Je hoche simplement de la tête, il est d'accord. Je ne suis pas psychologue, et je sens bien que parfois mes réactions ne correspondent pas du tout à ce dont auraient besoin les autres. J'ai du mal, par exemple, à respecter leurs vœux d'éloignement quand ils veulent se retrouver seul parce que je me dis que s'isoler ponctuellement, ça peut sans doute être bénéfique mais se couper des autres, c'est commencer à s'éloigner du monde, quelque part. À partir du moment où faire un geste vers les autres devient un effort insurmontable, je pense – parfois à tort, c'est sûr – qu'il faut insister, insister encore un peu. Et ma persévérance porte manifestement ses fruits puisqu'on est passé un thé orange cannelle à un après-midi, à une nuit et je suis pas bien loin de décrocher la semaine, si ce n'est pas déjà fait.
Petit, j'étais toujours dans les jupes de ma mère, pas difficile d'obtenir un peu d'attention dans une famille qui gravitait principalement autour de moi, les premières années. Quoiqu'en y réfléchissant, les années suivantes aussi... J'ai dû garder des habitudes d'enfant gâté parfois... qu'on me réponde toujours, qu'on ne touche pas à mes aff... ah non celle-là est bien perdue. La vie en communauté ne me dérange pas, je connais depuis le pensionnat. J'aurais parfois aimé que Zadig soit là, lui aussi. J'aurais voulu pouvoir lui proposer de rester ici aussi, de prendre un peu soin de lui.
Peut-être était-ce cet échec à sauver mon propre ami, combiné à la culpabilité d'avoir le fils de celui qui crut « soigner » les mutants qui me conduisirent ici. Aujourd'hui mon nom n'est plus un handicap, c'est devenu une force. Je suis devenu fier de qui je suis, de tout ce que je suis. Ce sont ces expériences qui m'ont poussé à vouloir m'ouvrir aux autres. Sinon pourquoi serais-je allée à la rencontre de cet inconnu volant, complètement perdu ? J'écoute Kayden, un peu dépité par cette histoire de drogue. Parfois, il faudrait vraiment qu'on unisse nos forces pour de vrais combats, plutôt qu'à savoir qui a le meilleur caryotype... Ah c'est donc ça le nuage bleu dont j'avais entendu parler. Pauvre Dédé, ça a dû être un bad bad trip. Je fais une grimace à cette évocation, compatissant. Puis il me parle d'un cheval ? À part la police montée, je ne vois pas trop ce qu'un cheval aurait fait au milieu de ce chaos, et même la police montée je ne les imagine pas vraiment sur place... Dédé défoncé voit des chevaux sans doute, bizarre bizarre. Un fantasme inavoué ? Oh my god non, je ne dois pas penser à ça ou je n'arriverai pas à dormir. J'esquisse un sourire. Non, retiens-toi Warren, il souffre, arrête de penser à des trucs débiles.
Pauvre Dayle, mais si même présent, je sais que je ne lui aurais été d'aucune aide. J'arrive déjà à me blesser tout seul, en témoigne mon carnet de santé gros comme le classeur d'un comptable débordé, alors avec un peu de « bleue », ça aurait été catastrophique. Je ricane quand il qualifie de New-York de danger généralisé. Je n'ai jamais eu l'impression que c'était le cas, personnellement. Enfin pas avant, sûrement. Mais tous les détraqués doivent penser que c'est « the place to be » du coup, effectivement, ça crée des petits... soucis. Même les aliens pensent que New-York est trop cool, n'est-ce pas ?
Ah non non, mon petit Dédé, ça ne me rassure pas mais alors pas du tout. Je secoue la tête puis balance ma queue d'une main à l'autre, pressé de l'utiliser à nouveau. Je passe près de lui, observant la nouvelle configuration des boules. C'est vraiment un truc de... gros durs, de vouloir minimiser les blessures. Je penche la tête sur le jeu, tout en lui annonçant : « On refera ton bandage ce soir et je te filerai de la pommade. » Je me mets finalement en position, laissant la queue glisser contre mes doigts et frappe la blanche qui elle-même pousse la sept, qui accompagne la treize dans l'extrémité droite. Je me redresse, souris à Dayle puis raconte : « Adolescent, j'ai subi mon trop grand enthousiasme et je... ou ma maladresse. Non plutôt ma maladresse. Toujours est-il que j'avais une entorse qui aurait dû me clouer au lit un bon moment et j'ai pris soiiiiin de moi, et ça allait mieux beaucoup plus vite que prévu. » Je sais bien que ce n'est pas évident pour lui, mais j'ai parfois peur qu'à voler trop près du soleil, Dayle se brûle les ailes et ne revienne jamais. « Et pas de mais ! Ça ne peut pas te faire de mal de toutes façons. » J'attaque le jeu sous un angle différent, envoie la neuf sur le milieu droit. Conscient de perdre la main, je me contente ensuite de taper simplement dans la sept pour l'éloigner du trou où Dayle pourrait la mettre. « À toi Dédé »
Je laisse la place à Warren et recule, retournant jusqu'à la table où j'avais posé la tasse de thé et la prenais dans ma main libre, la portant à mes lèvres pour en boire une longue gorgée. Je n'avais plus froid, depuis un moment déjà. J'étais toujours humide dans les zones dont je n'avais pas changé les vêtements, et les cheveux, mais je me sentais mieux. Le thé me faisait un bien fou, nous savons tous que le thé est la réponse à tout les maux, mais aussi et surtout la présence de Warren et la chaleur qui se dégageait de cet endroit. C'était un peu comme être à la maison. La vrai. Le plancher de bois qui craque, la structure, l'espace autour, ça me rappelait la maison de mes parents à Londres. C'est sur, ce n'était pas un château qu'on appelle manoir, mais tout de même. Penser à ça me rappelait mon père et sa souffrance. Une vague froide passait sur mon visage. Est-ce que c'était une si bonne idée d'être là? De rester là? Ne devrais-je pas rentrer, ne serait-ce que pour ne pas risquer plus? Peut être que le feu avec lequel je jouais allait finalement me brûler? Je posais la tasse dans un claquement sourd et rivais mon regard sur Warren qui parlait de son entorse. Non, il avait raison, j'avais besoin de temps au calme. Personne ne pouvait me le reprocher. Non?
J'aurais bien voulu lui dire qu'une entorse c'était le cadet des douleurs que j'avais pu expérimenter dans ma vie, trop courte vie pour ça. - On fera ça tout à l'heure, pour l'instant t'as une partie à perdre. - J'aurais voulu lui parler de la Sokovie, des tortures, de Reyhan, de mon exposition au sceptre. J'aurais voulu lui parler des souffrances que j'avais subi là-bas, de tout ce que j'avais dû supporter avant même de rencontrer Ivan. La peur, la solitude, la trahison, la traque... Mais si je lui parlais de ça, si je lui révélais mon passé, je l'exposais à ceux qui me poursuivaient. Je le rendais vulnérable, j'en faisais une cible de choix pour HYDRA et ses traqueurs. Si j'avais un nom différent, une identité entière qui n'était pas la mienne, ce n'était pas juste pour prendre un nouveau départ. C'était pour disparaitre, pour que les agents de la pieuvre ne me retrouvent pas. Cette part de ma vie, ces années sombres, tout devait rester au fin fond de ma mémoire, enfoui, pour sa sécurité. Pour ma sécurité. - Tant que tu me forces pas à prendre d'analgésiques, ça me va.
« À toi Dédé » - Surnom douteux résultant d'une soirée bancale. J'avais appris à l'accepter. Et puis Warren en avait l'exclusivité, je collais au mur n'importe qui d'autres m’appelant comme ça, et pas de la façon sympa. Je m'approchais de la table et observais. Ce salop en avait mis deux, ça le mettait à égalité et en prime il avait remis la blanche au centre. Tout en observant les boules, feintant l'agacement, je commentais. - Tu tiens vraiment à ce que je reste toi. T'es sur que c'est juste pour me garder au calme? - Le sous-entendu était clair, surtout avec le regard que je lui avais lancé. Je contournais la table, un tour complet, pour bien visualiser, avant de me pencher, plaçant la queue dans un angle particulier qui me forçait à la tenir en me tordant un peu. Je me plaçais, m'immobilisais, levais un regard de défi sur Warren puis jouais mon coup. La blanche fila, vive, percuter une boule avant d'aller rebondir sur un côté et de repartir sur l'angle que j'avais prévu, frappant la 7 que Warren avait éloigné sciemment, l'envoyant rouler directement dans le trou d'en face. - Va falloir faire mieux que ça, mon grand. - Je prenais l'avantage, et après un coup pareil je pouvais bien fanfaronner un peu.
Petit je me suis jamais fais mal, vraiment. Au lycée ouais. J'ai dis à tout le monde que c'était en faisant du sport mais crois moi, les douches communes, c'est dangereux. - Lycée privé, internat, heures de sports, bref, après deux heures de rugby n'importe qui mérite une bonne douche chaude. Ce jour-là j'étais de corvée de rangement avec un autre gars et nous avions rejoins les vestiaires après les autres. Lui avait filé de suite, petit enfoiré d'externe, mais moi j'avais pris mon temps et avais rejoins les douches, expérimentant ce qui serait, de loin l'une des chutes les plus artistiques de mon existence. Oui, le sol mouillé des douches communes, ça glisse. Comment se casser faire bien mal à la cheville en une leçon. Heureusement pour moi et ma réputation, je me l'étais déjà fragilisé pendant le cours aussi je n'avais pas eu de mal à justifier ça comme ça. Analysant la nouvelle disposition sur la table, je réprimais un sourire et la longeais de quelques pas avant de pencher, cette fois dans une position plus classique. Je plaçais la queue un poil en dehors du centre de la blanche et tirais. La blanche filait, déviant d'une trajectoire rectiligne en une courbe relativement rapide, frôlant de trop prêt la 5 qui roulait dans un trou, emportant avec elle la 2 déjà sur place. La blanche, elle, finissait sa course contre un rebord, rebondissant doucement et s'arrêtant. Je me relevais avec un sourire aux lèvres. J'assurais mon avantage, deux boules d'avance. - C'est sympa ici, j'aime bien, dommage que tu perdes.
« On fera ça tout à l'heure, pour l'instant t'as une partie à perdre. » Je croise les bras sur mon torse et hoche de la tête, comme si j'encourageais son assurance avant de... l'écrabouiller ! Je le suis du regard pendant qu'il replonge le nez dans le « orange cannelle ». Je passe la main sur mon visage, me doutant que Dédé pourra rester quelque soit l'issue de cette petite partie qui nous change un peu les idées à tous les deux. On aurait aussi bien pu... mon regard se pose sur la télévision puis sur une fenêtre... faire n'importe quoi d'autre. Au moins, il accepte la pommade, c'est le mieux que je puisse lui proposer maintenant qu'il est en cours de cicatrisation et je ne peux pas demander à Piper d'utiliser son don pour complètement le soigner pour plusieurs raisons : la première étant que ça la met elle-même en danger, et ensuite cela pousserait peut-être mon ami à prendre son envol pour ne pas rester ici trop longtemps et ne pas prendre le risque de nous mettre en danger.
Mais qu'est-ce que le danger ? Je ne nie pas la dangerosité des gens qui veulent du mal à Dayle, mais je reste quelque part persuadé que tout ce qui doit arriver arrivera... Si ces gens étaient amenés à rencontrer les pensionnaires de la X-Mansion, je les plains plutôt... On sait bien ce que Logan a fait des derniers qui ont essayé de s'introduire ici pour s'en prendre à nos protégés. Et à l'extérieur, c'est le risque. J'entends beaucoup de bruits de couloir, depuis le recensement. Mais je reste persuadé que cette loi ne tiendra pas dans le temps parce qu'ils ne pourront jamais forcer les mutants à se recenser, ou à faire l'état de leurs réels pouvoirs. C'est mettre une cible dans leur dos.
Encore une paire d'ailes, ou changer de petits détails, c'est ma foi assez inoffensif. Mais pouvoir faire exploser sa maison, changer le cours du temps ou créer des rayons laser... ça effraie le commun des mortels. N'importe qui aurait peur. Ce que le gouvernement ne comprend pas encore, c'est que les jeunes mutants qui découvrent leurs pouvoirs sont les premiers terrifiés. On essaie de leur faire comprendre que ça se contrôle, que c'est une partie d'eux, que c'est eux et une loi, derrière ça, ruine nos efforts. Je lève les yeux sur Dayle quand il parle d'analgésiques. Parce qu'il ne prend rien pour l'instant ? Bon, je ne vais quand même pas lui mettre des anti-douleurs dans son thé – en plus je suis sûr qu'il sentirait que le thé a été profané – mais je secoue la tête avec une mine de reproches. Je comprends bien qu'il ne peut pas être totalement endormi toute la journée mais il n'est pas obligé d'avoir mal.
Je pose les coudes sur le bord du billard puis soupire très fort, pour le déranger, pendant qu'il observe l'état du jeu. Je secoue la tête et prends une voix haut perchée volontairement : « Non, je compte t'avouer mes véritables sentiments ce soir. » Je me redresse en lui envoyant un clin d'oeil. Il lève les yeux un instant vers moi avant de jouer, et jouer la sept en plus ! Mais c'est qu'il se défend quand même le Dédé estropié ! Au début, je ne comprends pas bien son allusion sur les douches communes. Je fronce les sourcils et me demande si on l'a agressé pendant qu'il ramassait le savon ? C'est ça qu'il essaie de me dire ?
Ah non d'accord, ça fait tilt ensuite. Je me gratte la nuque puis songe qu'enfant, je ne m'étais jamais spécialement fait mal. D'ailleurs, même maintenant, j'ai la chance de ne compter que sur des bobos somme toute assez ordinaires. Le seul moment qui aurait pu m'abîmer un peu plus avait été les attentats de février, qui avaient explosé alors que je me trouvais dans le centre commercial. Fort heureusement, je m'en étais plutôt bien sorti, comparé à des centaines d'autres qui n'avaient pas eu cette chance. J'observe le jeu et note qu'il a fait un beau coup, un très beau coup. Je joue avec le bout de la queue, distrait. Il arrive même à me coincer la blanche sur un bord. Je balance la queue dans ma main gauche puis vient glisser l'extrémité contre le torse de Dayle avec défi : « Attention mon ptit bonhomme, je n'ai pas dit mon dernier et aucun combat n'est perdu jusqu'à la dernière seconde. Je vais sortir ma botte secrète tu vas voir. » Je me penche sur le tapis, je pourrais mettre la dix mais elle me semble trop proche de la quatre que j'ai peur d'emporter en même temps. Je contourne le tapis en observant le jeu. Il a de bons restes. « Tss tu triches, tu es surentraîné en tout. » lance-je comme sur le ton de la mauvaise foi. Finalement, je tente ma dix. Je tape doucement et sa trajectoire se distingue finalement de celle de la boule de Dayle pour aller rejoindre le filet. Je me redresse puis pousse Dayle d'un coup de hanches pour attaquer sous un autre angle. Je frappe plus fort, après deux rebonds, la boule blanche fait rentrer la quinze mais la rejoint dans le trou. Je secoue la tête puis souffle à Dédé : « L'émotion, tout ça... »
L'embout de la queue laissait une marque sur le t-shirt que Warren m'avait prêté et je reculais pour lui laisser la place. Il aurait bien besoin de ça pour rattraper le retard. - « Attention mon ptit bonhomme, je n'ai pas dit mon dernier et aucun combat n'est perdu jusqu'à la dernière seconde. Je vais sortir ma botte secrète tu vas voir. » - Je vais voir, je vais voir. - Et je voyais. Je contournais la table pour revenir vers mon thé toujours posé sur sa petite table et voyait d'un coin de mon œil habitué par le temps une petite silhouette curieuse à l'angle de la porte, derrière un buffet. Je ne disais rien ni ne réagissais et attrapais ma tasse tout en lui tournant le dos pour revenir à Warren qui pestait sur mon... surentraînement en tout? - Alors ça c'est pas vrai, je proteste. Je suis loin d'être surentraîné, encore moins en tout. - Je buvais deux petites gorgées alors qu'il jouait son coup et la 10 filait dans le trou. Je posais la tasse et me rapprochais de la table avant de me faire bousculer d'un coup de hanche, encore, le laissant passer tout en esquivant ses plumes, et finalement le suivait.
Alors qu'il s'installait pour jouer son second coup, je me penchais juste à côté de lui, du côté gauche pour éviter un coup de la tige en bois, et plaçais ma tête juste à côté de la sienne. Le déconcentrer furtivement? Non, pas furtivement. Il tirait trop fort et la blanche emportait la 15 avec elle dans un trou, à moi la main. - Oups. - Je bondissais deux pas plus loin pour éviter toutes représailles et rigolais tous seul malgré la pointe douloureuse que le bond avait généré dans ma cuisse. - A moi du coup. - Warren avait tout de même égalisé à nouveau ce qui n'arrangeait pas vraiment mon affaire. Enfin, en théorie. Sur la table il ne me restait que la une, la quatre et la six. La quatre était la plus simple, je n'avais qu'à tirer droit pour l'envoyer dans les tréfonds mais du coup c'était les deux autres qui m'inquiétaient. Je devrais peut être m'occuper de ça en premier. En réalité, en bougeant la 10 et en gaspillant la blanche, il m'avait donné toutes les armes pour en finir. Je n'avais même pas à réfléchir des coups compliqués.
Replaçant la blanche sur la ligne, je poussais à mon tour Warren d'un coup de hanche - ça devenait une habitude - et me mettais dans l'axe. - Elle était sympa cette petite partie. - Un coup et la 6 filait dans l'angle du fond à gauche. Je contournais le billard pour me replacer. - Mais bon, j'ai menti je pense en pensant être si rouillé. - La trajectoire obstruée par une boule de Warren, je plaçais l'embout bleu un poil en dessous du milieu et faisais sauter la blanche pour qu'elle passe au dessus de l'obstacle et aille taper la numéro un, la forçant à tomber dans un trou du milieu, un bruit sourd accompagnant l'action. A nouveau je me déplaçais. Ne restait que la 4 avant de s'occuper de la 8 et d'en finir. - Mais je te donnerais des leçons si tu veux. - Je me penchais en avant, plaçant la queue bien en face. Le coup de la 4 était toujours aussi simple et je visualisais sans mal la trajectoire directe vers l'abysse boisée. Il n'y avait plus qu'à tirer...
Le « oups » de Dédé me fait tourner la tête dans sa direction. Mais c'est qu'il triche le sélérat, je ne sais pas encore comment mais on ne peut pas être si parfait et jouer si bien au billard. Tiens, je me demande si Dédé fréquente quelqu'un, ça lui ferait peut-être du bien. Et puis c'est pas très sain son obsession pour les chevaux, franchement... Il recule en faisant une sorte de... bonds étranges et je tends une aile pour le pousser davantage. Je la replie derrière moi puis le laisse se placer pour jouer... Finalement il se déplace et me donne à son tour un coup de hanche suite auquel je me déplace sur le côté. Je tourne la tête en entendant un craquement derrière nous mais me retourne rapidement vers le jeu. Il y a toujours des bruits partout ici, ça vit, c'est normal. Et il envoie la six dans le trou. Pas si rouillé que ça le Dayle. Je me penche à nouveau sur le billard quand soudain, il va frapper la boule qui s'éloigne... à la verticale. Bientôt, toutes les boules – y compris celles qui avaient trouvé leur trou se mettent à léviter au-dessus de la table. Je lève les yeux, suis leur trajectoire qui les amènent à quelques centimètres de nos visages. Elles se mettent à tourner en rond puis je cherche du regard la source de cet événement inattendu.
Simon est terré dans un coin de la pièce, puissamment concentré sur nos boules de billard, tellement qu'il n'a pas encore remarqué que nous nous sommes retournés sur lui. Je saisis une boule au passage puis la tends à Dayle avant d'aller voir l'élève sur l'épaule duquel je pose la main doucement en me penchant pour me mettre à sa hauteur : « Hey, félicitations. C'est de mieux en mieux. » Les boules commencent à redescendre. Le jeune garçon regarde tour à tour vers moi, puis Dayle, puis moi, puis Dayle et s'en va sans plus de commentaires. Mon ami observe le billard puis lance « C'est pas grave, je te l'offre » Instantanément, je déplie à nouveau une aile pour le pousser plus loin : « Je n'avais pas encore sorti ma botte secrète ! »
Je pose la queue sur le billard puis jette un œil à l'heure qui a bien avancé. Je fais un signe de la tête à Dayle puis lui dit de monter avec moi pour que je lui file la pommade et qu'on cherche une chambre libre vu l'état de la mienne... « Même la petite souris de la Ligne Verte pourrait pas se trouver une place où dormir dans ce bordel » Nous nous engageons dans le couloir puis introduis Dayle dans l'ascenseur. Au moment où il va se refermer sur nous, je me retiens de faire un pas en arrière pour esquiver l'ascenseur mais reste finalement. Nous nous rendons dans la chambre. J'entreprends des recherches dans les tréfonds de ma chambre pour retrouver ma table de chevet et arrive à atteindre le tiroir ! Je prends la pommade et la lance à Dayle avant de lui dire que je dois encore trouver quelque chose... « Je mettrai le harnais cette nuit pour ne pas te déranger. Enfin sauf si tu veux ta chambre... Non non tu veux pas, on a trop de trucs à se raconter. »
Je m’apprêtais à tirer, je tirais, dans le vide. Au moment où je jouais mon coup, la blanche s'élevait dans les airs, rapidement suivie des autres boules encore sur la table, flottant gentiment dans le vide comme si des fils invisibles les attiraient vers le haut: ce n'était pas de mon fait. Une fois à la hauteur de nos visages, le miens étant quelque peu médusé par ce que je voyais, elles se mettaient à tourner en rond, certaines plus hautes que d'autres, et je détournais mon regard des boules flottantes pour le poser sur le gamin que j'avais vu un peu plus tôt. Son attention était tellement sur son oeuvre qu'il ne réalisait pas de suite que nous l'avions repéré et c'est seulement lorsque Warren lui parla qu'il reprit conscience de son environnement. Les boules redescendaient et je les regardais faire en souriant. J'avais rarement l'occasion d'être témoin de pouvoirs, ou mutations, autrement que contre moi alors voir ça en me disant qu'il n'avait probablement même fait exprès, c'était amusant. Le gamin filait comme une flèche et je posais mon regard sur le billard, réalisant que la partie était biaisée. J'aurais gagné, j'allais gagner, et il me fallait quelques secondes de réflexions, longues, pour admettre qu'on ne pouvait simplement pas reprendre à partir de là. Je levais finalement mon regard vers Warren. - C'est pas grave, je te l'offre. - Je posais la queue dans le meuble où les autres étaient rangés. - Je suis grand seigneur. - Je revenais vers l'ange et mon thé... - « Je n'avais pas encore sorti ma botte secrète ! » - Et lorsque je passais à côté de lui je tapotais son épaule. - Je sais, je sais.
Je saisissais la tasse et en buvais une gorgée. J'allais bien mieux. Je n'avais plus froid, du tout, et clairement mon humeur maussade s'en était allé. J'avais la prétention, inconsciente, de penser que tout allait bien et ça me faisait du bien. Enfin le temps que ça durerait. - Bah c'est bien, non? Ça veut dire qu'il y a du monde. - Nous prenions le chemin de l’ascenseur et je terminais mon thé sur le trajet, laissant la tasse dans l'évier de la cuisine en passant. Je manipulais toujours mon propre poids pour éviter de trop en mettre sur ma jambe blessée. La pommade que Warren allait me donner était localisée, elle n'entraverait pas mes pouvoirs. Même ici, loin de la ville, je refusais de me laisser aller. C'était une habitude, une des tenaces, celles qui deviennent vitales parce que justement elles le sont. Je plaignais le type qui viendrait ici avec de mauvaises intentions mais les fous peuplaient le monde. - Tu peux t'éviter l’ascenseur si tu veux, hein? Je sais où on va maintenant. - Je savais que Warren se sentait à l'étroit là-dedans, ça pouvait se comprendre. Arrivé à l'étage je le laissais sortir en premier et nous allions jusqu'à sa chambre. Le même effet d'oppression m'avait pris à nouveau en entrant dans ce foutoir.
Je refermais la porte derrière moi alors qu'il était déjà en grande introspection archéologique pour me dégoter cette crème miracle. J'avisais la chambre et son bordel avant que Warren ne me lance le tube. - Merci. - Je l'attrapais en vol et tombais le jeans avant de m'asseoir sur le lit, de retirer le bandage et de replier ma jambe droite pendant que Warren se mettait en quête de son harnais. - T'inquiètes pas pour ça, c'est pas nécessaire. - Vraiment, ça ne l'était pas. Qui plus est je préférais autant ne pas encombrer une autre chambre, je ne voulais pas déranger plus et il était hors de question que Warren s'harnache comme ça. J'appliquais la pommade sur la blessure tout juste cicatrisée et fermais les yeux. La douleur était encore vive, la zone très sensible, et la moindre pression était brûlante. Le temps d'action de ce genre de produit était assez rapide, c'était déjà ça. Lorsque je rouvrais les yeux je voyais Warren toujours entrain de fouiller je sais pas trop quoi et mon sang n'avait fait qu'un tour. - Bon, ça suffit. - Je m'étais relevé et avais boité légèrement jusqu'à l'ange avant de le saisir par le haut du dos pour le diriger fermement vers la porte. - Dehors. - J'ouvrais la porte et le poussais dans le couloir. - C'est plus possible. - Je refermais la porte sur lui et verrouillais la serrure avant de m'adosser au battant de bois. - Et tu reviens pas avant que je descende! -
J'ignorais quoi que Warren puisse faire ou dire et m'avançais au centre de la chambre pour essuyer ma main sur le bandage que je remettais en place puis enfilais à nouveau le jeans avant d'aviser l'étendue des dégâts. - Bien... - Je frottais mes mains entre elles avant de tendre doucement les bras autour de moi et tout ce qui se trouvait à l'intérieur de ces murs s'élevait doucement dans les airs. - Au boulot.
Je n'aime pas l'ascenseur mais je ne veux pas laisser Dayle tout seul non-plus. Oh je me doute qu'il ne va pas se perdre ou s'y bloquer mais bon... Et après il ose dire que je suis parfois malpoli, rooh je ne comprends pas ! Nous nous rendons tous les deux dans la chambre et j'arrive à mettre la main sur la pommade au prix de nombreux efforts. Je lui explique ensuite que je cherche le harnais. Non pas que ça me plaise de le porter, pour moi c'est comme mettre un manteau finalement... J'ai déjà dormi avec des personnes que ça dérangeait donc je suis assez conciliant en général... Dayle me dit alors que ce n'est pas nécessaire. Je lève les mains comme en signe de réédition puis rétorque simplement qu'il ne faut pas me le dire deux fois. J'abandonne sans regrets la recherche puis me fraie à nouveau un chemin vers la porte. Dédé commence à mettre la pommade, je lui dis simplement de dessiner des petits cercles, parce que bon je vais pas la lui mettre quand même. Je grimace à voir la cicatrice. Heureusement celles que j'avais ne sont désormais plus visibles, disparues sous les os qui ont émergé de mon dos pour porter les ailes.
Puis soudain, il s'exclame que ça suffit. Je me retourne vers lui, me demande quelle mouche l'a piqué – elle est bizarre cette expression n'est-ce pas – et ce que j'ai fait ou dit ? J'ouvre de grands yeux, écarte les bras et entrouvre les lèvres quand il vient vers moi et attrape le dos de ma chemise, au-dessus des ailes qui sont repliées. « Mais qu'est-ce que... ? » Et en quelques secondes, il s'enferme dans ma chambre. Je donne quelques coups à la porte et lance sur un ton dramatique : « Fais pas la gueule, je rigolais que je disais que tu avais pris du poids ! »
Je souris puis m'éloigne de la porte. Je crois apercevoir un élève qui peut traverser le bois – pourquoi que le bois, nous ne le saurons jamais – et lui lance simplement, les lèvres pincées : « Ne rentre pas, il est tout nu » et je descends à la cuisine. Ça tombe bien en fait, il est l'heure de manger. J'enjambe la rembarde et descends doucement jusqu'au rez-de-chaussée. Dans la cuisine, un étudiant est en train de se faire un sandwish qui a des allures des Empire State Building vu d'ici... Avec un squelette d'environ vingt tranches de pain de mie, le tout entrecoupé de tranches de jambon, de couches de fromage assez hallucinantes. Il le tient fermement à deux mains et comme le ferait tout bon personnage de cartoon, il agrandit sa bouche et y met l'ensemble. Heureusement qu'il n'y en a pas deux comme lui... J'entre, fouille à nouveau les placards. Bon, je vais faire quelque chose d'assez simple je pense... De la farine, un paquet... hum... deux paquets, trois paquets. Deux douzaines d’œufs (à croire qu'il faudrait investir dans de vraies poules)... Un peu de sucre et assez de beurre pour organiser un combat sexy entre Prudence et Kitty. Je réunis assez de saladiers pour commencer mes pâtes à crêpes. Bon... niveau nutella, on peut rassasier une armée de Bridget Jones en dépression ça ira. Il y a aussi du sucre en poudre et je dois pouvoir dénicher de la confiture. Par contre, est-ce que j'aurai ce qu'il faut pour faire du salé ?
Quelques champignons par là... Pas de jambon. Hum... Je jette un œil par la fenêtre, regarde vers les saladiers. J'irai pendant que les pâtes reposeront. Je termine puis aperçois le petit museau de l'avaleur de sandwich. Brandissant la cuillère en bois, je le tiens en respect en m'écriant : « Pas si vite Le Gouffre ! Pas touche à tout ce qui se trouve ici, ou je t'attrape le pied et je te secoue au-dessus du lac jusqu'à ce que tu rendes tout... jusqu'à ton premier petit pot carotte-brocolis ! Compris ? » Il hoche de la tête puis recule sans me perdre du regard. Quel drôle de surnom il a adopté quand même... Mais bon, on ne peut pas lutter contre les … goûts de chacun. Finalement, je vais dans ma chambre de squat provisoire récupérer mon porte-feuille et me rends rapidement en ville pour aller chercher ce qu'il faut. Le mec qui volait au-dessus de vous avec ses sacs plastiques ? Ou c'était moi. Il faut avouer qu'avec une vitesse de croisière de 500km/h, c'est quand même plus rapide que la voiture ou le bus... Surtout à cette heure.
Quand je reviens avec le nécessaire, j'attends une heure, une heure trente que les pâtes reposent. En attendant, j'entreprends de mettre à jour les lessives des plus... des moins... des allergiques au linge propre ! Puis quand c'est bon, je me munie de ma poêle et c'est parti. Bon, sans compter la crêpe collée au plafond, je pense qu'on peut dire que je m'en sors pas trop mal... Quand Dayle refait enfin surface, j'essaie d'avaler rapidement celle que j'ai sournoisement introduit dans ma bouche. Je lui tourne le dos, enfourne mes index dans ma bouche pour faire rentrer le tout puis me retourne en lui offrant un gigantesque sourire, essayant d'avaler au plus vite...
Quand on range, on a besoin de voir ce qu'on fait, de tout déplacer, de tout replacer. Quand on range on décompose les piles, parfois on doit forcer pour tout bouger. Moi je rendais tout plus simple. J'éliminais la pesanteur de la chambre et tout flottait doucement, gentiment, paisiblement. Je n'avais qu'à prendre l'objet pour le poser et ainsi de suite, sans forcer ni me presser, pour tout remettre à sa place. Je doutais que certains éléments appartiennent à Warren aussi je les mettais dans un coin à côté de la porte, on s'en occuperait plus tard. En deux heures de temps, ou presque, j'avais rendu à cette chambre son apparence d'autre fois, enfin je l'espérais. Elle était parfaitement bien rangée si ce n'est le lit que j'avais seulement baptisé. Niveau nettoyage j'avais fait au mieux mais la tache au sol nécessiterait un produit plus puissant. Je laissais la fenêtre ouverte pour aérer et entrais dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur la tête, chassant la poussière de mes cheveux et la transpiration de mon visage. Ou l'inverse, ou les deux. Bref, la douche ne me ferait pas de mal un peu plus tard. Je sortais finalement de la chambre, éteignant la lumière, laissant la fenêtre ouverte, et me dirigeais vers l'ascenseur.
Voilà que j'avais chaud maintenant. Mine de rien, le rangement, ça fait courir, même si j'avais limité mes efforts en faisant flotter tout ce bordel douteux. Je portais au bout de mon bras un sac poubelle contenant tous les déchets et débarquais à l'entrée de la cuisine pour trouver Warren , de dos, qui se retournait sur moi en souriant. - Jt'ai vu, glouton. - Je laissais tomber la poubelle à l'entrée de la cuisine et sautillais, légèrement, jusqu'à lui. - Qu'est-ce t'as fais? Qu'est-ce t'as fais? Qu'est-ce t'as fais? - Et mon regard se posais sur les crêpes, puis sur lui, puis sa gorge quand il déglutissait ce qu'il venait d'avaler. - Ce vol sera puni. La sentence... - Je saisissais l’assiette où reposaient les crêpes. - Plus pour moi! - Je me posais sur l’îlot central et levais mon regard sur les cheveux de Warren, étrangement relevés et en arrière. - T'es allé où? - Les joies des vols super rapide, les cheveux ils aiment pas trop ça. Imaginez une blondasse dans une décapotable, multiplié par six, dans le ciel. Ou imaginez Thor d'ailleurs, c'est pareil.
Je roulais une crêpe et mordais dedans, sans la moindre once de honte. C'était l'assiette des sucrées que j'avais pris. - M'en fous, jsuis invité - Avais-je dis la bouche pleine pour me dédouaner. J'avalais bruyamment mon morceau et poursuivais. - J'ai fais ta chambre. Elle est presque comme neuve. - Je mordais à nouveau dans ma crêpe roulée. - Et j'ai trouvé ton lubrifiant et ton anneau vibrant aussi, j'ai tout remis dans l'armoire. - Une petite boite, surement fermée au départ mais retournée par terre avant que je ne fasse tout léviter. Tout son contenu avait été révélé... J'avais dit ça sur un ton très neutre, presque naturel et normal, de quoi assurer la réaction que je voulais générer. Pour ce que j'en avais à faire, le miens était dans mon armoire à pharmacie alors bon. C'était uniquement pour l’embêter que je disais ça et je levais mon regard sur sa tronche tout en mordant dans la crêpe.
Dayle arrive vers moi, j'essaie de finir rapidement ma bouche puis nous nous faisons face. Il a un gros sac poubelle, ils avaient fait tant de pique-niques dans le coin ? C'était donc ça cette petite odeur d'orange et de chocolat... Ah, démasqué. Je hausse des épaules et foutu pour foutu, je me mets déjà en quête d'une prochaine crêpe à gober sans classe aucune. Il abandonne son sac poubelle et vient jeter un œil à ce que j'ai fait, mais j'avoue que c'est du vite-fait. J'aurais pu faire mieux pour Dédé... Next time ! Je ricane au rendu de la sentence puis viens poser mes fesses sur le plan de travail. J'ouvre légèrement les ailes pour ne pas m'asseoir dessus puis Dayle me lance un regard en me demandant où je suis allé. Je lève les yeux puis glisse les doigts dans mes cheveux en essayant de remettre ça à peu près en place. « Il me manquait quelques trucs, je suis allé faire une course rapide. »
Je regarde Dédé manger et lui souris avant de le rejoindre pour aussi choper une nouvelle crêpe. Je la couvre de sucre en lançant un regard misérable vers le nutella que je ne supporte pas... mais c'est si bon... Mais bon, autant éviter de devenir bleu pendant la nuit ou d'avoir la peau qui se change en calculatrice... Je pourrais peut-être glisser un petit bout de cuillère... Non, ce n'est pas raisonnable. Gamin, j'adorais tellement ça ! J'en suis presque venu à oublier le goût que ça a mais un petit coup de cuillère et... Je croque dans ma crêpe, quelques étudiants nous rejoignent pour manger avec nous ou piocher et repartir dans leurs chambres. « Et j'ai trouvé ton lubrifiant et ton anneau vibrant aussi, j'ai tout remis dans l'armoire. » C'est précisément à cet instant que la crêpe passe de travers et que je manque de m'étouffer. Je tousse bruyamment en écarquillant les yeux.
Mon... quoi ? Je serre le poing et me frappe sur la trachée, comme si ça allait faire passer et la crêpe et la surprise. Deux petits visages innocents se tournent vers moi alors que je secoue les indexs comme pour déjà entamé le légendaire « ce n'est pas ce que vous croyez... » Mais déjà, l'une de nos têtes blondes se tourne vers son comparse pour demander à quoi ça sert. Préférant interrompre le débat avant qu'il ne commence, j'avale rapidement puis bafouille : « Non mais ce n'est rien, c'est un jouet. Non pas un jouet ! C'est une bricole pour rire, je l'ai gagné dans une machine à pinces sur une foire, qui veut du coca ? » Je vais au frigo et leur donne un coca à chacun avant de les chasser gentiment de la cuisine quelques minutes.
Je prends une assiette et pioche quelques crêpes avant de proposer à Dédé de monter pour qu'on puisse parler un peu plus tranquillement. « Dommage qu'on ne soit pas en hiver, je t'aurais filé mon pyjama une pièce et je t'aurais pris en photo, tu aurais été trop beau dedans... Bon, ça te dit qu'on protège un peu les chastes oreilles de nos étudiants de l'inventaire de ma boîte à chaussures ? »
C'était pile ce moment-là. Vous savez, ce moment précis où vous vous dites qu'il n'y a personne. Ce moment, comme par exemple lorsque vous vous dites que vous avez oublié votre téléphone mais que c'est pas bien grave, vous ne faites qu'un allé-retour, et pile là un appel important arrive. Ce moment précis où tout est censé bien se passer et où finalement... Vous évoquez sans retenue les sex-toys de votre meilleur pote pendant que des gamins même pas pubères débarquent. Pendant que l'un piquait une crêpe, l'autre commençait à poser la question. - « A quoi ça sert un ann... » - Culpabilité? Ouais, un peu, mais la réaction de Warren qui coupait court à cette question n'avait pas de prix et valait largement de consciences bafouées. Je souriais sans pouvoir me contrôler et lorsque Warren éconduisait les gamins avec leurs cocas j'explosais de rire. Le voir ainsi s'enfoncer tout seul était juste hilarant. J'en pleurais. Je réussissais à me calmer pour avaler un autre morceau et finissais par imiter Warren. - Alors ça tu vois... Non. - Dans mon assiette je mettais plusieurs crêpes et de quoi les remplir, délaissant le Nutella. - Et puis c'est pas une boite à chaussure, c'est une jolie boite toute noire bien prop... - De nouveaux élèves passaient dans le couloir et je me taisais en riant.
Dans mon dos je sentais une nouvelle présence ou plutôt ce qui le constituait. Le métal qui renforçait ses os. L'odeur de cigare qu'il traînait. Je finissais de me servir et me retournait pour poser mon regard sur une espèce de montagne de muscles, bestial, fouillant le frigo. Je me tournais vers l’îlot pour vérifier que je n'oubliais rien, notant le léger mouvement au plafond sans vraiment y faire attention, avant de suivre Warren vers la sortie de la cuisine. L'information faisait son chemin pendant que Logan se déplaçait dans la pièce et lorsque je me retournais vers l'intérieur, c'était pour voir la crêpe au plafond se laisser tomber sur sa tête. Pas le temps de réagir pourtant que Warren m’entraînait en avant par le t-shirt. - On se retrouve en haut. - Et je laissais Warren s'envoler pendant que je montais dans l'ascenseur, mon nouveau meilleur ami, enfin en second. Passons les détails du trajet d'un couloir que je commençais à connaitre, j'avais retrouvé Warren en haut et nous avions rejoins sa chambre. Enfin, je l'avais arrêté devant la porte. - Je te préviens, pas une tâche, sinon jte fais bouffer le tapis. - C'était pas ma chambre? J'avais passé deux heures à la ranger, c'était tout comme. Et j'ouvrais, passant en premier, révélant une chambre impeccable, si ce n'était cette foutue tâche sur le tapis que j'avais tout de même pas mal estompé. Tout ça tenait du miracle.
C'est mieux, tu trouves pas? - Je posais l'assiette sur le bureau et croisais les jambes. C'est tout naturellement que je lévitais, sans même avoir eu une seconde de chute dans le processus. Ce genre de mouvement était devenu habituel pour moi, je le faisais sans réfléchir. Bon point puisque de toute façon il n'y avait qu'une chaise, mais quand on est capable de flotter dans le vide, croyez moi, le confort de l'air est bien meilleur que celui d'une chaise. - Je t'enverrais la facture. - Et je roulais une crêpe salée avec tout ce qu'il faut dedans. Un coup d’œil dehors et je voyais au loin le nuage de pluie que j'avais pris trois heures plus tôt. Il ne venait pas par ici: tant mieux. - Qu'est-ce qu'il y a au programme demain? Tu bosses?
Dernière édition par Kayden T. Jefferson le Dim 3 Juil - 2:09, édité 1 fois
Règle numéro un : Tu n'es jamais seul. Même si tu es parti pour prendre une douche, te branler tranquilou sur ton lit ou boire du coca en cachette, considère que tu n'es jamais seul. J'ai appris ça rapidement. Quand je suis arrivé ici, le choc a été un peu violent... Je connaissais bien sur le dortoir du lycée privé où j'avais étudié mais on n'y croisait pas souvent de filles... Je passais bon nombre de mes nuits à dormir sur Zadig comme un tas de linge sale pendant qu'il lisait nos cours à voix basse pour qu'on rattrape notre retard. Nous étions devenus si proche que prendre une douche pendant qu'il coulait son bronze non-loin, ça n'était pas gênant. Nous étions comme deux frères qui avaient grandi ensemble, presque. Le week-end, je m'enfermais dans ma chambre, profitant aussi de ma solitude retrouvée. Et la X-Mansion c'était... des tempéraments explosifs de tous les côtés. Je m'étais retrouvé seul, sans allié dans un environnement qui était encore couvert du voile du deuil. Et je m'étais senti aussi un peu coupable de cette situation. Maintenant, je fais la distinction entre les agissements de ceux que j'affectionne et les miens, fort heureusement.
Mais quoiqu'il en soit... ma première douche prise avec la porte ouverte m'avait vite appris qu'il faut normalement verrouiller les portes quand on ne veut pas être dérangé. Parfois, je repense à la victime qui m'avait trouvé à poil durant ma première semaine... D'ailleurs, la règle deux disait de toujours rester sur ses gardes... Au moment où nous nous apprêtons à quitter la cuisine, le doux fumé de Wolverine nous annonce son passage dans le secteur. J'ouvre la bouche pour le saluer. C'est le moment que choisit la crêpe pour se décoller du mur et aller lui tomber sur la tête. J'agrippe rapidement Dayle pour qu'on échappe à de terribles représailles, surtout que je risque d'exploser vu cette subite envie de rire qui me vient. Bon, je sors quand même mon appareil photo pour prendre une petite photo en traître... ce sera pour instagram... « Viens Dédé, fuyons ! » lui dis-je en ricanant déjà. Je m'enfuie à la verticale en espérant que Logan n'aura vu que Dayle – après tout, il ne va pas s'en prendre à un invité, pas vrai – puis me pose dans le couloir. Je souris aux propos de Dédé et lui affirme que je ne violerai pas la propreté de l'endroit. En rentrant, c'est une excellente surprise. Oh mon dieu, j'arrive même à voir le parquet et mes murs ! J'abandonne rapidement l'assiette et bondis sur le lit, ça fait du bien ! Je m'assieds ensuite à mon bureau, allume la petite lampe qui se trouve au-dessus et tourne vers Dayle qui flotte tranquillement : « Alors demain, j'étais sensé avoir un cours le matin mais je l'ai reporté à l'après-midi pour tous les élèves sauf une. J'ai besoin de lui parler seul à seul, et elle n'est pas trop du genre à se confier tu vois ? »
Je souris puis vais finalement à la fenêtre que j'ouvre. Je m'assieds au bord puis regarde Dayle avec mes fringues. Il faut vraiment qu'il se mette à porter un peu plus de couleurs. D'ailleurs, ça me fait penser à quelque chose. Mais peu importe, nous verrons plus tard... « Oui enfin un peu comme toi... » lui dis-je gentiment avant de poursuivre : « Je ne sais pas si tu as vu, mais je pratique la boxe depuis quelques mois, dans une petite salle, à Brooklyn. Il y a une petite nerveuse qui s'est inscrite aussi... et elle a la gnaque. » J'esquisse un sourire puis vais vers mon armoire. Pendant qu'on discutera, je pourrais chercher quelque chose pour Dayle dormir. Par contre, il va falloir que je prenne un caleçon chez Bobby, parce que je ne prête jamais les miens. Et il paraît que lui, ça ne le dérange pas...
Ouais je comprend, parfois il faut savoir approcher les gens de la bonne façon pour qu'ils s'ouvrent. - C'était pas toujours évident de faire parler quelqu'un qui n'en a pas envie. J'irais les voir en me levant dans la matinée. Je mordais à nouveau dans ma crêpe alors que Warren allait ouvrir la fenêtre. - « Oui enfin un peu comme toi... » - Je levais mon regard vers lui, la bouche pleine, l'air con, mais pas le temps de répondre qu'il enchaînait. Sale petit noyeur de poisson. J'y reviendrais, il n'allait pas m'avoir si facilement, mais ce qu'il me disait ensuite attirait aussi mon attention et ça aussi méritait discussion. Il s'était mis à la boxe, ce qui était une bonne chose pour moi, mais cette fille? Ce petite sourire? Ça m'en tirait un à moi aussi par répercutions. Le temps d'avaler ma bouchée il passait à côté de moi et je pivotais sur place pour le suivre du regard. - Tu m'en diras tant! Et elle a un nom cette petite nerveuse? - J'avais déjà mon téléphone à la main. Oui, j'allais la chercher sur les réseaux sociaux, sans honte ni regret: une photo vaut des centaines de mots. - Je veux voir. - Je tirais sur le bas du t-shirt que je portais et prenais un air menaçant. - Balance le nom, j'ai ton t-shirt en otage et j'hésiterais pas à le sacrifier.
Je réfléchissais une seconde, le fixant, avant de réagir. - Attend! Tu fais de la boxe dans une salle à Brooklyn, là où je vis, et tu m'en parle que maintenant?! - Mais un son à la porte m’interrompais et je posais les pieds au sol pour me rapprocher de la porte. Je me retournais sur la route et fixais Warren. - Tu peux parler des gens qui se confessent pas ensuite tiens! Je suis outré! - Je reprenais ma marche vers la porte et deux pas en avant je me retournais à nouveau. - Trahis! - Et finalement j'arrivais à la porte. Warren allait parler mais je tendais un index bien droit pour lui dire de ne pas ouvrir la bouche. Derrière des voix chuchotais, des voix jeunes et je tendais l'oreille pour entendre quelques bribes de phrases. - « ... » - « T'es sûre que c'est là? » - « Oui jte dis! » - « Mais la chambre est en bordel. » - « Angel a dit qu'il était tout nu. » - « ... » - Je me redressais pour fixer Warren avec un regard perplexe, interrogatif et finalement celui du "Oouh toi tu vas avoir des ennuis". Mais pour le moment...
Je posais ma main sur la porte et projetais ma perception dans le couloir. Je ressentais les éléments qui s'y trouvait, les quatre jeunes qui squattaient le devant de la porte. Je me concentrais doucement et générais une zone d'apesanteur juste devant la porte. Déjà des petits cris entre peur et amusé s'élevaient. Je tournais la tête vers Warren. - Attend. - Je retirais le t-shirt que je jetais dans la salle de bain et ouvrais la porte juste assez pour passer mon torse sans laisser voir le reste. Je les regardais flotter quelques centimètres au dessus du sol et souriait. - Hey les curieux, un soucis? - « Non non. » - Tant mieux, parce qu'on est un peu occupé avec Warren là. - Je faisais un geste lambda avec la main et la zone d'apesanteur disparaissait, les élèves retrouvant les pieds sur terre. - Bonne soirée alors! - Et je leur lançais un sourire avant de refermer, à clé, me retournant vers Warren. Le sourire que je lui lançais à lui était bien plus provocateur. - Je sais pas ce que tu leur as dit Angel, mais t'aurais dû t'abstenir. - Moi je passais pour un naturiste, mais moi je m'en fichais, lui en revanche pour quoi allait-il passer? J'avais hâte de le découvrir, juste après l'école entière.
J'aime assez ces entraînements à Brooklyn, parce qu'ils me permettent de changer encore d'environnement. J'aime changer d'air, souvent. Pas que je n'aime pas rester à l'école mais les étudiants ont souvent peur d'affronter l'extérieur et l'école devient plus un cocon de protection pour eux mais le monde, pour moi, ce n'est pas ça. Je vis de plein de bonheurs simples. J'adore me promener en forêt, j'aime faire un billard avec mon ami, j'aime courir dans la neige le premier quand elle est tombée toute la nuit, j'aime l'odeur de la pluie, et j'aime tirer à l'arc, apprendre la boxe, courir, voler, et j'aime même chanter faux sous la douche !
On ne peut pas toujours vivre caché... Je hausse des épaules, un peu gêné puis marmonne que je ne connais pas encore son nom... Je me mets soudain à genoux : « Ne t'en prends pas à lui, c'est l'un des rares qui me va parfaitement sans me faire ressembler à un sac à patates ! » Je me redresse puis envisage de lui sauter dessus pour reprendre mon bien mais je risquerais de lui faire mal. Au t-shirt, bien sur. Enfin, à Dédé aussi, avec sa blessure. Bon, je lui sauterai dessus plus tard. En plus, c'est vrai que je ne le connais pas. Je l'ai aperçue quelques fois, n'ai pas encore pris le temps ou n'ai pas dépensé le courage nécessaire pour aller lui parler. Elle est mignonne, pas une bombasse, mais j'aime cette façon qu'elle a le serrer les dents quand elle va donner un coup, comme si elle se battait toujours contre le monde entier alors que c'est ce pauvre sac qui prend tous les coups.
Il devient songeur, et s'exclame soudain : « Attend! Tu fais de la boxe dans une salle à Brooklyn, là où je vis, et tu m'en parle que maintenant?! » Je ricane puis m'apprête à me justifier honteusement quand Dayle se fige et va se rapprocher de la porte. Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il en rajoute une couche et je lève les mains innocemment en lui disant à voix basse : « Mais je t'ai envoyé un mémo, tu ne l'as pas reçu ? » Quand il se retourne une seconde fois, je me mets franchement à rigoler. N'importe quoi ! Je vais répondre mais Dayle me fait signe de garder le silence. J'arque un sourcil et l'observe depuis mon rebord de fenêtre. Dayle me lance un regard bizarre, du genre qui veut dire... j'en sais rien, il a une tête bizarre qui implique qu'une conversation va suivre. Des petits cris stridents retentissent dans le couloir et instinctivement, je saute sur mes pieds pour aller voir ce qui se passe. L'attitude de Dédé me rassure et me laisse entendre que c'est de son fait. Je croise les bras sur mon torse pendant que mon ami exhibe soudain le sien. Whut ?
J'écoute l'échange et lève les yeux au ciel. Ça y est, Radio Toto est lancé, et plus rien ne l'arrêtera ! Même le fléau est moins puissant que le potin de la X-Mansion. Je préfère même pas penser à la fois où les élèves ont spéculé sur la vie sexuelle de Bobby. C'était gênant... Ou si Ororo avait les cheveux blancs, c'est qu'en bas, elle avait breeeeef ! Des potins. Ça aurait été intéressant de savoir, pour la science, mais on ne saura jamais... Je secoue la tête, faut vraiment que j'arrête de penser à n'importe quoi. Ces adolescents, ils nous mettent des idées tordues dans la tête. À peine Dédé ferme-t-il la porte que j'entendais des ricanements derrière. Ah oui, tu veux jouer à ça ? « Attention mon gars, j'ai déjà french kiss des tas de gens pour moins que ça, tu devrais savoir que je suis à l'épreuve de toutes les situations et que je n'ai pas peur du ridicule. » Bon d'accord, j'ai peur du ridicule, mais une blague avec Dayle, c'est bien au-dessus de tout ça. Quand j'avais dix-sept ans, j'avais eu dans l'idée de me faire poser un anneau à l'oreille. Je ne sais plus comment c'est venu. J'ai eu droit à une scène dès le premier pied posé à la maison. Entre mon père qui menaçait de l'arracher et ma mère qui répétait qu'on dirait un délinquant, ça avait été un véritable drame ! Autant dire qu'en leur présence, j'étais un adolescent modèle. Il faut dire que je traînais déjà une tare assez énorme...
Je vais ramasser le t-shirt et le jette sur le lit. Je m'y jette ensuite à nouveau. Mon liiiit ! Je jette un œil sur le plafond puis demande subitement : « En parlant de petits coups de fesses entre amis, tu as revu celui de la boîte de nuit ? Tu sais... quand tu m'as ABANDONNÉ pour aller faire le cochonou dans des toilettes ? » Dans des toilettes, horrible, horrible !
Tu m'fais pas peur, Angel. - Et c'était vrai. Autant toute forme de... relation physique avec lui me semblerait sale, nous étions comme des frères, autant ce genre de menace ne me faisait ni chaud ni froid. C'était rien, rien de plus qu'une poignée de main ou qu'une accolade. Au mieux un jeu d'acteur, au pire une blague. Les défis entre frères ne souffrent aucune logique. Je savais très bien qu'il mentait au sujet du ridicule. Je le connaissais mon Warren, mais je ne relevais pas. On verrait bien jusqu'où il irait pour me coincer à mon tour. J'avais mes limites, c'était certain, le tout était de savoir s'il atteindrait les siennes avant moi.
Pendant qu'il allait ramasser le t-shirt que j'avais vilement balancé dans la salle de bain au profit de la propagation de rumeurs croustillantes, je retournais au bureau et mangeais un bout, encore. C'est que j'avais faim moi. J'avais fais tout le trajet en volant, j'avais pris une averse sur la gueule, je lui avais rangé toute cette foutue chambre, j'avais découvert les secrets roses de l'ange. Mon estomac réclamait rétribution. La crêpe de la vie. Je mordais à nouveau dedans en voyant le t-shirt voler sur le lit, juste avant de voir Warren y sauter ensuite, s'y étalant comme un bien heureux, me tirant un sourire. Je m'étouffais finalement lorsque l'ange parlait à nouveau. Quoi?!
Tapant du poing sur mon sternum je faisais passer le morceau dans le bon conduit avant de lever mes yeux rougis vers Warren. - Lequel? - Comme si il y en avait eu plusieurs... Bref. Mon regard se perdait un instant dans le vide alors que je tentais de me souvenir tout en finissant ma crêpe. - Amadeus? - Je ne l'avais jamais vraiment abandonné, à part ce soir-là. Cette boite de nuit, ce beau blond au regard si brûlant au milieu de la piste. Effectivement, j'avais laissé Warren à son triste sort pour embarquer Ama dans les toilettes de la boite. Ensemble. Dans la même cabine. Je vais pas vous faire un dessin.
J'essuyais mes mains à une serviette en papier que j'avais pris en bas et me levais pour aller rejoindre Warren. Je m'allongeais sur le lit, sur le dos, et fixais le plafond. - Non, je l'ai pas revu. Mais j'aimerais bien. Tu peux pas savoir comment c'était mais c'était... mais... - Je tournais la tête vers lui, mon regard fixe et presque vexé. - Mais il me semble que t'étais pas SI abandonné que ça. Si ma mémoire est bonne, t'avais deux blondes et une brune qui te tenaient compagnie! - Mon regard devenait malicieux, plein de mauvaises intentions. - C'était quoi leurs noms déjà... Amy, Daniela et... Mince, je sais plus. y'en a qui aime les plumes. - Érotisation des ailes du Warren, allons-y, jouons ce jeu là. - Est-ce que monsieur Angel avait assuré ce soir là?
Je lui lance un regard en coin du genre « rira bien qui rira le dernier »... Bon, je ne sais pas encore comment se manifestera ma terrible vengeance mais je trouverai bien, j'ai parfois de l'imagination. Finalement, je décide de changer un peu de sujet... Avec une transition d'une grande subtilité et d'un glamour dont j'ai forcément le secret... Kayden manque de s'étouffer avec sa crêpe et me pose une question pour le moins étonnante. Lequel ? Oh my god ! Il en a serrés combien des chéris dans les toilettes ? Je le regarde les yeux écarquillés, soudain immobile. Il s'est passé quoi exactement là-dedans ? Ah non, je ne veux pas savoir. Rien que d'imaginer faire des choses dans des lieux d'aisance où des centaines de personnes sont passées depuis le dernier nettoyage. Ah non non non...
Il semble réfléchir. Il y en a eu tant que ça ? Je le fixe toujours, un peu choqué. Partouze dans les toilettes ! Ah non ça va, il ne me sort qu'un prénom. Je peux arrêter d'hyperventiler... Je tends lamentablement le bras vers les crêpes mais déclare forfait quand je constate qu'elles sont trop loin. Peut-être que c'est le moment de me découvrir un don de télépathie. Concentration... Non rien, tant pis, j'aurais essayé. Dédé finit sa crêpe et vient avec moi sur le lit, un peu rêveur au souvenir de leurs parties de jambes en l'air, apparemment. J'esquisse un sourire quand je le vois comme ça et puis après, il nous ramène vers ses souvenirs de cul. Je secoue la tête puis reprends en l'empêchant de finir sa phrase : « Si si t'en fais pas, j'ai bien compris comment c'était... »
Je lui fous ma main sur le visage comme pour l'éloigner de moi. Vade retro quequetteur de toilettes. Les caleçons que je ne prête pas et cette impossibilité de concevoir de rester plus de vingt secondes dans des toilettes publiques... gosh, Bobby avait raison, j'ai un problème ! Je fais à mon tour mine de réfléchir « Daniela... Daniela.... je ne vois pas de quoi tu parles... »
Je me mets à genoux sur le lit puis passe une main dans ma nuque, un peu gêné. « Non mais... enfin... oh une crêpe ! » dis-je avant de finalement lever mes fesses pour rejoindre l'assiette. J'ai pris la quantité pour trois morfales comme moi en fait... Je reprends place sur le rebord de la fenêtre. Je croque un morceau, faisant attention de ne pas mettre de sucre partout. Je tire son mon t-shirt, sale pour sale... Un bout dans la bouche, je dis quand même à Dédé : « Et puis c'était Jodie, la troisième fille... » Je baisse les yeux sur mon t-shirt et les lève ensuite sur Dayle.
Je termine tranquillement ma crêpe puis secoue mon t-shirt au-dessus de l'appui de fenêtre pour chasser les petits grains de sucre. Je jette un œil à ma montre. « C'est pas tout ça mais certaines personnes vont se lever tôt demain, et on en fait partie. Je vais prendre ma douche et j'essaierai de te trouver des fringues ensuite... ou alors je peux t'en... prêter... donner... Enfin ça dépendra de ce que tu prendras. » Je l'abandonne quelques instants le temps d'entrer dans la salle de bains puis passe finalement la tête par la porte : « Tu veux peut-être y aller d'abord ? Parce que je suis long, en général... »
Dernière édition par Warren Worthington III le Ven 8 Juil - 13:02, édité 1 fois