Le première fois qu'il la voit, elle est jeune et il est déjà vieux. Il a vu des hommes mourrir, il en a aidé d'autres; il a vu des empires tomber en ruines, d'autre fleurir et prospérer. Il a beaucoup ri, à s'en déchirer la gorge; il a même pleuré une fois ou deux. Il a des centaines d'années, elle n'en a même pas dix.

L'homme parle mais il n'écoute rien. Il se contente de la regarder, comme une vision de l'au-delà venu jusqu'à lui pour le narguer. Il ne sait pas vraiment ce qui l'attire chez une enfant de dix ans — peut-être est-ce ses cheveux, blonds, blancs; ou ses yeux bleus, trop bleus? — mais il n'arrive pas à détourner le regard. L'homme à côté d'elle surenchérit et le voilà vendu.

Il est traîné, poussé de l'estrade; il manque de tomber à ses pieds à cause des fers qui lui relient les poignets et les chevilles. Chaque muscle de son corps crie, hurle, crisse, se rebelle. Chaque muscle de son corps lui dit: abandonne. Reste le nez dans la poussière. Ne te relève jamais.

Tu mourras peut-être demain.

“ Latine loqueris? ” Il a un goût amer dans le fond de la gorge. Il n'arrive pas à parler, à décoller les lèvres. “ Latine loqueris? ” répète-t-on et il parvient à relever le visage vers son maître — oh, et elle. Elle est peut-être plus jeune, maintenant qu'il y réfléchit. Ses yeux sont doux, sa peau est belle. “ Ita. Luculenter latine scio. ” Un sourire étire leurs lèvres. “ Quod est nomen tuum? ” demande-t-elle doucement. “ Aneesh. — Aneesh, ” essaie-t-elle, le nom roulant doucement sur sa langue. Puis elle hoche la tête, satisfaite, et ils partent tous les trois.

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Ils sont venus quand il faisait encore noir et Aneesh ne les a pas entendus. Ils ont des armes: des coutelas, des dagues et des poignards, cachés dans leurs manches ou exposés à pleine vue. Leurs visages sont à peine masqués car ils n'ont pas besoin de prendre la peine: ils savent qu'ils ne vont laisser derrière eux aucun survivant.

Il se dit: Cours.

Cours loin.

Rien ne t'attarde ici. Rien ne t'attache ici. Cours. Déserte. Fais-toi une autre vie.

Un cri à l'étage lui glace les sangs.

Il se met à courir, plus vite qu'il ne l'a jamais fait: on le croirait presque en train de bondir, chaque pas plus long que le précédent, plus désespéré aussi. Son masque habituel de calme et de sérénité n'est plus: ses yeux sont grands et injectés de sang, sa bouche écumante, sa face froncée.

Il monte les escaliers quatre à quatre et ils sont là, évidemment.

Il esquive le coup du premier en reculant, se glisse sous sa garde et lui envoie un uppercut furieux dans le ventre. L'homme s'affaisse et Aneesh s'empare de son arme. Il en reste trois à éliminer maintenant.

C'est bientôt une danse, avec l'esclave qui se contorsionne, saute, se baisse, sans peur ni hésitation, sa lame coupant dans la chair châtiments et promesses de mort.

Deux corps tombent, et l'autre prend la petite fille contre lui, lame sur le cou. Pas un mot de prononcé. Juste leurs regards qui se croisent, les yeux d'Aneesh qui se glissent sur son visage: sa peau gracile, ses yeux bleus, ses joues roses. Sa gorge qui s'ouvre dans un sourire rouge et violent, sanguinolent.

Son corps qui tombe. La lame d'Aneesh qui se fige dans la gorge de l'autre (il s'en va avec un sourire cruel sur les lèvres, semblant hurler aux dieus qu'il a vengé la mort de ses amis, sa mort à lui. Aneesh a envie de le faire revivre, pour le tuer encore et encore.)

Il la prend dans ses bras, elle est si fragile.

Et elle ne meure pas.

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“ Ça ne t'arrive jamais de t'ennuyer? — Non. ” Son ton a quelque chose de définitif. Aneesh tourne les yeux vers elle avec surprise, s'arrêtant un instant de marcher pour l'admirer. Elle est toujours aussi jolie. Le temps passe autour d'eux sans les affecter et parfois, c'est dur de revenir à la réalité. De se demander pourquoi les soldats morts ne se relèvent pas, pourquoi la peur existe, pourquoi la vie est belle.

Ils ne se sont jamais quittés. Ils voyagent. Ils font leurs affaires. Ils vivent, ils aiment, se disputent mais ne s'écartent jamais. Ce serait trop dur l'un sans l'autre. “ Pourquoi? ” Il se demande si elle a gardé la naïveté de l'enfant de dix-sept ans qu'elle était il y a quelques années. “ Ça t'arrive, toi? — Oui, souvent. — Je t'ennuie? — Non, la vie m'ennuie. — Moi je ne m'ennuie jamais parce que je t'ai toi. ”

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Un jour il se réveille et elle n'est plus là.

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La seconde fois qu'il la voit, c'est comme un dague dans son coeur. Ils sont tous les deux vieux mais elle a toujours les traits de la gamine de quinze ans, et lui ceux de l'adulte de trente. Ils se croisent quelques secondes à peine: leurs regards qui s'accrochent dans une ruelle étroite de la Paris médiévale, leurs mains qui s'effleurent malgré la foule qui les écarte l'un de l'autre, l'envie soudaine de hurler, se retourner et courir jusqu'à l'autre. Mais ils se souviennent en même temps: plus tard, plus tard, nous avons tout le temps du monde.

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La trois-millième et cent-quatre vingt sixième fois qu'il la voit, elle n'a pas changé: les mêmes yeux, la même peau, le même sourire.

Mais il y a quelque chose dans son regard qu'Aneesh n'a jamais vu.

“ Ne me dis pas que tu pleures sur une mortelle, ” murmure-t-elle, agacée, ses yeux roulant dans ses orbites. Il ricane. “ Ils ne sont pas inférieurs à nous, Camilla. — Si. — Tu parles d'eux comme des... mortels. — C'est ce qu'ils sont. Pas nous. — Tu m'as compris. Nous ne sommes pas des dieux. ” Ils regardent autour d'eux. Elle hausse les épaules en s'approchant du corps qui trône au centre de la pièce: elle avait trente ans, à peine, des yeux sombres et des cheveux blonds comme les blés. “ Elle ne me ressemble pas. (elle a l'air déçue) — Je ne voulais pas qu'elle te ressemble. Ça m'embête, qu'elle soit morte. Ça m'embête que tu l'aies tuée. ”

Il n'a même pas la force de le lui faire regretter. Ça fait des centaines d'années qu'il a renoncé. Elle le sait, elle en profite.

“ Tu l'aimais? Tu l'aimes? ” Il reste silencieux. “ Elle allait mourir de toutes façons, Aneesh, ne fais pas cette tête. C'est ce que les mortels font de mieux. Ils meurent. — Nous n'avons pas à décider qui meure et qui vit. Nous ne sommes pas des dieux, Camilla. ” Elle glousse incontrôlablement en poussant le corps du bout du pied. “ Un peu. — Non. Nous sommes justes... — Différents. Immortels. Éternels. Nous ne pouvons être effacés de l'univers. Nous sommes l'univers. Réfléchis, Aneesh. Rien ne peut nous refuser. Rien ne peut nous effacer. Que sommes-nous? ” Il reste silencieux, s'approche du corps et vérifie qu'elle est morte — oui, pas de pouls. Camilla soupire. “ Pars, s'il te plaît. — Aneesh-- — Pars! ”

Elle roule des yeux. “ Nous sommes des dieux. — Les dieux n'existent pas. ”

Les dieux sont cruels. Parfois, ils vous laissent vivre.

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Il ressemble étonnamment à un enfant âgé de cinq ans, malgré ses milliers d'années d'existence.

“ Je vous assure, avec tout le respect que je vous dois, que c'est une mauvaise idée, monsieur. — Elle m'a dit que vous diriez cela. ” Le professeur X sourit. La moue d'Aneesh devient plus marquée. “ Je suis sérieux, monsieur. Vous mieux que tout le monde devriez savoir qu'on ne peut se fier aux apparences. Avez-vous cherché son esprit? — Je ne le ferai jamais sur quelqu'un de non-consentant, et elle ne m'a pas donné son consentement. — Évidemment. ”

La colère s'inscrit sur son visage, X arque un sourcil (sans se départir de son petit rictus, presque moqueur, qu'Aneesh a envie de lui arracher). “ Votre passif vous trouble l'esprit, Aneesh. — Vous ne comprenez pas. — Personne ne le peut, c'est ça? ” Il est définitivement moqueur. Aneesh plonge son regard noir dans le sien et soudainement on peut le voir comme il a été des années (le Aneesh dont elle est tombée amoureux, qu'il est promis de ne jamais être): feu et flamme, une bombe à retardement, colère et violence et rage et fureur. “ Non, vous ne pouvez manifestement pas. Je l'ai vue tuer. Je l'ai vue manipuler. Je l'ai vue tout faire, je sais tout d'elle, de ses squelettes dans le placard et du reste. ”

“ Et vous ne croyez pas aux secondes chances? La vie vous en a pourtant donné plein. ”

Aneesh bondit sur ses pieds. “ Très bien. Vous verrez. Qu'est-ce que cela peut bien me faire? Dans deux cent ans, vous serez poussière et cendres et je n'aurais même plus le loisir de vous dire: je vous l'avais bien dit. ” Le sourire que lui adresse le professeur X est presque triste. Il ne rajoute rien, regarde Aneesh prendre la porte de son bureau avec une violence rare et une rage tempétueuse manifeste.

Bienvenue chez les HOMO SUPERIOR.

Je crois qu'Aneesh, c'est un de tes personnages que je préfère depuis que je te connais, il est trop original et... je sais pas, il a un truc J'ai vraiment hâte de voir ce que tu vas en faire en rp et que Taylor vienne lui montrer ce que c'est le bonheuw

time to have fun. Maintenant que tu es validé, tu peux commencer par aller recenser différentes choses, comme ton métier ou ton pouvoir si tu en as un. Tu peux aussi te chercher des copains sur le forum, c'est à dire poster ta fiche de liens. Si ton personnage est du genre à passer son temps sur son téléphone ou sur le net, tu peux aussi te rendre sur la webosphère.
Nous t'encourageons fortement à te rendre dans la chat box pour y faire la rencontre des autres membres, si tu le souhaites ! Sinon, tu peux aussi aller te créer un scénario. Quoi qu'il arrive, n'hésite pas à te faire ton trou par chez nous, on te souhaite bien des RPs et une belle et longue aventure sur TNA !

ENJOY !