« The planet is fine. The people are fucked. » ― George Carlin.
E
lle a bien songé à retourner à la Confrérie, elle y’a pensé mais quelque chose l’a retenue. Absurde ? Peut-être mais elle est bien avec Jack, elle se sent en sécurité tout en étant libre de ses choix, de ses actes, de ses envies. Aucune prison, rien qui ne l’entrave. Elle est sortie pendant qu’il disparaissait, comme souvent, faire ce qu’il avait à faire. New York ne valait pas le pôle, la glace à perte de vue, la nature. Ca lui semblait triste et pâle, sans saveur aucune, le bitume parfaitement résistant à tout ce que le désert de neige permettait là-bas. Soupir las. Les mains dans les poches de son jean, elle a opté pour une petite promenade quelque peu suicidaire à une période pareille, comme si rien ne pouvait soudain lui passer au travers et la menacer. Elle s’en fichait très certainement, à ce moment-là, se disant qu’au fond elle n’aurait qu’à se liquéfier et filer dans la première ouverture possible. Elle avait si souvent détesté cette faculté qu’elle se surprenait à finir par en apprécier les réels avantages. Les pensées se promènent, revenant vers l’ombre de l’école qui lui manquait, contre toute attente. Les gamins lui manquaient, surtout. Il n’y’avait plus personne à qui raconter des histoires ou faire des gâteaux même si elle compensait en gavant un Gardien qui n’avait aucun besoin de manger, même si elle se raisonnait en se répétant que c’était mieux ainsi. Snow devenait trop froide, n’entravant finalement plus sa mutation, laissant la température descendre au fil des jours et des semaines. Le blond de ses cheveux s’effaçait déjà bien plus qu’auparavant, paraissant trop clair, presque blancs selon la lumière et le bleu de ses yeux n’en semblait que plus intense.
Sa route a dévié si longtemps qu’elle s’est rendue compte de l’obscurité du ciel, la lune pointant son non-nez. Elle envisage de rentrer une seconde quand son regard accroche une petite silhouette qui court en direction d’un parc sur le point de se vider, de ne plus abriter que les paumés, la basse strate de l’humanité. Elle accélère le pas, entre curiosité et véritable nécessité de vérifier que le fillette n’est pas perdue - foutu instinct qu’elle n’arrive pas encore à étouffer. Le sol givre déjà sous ses pas, couvrant l’herbe quand elle s’apprête à s’agenouiller près de la petite, ce qu’elle n’a pas le temps de faire : HPU en approche. Deux. Gérable, n’est-ce pas ? Sans doute un absurde contrôle de routine qui a effrayé une mutante certainement pas recensée. Elle a quoi, douze ans ? Snow ne peut décemment pas passer pour une homo sapiens, elle le sait, elle ne prend plus de précautions pour cacher sa nature.
La gosse terrifiée a pris ses jambes à son cou.. et la fléchette est partie, se fichant dans l’épiderme tendre mais passant au travers de Prudence. « Quoi ? On ne prend même plus le temps des avertissements ? C’est nouveau ? » Haussement de sourcil d’une provocation évidente tandis que le verglas s’étend sous leurs pieds. « C’est quoi votre problème, vous vous faites battre par des enfants ? » « La ferme.. ! » Ou pas. Ca glisse, hein ? Bien sûr que ça glisse, les quatre fers en l’air et l’art de ne pas lui laisser l’occasion de poursuivre. Elle a laissé le premier se faire transpercer par la glace, excroissance sanguinolente perçant l’abdomen, étendant le froid sur l’enveloppe charnelle. Le second l’occupe déjà bien plus, il est parvenu à se relever même si son arme à glissé plus loin. Il va appeler des renforts si elle ne fait pas vite, elle le sait, pourtant ça semble l’amuser, la faire rire. On ne bouge plus, sérieusement ? Gorilles analphabètes.
La silhouette devenue aqueuse s’approche et ne retrouve sa consistance qu’à proximité, au moment où elle attrape les lèvres des siennes et gèle le pauvre homme de l’intérieur. « C’est dommage, t’étais mignon. » Le premier agent bouge encore, tente de tendre le bras vers une arme qu’elle vient pousser d’un coup de pied, posant l’index sur la joue masculine pour lui offrir le même sort qu’à son collègue.
Enfin tranquille, elle peut se reconcentrer sur la fillette terrifiée qui paraît tenter d’activer… quelque chose. Une mutation, a priori. « Hey. Respire, calme toi. Ca va revenir, dans dix minutes d’accord ? » Pas de réponse. Ils étaient tous muets ou quoi ? Ce n’est qu’en levant les yeux qu’elle a remarqué un visage familier. Très familier. « Hyperion ? Tu devrais partir avant que des renforts moins stupides ne débarquent. » Ils avaient vu ce dont est capable homo sapiens quand on lui résiste, ils étaient tous les deux à la X-Mansion et Snow ne peut pas savoir que le jeune homme est au dessus de ce type de problèmes, lui dont le potentiel est bien loin d’être réduit à néant par de l’Eraser - encore faudrait-il déjà l’atteindre.
« The planet is fine. The people are fucked. » ― George Carlin.
L
a respiration étouffée et le silence simplement saccadé par les bruits de quelques sanglots d’effroi et de stupeur, la petite fille se tenait recroquevillée contre elle-même, se cachant le visage des deux mains alors que gisait au sol le corps d’un autre homme, la poigne toujours bien solidement agrippée à son arme. Un trou large comme deux poings lui traversait le dos, une très fine fumée s’en détachant avec une morbide et étrange grâce tandis que le meurtrier de ce-dernier s’approchait d’un pas lent et calme, presque apathique et blasé. Ne se priant pas d’offrir le moindre respect au cadavre, son pied gauche s’appuyant solidement sur le bas du dos de ce cadavre, et s’approchant un peu plus jusqu’à pouvoir s’agenouiller en face d’elle, une main tendue avec douceur et réconfort, une fine lueur d’or brisant l’intense pâleur de celle-ci. « Ça va aller... Il pourra plus te faire de mal. » avait-il marmonné doucement, attendant simplement qu’elle décide de le regarder. Elle ne répondit pas, mais fut finalement suffisamment courageuse pour détacher l’une de ses mains de son visage après quelques longues secondes silencieuses, durant lesquelles Hyperion était resté silencieux, ne perdant rien de cette attitude calme qu’il savait qu’il était nécessaire qu’il garde. Les yeux rougis par ses sanglots, elle frissonna en découvrant l’or qui brillait dans le bleu et le vert de ses pupilles mais commença à retrouver son calme, malgré tout, en comprenant qu’il était comme elle. L’autre main se détacha de son visage et elle la glissa dans celle d’Hyperion, encore chaude et lumineuse. « On va te sortir de là, d’accord ? T’emmener quelque part où tu seras en sécurité, loin de ces animaux. » rajoutait-il en la prenant dans ses bras et en la soulevant contre lui. Enjambant le cadavre immobile et mutilé sans se retourner ou y offrir la moindre attention, ni même le moindre respect, encore une fois. « Tout va bien se passer. » disait-il, toujours sur ce même ton qui se voulait plein d’espoir et rassurant pour la jeune mutante. Poussant la porte à moitié détachée de ses gonds du bout des doigts, ils quittèrent la pièce étroite, et traversèrent un long couloir avant de rejoindre un salon vide de monde, mais ravagé par l’arrivée soudaine de l’HPU, puis la sienne, et du bref affrontement qui s’en était suivi. Ils dévalèrent les marches lentement, encerclé par la confiance et l’assurance qui semblait émaner d’Hyperion et sortirent finalement par l’arrière de l’immeuble.
Presque immédiatement, après avoir fait de son mieux pour la rassurer une énième fois, Axel se souleva lentement dans les airs, malgré le risque d’être encore aperçu par quelques vagabonds ; sans s’en soucier de toute façon, et traversa l’air pendant quelques moments, simplement pour pouvoir sortir du cul-de-sac dans lequel ils avaient atterris, reposant rapidement les pieds au sol, et laissant comprendre à la petite fille qu’elle pouvait rouvrir les yeux, Axel repris la marche, cette fois-ci un peu plus rapidement, et avec beaucoup plus de vigilance. Quatre autres, Hyperion. souffla une voix rauque dans le creux de ses oreilles, tant qu’il sursauta presque et se retourna avec la mine grave, sourcils froncés et yeux s’illuminant de nouveau en apercevant deux silhouettes. Il s’abaissa pour pouvoir la poser au sol et lui dit, « Tu vois le parc là-bas ? Cours-y, et cache-toi. Attends-moi là-bas, d’accord ? » elle hocha la tête et s’empressa de filer à toute vitesse immédiatement, tandis qu’il se redressait et approchait, les bras le long du corps, les veines de ses poings rapidement envahies par la même lueur que dans ses yeux. Rapidement mis en joug par les agents de l’HPU et leurs Eraser, Axel continua d’avancer malgré tout, sourcils froncés et poings serrés. On lui hurla à pleins poumons, « On bouge plus le mutos ! » mais ça ne le fit certainement pas s’arrêter, il commença à lever une main en face de lui, et fut rapidement traversé par une aiguille en plein cou. La douleur le fit serrer les dents, et l’écoulement du sérum dans son système lui fit légèrement tourner la tête pendant quelques secondes, qui parurent durer un peu plus longtemps, si bien qu’il s’écroula au sol sur les genoux. Les lueurs qui traversaient son corps s’estompaient et oscillaient dangereusement, jusqu’à s’éteindre complètement. Et à toute vitesse les deux agents se ruèrent vers lui, prêt à le neutraliser complètement. Mais furent interrompus dans leur course par le retour de cet or à travers Hyperion, et tous les deux projetés en arrière par des salves d’énergie qui ne les tuèrent pas. « Putain. grogna-t-il en arrachant l’aiguille de son cou, la plaie se refermant presque immédiatement. C’est quoi cette saloperie ? avait-il demandé en s’approchant, une sphère lumineuse naissant dans sa paume, —La putain de solution contre votre espè… »
Les derniers mots de l’homme de l’HPU furent interrompus par un vrombissement sonore et le bruit de son crâne qui fondait contre le bitume. Se tournant pour aller réserver le même sort à l’autre agent, Axel lui adressa un regard vide de pitié et de compassion alors qu’il reculait avec difficulté, toujours étalé par terre, et l’implorait de le laisser tranquille ; répétant qu’il démissionnerait, qu’il n’était pas comme l’autre et qu’il avait des enfants qu’il voulait simplement protéger. Mais rien n’y fit et son corps fut, lui aussi, traversé par un arc de lumière. Deux de ces rats de neutralisés, mais il en manquait encore une paire, Axel fronça les sourcils en se retournant quand il entendit du vacarme bruyant derrière lui, et se mit à courir dans la direction du même parc où il avait envoyé la petite fille se cacher. Quand il était enfin arrivé, il avait simplement eut le temps de voir qu’ils avaient déjà été neutralisés à leur tour, par quelqu’un d’autre, un froid qu’il connaissait et reconnaissait presque tant il était mordant et violent, « Snow ? » avait-il laissé échapper faiblement, autant intrigué que curieux de la voir après qu’elle ait disparue pendant si longtemps après l’attaque sur le manoir. Il fallait avouer qu’il avait commencé à s’inquiéter pour elle, se demandant même si elle n’était pas morte, après tout le temps qui s’était écoulé depuis sa disparition, et la voir en vie et vraisemblablement en pleine possession de ses moyens. « Ils sont sûrement déjà là. Faut mettre la p’tite en sécurité. » avait-il ensuite simplement élaboré, son regard se détachant d’elle pour regarder la plus jeune.
« The planet is fine. The people are fucked. » ― George Carlin.
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Snow ? » Il a l’air surpris. Intrigué et curieux, comme si il y’avait quelque chose de surréaliste à ce qu’elle se trouve là, entière. Un peu différente mais totalement capable de bouger, parler, utiliser sa mutation. « Ne fais pas cette tête, depuis le temps la Confrérie devrait savoir que je ne suis pas si facile à tuer. » La Confrérie, oui mais pas forcément Axel. Il n’avait vu que la cryokinésiste de la X-Mansion, celle qui n’avait comme atout que ce froid mordant, parfois impitoyable. Le reste était venu plus tard. Elle n’avait développé la liquéfaction que peu de temps avant que le jeune homme rejoigne le ‘camp adverse’ et sa régénération ne s’était manifestée qu’ensuite. Il n’était pas devin, après tout. « Ils sont sûrement déjà là. Faut mettre la p’tite en sécurité. » Elle a peur la petite, ça se voit, ça se lit dans son regard qui ne semble pas parvenir à décider à qui il faut faire confiance. Prudence tente de réfléchir à une solution mais elle n’est pas sûre de pouvoir détourner son attention, le parc n’avait rien de particulièrement utile et l’obscurité rendait l’idée de l’éloigner plus dangereuse que sécurisante. « On doit protéger notre espèce... D'eux. » Les yeux trop bleus passent de la petite à Axel. Notre espèce. C’était un discours qu’elle avait eu, à une époque, un discours qu’elle avait écarté à la X-Mansion, tentant de se convaincre qu’une cohabitation était belle et bien possible. La vérité ? Elle n’y croyait plus. A quoi bon ? Son monde partait en fumée, ce qu’elle croyait n'était finalement pas la totale réalité, elle voyait des choses qu’elle n’était pas censée voir. Une main passe dans les cheveux qui apparaissent désormais blancs, entre la pénombre et les lumières artificielles, les rejetant en arrière. Bien. Elle se tourne vers la gamine. « Comment tu t’appelles ? » Elle hésite, visiblement, un peu apeurée. « Shana.. » Un sourire rassurant glisse sur les lèvres de la jeune femme qui évite le contact avec ladite Shana, incapable de prédire si elle supporterait sa température actuelle, bien plus basse qu’elle ne l’était lorsqu’elle vivait entourée d’un univers chauffé. « Dis-moi, qu’est-ce que tu sais faire, mh ? » Ca paraît la gêner d’en parler. D’où sort-elle ? D’où sort-elle pour craindre à ce point de dévoiler ses facultés ? « Les cauchemars.. je peux faire vivre les cauchemars.. » Ironie du sort, quand tu nous tiens. Elle sent donc la peur. Snow en vient à supposer qu’elle doit être en proie à l’ambiance qui règne à New York, avalant la crainte à chaque coin de rue. Douze ans, c’est trop jeune, trop jeune pour tout comprendre, pour maîtriser aussi. « On va te protéger. Tu n’as rien à craindre de nous. » Elle hoche la tête, la petite, tandis que Snow se redresse pour faire face à Axel.
« Fuir ne nous aidera pas. Pas sans destination sûre et je ne peux pas la cacher : elle ne survivrait pas à la température. » A la sienne peut-être mais pas à celle de Jack, et qu’en feraient-ils ensuite ? Ca n’était pas la guerre du Gardien, il n'avait rien d'un orphelinat, ça n'était pas son rôle. « Mais je peux.. » Elle ne terminera jamais sa phrase, le sang venant perler au niveau du ventre. Elle n’a pas entendu la balle, elle n’a pas perçu la présence et sa mutation n’a pas eu le temps de s’activer, de lui éviter le projectile. La respiration s’est coupée, les yeux se sont ouverts en grand, de surprise, de douleur aussi alors que la main se portait à la blessure. Le parc n’était pas vide, il n’y’avait pas que la haine de l’HPU dont il était nécessaire de se méfier dans ce pays.. et Snow est décontenancée, momentanément, peu habituée à ce que la génétique ne réponde pas comme un réflexe. Aucun projectile n’était encore parvenu à l’atteindre, pas de cette nature en tout cas, pas si simplement.
La peau s’efface, remplacée par l’eau, par la forme aqueuse qui relâche la balle au sol. Elle paraît clignoter mais la seconde balle qui file lui passe littéralement au travers, droit sur Hyperion. Elle est momentanément impuissante. L’eau tente de régénérer la blessure mais sans source liquide extérieure suffisamment froide, c’est sa propre énergie qui agit, qui répare et c’est plus lent. L’air se rafraîchit brutalement, chaque respiration autour d’elle générant une buée caractéristique et le givre sur le sol s’épaissit, se fait glissant. Ca parle mais Prudence n’entend rien, elle ne réagit pas avant d’avoir retrouvé sa forme originelle, furieuse. Elle se moque de qui ça peut être, elle se moque que ce soit le gouvernement, des gorilles décérébrés ou des ados apeurés : ça a une arme et ça ose s’en servir sans une once de réflexion. Êtres primaires. Oh bien sûr, elle ne mettait pas toute l’humanité dans le même panier mais ces spécimens-ci entrent déjà dans le palmarès de la connerie. Lorsqu’enfin elle se retourne, c’est pour générer une lame glacée dont le tranchant se plante directement dans l’abdomen du premier homme qu’elle voit, qu’elle projette contre un arbre, l’y encrant fermement. « Tu veux protéger notre espèce ? A toi l’honneur, Hyperion. » La glace mord déjà la peau masculine au niveau ds cheville, lentement, arrachant des plaintes douloureuses. « Peut-être que ses amis veulent se joindre à la fête ? L’HPU manquait justement de supporters. »
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L
es yeux détaillant la très jeune fille qu’il n’avait pas eu le temps de véritablement regarder plus tôt, tant les choses s’étaient déroulées à toute vitesse, Axel resta silencieux un moment, avant de continuer sa tirade, son regard se détachant de nouveau d’elle pour se poser de nouveau sur Snow ; après avoir observé la terreur et la confusion qui se lisaient si facilement sur le visage beaucoup plus jeune de leur jeune congénère. Axel n’était pas à l’aise avec les enfants, alors il ne se serait certainement pas dépêché de faire de son mieux pour la rassurer s’il avait dû s’y résoudre, ou si Snow n’avait pas été là pour le faire elle-même. Les regardant toutes les deux en silence, réalisant seulement maintenant qu’il n’avait même pas pensé à demander son prénom à la fillette, trop pressé par la nécessité d’agir et oubliant les choses qui, bien qu’évidentes et nécessaires pour gagner sa confiance, n’avaient pas leur place au moment présent. Axel avait perdu l’habitude d’être entouré, et avec de nombreuses autres choses évidentes et ordinaires. Il ne les jugeait pas nécessaires, même s’il savait qu’elles l’étaient, et préférait se complaire dans cette distance et cette froideur qu’il installait maintenant presque naturellement. N’ayant plus que quelques rares moments d’ouverture. Tournant la tête un moment pour regarder derrière eux, pour garder un œil sur leur sécurité et essayer de voir s’il y avait d’autres agents de l’HPU dans les environs, Axel continua tout de même d’écouter les deux mutantes converser et haussa un sourcil en entendant Shana expliquer ses dons. Se retournant presque immédiatement pour regarder la petite. Hochant la tête aux mots de Snow, sincère dans son geste autant qu’elle l’était ; prêt à plus de chose qu’il était même capable d’imaginer pour protéger Shana et les autres mutants. S’étant imposé cette responsabilité et cette tâche depuis quelques temps maintenant. Sachant pertinemment dans quelle sorte de route il se dirigeait, mais ne pouvant pas rester inactif tandis que son propre peuple se retrouvait de nouveau stigmatisé et antagonisé si facilement, l’histoire se répétait toujours. C’était devenu une certitude. Reposant son regard sur la petite Shana pendant quelques instants, Axel s’étonna à ne même pas s’interroger sur la nature des pouvoirs de celle-ci, ou en quoi consistait exactement ce qu’elle décrivait comme « …faire vivre les cauchemars. » même s’il se doutait qu’un pouvoir de la sorte devait être potentiellement terrible à porter, en particulier si elle était empathique par la même occasion plutôt que simplement capable de les faire se matérialiser. Et là encore, de toute façon, elle devait avoir vu des choses terrifiantes.
S’écartant à nouveau de Shana, le regard bleu et vert d’Axel refit face à Snow encore une fois et il hocha la tête alors qu’elle parlait. « La fuite n’est plus une option valable depuis longtemps. avait-il répondu rapidement, les sourcils se fronçant légèrement à cette simple notion, l’abandon était quelque chose qu’il avait pourtant longtemps côtoyé, mais depuis que l’Artéfact était réapparu à ses côtés, Axel savait qu’il avait énormément changé et qu’une certaine témérité arrogante s’était glissée dans son cœur et ses ambitions. Et arraché à son silence, par un sursaut et le bruit lourd et sourd d’un coup de feu, il se passa plusieurs secondes, qui eurent l’air d’une éternité avant qu’il ne réalise finalement ce qu’il se passait, son regard immobile et abandonné dans le vide qu’était la grandissante tâche de sang. Un autre sursaut vint traverser Axel lorsqu’elle commença à se liquéfier sous la douleur, la surprise et tant d’émotions qu’il partageait à cet instant précis, et c’était presque agité par un réflexe qu’il avait été sur le point de bondir en avant pour attraper Shana par le bras et la pousser en arrière, derrière lui, pour la protéger d’éventuels autres projectiles, ses yeux toujours fixés et plantés sur la forme aqueuse et transparente de Snow ; mais il n’eut pas le temps du moindre geste qu’une autre détonation traversa l’air et qu’il sentit à toute vitesse l’éclat cinglant et brûlant d’une autre balle lui traversant la peau et les muscles. La douleur sifflante lui arracha un souffle coupé qui le fit vaciller en avant, mais il ne s’écroula pas, maintenu par suffisamment de force et de haine pour tenir debout tandis qu’une main droite, tremblante et fébrile, vint rapidement s’appuyer sur la blessure ensanglantée qui était apparue dans son abdomen. Son sang coulait abondamment, plus encore que c’était normal pour une blessure de la sorte. Pris de panique, Axel sentait sa respiration être bruyante, haletante, saccadée ; il sentait un frisson le traverser et sa vision se troubler, mais encore soutenu par sa propre rage, bouillante et brûlante comme les crachats d’un volcan, il était incapable de s’écrouler ou de véritablement se laisser aller à la douleur lancinante et horrible qui le traversait tout entier. Serrant la mâchoire de toutes ses forces, essayant de forcer ses pouvoirs à se manifester à travers lui et laissant les dorures du Pouvoir l’envahir, il parvint finalement, une fois sa respiration de nouveau sous contrôle, et les faire réapparaître à travers son être. Ses veines, ses yeux, et ce sang qui dégoulinait de la blessure se teintèrent d’or et de lumière rapidement. Dans un grognement accompagné d’un gémissement douloureux, le souffle volontairement coupé il laissa échapper un bruit plus lourd une fois qu’un bruit métallique s’étouffa dans l’herbe à ses pieds, la balle était ressortie de lui.
Ses yeux brûlants de lumière, presque enflammés, bien plus qu’habituellement, Axel respirait bruyamment, l’air presque essoufflé par tant d’efforts et les poings serrés, la main droite tâchée de sang qui avait prématurément séché, comme forcé par la chaleur dégagée par les pouvoirs d’Axel. De courtes et brèves secondes écoulées, pas plus d’une vingtaine, peut-être, sans doute moins. La douleur rendant le temps fluctuant, Axel n’était pas certain de la lenteur ou de la rapidité des gestes qu’il venait d’effectuer pour se libérer de cette horrible souffrance, qui même une fois évanouie dans l’air lui arrachait encore des frissons et des sensations désagréables à travers le corps, l’or de ses entrailles pas encore décidé à disparaître à son tour. Se redressant en gardant, malgré tout et par un genre de réflexe, une main appuyée contre l’endroit anciennement blessé, il retrouva lentement un souffle plus calme et régulier, pas nécessairement serein, puisque le ou les tireurs étaient toujours dans les environs, avec sans doute d’autres balles prêtes à mordre et brûler ses chairs, celles de Snow et de Shana. Réalisant qu’il s’était remis plus rapidement que Snow, Axel fronça un peu plus, encore une fois, les sourcils. Attrapant Shana par le bras pour la déplacer derrière lui, qu’elle puisse au moins être en sécurité d’une façon ou d’une autre, tant pis s’il servait de bouclier vivant. Et puis, vint le froid mordant de la cryokinésiste qui luttait encore contre la douleur, forçant Axel à se recroqueviller légèrement sur lui-même, pour ne pas être trop importuné par l’air glacé qui l’attaquait presque, lui arrachant même quelques grelottements soudains. Un bref, mais efficace mouvement de recul le traversa lorsque Snow se retourna, une lame de givre qu’elle venait de créer traversant la fragile silhouette d’un sapiens ; Axel ne l’avait jamais vu agir de la sorte, et encore moins l’étendue des pouvoirs de celle-ci, et il était partagé entre de l’admiration et une sorte de crainte quand bien même il était rassuré qu’elle soit de son côté. Observant la victime écrasée contre un arbre, un léger sourire se distinguant sur ses lèvres, Axel tourna la tête vers Snow, qui parlait, et hocha simplement la tête ; son sourire fier et arrogant de nouveau sur les lèvres. Tendant une main devant lui, et laissant s’en échapper un rayon lumineux qui s’écrasa avec violence contre le genou d’un autre, avec tant de force qu’il le brisa et força le sapiens à s’agenouiller de douleur ; sa jambe pliée dans une direction qui était tout sauf naturelle. « À croire que c'est ce qu'ils veulent... » disait-il, regardant l'humain se tordre de douleur.
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lle n’a pas supporté. Elle n’a pas supporté de voir le sang s’écouler trop abondamment de l’enveloppe charnelle d’Axel. Elle n’a pas eu le temps de comprendre ni comment ni pourquoi, elle n’a d’abord pas assimilé cette faculté régénératrice dont il semblait être pourvu ni cet instinct le poussant à protéger Shana. Elle n’a retenu qu’une chose : quelqu’un l’avait blessé. Encore une fois, un projectile lui était passé au travers, menaçant une personne proche qui n’avait rien demandé. Colère mordante qui gronde. La lame de givre est aussi précise que le rayon lumineux généré par le jeune homme. Sapiens à terre, jambe positionnée dans un angle anormal. La victime se tord de douleur. « À croire que c'est ce qu'ils veulent... » Fierté et arrogance sur les traits d’Axel, distance et froideur sur ceux de la mutante qui tente de museler le froid. Elle l’a senti, le grelottement, elle l’a perçue la petite qui tremblait. Elle était inconfortable, dans cet état, si près d’eux. Il fallait être fou, quoiqu’il en soit, pour apprécier la morsure subite d’un hiver imprévisible. Deux autres balles tirées et stoppées par un bouclier d’une glace parfaitement translucide mais solide, aussi rapidement apparu qu’envolé, comme un mirage. On l’avait sue instable, Prudence, à la X-Mansion. Mutation capricieuse source de diverses chutes, verglas intempestifs. Paradoxe alors qu’elle devienne subitement si précise dans une situation de stress. « Assez. » Un simple geste de la main qui fait déferler la glace, vague au sol qui emprisonne les corps, ceux qui sont déjà neutralisés comme deux restant encore debout. Ils ont peut-être tenté de s’échapper, de courir, elle s’en fiche. Elle n’a pas de temps à perdre, aucune envie de lutter des heures pour un résultat qui serait identique, quelque soit son choix : l’attaque obligeait à riposter, mieux valait en finir. En finir avant que l’Eraser ne se mette à pleuvoir.
Et elle s’efface, soudainement. Ne reste qu’Axel et Shana dans l’obscurité, au milieu de ce qui aurait des airs de musée des horreurs, de maison hantée de fête foraine. A quand les clown effrayants ? A moins qu’ils ne soient l’objet de la crainte. Il a l’air plus assuré, l’adolescent debout, celui qui s’était dissimulé derrière l’arbre et qui n’en sort que maintenant, comme si faire face à un mutant le rassurait plus que face à deux, comme si il supposait que défendre la gamine empêcherait Axel de riposter. Il doit être à peine majeur, ce gosse et derrière lui se reforme la silhouette aqueuse, derrière lui réapparaît la blonde au sourire malicieux. « Imprudent. » Il a sursauté, surpris, sans doute persuadé qu’elle avait décampé. C’est le souffle froid dans sa nuque qui lui a arraché la réaction un brin disproportionnée. « Rentre chez toi. Rentre chez toi, verrouille la porte et la prochaine fois qu’il te prend l’envie d’agir sans réfléchir, souviens-toi qu’on ne fait que se défendre. » Elle l’a vu reculer quand elle l’a poussé, geste sec pour l’inciter à détaler, sans le blesser. « Tu ne nous blesses pas, on ne te tue pas, c’est aussi simple que ça. Les mutants ne sont pas à l'origine des conflits. Vous êtes les seuls responsables de ce qu’il vous arrive. » Il a voulu protester mais il a surtout claqué des dents. Trop proche, elle est trop proche. Et quelque part, elle n’a pas envie d’arracher la vie à un adolescent stupide. L’arme pointée vers elle, c’est du bout de l’index qu’elle a grippé le mécanisme, faisant détaler la proie tel un lapin.
Là elle s’est enfin tournée vers Axel. Le sang. Elle s’est approchée, rapidement, glissant les doigts sur le haut qu’elle soulève, sans lui demander son avis, pour vérifier qu’il n’a rien. La fraîcheur de sa peau sur ce qui aurait dû être une plaie profonde. Rien. Snow en est soulagée, en un sens. Elle rompt le contact, relâche le vêtement, réalisant qu’à vouloir apaiser le souvenir de la blessure, elle risquait aussi de le brûler. Hyperion n’était pas un mutant de bas étage, elle le savait mais elle ignorait absolument tout de ses réelles facultés, en dehors de l’implosion intempestive qui avait redécoré le hall de l’école. « On doit filer. » Les yeux trop bleus croisent ceux d’Axel avant qu’elle ne se tourne, qu’elle n’efface la glace répandue sur les cadavres, sur le sol, autour d’eux. Fines particules paradoxalement féériques qui s’élèvent et s’évaporent, attirant l’attention de Shana. De l’horreur à la beauté, n’est-ce pas ? « Mieux vaut qu’on ne nous suive pas à la trace. Ca va aller ? » Un sourire presque tendre. Elle est heureuse de le savoir vivant, elle ne s’en rend compte qu’à cet instant, l’inquiétude envolée. La gamine a froid, en revanche, et contre cela elle ne peut pas grand chose, Prudence. Il va lui falloir un peu de temps pour retrouver une température moins agressive. « Je suis désolée pour le froid, princesse. Ca va passer en marchant. Tu restes bien près d’Hyperion, ça devrait te réchauffer. » Elle s’est mise à sa hauteur, un instant, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, croisant les yeux rougis par les larmes.
Un dernier regard en arrière pour vérifier que les renforts ne leur courraient pas encore derrière et elle entreprend d’avancer. « La Confrérie est bien trop loin, elle a besoin de se reposer. Et toi aussi d’ailleurs. » Elle connait l’emplacement, oui, ça lui paraît d’une telle évidence.. à Axel peut-être pas. Quelques rues rapidement traversées, comme si elle savait où elle allait. Elle n’est pas totalement perdue, elle a erré quelques nuits ainsi, quelques journées aussi, dans les rares instants où elle ne cherchait pas à simplement s’isoler du monde chez Jack. Un vieux bâtiment délabré, en bout de course, quand elle cesse enfin d’accélérer le pas. Le cadenas de fortune est brisé grâce à la glace et elle referme derrière eux, sans plus de cérémonie. Décor sommaire, abandon certain. « On devrait être tranquilles pour un moment. » Et Shana ne devrait plus flairer la peur tout autour, du moins Snow l’espérait-elle. « Qu’est-ce que tu faisais dans le coin ? Tu as des problèmes ? » Le ton est doux, loin de le sermonner ou de lui faire un reproche. Elle a cette drôle de façon de lui parler, comme s’il était de sa famille, un petit frère, quelque chose du genre, un peu indiscipliné mais dont on veut prendre soin quand même.
« The planet is fine. The people are fucked. » ― George Carlin.
L
a douleur cinglante et déchirante le traversait encore par des sortes de vibrations qui envahissaient son esprit et ses sensations, comme s’il pouvait encore sentir la balle lui percer et lui déchirer la chair, mais il savait qu’elle n’était plus là. Il savait qu’il était libéré de cette blessure horrible. Et malgré ces insupportables picotements qui lui arrachaient de discrètes grimaces Axel restait droit dans sa fierté et son arrogance après avoir projeté une salve de lumière qui força l’humain à s’écraser au sol dans une position anormale et le faire hurler de douleur. Le froid toujours mordant, quand bien même l’air autour d’eux semblait s’adoucir et se débarrasser légèrement de cette morsure glacée, Axel avait baissé les yeux de l’humain et de Snow pour regarder Shana qui avait un pas en avant derrière lui, plus proche et moins à l’écart. Instinctivement, il avait guidé une main autour des épaules de celle-ci et s’assurait qu’elle était en sécurité contre lui, une chaleur douce et presque invisible, mais envahissante, se dégageant de sa paume appuyée contre l’épaule gauche de Shana. Le geste était inconscient, mécanique, et loin d’être pensé. Axel n’était plus quelqu’un d’extraordinairement tactile avec les autres, mais la détresse de Shana avait semble-t-il forcé son corps et son esprit, sans doute, à réaliser qu’elle avait véritablement besoin d’aide et que c’était plus que nécessaire qu’il fasse quelque chose. Dans la limite de ses capacités. Alors, une paume chargée d’énergie prête à être envoyée suffirait comme source de chaleur dans ce froid terrible que Snow créait autour d’elle. Il se doutait bien qu’elle n’y était pas vraiment pour quelque chose, et ne pouvait certainement pas lui en vouloir, mais la façon dont Snow contrôlait ses pouvoirs avec tant de détermination avait quelque chose d’inquiétant, voire quelque chose qu’Axel trouvait anormal. Sans trop savoir pourquoi. Ou peut-être était-ce simplement qu’il était surpris et s’inquiétait de ce dont elle pourrait être capable si jamais elle décidait de se liguer contre les aspirations naissantes qui avaient commencées à envahir son esprit depuis bien avant l’attaque et la destruction du manoir.
Et tout à coup, voilà qu’elle venait de disparaître. Fronçant les sourcils et regardant autour de lui, Axel garda Shana près de lui, s’assurant qu’elle allait bien et qu’elle ne bougerait pas, parce que c’était bien la seule chose qu’elle ne devrait pas faire pour le moment. Et puis, distinguant une silhouette qui sortait d’une cachette en face d’eux, Axel plissa les paupières et le regarda en silence, sans rien faire pendant un court instant ; rapidement interrompu avant d’avoir le temps de faire quoi que ce soit que la silhouette d’eau de Snow s’élevait derrière lui et reprenait la forme véritable de la mutante. « Ça va aller. » marmonna Axel, en détachant son regard du gamin pour poser ses pupilles encore brillantes d’or sur Shana. Le silence autour d’eux donnait l’impression que la voix de Snow faisait écho autour d’eux, alors qu’elle insistait pour que le sapiens fiche le camp, elle voulait lui laisser la vie sauve, à condition qu’il les laisse tranquille. Et à cet instant précis, Axel savait qu’ils étaient différents, lui et elle. Il ne l’aurait jamais laissé partir, ni ne lui aurait laissé le choix. Prenant une grande inspiration, comme pour se calmer et se concentrer sur autre chose que la silhouette de l’humain qui s’estompait à l’horizon, Axel voulait le tuer. Il l’aurait même déjà fait s’il n’y avait pas eu la petite et Snow. Mais ses envies barbares furent rapidement effacées lorsque Snow revenait auprès d’eux, son froid la suivant avec rapidité et lui arrachant un désagréable frisson, encore plus lorsqu’elle se rapprocha et que ses doigts gelés lui touchèrent la peau. Intacte, neuve et parfaite, sans la trace d’aucune blessure malgré ce qui s’était passé quelques instants plus tôt.
« On doit filer. » avait-elle ajoutée, leurs yeux lumineux se croisant l’espace d’un moment, elle qui se retournait déjà pour faire disparaître d’un simple geste les traces de son passage, quelque chose qu’Axel, lui, ne pouvait pas faire avec ses pouvoirs. Il y avait une certaine grâce enchanteresse et entraînante dans les virevoltantes particules qui s’élevaient dans l’air par son simple bon-vouloir. Autant qu’un parallèle à la fois inquiétant autant qu’intrigant lorsqu’on en comparait la brutalité de ce qu’elle en avait fait pour tuer ces humains sans la moindre hésitation. Froide et solide comme la glace qu’elle créait. « Mieux vaut qu’on ne nous suive pas à la trace. Ca va aller ? » demandait-elle ensuite, Axel ne lui adressant qu’un hochement de tête en réponse, pour minimiser le temps qu’ils perdaient à rester au même endroit en sachant pertinemment que d’autres Watchers pouvaient leur tomber dessus à tout moment. Baissant les yeux pour regarder Snow parler à Shana, Axel restait silencieux, sans trop savoir quoi dire ou faire, sa paume encore chargée de lumière contre l’épaule de la jeune mutante, suffisante pour au moins l’empêcher de grelotter trop fort, même si c’était toujours le cas avec la proximité installée par la responsable de celui-ci. « Je suis désolée pour le froid, princesse. Ca va passer en marchant. Tu restes bien près d’Hyperion, ça devrait te réchauffer. » Shana hocha simplement la tête, trop intimidée pour dire quoi que ce soit et leva son regard vers Axel qui, aussi étonnant et peu commun que ça pouvait être avec lui, lui adressa un sourire réconfortant, laissant la chaleur de l’énergie de ses pouvoirs s’intensifier suffisamment pour qu’elle se sente un peu plus à l’aise. « Je vais bien. C’est surtout d’elle qu’il faut se soucier. » répondait rapidement Axel après qu’elle lui ait dit qu’il avait, aussi, besoin de se reposer après tout ce qui venait de se passer.
Immédiatement et sans discuter, ils se mirent à la suivre en hâte et aussi vite qu’ils le pouvaient, car dans sa détermination et son habitude de suivre le chemin sur lequel elle les guidait, Snow était en avance de quelques pas sur eux, d’autant que la petite fille n’avait pas autant d’endurance et de résistance qu’eux deux, des adultes. Mais malgré tout, ils ne la perdirent pas de vue, et arrivèrent avec elle dans ce bâtiment abandonné dans lequel ils seraient temporairement à l’abri. Reprenant son souffle et s’adossant contre un mur pour se reposer légèrement Axel baissa les yeux pour regarder l’endroit de son bas-ventre où la balle l’avait traversé, l’impression qu’elle était toujours présente ne le quittant pas, il redressa la tête quand Snow lui adressa la parole et haussa les épaules. « C’est le jour où j’irai bien qu’il faudra s’inquiéter, Snow. » avait-il rétorqué, en croisant les bras contre son torse, et en détournant le regard d’elle, parce qu’il savait très bien qu’on aurait vu à travers celui-ci que quelque chose n’allait pas, quelque chose de beaucoup plus grave que les problèmes qu’il traînait avec lui depuis si longtemps. Quelque chose qui le rongeait et lui dévorait les tripes. Ses pupilles finirent finalement par perdre ces dorures lumineuses et il laissa échapper un long soupir, et laissa son regard tomber au sol. Il appréciait qu’elle soit inquiète et soucieuse à son sujet, mais son caractère était dur à briser, autant que ses manies et ses mécanismes d'auto-défense. S’exprimer n’avait jamais été quelque chose qui correspondait le mieux à Axel ; il avait toujours été habitué à s'enfermer sur lui-même et à garder secrètes ses préoccupations, il faudrait plus que de la sympathie à son égard pour le laisser s’ouvrir à quelqu'un d'autre une nouvelle fois. « Tu voulais que je m’occupe des sapiens, non ? Eh bien c’est ce que je fais. » avait-il ensuite marmonné, en redressant la tête pour poser à nouveau son regard intense de bleu et de vert. Il n'y avait pas d'animosité contre elle dans la façon dont il s'était exprimé, ni dans la façon qu'il avait de la regarder. Il était serein, calme et reposé. Peut-être même un peu trop convaincu par cette idée de « s'occuper » des non-mutants.
« The planet is fine. The people are fucked. » ― George Carlin.
L
’endroit n’est pas vraiment idéal mais ils sont en sécurité, pour un moment en tous cas. Sombre et poussiéreux, pas ce qu’elle aurait choisi si les temps n’étaient pas à la discrimination mais comment passeraient-ils pour normaux, avec leur allure ? Lui, si pressé, imbibé d’une colère qu’il peinerait à dissimuler et elle.. elle avec ses yeux anormalement bleus et ses cheveux presque blancs. Peine perdue. Il semble observer ce qui aurait dû être une plaie, visiblement perplexe, peu à l’aise avec une telle expérience. « C’est le jour où j’irai bien qu’il faudra s’inquiéter, Snow. » Il croise les bras, détourne le regard. Il évite soigneusement de la laisser lire dans ses prunelles mais elle n’en a pas besoin, parce qu’elle n’a pas oublié ses mots, sa colère, toute cette rancoeur qu’il avait l’air d’éprouver dans le hall de l’Institut. Sensible, certainement, peut-être plus que la moyenne. Quelque chose était cassé, chez lui, sans qu’elle ne parvienne à déterminer quoi. La pièce n’est ni très propre ni très encourageante, rien de mieux qu’une sorte de squat abandonné, avec ce qui avait des airs de canapé bien abîmé dans l’angle. Elle décide de ne pas s’y risquer, formant une chaise avec la glace afin de s’asseoir face à Axel. Shana s’est installée sur le sol, naturellement, réchauffée préalablement par la mutation du jeune homme et si elle ne dit rien, elle observe attentivement les deux autres. « Tu voulais que je m’occupe des sapiens, non ? Eh bien c’est ce que je fais. » Il n’y’avait plus d’or, seulement les billes hétérochromes. Et elle, elle fronce les sourcils, surprise. Ce qu’elle voulait ? Mais ce qu’elle voulait n’avait aucune espèce d’importance, du moins c’était son point de vue. Elle n’avait pas imaginé une seule seconde qu’Axel ait pu écouter ce qu’elle avait à dire au milieu du chaos, à leur dernière rencontre.
« J’ai dis ça, en effet. » affirme-t-elle d’un ton aussi calme que le sien, sans cesser de l’observer, de détailler l’attitude qu’il pouvait avoir. « Mais je ne voulais pas que tu te mettes en danger Hyperion. » Personne ne se préoccupait-il de lui au point qu’il se sente obligé d’effectuer des actes suicidaires ? S’appuyant sur le dossier de sa chaise translucide, elle croise l’une de ses jambes sur l’autre. « Entends bien, je ne dis pas que tu n’es pas assez doué ou que tu ne dois pas agir, simplement si il t’arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerais pas. » Il y’avait eu trop de morts, trop de sang des siens versé sans que cela ne parvienne à renverser la situation. Il y’avait eu Bobby, tombé par sa faute et si Axel suivait ce chemin là, elle se sentirait inévitablement coupable. Coupable et malheureuse de ne pas avoir été là pour l’aider, pour prendre sa place.
« Tu sembles mieux maîtriser ta mutation. Le séjour à la Confrérie a été ce que tu espérais ? » Ce qui lui manquait tant à la X-Mansion. Trop de règles et de tolérance, peut-être. Ou, comme pour elle, trop de regards méfiants. Snow était restée parce que rien ne l’attendait de l’autre côté, persuadée à cette période que Tadeusz l’avait oublié. Elle perçoit la chaleur de Shana s’estomper, attirant son attention, l’empêchant de poursuivre sur la phrase qu’elle comptait prononcer. L’enveloppe charnelle disparaît au profit de la silhouette liquide, atténuant le froid ambiant, stoppant momentanément l’effet qu’elle pouvait avoir sur la pièce. Elle savait néanmoins que depuis qu’elle vivait auprès de Jack, les contraintes s’estompaient, l’acceptation débloquant la possibilité de gérer la glace tout en étant aqueuse. Combien de semaines encore avant que rien ne freine plus cet aspect hivernal ? « La régénération, c’est.. nouveau ? Quoiqu’en vérité, Bobby ne m’a jamais réellement dit de quoi tu es capable. » Il y’a dû y avoir une variation dans son ton ou dans ses émotions, quelque chose de perceptible seulement pour la gamine dont le regard s’est baissé, dont les bras se sont refermés autour des genoux ramenés vers elle. Une ombre dessinée, s’arrachant du mur à côté d’eux. Ca a d’abord eu l’air d’un simple reflet ou d’un effet d’optique puis ça a pris en consistance, en épaisseur. Snow ne l’a remarqué qu’en reconnaissant ses propres contours, image noircie digne d’un livre de contes, lugubre créature. Elle s’est levée, précipitamment, reculant vers Axel. Ca lui rappelait de trop les cauchemars des nuits précédentes, pire encore l’intrus qu’elle avait cru voir quelques temps plus tôt. Si elle aurait lutté contre n’importe qui pour tenter de protéger les deux autres, elle semble totalement impuissante, redevenue de chair et de sang, ramenée à son état solide. Il y’en a un autre, de ces cauchemars, qui s’impose, qui s’extirpe du sol, qui peine à prendre une forme juste à côté du premier. Noir et blanc, comme une vieille pellicule de souvenirs captés. Si Prudence reconnait sans mal la scène de la triste nuit où elle avait arraché la vie à sa mère, elle ignore ce qui est en train de s’y superposer. Echo qui ne lui appartient pas.