Mary-Jane débarque dans la tour Avengers avec un drôle d'air sur le visage. Ses joues sont un peu rougies, et elle espère qu'on pensera que c'est à cause du froid. Elle espère aussi qu'on ne remarquera pas l'état de ses lèvres. Le rouge à lèvres ne masque pas tout à fait le fait qu'elles soient plus gonflées que d'habitude, et elle a un peu peur des réflexions qu'on pourrait lui faire. Elle a le visage rivé sur son téléphone en sortant de l'ascenseur, comme si ça pouvait lui donner le droit d'être asociale. Mais comme les choses ne se passent jamais comme on le veut, elle tombe sur Clint à quelques mètres de l'entrée, et sur Lucky, qui se met immédiatement dans ses pattes. « Salut. » dit-elle avec un sourire avant de se pencher sur le chien, qu'elle caresse doucement avant de se relever. Bien sûr, Clint a une bière à la main, et ça la fait sourire. Véritable cliché. Elle aperçoit que Thor, Sam et Rogers sont sur le canapé, en train de regarder une émission. Stark vient les rejoindre et se laisse tomber à côté du Captain. Romanoff doit être dans la salle d'entraînement, comme d'habitude, et Banner dans son laboratoire. Ou peut-être qu'ils sont ensemble – pense la jeune femme, un peu amusée. Tout le monde sait, pour eux. Personne ne dit quoi que ce soit, mais tout le monde sait. « Ça va ? » demande Clint avec une petite grimace. « T'as l'air bizarre. » dit-il, les sourcils légèrement froncés. Mary-Jane hausse les épaules. « Non, non. Tout va bien. » dit-elle avant de toussoter. « Est-ce que Peter est là? » demande-t-elle presque un peu trop précipitamment, ce qui ne manquera pas de confirmer les soupçons de l'archer sur le fait que quelque chose cloche. « Je crois oui, mais il est dans sa chambre depuis un bon moment. » La rousse acquiesce et avec un sourire, prend congé d'Hawkeye pour monter les escaliers qui mènent aux appartements. Elle ralentit quand elle arrive en haut, et qu'elle doit entrer dans le couloir dans lequel se trouvent les appartements de Peter.
Elle ne sait pas encore comment elle va lui annoncer, et elle se doute bien que, quelle que soit sa manière, il ne prendra pas bien la nouvelle. Pas bien du tout. Une part d'elle espère très franchement qu'il saura ranger sa rancune envers Harry pour être heureux pour elle, mais elle a bien peur que cette facette de Peter soit reléguée au fin fond de son être quand il apprendra. Il est son meilleur ami – se rassure-t-elle. Il saura comprendre, même si ça lui prend du temps. Il n'aura pas le droit de lui en vouloir. L'amour a ses raisons que la raison ignore, pas vrai? Il finira bien par s'y faire. Ce n'est pas comme si elle allait les obliger à se trouver dans la même pièce, en plus de ça, pas vrai? Elle prend une grande inspiration et frappe à la porte de son meilleur ami, qui lui dit d'entrer. Elle a ses habitudes dans cette pièce, et accroche tout de suite sa veste au porte-manteau, avant de s'installer le plus naturellement possible à côté de Peter sur le gros canapé plein de coussins sur lequel il est affalé, une manette dans la main. « Salut. » dit-elle en baillant un peu. C'est étrange, parce qu'elle se sent mieux depuis qu'elle est entrée dans la pièce alors qu'en fait, ça devrait être totalement le contraire. Peter ne l'a pas encore regardée attentivement, et tant mieux. « J'peux jouer? » demande-t-elle en tendant la main. Il lui tend une manette et met le mode pour deux joueurs. Ils jouent quelques longues minutes sans se parler, dans ce confort habituel qu'ils partagent. Mary-Jane a replié ses jambes sous elle. Ce n'est qu'au bout de longue minutes, quand ils ont fini leur niveau, qu'elle lui demande, d'une voix étrange qui laisse paraître qu'elle n'est pas tout à fait comme d'habitude : « Ça va? T'as fait quoi aujourd'hui? »
Peter a décidé de passer quelques jours à la tour Avengers. Il a prétexté un devoir à faire en groupe à sa tante pour ne pas l’inquiéter, mais c’est bel et bien morose qu’il avait franchi les portes de la tour Avengers après sa visite à Harry. Il ne digère pas totalement les mensonges de sa meilleure amie et d’avoir appris la nouvelle par les journaux. Il fixe son écran de télévision sans réellement le voir et joue sans véritablement jouer. Mario est déjà mort dix fois depuis son réveil et ne cessera pas de mourir de manière stupide si Peter ne se reprend pas en main. Mais il réfléchit trop le garçon. Il ne sait pas ce qu’il prend le plus mal. Le fait que MJ ne lui ait rien dit ou le fait qu’elle lui ait menti. Il serait hypocrite de dire qu’il n’aime pas le mensonge vu qu’il le fait chaque jour quand il dissimule son alter-ego. Il soupire alors que Mario tombe dans un trou et se passe une main sur le visage. Il va devoir affronter MJ tôt ou tard. Il ne peut pas la fuir continuellement et ils ont leurs habitudes aussi. Est-ce que ça va être différent maintenant qu’elle est de retour avec Harry ? Est-ce qu’elle va l’ignorer ? Sortir des prétextes pour lui dire qu’elle ne pourra pas venir à une autre soirée cinéma ? Il appuie son dos contre le lit et renverse sa tête en arrière, tenant toujours sa manette entre ses mains. Peter ferme les yeux et se remémore sa rencontre avec Harry. Il a le droit d’aimer et d’être aimé. Le jeune homme sent bien que ça ne peut être que positif pour lui et que ça pourra l’aider à vaincre ce qui l’habite. Mais il a peur pour MJ. Il ne peut pas s’en empêcher. C’est sa meilleure amie, elle a toujours été là pour lui et il culpabilise énormément de la laisser avec Harry sans qu’elle sache qui il est. Mais il s’est promis aussi de ne pas en parler. Ce n’est pas à lui de lui dire. Il lâche sa manette d’un geste rageur avant de se redresser brusquement et faire les cent pas dans sa chambre. Le super-héros qu’il est n’accepte pas de laisser MJ dans l’ignorance. Harry n’est pas à l’abri d’une rechute et dans cette rechute, il peut très bien blesser la jeune femme. Il ne pourrait pas se le pardonner si une chose pareille arrivait.
Peter finit par s’échouer sur le canapé. Il actionne son lance-toile et tire la télévision dans sa direction avant de récupérer la manette de la même manière. Il doit se concentrer sur le jeu pour se sortir toute cette histoire de la tête et arrêter de s’angoisser autant pour MJ. Harry lui a assuré et répété qu’il avait la situation en main et qu’il ne pourrait pas blesser la jeune femme. Peter le sait honnête, mais et si l’autre se manifeste et que Harry ne s’en rend pas compte ? Il appuie sur start et lance une nouvelle partie, ses pensées toujours embrouillées. Il finit par se reconcentrer lorsqu’il entend qu’on frappe à sa porte. « C’est ouvert. » C’est MJ. Il a reconnu son parfum. Comme d’habitude, elle dépose son manteau et vient s’asseoir à ses côtés. Il sent immédiatement qu’il se tend. « Salut. » – « Salut. » Répond-il sans décrocher les yeux de l’écran. « J'peux jouer? » Il attrape une deuxième manette avec son lance-toile et la tend à MJ alors qu’il sort de sa partie pour en mettre une en multijoueur. Il lui laisse Mario pendant qu’il prend Luigi. « Ça va? T'as fait quoi aujourd'hui? » Ça le dérange qu’elle prenne un ton aussi détaché et lointain et qu’elle ne lui dise toujours rien. « Ça peut aller. » Il sent bien qu’il ne peut pas continuer comme ça. Ça va finir par le bouffer de l’intérieur et le rendre plus colérique qu’il ne devrait. Ce n’est pas lui ça. Il en a voulu à la terre entière à la mort de Gwen et il ne veut plus jamais se retrouver dans cet état alors il va devoir crever l’abcès. Il met le jeu sur pause, se dresse et va récupérer les journaux où MJ et Peter apparaissent. Il vient lui mettre sous le nez. « Tu comptais me le dire quand ? » Il la regarde, la mâchoire crispée par la colère et la déception.
Elle sent que quelque chose cloche dés qu’elle a fini de poser sa question. Peter semble hésiter une seconde avant de lui répondre, et ça lui met tout de suite la puce à l’oreille. Une part d’elle ose espèrer qu’elle est juste un peu paranoïaque, que le fond d’angoisse qu’elle ressent lui fait voir des choses alors qu’elles n’existent pas, mais le temps que prend Peter pour lui répondre ne la rassure pas. Pas du tout. « Ça peut aller. » Mary-Jane se mord l’intérieur de la joue. Elle en a entendu des plus enthousiastes… La première chose à laquelle elle pense, c’est : il sait. Il lui en veut, et c’est pour ça qu’elle ressent tout à coup de la distance entre eux. Mais encore une fois, la jeune femme se veut optimiste, et essaie d’imaginer d’autres raisons pour lesquelles il pourrait être un peu morose. De nouveau cette impression qu’il n’est pas à la hauteur, peut-être ? Une mauvaise passe où il n’a envie de voir personne et de s’enfermer devant des jeux sans avoir à parler à qui que ce soit ? C’est plausible. Elle s’apprête à lui demander ce qui le tracasse, mais Peter lui coupe l’herbe sous le pied en mettant leur jeu sur pause. Elle le regarde se lever, un poil inquiète, et quand elle voit ce qu’il est en train de lui ramener, plus de doute possible. Il sait. « Tu comptais me le dire quand ? » Mary-Jane regarde les photos d’elle et Harry dans la rue, tout sourire, main dans la main. Elle aimerait, vraiment, trouver ces photos belles. Mais elle n’y arrive pas, parce qu’il y a le regard furieux de Peter qui est rivé sur elle. Elle n’est pas vraiment fière d’elle, en vérité. Dés qu’elle a retrouvé Harry, et qu’ils ont échangé ce nouveau premier baiser, elle a su que ça allait mal finir. Mais qu’était-elle censée faire ? Refuser de retrouver cet homme qu’elle aime vraiment, juste parce que son meilleur ami ne serait pas d’accord ? Mary-Jane n’a jamais laissé personne d’autre qu’elle décider de ce qui était mieux pour elle, pas même ses parents. Elle soupire et pousse les magazines tout au bout du canapé, comme si ça pouvait, d’une manière ou d’une autre, éloigner le problème. Elle se redresse à son tour, et pince les lèvres avant d’inspirer et de dire : « Je voulais t’en parler, c’est juste que… » Elle sait déjà que cette excuse est idiote, mais c’est la seule qu’elle trouve : « J’attendais le bon moment. » Mary-Jane sait que ça va le mettre deux fois plus en colère, alors elle enchaîne immédiatement : « Ça a été compliqué, ces derniers temps, et je ne voulais pas-- » Elle cherche ses mots, un peu maladroite. « Je savais que tu n’apprécierais pas, je ne voulais pas en rajouter. Je ne voulais pas te le cacher, je te jure, Peter. » Et pourtant, c’est ce qu’elle a fait. Et elle n’a aucune excuse pour ça. Après toutes ces années, elle aurait dû lui faire confiance, elle aurait dû être franche avec lui dés le début. Peut-être qu’elle aurait dû tout lui dire avant même d’aller voir Harry, lui confier que son ancien petit ami lui manquait, qu’elle s’inquiétait pour lui… Peter aurait essayé de la dissuader de rentrer de nouveau en contact avec le jeune Osborn, mais au moins, elle aurait été franche. « Je suis désolée. » dit-elle, et on peut sentir dans sa voix qu’elle est vraiment sincère, là-dessus. « Mais je te jure que je sais ce que je fais. Si tu avais vu l’état dans lequel je l’ai trouvé, Peter… » Elle soupire un peu. Elle ne peut pas lui donner l’impression qu’elle a honte d’être de nouveau avec Harry, parce que ce n’est pas le cas. « Harry a besoin de moi. Et… » Elle regarde son meilleur ami dans les yeux, comme pour implorer sa compréhension et sa pitié. « Tu sais bien que j’ai besoin de lui aussi. » Peter sait bien à quel point elle est attachée à Harry, depuis qu’ils se sont rencontrés. Il sait à quel point elle l’aime et a eu beaucoup de mal à accepter leur rupture, même si c’est elle qui l’a entraînée quand Harry faisait n’importe quoi. « Je sais ce que je fais. » répète-t-elle.
Harry lui a promis qu’il ne lui ferait jamais rien à MJ. Il lui a dit qu’il l’aime et que l’autre n’est plus là. Il a envie de le croire et de lui faire confiance, mais le risque zéro n’existe pas. Peter ne sait pas trop comment il doit interpréter ses sentiments. Il est en colère qu’elle lui ait menti, c’est vrai. Mais il est aussi déçu qu’elle ne lui fasse pas plus confiance et probablement apeuré qu’il lui arrive quelque chose malgré tout. Mary-Jane n’a pas une super résistance et ne peut pas se soigner toute seule. Mary-Jane est une humaine. Pas de superpouvoirs pour elle. Pas de mutation. Elle est juste humaine, comme Gwen et est justement plus vulnérable. La rouquine soupire et repousse les magazines de l’autre côté du canapé. « Je voulais t’en parler, c’est juste que… J’attendais le bon moment. » Peter écarquille les yeux. Il faut qu’elle attende le bon moment pour lui annoncer ça ? Mais pourquoi ? « Ça a été compliqué, ces derniers temps, et je ne voulais pas-- Je savais que tu n’apprécierais pas, je ne voulais pas en rajouter. Je ne voulais pas te le cacher, je te jure, Peter. » Compliqué ? Définitivement, Peter ne comprend pas où elle veut en venir. Certes, il s’est considérablement éloigné d’Harry sans forcément donner d’explications aux autres, mais ce n’est pas une raison valable pour lui cacher le fait qu’ils soient de nouveau ensemble, si ? « Je suis désolée. Mais je te jure que je sais ce que je fais. Si tu avais vu l’état dans lequel je l’ai trouvé, Peter… » Il baisse un peu la tête. Quelque part, il sait et il se sent toujours autant responsable de son état. Si seulement il lui avait expliqué… « Harry a besoin de moi. Et… Tu sais bien que j’ai besoin de lui aussi. » Il n’a jamais ignoré l’affection que ses deux amis se portent l’un à l’autre. Et dans les premiers temps, c’est vrai qu’il a aimé le quatuor qu’ils formaient. Mais c’était avant qu’il ne devienne Spiderman et qu’Harry se transforme en Green Goblin. C’était avant que ça ne lui fasse un pincement horrible au cœur en entendant ses mots. Sans savoir pourquoi ça le dérange autant. « Je sais ce que je fais. » Il hoche la tête. Non pas vraiment. Elle ne sait pas tout. Elle ne connaît pas l’autre Harry. Le Harry dangereux. Le Harry qui n’est pas responsable de ses actes, mais qui agit quand même. « Tu aurais dû m’en parler quand même. Je ne pense pas avoir déjà été en désaccord avec toi sur un garçon que tu souhaites fréquenter. » Il fourre ses mains dans les poches de son pantalon, ne décrispe pas sa mâchoire pour autant et a toujours l’œil furibond. « Je ne l’ai jamais fait et ne commencerai probablement jamais d’ailleurs. » Mais c’est Harry. Harry. Harry qui a tué Gwen.
Peter se lève et commence à faire les cent pas dans sa chambre. « C’est juste que… » Il ne sait pas comment exprimer ce qu’il ressent sans trop en dévoiler. Il a promis à Harry qu’il ne dirait rien et il compte bien ne pas trahir cette promesse. « C’est juste que j’aurai aimé entendre ça de ta bouche plutôt que l’apprendre via les magazines. Je pensais que notre amitié valait quand même plus que ça. » Fait-il en fronçant les sourcils. D’une manière ou d’une autre, il sait qu’il va la blesser en disant ça parce que ça le blesse aussi. « Harry est comme il est. On ne se parle plus comme avant c’est un fait, mais je ne comprends pas pourquoi tu m’as caché ça. Pourquoi tu as préféré me mentir en inventant une sortie avec des amies au lieu de simplement me dire que tu étais avec Harry ? » Il ne sait pas si cette alternative aurait été meilleure étant donné qu’il n’aurait rien pu faire pour s’assurer de sa sécurité. « Et je me doute que tu sais ce que tu fais, mais… » Il referme la bouche et se mord la lèvre inférieure. Il va trop loin, il s’avance beaucoup trop loin dans les révélations. Stop, Peter, stop. « Encore une fois c’est pas le fait que tu sois de retour avec Harry, c’est le fait que tu m’aies menti en pensant que je ne pouvais pas comprendre. » Et un peu du fait qu’elle soit de retour avec Harry aussi. Il ne comprend pas d’où lui vient ce soudain sentiment de jalousie. Il est là et il plane au-dessus de sa tête et Peter ne sait pas pourquoi il est là. Il n’a aucune raison d’être jaloux, MJ reste sa meilleure amie malgré tout, non ?
« Tu aurais dû m’en parler quand même. Je ne pense pas avoir déjà été en désaccord avec toi sur un garçon que tu souhaites fréquenter. » Elle fronce légèrement les sourcils. Ce n’est pas comme si elle avait besoin de sa bénédiction pour fréquenter qui que ce soit, de toute manière… Mais c’est vrai, il n’a jamais émis un quelconque veto, ne l’a jamais mise en garde contre un garçon qui pourrait être mauvais pour elle. Et jusqu’à aujourd’hui, elle l’a toujours tenu au courant… Mais là, c’est particulier, et il le sait tout aussi bien qu’elle. Harry n’est pas un garçon, c’est Harry. Et forcément, ça rebat toutes les cartes de la situation. Peter fourre ses mains dans ses poches, et MJ pince les lèvres. « Je ne l’ai jamais fait et ne commencerai probablement jamais d’ailleurs ». Elle a vraiment envie de le croire, vraiment. Mais comment peut-elle vraiment le prendre au sérieux après ce qui s’est passé entre lui et Harry ? Comment pouvait-elle penser que Peter accepterait la situation sans broncher ? Ils savent tous les deux à quel point elle a souffert de sa rupture avec Harry, et bien que son meilleur ami n’ait jamais essayé de s’impliquer dans sa vie amoureuse, Mary-Jane était persuadée qu’il essaierait de la dissuader de se remettre avec son ancien petit-ami, ça lui paraissait logique. « C’est juste que… C’est juste que j’aurai aimé entendre ça de ta bouche plutôt que l’apprendre via les magazines. Je pensais que notre amitié valait quand même plus que ça. » Mary-Jane penche légèrement la tête sur le côté, soudain vraiment heurtée par ce que les mots de Peter impliquent. Ce n’est pas qu’elle se remette avec Harry, qui l’embête le plus. Mais bel et bien qu’elle ne lui ait pas dit. Il voit ça comme un défaut de confiance, alors que ce n’est pas du tout pour cette raison qu’elle s’est tue sur sa relation avec le jeune Osborn… Ça lui fait soudain très mal, que Peter puisse penser une chose pareille. « Harry est comme il est. On ne se parle plus comme avant c’est un fait, mais je ne comprends pas pourquoi tu m’as caché ça. Pourquoi tu as préféré me mentir en inventant une sortie avec des amies au lieu de simplement me dire que tu étais avec Harry ? » Elle baisse les yeux sur ses genoux. « Et je me doute que tu sais ce que tu fais, mais… » Elle s’attendait à tout sauf à ça, finalement, et elle se sent vraiment idiote. « Encore une fois c’est pas le fait que tu sois de retour avec Harry, c’est le fait que tu m’aies menti en pensant que je ne pouvais pas comprendre. » Elle secoue un peu la tête : « Peter… » Elle soupire et se lève, avec un drôle de poids sur la poitrine. « Ce n’est pas que… » Rien ne lui semble bon à dire, elle a l’impression que tous les mots justes s’envolent, mais il faut bien qu’elle se défende, et surtout, qu’elle le retienne, parce qu’elle n’a pas envie qu’il pense des choses qui ne sont pas vraies. « Tu sais très bien que je te fais confiance. J’ai plus confiance en toi qu’en n’importe qui sur cette terre… Dans cet univers ! » Leurs certitudes sur le monde ont tellement changées qu’elle se sent obligée de corriger. « J’ai peut-être été bête, d’accord, je veux bien le reconnaître, mais… » Elle soupire, fait retomber ses bras le long de son corps. « Je ne sais pas, je croyais que tu allais être furieux contre moi ! Je m’attendais à ce que-- enfin je ne m’attendais pas à ce que tu réagisses comme ça… » Ça la trouble un peu, mais elle se rend compte qu’elle espérait qu’il réagirait mal. Elle ne sait pas très bien pourquoi. Pour lui donner une raison de revenir en arrière, et de ne pas s’engager, finalement, sur ce fil incertain avec Harry ? Maintenant que Peter l’a confrontée au fait qu’elle lui ait menti, elle se rend compte que si elle ne lui en a pas parlé, c’est parce que… Elle n’est pas sûre d’avoir fait le bon choix. Et comme elle s’attendait à ce que Peter pointe du doigt qu’elle faisait une connerie, elle se complaisait dans ses fausses certitudes en ne lui en parlant pas. Tout semblait officieux, tant que Peter ne le savait pas. Maintenant… Maintenant il sait, et MJ, elle, ne sait plus trop. « Je suis désolée. » dit-elle dans un soupir, en ne le regardant pas dans les yeux. « Je me suis trompée, ok ? » Elle est un peu sèche quand elle dit ça, et ça lui paraît a elle-même un peu absurde, ce ton qu’elle emploie, alors elle baisse les yeux. « Bon. Ça ne te dérange pas que je sois de nouveau avec Harry, donc. » dit-elle, de manière déclarative, alors qu’elle le pense comme une question, dans sa tête. « Bien. Bien bien bien. »
« Peter… Ce n’est pas que… » Peter s’arrête. MJ s’est levée à son tour. « Tu sais très bien que je te fais confiance. J’ai plus confiance en toi qu’en n’importe qui sur cette terre… Dans cet univers ! J’ai peut-être été bête, d’accord, je veux bien le reconnaître, mais… Je ne sais pas, je croyais que tu allais être furieux contre moi ! Je m’attendais à ce que-- enfin je ne m’attendais pas à ce que tu réagisses comme ça… » Peter cligne plusieurs fois les yeux, surpris. Comment est-ce qu’il aurait dû réagir ? « Je suis désolée. Je me suis trompée, ok ? Bon. Ça ne te dérange pas que je sois de nouveau avec Harry, donc. Bien. Bien bien bien. » En cet instant le jeune homme ne comprend plus rien. Pourquoi est-ce qu’elle semble en colère contre lui ? C’est plutôt l’inverse cette fois. « Furieux ? Pourquoi est-ce que tu voulais que je sois furieux ? » Il fronce les sourcils. « C’est ton choix d’être avec lui, tu es adulte et tu n’as pas besoin que je te dise quoi faire. » Il est un peu sec à son tour, mais principalement parce qu’il ne comprend pas ce qui arrive à MJ pour qu’elle réagisse ainsi. Puis d’abord, il ne pourrait pas être furieux contre elle de se remettre avec Harry, il est juste terriblement inquiet pour sa meilleure amie parce que Harry est Harry. Harry a tué Gwen. Harry s’est injecté un sérum qui a fait de lui un monstre. Mais Harry lui a aussi assuré qu’il s’était fait soigner et que rien ne peut arriver à MJ. Parce qu’il aime MJ. « Et donc non, ça ne me dérange pas que tu sois avec Harry. Tu sais ce que tu fais et si tu l’aimes, je suis qui pour t’en empêcher ? » Il sait qu’il lui ment, mais il a promis à Harry de ne jamais rien dire à quiconque au sujet du Bouffon Vert. C’est très difficile pour lui en cet instant parce qu’il ne supporte pas mentir à MJ, mais il ne peut pas faire autrement. Peter pense que sa meilleure amie peut apporter une certaine stabilité à Harry et il ne veut pas gâcher la chance du blond. S’il peut emprunter le chemin de la rédemption grâce à la rouquine, soit. Ça n’enchante pas Peter de mettre MJ au milieu de tout ça, mais il n’est que son meilleur ami et rien de plus.
« Excuse-moi, j’aurai pas dû te parler comme ça. J’ai juste besoin de comprendre ce que tu attendais de moi et pourquoi tu ne m’as rien dit. » Il se radoucit un peu et tente de se calmer. Inutile qu’il envenime la situation. S’il a réussi à quitter Harry avec une poignée de mains cordiale, il peut bien arriver à arranger les choses aussi avec MJ. Quelque part au fond de lui, il se demande si le fait qu’elle ne lui a rien vient d’une peur de le blesser. Sauf que ça ne le blesse pas vraiment et ça ne doit pas le blesser de toute façon. Il est juste inquiet pour elle parce qu’il connaît l’autre identité d’Harry et qu’il sait de quoi elle est capable. Oui, c’est sûrement pour ça qu’il a réagi comme ça. « Est-ce que tu es heureuse avec lui au moins ? » Il sait qu’il ne devrait pas demander, mais il sait qu’elle a souffert de leur séparation elle aussi et sur les photos elle semble plus épanouie qu’avant alors c’est qu’elle est forcément heureuse non ? Ou alors Peter ne comprend plus rien et n’a jamais rien compris.
« Furieux ? Pourquoi est-ce que tu voulais que je sois furieux ? » Mary-Jane évite son regard, plante ses prunelles sur ses chaussures et finit par hausser les épaules. « C’est ton choix d’être avec lui, tu es adulte et tu n’as pas besoin que je te dise quoi faire. » Elle a toujours été bornée, a toujours fait ce qu’elle avait envie de faire sans attendre la bénédiction de qui que ce soit, et Peter la connaît assez bien pour le savoir. Il doit sûrement se demander autant qu’elle-même pourquoi elle avait besoin d’une quelconque validation de sa part. Leurs vies sont plus liées que jamais depuis qu’ils sont tous les deux chez les Avengers, c’est peut-être pour ça. Ils passent leurs journées ensemble quand Peter n’est pas chez tante May ou sur le terrain. Le fait que la jeune femme ait quelqu’un dans sa vie va changer sensiblement les choses : elle ne pourra plus être aussi disponible pour lui qu’elle l’était jusqu’à présent. Elle ne sera peut-être plus là le soir quand le groupe rentrera d’une mission et que Peter aura besoin de regarder des émissions débiles pour se détendre. Elle ne sera peut-être plus là pour les drôles d’après-midis cinéma dans le salon de la tour Avengers. Elle ne sera plus là pour partager tout ce qu’ils partagent maintenant. Mary-Jane s’était faite à cette routine, à passer beaucoup de temps avec Peter, et tous les autres. Ça lui plaisait vraiment. Peut-être qu’elle a juste peur que ça change. « Et donc non, ça ne me dérange pas que tu sois avec Harry. Tu sais ce que tu fais et si tu l’aimes, je suis qui pour t’en empêcher ? » Elle voit bien qu’il est en colère après elle, et elle se sent tellement bête! Comme s’il n’avait pas déjà assez de problèmes sur les bras… Techniquement, il a raison : il n’a aucune raison, aucun droit d’intervenir dans sa vie amoureuse. Mais il prend tellement de place dans sa vie que Mary-Jane a un peu du mal à imaginer un quotidien dans lequel elle ne peut concilier sa vie avec lui et sa vie avec son copain. Et elle a comme l’impression que quoi qu’il arrive, ce sera difficile de réunir Harry et Peter autour d’une table pour un après-midi ou une soirée. « Excuse-moi, j’aurai pas dû te parler comme ça. J’ai juste besoin de comprendre ce que tu attendais de moi et pourquoi tu ne m’as rien dit. » Elle reste toujours silencieuse, pas vraiment sûre de ce qu’elle doit - de ce qu’elle peut - répondre à ça. Comment peut-elle lui expliquer ce qu’elle attendait de lui quand, au fond, elle ne le sait pas elle-même ? Est-ce qu’elle attendait qu’il essaie de la dissuader ? C’est une pensée idiote, mais elle traverse quand même l’esprit d’MJ. « Est-ce que tu es heureuse avec lui au moins ? » Elle relève les yeux. Elle n’attendait pas vraiment cette question. Elle plisse un peu les yeux, fronce les sourcils, et se rend compte qu’elle devrait répondre à ça du tac au tac. « I-- » Elle ne doit pas hésiter, mais les mots n’arrivent pas à sortir. « I think so. Hm. Yes. » Le ton n’est pas des plus convaincants, ils le savent tous les deux. Mary-Jane reste accrochée au regard de Peter pendant quelques secondes de trop. Elle sursaute quand la porte s’ouvre à la volée « Peter-- Oh. » Clint les regarde tour à tour et comprend sûrement qu’il est arrivé au beau milieu d’une conversation sérieuse. « Je reviens plus tard! » dit-il en refermant la porte. Mary-Jane pince les lèvres et, en esquissant un geste du bras vers la porte, dit : « Tu peux y aller, c’est pas grave. J’suis désolée. » Elle ne voulait pas ruiner cette journée, elle regrette presque d’être venue. « On peut faire comme si cette discussion n’avait jamais eu lieu ? » dit-elle avec les lèvres pincées. Elle hausse les épaules. « Je n’aime pas quand on… » se dispute ? Ce n’est pas le bon mot. Ce n’est pas vraiment une dispute. « J’veux pas qu’on se fâche. » dit-elle simplement. Elle a besoin de lui. Pas comme les autres, qui ont besoin de lui en tant que Spider-Man, en tant que héros. Elle a besoin de lui en tant que Peter et l’idée qu’une erreur de jugement de sa part puisse froisser leur relation la rend un peu malade. Trop, même. « Je suis désolée. Tu me pardonnes? » Elle a vraiment besoin qu’il dise oui, parce qu’elle n’est pas sûre de trouver le sommeil s’il refuse.
Peter remarque une lueur d’incompréhension dans ses yeux. Elle n’est pas là longtemps, mais ça l’interpelle un peu. Quand on est en couple avec quelqu’un n’est-ce pas une réponse automatique le oui pour signaler aux autres que tout va bien et qu’on est heureux ? Peter fronce les sourcils. « I-- I think so. Hm. Yes. » Ils se regardent alors. You think a-t-il envie de répondre en haussant un sourcil et en esquissant un rictus. Elle ne doit pas penser qu’elle est heureuse, elle doit en être sûre. Mais Peter ne dit rien, il reste, juste là, bêtement à la regarder dans les yeux. Et la porte s’ouvre brusquement. « Peter-- Oh. Je reviens plus tard! » Et comme il est venu, Clint s’en va. Peter se retient de soupirer parce qu’il sait qu’il va avoir droit à des commentaires après ça ou des remarques ou des questions. Bref, il s’attend à tout avec Clint. Il verra ça en temps voulu. « Tu peux y aller, c’est pas grave. J’suis désolée. » Fait son amie en désignant la porte. « On peut faire comme si cette discussion n’avait jamais eu lieu ? Je n’aime pas quand on… J’veux pas qu’on se fâche. Je suis désolée. Tu me pardonnes? » Peter se pince les lèvres. Il ne sait pas si ce que Clint est venu lui demander est urgent et pour les Avengers ou si ça pouvait attendre, mais il ne peut pas prendre le risque de rater quelque chose d’important. On ne lui pardonnerait probablement pas. « T’es sûre que ça ne t’embête pas si j’y vais ? » Il sent bien que d’un côté si, ça la dérange, mais elle hoche la tête de gauche à droite. « Bon. Tu peux rester ici si tu veux. Je ne sais pas ce que Clint me veut, si jamais c’est important je peux t’envoyer un sms pour que tu ne m’attendes pas ? » Mine de rien, ça l’a chamboulé d’avoir haussé le ton avec elle. Il n’est pas habitué à ce qu’ils se prennent la tête. Et ça lui fait autant mal que lorsque Gwen et lui se disputaient. « J’aime pas quand on se dispute non plus. » Parce qu’il se rend compte qu’elle est aussi triste que lui de savoir qu’ils viennent tout juste de se prendre la tête probablement pour la première fois depuis toujours. On ne peut pas prendre en compte les disputes de l’enfance, c’est souvent pour le jeu ou pour des jouets non rendus alors que là c’est différent. Ils sont adultes désormais et ils ont des responsabilités. Ils ont été là pour l’autre au moment du décès de Gwen et leur lien s’est renforcé avec le temps. Il n’imagine pas une minute sans parler à MJ alors cette dispute lui laisse un goût amer dans la bouche et lui tord un peu l’estomac. Il ne peut pas lui en vouloir.
Enfin, il va lui pardonner c’est certain. Dans dix minutes ou une heure. Parce qu’il sait à quel point c’est ridicule cette situation et qu’il ne peut pas la perdre pour si peu. L’inquiétude est toujours dans un coin de sa tête surtout qu’il n’a pas oublié cette réponse hésitante. Et qu’il n’est pas prêt de l’oublier. Pour répondre à sa question, il esquisse un léger sourire et vient coller un baiser sur sa joue. « On ne peut pas rester fâchés longtemps. » Dit-il en guise de réponse. Il s’assure qu’elle sourit avant de partir et franchit le pas de la porte direction le salon des Avengers pour retrouver Clint et lui demander ce qu’il se passe. Mains dans les poches, il déambule dans les longs couloirs de la tour en se demandant si c’était vraiment une si bonne idée que ça d’avoir abordé le sujet de la sorte avec MJ. Il aurait dû tenter une autre approche, peut-être sans se mettre en colère, mais pouvait-il réellement échapper à cette émotion ? Il s’inquiète pour MJ et d’un autre côté, ça l’a mis hors de lui qu’elle puisse lui mentir comme ça alors qu’ils se disent tout. Peter arrive finalement dans le salon où se trouve Clint. « Qu’est-ce qu’il se passe ? »