un, télépathe, souffrance tout avait commencé par un migraine insoignable. longue et incurable : du cinéma, avaient dit ses parents.
il est hors de question que tu loupes encore une journée de cours, charlie le ton autoritaire de thomas, son père, qu'elle n'avait jamais appelé
papa, avait résonné pendant plusieurs minutes dans sa tête, tel un écho douloureux, puis un sentiment d'exaspération avait grandi dans son ventre jusque dans sa gorge. elle s'en souvient comme si c'était hier. son don avait commencé à se propager par une empathie décuplée, invivable. sensible au possible, à fleur de peau, alix avait treize ans. la toucher était devenu complètement impossible. aucun médecin n'avait de solution à lui proposer. psychologues, spécialistes, aucun n'était capable de répondre à ses questions. toujours, la douleur était là, constante, ne lui laissant aucun répit. ses heures de sommeil par nuit se comptaient au nombre de ses oreilles. alix s'isolait, se repliait sur elle-même sans que personne ne s'y oppose. rien ni personne ne pouvait l'aider, si ce n'était la morphine, une méthode à laquelle elle ne pouvait se résoudre.
elle avait quatorze ans lorsqu'elle commença à
les entendre. elles sortaient de nul part : les voix. cris, murmures, calmes, pressées, toutes différentes, mais toutes à la fois, distinctes par moment, indissociables la plupart du temps. mais un vacarme incessant qu'elle était la seule à entendre, subir.
tu es complètement folle ma pauvre fille pour ses parents, elle simulait, faisait un caprice de fille gâtée. ils devaient avoir raison après tout. les voix qui s'élevaient dans la tête ne faisaient que la conforter dans sa théorie. elle était folle, complètement malade, ça oui. rien ne pouvait la sauver. parce que son démon était intérieur, et que personne ne pouvait soigner le pétrole qui lui brûlait le coeur.
non c'est le chruchill elle avait parlé sans même y réfléchir lorsqu'elle avait entendu la voix de son père s'élever dans son esprit. la frontière s'était faite mince entre les paroles et les pensées. il avait levé les yeux vers elle, l'air interrogateur.
c'est churchill qui a dit ça, pas thatcher il avait froncé les sourcils. bien sûr. il n'avait pas compris, il ne le pouvait pas : il n'avait rien dit. à voix haute.
laisse tomber elle avait haussé les épaules et était partie se réfugier dans sa chambre. la proximité physique rendait la lecture des pensées tellement claire qu'elle en devenait presque douloureuse. la citation que son père avait voulu insérer dans l'un de ses textes était si distincte dans sa tête qu'elle avait cru l'entendre clairement sortir de sa gorge. elle était donc remontée dans sa chambre, loin des pensées claires des hommes, préférant le bourdonnement incessant de sa solitude.
elle aurait tué pour avoir un moment, rien qu'un moment, de solitude, de silence. elle en rêvait la nuit, lorsqu'elle réussissait à dormir, ce qui devenait de plus en plus difficile. ses parents avaient fait insonorisé sa chambre, histoire de ne plus entendre ses gémissements
fictifs. lorsqu'une vague de pensées plus forte que les autre la submergeait, elle n'arrivait plus guère à se contrôler et pouvait se mettre à hurler, griffant tout ce qui passait sous ses ongles, parfois sa propre peau. les sentiments trop forts se propageaient à la vitesse de la lumière dans ses veines, la faisant ressentir à la fois joie et tristesse, colère et soulagement. elle brûlait de l'intérieur. les sentiments extérieurs l'emportaient sur les siens, les pensées des autres se faisaient comme des cris plus forts que les siennes. elle étouffait dans son propre esprit. elle aurait tué pour ne plus vivre ces émotions, pour ne plus les entendre si contradictoires. elle aurait tué toute la race humaine, si cela avait suffi à toutes les faire taire, rien que pour un moment de silence. mais il y avait une manière beaucoup plus simple, beaucoup plus rapide. ce n'était pas la race entière qu'alix devait tuer. c'était elle-même.
deux, institut, délivrance les cernes se creusaient sous ses yeux, elle maigrissait à vue d'oeil, n'avalait plus que de l'eau, sa santé se détériorait. elle était arrivée pendant l'hiver, après que ses parents, exaspérés, aient pris la décision de l'envoyer chez sa marraine, pour se ressourcer. elle lui avait alors parlé d'un endroit pour
les gens comme toi alix avait d'abord ri, cyniquement. le sarcasme était devenu son dernier rempart face à la folie. c'était
une pension pour surdoués. elle n'avait plus besoin qu'elle le lui dise, elle l'avait lu aussi clairement que sur un livre.
elle a des dons, c'est évident. jane et thomas ont gâché tant de temps à essayer de la soigner avec des médicaments enfin seulement si les médicament n'étaient pas trop chers c'est stupéfiant, ce don dans la campagne perdue du centre du continent, alix s'était sentie beaucoup mieux. le vacarme n'était plus désormais qu'un bourdonnement lointain, qui lui laissait le plaisir de lire à sa guise dans les pensées de sa marraine et de son mari. outre la souffrance, son don l'avait amenée à être témoin de situations plutôt gênantes. s'introduire dans l'intimité du couple chez qui elle vivait n'avait jamais été son intention, mais bloquer des pensées aussi vives que celles présentes durant un orgasme n'était pas possible. elle qui n'arrivait déjà pas à bloquer les pensées du voisin qui tondait la pelouse, autant dire que lorsqu'elles venaient de la chambre d'à côté, alix ne pouvait pas y échapper. il fallait qu'elle s'en excuse encore avant de partir.
bienvenue à l'institut xavier l'homme en fauteuil roulant lui avait souri, le regard bienveillant.
je vois que nous avons beaucoup de choses en commun elle avait sursauté, lui lançant un regard interrogateur. c'était la première fois que quelqu'un lui parlait directement de cette manière. sa marraine avait essayé, mais sans grand succès. elle en avait déduit qu'il avait l'habitude de procéder de la sorte.
merci mais très vite, son don avait repris le dessus, comme à son habitude. il n'aimait pas qu'elle l'oublie. doucement l'effervescence des esprits adolescents s'était fait douloureusement sentir dans tout son corps. elle avait toujours détesté les enfants et les adolescents, beaucoup trop vifs pour sa nature calme et posées. ils étaient comme une claque, une vague pour son cerveau, quelque chose d'intenable qu'elle ne pouvait pas, même dans ses rêves, contrôler. parce qu'elle ne contrôlait rien au départ. et elle détestait ça. et voilà qu'elle se retrouvait dans une école, entourée d'adolescents pleins de vie, souvent en colère, incompris, révoltés, en grande souffrance. fermant les yeux, elle avait fait de son mieux pour ne pas hurler, pour ne pas couvrir le vacarme qui s'élevait dans son crâne.
respirez et concentrez-vous sur ma voix elle était néanmoins tombée au le sol, submergée, inconsciente.
eh bah, c'était une entrée en matière plutôt mouvementée ! à peine réveillée, on l'avait déjà dérangée. après quelques secondes de latence, elle avait reconnu ce qui semblait être une infirmerie, et le vacarme assourdissant de l'institut où elle venait d'arriver. un jeune homme aux cheveux clairs était assis dans la même pièce, un bandage enroulé autour de son bras cassé.
j'ai l'habitude pas de chance il avait un ton railleur qui l'avait fait grincer des dents.
t'es la nouvelle charles xavier ? elle haussa un sourcil.
le directeur, un télépathe. comme toi à ce qu'il paraît. plutôt cool comme don crois-moi si je pouvais je m'en débarrasserais tu diras plus ca dans deux mois il avait alors fait une pause qu'elle avait considérée comme suffisamment longue pour détourner son attention sur les voix qui résonnaient à nouveau bruyamment dans sa tête.
au fait moi c'est alex. nos prénoms se ressemblent, c'est marrant très drôle ouais. parfois, parler l'aidait à ne pas prêter trop d'attention à ce qui se passait autour d'elle.
les pensées des gens ici sont différentes de celles des gens normaux ouais on n'est pas vraiment normaux. moi par exemple je peux créer des illusions dans ta tête. c'est marrant quand tu le maîtrises. un jour j'ai fait voir une scène un peu... chaude à un mec qui voulait trop être mon ami. silence. puis la question qui lui brûlait les lèvres était sortie.
y a des gens qui ne contrôlent jamais leur don ? ouais. mais c'est rare, t'inquiète psycho. tu m'as appelée comment là ? t'as vraiment l'air d'une psychopathe qui a pas dormi depuis des mois pour élaborer ton prochain crime à la perfection. levant les yeux au ciel, elle avait intérieurement remercié la jeune femme qui venait de rentrer dans la pièce, emmenant alex dans une autre pièce pour examiner son bras de plus près.
salut psycho.
t'inquiète pas alix, ca va aller il l'avait rejointe dans les jardins de l'institut. la lune était à présent haute dans le ciel. la nuit, alors que tous dormaient profondément, elle en profitait souvent pour sortir, profiter du silence presque complet.
on a tous galéré avec notre don au début, et on n'a pas tous eu charles xavier comme prof après un lourd silence, elle avait soupiré, s'asseyant dans l'herbe, trop exténuée pour marcher plus loin.
prof xavier ou pas, elles sont toujours là et toujours aussi fortes il s'était docilement à côté d'elle, un sourire aux lèvres. posant sa main sur son épaule, elle avait frémi. les contacts physiques étaient devenus un vrai calvaire depuis l'émergence de son don, il était d'ailleurs le seul à pouvoir l'effleurer sans la faire s'évanouir. sa vision s'était alors brouillée.
alex... c'était toujours ainsi lorsqu'elle s'apprêtait à perdre conscience. peut-être n'était-elle pas prête à entendre toutes les pensées, même les plus sombres, de son ami ? pourtant rien n'avait résonné dans son esprit, aucune pensée n'avait pris le dessus sur les siennes.
ne t'en fais pas, je gère elle avait vaguement senti ses mains se poser sur ses tempes. et puis plus rien. le silence, le noir, la paix, enfin.
trois, shield, acceptation alix est sortie de l'institut xavier à dix-huit ans. peu a peu, la maîtrise de son don était venue, toujours tangent, mais plus invivable. avec l'aide du professeur xavier, elle était désormais capable de fermer son esprit suffisamment pour ne plus entendre que les pensées des personnes physiquement à proximité. elle n'était plus guère submergée, en dehors des foules denses. elle était donc capable de se maîtriser et ne perdait plus conscience que très rarement. le seul symptôme qui subsistait, et subsisterait toujours étaient les longues absences auxquelles elle était régulièrement sujette. mais personne ne lui en tenait rigueur.
le shield pourrait avoir besoin de gens comme toi, alix il l'avait convaincue sans trop de mal. alex était parti un an plus tôt dans la même direction : l'académie du shield dans le but de se mettre au service du bien commun. sa voie était toute tracée.
tiens tiens, psycho, t'es enfin sortie ? elle lui lança un regard moqueur
je sais que t'es heureux de me voir, ashcroft elle l'avait entendu très distinctement, dès qu'il l'avait vue. elle l'avait ressentie, la joie, le soulagement. à vrai dire, ils n'avaient pas pris la peine de s'échanger des nouvelles. ils n'en avaient pas besoin.
c'est injuste café ? il hocha la tête et l'entraîna en direction de son appartement qu'il partageait avec un autre jeune élève opérateur.
alors, t'es ici pour combien de temps trois ans si tout va bien elle recevrait la formation de spécialiste, même si son but n'était évidemment pas de devenir agent de terrain.
après sa sortie de l'académie, et pendant un an elle resta en formation auprès d'une équipe ordinaire. mais très vite, elle fit entendre sa voix, sa volonté de s'investir dans la lutte contre les mutants dangereux. à présent à l'aise avec le maniement de nombreuses armes, plus particulièrement au combat rapproché, elle voulait se servir de son don pour venir en aide à la population.
ce que je veux dire, madame hill, c'est que certains mutants ont des raisons personnelles de combattre le shield. il faut trouver ces raisons, et j'ai les capacités pour se faire ! elle était réputée discrète, voire pas réputée du tout. mais cette fois, elle avait osé s'adresser à la directrice directement, après avoir cependant concerté l'équipe avec qui elle désirait travailler : l'équipe delta.
pourquoi pas, ce n'est pas une mauvaise idée, mais avez-vous les capacités suffisantes pour vous défendre face à un mutant agressif ? il me semble que des pouvoirs offensifs seraient plus adéquats j'aimerais surtout essayer de faire en sorte que les pouvoirs offensifs ne soient pas systématiquement utilisés, madame l'idée mit du temps à se mettre en place, mais après quelques essais aux côtés de l'équipe, elle fut intégrée, avec la bénédiction de daisy johnson elle-même.
mais les négociations ne marchaient pas toujours. parfois, certains individus étaient irrécupérables. un jour, elle était tombée nez-à-nez avec une jeune femme désespérée. un peu comme elle l'avait été il y a quelques années de cela.
le shield n'a jamais tué ton frère, kate, c'est l'hydra ! mais autant parler à un mur, alix n'avait jamais vu aussi borné, et après plusieurs heures de dialogue entre la psychologue et un sourd, la mutante avait décidé de passer à l'attaque. une mission suicide qui la conduit à la mort. l'échec, amer au fond de sa gorge, lui fit tourner la tête. elle était rentrée, abattue, après près de six mois sans altercation armée.
elle allait se rendre alex, elle avait presque envie de me croire, mais quelque chose, je sais pas quoi, a fait qu'elle a changé d'avis il caressa distraitement ses cheveux, faisant apparaître devant ses yeux des vagues paisibles, secouées par un vent marin.
c'est l'hydra le problème, pas le shield c'est pour ça qu'on les combat, psycho. membre de l'équipe foxtrot, elle le voyait souvent partir avec la peur de ne pas le voir revenir.