Elle avait demandé à Charles de le localiser. C'était une faveur dont elle aurait préféré se passer, mais pour retrouver l'inconnu des attaques terroristes, Malicia n'avait pas vraiment d'autre option. Et elle était bien trop curieuse pour laisser ce gamin lui filer entre les doigts. La jeune femme descendit de la moto de Logan – qu'elle avait piquée à l'Institut, et à coup sûr il serait énervé à son retour – devant un entrepôt qui, à première vue, semblait désaffecté. Elle retira son casque lentement, secoua sa crinière et fixa pendant quelques minutes les alentours, suspicieuse. Elle avait l'impression d'entrer dans la gueule du loup, de courir droit dans un piège. Elle hésita à monter sur la bécane à nouveau, à faire demi-tour.
Puis les images qu'elle avait volé à ce gamin, le 8 février, lui revinrent en mémoire. Il l'avait touchée. Elle avait absorbé une partie de ses pouvoirs, un don grisant, dangereux, incontrôlable. Elle avait aussi aperçu certains de ses souvenirs, et ils n'appartenaient pas à cet univers. Elle avait tourné et retourné le problème dans sa tête, c'était la seule explication plausible. Il venait d'ailleurs. Il était un alien, un transdimensionnel, un fêlé à la perception de la réalité complètement altérée. Quelque chose comme ça. Malicia accrocha l'antivol de la moto, et emmena le casque avec elle. Logan ne lui pardonnerait pas si elle le perdait. Elle avança prudemment vers l'une des grandes portes métalliques, et donna un petit coup discret sur le battant. Vingt secondes, trente secondes, rien. Alors elle frappa plus fort. « Ouvre, gamin ! Je sais que t'es là ! » Ce n'était sans doute pas l'approche la plus fine qu'elle puisse adopter. Qu'importe, Malicia n'était pas réputée pour sa finesse. Au bout de quelques minutes, à tabasser le métal, la grille s'ouvrit finalement sur David Alleyne. Un ancien pensionnaire de l'Institut, et un ancien agent des X-Men. Ça, Malicia ne s'y attendait pas !
Elle garda le silence tandis qu'il la détaillait de haut en bas. Il la reconnaissait, c'était obligé : après tout, il n'oubliait jamais rien. Il poussa un petit soupir, et ouvrit la porte. « C'est pour quoi ? » Son ton était toujours aussi fatigué, aussi las. Elle n'y fit pas attention, elle était habituée aux intonations monocordes de Prodigy. Elle le poussa légèrement, entra dans un couloir et déboucha sur une pièce qui ressemblait fortement à un salon. « Où est-il ? » lâcha Malicia sans ménagement. Puis elle attrapa le col de David et le plaqua contre le mur le plus proche. « Où est le mec qui a des éclairs bleus au bout des doigts ? » Prodigy, pas le moins du monde scandalisé par l'accès de violence de la jeune femme, poussa un nouveau soupir. « Billy ? Dans sa chambre, je suppose. » Un peu décontenancée, elle lâcha David et traversa le salon en furie. Elle disparut dans l'un des couloirs, puis revint sur ses pas moins d'une minute plus tard. « Elle est où, sa chambre ? » Il pointa du doigt une porte. Elle le remercia d'un grognement, et s'éloigna du séjour.
Du plat de la main, Malicia violenta la porte dudit Billy. Jusqu'à ce qu'il ouvre le battant, les yeux mi-clos, l'air amorphe. Quand il la vit, il ne put empêcher la surprise de se dessiner sur ses traits. Un sourire un peu cruel vint habiller ses lèvres. Elle le poussa d'un coup d'épaule vers l'intérieur de sa chambre, et y pénétra à son tour. « A nous deux, mon gaillard. » lâcha-t-elle en bloquant la sortie, les bras croisés sur sa poitrine. « Je te réveille, sleepyhead ? » Sa voix douce sonnait faux. « Je m'en cogne. Il y a quelque chose à ton propos qui m'échappe, et ça fait un mois que ça me travaille. Maintenant que je t'ai sous la main, tu vas me dire qui tu es. » Ce faisant, elle joignit le geste à la parole, et retira le gant de sa main droite. « Ou bien on repart pour un petit corps à corps, toi et moi. »
La Loi de Recensement des Mutants était passée. Billy savait que ce n’était que le début. Ca n’avait peut-être pas commencé ainsi dans son monde, mais ils ne s’arrêteraient pas là. Ensuite, ils chercheraient à avoir le contrôle sur les superhéros et chacun choisirait un camp. Des amis de longue date, des membres d’une même famille allaient se déchirer et s’affronter. Des gens allaient mourir. Et il ne savait toujours pas comment faire pour empêcher cela. Se pointer à la Tour Avengers et tout expliquer à Tony et Steve en espérant qu’ils ne commettent pas les mêmes erreurs que ceux de son monde ? Non, ça ne suffirait pas. D’autres prendraient leur place. Ou pire encore, le gouvernement trouverait un moyen de les arrêter autrement. Billy n’avait aucune envie de vivre cela à nouveau, il avait d’autres choses à faire, d’autres choses à empêcher. De toute façon, il n’avait aucune intention de se recenser. Il ne l’avait pas fait en tant que superhéros, il ne le ferait pas en tant que mutant. Il n’avait aucun compte à rendre au gouvernement des Etats-Unis de ce monde. De toute manière, ils ne pourraient pas l’attraper, cet univers était encore impuissant lorsqu’il s’agissait de contrôler les mutants. Billy regarda la file de mutants alignée devant un bureau de recensement de New-York et les agents de l’UPH qui l’entouraient. Ils essayaient tant bien que mal d’empêcher les civils encore énervés à cause des attentats du 8 février qui tentaient de s’en prendre aux mutants. Ils avaient la tête basse, la honte se lisait sur leur visage. Certains regardaient droit devant eux, les dents serrées, essayant de conserver un minimum de dignité. Wiccan poussa un grondement et referma brusquement son ordinateur avant de se lever de sa chaise, pour aller s’effondrer sur son lit. Il ne ferait pas partie de ces mutants qui avaient honte de ce qu’ils étaient, à cause de la manière dont on les traitait. Il avait dépassé ce stade, il n’avait aucune intention d’y retourner. Billy enfonça la tête dans son oreiller et essaya d’arrêter de tout penser à cela. Il échoua bien évidemment, et ne parvint à trouver le sommeil que bien plus tard.
Des bruits sourds le réveillèrent en sursaut. Le jeune homme se redressa et ouvrit des yeux hagards. Des impacts. On tambourinait à sa porte. Billy grogna et se leva péniblement avant d’attraper un tee-shirt qu’il enfila, histoire d’être un minimum décent. Ca ne pouvait être qu’America, il n’y avait qu’elle pour maltraiter à ce point une pauvre porte et en particulier la sienne. Ce n’était pas le genre de Teddy ou David, Kate et Noh-Varr n’étaient pas là et Eli était toujours à l’hôpital. « C’est pas parce que j’peux la réparer d’un claquement de doigts que tu peux défoncer ma porte, America, tu fais chier, » marmonna-t-il en se dirigeant vers la porte, qu’il ouvrit sur— pas America. Pas du tout, America. Wiccan écarquilla les yeux, l’air un peu bête, de la trouver ici, au QG. Il n’eut pas le temps de demander quoi que ce soit, puisqu’elle le poussa à l’intérieur d’un coup d’épaule, pour entrer à son tour. Billy grogna et chancela de quelques pas avant d’enfin se stabiliser et lever un regard sombre en direction de Malicia. « A nous deux, mon gaillard. » fit-elle avant de croiser les bras sur sa poitrine, en prenant cet air qu’elle avait quand elle engueulait Tommy pour une bêtise, dans son monde. La gorge du jeune homme se serra un peu à cette pensée. « Je te réveille, sleepyhead ? » Oh, dur. Billy ferma les yeux un instant et déglutit avec difficultés. Ce n’était pas sa Malicia. Elle lui ressemblait énormément, trop, mais ce n’était pas elle. Même si elle avait la même attitude, ce même ton, cette même manière de faire. Même si elle employait ce même surnom, ce n’était pas elle.
« Je m'en cogne. Il y a quelque chose à ton propos qui m'échappe, et ça fait un mois que ça me travaille. Maintenant que je t'ai sous la main, tu vas me dire qui tu es. » Le brun leva les yeux au ciel, l’air las. Si c’était tout ce qu’elle voulait, ce n’était pas la peine d’avoir l’air aussi menaçant. M’enfin, Malicia avait toujours été particulièrement méfiante et il pouvait comprendre qu’elle le prenne pour un danger potentiel. Il la regarda retirer son gant et s’écarta vivement d’un pas, par pur réflexe. Il connaissait suffisamment la jeune femme pour savoir que ce n’était vraiment pas bon signe, quand elle faisait cela. « Ou bien on repart pour un petit corps à corps, toi et moi. » Billy soupira et passa une main dans ses cheveux en bataille. Il s’éloigna et se laissa tomber lourdement sur son lit avant de désigner la chaise de son bureau d’un geste de la main. « Assieds-toi, » fit-il d’un ton las. Elle ne bougea pas et il soupira à nouveau, avant de se téléporter sur ladite chaise. Puis il retourna sur son lit. « Si j’voulais m’enfuir, j’serais déjà plus là, » souligna-t-il avec un petit sourire en coin. « Qui je suis, mmh ? » Il prit un air songeur, réfléchissant réellement à ce qu’il pouvait bien lui dire. Ca ne servait à rien de lui mentir, ça ne ferait que l’énerver plus encore et il n’avait aucune envie d’énerver une Malicia qui ne maîtrisait pas du tout son don. « Billy Kaplan. Ou Maximoff, mais c’est plutôt Kaplan, ici. Je suis le petit fils de Magneto, » ajouta-t-il avec un petit sourire en coin. Okay, il jouait clairement avec le feu, mais elle venait de le réveiller et Wiccan n’était pas du matin, alors s’il pouvait se venger un peu en jouant avec ses nerfs… et puis, ce n’était pas tous les jours qu’il pouvait se jouer un peu de Malicia. C’était plutôt l’inverse, dans son monde. Il balaya l’air d’une main. « Mais pas dans ce monde, il n’a pas d’enfants, ici. J’ai pas cherché à comprendre comment c’est possible, trop prise de tête. » Et ça, c’était entièrement vrai. Il ne comprenait pas comment Erik, Wanda et Pietro pouvaient exister tous les trois, ressembler à ce point aux siens et ne pas avoir de lien de parenté pour autant.
« Et t’énerve pas, j’ai jamais été dans le délire de supériorité des mutants, la destruction des homo sapiens, tout ça tout ça. Toi en revanche, tu l’as été. » Il haussa les épaules. « Enfin, ça, c’était dans mon monde. Et il a été détruit, sooo, here I am. » Il se frotta la joue et se dit qu’il serait peut-être temps qu’il se rase, ça commençait à faire un peu trop, là. Il s’égara un moment et s’ébroua. « Bref. Ça fait combien de temps que t’as pas touché quelqu’un sans risquer de le tuer ? » fit-il en désignant sa main nue d’un signe de tête. « Aunt Malicia avait trouvé comment faire, » lâcha-t-il d’un ton faussement détaché. Si avec ça, il ne parvenait pas à calmer un peu la jeune femme, il ne voyait vraiment pas quoi faire pour qu’elle cesse de le traiter comme un ennemi.
Elle avait vu un peu de bonheur, et beaucoup de destruction. Beaucoup de sang, de cadavres, de désespoir. Elle avait vu New-York ravagé, elle avait vu l'Institut en ruines ; elle s'était vue elle, mais pas vraiment elle en même temps. Malicia ne porterait jamais de cardigan. Les souvenirs de Billy avaient quelque chose de décalé, et elle ne comprenait pas encore très bien pourquoi. Elle aurait pu s'en désintéresser, mais elle avait goûté au pouvoir du jeune homme. Elle savait combien il était puissant – et en tant que X-Woman, il était de son devoir, de savoir s'il était un allié ou un ennemi, pas vrai ? Il avait aidé durant les attentats, mais Magneto également … Elle savait bien dans quel camp était Magneto. C'est comme ça qu'elle avait réussi à se convaincre de le traquer et le confronter. En réalité, elle était surtout curieuse. Il semblait la connaître. Il semblait capable de l'aider. Elle avait besoin d'aide, Malicia ; ça avait toujours été le cas.
Billy lâcha un soupir et prit place sur son lit. « Assieds-toi. » Il lui montra la chaise de son bureau. Mais elle était très bien, contre le battant de la porte. Il soupira encore, et disparut du lit pour apparaître sur la chaise du bureau. Malicia ne put retenir un sursaut. « Si j'voulais m'enfuir, j'serais déjà plus là. » Il se croyait malin ? Elle n'était pas préparée à ça, mais elle n'était en aucun cas impressionnée. On voyait bien qu'il n'avait pas vécu avec Nightcrawler pendant plus de dix ans... Elle traversa la pièce, prit place sur la chaise qu'il avait finalement quitté, retournant sur le lit. Elle ne le quitta pas des yeux. « Qui je suis, mmh ? » Devoir réfléchir à cette question paraissait complètement stupide à Malicia. Elle garda le silence, néanmoins. Elle allait avoir des réponses aux questions qui la taraudaient depuis un mois. Peut-être avait-il une solution, pour ce problème de mutants et d'humains. Pour cette loi de recensement. Toutes les pistes étaient bonnes à explorer. « Billy Kaplan. Ou Maximoff, mais c'est plutôt Kaplan, ici. Je suis le petit-fils de Magneto. » Elle se redressa sur sa chaise, et garda sa main prête à toute attaque. Tout contact. Comment était-ce possible ? Il n'avait jamais eu d'enfants, du moins pas à sa connaissance. Encore moins de gamins répondant au nom de Maximoff. Il dût lire l'incompréhension sur son visage, puisqu'il poursuivit. « Mais pas dans ce monde, il n'a pas d'enfants, ici. J'ai pas cherché à comprendre comment c'est possible, trop prise de tête. » Elle devait avoir les sourcils un peu trop froncés. L'air un peu constipé. Il y avait d'autres mondes ? D'autres univers ? Cette possibilité lui donna le tournis. D'autres Malicia ?
« Et t'énerve pas, j'ai jamais été dans le délire de supériorité des mutants, la destruction des homo sapiens, tout ça tout ça. Toi en revanche, tu l'as été. Enfin ça, c'était dans mon monde. Et il a été détruit, sooo, here I am. » Elle se prenait un flot d'informations en plein visage, et ça commençait à sérieusement la noyer. Elle avait été du côté de Magneto ? Parfois encore, elle se prenait à apprécier les idées qu'il véhiculait, mais ses méthodes étaient tout bonnement contre-productives. Comment avait-elle pu... ? Non. Pas le même monde. D'autres mondes, sérieusement ? « Bref, ça fait combien de temps que t'as pas touché quelqu'un sans risquer de le tuer ? Aunt Malicia avait trouvé comment faire. » fait Billy. Elle a réussi à contrôler son pouvoir ? What. The. Hell. La mutante lève la main. « Chut chut chut. Tais-toi. Laisse-moi digérer. » Elle quitte la chaise et fait quelques pas dans la chambre. Marcher l'a toujours aidé à réfléchir. « Tu me dis que les univers parallèles existent. Que tu viens de l'un d'entre eux. Qu'on se connaît, mais pas vraiment moi, une autre Malicia. Qui a fait partie de la Confrérie. Et qui contrôle son pouvoir. » Elle parle dans sa barbe, elle répète plusieurs fois les mêmes phrases, les mêmes informations, pour les accuser au mieux. Soudain, elle s'arrête, elle regarde Billy. Bon sang, il y a un truc de désespéré dans ses yeux. « Apprends-moi. » Elle s'assied sur le lit, à côté de lui, et elle le regarde avec insistance. « S'il te plaît. Apprends-moi à contrôler ma mutation. Tu as vu comment elle a fait, l'autre Malicia. Tu la connaissais. Aide-moi, je t'en prie. » Sa voix commence à trembler. Elle n'a jamais rencontré quelqu'un, aussi certain qu'elle pouvait avoir le contrôle. Elle n'a jamais vraiment cru un jour pouvoir toucher quelqu'un, pouvoir vive une vie normale. Selon Billy, elle aurait réussi. Dans un autre monde. « Je... Tu es un étranger pour moi, mais je t'ai touché. J'ai vu tes souvenirs, j'ai absorbé ta magie. Qui tu es, au fond de toi, je le sais parce que je l'ai vu. » Elle rit, pour elle-même, un petit rire qui dure à peine deux secondes. « J'ai confiance en toi. C'est le truc le plus idiot que j'ai jamais dit à un étranger, mais j'ai confiance en toi. » Sa main gantée vient se poser sur l'avant-bras de Billy. Elle veut capter son regard. « Apprends-moi, s'il te plaît. »
Billy ne voit vraiment pas comment il pourrait être plus délicat pour annoncer ce genre de choses. Il lui a bien demandé de s’asseoir avant, c’est déjà pas mal. La réaction de Malicia ne le surprend pas tellement. Ça prouve qu’elle lui ressemble quand même beaucoup, à celle de son monde. D’autres qu’elle se seraient probablement mis à rire, feraient des yeux ronds. Mais elle se contente d’avoir cet air un peu sévère, presque constipé, à l’idée que d’autres univers existent. Elle ne peut pas lui rire au visage, parce qu’elle sait qu’il ne ment pas. Elle a probablement vu un bon nombre de ses souvenirs lorsqu’il l’a touchée. Il se demande ce qu’elle a vu, exactement. Les moments heureux, ou les autres ? « Chut chut chut. Tais-toi. Laisse-moi digérer. » fait-elle en levant la main, pour le faire taire. Ce qu’il fait donc, en la regardant se lever pour faire quelques pas. Ça aussi, sa Malicia le faisait beaucoup, quand elle avait besoin de réfléchir. Bien malgré lui, un petit sourire triste se dessine sur ses lèvres. Il se demande si elle a vu sa Malicia au bras de Logan, sa main dépourvue du moindre gant glissée dans la sienne, le jour où ils ont finalement décidé de se marier. C’est elle qui a demandé. Enfin, exigé, plutôt. Pour que ce vieux rustre fasse enfin d’elle une femme honnête. « Tu me dis que les univers parallèles existent. Que tu viens de l'un d'entre eux. Qu'on se connaît, mais pas vraiment moi, une autre Malicia. Qui a fait partie de la Confrérie. Et qui contrôle son pouvoir. » Il hoche calmement la tête, n’ose pas tellement interrompre le flot de ses pensées avec des paroles inutiles. Et puis, elle ne le regarde même pas vraiment, de toute manière. Finalement, elle se fige et se tourne vers lui. « Apprends-moi. » Elle s’assied sur le lit, juste à côté de lui, et elle a l’air désespérée. « S'il te plaît. Apprends-moi à contrôler ma mutation. Tu as vu comment elle a fait, l'autre Malicia. Tu la connaissais. Aide-moi, je t'en prie. » Billy grimace. Ce n’est pas parce qu’il sait comment Malicia a fait qu’il saurait lui apprendre. Pire encore, ce n’est pas parce que ça a fonctionné pour sa Malicia que ça fonctionnera pour celle-ci. Malheureusement, c’est un travail tellement personnel qu’il n’est pas certain de pouvoir être de la moindre utilité.
« Je... Tu es un étranger pour moi, mais je t'ai touché. J'ai vu tes souvenirs, j'ai absorbé ta magie. Qui tu es, au fond de toi, je le sais parce que je l'ai vu. J'ai confiance en toi. C'est le truc le plus idiot que j'ai jamais dit à un étranger, mais j'ai confiance en toi. » Il a l’air gêné, tout d’un coup. Il passe une main dans sa nuque, avec un petit sourire. Il est touché, bien sûr. Mais il n’est pas certain de mériter cette confiance. Elle pose sa main sur son avant-bras. « Apprends-moi, s'il te plaît. » Billy inspire, puis adresse un sourire presque contrit à la jeune femme. « Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour t’aider, » admet-il en posant une main sur celle de Malicia. « Moi-même je suis loin d’être un exemple de maîtrise. » Il grimace encore. Il est même loin de pouvoir prétendre se maîtriser entièrement. « Malicia-- ma Malicia, elle a mis des années avant de trouver le truc et elle a passé sa vie sur ses gardes. » Il fronce les sourcils, pensif. « Uncle Logan l’a beaucoup aidée, » fait-il sans trop en dire, il ne connait pas la nature de leur relation, dans ce monde. Mais elle peut comprendre que son pouvoir a été utile, pour l’entraîner. Après tout, il est le seul à pouvoir se remettre rapidement du toucher de la jeune femme. Avec Deadpool, mais il n’est pas assez cruel pour suggérer que le mercenaire puisse l’aider. Ce serait de la folie.
Il lève les yeux vers la mutante. Elle est belle, Malicia. Celle-ci est peut-être plus amère que celle qu’il a connue. Après tout, elle ne contrôle toujours pas son don, elle n’a pas trouvé la paix que la sienne a réussi à atteindre, elle n’a pas fondé la famille qui l’a rendue si féroce, si déterminée. Si heureuse, aussi. Mais elle est belle. Ça fait du bien, de la voir comme ça. Elle n’est pas abattue, détruite, comme la dernière fois qu’il l’a vue. Après que sa mère ait tué Logan et leurs deux enfants. « J’étais proche de Malicia, » murmure-t-il d’une voix rauque, la gorge serrée. « Elle était-- » Un sourire triste se dessine sur ses lèvres. « Elle était exceptionnelle. » Ses yeux débordent de l’admiration qu’il avait – a toujours – pour elle. « Alors je ne sais pas du tout si je réussirai à t’aider et je ne veux rien te promettre, sinon que-- » Il serre sa main, doucement. « Je ferai tout mon possible pour que tu maîtrises ton pouvoir un jour. » Ce n’est pas une promesse en l’air. Il veut qu’elle soit heureuse, elle aussi. Qu’elle puisse mener la vie qu’elle désire. Elle refuse qu’elle passe son temps à regarder les autres s’aimer et se toucher en se demandant ce que ça fait parce qu’elle a oublié, ce que c’est que de sentir la peau de quelqu’un contre la sienne. Billy ne sera peut-être pas capable de sauver ce monde. Mais il peut au moins essayer d’aider les autres, à une plus petite échelle. Ça fait du bien, de se dire ça. Il a moins la sensation d’être perdu, de ne pas avoir d’objectif.
« Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour t'aider » fait Billy. Elle fronce les sourcils. Il serait inutile de cacher sa déception. Comme pour s'excuser, le sorcier continue de parler. « Moi-même, je suis loin d'être un exemple de maîtrise. » Elle l'écoute sans l'écouter. Pendant quelques secondes, elle y croyait fort. Elle était convaincue qu'il l'aiderait à contrôler son don. Elle l'avait vu, bon sang ! Billy a un sourire crispé, désolé. « Malicia-- ma Malicia, elle a mis des années avant de trouver le truc et elle a passé sa vie sur ses gardes. » Ouais, des années, c'est à peu près l'idée générale. Depuis combien de temps est-ce que Malicia galérait de la sorte, avec ce pouvoir plus proche d'une malédiction que d'un réel don ? Bien trop longtemps. « Uncle Logan l'a beaucoup aidée. » Elle cilla. Il existait aussi dans le monde de Billy ? Évidemment qu'il existait. Et il lui avait donné un énorme coup de main, là-bas aussi. Décidément, Logan était un ange déguisé en grosse bête. Non pas qu'elle en ait un jour douté. La jeune femme voudrait se relever, elle voudrait filer. Si Billy ne peut rien pour elle, qu'est-ce qu'elle fiche encore ici ? Le garçon est gentil, mais elle cherche le contrôle. Pas un nouvel ami.
Avant qu'elle ait quitté le confort du lit, Billy reprend. « J'étais proche de Malicia. » Elle sent les larmes au bord de ses lèvres. Alors elle reste. « Elle était-- Elle était exceptionnelle. » Le temps passé la fait tiquer. Il la regarde comme si elle était la septième merveille du monde. L'inconfort la gagne, lui brûle la gorge. « Alors je ne sais pas du tout si je réussirai à t'aider et je ne veux rien te promettre, sinon que-- Je ferai tout mon possible pour que tu maîtrises ton pouvoir un jour. » Il lui serre la main, à travers le gant. Elle esquisse un faible sourire, comme un remerciement. Pas vraiment. « Je n'aime pas que tu parles de moi au passé. » murmure-t-elle. Quelques secondes, puis Malicia secoue sa tête, libère quelques mèches. Elle reprend le contrôle de ses mains, qu'elle passe dans ses cheveux pour les discipliner. « Merci, Billy. Mais un jour ce n'est pas assez précis, pour moi. » Cette fois elle se redresse. « Je me bats depuis plus de dix ans contre mon pouvoir. Je peux pas survivre dix ans de plus sans avoir le contrôle. » La jeune femme finit par regarder Billy. « Je prends note de ta gentillesse, vraiment. T'es quelqu'un de bien, Billy. Comme j'ai vu dans tes souvenirs. J'espère que tu me comprends. » Ses doigts viennent claquer contre le bois du bureau. « Je trouverai un autre maître. Quelqu'un qui ne me voit pas comme celle que je ne suis pas. » Elle se racle la gorge. « Elle est morte comment, l'autre moi ? Tu peux m'en parler, ou ça risque de chambouler tout l'espace-temps ? » Sa curiosité la mine. Depuis qu'il a évoqué sa Malicia, elle a des questions plein la tête. Peut-être qu'il se cache un indice dans tout le foutoir des souvenirs de Billy. Quelque chose qui lui permettra de gagner un peu de terrain sur sa satanée peau maudite.
« Je n'aime pas que tu parles de moi au passé. » Billy grimace. Lui non plus, il n’aime pas parler de Malicia au passé. Mais celle de son univers n’existe plus et la jeune femme qui se tient devant lui est à la fois tellement différente et semblable qu’il ne sait plus trop comment agir. La Malicia qu’il a connue était redoutable, dangereuse même et il n’était pas encore née alors, on lui a seulement raconté, mais mortelle, aussi. Xavier avait finalement réussi à calmer tout ça et Logan lui avait permis de s’ancrer, en trouvant quelqu’un qui éprouvait la même colère qu’elle mais faisait tout, chaque jour, pour la transformer en quelque chose de bien. C’est de cette Malicia là, dont Billy aurait bien besoin aujourd’hui. Parce qu’il est tellement, tellement en colère. « Merci, Billy. Mais un jour ce n'est pas assez précis, pour moi. Je me bats depuis plus de dix ans contre mon pouvoir. Je peux pas survivre dix ans de plus sans avoir le contrôle. » Il a un petit sourire triste, mais il hoche la tête parce qu’il comprend. Il comprend parfaitement, ce que c’est que d’avoir peur de ce qu’on est, sans arrêt. « Je prends note de ta gentillesse, vraiment. T'es quelqu'un de bien, Billy. Comme j'ai vu dans tes souvenirs. J'espère que tu me comprends. » Il a un petit rire étranglé à cela. Il ne sait pas exactement ce qu’elle a vu, mais pas tout, c’est certain. « Je trouverai un autre maître. Quelqu'un qui ne me voit pas comme celle que je ne suis pas. » Et à nouveau, l’air triste et même un peu penaud, cette fois-ci. Il s’excuse dans un murmure, parce qu’il ne voulait pas qu’elle se sente mal à l’aise, bien au contraire. C’est juste que… c’est étrange, de voir tous ces gens qu’il pensait avoir perdus pour toujours. « Elle est morte comment, l'autre moi ? Tu peux m'en parler, ou ça risque de chambouler tout l'espace-temps ? » Ses sourcils se froncent. Chambouler tout l’espace-temps, c’est ce qu’il cherche à faire finalement, non ?
Wiccan se mord la lèvre inférieure et hésite un moment. Il ne peut pas lui révéler l’entière vérité, parce qu’il ne peut s’empêcher de penser aux moyens que Logan a tendance à employer pour se débarrasser d’une menace potentielle et il ne peut pas garantir que Malicia n’ira pas lui en parler. « Elle a été tuée, » lâche-t-il finalement. Il ferme les yeux un moment, assailli par des souvenirs qu’il ne parvient pas à effacer. Il l’a retrouvée, les bras refermés autour d’un gamin qu’elle a tenté de protéger d’une attaque de Wanda qui les a transpercés tous les deux. « Comme tous les autres, par un pouvoir qui dépassait son porteur. » Ce n’est pas vraiment un mensonge. Billy s’en tient à cette version, il refuse de croire que sa mère aurait pu faire une chose pareille, dans son état normal. Il passe une main sur son visage et détourne le regard, il n’en dira pas plus, il ne peut pas en dire plus. Alors il fronce les sourcils et ses doigts s’agitent un peu, parce qu’il vient de penser à quelque chose mais il n’est pas certain que ce soit la bonne solution. Wiccan se lève et se met à faire les cent pas, pèse le pour et le contre, avant d’enfin s’immobiliser, pour scruter Malicia. « J’ai peut-être une idée, » dit-il alors. Puis il grimace. « Mais si Logan m’entendait te dire ça, il m’arracherait probablement la tête. » Que ce soit celui de son univers, ou celui de ce monde.
Mais Malicia a besoin d’aide, elle ne peut pas continuer de ne pas maîtriser son pouvoir et pire, d’en avoir peur plus longtemps. Surtout avec ce qui l’attend. Ce qui les attend tous. « Tu te souviens, quand j’ai dit que la Malicia de mon monde avait appartenu à la Confrérie ? » lâche-t-il du bout des lèvres, à voix basse, comme s’il craignait réellement que Wolverine l’entende et apparaisse pour le transpercer de ses griffes. « Je crois que c’est là-bas, qu’elle a appris comment contrôler son don. Elle n’en parlait pas beaucoup, du moins… pas à moi. La Confrérie n’existait plus, quand je suis né. » Il réfléchit, les sourcils froncés. « Mais mon oncle – Isaak – et elle, parlaient parfois d’un type qui les a aidés, à l’époque. Je ne l’ai jamais rencontré, mais peut-être qu’ici aussi, il pourra te venir en aide. » Billy hausse les épaules. « Ils l’appelaient Tad, j’ignore si ça te dit quelque chose, » conclut-il enfin.
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