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 Alcohol, because no great story started with salad + JarMil

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Alcohol, because no great story started with salad
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Au fil du temps, des jours, tes journées deviennent toutes d'une banalité sans nom. Il est vrai que ces dernier temps, aucun truc spécial n'a eu lieu, et aucun accident avec ta mutation. Enfin, tu ne t'en porte pas plus mal. Il faut dire qu'elle fait des dégâts au niveau des bâtiments alentour et ça serait dommage. Enfin, c'est pour ça que quand tu n'as pas d'heure de travail tu ne reste pas au milieu des bâtiments et tu vas dans des parcs. Les petits espaces de verdures de New York que tu affectionnes, pour cause, sans eux tu serais devenu folle tant la campagne peut te manquer. L'air de New York tu le trouve pourri et asphyxiant, tu ne sais même plus pourquoi tu as voulu y vivre. Peut-être parce que malgré l'impolitesse de nombreuses personnes trop pressées, le gris ambiant et le brouhaha constant, les rues sales et puantes, cette ville a quelque part du bon. Il n'y a pas que des mauvaises personnes, du moins tu l’espérais.

Cette journée là, tu l'avais trouvé particulièrement piquante comparée aux autres. Piquante d'une manière assez négative, tu t'étais levé du mauvais pied et les merdes se sont empilés et amassés pendant la journée. Ça avait commencé par la tasse de café froid, que tu allais mettre à chauffer, qui s'est vidé sur toi parce que tu étais trop mal réveillé. Ça a suivit par un de tes parcs préférés où tu voulais faire un tour avant d'aller travailler, qui était fermé. On peut compter aussi le pigeon qui t'as pris pour une statue et a fait ses besoins sur ton épaule droite. Enfin, tu n'avais pas eu une journée rose, le bar n'étant pas l'endroit où tu peux te détendre a gardé tes nerfs à vif et tu te concentrais tant bien que mal pour ne pas craquer sous la pression, pour ne pas que cette longue et sympathique période sans accident ne se fasse bêtement interrompre par une simple mauvaise journée.

Derrière ton bar, séparé des poivrots que tu servais, tu étais comme en sécurité. Un petit tableau noir où était écrit trois règles idiotes mais respecté te plaisais et te donnais l'impression d'aller mieux. « Règle un : Boire, règle deux : ne pas passer de l'autre coter du bar, règle trois : respecter les règles. » ça te faisais rire quand tu y pensais, en rinçant un verre de bière tu t'étais mise à sourire bêtement en te rappelant quand ce tableau est arrivé là. Mais tu as rapidement été ramené à la réalité par un énième alcoolique te demandant un verre de whisky avec toute l'amabilité d'un New Yorkais. Tu lui as servit avec la même amertume dans tes gestes que de la manière dont il t'as parlé. Tu as vaqué aux autres demandes et tu as lavé des verres, à la fin tu finirais par avoir de sacrés bras.  

Au bout d'un moment, tu vois l'homme si aimable tant tôt, pousser la moitié de porte qui sépare habituellement le barman des poivrots. Automatiquement et tu ne sais pas trop pourquoi, tu t'es senti en danger. Qu'est-ce qu'il foutait dans ton espace vital ? Jamais un seul client, à par peut-être un ami, n'est aller dans cet espace. « Je vais te demander de partir tout de suite. » tu tremblais à moitié, parce qu'il est plus grand, parce que si tu montre pas ton autorité c'est l'anarchie dans le bar, parce que t'as jamais eu à faire à ça, parce que t'as eu une journée pourrie et que t'as l'impression que ça va te poursuivre jusqu'au bout. Parce que t'es fatiguée et que t'es à bout de nerfs, tu prends une bouteille de bière et tu la planque derrière ton dos. Ton sac et juste derrière le crétin de service et c'est là que se trouve le somnifère. Tu sens que ça va péter, et tu flippe encore plus. Tu vois qu'il t'écoute pas et qu'il avance « T'es pas très polie pour une fille ». Connard, crétin, macho, un pauvre gars à tes yeux, mais tu continuais de trembler, vacillant entre peur et colère. « Peut-être parce que t'es pas poli pour un garçon. Sors. » trop de fierté pour reculer, trop de colère pour faire face à la vague qui s'annonçait, que tu sentais venir. Tu jetais un regard alentour dans le bar, un regard appelant au secours n'importe qui, mais ils s'en fichaient tous à juste boire leurs verres. Puis tu l'as vu, tu espérais croiser son regard, tu espérais qu'il intervienne parce que là ça n'allait plus être retenu longtemps. Tu savais qu'il t'aiderait, Jared.


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Dernière édition par Mildred Smith le Jeu 30 Juin - 20:38, édité 1 fois
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Une table. Des amis. De l’alcool. De l’ambiance. Que demander de plus ? Rien. Absolument rien. Jared a son téléphone sur la table. A portée de main au cas où une actualité héroïque surgirait. Il garde les doigts autour de son verre de bière. Il rit. A gorge déployée. Parce que son voisin vient de faire une super blague. Parce qu’il ne peut pas s’empêcher d’avoir les oreilles qui traînent partout. Il est coupé dans son hilarité. Un regard désespéré. Un regard paniqué. Le regard de Mildred. Il étouffe son rire. Il pose son verre. Il n’aime pas ce regard. Il n’aime pas ce qu’il lit sur son visage. Il repère le client qui passe derrière le bar. Il remarque la bouteille qu’elle tient dans son dos. Personne autour ne bouge ses fesses. Personne ne vient au secours de la barmaid. Il faut vraiment être un connard pour ne pas l’aider. Il faut vraiment être égoïste pour ne pas voir son anxiété. Jared n’est pas un connard. Il n’écraserait même pas une mouche qui vole à trois millimètres de son oreille. Et on sait combien c’est gênant. Pire encore est le moustique qui vibre pendant la nuit. Il se lève aussitôt. Il abandonne ses amis. Ceux-ci lèvent les yeux dans sa direction. L’un d’entre eux l’appelle. Jared ne répond pas. Il a attrapé son téléphone. Il l’a glissé dans la poche arrière de son jean. On ne sait jamais. Certains clients sont plus débiles que lui. Certains sont encore plus irraisonnables que lui. Il pourrait avoir besoin d’appeler la police, si l’homme ne veut pas reculer et retourner à sa place. Au tour de Jared de pousser le battant qui sépare le reste de l’établissement du bar. Il arrive derrière le client. Il lui tapote l’épaule, affichant un grand sourire sur les lèvres. Il n’a pas vraiment envie de sourire, mais c’est la clé pour obtenir ce que l’on souhaite. Tout demander de poliment. C’est ce que lui disait sa mère quand il était petit. Un principe qui n’a pas vraiment porté ses fruits. Pourtant, il continue à l’appliquer. Peut-être qu’un jour, il y aura un miracle. Peut-être qu’un jour, quelqu’un lui répondra avec le sourire et ne l’enverra pas bouler. Alors, il pourra arriver en retard à toutes ses livraisons et il pourra envoyer chier son patron (ce qu’il fait déjà). L’homme se retourne, visiblement mécontent d’être importuné. C’est vrai qu’il était en train de charmer Mildred avec son haleine d’alcoolique et son comportement irrespectueux. Jared a vraiment le don pour arriver au mauvais moment, dites donc. “Salut ! Je vais te demander de reculer, sinon j’vais devoir sortir les muscles et tu ne veux vraiment pas voir ça.” Il n’a pas une carrure très impressionnante. Il cache ses muscles pour ne pas effrayer les gens. Mais en vrai, il a des bras de quarante centimètres de diamètre et il pèse soixante kilos de plus. Soixante kilos de muscles, évidemment. Le client a bien compris l’idée puisqu’il se détourne déjà. Il semblerait que Mildred soit plus attirante et intéressante. Il semblerait aussi que Jared ne soit pas assez convaincant. C’est incompréhensible. La menace physique est bien réelle, pourtant. Ça ne se voit pas ?

Il ne se décourage pas pour autant. Il a déjà tenu tête à bien pire qu’un abruti qui a les mains baladeuses. Il a aidé Daredevil à arrêter un agresseur (ce fut un échec). Il a secondé la Torche Humaine dans un incendie (ce fut un échec aussi). Il a rejoint Thor sur l’une de ses interventions (ce fut une réussite, étant donné qu’il n’y avait plus rien à combattre). Il est donc parfaitement capable de faire reculer cet homme. “Hé mec, je ne plaisante pas. Tu n’as pas le droit d’entrer dans cette zone.” Le ton se fait plus ferme. Le ton se fait plus catégorique. Il voit bien l’inquiétude de Mildred. Il voit bien qu’elle n’est pas à l’aise. Surtout, elle tremble. Quand elle tremble, ce n’est jamais bon. Il le sait. Il a vu ce dont elle est capable. Il est déjà venu en catastrophe pour l’aider à surmonter des crises. Il faut que le gars s’éloigne. Vite. Sinon, c’est tout le quartier qui va subir. Qui aimerait se prendre un toit sur la tronche ? Personne. “Tu commences à me faire chier. T’es qui pour me donner des ordres, hein ? Son copain ? Son garde-du-corps ?” Le client ne vise pas loin. Ni son garde-du-corps, ni son copain. Plutôt un ancien petit-ami qui est devenu ami. Un ami qui veille sur le bien-être de la jeune femme. Travailler dans un bar quand on est une femme n’est pas facile. Les hommes sont les pires êtres humains. Surtout quand ils ont plusieurs verres dans le nez. Si Jared peut la débarrasser de quelques énergumènes, il est partant. Même si cela veut dire risquer sa peau. Parce qu’on le sait, il n’est pas doué pour résoudre les conflits. Il n’est pas un médiateur efficace. Pire, il a tendance à aggraver la situation. Ce n’est pas pour rien qu’il est seulement coursier et pas négociateur dans les forces de l’ordre. “Fais pas l’idiot, tu vois bien qu’elle veut être tranquille. Elle veut faire son boulot, pas être tripotée par un vieux pervers dégueulasse.” Le regard de l’homme change étrangement. Pourquoi ? Jared a pourtant dit la vérité. Il a pourtant été correct.. non ? Okay, traiter quelqu’un de vieux pervers dégueulasse est peut-être vexant. Dire que quelqu’un est un vieux pervers dégueulasse est peut-être énervant. Mais c’est la vérité ! Et il n’y a que la vérité qui blesse, non ? Ah oui et le poing qui vient se fracasser contre sa mâchoire, aussi. Sa tête part en arrière. Son corps suit. Jared se rattrape tant bien que mal au bord du comptoir. Il porte une main à son visage. Ce client est complètement fou ! Il sait que ça fait un mal de chien ? Le gars a failli lui casser une dent. En plus, il s’est mordu la langue. Il sent le sang chaud se répandre dans sa bouche. C’est vraiment pas sympa. Il voulait juste aider. Il voulait juste qu’il se casse. Ce n’est pas si compliqué à comprendre.

Non mais ça va pas ?! Vous êtes trop con pour parler ou quoi ?” Cette fois, il voit le coup de poing lui foncer dessus. Il l’esquive, mais déclenche une chute de bouteilles d’alcool. Elles tintent dans tous les sens, au fur et à mesure qu’elles s’effondrent. Il en rattrape une, mais elle a déjà eu le temps de faire basculer la suivante. Il saute sur celle d'à côté. Trop tard. Encore. Il n’est pas assez rapide. Elles chutent les unes après les autres, dans un bruit assourdissant. Les clients les plus proches s’intéressent à ce qu’il se passe. Interrompus dans leur conversation. Il lance un regard paniqué à Mildred. Elles vont se casser. Elles vont toutes se casser. Et Mildred va être virée par sa faute. Elle va se faire disputer. Elle va s’en prendre plein la tronche. C’est le bordel. Déjà, il sent la poigne du client mécontent se refermer sur son épaule. Oh putain, c’est la fin. Jared va crever. Il va mourir. Il va être tabassé dans un bar, par un ivrogne de compétition. Il sera au moins mort en voulant secourir son amie. Il sera au moins mort en étant utile. Adieu monde cruel ! C'était une belle rencontre. C'était un plaisir. Allez, kiss kiss, love love.

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Tu redoutais ce moment, cet instant ou tu allais faire une crise en plein bar. En plein milieu du travail, en plein milieu de tout. Tu redoutais et tu avais peur de ce moment. Maintenant qu'un homme et là, saoul, derrière ton bar, ton espace vital, tu sais que ça va péter. Ce que tu peux faire c'est minimiser les dégâts en attrapant ton sac, mais ce crétin te bloquait la route. Il te fixait et tu avais peur et tu serrais dans ton dos la bouteille de bière, ne voulant pas l'utiliser. Avec Jared dans le bar, tu espérais que ça allait s'arranger. Tel un chevalier il t'a vu et est arrivé lui aussi derrière le bar, mais la proximité d'un ami t'as rassuré. Tu as soufflé lentement, pour essayer d'apaiser tes tremblements. Tu le regardais avec son sourire idiot, essayer de convaincre par la parole un gars plus alcoolisé qu'une bouteille de vodka. « Salut ! Je vais te demander de reculer, sinon j’vais devoir sortir les muscles et tu ne veux vraiment pas voir ça. » si ça marchait, tu t'es juré d'appeler Jared dieu pendant au moins un mois. Le truc et tu le savais bien, c'est que ça a pas marché. L'homme c'est tourné vers toi et cette fois-ci, il t'a touché l'épaule, ce qui t'as paralysé. Tu essayais de contenir tout ce qui pouvait sortir, tu essayais autant que tu le pouvais. Mais tu tremblais comme une feuille, et la peur comme ça, ça se sent. Tu t'apprête à utiliser finalement la bouteille, parce que tu étais trop épuiser pour contenir la vague encore plus longtemps. Mais Jared a été plus rapide que toi, « Hé mec, je ne plaisante pas. Tu n’as pas le droit d’entrer dans cette zone. » et tu vois l'homme qui se retourne encore vers Jared, et tu souffle un bon coup, on aurait pu croire que tu allais accoucher, mais c'était tellement épuisant de contrôler tout ça. Tu te demandais si tu allais pas tomber dans les pommes avant de déclencher un séisme, ça serait pas plus mal. Tu entends le poivrots répliquer, « Tu commences à me faire chier. T’es qui pour me donner des ordres, hein ? Son copain ? Son garde-du-corps ? » et lui bordel il était qui pour entrer de ton coté hein ? Il était qui pour oser se croire tout permis et te forcer la main ? Saloperie de New Yorkais. Tu penchais plus vers la colère, c'était pas bon. Tu avais tellement envie de lui fracasser cette bouteille sur le crâne, tellement. Mais tu n'engagerais aucune hostilité. Tu pourrais, mais si tu le faisais tu savais que ça allait dégénérer encore plus que ce que tu imaginais déjà. Tu jeta un regard vers le reste du bar, il en avait vraiment tous rien à foutre. En regardant dans la salle, en essayant de te calmer en te concentrant sur autre chose, tu n'avais pas fait attention à ce que Jared avait dit à l'ivrogne. Tu n'avais clairement pas prêté attention à ça et c'est quant t'as tourné la tête que t'as vu un poing s'écraser sur la mâchoire de ton ami. « Jared ! » et hop, erreur. T'as tout relâché et un bruit sourd retenti, le premier était toujours le moins bruyant, il était toujours le moins puissant et se contentait d'une levé de poussière. Mais c'était déjà trop. T'avais précisément cinq petite minute pour stopper tout ça et c'était court. Parce que dans cinq minute, il y aurait la deuxième onde de choc, et elle, elle pardonne pas. Le bar en prendrait un coup et le reste avec. « Non mais ça va pas ?! Vous êtes trop con pour parler ou quoi ? » il avait pas du voir, il avait pas du entendre avec le brouhaha du bar. Normal, la première est plutôt discrète quand elle est étouffé par la musique et les voix des clients. Tu vois l'autre crétin qui tente un coup, mais qui se loupe. Merde Jared, il se contrôle aussi bien que toi et ça empire les choses. Il a esquivé c'est bien, mais il a fait s'agiter les bouteilles et y en a un paquet qui tombe, t'essaye même plus de tout retenir et alors que Jared essayait de rattraper quelques bouteilles, tu voyais l'autre homme prendre son épaule. Alors t'as même pas réfléchis, pourtant t'aurais dû. T'as brandi la bouteille et tu l'as fracassé sur le dos de l'homme. T'avais pas osé l'exploser son crâne et pourtant t'aurais peut-être dû. Parce qu'il s'est retourné en fureur, oubliant de frapper Jared. C'est déjà ça de gagné, mais ce qui est pas gagné c'est qu'il avait pas l'air franchement content. Le pire, c'est que ta fierté te perdra, parce que t'as reculé que d'un pas et pas un de plus. Parce que même si t'avais peur tu voulais pas en avoir l'air. Même si tu tremblait comme une feuille tu voulais faire comme si. T'aurais voulu que ton oncle soit là, qu'il te mette un coup bien placé et fini, bouclé. Mais il était pas là et t'étais avec Jared et ta fierté. « Tu sors du bar, maintenant. » c'était tellement pas crédible avec ta voix, et les gens dans le bar avaient commencé à réagir. Y avait même un imbécile qui avait sorti son téléphone pour filmer. Cette génération franchement, y en a pas un qui pouvait juste appeler les flics ? T'avais pas fini d'observer les gens du bar avec cet air pas content, que t'as senti quelque chose de lourd s'abattre sur ta joue. T'avais subit le même sort que Jared, l'autre imbécile t'avais mis un sacrée coup de poing. Tu savais que le temps était compté maintenant et qu'il fallait que tu préviennes Jared. « La première est déjà sorti Jared ! » t'avais peur, t'étais en colère, c'était un sacrée combo. Un cocktail Molotov qui allait faire un sacré bazar sans le somnifère. Tu te redresse et tu fais à nouveau face à l'homme, tu décapsule une bouteille qui était là et tu la laisse se vider un peu pour fracasser le cul contre le bord du bar et faire de pics avec le verre. Puis tu la pointe sur le gars, faible comme un chaton tu sais que ça fera pas l'affaire, mais dans la vie faut essayer des trucs.

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Dernière édition par Mildred Smith le Jeu 30 Juin - 20:37, édité 1 fois
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Et merde. Il n’y a rien qui va. Rien de rien. Il a l’habitude de foutre le bordel. Il a l’habitude de tout détruire sur son passage. C’est un truc qu’il aime bien. Une manière de laisser un souvenir sympathique (ou pas) de son passage. Une manière de rappeler qu’il était là, tel jour, telle heure. Sauf qu’il s’agit du bar de Mildred. Un bar qui l’emploie, la paye et lui permet de vivre. Il ne peut pas lui faire perdre son job. Ce serait vraiment con. Il ne pourrait même pas l’aider à trouver un job. Son patron ne le prendrait pas au sérieux. Son patron refuserait catégoriquement. Il n’aurait pas tort. Faire confiance à un employé toujours en retard, c’est pas forcément une bonne idée. Définitivement, Jared doit arrêter de faire tomber toutes les bouteilles du bar. Il doit arrêter de se faire frapper, aussi. Parce que ça fait mal ! Comme une brûlure. La douleur part de sa mâchoire et irradie dans toute sa bouche, dans toute sa tête. Il est sonné. Un peu. Il n’est pas sûr. Sa perte d’équilibre peut être la conséquence du coup ou de sa maladresse. Peut-être un peu des deux. Dans tous les cas, ce charmant jeune homme décide de l’aider. En posant une main chaleureuse sur son épaule. Une main qui le serre un peu trop. Une main qui semble un peu trop agressive. Donc, l’homme ne veut pas l’aider ? Quel dommage ! Mais la pression sur son épaule disparaît quand il entend un espèce de craquement. Comme si une bouteille était cassée. Il se retourne pour découvrir Mildred. Elle a encore un bout de la bouteille dans la main. Elle lui a un peu sauvé la vie. Elle lui a donné un peu de temps pour trouver quoi faire. Sauf que leur homme a décidé de retourner sa colère contre elle. Le salaud ! Il ne peut juste pas les laisser tranquille ? N’importe qui ayant reçu une bouteille dans le dos se serait calmé. Aurait battu en retraite. Pas l’ivrogne. Noooon. Ce serait trop simple. L’attaque a plutôt décuplé sa colère. L’attaque a multiplié sa rage. Pour une fois, ce n’est pas Jared qui a merdé. Élément plutôt réconfortant pour lui, même si le moment n’est pas à l’auto-satisfaction. “Tu sors du bar, maintenant.” Wow, elle ferait presque peur. Elle serait presque autoritaire. Si elle ne tremblait pas de tout son corps. Si elle avait utilisé un ton pareil pour lui, Jared serait parti et l’aurait laissée tranquille. En fait, il ne serait jamais passé de l’autre côté du comptoir. Tout le monde le sait, c’est l’espace du barman. On n’y entre pas, sous peine de quelques sanctions. Apparemment, l’appel de la chair fraîche est plus tentant que celui de l’alcool. En voyant le mec, on ne l’aurait pas cru. Ou peut-être est-ce l’alcool qui l’a rendu si solitaire et en mal de femmes ? Faudrait lui poser la question, tiens.

Pendant que Jared est perdu dans ses réflexions, Mildred a le temps de se faire frapper par Monsieur J’ai-trop-bu. Apparemment, frapper des gens n’est pas un problème pour lui. C’est même un passe-temps. Sauf que ce n’est pas très poli-poli comme manière. Il faut le lui faire comprendre. En voyant son poing rencontrer le visage de la jeune femme, Jared n’a pu s’empêcher de crier un “HEY”. Un “HEY” chevaleresque. Un “HEY” courageux. Pas suffisant pour arrêter l’ivrogne. Pas suffisant pour le faire culpabiliser. Pas suffisant pour l’empêcher de la cogner. Se faire frapper, Jared s’en fiche. Il a l’habitude. Entre ses soirées d’ivresse avec ses potes et ses soirées à courir après les super-héros, il est souvent amené à taper avec ses petits poings. Mais il doute que Mildred soit aussi habituée. Elle voit plutôt les bagarres éclater sous son nez, avant de se terminer dans la rue. “La première est déjà sorti Jared !” La première ? La première, la première, la première… Mais oui ! La première secousse. Le premier séisme. Tous les scientifiques de la ville doivent être surexcités à l’idée qu’un séisme éclate en pleine ville. Ils doivent aussi être inquiets des dégâts, accessoirement. Crotte de bique. Ils sont donc à deux doigts de voir une faille s’ouvrir dans les rues de New-York. On ne peut pas faire plus critique comme situation. Il faut faire quelque chose. Et vite. Mais quoi ? Le coup de la bouteille explosée ne fonctionne pas. Au contraire. La tentative de dialogue est un échec. Il reste quoi ? La fuite ? Sauve qui peut, prenez vos jambes à votre cou, un fou furieux alcoolisé casse tout sur son passage pour choper une meuf. “Regarde, on maîtrise la situation, tu peux respirer !” Il s’adresse à Mildred. Pour la rassurer. Pour la réconforter. Elle peut ranger son super-pouvoir de Mère Nature et arrêter de stresser. Enfin, pas totalement. Ce n’est pas comme si l’homme était toujours occupé à vouloir les défoncer. Ce n’est pas comme si l’homme voulait toujours leur enfoncer ses poings dans la gueule. Un léger petit détail. Tout petit. Minuscule. Ridicule. Pas besoin de le prendre en considération, n’est-ce pas ? Il doit agir, avant que Mildred ne relâche tout. Avant qu’elle ne déclenche un séisme important. Avant qu’elle ne détruise toute la ville. Il tente une nouvelle fois le dialogue. Parce que frapper, c’est vilain. Parce que frapper, c’est pour les mauvais garçons. Parce que frapper, c’est pour les gens qui n’en ont rien à foutre d’avoir mal après. “Bon, mon p’tit bonhomme, t’as fini de frapper tout le monde ? Tu veux pas qu’on discute cinq minutes de ce qu’il se passe ? T’as été maltraité pendant ton enfance ? Ta maman ne te faisait pas assez de câlins ? Dis tout à tonton Jared !” Okay, on sent la moquerie dans ses paroles. On sent l’ironie dans son ton. En même temps, qui pourrait le lui reprocher ? Peut-être l’homme ivre qui se tourne dans sa direction. Coucou, c’est moi ! Jared esquisse un grand sourire. Faut qu’il parle. Faut qu’il exprime tous les sentiments qu’il intériorise. Il ira mieux après s’être confié à tonton Jared.

L’homme le regarde avec des yeux idiots. Il fronce les sourcils. Apparemment, il constate une once de moquerie, mais ne parvient pas à le déterminer. Il a l’air complètement abruti par l’alcool. Quel dommage ! Un si bel homme pourrait charmer n’importe quelle femme. Peut-être est-il attiré par les hommes et ne veut-il pas se l’avouer ? Hein hein, une deuxième piste à creuser pour Inspecteur Jared. “Tu te fiches de moi ou quoi ?” Jared secoue la tête de gauche à droite. Il hausse les épaules. Lui ? Se moquer ? JA-MAIS. Il est trop innocent. Il est trop gentil. Il est trop bienveillant. Ce n’est pas son genre de se moquer des gens. Ce n’est pas son genre de le tourner au ridicule. Il est bien mieux élevé que ça. “Non, pas du tout ! Je n’oserais pas, j’ai beaucoup trop de respect pour vous. Hein, Mildred ?” Il jette un coup d’oeil dans la direction de la jeune femme. Faut qu’elle joue le jeu. Faut qu’elle arrête d’avoir peur de ses capacités. Faut qu’elle l’aide à se débarrasser de l’homme. Sinon, ils ne vont jamais s’en sortir. Le mieux serait encore de l’éloigner d’ici. Ce serait de l’emmener dans un endroit, loin de l’homme ivre, où elle pourrait se remettre de ses émotions. Ils détruiront le bar plus tard. Jared prend le risque de contourner l’homme ivre. Il y va doucement. Pas après pas. En rasant le mur. Il glisse jusqu’à Mildred. Il lui tend sa main pour qu’elle la prenne. Ils vont procéder doucement. Lentement. Faudrait pas que Monsieur Je-vais-avoir-mal-à-la-tête-demain se rende compte qu’ils s’en vont sans lui. Alors, pour détourner son attention, Jared se remet à parler. De tout, de rien. De ce qui lui vient à la tête. Pas forcément une bonne idée. “Vous savez, j’ai une théorie qui pourrait vous intéresser. Vous êtes venu dans ce bar pour boire un coup, mais comme vous avez été habitué à boire depuis vos cinq ans, vous n’avez pas réussi à vous arrêter. Et puis, vous avez vu la barmaid. Vous avez voulu vous prouver votre virilité en la pécho derrière le bar, devant les yeux de tous. M’en fait, cette volonté cache un désir homosexuel. J’en suis presque certain !” C’est à ce moment-là qu’on dit ‘oups’. Quand l’homme en face pousse un rugissement bestial. Quand l’homme en face charge dans votre direction. Quand l’homme en face à le visage rougi et les veines qui ressortent. Jared pousse Mildred sur le côté. Ils s’effondrent par terre. Plus exactement, Mildred s’effondre par terre et Jared s’écrase comme une crêpe sur elle. Pardon. Pas fait exprès. Pas le temps de s’émouvoir de l’avoir écrasée, ils ont un taureau à maîtriser. Bordel de merde. Y a encore des gens qui se vexent de l’homosexualité. Faudrait évoluer ! Jared se relève et aide la jeune femme à en faire autant. L’avantage, c’est qu’ils sont du côté de la sortie. Ils peuvent évacuer le comptoir et s’enfermer ailleurs. Enfin !

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Les seuls quelques mots qui sont dans ta tête, les seuls sans doute que tu peux dire pour l'instant, les seuls qui te viennent à l'esprit. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Tu n'y crois pas plus que tu le vis actuellement. Un idiot passe derrière ton bar, dans ton espace vital, il te fait des avances que tu envoie valser et il fait quoi ? Il frappe d'abord ton ami Jared, puis toi. Tu as mal, ce n'est pas dans tes habitudes de prendre des coups qui ne te font pas directement tomber dans les pommes. Il aurait pu faire l'effort de se rendre utile et te faire t'endormir, tu aurais laisser le reste à Jared et tout est bien qui fini bien. Même si quand tu y repense ça serait embêtant pour Jared de s'occuper de tout. Pourtant, c'est ça ou un séisme sur les bras. Tu ne veux pas que ta mutation sois révélé au grand jour, déjà parce que tu n'es pas recensé et que ça va te causer des ennuis, ensuite parce que tu ne veux pas être virée. Quoi que pour le dernier point c'est peut-être déjà trop tard. Tu te tiens la joue, et te redresse. Tu stressais encore à propos de cette seconde vague qui allait arriver d'ici un petit moment. Pourtant tu essayais autant que tu pouvais de te calmer, mais avec un bordel pareil, c'était assez difficile. « Regarde, on maîtrise la situation, tu peux respirer ! » la situation ? Vous aviez bien l'air de la maîtriser là. Avec des bouteilles au sol, un homme fou et alcoolisé et un séisme qui allait arriver si tu ne faisais rien. Tu essaye de respirer le plus paisiblement possible, tu te concentre sur ce que tu connais du bar. Alors que Jared, lui, essaye de calmer le poivrot, « Bon, mon p’tit bonhomme, t’as fini de frapper tout le monde ? Tu veux pas qu’on discute cinq minutes de ce qu’il se passe ? T’as été maltraité pendant ton enfance ? Ta maman ne te faisait pas assez de câlins ? Dis tout à tonton Jared ! » et là t'as pas compris tout de suite, tu regardais Jared entre l'incompréhension et l'incertitude. Puis tu sais pas, ça t'as pris d'un coup ce fou rire. Quel idiot, très fort, mais idiot. Te faire rire c'est peut-être ça qu'il faut, parce que là t'en pouvais plus, t'en avais même mal au ventre. La situation en elle même était drôle, d'un point de vue extérieur c'est assez comique comme histoire et l'autre parle comme si c'était une blague. Ça n'a pas le même effet sur l'homme qui avait l'air d'en vouloir à Jared, mais ton ami répond avec autant d'insolence que plus tôt. « Non, pas du tout ! Je n’oserais pas, j’ai beaucoup trop de respect pour vous. Hein, Mildred ? » tu le regarde, tu t'étais calmé, mais tu avais toujours envie de rire. Surtout avec les conneries qu'il balance à la seconde. Alors tu tourne ton regard vers l'ivrogne et tu fais un « non » de la tête tout en te pinçant les lèvres. Un « non » enfantin et moqueur, pour vous enfoncer encore plus qu'avant. Ça allait mieux, mais ça n'était pas assez, en tout cas tu savais au fond de toi que l'onde de choc allait venir à un moment, car si tu as bien rigolé pendant la dernière minute, tu savais qu'un homme à l'allure de taureau allait vous foncer dessus d'un moment à l'autre. Ton sourire disparaissait, car l'instant du rire nerveux était passé, et maintenant les mauvaises choses te sont revenu à l'esprit. La peur plus particulièrement, car quand tu voyais Jared raser le mur pour te rejoindre, tu flippais un peu pour lui. Puis il t'a attrapé par la main, et là tu as serré fort. Oui, la main de Jared était devenu ta boule antistress. Quoi de mieux pour te faire stresser encore plus que de provoquer l’imbécile en face de vous ? Rien. Jared ne c'est pas gêné et tu ne comprenais d'abord pas pourquoi. « Vous savez, j’ai une théorie qui pourrait vous intéresser. Vous êtes venu dans ce bar pour boire un coup, mais comme vous avez été habitué à boire depuis vos cinq ans, vous n’avez pas réussi à vous arrêter. Et puis, vous avez vu la barmaid. Vous avez voulu vous prouver votre virilité en la pécho derrière le bar, devant les yeux de tous. M’en fait, cette volonté cache un désir homosexuel. J’en suis presque certain ! » il t'exaspérait parfois, provoquer inutilement c'était sans doute pas le bon plan de ton point de vue. Surtout vu la sensibilité du bon monsieur en face, il aurait pu tuer un homme tu en étais sur. Quand il s'est mit à charger sur vous, Jared t'as poussé et est arrivé sur toi avec la grâce d'un sac de pomme de terre. Tu lâche un gémissement étouffé, il est pas vraiment lourd, mais il y a une manière d’atterrir sur les gens. En plus c'était risqué, tu as bien cru que ça allait faire lâcher la deuxième vague. Heureusement il se relève vite et tu prends appuie sur sa main pour te relever également. C'est là que t'as compris, parce que t'étais proche de la semi-porte. Tu prends le poignet de Jared et tu le fais avancer avec toi, vite, avant que l'autre ne vienne. Tu t'étais remise à trembler, tu essayais d'ouvrir une porte réserver au personnel qui se trouvait pas très loin du bar, mais tu tremblais un peu trop. Puis au final tu as réussi et vous êtes entrés dans une espèce de buanderie, les coulisses du Charlie's. À l'autre bout de la pièce, une porte de sorti qui menait derrière le bar. Tu ferme la porte qui mène au bar à double tour. Puis d'un coup tu réalise, et là c'est le drame. « Faut que j'y retourne. » t'avais pas envie d'y aller, y avait trop de trucs qui pourraient tout faire péter de l'autre coté. « Jared, j'ai oublié mes somnifères. » t'avais totalement oublié ton sac sous le bar, caché. Tu ne savais pas vraiment quoi faire, est-ce que Jared saurait te frapper au bon endroit pour te faire tomber dans les pommes ? Est-ce que seulement il accepterais de te frapper ? Tu commençais à te dire que c'était foutu et que tu devais appeler ton oncle, mais ton portable est avec ta seringue et tes somnifères, dans ton sac. « Va falloir que tu me frappes. »

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Évacuez les lieux. Vite ! C’est la course jusqu’à la sortie. C’est la course pour s’éloigner du taureau enragé. Pardon, l’homme enivré. Ils abandonnent les clients à leur propre sort. S’ils veulent boire, ils n’auront qu’à se plaindre à Monsieur J’ai-trop-bu. C’est de sa faute, après tout. Et un peu celle de Jared. Un peu. Un tout petit peu. Il faut dire qu’il n’est pas doué pour négocier. Il n’est pas doué pour taire ce qui passe par sa tête non plus. En fait, il n’est pas doué pour grand-chose. Sa maladresse est telle qu’elle dépasse le simple stade physique. Elle est aussi tellement importante qu’elle perd son cerveau dans les affres de la réflexion et qu’il est totalement sans filtre. Des fois, il sait se taire. Des fois. Pas ce soir. L’alcool doit aider. C’est même certain. Mais maintenant, ils sont à l’extérieur. Ils sont à l’abri de toute charge du taureau sous alcool. A moins qu’il ne décide de faire le tour du bâtiment pour les courser dans les rues de New-York. Espérons que ce ne soit pas le cas. Jared s’adosse contre le mur en brique. Il reprend ses esprits. Il reprend son souffle. Les bagarres de bar, ce n’est vraiment pas son truc. Il excelle plutôt dans les retards et les blagues. Mais pour les bagarres et les négociations, il se révèle être totalement nul. Il ne faut pas compter sur lui pour désamorcer un conflit. Il ne faut pas compter sur lui pour calmer une personne. Il a tendance à tout empirer. Il ne pouvait pas laisser Mildred à son triste sort. Il ne pouvait pas regarder l’homme s’approcher, la toucher et ne pas réagir face à cette agression. Il ne pouvait pas rester impassible. Alors, okay, il s’est pris un coup. Il a réceptionné quelques postillons de l’ivrogne. Mlldred aussi en a eu pour son compte. Mais il a bien fait, n’est-ce pas ? Elle aurait pu se faire agresser physiquement et sexuellement. Elle aurait pu être harcelée. Elle aurait pu détruire toute la ville, accessoirement. En quelque sorte, en intervenant, il a sauvé New-York. Des milliers de vie. Un vrai héros ! Il se perd dans son auto-satisfaction. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on sauve des milliers de vie en une seule fois et en quelques minutes. Les Avengers, eux-même, ne peuvent pas réaliser cet exploit. Alors que Jared, lui, vient de le faire. Héhé ! “Faut que j'y retourne.” Redescente sur Terre. Comment ça, elle veut y retourner ? Elle est suicidaire ou quoi ? Il quitte le mur pour se redresser. Elle est folle. C’est le coup de poing qui l’a sonné. Elle délire complètement. Elle perd la tête. Il lui attrape le bras pour la retenir. Il est hors de question qu’elle y retourne. L’homme va être énervé. Il ne la laissera pas tranquille. Si elle y retourne, elle n’en sortira pas tout de suite. C’est bien d’être professionnel. C’est bien de vouloir servir ses clients. Mais il y a des limites ! Elle ne peut pas mettre sa sécurité en péril pour un abruti. “Quoi ?! Mais ça ne va ! Je ne te laisse pas retourner là-dedans.” Il est même prêt à faire barrage de son propre corps. Okay, il n’est pas impressionnant. Il n’a pas des bras de trente centimètres de diamètre. Par contre, il a de super abdominaux dont il est particulièrement fier. Alors, elle ne peut pas le repousser. IM-POS-SI-BLE. Solide comme un roc, il est.

Peut-être que lui aussi a le cerveau dérangé après s’être pris le crochet du mec. Peut-être que lui aussi ne pense pas rationnellement. Enfin, encore faut-il que ce soit une chose dont il est capable. Ce qui n’est pas gagné. Il jette un coup d’oeil dans la rue. Juste pour s’assurer que Taureau ne les rejoint pas. Jared n’est pas tout à fait en état de courir, là, tout de suite, maintenant. En plus, il aimerait bien aller au toilette. La bière qu’il a bu commence à peser. “Jared, j'ai oublié mes somnifères.” Ses somnifères ? Mais c’est pas le moment de dormir, on s’en fout ! Et puis, les tremblements l’interpellent. La première secousse qui a déjà eu lieu. Merde. Elle va tout détruire. Lui qui pensait avoir sauvé l’humanité, il se trompait. Okay, donc les somnifères sont à l’intérieur. Dans un bar d’où ils viennent de fuir. Dans un bar où un homme furieux les attend. Quelle merveilleuse nouvelle. Elle n’aurait pas pu penser à les prendre, genre avant que l’homme ne se mette à les frapper ? Ça aurait été le moment idéal. Bon. Il va y aller. Il va les récupérer pour elle. Il va se faufiler doucement par l’avant. Il va se glisser discrètement derrière le bar. Avec un peu de chance, l’homme ne sera plus vers le comptoir. Il sera en train de boire dans un coin de l’établissement. Ah oui, il n’a jamais de chance. Tant pis, il vaut mieux se faire fracasser la gueule que de tomber dans une faille terrestre. N’est-ce pas ? Il lâche son bras. Il lui faut un petit échauffement avant. Histoire d’être en forme pour anticiper les coups. Histoire d’être rapide et preste au moment de récupérer les médicaments. Peut-être un petit tour du quartier au pas de course. Peut-être quelques étirements. “Va falloir que tu me frappes.” HAHAHAHAHAHA. Qu’est-ce qu’elle est drôle ! Il avait oublié. Non, vraiment, une comique ! Elle devrait se lancer dans une carrière d’humoriste. Elle ferait sensation. La frapper, non mais quelle idée ! Alors que ses somnifères sont juste là, à quelques mètres d’eux. Il faut juste que Jared prenne le temps d’entrer dans le bar et tout ira bien. Il ne va pas la frapper. No way. “T’es dingue ou quoi ? Je vais sûrement pas te frapper !” Elle a déjà fait appel à lui, en plein de la nuit. Elle lui a déjà demandé de l’aider parce qu’elle n’avait pas ses somnifères. Mais faut pas déconner. Il ne va pas l’assommer ce soir. Il va gérer la situation, en adulte responsable qu’il est. Il est plus vieux qu’elle. D’un an. Il a une autre vision de la situation. Il a même une vision très claire. Il a même un plan d’action qui se dessine dans sa tête. Sauf qu’il dessine très mal, donc on peut craindre le pire. Toujours est-il qu’il sait comment faire. Il a la solution. Pas besoin de violence, sauf en cas d’extrême urgence et en dernier recours.

Il se rapproche de Mildred. Il pose ses mains sur ses bras. Il se met à sa hauteur. Comme le ferait un adulte sur le point de gronder un enfant. Il essaye d’avoir une attitude rassurante. Il essaye d’être réconfortant. Il essaye d’être confiant. “Regarde-moi. Respiiiiiiiiire. Inspiiiiiiire. Tout va bien se passer, je contrôle la situation, d’accord ? Je vais aller là-dedans, récupérer tes somnifères ni vu ni connu et hop, je reviens. T’auras même pas le temps de détruire New-York que je serais déjà revenu.” Son plan est infaillible. Il n’y a qu’à l’entendre. Le plan est super facile. Il faut juste de l’agilité. Il faut juste de la rapidité. Un enfant de cinq ans en serait capable. Pourquoi pas lui ? Il peut le faire. Au pire, il appellera ses potes à la rescousse. Ils abandonneront leur verre pour venir l’aider. Il ne se fait pas de souci. Il faut qu’elle y croie. Il faut qu’elle maîtrise ses tremblements. Il faut qu’elle se fasse violence. Il faut qu’elle ait confiance en lui. Beaucoup de confiance.

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Tu étais là, devant la porte du personnel avec Jared, et tu savais que de l'autre coté il y avait tes somnifères, mais tu ne pouvais rien y faire. Rien de plus énervant que l'impuissance de ne pas pouvoir faire quelques mètres parce qu'il y a un taureau dans l'arène. Quand tu as dit à Jared qu'il fallait que tu retourne les chercher, parce que sinon c'est la catastrophe, il n'avait étrangement pas l'air d'accord. Non même qu'il avait l'air pas du tout pour cette idée. « Quoi ?! Mais ça ne va ! Je ne te laisse pas retourner là-dedans. » tu ne luttais pas vraiment quand il a pris ton bras même si l'idée d'être contrôlé te mettait mal à l'aise. Tu savais bien que c'était idiot ce que tu proposais, mais y avait que ça qui pourrait marcher. Y avait que ça ou autre chose, seulement tu savais que ça allait pas plaire à ton ami. Tu justifie tes paroles un peu idiote en lui expliquant que tu as connement oublié ton sac sous le bar. Tu te détestais d'avoir complètement zappé ça. Ça t'énervais encore plus qu'avant et franchement, c'était pas le moment. Parce que le sablier se vidait et ça allait bientôt arriver, mais toi tu voulais pas. T'avais vraiment pas envie que ça vienne. Donc tu proposes à Jared la solution que prend ton oncle quand il n'y a que ça à faire. Parce que le sac est trop loin et que t'as pas le temps d'aller le chercher. Tu lui propose de simplement te frapper. C'est pas franchement compliqué, ton oncle t'as bien expliqué comment faire. C'est rapide et tu sentiras rien, ou du moins pas grand chose. Mais tu voyais bien à la tête de Jared, que ça ne l'enchantait pas. Tu comprenais et en même temps tu ne comprenais pas. C'est juste un coup qui va t’assommer, certes après il devra te porter jusqu'à ta caravane et c'est pas ce qu'il y a de plus sympathique. Enfin, il pourrait très bien te laisser dans la ruelle à dormir comme une clocharde, mais tu sais qu'il ne le fera pas. « T’es dingue ou quoi ? Je vais sûrement pas te frapper ! » tu le regarde avec tes petits yeux de chien battu, parce que dans la vie y a vraiment que ça qui marche. Tu trembles encore et bientôt, s'il ne fais pas ce que tu dis, le sol tremblera avec toi. Il met ses mains sur tes bras, ça te détends un peu. Juste un peu. Il a pas l'air très convainquant quand il essaye de rassurer. Peut-être parce que tu le connais assez pour savoir qu'il n'est pas du genre adroit, qu'il pourrait causer la fn du monde sans le faire exprès. Malgré toutes ses bonnes intentions, il est le garçon le plus maladroit que tu connaisses et c'est tout sauf rassurant. Surtout quand il dit « Tout va bien se passer, je contrôle la situation, d’accord ? ». Le pire c'est la suite, parce qu'il te dis qu'il va aller le chercher, mais que tu sais bien qu'il aura pas le temps. Il sera pas assez rapide, il reste à tout cassé deux minutes, il fera pas ça en deux minutes. Sauf si ils se donnent le temps d'un début de tremblement de terre. Puis même s'il y va il est pas sur que le gars ne s'énerve pas encore et tente à nouveau un truc. « T'auras pas le temps, regarde... » tu lui prends la main droite et tu fais en sorte qu'elle soit bien droite. Tu la place juste sur un point de ton cou, un endroit de pression utilisé par les militaires pour assommer quelqu'un en une seconde même pas. « Regarde, tu donnes un coup sec juste ici. » c'était tout sauf compliqué en théorie, enfin tu comprenais bien que frapper un ami c'est pas simple. Tu lâches sa main et tu lui prends les épaules. « Allez, t'as pas le temps d'aller dans le bar, sauf si tu peux récupérer mon sac en deux minutes top chrono. Il suffit d'un coup rapide là, tu montre l'endroit où il faut frapper, je sentirais rien -enfin pas grand chose-. » tu tremblais moins, mais même si tu te calmais maintenant ça changerais rien, le séisme arriverait quand même. Tu ne sais pas quoi faire pour le convaincre, alors tu sors la première connerie qui te passe par la tête. Une référence à la con. « Au secours Obi Wan Kenobi, vous êtes mon seul espoir. » ton imitation était parfaite. Il ne pouvait pas te dire non. S'il disait non, il avait vraiment pas de cœur, ou alors il en a trop, à voir. De toute manière c'était soit il la frappait, soit il risquait un tremblement de terre en voulant jouer les héros. Mais tu savais que de toute manière il voudrait jouer les héros.
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Surtout, ne pas paniquer. Tout est sous contrôle. Tout va bien se passer. Ce n’est pas comme si ils allaient tous crever à cause d’un séisme. Ce n’est pas comme si la fin du monde approchait. Après tout, hein. Allez, tout va bien. Ils ont un plan : assommer Mildred avec ses somnifères ou un coup bien donné. Sauf que Jared a une préférence pour la première. Il ne frappe pas les gens, lui. À part ceux qui volent les sacs des grands-mères et ceux qui osent cracher sur ses converses. Et ceux qu'il cogne sans faire exprès. Les autres, il les épargne dans son aimable bonté. Ouais, il est comme ça, Jared. Un gars sympa et tolérant. Même le gars avec sa cravate orange fluo est épargné, alors qu’on ne fait pas mieux en matière de faute de goût. Si ce gars arrive à avoir une vie normale avec une cravate pareille, Jared peut sauver le monde en courant dans le bar et en récupérant les somnifères à temps. Oui, le rapport entre les deux situations est très limité. Mais il peut le faire. Il a vu des centaines de matches de basketball. Il a regardé Usain Bolt exploser ses records de course. Il a suivi de compétitions d’athlétisme. Il a l'habitude de courir… il y a dix ans. Allez, c’est possible. Il peut aller récupérer ses médicaments en une minutes et dix secondes. Il le sent dans tout son être, dans tout son corps. La force de Bolt entre en lui. Il prend une inspiration. Trois. Deux… “T'auras pas le temps, regarde…” Han ! Elle ose douter de ses capacités de récupération de somnifères ? Il s’est pourtant entraîné des dizaines de fois… dans ses rêves. Ouais bon, d’accord. Il est loin d’en être pleinement capable. Mais bon, il peut au moins essayer ? Faut bien voir si c’est possible. Cette situation pourrait se représenter une prochaine fois. Ou alors, il devra s’entraîner. Elle le chronométrera et il améliorera son temps à chaque entraînement. Comme les sportifs de haut niveau. Il est en train de révolutionner le monde avec la course de somnifères. Les gars, on tient un truc ! Elle attrape sa main pour la poser sur son cou. Pile à l’endroit où il avait pour habitude de glisser son nez, à une époque. Elle n’est pas en train de lui faire des avances, alors qu’elle s’apprête à détruite la moitié de la ville ? C’est vraiment pas le moment, Mildred. Va falloir calmer ses pulsions et remettre ça à plus tard. “Regarde, tu donnes un coup sec juste ici.” Eurf. Génial. Il n’y a pas de solution numéro 3 ? De plan C ? Non ? Vraiment ? Rien de rien ? Une livraison surprise de somnifères jetés d’un avion et parachuté jusqu’à eux ? Putain, il a vraiment la poisse. Il va frapper une femme dans une ruelle. Avec la chance qu’il a, quelqu’un va le voir, l’accuser de l’agresser et appeler la police. Elle tient vraiment à ce qu’il finisse au commissariat ce soir ? Bon, la cellule est quand même qu’un séisme. J’vous l’accorde. Mais ses petites fesses sont trop fragiles pour supporter d’être dans une prison. Vous imaginez ? Il se ferait tabasser par tous les détenus parce qu’il aurait osé dire que le monsieur là est gay et que l’autre est un vrai coeur d’artichaut malgré ses gros bras et ses muscles. Il ne survivra pas à cette nuit.

Allez, t'as pas le temps d'aller dans le bar, sauf si tu peux récupérer mon sac en deux minutes top chrono. Il suffit d'un coup rapide là, je sentirais rien -enfin pas grand chose.” Elle va sentir quelque chose, oui ou non ? Faudrait se décider ! Parce que lui, il ne la frappe pas si elle a mal. Hors de question. NO WAY. Douuuucement, Jared. Tu paniques. Respire. Inspire. Respire. Inspire. Tout est sous contrôle, on a dit. Enfin, tout était sous contrôle jusqu’à ce qu’elle lui demande de la frapper. Cette fille est folle. Complètement folle. Il secoue la tête. Il ne le fera pas. Elle ne peut pas le forcer à faire quelque chose qu’il ne veut pas. De toute manière, il est plus grand qu’elle. Il pourrait la balancer sur son épaule si elle se mettait à protester. Hop, une Mildred sur l’épaule et il n’aurait plus qu’à se promener. Maladroit comme il est, il lui exploserait sûrement la tête contre un angle ou un lampadaire. Ça aurait l’avantage de l’endormir. “Au secours Obi Wan Kenobi, vous êtes mon seul espoir.” Il rigolerait presque. Vraiment. Mais bordel de merde ! Il ne peut pas la frapper. C’est contre sa religion. Non pardon, il n’est pas croyant. C’est contre ses principes ! Il passe une main sur front. Il grimace. Il fait quelques pas. Putain, il n’a vraiment pas envie de le faire. Elle va avoir mal. Et si il la frappe trop fort ? Ou pas assez fort ? Et si il lui casse quelque chose ? Parce que c’est bien connu, il a une force sur-humaine, le gamin. Elle lui sera redevable à vie, si il le fait. Elle devra lui payer cinq tournées et lui réserver la meilleure table du bar à vie. Il se stabilise enfin sur ses deux pieds. Allez, c’est comme un pansement que l’on arrache d’un seul coup, non ? Il suffit de prendre une grande inspiration et de tirer. Là, ce sera pareil. Une grande inspiration et bim, dans le cou. “Je te déteste, tu le sais ? C’est pour ça qu’on n’a pas réussi à se supporter. T’étais trop dérangée, comme fille !” Qui aimerait sortir avec une fille qui aime se faire frapper, hein ? Jared n’a pas encore trouvé le gars qui en serait capable. Enfin, il faut dire qu’il ne fréquente pas les bons cercles. Il se rapproche de Mildred. Il est stressé. C’pas un truc anodin qu’il s’apprête à faire. Il va quand même jouer au ninja avec elle. D’un seul coup, elle est sensée tomber, inconsciente. Il n’a pas le droit à l’erreur. Il fixe intensément le point à viser. Avec un bon geste, une bonne amplitude et une bonne vitesse, il peut le toucher. Allez. Yes, you can, qu’il disait l’autre. Alors, tu can et tu le fais, Jared.

BAM. Il a bien visé. Mais bordel que ça fait mal ! La tranche de sa main est en train de subir l’assaut d’un feu intérieur. Il ne s’en préoccupe pas trop. Il réceptionne Mildred avant qu’elle ne tombe au sol. Là, voilàààà. Et maintenant ? Il aurait peut-être dû lui poser la question avant. Il porte sa main au niveau des narines de la jeune femme. Pour s’assurer qu’elle est vivante. Vous imaginez, il est parvenu à la tuer ? Ce serait vraiment atroce ! Un assassin. Il serait un assassin ! Elle n’a pas intérêt à lui faire ça. Il la boude, sinon. Enfin, là où elle sera, elle en aura rien à foutre. Elle se moquera gentiment de lui ou se maudira de l’avoir laissé faire. Au choix. Bon, elle respire. Il peut souffler. Il positionne un bras dans son dos, un autre sous ses jambes et il la soulève. Il va la ramener chez lui. Pas le choix. Oh putain, c’est qu’elle est lourde, la petite Mildred ! Il n’aurait jamais cru qu’elle cachait autant d’os, de muscles et d’organes dans son corps. Il aurait peut-être dû s’échauffer avant de la porter. Son pauvre corps n’est pas habitué à porter des femmes évanouies. En plus, il va attirer l’attention avec son chargement inhabituel. Si on ne l’arrête pas en pleine rue pour lui demander si il n’est pas en train d’enlever une personne, il a de la chance. Il est même certain qu’on va le prendre en photo à son insu pour l’envoyer à la police et le ficher comme kidnappeur. Il n’est pas dans la merde. Heureusement, elle a une caravane garée dans les environs. Il doit juste se rappeler de l’endroit et qu’il s’y rende le plus vite possible, avant qu’il ne la lâche. C’est pas aussi facile que ça en a l’air dans les films ! Si demain, il a le dos bloqué, elle aura intérêt à lui payer un massage ! Il affermit sa prise sur elle, avant de se lancer dans les rues de New-York. On le regarde de travers, non ? Lui, là, il a l’air d’appeler la police, non ? Et elle, elle le dévisage, on dirait. Au secours ! Il va se faire arrêter ! Il doit se dépêcher avant qu’une voiture de police ne s’arrête à son niveau et qu’on le menace avec des armes. Il arrive finalement sur un terrain de camping où quelques caravanes et camping-car sont installés. Merde. C’est lequel ? Mildred, un petit peu d’aide, s’il te plait ? Dans la nuit, ils ont tous l’air de se ressembler. Il est vraiment foutu. Oh putain, il s’est perdu au milieu. Comment on sort de cette jungle de caravanes ? Est-ce qu’un lion va surgir et les dévorer tout cru ? Est-ce qu’il y a un risque d’attraper une maladie contagieuse ? Il abandonne toutes ces considérations quand il voit enfin la caravane de la jeune femme. En tout cas, ce qui y ressemble. Il tente d’ouvrir la porte avec son coude et manque de tomber en arrière à l’intérieur. Ce n’est absolument pas à cause de sa maladresse. Pas du tout ! C’est une coccinelle qui lui a fait un croche-pied ! Il dépose Mildred sur son lit. Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre qu’elle se réveille. Si elle se réveille.

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Un petit regard de chien battu pour attendrir Jared. Il fallait qu'il le fasse. Le temps allait manquer et tu flippais à la simple idée que le séisme arrive. Il était pas obligé de t'aider, c'est vrai. Il a rien à voir là dedans après tout, mais t'avais besoin qu'il t'aide. Tu te voyais mal demander à un inconnu s'il se baladait avec un somnifère assez puissant pour assommer un cheval ou si il voulait bien t'assommer. Ça serait une assez mauvaise idée en fait, tu risquerais de finir violée ou morte dans un coin du Bronx. Très mauvaise même, t'avais besoin que Jared t'aide. Il fallait qu'il t'assomme. Même si tu voyais qu'il paniquais un peu, lui, fan des super héros et comics il oserait même pas frapper une fille. T'étais presque sur que Captain Americain pourrait en foutre une à Scarlett Witch. Quoique tu sais pas vraiment en fait. Tu regardais Jared marcher, c'était bon signe s'il y réfléchissait. La technique d’imitation de la princesse Leïa, ton héroïne de toujours, marche toujours, elle est imparable. Personne ne peut résister à l'envie de se la jouer Obi Wan Kenobi, personne. Enfin tu penses que ça existe pas. Même les super héros et les autres mutants voudraient ressembler à Obi Wan ou Luke Skywalker. Qui ne voudrait pas être un Jedi ? Pourquoi c'est pas ça ta mutation d'ailleurs ? T'aurais pas pu être un Jedi plutôt qu'une miss tremblements de terre ? « Je te déteste, tu le sais ? C’est pour ça qu’on n’a pas réussi à se supporter. T’étais trop dérangée, comme fille ! » dérangée ? Toi ? Pas pour un sous. C'est lui qui est fou. T'y penses, c'est vraiment pour ça que ça a pas collé entre vous deux ? Non, c'est pour autre chose. Pourquoi il sort ça maintenant, qu'il t'assomme et fini les conneries. Tu fais une mine boudeuse parce qu'il a quand même touché ta fierté. Et bim, il y va d'un coup sec. T'as eu super mal une milliseconde avant de tomber dans les pommes. Mentir est un vilain défaut, bien sur que t'as eu mal, en plus comme il sait pas très bien le faire t'as douillé et t'auras un joli bleu. Encore plus beau que ceux que ton oncle a pu faire. Tu en es sure. Faudrait que ton oncle lui donne des cours, au cas où. Même si tu sais que Jared refusera catégoriquement. T’espères qu'il retiendra au moins la technique, si un jour il veut rejouer aux super héros, ça pourrait lui servir.

Les gros dodos provoqués par le coup dans le nerf qui gère le malaise vagale, ça dure en général pas très longtemps. Au maximum vingt-cinq minutes. Mais pourtant, toi, t'as l'impression que ça fait vingt-quatre heures que tu bouges plus. Tes muscles sont engourdis et t'as toujours un de ces mal de crânes après, c'est infernal. Cette fois, ça allait encore, t'avais plus mal au cou qu'au crâne. T'oses pas ouvrir les yeux, tu sens que t'es dans ton lit, tu tends un bras pour attraper ton oreiller et tu le plaques sur ton visage. T'as des fourmis partout sur le corps c'est infernal. Respires. Tu entends une autre respiration que la tienne, celle de ton oncle ? Il est quelle heure ? T'en sait rien t'es trop crevée pour réfléchir. « Tonton, il nous reste des poches de glaces ? » tu soulèves l'oreiller, mauvaise pioche. Beaucoup trop jeune pour être ton oncle. Jared était là. Ça devait pas faire très longtemps que tu dormais. Enfin, dormir est un bien grand mot. « Dis tonton, tu me passeras ta crème de jour quand je serais vieille ? Parce qu'elle a l'air de bien marcher sur toi. » tu rigolais un peu. Franchement, les conneries que t'es capable de débiter à la minute quand tu es à moitié dans les vapes, c'est monumentale et c'est dommage que Jared soit là pour assister à ça. Tu te rappelles qu'il a prit un coup lui aussi, alors la poche de glace pourra lui être utile. S'il en reste. Tu te lèves et va voir dans le frigidaire. Forcement, il y a pas de poche, mais il y a un magnifique paquet de petit pois. Les petits pois surgelés ça sauve des vies, tu le prends et le lance à Jared. « Réflexes. » toi tu te prépares une serviette humide et chaude à mettre sur le cou. C'est une autre manière d'enlever la douleur. Tu l'appuies légèrement et comme une grande malade tu vas t'asseoir en tailleur sur ton lit. Bien que relativement fatiguée et inquiète pour le bar, tu te vois mal y retourner ou alors renvoyer Jared. Il t'as quand même bien aider, tu lui en dois une. Peut-être plus d'une. C'est con d'avoir des dettes dans ce style. « Merci. » c'était le minimum, et comme t'es une fille bien élevé, mais feignante, tu fais le minimum.

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Il ne comprendra jamais les gens qui trouvent du plaisir à frapper les gens et à les tuer. C’est vrai, quoi ! Parlons-en des gens qui font souffrir. Les dentistes sont les premiers sur la liste. Avec leur roulette et leur masque, ils ont tout du psychopathe qui s’apprête à créer un carnage dans une bouche. Après, on s’étonne que les patients n’aiment pas y aller ! Il y a les dentistes, certes, mais il y a aussi les grands-parents qui font leurs courses et mettent trois heures à les ranger dans le caddie. Eux aussi sont doués pour faire souffrir les clients pressés qui attendent derrière eux. Le pire, c’est sûrement qu’avec leur sourire édenté et leurs bonnes manières, on ne parvient même pas à les haïr ! Et puis, il y a les vrais méchants. Les vrais de vrai. Ceux qui ne cillent pas quand un gamin tombe dans la rue et s’écorche le genou. Ceux qui pourraient tuer un chien sans même s'écoeurer. Ceux qui écrasent des gens dans la rue, sans même s’arrêter. Jared ne fait pas partie de ces catégories de personnes. Il est un mec bien qui ne lève la main sur personne, sauf en cas de force majeur. Comme ça aurait pu être le cas avec l’ivrogne du bar. Bien sûr, il lui arrive de faire mal aux autres. Mais, jamais volontairement. Jamais de son propre chef. Toujours à cause d’une perte d’équilibre ou d’une maladresse. Frapper Mildred pour rendre service au monde entier, c’est déjà trop pour Jared. Pas le choix, pourtant. Il n’y a personne d’autre dans la rue. Il est le seul à pouvoir sauver des centaines de New-Yorkais, à commencer par eux deux. Il ne peut pas faire marche arrière. C’est ce qu’il essaye de se rappeler quand il attend que Mildred se réveille. Il a l’impression que ça fait une éternité qu’elle joue la Belle au Bois Dormant sur son lit. Alors qu’en réalité, elle est évanouie depuis seulement une dizaine de minutes. Il tourne en rond, ne tenant plus en place. Il ne peut pas rester là, à ne rien faire. Il faut qu’il bouge. Il faut qu’il s’occupe. Il faut qu’il arrête de culpabiliser. Il a regardé trois fois qu’elle respirait bien. Il a même vérifié qu’elle n’était pas blessée à l’endroit où il a frappé. Il a besoin d’être rassuré, vous comprenez ? Un vrai gamin qui aurait eu peur de faire des conneries. Faut dire qu’il n’a pas l’habitude d’assommer les gens pour qu’ils s’endorment et qu’ils évitent de transformer New-York en énorme crevasse. Il n’a vraiment pas l’étoffe d’un super-héros. Pour ça que la police n’a pas accepté qu’il intègre leurs rangs. Il comprend, maintenant ! Il avait mis le refus sur le compte de sa maladresse, mais maintenant, il voit clair. Tout s’explique !

Il a fini par s’asseoir dans un coin. Attendre. Encore et encore. Attendre que les minutes s’égrènent. Attendre que Mildred ouvre les yeux. Elle prend son temps, la garce. Elle en profite pour faire le plein d’énergie ! Mais il n’a pas toute la soirée, lui ! Il doit rentrer chez lui pour être opérationnel le lendemain. Ce serait bien qu’elle ouvre les yeux, lui dise “hey ! Ca va bien, tu peux rentrer” et qu’il s’en aille. Elle n’a pas tout à fait l’air d’accord. Super. Génial. Plus jamais il ne la frappe ! PLUS JA-MAIS. “Tonton, il nous reste des poches de glaces ?” Tonton ? Elle se fiche de sa gueule ? Elle a perdu la tête ou quoi ? Il a frappé trop fort ? Il lève les yeux pour les poser sur elle. Ah ouais, elle n’a même pas regardé qui était là. Sympa, la fille ! Il sauve la ville et elle, elle ne se souvient même pas qui l’a aidée. C’est scandaleux ! On se donne du mal pour épargner des gens, pour prendre des responsabilités et pour faire les choses bien et voilà comment on est remercié. C’est ingrat ! “J’suis trop jeune pour être ton oncle !” C’est vrai, quoi ! Il est tout jeunot comparé à son oncle. Il imagine un vieil aux cheveux blancs, marchant avec une canne. Quoique, ce serait plutôt l’image d’un grand-père, non ? Bworf, tant pis. Mildred finit par s’arracher l’oreiller du visage pour voir qui est son sauveur. Le grand, le magnifique, le génial Jared Hemingway. Par modestie, il se contente de sourire et de lui faire un signe de la main. Comme si ils étaient soixante dans sa caravane. “Dis tonton, tu me passeras ta crème de jour quand je serais vieille ? Parce qu'elle a l'air de bien marcher sur toi.” Il éclate de rire. Mildred n’a pas totalement perdu la raison, c’est une bonne nouvelle. Il est loin du “hey, j’viens bien” qu’il attendait, mais il s’en contentera. Il se rapproche de sa patiente du jour. Ce sera plus facile pour discuter, même si elle n’habite pas dans un palace. Finalement, dans sa caravane, elle a presque la même superficie que lui avec son appartement. Et sans l’insalubrité, s’il vous plaît ! “Tu rêves, gamine ! C’est un secret que je ne te révélerais pour rien au monde.” Le secret de sa jeunesse physique est constituée de plusieurs ingrédients : la bière, vélo, la mal-bouffe et les conneries. Sans cela, il ne parvient pas à garder son visage de gamin. Et raser sa barbe, aussi. Parce qu’avec des poils sur les joues, il prend tout de suite quelques années de plus. Il suit du regard Mildred pendant qu’elle se dirige vers son congélateur. Faudrait quand même pas qu’elle force, la petite. Il manquerait plus qu’elle s’évanouisse toute seule. Ce serait un comble ! “Réflexes.” Réflexes, réflexes… Elle a oublié à qui elle s’adresse ? En voyant les petits pois lui foncer dessus, Jared a essayé d’esquiver le projectile et a fini par se prendre un mal dans le genou. Félicitations, Mildred ! Tu vas pouvoir racheter une prothèse de genou à ton vieil oncle.

Jared s’attrape la jambe, dans une grimace. Il récupère le sachet de petits pois et se réinstalle dans le coin abandonné. Il dépose l’objet congelé sur sa mâchoire, là où un bel hématome est déjà en train de se dessiner. “Merci.” Il esquisse un faible sourire. Il hausse les épaules. Qu’est-ce qu’un merci quand il a simplement aidé ? Il s’en serait bien passé. Il ne l’a même pas fait de bonne grâce. Il a juste obéi à ses ordres parce qu’elle ne voulait pas devenir un danger public pour la ville. Il a juste prêté mains fortes à une amie. “Ce n’est rien. Je préfère encore te frapper que de crever parce que tu as éternué trop fort.” Le froid des petits pois commence à agir sur sa mâchoire. Si ça continue comme ça, il va bientôt finir par avoir la mâchoire endormie. Il ne pourra plus articuler ! On n’y est pas encore, mais si ça arrive, faudra pas crier à l’A.V.C., hein ? Loin de l’amusement, il pose un regard sérieux sur elle. “Comment tu te sens ? Il n’y a plus de risques que tu détruises tout ?” Non parce que si c’est le cas, il aimerait bien appeler sa mère pour lui dire combien il l’aime. Et la prévenir qu’il va crever. Et lui dire qu’elle n’a pas intérêt à vendre sa collection de figurines de super-héros. Faut pas déconner, quand même ! Il serait peut-être mort, mais ce ne serait pas une raison pour faire n’importe quoi !

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Quand tu t'es levé et que t'as vu Jared tu savais pas ce que tu devais préférer. Ton oncle qui t'aurait passé un savon monumental pour avoir laissé mes émotions dépasser l'entendement de ma mutation, ou alors juste Jared. Jared, finalement c'était plutôt bien. Parce qu'il prenait le tout avec humour, certes tu l'as fait un peu paniquer sur les bords à cause de la crise. « J’suis trop jeune pour être ton oncle ! » tu te moques de lui, il est drôle. C'est à ça voit que t'as levé l'oreiller qui recouvrait ta tête et c'est pour ça que t'as dit d'autres bêtises. Juste pour continuer de blaguer, et parce qu'une crème de jour qui marche autant, bon dieu ça doit être génial. T'es pas le genre à passer trois heures dans une salle de bain ou à te maquiller, alors juste une crème qui te donne un air de bébé, ça peut être pas mal. « Tu rêves, gamine ! C’est un secret que je ne te révélerais pour rien au monde. » t'avais envie de le pousser comme t'aurais pousser un grand frère qui taquine. D'où il te traitait de gamine ? Tu es largement assez grande pour faire le poids contre sa maturité à toute épreuve. Tu t'es contenté de le snober et de penser qu'il devait avoir sacrément mal à la mâchoire. Le buffle n'avait pas été de main morte contre lui, tu t'en voulais de l'avoir entraîné là-dedans. Quand t'as balancé les petits pois, t'as pas pensé que c'était à Jared que tu les lançais. Franchement, ce qu'il pouvait être maladroit. Tu as lâché un petit soupir qui juge, qui juge gentiment et qui se moque un peu -voir beaucoup-, mais un soupir quand même. Qu'est-ce qui t'a chier ça et qui l'a pas recouvert bordel ? Tu t'es rassise et même si tu détestes être redevable, tu devais admettre que là, il faisait collection de tes dettes. Alors bon, ta conscience a réussi à t'extirper un remerciement plutôt sincère. « Ce n’est rien. Je préfère encore te frapper que de crever parce que tu as éternué trop fort. » tu réprimes un rire, parce que c'est pas ton genre de laisser un tremblement de terre avoir lieu parce que t'as un rhume. Enfin c'est jamais arrivé du moins. « Ah ça... » tu te fais pensive, oui ça t’arrive de penser. Qu'est-ce que t'aurais fait si t'avais pas eu Jared ce soir ? A l'heure qui l'est tu serais sans doute au poste de police, prêtes à aller dans une prison bien sécurisé parce que tu t'es pas fait recenser. Et l'autre qui prend un air sérieux, « Comment tu te sens ? Il n’y a plus de risques que tu détruises tout ? » Mal de crâne, mal au cou, ras le cul de ta mutation et risque que tu détruises tout à chaque choque émotionnel. A croire que si un jour tu tombes amoureuse tu vas tout casser. Tu te voyais mal lui dire ça, déjà parce que t’énerver ça servirait à rien, juste risquer de recommencer, et puis t'allais pas le faire flipper. Ça serait dommage qu'il croit qu'avec toi il peut y passer toute les trente secondes. « Ça va, faudrait juste que tu travailles ton coup dans le cou. » tu souriais comme une gamine. T'espérais que ça allait le faire tiquer un peu. Parce que c'est drôle de taquiner les gens, tellement plus que de balancer des remerciements niais et des « tout va bien » qui crient que tout va mal. Non, il vaut mieux passer à autre chose quand il y a des problèmes. S'attarder sur des choses aussi futiles que ça, ça t'énerverait. Mieux vaut rire que pleurer, il paraît que tant qu'on sourit tout ira bien. Tu devrais t'en rappeler la prochaine fois que tu veux faire trembler New York. « Mais toi, ta joue ça va ? » oui parce qu'il vaut mieux s'occuper du sacré coup qu'il a pris par l'ivrogne. Tu repenses que t'as laissé le bar comme ça, y a plus personne pour servir les clients, ça se trouve c'est l'anarchie. « Il y est pas allé de main morte le con. » tu le sais parce que toi aussi t'as goutté un de ses poings. Tu replaces la serviette humide correctement sur ton cou et tu jettes un coup d’œil sur le joue de Jared. Tu lui payeras autant de verres qu'il veut. Il aura même des droits spéciaux au bar tu t'en fous, tu lui dois beaucoup trop pour ne pas lui rendre.

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Est-ce que le fait de frapper son ex-petite-amie fait de lui un homme violent ? Il avait une raison. Pas du genre “elle a cassé ma tasse préférée” ou “elle a transformé mon caleçon blanc en un truc rose délavé”. Non, son excuse serait plutôt “elle a failli détruire la moitié de la ville”. C’est ce qu’on appelle une bonne raison, non ? Parce que bon, il n’a pas vraiment envie de finir en prison. Mais ce n’est pas non plus le genre d’explication qui passe devant un juge. Le gars ne le croirait jamais. Vous imaginez ? Pour avoir une preuve, il faudrait que Mildred utilise son don et alors, tout ceci n’aurait servi à rien. Bordel ! Espérons que personne ne l’a remarqué. Faudrait pas que ça devienne une habitude. Attendez… il peut utiliser cette technique sur son patron ? Non, Jared, retire cette idée de ta tête ! Tu ne vas sûrement pas frapper ton supérieur pour qu’il te laisse glander toute la journée. Nop ! Hors de question. Tu vas travailler comme n’importe qui. Tu vas faire tes heures. Tu vas laisser tranquille ton chef. Non mais oh ! Si ta mère te voyait, elle te foutrait des claques. Bref, on en était où ? Ouais, il ne veut pas frapper Mildred tous les jours. Ce serait vraiment chiant. Et puis, il lui faudrait une compensassions. Parce que, mine de rien, il doit supporter une pression psychologique. Il doit prendre des risques. Il doit composer avec sa culpabilité et son stress. Son coeur ne pourrait pas supporter. La faire s’évanouir est un métier à risques. Il doit au moins avoir trois bières gratuites pour ce service. Au moins ! Ils passeront à l’étape des négociations salariales tout à l’heure. Pour le moment, il se contente de poser la glace sur la mâchoire. Demain, il aura un magnifique hématome qui s’étendra sur une partie de son visage. Les clients vont adorer ! Et son patron encore plus. Sa voisine va encore croire qu’il s’est cassé la tronche dans les escaliers en rentrant d’une soirée. Elle va se moquer allègrement. On sauve la planète et c’est ainsi qu’on nous remercie. Sympa ! Il n’est entouré que de vilaines personnes, vous vous rendez compte ? Il n’a vraiment pas de chance ! “Ça va, faudrait juste que tu travailles ton coup dans le cou.” Ben voyons ! Il va prendre des cours d’évanouissement, peut-être ? Elle ne va pas bien dans sa tête ! Le coup a dû endommager un truc dans son cerveau. Ils ne referont plus jamais ça. PLUS JAMAIS. Vous l’entendez ? Surtout pas dans la rue, à la vue de tous. C’est trop de danger pour lui. Quand on pense qu’il est capable de suivre un Daredevil ou un Deadpool dans leurs aventures et qu’il refuse de donner un léger coup à Mildred, on se demande ce qui cloche chez lui. Tout, peut-être ? Il dodeline la tête, prenant l’air insolent de l’adolescent réprimandé par sa mère. “Gniagniagnia, t’avais qu’à être plus précise dans tes indications, ma vieille ! Tu ne veux pas aussi que je m’entraîne sur toi ?” Il joue le jeu, pas le moins du monde vexé. De toute manière, elle l’a pris de cours ! Si elle l’avait prévenu deux-trois jours avant, il aurait pu réviser ses cours de krav maga. Mais elle a préféré lui sauter dessus et ne pas lui laisser le temps de s’échauffer. Qu’elle ne se plaigne pas si elle a mal ! Maintenant, il sait : il doit toujours être prêt à ressortir les gestes qu’il a vu dans Kill Bill. Il va revoir les films et ça devrait le faire.

Ou alors, moins chiant et sportif, il évite son bar. Solution qu’il aurait tendance à favoriser. Vous l’avez vu ? Il n’a pas l’air de passer tout son temps libre dans une salle de sport. De toute manière, il n’aurait pas le temps. Entre les livraisons, les super-héros, le blog et sa vie sociale, il trouverait difficilement de quoi soulever un haltère. Ah si ! Dans son sommeil, il pourrait. Faudrait qu’il se renseigne sur le sport endormi, tiens. “Mais toi, ta joue ça va ?” Non, Mildred ! Ne surtout pas lui demander comment il va. Quand il est malade ou qu’il a mal quelque part, il devient un horrible comédien qui surjoue. Il ne faut pas le lancer sur ce sujet. Trop tard. Il pousse un long soupir. D’un coup, il semble porter tout le poids du monde sur ses frêles épaules. Le pauvre gamin ! Il a une vie tellement difficile. Une pression sur ses épaules. Sa communauté attend tellement de lui. Son patron le harcèle jusque dans ses rêves. Et puis, il a fallu qu’il soit au mauvais endroit au mauvais moment. Il a fallu qu’il joue les héros. Il a fallu qu’il se prenne un coup dans la mâchoire. Sa bonté le tuera, un jour. Si si, je vous le dis. Il hausse les épaules. Son regard se perd dans un coin de la caravane. “Oh, tu sais, j’ai vu pire…” Comme cette grippe en 1999. Trois jours enfermé dans sa chambre, à refuser de quitter son lit. Comme cette jambe fracturée en 2001 quand il a voulu sauter du toit pour rejoindre l’arbre. Un arbre situé à trois mètres. Il a cru qu’il était assez fort et grand (et idiot) pour réussir. Comme cette voiture qui l’a percuté (ou que lui a percuté, selon les sources, les versions divergent) et à cause de laquelle il a eu quelques côtes cassées. Et puis, le summum, ça a été cette coupure au niveau de l’articulation du doigt. Entre deux phalanges. Deux centimètres de longueur. Trois millimètres de profondeur. Une coupure réalisée par le tranchant d’une feuille. La pire douleur de sa vie. Il a bien cru qu’il s’évanouirait. Mais il a survécu. Les médecins n’ont toujours pas compris comment il s’en est sorti. Sa mère vous dirait que c’est grâce au pansement Captain America. Lui vous dirait qu’il a trouvé la volonté de vivre. Chacun sa théorie, hein. “J’ai sûrement perdu deux dents et l’os cassé, mais j’t’assure, tout va bien. Je mangerai de la soupe pendant deux mois, ça devrait le faire.” Ah oui, et il aime exagérer. Avec lui, une griffure se transforme en une plaie infectée qui demande une amputation. Mais ses proches le connaissent assez pour savoir qu’il y a de l’humour derrière ses mots. Faire l’idiot, c’est sa marque de fabrique. Tout le monde apprécie, n’est-ce pas ? Non ? Oh, bon ben, il va quand même continuer.

Jared s’est pris un coup dans la mâchoire, sauf qu’il n’est pas le seul à avoir servi de puching-ball. Mildred y a eu le droit, elle aussi. Pas de jaloux, comme ça ! Vraiment, ce gars est trop gentil. Même si Mildred comme Jared s’en seraient passés. Ils aiment bien avoir un visage sans marques, aussi étrange que cela puisse paraître. En plus, ils sont partis comme des voleurs. Ils n’ont même pas remercié leur généreux donateur. Les salauds ! “Il y est pas allé de main morte le con.” Oh ça ! Ils vont s’en souvenir pendant des années. Dans vingt ans, ils en reparleront et ils en rigoleront, en massant leur mâchoire. Ils le raconteront même à leurs enfants. Enfin, si dans vingt ans, les petits bonshommes verts ne se sont pas enfin décidés à les envahir et à tous les tuer. Ou dans faire des animaux domestiques. Il attend de voir. D’un autre côté, il sait que les Avengers ne laisseront pas une chose pareille se passer. Il a plutôt confiance. Et puis, la Terre aussi a son propre bonhomme vert. Pas le gars sur la boîte de maïs, mais celui qui se fait appeler Hulk. A côté, les extraterrestres ressemblent à des playmobils. “Putain, oui ! Heureusement que tu me retenais, sinon je lui aurais donné un bon coup dans les couilles et il n’aurait plus fait le malin !” Il était sur le point de lui sauter à la gorge et de le tabasser à mort. Heureusement, Mildred a su le faire redescendre sur Terre. Jared n’est pas un tueur, noooon. C’est une bonne personne. Il a failli passer de l’autre côté de la frontière. Ah mais oui, il en aurait été capable ! Enfin, non, mais ça, on s’en fout. On ne devient pas une légende en se curant le nez et en lisant le journal. Hé oui, mes petits ! Regardez, Bruce Willis a passé son temps à taper sur des gens pour devenir le chauve le plus célèbre ! “Je suis sûr que ce mec a été traumatisé quand il était gamin. Il a dû avoir le coeur brisé par sa petite-amie et depuis, il croit que toutes les femmes sont pareilles. Mais oh ! Tu ne lui as pas volé son doudou, faudrait qu’il se calme.” Faut relativiser, les gars ! Si elle avait volé son doudou, okay, l’ivrogne avait une raison de s'énerver. Dans le cas présent, ça ne s’est pas déroulé ainsi. Le client a juste voulu un privilège que personne n’a. Il a juste voulu outrepasser les règles. Le petit rebelle !

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