Il ne faisait pas bon être mutant aujourd'hui. Honnêtement, ça n'avait jamais été vraiment le cas. Beaucoup de mutants avaient un physique particulier, par rapport aux homo sapiens. Ceux qui avaient la chance de pouvoir s'intégrer en société, n'y arrivaient jamais vraiment. Ils se sentaient trop à part, d'abord. Quand le reste du monde a appris l'existence des mutations, ils étaient surtout trop paranoïaques à l'idée d'être découvert, sectarisé, disséqué, rejeté … Ils vivaient dans la peur, l'incompréhension. Malicia, en tout cas, avait toujours vécu ainsi.
Sa famille ne l'avait pas comprise. Ses amis non plus. Elle avait trouvé une oreille attentive à l'institut Xavier, mais son incapacité à contrôler son don, plus de dix ans après y être entrée, la mettait de côté à nouveau. Elle était une mutante dangereuse, une mutante instable. Elle n'avait jamais réussi à faire la paix avec cette part d'elle-même, cette part mutante. Cela lui avait coûté sa relation avec Bobby, entre autres choses. Si elle avait continué d'avoir un jour l'espoir de brider son pouvoir, de le contrôler, si elle avait fait confiance à Xavier et son équipe d'enseignants aussi longtemps, elle devait se rendre à l'évidence : aucun ne pouvait l'aider. Pas même Logan.
C'était là le cheminement de ses pensées alors qu'elle déambulait entre les rochers, sur un petit chemin à peine délimité. La nuit commençait à tomber. « Qui donne rendez-vous dans un endroit pareil, bon sang ?! » s'énerva Malicia. Elle manqua glisser sur de la pierraille, se rattrapa de justesse à la paroi à sa droite, et jura bruyamment. Son gros sac ne l'aidait pas à garder l'équilibre. Mais elle avait toutes ses affaires dedans. Presque toute sa vie. Dans sa chambre de l'institut, il ne restait plus rien. Elle n'avait laissé un mot qu'à Logan et à Charles. Elle leur devait bien ça – mais il était temps de se battre. Les mutants étaient devenus le bouc émissaire de tous les maux des homo sapiens. Magnéto avait beau avoir des défauts, il avait beau avoir failli la tuer, des années plus tôt, il avait changé. Son idéologie avait changé. Ou bien c'était la situation, qui était différente. Quoiqu'il en soit, Malicia avait besoin de se battre, elle avait besoin de se sentir utile, et elle avait besoin d'évoluer. Depuis plus de dix ans, elle faisait du sur place.
Le chemin grimpait. Elle arriva sur un petit plateau, et s'arrêta. C'était le lieu de rendez-vous avec Magnéto. Il ne semblait pas encore là, alors elle attendit, assise sur son sac. Quand Magnéto était venu à l'institut, après les attentats, pour parler de la guerre qui les attendait très certainement, elle s'était sentie tentée. Elle avait discuté avec lui. Il lui avait parlé d'un mutant, Tadeusz. Un homme qui pourrait l'aider à contrôler son pouvoir. C'était tout ce qu'elle souhaitait, finalement. C'était la goutte d'eau qui l'avait convaincue de rejoindre la Confrérie. Elle voulait se battre pour les siens, évidemment, mais plus que tout, elle voulait avoir la main sur son don. Elle voulait pouvoir éteindre sa mutation quand bon lui semblait, elle voulait pouvoir toucher les gens, embrasser quelqu'un, elle voulait arrêter de vivre dans la crainte de tuer chaque fois que sa peau était à nue.
Un bruit. Elle leva la tête, vit Magnéto approcher. Il allait l'emmener au sein de la Confrérie. Elle appréhendait cette perspective, mais l'idée de gérer sa mutation contrait toute crainte qui pouvait la gagner. « Tu as changé de camp, finalement. » fit Magnéto, théâtral, en se plaçant devant elle. Malicia se redressa, attrapa la lanière de son sac et le porta sur son épaule. « Le seul camp pour lequel je me bats, c'est moi. » elle répond, en suivant Erik vers l'entrée de la Confrérie.
electric bird.
malicia •• for there is no land of tolerance (one-shot)