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Nothing left to lose.

« Ever since the day we died, well I’ve got nothing left to lose After Jesus and Rock N Roll Couldn’t save my immoral soul, well I’ve got nothing left to lose.  » -  Nothing left to lose, The Pretty Reckless.

L
e temps s’est arrêté, sa course s’est figée dans une infernale attente. Le temps s’est arrêté jusqu’au fond de ses cellules et sa seule manière d’évacuer se trouve au sous-sol de l’Institut qu’elle ne quitte presque plus. On pouvait bien lui dire ce qu’on voulait, on pouvait bien lui ordonner de se reposer, cela faisait une semaine qu’elle n’y parvenait plus. Est-ce que Tadeusz prenait soin d’Hyperion ? Est-ce que la guerre allait encore leur tomber sur le coin de la gueule et faucher de jeunes âmes innocentes au nom d’un Dieu qui ne répondait jamais aux prières ? Elle se souvenait des dimanches à l’Eglise, elle se souvenait des sermons sur la fidélité, des leçons sur la générosité et la tolérance. On l’avait appelée Prudence pour ramener une vertu, comme sa soeur s’appelait Tempérance et sa cousine Faith, au sein d’une famille d’hypocrites soit-disant bien pensants. Elle se souvenait des croyances, des histoires au coin de la cheminée, de la Bible sur la table de nuit. Elle revoyait le visage de sa petite soeur, si doux, émerveillé par la glace puis effrayé par le froid.

Quand elle remonte la fermeture sur le devant de la combinaison, elle a encore l’image de la Confrérie collée à la rétine. Le blanc lui revient toujours en mémoire, douce ironie d’une époque où le rouge en tachait l’éclat. Le noir, finalement, était d’une tendre tristesse qu’elle avait appris à apprécier au fil du temps, d’autant plus depuis que le tissu s’adaptait à sa nouvelle condition aqueuse. Peut-être que ces instants de silence dans les vestiaires étaient aussi importants pour elle que les heures à s’entraîner, seule dans son coin, sans recevoir le stress ambiant. Fut un temps où elle avait les combats dans la peau, plus de désirs de tuer que de mourir. Fut un temps elle se sentait vivante quand les battements d’un coeur ralentissaient, quand le myocarde cessait sa litanie régulière, emprisonné dans le froid mordant de l’hiver.

Emission anormale de chaleur. Elle allait s’approcher de la Danger Room quand elle a perçu la variation, non loin, alors elle s’est tournée, terminant de tresser ses cheveux sur le côté. Havok, forcément. Source ultime de désagrément, non par sa faute mais par la nature même de sa mutation. « Je te laisse la place, si tu veux.. » a-t-elle soufflé. Il n’était pas bavard et en toute honnêteté, il n’était pas l’homme qu’elle avait eu le plus envie de connaître, même si elle s’était vaguement entendue avec lui durant sa période plus optimiste. De courte durée. Il n’était pas mauvais, il lui ressemblait même un peu et son silence lui plaisait, toutefois.. ses trente-neuf degrés étaient insoutenables pour la cryokinésiste, quelques mois plus tôt. Terminer son évolution l’aidait un peu.. Snow n’était seulement pas à l’aise avec les radiateurs. Pyro avait laissé son empreinte dans le cerveau de la jeune fille d’alors, avec suffisamment d’insistance pour qu’elle intègre que la glace fondait toujours au soleil.

Le visage d’Axel, comme un fantôme. Son Axel, celui qui s’était brisé la nuque dans sa tentative maladroite de sauvetage. Migraine désagréable, tensions palpables. Il fallait qu’elle se détende, qu’elle décharge l’étendue de sa contrariété sur quelques cibles lambdas, qu’elle épuise les manifestations de glace, qu’elle étouffe dans l’oeuf les doutes et les remords. Pourquoi ce cercle vicieux pitoyable ? Eternelle valse d’un coeur froid qui fondait trop souvent pour les mauvaises personnes quand elle avait appris que l’affection ne menait qu’à la déception. Les émotions détournaient des objectifs et obscurcissaient le jugement.

« .. Sauf si la compagnie ne te dérange pas. » Il y avait toujours assez d’hologrammes et de robots dans le coin. Toujours assez de programmes aussi, parce qu’en théorie ils étaient une équipe, parce que parfois tout le monde acceptait de se réunir pour préparer les missions. « On n'est pas obligés de parler. » précise-t-elle en esquissant un sourire un peu gêné. Elle ignorait parfaitement ce qu’Havok pouvait penser de sa présence, même après trois ans ici, même après un an en tant d’X-Woman. Peu loquaces, ils ne s’encombraient jamais de paroles inutiles, lorsqu’ils se croisaient. Les rafales de plasma n’étaient pas sa tasse de thé. L’ère glaciaire ne devait pas être la sienne.
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B
esoin de relâcher la pression. Au sens littéral, en ce qui concerne Havok puisqu’il semble arriver à un point où l’énergie accumulée menace de s’échapper, à la moindre petite contrariété. Comme les morveux qui braillent pour tout et surtout pour rien, tout autour de lui. Ou ceux qui ne trouvent de meilleures occupations que de fourrer leur langue dans la gorge de l’autre, à peine discrets, derrière un arbre. Bon, c’était peut-être, en partie, la frustration qui parlait, là. N’empêche, ces gamins n’avaient absolument aucune tenue. On ne leur apprenait donc pas la discrétion, ici ? A force, il finirait par en souffler un, de ces couples de créatures aux hormones déchaînées, juste pour pouvoir placer un cinglant : « Rester concentrer, c’est une règle à ne pas transgresser quand on est ici, mioches. » Non, vraiment, les jeunes, il ne pouvait pas les encadrer. Et forcément, quand il a manqué foudroyer du regard (un peu trop au pied de la lettre), l’énième garnement de la semaine à venir lui quémander une démonstration parce que, il cite, « il paraît que tu peux réduire en poussière n’importe quoiiiii, c’est tellement cool ! », il s’est dit qu’il avait réellement besoin de décompresser. Rapidement. Et si on arrêtait de recruter les mômes en galère avec leurs pouvoirs, juste pour un petit mois ? Non ? Bon…

Les vestiaires sont d’un calme irrésistible. Presque plus que sa chambre, devant laquelle on passe, on s’arrête, on raconte les dernières nouveautés, on fait du bruit, insupportable. Havok se pose sur un banc, colle son crâne au mur, ferme les yeux et soupire un bon coup. Il doit bien s’écouler une dizaine de minutes avant qu’il ne se déshabille enfin pour enfiler sa combinaison. Non pas qu’il l’affectionnait particulièrement mais elle avait le mérite de ne pas se désintégrer, pas même en partie, lorsqu'il utilisait ses pouvoirs, et elle était faite de sorte à canaliser les émissions de rayons, pour en faciliter leur orientation. Malgré ça, toutefois, les deux premières vagues étaient généralement trop brusques pour qu’il n’arrive à les contenir et les diriger dans la direction qu’il voulait, quand il avait emmagasiné trop d’énergie.

Incapable de percevoir ce qui ne le gêne fondamentalement pas, le mutant se trouve surpris par la remarque, à peine soufflée, pourtant, qu’il perçoit parfaitement dans le calme des sous-sols. « Je te laisse la place, si tu veux.. » Un peu sur sa gauche, Snow, rencontre inattendue. S’ils se croisaient forcément, ils n’échangeaient souvent rien de plus qu’un regard. Il ne peut même affirmer se rappeler du son de sa voix, encore moins d'être capable de la reconnaître, s’il ne l’avait pas vue, il aurait simplement pu se demander qui lui parlait. Il ne répond pas, se contente de croiser le bleu surnaturel de ses yeux. Il devrait faire un effort, tout de même. Elle a été assez polie pour lui proposer d’attendre qu’il ait terminé. « .. Sauf si la compagnie ne te dérange pas. On n'est pas obligés de parler. » Elle ajoute, puisqu’il ne rétorque rien. Il ne sourit pas, il ne réagit même pas vraiment. Mais il n’a pas détourné le regard.

« Allez, viens. » Effort presque surnaturel et très, très, en contradiction avec ce qu’il projetait de lui dire, en premier lui. A savoir qu’effectivement, ça le dérangeait carrément, qu’il valait bien mieux qu’elle s’abstienne, que ça pouvait être dangereux. Il repense à Scott, la première fois qu’il s’est incrusté, de force, à ses côtés, dans la salle de simulations... et qu’il n’y était pas venu seul. La remarque lancée nonchalamment : « Si tu ne nous fait pas sauter, ici, c’est que tu devrais t’en sortir en mission… ». Sauf que ça ne s’était pas tout à fait bien passé, justement. Les choses avaient changé entre temps. « Si ça t’fait pas trop flipper… » Il est ironique, bien sûr. Il sait de quoi elle est capable, du moins, en infime partie. Tout comme elle, sans doute.

Il attend qu’elle passe devant lui, s’introduise dans la Danger Room, avant de se diriger vers le panneau de programmation, d’y tapoter un instant pour y saisir les informations sur lesquelles ils pourraient se défouler. Il ne lui demande pas son avis, il se contente de lâcher un : « Je te préviens, j’suis d'mauvaise humeur. T’es toujours à temps d'partir. » tout en relevant les yeux pour la scruter, lui laisser le temps de réagir. Il ne la forcerait pas. Il avait réellement l'intention de monter le niveau, parce qu’Havok n’est pas du genre à faire semblant et qu’il n’apprend rien si le tout n’est pas un minimum compliqué et réaliste. Ou simplement parce qu’il faut qu’il se décharge. Ce qui se traduit par une aberrante difficulté. Ils étaient susceptibles de ne pas tenir plus de dix minutes, temps programmé, auquel la simulation s’arrêtera, automatiquement. Précaution, au cas où ça tournerait mal. Espérons qu’elle sache décrypter les regards, c’est à peu près tout ce qu’il lui donne comme information.          

 
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«
 Si ça t’fait pas trop flipper… » « J’ai pas peur de toi. » Elle avait peur de nombreuses choses mais rien ne surpassait jamais sa peur d’elle-même ; son propre démon dévoreur d’une âme qui ne se défaisait jamais complètement de ses travers. Elle craignait rarement les mutations de ses camarades, hormis celles qui consistaient à pénétrer et détruire l’esprit, sujette à des défaillances dont ils feraient vite leur avantage. Elle avait encore quelques barrières implantées par Xavier qui lui assuraient une survie relative, une reconstruction efficace d’elle-même quand le calme tombait, quand l’angoisse prenait le dessus. Elle a esquissé un sourire plein de malice à l’entendre dire cet avertissement avec toute l’ironie possible. Températures contraires, effets opposés mais dévastateurs. « Je te préviens, j’suis d'mauvaise humeur. T’es toujours à temps d'partir. » « Ca tombe bien, moi aussi. » réponse immédiate. Si faire semblant n’était pas en somme très dérangeant pour elle, la Confrérie lui avait également enseigné la résistance. Le problème ? Elle craignait désormais plus que tout de redevenir l’aberrante création d’une haine parentale nourrie aux jugements. Elle craignait de retrouver le chemin de son passé, celui qui avait fait d’elle une raciste invétérée, une terroriste sans pitié. Et si cette simulation faisait réapparaître la morte amoureuse, le cadavre de ses remords ? Et si pousser le vice faisait renaître l’impitoyable coeur froid de ses cendres encore fumantes ? La température baisse drastiquement, avec une intolérable brutalité pour quiconque ne possède pas le métabolisme adéquat : il est le chaud, elle est le froid, ils sont résistants - le sont-ils l’un à l’autre ?

« J’imagine que t’as programmé des cibles aussi dingues que ta mutation, mh ? » Question rhétorique quand se plante le décor. Okay. Plateformes surélevées, piliers en hauteur, adversaires dissimulés et.. la boule électrique la frôle, elle se décale de justesse. De l’électricité, sérieusement ? La chair se fait avaler par la forme aqueuse, de mieux en mieux maîtrisée, même si récemment acquise. A force de s’entraîner à changer, elle finirait par ne faire vraiment qu’une avec cette étrangeté. Des lames la traversent sans qu’elle ne puisse voir ce qui l’attaque, d’où elles sortent. Il y avait des dangers dans tous les sens et s’il avait programmé quelque chose de long, ils seraient tous les deux K.O en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. « Havok ! » La main tendue a gelé le projectile lumineux dont elle ignorait l’objectif, le faisant retomber dans le dos du jeune homme. « Si tu voulais te suicider, fallait le dire tout de suite, darling. » Un peu trop à l’aise dans l’exercice ? Cérébro se chargeait de corser leur affaire avec un épais brouillard. C’était quoi le délire ? Après le calme, la tempête ? Sans mauvais jeux de mots, Storm faisait bien mieux. Sous cette forme, elle ignore si il est difficile de respirer, là-dedans. A quel niveau a-t-il placé le danger ?

Le regard translucide se promène vers une plateforme dans le vide, accrochée au bord d’un mur. Des escaliers. Elle forge difficilement les premières marches, reprend une apparence humaine pour terminer la construction et alterne à nouveau, se protégeant en n’étant plus que de l’eau. « J’y vais. Mais j’ai le vertige alors si je tombe, s’il te plaît, trouve de quoi amortir la chute. » Est-ce que la flaque pouvait éclater en milliers de bulles ? Elle l’ignorait. Elle risquait peut-être une évaporation brusque en tombant d’aussi haut.

Bobby l’aurait fait aisément, il serait monté sur son surf et aurait glissé pour avoir une vue d’ensemble de la scène. Pas elle. Snow était paralysée au souvenir de sa chute, trois ans plus tôt. Les premières marches, ça passe. Au milieu, elle s’arrête. Il ne faut pas regarder en bas. Il ne faut pas regarder en bas. Ca tangue, ça penche. Elle aurait le souffle court si seulement elle avait la sensation de respirer. « Devant toi. T’as une rangée d’hologrammes à détruire. J’te laisse l’honneur. » On dit toujours honneur aux dames mais actuellement, elle préfère s’accrocher au bord de son escaliers de glace et fixer le mur pour ne pas vomir. Le vertige, sérieux, c’est d’un ridicule !

Comment est-ce qu’elle allait descendre ? Perchée là, elle est à l’abri, pour le moment. Havok pouvait bien faire fondre tout ce qu’il y avait devant eux, elle se souffrirait que du relent de chaleur, raison pour laquelle elle avait refroidi la pièce dés le départ. Ce mec était soit malade soit aussi maso qu’elle.
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S
'il ne rétorque rien, la répartie dont Snow fait preuve lui arrache cependant un sourire. Elle est plus vive d'esprit qu'on ne pourrait le croire, elle ne bavarde pas inutilement et les remarques fusent du tac au tac. Les doigts au-dessus du panneau semblent attendre quelques instants de plus, comme s'il doutait que, malgré son franc parlé, elle ne reste dans la salle, comme s'il voulait lui donner une dernière opportunité de changer d'avis. Mais elle ne bouge pas. La cryogéniste semble décidée et, s'il en croit ce qu'elle lui a confié, elle doit avoir besoin de décompresser, elle aussi. Si elle ne s'est pas enfuie – et il sait que bien d'autres X-Men l'auraient simplement planté là et laissé seul avec ses délires – c'est soit qu'elle était aussi inconsciente que lui, soit qu'elle avait simplement la même vision des choses et la même façon de « décompresser ». Dans tous les cas, cela faisait déjà trop de similitudes à son goût. Il ne faudrait pas croire qu'ils allaient soudainement s'entendre et se mettre à se raconter leur vie à chaque fois qu'ils se croiseraient dans l'Institut.

Temps écoulé. Snow est toujours devant lui et il finit donc par activer la simulation, un sourire en coin. Autant dire que sourire, dans une telle situation, c'était carrément flippant. Le décor s'installe en peu de temps et le commentaire de la jeune femme lui fait tourner la tête dans sa direction, plutôt que de garder les yeux rivés sur ce qui se crée alentour. « J’imagine que t’as programmé des cibles aussi dingues que ta mutation, mh ? » « Nan. Enfin, pas intentionnellement », répond-il malgré l'aspect probablement rhétorique de sa question. « J'ai coché 'aléatoire'... » Petite précision, juste au cas où elle doutait qu'ils seraient vraiment dans la merde. Il a presque, sur les lèvres, quelque chose qui ressemble à un sourire d'excuse, légèrement amusé. Cela dit, en quelques secondes, l'amusement cesse. A l'instant précis où ils constatent que les ennemis sont éparpillées à des endroits farfelus, que les dangers commencent déjà à se faire sentir autour d'eux. Dommage, il aurait préféré un bon gros regroupement, histoire de tout faire péter d'un seul coup. Blague à part, il a eu exactement dix secondes pour s'autoriser un instant de réflexion et voilà que Snow change littéralement de forme devant lui, que son corps passe du solide au liquide, comme ça. Havok est en pleine contemplation du phénomène dont il ignorait l'existence, quand elle le sort de sa torpeur et fige une cible, qu'elle gèle instantanément dans son dos. « Si tu voulais te suicider, fallait le dire tout de suite, darling. » « C'est toi, aussi ! » Il proteste, râleur. « Tu m'déconcentres. » Et s'il ne précise pas en quoi, il est cependant tout à fait sincère. Il n'y a pas de méchanceté dans ses mots, mais un reproche palpable.

Snow regorge d'une inventivité qu'il jalouse un peu. Son don lui permet de créer des marches pour atteindre la plate-forme, en hauteur, tout en lui garantissant une certaine protection grâce à cette drôle de forme aqueuse qu'elle pouvait prendre. Havok se décale à deux reprises pour éviter des projectiles, de justesse, que le brouillard camoufle un peu trop bien. « Devant toi. T’as une rangée d’hologrammes à détruire. J’te laisse l’honneur. » Merde. C'est là qu'il devrait lui dire. Qu'elle aurait p't'être dû rester à l'extérieur, pour cette fois. Et revenir après la première salve... Havok serre les poings. Elle est au-dessus de lui, mais ça ne change rien, concrètement, parce que les vagues sont expulsées dans tous les sens, y compris dans les airs, quand il est sous une telle tension. « Snow... Protège-toi. Glace la plate-forme, il faut qu'elle quintuple d'épaisseur... au moins. » Il calcule, rapidement, les répercussions physiques. La densité de la glace et du métal, couplées, réduirait certainement l'impact de la chaleur. Pourvu qu'il ne se trompe pas. L'énergie crépite déjà autour de son corps, plus fort que tout à l'heure, perceptible, désormais. Le costume s'éclaire de ses teintes blanches, légèrement bleutées, par intermittence. Il a du mal à se concentrer. Réfléchir à ce qu'il pourrait arriver à sa partenaire du moment, par sa faute, fait monter la pression. Il ne part jamais en mission avec cet amas d'énergie, ce serait de la folie. Il a été con. Vraiment très con, sur ce coup. Il ferme les yeux, tandis que le cœur tambourine dans sa poitrine. Ds projectiles de toutes sortes volent dans tous les sens et lui, ouais, il ferme les yeux. Il a besoin de faire le vide, de ramener le calme et de se concentrer pour ne pas expulser trop d'énergie. Dans son dos, la boule électrique fend l'air jusqu'à un mètre du mutant, avant de se désintégrer en rencontrant le mur de chaleur qui entoure son corps, choc de température que les particules qui la composent n'ont pas supporté. « Ta plate-forme va céder alors, quoiqu'il arrive, accroche-toi à la rambarde. » L'énergie se charge, silencieusement, gronde dans son corps, ne demande qu'à être expulsée. Il en a emmagasiné trop, il ne devrait pas en contenir autant. Havok déglutit. « Et ne crève pas. » Il est un peu trop sérieux, pour un entraînement. Et pour cause, la seconde d'après, le brouillard se dissipe aussitôt autour d'eux, littéralement désintégré, tout comme les projections en tout genre qui cherchent à l'atteindre, tout comme le mur en béton derrière lequel se cachent les cibles, à trois mètres de là, tout comme les cibles elles-mêmes, d'ailleurs.        

 
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E
lle le déconcentre. Elle ne comprend pas bien en quoi mais elle le déconcentre, elle l’arrache de son objectif par une force mystérieuse. Soit, elle veut bien essayer d’arrêter, même si sans la raison c’est plutôt difficile. « Snow... Protège-toi. Glace la plate-forme, il faut qu'elle quintuple d'épaisseur... au moins. » Quoi ? Il est sérieux ? Comment pourrait-elle quintupler ça ? Un peu sonnée par la hauteur, elle envisage l’environnement. Il y en a deux, plus haut. Elle va sûrement se maudire de tenter mais elle forge un cercle dans le vide, relativement épais, l’approche d’elle et se pose dessus. Elle a la sensation qu’elle va vomir son dernier repas, qu’elle va crever d’une chute vertigineuse, qu’elle va mourir d’un infarctus. En plus ça glisse, putain. Et ça tourne. Wow. Elle ignore même comment elle est parvenue à créer un mouvement suffisant pour filer sur la plateforme suivante, figeant une rampe glacée dans le vide. Accrochée au sol métallique comme si son avenir en dépendait et qu’elle allait épouser ce truc, elle entreprend, assise, de créer un plafond au dessous d’elle, entre Havok et son refuge.

Une couche, puis une seconde et une troisième, à des niveaux différents. Elle sent la chaleur irradier malgré la distance et son premier réflexe de survie reste de se liquéfier. A la déflagration, Snow n’est plus là. Il n’y a plus rien de visible en hauteur, il n’y a que cette flaque qui attend que l’apocalypse passe et ces morceaux de glace qui s’effondrent pour disparaître avant même de toucher le sol ou le X-Man. L’autre plateforme a cédé, comme il l’avait prévu. La température monte trop vite et rien ne résiste à la décharge, à cette mutation foncièrement dangereuse.

La flaque se solidifie, silhouette translucide qui glisse le long de la glace pour rejoindre le sol, atterrissage à quatre pattes quand elle redevient chair et sang. L’exercice est épuisant, refroidir quand elle n’est qu’eau lui est une épreuve douloureuse. Il a fait de la pièce un véritable four contre lequel la mutation de Snow se défend, tant bien que mal, et quand enfin les flocons se génèrent spontanément pour alléger l’atmosphère, ça n’est que pour annoncer une violent blizzard qui leur brouille la vue, qui mord la peau, provoque un choc thermique visible sur les structures encore en surchauffe.

Le décor se blanchit, fige hasardeusement les armes encore actives dans les murs. Pas toutes. Quand le souffle retombe et qu’elle reprend le cours normal de sa respiration, les autres réagissent, les lames fendent l’air sans pitié. Il était fou d’avoir coché l’aléatoire, même s’il avait éradiqué la plupart des menaces en une seule salve. Prudence a chaud, encore, beaucoup trop, malgré le froid engendré, malgré la violence de ce qu’elle a déclenché.

« Désolée. » Elle ignore si ça suffira, si ça passera. Elle ignore comment son camarade de l’instant va prendre une telle réaction. Est-ce qu’il est aussi allergique aux basses températures qu’elle ne l’est aux hautes ? Elle se redresse, se glisse dans le dos d’Havok, consciente qu’elle n’arrivera pas à réenclencher la glace avant quelques secondes - et tout le monde savait qu’il suffisait de ces quelques secondes à la Danger Room pour blesser, dans de telles conditions. Elle n’a pas crevé, c’est bien, non ? Elle a quand même l’impression d’être en plein hunger games.
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P
our sûr, les cibles sont désintégrées, littéralement. L’entrée en contact d’une température un peu trop élevée, décharge qu’il n’aurait de toute manière pu contenir, s’en est chargée. Havok reprend sa respiration, un peu sonné par le changement qu’il subit au plus profond même de ses cellules corporelles. Il vient de perdre une bonne partie de cette énergie qu’il devait absolument évacuer. Il lui faut le temps de se remettre, le temps que la tête arrête de tourner, quelques secondes, tout au plus. Il se dit qu’au moins, les cibles ont été touchées, les agressions supprimées. Qu’au moins, la voie est libre, ne serait-ce que pour le moment. Et il se rend compte qu’il n’a pas eu un instant pour prêter attention à la demoiselle, pendant ce temps. Le regard, alarmé, cherche Snow. Forcément, il ne la voit pas, il ne sait même pas si elle ne s’est pas désintégrée avec le reste. Merde. Même sous cette forme liquide, elle ne reste que de l’eau. L’eau, en contact avec de trop hautes températures, s’évapore. Est-ce que Snow gérait une forme gazeuse, également ? Est-ce qu’elle serait capable de survivre à de telles chaleurs ? L’angoisse le prend à la gorge. Pas parce qu’il apprécie particulièrement la reine des neiges. Simplement parce qu’il ne tenait pas à passer pour le monstre qui tue ses camarades et équipiers. Il n’avait déjà pas la plus agréable des réputations…

Mais le blizzard se lève soudain, venu de nulle part et la vision se trouble, les yeux s’embourbent dans cette blancheur soudain oppressante. Deux solutions : la matrice a aléatoirement choisi une météo différente, pour contrer l’ambiance brûlante ; Snow est toujours en vie. Intérieurement, il prie pour que ce soit la seconde option. Le décor se craquelle, brusquement. Le métal en surchauffe explose, ainsi refroidit. Alentour, le sol semble gronder, sous l’impact des bâtiments qui s’effondrent. Havok tressaille. Sans même qu’il s’en rende compte sa température corporelle change, elle augmente pour pallier aux degrés extérieurs qui descendent, à l’inverse.

Un mot, dans son dos, et le soulagement libère ses poumons d’une pression invisible. Il ne l’a pas tuée. Le mutant se retourne et observe Snow, intensément. Il pose ses deux mains sur chacune de ses joues, contact incongru qui ne lui ressemble absolument pas. Il a juste besoin de vérifier qu’elle est bien là, bien en vie, devant lui. Les lames qui lui foncent dessus se désintègrent dans un bruissement dès lors qu’elles entrent en contact avec l’émanation d’énergie qui l’entoure encore. Il a plongé son regard dans le sien, étrange, surnaturel. Une bêtise, sans doute. Spontanéité stupide. Et soudain, le contact brûle, et il se détache de la jeune femme avec un mot d’excuse, murmuré.

Trois hommes, enveloppés dans une armure noire, légère mais certainement solide, courent dans leur direction, armes à feu en joue. Sérieusement ? Havok hausse un sourcil. Avaient-ils passé le palier de difficulté le plus élevé ? On leur envoyait des simulations d’humains, sans défense, avec leurs pauvres armes ridicules qui se révèleraient plus dangereuses pour eux qu’autre chose ? Ou alors c’était une manipulation savante pour tester leur degré d’humanité… Pouvaient-ils s’en prendre à des hommes, innocents au fond, simplement envoyés-là pour gérer la menace mutante ? Peut-être était-ce une sorte de conflit interne qu’ils étaient censés devoir gérer, après les exercices purement physiques, après l’évaluation de leurs aptitudes au combat ?      

C’est idiot. S’il pouvait mettre son cerveau en pause, par moment… pourquoi fallait-il toujours qu’il se pose des questions dont tout le monde se foutait de connaître la réponse ? La plupart des balles qui fusent s’évaporent aussitôt qu’elles s’approchent de trop près. Havok s’est placé en bouclier, devant Snow. Mais la réflexion perturbe son contrôle. Et tandis qu’il se demande si l’on pourrait contredire son appartenance aux X-men s’il faisait le choix qui lui paraissait actuellement le plus logique, une balle vient se nicher dans son épaule. Il a beau se dire qu’elle n’existe pas vraiment, la douleur lui arrache un grondement à peine contenu, plus proche du son que produirait un ours blessé qu’un humain. Pour autant, il n'a pas bougé, il est resté debout, a esquissé ce mouvement de recule, léger, qu'a provoqué l'impact du corps étranger venu se nicher dans son organisme. La douleur n'existe pas vraiment. Mais le sang qui coule sous sa tenue, il le sent vraiment, pourtant. La blessure et ses conséquences s’emparent un instant de la raison. Et le bouclier d'énergie flanche.             

 
WILDBIRD
   
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D
estructeur. Le pouvoir d’Alex est profondément destructeur. Et ça n’est pourtant pas ce sur quoi Snow focalise, non, c’est bien le contact chaud qui déconnecte son esprit. Plus il monte en température, plus elle descend, réaction défensive de l’enveloppe charnelle profondément perturbée, radicalement mise à l’épreuve. La main sur sa joue laisse une marque, une trace rouge qui souligne l’écart dans lequel ils se trouvent, par nature. Elle a l’habitude de ne pas être accessible au contact des autres, d’être dérangeante, pas à ce point toutefois. Il s’excuse alors que c’est à elle de le faire, parce que le blizzard le met dans une position difficile, parce qu’il ne va pas pouvoir rester près d’une mutante qui le plonge dans un univers que personne n’apprécie : la morsure glaciale de l’hiver, des déserts enneigés où rien ne survit. « C’est moi.. » un murmure, parce qu’il n’a pas à se sentir fautif, déjà la brûlure sur sa peau s’efface et la surface retrouve son aspect lisse.

Elle se relève. Une autre menace débarque, trois hommes armés qu’Havok semble sous-estimer, sur le coup. Les balles fusent, se désintègrent spontanément, sauf une. Le grognement alerte la blonde qui constate sa douleur - l’épaule a été blessée, de manière fictive mais parfaitement simulée pour provoquer une réponse du cerveau. Est-ce qu’il hésite ? Il s’est placé en bouclier et il hésite. Liquéfiée, Prudence disparaît, simple flaque sur le sol qui progresse hors du champ de vision. Ca ne se passera pas comme ça. Lorsqu’elle reprend une apparence de chair et de sang, elle se trouve déjà dans le dos des hologrammes. Elle lève légèrement une main, qu’elle referme lentement, immobilisant l’homme le plus proche. Il s’effondre sans autre forme de procès. « J'ai toujours eu un don pour refroidir les coeurs. » Le second se retrouve piégé dans un cube dont l’épaisseur lui supprime toute possibilité de viser de l’autre côté de la paroi de glace. Elle n’a pas le temps de stopper le troisième, obligée d’arrêter les balles avec un bouclier créé à la va-vite, qui se fissure aussitôt.

« Tu m’agaces. » râle-t-elle. Puisque Cérébro s’amusait avec ses nerfs, elle allait lui servir ce qu’il voulait. Elle esquive un projectile tout en forgeant des lames qu’elle fait tournoyer jusqu’à son opposant pour le moins contrariant. Ainsi transpercé, il s’effondre, laissant une jolie couleur rouge sur le sol. Snow était X-Woman depuis un an et demi à peine, ses armes elle les avait faite à la Confrérie, ses réflexes et ses absences d’hésitation lui venaient de là, elle n’avait pas la réserve des disciples de Xavier et son amnésie n’avait jamais altéré sa détermination à protéger ceux avec qui elle se battait - autant dire que s’il fallait tuer, elle le faisait.

Rapidement, elle rompt la distance entre eux, rejoint Havok pour vérifier qu’il est entier, que la blessure n’est pas réelle. « Tu vas bien ? » Qu’il approuve ses gestes ou non, elle s’en fichait. Il n’y avait plus Bobby pour faire d’elle une femme bien, de celles qu’on pouvait prendre pour exemple. Il n’y avait plus le psychologue pour calmer le côté radical et extrême de la cryokinésiste. « On se connait pas mais je préfèrerais sincèrement que tu évites de te faire tuer, mh ? J’ai pas une super réputation, si en plus le dangereux Havok implose en simulation, on va m’accuser. » Elle essaye de faire un peu d’humour, tout en étant consciente que Cérébro pouvait en venir à infliger des blessures réelles, pour relever le niveau, si l’option était activée. Qu’est-ce qui leur prouvait, sur le coup, que ces balles n’étaient pas vraies ? Il aurait réellement pu se faire transpercer. « .. C’que tu es chaud.. » Mouvement de recul, deux pas en arrière. Elle se rendait beaucoup mieux compte de la raison pour laquelle ils n’avaient pas de mission en duo. Il lui faisait l'effet d'une cheminée, ravivant les désagréables souvenirs de son adolescence, de ses parents et d'Axel, de tout ce qui l'avait faite souffrir au moment où elle avait muté pour faire de la neige son domaine. Pourtant elle sait qu'il n'a pas mauvais fond, elle l'a vu dans ses yeux, dans cette drôle de façon d'encadrer son visage de ses paumes comme avait pu le faire Bobby de nombreuses fois. C'est un homme bien avec une mutation dévastatrice, sans doute un peu comme Scott.
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