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 Don't stop, 'Til we see the sunlight | Clara

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it's a revolution, i suppose
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little party
Don't stop, make it pop, DJ, blow my speakers up, Tonight, I'm-a fight, 'Til we see the sunlight, Tick-tock on the clock, But the party don't stop, no, Ain't got a care in world, but got plenty of beer, Ain't got no money in my pocket, but I'm already here, But we kick 'em to the curb unless they look like Mick Jagger (Tik tok)

Un soupir. Le besoin naît dans le creux de mon ventre. Il remonte jusqu’à ma bouche. Il finit par s’échapper à travers mes lèvres. Le soupir a le pouvoir de vider le corps des tensions, de la fatigue. Le soupir est le signe d’un découragement intense. Et là, c’est le cas. Depuis plus d’une heure, j’ai les yeux posés sur les derniers articles écrits sur les Avengers. On y parle parfois du S.H.I.E.L.D. Ce n’est pas ce qui m’intéresse. Je suis plutôt intéressée par les conséquences des missions des super-héros et des nôtres, en quelque sorte. Ils sont beaucoup à ne plus supporter les super-héros. Ils sont beaucoup à les décrier et à dénoncer les immeubles détruits, les victimes et les problèmes qu’on aurait pu éviter sans eux. Si au début, la présence des Avengers n’était pas vue comme légitime, en ce moment, leur présence déchaîne la haine. J’ai beau tourner les pages, je ne vois que cela. Des titres racoleurs. Des titres haineux. Des titres critiques. Il n’y pas un mot positif. Pas un petit encouragement. Je passe la main dans mes cheveux. Lassée. C’est le sentiment qui domine. Je ne comprends pas les réactions de toutes ces personnes. Je ne comprends pas comment on peut autant remettre en question leur existence. Alors, évidemment qu’ils causent des dommages, mais pas plus qu’à l’époque de la guerre contre les nazis où des villages ont été rasés par les bombardements, où des innocents sont morts durant les affrontements. Les Avengers font leur possible pour limiter les dégâts et pour confiner les menaces. Parfois, cela ne suffit pas. Parfois, ils y arrivent et tout se passe dans la plus grande discrétion. Forcément, on ne parle pas de ces missions réussies dans l’ombre. Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise. Ce constat ne va pas plaire à Hill. Cela ne va plaire à personne là-haut. Je ne suis pas sûre de vouloir être celle qui annoncerait à Rogers que son équipe a encore été huée. Lui qui se donne à fond et qui croit en la justice sera meurtri de l’apprendre. “Dure soirée, agent Carter ?” Mon regard se pose sur un collègue. Son expression concernée transpire la compassion. Je hoche la tête. Tous les soirs, ou presque, il fait sa ronde pour s’assurer que tout est en ordre. Il a l’habitude de me voir travailler aussi tard. “Effectivement.” Je me frotte le front du bout des doigts. J’ai l’impression que l’objectif de mon travail m’échappe. Que je m’y prends mal pour gérer les Avengers. J’en ai la preuve sous les yeux. Le rôle de mon équipe est aussi de limiter les dégâts causés par les super-héros. Visiblement, j’ai échoué. J'aurais aimé mieux faire. J'aurais aimé trouver la manière de fédérer tous les Américains. Il y a quelque chose qui m'échappe. “Vous devriez sortir, ça vous ferait du bien de vous aérer l’esprit. Vous verrez, vos problèmes vous sembleront futiles demain matin.” Je le dévisage. Sortir. Drôle de mot pour moi. Il sonne étrangement lorsque je le prononce à vois haute. Je contente de faire une moue à l’agent. Il repart, me laissant de nouveau dans le silence du bureau. Les filles sont parties depuis longtemps. Rien ne les retenait ici. Parfois, je les envie de pouvoir se vider l’esprit aussi facilement. J’aimerais avoir cette facilité, ce laisser aller.

C’est décidé. Je vais sortir. Je referme le dossier et le range dans un tiroir de mon bureau. Peut-être que mon ami nocturne a raison : demain, cela me semblera moins grave. Peut-être que je trouverais même une solution. J’attrape mon trench coat. J’ai en tête un nom. Le Woods Bar. Un endroit dont m’a parlée Clara tout à l’heure. Il semblerait qu’elle s’y soit rendue pour passer la soirée, à boire un ou deux verres. Enfin, m’en avoir parlée est un euphémisme. Disons qu’elle me l’a martelée dans la tête. Elle m’a harcelée. Elle a insisté. Elle me l’a imposé. Je lui ai dit oui, puis non, puis de nouveau oui, puis non. Les soirées, très peu pour moi. Je préfère celles avec Steve où nous discutons de nos potentielles conquêtes. Avec Clara, je m’inquiète de ce qu’elle voudrait me voir faire. Dans le genre déhanchement sur de la musique ou séduction d’un bel inconnu. Je préfère éviter autant que possible. De toute manière, elle ne m'imposera rien. J'ai assez de volonté pour rester assise sur une chaise toute la soirée, s'il le faut. Mais ce soir, j’ai besoin de voir autre chose. J’ai la tête pleine de problèmes. J’ai l’anxiété qui me guette. Même l’Agent 13 a besoin de décompresser. Je quitte notre immeuble administratif pour rejoindre Brooklyn. Sur le trajet, j’essaye de ne pas penser à la soirée qui m’attend. Je me connais, je suis capable de changer d’avis. Je suis prête à affronter n’importe quel danger, de foncer tête baissée dans une mission. Mais les soirées sont au-dessus de mes forces. Enfin, j’arrive devant la porte du bar. C’est idiot, j’ai l’impression d’affronter bien pire qu’Hulk. Je prends une inspiration. La porte s’ouvre, laissant sortir un groupe de trois personnes. “Vous entrez ?” L’un des hommes me dévisage, retenant la porte de son bras. Je ne peux plus reculer. “Oui, merci.” Le brouhaha des conversations me submerge. Je marque une pause à l’entrée. Je ne suis clairement pas à ma place ici. Sans un ami à mes côtés, j’ai le sentiment que je ne vais pas pouvoir passer un bon moment. Que je n’ai clairement ma place. J’ai bien envie de repartir d’où je viens. Franchement, qu'est-ce que je fiche ici ? Je ne suis pas assez spontanée pour réussir à m'amuser. Le silence du bureau me semble bien plus chaleureux et confortable, soudain. Maintenant que je suis là, je ne peux plus reculer. Je me refuse de faire demi tour. Au lieu de cela, je fais quelques pas dans la salle, à la recherche de Clara. Elle a voulu me traîner ici et me voilà. Elle a intérêt à être là. Dans le cas contraire, elle passera un mauvais quart d’heure demain. Quoique, je vais peut-être éviter de lui avouer que j’ai eu envie de sortir. Elle en profiterait pour le répéter à toute l’équipe. Elle serait même capable de s’en servir pour m’inciter à aller boire un verre, de nouveau. “Sharon ?

Cette voix familière fuse entre les différentes conversations. Je pivote sur place, à la recherche de ma collègue. Enfin, le visage souriant de Clara entre dans mon champ de vision. Je hausse les sourcils. Elle est bien là. Un certain soulagement m'envahit. Je franchis les derniers pas pour la rejoindre. “Hey ! C’est sympa ici.” Je laisse mon regard vagabonder dans le bar. Si on omet les gens avachis sur les tables, avec une pinte de bière. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la réaction de mes parents, ces nouveaux riches, s’ils me voyaient ici. Ils auraient du mal à le croire. Après tout, je n’ai pas pour habitude de sortir. D'ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi Clara voulait toujours me sortir de ma zone de confort. Ce n’est pas comme si je m’ennuyais dans la vie. Passer mes soirées en célibataire, dans mon appartement, est tout aussi jouissif que de la passer avec un verre dans la main. Depuis que nous travaillons ensemble, Clara s’amuse à me tirer de ma zone de confort. Pour l’instant, toutes ses tentatives se sont soldées par des échecs cuisants. Enfin, ça, c'est avant que je débarque ici. Je crois que je vais en entendre parler pendant des semaines. Je vais être obligée de serrer les dents demain. “Je suis juste passée boire un verre. J’ai encore du travail qui m’attend.” Je préfère la prévenir pour ne pas qu’elle se réjouisse trop vite. Je ne compte pas la suivre dans toutes ses aventures nocturnes, quelles qu’elles soient. Un verre et je retourne à ma vie bien tranquille et rangée. Ma vie sérieuse et ennuyante, selon Clara.
© GASMASK
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