Ils avaient perdu. Les Avengers avaient échoué – et ç'avait été un coup dur, même pour Bruce, qui ne s'était jamais senti membre à part entière de l'équipe. Le nombre de missions effectuées ensemble était bas, pour autant, ils avaient une bonne alchimie. Une dynamique qui aurait dû marcher. Si leur adversaire avait été humain, ou humanoïde. Mais face à un robot, face à une intelligence artificielle, que voulez-vous faire ? Ils avaient perdu et all hell broke loose. Armements des machines, contaminations bactériologiques, création de camps de prisonniers, la Terre s'était rapidement transformée en une contrée désolée, aux paysages apocalyptiques et à l'espérance de vie minime. Désormais, ils vivaient tous sous terre, cachés comme des bêtes des créatures et des dangers extérieurs. Ils étaient parqués, finalement – et une cible plutôt facile pour tout intrus extérieur qui voudrait en finir avec les superhéros, avec les mutants, avec les derniers représentants de la race humaine. Bruce secoua la tête, assis par terre contre le mur de cette pièce où il aimait se réfugier. C'était l'endroit le plus éloigné des parties communes, le plus proche de la surface aussi. Si jamais il se transformait … si jamais Hulk voulait sortir faire joujou, il pourrait éviter de blesser ses compagnons d'infortune. Il irait à l'extérieur et il affronterait les dangers du dehors, plutôt que de devenir la cible numéro un de ses amis.
C'était son grand dilemme. Quand Steve pensait au manque de nourriture, que Natasha essayait de changer les idées des déprimés, des pessimistes, Bruce n'avait qu'une chose en tête : ne pas se transformer. C'était ça, son combat. Coincé dans une boîte à sardine, avec la force et la bêtise d'un géant vert au fond de lui, il y aurait forcément des victimes s'il venait à perdre le contrôle. Et il avait voulu partir, il avait refusé de mettre les siens en danger. Mais Natasha ne l'avait pas laissé faire. Elle aurait dû. Il savait bien que leur relation finirait par mettre les autres en danger. Par la mettre en danger. Bruce refusait de la voir finir comme Betty. Il poussa un long soupir, posa le cahier qu'il tenait dans les mains sur le sol, à côté. Ses calculs ne donnaient rien. S'il ne pouvait pas quitter les tunnels, il pouvait toujours trouver une solution : repousser Ultron et ses sbires, reprendre un minimum de contrôle. Retrouver la surface. C'était ça, le rêve. L'espoir auquel ils s'accrochaient tous, plus ou moins consciemment. Banner était l'un des hommes les plus intelligents sur Terre – parmi ceux qui étaient encore en vie – mais il était incapable de trouver un plan, de trouver une solution. « DAMN IT ! » s'écria-t-il soudain, envoyant valser le carnet, le crayon, et le plateau-repas qu'il avait près de lui. Son cœur prit un rythme plus rapide. Il se força à se calmer. Merde, il ne pouvait même pas exprimer sa frustration sans craindre que l'enfer se déchaîne.
Il y eut un toussotement léger, à sa gauche. Il tourna la tête vers la porte, et la silhouette rousse qui s'y trouvait l'aida à retrouver un peu de quiétude. Il se leva brusquement. « I'm sorry, Nat... » soupira-t-il. Il était fatigué d'être aussi impuissant. Il resta adossé au mur, attendant qu'elle s'approche ; une part de lui pourtant, ne voulait pas qu'elle vienne trop près. Il était dangereux, bien plus maintenant qu'il était enfermé, que lorsqu'il avait rejoint les Avengers la première fois. A cette époque, Hulk se sentait libre, désormais il se savait piégé, et ça le mettait sur les nerfs. « I keep trying to find a way out of this mess. And I keep failing ! » Il se retint une nouvelle fois de tout envoyer valdinguer. Son sourire était cassé, un peu triste, et il aurait aimé la prendre dans ses bras. Il garda ses distances pourtant. « So, why are you here ? Did Steve start crying again ? » tenta-t-il avec humour. Mais aucun des deux n'avait le cœur à rire.
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Dernière édition par Bruce Banner le Sam 28 Nov - 14:48, édité 1 fois
La défaite contre Ultron les avait tous transformés. Tous à leur manière. Certaines amitiés s'étaient brisées, d'autres s'étaient créées, alors qu'il n'en serait jamais allé ainsi si le monde avait continué à tourner normalement. L'adaptation avait été difficile, bien sûr, et aujourd'hui encore, tous savaient sans l'exprimer que peut-être, ils ne s'adapteraient jamais vraiment. Rien ne les avait préparés à cette vie, rien ne les avait préparés à une issue aussi terrible. Natasha avait toujours eu confiance en ses amis, et en les Avengers. Jusqu'au bout, elle avait pensé qu'ils réussiraient à sauver le monde de la création de Stark. Jusqu'au bout. Après tout, elle n'avait jamais échoué, ou presque jamais. Ce n'était pas dans son habitude d'imaginer que les missions allaient tourner au drame. Toute sa vie, elle avait trouvé des moyens de se sortir des situations les plus complexes, les plus extrêmes. Même un an et demi après, tout ça avait un goût d'irréel. Elle avait toujours l'impression qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar, ou d'une illusion. Qu'il y avait un moyen de revenir en arrière, qu'un jour, tout cela s'arrangerait. Alors que non. Ils étaient faits comme des rats. Il fallait être idiot pour ne pas le voir. Elle était la première à penser qu'elle finirait sa vie ici, en portant jusqu'à la fin de ses jours la culpabilité de ne pas avoir réussi à sauver la planète, la culpabilité d'avoir échoué. Bien sûr, c'était une pensée qu'elle ne partageait avec personne, pas même Clint ou Steve. Ce dont tout le monde avait besoin, pour continuer à vivre, c'était de l'espoir. Alors Natasha s'était érigée en véritable diffuseur d'espoir. Elle balayait le pessimisme des autres autant que possible, inventait des choses complètement farfelues pour les éloigner de leurs idées noires.
Qui aurait cru qu'elle endosserait ce rôle ? C'était plutôt quelque chose que Steve faisait. Mais Steve ayant un peu perdu de sa superbe, de son espoir… Elle n'avait pas vraiment eu le choix. Elle devait le faire, pour ceux qui comptaient pour elle. Quand bien même au fond, elle ne croyait pas un mot de ce qu'elle avançait. La russe avait appris beaucoup de choses au cours des quatre dernières années, et beaucoup d'entre elles avaient fait reculer la carapace qu'elle s'était construite à la red room, et quand elle avait travaillé pour le KGB. Elle savait désormais que c'était les petites choses qui comptaient. Que même si tout semblait terminé, et que la race humaine allait inévitablement s'éteindre… Il y avait encore des petites choses qui méritaient d'avoir un peu de temps. Les mains de deux résidents de la base qui s'effleurent, naissance d'idylles au milieu du chaos. Le bras d'un jeune garçon autour des épaules de sa mère. C'était pour ces petites choses qui devaient continuer à exister, évoluer, qu'elle faisait tout ça. Elle n'avait pas eu droit à tout ça. Elle se devait de faire en sorte que les autres puissent en profiter. Même ceux qui ne pensaient pas le mériter.
Elle observait Bruce depuis quelques minutes déjà. Son visage concentré était penché sur un carnet rempli de calculs auxquels elle ne comprenait rien. Les bras croisés devant sa poitrine, elle restait dans l'encadrement de la porte, un léger sourire s'étirant sur ses lèvres. Mais Bruce n'allait pas bien, et c'était la raison pour laquelle elle était là. Comme toutes les autres fois. « DAMN IT ! » d'un geste brusque, le scientifique envoya valser les objets qui se trouvaient autour de lui. Natasha fit une moue un peu triste, tandis qu'il essayait de se calmer en respirant profondément. Doucement, elle toussota pour qu'il remarque sa présence. Il comprit immédiatement qu'elle avait tout vu. « I'm sorry, Nat... » fit-il, lassé. On pouvait voir sur le visage de Bruce combien les derniers mois l'avaient affecté. Cernes, quelques cheveux blancs en plus… Son combat était perpétuel, sans compter la culpabilité qui l'habitait au même titre qu'elle. « I keep trying to find a way out of this mess. And I keep failing ! » Natasha soupira et s'avança d'une démarche nonchalante, passant la main au passage sur la table du labo. Bruce la devança, et reprit la parole. « So, why are you here ? Did Steve start crying again ? » Elle leva des yeux amusés vers lui. Il essayait de détourner un peu la conversation. Du Bruce tout craché. Elle laissa un petit silence passer avant de dire : « I left him with Thor. We both know how good he is when it comes to comforting people. » Nouveau sourire malicieux. Le dieu avait toujours été un gaffeur excellent, et Bruce était bien placé pour le savoir. Elle reposa un pot à crayon, qu'elle avait pris dans sa main en parlant, et poussa un soupir, en avançant vers le scientifique. Elle aurait aimé le prendre dans ses bras. Mais elle se contenta de s'adosser au mur à côté de lui, laissant leurs bras s'effleurer. « I know why I'm here. » fit-elle d'une voix qui ressemblait plus à un murmure. Une phrase qui voulait tout dire. Qu'elle voulait garder un œil sur lui, qu'elle savait qu'il avait besoin de quelqu'un, et surtout… Qu'elle avait envie de le voir, parce que c'était lui, et qu'il savait très bien ce qu'elle ressentait à son égard. Mais tout ça n'avait pas besoin de mots plus élaborés. Bruce le savait déjà. Ils n'en parlait pas, mais il le savait. « You should stop blaming yourself. Just because you're one of the most talented guys in the world, doesn't mean you're the one who has to get us all out of here. » Elle garda le visage tourné vers le fond de la salle, en face d'eux. « You're not alone in this, don't forget that. » Puis elle lui donna un petit coup d'épaule. « Have you considered maybe… Taking a break, for a day or two ? That would help, I think. » Et bien sûr, que ce n'était pas juste une simple pause, qu'elle lui suggérait. C'était en fait un moyen détourné de lui demander de quitter ce labo qui le rendait fou pour passer un peu de temps avec elle. Peut-être la dernière chose dont il avait envie. Mais elle restait persuadée qu'elle pouvait lui montrer qu'il pouvait lui aussi retrouver un peu d'espoir. Que tout n'était pas perdu, même pour eux. Ce qu'elle ressentait pour Bruce, c'était la dernière chose en laquelle elle plaçait encore de l'espoir. Aussi idiot que cela puisse être. Natasha avait changé, et cette fois, elle allait s'accrocher, qu'il le veuille ou non, même si c'était compliqué, même s'il la repoussait.
Bruce n'avait jamais trop su comment agir auprès de Natasha. Elle était un casse-tête complexe, aux différents masques, et il ne savait pas à quel moment elle était vraiment elle, et à quel moment elle affichait cette façade, qui n'était que le résultat de tout ce qu'elle avait subi, des années plus tôt. Il avait appris à apprécier le côté guerrière, le côté séductrice, le côté amie et, récemment, le côté optimiste. Après autant d'années à la côtoyer, il pouvait décemment dire qu'il aimait toutes les facettes de la rouquine, sans exception. Même les pires, même les plus fragiles, même les plus meurtrières. Il l'aimait et il le savait. C'était ce qui le dérangeait. Natasha n'était en rien comme lui. Elle était bien plus forte, bien plus courageuse. Elle avait cette aura, ce sourire en coin, ces grands yeux curieux et fiers. De son côté, Bruce était le mec en retrait, celui qui tirait sur ses manches quand il était en public, tellement il était inconfortable auprès des autres. Il n'avait rien d'un charmeur, rien d'un optimiste, rien d'un guerrier. C'était un penseur qui passait des journées à douter de lui, à douter du reste du monde. Comment de tels opposés pouvaient donc s'attirer, tourner l'un autour de l'autre avec toute l'ambiguïté du monde ?
« I left him with Thor. We both know how good he is when it comes to comforting people. » lança Natasha, amusée. Thor était drôle sans même le savoir. Ses manières d'un autre temps, son parler démodé, épique, contribuait à le rendre comique, qu'il le veuille ou non. Il avait un grand cœur, de grands principes, et une manière étrange parfois de communiquer ; si bien qu'il était le meilleur compagnon en ces temps d'infortune. Un vent frais dans cette douloureuse épreuve. Natasha joua quelques secondes supplémentaires avec le pot à crayon qu'elle venait de prendre, puis le reposa sur le bureau. Adossée au mur à côté de lui, elle se laissa glisser jusqu'à toucher le sol. Bruce n'avait qu'à tendre le bras pour la serrer contre lui, mais il se l'interdit. Il n'aurait suffi d'un rien pour que Hulk sorte, agacé comme il l'était d'être enfermé six pieds sous terre. Bien que la rouquine ait une bonne relation avec le monstre vert, mieux valait ne pas tenter le diable. Aussi, Bruce garda ses distances. Son bras déjà frôlait celui de l'agente du SHIELD, et rien que ce détail l'obnubilait à en perdre le fil de ses pensés. « I know why I'm here. » murmura la jeune femme, mais il ne l'entendit pas vraiment. Il tentait de contrôler son petit cœur, tentait de calmer l'excitation qui lui caressait les tripes.
Elle le sortit de ses pensées. « You should stop blaming yourself. Just because you're one of the most talented guys in the world, doesn't mean you're the one who has to get us all out of here. » Elle ne le regardait pas. Il ne la regardait pas. Les deux fixaient, droit devant, le fond de la salle. C'était peu éclairé et une ombre énorme tombait sur ce pan de la pièce. Bruce imaginait la solution à leurs problèmes sortir de là, des ténèbres, et régler cette foutue situation apocalyptique. Il prit le compliment de Natasha au cœur, et sourit malgré lui. Peut-être était-elle aussi attaché à lui parce qu'il était une tête plutôt qu'un corps, un intellectuel plutôt qu'un soldat ? Il aimait cette idée. « You're not alone in this, don't forget that. »[/color] Malgré lui, il ne put s'empêcher de hausser les épaules. Il n'était pas seul, bien entendu. Il avait ses amis, les Avengers. Natasha. Cependant, il avait le sentiment d'être si isolé que c'en était suffocant. Eux avaient le contrôle sur leurs actions. Si leur situation était déjà bien pourrie, ils n'avaient pas à s'inquiéter de devenir un géant vert désireux de tout péter. Lui, si. C'était un poids en plus, son fardeau à porter. Cette charge-là était sienne. Il baissa la tête, épuisé. Elle lui donna un petit coup d'épaule, le ton de sa voix redonnant à Bruce un peu de chaleur. « Have ou considered maybe... Taking a break, for a day or two? That would help, I think. » Il considéra l'idée. Peut-être qu'il était trop plongé dans son travail, qu'il manquait de perspective. La suggestion était bonne. Il craignait pourtant de s'aventurer dans les couloirs, les salles communes. Il avait peur de perdre le contrôle. Si Natasha était avec lui, en revanche... Après tout, le monde touchait déjà à sa fin. Une journée de repos ne pouvait pas lui faire de mal. Il se leva soudainement, tendit la main à la rouquine, qui s'en saisit, et la releva. « You're right! Let's go for a walk, shall we? » D'instinct, il fourra ses mains dans ses poches, et voûta un peu ses épaules. Il ne désirait pas non plus renier toutes ses habitudes, aussi cherchait-il à se faire le plus discret possible.
Natasha et Bruce quittèrent le laboratoire pour déambuler dans les couloirs. Ce n'était pas la plus romantique des ballades, et ce n'était définitivement pas comme ça que Bruce aurait imaginé son premier rendez-vous avec la rouquine. Néanmoins, il appréciait sa compagnie, il aimait l'avoir à ses côtés. « How are you coping with this? » finit-il par demander, brisant le doux silence qui s'était alors installé. Quels étaient les secrets de l'agente Romanoff ? Elle semblait peu affectée par l'apocalypse, ou du moins un poil trop positive. Avait-elle endossé ce rôle pour les autres, ou était-ce un moyen pour elle de ne pas sombrer ? Bruce se demandait … peut-être qu'elle pourrait lui donner quelques conseils. Comment garder le moral en cas de fin du monde !, bouquin officiel de Natasha ; voilà une idée qui lui arracha un franc sourire. « Sometimes, it seems like it doesn't affect you... what's going on, out there. How do you do that? How can you still be optimistic about the future? » Sa voix se perd dans un murmure. « Cause I, for one, don't think we have one anymore... »
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Dernière édition par Bruce Banner le Sam 28 Nov - 14:49, édité 1 fois
Il était bien connu que lorsqu'on faisait face à un problème auquel on ne trouvait pas de solution, prendre un peu de recul pouvait être bénéfique. On pouvait passer des jours à s'acharner à chercher la bonne réponse sans jamais mettre le doigt dessus et finalement la trouver au moment le plus inattendu. Tout comme on cherchait parfois des objets pendant des heures, et les retrouvait par hasard un ou deux mois plus tard. Natasha était persuadée que s'ils sortaient un jour de cet endroit, ce serait en partie grâce à Bruce. Mais il n'arriverait à rien s'il se surmenait, s'il se mettait trop la pression. Elle était persuadée que prendre un peu de distance, penser à autre chose… ça lui permettrait de mieux réfléchir par la suite. En fait, elle avait tant de raisons de lui proposer une parenthèse qu'elle finirait de toute manière par le convaincre s'il essayait de se défiler. Elle avait une liste longue comme le bras à lui présenter en cas de négociations. Mais elle n'eut même pas besoin de parlementer. Bruce se releva après un petit moment de silence, pendant lequel il avait sûrement pesé le pour et le contre. Il lui tendit la main, et elle la prit sans hésitation. Il l'aida à se relever, et lança, d'un air un peu plus joyeux qu'auparavant : « You're right! Let's go for a walk, shall we? » Elle esquissa un sourire amusé et heureux à la fois, tandis qu'il lâchait sa main pour ranger les siennes dans ses poches. Natasha se retint de lever les yeux au ciel. Il se refermait constamment sur lui-même, il l'avait toujours fait. Elle se contenta d'un petit sourire, tandis qu'il se dirigeait vers la porte du laboratoire. Ils sortirent ensemble dans le couloir, d'où les voix des habitants de la base leur parvenaient. C'était ça, le plus important. Au milieu de la mort et du chaos, il y avait toujours la vie, entre ces murs, sous terre. C'était quelque chose qu'elle voulait que Bruce voit. Bien sûr, ça ne lui ferait jamais oublier le désastre qu'était cette année, n'effacerait jamais ses craintes de voir le Hulk prendre le contrôle… Mais ça pouvait peut-être lui faire du bien. Et quand Bruce allait bien, il n'y avait aucune raison que son double se joigne à la partie.
Dans un premier temps, ils ne parlèrent pas beaucoup. Natasha avait envie de lui dire beaucoup de choses mais… Elle préférait le laisser faire le premier pas. Elle l'avait sorti de sa prison scientifique pour qu'il pense à autre chose, peut-être aussi pour qu'il s'exprime un peu. Alors elle préférait le laisser parler, le laisser se manifester de la manière qu'il préférerait. « How are you coping with this? » finit-il par demander, et Natasha baissa les yeux à terre en entendant cette question si simple mais si appropriée. « Sometimes, it seems like it doesn't affect you... what's going on, out there. How do you do that? How can you still be optimistic about the future? » ajouta le scientifique. Natasha ne put s'empêcher de penser que ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas entendu parler autant. Il s'était muré dans un tel silence, enfermé dans une concentration qui, selon elle, lui faisait plus de mal que de bien… « Cause I, for one, don't think we have one anymore... » Elle eut un petit soupir, et observa deux jeunes anciens élèves de la x-mansion courir dans les couloirs. « Come with me. » Elle l'attrapa par le poignet et l'entraîna avec elle un peu plus loin, puis ouvrit l'une des nombreuses portes de la base. Il n'y avait personne. Tant mieux. Cette pièce était pourtant connue de tous, et beaucoup aimaient s'y recueillir, de temps en temps. Les murs autrefois couleur métal laissaient découvrir les traits d'une forêt. Simple hologramme qui pourtant était à la limite de la réalité. C'était un moyen comme un autre d'essayer de retrouver la terre qu'ils avaient tous connus. Avec ses beaux paysages, sa douceur. Elle prit place sur le canapé au centre de la pièce, et entraîna Bruce avec elle. « I'll be honest with you. » Son regard se perdit dans les arbres recréés par l'illusion. « I'm just like you. I don't believe in us finding the key to a future any time soon. I don't think I'll ever see the sun again. » Elle pencha la tête vers lui et chercha son regard. « The difference is… I've come to terms with this. » Elle esquissa un sourire. « Maybe we'll die in here. Maybe we won't. But wasting the moments we have here… That would be a terrible mistake. » Elle haussa les épaules. « If we have to die here, I don't want to spend the last moments of my life blaming myself, blaming others, trying to find answers to questions which are unsolvable. » Elle posa son menton sur l'épaule de Bruce, se nichant dans son cou. « I want to spend them making up for the life I wasted before Ultron took over the earth. So that if I die, I won't regret anything. » Elle lâcha un petit rire. « I know that… That seems awfully pathetic. But who cares. » Puis elle ajouta : « And you know what? If there's a solution, we'll find it. Maybe not us, but the people who will come after us. The children. Thoses young mutants we see running in the corridors. It will come to us one day, eventually. » Elle en était certaine. Et elle s'était préparée à l'idée de mourir. Si la race humaine devait s'éteindre, elle s'éteindrait. Ils n'avaient pas de prises sur l'univers. Elle releva légèrement la tête, son visage seulement à quelques centimètres de celui de Bruce. Elle jouait avec le feu. Ce n'était pas bien. Elle recula un peu, détaillant toujours avec affection le visage de l'homme qu'elle aimait. « I don't know about you… But I'd rather spend my last days with you gossiping about Steve and Tony than crying about a future that may never come. »
« Come with me. » Les doigts de la jeune rousse enlacèrent son poignet, tandis qu'elle l'entraînait plus loin. Il frissonna à ce contact. Tant pis pour l'effort de se mélanger aux autres. Il n'avait besoin que de Natasha, de toute manière. Elle était celle qui le comprenait le mieux. Elle poussa une porte et, après un coup d’œil pour vérifier que la pièce était vide, l'attira à l'intérieur. Cette salle était l'une de ses fiertés. Il avait participé à la création de l'hologramme, qui transformait les murs en horizons peuplés d'arbres. Il y avait des montagnes, plus loin, et quand on levait les yeux, le plafond devenait ciel d'un bleu nuageux. Quelques nuées d'oiseaux parfois le traversaient. C'était une véritable bouffée d'air dans leur quotidien morne et enterré. Bruce se laissa conduire jusqu'au canapé, au centre de la pièce, par Natasha. On aurait dit que le sofa était posé à même la terre, insolite au cœur de la forêt. « I'll be honest with you. I'm just like you. I don't believe in us finding the key to a future any time soon. I don't think I'll ever see the sun again. » Elle a le regard perdu au loin. Il pose sa main sur celle de la jeune femme, exerce une pression faible. Il est là pour elle. Voilà ce qu'il lui dit en la serrant ainsi : il est là. Et même s'il se considère dangereux, même s'il donnerait tout pour être ailleurs, pour protéger les siens... Il ne laissera jamais Tasha seule. Elle le regarde maintenant, tête penchée et sourire dessiné. « The difference is... I've come to terms with this. Maybe we'll die in here. Maybe we won't. But wasting the moments we have here... That would be a terrible mistake. » Elle haussa les épaules, elle sembla reprendre contenance un instant. Être de nouveau l'agent Romanoff, prête à mourir pour ses idéaux. Seulement, elle n'avait plus d'idéal. Elle était juste prête à mourir. « If we have to die here, I don't want to spend the last moments of my life blaming myself, blaming others, trying to find answers to questions which are unsolvable. » Il quitta la main de Natasha, et elle vint se nicher au creux de son cou. Il sentait son souffle sur sa peau. Un sourire se dessina sur ses livres, sourire qu'elle ne pouvait voir.
« I want to spend them making up for the life I wasted before Ultron took over the Earth. So that if I die, I won't regret anything. » Le rire qu'elle lâcha ensuite fut une douce mélodie aux oreilles de Bruce. Il était heureux qu'elle soit si positive. Qu'elle ait posé les armes. Frustré, aussi, parce qu'elle avait de ce fait abandonné une partie d'elle-même. La soldate, la guerrière sous le charme de laquelle il était tombé. « I know that... That seems awfully pathetic. But who cares. And you know what? If there's a solution, we'll find it. Maybe not us, but the people who will come after us. The children. Those young mutants we see running in the corridors. It will come to us one day, eventually. » Ce fut à son tour, de rire. « Pathetic is not the first word that comes to mind when thinking of you. » glisse-t-il à son oreille. Natasha avait ce don si particulier de le rendre plus optimiste. De chasser les nuages noirs qui, trop souvent, lui tournaient autour. La rouquine releva la tête, et un instant, ils furent si proches l'un de l'autre. Bruce aurait dû rompre la distance. Il savait qu'elle en avait autant envie que lui – mais c'était risqué. Et le risque n'était pas quelque chose qu'ils pouvaient se permettre pour l'instant, pas vrai ? Elle recula, sans cesser de le regarder. « I don't know about you... But I'd rather spend my last days with you gossipping about Steve and Tony than crying about a future that may never come. » Il hoche lentement la tête. Ses yeux papillonnent sur le visage de Tasha, sur sa crinière rousse et ses grands yeux, sur ses lèvres pleines, et il repense à ce qu'elle vient de dire, vivre nos vies maintenant avec plus de saveurs, sans morosité, sans crainte, sans être paralysé par l'échec et la mort. Il prend son visage en coupe, ses mains sont calleuses sur la peau trop douce de Natasha. Son sourire va jusqu'aux oreilles. « Whatever happens, the Hulk will protect you. I will protect you. There's a future for us, Tasha. » Et puis Bruce l'embrasse.
C'était une chose étrange, l'amour. Natasha repensait souvent à ce dicton bien connu, qui disait l'amour a ses raisons que la raison ignore. C'était presque cliché, de ressortir ce proverbe, en 2016, et pourtant, pour elle, il avait une résonance toute particulière, parce qu'il mettait des mots exacts sur ce qu'elle ressentait. De tous les hommes de son entourage, Natasha avait choisi Bruce, et pour beaucoup, cela restait un mystère inexplicable. Bien sûr, si elle n'avait pas été Natasha Romanoff, elle aurait pu disserter des heures sur pourquoi elle l'aimait. Disserter sur les petites choses qui faisaient qu'elle était tombée amoureuse de lui. Ses yeux soucieux, sa posture suggérant toujours qu'il avait l'impression de déranger, contrairement à tous les autres qui se tenaient droit et forts, confiants. Le sourire qu'il avait sur les lèvres quand elle le taquinait. Elle aurait pu en parler des heures, assurément. Mais elle restait Natasha Romanoff, la femme aux milles secrets. Et elle n'avait pas d'explication quant au fait qu'elle l'avait choisi lui. D'ailleurs, elle n'avait pas choisi, ça s'était imposé à elle sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit. Elle l'aimait, et les autres pouvaient ne pas comprendre, ça lui était égal. Ce n'était pas comme si la rousse était du genre à attendre la bénédiction des autres pour faire ce qu'elle voulait.
« Pathetic is not the first word that comes to mind when thinking of you. » fit Bruce dans son oreille, et l'espionne laissa un sourire illuminer son visage, cachée dans le cou du scientifique. Elle avait envie qu'il prenne en compte ce qu'elle disait, bien entendu. Que peut-être, ses mots le fassent réfléchir un peu, prendre la situation sous un autre angle. Elle ne supportait plus de le voir s'enfermer dans son laboratoire, à se mettre une part de culpabilité sur les épaules, à avoir peur chaque minute de chaque jour que le Hulk prenne sa place. Elle voulait lui faire comprendre que c'était justement en s'ouvrant au monde et en prenant leur vie étrange du bon côté qu'il serait le plus protégé de ce genre de choses. Bien sûr, ce n'étaient pas quelques mots qui allaient le convaincre, mais peut-être qu'au fur et à mesure, si elle lui répétait tout ça, encore et encore, il commencerait à l'écouter, et à vivre pour de bon. Du moins autant qu'on pouvait le faire dans cette base souterraine. Il y avait de l'espoir, et elle était prête à tout pour le lui prouver.
Quand il leva les yeux sur elle, et parcourut son visage, Natasha ne put s'empêcher de penser que peut-être, il avait entendu ce qu'elle essayait de lui dire. Pendant quelques longues secondes suspendues hors du temps, leurs yeux se cherchèrent. Puis Bruce finit par prendre son visage dans ses mains. « Whatever happens, the Hulk will protect you. I will protect you. There's a future for us, Tasha. » Les mots n'eurent pas de mal à trouver leur chemin jusqu'au cœur de la rousse. Son visage trahit un peu de surprise. C'était elle, qui disait ce genre de choses avec autant d'assurance, d'habitude. Bruce restait dans la réserve, mettant souvent en doute la possibilité qu'un nous puisse exister un jour, pour des raisons évidentes. Le fait qu'il dise ça, oui, bien sûr que ça emplissait l'espionne d'espoir. Elle connaissait les difficultés, et se ferait un plaisir de les contourner. Elle était prête à faire tomber tous les murs entre eux. Elle ne voulait pas faire les mêmes erreurs que dans le passé. Ce n'était plus Black Widow qui prenait les décisions, mais Natasha. Bruce approcha ses lèvres des siennes, et Natasha lui rendit son baiser sans hésitation, passant l'une de ses mains dans la nuque du scientifique. Ce n'était pas leur premier baiser… Mais c'était le premier qui avait cette saveur-là. Quelque chose de plus doux, de plus beau, aussi. Leurs lèvres se séparèrent, mais leurs visages restèrent à quelques centimètres l'un de l'autre. Ils se cherchaient de nouveau, incapables de rompre la beauté de cette intensité qui était née entre eux. Hors de question de gâcher ce moment, alors Natasha sourit, et embrassa de nouveau Bruce, plus passionnément cette fois. Le monde pouvait bien tourner, elle n'en avait rien à foutre. Il n'y avait que Bruce.
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