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Louisa adore son agent. Vraiment, elle l'adore. Il la suit depuis le jour où elle a été choisie pour jouer Rian Hoover, et après toutes ces années, on peut presque dire qu'il est devenu un membre de la famille. Comme un oncle ou un parrain. Elle va rarement à l'encontre de ses décisions et a une confiance presque aveugle en cet homme qui a toujours sû servir au mieux ses intérêts et la comprendre. Elle sait que c'est quelque chose de difficile, dans le monde du cinéma et des arts en général, de trouver un bon agent qui ne cherche pas à se faire du chiffre sur votre dos et qui accepte que vous refusiez des projets en or juste parce que vous n'avez pas envie ou que ça ne vous enthousiasme pas à mille pour cent. Bon, il a tout de même été un peu fâché quand elle a refusé le rôle-clé du nouveau film de Woody Allen, il ne faut pas se mentir mais... Il la connaît assez bien pour savoir qu'elle n'arrive à être une bonne actrice que quand le projet lui parle, lui tient à cœur. Mettez Louisa sur le plateau d'un film auquel elle n'est pas très attachée, ou dont elle trouve les personnages incohérents... Vous êtes sûrs de vous retrouver avec une mauvaise actrice sur les bras. Il faut qu'elle y croit, Louisa. Et si ce Woody Allen n'était pas pour elle, alors peut-être que son prochain film le sera, c'est ainsi. Alors bien sûr, elle a la chance de pouvoir refuser des projets. C'est quelque chose qui n'est pas donné à tout le monde dans cette industrie, surtout à un si jeune âge. Mais Louisa a fait sa réputation, et grâce à The Winter's Tale, elle a amassé plus d'argent qu'il en faut pour une vie entière, alors elle ne se force pas à faire des choses qu'elle n'a pas envie de faire ou en lesquelles elle ne croit pas à cent pour cent, cela paraît logique.

Louisa adore son agent, et elle va toujours aux interviews, aux conventions et aux différents événements qu'il arrive à caser dans son emploi du temps sans rechigner, parce qu'elle aime ça. Il est toujours très ouvert quand elle souhaite avoir des rencontres avec tel ou tel magazine plus que d'autres... Mais il a été légèrement sceptique quand elle lui a dit qu'elle aimerait faire cette interview avec Jared Hemingway. Elle a reçu un mail du blogueur depuis quelques semaines déjà, et a tout de suite été enchantée par la perspective. Les célébrités passent du temps sur internet, il ne faut pas croire. Et il se trouve que le blog du jeune homme est dans les favoris de l'actrice depuis un bon bout de temps maintenant. Elle a toujours suivi son travail avec attention, parce qu'elle aime sa plume, son humour, et a toujours trouvé qu'il avait l'air sympathique. Elle n'aurait jamais pensé figurer sur un blog comme le sien, mais maintenant qu'elle a un rôle de super-héroïne, tout arrive. Elle a du batailler avec son agent, qui pensait qu'une interview avec un blogueur lambda n'était pas forcément une priorité quand, à côté, Glamour lui proposait de faire la couverture du mois d'octobre pour promouvoir la saison deux de Young Justice, qui sera diffusée à la rentrée sur Netflix. Louisa a tout de suite compris qu'il allait falloir qu'elle trouve un moment sur son temps personnel pour faire cette interview-là, parce que son agent n'allait pas céder comme ça (et d'une certaine manière, elle le comprend). Elle a finalement contacté le blogueur elle-même sur sa boîte mail pour lui proposer une rencontre un soir, après sa journée de tournage. Cette interview lui tenait vraiment à cœur, et elle savait que son agent serait ravie de voir les retombées. Après tout, le blog du jeune fan de super-héros a beaucoup d'abonnés, et il commence à se faire un nom. Quoi de mieux pour prouver qu'on est proche des fans que de faire une interview pour un blog ? Il finirait par entendre raison, son agent.

Elle a donné rendez-vous à Jared en haut d'un immeuble de New-York, où un restaurant-cinéma en plein air a été installé. Avec le moi de juin, les beaux jours sont arrivés, et il fait encore jour quand elle arrive et s'installe à l'une des tables. Elle est une habituée de l'endroit, et a réussi à garder ça secret pour l'instant. Elle adore ses fans, ce n'est pas le problème. C'est juste qu'elle a besoin de garder quelques endroits dans lesquels se poser sans se dire qu'elle va passer la soirée à signer des autographes. Les directeurs de cet endroit sont des gens charmants, avec qui elle s'entend très bien, et qui mette un point d'honneur à ne pas crier sur les toits que Louisa Hensley passe beaucoup de ses soirées ici. Elle leur en est extrêmement reconnaissante. Il n'y a pas encore beaucoup de monde sur la terrasse, et elle s'accoude à la rambarde pour observer New-York, sur laquelle le crépuscule tombe. C'est beau, tout de même, elle ne s'en lassera jamais. Jared Hemingway arrive quelques minutes plus tard, et elle va immédiatement vers lui. Il sera sûrement surpris par son accoutrement. Elle ne s'est pas pomponnée comme pour aller à un gala, ou comme si elle faisait une interview pour Vogue. Non, c'est la véritable Louisa qu'il a devant lui, celle avec des converses, un gros gilet et un sac-à-dos ethnique sur les épaules. Elle a même gardé ses cheveux naturels, bouclés. « Salut ! » lance-t-elle avec un sourire quand les portes de l'ascenseur se referment derrière lui. « Je suis contente que tu aies pu venir ! » Elle le tutoie immédiatement. Après tout, ils ont presque le même âge. Et ce soir est une soirée tranquille. « Je suis enchantée de te rencontrer ! » fait-elle en tendant la main. « J'espère que tu n'as pas eu trop de mal à trouver cet endroit ! »
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M’sieur, je dois partir plus tôt ce soir, j’ai un rendez-vous très important. Faut que j’me prépare, vous voyez ?” Un rendez-vous très important. Avec une célébrité. Un truc complètement inespéré. Un truc complètement fou. Comme quoi, il a de la chance. En plus, c’est l’actrice elle-même qui a répondu. Normalement, ces bêtes-là ont des assistants, des attachés de presse pour faire le job. Il a juste halluciné. Alors, forcément, il ne peut pas venir en converses et jean. Nooon. Faut qu’il fasse péter la cravate, la chemise et peut-être qu’il se trouvera d’autres chaussures. Ce serait bien. Enfin, encore faut-il que son patron soit réceptif à sa demande. Ce qui semble mal parti. “Parce qu’il vous faut trois heures pour avoir les cheveux décoiffés, Hemingway ?! VOUS FAITES PAS L’EFFORT POUR L’ENTREPRISE, VOUS NE LE FEREZ PAS POUR VOTRE RENDEZ-VOUS !” Il abuse ! Jared fait tout pour lui depuis des mois. Il livre les colis à pas d’heure (parce qu’il arrive en retard, d’accord). Il enfile un uniforme hideux (qu’il déteste par-dessus tout et qui est une faute de goût, même lui s’en rend compte). Il pédale à longueur de journée (parce qu’il n’a pas le permis, certes). Il se donne à fond pour faire fonctionner l’entreprise. Et son patron a l’audace de critiquer sa coupe de cheveux. On en parle de la sienne ? Tout chauve qu’il est, c’est sûr que son supérieur ne met pas trois heures pour se coiffer ! “Mais patroooon ! J’ai fini à vingt-et-une heures hier, je peux bien partir plus tôt ce soir !” Il tente son air de chien battu. Ça fonctionne avec Jazz. Ça fonctionne avec sa mère. Ça fonctionne avec ses collègues féminines. C’est peut-être là, la faille de son air de chien battu. Ce n’attendrit que les personnes qui ont un coeur. Son patron, il l’a prouvé à plusieurs reprises, n’en a pas. “Vous êtes arrivé à dix heures au lieu de sept heures… ÉVIDEMMENT QUE VOUS ÊTES PARTI PLUS TARD ! LES CLIENTS N’ATTENDENT PAS !” Bon okay, il marque un point. Mais quand même ! Jared pousse un soupir. C’est vain. Il faut qu’il se fasse une raison. Il balance un soupir mélodramatique, avant de se tourner vers son vélo et l’enfourcher. Tant pis. Il va devoir essayer de pédaler le plus vite possible pour faire ses livraisons et courir à son appartement. Ce n’est vraiment pas facile d’être blogueur et coursier. Deux métiers qui ne fonctionnent pas bien ensemble. Mais Jared a une autre solution. Il a toujours un second plan. Il a promis à Jazz d’être discret, de ne pas se faire remarquer, de ne pas attirer l’attention. Il a promis. Sauf cas exceptionnel. Sauf cas de force majeur. Ceci est un cas de force majeur, non ? Promis, il va être raisonnable. Et discret.

Bon okay, il n’a pas été très discret. Il s’est lancé dans une course effrénée à 16 heures. Il a abandonné son vélo dans un coin de New-York pour filer dans les rues, à la force de ses pieds. La super-vitesse, ça a du bon. Il s’est pris quatre murs de briques dans la face. Il a percuté trois poubelles. Il a failli faucher une grand-mère et ses chiens. Il a évité de justesse une poussette. Mais il a fini sa journée. Il a réalisé toutes ses livraisons dans les temps. Même en avance. Un miracle qui n’est pas survenu depuis… depuis jamais, en fait. Il a de quoi être fier ! Son patron n’a pas compris ce qu’il s'est passé. Jared a pu lui balancer un sourire fier à la tronche. Maintenant, il a faim. Une incroyable faim. Son ventre a l’air d’être habité par une créature surnaturelle. Un monstre qui le dévorerait de l’intérieur. Génial comme sensation. Petit passage obligé dans le premier fast-food qu’il croise. Et le deuxième. Et le troisième. Au quatrième, il est déjà au pied de son immeuble. Il n’a jamais ingurgité autant de nourriture. Est-ce que l’on peut prendre dix kilos en une heure ? Peut-être bien. Sa mère va encore dire qu’il a pris du poids depuis la dernière fois et critiquer son régime alimentaire à base de pizzas, d’hamburger et de soda. Elle ne le laissera jamais tranquille ! Même pas à vingt-six ans. Bref, c’est pas le moment de penser à sa mère. Il doit se préparer. Il doit se mettre dans la peau d’un blogueur professionnel. D’un journaliste. Les questions ! Il n’a pas pensé aux questions. Qu’il est con. Le point central de l’interview est les questions. Comment il a pu l’oublier ? Boulet. Gros boulet. Ce n’est pas grave. Il a bien interviewé Thor sans préparation. Il peut faire pareil avec l’actrice. Louisa Hensley. Il connaît la série. Il connaît un peu son parcours. Il peut y arriver. Il peut s’en sortir. Il peut le faire. Il est un super-héros, maintenant. Il peut bien sauver le monde et improviser une discussion avec la jeune femme. Qu’est-ce qui est le plus compliqué, au final ? Sauver des millions de personnes ou discuter avec quelqu’un ? On se le demande. Il a toujours fait dans l’improvisation. Ses devoirs. Ses examens. Sa vie toute entière. Il est venu à New-York pour improviser sa vie. Et voilà où ça le mène. Au sommet d’un immeuble du Queens. Dans l’ascenseur, il se dit qu’il aurait peut-être dû mettre une cravate. Mais il n’en avait pas. Qu’il aurait peut-être dû mettre des chaussures en cuir. Sauf que les seules qu’il a sont des Stan Smith. Il les a mises. Histoire de faire un effort. Les deux seules choses qu’il a réussi à trouver sont une chemise et une veste de costard. Le salaire de coursier n’est vraiment pas bon. Et dire qu’il va devoir s’acheter un costume de super-héros… il n’est pas dans la merde. Il lui faut un prêt ! Mais va justifier une demande de prêt pour acheter un costume, hein.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent et dévoilent une vue imprenable sur tout New-York. Wow. L’endroit est à couper le souffle. Il est plutôt habitué à la vue depuis le sol, en bordure de l’East River. Pas de si haut. Il oublie parfois comme la ville est grande. “Salut !” Jared reporte son attention sur la jeune femme qui l’interpelle. Elle a un grand sourire, mais, sans vouloir être impoli, qui c’est ? Il met quelques secondes à reconnaître la femme dont il suit les aventures à travers l’écran de son ordinateur. Complètement transformée. Loin du personnage qu'elle joue. “Oh ! Bonsoir Louisa !” Il lui tend une main. Est-ce qu’il peut l’appeler par son prénom ? Ou doit-il l’appeler par son nom de famille et lui donner du “madame” ? Les super-héros, il connaît. Pas les célébrités. Il n’est jamais à l’abri de tomber sur une diva. Quoiqu’elle n’a pas vraiment la tête de la diva. On n'est pas du tout sur une réplique de Mariah Carey et heureusement. Mariah Carey fait flipper. Elle lui aurait sûrement préparé un cadre bizarre pour l’interview. Genre, une baignoire pleine de mousse avec des gars pour la nourrir de raisins. Il en a des frissons. Pour l’instant, il ne voit pas de baignoire. Il ne voit pas d’hommes avec des plateaux de raisins. Il voit seulement un paysage urbain incroyable. Et un restaurant. Est-ce que ce serait un rencard ? Elle a flashé sur son humour et sur son visage et elle a décidé de mettre un peu de piquant dans sa vie, en prenant le risque de tomber sur un fou psychopathe ? “Je suis contente que tu aies pu venir !” Le tutoiement direct. Il commence à bien l’aimer, cette petite Louisa. Elle a l’air simple. Beaucoup plus que lui dans son accoutrement. Finalement, les converses auraient été plus judicieuses. Ils auraient eu un sujet de discussion commun. Une prochaine fois, peut-être. S’il y a une prochaine fois. Bon sang, il a encore faim. Faut qu’il aille voir son médecin, ce n’est pas normal d’être si affamé. Si ? Non, bien sûr que non. Mais depuis quelques jours, il n’est plus si normal. “Je suis enchantée de te rencontrer !” Elle est polie ! Et elle lui sert la main ! Finalement, être ami avec des célébrités, ce n’est pas si compliqué. Il suffit d’envoyer un mail, d’attendre un peu, d’accepter un rendez-vous dans un restaurant-cinéma en haut d’un immeuble et de venir. Aussi simple que cela. Faudrait qu’il tente avec Brad Pitt. Il aurait peut-être besoin d’aller boire un verre quelque part. “Moi aussi ! C’est complètement dingue de vous... de te rencontrer. Tu sais que je suis chacun de tes épisodes ? L’histoire est vraiment… hum… je veux dire que professionnellement, je trouve les scénarios bien écrits et cohérents avec ce que vivent les super-héros.” Il se reprend en cours de route. Il a promis de ne pas jouer les fanboys. Pas ce soir. Ce soir, il doit être professionnel. Ce soir, il doit être à la hauteur. Ce soir, il doit être sérieux. Il a quand même une réputation à tenir. Il a quand même un blog à faire fonctionner. Il ne peut pas tout foirer à cause d’une actrice. Non, Louisa, tu ne lui feras pas perdre la tête !

J'espère que tu n'as pas eu trop de mal à trouver cet endroit !” Un restaurant perché sur un immeuble ? Nooon, tellement facile à trouver. Pas de panneau de direction. Pas d’enseigne. Le genre d’endroit super intimiste dont l’adresse n’est transmise que par bouche-à-oreille. Easy, voyons ! C’était un défi à la hauteur de l’inspecteur Hemingway. “Quand je n’écris pas des trucs sur mon blog ou que je ne rencontre pas des actrices, je suis coursier. Je connais la ville et GoogleMaps est un bon moyen de  trouver !” Il esquisse un sourire. Attendez, ce n’est pas une odeur de nourriture qu’il sent ? A l’odeur, il pencherait pour une entrecôte saignante. Mince ! Il a tellement faim qu’il pourrait en manger cinq d'affiliés. Son salaire va y passer. Ce ne sera pas pour maintenant le super-costume. Il va devoir attendre encore un peu. “Dis, ça te dérange si je grignote quelque chose ? Je n’ai pas eu le temps de manger et j’crois que je vais m’évanouir si ça continue.” Il en serait bien capable. Il ne peut décemment pas interviewer Louisa en ayant le ventre vide. Il ne serait pas concentré. Il dirait des conneries (comme d’habitude). Il serait dérangé par les grondements de son ventre. Pour la bonne continuité de ce rendez-vous, il doit absolument manger six entrecôtes, deux hamburgers, trois pizzas et peut-être, deux gâteaux au chocolat. Après ça, il devrait s’en sortir. “J’ai été surpris que tu répondes personnellement à ma demande. J’pensais que j’aurais affaire à un tes employés. D’ailleurs, tu es toute seule ? Tu n'as pas peur que je te tue à coups de fourchette ? Pas que je vais le faire, hein, je suis parfaitement sain d'esprit, mais c'est dangereux pour une star comme toi !” Si Jared continue sur cette lancée, il va la faire flipper. Elle va s’enfuir en sautant du toit, tellement terrorisée qu’elle ne prendra même pas la peine de passer par l’ascenseur. Il faudrait qu’il se calme. Mais quand même… Il pourrait être n’importe quel hacker qui aurait pris l’identité du vrai The Mole. A moins que des gardes-du-corps ne se cachent dans les pots de fleurs et dans les cuisines.

© GASMASK
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Elle aime bien son style. C'est d'ailleurs la première chose qu'elle pense quand il sort de l'ascenseur. La veste de costard mise avec des Stan Smith, elle valide complètement, ça donne un côté décontracté à la veste, et elle presque quasi-sûre qu'il ne l'a même pas fait exprès. Instinct féminin peut-être. Ça lui plait, en tous cas. Jared Hemingway dégage quelque chose de très cool, rien qu'en étant là. Elle a toujours trouvé que ça ressortait dans son écriture, eh bien elle a désormais la preuve que ça fait partie intégrante de sa personnalité, en fait. En tous cas, il lui inspire quelque chose de franchement sympathique, et c'est sûrement pour ça qu'elle le tutoie tout de suite, sans même y réfléchir. « Moi aussi ! C’est complètement dingue de vous... de te rencontrer. Tu sais que je suis chacun de tes épisodes ? L’histoire est vraiment… hum… je veux dire que professionnellement, je trouve les scénarios bien écrits et cohérents avec ce que vivent les super-héros. » Elle n'arrive pas à retenir un petit rire. Il est carrément monté sur pile, ce mec-là, n'est-ce pas ? Il y a quelque chose de tellement naturel chez lui que ça la met immédiatement en confiance. Elle se doute bien qu'il essaie de ne pas jouer les groupies étant donné ce qu'il vient de dire, et ça l'amuse. Il ne ressemble aucunement à toutes les personnes auxquelles elle est confrontée en interview depuis qu'elle a commencé. Finalement, il est presque plus proche du fan que du journaliste. Louisa a rencontré tellement de professionnels avec lesquels il a été désagréable de travailler... On ne dirait pas, comme ça, mais beaucoup de journalistes ont perdu la passion de leur travail. Ils arrivent en interview en saluant seulement rapidement leurs invités, et posent leur question avec une monotonie à endormir le Hulk. Certains n'en ont même carrément rien à faire, n'écoutent qu'à moitié ses réponses, juste impatients d'en finir et d'aller siroter du champagne dans une boîte New-Yorkaise à la mode en se vantant de rencontrer les personnes les plus célèbres de la terre. Louisa déteste les journées d'interviews à cause de ça, et préfère largement quand elle est en convention, à la rencontre des fans. Eux, au moins, en ont quelque chose à faire. Sur une journée à rencontrer des journalistes, elle ne va en croiser que la moitié, ou même parfois un quart, avec qui le feeling va passer, et qui sont vraiment intéressés par son travail et qui se sont réellement renseignés.

« Quand je n’écris pas des trucs sur mon blog ou que je ne rencontre pas des actrices, je suis coursier. Je connais la ville et GoogleMaps est un bon moyen de  trouver ! » répond-t-il quand elle lui demande s'il n'a pas eu trop de mal à trouver l'endroit. Elle hausse les sourcils en entendant qu'il est coursier. Plutôt dingue, comme métier... Mais au moins, ça lui permet sûrement de tomber sur des héros un peu par hasard au fil de la journée ! Elle est presque jalouse. Elle aimerait pouvoir se balader tranquillement dans New-York, visiter n'importe quel quartier, apprendre à connaître la ville sur le bout des doigts... Mais c'est impossible. Chacune de ses sorties, quand elle n'est pas bien grimée ou cachée sous une écharpe et une casquette (et encore, ça intrigue les gens, ce genre d'accoutrement), se transforment en bains de foule. « Dis, ça te dérange si je grignote quelque chose ? Je n’ai pas eu le temps de manger et j’crois que je vais m’évanouir si ça continue. » Vraiment le type de mec qu'elle adore, ce Jared. Certains font mine d'être spontanés devant elle pour faire comme s'ils étaient normaux et se foutaient de sa célébrité. Le jeune homme n'est pas du tout comme ça. Tout ça est bien sincère, et c'est vraiment rafraîchissant. « Ah nan pas du tout, ne t'inquiètes pas, j'ai super faim moi aussi. » Elle l'entraîne vers la table sur laquelle elle a installé ses affaires, et contre laquelle son skate est appuyé. « J’ai été surpris que tu répondes personnellement à ma demande. J’pensais que j’aurais affaire à un tes employés. D’ailleurs, tu es toute seule ? Tu n'as pas peur que je te tue à coups de fourchette ? Pas que je vais le faire, hein, je suis parfaitement sain d'esprit, mais c'est dangereux pour une star comme toi ! » De nouveau, elle lâche un rire, en s'asseyant à sur l'un des hauts tabourets de la table. « Qui te dit que ce n'est pas moi qui attire les gens naïfs pour mieux les massacrer à coups de fourchette ? » dit-elle en prenant une expression de psychopathe. « Louisa Hensley, le serial killer le mieux déguisé de sa génération. » Elle quitte son faux air de folle avec un nouveau petit rire amusé. « J'aurais bien voulu venir seule, pour tout te dire, mais impossible de me débarrasser de quelques gardes du corps, c'est dans mon contrat. » Elle lève les yeux au ciel. « Il y en a un en bas de l'immeuble, un à la sortie de l'ascenseur. » dit-elle en désignant le vide, à quelques mètres d'eux, puis les portes de l'ascenseur. « Ici, je fais confiance à Marcus, qui est derrière le bar. On se connaît depuis des années, je viens souvent ici. » confie-t-elle. « Et je peux te dire qu'ils font des burgers d'enfer. » fait-elle en appelant la serveuse, Leah, qu'elle connaît elle aussi, d'un geste de la main. « Et quant au fait que je t'ai moi-même contacté.. Eh bien mon agent n'était pas très partant pour cette interview, alors j'ai décidé de la faire malgré tout, donc il m'a dit que si je voulais que ça arrive, je devrais l'organiser toute seule. C'est ce que j'ai fait. Je tiens à ce qu'on me laisse un peu de libre-arbitre, quand même. » fait-elle tandis que Leah arrive vers eux. Elle tend la carte à Jared. « Tu veux boire quelque chose? Lâche-toi, c'est moi qui régale. »
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Faut qu’il se calme. Ça part dans tous les sens, là-haut. Dans son petit cerveau. Rencontrer des super-héros, c’est devenu habituel pour lui. Rencontrer des célébrités, c’est tout nouveau. En fait, Louisa est la première qu’il voit. Il peut la toucher. Il peut lui parler. Il peut l’observer (pas trop, sinon il va ressembler à un fou furieux). Il peut vraiment avoir un échange avec elle. Et dire qu’il y a des fans qui seraient prêts à tuer père et mère pour être à sa place. Il y en aurait sûrement qui fondraient en larmes devant elle. Jared n’est pas comme ça. Nooon, il est terre à terre. Il est calme, posé, serein. Tout ceci est normal, naturel. Tout ceci est dans la continuité de son blog, voyons. En fait, pas du tout. À l’intérieur, il trépigne. En plus, elle est aussi simple que… qu’une amie ! C’est ça. Elle est la meilleure amie de la planète. Après avoir croisé la route de la femme parfaite, il tombe sur l’amie parfaite. Mais que lui arrive-t-il ? Avec Louisa, il a plus de chance d’arriver à ses fins. Pas besoin de la harceler pour qu’ils aillent boire un café. Pas besoin de la percuter avec son vélo, aussi. Ils en sont déjà à l’étape du dîner. Ce n’est pas beau ? “Ah nan pas du tout, ne t'inquiètes pas, j'ai super faim moi aussi.” Il la suit jusqu’à la table. Attendez… le skate est à elle ? Il confirme ce qu’il a dit. Elle est la meilleure amie parfaite. À partir de ce soir, il ne la lâche plus. Il commentera toutes ses photos Instagram. Il lui enverra trois mails par jour. Il surveillera son agenda d’actualités cinq fois par heure. Il partagera toutes ses informations. Stop. Non, oubliez. Il se transformerait en fan collant, si il le faisait. Faut savoir jouer l’ami indisponible. Le gars qui a une vie intéressante et prenante. Le gars indisponible. Il répondra à ses appels, pas l’inverse. Voilà ! Maintenant, il doit croiser les doigts pour qu’elle lui donne de ses nouvelles et autrement que par la newsletter envoyée par son fanclub. “Le skate est à toi ? Il est vraiment cool ! J'en avais un quand j'étais gamin, mais ma mère me l'a confisqué quand elle a vu que je m'en servais pour dévaler les escaliers. Depuis, je n'y ai plus touché." Il a été un gamin incompris. Un gamin maltraité et puni excessivement. Okay, il s'est cassé plusieurs os à cause du skateboard. Okay, il a failli exploser un vase en n'arrivant pas à s'arrêter. Mais tout de même ! Ce n'était pas si gênant que ça. Jared se laisse tomber sur la chaise. Qu’est-ce que ça fait du bien de s'asseoir ! Il a l’impression de ne pas s’être posé depuis… depuis ce matin. Il récupère un bloc-notes rangé dans son sac-à-dos et récupère son téléphone. Cette fois, il ne merde pas. Il ne supprime pas l’enregistrement vocal. Sinon, il saute du haut de l’immeuble. Oui, il n’y a pas de juste mesure avec Jared. C’est tout ou rien. C’est un passionné, c’est un sanguin. Il n’y peut rien. Bon, en fait, il se casserait sûrement la tronche en escaladant la rambarde et se retrouverait suspendu dans le vide, seulement retenu par ses mains accrochées à la barrière. Mais chut, on ne va pas le dire !

Qui te dit que ce n'est pas moi qui attire les gens naïfs pour mieux les massacrer à coups de fourchette ?” Han mon dieu ! Il ne l’a pas vu venir. Elle fait vraiment bien la psychopathe. Elle la fait même trop bien. Ceci est sûrement son dernier repas. Il va mourir et lui servir de casse-croûte. Remake d’Hannibal. Merveilleux. La sortie est par où, au fait ? Les parachutes sont fournis en cas de saut impromptu ? Non parce que finalement, il n’a plus très faim. Il aimerait bien rentrer chez lui. Allez, soyez sympa ! “Louisa Hensley, le serial killer le mieux déguisé de sa génération.” Il éclate de rire. Bon okay, elle est une bonne comédienne. Une excellente comédienne. Faudrait quand même qu’il vérifie auprès de la police si son profil ne correspond pas à un serial killer en liberté. Juste pour savoir. Juste pour se rassurer. Mais dans l’immédiat, elle n’a pas l’air de vouloir le manger. Elle n’a pas l’air de se rapprocher dangereusement de sa fourchette. Il devrait survivre jusqu’au dessert. Finalement, cette interview va être super cool à faire. Elle est plus loquace que Thor (sans rancune, mec !). Et elle a de plus beaux cheveux. On peut pas dire le contraire, les gars ! Vous avez vu les cheveux de paille de Thortue (oui,ils se sont rencontrés, il a le droit de le surnommer) ? “J'aurais bien voulu venir seule, pour tout te dire, mais impossible de me débarrasser de quelques gardes du corps, c'est dans mon contrat.” Oh merde. Il y a des gardes-du-corps. Il doit faire attention à sa maladresse. Ses gestes spontanés peuvent parfois faire flipper et faire penser à une agression. Comme faire voler son couteau dans les airs après qu’il lui ait échappé des doigts. Il va finir plaqué au sol par une équipe de sécurité. Crotte. Il va manger avec ses doigts. Ce sera plus sûr. Et pas d’os ni d’arêtes. Il pourrait en balancer une sur Louisa. Ni la pomme de terre. On connaît tous la pomme de terre suicidaire qui saute de l’assiette quand on essaye de planter la fourchette. En fait, il va se contenter du pain. Le pain, c’est très bien. Le pain, c’est la vie. “Il y en a un en bas de l'immeuble, un à la sortie de l'ascenseur.” Deux gardes-du-corps ? Pour un petit bout de femme comme ça ? Ce n’est pas un peu disproportionné ? Ils seraient capables de l’écraser sous leurs muscles. Faudrait pas que Louisa se transforme en purée, les gars ! Il suit ses mouvements pour localiser ses bodyguards. Bon au moins, il n’y en a pas un caché sous la table. Non mais elle a raison. Les gardes-du-corps, c’est tellement pratique pour faire disparaître les corps de ses victimes. Ni vu ni connu. “Ici, je fais confiance à Marcus, qui est derrière le bar. On se connaît depuis des années, je viens souvent ici.” Jared esquisse un grand sourire et fait un signe de la main à Marcus. Salut mon pote. Il va rester bien sage et essayer de ne pas attaquer Louisa avec un petit pois. Promis ! Il est prêt à faire des efforts, s’il peut avoir quelques réponses aux questions qu’il n’a pas encore. Il se concentre sur l’actrice. Il est quand même venu là pour elle et pas pour mater Marcus.

Et je peux te dire qu'ils font des burgers d'enfer.” Il n’en fallait pas plus pour stimuler son estomac. Un gros grognement s’en échappe. Fini la discrétion. Fini le charisme du blogueur qui maîtrise parfaitement son sujet. Il vient de tout briser en trois secondes. Mais il a faim, bordel ! Il doit vraiment apprendre à gérer ses repas. Peut-être en instaurant six dans la même journée. Ce n’est pas trop ? “Et quant au fait que je t'ai moi-même contacté.. Eh bien mon agent n'était pas très partant pour cette interview, alors j'ai décidé de la faire malgré tout, donc il m'a dit que si je voulais que ça arrive, je devrais l'organiser toute seule. C'est ce que j'ai fait. Je tiens à ce qu'on me laisse un peu de libre-arbitre, quand même.” Okay, c’est vexant, mais il ne va pas faire sa diva. Il va rester humble et modeste. Après tout, il n’a pas un blog qui fait carton plein et qui a la même audience qu’un site de presse. Il est tout petit à côté d’eux. Il est même ridicule. D’ailleurs, il ne comprend pas pourquoi elle a accepté cette rencontre. Elle a sûrement des choses bien plus intéressantes à faire. Comme dévorer des fans. “Ça t’arrive souvent d’aller contre l’avis de ton agent ou je suis le seul et unique privilégié ?” Il remercie la serveuse, en prenant la carte. Le moment fatidique. Il doit trouver le truc le moins cher. Genre, le moins cher de toute la liste. Une salade, peut-être ? Un verre d’eau ? Il ouvre le menu et se lance dans son exploration. Il manque la fibrillation, l’arrêt, l’étouffement, l’apoplexie et plein d’autres mots scientifiques qu’il ne comprend pas tout à fait. Un état qu’il cache en soulevant le menu au niveau de son visage. Oui, discret comme réaction. Pas du tout flippante. “Tu veux boire quelque chose? Lâche-toi, c'est moi qui régale.” Quel est le cocktail qui le nourrirait le plus ? Non attendez, l’alcool pourrait faire des ravages. Il pourrait se mettre à courir et percuter des trucs sur son passage. Il vaut mieux rester professionnel et se contenter… d’un coca. Voilà. Ça, c’est raisonnable et au moins, il ne vide pas le compte bancaire de Louisa. “Je vais prendre un coca, merci !” Il annonce son choix à l’employée, avant de se replonger dans l’étude de la carte. Finalement, il se laisserait bien tenter par ce plat. L’autre là-bas a l’air pas mal du tout. Et le suivant aussi… Mais est-ce qu’il ne prendrait pas plutôt celui-ci ? Bon, tant pis pour le prix et pour son régime. Il y a un moment, il faut être réaliste. Il faut prendre le taureau par les cornes. Il a faim. La carte est appétissante. Il mange tout. Non pas tout, ce serait abusé. Plutôt la moitié de la carte. Allez, ça devrait faire l’affaire s’il ne court pas après. “Je vais prendre un carpaccio d’ananas, la burrata avec les artichauts grillés, du saumon grillé, le poulet fermier. Et en dessert, ce sera une glace au peanut butter, un cheesecake et une crème brûlée.” Il relève la tête du menu pour croiser le regard ahuri de Leah. Ben quoi ? Il ferme le menu et le lui tend. Bon okay, il est gourmand et il commande beaucoup de choses, mais il a le droit, non ? Il n’y a pas la brigade de l’Association Contre les Gros Mangeurs, quand même ? Il laisse échapper une grimace. Même pour lui, manger autant n’est pas courant. Autant avant, il avait un gros estomac. Maintenant, c’est un gouffre qu’il a à la place de l’estomac. “J’ai très faim…” Seule explication qu’il peut leur donner. Sinon, Harry va encore pousser une gueulante et l’accuser de ne pas protéger son identité. Il a décidé d’être sage et raisonnable. Pour ne pas se prendre le gamin en pleine gueule une nouvelle fois. Il est sympa, ce gosse, mais terriblement protecteur.

Il s’éclaircit la gorge. Bon, c’est le moment de passer aux choses sérieuses, non ? Il attend que Louisa passe sa propre commande pour entrer dans le vif du sujet. Il prépare son téléphone. Il décapuchonne son stylo. Poussez-vous, le blogueur est dans la place ! C’est ti-par ! “Je me suis toujours demandé… avant d’accepter votre rôle dans Young Justice, est-ce que vous vous étiez intéressée aux super-héros ? C’était un truc qui vous passionnait ou pas du tout ?” Les acteurs acceptent souvent les rôles pour des raisons différentes. Pour l’argent (ce que Jared comprend parfaitement vu son salaire actuel). Pour le scénario (ce qu’il ne comprend pas. On s’en fout de l’histoire tant qu’il y a de l’argent, non ?). Par dépit (ce qu’il peut comprendre aussi, faut bien payer le loyer !). D’un autre côté, il ne connaît rien du monde du showbiz, de la télévision, du cinéma. Ce sont des univers complètement éloignés du sien. Des trucs qu’il ne maîtrise pas et qui lui semble loin. Genre, très lointain. Sur une autre planète. Un peu comme Asgard, en fait. “Je suis sûr que vous avez rencontré des super-héros ! Lequel vous préférez d’entre tous ? Et ne me dites pas Thor parce que c’est le mien !” On ne touche pas à Thor ! Pas question de le lui voler. Il a tous les droits dessus. En plus, il l’a déjà invité chez lui. Alors, si Louisa préfère le dieu, elle va devoir tirer un trait dessus, digérer son deuil et se trouver quelqu’un d’autre. Et vite, parce qu’il doit retourner travailler demain matin !

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« Le skate est à toi ? Il est vraiment cool ! J'en avais un quand j'étais gamin, mais ma mère me l'a confisqué quand elle a vu que je m'en servais pour dévaler les escaliers. Depuis, je n'y ai plus touché. » Louisa ne peut retenir une moue un peu triste. Elle baisse les yeux vers ce skate qu'elle a depuis des années, et qui l'a accompagnée dans tous les moments de sa vie. Il n'est pas neuf, ça se voit, il y a plein d'éraflures, des stickers plus ou moins vieux, des choses qui lui rappellent de bons moments. À l'époque, c'était son seul moyen de transport, et elle ne crachait jamais sur une occasion de l'utiliser. Aujourd'hui malheureusement, elle ne peut plus le prendre comme elle l'aurait pris avant. Trop dangereux, selon son entourage. Ça lui fait lever les yeux au ciel, à chaque fois. Comment peuvent-ils penser que c'est plus dangereux aujourd'hui qu'à l'époque, alors qu'elle ne connaissait à ce moment-là rien du code de la route et sous-estimait beaucoup de dangers? Elle sait très bien ce qu'ils veulent dire par là : il ne faudrait pas qu'elle s'abîme, ce serait dérangeant. Comment pourrait-elle jouer Miss Martian avec une cheville foulée, ou si elle se brise la clavicule? Elle ne leur en veut pas, à ses parents, son agent et tous ceux qui ont les yeux sur elle constamment, de penser à tout ça. Après tout, ils veulent son bien. Mais parfois, elle aimerait juste qu'ils lui lâchent la grappe. Elle aimerait pouvoir dire à Jared qu'elle prend son skate en douce le soir pour aller traîner dans New-York incognito... Mais ce serait mentir. Elle ne peut pas faire ça, et elle est assez raisonnable pour ne pas tenter le diable. Elle décevrait beaucoup de monde, et maintenant, oui, elle les connaît, les dangers de l'extérieur. Surtout pour une actrice mondialement connue. On serait capable de l'enlever juste pour une rançon astronomique, tout ça parce que la presse à scandale a publié son top des actrices les mieux payées de l'année, et qu'elle est en première position. Elle doit rester dans les clous, et elle n'est pas assez idiote pour risquer sa vie. « Il est à moi oui, c'est mon fidèle ami depuis des années! Je passais mon temps à traîner avec quand j'habitais encore à Vancouver. C'est trop dommage qu'il t'ait été confisqué... Mais en même temps, c'était pas très prudent, de dévaler les escaliers avec! » fait-elle remarquer avec un sourire amusé. « Bon, au moins, tu es grand maintenant, personne ne peut t'empêcher de t'en acheter un et de passer ta vie dessus, pas vrai? » Elle sourit tandis que Leah approche d'eux. La seule raison pour laquelle elle a pu venir en skate aujourd'hui est qu'elle a accepté de laisser ses deux gardes du corps la suivre en voiture. Drôle de conception de la liberté que cet objet est censé incarner.

« Ça t’arrive souvent d’aller contre l’avis de ton agent ou je suis le seul et unique privilégié ? » demande Jared en prenant la carte que Leah lui tend. La jeune actrice secoue la tête. « C'est plutôt rare. Je suis une gentille petite fille dans l'ensemble, ça le change des autres actrices dont il s'est occupé. » Elle hausse les épaules. Son agent lui en a raconté des vertes et des pas mûres sur certaines filles de l'industrie qu'il a carrément décidé de laisser tomber. « Donc j'imagine que oui, tu es un privilégié. » admet-elle avec un sourire amical. « Je vais prendre un coca, merci ! » annonce finalement le jeune homme, et Louisa demande la même chose à Leah tandis qu'il se repenche sur la carte, du côté des plats cette fois. Elle en fait de même. Il faut le dire, elle a ses habitudes et a du mal à les changer. « Je vais prendre un carpaccio d’ananas, la burrata avec les artichauts grillés, du saumon grillé, le poulet fermier. Et en dessert, ce sera une glace au peanut butter, un cheesecake et une crème brûlée. » Louisa a les yeux grands ouverts, ébahis, quand il arrête de parler, et elle lâche un rire franc. « J’ai très faim… » dit-il au bout d'un moment, tandis que Leah la serveuse envoie un sourire amusé à l'actrice. Bon bah il va leur faire leur chiffre du mois, à ce rythme-là. « Bah dis donc, t'as courru un marathon avant de venir ou quoi ? » le taquine-t-elle gentiment. « Tu te transforme en loup-garou dés que les gens ont le dos tourné et tu dois assouvir l'appétit de la bête? » fait-elle, pleine d'hypothèses. Elle ne le blâme pas trop, tout est si appétissant ici qu'il est difficile de choisir. Et puis comme ça au moins il pourra presque tout tester. Elle se demande si elle ne va pas lui demander de glisser un mot sur le restaurant dans un billet un de ces jours pour apporter plus de clients à Marcus. Sans bien sûr que Jared révèle qui lui a fait découvrir cet endroit.. Elle n'a pas envie que les fans se ruent ici uniquement pour la voir.

Tandis que la serveuse repart pour aller chercher leurs plats (ça risque de prendre un moment, vu la commande de Jared), le jeune homme sort son attirail de journaliste en herbe. « Je me suis toujours demandé… avant d’accepter votre rôle dans Young Justice, est-ce que vous vous étiez intéressée aux super-héros ? C’était un truc qui vous passionnait ou pas du tout ? » Louisa replace ses mèches de cheveux derrières ses oreilles et pince les lèvres, prenant un temps de réflexion avant de répondre. « En fait, j'ai toujours été fan de super-héros. Sûrement pas autant que toi, mais... J'ai lu beaucoup de comics et de livres quand j'étais plus jeune, et c'est resté très ancré en moi. » commence-t-elle. « C'est clair que quand on m'a contactée pour Young Justice, ça m'a immédiatement tapé dans l'oeil. Bon, j'ai pas accepté comme ça non plus, j'ai bien lu le script pour voir si ça correspondait à ce que je cherchais, si le scénario était bien écrit, s'il y avait vraiment du potentiel... Et j'en ai trouvé. J'avais à peine refermé le script que j'appelais mon agent en lui disant que j'avais trouvé mon premier grand projet après The Winter's Tale » La série a été un coup de foudre, dés le début, même si aujourd'hui elle se sent encore un peu étrangère dans l'équipe. Elle a du mal à se faire accepter de ses co-stars, peut-être parce qu'elle jouit d'une certaine renommée précédent sa participation à la série, ou peut-être simplement parce qu'elle n'a pas grandi dans le même monde qu'eux. Elle est persuadée qu'ils la trouvent bizarre. Mais ça, bien sûr, ce n'est pas quelque chose qu'on dit à un journaliste. « Je suis sûr que vous avez rencontré des super-héros ! Lequel vous préférez d’entre tous ? Et ne me dites pas Thor parce que c’est le mien ! » Elle s'amuse de cette confidence. « Tu dis ça parce que tu l'as rencontré ? » demande-t-elle, curieuse. « Tu sais, à part dans quelques galas, et encore, je n'ai pas rencontré beaucoup de héros. Iron Man bien sûr, mais on ne s'est jamais parlé. » Elle hausse les épaules. Au fond elle est toujours une simple gamine de vingt-trois ans. « Je ne sais pas si j'ai un héros préféré... Spider-Man peut-être. Je le trouve cool. Mais j'ai un gala dans quelques semaines où quelques héros sont annoncés... Je te dirai mieux ça à ce moment-là, j'aurai eu plus de temps pour les observer, et qui sait, leur parler! » Leah apporte leurs coca, et elle lève son verre en direction de Jared. « Cheers. » Quand elle a fini sa gorgée, elle demande : « Alors, pourquoi Thor? » Elle pointe le doigt vers l'enregistreur : « Fais gaffe à bien enregistrer cette fois... » se moque-t-elle un peu. Il saura maintenant qu'elle lit son blog.
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C'est plutôt rare. Je suis une gentille petite fille dans l'ensemble, ça le change des autres actrices dont il s'est occupé.” Une gentille fille quand elle n’est pas occupée à poignarder les gens avec sa fourchette. Evidemment. Toujours nuancer les propos des gens. En particulier quand ils vous avouent clairement qu’ils sont des serials killers. Faudrait pas qu’elle endorme la méfiance de Jared. Elle serait capable de lui sauter dessus quand il a le dos tourné pour planter ses dents dans sa nuque et lui sucer tout son sang. Méfiance ! Surtout derrière ses jolis traits et sa gentillesse. Il y a un truc qui cloche. Les acteurs aussi sympathiques n’existent pas. C’est un mythe. Peut-être qu’ils vont vraiment finir dans cette baignoire, finalement. Il n’aura qu’à prétendre un mal de ventre pour s’enfuir en courant. En courant vite. Très vite. “Donc j'imagine que oui, tu es un privilégié.” C’est bon à savoir. Il a une exclusivité. Il a une chance que personne d’autre n’a. Il ne doit pas rater son coup. Il doit poser les bonnes questions. Il doit creuser et trouver tous ses petits secrets. Sauf que pour le moment, il a l’impression de discuter avec une amie. Elle est bien plus proche et amicale qu’il ne l’avait pensé. Il s’imaginait devoir lui parler à trois cent mètres de distance (distance de sécurité permettant d’éviter à tout postillon de Jared de l’atteindre). Il pensait qu’elle aurait une maquilleuse, une styliste, un attaché de presse, un avocat, un garde-du-corps et un serveur autour d’elle. Au final, ils sont juste tous les deux, autour d’une table. Avec même pas un mètre pour les séparer. Tous ses postillons peuvent atterrir dans sa soupe. Est-ce qu’elle a conscience des risques ? “Bah dis donc, t'as courru un marathon avant de venir ou quoi ?” Il a un sourire fier. Évidemment qu’il a couru un marathon. En vingt secondes et trois millièmes. Mais ça, il ne peut pas le dire. Identité secrète obligée. Au début, il était triste de ne pas pouvoir dire à n’importe qui qu’il avait la super-vitesse. Et maintenant, il a l’impression d’être un agent secret qui ne doit surtout pas être grillé. Il se prend au jeu. Quitte à en faire un peu trop, parfois. Il est novice dans ce domaine. Il lui faut quelques cours. Peut-être qu’il demandera à Daredevil… Non, mauvaise idée. La dernière fois, il lui a donné un coup de couvercle dans la tronche. Pas sûr que le gars accepte de donner d’autre conseil que “va mourir, fous-moi la paix !”. Le gars complètement rancunier ! Les erreurs, ça arrive à tout le monde, d’abord ! Jared ne doit pas y repenser. Il serait capable de… de quoi ? De casser un verre ? De planter son couteau dans la table ? De frapper Marcus ? C’est vrai que jusqu’à maintenant, il s’est montré particulièrement doué en combat. Raison pour laquelle Judith lui a explosé les parties intimes. Raison pour laquelle il sursaute encore quand on le frôle dans la rue. Avec un petit couinement apeuré. Sinon, ce n’est pas drôle.

Tu te transforme en loup-garou dés que les gens ont le dos tourné et tu dois assouvir l'appétit de la bête?” Il se met à rire. L’idée est plutôt drôle. Sauf qu’il serait le genre de loup-garou tellement maladroit qu’il mangerait sa propre main, en pensant dévorer un passant. Un loup-garou boulet, quoi. “T’as pas le droit de juger, madame la serial killer !” Qui aurait cru qu’une meurtrière et qu’un loup-garou mangeraient à la même table, un jour ? Les miracles se produisent. Est-ce qu’on est un soir de pleine lune ? Faudrait pas qu’il se transformer devant elle. Elle pourrait être effrayée par ses poils. Elle pourrait succomber à la vue de ses muscles sur-développés de bête poilue. Son petit-ami ne serait pas content. Mais son petit-ami ne pourrait rien faire face à un loup-garou. Jared le dévorerait en trois secondes. MUHAHAHAHA. Plus rien ne pourra l’arrêter. Il pourra dominer le monde. Il pourra manger son chef ! MON DIEU MAIS OUI. Dès demain, il le bouffe. Tout cru… ou au barbecue. Le barbecue, ça pourrait être une bonne idée. Ce petit goût braisé… Jared a vraiment trop faim. Définitivement. “En fait, j'ai toujours été fan de super-héros. Sûrement pas autant que toi, mais... J'ai lu beaucoup de comics et de livres quand j'étais plus jeune, et c'est resté très ancré en moi.” Personne ne peut dépasser sa passion pour les super-héros. Personne ! Petit, il dormait au milieu de ses comics. Il avait des étagères remplies de figurines. Il avait des tonnes de posters qui se superposaient tellement qu’on ne voyait plus la couleur de ses murs. Il avait des caleçons Captain America, des trousses Captain America, des stylos Captain America. Toute la collection du parfait écolier. D’ailleurs, grâce (ou à cause) de Captain America, il aimait aller à l’école… pour jouer avec ses fournitures scolaires. Il a ainsi appris que la règle Captain America est plus forte que la gomme Captain America, mais que la règle casse entre ses doigts quand il la plie un peu trop. Quand une règle Captain America casse, ça fait mal ! “C'est clair que quand on m'a contactée pour Young Justice, ça m'a immédiatement tapé dans l'oeil. Bon, j'ai pas accepté comme ça non plus, j'ai bien lu le script pour voir si ça correspondait à ce que je cherchais, si le scénario était bien écrit, s'il y avait vraiment du potentiel... Et j'en ai trouvé. J'avais à peine refermé le script que j'appelais mon agent en lui disant que j'avais trouvé mon premier grand projet après The Winter's Tale.” Hein hein. Il hoche la tête et prend des notes. Il comprend. En fait, pas du tout. Il ne sait pas ce que ça fait de recevoir des scripts chez lui. Déjà qu’il ne lit pas les publicités, alors des pavés encore moins. Les seuls trucs qu’il lit, ce sont les comics, les tweets et les articles de blog. Une lettre de la banque, c’est déjà trop pour lui, alors un script !

Si seulement il pouvait recevoir des propositions de travail de son chef. Il aurait le luxe d’envoyer bouler son patron et de lui dire que cette livraison n’est pas assez bien. La classe. Si Jared lui proposait cette solution, son patron deviendrait tout rouge et lui hurlerait de faire correctement son travail, avant de chercher à l’améliorer. Tsss ! Un jour, Jared viendra mettre le bordel dans son bureau avec sa super-vitesse. Il collera des dizaines de photos de femmes nues sur ses murs et il enverra un mail à toute la boîte pour les prévenir d’une augmentation de 20 % de leur salaire. Promis, il le fera. “Tu dis ça parce que tu l'as rencontré ?” Bien sûr qu’il l’a rencontré ! Elle le prend pour qui ? Ils ont même bu une bière ensemble, partagé le même paquet de chips, discuté de New-York. Il veut poser un coude sur la table, mais se rate lamentablement. Okay. Donc, son corps veut vraiment qu’il foire tout avec Louisa. Genre la première actrice qu’il rencontre. Son corps ne veut même pas être coopératif et obéir à ses ordres ! C’est un sabotage ! C’est un scandale ! Il se redresse comme si de rien n’était et enfonce enfin son coude dans la table. “Oui ! Mais tu sais, c’était une rencontre normale, entre deux hommes normaux. Il est très simple, comme gars. Enfin, un peu bizarre mais c’est sûrement ce qu’ils leur font manger à Asgard. Plein d’herbes et de légumes, j’en suis sûr.” Des trucs qui grillent le cerveau. Clairement. Il a toujours pensé que les légumes pourrissaient le cerveau. C’est pour cela que lorsque l’on est gamin, avec l’instinct de survie, on refuse les épinards et les choux-fleurs. On le sait. On le sent (rien qu’à l’odeur !). “Tu sais, à part dans quelques galas, et encore, je n'ai pas rencontré beaucoup de héros. Iron Man bien sûr, mais on ne s'est jamais parlé.” Pause. Louisa, pause ! Comment ça, elle a rencontré Iron Man pendant un gala ? Pourquoi Jared n’a pas été invité ? C’est quoi ce bordel ? Il a pourtant envoyé un mail à fanironman@ironmanfanclub.com pour être prévenu de tous les galas et pour être invité. En fait, il a compris. Il doit devenir célèbre pour être invité à rencontrer les super-héros. C’est parti. On commence par quoi ? Une sextape ? Pas sûr que Jazz accepte. Une exhibition à moitié nu dans la rue ? Pas sûr qu’il ose le faire sans avoir bu trois bouteilles de vodka. En réalité, l’anonymat est tellement plus simple. “[color:20e7=#indianred]Je ne sais pas si j'ai un héros préféré... Spider-Man peut-être. Je le trouve cool. Mais j'ai un gala dans quelques semaines où quelques héros sont annoncés... Je te dirai mieux ça à ce moment-là, j'aurai eu plus de temps pour les observer, et qui sait, leur parler! ” Il a la bouche ouverte. Bloqué dans une expression stupéfaite. Il veut sa vie. C’est décidé. Il veut s’appeler Louisa Hensley. Tant pis s’il doit porter des robes et des talons. Tant pis s’il doit être maquillé et travaillé pendant des heures pour tourner une scène. Il veut rencontrer les super-héros aussi facilement qu’elle. Quelle vie injuste ! Il les aime plus qu’elle et pourtant, c’est Louisa qui les voit n’importe quand. Pourquoi, monde cruel ? Pourquoi ?

Tu-tu-tu-tu-tu…” Respire Jared, respire. Tout va bien se passer. Retrouve les mots dans ta tête. Ne te mets pas à baver. Allez, tu peux retenter. “Tu les rencontres juste… comme ça ? En étant simplement invitée ?” L’idée semble totalement folle pour lui qui se met en danger à chaque fois. Combien de fois a-t-il pensé “ce serait tellement mieux que l’on se voit tous en costard et que l’on discute tranquillement autour d’une coupe de champagne” plutôt que manquer de se faire tuer dans un incendie pour les apercevoir ? Un jour, il sera peut-être invité. Peut-être que Louisa va lui proposer de venir ? Il n’ira pas jusqu’à demander. Nooooon. C’est pas son genre. Noooooon. Si... ? Le verre de coca arrive pile au bon moment. Jared s’y accroche et boit une première gorgée. “Alors, pourquoi Thor?” Parce qu’il est beau. Fort. Incroyable. Extraterrestre. Puissant. Parce qu’il a un marteau trop cool. Parce qu’il a tout pour lui, le petit Thor. Il préfère s’en tenir à la vraie raison. La première. La principale. “Tu te rappelles quand ils ont trouvé son marteau au Nouveau-Mexique ? Thor a débarqué dans ma ville et il m’a sauvé de cet espèce de gros robot qui détruisait tout avec son oeil cyclope.” Il s’en rappelle encore. Il a bien cru qu’il allait mourir. En même temps, il était sur la route dudit robot et ne bougeait pas d’un poil. Forcément qu’il allait finir en chipolata. Il n’aurait pas fallu s’étonner. Au lieu de cela, c’est la cape de Thor qui a pris cher. Mais bon, on préfère la cape que les fesses de Jared, n’est-ce pas ? “Fais gaffe à bien enregistrer cette fois…” Il esquisse un sourire. il a bien appris sa leçon. Il ne va pas supprimer l’enregistrement. Il ne va pas faire de conneries. Enfin, il espère. Entre maintenant et le moment où il va réécouter l’interview, son doigt aura eu le temps de glisser sur la toucher “supprimer”. Il vérifie quand même que l’appareil enregistre bien. Juste pour être sûr. “Promis, j’fais un effort là-dessus ! Et en plus, je prends des notes, t’as vu ?” Avec un stylo Tortues Ninja. On a le swag ou on ne l’a pas, que voulez-vous ! On notera le gribouillis au-dessus de la feuille qui représente un espèce de chien à cinq pattes, borgne et sans oreilles. On n’est nul en dessin ou on ne l’est pas ! Il replace son carnet sur la table. Il pose également son stylo.

Il darde un regard sur elle, digne d’Inspecteur Colombo. Le regard effrayant par excellence. Un vieux qui vous regarde comme ça, ça fait forcément flipper. C’est à se demander si on n’a pas un truc entre les dents. “Alors, comme ça, tu lis mon blog ? Tu m’espionnes pour savoir comment mieux me tuer, hein ?” il a toujours du mal à rencontrer ses lecteurs. Quand il leur parle, il se rend compte que de vraies personnes lisent ses mots, partagent ses pensées. Un sentiment étrange. Un sentiment qu’il n’est pas tout seul dans cette aventure, au final. Il en serait presque gêné, même s’il ne le montre pas. Même s’il joue les imbéciles et les divas sur son blog. Il est encore plus perturbé par l’idée qu’une actrice puisse trouver le temps de lire ses articles. “Ton ancienne vie anonyme ne te manque jamais ?” Il y a peu, Harry lui a reproché d’annoncer fièrement qu’il est The Mole. Il lui a rabâché pendant des heures qu’il ne doit pas le dire devant n’importe qui. Sécurité. Blabla. Danger. Blabla. Risque. Blabla. Il n’y a pas trop porté attention, même s’il fait attention maintenant. Un peu. Pourtant, il est loin de la célébrité de Louisa. Il n’est qu’un petit blogueur qui a un peu d’influence. Rien d’exceptionnel.

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Elle n'a jamais rencontré Thor. Mais franchement, elle aimerait bien. Comme la plupart des gens sur cette terre, sans aucun doute. Alors forcément, elle se montre curieuse. Beaucoup de questions lui passent par la tête, et la première chose qu'elle aimerait savoir, soyons honnêtes, c'est si ses muscles sont aussi larges que sur les photos. Ses muscles sont presque devenus une légende à eux tout seuls, et les magazines se font un plaisir d'en parler à tort et à travers. Louisa a même fait un jeu récemment dans lequel le lecteur devait relier une photo de muscle à un super-héros. C'est dingue quand même, qu'ils en soient arrivés là. « Oui ! Mais tu sais, c’était une rencontre normale, entre deux hommes normaux. Il est très simple, comme gars. Enfin, un peu bizarre mais c’est sûrement ce qu’ils leur font manger à Asgard. Plein d’herbes et de légumes, j’en suis sûr. » Bon, très franchement, elle a un peu de mal à penser que Thor puisse être un gars normal. Il a vécu toute sa vie ailleurs, ça ne doit pas être facile de s'adapter à la vie sur terre. Non et puis... Enfin c'est Thor quoi ! Puis elle se fait la réflexion que les autres personnes peuvent tout à fait penser la même chose d'elle. Qu'il est impossible qu'elle soit une personne normale, étant donné sa notoriété et son adolescence très spéciale. Elle devrait revoir ses jugements. Et rencontrer Thor, pour se faire une véritable idée sur la question. Malheureusement, ce n'est pas celui qui se montre le plus en publique, et surtout, il ne vient jamais aux galas. Elle l'a vu une seule fois, de très très loin, mais ce n'était même pas pour une soirée mondaine, mais bel et bien parce que les Avengers étaient en mission. Elle l'a trouvé impressionnant, de loin, petit point dans le ciel, marteau en avant. La jeune femme a encore du mal à croire que des gens peuvent réellement voler.

« Tu-tu-tu-tu-tu… » Jared en perd ses mots, quand elle lui lance de manière complètement nonchalante qu'elle voit des héros de temps en temps lors d'événements mondains. Elle lui fait un petit sourire, un peu gênée d'avoir balancé cette bombe comme si c'était le truc ne plus normal au monde. « Tu les rencontres juste… comme ça ? En étant simplement invitée ? » Elle pince les lèvres et hausse un peu les épaules. « En fait... Oui. » Il n'y a pas d'excuse à avoir, c'est bel et bien ce qui se passe. Elle est invitée à des soirées, rencontre des héros comme si elle le méritait, comme ça, alors qu'en fait, elle n'a rien fait d'autre que jouer dans des films. Elle se sent un peu gênée maintenant qu'elle y pense. Jared mériterait bien plus ces rencontres avec ses idoles. Elle se promet que, la prochaine fois qu'elle croisera quelqu'un d'important, elle glissera un mot en faveur du blogueur, et lui obtiendra peut-être une ou deux interviews exclusives. S'il est vraiment sympa et que son agent et Loukas sont d'accord, elle pourra même peut-être lui dire de venir avec elle, un jour. Mais bon, ils se connaissent très peu, et elle ne peut bien sûr pas faire des propositions telle que celle-ci sans le connaître un peu mieux, son agent lui taperait sur les doigts. Elle garde ces idées dans un coin de sa tête, cependant.

Elle finit par lui demander pourquoi Thor est son héros préféré, curieuse. Il y a tant de gens qui se font appeler super-héros, aujourd'hui, qu'il est difficile de choisir. Le fait est qu'on les connait tous mal, puisque personne ne sait quelles sont leurs véritables intentions, à l'exception de quelques-uns d'entre eux, bien entendu. « Tu te rappelles quand ils ont trouvé son marteau au Nouveau-Mexique ? Thor a débarqué dans ma ville et il m’a sauvé de cet espèce de gros robot qui détruisait tout avec son oeil cyclope. » Elle ouvre grand les yeux. « Mon dieu tu viens de là-bas???? » Elle se souvient parfaitement des images diffusées à la télévision, des journaux qui relataient l'événement. Bien sûr, cela date de quelques années maintenant, mais c'était une époque où les super-héros n'étaient pas encore très présents sur le devant de la scène, alors ça avait marqué l'actrice. « La grosse classe. » dit-elle en portant son verre de coca à ses lèvres, un air toujous un peu ahuri sur le visage. « Je comprends mieux pourquoi c'est ton héros préféré. » fait-elle finalement. Elle suppose aisément que, si elle avait la chance d'être secourue par un héros, celui-ci deviendrait aussi son héros préféré de tous les temps. Jusqu'à aujourd'hui, la jeune femme a eu beaucoup de chance : Elle ne s'est jamais retrouvée sur les lieux d'un attentat ou d'un événement fâcheux. Elle espère que ça durera le plus longtemps possible, même si, comme tous les habitants de New-York, elle suppose que ça lui arrivera bien un jour ou l'autre. C'est devenu le quotidien des habitants de la ville, désormais, aussi triste et frustrant cela peut-il sembler. Elle attire finalement son attention sur l'enregistreur qu'il a posé sur la table, entre eux deux. « Promis, j’fais un effort là-dessus ! Et en plus, je prends des notes, t’as vu ? » Louisa prend un air plein d'admiration. « En effet, je vois ça. C'est bien. Dans le pire des cas tu as mon adresse mail s'il y a un souci. » dit-elle en souriant.

Il la regarde avec un air de détective privé. Si elle ne l'avait pas un peu cerné, elle serait complètement en train de flipper. « Alors, comme ça, tu lis mon blog ? Tu m’espionnes pour savoir comment mieux me tuer, hein ? » Elle pince les lèvres et regarde le ciel. « Je plaide coupable. » annonce-t-elle, une main sur le cœur, l'autre tendue en l'air. « En vrai, oui je lis ton blog. Presque depuis le début, même. J'ai même des notifications sur mon portable à chaque fois qu'un nouvel article est posté. Vive la technologie. » dit-elle en pointant son smartphone du doigt, devant elle. « Ça me détend. Je rigole beaucoup. Mon ancienne maquilleuse me prenait pour une dingue quand je lisais tes articles, parce que j'en pouvais plus sur ma chaise et que je l'empêchais de travailler. » Elle se souvient même qu'une fois, la jeune femme a été obligée de recommencer le travail autour de ses yeux parce qu'elle s'était pris un tel fou rire que son eye-liner avait coulé. Elle n'est pas une simple lectrice, elle est vraiment une fan. Ce n'est pas pour rien qu'elle l'a contacté de manière personnelle. Elle avait véritablement envie de le rencontrer, en tant qu'actrice, mais aussi en tant que personne.

« Ton ancienne vie anonyme ne te manque jamais ? » demande Jared, le crayon toujours levé au-dessus de son carnet de notes. « Je ne sais pas trop. On dit toujours que quelque chose qu'on n'a pas connu ne peut pas nous manquer. Techniquement, je ne sais pas trop ce que c'est, une vie anonyme, j'étais très jeune quand j'ai commencé à être médiatisée. » Elle boit une gorgée de coca et pose ses coudes sur la table, son menton dans une main. « Et pourtant... Il y a tellement de choses que j'aimerais faire et que je ne peux pas faire. » Elle regarde un peu la vue sur New-York, puis, rassemblant ses pensées, déclare : « Je pense qu'au fond, j'aimerais juste savoir ce que ça fait d'être anonyme, en fait. » Elle ne veut pas qu'il y ait de la tristesse dans sa voix en disant ça, mais Jared peut sans aucun doute sentir un peu de mélancolie dans ses paroles. « La célébrité a beaucoup d'avantages, je ne peux pas mentir. Mais j'aimerais bien pouvoir me goinfrer de donuts en terrasse sans qu'on dise que je craque et que ma dépression va me transformer en grosse. » Elle tourne de nouveau les yeux vers Jared. « J'aimerais que, quand on ne me voit pas dans les magazines pendant quelques semaines, on ne pense pas que c'est parce que je suis en cure de désintoxication. » Jared pourra sans aucun doute comprendre ça, même s'il ne connaît pas les galères de la célébrité. « Rien que me balader tranquillement dans les rues, sans chapeau, sans lunettes, et sans papparazzis pour capturer mes moindres faits et gestes. » Oui, ça, ce serait le pied. Elle aimerait aller dans de belles villes sans être suivie par une horde. Paris, Florence... Faire du vrai tourisme, comme tout le monde, pouvoir prendre des photos devant les monuments, profiter d'une brise fraîche, manger des glaces sans se retrouver sur internet deux jours plus tard. Vivre, tout simplement. « Pardon, d'habitude je suis pas aussi négative, c'est juste que j'ai eu de mauvaises expériences avec des suiveurs ces derniers jours, je suis un peu sur les nerfs, j'avoue. Mais dans l'ensemble, c'est quand même génial d'avoir des gens qui viennent vers toi pour te dire qu'ils aiment ce que tu fais. »
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En fait... Oui.” Purée ! Merde quoi ! Il savait qu’il n’aurait pas dû se lancer dans une carrière de coursier. Il aurait dû suivre des cours de théâtre à l’école et se lancer dans ce monde cruel. Comme si, un jour, il allait toquer à une porte et voir Spiderman en costume, lui ouvrir. Comme si, un jour, IronMan lui ouvrirait la porte en caleçon et les cheveux défaits parce qu’il aurait été réveillé. Non, jamais ! Ça ne lui arrivera jamais. Pourquoi ? Parce que les super-héros ont des super-coursiers. Parce qu’il n’est pas une célébrité. Tsss ! Il a raté sa vie, c’est sûr maintenant. Et dire qu’il était à deux doigts, pendant ses études, de devenir un grand acteur de la carrure de Leonardo DiCaprio et de côtoyer des super-héros. Et dire qu’elle gâche ses chances ! Elle ne va même pas leur parler ! Non mais oh ! Elle est à deux mètres de Thor et elle ne tente même pas de lui demander son numéro de téléphone ? Qu’est-ce qui cloche chez elle ?! Tout le monde le ferait. Bon peut-être pas tout le monde. Juste les gens qui s’en foutent de la discrétion et du respect de la vie privée. Mais franchement, ce sont des trucs has been, non ? “Mon dieu tu viens de là-bas????” Au tour de Jared d’avoir son moment de gloire. On dirait qu’ils font un concours de celui qui aura vu le plus de super-héros, de celui qui aura l’histoire la plus impressionnante à raconter. Mais il est fier. D’avoir senti la poigne de Thor l’extirper de la trajectoire. D’avoir été sauvé par un dieu asgardien. Il a plein d’autres anecdotes à ce sujet. Évidemment, il taira le fait que Thor ne se souvienne même pas de leur rencontre. Fait marquant et vexant au possible. Tout le monde se souvient de Jared. Si ce n’est pas pour ses beaux yeux, c’est au moins pour sa maladresse et ses bêtises. Le dieu est une exception. Bon, faut dire qu’il avait un robot fou à vaincre. Il était légèrement occupé. Faut l’avouer. “Ouiiii ! Et t’sais, son marteau a atterri au milieu du désert. Tout le monde a essayé de le soulever, j’en ai fait partie ! Son marteau est énoooooorme. Un truc de fou ! Impossible à soulever, le truc.” Il écarte les bras de toute son envergure pour donner une idée de la taille de l’objet. Bon, okay, il exagère. Un peu. Il se rappelle encore avoir dévalé le trou et avoir essayé de le soulever, sous les huées et les rires des autres buvards qui étaient là. Ils se sont moqués, mais ils réussissaient encore moins, glissant à cause de l’alcool. Y en a même un qui s’est cassé une dent en tombant sur Mjolnir… Jared l’avait fait tomber en trébuchant MAIS, le gars était ivre. Il serait quand même tombé, à un moment ou un autre. D’une certaine manière, Jared est innocent, non ? “La grosse classe.” Hé oui ! Il trouve aussi. Il racontera cette histoire à ses enfants. En l’enjolivant. Il mettra les déformations sur le compte de la perte de mémoire et de la folie, si jamais on le traite de vieux fou. Il dira qu’il est devenu le meilleur ami de Thor et que depuis ce jour, ils n’ont eu de cesse de boire des coups ensemble. Même qu’il leur dira qu’il a visité Asgard une fois, mais que pour la sécurité du peuple, ils lui ont effacé la mémoire. Ouais, atroce ! Au moins, on ne pourra pas lui demander des détails. Malin, le petit ! “Je comprends mieux pourquoi c'est ton héros préféré.” Jared esquisse un sourire. Il sera toujours redevable à Thor de lui avoir sauvé la vie. Certes, le dieu lui a épargné de mourir, le laissant avec un quotidien plutôt médiocre. Mais il aurait pu crever. On peut dire que c’est mieux que rien.

Il ne perd pas une miette de tout ce que Louisa peut dire. Pas forcément pour l’interview. Plutôt parce qu’il y a une certaine de complicité qui s’établit. Ils se comprennent. Elle ne le juge même pas comme la plupart des adultes pourraient le faire (oui, il a cinq ans). Elle a plutôt le même délire que lui avec les super-héros. C’est assez incroyable pour être souligné et apprécié. En plus, elle paye la nourriture. Il ne peut pas rêver mieux ! “En effet, je vois ça. C'est bien. Dans le pire des cas tu as mon adresse mail s'il y a un souci.” HAHAHAHA. Genre, il va se permettre de lui envoyer des mails parce qu’il a foiré son interview. Nooon, Jared est plus professionnel que ça, voyons. Il est beaucoup plus doué. Enfin, ce n’est pas dit. Avoir l’adresse mail d’une actrice. Pouvoir discuter avec elle tranquillement par mail ou en face-à-face. Surréaliste, quand même. Il n’est pas en train de révolutionner le monde avec son blog comme certains le voudraient. Il n’est pas des plus utiles, mais bon, il fait de belles rencontres. La révolution de l’humanité, ce sera pour demain. Quand il se sera remis de cette soirée avec une célébrité. On peut dire qu’il a un pied dans le showbiz, non ? Genre, il a rencontré la grande Louisa Hensley. Il n’y a plus qu’un pas pour qu’il soit invité aux cérémonies de remise de prix et qu’il soit convié au tournage de la série. Poussez-vous les gars, Jared est dans la place. Il débarque avec sa classe et sa maladresse. Ça va dépoter ! “En vrai, oui je lis ton blog. Presque depuis le début, même. J'ai même des notifications sur mon portable à chaque fois qu'un nouvel article est posté. Vive la technologie.” Mon dieu, mais les gens n’ont pas de vie ? Elle est la deuxième à lui dire qu’elle est abonnée à son blog pour recevoir les notifications. Il n’en revient pas qu’ils soient tous si à l’affût de ses déballages de conneries. Ils devraient s’intéresser à des choses beaucoup plus intéressantes et constructives. Comme la guerre dans le monde. Comme la pauvreté. Comme je sais pas moi ! Des trucs qui valent le coup. Pas ses articles sur les super-héros ! “Ça me détend. Je rigole beaucoup. Mon ancienne maquilleuse me prenait pour une dingue quand je lisais tes articles, parce que j'en pouvais plus sur ma chaise et que je l'empêchais de travailler.” Jared éclate de rire. Il arrive même à se faire haïr des gens qui ne le connaissent pas. C’est merveilleux ! Le pouvoir de la célébrité et de la réussite, il faut croire. Du coup, si Louisa le suit depuis ses débuts, cela veut dire qu’elle est une des plus anciennes. Des plus fidèles. C’est tellement étrange. Quand on la voit dans la série, on ne l’imagine pas prendre le temps de se poser devant un écran pour lire Super Adventures. Une fois qu’on la voit en vrai, l’impression est toute autre. “Bon, allez, si t’es sympa, t’auras le droit à un autographe et à une photo. Seulement si tu es sage et que tu finis ton assiette !” Il doit fidéliser et récompenser ses lecteurs. C’est la moindre des choses ! Finalement, le seul moyen pour lui de discuter avec sa communauté est Internet. Les commentaires sur son blog. Les messages sur ses réseaux sociaux. Il ne les voit presque jamais en vrai. Raison pour laquelle il trouve toujours étrange de leur parler ou de se rendre compte qu’il y a des gens qui lisent ses histoires. Fou. Complètement fou ! Des gens avec deux yeux, une bouche, un nez, des oreilles, des bras, des jambes. Des gens normaux. WOW ! Choc inter-galactique. Un jour, il croisera un alien qui lui dira être un fidèle lecteur et là, il pourra se dire célèbre.

La différence entre eux deux, c’est que Jared peut encore profiter de son anonymat. Deux-trois photos de lui tournent sur Internet, mais elles restent rares. Sa communauté n’est pas encore assez grande pour le reconnaître dans la rue. Ce qui est loin d’être le cas de Louisa. “Je ne sais pas trop. On dit toujours que quelque chose qu'on n'a pas connu ne peut pas nous manquer. Techniquement, je ne sais pas trop ce que c'est, une vie anonyme, j'étais très jeune quand j'ai commencé à être médiatisée.” Il lève les sourcils. Mince ! Ce ne doit pas être facile de vivre sous les projecteurs, d’être épié pendant toute son enfance. Le moment où on est le plus sensible et le plus fragile. Elle n’a pas dû avoir une enfance facile. “Et pourtant... Il y a tellement de choses que j'aimerais faire et que je ne peux pas faire.” Il se redresse. Tiens donc. Ça l’intéresse. Pas de lister les choses qu’elle aimerait faire pour que tous ses fans essayent de la trouver. Non, du tout. Plutôt pour l’aider. Finalement, qui mieux qu’un gars ordinaire pour l’aider à le devenir ? Faut bien que quelqu’un se dévoue. Il est prêt à le faire. Il est prêt à devenir son bon samaritain et à la prendre sous son aile. C’est une mission pour Super-Jared. “Je pense qu'au fond, j'aimerais juste savoir ce que ça fait d'être anonyme, en fait.” Bon, il ne peut pas la rayer d’internet et du monde entier pour lui offrir l’anonymat. Par contre, il peut peut-être l’aider à être invisible. Même si très clairement, il ne le lui conseille pas. Quand tu es célèbre, tu peux exiger une table dans un restaurant n’importe quand (c’est utile quand on arrive en retard, hein Jared ?). Tu as des fringues de luxe gratuitement (qui coûte un salaire de coursier, ne pleure pas Jared). Tu voyages à travers le monde (c’est encore plus jouissif quand c’est ton rêve... non, ne saute pas Jared). Tu peux demander à quelqu’un de te faire lessive (et ainsi, virer la personne si tes chaussettes sont devenues roses, n’est-ce pas Jared ?). Bref, être une star, c’est le pied ! Il y a tellement de choses que les gens normaux font. Travailler, faire leurs courses, sortir, acheter… C’est vaste. Terriblement vaste. Il commence à avoir une idée. Une mauvaise idée. Faut qu’il la retire de son esprit. Tout de suite. Mais la touche “Effacer” ne répond pas. Jared a décidé de ne pas être coopératif. Il va faire son rebelle. Il pose son stylo. Il s’adosse contre la chaise. Il a décidé d’arrêter l’interview. Il sait déjà qu’il n’ira pas au bout. Il sait déjà que c’est mal parti. “La célébrité a beaucoup d'avantages, je ne peux pas mentir. Mais j'aimerais bien pouvoir me goinfrer de donuts en terrasse sans qu'on dise que je craque et que ma dépression va me transformer en grosse. J'aimerais que, quand on ne me voit pas dans les magazines pendant quelques semaines, on ne pense pas que c'est parce que je suis en cure de désintoxication.” Il n’avait pas conscience de la pression. Il n’avait pas réalisé que les célébrités étaient autant épiées. Sûrement les femmes. Parce que les gens sont toujours plus critiques envers elles. Elles doivent être belles à regarder, avant d’être intelligentes. “Rien que me balader tranquillement dans les rues, sans chapeau, sans lunettes, et sans papparazzis pour capturer mes moindres faits et gestes.” Elle n’a plus qu’à arrêter sa carrière et aller travailler au McDonald, s’il n’y a que ça pour lui faire plaisir. Elle pourrait même lui faire un prix sur les frites ! Trop cool ! Il a faim, on avait oublié.

Décidément, même si il aimerait manger, cette interview n’ira pas jusqu’au bout. En tout cas, pas pour le moment. Parce qu’il n’a pas l’actrice devant lui. Il a la femme. Il n’a pas envie d’exploiter tout ce que la vraie personne a à lui dire. Elle se confie en toute confiance. Il doit être à la hauteur. “Pardon, d'habitude je suis pas aussi négative, c'est juste que j'ai eu de mauvaises expériences avec des suiveurs ces derniers jours, je suis un peu sur les nerfs, j'avoue. Mais dans l'ensemble, c'est quand même génial d'avoir des gens qui viennent vers toi pour te dire qu'ils aiment ce que tu fais.” Il jette un coup d’oeil en direction de Marcus. La voie est libre. Le gars est occupé ailleurs. Jared se penche en avant, s’appuyant sur ses bras croisés au-dessus de la table. Il fait signe à Louisa de se rapprocher. Plus près. Encore plus près. Il a truc trop secret à lui dire. Personne ne doit entendre. Personne ne doit savoir. Il vérifie dans la direction de Marcus. Toujours bon. Le gars ne va pas penser qu’il essaye de bécoter l’actrice. Est-ce que ça mériterait un plaquage ? Noooon. “Si je te dis que j’ai un super-pouvoir, moi aussi ?” NON JARED ! Ne parle pas de ta vitesse ! Tu dois la garder secrète. Sinon, tous les super-méchants-vilains-pas-beaux vont venir t’attaquer pendant ton sommeil, t’arracher les cheveux, voler tes ongles pour les ajouter à leur collection et t’étrangler. On ne voudrait pas ! “Je peux t’aider à récupérer ton anonymat le temps d’une nuit. Mais pour ça, va falloir se débarrasser de ton pote Marcus et de ton armée en bas…. et t’auras besoin de ton skate.” Voilà le programme. Ils se la jouent ninjas. Ils vont se glisser jusqu’à l’ascenseur. Il faudra alors faire une diversion. Il compte sur une explosion atomique qui frapperait la ville. Ensuite, en profitant de la panique, Louisa se jetterait dans l’ascenseur. Ils descendrait jusqu’au rez-de-chaussée. Là, Jared se débarrasserait des gardes-du-corps en les combattant avec force et courage. Il arriverait à les empaler sur son sabre imaginaire. Louisa pourrait alors s’évader de sa prison dorée pour respirer l’air libre. Sauf que comme ce serait la fin du monde, elle ne profiterait pas de grand-chose. Fin de l’histoire. Terminé. Rideau.

Il se redresse pour ne pas attirer l’attention (il a bien étudié ses classiques cinématographiques). Il a un plan bien ficelé. Une évasion de célébrité, c’est quand même la classe. C’est encore mieux comme aventure qu’une interview normale ! Et si en plus, cela peut permettre à Louisa de goûter à la liberté. Elle ne risquera rien. Il sera là pour la défendre, au cas où. Il est un super-héros ou pas ? “Tu disparais quelques heures et tu réapparais juste avant minuit. Ça nous laisse le temps de manger un burger, de tester ton skate et de découvrir la ville de nuit. Qu’est-ce que tu en dis ?” Bon évidemment, ça suppose de faire faux-bond à Marcus (sorry, Cucus, elle reviendra un autre jour. Tu leur mets les plats de côté ?), de faire flipper ses gardes-du-corps (sans rancunes, les gars, vous ne le plaquerez pas au sol la prochaine fois, hein ?), de passer inaperçu aux yeux de tous (faut vivre dangereusement et de toute manière, de nuit, tout le monde est moche et méconnaissable). Ils peuvent essayer. Et si ça ne va pas, elle aura qu’à disputer Jared et rappeler ses gorilles. Après tout, tout est possible à New-York.

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« Ouiiii ! Et t’sais, son marteau a atterri au milieu du désert. Tout le monde a essayé de le soulever, j’en ai fait partie ! Son marteau est énoooooorme. Un truc de fou ! Impossible à soulever, le truc. » Louisa ouvre grand les yeux. Le marteau de Thor, il a vraiment réussi à toucher le marteau de Thor… C'est incroyable ! Il était vraiment au bon endroit au bon moment, c'est une chance de dingue qu'il a eu là, pense-t-elle. Jared a les bras grands ouverts, comme pour lui donner une idée de l'énormité du marteau, et elle ne peut s'empêcher de rire un peu, devant l'exagération. « En même temps, t'as vu ses bras ? » dit-elle en levant son bras et contractant son muscle qu'elle pointe du doigt. Elle qui a les bras si fins ne peut vraiment pas rivaliser. Elle est quand même plutôt tonique, et soulève des charges plutôt lourdes quand elle le doit, et elle en est plutôt fière étant donné sa morphologie pourtant fine. Mais Thor… Eh bien une seule de ses cuisse fait sûrement le volume de sa taille. « Que veux-tu… Tu devais ne pas en être digne. » dit-elle en haussant les épaules avec une moue un peu moqueuse. Elle finit par rire, pour lui signifier qu'elle plaisante vraiment. Elle ne se permettrait pas de juger sa morale, ils se connaissent trop peu pour ça. En tous cas l'histoire du marteau de Thor est bien connue désormais, et elle devient de plus en plus une running joke sur internet. Certains théorise même sur le retour du roi Arthur avec Excalibur, avec tous ces trucs de dingues qui arrivent. En tous cas, ça amuse beaucoup Louisa, et elle aimerait elle-même un jour tenter sa chance avec le marteau. Qui sait ? Même si aux yeux de la religion elle est une vraie parjure, elle ne l'est peut-être pas aux yeux des dieux et de la magie asgardienne !

Ça fait bien rire le blogueur quand elle lui raconte l'anecdote de son fou rire en pleine séance de maquillage sur le tournage. Elle a bien l'impression qu'il est surpris d'apprendre qu'elle lit son blog de manière régulière et ce depuis des années. Est-ce que c'est parce qu'il manque de confiance en lui et en son talent, ou est-ce que c'est parce qu'elle est connue et qu'il n'aurait jamais imaginé qu'elle prenne le temps de lire son blog ? Elle ne sait pas trop. Dans tous les cas, elle suppose que c'est une bonne surprise pour lui et ne regrette surtout pas de lui avoir fait comprendre qu'elle le suit depuis des semaines. « Bon, allez, si t’es sympa, t’auras le droit à un autographe et à une photo. Seulement si tu es sage et que tu finis ton assiette ! » dit-il en plaisantant, et elle rit, bien sûr, parce qu'elle est toujours aussi bon public. « Sérieusement, je veux bien de la photo, ça pourrait être vraiment sympa. Je le mettrai dans mon classeur avec toutes les autres photos de gens célèbres. » dit-elle. Elle le regarde, et couvre à demi sa bouche, comme pour lui dire un secret. « C'est ma mère qui tient ce classeur, on ne l'arrête plus. Elle a failli tomber dans les pommes quand j'ai rencontré Richard Gere. Oh, et Harrison Ford aussi, à la première du nouveau Star Wars. Elle était complètement folle. » Louisa est une véritable fangirl, oui, c'est clair, même si elle le cache bien. Mais sa mère… C'est pire.

Quand elle finit de lui expliquer, étrangement à coeur ouvert, ce qu'elle ressent par rapport à la médiatisation de sa vie et le fait qu'elle ne puisse plus rien faire sur un coup de tête comme toute personne normale.. Il jette un regard autour d'eux et il lui fait signe de se rapprocher de lui, coudes sur la table, comme s'il voulait lui dire quelque chose de secret que les autres n'ont pas le droit d'entendre. « Si je te dis que j’ai un super-pouvoir, moi aussi ? » Elle hausse les sourcils avec un petit sourire. Franchement, de la part de n'importe quel autre mec, elle aurait sûrement mal interprété tout ça pour de la drague bien grasse. On lui a déjà dit des trucs dans le genre, parfois bien vulgaires même. Elle a même reçu plein de lettres de gros dégueulasses qui lui ont balancé des trucs obscènes sans même les emballer dans du papier bulle. Un jour, elle a même reçu un vibromasseur de la part d'un homme qui lui expliquait dans la lettre qui allait avec que c'était une avance sur ce qu'il allait lui faire vivre quand ils se rencontreraient en vrai. Repenser à tout ça l'amuse. S'ils savaient qu'ils n'ont absolument aucune chance, ceux-là, ce serait drôle. Quoique. Elle sait très bien que si son homosexualité venait à se savoir (CE QUI NE DOIT PAS ARRIVER), ça ne découragerait certainement pas certains hommes. « Je peux t’aider à récupérer ton anonymat le temps d’une nuit. Mais pour ça, va falloir se débarrasser de ton pote Marcus et de ton armée en bas…. et t’auras besoin de ton skate. »« Quoi ? » fait Louisa, abasourdie qu'il lui dise ça. Elle jette un coup d'oeil en direction de Marcus et de la silhouette du garde du corps qui se dessine derrière la porte. Est-ce que ça pourrait réellement être faisable ? Elle en doute forcément. « Tu disparais quelques heures et tu réapparais juste avant minuit. Ça nous laisse le temps de manger un burger, de tester ton skate et de découvrir la ville de nuit. Qu’est-ce que tu en dis ? » Elle pince les lèvres, prend le temps de réfléchir. Bien sûr que ça lui dit. Mais bon, elle n'a jamais fait ça. Franchement, jusqu'à aujourd'hui, elle a été une gentille fille. Elle aurait pu s'échapper des fenêtres de hôtels et partir faire du skate toute la nuit, mais jamais elle n'a voulu mettre ses gardes et sa famille dans des positions compliquées. Elle le ferait aujourd'hui ? Pourquoi pas ? Elle est fatiguée de suivre tout ce qu'on lui demande, et les dernières semaines ont été un peu compliquées, sur le plateau de Young Justice. Elle a l'impression de s'enfermer dans la négativité, d'où son besoin de briser un peu les règles en acceptant l'interview avec Jared en premier lieu. Mais est-ce qu'elle serait prête à aller plus loin que ça ? Ça la démange, en tous cas. Vraiment. Elle passe sa langue sur ses lèvres et fait oui de la tête. « Ok. C'est complètement fou, mais ok. » Elle joint ses mains et les pose sur la table, pour expliquer ce à quoi elle pense. « J'ai un plan pour nous faire sortir d'ici. D'abord, je pense qu'on peut dire plus ou moins la vérité à Marcus parce qu'il me connaît bien et sait que je ne ferais pas ça si je n'avais pas confiance en toi et que je n'en avais pas vraiment besoin. Il nous couvrira sans le moindre problème. » Elle regarde en direction de l'ascenseur. « Il y a un tableau au troisième étage de l'immeuble que j'adore, je peux dire à mon garde du corps que je veux absolument te le montrer pour qu'on descende, je lui dis de boire un verre tranquillement en m'attendant. » Elle fixe de nouveau Jared pour voir s'il la suit toujours. « Au lieu de descendre au troisième, on descend au premier, et on s'enfuit par la petite fenêtre au bout du couloir. Faudra faire quelques acrobaties sur les escaliers de secours dehors, mais je pense que c'est notre seule chance. » Elle met son index devant elle. « Attends moi. » Elle se lève et se dirige vers Marcus derrière le bar, et lui explique la situation dans les grandes lignes. Ça fait rire l'homme, bien sûr. Et il lui fait un clin d'oeil, pensant qu'il la laisse s'enfuir avec un prétendant. N'importe quoi. Mais tant pis, pas le temps de se défendre, elle retourne vers la table. « Si le plan te va, je finis mon coca et on décolle. » lance-t-elle en prenant une gorgée de la boisson, surprise par sa propre audace.
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C’est toujours agréable d’avoir un bon public. Vous savez, une personne qui réagit à vos histoires, qui joue la surprise, qui s’amuse, qui écoute, qui répond. C’est toujours plus valorisant que de parler devant un mur de briques, vous ne trouvez pas ? C’est un peu ce  qu’il se passe avec Louisa. Enfin, pas parler devant un mur de briques, suivez un peu ! A son regard, il sait qu’elle avale chacun de ses mots et qu’elle s’amuse à déceler le vrai du faux. Y a beaucoup de faux, mais comme dans toutes les histoires géniales qu’on nous raconte. Sinon, elles ne seraient pas si géniales et extraordinaires, n’est-ce pas ? Bref, voir qu’elle est attentive à ses conneries le rend tout content. Elle l’encourage, même. Non mais attendez, faudrait pas la décevoir ! Elle a l’air tellement subjuguée par ses aventures qu’il ne peut pas faire celui qui a une vie normale. C’est simple : il n’a pas une vie normale. Il court après les super-héros, il ne peut pas juste être un coursier qui travaille pour payer ses factures. Noooon. Il est coursier pour avoir du temps libre et réagir au quart de tour à chaque apparition d’un héros en collants ! Bref, il sait qu’avec Louisa, il peut raconter des bêtises. Elle connaît déjà son humour et son talent pour tout exagérer grâce à son blog. En fait, c’est étrange. C’est comme si ils se connaissaient sans s’être jamais rencontrés. Lui, il a lu des trucs sur Internet. Elle, elle a suivi chacun de ses exploits à travers ses articles. C’est weird, non ? Ils sont… amis, mais de loin. Des webfriends, ça existe ? Bizarre, bizarre ! “Que veux-tu… Tu devais ne pas en être digne.” Il en crache son coca, sous le coup de l’émotion. Lui, ne pas en être digne ? Il est pourtant l’homme le plus pur et le plus gentil du monde tout entier. Si lui n’est pas digne d’un foutu marteau, qui peut l’être ? Sûrement pas Thor. Ca doit être la folie dans son plumard ! Quoique… MON DIEU ! C’est ça ! Thor est vierge ! C’est tout ce qui les différencie. Sans compter le sang royal et asgardien, la musculature, les cheveux, les yeux, le caractère… Bref, la liste des différences est longue. “J’aurais bien voulu t’y voir, moi ! Mjolnir pèse au moins une tonne ! Je sais pas comment il fait pour le soulever...” Son regard se perd vers les buildings, rêveur. Thor doit sûrement faire des incroyables séances de musculation. Voilà ce qui les différencie vraiment. Jared n’a pas le courage de soulever de la fonte. Il pédale déjà toute la journée. Ah si ! Il se muscle les abdominaux. Hé ! Faut le souligner, c’est le seul truc qu’il travaille. Avec les mollets, même si ce n’est pas son choix. A une époque, il jouait au basket-ball, aussi. Et au base-ball. Mais le base-ball, il a abandonné le jour où il a visé l’arbitre sans faire exprès. Siiii, c’est vrai ! Peut-être que si il se mettait un peu au sport, il pourrait soulever le marteau de Thor. Hein hein, il va essayer ! Il faut combien d’heures, vous pensez ? Une ? Deux ? DIX ? Noooon… SOIXANTE ? Okay, il abandonne. C’est trop pour lui.

Sérieusement, je veux bien de la photo, ça pourrait être vraiment sympa. Je le mettrai dans mon classeur avec toutes les autres photos de gens célèbres.” Deuxième explosion de coca. Merde quoi ! Il ne peut pas boire tranquillement ? Elle a un classeur avec toutes ses photos de gens célèbres. Qui a encore ce genre de chose ? Des classeurs avec les photos de super-héros, Okay. mais pas les acteurs et autres célébrités ! Enfin, Louisa ! Qu’est-ce qu’il ficherait là-dedans, en plus ? Il n’a pas la tête du gars qui peut être rangé à côté de Tom Cruise et d’Angelina Jolie. Il a plutôt la tête du gars qu’on oublie à côté de la photo de classe. Franchement ! M’enfin, il ne va pas faire sa mijaurée. Si il a l’occasion de fréquenter Barack Obama, même en photo, il est partant ! Il se contentera même de Kim Kardashian parce qu’il n’est pas difficile à contenter. “C'est ma mère qui tient ce classeur, on ne l'arrête plus. Elle a failli tomber dans les pommes quand j'ai rencontré Richard Gere. Oh, et Harrison Ford aussi, à la première du nouveau Star Wars. Elle était complètement folle.” Nom de Dieu… Mais qui est cette femme ? Pourquoi elle a une chance pareille ? Bon okay, elle joue des rôles importants dans des séries à succès. Mais attendez, si Jared le voulait, il aurait la même notoriété ! Alors, ça suffit maintenant. Il veut être convié à chacun de ces événements mondains et rencontrer toutes les stars du monde entier. “Tu as vraiment rencontré Harrison Ford ?! Okay, je te préviens, je veux que tu m’invites à chacun de tes événements. Même si c’est simplement pour aller au toilette, je t’accompagne !” Les choses sont claires. Elle ne se débarrassera plus de lui. Et même si elle décide qu’il est trop collant et qu’elle ignore ses appels, il trouvera les dates de ses rendez-vous de showbiz et il s’y incrustera. On n’écarte pas Jared Hemingway ! Vous avez une idée de qui il est ? Il est l’un des blogueurs les plus influents. Il a une belle communauté derrière lui. Il peut ruiner la réputation d’un acteur en soixante-dix caractères. Alors, faut le prendre au sérieux ! Il est un terroriste de Twitter, les gars. Faut pas s’amuser à l’écarter, je vous préviens ! Enfin, on va peut-être redescendre sur Terre et se calmer un peu. Se calmer beaucoup, même. Sinon, il va le dire à sa mère et elle va vous péter la gueule ! Hé ouais ! Sa mère, elle maîtrise parfaitement le rouleau à pâtisserie et la batte de base-ball. Vous rigolerez moins quand elle vous aura défoncer la tronche !

Il a plus urgent à traiter que ses fréquentations. Ils doivent parler d’un sujet sérieux. Ils doivent discuter d’un plan machiavélique. Ils doivent aborder le sujet de son enlèvement. Hé ouais. Jared se lance dans le kidnapping de célébrités en collaboration avec les principales concernées. Un métier d’avenir, il en est certain ! “Ok. C'est complètement fou, mais ok.” Il lève les sourcils, un grand sourire aux lèvres. Elle accepte, vraiment ? Vrai de vrai ? Ils vont se la jouer ados rebelles qui font le mur ? TROP COOL. Il adore sa merveilleuse et fantastique idée. Il est vraiment trop intelligent comme gars. Et affreusement modeste, évidemment. Attendez, vous l’avez vu ? Le mec le plus humble du monde ! Dans sa tête, c’est la fête. Il ne sait pas pourquoi, mais l’idée de la faire sortir l’amuse et l’enthousiaste. Il a l’impression d’être le prince charmant qui vient sauver la princesse enfermée dans sa tour d’ivoire. C’est un peu le cas, en soit. Ah oui, par contre, il y a un détail important auquel il n’a pas forcément penser. Une évasion demande de la discrétion. Est-ce qu’il est discret ? Non. Est-ce qu’il est maladroit ? Assurément. Est-ce qu’il y a un risque pour qu’il fasse tout capoter ? Absolument, oui. Louisa n’a pas besoin de le savoir. De toute manière, elle ne sera pas punie. C’est Jared qui va se faire tabasser par ses gorilles. Quelle joie ! Il a hâte ! “J'ai un plan pour nous faire sortir d'ici. D'abord, je pense qu'on peut dire plus ou moins la vérité à Marcus parce qu'il me connaît bien et sait que je ne ferais pas ça si je n'avais pas confiance en toi et que je n'en avais pas vraiment besoin. Il nous couvrira sans le moindre problème.” OH ! Trop sympa, le pote Marcus ! Définitivement, Jared l’aime bien. Faudrait qu’ils aillent boire un verre ensemble, un de ces quatre. Marcus lui parlerait des habitudes bizarres de Louisa. Jared lui raconterait les habitudes bizarres de Thor… Quoique, le mec pourrait quand même être son père, non ? Il ne voit pas bien de loin... Ça craint de sortir avec son père ? Focus, Jared, focus. Tu n’es pas au stade de te faire de nouveaux amis. Tu dois te concentrer sur l’évasion de Louisa. “Il y a un tableau au troisième étage de l'immeuble que j'adore, je peux dire à mon garde du corps que je veux absolument te le montrer pour qu'on descende, je lui dis de boire un verre tranquillement en m'attendant.” Bordel, où est-ce qu’elle trouve toutes ces idées en si peu de temps ? On dirait qu’elle a fait ça toute sa vie… Attendez, elle est une prisonnière qui aurait réussi à s’échapper ! EVIDEMMENT. Et personne ne l’a encore reconnue, malgré sa célébrité. Incroyable ! Faudrait peut-être qu’il parte avec son couteau à steak, histoire d’avoir une arme. Au cas où. “Au lieu de descendre au troisième, on descend au premier, et on s'enfuit par la petite fenêtre au bout du couloir. Faudra faire quelques acrobaties sur les escaliers de secours dehors, mais je pense que c'est notre seule chance.” Oulalalalalala… Cette histoire devient trop compliquée pour Jared. Il abandonne. Il quitte le navire. Il est plus doué pour l’improvisation et pour l’instinct. Le plan de Louisa est déjà trop prémédité et calculé. Et si il reste coincé par la fenêtre à cause de son gros cul ? Et si il est incapable de descendre l’escalier de secours à cause d’un vertige qui se déclencherait pile à ce moment-là ? On est à l’abri de rien, madame ! Il s’efforce de tout mémoriser et bizarrement, il y arrive. Genre, son super-cerveau lui permet d’enregistrer tout et n’importe quoi. Même le menu qu’il a survolé tout à l’heure. Bon sang, il s’effraie lui-même.

Attends moi.” Est-ce que l’on peut mourir d’un surplus d’informations ? Une espèce d’overdose informationnelle qui ferait rebooter son cerveau et le ferait buguer jusqu’à arrêt total. Parce qu’il a clairement l’impression que c’est ce qu’il se passe. Elle l’a noyé sous les détails de son plan machiavélique. Elle a envoyé trop de mots d’un coup. C’est pas sympa de faire ça ! Il n’a même pas pu redonner des forces à son cerveau en mangeant un peu. Alors, forcément, il rame à fond ! “Ok-okay…” De toute manière, il n’a pas tellement prévu de bouger ses fesses de sa chaise. A part pour l’aider à s’enfuir. Ils ont quel âge déjà ? Ils sont assez vieux pour faire ce qu’ils veulent. Pourtant, ils en sont à planifier la fugue d’une actrice. Complètement surréaliste, cette histoire. Jared plante son regard dans le dos de la jeune femme. Elle discute avec Marcus. Il a vraiment l’air sympa, franchement. Jared esquisse un sourire dans sa direction. Faut qu’il montre qu’il est un gars bien qui ne fera pas de mal à la fragile petite Louisa. Même si il l’aide à fausser compagnie à ses gorilles. On ne peut pas être parfait ! Il profite qu’elle discute pour écrire un truc sur une page vierge. Lorsqu’il a terminé, il arrache la feuille et la plie, la glisse sous sa cuisse. Et voilà de nouveau la jeune femme, assise face à lui. Elle reprend son verre comme si de rien n’était. Wow, quel jeu d’actrice ! Okay, il n’est pas fait pour le monde de la comédie. Il se reprend et s’efforce de jouer le gars décontracté. Alors que bordel, il s’apprête à participer à une évasion. Il pourrait finir en prison pour ça, il en est presque sûr ! “Si le plan te va, je finis mon coca et on décolle.” Elle est folle. Complètement folle. Accepter de suivre un inconnu. Abandonner derrière elle ses gardes-du-corps. Imaginer une stratégie pour disparaître sans laisser de trace. Et elle lui demande si ça lui va ? Non mais Louisa ! Réfléchis un peu ! Bien sûr que ça lui va. Vous vous attendiez à une autre réponse ? Il a quand même proposé l’idée. En plus, il a une chance unique. Il ne pourra pas sauver une actrice tous les jours. Il doit sauter sur l’occasion ! Regardez-le. Est-ce qu’il a l’air d’un gars sain d’esprit et équilibré ? La réponse est non. “J’attends ton signal.” Oh mon dieu comme c’est excitant ! Encore mieux qu’un film d’action. Encore mieux qu’un film d’espionnage. Il est dedans, les gars. Il va vivre une aventure avec des “méchants” à ses trousses et une personne à protéger. WOW ! Dommage qu’il ne puisse pas partager tout ça avec ses amis ou avec ses lecteurs. Tant pis, y a des trucs qu’il doit garder pour lui. Comme un espèce de jardin secret. En fait, même pas besoin d’être un espion pour vivre des trucs fous. Il suffit de trouver une célébrité qui a besoin de liberté et de l’embarquer dans un plan foireux. Easy !

Il remballe discrètement ses affaires. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il aura une interview de Louisa, mais franchement, on s’en fout, non ? Il termine tranquillement son coca. Cette fois, sans le cracher à chacune de ses révélations. “Est-ce que t’as déjà fait ça avant ?” Ce serait quand même fou qu’elle s’amuse régulièrement à abandonner ses gardes-du-corps. Elle doit être la pire célébrité qu’ils doivent surveiller. Enfin, elle n’a pas la tête de la fille qui fait des caprices. Alors, elle ne doit pas être si terrible. Le verre de Coca est terminé. C’est le moment. Jared se lève de sa chaise. Il récupère le papier plié sous sa cuisse. Il le pose discrètement sur la table, au moment de prendre ses affaires. Un petit mot à destination des gorilles. Histoire de les rassurer. Histoire de leur signaler qu’il ne va pas abuser d’elle, lui couper trente centimètres de cheveux, après avoir grignoté ses ongles de pieds puis, la jeter dans une benne à ordure. Sympa, il leur donne même son numéro de téléphone pour qu’ils l’appellent quand minuit sera passé. Vous voyez ? Jared est un gars bien. Il prend ses précautions. Il est responsable, tout ça, tout ça. On ne dira pas que c’est aussi par crainte d’être fiché par la police et d’être espionné par des gens bizarres. Vous imaginez si ils posent des caméras dans sa chambre ? Adieu l’intimité ! Adieu la vie ! Il préfère éviter à tout prix ! Il lance un sourire complice à Louisa. Cette soirée va être démente ! Complètement folle. Ils récupèrent leurs affaires et arrivent devant le premier garde-du-corps. Bon sang. Il n’a pas réalisé que ces mecs sont aussi musclés. Jared lui donne une tape amicale dans le dos. “Hey buddy ! T’as de ces muuuuscles. Tu fais combien d’heures de musculation par jour ?” Il pose sa main sur le triceps du gars, sans aucune gêne. Il le tâte. Wow. Impressionnant. C’est pas de la gnognotte ! Lorsqu’il croise le regard du gorille, il retire sa main. Quoi ? On n’a pas le droit de toucher à la marchandise ? Il se tourne vers Louisa. Il désigne le gars de son pouce. “Je suis sûr que lui pourrait soulever Mjolnir, fingers in the nose !” Discuter des gens alors qu’ils sont juste devant lui, c’est sa grande spécialité. Il esquisse un grand sourire au mec. Franchement, bravo ! Jared lui tire son chapeau. Il ne serait pas capable d’en faire autant. Il n’aurait même pas le courage de bouger son derrière jusqu’à une salle de sport, alors s’y rendre plusieurs fois par semaine, no way. Ce serait un miracle qu’il y aille une seule fois dans l’année. Il attend qu’ils soient de nouveau seuls pour s’adresser à la jeune femme. “T’as jamais eu envie de coucher avec eux ? J’veux dire, ils ont l’air de dieu grec... comment tu fais pour ne pas succomber ?” Vous voyez ces cinquantenaires qui passent leur temps à critiquer, à lire les magazines people et à se limer les ongles ou à se permanenter les cheveux ? Hé bien, c’est un peu Jared, mais dans une version plus jeune et plus masculine. Il est curieux. Extrêmement curieux. Les célébrités qui couchent avec leurs gardes-du-corps sont monnaie courante. Vous avez vu le mec, quand même ? Il doit cacher des abdos saillants et des pectoraux fermes. N’importe quelle femme hétérosexuelle serait tentée. Louisa pourrait en faire partie.
© GASMASK
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« Tu as vraiment rencontré Harrison Ford ?! Okay, je te préviens, je veux que tu m’invites à chacun de tes événements. Même si c’est simplement pour aller aux toilettes, je t’accompagne ! » Franchement, elle ne serait vraiment contre. Elle est persuadée que Jared doit être absolument génial en tant que cavalier à ce genre d'événements. Il doit connaître plein de choses, avoir plein de petites anecdotes. Elle s'amuserait sans aucun doute beaucoup plus lors de ces soirées si elle était avec lui. La plupart du temps, elle y a va seule, ou avec Loukas, son meilleur ami qui, officiellement, est son petit ami. Et même s'il est absolument génial et qu'elle est toujours ravie qu'ils aillent ensemble aux soirées, ça signifie quand même qu'ils sont obligés de prétendre tout du long qu'ils sont en couple, et ça, c'est toujours plus ou moins désagréable. C'est devenu une habitude pour tous les deux, et ils s'en sortent bien. Ils n'ont aucune gêne l'un envers l'autre, ils échangent des baisers comme deux amoureux, alors que tout n'est qu'amitié. Ils se sont promis de se couvrir l'un et l'autre. C'est plus facile comme ça, et cela fait plusieurs années maintenant que ça dure. Si jamais les médias venaient à apprendre la supercherie, ça ferait un sacré scandale, et c'est la raison pour laquelle ils jouent parfaitement bien leurs rôles, devant les caméras ou les photographes. Ça lui ferait du bien, un nouveau souffle, aller aux soirées avec quelqu'un d'autre que son faux petit-ami. Elle garde l'idée dans un coin de la tête. Et puis il faudrait que Jared soit sérieux, aussi. Parce que bon, l'accompagner à des événements, c'est cool dans l'idée, mais ça veut aussi dire être forcément médiatisé.

« J’attends ton signal. » Elle sait bien que c'est complètement fou. Complètement. S'enfuir comme ça, alors qu'elle connaît Jared depuis un quart d'heure à peine. Mais c'est justement pour ça qu'elle le fait. Ça fait des années qu'elle n'a pas fait quelque chose de fou, Louisa. Qu'elle ne s'est pas accordé le droit d'être une gamine, une ado qui fait des choses irréfléchies et irresponsables. Franchement, elle se doute bien qu'elle ne risque pas grand-chose avec Jared. Il ne ferait pas de mal à une mouche, c'est évident. Il suffit de le regarder et de l'entendre parler. Bien sûr, que parfois, les psychopathes  savent bien masquer leur folie, mais pas à ce point-là. De toute manière, Louisa a un bon instinct pour ces choses-là. « Est-ce que t’as déjà fait ça avant ? » demande Jared, tandis qu'elle est presque au bout de son coca. « Hmm... Pas vraiment? » dit-elle en prenant une nouvelle gorgée, légèrement malicieuse. Quelques secondes plus tard, ils ont décollé de leurs sièges et se dirigent vers les gardes du corps. « Hey buddy ! T’as de ces muuuuscles. Tu fais combien d’heures de musculation par jour ? » fait Jared quand ils arrivent à hauteur de Tyler, le garde du corps qui garde l'entrée. Louisa lâche un rire et lève les yeux au ciel. Elle sait très bien que l'homme est vraiment super gentil, et du coup, ça l'amuse de le voir faire semblant d'être un méchant gorille pour impressionner Jared. Le blogueur se tourne vers elle, un pouce en direction du garde du corps : « Je suis sûr que lui pourrait soulever Mjolnir, fingers in the nose ! » Elle acquiesce vivement. « Je suis sûre qu'il en est digne! » ajoute-t-elle avec un petit regard à l'homme. Puis elle s'adresse à Tyler et suit le plan qu'ils ont concocté, en lui servant le mensonge avec un naturel désarmant. Ce n'est pas pour rien qu'on dit qu'elle est bonne actrice, quand même. Elle a l'occasion de le prouver à Jared là, tout de suite, et elle espère qu'il prend note. Tyler la croit, bien sûr, parce qu'il lui fait confiance, et même si elle se sent légèrement mal de lui faire faux bond, de savoir qu'elle va lui causer du souci et un bon coup d'adrénaline, elle est satisfaite. Ils passent donc les portes de l'ascenseur et quand elles se referment, Jared demande : « T’as jamais eu envie de coucher avec eux ? J’veux dire, ils ont l’air de dieu grec... comment tu fais pour ne pas succomber ? » Louisa esquisse un air dégoûté. Elle lève son index. « Petit un, je déteste ce qui est trop musclé, je trouve ça super dégoûtant. » Elle lève son majeur. « Petit deux, ils sont tous comme des membres de ma famille, puisqu'ils travaillent pour moi depuis le début de ma carrière, donc ce serait vraiment encore plus dégoûtant. » C'est aussi pour ça qu'elle a osé s'enfuir. Même si sur le coup, il lui en voudront, ils la connaissent et l'apprécient assez pour lui pardonner à long terme. Finalement, elle lève son annulaire. « Petit trois, c'est interdit dans le contrat. Un jour, un des nouveaux gardes du corps a essayé de me faire du charme, il s'est vite fait renvoyer. Il était super dégoûtant, en plus. » En fait, pour Louisa, beaucoup d'hommes sont dégoûtants, clairement.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le premier étage, et Louisa passe discrètement sa tête au dehors pour voir s'il y a du monde. Personne. Parfait, c'est absolument parfait. Elle se met à courir en direction de le fenêtre, et fait un geste en arrière, intimant Jared de la suivre. Elle ouvre la fenêtre sans aucun souci, et passe la tête par l'encadrement, pour voir ce qui les attend juste au-dessous. Un container à poubelles... Elle aurait préféré quelque chose de moins... Sale, mais c'est pas grave. Au moins normalement, ils ne devraient pas se faire trop mal. Elle pince les lèvres, et puis passe une jambe par l'encadrement. « Allez, c'est parti. » Son mode aventurière est activé. Elle saute sans la moindre hésitation, et atterrit en plein milieu des poubelles avec une grimace. Mais elle sort du container sans grande difficulté et relève les yeux vers Jared qui est toujours en haut. « Ne me dis pas que tu as le vertige! » dit-elle en posant ses mains sur ses hanches. « Je serais très déçue, Hemingway, très déçue! » dit-elle en riant. « Et puis je compte sur toi pour m'emmener dans un endroit cool! » Il fait bon, il fait beau. Cette soirée s'annonce géniale. « Il faut absolument qu'on croise un super-héros. Ce serait juste la cerise sur le gâteau de la soirée! » lance-t-elle alors qu'elle l'attend toujours en bas.
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Je suis sûre qu'il en est digne!” Et même si le gars n’en est pas digne, vous avez vu à quoi ressemblent ses muscles ? Il pourrait soulever une grand-mère avec l’auriculaire, sérieux. Alors, ouais, il soulèverait facilement Mjolnir. Faudrait demander à Thor de ramener son marteau ici pour qu’ils fassent le test. Mais un autre jour. Parce que là, tout de suite, maintenant, ils sont en pleine mission. Une mission importante. Une mission vitale. Une mission mortelle (sans aucun exagération, bien sûr). Une fois la méfiance du garde-du-corps endormie par les mensonges de Louisa, ils peuvent prendre la direction de l’ascenseur. Première étape réussie. Il se sent l’âme d’un James Bond. Il trépigne d’impatience et d’excitation. Hé oh, vous vous rendez pas compte ! Il est en train d’aider une star à s’échapper. C’est deux fois mieux que son quotidien. Entre livrer des colis et kidnapper une célébrité, y a quand même un univers de différence. “Petit un, je déteste ce qui est trop musclé, je trouve ça super dégoûtant.” Un point pour Jared. Ben quoi ? Il n’a pas de muscles, lui. A part les abdos où là, on peut deviner leur présence. Sinon, on ne peut pas penser une seule seconde qu’il puisse être musclé. Faut se rendre à l’évidence. Mais bon, il a Jazz. Et le mec est fidèle. Il ne va pas commencer à regarder ailleurs. Ce ne serait pas correct. Et Louisa a un petit-ami, non ? Un gars avec qui elle apparaît sur les trois quart des photos. Okay okay, ils ne sont pas faits l’un pour l’autre. L’univers se dresse contre eux ! Qui est Jared pour s’y opposer ? Personne, sauf un gars capable de se casser une jambe en descendant d’un trottoir. Autant dire qu’il ne pourrait pas faire grand-chose. “Petit deux, ils sont tous comme des membres de ma famille, puisqu'ils travaillent pour moi depuis le début de ma carrière, donc ce serait vraiment encore plus dégoûtant.” Rhaaaan, mais qu’elle est ennuyante ! Elle pourrait se décoincer un peu, non mais. Ils ne sont pas sa famille. Ils ne partagent pas son sang. Elle n’a qu’à sauter sur tous les nouveaux. Comme ça, elle n’a pas le temps de se lier d’amitié avec eux ! Il est sûr que de nombreuses célébrités ne se gênent pas pour le faire. Pourquoi pas Louisa ? “Petit trois, c'est interdit dans le contrat. Un jour, un des nouveaux gardes du corps a essayé de me faire du charme, il s'est vite fait renvoyer. Il était super dégoûtant, en plus. ” Il lève les yeux au ciel. Elle insiste beaucoup sur le côté dégoûtant. Ils ont quoi, tous ces mecs ? Ils n’ont pas l’air particulièrement moche. Okay, il peut paraître bizarre de coucher avec un mec qu’elle considère comme son frère. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont tous répugnants ! Vous croyez qu’elle trouve Jared aussi dégueulasse que les autres ? Il n’a pas de muscles et en plus, il peut avoir une tête de chien battu adorable. Deux qualités qui ne peuvent pas le rendre repoussant. Hein ? N’est-ce pas ? Dites-moi que ouiiiiii ! Non, en fait, on s’en fout. Y a Jazz. En plus, il ne voudrait pas briser le coeur fragile de Louisa en lui annonçant qu'il est pris. Vous imaginez si elle ne s’en remettait pas ? Elle passerait à côté d’une chance unique de sortir avec le mec le plus maladroit et le plus fan de tous les temps. Toutes les femmes rêvent de ça. Evidemment. C’est prouvé. Par moi-même. Oui, oui.

Tout ce qu’il retient, c’est qu’elle n’aime pas vraiment les hommes. A part le mec avec qui elle sort. Ce qui est plutôt pratique quand on doit l’embrasser et coucher avec, c’est sûr. “Tu vas pas me faire croire que tu es insensible à tous !” Il n’y croit pas. Impossible ! Elle passe ses journées entourée de mecs musclés, protecteurs. Elle doit bien avoir eu un crush, un jour ! Surtout quand elle était gamine. Enfin, quoi ! Même Jared serait capable de reconnaître que le garde-du-corps de tout à l’air est pas mal. Faut juste aimer les gars qui peuvent vous soulever de terre en trois secondes et qui sont capables de vous défendre dans la rue. Ouais, en fait, Louisa a raison : personne n’aime être en sécurité. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Le sourire excité de Jared ne permet pas de se tromper sur son humeur du moment. C’est fou. Complètement fou. Aujourd’hui, il aide Louisa à s’échapper. la prochaine fois, il aidera à voler un bijou. Ben quoi ? Je n’ai pas précisé quel bijou ! Ca pourrait être une bague en plastique pour enfants. Vous vous attendiez à quoi ? Jared retrousse ses manches. Il se glisse dans la peau d’un espion (il savait qu’il aurait dû interroger Jazz sur son job !). Pendant que Louisa avance vers la fenêtre, il  reste dans son dos, marchant à reculons (on est d’accord, c’est dangereux avec lui). Il assure ses arrières. Il est prêt à mourir pour lui offrir une soirée de liberté. Ouais bon d’accord, y a peu de risques qu’il meurt ce soir. Mais quand même ! “Allez, c'est parti.” Il se retourne. Il passe la tête par la fenêtre. Sérieux ? Une benne à ordures ? Est-ce qu’elle a conscience de ce que l’on trouve là-dedans ? Des ORDURES. Et parfois des cadavres. Et plein d’autres trucs qui puent. Au moins, c’est sûr, personne ne reconnaîtra Louisa avec l’odeur qu'elle aura. Il fait une grimace. Grimace qu’il retire immédiatement. Il est un espion ou pas ? Oui, ça va, on sait qu’il est coursier ! Vous avez saisi l’idée ! Louisa ne se pose pas de question, elle. Elle saute. Genre suicidaire comme pas deux. Jared la regarde faire, médusé. Okay, elle vit dans le luxe et n’a pas peur de prendre un bain d’ordures (finalement, vous voyez, on l’a notre scène de la baignoire à la Mariah Carey, sauf qu’elle est low cost), mais c’est Jared qui vit dans un taudis qui n’a pas envie de plonger dans les sacs poubelle. Où va le monde ? “Ne me dis pas que tu as le vertige!” Il soupire. Il voit ce qu’elle fait, la garce ! Elle essaye de jouer sur son égo pour le faire sauter. Mais oh ! Il n’est pas suicidaire. Il tient à sa vie. Il ne veut pas se casser un bras en sautant de cette hauteur. Louisa ne connaît pas sa malchance ! La benne pourrait se déplacer pile au moment de le réceptionner. Il pourrait tomber sur un truc dur dans la poubelle. Il pourrait s’exploser la tête contre le mur. Qu’est-ce qu’on en sait ? “Je serais très déçue, Hemingway, très déçue!” Il jette un coup d’oeil derrière lui. Rien à signaler. Toujours pas de garde-du-corps lui courant après avec une hache à la main. Il faut en profiter. Pour fuir et ne pas sauter. Ouais non, Jared n’est pas lâche. Il aime bien sauter de n’importe quelle hauteur, d’ailleurs, si on en croit toutes ses chutes. Même tomber de la hauteur d’un trottoir lui suffit pour le rendre heureux. “Et puis je compte sur toi pour m'emmener dans un endroit cool!” Il lève les yeux au ciel. La vile manipulatrice. Elle essaye vraiment de le convaincre. Elle essaye de l’amadouer. C’est vicieux ! C’est vilain ! En même temps, il lui a fait une promesse. Il ne peut pas tellement revenir en arrière. “Ca va, ça va, j’arrive !” Il s'est assez fait désirer, vous ne trouvez pas ? Qui a dit que Jared était un homme facile ? Personne, voyons. Il faut juste faire appel à son affect et lui adresser la plus belle tronche mignonne que l’on a en réserve. Et là, toutes les barrières cèdent.

Il passe les jambes à travers la fenêtre. Il prend une inspiration. Il doit sauter. Comme ferait Falcon. Sauf que Falcon a des ailes. Et que Falcon a plus de chance (il côtoie Captain America et Thor, les gars !). Jared rouvre les paupières. Il ne faut pas réfléchir. C’est la technique. Alors, il ne réfléchit pas. Il saute. Et il atterrit dans la benne à ordures (WOAAAAAAH). Sous ses doigts, il sent un truc dégueulasse. En y regardant de plus près, on peut l’identifier comme étant de la salade en décomposition. Miam miam. Et dire qu’ils étaient sur le point de bien manger ! Il s’extirpe de la poubelle avec autant de classe et d’élégance dont il est capable. Il prend quelques secondes pour retirer les choses suspectes collées à ses vêtements. Lorsqu’il relève la tête, il a toujours son sourire accroché aux lèvres. “Les Hemingway ne reculent jamais devant un défi… ou devant un saut.” A part ses grands-parents. A soixante-dix ans, ils préfèrent rester sur la terre ferme, étrangement. Pourtant, ce n’est pas si compliqué de sauter avec un déambulateur ou une canne ! Ils ne font vraiment aucun effort, c’est fou. Il fait signe à Louise de la suivre. Il est temps de rejoindre la rue et de se fondre dans la foule. New-York ne s’arrête jamais. C’est bien pour ça qu’il apprécie cette ville. Elle va à son rythme. Quoique, depuis qu’il a découvert sa vitesse, rien ne va assez vite pour lui. Les gens sont teeeeellement lents ! “Il faut absolument qu'on croise un super-héros. Ce serait juste la cerise sur le gâteau de la soirée!” Mais trop ! Là, on pourra dire qu’ils ont réussi leur soirée. Sauf qu’il n’a pas un radar à super-héros. Il a bien les réseaux sociaux, mais ils ne sont utiles que lorsqu’on repère les héros. Et puis, faut-il rappeler que c’est madame qui les fréquente ? Elle doit bien avoir le numéro de téléphone d’un super-héros ou d’une personne qui les connaît ! Mon dieu, vous imaginez ? Ils vont manger un hot-dog dans un coin avec Steve Rogers. Ca y est, Jared hyperventile. Il ne va pas tenir la soirée. Il va s’évanouir en voyant Captain America. Non, pardon, en le sentant arriver. Même pas besoin de le voir ! “C’est toi qui as les contacts, j’te rappelle !” Il fait volte-face et se met à marcher à reculons. Ouais, il continue à prendre des risques, le bonhomme. il n’en a déjà pas pris assez pour la soirée, apparemment. En fait, il va continuer jusqu’à ce qu’il finisse à l’hôpital. Ce qui pourrait arriver rapidement. Mais il a confiance. Louisa l’aidera à ne pas percuter quelqu’un et les autres passants ne seront pas assez cons pour lui foncer dedans. Ca devrait le faire. Au pire, ça mettra un peu de piment à leur soirée. Oh attendez, mais non ! Il ne lui arrivera rien parce qu’il est avec une actrice. D’ailleurs, est-ce qu’elle ne devrait pas porter une perruque ou un truc dans le genre ? C’est qu’il n’a pas envie de créer une émeute, vous comprenez. “Bon alors, voilà le programme : on va manger parce que j’ai vraiment, vraiment, vraiment faim. Ensuite, tu vas me montrer tes talents de skateuse, okay ?” Ils sont dans le Queens. Ce qui est parfait. Il y a un des meilleurs spots pour faire du skateboard, dans ce quartier. Situé au bord de l’East River. Si elle est nulle sur une planche, ils pourront au moins observer les buildings illuminés dans la nuit. Faut voir les avantages. Il ne reste plus qu’à lui trouver un skateboard puisqu’ils ont laissé l’autre au restaurant. Bworf. Ils en emprunteront un aux personnes sur place. Sans demander. C’est plus drôle.

Ici, ça devrait faire l’affaire ! On dirait pas comme ça, mais ils font de bons trucs.” Il s’arrête devant l’enseigne d’une chaîne de pizzas à emporter. Parfait. Ce ne sera pas aussi cher qu’au restaurant de Louisa (et dieu merci, vu tout ce qu’il compte commander), mais ce sera suffisant pour se nourrir le temps d’une soirée. Il sait déjà ce qu’il va prendre. Une pizza quatre fromages. Une pizza aux champignons. Une pizza savoyarde. Une calzone. Et peut-être qu’il va se laisser tenter par une autre. Il réfléchit encore. Quoi ? C’est important ! Il ne faut pas choisir n’importe quoi. Une fois qu’ils ont passé commande, ils s’installent à une des tables. “Tu n’as jamais pensé à arrêter ton travail pour retrouver ta liberté ?” C’est un des trucs qu’il ne comprend pas chez elle. Elle ne peut plus se promener tranquillement dans la rue. Elle vit H24 avec des gardes-du-corps. Qui aimerait vivre cette vie ? Elle pourrait se trouver un job tranquille et anonyme. Mais non. Elle continue à jouer la comédie dans des séries et à se priver de toutes ses libertés. Incompréhensible ! C'est pour ça que Jared se contente du job de coursier. Au moins, personne ne le reconnaît et ne lui demande d'autographe ou de selfie... Ouais, je sais, il n'aurait jamais été célèbre, de toute manière.

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« Tu vas pas me faire croire que tu es insensible à tous ! » lance Jared, visiblement surpris par la manière dont elle parle de ses gardes du corps et des hommes en général. Il n’est pas le premier à avoir sa réaction, et à chaque fois, elle se rend compte qu’elle ne fait pas vraiment attention à ce qu’elle dit. Oh, et puis tant pis. Elle peut bien dire qu’elle n’est pas attirée par ses co-stars et ses gardes du corps, ce n’est pas un problème, nan ? Tant qu’elle arrive à persuader tout le monde qu’elle est amoureuse de Loukas ? Au moins, comme ça, elle affirme sa réputation de petite amie fidèle. C’est une très bonne chose. « Mais non enfin ! » fait-elle en lâchant un léger rire. « C’est juste que je suis très difficile. » se justifie-t-elle avec un naturel désarmant. Oui, elle est très difficile. Trop difficile, même…. Quand il s’agit de la gente masculine. Quand on parle des filles, ah oui, là c’est une toute autre paire de manches. Mais ça, Jared ne doit pas le savoir. Personne ne doit le savoir. « Loukas est mon exception. » dit-elle d’un ton super mielleux qui la fait se sentir niaise au possible. Jared ne sera sûrement pas surpris qu’elle lui parle de Loukas, puisqu’ils sont partout dans les tabloïds, chaque semaine. On parle d’eux comme s’ils étaient déjà un couple mythique. Ah, quel monde, le show-biz. Jared pourra confirmer qu’elle est à fond sur son Loukas, si c’est son genre de parler de trucs comme ça. Elle ne sait pas trop s’il est du style à le faire, après tout, il n’a jamais réalisé d’interview comme celle d’aujourd’hui… Et elle est prête à parier qu’il n’en fera jamais d’autres comme ça, quand on voit la tournure que prennent les choses. La jeune actrice doute que beaucoup de célébrités le fassent s’échapper d’un hôtel bien gardé en passant par des bennes publiques.
D’ailleurs, en parlant de ces bennes publiques, elle est bien amusée de voir qu’il a un petit moment d’hésitation. Et c’est elle qu’on appelle la petite princesse dans les journaux ? Non mais ! Il va en entendre parler pendant un moment de celle-là ! Oui, parce que maintenant qu’elle l’a rencontré en vrai et qu’il est super cool, Louisa compte bien qu’il ne se débarrasse pas d’elle tout de suite. Enfin… Elle se demande s’il ne va pas avoir envie de prendre ses jambes à son coup quand ils vont se faire rapatrier par les gardes du corps et qu’il va subir les gros yeux des armoires à glace qui la surveillent depuis des années. Déjà, maintenant, il doit se dire qu’elle est folle. Mais étrangement, ça ne la dérange pas, Louisa. Elle a l’impression de souffler pour la première fois depuis un bon moment. Elle est constamment épiée, constamment contrôlée, que ce soit par sa famille, son agent, ou ses fans, un peu malgré eux. Jared ne lui donne pas l’impression de vouloir la contrôler, il ne lui donne pas l’impression qu’il va aller raconter n’importe quoi aussi, après leur rencontre, et ça, c’est super rafraîchissant. « Ça va, ça va, j’arrive ! » Louisa applaudit quand il atterrit dans la benne, et le regarde sortir sans même lui proposer de l’aide. Bah quoi, ils sont des warriors ou ils ne sont pas des warriors ? Il tente d’enlever les quelques saletés qui se sont collées à ses vêtements, tandis qu’elle ne fait même pas attention aux siens. « Les Hemingway ne reculent jamais devant un défi… ou devant un saut. » Elle salue ce dicton d’un air admiratif, et commence à suivre Jared qui se dirige vers la rue, un peu plus loin. Elle se sent si vivante ! Combien de fois rêve-t-elle de faire ce genre de trucs sans pour autant franchir le pas ? « Il faut absolument qu'on croise un super-héros. Ce serait juste la cerise sur le gâteau de la soirée ! » dit-elle, remarquant qu’il a un morceau de papier dans les cheveux, et ça la fait un peu marrer. « C’est toi qui as les contacts, j’te rappelle ! » fait le jeune homme, et elle se rend compte qu’il n’a pas tort. « Certes, mais ce n’est pas drôle si tout est déjà prévu d’avance. Je compte sur ta capacité extraordinaire à tomber sur des super-héros, The Mole. » Il avance à reculons maintenant, afin qu’ils puissent se voir pendant qu’ils discutent. Ce mec est fou, et elle l’aime déjà beaucoup, pour un mec.
« Bon alors, voilà le programme : on va manger parce que j’ai vraiment, vraiment, vraiment faim. Ensuite, tu vas me montrer tes talents de skateuse, okay ? » annonce Jared, et elle est surprise par la facilité avec laquelle il a élaboré ça en deux secondes. Elle n’avait même pas pensé à la suite en sortant par la fenêtre, à vrai dire. Du moins pas dans les détails. « C’est l’un des meilleurs programmes qu’on m’ait présenté ! » dit-elle sincèrement, même si elle doute que Jared la croira. Ils marchent pendant un moment avant de s’arrêter devant la devanture d’une chaîne de pizza. Louisa en a déjà l’eau à la bouche. « Ici, ça devrait faire l’affaire ! On dirait pas comme ça, mais ils font de bons trucs. » La jeune femme acquiesce. Elle n’en doute pas une seconde, elle commande chez eux plus souvent qu’elle ne veut bien l’admettre, surtout quand elle est seule dans sa chambre d’hôtel entre deux jours de tournages, sans bons amis et avec sa famille qui vit à des kilomètres. Ils entrent et font la queue, comme les gens normaux, et rien que ça, c’est quelque chose qui fait sourire la jeune actrice. La plupart des gens ne font même pas attention à elle, parce qu’ils sont avec leurs proches ou trop préoccupés par leurs pizzas. Ça lui fait plaisir de voir les gens être eux-mêmes, sans se comporter bizarrement parce qu’une star est dans les parages.
Quand ils passent commande, elle voit bien un léger froncement de sourcils chez la vendeuse, mais celle-ci ne dit rien, se contente de sourire. Louisa la remercie en le lui rendant. Ils prennent place sur l’une des tables du fond, et Lou fait tout de même attention à se mettre dos à la vitrine. Elle ne revient toujours pas du nombre de trucs que Jared a commandé. Elle voit déjà les titres, si quelqu’un prend une photo d’eux ce soir : Louisa Hensley et le glouton de New-York. Ça la fait rire d’avance. « Tu n’as jamais pensé à arrêter ton travail pour retrouver ta liberté ? » demande finalement Jared, en entamant sa pizza. Louisa soupire légèrement et prend une part de la sienne en suivant les découpes. « Oh si, crois-moi. » Elle prend une bouchée, et elle se sent encore mieux. Le pouvoir de la nourriture. « Plus d’une fois… Mais bon, je fais ça depuis tellement longtemps que mine de rien… J’y suis attachée. J’adore entrer dans la peau des personnages, j’adore jouer la comédie en général. J’ai une vie super géniale, mine de rien, et c’est clair que je serais folle de vouloir l’abandonner complètement. En fait… Je crois que ça me manquerait, les films, les séries. Ce monde dans lequel j’ai grandi, aussi. » Elle hausse légèrement les épaules. C’est assez paradoxal. Elle a cette envie irrépressible de liberté, d’anonymat, et si elle le voulait, elle pourrait tout arrêter du jour au lendemain. Enfin, elle devrait attendre la fin de son contrat avec Young Justice bien sûr, mais elle pourrait arrêter… Mais non. Elle continue. Parce que c’est ce qu’elle sait faire, et elle ne sait pas si elle serait capable de faire autre chose aussi bien. Elle ne l’explique pas vraiment, mais elle ne se verrait arrêter pour rien au monde. « Et toi, Jared, qu’est-ce qui t’as poussé à créer ton blog ? Depuis quand es-tu un fan de super-héros ? » Elle se rend compte qu’elle ne lui a pas demandé quelque chose d’important, aussi : « Et qu’est-ce que tu fais dans la vie, quand tu n’es pas en train de courir derrière les super-héros et d’écrire des articles fantastiques – fantastiques, quatre fantastiques, haha, je suis trop drôle – à leur sujet ? » Elle s’amuse un peu de sa blague pourrie et mord un peu plus dans sa pizza. Bordel, que c’est bon, une pizza, quand on la mange sans gardes du corps !
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