ? Ils seraient vite de retour si une catastrophe devait survenir. Deux heures à regarder le paysage défiler, à finir par discuter quand même, malgré sa moue pleine de remords. Est-ce que le psychologue arrivait à se défaire de ses patients ? « Au moins je sais pour quelle raison j’ai été frappée d’amnésie avant d’obtenir un diplôme en psychologie : je n’aurais pas eu de vie et je serais tombée amoureuse de tous les désaxés du coin. » avait-elle fini par dire, sur un ton plus léger et peu avant d’ajouter qu’elle avait connu déjà suffisamment de désaxés sans cela. Non, vraiment, l’univers l’avait épargnée en la faisant changer de domaine, quoique devenir avocate était un gage d’abandon total à une carrière. Vous croyez vraiment qu’elle saurait être X-Woman et dévouée à la justice sans s’oublier, mh ? Il n’y avait que Bobby pour l’obliger à décrocher de son côté maniaque du contrôle, de la perfection, du travail. Il n’y avait que lui pour la forcer à retrouver une vie normale qu’elle ne s’était finalement jamais autorisée.

« C’est ici. » Elle est encore nauséeuse alors qu’elle n’avait jamais été malade en voiture. Elle les aligne tout de même, les deux premiers pas, puis ça passe un peu, ça s’efface quand il lui ouvre la porte et qu’elle retrouve un environnement fait de murs, d’un sol solide et de fenêtres rassurantes. « Je n’ai pas trouvé de manoir aussi grand que celui de San Francisco, mais j’ai réussi à mettre la main sur une maison avec deux chambres et deux salles de bains. » « Deux chambres ? Tu as déjà prévu qu’on fasse des enfants pendant les vacances ? » Elle le taquine gentiment - et elle dédramatise en un sens le fait qu’ils n’ont aucun moyen d’avoir ce genre d’existence à l’heure actuelle. L’endroit est charmant, lumineux et moderne, très loin du manoir Rosebury et beaucoup plus proche des goûts de la jeune femme qui s’attarde près des fenêtres afin de contempler la vue. Une vue nouvelle sur une existence qui ne le serait peut-être jamais. La bouteille de champagne attire son attention quand ils reviennent vers la cuisine, au moment où Bobby prend le temps de lui expliquer qu’il s’est arrangé avec le prioritaire. Il lui réservait combien de folies dans le genre pour cette semaine ? Bientôt il louerait un manoir juste parce qu’elle a été habituée aux grands espaces. Incorrigible. « Doucement.. » a-t-elle soufflé en le voyant verser le liquide dans les coupes : vieux réflexe de petite fille riche. Elle avait toujours vu son père prendre soin de verser les vins les plus chers avec délicatesse, comme si remplir les verres trop vite risquait d’en gâcher les saveurs. C’était sans doute vrai, en un sens. « Et ce soir, une table nous attend dans un restaurant réputé pour ses burgers gastronomiques. » Elle a esquissé un sourire en goûtant le liquide clair, ne pouvant retenir la remarque qui lui brûle presque la langue : « Tu t’es enfin décidé à goûter le burger au foie gras ? » Elle n’a rien oublié de leur séjour à San Francisco, pas une seconde des rares moments de bonheur qu’elle a connu et dont les souvenirs lui ont fait tant de mal après la rupture, nul doute que le fast-food est resté gravé, moment particulier.

« Et ne t’inquiète pas, je ne suis pas encore ruiné. » La moue, le retour. Une petite moue de désapprobation. Non, il n’est pas encore ruiné mais elle ne parvient pas à trouver la raison pour laquelle ça la dérange tant qu’il paye de la sorte des choses qu’ils n’achèterait pas s’il était seul - ou encore avec Malicia. Enfin si, elle y arrive mais elle ne veut pas se l’avouer, cherchant à repousser par tous les moyens ce qui hante son passé. Un soupir finit par désamorcer la parole, après tout elle a promis de ne rien lui cacher, ça commençait par lui dire la vérité sur ses sentiments lorsqu’ils survenaient. « Axel payait pour.. disons son plaisir. Je sais que ça n’est pas ton intention mais j’ai toujours l’impression de l’entendre rire quand tu m’offres ne serait-ce qu’un crayon à papier. » Peut-être qu’elle devait juste composer avec ce qui avait fait sa vie et le chaos de ses relations. Bobby ne l’avait jamais jugée jusqu’à présent, il n’avait pas de raison de le faire à l’heure actuelle. Quant au crayon à papier, une sombre histoire de mine cassée pendant qu’elle cherchait à réviser, dans la chambre du psychologue. Ch. C’est top secret.

« Alors, qu’est-ce que tu en penses ? » Il veut savoir parce qu’il s’inquiète ? Il n’a pas l’air sûr de ses choix. Il ne l’a jamais été, avec elle, persuadé de ne pas la comprendre ou de ne pas arriver à suivre, elle se sait compliquée, changeante et complètement névrosée mais pas une seconde elle n’aurait songé à râler parce qu’il a choisi une maison plutôt qu’une villa ou une voiture plutôt qu’une limousine. « Ca me fait tout drôle. La dernière fois qu’on a passé une porte de cette façon, tu n’étais que mon psychologue. » Et un ami, en quelques sortes. Tout ça avait l’air si lointain qu’elle peinait parfois à réellement contempler le chemin parcouru, stagnants et pourtant si différents de ce qu’ils étaient à ce moment là. « C’est grand pour deux, non ? » Oui, alors là c’est le comble mais au moins Prudence se rendait compte de ce qu’il avait ressenti perdu dans le manoir de la défunte famille. Un rire s’envole pourtant lorsqu’elle croise son regard : « Je plaisante Bobby, c’est parfait. Tu es parfait. » Elle a reposé la coupe de champagne à peine entamée, au moins le temps que son estomac retrouve le sens logique de ses fonctions. « Et pour une fois que je mets un jean, tu m’emmènes dans un restaurant gastronomique, mh ? » L’ironie du sort.   
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Ca y est. Ils y sont. Ils sont à Philadelphie. Ils sont dans la maison. Ils ont posé leurs valises. Ils respirent un nouvel air. Ils sont dans un autre décor. Ils ne sont plus la pensionnaire, le psychologue, les X-Men. Ils sont un couple venu chercher du repos. Un couple voulant se retrouver. Est-ce qu’ils se sont seulement trouvés, un jour ? Probablement. Le jour où il l’a embrassé, après la rupture. Le jour où elle a accepté de lui confier de nouveau son coeur. Le jour où il lui a promis de ne plus jamais s’éloigner. Ce jour-là, ils se sont trouvés. Et puis, le quotidien faisant, ils se sont rééloignés. Un peu. Pas assez pour les inquiéter. Pas assez pour anéantir leurs nouvelles résolutions. Se voir plus souvent. Consacrer quelques heures par jour à l’autre. S’écouter. Échanger. Se (re)découvrir. Ils se sont accrochés l’un à l’autre. Ils se sont ancrés dans l’existence de l’autre. Dans l’espoir que leurs responsabilités ne les séparent pas. Mais ces vacances sont nécessaires. Pour prendre de la distance avec une routine étouffante. Pour oublier la difficulté des mesures gouvernementales. Pour  s’apprivoiser dans la vie de couple. Ils n’ont personne pour faire tampon. Ils n’ont rien pour faire diversion. Ils ne sont que tous les deux. Un bon test pour savoir s’ils vont réussir à se supporter. Un bon moyen de mettre leur couple à l’épreuve. “Doucement...." Doucement. Okay, il retient. Il réajuste le tir et se concentre. Il n’aurait jamais pensé se concentrer autant pour servir deux coupes de champagne. Il faut croire qu’il se surprend tous les jours. Il lui expose le programme de la soirée. Un repas en amoureux dans un restaurant. Là, il n’y aura pas de contrôle de police. Il n’y aura pas d’H.P.U. Il s’est renseigné avant. Il a contacté des mutants sur place. Il s’est assuré que la vie était plus agréable ici. Il a vérifié qu’ils pourraient passer de bons moments, sans avoir à toujours regardé derrière eux. Il a pris ses précautions. Il n’y aura pas de frayeur. Du moins, les probabilités d’être contrôlés sont plus faibles ici qu’à New-York. Ils ne sont pas totalement à l’abri. Disons qu’avec un peu de chance, les vacances se passeront sans encombres. "Tu t’es enfin décidé à goûter le burger au foie gras ?" Elle a décidé de l’assommer. Elle a décidé de l’achever. Elle a décidé de se débarrasser de lui, maintenant qu’elle a l’hébergement payé. Un burger au foie gras. On ne rigole pas avec ce genre de choses. On ne s’amuse pas à entendre de pareilles atrocités. Il esquisse une grimace. Non feinte, celle-ci. Rien que l’idée de devoir manger un burger avec autre chose qu’un steak haché le révulse. Il n’ignore pas la moquerie qui se cache sous sa question. Raison pour laquelle il exagère lorsqu’il lui répond. "Ca ne va pas ?! Je vais déjà manger un burger avec des COUVERTS, je ne vais pas pousser le blasphème jusqu’au foie gras." Il plante un baiser sur sa tempe. C’est qu’il l’aime. Malgré ses bonnes manières. Il serait capable de tout faire pour elle. N’importe quoi. Même torturer un burger avec des couverts. Tous les puristes vous le diront : un hamburger se mange avec les doigts. Il est bien meilleur ainsi. Les doigts font partie de la tradition. Comme manger des sushis avec des baguettes.

Elle fait la moue. Celle qui dit qu’elle n’est pas à l’aise. Celle qui dit qu’elle aurait préféré une tente, au milieu d’un camping. Celle qui dit qu’elle est en désaccord avec tous ses choix. Il s’en doutait. Il savait qu’il devrait faire face à ses réticences. Il savait qu’elle n’accepterait pas toutes ses attentions. Il le savait. Et pourtant, il ne s’y est pas préparé. Il a pensé à tous les détails. Même à l’H.P.U. Il n’a pas pensé à la désapprobation de Snow. Dire que ça ne l’affecte pas serait mentir. Ca le touche. Parce qu’il aurait aimé qu’elle se réjouisse, qu’elle apprécie, qu’elle se contente de ses efforts. Parce qu’il aurait aimé qu’elle vive le moment présent, sans penser au passé. Sans penser à leur passé respectif. Sans penser à leur relation respective. C’est peine perdue avec Snow. Toujours à ressasser les histoires. Toujours à voir un sens caché qui n’existe pas. Toujours à se débattre contre le bonheur. “Axel payait pour.. disons son plaisir. Je sais que ça n’est pas ton intention mais j’ai toujours l’impression de l’entendre rire quand tu m’offres ne serait-ce qu’un crayon à papier." Et voilà. Il s’y attendait. Il pousse un soupir. Elle ne changera jamais. Elle sortira toujours Axel comme une sorte de bouclier contre ses attentions. Elle se protègera toujours de son amour en se cachant derrière son ancienne relation. A Bobby de désamorcer la chose. A lui de la mettre à l’aise avec la situation. A lui de la réconforter. A lui de la rassurer. "Viens par-là..." Il récupère la coupe de champagne de Snow pour la poser sur le plan de travail. Il attire la jeune femme contre lui. Il passe ses bras autour de sa petite silhouette. Elle va encore soupirer qu’il est trop gentil. Elle va encore râler qu’il est trop patient. Elle va encore lui reprocher de tout lui accorder. Elle peut s’en plaindre autant qu’elle le souhaite. Il s’en fout. Royalement. Il y a des choses sur lesquelles il peut fermer les yeux, voire même ne rien faire. Comme sa “trop grande gentillesse”. Il est hors de question qu’il change. Il est hors de question qu’il devienne une version plus négative de ce qu’il est. "Si tu veux, on va se la jouer couple moderne : on partage 50/50 les frais de ce voyage. Comme ça, on n’offre rien à l’autre. D’accord ?" Si ça peut la rassurer, ils pourront même mettre en place un tableau pour faire les comptes. Il se la jouera totalement transparent (à quelques dollars près, mais ça, on ne le dira pas). Ils participeront à la même hauteur. Juste pour qu’elle ne se sente pas entretenue. Juste pour ne pas avoir l’impression d’être en vacances avec Axel. Juste pour lui montrer qu’il n’attend pas quelques faveurs sexuelles. Il reprend ses distances. Il distribue de nouveau les coupes. Il veut savoir ce qu’elle pense de tout ceci, maintenant qu’elle est rassurée. Maintenant qu’ils se sont mis d’accord sur les coûts de leurs vacances. "Ca me fait tout drôle. La dernière fois qu’on a passé une porte de cette façon, tu n’étais que mon psychologue." Effectivement. Ils étaient dans une autre relation. Ils n’avaient pas encore osé franchir le pas. Ils n’avaient pas écouté leur coeur. Ils avaient des échanges platoniques, professionnels, parfois complices. Mais jamais il ne se serait permis de l’embrasser. Jamais il n’aurait osé la prendre dans ses bras. Jamais il n’aurait agi aussi familièrement. Mais tout a changé à San Francisco. Les barrières se sont brisées. La distance s’est effacée.

Il ne s’était jamais montré aussi spontané et irréfléchi depuis des années. Il avait repoussé ses propres limites pour être dans les bras de Snow. En quelques jours, elle avait bousculé ses certitudes, ses habitudes, sa personnalité. En quelques jours, elle lui avait montré une autre facette du monde. "C’est grand pour deux, non ?" Oh. Il pensait qu’elle aurait apprécié l’espace. Il pensait qu’elle aurait aimé la décoration. Il pensait qu’elle se serait sentie à son aise. Il pensait mal. Il s’est trompé sur toute la ligne. Il tente de se rattraper aux branches. Il tente d’argumenter. Il veut qu’elle se sente bien ici. Il veut qu’elle se sente comme à la maison. Ce n’est pas gagné. "Je ne sais pas… je pensais que ce serait le minimum pour que tu ne te sentes pas étouffée et..." Il est à court de mots. Il n’a finalement pas d’arguments pour défendre cette maison. Il la trouvait sympathique. Il la trouvait chaleureuse. Il la trouvait bien pour être leur cocon pendant quelques jours. Peut-être qu’ils pourraient trouver quelques chose d’autre ? Peut-être qu’ils pourraient changer pour une chambre d’hôtel ? Quelque chose de moins grand. Mais elle se met à rire. Comme si c’était une mauvaise blague. Et ça en est une, finalement. Il secoue la tête. Elle est insupportable ! Insupportable. "Je plaisante Bobby, c’est parfait. Tu es parfait." Est-ce qu’il est possible d’aimer et de détester une même personne, en même temps ? C’est ce qu’il croit ressentir pour Snow, alors que son inquiétude s’évapore. Elle joue avec ses peurs, alors qu’il veut juste être rassuré. Il est temps qu’il s’y habitue. Il est temps qu’il se fasse à l’idée qu’elle ne va pas arrêter de le taquiner. Il va falloir qu’il prenne de la distance et qu’il ne prenne pas toutes ses remarques à la lettre. "HEEEEY ! Ca se fait pas de se moquer !" Il met son petit coeur à son service et voilà comment il est remercié. Est-ce qu’on ne fait pas plus ingrat ? Il aurait dû l’abandonner sur le bord de la route. Il aurait dû réserver cette maison rien que pour lui. Il aurait dû chercher les meilleurs fast foods de la ville. Plutôt que de se plier en deux pour trouver les restaurants gastronomiques qui pourraient plaire à Snow. Plutôt que de penser à des petites attentions pour elle. Plutôt que de réfléchir à ce dont elle aurait envie. Il le savait. Il aurait dû devenir moine. Il aurait dû se consacrer à une vie monastique, loin de toute tentation, loin de tout pêché. Il est encore temps, cela dit. Il peut encore prendre ses jambes à son cou. "Et pour une fois que je mets un jean, tu m’emmènes dans un restaurant gastronomique, mh ?" Qu’est-ce qu’on disait ? A ce stade, l’abandon est sûrement la seule solution. La seule envisageable. La seule possible. La seule raisonnable. La laisser ici, récupérer sa valise et la bouteille de champagne. Lui tourner le dos. Il pourrait être tenté de le faire, s’il ne savait pas qu’elle plaisantait. Cette fois, il a clairement perçu son humour.

Elle se plaint, mais pour rire. Et oui, elle rit. C’est finalement ce qu’il souhaitait. Ce qu’il espérait. Il a réussi à lui arracher autre chose qu’un visage fermé, terrorisé, anxieux. Mission accomplie. Il a le sourire aux lèvres quand il lui répond. "Tu ne vas pas me faire croire que tu es venue avec juste un jean pour toute la semaine. Je ne te croirais pas !" Elle est du genre à prendre le double d’affaires. Au cas où. Parce qu’on ne sait jamais. Il pourrait pleuvoir. Il pourrait faire chaud. Il pourrait y avoir du vent. Ils pourraient aller au restaurant. Ils pourraient faire du sport. Ils pourraient faire du shopping. Tellement de possibilités. Une tenue pour chacune. "Et puis, t’es plutôt pas mal en jean." Il hausse les épaules. Il prend son air le plus innocent. Il glisse un compliment là, comme ça. Mine de rien. C’est qu’il ne peut pas lui faire la tronche à cause de ses blagues pas drôles. Il est bien trop sensible à son joli minois pour être totalement imperméable. Il paraît que ça s’appelle l’amour. Son regard capte un détail qu’il n’avait pas aperçu jusque là. Un bracelet qui a fait son apparition autour de son poignet. Un bracelet trop grand, visiblement. Un collier, peut-être ? "Tiens, c’est un nouveau bracelet ?" Il caresse le bijou du bout des doigts. Il n’a pas un sens de l’observation incroyable. Il ne saurait dire depuis quand est-ce qu’elle porte ce bracelet. Elle pourrait l’avoir depuis des années qu’il ne le remarquerait que maintenant.
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Evidemment, c’était tentant, de le taquiner sur les burgers. Avec Bobby, elle a découvert qu’il y’avait un art de la préparation de ce plat, un culte de ceux qui en mangeaient et une sorte de religion culinaire voulant qu’on les mange exclusivement avec les doigts. Certains avaient comme premier souvenir en couple le partage dans un restaurant chic, eux avaient ce simple hamburger improvisé finalement proche de ce qu’ils étaient : un savant mélange entre deux mondes, il lui avait appris à ne pas s’en mettre partout et elle avait accepté de s’ouvrir à une autre façon de vivre, de considérer les échanges. « Ca ne va pas ?! Je vais déjà manger un burger avec des COUVERTS, je ne vais pas pousser le blasphème jusqu’au foie gras. » Le baiser sur sa tempe est rassurant, il apaise ses craintes, il fait briller les yeux bleus d’un amour trop grand pour qu’elle parvienne réellement à l’exprimer. Elle se hisse légèrement pour souffler à son oreille : « Tu savais qu’être liquide me permet de ne pas prendre un gramme.. ? » En réalité, on ignorait si c’était le fait d’être constituée d’eau si elle le souhaitait ou si c’était dû à la régénération, voire à son acharnement à toujours se maintenir en forme, quoiqu’il en soit elle pourrait goûter tout ce qu’il voudrait lui faire goûter sans culpabiliser, sans faire un régime ensuite. Elle n’avait plus rien du fantôme amaigri errant dans les couloirs comme une âme en peine, elle avait retrouvé les aspects du bonheur - ou tout du moins d’une bonne santé. Le passé n’était toutefois pas facile à oublier, pas plus qu’il n’était facile de l’exprimer. Il était son psychologue, parfois plus qu’il n’était son petit-ami mais ça l’apaisait, ça l’empêchait de se laisser ronger plus que de raison et lorsqu’il la prenait dans ses bras comme à cet instant, elle se sentait bien. « Si tu veux, on va se la jouer couple moderne : on partage 50/50 les frais de ce voyage. Comme ça, on n’offre rien à l’autre. D’accord ? » Elle ne râle pas, elle ne soupire pas, elle se laisse faire, elle savoure sa présence, son odeur, droguée à sa tendresse. Si le silence dure un peu, il n’est pas pesant parce qu’elle se détend de façon significative, il peut sentir les muscles se relâcher là, tout contre lui. « J’ai accepté tellement de quelqu’un qui ne m’aimait pas.. je peux bien te laisser faire toutes les folies qui te rendront heureux, même si ça passe par accepter que tu dépenses ton argent. » Elle cède. Elle lui cède le droit de lui payer un restaurant, de l’emmener où il veut. Elle accepte d’être la femme amoureuse au-delà de ses craintes, de ses réticences absurdes et de sa peur de finir comme sa mère, femme au foyer sans convictions et sans autres occupations que des mondanités bien-pensantes. « Tu as carte blanche mais seulement pour les vacances. » Ils se détachent, elle retrouve sa coupe de champagne dans laquelle elle trempe les lèvres, un peu hésitante. A tous les coups, le stress lui file des maux d’estomac.

« Je ne sais pas… je pensais que ce serait le minimum pour que tu ne te sentes pas étouffée et… » Elle l’a blessé. Immédiatement, elle s’en veut. Immédiatement, elle regrette d’avoir plaisanté sur un sujet alors qu’il a mis tout son coeur dans la recherche de cette maison, dans le programme de ces quelques jours. Elle voudrait se gifler pour ne pas avoir perçu à quel point lui faire plaisir lui tenait à coeur. Elle essaye de se rattraper, elle veut vraiment qu’il sache que c’est parfait, qu’elle ne demande pas plus. Ils ont encore besoin de s’adapter l’un à l’autre, de s’apprivoiser. Prudence se trouvait toujours encerclée de gamins, d’élèves dont elle essayait de prendre soin et Bobby avait toujours des patients dont il devait s’occuper si bien qu’ils ne se retrouvaient quasiment jamais dans ce genre d’intimité, ils étaient toujours deux au milieu d’un internat, pas deux dans une routine de couple. « HEEEEY ! Ca se fait pas de se moquer ! » Elle pince les lèvres en signe de remords, d’excuses, baissant le regard un instant, juste le temps de trouver les mots justes, la manière de lui dire ce qu’elle ressent sans faire de maladresse. « Je sais que ça ne va pas être facile, on n’est plus les mêmes qu’à San Francisco mais je veux que tu gardes toujours à l’esprit que je t’aime pour ce que tu es, d’accord ? Tout ce que tu es. Comme tu l’as fait avec moi chez tes parents. » Il n’a pas besoin de devenir un autre pour lui plaire, de se fondre dans l’image d’une société qui n’est pas la sienne, de jouer à changer de goûts, à enfiler des vêtements qu’il déteste ou à manger des plats qui le dégoûtent. Ils ne sont plus dans l’ivresse des premiers jours à découvrir la peau de l’autre, ils ont déjà eu des disputes, une rupture, de quoi s’en vouloir l’un l’autre et elle refuse de gâcher leur séjour en se montrant maladroite. Elle ne veut pas qu’il puisse interpréter ses mots comme un rejet de ses origines parce qu’elle aurait oublié de lui dire une chose aussi importante que celle-ci.

« Tu ne vas pas me faire croire que tu es venue avec juste un jean pour toute la semaine. Je ne te croirais pas ! » Okay, touché ! Cela dit elle n’a pas pris autant de vêtements que pour leur précédent voyage, peut-être persuadée que sortir serait trop dangereux et qu’il devrait faire les courses sans elle, se rendre à la plupart des lieux vitaux sans qu’elle ne puisse l’accompagner. Elle n’était pas recensée et chaque geste de sa vie finissait par être conditionné par ce fait sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte. « Si tu savais le nombre de robes que j’ai été obligée de jeter, distendues à l’extrême ! » Oui, c’est un drame, parfaitement, Snow ne jetait pas avant, elle reportait des années durant sans que ça ne lui pose de problème - un peu comme un certain monsieur Drake d’ailleurs - mais apprivoiser la liquéfaction n’était pas la chose la plus aisée qui soit, l’effet secondaire demeurant la maltraitance intempestive de pauvres tissus. « Tes chemises résistent mieux que mon dressing tout entier, je suis jalouse. » Vrai. La chemise bleue était encore portable, un peu agrandie mais dans une moindre mesure. Essayez de liquéfier de la soie ou de la dentelle trop souvent, ça marche tout de suite moins bien. « Et puis, t’es plutôt pas mal en jean. » Elle a viré au rouge : elle n’était pas préparée à un compliment, pas comme ça, pas sorti de nulle part. Il lui avait déjà montré qu’il la trouvait belle, il le lui avait déjà dit mais dans des conditions beaucoup plus intimes qu’une banale conversation. Au moins ne s’était-elle pas changée en flaque sous le coup de l’émotion, c’est positif. « Merci. Pour tout ça, le compliment, le voyage, ta présence et ton affection. » Ca n’est pas simplement de la politesse, elle a vraiment envie qu’il sache que ça lui plaît d’être avec lui, encore plus de l’être chaque minute de chaque jour, même si c’est terriblement mielleux, même si c’est romantique à souhait, digne d’un roman de gare gnangnan, elle s’en fiche - pour lui, elle veut bien être gnangnan.

« Tiens, c’est un nouveau bracelet ? » Il frôle l’objet. Il ne l’avait pas vu ? Et puis elle se souvient qu’elle l’enlève les soirs où elle retrouve Bobby, ce qui explique sans doute qu’il ne le remarque qu’à cet instant. Elle avait pris la décision de ne jamais semer le doute sur ses sentiments, de ne pas porter le collier comme elle l’aurait dû parce qu’elle estimait que ça ne se faisait pas, même si elle ignorait s’il s’agissait du fruit de son éducation ou de sa vision propre du couple. Toujours est-il qu’elle ne sait pas vraiment comment amener le sujet, c’est assez spécial à expliquer. « J’ai cru comprendre que tu n’étais pas croyant en partie parce que les dieux débarquent régulièrement sur Terre.. garde ça en tête sinon tu ne vas jamais pouvoir intégrer la suite. » Autant le préparer psychologiquement, Jack n’était ni plus ni moins qu’une histoire enfantine pour beaucoup, la personnification de l’hiver lorsqu’on entrait dans l’âge d’en raconter les origines à ses enfants. Elle ignorait si Bobby avait eu l’occasion de connaître ce personnage ou si il avait remarqué le livre de contes dans sa chambre. « C’est une sorte de porte-bonheur, offert par.. Jack Frost. Tu sais, l’Hiver.. » Un soupir lui échappe. « Ca a l’air encore plus dingue dit à voix haute. » Pour elle, il était bien plus que l’image du froid, de la glace ou des jeux enfantins, il était celui qui l’avait aidée à grandir et qu’elle avait fini par oublier parce que les années lui avaient volé ses rêves. « Il a été .. mon ami imaginaire, je crois. Enfin c’est ce que la fillette de huit ans pensait, et j’ai définitivement cessé d’y croire quand j’ai pu manipuler la glace et qu’il n’a pas été là pour m’aider. » Il y’avait du progrès dans l’ordre de ses souvenirs, elle commençait à pouvoir mettre un ordre dans le mélange des évènements, elle arrivait à les placer en fonction de son âge, par ordre d’importance et à en analyser les impacts, voire même à comprendre à quel niveau ils ont pu être des fêlures. « Si tu veux bien qu’on simplifie, tu peux considérer que j’ai un grand-frère d’un millénaire qui se sent obligé de me protéger de mon côté auto-destructeur. » Un sourire un peu enfantin, le genre de sourire qu’elle aurait dû avoir en lui parlant de Tempérance au cours des séances, le genre de sourire qui aurait dû naître lorsqu’elle évoquait sa famille. C’était ce qu’elle avait retrouvé : un morceau de son histoire qui n’était pas entaché par des meurtres, des actes atroces ou des abus. « J’ai envie de l’écouter, de profiter de la vie que je peux avoir avec toi.. mais j’ai du mal à être autre chose qu’une X-Woman.. » C’était de plus en plus vrai. Qui aurait cru que réticente comme elle l’avait été à intégrer l’équipe, elle se sentirait aussi concernée ?   
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it's
HOLIDAY TIME


Quand on aime, il y a un moment où l’avis de l’autre est prépondérant. Il y a un moment où l’opinion de sa moitié devient vital. C’est un peu le cas aujourd’hui. Bobby n’a pas regardé à la dépense. Il n’a pas réfléchi au prix de chaque nuit passée ici. Il n’a pas choisi le restaurant le moins cher. Il a juste organisé les vacances pour faire une surprise à Snow. Il a juste essayé de respecter ses goûts et ses valeurs. Il a juste voulu être à la hauteur de la jeune femme. Et c’est finalement ce qu’il a réussi à faire. Enfin, il le pense. Mis à part l’aspect financier. Un aspect qui bloque Snow. "J’ai accepté tellement de quelqu’un qui ne m’aimait pas.. je peux bien te laisser faire toutes les folies qui te rendront heureux, même si ça passe par accepter que tu dépenses ton argent." Elle continue à s’exclure de son bonheur. Elle continue à privilégier le bonheur de Bobby. Alors qu’il ne peut atteindre cet état qu’avec elle, que grâce à elle. Si elle n’est pas heureuse, comment pourrait-il l’être ? Pas assez égoïste pour profiter de la vie, tandis qu’elle la subit. Pas assez égoïste pour se foutre de son malheur, quand lui respire la joie. "Je ne le fais pas juste pour me faire plaisir, sinon tu penses bien qu’on serait dans un mobilhome, en plein milieu d’un camping. Je le fais pour toi, aussi." Ce n’est pas tout à fait la vérité. Il aurait misé sur quelque chose de plus simple, de plus modeste. Il aurait choisi une chambre d’hôtel sans grand charme. Il aurait opté pour une situation moins privilégiée. Il aurait fait d’autres choix. Sauf qu’il a pensé à ce qu’aimerait Snow et il a opté pour cette maison. Mais avec elle, c’est peine perdue. Il est condamné à se répéter éternellement. Il est condamné à ressasser les mêmes choses, à ressortir les mêmes discours. Elle ne comprendra jamais qu’il fait tout cela pour elle, par amour. "Tu as carte blanche mais seulement pour les vacances." Il sourit. C’est déjà une victoire. C’est déjà une avancée. Elle qui n’aime pas être chouchoutée. Elle qui n’apprécie pas de recevoir des cadeaux. Le sourire disparaît rapidement. Chassé par les premières impressions de Snow. Pas positives. Ca lui tient à coeur. Qu’elle se sente bien. Qu’elle soit heureuse. Qu’elle se plaise ici. Qu’elle apprécie les attentions. Ca lui tient à coeur. Elle a dû le voir, s’il en croit la lueur de culpabilité qui traverse les prunelles bleues. Il est désolé qu’elle s’en veuille. Il est désolé de ne pas pouvoir cacher ses blessures. Il est désolé de perdre la face si facilement. Il n’est pas doué pour le mensonge. Il n’est pas doué pour la comédie. Surtout pas avec elle. Il a besoin d’être sincère, de lui ouvrir entièrement son coeur, de tout lui donner. Il ne conçoit pas une relation amoureuse autrement. Il n’imagine pas agir autrement. Mais sa douleur fait écho à la culpabilité que ressent Snow. Et c’est probablement le plus douloureux. Dans ces moments, il aimerait pouvoir jouer un minimum la comédie. Il aimerait pouvoir offrir un visage amusé. Il aimerait.

"Je sais que ça ne va pas être facile, on n’est plus les mêmes qu’à San Francisco mais je veux que tu gardes toujours à l’esprit que je t’aime pour ce que tu es, d’accord ? Tout ce que tu es. Comme tu l’as fait avec moi chez tes parents." Il a compris le message. Elle l’aime pour sa modestie, pour sa patience, pour sa gentillesse, pour sa simplicité. Dans le lot des qualités, il y a aussi l’altruisme. Un détail qui semble lui avoir échappé. Il est altruiste, oui. Raison pour laquelle ils en sont là, aujourd’hui. Dans une maison louée à Philadelphie. Raison pour laquelle il a orienté les vacances autour de ce que Snow aime. "Je le sais..." Il essaye d’être naturel. Il essaye de rester celui qu’il a été pendant des années. Mais les gens changent. Ils évoluent. Ils s’enrichissent des personnalités des gens qui les entourent. Au contact de Snow, il a le sentiment d’être meilleur. Il a l’impression d’être une personne avec de meilleures valeurs, un meilleur caractère, une meilleure vie. Il est tout simplement heureux avec elle. Il ne cherche pas à changer. Il le fait inconsciemment. Et il se sent bien dans cette version premium de lui-même. Il se sent épanoui. Snow a peut-être l’impression qu’il change pour elle, elle  a tort. Il change comme n’importe quelle personne. Tout le monde n’est pas constant, stable, tout au long de sa vie. "Tes chemises résistent mieux que mon dressing tout entier, je suis jalouse." C’est qu’il a spécifiquement choisi ses chemises en sachant qu’il tomberait sur une mutante qui se liquéfie. L’anticipation, toujours l’anticipation. Ce n’est pas un X-Man pour rien, n’est-ce pas ? Et puis, heureusement qu’il a renouvelé son stock de chemises. Chemises à carreaux, chemises bleues, chemises blanches. Un stock qui va finir par détrôner ses pulls et autres tee-shirts à manches longues. "Ca tombe bien parce que j’en ai plein de nouvelles." Elle va pouvoir piocher dans son armoire. Elle va finir par porter plus de chemises d’homme que lui, au final. Il ne les achète que pour Snow. Pour qu’elle puisse avoir le plaisir de choisir celle qu’elle mettra fièrement. Pour qu’il puisse être bien habillé lorsqu’ils sortent. Sinon, il tournerait toujours avec les mêmes vêtements. Jusqu’à l’usure. "Merci. Pour tout ça, le compliment, le voyage, ta présence et ton affection." Un sourire vient s’épanouir sur ses lèvres. Heureux d’apprendre que ces vacances ne seront pas une corvée. Heureux d’avoir la preuve qu’elle perçoit ses attentions. Philadelphie s’annonce comme un deuxième San Francisco. Dans une maison. Dans une autre ville. Dans un autre contexte. Tout est réuni pour qu’ils s’y sentent bien. Tout est réuni pour qu’ils passent de belles journées.

Et puis, il y a ce bracelet. Un bijou qu’il n’avait jamais remarqué. Trop occupé avec ses patients. Trop pris par les conversations avec Snow. "J’ai cru comprendre que tu n’étais pas croyant en partie parce que les dieux débarquent régulièrement sur Terre.. garde ça en tête sinon tu ne vas jamais pouvoir intégrer la suite." Les sourcils se froncent. Les interrogations fusent. Ce n’est qu’un bracelet. Il ne pensait pas qu’il y aurait une signification particulière derrière ce simple bijou. Une signification divine. Une signification surnaturelle. Une signification importante. Sinon, elle lui en aurait parlé avant, non ? Ou elle lui refait une blague. Elle se joue de nouveau de lui. Lorsque ses prunelles se plantent dans celles de Snow, il comprend que ça n'est pas le cas. Elle est bien plus sérieuse que tout à l’heure. Peut-être même gênée. "C’est une sorte de porte-bonheur, offert par.. Jack Frost. Tu sais, l’Hiver....Ca a l’air encore plus dingue dit à voix haute." Jack Frost. Effectivement, c’est complètement dingue. Il n’a pas été bercé par les histoires, les contes, les légendes. Il a eu une éducation plus terre à terre, plus proche de la réalité. Il en a entendu parler la première fois quand il a débarqué à la X-Mansion. Un autre pensionnaire lui avait vaguement parlé d’une certaine légende. Il n’avait pas cherché à en savoir plus. Il n’avait pas eu la curiosité de se renseigner. Il aurait peut-être dû, en pensant que des années plus tard, sa petite-amie divaguerait sur cette légende. "Comment ça ?" Il a besoin de comprendre comment une légende a pu lui offrir un porte-bonheur. Comment un personnage d’une histoire enfantine a pu prendre vie. C’est comme parler du Père Noël. C’est comme évoquer la Petite Souris. C’est comme croire en toutes les bêtises que racontent les parents pour rendre l’enfance merveilleuse. Les explications de Snow sont une blague. Une plaisanterie. Il a envie de rire, tellement tout cela semble absurde. Il a envie de rire pour se rendre compte que rien n’est réel. Sauf que dans son métier, il a appris l’ouverture d’esprit. Il a appris à rester de marbre. Il a appris à ne jamais juger. Il préfère ne pas réagir. Seulement poser des questions. Seulement creuser. "Il a été .. mon ami imaginaire, je crois. Enfin c’est ce que la fillette de huit ans pensait, et j’ai définitivement cessé d’y croire quand j’ai pu manipuler la glace et qu’il n’a pas été là pour m’aider." C’est dur à comprendre. C’est dur de saisir toutes les nuances. Elle a rencontré Jack Frost quand elle était encore une fillette. Elle a partagé des moments de vie avec une légende vieille de plusieurs millénaires. Okay. Jusque là, Bobby peut concevoir qu’elle ait eu un ami imaginaire. Un enfant sur quatre en a un. Ils sont nécessaire pour construire l’enfant. Pourquoi pas. Snow n’a pas été une enfant entourée d’amour. Il est logique qu’elle ait eu besoin d’un regard bienveillant et qu’il ait pris les traits d’un personnage fictif. C’est la suite qu’il n’arrive pas à saisir. "Si tu veux bien qu’on simplifie, tu peux considérer que j’ai un grand-frère d’un millénaire qui se sent obligé de me protéger de mon côté auto-destructeur." Ce n’est peut-être pas le but. Ce n’est peut-être pas la volonté, mais elle le renvoie à ses propres failles, à ses propres échecs. Depuis qu’ils se connaissent, il veut la protéger de son côté auto-destructeur, justement. Il ne fait que ça. Même quand ils s’affrontaient. Même quand elle ne lui adressait pas une parole. Même quand il a commencé à avoir des sentiments pour elle. Il a toujours cherché à la protéger d’elle-même, à lui montrer une autre voie, à lui ouvrir les yeux sur la belle existence qu’elle a.

Ce… cet ami imaginaire vient lui prouver qu’il n’a pas fait assez. Il ne fait jamais assez. Au point qu’elle doive imaginer une personnalité qui veille sur elle, qui la protège. Parce que Bobby est incapable de la rassurer. Incapable de la réconforter. Incapable d’assurer sa sécurité. Elle n’est pas sereine avec lui. Ca crève les yeux. Quoiqu’il fasse, il génère de la gêne. Quoiqu’il dise, il provoque un mal-être. Elle n’est pas bien avec lui. Le constat est clair. "J’ai envie de l’écouter, de profiter de la vie que je peux avoir avec toi.. mais j’ai du mal à être autre chose qu’une X-Woman.." Une nouvelle claque. Un nouveau défaut. Qu’est-ce que ça signifie ? Que depuis le début, elle n’a jamais entendu Bobby ? Elle n’a jamais perçu ses messages ? Ils ne se comprennent peut-être pas. Ils ne sont peut-être pas sur la même longueur d’ondes. Et ils ont besoin d’être en vacances pour le comprendre. Ils ont besoin qu’un ami imaginaire/légende/frère de coeur le lui dise pour qu’elle accepte enfin de profiter de la vie. Ca fait mal. Il réalise qu’il n’est pas suffisant. Il réalise qu’il n’est pas fait pour elle. Il réalise qu’il n’est pas celui capable de lui offrir tout ce dont elle a besoin. De la sécurité. De la présence. De l’amour. Des promesses. De l’espoir. Surtout de l’espoir. Mais il se raccroche. Il se raccroche aux faits scientifiques. Il se raccroche à ses connaissances. Il pose sa coupe de champagne sur le plan de travail. Il n’a plus soif. Il n’a plus envie de fêter quoi que ce soit. Ses mains s’appuient sur le meuble. Il a besoin de s’ancrer dans la réalité pour ne pas perdre pied. Il a besoin de reprendre le dessus sur tout ce qu’elle vient de lui dire, tout ce qu’elle vient de déclencher. Il a besoin de laisser de côté ses sentiments, ses blessures, pour se concentrer uniquement sur ce que vient de lui raconter Snow. Sur les faits. "Tu es en train de me dire que ce… que cette légende veille sur toi depuis toutes ces années, qu’elle a été ton ami imaginaire et qu’elle t’a offert un bracelet ?" Mauvais départ. Il n’a pas pris le bon ton. Il n’a pas pris les bonnes intonations. On dirait qu’il ne la croit pas. On dirait qu’il la prend pour une folle. Ce n’est pas le cas. Ca ne le sera jamais. Voir des amis imaginaires quand on est adulte s’appelle la dissociation. Ce n’est pas un truc de fou. Ce n’est pas un trouble schizophrénique. C’est une dissociation. Une manière de souligner chaque facette de sa personnalité. Elle s’est reposée sur une légende pour lui attribuer une partie de son caractère. Beaucoup d’adultes le font. Beaucoup d’adultes en ont besoin. Alors non, elle n’est pas folle. Il se détache du meuble pour faire face à Snow.

"Snow..." Le prénom est soufflé. Il ne sait pas comment faire. Comment lui dire sans la vexer ? Il aura forcément l’air d’un psychologue, ou pire, d’un père qui raisonne son enfant. Il n’en a pas envie. Il aimerait être seulement le petit-ami. Celui qui s’inquiète pour sa copine. Celui qui prend soin d’elle. Celui qui se fait du souci. Il ne le peut pas. Il aura toujours cette étiquette de psychologue dans leur inconscient. Il aura toujours l’air de l’analyser quand il parlera de son comportement. Toujours. C’est dans ces moments-là qu’il déteste son métier. "Pourquoi est-ce qu’il se serait intéressé à toi, parmi tous les autres enfants ?" Il y a une différence entre avoir des amis imaginaires et les penser réels. Il y a une différence entre discuter avec un personnage fictif et penser qu’il vous offre des cadeaux. Snow est sujette aux crises de somnambulisme, elle aurait très bien pu s’acheter ce bijou pendant l’une de ces nuits. Ce ne serait pas étonnant. Et puis, une légende millénaire qui s’intéresserait à elle ? Pourquoi ? Il y a des milliers d’autres enfants qui ont été amenés ou qui seront amenés à maîtriser le froid. Ce Jack Frost ne peut pas exister réellement. C'est certain. "Moi, je suis là, j’existe vraiment. Je te protège, je veille sur toi." Il attrape sa main. Pour lui montrer qu’il peut la toucher. Pour lui montrer qu’il est réel. Pour lui montrer ce qu’est un vrai contact. Jack est dans sa tête. Il n’est pas passé du statut d’ami imaginaire intouchable à être existant réellement. Ce n’est pas possible. Les dieux existent, oui. Mais pas les légendes. Vous imaginez le bordel sur Terre ? On ne s’en sortirait pas. L’esprit terre à terre de Bobby n’y croit pas. L’existence d’une mutation s’explique par la génétique. La possibilité qu’un homme devienne vert s’explique par des expériences scientifiques ratées. Pour les dieux, il cherche encore une raison plausible, même s’il a déjà pu observer Thor de ses propres yeux. Mais son esprit refuse d’accepter autre chose. "Ce n’est rien… les enfants ont, pour la majorité, un ami imaginaire à qui ils se confient. Il les suit parfois à l’âge adulte, c’est normal." Dans certains cas, des adultes peuvent encore ressentir le besoin d’avoir un allié au quotidien. Avec l’histoire de Snow, ses doutes, ses peurs, ses remises en question, un ami imaginaire n’est pas si mal. Il lui permet de mieux analyser ses réactions, de décider ce qui est le mieux pour elle. Sauf qu’il y a quelque chose d’étrange avec ce Jack Frost. Comme s’il existait vraiment. Comme si elle en était dépendante. Comme s’il lui dictait quoi faire. Une étrange dépendance qui a de quoi inquiéter.

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« Tu es en train de me dire que ce… que cette légende veille sur toi depuis toutes ces années, qu’elle a été ton ami imaginaire et qu’elle t’a offert un bracelet ? » Le ton indique déjà que les vacances sont foutues. Elle n’a pas envie de rester. Elle veut juste faire ses valises et rentrer à la X-Mansion où elle est en sécurité, où elle peut simplement cesser d’exister pour simplement retrouver les enfants, jouer avec eux, leur raconter des histoires et aller se coucher. Seule. Elle ne demande que cela : être seule, cette fois. « Pourquoi est-ce qu’il se serait intéressé à toi, parmi tous les autres enfants ? » Oui, pourquoi ? Elle s’était posée la question. Quand Jack était apparu au beau milieu du lac, elle avait cru halluciner complètement, perdre la tête à un point jamais vu. Elle l’avait touché, pourtant, elle avait eu un contact bien palpable, elle avait vu la glace bouger comme jamais elle n’aurait pu le provoquer. « C’est vrai, qui pourrait donc s’intéresser à une pauvre fille dont même ses parents ne voulaient pas, quelle idée ! » C’est sec, tranchant, agressif. Les mots couperaient presque autant que les lames de glace dont elle se servait pour neutraliser un ennemi. Il est psychologue mais il ne choisit pas les bons termes, il n’agit pas avec le tact pour lequel il est réputé - avec les autres.

« Moi, je suis là, j’existe vraiment. Je te protège, je veille sur toi. » Il lui prend les mains mais elle recule, elle s’échappe de son contact, de son emprise. Elle ne veut pas s’adoucir simplement parce que c’est lui, elle ne veut pas laisser passer le fait qu’il ne croit pas ce qu’elle dit. Elle l’a fait durant des années avec Axel et il était hors de question qu’un autre homme puisse remettre en cause sa santé mentale, pas même lui, pas même celui qu’elle serait capable d’aimer au point de s’oublier. La liquéfaction cherche à prendre le dessus mais Snow se contente de clignoter, de passer d’un état à l’autre, partiellement et ce durant quelques secondes. Le bras, la jambe, les cheveux, pas le corps entier. Ca alterne avant de se stabiliser. La paume se pose à plat sur le ventre tandis qu’elle cherche sa respiration. « Ce n’est rien… les enfants ont, pour la majorité, un ami imaginaire à qui ils se confient. Il les suit parfois à l’âge adulte, c’est normal. » Elle relève le regard vers Bobby, elle se redresse, la mutation cessant son caprice intempestif. Est-ce qu’il ose ? Est-ce qu’il ose la psychanalyser ? N’étaient-ils pas sensés simplement prendre des vacances ? Est-ce que ses confessions ressembleront toujours à des séances ? « Je ne fais pas de dissociation. » Les syllabes sont clairement détachées les unes des autres afin de bien signifier sa colère. Une colère glaciale qui ramènerait presque à la surface cette Snow Queen dont aucun d’eux ne veut plus. « Si j’avais eu besoin d’un ami imaginaire, ça ne serait pas maintenant, pas quand j’ai quelqu’un dans ma vie. J’aurais eu besoin de Jack Frost quand tu m’as abandonnée sans te retourner pour ne pas blesser Malicia. » C’est cruel. Ces mots qui sortent de sa bouche à cet instant sont pires que toutes les insultes du monde parce qu’ils témoignent d’une blessure qui ne semble pas vouloir se refermer et qu’il fait saigner chaque fois que le doute pointe, chaque fois qu’ils doivent revenir sur le passé. « J’aurais eu besoin de Jack quand j’étais seule au bord de ce lac, quand vous m’avez tous tourné le dos parce qu’il ne fallait pas faire de mal à la pauvre âme esseulée privée de contacts ! Quand tu m’as dis que tu ne reviendrais jamais et que tu m’as interdit de mourir ! » Il n’y a pas de manifestations intempestives, la température ne baisse pas, elle n’abîme rien de l’environnement, elle l’abîme lui en laissant éclater une rancoeur qu’elle avait étouffé sous le pardon. Elle l’avait pardonné, bien sûr. Elle aurait continuer à relayer ce souvenir à un détail dans une boîte de douleurs si il n’avait pas utilisé ce ton là, si il ne s’était pas comporté comme son père. Cette même façon de s’appuyer contre un meuble, d’essayer de rationaliser ce qu’elle dit, d’extirper de sa tête blonde un soi-disant imaginaire trop fertile. « Maintenant si tu ne comptes pas me mettre sous anti-dépresseurs, je vais me coucher. » Elle aurait oublié, comme bien des choses, elle aurait supprimé de sa mémoire toutes les larmes et l’envie d’en finir pour ne garder que la douceur de ses baisers, que la tendresse de ses étreintes, elle n’aurait eu comme religion que la mélodie de ses rires et la douceur de sa peau. Elle aurait aimé sans condition mais elle ne peut plus, pas si il doute d’elle, pas si il la traite comme une patiente perdue, comme une folle qu’il faut ramener à la réalité. Elle n’a pas le droit d’être heureuse et finalement personne ne saura l’aimer pour ce qu’elle est, ça n’était qu’un leurre.

L’avantage d’avoir préalablement visité les lieux, c’est qu’elle n’a pas à se perdre pour retrouver la chambre, elle en choisit une au hasard et claque la porte, sans autre forme de procès. La veste de tailleur est jetée dans un coin, elle se défait de ses escarpins et se place sur le bord du lit, elle s’y allonge sur le côté les bras croisés en attendant que le temps passe. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire de plus ? Elle ne pouvait pas rentrer, ils n’avaient qu’une voiture, prendre un taxi était impensable, elle était prisonnière de vacances qui n’en étaient déjà plus. Elle vient tout juste de comprendre pourquoi on ne doit pas coucher avec un psy : ils passent leur temps à vous analyser et un jour ils peuvent décider de contacter un psychiatre pour vous interner. Elle ignore pourquoi elle a cru qu’elle pourrait avoir un avenir avec Bobby, elle n’était rien de ce dont il avait besoin, il ne voulait pas d’une femme si instable que chaque mot pourrait devenir le signe d’une démence précoce. Elle ne vieillirait pas de si tôt, de toute façon, autant qu’elle se fasse à un interminable célibat tout de suite. On ne la reprendrait plus à lui confier quelque chose, ses secrets étaient plus agréables quand elle ne les évoquait pas. Snow n’a pas détaché le bracelet de son poignet, caressant du pouce la surface du flocon en bois - garder les idées claires, hein ? Tout ce qui était clair à cet instant, c’est qu’elle n’avait rien à faire ici, qu’elle n’avait pas sa place dans les espoirs d’Iceman, lui qui n’aspirait qu’à la paix, qu’à une famille unie et solide. Prudence n’était et ne serait jamais cette femme parfaite qui saurait prendre soin de lui. Autant se résigner, non ? « J’ai besoin de personne, laisse-moi tranquille. Tu n’as qu’à aller visiter, je trouverai un moyen de rentrer seule, comme une grande. » C’est tout ce qu’elle avait à dire. Elle essuie les quelques larmes qui s’échappent d’un revers de la main, parce qu’elle se dit qu’elle vaut mieux que ça, parce qu’elle estime que pour une fois elle n’a pas à pleurer pour quelqu’un, que ce serait gâcher son énergie. L’espoir est le premier pas vers la déception, elle en est intimement persuadée. Elle se fichait pas mal des cadeaux, des voyages et de l’argent, tout ce qu’elle voulait c’était de la confiance, ne plus jamais être regardée de cette façon, ne plus jamais se sentir diminuée, anormale ou cinglée. Elle ne voulait plus sentir son assurance se briser comme une banquise friable qu’on détruirait sans même avoir besoin d’un mot. Que n’aurait-elle pas donné pour pouvoir se téléporter de cette chambre à celle de la X-Mansion. Charles ne pouvait-il donc pas lui effacer la mémoire ? Juste repartir de zéro, sans rien, sans nom, sans rien connaître de sa mutation.   
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Il y a des gestes, des regards, des mots qui blessent plus que d’autres. Il y a des moments dont on a rêvés. Il y en dont on a cauchemardés. Il y a des moments imaginés tellement beaux que la chute en devient brutale, violente, douloureuse. Ils sont dans un de ces moments-là. Le moment où les paroles sont aussi aiguisées que des couteaux. Le moment où blesser l’autre est un exutoire. Le moment où il n’y a pas d’autres solutions que la confrontation. Le moment où l’amour de l’autre se transforme en haine. Les prunelles de Snow trahissent sa colère, sa douleur, son aversion. Les prunelles de Bobby témoignent de sa souffrance, de son désarroi, de son impuissance. Tout prend des proporsions énormes quand il s’agit de lui. Une mise à l’épreuve quotidienne. Un test régulier de sa fidélité, de sa loyauté, de son amour. Tout ce qu’il peut dire peut être interprété, transformé, modifié, utilisé contre lui. Il supporte. Il garde la tête baissée, honteux. Il prend les coups, soumis à ses propres erreurs. Il paye le prix de la rupture, de la trahison, de l’échec. Il le paye tous les jours. Il se tait, il ne se plaint pas, il ne râle pas, il ne s’insurge pas. Il le mérite. Il lui a brisé le coeur. Il a ravagé sa confiance. Il a détruit ses rêves. Il a tout abîmé en elle. Il n’a pas été doux. Il n’a pas été prévenant. Oui, il baisse la tête. En attendant que les tests soient terminés. En attendant qu’elle lui pardonne. Il n’a rien d’autre à faire. Il n’a rien d’autre à espérer, si ce n’est le pardon. Continuellement. Il l’attend. Il le guette. Il ne vient jamais. Il n’arrive jamais. Le pardon est une longue route. Un long chemin semé d'embûche. L’une vient de leur tomber dessus. Une grosse embûche. Une embûche qui a un drôle de goût de fracture, de rupture. Quelque chose vient de se casser. Ca se ressent dans le recul de Snow. Ca se ressent dans son intonation. Ca se ressent dans chaque mot. Ca se ressent dans chacun de ses muscles. Et ça se répercute sur Bobby. Il prend tout de plein fouet. Le manque de confiance. La colère. Il en est déstabilisé. Touché. Blessé. Muet. Il est incapable de réagir. incapable de répondre. Incapable de se battre. Incapable. De tout. De convaincre la femme qu’il aime qu’elle peut être heureuse. De la convaincre qu’il ne la croit pas folle. De la convaincre qu’il ne la quittera plus. De la convaincre qu’il ne veut que son bonheur. Piètre psychologue, pas foutu de savoir quoi dire, savoir quoi faire. Piètre petit-ami, pas foutu de lui transmettre tous ses sentiments. Elle ne voit pas combien il l’aime. Elle ne voit pas combien il lui est dévoué. Elle ne voit pas qu'il pourrait la protéger, au péril de sa vie. Elle ne voit pas, parce qu’il ne le lui montre pas. Il ne montre pas ce qu’il y a au fond de son coeur. Il ne montre pas ce qu’il ressent.

Et ça fait mal. Comme une porte que l’on se prend en pleine face. Il se prend toutes ces vérités. Il absorbe tous ses ressentiments. Il accepte toutes ses interprétations. Vraies ou fausses. Peu importe. Il s’en accommode. Il les avale. Chaque attaque verbale vise juste. Chaque attaque verbale trouve son chemin jusqu’à son coeur. Il saigne. Il se sent mal quand elle se met à clignoter. Il se sent suffoquer quand elle change de consistance. Mais il repousse. Il repousse ce malêtre parce que son coeur saigne. Il saigne à chaque fois que Snow le déteste. Il saigne à chaque fois qu’elle le repousse. Il saigne à chaque fois qu’elle laisse parler ses vrais sentiments. Il saigne tout le temps, dans l’attente de sa confiance. "Maintenant si tu ne comptes pas me mettre sous anti-dépresseurs, je vais me coucher." Elle part. Elle laisse un vide dans la pièce. Elle laisse derrière elle un sillon de doutes, d’énervement, de souffrances. Et Bobby s’effondre. Il s’effondre. L’après-coup. Il a besoin de se tenir au meuble le plus proche. Il a besoin de se remettre. Il a besoin d’accepter. Leur couple ne sera plus jamais comme à San Francisco. Leur couple ne sera plus jamais innocent et naïf. Il l’a marqué, il l’a abîmé. C’est de sa faute. C’est à cause de lui s’ils ne peuvent plus se parler sans que ça ne tourne à la dispute. S’ils ne peuvent plus se parler sans contrôler leurs mots, leur ton, leur comportement. Qu’est-ce qu’il a fait ? Hier et aujourd’hui. Qu’est-ce qu’il a fait ? Hier, il faisait la pire erreur de sa vie. Il persistait dans cette erreur. Il s’enfonçait toujours plus. A s’en rendre malade. A s’en rendre malheureux. En entraînant Snow dans sa chute. Hier, il refusait son amour pour une autre. Hier, il se faisait la promesse de ne plus jamais blesser Snow. Aujourd’hui, il lui fait penser qu’elle est folle. Il lui fait penser qu’il n’a pas confiance en elle. Aujourd’hui, il met à mal leur relation. Un peu plus. Leur couple pourrait se fissurer, se briser à la moindre parole, tant il est fragile. Une fragilité qu’il faudrait renforcer. Une fragilité qu’il faudrait réparer. Il ne sait trop comment. Peu importe ce qu’il essaye, tout tombe à l’eau. Tout empire. Tout tourne à la catastrophe. Peu importe ce qu’il veut faire, elle y voit un signe. Un mauvais signe. Un signe de mauvais augure. Il ferme les paupières. Il a besoin de respirer. Il a besoin d’assimiler. Il a besoin de faire le point. Il a les poumons pris. Un rhume qui s’installe. Une maladie qui s’empare de lui. Au mauvais moment. Il a juste envie de frapper. Frapper. Tout et n’importe quoi. Frapper le mur. Frapper le frigo. Frapper la table. Peu importe. Frapper pour expulser. Frapper pour extérioriser. Frapper pour exprimer. Sa frustration. Sa colère. Son désarroi. Son agacement. Il se déteste d’être incapable d’apporter son amour à la femme qu’il aime. Il se déteste d’être aussi inutile pour la rassurer. Il se déteste de ne pas pouvoir la protéger. Il se déteste.

Mais il a promis. Il a promis de ne pas l’abandonner. Il a promis de ne plus la quitter. Il a promis de l’aimer toute une éternité. Il a promis. Alors, il tait sa haine envers lui-même. Il tait sa rancoeur envers ses erreurs. Il tait ses problèmes. Il tait tout pour ne penser qu’à elle. A Snow. A ce qu’il ressent pour elle. A ce qu’il voudrait vivre avec elle. A ce qu’il aimerait lui dire. Il sait qu’il a un problème pour s'exprimer. Il sait qu’il est le problème. Alors, quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, ce n’est jamais assez. Ce ne sera jamais assez. Il devra toujours se battre. Il devra toujours défendre son amour. Il le sait. Il toque à la porte. Deux coups brefs. Deux suppliques. Deux prières. Deux espoirs. Il y croit. Il croit qu’elle va lui ouvrir la porte. Il croit que tout va s’arranger. Ils y arrivent toujours, n’est-ce pas ? Ils se déchirent continuellement. Ils se disputent toujours. Mais ils surmontent chaque moment de faiblesse. Ils se retrouvent toujours. Une relation néfaste sur le long terme. Une relation qu’ils ne pourront pas tenir. Ils ne peuvent pas. Ca use. Ca fatigue. Ca épuise. Ils ne sont pas immortels. Ils ne peuvent pas survivre à tant de douleurs. Ils ne peuvent pas supporter tant de déchirements. Ils ne sont pas assez endurants. Ils ne sont pas assez insensibles. "J’ai besoin de personne, laisse-moi tranquille. Tu n’as qu’à aller visiter, je trouverai un moyen de rentrer seule, comme une grande." Les épaules s’affaissent. Le regard se baisse. La souffrance est là. Bien ancrée dans sa poitrine. Pesante. Incisive. Agressive. Il tremble. Il a peur. De la perdre. Ils n’ont jamais été aussi proches de la rupture. Ils n’ont jamais été aussi éloignés. Ils n’ont jamais été aussi déchirés. Jamais. Il glisse le long du mur. Il pose la tête contre le mur. Que lui dire quand tous les mots ont déjà été prononcés ? Que lui dire quand tous les efforts ne suffisent pas ? Que lui dire quand son coeur déborde de sentiments pour elle et qu’elle y est insensible ? Aucune réponse ne vient. Alors, il laisse les secondes s’échapper. Il laisse le temps s’écouler. En attendant de trouver le courage. En attendant de trouver les bons mots. Ceux qui la ramèneront à lui. Ceux qui la rattacheront à lui. Ceux qui pénétreront la carapace de Snow. "Tu es une femme incroyable, Prudence. Je l’ai vu ce jour-là, à Alcatraz. Tu étais fascinante dans ta tenue blanche, ton regard de marbre… Tu m’as toujours impressionné avec ta volonté, ta force, ta détermination. Tu as continué à avancer après ta perte de mémoire. Tu aurais pu abandonner et pourtant, tu t’es construite sur du vide. Oui, tu es une femme remarquable et j’aimerais tellement que tu vois à quel point je t’aime. A quel point je t’admire. A quel point j’ai confiance en toi." Il mettrait sa vie entre ses mains. Il la laisserait décider de sa vie ou de sa mort. Parce qu’il sait qu’elle est une bonne personne. Il sait quelles sont ses valeurs. Il sait qu’elle lutte continuellement contre ses vieilles habitudes. Il sait qu’elle est forte. Il sait tout ça. Pour toutes ces raisons, il lui fait terriblement confiance. C’est ce qui rend la situation encore plus douloureuse. Elle évoque une chose que son cerveau refuse de croire. Elle lui demande de repousser les limites de l’incroyable. Elle lui demande de se surpasser.

Il a parlé les yeux fermés. Comme pour se remémorer chaque moment. Comme pour se rappeler leur histoire. A la fin, il a presque un sourire. Un doux sourire. Un sourire terni par la tristesse. Un sourire nostalgique. Un sourire qui disparaît dès qu’il rouvre les paupières. "Je ne demande qu’à te croire. Donne-moi quelque chose, une preuve…" Quelque chose auquel s'appuyer. Quelque chose sur lequel se fonder. Quelque chose qu’il pourrait croire. Il est prêt à repousser les limites de la normalité. Il est prêt à accepter l’existence d’une légende ancestrale. Il est prêt à ouvrir les champs des possibles. Il est prêt à tout, si ça peut le rapprocher de Snow. Il est pris d’une toux. Une toux violente. Une toux inhabituelle. Il n’est pas tombé malade depuis des années. Depuis la découverte de la thermokinésie et de la cryokinésie. Tant pis. Il se soignera plus tard. Il se préoccupera de sa santé plus tard. A quoi bon s’en soucier maintenant ? Il y a plus important qu’une toux. Il y a plus essentiel que des poumons encrassés. “Est-ce que tu veux bien me parler de lui ? Comment est-ce qu’il est ? Il peut faire des châteaux, lui aussi ?" Besoin de savoir. Besoin de le connaître. Il lui faut des faits. Il lui faut des précisions. Il lui faut des détails. Il lui faut des choses concrètes. Il en a besoin pour concevoir la réalité. Pour prendre pleine conscience de ce monde complètement fou. Il croit en Snow. Il la croit. Mais cette vérité est folle. Inconcevable. Impossible.

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Elle n’est pas mieux que Malicia, elle le sait. Peut-être que Prudence n’est pas jalouse mais elle est tout autant malheureuse et le contact ne suffit pas à réparer les failles qu’elle provoque. Non, elle n’est pas mieux, elle le blesse et ils vont se détruire sur le chemin glissant de la colère. En s’isolant, elle espère éviter la confrontation, elle espère enterrer tout ce qui pourrait faire mal, laisser de côté le temps qui passe et ne finalement plus exister. Elle pourrait prendre la poussière là, jusqu’à la fin des vacances. Bobby en décide autrement, il frappe à la porte, il entre même si elle refuse et ils souffrent en silence, éloignés, le coeur au bord des lèvres, à traîner leurs sentiments disloqués. « Tu es une femme incroyable, Prudence. Je l’ai vu ce jour-là, à Alcatraz. » Elle se souvient bien d’Alcatraz, maintenant. Elle se souvient de la confrontation, de sa propre détermination à le détruire, à le priver par la glace d’un avenir radieux. Pourquoi ? Par jalousie peut-être ou parce qu’on lui a longtemps décrit ce jeune homme comme indigne de l’élément qu’il manipulait. Elle l’a injustement condamné à la seconde où son regard à croisé ce bleu clair plein de tout ce qu’elle n’avait jamais possédé : de l’amour, de la confiance, une volonté de rendre le monde meilleur. « Oui, tu es une femme remarquable et j’aimerais tellement que tu vois à quel point je t’aime. A quel point je t’admire. A quel point j’ai confiance en toi. » Elle pleure. Le sanglot s’étouffe au fond de sa gorge : elle pleure. Elle pleure parce qu’elle l’aime tellement qu’elle n’arrive plus à gérer ce que ça implique, elle a peur en permanence de le perdre. Elle tremble à chaque seconde que la superbe brune revienne, qu’elle puisse enfin toucher l’homme qui lui était destiné, elle a peur d’être oublié comme on tourne la page d’un livre.

« Je ne demande qu’à te croire. Donne-moi quelque chose, une preuve… » Il tousse. C’est parce qu’il tousse que Snow ne répond pas immédiatement à ce qu’il dit, c’est parce que la toux violente l’alarme : Bobby n’est jamais malade, il est cryokinésiste, il est thermokinésiste, ça l’immunise contre les rhumes, les bronchites et la plupart des maladies. Il est presque aussi immunisé qu’elle-même. Elle essuie ses larmes et se lève pour venir s’agenouiller devant lui, lentement. « Est-ce que tu veux bien me parler de lui ? Comment est-ce qu’il est ? Il peut faire des châteaux, lui aussi ? » Un froncement de sourcils à l’instant où elle pose le dos de sa main contre son front, exactement comme il l’avait fait le jour de sa rupture, créant l’ambiguïté fatale. « Chhhh. » C’est doux. Elle s’éloigne pour ouvrir sa valise dont elle extirpe une bouteille d’eau, du paracétamol et un briquet. Le butin récupéré, elle revient près de lui, elle s’installe à côté, tout contre, et lui tend les médicaments : « Tiens ça. » Il n’y a plus les pleurs mêmes si ses yeux sont encore humides, elle ressent le besoin irrépressible de prendre soin de lui, d’oublier sa peur, elle ne peut pas envisager son existence sans sa gentillesse, sans son amour maladroit. Bien sûr qu’ils se font du mal, bien sûr que c’est difficile, elle ne dira pas le contraire. « Je t’aime tellement que ça me fait peur. J’ai peur que tu partes parce que je suis instable, tu pourrais trouver une femme formidable, une femme patiente qui ne te détruira pas comme je suis en train de le faire. »  Sa température a changé, elle monte doucement pour atteindre un trente-sept degrés chaleureux dans l’unique objectif d’apporter de la chaleur au psychologue. Elle ne peut pas lui en vouloir longtemps, elle est faible quand il s’agit de lui, elle n’est qu’une amoureuse transie et stupide qui s’effraye de sa propre dépendance à sa présence. « Ma mutation se stabilise mais ça implique des choses qui peuvent te déplaire. Si tu n’as plus confiance en moi, je ne suis plus rien Bobby. Tu es la meilleure partie de ce que je suis. » souffle-t-elle, en caressant sa joue, suivant les contours de cette mâchoire qu’elle connaissait comme son propre reflet. « Régénérer et me liquéfier est incompatible avec des traitements, à l’heure actuelle.. je devais profiter de ces vacances pour te demander si tu étais prêt à potentiellement fonder une famille. Si tu ne me crois pas pour une chose aussi peu influente sur nos vies, je ferais quoi d’un enfant dans le cas où mon corps déciderait d’en sauver un ? » L’angoisse se lit encore dans ses grands yeux bleus, elle est palpable dés qu’elle envisage l’avenir, dés qu’elle essaye d’avoir ne serait-ce que l’ombre d’un espoir. Etudier les changements de son corps a mis en évidence des paramètres auxquels elle ne s’attendait pas, un anti-douleur se diffusait trop vite dans l’eau, les changements d’état diluaient tout, pas forcément dans les bonnes zones, pas forcément efficacement. Régénérer achevait l’inutilité d’assimiler des médicaments de façon classique. Les anti-dépresseurs c’était foutu, sauf si ils en trouvaient en intraveineuse.

Elle n’oublie toutefois pas qu’il veut une preuve alors elle détache la ficelle de son poignet, elle place le pendentif sur la flamme du briquet qu’elle allume : rien ne se passe. Le bois ne brûle pas, il ne subit aucun dégât. C’est bien physique, ça existe, c’est sous leurs yeux, ils peuvent le toucher mais rien n’altère ou ne détruit cet étrange cadeau. Elle finit par déposer le flocon dans la paume de Bobby, qu’il constate par lui-même, qu’il puisse intégrer la réalité de ce cadeau inaltérable. « Les légendes ont souvent des bases historiques, Jack Frost est mort il y’a des siècles, certaines études évoquent la faculté qu’auraient les enfants à percevoir des phénomènes invisibles aux yeux adultes. » Il est rationnel, ça n’est pas un homme d’imaginaire mais de faits, ce dont témoigne sa manière d’user de son don, à l’exacte opposé de Prudence. L’idée que les enfants pourraient voir les esprits ou sentir des réalités qui échappent à la rationalité adulte n’est pas nouvelle, bien que les études se contredisent souvent, ne trouvent pas toujours d’explication idéale. « J’ignore si il était mutant autrefois, ce que j’ai rencontré c’est une manifestation d’une conscience, de quelqu’un qui errait. J’avais huit ans, je n’ai pas posé de questions, j’avais un ami pour la première fois de ma vie. Et un jour, j’ai simplement cessé de le voir. » Le fait est que les adeptes du paranormal veulent bien admettre la faculté qu’auraient les enfants à percevoir au-delà de ce que les barrières adultes refusent. Faut-il y accorder du crédit ? Elle n’a jamais su et elle n’y tenait pas particulièrement toutefois dans un monde pareil, pourquoi pas ? « Il est venu à la X-Mansion, il a construit un château que j’ai décimé en croyant devenir folle. Les enfants devaient te prévenir mais je crois que je leur ai fait peur. Il est cryokinésiste, c’est tout. C’est un homme bien réel qui a perdu une partie de sa mémoire il y’a trois ans et qui a simplement retrouvé ma trace.. par le froid que je dégage, je crois. On n’a peut-être une signature thermique spécifique, qui sait ? » Elle essaye de trouver les explications les plus compréhensibles même si beaucoup de ce qu’elle sait de Jack se résume à l’assemblage d’un puzzle. Elle est là, à réchauffer Bobby en passe ses bras autour de l’un des siens, elle cherche seulement à lui montrer qu’elle peut tout lui pardonner parce qu’elle ne peut pas vivre sans lui. Elle est là parce qu’il ne la rejette pas, parce qu’il a dit l’aimer et qu’elle ne voit pas son avenir sans lui. Elle est là malgré la terreur qui la ronge chaque fois qu’elle s’endort, tétanisée à la seule idée de le perdre maintenant. « J’avais besoin que quelqu’un me dise que je pourrais survivre à la mort de ceux que j’aime.. de quelqu’un qui a vécu assez longtemps et qui ne me mentirait pas. Il n’a pas menti, je vais avoir mal à la hauteur de mon amour pour toi, que tu partes ou que tu meures, tôt ou tard. » C’est ça, sa peur : devoir vivre, devoir avancer, devoir rendre à la terre celui qu’elle aimait tant. Comment pourrait-elle accepter de le laisser partir, lui et les enfants qu’ils pourraient avoir ?    
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HOLIDAY TIME


Il est entré. Défiant toute intimité. Défiant tout respect. Défiant tout ordre contraire. Il est entré dans sa chambre comme ils sont entrés dans la vie l’un de l’autre. Sans demander. Sans écouter. Sans crier gare. Il est entré parce que rester dans le couloir lui était impossible. Il est entré parce qu’il avait besoin d’être entendu. Il est entré parce qu’il avait besoin de lui dire des choses. Certaines choses. Son admiration. Sa fierté. Son amour. Il est entré parce qu’il a promis de ne plus partir. Accepter qu’elle le rejette serait comme un abandon. Un de plus. Un qu’il peut éviter. Il est entré parce qu’il est convaincu que c’est de sa faute. Entièrement de sa faute. Il doit la rassurer. Il doit la réconforter. Il doit l’aimer. Il doit la rendre unique. Ce n’est pas ce qu’il fait. Il la rend malheureuse. Il la rend colérique. Il la blesse. Il l’abîme. Il devrait s’en aller. Lui offrir une meilleure vie en la quittant. Lui donner la chance d’être heureuse en fuyant. Il devrait faire passer le bonheur de Snow avant le sien. C’est ce qu’il a déjà fait auparavant. Une tentative soldée par un échec. Elle lui en a tant voulu. Elle continue à lui en vouloir. Il est perdu. Perdu entre deux choix. Perdu entre deux possibilités. Il pourrait tout laisser tomber, s’éloigner d’elle, arrêter de lui pourrir la vie. Il pourrait aussi s’accrocher, lui offrir tout son amour, la bercer de belles paroles positives. Il ignore ce qui est le mieux pour elle, pour lui. Pour eux. Ils s’aiment. Ca crève les yeux. Ils s’aiment à s’en détruire, à s’en déchirer, à s’en détester. Ils s’aiment tellement qu’ils n’arrivent pas à contrôler. Ils s’aiment tellement qu’ils sont incapables de s’entendre. Et ça les fait souffrir. Ils ne sont pas heureux. Ils ne sont pas joyeux. Ils marchent, les épaules voûtées, le poids du monde sur leurs épaules. Ils s’auto-détruisent. Lentement. Sûrement. Ce n’est pas une relation saine. Ce n’est pas un équilibre viable. Ils ont besoin d’un déclic. Ils ont besoin d’un changement. Ils ont besoin que ça change. Parce que Bobby ne survivra pas à des mois de disputes. Parce que Snow ne supportera pas d’autres confrontations. Parce qu’ils se tueront à se disputer sans relâche. Elle n’aura bientôt plus assez de larmes pour pleurer. Il n’aura bientôt plus assez d’espoirs pour continuer. Ils devront se faire à l’évidence : ils s’aiment, mais ils sont malheureux ensemble. Ils devront mettre un terme à cette relation. Ils devront abandonner toute envie de concrétiser leur amour. Ils devront chercher l’amour ailleurs. Un bel amour, pas un amour destructeur.

Il y a du mouvement. Elle bouge. Un quart de seconde. C’est le temps nécessaire pour que la peur le traverse. C’est le temps nécessaire pour qu’il craigne qu’elle fasse ses bagages. Définitivement. Un quart de seconde. La lueur de peur est passée dans son regard. Rapide. Vive. Elle a disparu quand Snow s’est agenouillée devant lui. Avec ses grands yeux, humidifiés par les larmes. Rougis par les pleurs. Il déteste la voir ainsi. Il se déteste encore plus de la mettre dans cet état. Il se déteste tellement. Il retient sa propre main de caresser sa joue, de la toucher telle une vision. Il retient sa propre main parce qu’il n’a pas le droit. Il n’a pas le droit de la toucher. Il n’a pas le droit de casser les barrières qu’elle a mises entre eux, en partant. Elle doit le faire, seule. Pour être sûre qu’elle accepte de revenir. Pour être sûre qu’elle choisisse elle-même. Il n’a pas le droit, mais il a tellement envie de sentir sa peau sous ses doigts. Il a tellement envie de reprendre contact avec elle. "Chhhh." Il ferme les yeux quand elle pose sa main sur son front. Elle l’a fait de multiples fois. Elle lui a souvent touché le visage. Une caresse pour marquer son amour. Un geste pour contempler son affection. Cette main sur son front est peut-être la dernière. Peut-être qu’elle s’apprête à le quitter. Peut-être qu’elle est sur le point de tout laisser tomber. Peut-être. Elle aurait raison. Elle aurait terriblement raison. Sauf que cette main n’est pas pleine d’amour. Cette main est médicale. Cette main recherche un symptôme. Il n’y en a pas. Il n’y a que les poumons encombrés. Il n’y a que le coeur ébréché. Les paupières se rouvrent. Snow n’est plus devant lui. Elle fouille dans ses affaires. Encore une fois, la peur. La peur qu’elle parte. La peur qu’elle choisisse la rupture. Mais elle revient. Comme toujours. Elle revient toujours. Fidèle au poste. Ce n’est pas elle, le problème. Elle, elle l’aime à en mourir. Elle l’aime de toute son âme, de tout son coeur. Elle l’aime déraisonnablement. Elle a déjà prouvé son amour. Elle a déjà montré qu’elle ne s’arrêtera jamais de l’aimer. Il n’y a que Bobby pour tout foutre en l’air. Il n’y a que lui pour tout remettre en questions, avec des mots, avec des regards. Il n’y a que lui. "Tiens ça." Les yeux se posent sur la boîte de médicaments. Il n’est pas malade. Il va bien. Et puis, même si c’était le cas, il y a plus important. Il y a elle. Ses yeux humides. Ses joues mouillées. Son coeur abîmé. Il y a elle. Tous ses espoirs envolés. Tout son amour brisé. Toutes ses attentes envolées. Il prend la boîte. Il la repose aussitôt par terre. Il s’en fout de sa santé. Il s’en fout d’avoir un rhume. Qu’est-ce que c’est face au malheur ? Rien. Absolument rien.

Il fait du mal à la femme qu’il aime et ça, ça, c’est important. Il ne voulait pas la faire passer pour une folle. Il ne voulait pas qu'elle voit le psychologue. Il voulait seulement être là. Il voulait seulement la raisonner. Il voulait seulement lui montrer sa présence. Lui, il est là. Pas besoin de chercher ailleurs. Pas besoin de demander de l’aide à quelqu'un d'autre. Il est là. Il ne va nulle part. Il ne part pas. Mais elle n’a pas compris. Elle a mal interprété. Terriblement mal. Il faut réparer, maintenant. Morceau par morceau. Un coeur après l’autre. Celui de Snow en premier. Celui de Bobby attendra. Il attendra toujours. "Je t’aime tellement que ça me fait peur. J’ai peur que tu partes parce que je suis instable, tu pourrais trouver une femme formidable, une femme patiente qui ne te détruira pas comme je suis en train de le faire." Incorrigibles. Ils sont incorrigibles. Incapables de voir qu’ils s’aiment. Incapables de supporter cette idée. Incapables de vivre avec. Ils se comparent. Ils se noient dans la frayeur. Il se noie, sans même profiter, sans même vivre. Ils s’empêchent de savourer chaque moment parce que tout pourrait être brisé. Ils ont tort. Ils devraient arrêter de se poser des questions. Ils devraient cesser de douter. Plus facile à dire qu’à faire. "Je ne vais pas partir, ni aujourd’hui, ni demain. Tu es la seule que j’aime." La seule avec qui il souhaite faire sa vie. La seule qui le remplit de bonheur. La seule qu’il ne laissera pas partir. Il attrape la main de Snow. Celle qui touche son visage. Celle qui extériorise tout son amour. Il l’attrape pour la serrer entre ses doigts. Il l’attrape pour la tenir contre lui. Il se permet de la toucher. Il se permet de conquérir sa peau, de nouveau. "Ma mutation se stabilise mais ça implique des choses qui peuvent te déplaire. Si tu n’as plus confiance en moi, je ne suis plus rien Bobby. Tu es la meilleure partie de ce que je suis." Il a un sourire. Ce serait beau de le croire. Ce serait beau de le penser. Ce serait nier. Ce serait refuser la vérité. Le coeur de Snow est bien plus pur qu’elle ne le croit. Le coeur de Snow est bon. Profondément bon. Pas besoin de Bobby. Pas besoin d’amour. Pas besoin d’affection. Tout est déjà en elle. Elle avait juste besoin d‘être en confiance pour le dévoiler. Elle avait juste besoin de se le permettre. "Tu es seulement celle que tu décides d’être, Prudence. Toi seule peux choisir." Pas lui. Elle a toujours eu ces bons côtés en elle. Elle a toujours su faire preuve de bienveillance. Elle a toujours su être maternelle. C’était en elle toutes ces années. Ancrée dans son coeur. Elle attendait seulement le bon moment pour s’exprimer. Elle attendait seulement l’autorisation d’être elle-même. Une excuse pour sortir de la noirceur de Snow Queen.

De toutes ses connaissances, elle est probablement celle qui se débat le plus contre elle-même. Contre sa bonté. Contre sa gentillesse. Elle n’accepte pas d’être gentille, protectrice, attentionnée. Elle ne l’accepte pas, si elle n’a personne pour l’encourager à l’être. "Régénérer et me liquéfier est incompatible avec des traitements, à l’heure actuelle.. je devais profiter de ces vacances pour te demander si tu étais prêt à potentiellement fonder une famille. Si tu ne me crois pas pour une chose aussi peu influente sur nos vies, je ferais quoi d’un enfant dans le cas où mon corps déciderait d’en sauver un ?" Il se rappuie contre le mur. Les poumons irrités. La respiration sifflante. Le regard planté dans celui de Snow. Avoir une famille. Fonder une famille. Créer un cocon. Construire un nid douillet. Ils ne le peuvent pas. Pas tout de suite. Plus tard. Quand les disputes auront cédé le pas face à l’amour. Quand le bonheur aura pris le dessus sur les dissensions. Quand ils seront apaisés, épanouis. Quand ils seront prêts. "Je pense que tu as raison, nous ne sommes pas prêts à élever un enfant. Nous n’avons pas encore trouvé l’équilibre dans lequel nous sommes heureux. Mais ça viendra et si nous devons avoir un bébé avant, nous l’aimerons. Je n’en doute pas." Il a envie d’avoir une famille. Ce désir est en lui depuis des années. Il a envie d’en avoir une, oui. Pas à n’importe quel prix. Pas au détriment du bonheur de ses enfants. Pas en prenant le risque de tout détruire. Il n’y a pas encore pensé sérieusement. Il ne s’est pas encore posé pour se dire : maintenant, j’en veux un ; maintenant est le bon moment. Non. Depuis le début, il sait que ce n’est pas le bon moment, justement. Ca ne le sera pas tant qu’ils se disputeront. Tant qu’ils se détesteront autant qu’ils s’aiment. Tant qu’ils ne seront pas capables de parler sans se déchirer. Mais ils ne peuvent pas s’empêcher de vivre. Ils ne peuvent pas ajouter de la frustration à la longue liste de leurs problèmes. Ils ne peuvent pas arrêter de se toucher pour éviter une grossesse. Ils ne seront peut-être pas les meilleurs parents du monde. Ils ne seront peut-être pas une famille parfaite. Mais ils aimeront leur enfant. Qu’il naisse au milieu d’une confrontation ou qu’il naisse lorsqu’ils auront trouvé la clé de leur équilibre. "Si tu tombes enceinte, je serais là." Il ne prendra pas peur. Enfin, si. Il aura peur. Il s’inquiètera. Il flippera. Il angoissera. C’est ce qu’on appelle une bonne peur. Une peur fondée. Une peur de bien faire. Une peur d'être un mauvais père. Une peur consciente. Une peur qui le forcera à se donner à fond pour le bien-être d’un nourrisson.

Il se racle la gorge. La toux le démange. Il se laisserait bien aller à tousser, mais il sait que Snow va réagir. Elle va s’inquiéter, avec ses deux grands yeux inquiets. Alors qu’ils ont d’autres priorités. Ils ont besoin de s’entendre, de se comprendre, pas de se soucier de quelques microbes. Il s’en remettra rapidement. Probablement. C’est qu’il n’est pas tombé malade depuis des années. C’est qu’il se croyait immunisé contre les virus courants. Il s’est trompé. Après plus de dix ans sans un rhume, le voilà qu’il se met à tousser et à renifler. Il se préoccupe de ce qu’elle fait. Il s’intéresse à ce bracelet qui est retiré. Un collier, en vérité. Un bijou qu’elle met à l’épreuve du feu. Il ne s’embrase pas. Il ne craque pas sous les flammes. Son bois n’est même pas ternit. Incroyable. Encore. Bobby accueille le collier dans sa main. Un trésor. Il en caresse la surface du pouce. Sous ses doigts, le bois est lisse, malgré les aspérités du matériau, malgré l’attaque du feu. "Les légendes ont souvent des bases historiques, Jack Frost est mort il y’a des siècles, certaines études évoquent la faculté qu’auraient les enfants à percevoir des phénomènes invisibles aux yeux adultes." Il reporte son attention sur Snow. Elle essaye de lui expliquer. Elle fait appel à des faits historiques, à des témoignages, à des histoires vécues. Et il écoute. Il suit attentivement son explication. Il se fait le plus ouvert, le plus tolérant possible. "J’ignore si il était mutant autrefois, ce que j’ai rencontré c’est une manifestation d’une conscience, de quelqu’un qui errait. J’avais huit ans, je n’ai pas posé de questions, j’avais un ami pour la première fois de ma vie. Et un jour, j’ai simplement cessé de le voir." Une espèce de fantôme venu d’un autre temps ou d’une réalité. Un fragment de légende qui erre. Dans quel but ? Un homme qui se rapproche d’un enfant n’est jamais bon signe. C’est souvent la preuve d’une relation perverse, inquiétante. Surtout si elle est couverte par la soi-disant imagination d’un enfant. Les parents n’y auraient jamais cru. Snow pouvait discuter de tout et de rien avec cet homme invisible. Jack Frost pouvait profiter de sa confiance aveugle. Cette histoire n’a rien de rassurante. Absolument pas. "Il est venu à la X-Mansion, il a construit un château que j’ai décimé en croyant devenir folle. Les enfants devaient te prévenir mais je crois que je leur ai fait peur. Il est cryokinésiste, c’est tout. C’est un homme bien réel qui a perdu une partie de sa mémoire il y’a trois ans et qui a simplement retrouvé ma trace.. par le froid que je dégage, je crois. On n’a peut-être une signature thermique spécifique, qui sait ?" Perte de mémoire. Encore. Une coïncidence ? C’est arrivé à la même période que Snow. Et il est venu à la X-Mansion. L’homme qui devient l’ami imaginaire des enfants. Bobby étouffe ses réticences, ses hypothèses. Il ne peut pas accuser un homme de pédophilie sans le connaître. Il ne peut pas non plus prendre le risque de le laisser rôder dans l’école, s’il est réellement dangereux. Bobby devrait faire confiance à Snow. S’il y avait un quelconque danger, elle en aurait parlé à Xavier. Elle aurait pris les choses en main. Sauf qu’elle en est dépendante. Elle est dépendante de ce Jack Frost. Il y a trop de doutes. Trop de questions.

"J’avais besoin que quelqu’un me dise que je pourrais survivre à la mort de ceux que j’aime.. de quelqu’un qui a vécu assez longtemps et qui ne me mentirait pas. Il n’a pas menti, je vais avoir mal à la hauteur de mon amour pour toi, que tu partes ou que tu meures, tôt ou tard." Aneesh ne suffisait pas ? Bobby ne le porte pas dans son coeur, mais il le connaît. Il le sait à la limite de la dépression, blasé par sa longue existence. Toujours est-il qu’il aurait été plus facile de s’adresser au philosophe que de chercher la présence de Jack Frost, porté disparu et amnésique. Il aurait préféré, en tout cas. Snow ne fait jamais les choses comme les autres. Elle doit toujours sortir de la route tracée par la logique. Elle doit toujours contredire les normes. Elle doit toujours aller à l’opposé de ce qu’on attend d’elle. "Tu aurais pu venir me le demander. Je te l’aurais dit." Son ton n’a rien de moralisateur. Il énonce simplement le fait. Il connaît Snow, ses failles, son caractère. Il sait par quoi elle est passée ces dernières années. Il a vu son progrès, son évolution. Il a assisté à son développement. Il aurait pu le lui dire. Alors oui, il n’a pas des milliers d’années. Il n’a pas été témoin de son enfance. Mais ce n’est pas la fillette de huit ans qui importe aujourd’hui. C’est la femme qu’elle est. Il remet le collier à sa place. Autour de son poignet. Là où il semble être installé. Un cadeau que Bobby ne se permettrait pas de lui faire. Si des vacances la gênent de sa part, qu’en serait-il d’un bijou qu’elle se sentira obligée de porter ? Il plante son regard dans les prunelles de Snow. "Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas le voir, Prudence, mais tu es la femme la plus forte qu’il m’a été donné de rencontrer. Tu ne recules devant rien et je sais que tu arriveras à vivre sans moi. Tu trouveras toujours une raison de te battre, de survivre. Si ce n’est pas pour moi, tu le feras pour tous ces enfants qui auront besoin de toi. Pour ces mutants qui chercheront de l’aide. Pour ces gens qui auront peur. Je ne suis qu’une raison parmi tant d’autres." Elle l’aime, il en a parfaitement conscience et il est même chanceux. Elle s’accroche à lui comme s’il était une bouée de sauvetage. Elle se trompe. Elle a tout un monde autour d’elle. Elle se fait aimer, petit à petit. Elle devient indispensable à la X-Mansion. Sans elle, les gamins sont perdus. Sans elle, l’hiver résume qu’à une saison et pas à des démonstrations quotidiennes. Sans elle, les gens ont un vide en eux. Bobby n’est qu’une raison parmi tant d’autres. Peut-être la plus importante. Pour le moment. S’il disparaît, elle trouvera rapidement une autre raison de vivre. Pour lui. Pour leurs enfants. Pour les futures générations. Elle continuera à aider son prochain. "Tu as survécu à tellement de choses. Ta famille, la Confrérie, tes entraînements intensifs, ta perte de mémoire... et moi. Regarde, tu es toujours là, debout, la tête haute." Elle se prend parfois des coups. Elle a parfois l’impression que tout est perdu. Elle a parfois envie d’abandonner. Mais elle se relève toujours. Il ignore où elle va puiser cette force. Il ignore comment elle fait pour se relever, à chaque fois. Il l’envie.

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Qu’il ne va pas partir est tout ce qu’elle veut entendre. Elle ignore pourquoi mais c’est la seule chose qui l’apaise, comme si le simple fait de le lui dire posait un pansement sur sa douleur. Qu’il ne va pas partir et qu’il l’aime. Snow n’en veut pas plus, elle ne demande rien. Si, qu’il se soigne mais Bobby n’a pas l’air décidé, bien au contraire. Il pose ce qu’elle lui a apporté comme pour lui signifier que ça n’est pas important, que ça peut attendre, que la priorité n’est pas lui. En cela, ils se ressemblent parce qu’ils essayent de faire passer l’autre avant et c’est aussi une donnée qui les détruit, se culpabilisant sans cesse de faire remonter leurs failles respectives. « Tu es seulement celle que tu décides d’être, Prudence. Toi seule peux choisir. » « J’ai besoin de toi.. » Elle le dit. Elle accepte de le dire, de l’avouer, de ne pas paraître forte et assurée. Elle accepte d’être la frêle jeune femme perdue qui a besoin d’être aimée, parce que c’est le coeur du problème : la carence affective n’est jamais comblée, avide et si profonde qu’il faudrait certainement des années avant d’en faire diminuer la brûlure. La main dans la sienne, elle savoure un contact qu’elle voudrait presque permanent, si doux, si rassurant. Elle ne se sent bien qu’à ses côté, quand il ne doute pas d’elle : elle a si peur de ses doutes. Et si à force de douter, il ne l’aimait plus ? S’il réalisait que rien de ce qu’elle est ne lui convient ? Mais vient le sujet délicat, celui qu’elle n’a pas abordé quand il l’aurait fallu par manque d’intimité. Comment avoir ce genre de conversation dans une école où chacun peut entendre ou voir, où des mutations permettent de faire voler en éclats les barrières des murmures ? « Je pense que tu as raison, nous ne sommes pas prêts à élever un enfant. Nous n’avons pas encore trouvé l’équilibre dans lequel nous sommes heureux. » Il a raison, elle le sait et ça l’angoisse d’autant plus. Il y’avait toujours des aspects négatifs à chaque mutation, c’était bien connu, les cumuler multipliait donc logiquement les problèmes. Snow ne voulait pas se retrouver dans une situation qui impliquerait d’attacher le psychologue à elle, sans lui demander son avis. Combien de femmes usaient des enfants comme d’armes pour conserver un peu d’amour ? Elle ne voulait pas être de celles là. « Mais ça viendra et si nous devons avoir un bébé avant, nous l’aimerons. Je n’en doute pas. » Un sourire timide se dessine sur les lèvres de la blonde qui n’ose pas vraiment donner son avis. A quoi bon ? Ca n’est pas elle qui décide, c’est son enveloppe charnelle capricieuse qui diffuse ou rejette les traitements, contraception ou décontractants. « Si tu tombes enceinte, je serais là. » Il ne partira pas, alors ? Il ne lui en veut pas d’avoir gardé ça pour elle ? Dés le premier jour, la question des enfants avait été source de craintes, ça ne la lâchait jamais parce qu’elle prenait la pleine responsabilité de leurs actes, elle avait décidé que c’était son souci, que Bobby n’avait pas à se prendre la tête avec cela. « Si tu préfères, on peut juste ne pas.. » L’idée est absurde, elle lui traverse l’esprit mais elle ne termine pas de l’exprimer, fronçant les sourcils. Elle ne voit pas sa relation avec Bobby sans contacts, dans l’abstinence la plus totale, il avait déjà vécu ça et elle savait pertinemment que revenir en arrière ne le rendrait pas heureux. Ils trouvaient à peine un équilibre ensemble, ils trouvaient seulement leurs marques sur la peau de l’autre, s’en priver n’était pas une option. « En fait, je n’ai pas envie d’être raisonnable.. » Non, vraiment pas. Elle a croisé le regard clair du cryokinésiste, un peu gênée, un peu embarrassée. Il le sait, qu’elle n’a jamais voulu être raisonnable dans ses bras.

Il se racle la gorge. Elle fait comme si elle ne voyait pas son état, pour lui donner l’illusion qu’elle ne va pas le mettre au lit avec une soupe et une histoire. Et l’histoire c’est finalement peut-être celle de Jack : il écoute, elle se doute qu’il désapprouve, elle sait qu’il peut imaginer le pire dans sa volonté de la protéger. « Tu aurais pu venir me le demander. Je te l’aurais dit. » Elle s’en veut. Elle s’en veut tellement de lui faire ça. Les remords se dessinant dans ses yeux aussi sûrement que s’ils avaient créé des plaies sur sa peau. Il remet le collier autour de son poignet mais il ne faut pas longtemps pour qu’elle le retire, pour qu’elle aille l’enfermer dans la table de chevet. Lorsqu’elle revient s’asseoir à côté de lui, elle se décide à reprendre la parole. « Je suis avec toi, je n’ai pas besoin de ça. » C’est une façon de se rassurer, de porter quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre, un peu comme les chemises du psychologue dans une moindre mesure. Elle a conscience de lui faire du mal en refusant systématique ses attentions, en se sentant toujours si redevable. « Tu es l’homme que j’aime, Bobby. Tu ne peux pas toujours être le conseiller, quand je suis avec toi j’ai juste envie de profiter, pas de me laisser ronger par mes peurs.. » Elle baisse la tête, un instant. Le fait qu’il soit d’abord son psychologue était complexe, ils ne se détachaient jamais vraiment de leurs rôles, de la patiente qui aime le soignant, de la terroriste qui veut tuer le héros, de la femme désespérément amoureuse et du maladroit de l’expressivité. Tout ce qu’elle souhaite, c’est le rendre heureux. « Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas le voir, Prudence, mais tu es la femme la plus forte qu’il m’a été donné de rencontrer. Tu ne recules devant rien et je sais que tu arriveras à vivre sans moi. » La simple idée, le simple fait de l’entendre de sa bouche fait remonter les larmes. Rien ne guérira jamais cette terreur sans nom d’être seule, d’être abandonnée - encore. Elle a eu son sang sur les mains et depuis, elle a conscience de la fragilité de l’existence, elle a conscience de cette souffrance sans fin qui en découlerait. « Tu as survécu à tellement de choses. Ta famille, la Confrérie, tes entraînements intensifs, ta perte de mémoire... et moi. Regarde, tu es toujours là, debout, la tête haute. » La réaction ne se fait pas attendre  elle se glisse entre ses bras, elle se love contre lui, elle le réchauffe au passage de ce 38°c qui s’est stabilisé dés l’instant où elle l’a entendu tousser. Elle l’enveloppe de cet amour qui lui couperait presque le souffle. Elle l’aime tellement, elle l’aime contre toutes les statistiques. Elle veut simplement le voir sourire, pas lui faire autant de mal.

Les baisers remontent de son cou à son menton pour rencontrer les lèvres. Elle avait cette façon de l’embrasser comme s’il ne lui restait plus qu’une heure sur cette Terre, chaque fois qu’ils se disputaient, chaque fois qu’ils étaient en conflit. Elle l’embrassait pour délivrer des sentiments qu’elle ne trouvait pas assez forts s’ils n’étaient traduits que par des mots. « Tu vas devoir annuler le restaurant, tu es malade.. » Si vous croyez qu’elle lui laisse le temps de protester, vous vous leurrez, elle a déjà capturé sa bouche avec tendresse, le souffle paradoxalement frais quand elle s’en détache. « Je vois bien que tu te retiens de tousser alors tu vas aller t’allonger dans ce lit et attendre que j’aille nous chercher de quoi manger. Et ensuite, si tu es sage, on pourra éventuellement prendre un long bain chaud.. » Quoi, elle n’est pas bien sa proposition ? C’est qu’ils n’ont jamais pris un bain ensemble, c’est l’occasion. Pour lui, elle s’adapte à la chaleur sans même le réaliser, de la même manière qu’elle l’avait fait avec la petite Jade ou qu’elle le faisait avec les gamins de la X-Mansion, son amour prenant le dessus sur toutes les contraintes de maintenir ces températures. Elle s’en fichait d’avoir trop chaud, sa mutation protégeait Bobby et c’était tout ce qui comptait. « Tu ne profiteras de rien, dans cet état.. mais je t’ai promis que tu aurais carte blanche alors disons que j’accepte d’arrêter de râler sur tes attentions jusqu’à Noël. » Noël, cette période qu’elle était sans doute la seule à ne pas aimer, mais c’était une autre histoire.    
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HOLIDAY TIME


C’est fragile. Comme la glace. Une faible épaisseur et tout peut casser. Une couche épaisse est tout devient solide. C’est fragile. Mais leur relation renaît. Ils se relèvent. Ils se reconstruisent. Ils font un pas en avant. Jusqu’au prochain mouvement où ils reculeront de deux pas. Jusqu’au prochain sujet qui pourrait tout faire basculer. Il a été témoin de relations compliquées. Il a été acteur de l’une d’entre elles. Et pourtant, aucune n’atteint celle d’Icesnow. Ils ne peuvent pas simplement s’aimer. Ils ne peuvent pas simplement s’apprécier. Ils doivent tout compliquer. Ils doivent tout bousculer. Une mise à l’épreuve constante. Cette relation est fragile. Terriblement fragile. Sujette aux humeurs des uns et des autres. Victime des problèmes, des appréhensions, des impressions. Mauvaises impressions, souvent. Un éternel recommencement. Ils sont l’une de ces courbes qui gravit, qui touche le plus haut point, avant de chuter. Une chute libre. Une chute émaillée de cris, de colère, de larmes. Une chute rythmée par les déchirements. Et après, elle remonte. La courbe retouche les cieux, pleine de promesses, pleine d’espoir. Elle renaît de ses cendres. Elle assure une période de tranquillité. Une période de bonheur. Ils sont sur la courbe ascendante. Ils remontent doucement. Lentement. A leur rythme. Il fait attention. A ses mots. A ses gestes. Il fait attention à ce qu’il pourrait faire de travers. Il ne se permet pas de faux-pas. Il ne s’autorise pas d’erreurs. Tout doit être parfait. Ce voyage doit être parfait. Il a mal commencé. Il y a encore sept jours. Sept jours pour tout changer. Rien n’est perdu. Et puis, il y a cette éventuelle maternité. Une grossesse qu’ils ne peuvent plus empêcher par la médicamentation. Une grossesse qu’ils ne peuvent plus retarder grâce à des contraceptifs. Ils ne sont pas prêts. Pas pour le moment. Mais elle n’est pas enceinte. Pas encore. Ce ne sera pas facile. D’autres embûches les attendent. D’autres obstacles à dépasser. Ils peuvent y arriver. Seulement s’ils sont là, tous les deux. Seulement s’ils sont unis. "Si tu préfères, on peut juste ne pas.." Juste ne pas ? Il cligne des paupières. Incrédule. L’idée de ne plus coucher ensemble ne lui est pas venue. Une idée absurde. Une idée illogique. S’ils doivent avoir un bébé, ils l’auront. Ils ne vont pas se priver. Ils ne vont pas arrêter de vivre. Et si l’on en croit Snow, avoir un bébé viable sera un long chemin. Des expériences douloureuses pourraient se dresser sur leur route. Ils arrêteront seulement si tout cela devient trop difficile. Si seulement ils n’arrivent pas à surmonter les pertes. "En fait, je n’ai pas envie d’être raisonnable.." Il esquisse un sourire. La raison n’est pas vraiment ce qui caractérise Snow. Toujours spontanée. Toujours passionnée. Ils auraient souffert d’une quelconque abstinence. Ils auraient été incapables de rester loin l’un de l’autre. Ils ne sont pas faits pour se tenir à distance. Ils sont faits pour être collés l’un à l’autre. Telle une fusion des éléments. Elle est l’eau nécessaire à son équilibre. Ca ne s’invente pas. "Ca me va." A bien des égards, cette décision est sûrement égoïste. Ils ne connaissent pas leur chance exacte d’avoir un bébé. Demain ils pourraient découvrir qu’elle est enceinte. Sans aucune fausse-couche. Sans aucune fausse alerte. Ils pourraient tenir leur bébé dans leurs bras dans neuf mois. Ils le pourraient. Rien n’assure qu’ils seront le couple idéal, alors. Les parfaits parents.

Une décision égoïste. Il est clair. Mais tout n’est pas perdu, entre eux. Ils sont capables de communiquer. D’échanger. De s’aimer. Ils sont capables de gestes de tendresse. Ce n’est pas l’amour qui manque. C’est l’entente. Depuis trop longtemps habitués à s’affronter, ils ont tendance à s’enfermer dans le même schéma conflictuel. Ils en ont conscience. La moitié du processus est déjà faite. Il ne reste plus qu’à travailler sur leur personnalité. Il ne reste plus qu’à prendre sur eux. C’est ainsi que le collier est remis autour du poignet féminin. Il disparaît presque aussitôt dans la table de chevet. "Prue… tu n’es pas obligée..." Il n’est rien qu’un homme dans sa vie. Il n’est que celui qui l’aime. Il n’a pas à l’empêcher de porter un bijou. Il n’a pas à juger de l’importance de ce collier. Il n’en connaît pas la signification. Il n’en connaît pas les raisons. Elle devrait pouvoir le mettre, sans craindre de le blesser. Il n’a sûrement pas le bon comportement pour la rassurer. Il n’a sûrement pas les bons mots pour la convaincre. Pourtant, il se fiche de ce collier. Il se fiche qu’elle le porte autour du cou ou autour du poignet. Ce n’est qu’un bijou parmi tant d’autres. Un bijou qu’on lui a offert, certes. Il n’aurait pas le droit à un tel privilège. Mais peut-on dire non à une légende ? Probablement, oui. Quand on a été son ami. "Je suis avec toi, je n’ai pas besoin de ça." C’est que le collier avait une signification plus importante qu’un simple présent. C’est qu’elle y attachait une certaine importance. Il ignore ce qui a changé. Le simple fait qu’il le remarque. Le simple fait d’en parler. Le simple fait de lui rappeler qu’il l’aime et qu’il ne l’abandonnera pas. Qui sait ? Tout peut avoir une incidence sur Snow. Un simple mot peut la rassurer pour les dix prochaines années. Un simple mot peut la faire fuir. " Tu es l’homme que j’aime, Bobby. Tu ne peux pas toujours être le conseiller, quand je suis avec toi j’ai juste envie de profiter, pas de me laisser ronger par mes peurs.." Pourtant, c’est bien le psychologue qu’elle voit apparaître dès qu’il ouvre la bouche. Il n’y a que l’expression de ses sentiments qu’elle interprète comme ceux de l’homme. C’est finalement le problème qu’ils ont. Il est bien trop le psychologue. Il continue à avoir ce rôle. Ils continuent à se voir dans son bureau. Ils continuent à entretenir cette relation. Ils ne peuvent pas arrêter les séances. Elle en a besoin. Peut-être pourrait-il demander au Professeur de prendre le relais. Peut-être pourrait-il trouver de l’aide auprès d’un confrère. Peut-être. Il serait temps qu’ils arrêtent d’être la patiente et le médecin. Il serait temps qu’ils soient uniquement le couple. Elle pleure quand il parle. Elle pleure quand il lui rappelle son engagement envers elle. Elle pleure quand il passe ses bras autour d’elle.

Et elle est chaude. Une chaleur constante, maîtrisée. Un exploit qu’il note. Elle se croit incapable d’être une source de chaleur. Pourtant, elle l’est. Dès qu’il y a une personne à laquelle elle tient. Dès que c’est nécessaire. Il se laisse inonder par cette chaleur agréable. Il avait froid, même en étant déjà à 37°C. Il était peut-être un peu plus mal en point qu’il ne le voudrait. Il est peut-être un peu plus malade, oui. Cependant, il ne briserait pour rien au monde ce moment. Pas même pour une toux. La chaleur semble monter au fur et à mesure que Snow sème ses baisers sur lui. Il ne voit pas le piège se refermer sur lui. Celui de la petite-amie attentionnée. Celui de la petite-amie maternelle. Trop occupé à profiter de son baiser, il ne se doute de rien. "Tu vas devoir annuler le restaurant, tu es malade." Le piège s’est refermé. Pas le temps de rétorquer. Pas le temps de répondre. Pas même le temps de réfléchir. Elle revient à la charge avec ses lèvres. Il ne peut retenir son sourire. Elle est intelligente. Très intelligente. Pire encore : elle le connaît. Il ne peut pas lutter contre elle. Cependant, il ne s’avoue pas encore vaincu. Ce restaurant de burgers, il l’a cherché pendant des heures. Il ne pensait pas pouvoir tomber sur une pépite pareille. Il ne compte pas tout laisser tomber parce qu’il toussote. Parce que c’est juste ça, pour lui. Une légère toux, combiné à un rhume. Rien de grave. Rien d’important. Son état n'empirera pas d’ici le soir. "Je vois bien que tu te retiens de tousser alors tu vas aller t’allonger dans ce lit et attendre que j’aille nous chercher de quoi manger. Et ensuite, si tu es sage, on pourra éventuellement prendre un long bain chaud.." Son rire se transforme en une toux. Il voit parfaitement où elle veut en venir. Sauf qu’il ne marche pas. Il ne va pas la laisser se défiler. Cette semaine est censée être des vacances. Ils sont censés passer du temps en amoureux. Snow ne va sûrement pas jouer à l’infirmière pendant qu’il se meurt dans le lit. Il ne manquerait plus qu’il lui refile ses microbes ! "Bien essayé, mais je ne vais rien annuler. Ce n’est qu’un rhume, Prue. Personne n’en est jamais mort." Il est touché par ses attentions. Touché par sa prévenance. Touché par ses élans protecteurs. Mais il n’en a pas besoin. Pas aujourd’hui. Un autre jour, peut-être. Disons, demain matin, quand il aura passé une mauvaise nuit à lutter contre la maladie. Pas avant. Il n’est pas facile à amadouer avec d’autres plans. Est-ce qu’elle a oublié qu’il a été abstinent pendant les trois quart de sa vie ? Il peut bien passer à côté du bain. Ce n’est que partie remise, n’est-ce pas ?

"Tu ne profiteras de rien, dans cet état.. mais je t’ai promis que tu aurais carte blanche alors disons que j’accepte d’arrêter de râler sur tes attentions jusqu’à Noël." Okay, elle est plus maligne qu’il ne le pensait. Il ne peut pas dire non. Il ne peut pas refuser. Pour une fois qu’il aurait le droit de la pourrir, sans qu’elle ne soit gênée. Sans qu’elle ne rougisse. Pour une fois qu’il pourrait lui acheter des cadeaux. Surtout qu’avant noël, il y a l’anniversaire de Snow. Un anniversaire qui sonne les vingt-cinq ans. Un âge symbolique qu’il ne faut pas louper. Il peut bien sacrifier une semaine. Une semaine au lit pour lui faire plaisir. Ensuite, il pourra la traîner dans tous les restaurants de New-York et la noyer sous les attenions. "Seulement jusqu’à Noël ? Pourquoi pas jusqu’à avril ?" C’est bien beau, Noël. Mais s’il pouvait étendre cette période à quelques mois de plus, il pourrait continuer à la gâter. Il sait que sa demande est vaine. Il y a peu de chance pour qu’elle accepte. A moins qu’elle ne soit sensible à son regard clair. A moins qu’il n’arrive à la faire flancher d’un battement de cils. Ca vaut le coup d’essayer. Il se remet sur pieds. Il se montre coopératif. Elle ne peut pas dire le contraire. Il rejoint le lit qui a servi un refuge quelques minutes plus tôt. Maintenant, il a le rôle du lit d’hôpital. Un traitement exagéré. Bobby se contente de s’asseoir sur le bord du matelas. Pas nécessaire de retirer les chaussures. Pas nécessaire de se glisser sous les draps. "Il y a un magasin à deux cent mètres, au coin de la rue." Il l’avait repéré avant de prendre la maison. Il s’était assuré de limiter les risques, jusque dans la proximité des commerces. Il n’a pas envie de la laisser partir seule. Elle pourrait tomber sur un contrôle. Elle pourrait avoir des problèmes. Il le sait. Et c’est ce qui l’inquiète. Il aimerait l’accompagner afin de s’assurer qu’elle va bien, qu’elle est en sécurité, qu’elle n’est pas arrêtée. Sauf que ça ne fait pas partie du deal. S’il sort, il peut dire adieu à leur marché. Il se relève du lit pour revenir près de Snow. Il passe ses mains autour de son visage. Elle n’a pas intérêt à faire de bêtises ou à jouer les héroïnes. "Tu reviens vite, d’accord ?" A lui de s’inquiéter. A lui de prendre soin d’elle. A lui de la protéger. Mais il est coincé ici. Philadelphie est moins dangereuse pour les mutants. Elle n’en reste pas moins une ville comme les autres, surveillées et parcourues par l’H.P.U. En sortant seule, Snow ne pourra pas avoir de diversion comme l’autre jour à New-York. Elle ne pourra compter que sur elle-même et sur sa chance. Il l’embrasse une dernière fois avant de la laisser filer. Un baiser sur fond d’inquiétude.

XxXx

Il n’est pas resté sagement au lit. Il fallait s’y attendre. Il n’allait pas patienter gentiment. Il n’allait pas se tourner les pouces. Il n’allait pas jouer au patient docile. Il a rangé la cuisine. Il a ramené sa valise dans la chambre. Il a annulé le restaurant. Il s’est occupé. Et lorsqu’il n’a plus rien eu à faire, il s’est installé à la table de la cuisine. Et il a compté les secondes. Les unes après les autres. A se demander ce qu’elle pouvait bien faire. A se demander où elle pouvait bien être. Il a renoncé à appeler l’Institut pour prendre des nouvelles. Ils ne sont pas partis depuis une journée qu’il s’inquiète déjà. Il ne peut pas être déconnecté du travail plus de cinq heures d’affilées. Penser à son job est devenu un réflexe rassurant. Un besoin vital. Une nécessité pour aller bien. Il a fini par se résoudre à laver les deux coupes de champagne à la main. Le lave-vaisselle est là. Fonctionnel. Prêt à être utilisé. Sauf que Bobby veut s’occuper de la vaisselle lui-même. Anxieux et ennuyé. Mais quelque chose ne va pas. Lorsqu’il ouvre le robinet, son corps réagit étrangement. Il a le sentiment que tous ses membres, tous ses muscles, tous ses os sont attirés. A la recherche d’un contact avec le liquide. Une réaction méconnue. Une impression étrangère. Il n’a jamais ressenti ce genre de choses. Il n’a jamais réagi à cet élément. Il le maîtrise dans sa forme la plus froide et la plus solide. Il n’y a aucune raison pour qu’il interagisse avec dans son état liquide, à moins d'être blessé. Et alors, son corps ne répond pas ainsi à l'appel de l'eau. Il dépasse l'attirance pour fermer le robinet. Il ne touche pas l’eau. Il n’entre pas en contact avec. Interloqué. Le rhume, sûrement. La fatigue, peut-être. Une hallucination, probablement. Tout rentrera dans l’ordre quand il se sera reposé. Il en est convaincu. Pourtant, il reste sonné par cette impression. Il reste étonné de la réaction de son corps. Il ne lâche pas le robinet du regard, jusqu’à ce que Snow revienne. Comme s’il n’osait pas tourner le dos à un ennemi. “Alors, qu’est-ce que tu as trouvé ?" Le soulagement qu’il ressent n’a rien de comparable. Snow est rentrée, saine et sauve. Et elle l’a arraché à un phénomène étrange, à l’illusion d’une folie passagère. Elle arrive toujours au bon moment. Elle arrive toujours quand il en a le plus besoin.


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Prudence est amoureuse. Elle est follement amoureuse. Rien ne compte plus que les sourires de Bobby, rien n’a plus d’importance que voir l’éclat joyeux dans son regard clair, rien ne surpasse ce qu’elle ressent lorsqu’elle est dans ses bras. Elle est amoureuse et ça éveille tout ce qui se cache dans l’obscurité de sa froideur habituelle. Elle a besoin de prendre soin de lui, de veiller à ce qu’il soit heureux même si tant d’amour finit toujours par la blesser. Ils s’attachent et se déchirent, parce qu’ils ont trop besoin de l’autre, parce qu’ils se sont affrontés par le passé. C’est difficile de construire un couple, d’autant plus quand la relation n’a pas toujours été rose. Ils ont des non-dits, des peurs et des contradictions. Quand Snow le couvre de baisers, pourtant, elle n’est qu’instinct et chaleur. Il n’est pas en forme, il n’est pas dans un état qui lui permet de profiter d’un restaurant. Elle va s’occuper de lui, elle va veiller à ce qu’il se rétablisse. Elle va veiller à ce que les microbes s’en aillent, même si une interrogation reste en filigrane : comment peut-il être malade ? Ils n’étaient pas sensibles aux rhumes et autres angines, ils étaient le froid, ils étaient l’hiver. Si la blonde avait eu à souffrir d’états de faiblesse, elle ne se rappelait pas que ce soit pour ce genre de causes, ses douleurs n’étant finalement que les symptômes de mutations ou de désordres psychologiques. Elle garde la question dans un coin de son esprit. « Seulement jusqu’à Noël ? Pourquoi pas jusqu’à avril ? » Et il triche. Il triche avec ses prunelles si expressives, il l’attrape par les sentiments, il l’agrippe en ne lui laissant aucune chance parce qu’en fin de compte, elle ne peut rien lui refuser, jamais. Elle n’est qu’une faible femme amoureuse qui se débat entre ses principes et le désir de le voir s’épanouir, s’enthousiasmer. Elle sait combien il aime la couvrir d’attentions et elle imagine combien il doit souffrir ses refus. Une moue, une simple petite moue changée en demi-sourire avant qu’elle ne réponde. « Bon, d’accord. » Elle accepte, elle cède. Elle ne veut simplement pas qu’on dise qu’elle profite de lui, elle n’est pas comme ça. Elle ne l’est plus.

Et comme par magie il obtempère, il se pose au bord de ce matelas, de refuge à infirmerie. Ils ont choisi cette chambre, alors ? Elle savoure sa petite victoire comme il doit savourer la sienne, même lorsqu’il se relève pour lui demander d’être prudente, de son regard tendre. Lorsqu’il dit qu’il y’a un magasin à deux-cents mètres, elle entend bien sa volonté de la protéger, elle comprend le fond de ses pensées : il y’a des contrôles, il y’en aura où qu’ils aillent, même dans les coins les plus paumés. Philadelphie n’a rien d’un petit village, il a de quoi s’inquiéter, de quoi trembler qu’elle ne revienne pas. La paume se pose contre la joue masculine dans une caresse tendre. « Promis. » Elle reviendra vite, elle ne l’abandonnera pas. Elle attrape pourtant les clefs de la voiture, indication qu’elle ne compte pas se limiter à la rue d’à côté.

…✁…

Ca n’a pas duré longtemps, n’est-ce pas ? Sûrement trop pour le psychologue - non, pour le petit-ami inquiet. La voiture est garée, la porte ouverte et elle réapparaît les bras chargés de paquets. Elle n’aime pas conduire, elle sait mais elle n’aime pas, ça n’est pas rassurant comme enfermement, elle n’a jamais été très à l’aise avec ce qui ne suit pas la fluidité de ses mouvements. Elle ne l’a fait que pour lui. Il est de dos quand elle pose le tout sur les éléments de cuisine et qu’elle glisse un foulard sur les yeux de Bobby. « Alors, qu’est-ce que tu as trouvé ? » « .. Des surprises. Reste sage. » Elle ne perçoit pas son inquiétude, déposant un baiser sur sa joue. Elle le rend aveugle le temps de rapidement ranger les quelques courses, fruits, légumes, boissons. De là, elle s’approche de la table contre laquelle elle place son index. C’est de glace que seront faits les décors. Elle lui dresse une table digne du restaurant qu’il avait prévu, à la différence qu’il ne s’agit pas d’une vaisselle ou de bougies classiques. Même la nappe se fait de la matière translucide, de l’élément qui est le leur. Satisfaite de son petit stratagème, elle attrape des assiettes dans lesquelles elle place les deux hamburgers et les frites, tentant de leur donner une disposition plus élégante que dans les vulgaires cartons. Là, voilà. Elle bouge tout près de lui, le frôle même parfois. « Tu ne triches pas, hein ? Je reviens vite. » Les plats déposés sur la table au décor givré, elle s’échappe pour se changer. Plus de jean, plus d’apparence décontractée, elle enfile la robe noire qu’elle n’avait porté qu’une fois, à San Francisco. Cette même robe noire qui avait changé le regard du psychologue sans qu’elle ne s’en aperçoive. Les escarpins indiquent qu’elle est de retour, la cascade de cheveux blonds disciplinée et l’élégance retrouvée, comme si ils étaient sortis pour cette soirée romantique qu’il avait prévu. « Je crois que tu peux retirer ce que tu as sur les yeux. » Un souffle contre ses lèvres, qu’elle lui vole. C’est elle, finalement, qui lui détache le foulard bleu pour libérer sa vue. « Ca n’est pas un rhume qui va nous gâcher la soirée, n’est-ce pas ? » Et quoi de plus réconfortant qu’un double burger pour un homme malade, mh ? Le soda est même gardé frais par les verres de glace.    
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HOLIDAY TIME


La glace est le résultat d’une congélation de l’eau. Elle est la formation de cristaux glacés. Elle est le travail de plusieurs heures. Elle est la conséquence d’un froid mordant. La glace naît de l’eau et meurt dans l’eau. Pourtant, à aucun moment, il n’a pensé à voir le liquide comme un élément avec lequel il pourrait interagir. Cette attirance est nouvelle. Cette attirance n’est pas possible. Il n’est pas Snow. Il n’a pas sa capacité de se liquéfier. Il n’est que la glace, dans sa forme la plus brute. Il n’est pas la naissance ni la mort de la glace. Il n’est que l’état entre les deux. Il ne voit pas pourquoi, soudainement, il pourrait en être autrement. La fatigue le fait probablement délirer. Le rhume lui embrouille sûrement les pensées. C’est ridicule de penser qu’il pourrait être attiré par l’eau. Enfin, si, d’une certaine manière, il est attiré par cet élément. Sauf que celui-ci se présente sous la forme de Snow. D’ailleurs, là voilà qui revient des courses. Elle apporte avec elle son lot de surprise. Sa présence dans son dos, d’abord. Le foulard sur ses yeux, ensuite. Il se laisse faire. Docile. Patient. Lorsqu’elle a terminé, il se retourne. Il pivote sur place, dans l’attente de la suite. Un nouveau jeu de Snow ? Une nouvelle surprise ? Ce n’est pas juste. C’est à lui de la surprendre. C’est à lui de la gâter. C’est à lui de lui bander les yeux. Elle ne devrait pas être là, à prendre soin de lui. ".. Des surprises. Reste sage." Le baiser vient achever sa culpabilité. Elle est tellement parfaite. Jusqu’au bout. Même quand il est malade. Même quand ils viennent tout juste de se disputer. Elle est la perfection qu’il ne pourra jamais atteindre. Mais il a le coeur qui fond dès qu’elle le touche, dès qu’elle l’embrasse, dès qu’elle croise son regard. Et rien que pour ça, il a envie d’essayer. Essayer d’être au moins aussi parfait qu’elle. Essayer d’être celui qu’il la rendra heureuse. Essayer pour atteindre son objectif. Essayer pour mériter son amour. Cette obscurité est perturbante. Il n’aime pas pouvoir observer. C’est probablement la raison pour laquelle elle lui a bandé les yeux. Juste pour qu’il ne puisse pas lui prêter main forte. Juste pour qu’elle puisse s’occuper de tout. Il ne peut se fier qu’à son ouïe. Et il l’entend. Bouger. Se déplacer. Prendre des affaires. Sortir des choses. Ranger les sacs. Dresser la table. Il réalise qu’il ignore tout de l’heure qu’il est. Ils sont partis tôt, mais il y a eu la route, la visite, la dispute, les courses. Le dîner approche sûrement. L’appétit lui fait défaut. Définitivement, être enrhumé ne lui va pas.

Il fait un pas en avant. Son pied rencontre un meuble. Du bout des doigts, il cherche le contact du plan de travail. Là, voilà. Il le sent sous sa paume. Il vaut mieux qu’il reste là. Aveugle. Incapable de se situer dans l’espace. "Le bandeau est vraiment nécessaire ?" C’est qu’il aimerait bien l’enlever. Il tripote le foulard. Il n’aime pas vraiment être laissé dans le noir complet. Il n’aime pas pouvoir aider. Il n’aime pas rester les bras ballants. Elle se démène pour lui et il ne fait rien. Il est inutile. C’est probablement ce qui l’embête le plus quand il est catalogué comme étant ‘malade’. Avec Snow, il est assuré d’être assisté jusqu’à ce qu’il soit rétabli. Alors qu’il ne désire qu’une chose : continuer à vivre. Un rhume ne l'achèvera pas. Il a survécu à une barre dans l’abdomen. Il s’est battu des dizaines de fois contre un Logan furieux. Il a senti son énergie se vider à chaque contact avec Malicia. Il a risqué sa vie des centaines de fois avec les X-Men. À côté de tout cela, un rhume n’est rien. Un simple désagrément. Un léger problème. "Tu ne triches pas, hein ? Je reviens vite." Il soupire. Il arrête de tripoter le foulard. Elle aurait au moins pu lui dire ce qu’elle préparait. Elle aurait au moins pu lui donner un indice. Quelque chose. Enfin, elle l’a peut-être donné sans faire exprès car, déjà, les narines de Bobby captent une odeur. Une odeur familière. Le doux parfum du fast food. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Elle lui a ramené des burgers. Cette femme est insupportables. Elle ne pouvait pas simplement lui acheter de la soupe et des mouchoirs. Elle ne pouvait pas se contenter d’aliments de base. Il fallait qu’elle respecte son idée de repas et qu’en plus, elle lui assure de manger son plat préféré. "Snow ? T’es là ?" Seul le silence lui répond. Toujours les mains sur le plan de travail, il entreprend d’avancer jusqu’à la table. Il se guide en suivant le meuble. Doucement. Un pas après l’autre. Démarche laborieuse d’un bambin qui ferait ses premiers pas. Il arrête de bouger quand il entend les premiers pas résonner en haut de l’escalier. Enfant sage qui ne voudrait pas être pris sur le fait. Il guette ses déplacements dans la maison jusqu’à ce qu’elle se rapproche. Elle est là. A quelques centimètres de lui. Il peut la sentir. Et bientôt, elle est proche de ses lèvres. "Je crois que tu peux retirer ce que tu as sur les yeux." Il retrouve la vue. Une drôle de sensation. Il lui faut quelques secondes pour se réhabituer. Lorsque c’est fait, il remarque la robe noire. Si familière. Celle qu’elle portait à San Francisco. Toujours aussi élégante quand lui devait s’affubler d’un costume atroce. Des mois plus tard, la tenue lui va toujours. Elle est toujours aussi belle. Toujours aussi fascinante. Il cherche sa main. Lorsqu’il l’attrape, il ne la lâche pas. Il s’approche de la table dressée. Toute de glace vêtue. La maison n’a rien de leur château glacé, mais la table a tout d’un décor sorti d’un conte de fée. Snow ne fait pas les choses à moitié. Elle aurait probablement été déçue s’ils étaient allés au restaurant. Ils auraient eu le droit à un décor moderne, sans charme. Loin de la table de glace. Seul peut-être le dressage des burgers aurait pu rivaliser avec celui qu’elle a réalisé. "Ca n’est pas un rhume qui va nous gâcher la soirée, n’est-ce pas ?" Il se tourne vers elle. Un sourcil levé. C’est elle qui dit ça, alors qu’elle le voulait au chaud, sous la couette ? Et regardez là comme elle est élégante. Il n’a même pas le courage de se hisser jusqu’à l’étage pour mettre un de ces chemises. Le rhume a réussi à ternir la soirée qu’il avait voulue romantique.

Il passe la décoration en revue. Tout y est. "C’est parfait..." Que dire d’autres ? Elle a pensé à tout. Dans les moindres détails. Perfectionniste jusqu’au bout. Il aurait fait moins bien. Il n’aurait pas réussi à tout faire, à tout mettre en place, à tout calculer. Il aurait forcément oublié des choses. Il y a tout de même une chose à laquelle elle n’a pas pensée. Un petit oubli dans ce décor féérique. Il pose sa paume sur la nappe glacée. Sous sa main se forge une rose de glace. Pétales translucides. Tige glacée dépourvue d’épines. Il peut au moins faire ça pour elle. Pour la remercier. "Ce n’est pas un gros bouquet de fleurs, mais comme je n’ai pas le droit de sortir..." Il retire sa main pour dévoiler la rose. Ce n’est rien comparé à tous les efforts qu’elle a fournis pour lui. Il compte bien se rattraper dans les prochaines semaines. Il compte bien lui préparer une surprise à chaque moment de libre ensemble. Il trouvera des idées. Il trouvera le moyen de lui rendre tout ce qu’elle fait pour lui. Tout ce qu’elle fait depuis le début. Il n’y a pas un moment où elle n’a pas arrêté. Même pendant leur rupture. Même quand ils étaient déchirés par la douleur. Elle a veillé sur lui. Il s’installe à sa place. Bien décidé à faire honneur à son plat. Le burger du restaurant gastronomique aurait été beaucoup plus original. Mais il ne l’aurait pas touché avec autant de plaisir que celui du fast food. Là, les doigts sont possibles. En fait, tout est possible avec le burger. Sauf le foie gras. Avant d’attaquer les hostilités, il y a une chose qu’il doit lui dire. "Ecoute, Prue, pour tout à l’heure… je veux m’excuser. Je ne voulais pas te faire passer pour une folle." Il voulait juste prendre soin d’elle, comme elle le fait si brillamment avec lui. Il semblerait que ce soit un talent dont il est dépourvu. Il cherche ses mots pour ne pas la blâmer, pour ne pas donner l’impression de l’accuser, pour ne pas la braquer. Il cherche ses mots parce qu’il ne veut plus revoir la colère brûler dans son regard. Il en a assez de la voir malheureuse à cause de lui. Il en a assez de la voir pleurer par sa faute. "Je sais que la frontière entre le petit-ami et le psychologue est mince et je navigue peut-être entre les deux sans que ce ne soit clair… alors, disons que tout ce que je dis en dehors du bureau n’a rien d’un jugement psychologique, mais que ce sont mes pensées en tant qu’homme." Séparer les deux parties de sa vie. Dissocier les deux rôles. Distinguer les deux relations. Le seul moyen qu’il a trouvé pour qu’ils aient un semblant d’équilibre. Ca fonctionnera. Peut-être. Peut-être pas. Ils doivent au moins essayer.

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Une rose. La rose est un symbole, une manière de signifier de l’affection, de l’attirance ou de la passion. Cette rose là, de glace, est plus que tous les bijoux du monde. C’est absurde venant de celle qui avait assez d’argent pour s’offrir l’institut Xavier, c’est absurde pour la petite Rosebury ayant grandi dans un luxe indécent. Une simple rose qui la touche plus que de raison. « Ce n’est pas un gros bouquet de fleurs, mais comme je n’ai pas le droit de sortir… » Elle n’a pas dit un mot, ses yeux ont parlé pour elle, de grands yeux bleus s’illuminant, comme s’il lui avait offert la chose la plus rare sur cette planète, comme s’il lui avait décroché la lune. Bobby n’est pas un imaginatif, il ne fabrique pas de grands palais pour des gamins en manque de rêves, il ne sculpte pas des colombes qui s’envolent au-dessus du lac. Il surfe, il est la glace à l’état pur, brut, sans fioritures. Cette rose a quelque chose de rare parce qu’il n’use finalement que peu de sa mutation en dehors de son aspect pratique, Snow le sait, elle commence à le connaître. « … merci.. » Elle a détourné le regard quelques instants, incapable d’exprimer convenablement ce qu’elle ressent. Elle est touchée à chaque attention, et être touchée lui est difficile. L’émotion est une chose incontrôlable, c’est une réaction qu’elle ne peut pas toujours plier à sa volonté, elle l’a souvent dit au psychologue. L’émotion, ça complexifie tout, ça intensifie tout. Derrière l’air glacial, il n’y a rien d’autre qu’une jeune femme hypersensible, réceptive à l’extrême aux douleurs et aux beautés du monde. Elle aime lui faire plaisir, elle aime le couvrir de présents, de tendresse, elle aime être celle qui prend soin de lui, elle n’a pas l’habitude de la réciprocité, elle a été trop coutumière de la violence pour ne pas être désarmée par l’amour de Bobby. Le fait qu’il aille s’asseoir est une preuve qu’il apprécie ce qu’elle a fait, plus que les mots, parce qu’elle ne croit pas pouvoir offrir quelque chose qui soit aussi parfait que ce qu’il avait prévu. Il voulait lui offrir un dîner au restaurant autour d’un plat qui avait tout d’extrêmement décalé pour un couple, il voulait lui offrir une soirée qu’il avait sûrement mis des jours à préparer. Le rhume détourne son idée, change les plans. Elle ne veut pourtant pas perdre cette occasion de partager, ensemble, loin des obligations de la X-Mansion. Le faux départ ne devait pas entacher le reste. Elle l’aime, quoiqu’il arrive.

« Ecoute, Prue, pour tout à l’heure… je veux m’excuser. Je ne voulais pas te faire passer pour une folle. » Elle entrouvre la bouche mais la referme presque aussi vite. Que dire ? Elle sait qu’elle complique tout, elle sait que vivre avec elle est un défi de chaque instant, tout devient si important, si douloureux. Tout peut lui faire perdre pieds. Elle baisse les yeux, elle ne sait pas ce qu’elle doit lui répondre, ce qui finalement laisse le temps à Bobby d’exprimer le fond de sa pensée. « Je sais que la frontière entre le petit-ami et le psychologue est mince et je navigue peut-être entre les deux sans que ce ne soit clair… » Il prend la faute pour lui comme s’il était le seul et unique responsable alors qu’il n’est pas le fautif, et elle n’ose pas croiser son regard, silencieuse et vulnérable. Elle a le coeur à nu, ce soir-là, elle n’est rien d’autre que l’image d’une fragilité si bien cachée quand elle était au sein de l’école : là il n’y a pas les enfants pour qui être rassurante, il n’y a pas les X-Men pour avoir une excuse et paraître forte, il n’y a pas le Professeur à ne pas décevoir, il n’y’a qu’elle et Bobby. Il n’y’a que l’homme qu’elle aime et qui fait si bien fondre les barrières. « …alors, disons que tout ce que je dis en dehors du bureau n’a rien d’un jugement psychologique, mais que ce sont mes pensées en tant qu’homme. » Pauvre sourire coupable qui se dévoile. Elle sait bien qu’il n’est pas toujours le psychologue, elle sait bien qu’elle ne doit pas tout prendre à coeur de la sorte.

« C’est le problème quand on sort avec son psychologue. » Elle essaye de détendre l’atmosphère, elle se sert de l’humour comme défense face à ses propres démons. Si elle ne cherche pas à détourner la conversation, elle cherche en revanche une manière d’amorcer la parole pour en venir à ce qui trotte dans sa tête. « Je.. c’est ma faute. J’ai toujours peur que chaque jour avec toi soit le dernier. C’est irrationnel mais c’est comme ça. Une partie de moi t’en veux encore Bobby, ça ne veut pas dire que je ne t’aime pas sincèrement mais j’ai besoin de temps. J’ai besoin d’apprendre à accepter qu’on puisse.. m’apprécier sans me faire de mal. » Elle essaye de ne pas se cacher derrière des apparences, elle essaye d’être la plus honnête possible. Ca n’était pas dans le silence qu’ils trouveraient l’harmonie, garder les choses pour soi n’aiderait pas à faire naître un équilibre. « Tu veux bien qu’on parle d’autre chose ? Et puis mange, ça va être froid. Et tu ne tiens pas vraiment à ce que je sorte nous en commander d’autres, n’est-ce pas ? » Ne pas gâcher l’instant avec ces sujets sombres et douloureux était important, ils n’avaient pas souvent l’occasion de se retrouver, la légèreté ou la tendresse étaient de rigueur. Depuis, elle a appris à manger un burger sans s’en mettre partout, avec les doigts, sans grimacer. Depuis, elle pioche volontiers dans ses frites. « Je crois que c’est encore meilleur qu’à San Francisco. » Un sourire vient illuminer son visage. Oui, c’est meilleur, il n’y a pas les non-dits, il n’y a pas cette tension entre eux, cette attirance inavouée qui rendait tout si difficile à assumer. Le moindre geste là-bas devait être justifié, ça n’était plus le cas, c’était plutôt libérateur. « Dis-moi.. là, tout de suite, qu’est-ce qui te rendrait heureux ? » Elle veut savoir, elle veut connaître ses envies, même les plus folles. Elle aimerait que, pour une fois, la douleur soit loin.
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it's
HOLIDAY TIME


Il le voit. Ce regard fuyant. Cette gêne passagère. Il le voit. Il ignore comment elle a pu accepter un collier quand une simple rose de glace provoque autant d’émotions. Il ignore ce qu'elle a pu ressentir face à un tel présent de valeur quand elle est gênée face à un objet sans importance. Sûrement deux fois plus de gêne. Deux fois plus de malaise. Deux fois plus de réserve. Une simple rose de glace arrive à l'intimider. Une simple création de son esprit lui fait détourner le regard. Une simple attention qui ne lui a rien coûté. Sauf quelques secondes de concentration. Sauf une once d’imagination. Comment pourrait-il lui offrir un simple bracelet quand une rose glacée déclenche autant d’émotions en elle ? Avec Snow, le moindre cadeau prend des proportions surdimensionnées. Chaque geste devient un présent inacceptable. Elle rend insupportable la moindre attention qu’il pourrait avoir envers elle. Et même s’il y a les remerciements de rigueur, cela n’efface pas sa première réaction. Son regard. Ses émotions. Il ne s’appesantit pas dessus. Ca ne sert à rien. C’est un travail sur elle-même qu’elle doit faire. C’est une confiance qu’elle doit acquérir. Non, il ne lui offre pas des cadeaux avec une idée sous-jacente. Non, il ne la frappera jamais sous prétexte qu’elle serait indigne de ses présents. Non, elle n’a pas à craindre chaque cadeau. Il préfère se mettre à table, avant que les burgers ne souffrent du froid. Pour passer à un sujet plus sérieux. Pour exprimer son ressenti. Pour proposer une solution. Une répartition du temps. Une répartition de ses paroles afin de mieux les apprivoiser. "C’est le problème quand on sort avec son psychologue." Elle sourit. Et tant mieux. Il préfère qu’elle le prenne ainsi. Il préfère qu’elle en rit. Il est convaincu que d’autres disputes suivront pour les mêmes raisons. Il est convaincu qu’elle interprétera mal ses paroles, de nouveau. Encore et encore. Il aimerait éviter. Il aimerait changer les choses. Il aimerait effacer cette image de psychologue qu’elle a de lui. Il aimerait représenter autre chose. Sauf que changer de métier n’est pas concevable. Pas tout de suite. Un jour, peut-être. A moins que ça ne soit la seule solution. Est-ce que s’il ne devenait que Bobby le X-Man, elle cesserait de se sentir jugée à chaque occasion ? "Je.. c’est ma faute. J’ai toujours peur que chaque jour avec toi soit le dernier. C’est irrationnel mais c’est comme ça. Une partie de moi t’en veux encore Bobby, ça ne veut pas dire que je ne t’aime pas sincèrement mais j’ai besoin de temps. J’ai besoin d’apprendre à accepter qu’on puisse.. m’apprécier sans me faire de mal." Il baisse le regard sur son assiette. Il s’en veut tellement et il n’aurait de cesse de le répéter. Il pourrait s’excuser des centaines de fois que ça ne changerait rien. Tout ce qu’il pourrait dire n’aurait aucune incidence. Le mal a été fait. Il est condamné à vivre avec celle culpabilité en lui. Avec cette méfiance à son égard. Il en est le responsable. Le seul et unique responsable.

Il ne peut pas la blâmer pour quelque chose qu’il a faite. Il ne peut pas lui reprocher. Il ne peut qu’attendre qu’elle lui pardonne. Entièrement. Totalement. Peut-être qu’un jour, elle aura confiance en lui. Peut-être qu’un jour elle l’acceptera avec tous ses défauts, toutes ses failles et toutes ses erreurs. Peut-être qu’elle oubliera qu’il l’a blessée. Peut-être. "Je ne t’ai pas donnée beaucoup de raisons de m’excuser, Prue. Tu as raison de toujours m’en vouloir. A ta place, je ne sais même pas si j’arriverais un jour à me pardonner." Briser le coeur d’une personne est la pire chose qui soit. Il en sait quelque chose. Il en souffre encore. Il sent encore son coeur s’effondrer. Le pire, c’est qu’il lui a infligé ce qu’il avait vécu. Il lui a fait vivre ce qu’il ne souhaitait à personne. Il a été brisé et le briseur. Il a eu les deux rôles, à quelques mois d’intervalle. Ça ne fait pas du bien. Il s’en veut doublement. Avec de la chance, Snow arrivera à surmonter la douleur qui persiste au fond d’elle-même. Avec beaucoup de chance. Seul le temps le dira. Pour le moment, c’est impossible à dire. Impossible de savoir. Impossible d’imaginer. Il est bien décidé à se faire pardonner. Il est bien décidé à tout faire pour regagner sa confiance. Il le doit. Il n’a pas le choix. "J’espère bien te prouver qu’on peut t’aimer sans te vouloir du mal." C’est son objectif. Lui montrer que l’amour ne rime pas avec douleur. Il est décidé à faire ses preuves. Il est prêt à lui démontrer que l’amour est possible. Même pour elle. Même avec le passé qu’elle a. Même avec ses anciennes expériences. Elle peut être heureuse. Elle peut être aimée sans être blessée. et il espère être l’homme qui arrivera à ce miracle. Si ce n’est pas le cas, il trouvera celui qui y parviendra. Celui qui saura faire sourire Snow à chaque instant. Celui qui pourra lui offrir des cadeaux sans qu’elle ne soit gênée. Celui qui pourra anticiper tous ses besoins. Celui qui ne tombera pas malade pile au moment des vacances. "Tu veux bien qu’on parle d’autre chose ? Et puis mange, ça va être froid. Et tu ne tiens pas vraiment à ce que je sorte nous en commander d’autres, n’est-ce pas ?" A son tour de sourire. Il est hors de question qu’elle courre dans toute la ville, à la recherche de nouveaux hamburgers. Le but de ces vacances est qu’ils passent du temps ensemble. Pas qu’elle se charge toute seule des courses. Pas qu’elle se plie en deux pour lui. Pas qu’elle prenne tous les risques pour le gâter. "D’accord, d’accord, je vais manger !" Il récupère son burger avec ses doigts. Il soulève le pain du dessus pour en détailler le contenu. Un steak haché. Une tranche de fromage. Une rondelle de tomate. Un cornichon. Une rondelle d’oignon. A côté, des frites. En face, Snow. Il semblerait qu’il soit au paradis. Du moins, pendant quelques minutes. Il replace le pain. A chaque fois, le moment du fast food est un moment particulier. Il ne mange pas tous les jours des hamburgers. En fait, il en mange très rarement. Avec le temps, cette bouffe sans saveurs est devenue un luxe. "Je crois que c’est encore meilleur qu’à San Francisco." Il a une lueur amusé dans les yeux quand il croise son regard. C’est amusant. Elle se la joue critique de burgers. Elle parle avec une telle expérience, un tel savoir. Alors qu’elle n’en est qu’à son deuxième burger de fast food.

Mais il écoute son avis. Il croque dans son sandwich. Il prend quelques secondes pour se faire un avis. Le temps de dissocier le goût de chaque élément. Le temps d’avaler le morceau. "Hmm… tu as bien choisi !" Le burger en lui-même est meilleur, oui. Mais le contexte est différent. Ils sont dans leur élément, ici. A des centaines de kilomètres de chez eux, mais ils se sentent comme à la maison. Il y a la glace pour leur donner cette impression. Il y a cette complicité entre eux pour affirmer cette sensation. Et ce contexte donne une saveur différente à ce plat mythique. Il enfourne une frite. Il n’a toujours pas retrouvé son appétit. C’est la gourmandise et la raison qui parlent. Qui le forcent à manger. Qui l’incitent à se nourrir un minimum. "Dis-moi.. là, tout de suite, qu’est-ce qui te rendrait heureux ?" Il plante son regard dans les prunelles de Snow. Il ne s’attendait pas à une telle question. Une question qui demande une réponse réfléchie. Une question qui demande un temps de réflexion. Il repose le burger dans l’assiette. Il attrape une serviette pour essuyer le gras sur ses doigts. Il s’adosse à la chaise, non sans avoir laissé passer une toux. Qu’est-ce qui le rendrait heureux ? Une très bonne interrogation. Il l’est déjà plus ou moins. Il est avec la femme qu’il aime. Le contexte n’est pas idéal. Ils ne pourront probablement jamais s’aimer en toute innocence. Ils ne pourront probablement jamais profiter entièrement de ce qu’ils ont. Mais ils s’aiment. Ils sont ensemble. Ils sont en vacances. Il serait encore plus heureux lorsqu’il aura fait sa vie en dehors de l’Institut, lorsqu’il aura une famille. Toutefois, tout cela n’est possible qu’à une seule condition. "Tu es là, j’ai un burger, on est en vacances… j’ai juste besoin de savoir que tu es heureuse." C’est tout simple. C’est élémentaire. C’est logique. Il est empathique. Il est altruiste. Et même s’il ne l’était pas, il aurait du mal à être heureux en la voyant triste. Quand elle souffre, il souffre. Quand elle pleure, son coeur se serre. Quand elle se débat contre ses démons, son instinct protecteur se déclenche. Son bonheur dépend de celui de Snow. L’un ne peut pas fonctionner sans l’autre. Une simple équation. Un simple équilibre. "C’est trop dur de te voir malheureuse ou perturbée par des choses. Le pire, c’est que je ne sais pas comment faire pour te rassurer." Il a un sourire en coin. Il ne peut pas lui faire croire qu’il est insensible à tous ses problèmes. Il ne peut pas lui faire penser qu’il peut être épanoui sans elle. Il ne peut pas lui montrer qu’il se fout d’elle. Ce ne serait pas la vérité. Il a besoin de partager et de vivre son bonheur avec quelqu’un. Et ce quelqu’un ne peut être que Snow.

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