Astrid & Shane

Une chose connue par un grand nombre est le fait que le dénommé Shane Waters n'a jamais été doué quelqu'un de très sociable. En dehors de sa famille, l'homme ne s'est jamais vraiment lié qu'avec une très petite poignée de gens. Attention, par famille, je ne parle pas là que des liens du sang non. Voyez-vous, notre ami a grandi dans la rue, se forgeant lui-même sa propre famille, en premier lieu avec un dénommé Joseph, abandonné par ses parents. Alors tout jeune et déjà suffisamment costaud pour se défendre, il protégea comme il put cet enfant violemment arraché à son ancienne vie, se créant par la même occasion un ami pour la vie. Les agissements des deux jeunes bambins, l'un par son esprit, l'autre par ses bras finirent par attirer le regard d'un gang local qui les accueillit royalement. Ce fut celle-ci la première vraie famille de Shane. Ce n'était certes pas celle que tout le monde désirait, mais c'était la sienne. Tous veillaient les uns sur les autres et, gravissant peu à peu les échelons, les deux jeunes gens finirent par se faire respecter et apprécier par tous leurs frères. Il y eut bien évidement sa femme, Rowena qui, malheureusement perdit la vie bien trop tôt, lui offrant néanmoins le plus beau de tous les cadeaux : sa fille, Eileen. Elle était la plus belle chose que Shane put faire de toute sa vie. Intelligente, gentille et magnifique. Elle avait tout d'un ange. Alors, bien évidement, le père fit tout ce qu'il put pour la protéger, devant même tuer une fois pour elle, sans la moindre hésitation et sans le moindre regret.

Sorti de cette famille-là, il n'y avait que peu de gens qui pouvaient se vanter d'avoir été proche du dealeur de pouvoirs. Certains tentèrent une approche, poussée par la volonté de profiter de ces dons miraculeux, mais, c'était sans compter les pouvoirs de la jeune Eileen, psychiste de talent. Cela ne put que le faire se renfermer sur lui encore et encore. Il faut avouer que, sa personnalité n'aidait guère à créer de nouvelles relations, brut, bourru, têtu, grossier et en plus de tout ça un bourrin à toute épreuve … Sur le papier, cela ne donnait guère envie. Malgré tout cela, il y eut une personne en particulier qui se lia à cet étrange énergumène. Une certaine Astrid, dont, étonnement, toutes les … Qualités énumérées  un peu plus tôt ne dérangeait pas du tout, bien au contraire. En vérité, elle aussi avait eu une vie un peu compliquée et peu enviable. Ils avaient tous les deux une personnalité assez similaire et se retrouvaient même sur certains points. Disposant d'un pouvoir assez particulier -celui d'une espèce de super compréhension intuitive- la demoiselle voulut s'en séparer et se rendit donc chez Shane pour le vendre. Cependant, au dernier moment, elle changea d'avis. Ils se revirent quelques fois par la suite, tantôt pour une énième tentative de vente, tantôt en se croisant hasardeusement pour papoter. De fil en aiguilles, les deux finirent par se voir régulièrement. Sans doutes était-ce en grande partie de son don, mais, la petite avait une énorme confiance en cet homme d'âge mûr, finissant même par le voir comme une espèce de figure paternelle qu'elle n'avait jamais vraiment eu. Chose que, notre très cher ami ne vit pas. Après tout, dans sa vie, il y avait toujours eu quelqu'un pour réfléchir pour lui, Joseph, Rowena ou encore Eileen. Malgré tout, de son côté, il ressentait quelque chose de similaire. Un petit chaton abandonné en quête d'une nouvelle famille. Il se prit donc d'affection pour elle, la conseillant comme il pouvait sur ce qu'il pouvait, veillant sur elle à sa façon, comme … Comme une seconde fille oui. Sans doutes n'arriverait-il jamais à aimer quelqu'un autant que sa fille, mais … Une chose est sûre, quiconque s'en prendrait à ce fameux chaton, en prendrait vraiment plein, mais plein dans la gueule.

La jeune Astrid, en plus de faire partie de l'école du fameux Professeur Xavier travaillait dans un des Starbucks de Manhattan et il semblait que ce travail lui plaisait. Avec le temps, la jeune fille en vint même à inviter régulièrement Shane pour lui offrir quelques boissons chaudes ou spécialité culinaires de l'enseigne. Bien évidement, pour notre ami, se voir offrir quoi que ce soit était le plus grand des bonheur et ne refusait jamais une telle invitation. Malgré cela, notre ami avait tout de même un peu de mal avec l’échoppe qui était régulièrement bondé de monde. Ayant grandi dans un milieu plutôt hostile, il devenait toujours un peu parano entouré d'inconnus et, n'oublions pas que l'irlandais n'était en aucun cas reconnu pour sa patience et encore moins son calme. Ainsi, pour éviter tout incident, le quarantenaire évitait les heures de pointes. Ses visites se faisaient d'ailleurs de plus en plus régulières, au plus grand plaisir d'Eileen, qui était loin, très loin d'être jalouse. Bien entendu, notre cher ami ne lui cacha jamais la moindre petite chose. Non pas par peur que grâce à ses pouvoirs elle puisse découvrir un quelconque secret, mais tout simplement parce qu'il ne voyait en aucun cas l'utilité de mentir à son petit ange. De son côté, la jeune fille était heureuse de voir son cher père s'ouvrir à quelqu'un d’extérieur à la famille et ne souffrit en aucun cas d'une quelconque forme de jalousie. Après vous avoir tant parlé de ces deux mutants, il me faudrait sûrement vous raconter l'une de ces fameuses visites qui, disons-le franchement, au moment qui nous intéresse, ne ressemblait que de plus en plus à des visites d'un père à sa fille.

C'était une journée pluvieuse. Notre cher ami n'avait eu aucun client et, comme attendre que quelqu'un n'arrive le gonfla au plus haut point, le père de famille se décida à sortir, laissant un petit mot sur la porte comme quoi si un quelconque client venait à se pointer qu'il laisse un message pour un rendez-vous. Il hésita aussi longuement à rajouter la mention « ou allez vous faire foutre », mais, la clientèle manquant plutôt cruellement depuis quelques temps, il était préférable de s'abstenir. Cachant un de ses flingues dans sa veste – juste au cas où – notre ami finit par regarder l'heure, avant d'avoir l'idée d'aller voir le fameux petit chaton. Avec le temps il avait fini par connaître plus ou moins ses horaires et savait qu'à cette heure-ci, en plus d'être présente, il n'y aurait guère de monde, leur permettant ainsi un brin de causette. Il enfourcha rapidement son vieux scooter, qui, selon Joseph, ne roulait que parce que Yahvé le voulait bien. Sans doutes qu'il aimait bien le petit humain étrange après tout. Car oui, ce fameux deux roue avait tout d'une épave, jamais entretenu, des bouts qui partaient dans tous les sens et un bruit à faire grincer des dents un mort. Malgré l'état de la Chose, son propriétaire n'avait jamais eu le moindre accident et ne roulait même jamais sans casque, confiant que rien ne pouvait lui arriver. Eh oui, après avoir compris qu'il était plus ou moins sous la protection du Dieu des juifs, il se pensait en sécurité. Quand je vous disais qu'il avait toujours eu quelqu'un pour réfléchir à sa place, ce n'était pas pour plaisanter, n'est-ce pas ?

Arrivant dans un fracas du plus grand des démons, le quarantenaire se gara en vrac, sur le trottoir, en attachant son bolide à un arbre qui semblait tout autant fatigué que la bécane. Après tout personne ne serait assez dérangé pour voler cette chose. Et puis, il y a de fortes chances pour que, quiconque d'autre essayant de démarrer la machine n'y arrive pas. C'est donc confiant que l'homme entra dans l'échoppe en ôtant sa capuche dégoulinante pour s'approcher presque furtivement du comptoir où il remarqua sa très chère Astrid de dos, belle, travaillant sur quelque chose dont il ignorait tout. Souriant malicieusement, comme un gamin, Shane prit une grande inspiration, fin prêt à faire le fameux « bouh », mais, malheureusement pour lui, la travailleuse se retourna à ce moment là, le coupant dans son élan et le faisant soupirer longuement, laissant échapper l'excès avant de sourire largement, heureux de la revoir.


Riant légèrement, ses index tapotèrent rapidement en rythme sur le comptoir pendant qu'il parlait, s'improvisant comme batteur raté. La vérité était que Shane n'avait jamais été très doué pour parler. Il tentait, il essayait, il voulait, mais galérait. Alors quand il fallait engager la conversation c'était encore plus compliqué.


Riant de nouveau avec légèreté, mais de façon un peu plus maladroite cette fois, Shane avait encore un peu de mal à savoir où était sa place avec la petite. Il l’appréciait grandement et voulait la protéger d'une certaine façon. Malheureusement, la diplomatie n'étant pas vraiment son fort, il lui restait les poings, les armes et l'intimidation. Car oui, même s'il était loin d'être le plus futé des gars, pour ce qui était de faire peur, il était très très inventif. Alors, si un mec un peu trop aventureux venait à embêter la demoiselle, cela s'arrêterait rapidement.


Regardant un peu la vitrine pour voir si une des pâtisserie aurait pu le tenter, sa main vint essuyer l'eau dégoulinant le long de son visage dans un grand râle de désespoir n'arrivant guère à se décider par lui-même. Dans tous les cas, il ferait confiance à l'experte.

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