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Les dragons s'étaient réunis pour détruire les druides. Ils brûlaient pères, mères et terres, ils anéantissaient tous les obstacles qui se trouvaient sur leur route, pour supprimer la seule magie capable de les contenir et, dans le pire des cas, les annihiler. Les elfes avaient tendance à ne pas prendre part aux conflits qui régnaient sur le continent, mais ce déséquilibre soudain pouvait mener à l'hégémonie des dragons, et ça, les elfes ne le permettraient pas.

Haiko avait été chargée de réunir les hommes, les nains, les elfes qu'elle croiserait en chemin. Cette croisade, cette mission, elle la prenait très à cœur. Après tout, l'avenir de son peuple était en jeu. Le sort de son Roi, des hautes familles de la cité de Lerione, étaient en jeu. Elle n'avait pas le droit à l'erreur. Mais Haiko n'était pas le genre de femme qui acceptait les réponses négatives. Elle insistait, elle menaçait, sans prendre en compte les paramètres sentiments ou sensibles d'autrui, sans considérer son avis ou sa réelle implication. Elle enrôlait de force, en fait. Habituellement, elle n'approchait et ne recrutait que des elfes, pour les missions menées en urgence par les armées elfiques, quand elle le devait. Mais à situation extraordinaire, mesure extraordinaire. Elle avait été invitée à recruter aussi humains et nains. Avec force, s'il le fallait. Et sa première rencontre, sa première victime, son premier soldat, était un tavernier.

Le genre de tavernier bourru et péquenaud, à qui il manquait une dent, dont la barbe emmêlée le faisait grossièrement ressembler à un nain un peu trop grand. Il la toisa d'un regard mauvais lorsqu'elle poussa les portes de la taverne. Sans hésiter – et sans prendre en compte les sifflements salaces ou les crachats rageurs des clients – elle marcha jusqu'au comptoir. « Vous. Vous semblez être un brave et grand gaillard. Votre barbe ne ressemble à rien et votre odeur pourrait être améliorée, mais je vous veux dans mon équipe. » Elle jeta sur le comptoir un petit sac de pièces d'or. « Il y a dans cette bourse de quoi vous motiver. Prenez-là, laissez ce bouge à un autre paysan, et prenez les armes pour vos terres. Les druides ont besoin de vous, les nains et les elfes ont besoin de vous. Les hommes – vos comparses – ont besoin de vous. Arrêtez de me regarder avec vos grands yeux idiots et prenez les pièces d'or, prenez votre baluchon. Nous partons dans dix minutes. » Elle tira une bouteille de l'autre côté du comptoir, et se servit un petit verre. Elle le but d'une traite. Ses sourcils se froncèrent dans une moue dégoûtée. « C'est mauvais. Je profiterai de notre croisade pour vous initier aux alcools nobles. » Le tavernier restait immobile. Elle s'impatienta, ses ongles grattant le bois du comptoir. « Eh bien, gueusard ! Ramasse tes affaires, ramasse ma bourse, et partons ! Je n'ai pas toute la journée à t'accorder. » Elle lança un regard hautain à l'assemblée. « Et je ne compte pas m'éterniser dans ce trou à rats, où sans aucun doute les maladies et les ragondins pullulent. »


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« Si j’te r’prends à tenter d’arnaquer des pauv’gars dans ma taverne, j’t’ouvre le bide en deux, pigé ? » gronda Lewis avant de tirer le malotru par le col de sa chemise crasseuse pour le jeter dehors. Il l’envoya suffisamment loin et avec assez de force pour que le gaillard trébuche et s’effondre, la tête la première dans un mélange de boue et de crottin de cheval. Des rires gras résonnèrent derrière lui et il se retourna pour foudroyer du regard la bande de poivrots. « Et vous quatre, j’ai autre chose à faire que de m’assurer que vous vous faites pas plumer à chaque fois que vous vous enfilez trop d’Brune Naine. » Il agita les bourses peu remplies de quelques pièces qu’il avait réussi à récupérer. « J’garde ça, ça payera vot’note. » Les quatre types poussèrent des grognements de protestation, mais un autre regard noir suffit à les faire taire. « J’en ai rien fichtrement rien à faire que vos femmes vont vous faire bouffer vos couilles si elles vous trouvent pintés et les poches vides. Rentrez chez vous les péquenauds. » Les quatre hommes se levèrent en grognant et chancelant, une insulte plutôt inventive résonna dans la taverne, mais Lewis l’ignora et les regarda partir du coin de l’œil. Satisfait, le brun retourna derrière son comptoir pour s’occuper de la clientèle qui payait, elle.
Les portes de la taverne s’ouvrirent brusquement et pendant un instant, Lewis crut que les poivrots étaient de retour, mais il se figea et plissa les yeux en reconnaissant les vêtements aux broderies élégantes et les oreilles pointues. Y avait bien qu’les elfes pour s’emmerder à broder au fil d’argent et d’or des symboles aussi compliqués sur des tenues de voyage. Elle était plutôt jolie, pour une elfe. Mais c’était probablement une insupportable mégère. Comme toutes ses congénères. Lewis en avait côtoyé quelques-unes, à l’époque, et il n’en gardait pas forcément un excellent souvenir. La donzelle croisa son regard et s’avança immédiatement vers lui, d’un pas décidé. Le tavernier se prépara déjà à lui répondre que si elle voulait un verre d’eau, le puits n’était pas si loin. Ou que si elle voulait une piaule, elle avait pas intérêt à se plaindre de leur état, ou elle pouvait crécher dehors, avec les loups et les insectes. Mais il ne s’attendit pas une seule seconde à ça. « Vous. Vous semblez être un brave et grand gaillard. » Lewis arqua un sourcil et s’arrêta de nettoyer la chope qu’il astiquait depuis un moment déjà. « Votre barbe ne ressemble à rien et votre odeur pourrait être améliorée, mais je vous jeux dans mon équipe. » Ses traits s’assombrirent. Son odeur était impeccable, c’était cette taverne, qui puait. Pas étonnant, quand on voyait qui la fréquentait.

Un bruit sourd le força à baisser les yeux sur son comptoir et il fronça les sourcils en y trouvant une bourse à l’air bien remplie. « Il y a dans cette bourse de quoi vous motiver. Prenez-la, laissez ce bouge à un autre paysan, et prenez les armes pour vos terres. » De quoi ? Lewis ouvrit la bouche, prêt à lui dire de se carrer sa bourse dans le fondement et que sa taverne était peut-être daubée du cul, mais c’était tout ce qu’il avait, alors elle pouvait rentrer dans sa forêt et aller emmerder des écureuils, au lieu de le faire chier lui. « Les druides ont besoin de vous, les nains et les elfes ont besoin de vous. Les hommes – vos comparses – ont besoin de vous. » Lewis serre les poings, elle était vraiment obligée de préciser ? Elle le prenait à ce point pour un mou d’la caboche ? « Arrêtez de me regarder avec vos grands yeux idiots et prenez les pièces d’or, prenez votre baluchon. Nous partons dans dix minutes. » Partir où ? Elle avait la cervelle bouillie la Reine de la Forêt, ou bien ? « Hé ! » s’exclama-t-il lorsqu’elle tira une bouteille de son côté du comptoir, pour se servir un verre qu’elle but d’une traite.
« C’est mauvais. Je profiterai de notre croisade pour vous initier aux alcools nobles. » Lewis massa ses tempes douloureuses avec un soupir. « Eh bien, gueusard ! Ramasse tes affaires, ramasse ta bourse, et partons ! Je n’ai pas toute la journée à t’accorder. Et je ne compte pas m’éterniser dans ce trou à rats, où sans aucun doute les maladies et les ragondins pullulent. » L’assemblée se mit à pousser des cris répugnants et obscène, alors Lewis tapa du poing sur son comptoir. « La ferme, les débiles ! Retournez à vos pintes et vos puces, » gronda-t-il et ils ne tardèrent pas à s’exécuter. Ils savaient tous de quoi Lewis était capable, lorsqu’il s’énervait vraiment. « Bon, Oreilles Pointues, à nous deux, » marmonna-t-il en reportant son attention sur l’elfe, les yeux plissés. Il ouvrit la bourse qu’elle avait jetée sur le comptoir et en tira quelques pièces qu’il plaça dans la sienne. « Ça, c’est pour le verre. Y a une taxe pour m’avoir insulté et appelé mon honnête établissement un trou à rats. » Il jeta la bourse devant elle. « Le reste, j’en veux pas. Maintenant ma p’tite dame, vous pouvez remballer votre amabilité et vous en retourner d’où vous venez. Le gueusard est pas intéressé et il va garder son bouge. » Il fut tenté de lui tourner le dos maintenant que c’était dit, mais quelque chose piqua sa curiosité.
« Y doivent sacrément vous coller les miquettes pour que des Oreilles Pointues s’mettent à sortir de leur trou pour recruter dans des tavernes remplies d’poivrots. » Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. « Aux dernières nouvelles, y a que les mages qui peuvent les arrêter. Si c’est d’la pâtée pour dragon que vous cherchez, j’vous conseille de demander à des gars plus stupides ou plus bourrés qu’moi, » cracha-t-il d’un air amer.  
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Lorsque le poing du tavernier frappa le comptoir, Haiko ne cilla pas. Elle avait pris l'habitude de rester de marbre en toute circonstance. La vie le lui avait appris. Il la regarda ensuite, les paupières presque closes, et elle resta stoïque. « Bon, Oreilles Pointues, à nous deux. » Il ouvrit la bouse et en retira quelques pièces. Elle observa son petit manège. Elle était de moins en moins sûre qu'il abdique facilement. Elle allait devoir lui forcer la main. « Ça, c'est pour le verre. Y a une taxe pour m'avoir insulté et appelé mon honnête établissement un trou à rats. » Elle précisa. « À ragondins. » Il grogna, et jeta la bourse devant elle. « Le reste, j'en veux pas. Maintenant ma p'tite dame, vous pouvez remballer votre amabilité et vous en retourner d'où vous venez. Le gueusard est pas intéressé et il va garder son bouge. » Elle resta immobile, plantée devant le comptoir. Il ne détourna pas les yeux non plus. « Y doivent sacrément vous coller les miquettes pour que des Oreilles Pointues s'mettent à sortir de leur trou pour recruter dans des tavernes remplies d'poivrots. » Il avait un sale sourire sur les lèvres. Elle aurait aimé le faire descendre de ce piédestal sur lequel il traînait la patte. « Aux dernières nouvelles, y a que les mages qui peuvent les arrêter. Si c'est d'la pâtée pour dragon que vous cherchez, j'vous conseille de demander à des gars plus stupides ou plus bourrés qu'moi. » Il avait le ton dur, mais il ne lui tournait toujours pas le dos. Elle en déduisit donc qu'elle avait son attention, malgré ce qu'il pouvait raconter. Elle prit la bourse, la fit jouer entre ses doigts, sans jamais le quitter des yeux. « Ce n'est pas de chair à canon, dont j'ai besoin. Je ne vous crois pas idiot. Mal éduqué, sans aucun doute, mais pas idiot. » Elle pousse un petit soupir, finit par prendre place sur l'un des tabourets – après l'avoir essuyé comme il faut. Elle ouvre la bourse et dépose deux pièces sur le comptoir. « Un verre de votre meilleur alcool. » Elle grimace. « Enfin, du moins pire. » Elle se tient toujours droite, et ne perd pas ses manières d'elfe, ses manières de princesse, mais les traits de son visage se relâchent un peu. « On raconte que seuls les druides peuvent arrêter ces fichus Ailés, mais j'ai un plan. Il peut marcher, j'en suis convaincue. » Elle astique le bord du verre que le tavernier lui a servi. Puis elle y pose les lèvres, et boit une gorgée. Ce n'est pas aussi mauvais qu'elle l'aurait imaginé de prime abord. « Mais je ne peux pas le réaliser seule. Et je n'ai pas reçu l'appui de mon peuple. »

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Herald était Prince de Lerione. Il était aussi son fiancé. Elle n'aurait pas dû lui tenir tête de la sorte. Mais la relation qu'ils partageaient n'avait rien à voir avec celles des autres couples aristocrates. Avant d'être une princesse, avant d'être une femme elfe, elle était une soldate. Elle était même chef des troupes armées de Lerione. Habituellement, sa fonction l'amenait seulement à participer aux réunions des hautes instances elfiques de la cité. Elle ne prenait les armes qu'en de rares occasions, les Elfes étant un peuple neutre. La Suisse du médiéval. La majorité des combats qu'elle avait menés, était contre les elfes noirs qui peuplaient Douganir et sa forêt labyrinthique. Aussi, Herald n'accordait pas beaucoup d'importance aux doutes qu'elle soulevait, quant à la neutralité des Elfes et leur position défensive face aux Ailés. « Si on ne se bat pas, qui le fera pour nous ? Les druides ? Il n'en reste qu'une poignée. Ils ne feront pas le poids. » Sa voix était forte et son ton, accusateur, mais Herald leva à peine un sourcil. Il était le Prince. Il savait ce qu'il était bon de faire, et de ne pas faire. Plus que tout, il obéissait à son père, le Roi, car le froisser reviendrait à perdre sa préférence, et donc son accès au trône.

« Les Elfes prennent des actions. En ce moment-même, une réunion a lieu entre Elfes et Nains, près de Ral'taak. » fait-il, et ses paroles traînent comme le revers de sa cape. Elle lève les yeux au ciel. « Tu sais comme moi qu'ils ne se mettront jamais d'accord à temps. Les Ailés prennent le pas. Si nous ne marchons pas sur les Terres de Feu au plus vite, c'est le Royaume entier qui sera condamné. Toi et ton joli rôle de Prince avec. » Elle claque la porte. De retour dans ses quartiers, elle prend son arc et réunit quelques affaires. Herald ne l'écoute pas, et il ne la suivra clairement pas non plus. Elle sait ce qu'il convient de faire : elle est chef des armées, après tout. Elle pourra monter un plan en route. Trouver des soldats, affronter les Ailés. Sauver le Royaume, voilà son prochain combat.

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Elle pousse le verre vide en direction du tavernier, repose deux pièces à côté. La bourse est encore bien remplie, et elle a bien plus de pièces dans son sac. Elle est partie équipée. « Je suis désolée. J'ai été abrupte et impolie. C'est ainsi que sont les Elfes, ou ainsi que les Hommes les perçoivent, tout du moins. » Elle ne sourit toujours pas. Elle ne sait pas vraiment comme faire. « Haiko. Chef des armées elfiques de Lerione. Je vous serrerai bien la main, mais je préférerai que vous la laviez avant. »


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Elle a du culot la donzelle, pour se ramener ici, l’insulter et tenter quand même de le recruter pour quoi ? Une quête impossible ? Qu’est-ce qu’elle croit, qu’il est complètement attardé ? D’accord, il est venu se terrer ici, s’est mis à parler et à s’habiller comme un gueusard pour être certain qu’on ne lui remette pas la main dessus et de toute évidence, ça fonctionne. Ça ne lui a jamais posé problème de jouer ce rôle, mais en même temps, il n’y a toujours eu que des pécores dans cette taverne. Jamais des Elfes de la haute qui pètent plus haut que leur cul. « Ce n'est pas de chair à canon, dont j'ai besoin. Je ne vous crois pas idiot. Mal éduqué, sans aucun doute, mais pas idiot. » fait-elle et l’homme lâche un rire nasal, clairement moqueur. Mal éduqué, hein. Peut-être qu’il a perdu un peu, que son maître d’arme et son précepteur seraient outrés de voir ce qu’il est devenu. Heureusement, ils sont morts, Jeremiah leur a réglé leurs comptes à eux aussi. Et puis, ce qu’il est devenu, c’est pour survivre, alors peut-être qu’ils ne lui en voudraient pas tant que ça. Elle ouvre sa bourse, dépose deux pièces sur son comptoir. « Un verre de votre meilleur alcool. » Elle ajoute une grimace. « Enfin, du moins pire. » Il lève les yeux au ciel, mais elle paye, alors il attrape un verre et se dirige vers un tonneau de vin qu’il garde là plus pour lui que pour la clientèle, qui n’a clairement pas les moyens de se payer un verre de La Treille.
Il dépose la boisson sur le comptoir. « On raconte que seuls les druides peuvent arrêter ces fichus Ailés, mais j'ai un plan. Il peut marcher, j'en suis convaincue. » Un nouveau sourire moqueur sur ses lèvres. Oh elle a un plan et elle est convaincue qu’il peut marcher, c’est adorable. Il tente de ne pas grogner en la voyant astiquer le bord de son verre. Il sait nettoyer, d’accord ? La taverne n’est pas particulièrement propre, mais ça, il n’y peut rien. Au moins, elle ne grimace pas quand elle prend une gorgée du vin, elle semble apprécier, même. « Mais je ne peux pas le réaliser seule. Et je n'ai pas reçu l'appui de mon peuple. » Il arque un sourcil. Ça alors, des Oreilles Pointues qui ne veulent pas se salir les mains ? Il est surpris.

Mais il la voit un peu différemment, du coup. Ils sont tellement sectaires, qu’il est rare que même lors d’un désaccord, les Elfes aillent jusqu’à quitter les leurs pour partir à l’aventure. Pourtant, elle l’a fait. Intéressant. Elle est loin de chez elle et elle ne sait pas comment se comporter avec des Humains. Ça, il peut comprendre. Il sait ce que c’est que de quitter ce qu’on a toujours connu pour se retrouver entouré de personnes avec lesquelles on ne sait pas comment agir. Il a eu du mal de s’adapter, au début. Il n’a pas tellement eu le choix, ça a aidé.
Elle vide son verre, le pose sur le comptoir, rajoute deux pièces. Alors il s’en empare et la ressert. « Je suis désolée. J'ai été abrupte et impolie. C'est ainsi que sont les Elfes, ou ainsi que les Hommes les perçoivent, tout du moins. » Il esquisse un mince sourire et il n’est même pas moqueur, cette fois. « Haiko. Chef des armées elfiques de Lerione. Je vous serrerai bien la main, mais je préférerai que vous la laviez avant. » Ça l’amuse un peu de constater que techniquement, son rang est supérieur à celui de l’Elfe. Enfin, était. Il ne sait plus trop. En revanche, la dernière remarque le fait soupirer, c’est plus fort qu’elle, pas vrai. Alors il tend la main, paume ouverte, pour lui montrer qu’elle est certes calleuse, mais propre. Il vit peut-être comme un pécore, mais il y a des choses auxquelles il n’a pas su renoncer.
Ça les a beaucoup intrigués au village, de voir ses ongles toujours impeccables. Finalement, ça les a poussés à penser que sa taverne avait un certain standing et ça a ramené de la clientèle, alors ce n’est pas plus mal. Quand elle se décide enfin à lui serrer la main, il répond : « Lewis. » Reagan, frère du Roi Jeremiah, Prince Héritier du Royaume d’Alfiore, présumé mort, actuellement en exil. Mais ça, il ne le dit pas.

Il hésite. Ils n’ont pas beaucoup de voyageurs, dans le coin, c’est dur d’avoir des nouvelles. C’est plus fort que lui, alors il demande : « Pourquoi recruter ici ? Pourquoi ne pas vous tourner vers St— le Roi ? » Il marque une pause. « Ou même les Royaumes voisins ? Les Rois Altman et Reagan doivent bien avoir conscience du danger qui nous menace, non ? » Il est peut-être pas censé connaître les noms des rois des contrées voisines. Merde. Tant pis. Il dira qu’il écoute beaucoup les gens qui passent par ici. 
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