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 You should stop trying to be a hero before I stop you. || Jared

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You should stop trying to be a hero before I stop you.


Réveil en sursaut sur le matelas installé à l'arrière de la camionnette. Voiture de police dans une rue adjacente, elle est passée à vive allure, toutes sirènes hurlantes mais elle n'est pas à ma recherche ou en tout cas, si elle est à ma recherche, elle est totalement à côté de la plaque. Je pourrais dire que je ne dors que d'un œil, c'est souvent le cas mais il arrive un moment où le corps vous contraint à vraiment dormir et cette journée a été de ces journées-là. J'ai dormi. Véritablement dormi. Pas d'un sommeil sans rêve malheureusement. Il y a toujours les rêves. Non, les cauchemars. Je ne souhaite pas qu'ils disparaissent car, bien qu'ils soient douloureux, ils me permettent de rester droit, de continuer sur ma lancée, de ne pas flancher, de ne pas faillir : jamais. Je les vois tous les trois dans ma tête, dès que je dors je les vois, et je le verrai jusqu'à la fin de mes jours. Je me frotte le visage et jette un coup d'oeil à ma montre : 19h53. Je fais craquer ma nuque, récupère mes affaires, glisse mon 9 mm à ma ceinture sous ma veste en cuir et sors doucement de la camionnette. Je jette un coup d'oeil aux alentours, m'assure d'être seul et non surveillé puis je descends, referme la porte à clé et m'éloigne non sans avoir pris la peine de glisser la capuche de sweat-shirt sur mon visage avant. Les mains dans les poches, je m'avance dans les rues, tête baissée mais pas trop : assez pour ne pas être reconnu mais pas trop pour ne pas paraître suspect. Je passe plusieurs rues et termine par tourner sur la gauche, pour finalement pénétrer à l'intérieur d'un petit hôtel qui est en retrait dans une ruelle qui loin d'être un coupe gorge n'est malgré tout pas le genre de ruelle dans laquelle on s'aventure si on n'est pas sûr de pouvoir se défendre au besoin. J'arrive à la réception, salue le type d'un signe de la tête et glisse un billet sur le comptoir. Il glisse lui une clé que je récupère. Je monte jusqu'à la chambre n°32, au troisième étage, non pas pour m'y installer mais pour prendre une douche. C'est un marché passé avec le propriétaire de l'hôtel. Je le paye bien, il me prête une chambre une fois par jour pour me laver et il ne dit rien. Il sait qu'il a plutôt intérêt à ne rien dire. Je ne lui fais pas confiance mais je sais que l'argent lui fera garder sa bouche fermée.

L'argent peut acheter tellement de choses dans cette ville...

Je me décrasse et prends mon temps pour le faire. C'est sans doute idiot mais c'est un moment appréciable, un moment qui m'apporte un semblant de paix. Enfin, la paix dure le temps que je me trouve sous la douche, sous l'eau chaude, parce que quand je croise après mon reflet dans le miroir, la paix retrouvée vole rapidement en éclats. J'ai du mal avec mon reflet, c'est comme ça. Un coup de rasoir bref, pas l'envie de m'emmerder avec ce genre de détails. J'enfile mes affaires et quitte la chambre. Je dépose les clés sur le comptoir en jetant un bref regard en biais au réceptionniste avant de quitter l'hôtel. Lorsque je mets les pieds dehors, je réalise qu'il s'est mis à pleuvoir. Je repositionne ma capuche et reprends le chemin de ma camionnette que je rejoins rapidement. Une fois à l'intérieur, j'entreprends de me changer, des passer d'autres vêtements, les vêtements que je porte à chaque fois que je sors purger la ville. Le t-shirt avec « ma » marque est rapidement enfilé, le pantalon noir et le long manteau en cuir également. J'enfile mes Rangers et m'installe ensuite sur le sol de la camionnette pour nettoyer mes armes. C'est un moment spécial, un moment précieux, un moment essentiel car une arme mal entretenue est une arme dangereuse. Et puis, ces armes sont un morceau de moi, la continuité de mes mains même. Une fois les armes nettoyées, un second 9 mm vient rejoindre son frère qui a pris place dans un holster, les munitions sont glissées à leur place et un fusil de précision est placé sous le manteau, fixé dans un troisième holster, plus grand, plus large pour faire tenir le fusil. Pour terminer, je glisse deux Uzis à ma ceinture. Je quitte finalement la camionnette et cette fois, contrairement à tout à l'heure, je me fonds dans le décor, dans la nuit. Je prends des ruelles, des raccourcis, je passe par des endroits où très peu de personnes passent de façon à ne pas être vu. J'ai deux cibles différentes ce soir. Deux cibles que je cherche depuis près de deux semaines et sur lesquelles j'ai enfin réussi à mettre la main. Hier, j'ai pu enfin récupérer les informations dont j'avais vraiment besoin et je n'ai plus qu'à aller m'occuper de ces trois enflures. Le premier est un trafiquant de drogues. Des merdes qu'il vend même aux mineurs. Le second est un trafiquant d'organes au marché noir. Ils ne se trouvent pas au même endroit ce soir mais ne seront séparés que par quelques rues. Il me sera facile de passer d'une cible à une autre rapidement avant de prendre la fuite.

Enfin, sauf si je tombe sur Red entre temps. Il risque de me retarder.
Je n'espère pas.

Arrivé à l'immeuble qui fait face à celui où se trouve la première cible, j'utilise l'échelle de sécurité pour grimper jusque sur le toit. Une fois tout en haut, je m'avance au bord, observe les alentours pour bien définir les distances et mes options en cas de besoin de fuite. Puis, je récupère mon fusil et m'installe. Un coup d'oeil à travers la lunette de visée et j'esquisse un petit sourire satisfait : je n'aurai aucun problème à atteindre la porte d'entrée du club quand l'autre enfoiré va se pointer, ce qui ne tarde pas d'ailleurs. Je n'ai pas droit à l'erreur mais en même temps, ai-je jamais manqué une cible ? Non. Jamais. Et cette fois ne déroge pas à la règle. Une balle. Une seule. Entre les deux yeux. Le type s'écroule et moi je replace mon fusil sous mon manteau avant de reprendre l'échelle de sécurité. Une fois au sol, j'accélère le pas de façon à m'éloigner le plus rapidement possible des lieux et de me rendre là où ma seconde cible se trouve. Pas d'installation sur le toit cette fois-ci car la seconde cible a lui-même des snipers positionnés autour de l'endroit où il se trouve : il a plus de moyens que la première cible. Un immeuble, un mur, les deux Uzis, des rafales tirées au bon moment et la cible sera éliminée. Sauf qu'avant même que je ne rallie le point que je me suis fixé d'atteindre, une traînée rouge me dépasse soudain, faisant voler de nombreux détritus sur son passage. Je reste un bref sans bouger avant de serrer la mâchoire.

« Le petit con... » je souffle tout bas avant de me mettre à courir mais sincèrement, je sais que c'est couru d'avance.

Lui, il va vite, très vite. Un mutant parmi tant d'autres qui est capable d'aller bien plus vite qu'un humain normal. Son pouvoir est pratique, puissant mais il ne l'utilise pas comme il faut et il m'empêche d'utiliser moi, de mes propres capacités car à chaque fois qu'il s'est retrouvé dans mes pieds, il a fait arrêter mes cibles sans que je puisse les éliminer et il est très fort probable qu'il ait, cette fois encore, décidé de se mêler de ce qui ne le regardait pas. Lorsque j'arrive dans la ruelle près de l'immeuble où je devais me placer, je le vois, planqué, en train d'observer mais j'aperçois surtout des lumières de voitures de police. L'envie me prend de lui coller une balle mais tirer maintenant ce serait signer mon arrêt de mort puisque la police est très près. Alors, je m'avance dans son dos jusqu'à me trouver à une distance assez réduite pour qu'il puisse m'entendre sans que j'aie à lever la voix.

« T'es content ? T'as fait ta bonne action ? » je siffle entre mes dents pour lui faire savoir que je suis là. Peut-être l'a-t-il déjà deviné, peu importe. « Quand est-ce que tu vas arrêter de m'empêcher de faire mon travail ? Tu veux te prendre une balle ? Parce que je vais finir par t'en coller une et tu sais que je rate jamais... »

Il le sait oui. Quoique lui serait sans doute capable d'éviter mes balles et je le réalise au moment où je le menace en fait.

Faudra essayer pour tester cette théorie.

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Il a un incroyable costume. Ca colle à la peau (moule-bite comme dirait tonton Conrad). Un incroyable costume qui va bien avec son incroyable nom. Red Light, ça envoie du lourd. Ou plutôt de la foudre. Vous comprenez ? Les éclairs de sa traînée, tout ça ? Bon, laissez tomber. A chaque fois qu'il se glisse (à l'aide d'un chausse-pieds) dans ce vêtement, il ne peut s'empêcher de trépigner d'impatience. Faut dire qu'il a rêvé pendant des années de porter un costume. Gamin, il se contentait de la nappe rouge de sa mère. Adulte, il a enfin sa tenue de héros. Puis, trépigner, ça aide à entrer dans le costume. Il est tellement serré ! C'est à se demander comment il fait pour rentrer dedans. Et pour en sortir. Imaginez le jour où il se penchera en avant et que la couture craquera au niveau de son boxer ? Si en plus, c'est le jour où il doit piocher dans les sous-vêtements de la honte, il aura un truc infâme avec des canards jaunes sur fond bleu marine. On n'a pas vraiment envie de voir ça. Pas vraiment du tout. Mais faut bien ce qu'il faut. Il est tout fin. Il a que les jambes et les abdominaux musclés. Asymétrique comme une oeuvre de Picasso. A ceci près que son nez n'est pas au milieu de son front. Le costume moulant au possible est donc nécessaire. Une fois dans cet accoutrement, plus rien ne peut l'arrêter. Jared Hemingway reste au placard. Red Light est dans la place. Il va tout défoncer. Plutôt, il va tout reconstruire. Sauver des vies. Et livrer des méchants à la police. Mais pour ça, il compte sur Jazz et sur un indic de taille. The Punisher. Ouais, il bosse avec The Punisher. Ca vous étonne ? Bon, de vous à moi, ils ne bossent pas vraiment ensemble. Si on devait résumer leur relation, ce serait : Frank fait tout le boulot et Jared arrive pour cueillir le méchant, juste avant que The Punisher ne le tue. Un bon duo. Si si, je vous jure. Enfin, si on oublie le fait que Frank a la gâchette qui le démange. Mais ça, ce n'est qu'un détail ! Qu'est-ce qui pourrait arriver à Jared de pire que de se tordre la cheville en montant sur un trottoir ? Rien, voyons ! C'est en tout cas la sensation qu'il a encore ce soir, alors qu'il file à travers les buildings. Il a un lieu précis où aller. Pour une fois. Il y a un bonhomme qui sort enfin de sa cachette. Un bonhomme que la police recherche depuis longtemps. Red Light est LA personne qu'il faut pour l'arrêter. Il n'y a pas de doute ! Qui de mieux placer que lui pour intervenir ? Thor ? Il a piscine. Captain America ? Il lustre son bouclier. Les 4 Fantastiques ? Ils essayent de nouvelles combinaisons moulantes. Naaaah, y a personne. Tous en vacances, ces héros ! Mais Jared, lui, ne part jamais en vacances. Jour et nuit, il est là pour ses concitoyens. PFFFFFFIOUUUUUUU (faites l'effort d'imaginer le bruit d'une voiture de formule 1, je n'ai pas de talent en bruitage, merci). Il court, il court. Il file vers l'adresse, bien décidé à ne pas laisser passer cette chance. OH ! Un policier. Quelle aubaine. Parfait ! Jared passe une main dans sa nuque et l'embarque avec lui. Pas le temps de lui expliquer. Les policiers sont toujours là, à poser des questions : qui êtes-vous ? Quelle est la menace ? Pourquoi voulez-vous me toucher ? Est-ce que vous êtes un fan de cosplay ? Trop bavards, ces policiers ! Si Red Ligh avait le temps, il l'emmènerait tranquillou dans un bar pour discuter autour d'une pinte. Mais, la situation urge. Donc, il le prend avec lui et l'emmène dans sa course effrénée. Hey mais tiens, ce ne serait pas la silhouette de The Punisher, ça ? Haha, il est drôle quand il court, le gars. A croire qu'il peut rivaliser avec sa vitesse. Il veut jouer à la course ? Il veut le rattraper ? Pas possible ! Red Light va arriver cinq minutes avant lui... JARED, DEVANT TOI ! Crétin ! Il a failli se prendre un lampadaire !

Heureusement, ils arrivent. Sains et saufs. Bon, on n'en dira pas autant de l'agent qui se plie en deux pour dégobiller salade césar sur le trottoir. Red Light n'a pas fini son job. Il récupère les menottes et attache le criminel à la main du policier. Et voilà, mission accomplie ! Même pas le temps de comprendre ce qui leur arrive, les deux hommes voient une traînée disparaitre. Sourire jusqu'aux oreilles, Red Light s'est arrêté dans une ruelle à proximité. Il admire son travail, l'épaule appuyée contre le mur. Il est caché dans l'obscurité, comme les grands héros. Enfin, c'est ce qu'il imagine dans son cerveau de fanboy. Bientôt, une voiture de police arrive sur les lieux. Toute sirène hurlante. Vous arrivez trop tard, les gars ! Red Light est à l'heure, lui. Contrairement à Jared. "T'es content ? T'as fait ta bonne action ?" Il sursaute et pivote sur place, méfiant. Parfois, y a des prostituées et des sans-abris qui viennent le voir. Les premières pensent qu'il a des délires bizarres. Les seconds imaginent un fou qu'ils vont pouvoir racketter. C'est un peu ce qui arrive. Red Light leur donne souvent le peu de monnaie qu'il a sur lui. Faut dire qu'un bonhomme rouge qui traverse en faisant "cling cling", ça ressemble un peu au Père Noël. M'en fait, pas de mauvaise odeur ou de proposition d'entrevue intime. C'est quelqu'un d'autre. Presque décevant. On lui a déjà dit que cet homme est moins sexy qu'une femme ? La face de trois pieds de long et le regard noir, c'est pas très aguicheur. "HEEEEEEY !" Ce bon vieux Frank. Il se fait appeler The Punisher. Mais Jared n'est pas tombé de la dernière pluie. On ne la fait pas à lui ! Il a reconnu son visage dans les journaux. Dès le premier coup d'oeil ! Un pro de la reconnaissance faciale, le gamin. Et la police s'obstine à ne pas vouloir Jared dans ses rangs. Où va le monde ? Il a un grand sourire sur les lèvres, comme si il retrouvait un vieil ami. Il a réussi à griller Frank avant qu'il ne débarque et ne tue quelqu'un. Trop facile ! The Punisher est incroyablement lent, qui l'aurait cru ? En fait, tout le monde est très lent. Les gars, faut courir un peu ! Faut arrêter les burgers et se lancer dans le jogging. Y a pas mieux pour avancer rapidement. Regardez Jared. Il est capable d'atteindre des centaines de kilomètres heure en quelques secondes. Ouais bon, il est une exception. Mais quand même ! Si lui (le gars maladroit au possible) en est capable, tout le monde peut le faire. Ai-je besoin de vous rappeler qu'il arrive toujours en retard ? Ai-je besoin de lister toutes ses fractures ? Non, je ne crois pas. Alors, croyez-moi quand je vous dis que vous pouvez rivaliser avec Usain Bolt. Au pire, imaginez qu'un burger vous attend en bout de course. "Quand est-ce que tu vas arrêter de m'empêcher de faire mon travail ? Tu veux te prendre une balle ? Parce que je vais finir par t'en coller une et tu sais que je rate jamais..." Lui tirer une balle ? Ce serait vraiment, vraiment, vraiment malpoli. Eux qui ont une histoire d'amitié naissante. Eux qui commencent à se lier comme deux frères. Naaaaah. Frankie n'aura jamais les couilles pour ! Il n'oserait pas... Quoique. Manière, les menaces n'ont jamais vraiment eu d'effets sur Jared. Au contraire. Et puis, qu'est-ce qu'il a fait de mal, hein ? Il a seulement sauvé la vie de quelqu'un. Il a seulement aidé The Punisher à faire son job, sans se salir les mains. Ca s'appelle du travail d'équipe et de l'entraide. Frank ne connait pas ? Tsss, faudra lui apprendre. Sur un terrain de basket. Autour d'un ballon. Jared lui apprendra comment gagner. Avec la vitesse. Comment ça, ce serait inégal d'user de sa speedforce ? Allez, les gars, ne soyez pas rabats-joie ! C'est un garçon fragile qui a besoin de s'amuser. Regardez ses petites prunelles pleines d'étoiles. N'est-il pas mignon ? Laissez-vous attendrir, sinon il va vous faire sa tête de chien battu. En prime, vous aurez le droit à un caca nerveux ! Je vous aurais prévenus. Enfin, il n'y a pas à discuter. On ne met pas une balle dans la tête de quelqu'un. Point. C'est sa maman qui le dit. Elle a deux règles de politesse : 1/ on ne tue pas 2/ on ne vole pas le dernier cookie du paquet et SURTOUT, on laisse pas le paquet vide dans le placard (n'est-ce pas, Jared ?).

"Kikie, dis pas ça, tu vas me briser le coeur ! Si tu ne t'acharnais pas à tuer tout le monde, on n'en serait pas là !" Frank. Frankie. Frankikie. Vous le tenez, là ? Un surnom affectif, évidemment ! Ils sont deux acolytes de l'ombre. Deux anges gardiens qui veillent sur les citoyens de New-York. Le même job, vous voyez ? Alors, Jared a bien le droit de lui trouver un surnom. Il le fait avec tous ceux qu'il apprécie. La faute de sa mère. Elle a commencé en l'appelant Jaja. La honte ! Il a fait perdurer la coutume. Avec Jazz devenue Jazzounette. Et tous les autres. Ryry. Vic. Totor. Tho. Même sa voisine est appelée Frisette. A la gloire de ses cheveux bouclés qu'elle a perdus après les avoir faits cramer avec son fer à boucler. Il a senti l'odeur du brûlé dans les escaliers pendant deux semaines. Il a bien cru qu'il faudrait appeler les pompiers quand il l'a vue débarquer sur le palier, toutes cordes vocales hurlantes. Jared lui a balancé un seau d'eau à la tronche. Le seau est parti dans son mouvement. Il a percuté la tête de la voisine qui s'est effondrée. Au moins, elle s'était calmée... Bref, il trouve des surnoms plus ridicules les uns que les autres. C'est ce qui est drôle. Ils ne sont pas toujours au goût de tout le monde. Franchement, se faire appeler Cucul, ce n'est pas si atroce ! Et puis, il n'y peut rien si la personne s'appelle Curt. Faut se plaindre auprès des parents ! "T'es un chic type, ça se voit ! Enfin... Ça se voit quand tu ne fronces pas... Là tu vois, tu fronces. T'as pas l'air sympathique du tout..." Ils sont peut-être des collègues de la nuit, mais bon sang comme ce mec est sérieux ! Genre, il ne rit jamais ? Enfin, rire autrement que de façon sadique ou machiavélique ? Il a clairement la tête du mec qui rit quand, par la fenêtre, il voit une grand-mère chuter, s'exploser le fémur, provoquer une fontaine giclante de sang. Il a une gueule de sadique. Mais de sadique sympa. Ils n'ont juste pas la même manière de travailler. Kikie, c'est plus le sérieux, le sang, la précision. Jared, c'est... Tout le contraire. L'humour, la propreté (on reparlera de son appartement) et l'improvisation la plus totale. Ils n'ont rien pour s'entendre. Pourtant, Jared l'aime bien. Derrière sa tronche sadique, y a un petit chiot abandonné qui demande juste d'être câliné et de mâchouiller un os. Comme Jared tient à toutes ses phalanges, il ne lui donnera pas à manger l'un de ses doigts. Par contre, il veut bien lui payer un verre. En plus, ce gars est célèbre. Bon, pas de la meilleure des manières. Mais il l'est ! Il a fait la une des journaux, ce mec ! "Quand est-ce que tu as parlé à quelqu'un de vivant pour la dernière fois ? Et ne me parle pas de Yvonne, ta concierge. Elle ne compte pas !" Kikie est presque un ami, depuis le temps qu'ils se croisent. Depuis qu'il a découvert ses pouvoirs il y a peu, les petits Kikie et Jaja se rencontrent régulièrement. C'est toujours drôle d'échanger avec lui. Et puis, Jared n'est pas du genre solitaire et individualiste. Ce n'est pas son délire. Alors, il s'inquiète. Est-ce que Frank a bien mangé son sandwich du soir ? Est-ce qu'il n'a pas oublié d'accrocher son linge ? Est-ce qu'il s'est brossé les dents ? Des détails très importants ! Déjà que Frank tue facilement, il ne faudrait pas qu'il tue avec son haleine fétide ou qu'il tire sur n'importe qui parce qu'il a sauté un repas ! En tant que presque ami, Jared doit donc veiller sur lui. Et sur la population. Cela commence par les fréquentations du jeune (ou vieux ?) Frankie. Il ne peut décemment pas passer ses journées (ou ses soirées) à discuter avec les cadavres qu'il sème. Ce n'est pas une vie sociale enrichissante. Ce n'est pas avec un cadavre qu'il va pouvoir sortir dans les bars ! Un peu de sociabilité, mon vieux ! Et en plus, si il se contente d'Yvonne, Frank va bientôt péter un câble. Les concierges qui existent encore espionnent et balancent les potins à tout-va. Qui a envie de savoir que peut-être-potentiellement-ça-reste-à-prouver la voisine du sixième a ramené son dixième petit-ami de l'année, hein ? Ou qu'il paraît-mais-on-ne-sait-pas-trop que l'odeur de couscous venait d'un voisin asiatique du premier étage. Qui ça intéresse, sérieux ? PERSONNE. "Tu ne veux pas faire un câlin à ton pote ? Alleeeez, fais pas ton timide, j'te toucherais pas les fesses, promis !" C'est vrai, quoi ! Il pourrait le ligoter en trois secondes, lui fourrer une pomme dans la bouche et l'enfourner dans un four, tel un cochon farci. Il pourrait lui voler ses armes. Il pourrait le déshabiller (coucou le caleçon Mickey). Alors, faut bien rassurer ce bon vieux Frankie. Le pauvre bonhomme n'a pas l'habitude. Il a dû faire des années de prison. Il paraît que certains font des trucs pervers et de homosexuels. Frankichou a peut-être été traumatisé. Ce qui expliquerait sa méchanceté. Ce qui expliquerait pourquoi il ne veut jamais faire de câlin. Il n'est pas drôle, sérieux ! Qui ne veut pas faire de câlin à un mec en cuir moulant ?

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Je l'observe, agacé, et encore le mot est bien faible. Quand on veut trouer la peau de quelqu'un avec une balle, c'est qu'on est plus que simplement agacé et j'ai vraiment, mais vraiment envie de lui en coller une de balle parce qu'il se mêle de ce qui ne le regarde pas, parce qu'il fout en l'air des jours et des jours et des jours de recherches. Tout ça n'a servi à rien puisque l'enfoiré de trafiquant s'est fait simplement arrêter et non pas définitivement comme moi j'avais l'intention de le faire. L'autre p'tit con en costume me fait face, il m'observe quelques instants en silence puis, quand il ouvre la bouche, j'ai aussitôt envie de la lui faire fermer. J'écarquille les yeux quand je l'entends m'appeler « Kikie » et pendant un instant je me demande si j'ai bien entendu mais vu les mots qui suivent, je réalise que j'ai bien entendu. Depuis quand croit-il qu'il peut se permettre autant de familiarités ? Depuis quand il s'imagine que c'est potentiellement acceptable qu'il me file un surnom pareil ? Je suis en train de bouillir intérieurement, je me pince l'arête du nez pour tenter de me calmer un peu parce que bon, tenter de lui tirer dessus maintenant c'est encore une fois prendre le risque que les flics débarquent. Le problème est que plus je l'entends parler, plus j'ai envie de le faire taire. Quand il mentionne soudain le fait que si je ne m'acharnais pas à tuer des gens on n'en serait pas là, je retire ma main de mon nez et reporte mon regard glacial et furibond sur lui. Je hausse les sourcils, lui demande silencieusement « vraiment ? » mais ne dis rien. Je suis trop furax pour ça. L'empafé (parce que oui, c'est un empafé) poursuit, il semble décider à débiter un certain nombre de mots. Il me balance que je suis un chic type et aussitôt ma mâchoire se serre en même temps que je fronce les sourcils. D'où il sort ça lui ? Que je suis un « chic type » ? D'où ? Et quand il ajoute que j'ai pas l'air sympathique quand je fronce les sourcils, il me prend soudain l'envie de lui montrer à quel point je ne suis pas sympathique justement.

De vraiment lui montrer.

Je me ferme davantage encore quand il me demande à quand remonte la dernière conversation que j'ai pu avoir avec quelqu'un. Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre ? En quoi ça le regarde ? Pour qui il se prend ? Ma bouche se tord dans une sorte de grimace qui ne fait jamais que trahir ma totale incompréhension quand il parle d'une certaine Yvonne, concierge. J'ai pas de concierge. D'ailleurs, je le grommelle dans ma barbe.

« J'ai pas de concierge... » je souffle, la voix tremblante de colère.

Où va-t-il chercher des conneries pareilles ? Et combien il est capable d'en sortir à la minute ? Non parce que là, on est en train de frôler un record... Je perds patience. Mon cœur commence à s'accélérer. Ma respiration aussi. Et ça va vraiment de pire en pire. Plus les secondes passent et plus il joue avec mes nerfs, plus il me rend dingue. Son sourire là... Son air satisfait et limite jovial... On en parle de sa proposition de câlin ? On en parle du fait qu'il s'imagine être mon « pote » ? On en parle qu'il ose me sortir que je dois pas faire mon timide ? On en parle qu'il ose mentionner mes fesses tout en me promettant de ne pas y toucher ? ON EN PARLE ?! Il doit manquer d'amis, c'est pas possible autrement... J'veux dire, pourquoi il me fait ça, à moi ? Pourquoi il vient m'emmerder moi ? Pourquoi il s'imagine qu'on est potes lui et moi ? Où est-ce qu'il a été chercher ça ? Où est-ce qu'il a vu le moindre signe de ma part lui permettant de penser un truc pareil ? La vache, s'il voit le même genre de signaux avec les nanas ou avec les mecs, peu importe, ça doit lui apporter pas mal de soucis. J'veux dire, si le type essaye d'emballer quelqu'un en pensant que l'attirance est réciproque alors que pas du tout... Bref. Va falloir que je l'arrête dans son délire parce que sinon, je suis pas sorti le cul des ronces. Déjà qu'il me casse les couilles, qu'il est souvent (trop) là quand il ne faut pas, si en plus il est vraiment convaincu que nous sommes potes ou même qu'on peut le devenir, c'est foutu, il ne me lâchera jamais. Sauf si je lui tire une balle entre les deux yeux. On peut pas dire que l'idée m'emballe totalement même si j'ai envie de le faire taire. Il ne fait pas partie des ordures que j'élimine habituellement mais à force de trop me gêner... Oui, l'issue risquerait bien d'être celle-ci. Mais avant d'en arriver là, on va mettre les points sur les « i », les barres sur les « t », ce genre de trucs.

Je lève l'index.

« D'une, je suis pas ton pote. »

J'ajoute le majeur à l'index.

« De deux, je suis pas ton pote. »

Il me paraît important d'insister sur cet état de fait parce qu'il faut qu'il arrête de se faire des films le p'tit con en collants là.

« J'veux pas de tes câlins, j'veux pas de toi, tu comprends ou faut que je te fasse un dessin pour que ça rentre dans ton crâne ? Je. Veux. Pas. De. Toi. » je dis en détachant chaque mot. « Tu t'incrustes dans mes affaires et tu me fais chier, c'est clair ? » Pour moi ça l'est, mais peut-être pas pour lui. « Ce que je fais, ça me regarde, t'as pas à t'en mêler. Tu vas arrêter de t'en mêler. » j'ajoute. Un ordre ? Non. Une menace sous-entendue ? Absolument. Je repense à ce qu'il a dit. Je revois son sourire satisfait, son air de type qui a fait ce qu'il fallait et qui savoure. Je lève le bras et l'index en direction des gyrophares qui éclairent encore : les flics ne sont pas encore partis. « Ce type que tu as chopé avant que je puisse m'occuper de lui, tu sais qui c'est ? Tu sais ce qu'il fait ? Si tu sais pas, t'es vraiment con de t'en être mêlé. Si tu sais, t'es encore plus con de t'en être mêlé. Il fait du trafic d'organes au marché noir. » je dis sans lui laisser le temps d'en placer une. Peut-être qu'il savait, peut-être pas, je m'en fous, le résultat est le même et il n'est pas bon du tout le résultat. Ma voix se met à trembler. De rage. J'abaisse mon bras, plante mon regard furieux dans celui de mon interlocuteur. « Il chope des migrants, des gens qui sont là illégalement, il se sert d'eux, les découpe et les revend en morceaux parce que ces gens-là, personne les recherche, personne ne se rendra compte de leur disparition. Et il se fait des couilles en or avec ça. Son compte en banque est bien rempli. Tu l'as fait arrêter ? Bravo. T'es très fort. » Je tape par deux fois dans mes mains, un bref applaudissement rempli d'ironie, si, si, j'suis capable de ça.  Je fais un pas en avant vers le p'tit con. « Il va faire quoi ? Quelques jours de garde à vue et après il sera dehors. Au pire. Au mieux, ils seront capables de trouver quelques preuves mais avec tous les avocats et juges pourris jusqu'à l'os dans cette ville qui s'enrichissent grâce à des pourritures comme lui, combien tu crois qu'il va prendre, hein ? Et qu'est-ce qu'il va faire en prison ? Il pourra continuer à gérer ses affaires. Moi, j'allais y mettre fin. Il fallait faire tomber la tête pensante pour faire tomber tout le réseau et t'as foutu ça en l'air alors retire-moi ce sourire de ta tronche et ton p'tit air content. Tu crois que t'as fait une bonne action ? Non, t'as fait que permettre à une enflure de rester en vie, c'est tout. » Je secoue la tête, dépité puis soupire. « Toi et Red, vous êtes pareils... Vous pensez faire ce qu'il faut alors que vous vous trompez... Y'a des gens, c'est un crime de les laisser en vie... » Une pause. « Rentre chez toi et laisse-moi faire ce que j'ai à faire. »

Il n'est peut-être pas trop tard. Si je rejoins le commissariat où il va être amené (sans aucun doute au poste le plus proche et je les connais tous à présent), je peux peut-être finir la mission. C'est prendre un risque mais ce risque en vaut la peine. Je me détourne du p'tit con, j'ai intérêt à me dépêcher si je veux pouvoir faire ce qu'il faut.

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Pendant que Jared discute (ou blablate sans se laisser le temps de réfléchir), y a une drôle de lueur qui naît dans le regard de Frankie. Un truc du genre “amour infini”, “passion dévorante”. Est-ce qu’il peut s’agir de colère, de haine ou d’agacement ? Non, évidemment que non ! Qui pourrait détester un gamin au visage aussi souriant et con ? Il faut être complètement inhumain. Ou passer son temps à tuer des gens pour nettoyer la ville. Ce n’est pas le cas de The Punisher. On s’en doute bien, voyons. Alors, croyez-moi quand je vous dis qu’il y a de l’amour dans ses yeux foncés. Un amour qui le ronge parce qu’impossible. Frankikie le sait bien. Jared est hétérosexuel. Il est rangé. Il a une vie remplie. Il n’a pas le temps pour une maîtresse. Encore moins, si cette maîtresse a un truc entre les jambes. Un amour impossible, oui. Et pourtant, l’ami Frank n’arrive pas à cacher ses émotions. Vous voyez bien comme il prend sur lui pour ne pas sauter au cou de Jared et l’embrasser goulument ? Il a un sacré self-control, le bonhomme. Et heureusement. Le coursier serait obligé de lui briser le coeur. Il n’en a pas vraiment envie. 1/ Frank pourrait le tuer (on n’oublie pas ce dont il est capable) 2/ Il n’aime pas faire souffrir les gens. Le voilà obligé de… quoi ? D’accepter le baiser, si jamais Frank tente ? Naaaaaah. Hors de question ! Il fera semblant de glisser. Ouais. Très bonne méthode. Bim, il glisserait entre ses jambes et se retrouverait derrière lui. Quel plan de génie ! Quel plan machiavélique ! “J'ai pas de concierge…” M’enfin, Kikie d’amour ! Ce n’était qu’un exemple. Ce n’était qu’une mise en situation. Et qui imaginerait ce grand et costaud Punisher manger des cookies et boire du thé dans la porcelaine d’Yvonne ? Franchement ! Il casserait la porcelaine en trois secondes, avec ses gros doigts. Et puis, c’est juste ce qui le choque ? Le prénom ne le dérange à aucun moment ? Il n’est pas surpris qu’on appelle encore des gens Yvonne, à cette époque ! Bon, en même temps, quand on voit son prénom, faut pas s’étonner. Frank. Sérieux ? Jared retrouvera ses parents, un jour, (ils sont en vie ou Kikie les a tués, au fait ?) et il leur en parlera. Ils ont vraiment été de mauvais parents, entre le choix de carrière de leur fils (assassin professionnel, bonjouuuur) et le prénom. C’était quoi leur délire ? “D'une, je suis pas ton pote.” Jared dodeline la tête de droite à gauche. Ce n’est pas totalement faux. Maiiiiiis, il a une objection. Ils se croisent assez souvent pour se considérer comme des potes. Okay, ils ne parlent pas de leur vie privée. Okay, ils ne boivent pas des coups ensemble. Okay, Jared ne l’invitera jamais à son anniversaire (vous rêvez ! L’endroit parfait pour un gars qui veut tuer).

De deux, je suis pas ton pote.” Hey, mais attendez, on a déjà entendu ça… MAIS OUI ! Il vient de le dire. Pauvre Frank. Il devient vieux (la quarantaine, sûrement. Fais gaffe aux cheveux blancs, mon vieux). Il se met à radoter. Vous croyez qu’il est sénile ? Il se souvient encore de son prénom, au moins ? Oh non, c’est trop triste ! Bientôt, il n’entendra plus rien. Il aura besoin de se coller à ses victimes pour les voir et les tuer. Il devra porter des lunettes de cinq centimètres d’épaisseur. Il se déplacera en déambulateur… La fin du grand Punisher ! “HAHA, tu l’as dé…” ...jà dit. Roh, allez, Kikie ! Fais pas cette tête ! Il n’est pas méchant, Jared. Il ne te veut que du bien. Il s’inquiète pour toi, même s’il le montre d’une drôle de manière. Faut être tolérant, un peu. Il n’a pas eu une vie facile ! Il n’a pas connu son père. Il a passé la moitié de son enfance dans des plâtres (à force de tout se casser). Il a obtenu le statut de meilleur mauvais élève dans son école. Sa ville s’est vue à moitié détruite par le pote mi-robot mi-onsaitpastrop de Thor. Et maintenant, il respire la pollution à pleines narines. Toutes ces mauvaises odeurs montent à son cerveau et le bousillent tout doucement. C’est pas de sa faute, monsieur ! “J'veux pas de tes câlins, j'veux pas de toi, tu comprends ou faut que je te fasse un dessin pour que ça rentre dans ton crâne ? Je. Veux. Pas. De. Toi.” Vous l’entendez ? Mais si, écoutez bien. Le coeur qui se brise en mille morceaux. Les morceaux qui tombent. Les morceaux qu’il piétine. Vous l’entendez, maintenant ? Et dire que Jared voulait le préserver. Et dire qu’il voulait juste son bien. Et Frank, lui… Quelle tristesse. Il veut sa mamaaaaaaan. Elle lui dirait que ce n’est rien. Juste un crétin qui n’a pas su voir la bonté dans ses attentions et qu’il se fera bientôt écrasé par une voiture, de toute manière. Pas à cause de sa mère, déconnez pas ! Les Hemingway ne sont pas des meurtriers. Enfin, est-ce que tuer des poissons rouges, des hamsters ou des cochons d’inde en quelques jours, est considéré comme être un assassin ? Dans ce cas, Jared est un serial killer et sa mère est complice. Leur jardin est plein de preuves et de tombes en l’honneur de Cindy la Lapine, de Zero le Poisson Rouge et de Yvick l’Hamster. RIP. “Tu t'incrustes dans mes affaires et tu me fais chier, c'est clair ?” Okay, alors mon petit bonhomme, on va baisser d’un ton. De un, Jared s’est bien incrusté dans ses affaires. De deux, il fait bien chier. De trois, il a peut-être empêché The Punisher d’aller punisher les fesses d’un mec, mais quoi ? Il va quand même pas l’envoyer au coin ! Jared a respecté les droits du criminel et il a fait confiance à la police. Qu’est-ce qu’il y a de si terrible, là-dedans ? Allez, pète un coup et détends-toi, Frankie ! Mais Jared le comprend. Frank est jaloux. Il a peur d’être bientôt au chômage, le pauvre vieux. Il a peur que la jeunesse lui prenne tout le travail. Ça se comprend. Quand on atteint à certain âge, il est difficile d’avoir une quelconque légitimité. M’enfin, pas besoin de lui crier dessus. Sinon, Jared va se mettre à pleurer et faudra le consoler ! Alors, qu’est-ce qu’il préfère, Frank ?

Ce que je fais, ça me regarde, t'as pas à t'en mêler. Tu vas arrêter de t'en mêler.” Jared hausse les épaules. Si ce que chacun faisait était vraiment du domaine privé, les voisins de Jared s’en foutraient de qui a vomi sur son paillasson le 1er janvier 2015, de qui fait toujours brûler ses plats ou de qui hurle de douleur en pleine nuit (ça lui arrive quand il laisse traîner ses affaires par terre et qu’il marche dessus pieds nus). On se ficherait aussi de savoir que Machine a changé de coiffure et que Trucmuche a essayé de pécho la voisine à la nouvelle coupe. Alors, oh, on prend pas cet air hautain, monsieur The Punisher. A notre époque, on ne sait pas s’occuper de ses affaires. Suffit juste de sortir de son trou de souris (ou de mercenaire) pour le comprendre. Donc, sa menace, il peut se la foutre là où on pense, hein, oh, hé ! Faut pas déconner. On n’intimide pas Red Light comme ça, wesh ! “Ce type que tu as chopé avant que je puisse m'occuper de lui, tu sais qui c'est ? Tu sais ce qu'il fait ? Si tu sais pas, t'es vraiment con de t'en être mêlé. Si tu sais, t'es encore plus con de t'en être mêlé. Il fait du trafic d'organes au marché noir.” Gniagniagniagnia. Blablablablabla. Pourquoi les vieux ont toujours besoin d’être rabats-joie ? Ils veulent toujours que les jeunes sortent leur doigt du cul et qu’ils fassent quelque chose de leur vie. Quand c’est le cas, ils les frappent avec leur canne et leur disent que ce n’est pas ainsi qu’on fait. Ils sont jamais contents, ces foutus grabataires ! Il croit quoi, le vieux ? Que Jared ne sait pas ce que le mec là-bas a fait ? Bon okay, il ne le savait pas exactement. Jusqu’à ce qu’on le lui dise dans sa charmante oreillette. Si le gars a lancé une charcuterie humaine, hé bien, faut l’arrêter ! Pas le tuer. Parce que ça servirait à quoi ? Comment tu veux apprendre de tes erreurs quand on te tue, hein ? C’est comme si on te disait “si tu foires ton exercice de maths, t’es mort”. Assassinat au crayon de papier et à la gomme. Une enquête digne des Experts. Sérieux, les gars ! Il vit dans quel monde, The Punisher ? Okay, c’est pas les Bisounours ici. Mais ce n’est pas non plus un jeu vidéo ! “Il chope des migrants, des gens qui sont là illégalement, il se sert d'eux, les découpe et les revend en morceaux parce que ces gens-là, personne les recherche, personne ne se rendra compte de leur disparition. Et il se fait des couilles en or avec ça. Son compte en banque est bien rempli. Tu l'as fait arrêter ? Bravo. T'es très fort.” Ooooh, le discours moralisateur ! Sa prof de sciences a longtemps eu le même ton, quand c’était les conseils de classe ou les réunions avec les parents. Hé ben, ça n’a jamais fonctionné. Bizarrement. Il a un cerveau étrangement fait, vous comprenez. Il est totalement hermétique à ce ton et à cette colère. Si Monsieur n’est pas content, il a qu’à s’en prendre à lui-même. Il avait qu’à courir plus vite et ne pas se laisser dépasser par le premier super-héros qui errait dans le coin. C’est de sa faute, pas celle de Jared, non mais ! Quel mauvais joueur, ce mec. Incroyable. “Il va faire quoi ? Quelques jours de garde à vue et après il sera dehors. Au pire. Au mieux, ils seront capables de trouver quelques preuves mais avec tous les avocats et juges pourris jusqu'à l'os dans cette ville qui s'enrichissent grâce à des pourritures comme lui, combien tu crois qu'il va prendre, hein ? Et qu'est-ce qu'il va faire en prison ? Il pourra continuer à gérer ses affaires. Moi, j'allais y mettre fin. Il fallait faire tomber la tête pensante pour faire tomber tout le réseau et t'as foutu ça en l'air alors retire-moi ce sourire de ta tronche et ton p'tit air content. Tu crois que t'as fait une bonne action ? Non, t'as fait que permettre à une enflure de rester en vie, c'est tout.” Okay, c’est bon. Inspecteur Hemingway a une théorie. Petit Frank était un gamin plutôt sportif qui avait intégré l’équipe de basketball. Sauf que son papa n’était jamais satisfait (bouuuuh, le vilain) et qu’il lui mettait la pression pour que ses performances soient parfaites. Petit Kikie n’a jamais eu d’encouragements, il n’a jamais eu de félicitations. Raison pour laquelle il est toujours de mauvaise humeur et veut tuer tout le monde. Pauvre Kikie ! Un câlin ? Ah non, c’est vrai, il n’en veut pas.

Toi et Red, vous êtes pareils... Vous pensez faire ce qu'il faut alors que vous vous trompez... Y'a des gens, c'est un crime de les laisser en vie…” Red, Red, Red… c’est qui ? Attendez, si y a un nouveau super-héros et qu’il n’est même pas au courant, c’est injuste ! Pourquoi il ne reçoit toujours pas les newsletters des super-héros ?! Il en est pourtant. C’est trop nul ! Il va écrire à la fédération des héros pour se plaindre. Ca ne va pas se passer comme ça. Attendez, Red… ce ne serait pas Daredevil ? Genre, Frank a son propre nom pour Daredevil. Bon, faut dire que Jared l’appelle Daredy. Ce n’est pas mieux. Et il lui a foutu un coup de poubelle dans la tronche. Pas sûr que Red (ou Daredevil) soit heureux d’être comparé à Red Light. Mais bon, ça restera entre nous. “Rentre chez toi et laisse-moi faire ce que j'ai à faire.” Et c’est tout ? Même pas de négociation, même pas de discussion. Hé oh ! Jared n’est pas un vulgaire mouchoir en papier qu’on jette. C’est un homme avec un coeur fragile. C’est un gamin avec plein d’espoirs et d’enthousiasme. Alors, un peu de respect, non mais ! Ça se voit qu’il ne connaît pas Jared. Le gars le plus collant, déterminé et chiant du monde. On le repousse ? Il s’arrange pour coller encore plus. Encore plus horrible qu’un moustique. Encore plus chiant qu’une mouche.  Impossible de se débarrasser de lui. A moins de l’assommer ou d’attendre qu’il ait une envie irrépressible de manger. C’est que l’estomac a une grande importance chez lui. Vous imaginez si il s’évanouit en essayant d’arrêter quelqu’un ? Epique, héroïque, impressionnant, hein. “J’suis pas tout à fait d’accord… Tu nous as vus ? J’ai deux fois plus de classe que lui et en plus, je suis plus drôle. L’autre fois, je l’ai limite assommé - par erreur, évidemment - et il m’a envoyé chier. Incompréhensible ! Le mec a pris la grosse tête, tu vois ?” Hein, quoi ? Oui, The Punisher lui a demandé de rentrer chez lui. Il y a pensé pendant un millième de seconde et puis, non. De toute manière, il va tellement vite que Jared aurait pu le faire, avant de revenir. Alors, Kikie ne peut rien dire. La super-vitesse a quand même des avantages, vous ne trouvez pas ? Des avantages emmerdants pour les autres, je vous l’accorde. “Tu crois quoi ? Que je tolère ce que ce mec fait ? Déjà que je trouvais contestable que ma voisine du dessous vive avec soixante chats, alors t’imagines bien que je ne peux pas tolérer ton mec qui découpe des gens. Franchement, qui fait ça ? On se croirait dans un remake d’Hannibal.” Soixante chats, vous imaginez ?! Il y avait une odeur bizarre qui sortait de sous sa porte. Jared a déjà rencontré la voisine dans les escaliers. Il a bien cru qu’elle allait le fouiller pour trouver des croquettes ou une souris morte sur lui. Il fait le pari que dans quelques semaines, elle se pointera avec des greffes d’oreilles de chat et des moustaches. Flippant. Il devrait peut-être changer d’immeuble…

Il comprend que Frank ait voulu sauver l’humanité en tuant un mec. Mais purée, depuis quand il est normal de tuer des gens pour ce qu’ils font ? On va quand même pas tuer tous les gens qui boivent directement à la brique de jus d’orange ou qui écrasent une mamie sur la route. Ce n’est pas ainsi que fonctionne la société. “C’est juste que toi et moi, on n’a pas la même méthode de travail. Mais no problem ! J’suis ouvert et tolérant. Essaye juste de pas tuer les gens que j’essaye de livrer à la police, d’accord ?” Parce que finalement, c’est ça, le truc. Frank veut toujours le doubler sur ses petites jambes. Mais il est toujours plus lent. Il est toujours le second sur le coup. Donc, c’est forcément The Punisher qui le copie et qui veut arrêter les cibles de Red Light. Pas le contraire. Premier arrivé, premier servi, non ? Et puis, ils ont quoi, ces mercenaires ? Faut toujours qu’ils soient révoltés et agressifs quand leur victime s’enfuit ou est entre les mains de la police. Ils ne peuvent juste pas sauter de joie, faire péter le champagne et improviser une fête ? Enfin… on se demande bien qui voudrait participer à une fête organisée par The Punisher. Mais c’est un autre débat. Jared lui donne une tape amicale sur le bras. “Allez, fais pas ton rageux, t’auras qu’à l’attendre à la sortie et lui tabasser la gueule. Bon… on fait la paix ?” C’est pas si grave, hein ? Ce n’est que partie remise, comme on dit. Si Kikie veut autant le tuer, ce n’est pas la prison qui l’arrêtera. Ce n’est pas non plus un crétin dans un costume, vous me direz. Mais ça, ça reste à prouver. Un super-rapide croche-pied est si vite arrivé.

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Je tiens pas à m'éterniser dans le coin. J'ai une mission à finir puisque ce p'tit con m'a justement empêché de le faire mais heureusement, il n'est pas trop tard. Il suffit que je me dépêche et je serai là à temps pour terminer ce que j'ai commencé ce soir. Je m'éloigne, décidé à foutre le camp d'ici avant qu'il ne soit trop tard. Je pense avoir été assez clair avec le p'tit con. Je lui ai dit ma façon de pensée et si avec ça il n'a pas compris, c'est qu'il va vraiment falloir que j'emploie les grands moyens pour faire rentrer les informations dans son crâne. Pas que l'éventualité de lui faire du mal me fasse plaisir mais s'il est trop bouché pour comprendre juste avec les mots, il va falloir que j'allie les gestes aux mots, il ne me laissera pas le choix. J'ose espérer que je n'aurai pas besoin d'en arriver là tandis que je m'avance à pas rapides dans la ruelle mais quand j'entends soudain la voix du p'tit con à côté de moi, je soupire, vraiment exaspéré par son insistance. Vu sa rapidité, il n'a aucun mal à marcher à ma vitesse et je ne suis pas assez stupide pour tenter d'accélérer le pas : ça ne ferait que me fatiguer pour rien vu sa vitesse à lui. Il me faut quelques secondes pour comprendre de quoi il est en train de me parler (ou plus exactement en train de me casser pour la énième fois les couilles) et je laisse échapper un autre soupir : il m'emmerde pour une histoire de costume ? Je me fous de qui a le plus de classe. Et puis j'ai pas comparé leurs costumes je parlais de leur façon de procéder, leur façon de garder espoir en la race humaine. Je pourrais ouvrir ma bouche, je pourrais dire au p'tit con qu'il n'a pas compris ce dont je parlais mais sincèrement, j'ai conscience que ce serait comme pisser dans un violon : ça va rentrer par une oreille et sortir de l'autre. Alors je ravale mes mots, je ravale mes poings parce qu'ils commencent sérieusement à me démanger mais j'ai pas envie d'en arriver là.

C'est juste qu'au bout d'un moment il va plus trop me laisser le choix.

Voilà qu'il continue sur sa lancée même s'il poursuit sur un autre sujet. Mes doigts se resserrent autour de la crosse de mon fusil tandis que je continue de m'avancer dans les ruelles, le p'tit con toujours sur mes talons. Je fronce les sourcils et crispe la mâchoire quand il mentionne sa voisine parce que ça me contrarie vraiment qu'il parle de ça, qu'il compare ce que l'autre enculé fait à... Au fait de posséder tout un tas de chats. Non, je vois pas le rapport. Il me fatigue.

« Sans déconner ?... » je souffle entre mes dents, ma voix teintée d'ironie quand il dit que nous n'avons pas la même méthode de travail.

Ah ça, nous sommes bien d'accord : on n'a pas DU TOUT la même méthode de travail et la sienne de méthode, c'est comme celle de Red : elle est tout simplement inefficace. Mon poing libre se serre quand le p'tit con me demande de ne pas essayer de tuer les types qu'il veut livrer à la police. Je ne sais franchement pas comment je fais pour ne pas lui en coller une parce que là, il se fout vraiment de moi : c'est lui qui me pique mes proies, pas l'inverse. Il me donne soudain une tape sur le bras, un geste qu'il considère certainement comme amical mais qui me fait m'arrêter net avant de le fusiller du regard. Qui lui a permis de me toucher ? Il ajoute en plus que je ne dois pas faire mon « rageux » et que je n'aurai qu'à attendre l'autre enculé à la sortir pour le tabasser. Je le fixe, sans rien dire. « Bon... On fait la paix ? » qu'il me demande et je le fixe toujours sans rien dire. Et si je ne fais rien et ne dis rien, c'est juste parce que j'essaye de rassembler intérieurement toute ma volonté afin de ne pas l'emplâtrer dans le mur juste à côté de nous. Une fois que je m'estime assez prêt, assez calme en fait, je me décide enfin à lui répondre. Je retire ma main de mon fusil, histoire de ne pas être trop tenté de lui en coller une ou deux.

« Qu'est-ce que t'as pas compris dans ce que je t'ai dit ? Faut te le dire comment pour que t'imprimes ? Y'a pas besoin de faire la paix puisque je suis pas ton pote. Je te demande de me foutre la paix. Tu me casses les couilles avec tes idéaux et ta morale qui mènent nulle part. »

Me revient ce qu'il a dit sur l'enculé qu'il a fait arrêter.

« T'en fais pas, je vais m'occuper de son cas à ce type mais t'as pas intérêt à te mettre encore une fois sur ma route parce que je te jure que je vais finir par perdre patience. » Un silence. Je reprends. « T'essayes de faire des trucs biens, j'ai compris, mais ça fonctionne pas des masses et tu peux pas le nier. Mais c'est ça qui me gêne le plus. Moi, ce qui me gêne le plus, c'est que t'es trop souvent dans mes pieds à m'empêcher de faire mon jpb.. »

Je fronce les sourcils, fais un pas vers lui, me rapproche.

« Et d'ailleurs, comment ça se fait que t'es si souvent là où je vais hein ? Où tu récupères tes informations ? »

Il est clair que si mon informateur partage ses informations avec d'autres, il va falloir lui faire passer l'envie de continuer. Je fixe le p'tit con avec insistance. Je veux une réponse. Je veux tellement une réponse que j'en oublie qu'à la base, j'ai décidé d'aller terminer le travail sauf que là, pour le coup, l'envie de comprendre pourquoi on se retrouve tous les deux souvent sur les mêmes affaires est bien trop pressante. C'est capital pour moi de savoir parce qu'en fonction de ce qu'il va me dire, je vais sans doute devoir revoir ma façon de procéder pour récupérer les informations et peut-être même aussi ma façon de procéder pour agir.

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Oh, regardez son regard ! On dirait qu’un feu ardent y vit. Le feu ardent de la passion. Le feu ardent de l’amour. Oh ouiiiii. On en est tout émoustillé ! LE BISOU ! LE BISOU ! LE BISOU ! LE BISOU ! Oh attendez, il a l’air vachement tendu. Est-ce que… nooon, ce ne serait pas de la jalousie ? Kikie est jaloux du swag de Jared ! Ooooh, pauvre chéri ! On va arranger ça. On va lui trouver un costume. Un costume qui pète. Un costume comme celui de Daredevil. Ils sont toujours fourrés ensemble à jouer au corps-à-corps, ces deux-là. Kikie sera content d’avoir le même costume que son pote. Jared en est sûr. Heeeeeey, FRANKIE ! On s’arrête pas comme ça, sans prévenir. Jared a failli ne pas le voir et continuer sa route, en parlant tout seul. Ce n’est vraiment pas sympa. Vraiment vraiment. C’est pas grave. Il ne lui en veut pas. Il n’est pas rancunier, lui. The Punisher a de la chance. Il pourrait tomber sur un gars qui lui ferait manger ses dents. Ce n’est pas le cas de Jared. Noooon. Enfin, il n’oserait pas. Le gars a la mâchoire aussi solide que celle d’un rottweiler ! En trois secondes, vous n’avez plus de doigts. Je vous jure. Alors, on va éviter de foutre nos doigts dans sa bouche, hein. Pourquoi que Frank ne parle plus ? Enfin, non pas qu’il parle beaucoup, le gars. En fait, c’est limite si on estimerait pas qu’il est muet. Jared aime bien parler, lui. Parler, parler et encore parler. A en saouler les gens. Pas besoin d’alcool avec lui. Il suffit de le lancer sur un sujet et il discute pendant une heure. Pour une fois, il attend quand même la réponse du mercenaire. Hé oh, quand il offre une chance à quelqu’un d’ouvrir sa bouche, il le fait pas à moitié. Il attend. Longtemps, s’il faut. Il est têtu, aussi. Têtu et bavard, le mélange parfait. Le cocktail que Frank a l’air de tellement apprécier. La joie dans son regard en est presque émouvante. On pourrait presque y déceler de la fierté. Fier d’avoir un super-héros pareil comme ami, évidemment. Pas fier de pouvoir lui exploser le crâne contre le mur, enfin ! Vous pensiez à quoi ? “Qu'est-ce que t'as pas compris dans ce que je t'ai dit ? Faut te le dire comment pour que t'imprimes ? Y'a pas besoin de faire la paix puisque je suis pas ton pote. Je te demande de me foutre la paix. Tu me casses les couilles avec tes idéaux et ta morale qui mènent nulle part.” Alors, d’un, ce serait bien qu’il surveille son langage, le petit Kikie. Jared a les oreilles fragiles et après, il répète tout ce qu’on lui dit. Il ressort les mêmes méchancetés. Résultat, il se fait tabasser. Donc, on se calme. De deux, ils sont amis. Juste… y a que Jared qui s’en rend compte. Il n’y peut rien si le mec est complètement aveugle. Frank ferme son coeur aux sentiments, alors forcément, il ne voit pas quelle belle amitié il a juste sous ses yeux. C’est décevant. Mais okay, Jared est prêt à patienter. Il attendra aussi longtemps qu’il le faut. Il restera là, triste et brisé. Frank n’aura qu’à le rejoindre un jour avec… avec une rose rouge pour signaler qu’il a enfin écouté son coeur. Et voilà. Leur belle bromance pourra débuter. Allez, fais pas le gamin, Kikie, Jared t’aime bien. Tu le sais très bien !

T'en fais pas, je vais m'occuper de son cas à ce type mais t'as pas intérêt à te mettre encore une fois sur ma route parce que je te jure que je vais finir par perdre patience.” Quoi ? AH NON ! Jared était là le premier. Il l’a arrêté. Ca s’arrête là. Kikie n’a plus à intervenir. Sinon, il lui vole son criminel et ça, c’est très vilain. Il n’aura pas le droit à un dessert ce soir, s’il fait ça ! Est-ce qu’il se rend compte des conséquences ? Non, bien sûr que non. Ce gars est un rebelle. Il ne suit pas les règles. C’est énervant ! Avec tout le respect qu’il a pour lui, Jared ne le laissera pas faire. Hors de question. On ne tue pas les gens, en plus. C’est quoi ces manières ?! On ne lui a jamais appris qu’on ne frappait et ne tirait pas sur les gens ? Aaaah, mais je sais, Kikie a été élevé à la dure. Il tuait des chats dans la rue et les bouffait directement crus, directement avec ses dents (d’où la mâchoire méga puissante). Tout s’explique. Mais bon, ça m’étonnerait qu’il veuille tuer le criminel en lui arrachant la carotide avec sa mâchoire… Ce serait très vampirique comme manière de faire. Et flippant. Très flippant. Vous croyez qu’il va faire la même chose avec Jared ? “T'essayes de faire des trucs biens, j'ai compris, mais ça fonctionne pas des masses et tu peux pas le nier. Mais c'est ça qui me gêne le plus. Moi, ce qui me gêne le plus, c'est que t'es trop souvent dans mes pieds à m'empêcher de faire mon job..” Jared a un sourire fier. C’est vrai. Il est souvent sur les mêmes cas que Frank. La classe, non ? On peut dire qu’ils visent la même difficulté. On peut dire qu’ils sont collègues, hey ! Hé oui, ils sont souvent dans les pattes de l’un et de l’autre. Ce qui plaît énormément à Jared. Enfin, à Red Light. Il hausse les épaules. Innocent. Totalement innocent. C’est pas de sa faute s’ils veulent intervenir en même temps, au même endroit. The Punisher a qu’à être plus rapide que Red Light. C’est tout. Une simple question de vitesse. Premier arrivé, premier servi. Une règle de base que tous les super-héros ont. Enfin, je crois. Je devrais vérifier. Hééééé ooooh, te rapproche pas trop, Frankie. T’as mauvaise haleine ! Jared fait un pas en arrière. Histoire d’assurer une distance de sécurité. Il n’oublie pas l’arme à la ceinture du gars, ni la mâchoire de rottweiler, ni le regard qui tue, ni la mauvaise haleine. Même s’il a la rapidité de son côté, il n’est pas immortel. Faut pas déconner. Que ferait l’univers d’un Jared immortel ? L’univers se suiciderait, forcément. “Et d'ailleurs, comment ça se fait que t'es si souvent là où je vais hein ? Où tu récupères tes informations ?” Haaaan, c’est donc ça. Frank est possessif. Il n’aime pas trop qu’on marche sur ses plates bandes. Okay, très bien. Le truc, c’est qu’il est l’un des seuls moyens de Jared pour jouer les super-héros. Ensuite, les méchants ne courent pas les rues. En attendant de pouvoir s’en prendre à des gens avec des capacités extraordinaires, il doit bien s’entraîner sur les gens normaux. Et on sait tous que c’est déjà énorme pour lui. Il croise les bras. Un sourire joueur sur les lèvres. “Un magicien ne révèle jamais ses secrets.” Kikie peut rêver. Il ne saura jamais. Ou alors, faudra lui arracher toutes ses dents, lui couper les doigts et lui faire des chatouilles. Sauf que Frank est un gars bien. Il ne le fera jamais. Quoique… quand il regarde Jared comme ça, on pourrait presque en douter. Oh tiens, on aurait presque l’impression que The Punisher va le broyer à la seule force de ses mains. Pourtant, Red Light est sympathique ! Toujours un trait d’humour, toujours le sourire… Y a pire comme compagnie.

Jared lève les yeux au ciel. Il pousse un soupir. Il est triste de ne pas pouvoir dévoiler sa méthode. Vraiment. Il aimerait bien échanger avec Frank sur la manière de traquer leurs cibles. Mais il ne peut pas. Il est le gars qui court partout dans la ville, oui. Pourtant, il n’est pas seul derrière. Il y a des gens à qui il tient. Des gens qui l'aident. “Vraiment, tu sais que j’t’aime bien, Kikie, mais je peux pas te révéler mes sources. Ca pourrait les mettre en danger, tu le sais.” Sous-entendu : tu pourrais les retrouver pour en faire des brochettes. Jared n’a pas très envie que ses proches finissent en brochettes. Etrangement. Allez, il est quand même sympa. Il est prêt à faire un geste dans la direction de Kikie. Il est prêt à lui accorder un avantage. Seulement parce qu’ils s’entendent bien et qu’ils s’aiment à la folie. “Mais la prochaine fois, j’te laisse… cinq minutes d’avance. Ca te va ?” Cinq minutes. C’est sûrement assez pour tuer quelqu’un, non ? Frank ne pourra pas dire que Jared ne fait pas d’effort, sur ce coup ! Il coopère, vous voyez ? Il négocie pour que leur entente reste cordiale. Il a vu ça dans un épisode des Experts. Enfin, la négociation s’appliquait plus à une prise d’otages. Si on y réfléchit, c’est plus ou moins la même chose, là. Leur cible est la victime. Jared est le gentil policier. Forcément. Et Kikie, c’est le gars qui veut buter tout le temps parce que les autres ont l’audace d’être moins horribles que lui. Un épisode des Experts, j'vous dis.

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L'information il me la faut, c'est nécessaire. Si on a le même indic, il va falloir mettre les choses au point avec le dit indic histoire qu'il comprenne que je suis celui à qui il doit donner les informations en priorité et pas à l'autre type en collants rouges (c'est devenu une mode on dirait). A cause de de lui, je perds des cibles et ça c'est intolérable. Alors je demande et j'attends. J'attends. J'attends. Je perds patience aussi. Le p'tit con croise les bras et esquisse un sourire et à ce moment-là, je comprends : il n'a pas l'intention de me dire quoi que ce soit le salopard... Je plisse les yeux quand il confirme ce que j'ai pensé : il ne veut rien me dire. Les jointures de mes doigts se serrent te pendant une seconde, j'ai envie de lui coller une mais bon... D'une, il risquerait de l'éviter vu comme il est rapide et vu les réflexes qu'il possède, et de deux... C'est qu'un gosse quoi... Il a beau me taper sur le système, il a beau m'empêcher de faire mon boulot, ça reste qu'un gosse. J'veux dire il doit avoir quoi, une vingtaine d'années ? C'est sans doute pour ça qu'il a autant d'idéaux débiles. Remarquez, Red est plus vieux mais il a aussi des idéaux débiles. Peut-être que ça vient des collants rouges. Alors non, je vais pas lui en mettre une. J'suis un connard mais j'suis pas une ordure. A la place, je me contente de le fixer avec des fusils à la place des yeux, en espérant que lui faire peur de cette façon suffira à le faire changer d'avis et à m'en dire plus. Je suis pourtant pas du genre passif mais lever la main sur lui, ça me ferait descendre trop bas. Red, c'était différent. Il est différent. Le p'tit con c'est... Bah un p'tit con. Un p'tit con qui finit par soupire en levant les yeux au ciel et puis c'est là qu'il reprend la parole et il met à mal mon envie de faire les choses correctement et de ne pas le frapper, parce que ce putain de surnom... Non, sérieusement, c'est juste pas possible ça...

Vraiment pas possible.

Au-delà du surnom qui me rend totalement malade, il a absolument raison : révéler ses sources les mettrait en danger puisque j'ai bien l'intention d'aller leur offrir une petite visite de courtoisie. Remarquez il me connaît bien le p'tit con, il a compris comment je fonctionnais. En restant muet, il protège les gens qui lui donnent des informations. Il est loyal, c'est une qualité que j'ai tendance à apprécier sauf que là, sa loyauté me met moi dans la merde. Comme on dit, je suis un peu le cul entre deux chaises : j'ai envie de le faire parler, de lui faire passer l'envie de se mêler de mes affaires et en même temps... J'ai vraiment pas envie de lui faire du mal. Ah, j'aime pas me sentir comme ça. Et voilà qu'il se propose de me laisser cinq minutes d'avance la prochaine fois. Il me demande si ça me va. Je l'observe d'abord en silence, toujours partagé entre l'envie de l'emplâtrer et l'envie de le laisser tranquille et puis, je termine par secouer la tête en soupirant. Je desserre les poings, replace correctement mon fusil à sa place et croise les bras à mon tour tout en regardant le p'tit con.

« Non, ça me va pas, mais visiblement tu me laisses pas trop le choix, il va falloir que je te supporte de temps en temps. » je termine par lui répondre, un peu vaincu je l'admets.

J'ai décidé : je ne veux pas lui faire de mal parce que ça dirait quoi sur moi ? Que je suis un salopard qui tabasse un jeune qui essaye de se rendre utile ? Ok, sa méthode me convient pas, Ok je crois pas en ce qu'il fait mais je me vois pas le tabasser pour ça. Bon, c'est clair que j'aurais préféré savoir qui lui file les informations mais je questionnerai mon indic de mon côté. Avec la bonne méthode, je devrais pouvoir découvrir si c'est lui qui fournit le p'tit con en informations ou pas du tout.

« Bon, par contre, y'a deux/trois trucs qu'il va falloir mettre au clair. » Enfin surtout un. « Ce surnom là, que tu me donnes, tu l'oublies. Hors de question que tu m'appelles comme ça. Tu m'appelles Frank si tu veux mais pas... Je peux même pas le dire. » Ah non, ça me débecte tellement que je ne peux pas le dire. « Donc tu oublies. Je veux plus jamais t'entendre m'appeler comme ça, c'est clair ? »

Et j'espère que là, il va se rendre compte des efforts que je fais. Je lui aboies plus dessus, je le menace plus, je suis aussi amical que la situation me permet de l'être.

« Et puis tu vas m'dire comment tu t'appelles et je parle pas d'un surnom débile. Tu dois en avoir un non ? Ils en ont tous un. » Sous-entendu les super-héros, les mutants... « Mais je veux pas t'appeler par un surnom. Tu connais mon identité. » Un silence. « Je te demande pas de me donner ton prénom et ton nom, j'sais que si tu portes un masque c'est pour une raison mais je veux connaître au moins ton prénom. »

J'hésite un instant tandis que je le regarde. Il me tape sur le système, c'est un fait. Mais... Un soupir et je tends la main vers lui, pas pour lui en mettre une, mais pour qu'il la serre.

« On se présente correctement. Tu connais mon nom parce que tu l'as entendu ou vu mais on s'est pas présenté. J'garantis pas que je vais supporter ta présence dans mes pieds parce que tu me casses les noix, je préfère être honnête. » Pour le coup, on peut pas faire plus honnête en plus. « Mais voilà, j'veux bien faire un effort. Je m'appelle Frank. »

Et s'il veut pas me serrer la main et me dire son prénom... On pourra pas dire que c'est pas moi qui fait pas des efforts hein...

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best friends forever... or not


Les négociations, c’est tout un métier. On peut dire que Jared est doué là-dedans, vous ne trouvez pas ? Mais si, regardez, Kikie se détend ! Il ne le tue plus du regard. Et heureusement. Parce que Jared était sur le point de prendre ses jambes à son cou. Ben quoi ? La personne la plus effrayante qu’il ait vue, c’est la grand-mère qui habite en bas de chez lui. Elle a un oeil de verre, elle est chauve et elle parle une espèce de langue étrangère digne d’une sorcière. A chaque fois qu’elle lui parle, il a l’impression qu’elle lui lance un mauvais sort. Résultat, pour essayer de l’amadouer, il se promène toujours avec des gâteaux (en miettes) qu’il lui refourgue. Mais quoi, à la fin ?! il faut savoir acheter les gens pour qu’ils vous laissent tranquilles. Vous devriez essayer la prochaine fois qu’on vous vole votre sac, par exemple. Si si, je vous promets ! “Non, ça me va pas, mais visiblement tu me laisses pas trop le choix, il va falloir que je te supporte de temps en temps.” Le supporter ? Lui ? Noooooon. Jared est serviable, loyal, gentil, sympa, drôle. Il n’est pas question de supporter. A la limite, adopter. Quoique, il n’aimerait pas partager le même appartement que Frankie. Vous imaginez sa réaction si Jared oubliait de remplacer la bouteille de gel douche ? Il y aurait des morts, du sang, des cris. Bref, ce serait trop dangereux. Il préfère éviter. Enfin, on ne peut pas nier qu’ils sont enfin sur la voie de l’amitié. Une belle amitié. Kikie arrive à se détendre, à sympathiser et même, à apprécier le doux caractère agréable de Jared. Vous voyez que tout arrive ! Cela dit, qui aurait pu en douter ? Tout le monde aime le coursier, sa bouille idiote et son insolence. En fait, c’est un peu le labrador des humains. Ouais, voilà. Un beau labrador qui tire la langue au moindre effort (quelle idée de rendre chaque mouvement épuisant, aussi !). “T’as tout compris, mon vieux. On pourrait même pousser le truc en allant boire une bière ou deux, un de ces quatre ! Avec ta gueule défoncée, tu pourrais faire craquer des femmes.” Jared lui fait un clin d’oeil. Pas de doute : Kikie est le genre badboy qui plaît à certaines. Il n’a pas la tête du jeune premier, de l’homme propre sur lui. Il est le mec qui a une vie dangereuse, qui n’a pas peur de se salir les mains, qui saura fracasser la tronche de ceux qui les embêtent. Vous voyez le genre ? Hé bien, il y en a qui cherchent ce type de gars. Et puis, ça pourrait aider Kikie à s’amuser un peu. Regardez sa tronche, on dirait qu’il ne dort pas la nuit ! M’enfin, il faut profiter de la vie. Il faut s’éclater. Il faut dandiner son postérieur. Il faut apprécier chaque moment. Il est temps que quelqu’un sorte Frank de son quotidien.

Bon, par contre, y'a deux/trois trucs qu'il va falloir mettre au clair.” Quoi, encore ? Kikie va lui demander de porter une tenue de soubrette et de lui épousseter le pantalon ? Jared le dit tout de suite : c’est hors de question. Il ne donne pas dans les trucs chelous comme ça. Et puis, il ne veut rien connaître des fantasmes sexuels de Frank. Il préfère le voir comme un homme intraitable, brutal et sans compassion. Cette image est deux fois mieux que de l’imaginer en train de gifler les fesses nues d’une femme. ARGH. Trop tard. Il a la scène dans la tête. Par où est-ce qu’on vomit ? Sur les chaussures de Kikie ? “Ce surnom là, que tu me donnes, tu l'oublies. Hors de question que tu m'appelles comme ça. Tu m'appelles Frank si tu veux mais pas... Je peux même pas le dire.” Rhaaaaan ! Finalement, ce n’est pas Jared la diva, c’est Kikie. Sérieux, quoi ! Il est aussi dégoûté que ça par son surnom ? Ce n’est pas possible. C’est mignon. C’est affectueux. C’est adorable. Il n’y a rien de choquant là-dedans. Okay, je vous l’accorde, ce surnom est quand même ridicule quand on voit la réputation du mec. Mais justement, Kikie vient donner un peu de profondeur et d’humanité au Punisher. Ce qui n’est pas négligeable par les temps qui courent. Je vous rappelle que le gars n’a pas un passé d’enfant de choeur. Alors, le moindre détail qui pourrait l’aider à avoir une réputation de bisounours est la bienvenue. Quoi ? Il ne veut pas être vu comme un bisounours ? MAIS SI ! Qu’il réfléchisse cinq secondes. En ayant l’air d’un gros ourson jaune, il pourra mieux attaquer et prendre par surprise. Je vous jure ! Tout est calculé. Jared a un sourire taquin sur les lèvres. Parce qu’il aime bien taquiné, le bougre. Surtout quand il s’agit d’embêter un mec qui fait soixante kilos de plus que lui. “Tu veux dire... ‘Kikie’ ?” C’est presque jouissif de pouvoir le dire. Limite Jared entamerait une chanson à base de “Kikie, adorable Kikiiiiiiie, tu es le plus gentiiiiiiil de tous les Kikiiiiiiiiiiiies.” Juste pour le faire chier. Evidemment. Quel autre but y aurait-il ? Sauf qu’il ne se sent pas l’âme d’un artiste, ce soir. Vous savez, pour écrire une chanson en totale improvisation, il faut être inspiré. Alors, c’est sûr, il pourrait se cantonner à répéter le surnom jusqu’à ce que Frank lui arrache la langue. Mais il n’en a pas vraiment envie. “Donc tu oublies. Je veux plus jamais t'entendre m'appeler comme ça, c'est clair ?” Sinon quoi ? Je préviens, si Frank le menace de lui faire avaler de la purée par les narines, Jared s’enfuit en courant ! On ne touche pas à ses narines, ni à la purée. Ce truc immonde ne peut pas entrer dans son corps. Les pommes de terre en frites, okay. Mais en purée... Sacrilège ! Et puis, il est tellement naturel et spontané. On ne peut pas lui demander de changer ses habitudes. Il ne peut rien promettre, oh ! Surtout qu’il aimait bien ce surnom. C’est d’une tristesse… Kikie, pardon, Frank, ne reconnaît pas ses talents. Quel homme ingrat ! Pas étonnant qu’il soit obligé de tuer les gens, aujourd’hui. “Bon okay, mais je peux t’appeler Frankie ?” Il n’a pas intérêt à faire le con. Frank, pas Jared. Sinon, Red Light lui explose la gueule en deux secondes et le mec ne pigera rien. OUAIS. On passe aux menaces. Mais là, on parle d’un sujet sérieux. D’un sujet qui touche la Terre entière. D’un sujet où la blague n’est pas possible. Les surnoms sont importants. Trop peu de gens en ont. Et cette carence nominative est le plus grand mal de la planète. Je ne rigole pas.

Ou aloooooors, Frank accepte de lui divulguer le surnom que sa maman lui donnait. Et là, Jared accepte de laisser tomber tout les Kikie et Frankie du monde. Promis, juré, craché. Il le laissera même assassiner un mec. Ouais, on en est là. Je m’excuse d’avance pour le gars qui risque de mourir. “Et puis tu vas m'dire comment tu t'appelles et je parle pas d'un surnom débile. Tu dois en avoir un non ? Ils en ont tous un.” QUOI ? Il n’est pas sérieux ! Il n’a rien appris des films et des comics ? Un super-héros ne révèle JAMAIS son identité. Même pas son prénom ! Naméoh. Frank croit quoi ? Allez, pour la peine, je recommence à l’appeler Kikie. Le mec n’a aucun respect pour la sécurité de Jared, alors on n’en a pas pour son prénom. ET TOC. Il ne fait plus le malin, The Punisher ! Il fait dans sa culotte en dentelle, hein hein ! “Mais je veux pas t'appeler par un surnom. Tu connais mon identité. ” En même temps, difficile de ne pas la connaître. Jared n’est pas un amateur ou un homme sorti tout droit d’une grotte. Ceux qui ont un minimum suivi les informations connaissent son visage. Jared a même réussi à avoir une certaine admiration pour lui. Après tout, The Punisher a débarrassé la ville de ses criminels. Une partie, en tout cas. Il a une méthode radicale et efficace. Sauf que bon, tuer, ce n’est pas joli-joli. Faut pas trop abuser. Ca fait beaucoup de sang et de cadavres à ramasser. Vous imaginez ? Alors oui, Frank fait tourner l’industrie des pompes funèbres à lui tout seul, mais ce n’est pas une raison ! “Hé oh, tu m’prends pour qui ?! C’est pas de ma faute si tu t’es fait choper et qu’on a révélé ton nom, oh !” C’est vrai, quoi ! On lui fait toujours payer toutes les fautes du monde, alors qu’il n’est qu’un simple coursier. Comme son patron, tiens. Il est toujours en train de lui reprocher ses retards, mais est-ce de la faute de Jared s’il y a des sorties de super-héros pile au moment où il doit livrer ? Est-ce à cause de lui s’il y a des starbucks sur sa route ? Non ! C’est l’univers qui a décidé. Pas lui. A un moment donné, faudrait se trouver un autre coupable. A force, Jared risque de craquer et de sauter du haut de son vélo. HE OUAIS. Ce n’est pas une menace en l’air, non ! “Je te demande pas de me donner ton prénom et ton nom, j'sais que si tu portes un masque c'est pour une raison mais je veux connaître au moins ton prénom.” Pffffu ! Il est dur en affaire, le bonhomme. Bon, après tout, avec un prénom, qu’est-ce qu’on peut faire ? Pas grand-chose. Frank(ie) a quand même des trucs plus importants à faire que de prendre l’annuaire pour trouver tous les Jared de New-York… n’est-ce pas ? C’est une habitude typique de déséquilibrés. Ce qui, finalement, correspond bien à Frank. Jared sait déjà qu’il va se faire taper sur les doigts par Jazz s’il révèle quoique ce soit. C’est soit ça, soit il meurt broyé par la poigne de Punisher. Ce qui est quand même classe, avouons-le. Aloooors, réfléchissons bien… “Tu promets de ne pas te pointer chez moi à six heures du matin, un dimanche, pour me défoncer la gueule ?” Oui, il y a certaines précautions à prendre avant de donner son prénom à The Punisher. Jared n’est pas complètement inconscient, même si il est sur le point de faire confiance à ce mec. Croire en sa parole, franchement, on aura tout vu ! En attendant, c’est tout ce qu’il a. Alors, faut faire avec. Et puis, il s’assurera d’avoir toujours une tasse de café prête pour Kikie, en cas de visite impromptue. Les Hemingway savent recevoir, hé oui !

On se présente correctement. Tu connais mon nom parce que tu l'as entendu ou vu mais on s'est pas présenté. J'garantis pas que je vais supporter ta présence dans mes pieds parce que tu me casses les noix, je préfère être honnête.” Haaaan, mais allleeeeeez. Jared est comme un chiot en manque d’affection ! Il n’est pas méchant. Faut juste lui caresser la tête, lui donner un susucre et lui lancer un bâton. Il ne demande rien d’autre. Frank peut bien le faire, non ? C’est sûrement moins fatiguant que de taper sur des gens à longueur de journée. Pour une fois qu’il peut se montrer affectueux, en plus. Jared regarde la main tendue avec suspicion. Qu’est-ce qu’elle cache ? Une bombe ? Une grenade ? Une technique de combat ? Un piège ? Il l’observe comme s’il s’agissait du pire danger qu’il puisse rencontrer. Le mec a des doigts. DES DOIGTS. Vous imaginez ce qu’ils peuvent faire ? Oui, je sais, ils peuvent servir à ouvrir une bouteille ou se curer le nez. Mais ils peuvent aussi être utilisés pour étrangler, briser les os ou aveugler les gens (un doigt dans chaque oeil, ça fait mal). “Mais voilà, j'veux bien faire un effort. Je m'appelle Frank.” HAAAAAAAN ! Est-ce que ce n’est pas mignon ? Kikie fait des efforts ! Trop d’honneur pour Jared. Il sortirait bien un mouchoir de sa poche, s’il avait des poches dans son costume. Sauf que ce n’est pas le cas. Bon allez, il ne peut pas passer à côté d’une opportunité de se vanter d’avoir amadoué Kikie. Le grand, le magnifique, l’incroyable Red Light a conquis le coeur noir et insensible de Frank. N’est-ce pas adorable ? Il va se la péter et le raconter à tout le monde. Même sa mère va en entendre parler pendant des jours ! Tant pis si elle ne comprend rien. Elle devra juste retenir que Frank est son pote. “Je suis Jared.” Il aurait bien voulu s’inventer un faux prénom. Un truc super classe. Du genre Maxwell, Brad, George, Barack ou que sais-je encore. Sauf qu’il n’a pas la tête d’un gars super classe. Okay, son visage est à moitié dissimulé. Mais vous l’imaginez se faire passer pour un Maxwell ? Lui, le gars qui s’amuse de tout et qui hurle au monde entier ses rencontres avec Thor ? La réponse est non. Faut pas chercher. Autant être honnête avec un gars capable de vous casser les os d’une main juste en vous la serrant. D’ailleurs, Jared n’oublie pas de récupérer la sienne assez rapidement. Il ne prend pas de risques inconsidérés. Ca va pas ! “Entre nous, tu devrais avoir ton propre costume ! C’est grave confortable, on peut bouger comme on veut dedans… bon, y a juste l’odeur qui est parfois insupportable, mais ça se lave ! Tu le mets en cycle court, à 30°C et le tour est joué.” Il se met à gesticuler dans tous les sens pour lui prouver le confort de la tenue. Un vrai commercial capable de vendre son vêtement. Mais oh, faut bien ! C’est une création de Stark, il peut s’en vanter et essayer de ramener des clients à l’Avenger. M’enfin, ce serait risqué. Frank étant assez porté sur la colère, la violence et les armes, la rencontre pourrait être explosive. Voire mortelle. Voire les deux. “Bon, dis-moi Kikie, pardon, Frank, qu’est-ce que t’attends pour améliorer ta vitesse ? On dirait vraiment un retraité qui se traîne !” Jared dit ça en toute amitié, bien sûr. Puisqu’ils sont amis, maintenant, non ? Ils viennent de se serrer la main. Ils se sont présentés. Ils sont les meilleurs amis du monde. On peut le dire ainsi. Un statut qui lui donne le droit de tout dire, de tout penser. Dans une parfaite sincérité qui le caractérise tant. En fait, il n’a même pas besoin d’être ami avec quelqu’un pour exprimer ce qu’il pense. Mais chuuuut, il ne faut pas le dire. Kikie pourrait avoir le coeur brisé de ne pas avoir ce privilège.

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C'est vrai, ça peut paraître très peu comme ça mais pour moi, c'est vraiment beaucoup. Me montrer aussi sociable, me montrer aussi agréable (Comment ça, ça ne se voit pas ?...), me montrer aussi prêt à faire des efforts pour accepter la présence du p'tit con dans mes pieds. Oui, c'est vraiment beaucoup, alors j'espère bien qu'il va l'accepter ce petit compromis, j'espère bien qu'il va accepter de se présenter, de me serrer la main parce que ce serait vraiment un bon début. En tout cas, pour moi, c'est essentiel. Alors... Acceptera ? Acceptera pas ? Il n'a pas l'air totalement emballé par cette idée et quand il me demande de lui promettre que je ne viendrai pas chez lui en pleine nuit, je me demande l'espace d'un instant s'il est sérieux ou s'il blague. Ceci dit, il n'a pas tout à fait tort de se poser la question : si je savais où il habitait et qu'il me tapait trop sur le système, je serais sans doute capable de débarquer chez lui en pleine nuit pour le prendre par surprise (car ce serait la seule façon de pouvoir lui faire quoi que ce soit tellement il rapide) et lui faire passer l'envie de recommencer. Légitime donc l'interrogation mais je ne pense vraiment pas à ça sur le moment. Et puis je ne lui demande pas de me la donner son adresse, ni de me donner son nom : juste son prénom, et c'est pas avec un simple prénom et une description du loustic que je risque de pouvoir le débusquer donc il est tranquille. En théorie, il est tranquille. Je l'observe et je sais que j'ai l'air de plus en plus renfrogné au fil des secondes parce que son hésitation, elle va finir par être vexante. Et puis, voilà qu'il cesse d'hésiter et qu'il se présente enfin. Jared donc. Et s'en suit la poignée de mains. Oh c'est très, très bref, à croire qu'il a peur pour ses doigts mais il vient me serrer la main, une petite pression et j'ai à peine le temps d'y répondre à la pression qu'il a déjà récupéré sa main ce qui, bien malgré moi, me fait sourire. Parce que je l'intimide. Il prend de grands airs et il est très rapide, mais je l'intimide. Au moins un peu. Au moins assez pour qu'il craigne pour ses doigts et pas que pour ses doigts d'ailleurs.

Tant mieux. C'est bien d'avoir ce pouvoir là.

Les présentations passées, j'abaisse donc ma main. Je pourrais lui dire un truc du genre « Ravi de te connaître » mais c'est pas vraiment le cas. Je suis pas ravi, je le supporte, il y a quand même une nuance. Enfin, peut-être qu'avec le temps... Ou pas parce qu'il repart de plus belle : en fait, la vitesse elle n'est pas que dans ses jambes, elle est partout dans son corps, dans son esprit aussi. Il ne s'arrête jamais. Il doit épuiser ses proches s'il est vraiment comme ça au quotidien. Donc, il embraye sur le costume, sur le fait que je devrais moi aussi en posséder. Je baisse le visage, observe mes habits avant de relever mon regard vers Jared et ses propres habits, quoiqu'on ne puisse pas vraiment considérer ce qu'il porte comme des habits. Moi ? Dans un costume de ce style ? Que ce soit lavable ou je ne sais quoi, rien à foutre : jamais de la vie. Confortable ? Tant mieux mais moi aussi je suis bien dans mes vêtements. Son truc moulant là, non merci. D'ailleurs je grimace à l'idée parce que l'espace d'une seconde je parviens à imaginer un truc, je parviens à me projeter dans un costume du genre et non. Juste non. Je plisse soudain les yeux quand il use de ce putain de surnom que je lui ai intimé d'oublier. D'ailleurs il se reprend vite. Bon, ça va. Il a retenu. Il me demande ce que j'attends pour améliorer ma vitesse car on dirait... Un retraité qui se traîne ? Je hausse les sourcils, un peu dubitatif. Pourquoi il me demande ça ? Parce que ça le travaille que je ne sois pas assez rapide ? Oui mais moi en même temps j'ai aucun pouvoir alors forcément...

« J'ai pas l'intention d'améliorer ma vitesse, j'en ai pas besoin. Je suis précis et ça me suffit. » je lui dit en soulevant mon manteau pour lui montrer mon fusil. Petit silence, j'ajoute finalement quelques mots en crispant la mâchoire, un brin contrarié. « Enfin, jusqu'à ce que tu te pointes je n'avais pas besoin d'être plus rapide mais bon, même si j'essayais ça changerait quoi ? J'ai aucun pouvoir. J'aurai beau m'entraîner, je parviendrai jamais à aller aussi vite que toi alors je vais m'en tenir à ce que je fais de mieux : viser juste. »

Petit sourire en coin. Oui, je vise juste et ce en n'importe quelle circonstance.

« Et le costume c'est comme le surnom, tu oublies ça tout de suite. Jamais je porterai un truc comme ça, jamais. Pas la peine d'insister. »

Je précise parce que le peu que je connais de lui, il va insister oui. Il va trouver tous les défauts à ma tenue et tous les avantages à un éventuel costume et il va essayer de me convaincre de céder, alors autant être direct et ne laisser planer aucun doute : jamais ça veut dire jamais. Je l'observe un instant, repense à sa question, repense à ce qu'il est capable de faire alors que moi je suis incapable de le faire.

« T'es né comme ça ? » je lui demande soudain. « Avec tes pouvoirs. » j'ajoute dans le cas où il n'aurait pas compris le sens de ma question.

Ma curiosité est un peu attisée, une fois n'est pas coutume. C'est peut-être trop abrupt de demander ça de cette façon mais je ne suis pas connu pour y aller en douceur et prendre des pincettes, pas vrai ?


Et s'il veut pas me serrer la main et me dire son prénom... On pourra pas dire que c'est pas moi qui fait pas des efforts hein...

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