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 ICESNOW#2 ≤ « Song of the caged bird. »

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Song of the Caged Bird.
Iceberg ✧ Snow
« It's not easy to be Light when you've been Dark. It's almost too much to ask anyone. »
- Margaret Stohl, Beautiful Darkness

La lune est déjà ronde et ses reflets dansent sur la fine silhouette. Le froid, la nuit ou la fatigue ne l’atteignent pas. Il n’y a que le temps qui passe et le silence qui persiste. Elle a cessé de s’exprimer depuis plus d’une semaine, comme subitement frappée de mutisme. Elle n’est pas allée en cours, s’est régulièrement évaporée du champ de vision du personnel. Elle n’a pas mangé ce soir, tout comme la veille. Ses pensées ne sont qu’un souffle froid, à peine de faibles murmures d’une berceuse ancienne. Un oiseau en cage, un fantôme qui erre. Elle n’est pas non plus allée voir le psychologue, qu’elle a évité avec talent, ne laissant derrière elle qu’un dangereux verglas - un camarade a subi l’effet patinoire, mais elle était déjà loin. Loin dans la neige. La lune est déjà ronde et la nuit chante ses douces mélodies. La main fait un geste délicat et se forment alors deux chaises ainsi qu’une table, forgées tout en rondeur et délicatesse, loin des yeux curieux, dans un recoin de l’Institut qui ne souffre, à cette heure, d’aucune intrusion potentielle. Snow semble être retournée à son état initial, celui dans lequel elle est restée plusieurs semaines durant après son intégration au sein de la X-Mansion, à l’exception de la fièvre qui n’est plus présente. Elle n’a plus froid, elle n’a plus chaud, mais au fond de ses yeux la lumière s’est éteinte.

La lune est déjà ronde lorsqu’elle passe à nouveau la porte dans le silence, la demeure presque endormie, les élèves dans leur chambre et sous la porte d’un bureau, encore de la lumière. Le psychologue travaille tard ou tente d’oublier son quotidien. La jeune femme toque à la porte après une vague hésitation. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Sa confiance est grande pour qu’il laisse entrer sans réticence, sans doute parce qu’il doit juger la demande importante, d’un coup d'oeil à l’horloge. Elle ne veut pas savoir et elle n’a pas de mots à offrir - seulement se main tendre et craintive qui glisse sur la sienne, douce incitation à la suivre. Son souffle fait naître une colombe de glace, symbole de paix, qu’elle fait voler jusqu’à l’extérieur, guide et paroles qu’elle ne prononce pas. Snow ne dit plus rien. Mais là, elle montre et elle l’entraîne vers le lac où la neige règne encore en maîtresse suprême. Le blanc de la robe longue se fond dans le décor, le tissu rappelant étrangement ses tenues d’un passé lui paraissant désormais si lointain. Le devant est un peu plus court, jouant de structures particulières. Serait-ce une occasion spéciale ? La jeune femme lui dévoile la table couverte d’assiettes sous cloche pour conserver la chaleur des plats et d’un gâteau - elle a pris le temps de cuisiner, pour lui, peut-être pour se faire pardonner, pendant que chacun vaquait à ses occupations. Elle n’a pas vu Bobby aller manger. Elle s’est effacée mais n’a pas cessé d’observer, de loin.

Elle a pris du temps pour lui, parce qu’il n’a rien compris. Et dans les grands yeux trop bleus brûle la longue solitude. Son coeur en cage s’attriste de ne plus avoir le rire ou le sarcasme. Prudence a pensé à partir. Il y a même un sac près du grand arbre qui dissimule la scène, comme un dîner d’adieux. Elle a ouvert la bouche sans que rien ne s’en extirpe, elle a rompu le contact et s’est tournée vers l’étendue gelée - il ne restera pas, n’est-ce pas ? L’ami est perdu, elle doit juste au psychologue un retour des attentions données. La lune est ronde et la reine enneigée paraît fatiguée. Une seconde, dans la chambre de Bobby, elle a cru que l’affection était un bien, puis elle en a compris le prix, la jalousie humaine, les excès des relations sociales. Il y a un lointain écho contre la barrière des souvenirs, une saveur de déjà vu, de pertes et de pleurs. Elle ne sait pas pourquoi, ne sait plus. Une seconde, elle a cru que l’aide devait être acceptée, puis elle a vu qu’il ne comprenait pas. Il n’avait pas besoin d’elle. Malgré tout, le fuir s’était révélé difficile. Partager son univers lui a manqué. Bobby lui a manqué. Mais elle le laisse à son monde, à sa chaleur, ses sourires, à Malicia,à Kitty. Un dîner et des adieux. Et surtout, ne m’oublis pas.

Comme si fuir était si facile.
Et face au lac, bercée par la brise, craquant une allumette, elle ne reflète que le silence de la nuit. 
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song of the caged bird

Il a mal. Pas un mal de ceux que l’on peut guérir par un bisou magique. Pas de ceux que l’on peut soigner avec des points de suture. Mais de ceux que le temps finit par apaiser. De ceux que les années cicatrisent. De ceux qu’un simple prénom peut créer un déchirement, un pincement. Il a mal au coeur. Problème cardiaque que même les médecins ne peuvent pas guérir. Pourquoi n’ont-ils pas encore trouvé de remède contre les malheurs du coeur ? Les médecins ne foutent donc rien. Ils se tournent les pouces, en essayant de créer des organes ou à trouver des vaccins contre des maladies. Alors que le plus grand mal sur Terre est celui de l’amour. Ces derniers jours, Bobby en aurait bien eu besoin. Une simple piqûre par laquelle il aurait oublié la douleur du chagrin, de l’échec. Mais le remède miracle n’existe pas. La médecine n’a pas encore assez évoluée. Un jour, peut-être. En attendant, il ne dort plus. Ou en tout cas, plus beaucoup. Il s’effondre de fatigue sur son bureau, puis se motive à aller se coucher. Seulement deux ou trois heures de sommeil. Il n’est plus qu’une loque. Une pâle copie du psychologue. Un glaçon fondu dont le coeur aurait trop chauffé. Les rares fois où il sort, il sent les regards pesés sur lui. Vivre dans une école empêche toute intimité. Il ne sait pas comment. Il ne sait pas pourquoi, mais dès le lendemain, la nouvelle a fait le tour des couloirs. Maintenant, il ne supporte plus de sortir. Il marche, tête baissée. On l’appelle parfois pour ces problèmes de verglas. Les professeurs se posent des questions. Ils s’inquiètent pour l’état de Prudence et de Bobby. Il a entendu dire qu’elle a arrêté de parler. Comme ça. Du jour au lendemain. Il ne s’en est pas ému. Qu’elle perde la parole, lui a perdu l’amour. Juste retour des choses. Il se contente d’effacer ses traces. Ses flaques de verglas qu’elle sème sur son passage. Comme si elle laissait des indices à Bobby. Comme si elle voulait lui signifier qu’elle est toujours là. Il s’en fiche. Il fait tout pour l’éviter. L’ignorer. Lorsqu’il sort, il s’assure que ni Prudence, ni Malicia ne sont dans le coin. Il se lève tôt pour s’enfermer dans son bureau. Il en sort tard pour rejoindre sa chambre. Parfois, il fait quelques excursions dans la cuisine, à la recherche de quelques aliments qui ne nécessitent pas vingt minutes de cuisine. Il fait peine à voir. On lui a dit. Des cernes. Des vêtements froissés. Une barbe épaisse. Des cheveux décoiffés. Il s’en fout. Il ne voit quasiment personne, alors à quoi bon ? Ce ne sont pas ses dossiers qui vont s’effrayer de son apparence.

On toque à la porte. Il ne lève pas les yeux. Il grommelle un “Oui”. Il ne fait pas attention à l’heure. Le temps est son seul salut dans la douleur. En attendant, il doit travailler. Se plonger dans les analyses comportementales pour oublier. Au bout de quelques secondes, il finit par lever les yeux de ses feuilles. Il y voit le frêle corps de Snow. Elle est là. Il cligne des paupières. Qu’est-ce qu’elle fiche ici ? Il hésite entre la surprise et l’indécision. Est-ce un nouveau rêve ? Du genre trop réaliste pour être vrai ? Un rêve dans le cauchemar qu’il vit depuis plus d’une semaine ? Elle crée une colombe. Douce, légère, aérienne. Elle s’envole à l’extérieur du bureau. Il n’a pas envie de la suivre. Il n’a pas envie de savoir ce qu’elle a préparé. La dernière fois, elle a ruiné une partie de sa vie. Il se frotte les yeux. La fatigue assèche ses yeux. Snow le fixe. Elle s’attend à ce qu’il bouge. Il pousse un soupir. Elle ne lui fichera pas la paix. Il se lève et la suit. Il reste à bonne distance. Il lui en veut pour ces mots qu’elle a pu prononcer. Il lui en veut d’avoir précipité sa rupture avec Malicia. Il lui en veut d’avoir jugé son couple. Enfin, son ancien couple. Il la suit jusqu’à l’extérieur. Il réalise que la nuit est tombée depuis longtemps. Il est encore en décalage. Snow s’arrête près du lac, près d’une table dressée au milieu de la nuit. La scène est surréaliste. Elle croule sous les plats. Sûrement son esprit qui lui joue des tours. Sûrement une faim insoupçonnée qui se réveille. Snow n’a pas pu faire tout cela. Elle qui fuit la chaleur comme la peste. Elle franchit les derniers pas jusqu’à la table, s’emparant d’une allumette afin d'allumer une bougie. Il a l’impression qu’elle essaye de faire des efforts. De prendre sur elle. Mais il ne veut pas de tout ça. “C’est quoi ce bordel, Snow ?” Il la dévisage. Il ne veut pas faire semblant. Il ne veut pas s'asseoir à une table pour… pour manger des mets préparés par elle ! Rien que l’idée qu’elle ait fait tout ça pour lui est insupportable. Que cherche-t-elle, maintenant ? Dans sa tête, qu’elle est la suite du plan ? Elle ne répond pas. Il lève les yeux au ciel. Il a oublié. Même pour ça, elle est insupportable. Pourquoi Snow ne peut-elle pas se rouvrir ? Alors quoi, elle vient foutre la merde dans son couple et elle n’assume pas, donc elle s’interdit de parler ? Un comportement lâche de fuite afin d’éviter les explications. Il croise les bras sur sa poitrine. “Et si j’ai pas envie de manger, hein ? Tu m’excuseras, mais j’ai du travail.” Si elle ne veut pas parler, lui n’a pas envie de lui faire plaisir. Et d’ailleurs, il n’a pas à lui faire plaisir. Il a été patient, attentif, gentil. Il a tout fait pour qu’elle se libère de ses entraves. Il a tout fait pour qu’elle se sente chez lui. Et voilà dans quel état il est, maintenant. Il tourne les talons. Il repart en direction de l’Institut. Il en a fini avec Snow. Avec toute cette glace.

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« Et si j’ai pas envie de manger, hein ? Tu m’excuseras, mais j’ai du travail. » Du travail. C’est ça, un psychologue ? Il a passé trois ans à tenter de la convaincre que le monde n’est pas aussi noir qu’elle le pensait et à la première difficulté en dix années, il sombre ? Il s’est privé pour mieux tomber ? Elle serait presque tentée de le laisser, de partir sans un mot, sans plus de cérémonie, l’abandonner à sa vie pépère. Pourtant elle n’en fait rien. Il tourne les talons, elle pose calmement son allumette. Quelques pas. Elle lui laisse faire quelques pas, lui permettant sans doute de penser qu’elle ne l’oblige à rien, qu’elle ne va pas résister à sa mauvaise humeur, pourtant un pic sort du sol, en travers de sa route, objet de glace parfaitement aiguisé. Rappel de ce qu’il a lui-même exécuté lorsqu’elle avait pris la fuite. Amateurisme ? Absolument pas. La blonde se tourne vers lui. Il fait peine à voir, n’est-ce pas ? Qu’importe. Un geste de la main et c’est à son corps qu’elle s’attaque. Tout être est principalement constitué d’eau. Elle ne dit toujours rien, sa maîtrise est pourtant presque parfaite, aussi piquante qu’autrefois, figeant lentement les liquides au niveau du coeur, plus dangereuse encore qu’à l’époque où le trajet partait des extrémités pour geler vers les poumons. Non, le coeur, c’est plus efficace, plus métaphorique. Ca se prête à la situation. « Comment dit-on, dans les contes, Monsieur Drake ? » Il n’est pas Bobby, il est Monsieur Drake, encore, comme un autre affront, comme un énième signe de cassure. « Il n’est rien de plus puissant qu’un baiser d’amour sincère ? » Le bleu de ses yeux luit d’un éclat différent, plus froid, comme sa voix n’est plus faite de douceur ou d’hésitation. Cassure. « Un coeur gelé ne ressent plus ni douleur ni désir. » Un coeur bercé par la brise de l’hiver, enfermé dans un cercueil orné de flocons. Est-ce cela, qu’il veut ? Se perdre dans le vide, le néant de la solitude, comme elle, comme ce qu’il lui reproche depuis tout ce temps ? Très bien. Elle va l’y aider. Et court la morsure de son don qui s’infiltre, brûlure amère. Qu’il lui en veuille n’est pas le problème, elle a fait son temps entre les murs de l’institut, en revanche il n’a pas le droit de lâcher prise. Trop d’élèves comptent sur lui.

Il croit n’être rien sans Malicia. Il la conforte sur l’inutilité des sentiments - ils n’existent que pour malmener l’humanité. Qu’une faiblesse béante dans l’âme des Hommes. La prise se relâche et le pouvoir dont elle usait s’efface. Ne reste qu’un peu de givre sur la peau, au niveau de son torse, sous ses vêtements. Elle a fait un effort dont il ne veut pas, qu’il reste, qu’il se laisse mourir, pitoyablement, elle en fera de même du bon côté de la barrière, celui auprès duquel elle aurait dû rester, avec la Confrérie, avec Mystique, avec les terroristes de la première heure. « Faites ce que vous voulez. Mes plus tendres adieux, monsieur. » Les plats resteront là. Sa colère ne trouvera pas d’apaisement, sa tristesse ne se soignera pas auprès d’une femme qu’il déteste. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Croyait-elle sincèrement qu’il serait réconforté par un fondant au chocolat et quelques pommes de terres en sauce ? Il avait cependant l’estomac aussi vide qu’elle et cela la contrariait plus que de raison. Non, écarter les sentiments, partir, laisser de côté une quelconque culpabilité. Malicia en aurait trouvé une autre, si ça n’avait pas été elle. Une excuse, une mauvaise excuse.

L’une des deux chaises disparaît, fond, tandis qu’elle attrape le sac, en extirpe un livre de psychologie récupéré dans le salon, oublié il y a quelques jours. Elle le jette dans la neige, referme le léger bagage et le place à son épaule. « Je vais éviter le baiser de départ, il pourrait vous tuer. » L’ironie est sévère, la référence au conte mauvais signe. La Reine des Neiges n’était-elle pas un être forgé de vide et d’absence émotionnelle ? N’était-ce pas l’ultime échec ? Snow s’en va, retourne littéralement vers son passé, fait le chemin à l’envers, de l’Institut et de la souffrance à ce rien terrorisant, capable de tuer sans remords. Peut-être qu’elle a peur mais elle ne le montre pas. Peut-être que la couche gelée qui glisse de ses doigts à son bras est un symbole indéniable de crainte. Elle en repousse les conséquences et, à son tour, tourne les talons, il allait vers la bâtisse, elle choisit le portail. La liberté et le silence.  
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song of the caged bird

Il sait ce qu’il encoure. Il connaît Snow. Bien plus qu’elle ne le croit. Elle a des tendances à la susceptibilité, à la vexation. Elle a passé du temps à cuisiner, à supporter la chaleur. Elle veut probablement lui faire plaisir. Mais il s’en fiche. Il trouve même une certaine satisfaction à lui tourner le dos. A s’éloigner. Il y trouve une certaine joie, oui. Pour une fois qu’il se comporte comme le premier des abrutis avec elle et que ce n’est pas l’inverse. Ce soir, il la repousse, en échange de toutes les fois où elle l’a fait. Ce soir, il la repousse pour ce qu’elle a fait le soir de sa crise. Ce soir, il la repousse pour toutes les prochaines fois. Car, il y aura des prochaines fois. Il s’éloigne. Il savoure l’idée de retourner dans son bureau. De s’éloigner d’elle. Un pic survient, manquant de lui embrocher le pied. Quelques centimètres. Il est à quelques centimètres de lui. Ses poings se ferment. Déterminé. Énervé. Il ne va pas se laisser faire par ses propres techniques. Il contourne le pic. Il a à peine le temps de faire un pas de côté. Il a à peine le temps de passer à côté de l’obstacle qu’il la sent. La douleur. La piqûre du froid. Il sent son coeur ralentir. S’atrophier. Il cherchait un remède contre la douleur de la rupture. Snow l’a trouvé pour lui. Il suffoque. Il lutte pour faire battre son coeur. Il sent son corps se dérober sous son poids. Il s’effondre. Il oublie ce que c’est que d’avoir du sang qui circule dans les veines. Il oublie la sensation de vivre. Il ne pense qu’à la douleur. De son coeur qui se contracte, qui implose de l’intérieur. De son coeur qui le pince, qui lui arrache une grimace. Elle parle, mais il n’entend pas. Il n’écoute pas. Sa voix n’est qu’un brouhaha dans ses oreilles. Il est assourdi par le froid. Il est assourdi par la mort. Elle recommence. Elle le tue de nouveau. Elle cherche à le nuire. Il est incapable de se transformer. Il est paralysé par la douleur. Touchez le coeur et tout le reste est handicapé. Enfin, la pression sur son organe se relâche. Le corps réchauffe les liquides, le sang afflue, les cellules se rengorgent. Il met un genou à terre. Il s’appuie au sol, avec ses mains et se relève. Elle a osé. Il se retourne. Il la fusille du regard. Il lui a fait confiance. Il lui a confié l'épisode où elle a failli le tuer. Elle l’a retourné contre lui. Elle a récidivé. Elle en a rien à foutre qu’il ait pu mourir. Elle n’a même pas une once de pitié dans le regard. Aussi froide et hautaine que lors de leur première rencontre. Elle n’a jamais été Snow. Elle a toujours été Prudence. “Faites ce que vous voulez. Mes plus tendres adieux, monsieur.” Il faut toujours qu’elle fasse dans le mélodramatique. Il faut toujours que les gens l’appellent, lui crient dessus, la supplient de revenir. Une vraie diva. Et dire qu’il a essayé de l’aider. Qu’il a essayé d’être son ami. Gentil, bien trop gentil. Et naïf. Ce n’est que la deuxième perte en quelques jours. Il peut s’en remettre. Elle récupère un sac. Elle a tout prévu. Son plan se dévoile sous les yeux de Bobby. Elle pensait le faire manger à en crever et lui annoncer son départ. Chouette plan. Encore une mise en scène. Elle extirpe un livre qu’elle balance par terre.

Il ne jette pas un oeil à la couverture. Peu importe de quoi il s’agisse. Il ne se rabaissera pas à ramasser ses merdes. Il l’a fait pendant plusieurs jours, avec ses plaques de verglas. “Je vais éviter le baiser de départ, il pourrait vous tuer.” L’ironie ne le fait pas rire. Elle ne lui arrache même pas un semblant de sourire. Il lui en veut terriblement et elle, elle se casse. Elle ne cherche pas à s’excuser. Elle ne cherche pas à réparer ses erreurs. Elle part. Tout simplement. Elle tourne le dos à une personne qui peut avoir besoin d’elle. Elle a trop appris à être seule pour se soucier d’une personne. Elle n’a pas le droit de quitter l’Institut. Elle n’a pas le droit de s’en aller, sans un regard en arrière. Sans une excuse. Sans un remerciement. De sa main, il vise les pieds. Il laisse la glace s’échapper de sa paume pour venir manger les pieds de Snow. Ou Prudence. Il ne sait plus à qui il parle. Encore. La glace stoppe sa progression. L’empêche de faire un pas. L’avantage avec leur mutation se trouve dans la maîtrise d’un même élément, mais à des températures différentes, à des degrés différents. Alors, il peut encore quelque chose contre elle. “C’est quoi le but de tout ça ? Faire tes adieux ?” Il est convaincu qu’elle n’a prévenu personne. Disparaître, s’évaporer dans la nature. Comme si personne ne se souciait d’elle. Elle se trompe. Malgré la colère, elle ne peut pas partir. Elle n’a pas encore réussi à trouver sa place. Mais elle ne la trouvera pas ailleurs. L’Institut est le meilleur allié qui soit. Où ira-t-elle ? Il est hors de question qu’il la regarde retourner dans les bras de Mystique et de la Confrérie. Il ne la laissera pas faire. “Tu sais que je ne vais pas te regarder partir.” Elle a contribué à la rupture de son couple et il compte bien le lui faire payer. Se venger en l’assommant de questions. Se venger en lui affligeant des séances de psychologie. Elle ne sera plus jamais tranquille. Il ne lui laissera pas de répit. Quand bien lors, elle rejoindrait la Confrérie, il sera toujours là pour se dresser sur sa route. Si elle pense se débarrasser de lui, elle se trompe. Il abaisse sa main, laissant le soin à la glace de libérer sa prisonnière. “Tu ne partiras pas avant de m’avoir expliqué.” Il ramasse le livre de psychologie. Il approche de la table, mirage réel au milieu de cette douce nuit. Il pose l'ouvrage à côté d’une assiette. Il hésite, mais il finit par s’asseoir sur l’unique chaise. Il n’a pas terminé d’épuiser sa colère et son amertume envers elle. Mais il y a toujours cette promesse et ce besoin de lui venir en aide. Comme un besoin omniprésent.

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La glace mord sur ses pieds, la clouant au sol. Il s’est donc relevé plus rapidement qu’elle ne s’y attendait. Le visage se baisse sur la prison froide. Si froide. Comme cette sensation qui grignotte déjà son bras. Elle n’a pas le temps de comprendre ce qu’il se passe ; le lien se fait seul sur la frêle enveloppe charnelle qui sert de catalyseur. « C’est quoi le but de tout ça ? Faire tes adieux ? » Elle ne répond pas, terrorisée, tétanisé. Le givre l’enveloppe, la glace épouse ses formes avec une vitesse déconcertante, jusqu’à figer la longue chevelure blonde. Quelques secondes, tout au plus, avant que la surface ne vole en éclats, virevoltant autour d’eux. Il l’avait libérée trop tard. Elle termine la course de l’adrénaline à genoux dans la neige. « Tu sais que je ne vais pas te regarder partir. » Pourquoi pas ? Pourquoi il ne la laisserait pas partir, pourquoi il ne lâcherait pas prise ? Il voulait qu’elle s’éloigne, et elle a provoqué une catastrophe ! Une irréversible catastrophe en étant la femme de trop. Le comble était sans doute qu’elle n’ait jamais songé à convoiter Bobby, certes charmant mais pris, et tellement diamétralement opposé. Il était pourtant un des rares êtres qu’elle puisse serrer dans ses bras sans douleur, embrasser sans faire souffrir. Et là, les mains dans la neige, elle réalise que le quiproquo ne cesserait qu’avec son départ. Partir, d’ailleurs, empêcherait la naissance d’une quelconque convoitise du chat envers le chien. Relation éminemment toxique. « Tu ne partiras pas avant de m’avoir expliqué. »

Il s’est assis. Elle ne s’en rend compte qu’en se relevant. Son coeur bat à tout rompre mais elle est vivante. Elle ne s’est pas asphyxiée sous la surface translucide. Elle a bien cru y passer, pourtant, elle songe que c’est la première fois qu’il se passe une chose pareille. La première fois que deux parts de glace venant d’eux en arrivait à se lier de la sorte. Elle n’a rien pu contrôler, rien. « T’expliquer quoi ? » C’est un peu tremblant, comme si sa voix menaçait de s’éteindre, mais il n’y avait plus de vous, elle en supprimait déjà la distance en se rapprochant de lui. « Ta copine m’a accusée de te chauffer et s’est servie de ce prétexte pour faire exploser dix ans de ta vie. Et toi, tout gentil que tu es, t’as rien vu venir ? Peut-être que j’aurais dû me taire mais ça n’aurait rien changé et tu le sais. » Les paroles sont aussi détachées en surface que pleine d’impact au fond des yeux trop bleus. « Je ne convoite pas les hommes pris. C’est un péché. » Et si les dieux existaient, peut-être tous les préceptes n’étaient-ils pas bons à jeter. Est-ce que c’est marqué, dans son dossier ? L’Eglise tous les dimanches et sa mère l’accusant d’être le réceptacle d’un démon ou créature née maudite ? Elle a toujours offert le visage de l’indifférence à la religion, aux croyances, mais qui emprunte les livres d’Histoire, de légendes, de courses effrénées contre les sorcières ? Gamine blessée, un peu. « J’ai toujours été l’ère glaciaire dans la vie de ceux que j’aime.. » Ceux que j’aime. Ca tombe tel un doux flocon contre le coeur. Elle a voulu geler le sien, pour le solidifier, l’empêcher de fondre. Son propre organe trop fragile ne s’en dévoile qu’avec plus d’évidence.

Sa main prend le temps de soulever la cloche couvrant l’assiette. Elle ne mangera pas, lui en revanche le devait. Il faisait peur à voir. La table est agrandie, un peu, pour poser l’objet. Un soupir sombre. « Et je t’ai assez .. malmené. Malicia sera ravie que je disparaisse et je ne manquerai à personne. » Le baiser qu’elle pose sur sa joue est tendre. La température, elle, en chute libre. Ca recommence. Cette mutation capricieuse qui s’affole quand s’ébranle la stabilité émotionnelle. La blonde ne semble pas se rendre compte qu’elle est encore menacée par l’élément dévastateur. Elle ne sait plus si elle a chaud ou si elle a froid, si elle est calme ou au bord des larmes. Elle tremble juste un peu. Au fond, elle n’avait jamais pris la peine de faire des adieux. C’est plus difficile qu’elle ne l’imaginait.  « Laisse-moi partir.. » S’il te plait. Prudence ne veut pas être, plus encore, cause de ses malheurs, des rumeurs. On avait déjà trop tendance à les considérer comme des sortes d’échos. Elle voudrait bien nier son affection à son égard mais il l’avait sauvée, plusieurs fois, il l’avait épargnée autant qu’aidée. Il s’était montré patient, et dans toute sa rancoeur envers le métier qu’il exerçait, elle n’avait pas pu s’empêcher de l’admirer, un peu, de l’apprécier, de le détester, de chercher sa présence, le tout dans un mélange aussi explosif qu’inconcevable.
Bobby, je ne veux pas faire de mal.  
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song of the caged bird

Il s’assoit à la table. Il attend. Il attend le deuxième round. Celui qui mettra fin à leur perpétuel combat. Mais celui-ci, il veut qu’il soit verbal. Il a besoin de comprendre. Il a besoin de connaître ses motivations pour la laisser partir. Elle a toujours eu des difficultés à faire sa place à l’Institut. En trois ans, il est une des seules personnes avec qui Snow a seulement lié une amitié. Au départ, rien. Juste des silences. Une présence. Il la provoquait. Il la poussait à bout. Il cherchait une faille. Ensuite, quelques mots. Des mots qui sonnaient comme de petites victoires. La fille muette a repris la parole après des mois dans le silence. Maintenant, tout est parti en miettes. Elle s’est enfoncée de nouveau dans le silence. Comme si il était le seul à pouvoir la faire parler. Des années foutues en l’air. Pourquoi ? Parce qu’il lui a demandé de rester en dehors de son couple. Parce qu’elle a assisté à une scène qu’elle n’aurait pas dû voir. Parce qu’elle a précipité un couple dans la chute. Elle se renferme de nouveau sur elle. Elle doit au moins se rouvrir. Une fois. Une dernière et unique fois. Alors, il attend. Il attend ce deuxième round. Il espère ne pas être obligé de la geler une nouvelle fois. Blesser les autres ne lui fait pas plaisir. Leur faire peur est un sentiment de puissance qui l’effraye. Il ne veut pas être de ceux-là. Il préfère être de ceux qui apportent le soutien et le bonheur dans la vie des gens. Pas celui qui détruit tout. Pas celui qui effraye. Pas celui qui manipule. Il l’a gelée. Pas par plaisir, mais pour lui montrer ce que cela fait. Elle utilise son pouvoir à outrance, pour punir les autres. Elle lui a gelé le coeur comme elle aurait gelé une feuille. On ne joue pas avec ses pouvoirs. On ne joue pas avec les craintes des autres. Il lui a prouvé que faire croire à l’autre qu’il était sur le point de mourir n’est pas une belle chose. Il ne la regarde pas. Il se doute qu’elle va finir par venir. Quand elle se sera remise de ses émotions. “T’expliquer quoi ?” Elle a laissé tomber le vouvoiement. Ce vouvoiement qu’elle utilise pour créer une distance entre eux. Elle revient au tutoiement. Elle reprend la parole. Elle veut de nouveau lui parler, à l’ami. Pas à Monsieur Drake. “Ta copine m’a accusée de te chauffer et s’est servie de ce prétexte pour faire exploser dix ans de ta vie. Et toi, tout gentil que tu es, t’as rien vu venir ? Peut-être que j’aurais dû me taire mais ça n’aurait rien changé et tu le sais. ” Elle lui envoie des pics. Elle lui balance ce qu’elle pense. Il accepte. Il avale les critiques. Elle lui reproche encore d’être gentil. Toujours trop gentil. C’est son principal défaut, apparemment. La gentillesse n’est pas un défaut. C’est une qualité dont beaucoup de personnes sont dépourvues. Elle a pu l’aveugler à quelques instants. Elle a pu lui donner trop d’espoirs. Mais ce n’est pas un défaut. “Je ne convoite pas les hommes pris. C’est un péché.” Un pêché. Le mot sonne étrangement. Il n’a jamais entendu Snow parler de religion. Il ne l’a jamais entendue faire référence au Bien et au Mal. Aux péchés, encore moins. Face aux problèmes, elle se cache derrière les apprentissages de ses parents. Malgré elle.

J’ai toujours été l’ère glaciaire dans la vie de ceux que j’aime..” Cette fois, il se tourne vers elle. Il la dévisage. Il a le sentiment qu’elle vient de lui dire qu’elle l’aime bien. Ou, il se donne trop d’importance. Il faut qu’ils se déchirent, qu’ils s’infligent la mort pour qu’elle dise cela. Sa révélation est contraire à sa fuite. Elle croit le protéger en s’éloignant ? Elle croit l’épargner en partant ? Elle se trompe. Elle soulève l’une des cloches. Il ignore comment il va pouvoir manger tout cela. Mais il est capable de prendre le temps de le faire, de tout saucer, de tout goûter. Il le fera pour convaincre Snow de rester à l’Institut. “Et je t’ai assez .. malmené. Malicia sera ravie que je disparaisse et je ne manquerai à personne.” Entêtée, elle est entêtée. Elle est persuadée qu’elle est une gêne. Elle est la seule à le croire. Bien sûr que Malicia lui a reproché sa présence, mais seulement parce quelle portait à confusion. Elle lui a reproché sa présence parce qu’elle ne comprenait pas. Et maintenant, Malicia n’est plus là. Il l’a laissée sans aller, sans se battre. Parce que c’est ce qui devait être fait. Snow n’est pas obligée de partir. Elle a sa place ici, tout autant que n’importe quel mutant. Tout autant que lui. Elle dépose un baiser sur sa joue. Un baiser froid, doux. Sa signature lorsqu’elle s’ouvre. “Laisse-moi partir..” Dans son regard, elle a envie de partir. Elle ne demande que ça. Mais elle veut son autorisation. Sa bénédiction. Il n’est pas sûr de pouvoir lui donner. Il n’est pas sûr de vouloir regarder une nouvelle personne s’éloigner de lui. Mais il n’est personne pour l’obliger à rester, si ce n’est qu’un ami. Un ami doit être là. Il doit comprendre. Il doit conseiller. Il doit laisser l’autre prendre sa décision. Il met de côté sa rancoeur. Sa colère. Elle ne veut pas d’une personne énervée. Elle veut son ami. “Tu veux bien t'asseoir ? Je ne vais pas réussir à manger tout ça sans aide.” Il désigne l’assiette en face de la sienne. Il commence à servir le premier plat dans les deux assiettes. Si elle a envie de s’en aller, il ne peut pas la retenir. Mais, il peut au moins la convaincre de rester quelque temps. Juste assez pour l’aider avec ses pouvoirs et ses souvenirs. “Tu comptes aller voir Mystique ? Tu sais très bien qu’elle n’a rien de plus à t’offrir.” L’idée qu’elle puisse passer à l’ennemi, mais qu’en plus, elle se dirige vers Mystique… Il s’énerve d’avance. Mystique est une mutante sans pitié, sans limite. Elle s’amuse à manipuler, à tromper, à détruire. Elle a failli avoir Bobby. Elle a réussi quelques minutes. Snow ne peut pas rejoindre une personne pareille. Elle mérite mieux. Il s’empare de la fourchette et la plante rageusement dans une pomme de terre. N’importe qui, mais pas la Confrérie. Sa seule requête. Il prend une inspiration. “Tu as raison de dire que tu n’y es pour rien dans notre rupture… Nous avions tous les signes avant-coureurs. Disons que tu as abrégé les souffrances. Je suis désolé pour ça...” A cette pensée, il sent son coeur se contracter douloureusement. La rupture n’a été causée que par eux deux. Ou du moins, par lui. A cause de son comportement. A cause de sa gentillesse. A cause de son amour. Il n’a pas fait ce qu’il fallait au bon moment. Et le voilà maintenant, une loque humaine.

Il mâche la pomme de terre avec soin. Il ne peut pas le nier : elle est douée ! C’est bon, bien mieux que ce qu’il est capable de faire. Bien mieux que ce qu’il a mangé ces derniers jours. Son estomac semble se réveiller. Réanimé par le goût de la bonne nourriture. Mais Bobby repose sa fourchette à côté de l’assiette. Il plante son regard dans celui trop bleu de Snow. En trois ans, et même s’ils ne se sont pas toujours parlés cordialement, il a réussi à connaître une part d’elle. Il a réussi à voir une fragilité qui le touche. Il a réussi à l’apprécier. Tout simplement. “Tu sais très bien que tu vas manquer à des gens, ici. Les professeurs s’inquiètent pour toi. Et même moi… Ta place est ici, Snow.” Elle ne trouvera de l’aide nulle part ailleurs. Elle n’est pas même pas certaine d’être accueillie à bras ouverts là-bas. Après tout, elle a changé de camp. Qui sait si elle ne ferait pas jeter pour trahison ? Elle ne peut être sûre de rien. Sa meilleure chance est de rester.

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Dernière édition par Robert L. Drake le Mer 14 Oct - 17:45, édité 1 fois
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Song of the Caged Bird.
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« Tu comptes aller voir Mystique ? Tu sais très bien qu’elle n’a rien de plus à t’offrir. » Prudence s’est assise, comme il le lui a demandé. Un geste de la main a reformé une chaise dans une texture d’abord neigeuse, puis solidifiée jusqu’à l’état de glace. Peut-être sa nervosité a-t-elle rendu les étapes beaucoup plus visibles. Comme si elle sculptait au coeur d’un nuage froid. C’est étrange, un tête à tête autour d’un repas. Trop habituée à s’isoler, elle est un véritable courant d’air quand il s’agit de manger, évitant les contacts et les présences. Elle fait l’effort, cependant, pour lui, pour ne pas qu’il soit seul avec les pommes de terre. « Bobby.. » Le murmure est si bas qu’il ne semble pas l’avoir entendu. Il lui explique qu’elle n’est pas responsable de la rupture, qu’elle l’a seulement précipitée, et il a mal. Elle voit bien qu’il a mal. Un sentiment d’impuissance l’étreint, un écho criant d’une période heurtant la barrière de sa mémoire. Elle ne parvient pas à se rappeler pourquoi la situation la touche, toute persuadée qu’elle est de ne jamais avoir aimé. « .. J’ai vu Mystique.. » finit-elle par avouer. Mieux vaut ne pas s’alourdir sur la séparation sans justifier son désir de partir. La nécessité de partir. Parce que ça devient un besoin, la fuite, profiter de cette période avant d’être trop attachée pour s’éloigner. Idiote. « La-La dernière fois que nous sommes partis chercher une mutante égarée.. tu étais en bas et je me suis glissée à l’étage. Mystique.. » La phrase meurt au bord de ses lèvres. On jette toujours Pyro en travers du chemin de Bobby, comme un sale automatisme et on oublie Snow, parce qu’on la croit encore bien trop souvent morte. Ses attaques sont si discrètes qu’on ne sait pas bien ce que fait cette blonde vaguement familière, pas avant de voir trembler les adversaires, frigorifiés. On jette les flammes contre la glace, et la neige s’évade trop vite, trop peu repérable. Une inspiration, elle reprend la parole. « Elle a pris ton apparence avant d’être déstabilisée.. ils me croient morte.. » Elle a l’impression de devoir faire le deuil d’elle-même. La question qui trotte reste toujours la même : effacent-ils si simplement ? Etait-il possible que certains aient entre les mains les morceaux du puzzle qui lui manquent ? Un rire gêné s’échappe, une teinte cristalline noyée dans l’émotion tremblante. « Elle s’est demandée ce que je foutais avec toi, dans cet uniforme. » Il y avait de quoi rire, avouons : Snow Queen amputée de la moitié de son pseudonyme, passant de sa tenue blanche à l’austérité du noir estampillé X-Men, non loin de son ennemi de toujours. Jeune femme tellement maladroite socialement, tellement hors de contrôle, pourtant terriblement droite et efficace en mission. Elle est capable de se sacrifier pour accomplir ce qu’on lui demande, aussi surprenant que cela puisse être. Un paradoxe inconcevable.

« Mystique peut m’apprendre, me rendre ce que j’étais.. » Il y a un vide, un trou béant. Prudence se sent profondément incomplète, profondément déphasée, perdue entre les exactes oppositions de sa personnalité. Il y a un manque, il y a la peur et la perte d’espoir. La fourchette pousse une pomme de terre. Et le regard de Bobby se plante dans le sien, la faisant rougir - elle n’a pas pu l’éviter, cette fois, ce bleu, si clair, si pur. « Tu sais très bien que tu vas manquer à des gens, ici. Les professeurs s’inquiètent pour toi. Et même moi… Ta place est ici, Snow. » La bouche s’ouvre mais rien n’en sort. Parler, c’est compliqué, parler c’est se heurter aux difficultés sociales. Alors elle pose sa fourchette et tend sa main, maladroitement, pour prendre la sienne, celle qui est libre. Elle n’a que le contact à lui offrir, à défaut des mots. Elle fuit les peaux étrangères comme la peste mais pas avec lui, sa température est une brise délicate, et il ne lui fait pas peur. Il la rassure.

« J’en étais sûre ! » Les doigts lâchent ceux de l’homme, comme une brûlure, au son de la voix qui s’élève. Aneliese, grande et jolie brune, enroulée dans un gros manteau, a l’air d’avoir trouvé le scoop de l’année. C’est bien le problème, avec miss potins. « T’es partie en laissant ta glace fondre dans la chambre, là, mais je t’en veux pas, je comprends mieux ! Quand les autres vont savoir ! » Elle glousse. Quand Prudence affirmait au psychologue que sa camarade de chambre était idiote, elle se faisait réprimander, maintenant, il allait subir la passion des ragots. Elle n’est pas foncièrement bête, simplement idéaliste, et détester Snow n’était pas aussi important qu’avoir une bonne histoire à écrire - oui, quand on rêve de devenir journaliste. Inconsciente. « Le coeur de glace, c’était juste pour me pourrir la vie ! Monsieur Drake est quand même trop bien pour toi ! » Elle ne dit rien. Snow ne commente pas. Ca dure tout le monologue, ce mutisme, les yeux rivés sur les pommes de terre. « La ferme, Aneliese. Juste : la ferme. T’as pas le soleil pour réchauffer ton monde, ne perds pas ce détail de vue. » Le ton est digne de l’arctique, teinté d’autant d’agacement que d’une sorte de blessure pas véritablement identifié. La brune joue avec la lumière et la chaleur, capable de réfracter les rayons pour faire fondre ce qui l’entoure. Elle ne s’entendent pas, elles sont aussi différentes que l’astre de jour et l’astre de nuit. Et Prudence se lève, bien trop mal à l’aise pour rester. Le bord du lac figé sur lequel elle passe sert de refuge.
Ce dîner ne se fera jamais.
La réconciliation toujours compromise.
Et la confiance de Prudence s’est noyée dans les phrases de celle qui ne sera décidément jamais son amie.  
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Il ne sait même pas ce qu’il attend de ce repas. Il joue le jeu parce que c’est ce que Snow veut. Il joue le jeu parce qu’il a besoin de lui parler. Sans colère, sans animosité, sans amitié non plus. Juste lui parler. Lui exposer les faits. Il ne se fait pas d’illusions. Snow vient de la Confrérie. Elle a débarqué ici, uniquement parce qu’ils l’ont trouvée. Sur le moment, elle n’a eu aucune envie de partir. Mais il semble logique qu’elle retourne un jour dans le groupuscule. A dire vrai, personne ne s’était attendu à ce qu’elle reste aussi longtemps. Même Bobby ignore ce qui a retenu Snow, à l’Institut. Certainement pas les amitiés. Encore moins les cours. Mais si elle est restée entre ses murs, c’est qu’il y a une raison. Pourquoi ne pas reprendre cette raison pour séjourner plus longtemps ? Il fait semblant de ne pas entendre Snow. Il ne lui répond pas. Il ne veut pas. Il n’a pas envie d’écouter. Enfin, il aimerait ne pas écouter. Car chaque mot s’imprègne dans son cerveau. Chaque phrase se forme et l’alerte. Il sent son dégoût, sa colère se réveiller. Il sent que sa haine pour Mystique s’accroît. Il ne supporte plus cette femme. Elle a déjà semé la douleur chez Malicia bien des années plus tôt, en utilisant son apparence. Elle a recommencé avec Prudence. Elle a même poussé le vice jusqu’à adopter le physique de Malicia pour qu’ils s’embrassent. Où qu’elle aille, Mystique crée le chaos. La douleur. Les tensions. Elle n’a aucune limite. Aucune morale. Tout ce qui l’intéresse est de détruire les liens. Ça en est assez. Il entend tout ce que dit Prudence. Mais il ne veut pas réagir. Elle n’y est pour rien. Son comportement n’est que la réaction à une énième manipulation de Mystique. Elle la convoite comme on convoite un objet. Elle lui fait de belles promesses, sans suite derrière. Elle cherche à la récupérer dans leur camp, seulement pour ses pouvoirs, seulement pour ce qu’elle peut apporter. Seulement parce qu’elle pourra la dresser contre les X-Men. Seulement pour mieux la manipuler. Il n’a pas faim. Il n’a plus faim. Une boule s’est formée dans sa gorge. Il n’est pas capable de manger davantage. Il repose doucement sa fourchette à côté de l’assiette. Il essaye de prendre sur lui pour ne pas éclater. Il aimerait avoir Mystique devant lui pour lui arracher les yeux. Il aimerait lui dire ce qu’il pense de son comportement. Mais même avec ça, elle s’en foutrait. La manipulation est une seconde nature chez elle. Elle ne peut pas s’empêcher de gagner la confiance des autres. Elle ne peut se retenir de créer les tensions. C’est instinctif. Il fait abstraction de sa colère. Il la repousse quelques instants. Juste pour dire à Snow qu’elle peut rester. Qu’elle aura toujours sa place dans l’Institut. Son visage se teinte de rouge. A croire qu’elle n’a pas l’habitude qu’on lui dise cela. A croire qu’elle ne pense pas mériter les attentions des autres. Elle enveloppe sa main de sa fraîcheur naturelle. Les doigts entremêlés, il se demande ce qu’il y a derrière ses yeux bleus. Pour qu’elle aille jusqu’à lui prendre la main. Pour qu’elle dépasse le stade du bisou sur la joue.

J’en étais sûre ! ” La voix surgit de nulle part. Comme sa propriétaire. Bobby tourne la tête, pendant qu’il sent les doigts de Snow s’échapper. Il reconnaît le visage de la colocataire. Il ne lui a jamais parlé. Il ne sait d’elle seulement ce qui est noté dans ses dossiers. Aneliese. Un peu trop avancée dans la crise existentielle, mélangée à la superficialité et à la prétention, pour qu’elle puisse se rabaisser à passer le pas de sa porte. Alors, il a seulement entendu parler d’elle. Par les professeurs. Et par Snow. Ce n’est pas l’amour fou entre elles deux. Et pour cause… Bobby sent le rouge lui monter aux joues. Ils sont surpris à un dîner en tête à tête. Et ils se touchaient. Il comprend pourquoi Malicia a préféré partir. Pourquoi elle a senti qu’ils se passaient des choses ambiguës. C’est pour des gestes comme ceux-là qu’elle a préférés s’éloigner. “T’es partie en laissant ta glace fondre dans la chambre, là, mais je t’en veux pas, je comprends mieux ! Quand les autres vont savoir !” Quand les autres vont savoir… Non, surtout pas ! Il se lève précipitamment de la chaise. Les autres ne doivent pas savoir. Et dire que la situation fait glousser cette dinde ! Elle ne sait pas ce qui est en jeu. Elle ne sait pas le mal qu’elle va créer. Elle est encore pire que Snow. “Le coeur de glace, c’était juste pour me pourrir la vie ! Monsieur Drake est quand même trop bien pour toi !” Bordel. Il commence à en avoir marre qu’on lui dise qui est assez bien pour lui ou pas. Il commence à en avoir assez que l’on juge à sa place. Et surtout, personne n’a le droit de dévaloriser quelqu’un d’autre. “La ferme, Aneliese. Juste : la ferme. T’as pas le soleil pour réchauffer ton monde, ne perds pas ce détail de vue.” Ces derniers jours le mettent à bout. Trop d’évènements arrivent. Trop de départs. Trop de blessures à réparer. Aneliese est un problème de plus. Il n’a vraiment pas le temps de s’occuper d’une étudiante en mal de potins. Trop de fatigue, pas assez de patience. Il prend une inspiration. Il laisse la colère déferler dans ses veines. Telle une décharge d’énergie. Il lève une main autoritaire en direction de Snow. “Ca suffit, Prudence.” Il pose son regard sur Aneliese. Il n’a pas voulu croire Snow quand elle lui a dit que sa colocataire était envahissante, casse-pieds et immature. Maintenant, il la croit. Malheureusement pour Aneliese, il n’est pas aussi doux et gentil que d’habitude, ce soir. “Tu ne vas rien dire du tout, Aneliese, parce qu’il n’y a rien à dire. Je n’ai pas fait de vrai repas depuis plus d’une semaine. Je crève de faim, d’accord ? Prudence a eu la gentillesse de me faire à bouffer. Alors, maintenant, tu arrêtes tes conneries et tu te comportes comme la femme de ton âge. Tu vas retourner sagement dans ta chambre. Tu ne vas parler de ce repas à personne.” Pour qu’elle se casse, il est même prêt à sacrifier une pomme de terre et un bout de gâteau. Juste qu’elle s’en aille. En espérant qu’elle n’a pas tout fait foirer avec Snow. Que celle-ci ne décide pas de partir, sans attendre la fin du repas.

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Song of the Caged Bird.
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Le regard que Snow pose sur Bobby est brusquement différent, parce qu’il a cessé d’être gentil, parce qu’il a montré un autre visage et, malgré elle, un sourire doux est venu fleurir sur sa bouche. Elle repose pourtant ses billes bleues sur l’horizon, silencieuse et docile, laissant tout le loisir à Aneliese de récolter ce qu’elle a semé - pour une fois. Toute franche et légere qu’elle est, et contre toute attente, la brune refuse de se laisser abattre et tend le cou vers l’autre silhouette, s’étonnant peut-être que sa camarade se taise si vite. « Je sais que vous allez pas bien monsieur, mais vous imaginez pas, Snow elle va vous briser la gentillesse. Elle est trop.. froide. Même si le froid c’est votre truc hein, j’en doute pas, juste.. des nanas qui jouent avec la glace, doit y en avoir des mieux. » Parce que considérer une seule seconde qu’Iceberg puisse s’intéresser à autre chose qu’à la mutation commune ne lui vient pas à l’esprit - et à bien y réfléchir, Prudence se dit continuellement que c’est tout ce qu’il voit. Les pommes de terre vont subir la température extérieure. Et le psychologue va perdre patience. Après un soupir, elle décide d’intervenir, revenant vers la table avec un calme un brin inquiétant quand on la connaissait un peu. « Aneliese, monsieur Drake est épuisé, tu veux bien rentrer ? Promis, en revenant, je te raconte tout ce que tu veux savoir. » Le scepticisme de sortie, l’interpellée piétine un peu sur place, les fixe un moment avant de tout simplement lâcher : « Tu mens. En plus franchement, si c’est pour pas pouvoir l’écrire, autant rester là. »

On dit que la patience est une vertu, mais elle n’est déjà pas prudente, qu’est-ce que vous voulez que Snow accepte de perdre de précieuses minutes en négociations infantiles, mh ? « Soit. Je vais être plus claire : tu dégages sans un mot à quiconque ou je te promets que tes prochaines nuits vont être dignes d’un séjour chez les ours polaires. » La menace fait son chemin. La jeune femme avait déjà eu l’occasion de subir les baisses involontaires de températures et ne voulait même pas réellement songer à ce que ce serait si ladite reine des neiges s’amusait à la frigorifier. Non, le jeu n’en valait pas la chandelle. « J’te préviens, en échange, j’veux des sorbets sans sucre ! » Prue lève les yeux au ciel. Sérieusement, comment quelqu’un pouvait encore croire que sa faculté consistait en une confection de glaces de toutes sortes ? L’idiotie n’avait décidément aucune limite.

Elle replace la cloche sur les pommes de terre. Elle ne veut pas rentrer les faire réchauffer au risque d’attirer l’attention alors elle dévoile le fondant au chocolat encore tiède, un sourire mutin aux lèvres. « Puisque tout le monde s’obstine à penser que je suis ta maîtresse, je propose de te réchauffer un peu. » L’humour pour détendre l’atmosphère, pour signifier qu’elle n’est pas fâchée et qu’elle ne tuera pas Aneliese - pas cette fois. Il saura le faire lui-même bien assez tôt. « Je suis désolée.. » poursuit-elle en lui coupant une part, sans croiser son regard. « Ne t’inquiète pas, je sais déjà tout ce qu’elle a dit, il n’y a aucune illusion ou ambiguïté. » Après tout, il est le psychologue et même si elle a passé le stade de l’adolescence effective, elle reste bien loin de celles qui pourraient l’attirer, c’est une évidence. « Entre toi et moi il n’y a que la glace. » Il s’occupe d’elle parce qu’il est le seul à pouvoir le faire, à pouvoir l’approcher sans risquer de claquer sous la morsure de l’élément capricieux. On n’est jamais trop prudent avec Snow. « Aucun homme ne serait assez stupide pour m’offrir quoique ce soit.. »

Elle fixe quelque chose à la surface argentée du plat à gâteau. Quelque chose qu’elle semble avoir du mal à définir, perdue loin, très loin dans ses souvenirs. Il y a une fêlure contre la barrière émotionnelle, une déchirure dans le voile de la mémoire. Une vague sensation d’avoir une raison de dire cela. Elle s’assied, déconnectée, sans se servir. « Bobby.. tes bras, s’il te plaît.. » Snow ne réclame jamais autant. Elle ne réclame d’ailleurs pas de contact, en dehors de cette nuit où elle avait si chaud, pourtant là, à la lueur de la lune, elle lui demande une faveur sans nom : elle veut ses bras, qu’il la serre contre lui, pas pour la réchauffer ou agir sur la température mais parce qu’elle en a besoin. Parce qu’un terrible sentiment de solitude l’étreint. Parce que la culpabilité se fait reine en son coeur. Parce qu’elle croit se souvenir d’un acte terrible qu’elle peine à renvoyer dans la pénombre.
« .. S’il te plait.. »
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Il n’y a donc rien qui pourra se passer correctement. Même pas ce dîner d’adieu. Son couple y est passé. Maintenant son amitié avec Snow. A croire qu’il a fâché quelqu’un quelque part. A croire qu’il attire les malheurs. Vivement que cette passade se termine. Vivement que tout revienne à la normale. Il hausse le ton pour parler à Aneliese. Il ne l’épargne pas. Il a déjà épargné assez de gens pour les dix prochaines années. Ce soir, plus que jamais, il manque de patience. Il est fatigué. Il est énervé. Il a faim. Il veut juste s’asseoir et profiter d’un dîner avec une amie qui s’en va. Il ne demande rien de plus. Rien de moins. Malheureusement pour Aneliese, elle arrive au mauvais moment. Elle devient son exutoire, malgré elle. Sauf qu’il ne la connaît pas. Il s’imagine qu’elle sera plus docile. Plus docile que Snow. Il se trompe. Elle est encore là quand il termine sa phrase. Elle est encore là à le regarder avec inquiétude. Il en a assez de cet intérêt pour lui, de cette pitié. Il n’a rien demandé. Il ne veut pas que l’on se soucie pour lui. Il veut juste digérer sa douleur, tout seul, dans son coin. Il veut juste un peu de temps. Une semaine n’est pas assez. Une semaine est trop courte pour faire le deuil de dix ans. Il n’ose même pas espérer de retour en arrière. Malicia lui a dit qu’il l’aimait trop. Elle lui a dit que ce n’était pas bon. Alors, il la laisse respirer. Il se fait oublier. Il se fait à l’idée de ne plus partager des moments avec elle. “Je sais que vous allez pas bien monsieur, mais vous imaginez pas, Snow elle va vous briser la gentillesse. Elle est trop.. froide. Même si le froid c’est votre truc hein, j’en doute pas, juste.. des nanas qui jouent avec la glace, doit y en avoir des mieux.” Mais bon sang, c’est quoi cette histoire ? Jamais il n’a vu Snow autrement qu’en amie. Enfin si, au début, il la voyait comme une patiente, comme une pensionnaire perdue. Pourquoi tout le monde insiste sur leur couple, alors qu’il n’y en a pas ? Et puis, l’image de leurs mains se touchant s'impose, au milieu de sa colère. Évidemment. Évidemment qu’ils ont l’air d’être en couple. Ils se retrouvent en plein milieu de la nuit pour un dîner en tête à tête. Et ils se touchent la main. LA MAIN. Toute cette scène pue le couple. Sauf que Bobby ne voit pas leur relation ainsi. Il ne voit que de l’amitié. Que de l’attention amicale. Il s’apprête à répondre, lorsque Snow s’en charge elle-même. Elle est plus calme. Plus sereine. Les rôles sont inversés, pour une fois. “Aneliese, monsieur Drake est épuisé, tu veux bien rentrer ? Promis, en revenant, je te raconte tout ce que tu veux savoir.” La gamine va être déçue. Soit, Snow ne reviendra jamais. Soit, elle tiendra sa promesse, mais n’aura rien à raconter. Il n’y aura pas de baiser échangé. Il n’y aura pas de déclaration d’amour passionnée. Il n’y aura que le récit d’un dîner entre deux amis. Elle croira sûrement que Prudence lui ment. Elle croira sûrement que les mensonges ne sont qu’un subterfuge pour protéger leur couple. “Tu mens. En plus franchement, si c’est pour pas pouvoir l’écrire, autant rester là.” Aussi coriace que sa colocataire. Snow et Aneliese se sont bien trouvées. Là tout de suite, Bobby aurait préféré le contraire. A un autre moment, il aurait pris le temps de négocier. Il aurait essayé de comprendre les motivations d’Aneliese. Il aurait trouvé un compromis. Certaines choses ont changé. Sa volonté de négocier aussi.

Soit. Je vais être plus claire : tu dégages sans un mot à quiconque ou je te promets que tes prochaines nuits vont être dignes d’un séjour chez les ours polaires.” Il se tourne vers Snow. Des nuits glaciales ? C’est ainsi qu’elle négocie, en menaçant ? Il ne souhaite pas imaginer ce qu’elle fait subir à Aneliese, à cause de son pouvoir. Apparemment, cette menace fait son effet. Au moins, Snow aura réussi. Cependant, elle n’esquivera pas une petite discussion à propos de cette histoire de température. “J’te préviens, en échange, j’veux des sorbets sans sucre !” Il lève un sourcil. Ils ont une tête à faire des sorbets ? Ils peuvent faire bien mieux. Bien plus intéressants. Les réduire à une glace est loin d’être valorisant. Sur ces paroles, Aneliese tourne les talons. Elle s’éloigne, en direction de l’Institut. Bien. Un problème de régler. Bobby sent la tension quitter ses épaules. Au moins, elle n’ira pas raconter à qui voudra l’entendre qu’il est en couple avec Snow. Si Malicia l’apprenait, tout espoir de la reconquérir un jour s’évaporerait. Il pose ses yeux clairs sur Snow. Maintenant, l’autre problème : son départ. Ou plutôt, sa fuite. “Puisque tout le monde s’obstine à penser que je suis ta maîtresse, je propose de te réchauffer un peu.” La situation la fait rire. Pas vraiment lui. Mais il esquisse un sourire. Parce que l’humour est rare chez Snow. Parce que la situation n’est pas si terrible que ça. Parce que c’est plutôt bien trouvé. “Je suis désolée... Ne t’inquiète pas, je sais déjà tout ce qu’elle a dit, il n’y a aucune illusion ou ambiguïté.” Elle s’est posée des questions auxquelles il n’avait même pensé. Elle a vu une possibilité d'ambiguïté là où il n’en voyait pas. Il ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. “Entre toi et moi il n’y a que la glace.” Elle pense savoir qu’il n’y a que la mutation pour les rapprocher. Qu’il n’y a que ce gène commun pour les réunir. Ce point commun est renforcé par autre chose. Par un lien qui se crée et les lie l’un à l’autre. “Il y a aussi un peu d'amitié, non ?” Elle lui coupe un morceau de gâteau. Terminé les pommes de terre. On passe directement au dessert. Lui qui pensait prendre son temps pour la faire flancher. Pour la convaincre de rester. Il ne lui reste plus beaucoup d'occasions. Il sent que Snow va s’en aller, elle aussi. “Aucun homme ne serait assez stupide pour m’offrir quoique ce soit…” Elle se fait du mal en pensant cela. Elle se fait du mal en le croyant. Il ne comprend pas ce besoin de s’isoler. Il veut intervenir. Lui dire qu’elle pourrait aimer. Lui dire qu’elle pourrait vivre avec quelqu’un, sans le tuer. “Entre toi et moi il n’y a que la glace.” Il sent comme une blessure profonde en elle. Une blessure enfouie, presque oubliée. Un remords de ne pas pouvoir vivre l’amour avec quelqu’un. Une déception de ne pas réussir à aimer. Cette solitude la blesse. La ronge. “Aucun homme ne serait assez stupide pour m’offrir quoique ce soit…” Il assiste à son auto-flagellation. Comme si elle se repoussait elle-même. Comme si elle se punissait pour son pouvoir.

Il reste silencieux. Il ne trouve pas les mots afin de la rassurer. Il n’arrive pas à lui dire qu’elle n’a pas à se comporter ainsi. Il ne sait pas comment lui dire qu’elle pourrait aimer, comme n’importe qui. Il aimerait lui assurer que la chaleur corporelle n’a pas d’influence. Il voudrait la réconforter en lui disant que l’amour viendra un jour. Il ne trouve pas les mots pour le dire. Le silence s’installe. Il la dévisage. Il a une personne différente devant lui. Encore une nouvelle facette de Snow. Après la colérique, l’émotive, la fragile, voici la romantique en mal de passion. La romantique qui ne s’autorise pas l’amour. “Bobby.. tes bras, s’il te plaît… S’il te plait…” Il agit, sans réfléchir. Obéissant seulement à un besoin. Il se rapproche de Snow et l’attire contre lui. Elle lui fait l'effet d'une enfant perdue. Elle l’est, en quelque sorte. Il n’est plus question de manger. Il est question de parler. De réconforter. Il n’y a plus de rapport de patient à psychologue. Il n’y a que deux amis. Dans le silence de la nuit, il prend la parole doucement. “Tu es tellement dure avec toi-même. Tu te crois dangereuse pour les autres. Mais c’est faux. Depuis que tu es ici, nous avons dénombré zéro cas de congélation instantanée. Juste quelques glissades, par-ci par-là. Tu n’as pas à t’interdire les relations amicales et amoureuses parce que tu as peur.” Il n’est pas le meilleur professionnel de l’amour. Il n’a même aucune expérience qu’il puisse défendre. Quelques relations amoureuses d’adolescent. Un couple de dix ans qui a fini par se casser. La dernière a effectivement un certain poids, mais ils ont plus survécu que profité. Il n’est pas le meilleur spécialiste, mais il a les mots de son côté. Il a les faits, il a les connaissances, il a les sentiments. Dans le fond, Snow et Malicia ne sont pas si différentes. Elles ont toutes les deux un pouvoir qui les effraye. La chance que Snow a est de pouvoir le maîtriser. Elle peut en faire ce qu’elle veut. Il n’y a pas de raison qu’elle soit plus meurtrière que Malicia. “Un jour, tu trouveras quelqu’un qui t’aimera à ta juste valeur. Il te tombera dessus et tu n’auras plus qu’à l’accueillir. En attendant, tu dois juste mener ta vie comme tu l’entends.” Une personne qui l’aimera toute entière. Une personne qui ne remettra pas en cause toute la complexité de sa personnalité. Quelqu’un qui appréciera le froid qui irradie de son corps. Quelqu’un qui s’amusera des flocons qui la suivent partout. Un jour, elle trouvera cette personne. Elle doit juste y croire.  “Tu n’es pas dangereuse, Snow…” Elle doit le comprendre. C’est important. Il veut que ça soit la seule chose qu’elle emmène avec elle, si elle doit partir. Snow doit comprendre que ce n’est pas elle le danger. Le danger vient des autres. Il vient des personnes mal attentionnées qui peuvent la provoquer. Elle ne fait que réagir à leur comportement. Elle doit le comprendre, avant de s’en aller. Pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Pour ne pas poursuivre dans la voie toute tracée qu’elle s’est donnée : la mort.

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Il n’y a plus de psychologue. Il n’y a que cet étrange double, plein de bonté et d’affection. Elle avait oublié ce que cela faisait, d’être dans les bras de quelqu’un, une étreinte agréable qui ne la révulse pas. Sa tête se pose contre le coeur qu’elle a blessé, les yeux fermé et l’âme en peine. « Tu es tellement dure avec toi-même. Tu te crois dangereuse pour les autres. » C’est le cas, a-t-elle envie de répondre, mais elle est bercée par cette étreinte réconfortante, alors elle ne dit rien, elle se tait, savoure l’instant, souffre le passé. Certes, personne n’a entièrement été congelé, pour le moment, pour combien de temps ? Elle s’effrite entre les doigts de Bobby, elle s’écorche à ses mots, se rappelant contre sa volonté un baiser oublié. « Un jour, tu trouveras quelqu’un qui t’aimera à ta juste valeur. Il te tombera dessus et tu n’auras plus qu’à l’accueillir. » Sa main accroche son haut déjà froissé, se ferme sur le tissu, dans son dos. Elle se serre un peu plus contre lui, cherchant une protection contre le monde, contre cette réalité injuste et douloureuse. « Tu n’es pas dangereuse, Snow… » Pas dangereuse. Le flash la heurte. Le corps qui glisse, qui tombe du petit immeuble tandis que la Terre se fait envahir. Ce corps qui subit la gravité et qu’elle ne parvient pas à faire remonter, à sauver. Les tourments sans fin que son esprit avait rejeté. Elle a essayé de l’aider, d’arrêter la chute pour taire ce cri de terreur, mais rien, rien car la glace ne sauve pas, elle brise. Le choc contre la formation froide, contre le cercle givré, et le cou qui se rompt.

Elle a cessé de respirer, quelques secondes. Elle s’est crispée tout contre Bobby, avec cette impression de mourir une seconde fois, d’être transpercée de tous les côtés par les lames aiguisés des sentiments. Quand le froid rencontre le froid, c’est la mort qui vient au monde. « Il est mort. » Ca tombe comme la lame d’une guillotine sur la nuit calme. Ca n’est pas dans son dossier. Il n’y a que la solitude, dans les informations rassemblées sur cette mutante un peu contrariante, trop souvent en travers du chemin des X-Men. « Il est mort par ma faute. » Etait-ce cela, qui avait provoqué son amnésie des dernières années écoulées ? Etait-ce de cela, dont elle ne voulait pas se rappeler ? Elle ne sait plus comment elle l’a rencontré, elle ne sait plus exactement ce qu’elle a vécu, ce qui les a rapproché, au début. Elle revoit juste cette scène, et ses bras qui, contre elle, se serrent. Ca n’est pas la chaleur qui l’enveloppe, quand elle a l’impression d’être à nouveau jetée vers cet homme dont le nom ne lui revient même pas. Thermokinésiste. Snow recule, se détache.

Le froid. Elle ne peut s’accrocher qu’aux êtres froids, n’est-ce pas ? Bobby ne cesse de lui dire que la température importe peu mais il semble que son existence ne soit jamais jalonnée de chaleur. Il a lui-même choisi quelqu’un dont la température ne pouvait l’importuner puisqu’intouchable. Et elle fixe le psychologue, l’éclat bleu de ses yeux paraissant gagner en éclat. Elle aurait dû geler son propre coeur. En quelque sorte, c’est ce qu’elle avait fait, en oubliant, en rejetant, en effaçant. Les longs cheveux blonds suivent le mouvement d’une brise légère et elle s’impose le contrôle. Pas de larmes, pas d’effondrement. Pas en apparences. A-t-elle un jour réellement aimé ? Snow baisse les yeux. La neige est belle à la lueur de la lune. D’un mouvement de la main, elle change sa chaise en fauteuil et attire Bobby vers ce dernier, l’incitant à s’installer. Elle veut seulement se blottir contre lui. Elle veut seulement se bercer de l’illusion d’oublier.

Il n’est pas brulant, il n’est pas distant. Il est un savant mélange de ce qu’elle a connu et de ce qu’elle découvre. Il a la peau fraiche et le coeur chaud. Il n’est pas figé dans le meurtre et le sang. Il a la bonté en croyance. Il est ce qu’elle ne sera jamais. Et elle se laisse bercer par le battement régulier d’un myocarde aussi blessé que le sien. Là, tout de suite, elle se fiche de ce que le monde peut penser, de ce que Mystique a pu dire. Elle se fiche qu’on les surprenne. « Je n’ai pas le droit de m’attacher à toi. » Ses doigts jouent distraitement avec le bas de son pull. Peut-être que ses doigts froids le dérangent, elle n’a pas remarqué. « Tu devrais manger ton gâteau. » Préoccupation tellement banale après ce qu’elle vient d’avouer. Le puzzle commence lentement à prendre forme.  
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Malgré la douleur qui étreint son coeur, il y croit. Il croit en ses paroles pleine d’espoir. Il croit en un idéal romantique. Il croit qu’elle trouvera l’amour. L’être humain n’est pas fait pour vivre seul. Il a besoin d’être accompagné. Par un ami, un ennemi, un amant. Peu importe. Il a besoin d’exister aux yeux de quelqu’un. Si pour l’instant, Bobby est cette personne pour Snow, il ne pourra pas le rester éternellement. Elle doit trouver la personne qui la suivra. Trouver la personne qui la chérira. Trouver la personne contre laquelle elle pourra se blottir, comme elle fait maintenant. Elle finira par mettre la main dessus. Il faut y croire. Sans l’espoir, on n’avance pas. Sans l’espoir, on perd patience. Lui l’a eu, cet espoir. Cette flamme qui brûlait au fond de son coeur, en attendant que Malicia découvre l’étendue de ses pouvoirs et qu’elle les maîtrise. Cette flamme qui lui donnait le courage de patienter quelques semaines de plus. Elle s’est éteinte il y a quelques jours. Elle s’est éteinte sur la promesse de retrouvailles. L’espoir est mort en même temps que son couple. Maintenant, il a le coeur en morceaux. Mais pour Snow, il a toujours l’espoir. Il sait qu’elle trouvera. Elle est une personne douce, tendre. Elle peut être dangereuse. Seulement parce qu’elle ne contrôle pas ce qui lui arrive. Seulement parce que la peur prend le dessus sur tout. Elle finira par arrêter de s’effrayer devant son propre reflet. Elle est assez forte pour y parvenir. Et si besoin, il est là. Il essaye de la rassurer. Il essaye de la bercer avec de belles paroles. Il veut insuffler l’espoir en elle. Il veut lui donner le courage de se relever et d’avancer, la tête haute. Mais plus il parle et plus elle se ratatine sur elle-même. Elle se love contre lui. Il ne sait pas comment la soulager. Il ne sait pas contre quoi elle se bat intérieurement. Il donnerait tout pour avoir le don de télépathie du Professeur Xavier. Ne serait-ce que pour connaitre ses cauchemars. Pour voir les souvenirs qu’elle refoule. Sans une vision claire de ce qu’elle ressent, de ce qu’elle cache, il n’a aucune idée de comment l’aider. Il peut seulement être là. Être présent et l’écouter. Elle ne semble pas demander plus. Peut-être ses bras. Peut-être un baiser sur la joue. Mais en général, sa simple présence semble suffire. Il aimerait faire plus. Finalement, il arrête de parler. Cela ne sert à rien. Il faut juste laisser le temps à Snow de s’exprimer. Elle a dû traverser des épreuves bien plus éprouvantes que celles de Bobby. Elle a beaucoup de souvenirs et d’émotions bloquées. Cela crée un embouteillage en elle. Alors, il faut attendre que le flux se débloque. “Il est mort.” Il résiste à l’envie de lui demander qui. Qui est mort. Qui la hante autant. Qui ? Il repousse la curiosité. Il garde la bouche close. Les informations vont venir. Au compte-gouttes. Il sait déjà qu’elle s’en veut de cette mort. Une culpabilité qui la rattrape.

Il est mort par ma faute.” Cette information suffit à l’alarmer. Il n’a pas peur pour sa vie. Il s’en fiche. Il a déjà survécu à Snow. Elle ne lui fera pas de mal. Pas volontairement, du moins. Non, il s’inquiète pour ce que cela signifie. Elle se reproche une mort. Un décès qui n’est pas mentionné dans son dossier. Il ne connaît pas toute l’histoire de Snow. Peut-être a-t-elle aimé, un jour ? Ce serait la raison pour laquelle elle repousserait tout le monde. Pourquoi pas lui ? Après tout, il est tout aussi humain que les autres. Il est tout aussi susceptible de mourir à son contact. Alors, pourquoi est-ce qu’elle l’accepte à ses côtés ? Elle doit avoir besoin de lui plus qu’il ne pense. Elle doit avoir besoin d’un soutien. D’un ami. Voilà ce qu’ils sont. Des amis qui s’épaulent. Des amis qui s’écoutent. Des amis qui prennent soin l’un de l’autre. Snow finit par bouger dans ses bras. Il la regarde déplier son corps. Il s’installe sur le fauteuil qu’elle a forgé dans la glace. Il est froid. Il est glissant. Mais il est incroyablement confortable pour Bobby. Il s’y installe, avant de recevoir une Snow toujours plus perturbée par son passé. Il referme ses bras sur elle. Il aimerait la protéger de ses démons. Il aimerait la guider dans ses souvenirs. Mais il en est incapable. Il doit la laisser se débattre, seule. Il ne peut qu’attendre pour soigner ses plaies. “Je n’ai pas le droit de m’attacher à toi.” Il faut croire qu’il s’entoure des personnes qui ne le méritent pas. Malicia lui a répété cette phrase de nombreuses fois. Elle l’a poussé à partir. Elle lui a demandé ce qu’il lui trouvait. Maintenant, c’est au tour de Snow. Elle refuse son amitié. Elle refuse de s’attacher à lui. Mais c’est trop tard. Elle l’a déjà fait. Ce n’est pas pour rien qu’elle vient le trouver quand elle a besoin d’aide. Ce n’est pas pour rien qu’elle lui a préparé ce repas. Son comportement n’est pas un hasard. Il est le fruit de son affection pour lui. Alors qu’elle ne lui dise pas qu’elle n’a pas le droit de s’attacher à lui. Le mal est déjà fait, si mal il y a. “Tu devrais manger ton gâteau.” Elle a cette capacité de changer de sujet. Passant de l’un à l’autre. Sauvant les apparences derrière des faits simples. Comme un instinct protecteur. Il se passe une main sur le visage. Chasser la fatigue. Il se penche légèrement. Assez pour récupérer l’assiette et la cuillère dont il a besoin. Il les pose en équilibre sur l’accoudoir du fauteuil. Il ne réalise toujours pas qu’elle ait fait tout cela pour lui. Ils n’ont pas goûté le quart de ce qu’elle a préparé, même l’intention est touchante. Il commence à la connaître assez pour savoir combien cela lui a coûté de cuisiner. De passer la journée dans une cuisine surchauffée. Elle a dû préparer ce repas minutieusement. Tout est tombé à l’eau. Heureusement, il reste toujours le gâteau au chocolat. “Tu sais… je ne t’ai pas remerciée pour ce repas. C’est vraiment gentil.” Il coupe un morceau du gâteau avec la tranche de la cuillère. Le plaisir d’un simple gâteau au chocolat. Il a oublié ce que cela procure. Il a oublié la texture sur la langue, le goût qui explose sur le palais. Il a oublié comme cela est bon de manger. Il découpe un deuxième morceau. Mais manger n’est pas la priorité. Quoiqu’il pourrait compenser la perte de poids avec quelques bouchées. “L’amitié ne se commande pas. C’est quelque chose que l’on ressent et qui guide notre comportement. Je crois que, sans le vouloir, tu es déjà attachée à moi, Snow. Et tu en as parfaitement le droit. Je ne t’interdirais jamais d’être mon amie.” Parler avec Snow est toujours compliqué. Ses problèmes sont bien au-dessus de ceux de la plupart des pensionnaires. Eux ont des difficultés d’acceptation. Ils subissent des crises identitaires. Ce n’est pas le même mal dont souffre Snow. Bobby n’est pas fait pour. Il n’est pas habitué aux amnésies. Surtout, il n’est pas habitué à se lier d’amitié avec son patient. Ressentir de la sympathie, vouloir l’aider… tout cela est commun et lui arrive. Mais aller jusqu’à enlacer, se lever en pleine nuit, manger à deux… ce n’est pas courant. Depuis longtemps, il a laissé tomber l’idée de n’être que le psychologue avec Snow. Le rapport professionnel ne suffit pas. Elle a besoin d’autre chose. Il a fini par lui offrir son amitié. “Tu ne le vois pas encore, mais tu mérites bien plus que la solitude.

Troisième morceau de gâteau. Il joue un numéro d’équilibriste en essayant de découper chaque morceau. Éviter que l’assiette ne finisse par terre. Éviter de gâcher le dernier plat de ce repas raté. Finalement, il n’aura pas beaucoup mangé. Pas plus que ce qu’il se permettait ces derniers temps. Mais il a quitté son bureau pour quelques heures. Il a pris l’air et profité du froid environnant. Il aura passé un moment avec une amie. Chaque morceau mangé est un morceau qui le rapproche de la fin du dîner. Des adieux que Snow lui a annoncés. “Cet homme dont tu dis avoir causé la mort… tu veux en parler ?” Il doit y avoir quelque chose derrière ses confidences. Quelque chose qu’elle refoule. Quelque chose qui doit s’exprimer. Il baisse les yeux sur Snow. Il ne voit pas ses yeux. Il ne voit que ses cheveux blonds briller à la lueur des bougies. Elle a le regard baissé, trop occupée à jouer avec son pull. Trop occupée à refouler les souvenirs.

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Il parle, il a la voix douce. Son pull aussi, est doux. Bien sûr que l’amitié ne se commande pas, bien sûr qu’elle s’est attachée à lui, mais que peut-elle dire ? Que peut-être faire ? Et surtout, jusqu’où était-elle prête à aller ? Mériter plus que la solitude est une hérésie, elle avait essayé, elle s’y était risquée et s’en était brûlé les ailes au soleil d’une vie trop dure. Elle ne pouvait avancer que dans le noir. Du coin de l’oeil, elle le voit jouer le jongleur avec son assiette et esquisse un sourire, dissimulée derrière le rideau de ses cheveux blonds. Il est vraiment prêt à faire n’importe quoi pour qu’elle reste, pour ne pas la vexer. Même la remercier pour une chose aussi banale qu’un repas, quand bien même elle fut forcée de souffrir la chaleur des fourneaux. Doucement, elle glisse son index sur le bord de l’assiette, un contact si léger qu’elle semble faire de la magie lorsqu’elle la fait léviter, un peu joueuse. Il faut de quoi retenir tout cela, ainsi forme-t-elle un petit plateau sur le bord de l’accoudoir, emboitant ainsi parfaitement la part de gâteau au fauteuil improvisé. « C’est mieux comme cela.. » murmure-t-elle. Parfois, elle se demande pourquoi il utilise si peu ses facultés. Et elle se rappelle sa sagesse, sa façon de toujours privilégier la simplicité. Elle n’a pas voulu commenter l’amitié. Il est inutile de revenir en boucle sur le sujet. Il est gentil, il veut juste l’aider. Un soupir puis elle redresse le nez, glissant son pouce au coin de sa bouche. « Tu as du chocolat. » Evidemment, s’il s’était rasé correctement, aussi, le chocolat resterait à sa place, ou s’en irait plus vite. Le geste est embarrassant, elle le réalise à contre-coup. Idiote.

Comme elle ne trouve plus rien à dire, elle retourne à sa contemplation du bas de ce pull décidément mal repassé. « Cet homme dont tu dis avoir causé la mort… tu veux en parler ? » C’est long, avant qu’elle ne se décide à bouger. La minute s’écoule, comme interminable, les morceaux du puzzle s’emboîtant avec difficulté. Son prénom ne revient pas. Son prénom est perdu tellement loin. Elle ouvre la bouche une première fois, pour mieux la refermer. Elle tente de croiser son regard, puis se ravise. « Il était thermokinésiste. » C’est une confidence, le ton est bas, ne s’adresse qu’à lui. Elle penche un peu le visage pour regarder le psychologue ; c’est différent de toutes les paroles échangées dans le bureau, de tous les cris, des disputes ou des incompréhensions. C’est un deuil qu’elle place entre les mains d’un ami proche, une douleur dont elle ne semble pas percevoir la réelle étendue, trop longtemps détachée de cette part de sa vie. « Il pouvait te toucher là.. » elle glisse l’index contre son cou, le trajet d’une caresse. « Et plus aucune chaleur ne pouvait faire souffrir la peau.. » Le contact se déplace sur la joue, doucement. « Il pouvait aussi faire monter la température, juste comme ça.. » Une facilité déconcertante. Les déserts de neige devenaient d’arides plaines, et les plus sèches contrées pouvaient se changer en véritable réfrigérateur. Elle songe qu’elle l'a sûrement admiré, beaucoup. Elle ne sait pas si elle l’a aimé.

« Je me souviens juste.. du corps qui s’écrase contre la glace.. » Snow ne sait plus comment réparer l’erreur, elle ne sait plus comment repousser le souvenir dans le retranchement paisible du néant. Elle se mord la lèvre, le coeur serré. « Une seconde.. j’ai cru que quelqu’un pourrait me survivre. Je me suis trompée. » Il n’avait aucun lien réel avec l’élément si froid, si dur, auquel elle était associée. Il supportait sa peau parce que la sienne s’adaptait, parce qu’il pouvait les équilibrer, ça ne suffisait cependant pas. « .. Et.. et je n’arrive pas à me défaire de toi sans en trouver la raison. Si j’étais partie, tu ne serais sûrement ni seul, ni malheureux. » Ca roule sur ses joues. Ca n’a rien d’une crise, comme lors de la construction du palais digne d’un conte de fée, c’est quelque chose qui lâche en elle, qui déborde du barrage épais forgé depuis trop longtemps. Les larmes tombent en petit cristaux froids qui fondent trop vite. Elle porte la main à sa joue, stupéfaite, sans doute autant que lui. « Il n’y a aucun moyen de réparer.. ? Je.. je pourrais parler à Malicia ou.. » Ou rien. Comme si Malicia en avait quelque chose à faire de sa bonne volonté. « Je nous ai condamné à la solitude.. » Le visage se baisse encore, se cache derrière la blondeur trop claire aux reflets de la lune et de la bougie qui s’éteint, soufflée par la brise. 
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song of the caged bird


Il y a quelques mois, il n’aurait pas imaginé que leur relation puisse prendre cette tournure. Il n’aurait pas imaginé que Snow lui adresse un seul mot. Il n’aurait pas imaginé qu’elle lui fasse ne serait-ce la bise. Il n’aurait pas pensé qu’elle s’ouvre à lui. Encore moins qu’elle se love contre lui, comme un chat le ferait. Elle est fragile. Bien plus qu’elle ne veut le montrer. Elle est une enfant perdue entre les responsabilités d’adulte et un pouvoir sauvage. Elle est coincée entre le passé, le présent et le futur. Elle est une enfant perdue qui a juste besoin de repères. Mystique est venue tout bousculer. Sa crise de somnambulisme a tout ébranlé. Les quelques repères que Snow avaient commencé à construire ont disparu. Dans cette histoire, il a probablement le rôle d’un pilier. D’une ancre. D’une bouée à laquelle se raccrocher. Ou d’un coussin sur lequel s’asseoir. Il suspend son geste au-dessus de l’assiette. Celle-ci est entrain de flotter. Snow modifie son fauteuil pour y incorporer l’assiette. Bien plus pratique, ainsi. Il esquisse un sourire. “C’est mieux comme cela…” Elle sait faire des choses tellement variées avec sa mutation. Elle a pourtant choisi la voie de la tuerie. Mais ce simple geste indique que Snow change sa manière de l’utiliser. Il aimerait pouvoir en faire autant. Mais il reste dans l’idée de la maîtrise. Évoluer ne l’intéresse pas. Il a peur de ce qu’il pourrait faire. Il a peur de ce qu’il pourrait devenir. Il a vu l’effet que cela a provoqué chez Snow. Il a vu l’arrogance qui en découle, chez certains. Il ne cherche pas à s’améliorer. Ce qu’il sait faire lui convient parfaitement. De toute manière, il n’est pas sûr d’être capable de plus. Il a déjà découvert tout ce dont sa mutation est capable. Ce qu’il sait est déjà bien : il est capable de se transformer en bloc de glace, il peut geler les autres et les choses, il peut forger des formes et des objets, il peut descendre sa température corporelle sans conséquence… C’est déjà tellement. Tellement plus qu’il ne l’imaginait au début. “Tu as du chocolat.” Il se fige un instant. Une micro-seconde. Son contact est froid, doux, tendre. Mais, elle ne devrait pas le faire. Maintenant, il sait. Maintenant, il réalise l’ambiguïté de leur relation, de leurs gestes, de leurs comportements. Alors, le simple fait de lui essuyer la bouche le surprend. Un geste de maman envers son enfant. Un geste de petite amie envers l’homme qu’elle aime. Mais il ne dit rien. Il ne veut pas la repousser. Il ne veut pas la briser davantage. Elle sort seulement de son silence. Il ne souhaite pas l’y replonger. Pas cette fois. A la place, il préfère l’interroger sur l’homme mort. Cet homme qu’elle pense avoir précipité vers un destin funèbre. Il est intrigué. Il est curieux. Surtout, il veut qu’elle en parle. Plusieurs secondes passent. Peut-être une minute ou deux. Il lui laisse le temps. Il sait qu’à la fin, elle répondra ou elle passera à autre chose. Elle décide. Il suit.

Là, au milieu du froid hivernal, ils sont comme deux statues immobiles. Comme deux personnages que la température n’atteint pas. Ils sont deux pâles silhouettes illuminées par la lune. L’obscurité recueille les confidences. Le lac reflète les personnalités. Dans ce décor nocturne, ils semblent avoir trouvé l’équilibre. Le juste milieu dans leur relation. Ils n’oscillent plus entre le professionnalisme et l’amitié. Ils ont fait leur choix. Ils savent où ils se situent. Dans une amitié débordante où chacun est indispensable à l’autre. Dans une amitié débordante où il n’y aura jamais plus que des gestes tendres. D’une tendresse platonique. Il pourrait rester ici. Loin des problèmes. Loin des pensionnaires. Loin de Malicia. Il pourrait rester ici, sur ce fauteuil froid. Il pourrait supporter le poids de Snow sur ses jambes, la sentir en boule contre son torse, profiter de la fraîcheur qu’elle apporte. Il pourrait faire cela. Fuir ses responsabilités n’est pas dans ses habitudes, malheureusement. Le jour où personne ne comptera sur lui, il pourra se reposer. Il pourra prendre du temps pour lui. En attendant, il agit. Il rend service. Il tend la main à ceux qui en ont besoin. C’est ainsi que l’on fait de belles rencontres. C’est ainsi que l’on découvre des personnes touchantes, attendrissantes, blessées. Sans cela, il n’aurait jamais lié ce lien avec Snow. Il l’aurait regardée de loin, il n’aurait pas cherché à s’intéresser à la femme qui avait essayé de le tuer. “Il était thermokinésiste.” Elle décide enfin à parler. Un thermokinésiste. Elle ne s’entoure que des personnes susceptibles de supporter sa température. Des mutants qui maîtrisent la glace ou qui maîtrisent les températures. Des gens qui ne succomberont pas sous son toucher glacial. “Il pouvait te toucher là… Et plus aucune chaleur ne pouvait faire souffrir la peau...” Elle accompagne le geste à la parole. Elle le frôle. Encore un simple geste qui peut créer la confusion. Un simple mouvement qui pourrait dire beaucoup. Un comportementaliste serait heureux avec eux. Il aurait de quoi travailler pour les cinq prochaines années. Sa main se déplace de nouveau. Délicatement. Souffle froid sur sa peau. “Il pouvait aussi faire monter la température, juste comme ça…” Il y a comme de la nostalgie dans sa voix. Comme une certaine admiration. Elle laisse apercevoir de l’affection pour une personne. Le silence se fait de nouveau. Il attend la suite. Il lui laisse le temps de parler. Il lui permet de remettre de l’ordre dans ses pensées. Dans ses souvenirs si désorganisés. “Je me souviens juste.. du corps qui s’écrase contre la glace…” Un mort de plus autour d’elle. A croire que sa vie est jonchée de décès, plus ou moins naturels. A croire qu’elle attire le mauvais oeil. Il n’est pas étonnant qu’elle s’isole et se lance à corps perdu dans une vie solitaire. Avec un passif pareil, le contraire aurait été étonnant. “Une seconde.. j’ai cru que quelqu’un pourrait me survivre. Je me suis trompée.” Il comprend pourquoi elle préfère partir que de rester. Tout est plus clair. Plus compréhensible. Elle ne veut pas blesser. Elle ne veut pas tuer. Elle veut seulement épargner les gens qui lui sont chers. “... Et... et je n’arrive pas à me défaire de toi sans en trouver la raison. Si j’étais partie, tu ne serais sûrement ni seul, ni malheureux.” Il réalise qu’elle pleure. Elle se rend responsable de la mort de son ami thermokinésiste. De la rupture avec Malicia. De la douleur de Bobby. Il partage cette douleur. Il partage cette impression d’être le fautif. Sa peine à lui est légitime. Celle de Snow ne l’est pas. Elle ne devrait pas se sentir coupable. Il se rend compte qu’elle est bien plus attachée à lui. Bien plus concernée par son bien-être. Derrière son masque de glace se cache une sensibilité à fleur de peau.

Il n’y a aucun moyen de réparer.. ? Je.. je pourrais parler à Malicia ou..” Il secoue la tête. C’est trop tard. Les remords de Snow n’y changeront rien. Malicia a pris sa décision. Elle souhaite qu’il fasse des expériences. Elle souhaite prendre du temps pour sa mutation. Ils ne peuvent rien réparer. Ils peuvent juste vivre avec cette rupture et attendre. Il ne veut pas toquer à la porte de Malicia, misérable, et lui demander de le reprendre. Il patientera. Il fera ce qu’elle attend de lui. “Je nous ai condamné à la solitude…” Il soupire. Il ne sait pas comment elle fait pour vivre en s’accablant de tous les maux du monde. Il la repousse doucement. Délicatement. Il s’extirpe du fauteuil, mais y laisse Snow. Il déplie ses jambes, réapprenant à marcher. Il s’agenouille devant l’assise. Il cherche le regard glacé de Snow. Il le trouve finalement, à travers le rideau blond. Quelque part, il s’en veut de l’avoir accusée. Il s’en veut d’avoir pensé qu’elle était la cause de la rupture. Elle n’a rien fait. Juste mettre le doigt sur des problèmes enfouis sous le déni. “Snow… tu dois arrêter de t’en vouloir. Ma rupture avec Malicia n’est pas de ta faute. Tu n’étais que la partie visible de l’iceberg.” Rupture. Un mot qu’il a encore du mal à prononcer. Un mot qu’il a du mal à associer à son couple. Enfin, son ancien couple. Il a un faible sourire, comme pour chasser les perles de larme de Snow. Comme pour chasser la douleur qui étreint son coeur. “Si Malicia et moi devons nous retrouver, nous le ferons.” Il tente de minimiser les conséquences. De diminuer l’importance de cette rupture. En vain. Il n’y croit pas lui-même. Il y a peu de chances qu’ils retournent ensemble. A moins que Malicia parvienne à contrôler sa mutation, ils feront toujours face aux mêmes problèmes. Leur couple n’avait aucun espoir de survie, encore moins de vie. Et quand bien même il y en aurait, il est peu probable qu'ils s'aiment encore.Ils seront séparés deux semaines, peut-être trois mois, peut-être un an. Peut-être plus. Dans ce laps de temps, des centaines d’évènements ont le temps de se dérouler. Des rencontres, des dangers, des opportunités. Si cela se trouve, au moment de se retrouver, l’un d’eux ne sera plus là. Alors, cela ne sert à rien d’y croire. D’attendre. “La solitude ne dépend que de nous. On peut y échapper si on s’en donne les moyens.” Il n’a plus l’espoir. Il ne l’a plus, abandonné dans un coin de sa chambre, cette nuit d’hiver où le mot “break” a été prononcé. Il ne l’a plus, mais il peut encore l’insuffler aux autres. Sans espoir, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Snow en a besoin. Il lui prend doucement la main. Son sourire se fait plus chaleureux, moins triste. “Regarde, on s’est trouvés. Et moi plus que quiconque, je peux survivre à ton pouvoir.” Il a survécu. On ne peut pas dire le contraire. Il a su contrecarrer son pouvoir une fois. Il pourrait recommencer, si seulement elle ne vise pas son coeur. Il peut lui survivre. Ils trouveront d’autres personnes qui auront également cette capacité. Ils ne doivent pas être les seuls sur Terre à maîtriser le froid, la glace. Ils trouveront.

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Song of the Caged Bird.
Iceberg ✧ Snow
« It's not easy to be Light when you've been Dark. It's almost too much to ask anyone. »
- Margaret Stohl, Beautiful Darkness

« Regarde, on s’est trouvés. Et moi plus que quiconque, je peux survivre à ton pouvoir. » C’est comme remonter le temps. C’est comme rembobiner un film à l’époque des cassettes. Ca défile à l’envers, ça grésille, avec de la neige sur l’écran, de ces images floues qui n’ont de sens qu’assemblées. Elle a l’impression de perdre la tête. Elle a l’impression que le sol va fondre. Il est brun aux yeux verts, il sourit, il est tendre. Elle fixe le vide, la main lovée dans celle de Bobby. Il lui dit toujours que ça ne risque rien, que la glace ne peut rien contre lui. Le coeur bat fort entre ses larmes. Ces petits cristaux scintillent sur ses joues. La partie visible de l’iceberg, hein ? C’est presque drôle. Mais Snow ne rit pas, elle se noie, elle sombre dans cette sorte d’éveil de la mémoire. Elle aurait aimé ne pas se souvenir. Ne pas se rappeler de toutes ces fois où il l’a prise dans ses bras, l’a serrée contre lui, pour la consoler, la convaincre ou la faire trembler. Il est mort parce qu’elle a essayé de lui épargner la chute. Il est mort en laissant une femme derrière lui, et une maîtresse brisée. La bouche forme un « oh » de surprise. Les doigts s’échappent. « Je.. n’ai pas le droit. » Ce serait de l’infidélité, non ? Ce serait enlever le privilège du contact, à un homme qui ne peut même plus se battre. Elle est tellement sûre de l’avoir aimé à se damner. Il manque des morceaux mais il la faisait sourire, rire, frémir. Le haut de l’immeuble, l’adrénaline. Je suis désolée. Elle se sent seule, sur ce fauteuil de glace. Seule comme ce jour-là, où tout avait basculé, où il l’avait poussée en avant et où, par la force des choses, c’était elle qui l’avait jeté dans le vide. Elle n’avait été qu’un monstre d’égoïsme, sans une once de réflexion. Est-ce que c’était cela, la vérité ? Elle a l’horrible sensation que ses souvenirs sont falsifiés. Oui, il aurait dû glisser sur la glace, pas s’y briser la nuque, mais qu’est-ce que ça changeait ? Qu’est-ce qui l’avait réellement menée là ? Bobby aussi, lui disait qu’il pouvait survivre. Le myocarde avait loupé un battement en l’entendant. Lui plus que quiconque.

Elle essuie les larmes d’un revers de manche. « Ils disent tous ça. Ils.. ‘’il ne faut pas avoir peur, je suis ton ami, tu me fais confiance, mh ? ’’ » C’est tellement embrouillé. Et il lui ment en tentant de lui faire croire qu’il va bien, que tout ira bien, qu’elle ne peut pas détruire sa vie. Il fait chaud. Ca suffit, il faut abandonner. Lâche prise. C’est son souffle trop court qui fait naître la panique. Elle a replié ses bras contre son corps, instinct de protection. Elle ne sait plus si ce qu’elle ressent a été un jour réel. « Arrête ! Arrête d’être gentil, arrête d’être .. comme ça ! » La confusion est tellement grande. Il lui a appris, pourtant, à ne pas céder à tout cela, à cette terreur, entre les phases de froideur. « Tu ne devrais pas être capable de toute cette.. tendresse avec moi ! » Non, pas après tout ce qu’elle lui a fait subir. Et malgré tout, elle ferme les yeux, s’obligeant à inspirer, les mains désormais refermées sur le bord de l’assise. Inspirer, expirer. Il a dû croire qu’elle n’écoutait pas, quand il parlait de se détendre. Ce sont les premiers conseils des psychologues.

Ca cesse de trembler. Le rythme cardiaque parait retrouver une certaine logique, et elle rouvre ses billes bleues sur Bobby. Il ne veut pas qu’elle parte. Il a eu un repas raté. Elle le rend malheureux et même s’il refuse, elle culpabilise. Il n’y a plus de contrôle quand elle se trouve enfermée dans l’Institut. « Pars avec moi.. » La voix n’est plus qu’une caresse éteinte. « Je veux rentrer.. revenir au début de l’histoire. » Le manoir de ses parents, là où se passait le dernier souvenir net et la première cruauté de la liste. Elle ne veut pas y aller seule, et le nombre de fois où ce sujet était revenu sur le tapis finissait par la convaincre d’y retourner, pour s’aider, se pardonner ou recoller les morceaux. « Et tu as besoin de vacances. Tu n’as qu’à dire que nous devons faire un travail avec des objets et environnements familiers. » Snow a bien appris sa leçon. Ou bien fouiné dans les livres de la bibliothèque, plutôt. Elle ne veut plus de ces courtes crises d’angoisse qu’elle enterre dans le silence, loin des yeux - loin du coeur. Peut-être qu’un week-end de cauchemar permettrait de mettre de côté cet enfer continuel. Bobby ne la laisserait pas se blesser. Et elle pourrait se faire pardonner sans craindre des interprétations erronées. « J’ai besoin de mon ami autant que de mon psychologue.. j’ai besoin d’arrêter d’avoir tout ‘’ça’’ dans la tête. Si tu refuses, j’irai seule.. peut-être que tu préfères avoir tes démons accrochés à l’âme, toi aussi. » Sa rupture, son malheur, ses douleurs. Peut-être qu’il était aussi fou qu’elle. Et si elle semble épuisée, perturbée, déprimée, elle n'en demeure pas moins sérieuse. Viens.
 
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