Can’t touch thisHateful Eight

Joan claqua la porte d’entrée de la maison d’un coup de talon et lança un bref « J’suis rentrée ! » A l’attention des autres pour les prévenir de son retour. Elle croisa brièvement Tim, qu’elle salua d’un grand sourire avant de se diriger vers son atelier.
Une fois dans la pièce, elle referma la porte et alluma sa chaine hi-fi qui commença à diffuser I fought the law des Clash avant de poser la valise qu’elle tenait en main sur son bureau et de s’y installer en poussant un soupir satisfait.

Ce deal s’était parfaitement déroulé, encore une fois. Elle avait pu écouler un nouveau stock d’armes sans mal, avait empoché une belle petite somme et avait en prime ajouté son client à sa liste, le retirant par la même occasion des acheteurs de Fisk. Ce n’était pas grand-chose, mais au moins ça accentuait un peu plus le poids des Hateful Eight tout en ébranlant -même un tout petit peu- l’empire de Fisk.

Elle ouvrit la mallette et compta rapidement les billets qu’elle contenait avant de les ranger dans son coffre. Ça méritait bien une petite célébration.
Elle augmenta le volume de la musique et se servit un verre de whisky -d’une bouteille qu’un client lui avait offert- avant de se réinstaller à son bureau. Elle s’alluma une clope et en tira une latte avant de pousser un soupir de contentement après avoir goûté l’alcool.
Ouaip, ce type avait vraiment d’excellents goûts. Elle lui ferait une ristourne lors de leur prochain deal. D’une part parce qu’il lui avait offert une bouteille, sans raison, mais en plus parce qu’elle était excellente. C’était sûrement l’idée que son client avait eu en lui offrant ça, mais ça marchait.

Sa cigarette terminée, elle l’écrasa dans son cendrier et porta ses mains à ses holsters pour en sortir ses armes mais se raidit subitement, la respiration bloquée en réalisant qu’elle n’en avait qu’une. Elle posa brusquement Ebony sur son bureau et commença à balayer la pièce du regard, sentant un début de panique la saisir.
Merde. Merde. Merde. Où est ce qu’elle était ? Elle n’avait pas pu l’oublier sur le lieu de l’échange, elle n’avait même pas touché à ses armes.
Elle ferma les yeux, essayant de se calmer et de se remémorer ce qu’elle avait fait et où elle était passée depuis la fin du deal. Elle ne pouvait pas être dans sa voiture, c’était certain. Et elle n’y avait pas touché en entrant dans la maison alors...
Elle rouvrit lentement les yeux, ses sourcils se fronçant légèrement en comprenant où elle avait dû passer.

Tim...

Lâchant un juron elle attrapa Ebony et se releva brusquement de sa chaise avant de sortir de son atelier, manquant d’arracher la porte en l’ouvrant violemment. Elle marcha rapidement jusqu’au salon, son arme toujours à la main et pris la parole d’une voix forte pour s’adresser aux membres du groupe présents. « Où il est ?! » Elle arma Ebony d’un geste sec avant de reprendre d’une voix toujours aussi forte, proche du cri. « Je jure que je vais le tuer ! Où il est ?! » Ça ne pouvait être que Tim. Déjà parce qu’il était le dernier arrivé dans le groupe et qu’il n’avait sans doute pas encore bien imprimé toutes les règles de la maison, mais aussi parce qu’elle avait suffisamment menacée les autres pour qu’ils sachent qu’il ne fallait. Absolument. Pas. Toucher. A ses armes.

Voyant que ses amis ne semblaient pas disposer à lui répondre et que Tim n’était pas présent dans la pièce elle leva sa tête vers le plafond pour hurler afin qu’on l’entende dans toute la maison. « TIM ! RAMÈNE TON CUL TOUT DE SUITE ! » Il valait mieux pour lui qu’il se pointe dans les secondes suivantes sinon ils pouvaient être sûr qu’elle ne répondrait de rien.
Ils avaient tous vus ce qu’elle avait manqué de faire subir à  Maurice pour avoir un jour nettoyé les armes présentes dans son atelier alors si Tim avait mis la main sur Ivory...
Elle le tuerait probablement.

Une loupe vissée sur son œil droit, Tim observe l’objet sous tous les angles depuis bientôt cinq minutes, cherchant le moindre défaut, le moindre problème qu’il aurait pu oublier ou rater. C’était une habitude qu’il avait pris. Depuis deux mois qu’il avait emménagé dans la maison avec les autres membres du groupe. Avec tout le temps libre qu’il avait il fallait bien qu’il trouve de quoi s’occuper. Il n’allait certes plus en cours, mais les autres avaient décidé de se charger de l’éduquer… À leur manière. Et donc quand il n’était pas occupé par les cours prodigués par ses nouveaux amis, il s’amusait à bricoler des petits gadgets qui pourraient leur être utiles. Il avait commencé par chercher à améliorer son matériel de voleur et de pickpocket.

Il repose finalement l’objet, pleinement satisfait de son travail. Il enlève la loupe de son œil et étire ses bras au-dessus de sa tête en soupirant. Il frotte son estomac qui s’était mis à gronder. Il était peut-être temps de faire un tour à la cuisine pour chercher un truc à grignoter. Il se lève et sort de sa chambre. Il se dirige dans la cuisine et va ouvrir un placard. Ses yeux s’écarquillent quand le placard se referme tout seul. Il retente de l’ouvrir mais il reste obstinément fermé. Il entend alors des ricanements dans le salon et lève les yeux au ciel. Il soupire et quitte la cuisine pour aller dans le salon. Il se plante à l’entrée, les bras croisés sous les regards amusés des autres.

« Sérieusement, Marge ? » Ladite Marge ne prend même pas la peine de lever les yeux vers lui quand elle lui répond. « Pas ce ton-là avec moi, jeune homme. » dit-elle sans aucune trace d’animosité. Elle semble amusée par la situation comme les autres. « Tu connais les règles… » Tim lève une nouvelle fois les yeux au ciel. « Très bien… Posez votre question… » Ils avaient décidé de ce système, en plus des quelques cours qu’ils lui donnaient, pour compenser le fait qu’il n’allait pas à l’école. S’il voulait quelque chose, il devait d’abord répondre à une question sur un sujet choisi au hasard. « Grover Cleveland ? » Tim se met à marmonner, tout en réfléchissant. « Grover Cleveland… Grover Cleveland… Vous êtes dure là. » Marge se contente de hausser les épaules avec un petit sourire en coin. « Ok, je pense que je l’ai. Né en 1837, mort en 1908. Vingt-deuxième et vingt-quatrième président des Etats-Unis de 1885 à 1889, et de… 1893 à 1897. J’ai juste ? » « Tout juste. Tu peux y aller, gamin. » Tim lui sourit avant de faire demi-tour et de retourner dans la cuisine et de se servir un petit encas.

Il entend la porte d’entrée claquer, suivi d’un « J’suis rentrée ! » retentissant alors qu’il quitte la cuisine. Il croise Joan dans le couloir en remontant dans sa chambre Elle offre un grand sourire satisfait en réponse à son salut et disparait dans sa chambre. Une fois dans la sienne, il pose son encas dans son bureau et se rend compte d’un poids inhabituel dans une de ses poches. Il plonge sa main dedans et en ressort un pistolet. Ses sourcils se haussent presque d’eux-mêmes. Comment, et surtout où, avait-il bien pu dénicher ça ? Après quelques secondes à fixer l’objet, il haussa les épaules et le rangea dans le petit meuble à côté de son bureau. Il avait l »habitude de trouver des objets complètement incongrus dans ses poches à n’importe quel moment de la journée. Alors même s’il se posait encore des questions sur le « où » et le « comment », il les écartait bien vite, sinon il passerait sa vie à se demander ça.

Il se rassoit à son bureau et commence à travailler sur un nouveau gadget. Quelques minutes plus tard il entend des cris étouffés provenant du rez-de-chaussée, mais ne s’en préoccupe pas plus que ça. La maison est toujours un peu bruyante et vivante avec tous ceux qui y habitent. Il relève finalement la tête lorsqu’il entend la « douce » voix de Joan crier son nom. « TIM ! RAMÈNE TON CUL TOUT DE SUITE ! » Il fronce les sourcils, mais descend tout de même.

À peine a-t-il franchi  la porte du salon qu’il se retrouve avec le canon d’un pistolet pressé contre son front. Il déglutit péniblement en louchant sur le canon de l’arme et puis regarde autour de lui pour essayer de comprendre ce qu’il se passe, ce qu’il a bien pu faire pour être tenu en joue par Joan. « Euh… Est-ce que… Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer ? » Il leur jette à tous un coup d’œil rapide avant de revenir sur Joan. Il leva les mains en signe de paix. « Je… Je… » Il se mettait à buter sur les mots. En même temps qui ne le ferait pas alors qu’un pistolet était pointé sur son front. « Tu… Hum… Tu pourrais pointer ça… » dit-il en désignant l’arme du doigt. « Ailleurs que sur moi ? »