Quelque part dans le Sahara égyptien.
Tu ne cesses de t'agiter tandis que ses mains musclées te paralysent. Tu veux t'enfuir à toutes jambes mais cela t'est impossible. Une terreur sacrée se lit dans tes yeux. Un sourire mauvais s'étale sur le visage mal rasé de ton agresseur. Il te fait mal, affreusement mal. Il a peur que tu t'échappes ou plutôt que tu lui échappes. Tu trembles de tous tes membres, impuissante, fragile, apeurée. Qu'est-ce qui t'a pris d'accepter de suivre cet homme ? Tu as fait preuve d'imprudence et peut-être que ce soir, tu vas en payer le prix. Tu te débats, essaies de le repousser de toutes tes forces mais en vain. A quoi bon lutter contre un homme aussi baraqué ? Les larmes commencent à monter. La panique prend possession de toi. Savoir que personne ne pourra te sauver te détruit complètement. Tu peux hurler autant que tu veux, personne ne viendra te sauver. Il fait nuit et tu es en plein désert. Tu t'es rarement sentie aussi seule si l'on fait abstraction de ces quelques jours que tu as passés sous les décombres à contempler les cadavres de tes parents. Ta mère, N'Daré a cherché à te protéger. Tu es la seule qui a survécu au terrible accident. Tu n'en es pas ressortie indemne. Tu souffres depuis de claustrophobie. Tu as déjà vécu un traumatisme, il faut aussi que tu en subisses un autre ? Ton agresseur perd patience. Tu te débats, ça l'énerve.
« توقف عن الحركة » aboie-t-il dans un arabe approximatif en te secouant violemment. Tu te mets à sangloter. Des larmes brûlantes ruissellent le long de tes joues mât. Tu n'abandonneras pas. Tu continues d'essayer de le repousser avec plus de férocité. Tu deviens soudainement beaucoup plus agressive. Il te pousse violemment et tu t'écrases sur le sol sableux. Il se met à attraper ta crinière blanche te forçant à le regarder droit dans les yeux. Une lueur démente anime son regard noir comme le charbon. Tu aperçois un objet tranchant qui dépasse de sa poche. Tu espères qu'il ne s'est aperçu de rien. Instinctivement, tu plonges ta main dans sa poche et plantes le poignard au niveau de sa poitrine lui arrachant ainsi un cri de douleur. L'homme s'effondre sur le sol, relâchant la touffe de cheveux blancs qu'il tenait fermement entre ses mains, une main sur sa poitrine ensanglantée. Qu'as-tu fais, Ororo ? Tu viens d'ôter la vie de cet homme.
«Non...» dis-tu d'une voix éraillée. Tu es terrifiée. Tu as la sensation d'être dans le corps d'une autre. Ce n'est pas toi. C'est impossible. Tu es peut-être une voleuse mais tu n'es pas une meurtrière. Et pourtant, les faits sont là. Tu as bel et bien tué cet homme. Tu ne veux pas le croire. Tu décides de fuir, d'abandonner cet homme en plein désert. Tu te rues vers le sac de l'étranger, posé un peu plus loin. Tu auras besoin de provisions pour survivre dans cet océan de sable. Tu coures cherchant à t'éloigner le plus possible de ce spectacle macabre. Tu coures sans accorder un dernier regard à ton agresseur. Peu importe où tu iras, tu veux être loin de cet endroit-là.
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Quelques années plus tard au Kenya.
Tu entends des coups de feu. Ils sont de plus en plus proches. Tes poumons commencent à se vider de leur oxygène tandis que tu continues de courir, fuyant le braconnier qui te poursuit. Tu ne t'attendais pas à ce qu'il te pourchasse pour un simple appareil photo. Bon, il est peut-être dernier cri mais quand même. Tu sens l'appareil se balancer d'avant en arrière dans la poche de ton pantalon menaçant à tout moment de tomber. Pas un seul endroit où tu peux te cacher. Le village le plus proche est à quelques kilomètres d'ici. Avant même que tu aies le temps d'atteindre l'entrée du village, il t'aura fait la peau. L'angoisse te noue les tripes. Tu es à bout de souffle. Tu n'arrives mêmes plus à courir. Tu ralentis parce que tu sens tes forces décliner.
« Tu peux continuer de fuir, ça ne sert à rien p'tite morveuse ! » s'écrie une voix derrière toi. Tu sens qu'il jubile. Alors c'est ça hein ? Il compte t'abattre comme il vient de liquider ce pauvre éléphant sous tes yeux. Tu finis par t'arrêter de courir. Tu te penches légèrement en t'appuyant sur tes genoux, toute pantelante. Tu n'as plus la force de continuer. Tu te relèves péniblement faisant face au braconnier. Tu lèves les bras à la manière d'un criminel prêt à se rendre. Ton jeune âge ne semble pas le freiner dans ses pulsions meurtrières.
« Vous...vous ne comprenez pas je... » bégaies-tu. Il lève son fusil, le pointant dans ta direction. Une totale immobilité semble s'être abattue sur toi. C'en est fini. Tu es épuisée. Il en a marre de jouer. Il s'apprête à appuyer sur la gâchette lorsque le ciel s'assombrit soudainement. Tout se passe très vite sans que tu ne comprennes comment. Le vent se lève et se met à souffler sur les plaines. Des nuages grisâtres parsèment le ciel et il se met à pleuvoir. Le tonnerre gronde et un fil électrique dans l'air se dessine. Tu ne saurais dire ce qui t'effraie le plus. Cet homme blanc qui se tient devant toi prêt à tirer sur toi ou ce changement de temps un peu brusque. L'air devient lourd et électrique. Tu n'as pas le temps d'esquisser le moindre mouvement de recul que la foudre s'abat, ébranlant le sol de toute sa puissance, s'immisçant entre le braconnier et toi. Ton cœur, surchargé d'émotions,s'affole. Aveuglé par la violente illumination produite par l'éclair, le chasseur lève une main en l'air pour protéger ses yeux. Tu n'hésites pas une seule seconde et reprends la course tandis qu'un brouillard épais flotte au-dessus du sol te permettant ainsi d'être repérée beaucoup moins facilement. La nature semble avoir répondu à tes prières. Tu es incapable d'expliquer ce qui vient de se produire mais tu lui dois une reconnaissance éternelle.
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Allongée face contre terre, tu ressens une douleur intense au niveau de tes muscles. La pluie continue d'inonder les plaines. Tes vêtements sont humides. Tu aimerais te relever mais tu n'en as tout simplement pas la force. Tu es beaucoup trop faible. Tu as la sensation désagréable d'avoir reçu plusieurs coups à la tête et à l'estomac. Une voix masculine et terrifiante s'élève derrière toi. Tu espères que c'est un cauchemar et que quand tu vas te réveiller, tu vas te rendre compte que rien de tout cela n'était réel. Ce n'est, hélas, pas le cas. Tu préfères éviter de montrer un quelconque signe de vie.
« Charmeuse de vents...je vais pouvoir m'en mettre plein les poches grâce à toi » te lance-t-il d'un ton triomphant. Soudain, tu entends des bruits de lutte. Le braconnier tombe dans un bruit mât poussant un cri étouffé par le martèlement de la pluie battante. Un homme se penche vers toi et te caresse affectueusement la joue. Tu te retournes lentement pour regarder droit dans les yeux ton sauveur. Tu parviens à peine à garder tes paupières ouvertes tant tu es affaiblie. Ton sauveur est un jeune homme à la peau noire. Il doit très probablement avoir ton âge. Tu es étonnée de voir qu'un garçon aussi jeune ait pu remporter le combat.
« Qui es-tu ? » demandes-tu dans ce qui semble être un murmure. Des gouttes de pluie ruissellent le long de ses joues.
« Je m'appelle T'Challa » répond-t-il d'une voix calme. Les traits de son visage sont fins et son regard a quelque chose d'apaisant.
« Merci, T'Challa » finis-tu par dire d'une voix faible. Il t'a sauvée la vie. Tu lui dois une fière chandelle. Tu t'es enfuie avec lui, échappant ainsi aux mains de celui que l'on surnomme le Taureau. Ta quête d'identité t'a poussée à suivre le brave prince. Tu en avais peut-être assez de la solitude. Tu voulais sûrement pouvoir te confier à un ami. Ou alors, tu avais tout simplement besoin d'un repère.
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La pluie s'est calmée. Tu es désormais à l'abri. Grâce à lui. T'Challa. Sans son aide, tu n'aurais pas survécu. Tu as trouvé refuge au pied d'un acacia, à deux pas du village voisin. Tu te sens beaucoup moins faible et la douleur qui parcoure chacun de tes muscles est moins aiguë. Tu as également retrouvé l'usage de la parole. Tu viens tout juste de révéler la raison pour laquelle ce braconnier te poursuivait. Les traits du visage du prince se durcissent. Tu te braques. Il ne comprend pas. Il n'est pas capable de te comprendre. Après tout, tu as vécu dans la rue. Lui, il n'a qu'à claquer des doigts pour que les domestiques soient à ses petits soins.
« Je vole pour survivre T'Challa » expliques-tu d'une voix tendue.
« Je préfère voler que donner mon corps à des hommes bien plus âgés que moi. Je connais des filles qui sont contraintes de le faire mais je...je ne suis pas comme elles. Le corps est quelque chose de sacré pour moi.Ils saliraient non seulement mon corps mais également mon âme » . Tu sens qu'il t'observe longuement. Tu as la sensation désagréable qu'il te juge. Il ne parle pas mais tu es persuadée qu'il n'en pense pas moins.
« Et donc..tu as été recueillie par des jeunes vivant dans la rue ? » te demande-t-il d'un air pensif.
« Oui...je suis restée enfouie pendant plusieurs jours sous les décombres de ma maison aux côtés des cadavres de mes parents...ç'a été horrible » commences-tu en frissonnant. Tu revois cette petite fille prisonnière des décombres hurler à en perdre les cordes vocales, incapable de détacher son regard larmoyant du corps sans vie de sa mère.
« Et puis ils m'ont trouvé. Grâce à eux, j'ai pu survivre durant les six dernières années. Ces années ont été éprouvantes. J'ai vécu seule, sans famille » poursuis-tu d'une voix tremblante. Tu marques une pause, avalant difficilement ta salive. Tu évites tout contact visuel avec le futur monarque.
« Es-tu toujours une voleuse ? » se risque-t-il à demander. Un sentiment de colère t'envahit.
« Je suis toujours pauvre, T'Challa. Je n'ai pas d'argent, pas de famille, pas de royaume. Je dois encore survivre » rétorques-tu d'un ton sec. Les larmes commencent à monter. Tu te sens de nouveau seule et incomprise. Tu pousses un lourd soupir.
« J'ai été stupide...Je..je ne suis pas une princesse. Ce que tu as dis sur cette responsabilité qui repose sur mes épaules et sur ce soit disant sang royal qui coule dans mes veines...C'était faux » finis-tu par dire, désillusionnée. Le jeune prince laisse échapper à son tour un soupir.
« Ne dis pas ça, Ororo » te dit-il d'une voix douce.
« Ah bon, et qu'est-ce que tu en sais toi ? Tu es un prince, tu as été dorloté durant toute ton enfance, tu ignores à quel point c'est dur pour une fille d'échapper aux atrocités de ce monde. Je fais partie de ceux à qui la vie a fini par sourire. Pendant toute ton enfance, tu as été entouré de domestiques tandis que moi je vivais dans la pauvreté et la misère. Tu appelles ça du vol, moi j'appelle ça survivre. Je fais ce que je dois faire et parce que je n'ai pas d'autres choix » tempêtes-tu à l'adresse du jeune prince.
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De fines gouttes tombent du ciel sombre. En l'espace de quelques minutes, la pluie s'intensifie et devient abondante provoquant ainsi un tonnerre d'applaudissements. Des habitants du village se mettent soudainement à danser au rythme des ngomas autour d'une gigantesque statue érigée à ton effigie. Certains se précipitent même pour apporter des offrandes en signe de reconnaissance. Portée par des vents violents, tu flottes à quelques mètres du sol, tournoyant sur toi-même comme aspirée par un tourbillon d'air, faisant danser les vents autour de toi. Ils n'ont d'yeux que pour toi. Leur sauveuse. Leur déesse. Cette quête d'identité t'a menée sur les terres sacrées de tes ancêtres. La plaine de Serengati. Tu les as délivrés de cette implacable sécheresse qui avait fait de nombreuses victimes, les condamnant ainsi à mourir d'épuisement, affamés. Le pays a connu récemment l'une des pires sécheresses de son histoire. Tu as fini par trouver ta place dans ce monde. Tu n'es plus seule à présent. Tu es constamment entourée par les membres de cette tribu qui t'admirent, te vénèrent, t'apportent de l'amour et de l'attention. Ils te nourrissent, te font profiter de ces délices que prodigue la nature, t'offrent une montagne de bijoux dorés et resplendissants. Vêtue d'une tunique ample d'un blanc pur laissant dépasser ta chair et coiffée d'une tiare majestueuse, tu incarnes la beauté parfaite. Ta crinière blanche est soulevée par les hurlements du vent. La sensation des gouttes fraîches qui glissent sur ta peau sombre est exquise. Soudain, les applaudissements et les cris s'évanouissent. La foule finit même par se scinder en deux. Tu remarques alors la présence d'un étranger. Un homme blanc approche, se déplaçant sur un fauteuil roulant, les mains posées sur les accoudoirs comme s'il le commandait par la pensée. Tu fronces les sourcils, quelque peu contrariée. Ce visage ne t'est pas étranger mais tu es incapable de te souvenir. Tu perds en altitude et regagnes lentement la terre ferme tandis que les vents qui t'enveloppent se laissent mourir. Les pupilles de tes yeux retrouvent alors leur couleur habituelle. La pluie continue cependant de marteler. L'étranger esquisse un sourire chaleureux mais tu restes sur tes gardes.
« Je m'appelle Charles Xavier et je suis venu pour te faire une proposition » dit l'étranger en joignant ses mains en forme d'accent circonflexe. Tu arques un sourcil parfait avec dédain.
« Une proposition ? Qu'as-tu à proposer à une déesse, étranger ? » demandes-tu d'un ton sec.
« Tu as une terre, Ororo et un peuple qui te vénère » commence-t-il d'une voix calme. Ton cœur fait un bond. Comment connaît-t-il ton prénom ? Tu es persuadée que son visage te dit quelque chose. Tu plisses les yeux d'un air soupçonneux.
« Je t'offre un monde ainsi qu'un peuple qui te craindra, qui ira même jusqu'à te détester. Mais ce peuple a besoin de toi, Ororo. Le monde que je t'offre n'est peut-être pas beau mais il est réel, bien plus réel que ce rêve que tu vis actuellement » t'explique-t-il avec patience. Ton estomac chavire tandis que tu entends une voix dans ta tête. La sienne. Tu l'examines. Il ne remue pas ses lèvres. Et pourtant, sa voix résonne dans ta tête. Elle est si forte, si réelle.
« Tu n'es pas une déesse, Ororo. Tu es une mutante et tu as des responsabilités » te dit-t-elle.
« Viens avec moi, mon enfant. Viens goûter à la vraie vie. Tu trouveras sûrement son goût amer ou étonnamment sucré » ajoute-t-il, un sourire s'étalant sur son visage pâle. Tu réfléchis. Cet homme fait preuve d'une rare sincérité comme tu en avais jamais vue. Ce monde dans lequel tu as vécu pendant quelques années n'était qu'illusion. Tu sens au fond de toi que le dénommé Charles a raison. Ta vie est sur le point de prendre un nouveau tournant. Tu te dis qu'il est peut-être temps de retrouver les tiens, de retrouver tes semblables.
« Tes mots témoignent d'une profonde sincérité...c'est entendu, je viendrai avec toi » finis-tu par dire d'une voix plus douce.
« Je suppose qu'il est temps pour moi de quitter le nid » ajoutes-tu d'un air pensif. En acceptant de partir avec cet homme étrange mais incroyablement convaincant, tu renonces à beaucoup de choses. Tu renonces à cette terre sacrée qui te lit à tes ancêtres. Tu renonces à ce continent – l'Afrique- où tu as vécu la majeure partie de ton enfance. Tu renonces à cette relation mère-fille que tu as nouée avec cette fille du village répondant au nom d'Ainet. Elle va affreusement te manquer. La séparation va être déchirante. Tu renonces également à toutes ces démonstrations d'affection, à toute cette attention qui t'était exclusive. Mais tu es prête à donner un nouveau sens à ta vie. Tu acceptes de mettre tes pouvoirs au service d'une bonne cause, d'un peuple beaucoup plus grand...l'humanité.
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Institut Charles Xavier pour jeunes surdoués, 1407 Graymalkin Lane, Salem Center, comté de Westchester, Etat de New-York, Etats-Unis.
Une nouvelle vie s'offre à toi. Avec Colossus, Diablo, le Hurleur, Sunfire, Thunderbird et Wolverine, tu fais partie de la seconde genèse des X-men. Tu as à présent un chez toi, l'Institut Xavier pour jeunes surdoués. Tu as également une chambre pour toi. C'est peut-être banal pour les autres citoyens américains, mais pour toi, c'est un cadeau du ciel. Tu as trop longtemps vécu seule, sans famille, sans domicile. Tu as passé la majeure partie de ton enfance à voyager depuis le Caire jusqu'aux plaines de la campagne kényane, à chercher qui tu es vraiment. Grâce au professeur Xavier, ta quête d'identité est quasiment achevée. Tu es née ici et tu y as d'ailleurs passé quelques années. L'endroit est plutôt charmant. Un manoir gigantesque, toujours prêt à accueillir une nouvelle vague d'étudiants, de mutants. Puis, il est situé à quelques miles de Salem Center. De grands espaces verts entourent le manoir, pour ton plus grand plaisir. Tu respires. Tu as désormais une nouvelle maison. Le cadre est particulièrement charmant mais tu peines quelque peu à t'intégrer. Il arrive même que tu te replies sur toi-même. Tu passes sûrement pour une ingénue aux yeux des autres, une femme à qui on doit tout montrer. Tu te sens...différente des autres. Ta crinière d'un blanc éclatant n'aide pas des masses. Ils sont nombreux à se demander pourquoi une femme qui paraît pourtant si jeune arbore une chevelure blanche. Tu sens qu'on t'observe, tu entends quelques chuchotements par-ci par-là qui accentuent ton malaise. S'adapter au mode de vie occidental n'est pas chose facile et tu te sens parfois incomprise ou stupide mais le professeur est là pour te rassurer et s'assurer que tu t'intègres facilement. Il se montre très compréhensif. Sa présence agit comme un baume au cœur. Il est devenu ton nouveau mentor. Tu as besoin d'être guidée, tu as besoin que l'on te montre comment faire. Ses mots t'apaisent, te rassurent, te soulagent. Il dit qu'il va t'aider à mieux maîtriser tes pouvoirs. Tu places une confiance totale en lui. Tu sens que contrairement à certains hommes que tu as rencontrés, il ne te trahira pas et ne te laissera pas tomber. Tu te raccroches à lui parce qu'il est ton unique repère dans ce château, dans cette foule de mutants.
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Le ciel se couvre de nuages grisâtres tandis que tes yeux azur laissent place à un blanc pur. Le vent se lève. Accoudée à la balustrade en pierre, tu réfléchis. L'angoisse te noue l'estomac. Ton inquiétude déchaîne la nature. Le vent, plus puissant, plus féroce, lacère les arbres et fait trembler les vitres de l'institut. Tu as besoin de t'isoler pour mieux réfléchir. Les récents événements t'ont bouleversé. Le professeur Xavier n'a plus cette assurance qui est pourtant si rassurante. C'est précisément ce qui te fait paniquer. S'il perd pied, qu'est-ce que tu deviens ? Le combat pour la cause mutante semble perdu d'avance avec cet attentat. Les manifestations anti-mutantes se font de plus en plus nombreuses. Tant de choses se sont passées. La mort tragique de Scott puis celle de Jean. Des proches sont partis tandis que d'autres sont revenus. Tu songes notamment à Logan. C'est bon de le revoir. Tu as de nouveau une épaule sur laquelle te reposer même si tu n'approuves pas chacune de ses méthodes. Tu as été pendant plus d'un an le capitaine de ce navire qu'est la X-mansion. Tu es bien contente qu'il soit venu te prêter main forte comme au bon vieux temps. Assumer toutes les responsabilités de vice-directrice n'est pas chose aisée. Tu as de nombreuses fois douté de ton potentiel, de tes capacités à gérer telle ou telle situation. Tu as pu compter sur le professeur Xavier pour t'encourager, te redonner confiance. Mais aujourd'hui, sa seule présence ne suffit pas à apaiser tes craintes. Le monde est de plus en plus dangereux. Cette loi de recensement des mutants est scandaleuse et n'a fait qu'attiser la haine et la méfiance à l'égard des mutants. Les humains sont de moins en moins tolérants et se méfient de tout. La différence ne devrait pas diviser les hommes. L'homme ignorant qui rejette ce qui est étranger...ce n'est pas nouveau. Des mutants se font gratuitement agresser parce qu'ils sont différents. Cette cohabitation entre humains et mutants...tu aimerais y croire mais tu préfères laisser le doute planer. On ne sait jamais. Les choses ne vont pas en s'arrangeant et tu es certaine que le gouvernement va tout mettre en œuvre pour anéantir les espoirs de la communauté mutante. Ce monde dont rêve le professeur Xavier te semble de plus en plus irréel, fictif.