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 BLOOD TEXAS | Jeremiah R.

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Jeremiah Reagan
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. - Page 2 Icon_minitimeJeu 14 Juil - 16:04
BLOOD TEXAS
New York perdue. New York foutue.



« Tu seras toujours là, quelque part. » Je pince les lèvres, caresse son visage. J'espère que nous obtiendrons un jour gain de cause, j'espère que nous obtiendrons victoire mais que restera-t-il de moi ? Je disparaîtrai, ou la seule pensée de ce que je fîs donnera la nausée à ceux qui feront des commentaires, bien à l'abri, un verre de vin dans une main et la seconde à se balancer bêtement dans le vide. Ils ne comprendront pas pourquoi j'en suis venu aux armes, alors qu'un peu de politique aurait tout réglé. Ils me prendront pour un malade, auront-ils vraiment tort ?

Je serai toujours là, quelque part. Mais où ? Je ne veux pas qu'on se souvienne de moi comme celui qui a tué tout le monde. J'allais tuer Lewis, Sarah serait morte, et Aaron qui peut savoir ce qu'il serait advenu de lui ? Parfois, je me sens au bord du gouffre. Je m'en rends bien compte, je mesure tout ce que je fais, ou j'en prends conscience après. Je ne tire pas à l'aveuglette dans la rue parce que Dieu me l'a ordonné un matin, je ne dis que que des voix m'ont sommé de tuer telle ou telle personne. Je passe les mains sur mon visage.

« Tu seras toujours là, quelque part. » Je serai enfermé au purgatoire, à devoir me justifier des siècles durant. Mais tant que les mutants seront tous morts, jusqu'au dernier. Mais si le gêne a été éradiqué. Alors ce sera bien... Primrosae n'acceptera pas d'être en sécurité, elle a besoin de vivre, elle a besoin de se donner dans la cause à corps perdu, à esprit perdu, elle ne mesure pas les risques. Et elle s'en fout, aussi. Qu'adviendra-t-elle si les Watchers sont brisés un jour, ou si simplement, elle refuse de recevoir des directives pour la cadrer ? Elle ira chasser en solitaire ? Et elle mourra ?

Je serai toujours là, quelque part. Mais où ? Je ne veux pas qu'on se souvienne de moi comme celui qui a tué tout le monde. Je ne veux pas être celui-là. « Je ne pense pas. » lui dis-je simplement, sans la regarder. Je suis une maladie, qui attaque une autre maladie. Quand nous aurons été soignés, quand nous aurons disparu, il ne restera que le souvenir de temps troubles et d'une paix retrouvée, rien de plus, rien de moins. Ce n'est pas grave, je ne suis pas immortel, je ne veux pas le devenir de toutes façons...


Nous laissons de côté les Watchers pour profiter un peu plus de ce moment à deux, loin d'eux, loin des mutants – enfin plus ou moins – et loin de nos obligations. Il y a tellement de choses que j'ai besoin de confier à Primrosae, pas maintenant. Mais j'ai terriblement besoin de lui parler, lui confier ce qui me bouffe et me plonge dans le doute. Elle est la seule qui peut tout entendre, qui peut tout supporter... Heureusement d'ailleurs. J'ai une confiance aveugle en elle. Quand je m'immisce en elle, c'est une insulte à mes vœux. Non pas que j'aie fait vœu de chasteté mais nous devrions être mariés. Elle ne voudrait pas se marier, je ne le veux pas non-plus. Nous sommes bien ensemble, dans notre relation, comme ça. Sans passé. Sans avenir.

Nous nous arrêtons plus bas. « J'espère bien que tu ne vas pas la regretter quand même. » Aucun risque. Des cris se mettent à retentir. Je lance une oeillade vers Prim et lève doucement la tête. Voilà pour quoi nous nous battons pour l'instant, des cris. Un jour, il sera normal de croiser le cadavre des derniers mutants. Chacun se donnera cette même mission. Ils auront compris, enfin. En attendant, ils crient. Ce sont des moutons ignares qui crient. Primrosae, sa main dans la mienne, se dirige vers la source de l'agitation qui se propage rapidement. Les questions se superposent aux musiques des attractions, mais les voix des foraines se taisent petit à petit. Au moins, on entend encore quelques « Vous en voulez encore ? » ou « Vous êtes prêts ? » C'est ce que nous pourrions dire aussi, j'imagine.

Je les observe, silencieusement. Une masse informe qui ne sait pas où donner de la tête. Ils se tassent, ils hésitent, ils cherchent, ils veulent comprendre. Ne vous inquiétez pas mes agneaux, vous comprendrez bientôt... Et dans cette petite foule familiale, il n'y aura un jour plus que des humains. Dé véritables humains. Je balade mes yeux sur eux, je ne suis pas leur regard. Un forain s'écarte du groupe en gardant une main sur la bouche. Je me délecte du spectacle. Ils voient, ils savent. Que tous les mutants sachent que leur temps est maintenant compté. Qu'ils soient au Texas, ou à New York ; qu'ils soient dangereux ou pas ; qu'ils soient chez eux ou cachés dans leur école de monstres... Un jour je viendrai pour eux. Qu'ils sachent bien qu'il n'en restera pas un...

Je sens Prim tirer sur mon bras et nous nous éloignons, comme certains petits groupes de personnes qui fuient la scène de l'horreur. Nous nous mettons à marcher silencieusement, l'un dans la main de l'autre, comme un couple normal revenant d'une petite sortie. Nous ne pourrions jamais l'être. Peut-être séparemment, chacun avec un pauvre diable ou une malheureuse qui saurait temporiser l'autre... parce que nous ne saurons jamais nous dire stop dans l'horreur. Mais on fait comme si. Nous faisons constamment « comme si » alors quelle différence maintenant ? Nos sentiments mutuels sont sincères, alors quelle différence, vraiment ?

« Il était temps. » me glisse-t-elle après s'être assuré d'un coup d'oeil que nous sommes bien seuls.  Je ne réponds pas, sa phrase n'attend pas vraiment de réponse. Je joins les mains dans mon dos, profite du silence dans le hall de l'hôtel. Les portes se ferment devant nous. Je passe à nouveau la main sur mon visage. « J'espère trouver de quoi te faire un massage dans la chambre quand même. » Je lui adresse un sourire en coin avant de lui confier, bien que je sache que ça va l'irriter ou la gêner, comme d'habitude : « Tu es tout ce dont j'ai besoin. »

Nous entrons et elle ferme la porte derrière nous. J'esquisse un sourire quand elle vient à ouvrir ma chemise, perdant ses lèvres contre les miennes. Le vêtement glisse contre mes bras et tombe au sol. Elle s'efface dans la salle de bains. Je retire les chapelets de mon cou et de mon bras avant de les poser près du lit, j'aime bien les avoir non-loin. Je m'avance à pas de loup vers la salle de bains avant d'ouvrir doucement la porte. Je la regarde chercher à peine quelques instants puis j'empoigne son poignet pour l'amener à moi. « Laisse tomber... » Je m'approche d'elle et passe mes mains sous ses fesses puis contre ses cuisses avant de donner l'impulsion nécessaire pour pouvoir la porter. Je la laisse entourer mon corps de ses longues jambes puis l'entraîne à nouveau dans la chambre. Je la fais basculer sur le lit puis me glisse au-dessus d'elle. « C'est toi que je veux, maintenant... »
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Primrosae Dahl
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Juil - 22:29
Comme si rien avant l'ascenseur ne s'était passé, elle ne se souciait que de trouver de quoi lui faire un massage. Comme si aucune horreur n'avait été commise. Elle était ainsi, passant du coq à l'âne, incluant les meurtres dans son quotidien comme un élément tout ce qu'il y a de plus normal. Elle semblait insensible à tout ce qui venait de se passer, probablement qu'elle l'était d'ailleurs. Aussi insensible aux gestes accomplis qu'aux paroles de Jeremiah qui parvenaient à ses oreilles mais qui ne s'imprimaient pas. Elle ne voulait pas être celle dont il avait seulement besoin, elle ne voulait pas qu'on dépende d'elle comme elle ne voulait dépendre de personne en retour. « Tu m'énerves. » A le penser, à poser des mots dessus, à lui faire entendre de telles choses. Si la plupart des gens trouvaient ça mignon, pour Primrosae, tout n'était qu'un signe de faiblesse et si elle se laissait aller à ses bêtises, elle tomberait dans le panneau, bien consciente qu'elle restait humaine et possiblement sensible à toutes choses si elle le voulait. Mais elle ne le voulait pas. Elle se l'interdisait. Oubliait. Enterrait. Il était hors de question de mettre en l'air une vie entière de conditionnement, de mettre en l'air des heures d'entraînement et ses principes pour un homme, pour des sentiments qui a la moindre contrariété vous fait un mal de chien. Elle connaissait l'amour, par ses parents. Peu importe ce qu'ils lui ont fait, les conditions dans lesquelles elle a été élevée, elle les aimait et le mal qu'elle avait ressentit à leurs décès était insupportable. Bien entendu, elle n'était pas assez bête pour comparer l'amour parental à celui qu'on peut ressentir pour un partenaire de vie mais en ayant vécu l'un, elle ne voulait pas vivre l'autre. L'amour n'était soldé que par la souffrance, qu'une séparation ou la mort l'engendre, ça ne pouvait que se finir ainsi alors à quoi bon s'en encombrer? Elle n'en voyait pas l'intérêt et se trouvait forcément irritée des mots du brun.

Elle oubliait bien vite cette petite contrariété tandis qu'elle s'éclipsait dans la salle de bain à la cherche d'une crème ou d'une huile qui pourrait faire l'affaire pour le masser sans avoir à en mettre quinze tonnes - ou sans qu'il soit obligé de prendre une douche ensuite. Elle s'affairait à la tâche, ouvrant les placards et les tiroirs à sa portée. A peine eut-elle le temps d'en fermer un qu'elle était stoppait par Jeremiah qu'elle n'avait même pas entendu entrer. Le ton aussi doux qu'autoritaire qu'il employait lui plaisait, assez pour qu'une fois dans ses bras, elle cherche ses lèvres des siennes, les harponnant sans ménagement, profitant de sa domination en termes de hauteur pour une fois - non pas qu'elle était particulièrement petite mais elle le restait par rapport à lui, d'autant plus quand elle n'avait pas de talons. Se retrouvant vite allongée sur le lit, le regard que portait son compagnon sur elle l'électrisait et réveillait des envies endormies. « Je l'avais pas deviné... » disait-elle avec dérision dans un sourire presque carnassier. Ses mots, ses iris, cette façon de se mettre au dessus d'elle. Tout était à même de faire croire qu'il était le prédateur là où elle n'était que la proie. Un rôle qu'elle n'acceptait qu'avec lui, bien plus souvent dominatrice que dominée avec les autres. Avec Reagan, c'était différent. Il existait cette confiance aveugle, cette spontanéité naturelle qui faisait que même dans l'acte, elle n'avait pas spécialement ce besoin primaire de dominer la situation, pas tout le temps en tout cas. Avec Jeremiah, le sexe s'apparentait d'avantage à un échange qu'un combat.

♦ ♦ ♦ ♦

Et quel échange! Elle était devenue silencieuse mais ce n'était pas l'un de ces silences pesants, bien au contraire. Dans cette absence de bruit, elle semblait se ressourcer, retrouver un calme olympien rarissime chez elle. Tout le monde connaissait Primrosae l'hyperactive, Primrosae qui ne tient pas plus de cinq minutes en place. Jeremiah avait l'exclusivité sur ce moment d'accalmie, elle pouvait au moins lui accorder ça. La plupart du temps, clairement, elle s'en allait aussi vite qu'elle était arrivée après avoir tiré son coup. Avec lui, elle se permettait de traîner un peu plus dans ses bras, de squatter davantage les draps. La tête posée sur son bras, profitant d'être légèrement plus enfoncée dans le lit que lui, elle ramenait son avant bras au dessus d'elle, traçant d'un frôlement de doigt les lignes de l'intérieur de sa main. C'était idiot mais ça l’apaisait, ça la rendait sûrement plus docile. Délicatement, elle passait au contour de sa paume puis redessinait chacun de ses doigts pour mieux redescendre jusqu'à son poignet. Si elle était au courant - et qu'elle l'avait déjà remarqué - elle ne pouvait pourtant pas s'empêcher de froncer un instant les sourcils quand elle observait davantage les marques de scarification qu'il cachait toujours sous son chapelet. Elles étaient plus nombreuses, plus marquées et certainement plus récentes. « J'aimerais que tu arrêtes de faire ça. » Qu'il arrête de se faire du mal. Ça n'allait rien changer, ça n'allait pas effacer les attentats qu'ils ont perpétrés, ça n'allait pas ramener à la vie les âmes happées ou lui permettre de se faire pardonner par son Dieu si tel était son objectif.

Maladroitement, elle portait son poignet à ses lèvres, y déposant un baiser qu'on qualifierait aisément de chaste s'il n'était pas donné par cette femme, avant de rabattre l'avant-bras de Jeremiah sur elle, sur son buste couvert par le drap du lit, dissimulant sa peau nue encore chaude des instants précédents. Se tournant finalement vers lui, profitant de sa domination cette fois en étant à moitié sur lui, elle rabattait sa chevelure d'un seul côté pour la faire moins gênante et venait glisser ses lèvres contre les siennes avant de dériver un instant dans son cou et de se redresser pour capter son regard d'un bleu étonnant. « Ne t'avises même pas de le dire. » Elle le sentait venir gros comme une maison avec son côté romantique et ses grands mots. Soit pour répliquer à sa réflexion qu'elle semblait vouloir prendre soin de lui - et dans un sens ce n'était pas faux, si elle se refusait d'être sa compagne, il restait tout même un ami sur qui elle pouvait compter sans crainte et qu'elle ne souhaitait pas perdre. - Soit pour dire qu'il l'aimait, ou l'un de ses dérivés qu'il adorait tant lui faire subir. L'un ou l'autre, elle ne voulait rien entendre. Simplement profiter. Aussi bête que ça.
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. - Page 2 Icon_minitimeVen 29 Juil - 3:55
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Quand je ferai du pays d’Égypte une solitude, Et que le pays sera dépouillé de tout ce qu'il contient, Quand je frapperai tous ceux qui l'habitent, Ils sauront que je suis l'Eternel.

Avoir pied. Vivre c'est avoir pied, toujours. Sinon nous survivons. Avoir pied. Vivre c'est garder le contrôle. Sinon nous sombrons. Nous avons besoin de nous fier aux autres, de leur laisser une porte entrouverte sur notre faiblesse sinon nous ne sommes plus humains. Nous sommes quoi alors ? Les Dahl, sans doute. Ce dont j'ai besoin, moi, c'est de pouvoir m'appuyer, me reposer sur quelqu'un à un moment donné, de reprendre une bouffée d'oxygène pour ne pas me noyer. Je me noie constamment alors j'ai besoin de reprendre mon souffle. Est-ce qu'on n'a pas besoin des autres pour ne pas perdre la raison ? À moins que ce ne soit trop tard.

Quand je suis avec elle, quand je suis sur elle, tout ça n'a pas d'importance. Je respire, je respire contre elle et je perds mes mains contre la chair, je me perds en elle et je n'ai pas besoin de savoir qui je suis. Parfois, la confiance nous dépasse, elle nous dévore. Primrosae a compris que si elle ne s'investit pas, elle ne s'expose pas. Elle restera debout, quoiqu'il arrive. Elle restera debout, quoiqu'elle fasse. Je n'arrive pas à survivre ainsi, je n'arriverai pas à respirer par intermittences. Nous avons besoin de nous fier aux autres, comme j'ai eu besoin de me fier à chaque membre de ma famille, comme j'ai eu besoin de me fier à chaque Watcher. Chacun d'entre eux connaît mon identité. J'ai pris des risques inconsidérés avec Lewis, j'en suis conscient mais concernant chaque Watcher, ils peuvent savoir qui je suis. Nous ne sommes pas un fantôme, nous sommes des hommes, nous sommes des femmes, nous sommes vivants, pas des monstres. Nous sommes là. Quand je suis suis avec elle, je suis vivant.

Alors certes, oui, je ne devrais sans doute pas forniquer avec une femme qui n'est pas mon épouse et qui n'est pas prête de le devenir, mais j'ai besoin de reprendre mon souffle, j'ai besoin d'avoir confiance en elle, j'ai besoin de pouvoir retomber lourdement à ses côtés, nu, démuni de toute arme, de toute méfiance. Elle me connaît maintenant, elle ne se vexe pas quand mes mots peuvent être cassants, blessants. Elle est plus forte que mes mots, d'ailleurs. Rien ne l'atteint. Pas la haine, pas l'amour, elle est protégée de cette armure que je ne sais fendre, pour le moment...

Quand je ferai du pays d’Égypte une solitude, Et que le pays sera dépouillé de tout ce qu'il contient, Quand je frapperai tous ceux qui l'habitent, Ils sauront que je suis l'Eternel.

Je cale ma respiration sur la sienne, la garde précieusement contre moi. Quand elle est comme ça, je sais qu'elle compte aussi parmi mes faiblesses. J'en ai tellement. Je voudrais me persuader que je n'ai rien à perdre, qu'ils ne peuvent pas m'atteindre mais je n'ai pas été assez prudent. J'ai laissé mes failles à la vue de tous, je n'ai pas été capable de tuer Lewis quand tout le bon sens du monde me dictait d'appuyer simplement sur la détente. Au lieu de ça, je lui laisse une raison supplémentaire de m'en vouloir. Une voix dans ma tête me disait de tirer, il n'aurait pas souffert. C'est le plus important. Cette voix me criait « Feu ! Feu ! » et soudain, la voix de Sarah l'a couverte. Je souris. C'est délirant, que je n'arrive pas à me décider entre l'horreur de ce que j'allais commettre et la déception de ne pas être allé jusqu'au bout. C'est délirant, pas vrai ? Et si je ne me retrouve pas dans les bras de Rosa, est-ce que j'arriverai encore à me rendre compte que tout cela se barre en cacahuètes ? Complètement ? Je n'arrête pas de regarder en arrière et à chaque fois que je gravis une marche sur l'escalier de l'horreur, j'essaie de me convaincre que c'était nécessaire. Et pourtant, je ne me reconnais pas. Dans cette main, j'ai porté les yeux d'un homme, je les ai brandis comme un trophée. Je me sens déchiré entre un dégoût profond et une fierté, la fierté d'avoir arraché à la créature son pouvoir, même s'il faut en être passé par la mutilation...

Je profite de la chaleur de son corps. Ici, à cet instant, il n'y a pas de Watchers. D'ailleurs nous n'étions pas sensés en parler durant notre séjour initialement. Il n'y a pas de Pasteur, et parce que nous nous énervons quand nous parlons de religion, ce qui pour moi n'est pas un prétexte ou un masque. Il n'y a pas de chasseuse, aussi féroce peut-elle se montrer au lit. Nous ne sommes que deux anonymes, même pas engagés dans une relation de couple. Nous ne le serons jamais et pourtant, je la protégerai. Si je dois me livrer pour elle, je le ferai. Et si je dois mourir pour elle. Comme je le ferai pour les Watchers, ils sont de mon côté. Nos intérêts sont communs. Tant qu'ils le seront, je leur resterai loyal.

J'aime sentir ses doigts glisser sur ma peau. Je la suis du regard, silencieusement. Je la fixe sans sourire, sans craintes. Je la vois se balader sur mes doigts, sur mon poignet, sur mon avant-bras. Elle est la seule personne qui sache, parce qu'elle est la seule qui puisse vraiment me « voir ». Pas forcément me voir nu, mais juste... me voir. Dernièrement, j'ai manqué de patience, j'ai manqué de self-control. Alors souvent, je frappe, je frappe jusqu'à ce que les fils rouges apparaissent. Je prends du temps à les regarder, je prends encore plus de temps à les soigner. Je ne me punis pas, parce que si je devais me punir, je serais déjà mort depuis longtemps. C'est juste que j'ai besoin étouffer ce sur-plus de haine qui me dévore. J'ai prié Dieu, je lui ai demandé de m'aider mais s'est développé au sein de mon corps une sorte d'addiction malsaine à cette douleur éphémère qui me soulage. J'aime laissé parler ma colère, je me rappelle que je suis vivant. Je me rappelle la douleur, aussi infime soit-elle. J'aurais dû me couper plus de trois mille fois, pour être bien juste. « J'aimerais que tu arrêtes de faire ça. » Je me mets à fixer mon bras, ne comprenant pas vraiment ce qui peut être dérangeant pour Prim. Ça ne change pas ce que je suis, ça n'affecte en rien nos actions ou nos projets... Ce n'est que moi, et encore, que mon bras. Ce n'est pas grave... En le regardant, ça va un peu mieux... J'aime me rappeler qu'avant d'agir, il y a eu des doutes, des questions avant de prendre la décision. Comment on peut survivre après avoir décidé d'envoyer des mutants s'exploser parmi des innocents ? Comment on peut se coucher le soir et espérer s'endormir après avoir prononcé quelques mots... qui ont donné le coup d'envoi d'un macabre spectacle ?

Depuis février, tout s'est accéléré. Je ne le supporte pas. Et pourtant, je ne m'arrêterai pas. Jamais. Je ne voulais pas détruire ma famille. Je ne voulais pas les fissurer ainsi... Je reviendrai vers Lewis, je ne peux pas le savoir fâché, et c'est un euphémisme. Je reviendrai vers lui parce que je ne supporterai pas son silence, j'ai besoin de lui. Je suis bête, il me donnerait n'importe quel rendez-vous que je viendrai aussi vite que possible, et même en dépit de sa trahison... Il est comme une partie de moi, un tout petit coin de ma tête qui n'arrive plus à se faire entendre. Ou il est mon bras, que je lacère, tranquillement... continuellement... Jusqu'à quand ?

Quand je ferai du pays d’Égypte une solitude, Et que le pays sera dépouillé de tout ce qu'il contient, Quand je frapperai tous ceux qui l'habitent, Ils sauront que je suis l'Eternel.

Je détruirai tout. Si c'est ce que je dois faire, si c'est par là que je dois en passer. Les lèvres de Primrosae viennent se poser sur les griffes. « Pourquoi ? » Pourquoi arrêter ? Elle tourne ses yeux vers moi, ma moue sérieuse va se dissimuler derrière un sourire quand elle me lance : « Ne t'avises même pas de le dire. » Je balade ma main vers elle, baisse le drap et la regarde. Je lève les yeux sur elle et l'embrasse, caressant maintenant ses cheveux. « Rassure-toi, je sais bien ce qu'on est l'un pour l'autre... » Ma main quitte ses cheveux, je me redresse légèrement et cale mon dos sur la tête de lit. « Je veux pouvoir compter sur toi Primrosae, parce que récemment... C'est compliqué, tu vois ? Ça l'a toujours été, évidemment. Redis-moi que tu ne nous trahiras jamais. »

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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. - Page 2 Icon_minitimeJeu 11 Aoû - 4:22
Il y a le sable que l'on perce de nos doigts. Il y a les cailloux que l'on pousse de nos mains. Il y a les murs qu'on éjecte à coup de masse. Et il y a les forteresses. Il y a Primrosae. Impénétrable, inaccessible, imperméable, inflexible. Fièrement dressée, elle ne laissait jamais personne entrer, elle ne se laissait jamais influencer. Beaucoup pensait, à tort ou à raison, qu'elle se cachait derrière son masque de cruauté, qu'elle n'était qu'un faux semblant pour éviter les souffrances, pour éviter les peines. Quelle bande d'idiots. Pourquoi l'humain n'acceptait-il pas qu'elle puisse être ainsi parce qu'elle était faite de cette façon? Pourquoi personne n'acceptait le fait que la forteresse était vide, qu'il n'y avait rien à cacher à l'intérieur? Primrosae était ainsi. Vide. Émotionnellement et physiquement depuis quelques minutes. Elle était une forteresse, oui, parce qu'elle était dure de caractère, parce qu'elle était loin d'être facile mais elle n'avait aucune carapace pour protéger quoi que ce soit de plus positif. C'est comme cela qu'elle se voyait chaque matin dans le miroir. Comme une coquille, oui, mais vide. Une coquille en mission, une coquille en périple, une coquille qui allait certainement mourir plus tôt que prévu. Et alors? Tant pis. Elle n'était que ça. Une soldate. Une chasseuse. Jeremiah faisait-il partie des personnes ayant encore l'espoir de la voir changer? Ou était-il résolu à n'avoir dans ses bras qu'une tortionnaire au sourire carnassier? Elle n'en savait rien. A vrai dire, elle ne voulait même pas savoir. Elle savait d'avance que le cas échéant, elle allait s'énerver et lui prouver maladroitement qu'elle n'est rien d'autre que haine, vengeance et violence.

En glissant ses doigts contre les griffes de son poignet, des flashs de son passé lui revenaient en mémoire. Elle avait les mêmes quand elle sortait d'entraînement avec son père, ou à peu près les mêmes. Il ne la mutilait pas, pas toujours en tout cas, mais le fouet laissait les mêmes marques dès lors qu'il cognait au même endroit, déchirant la peau comme une lame de rasoir. Elle connaissait la sensation que ça laissait sur la peau. D'apparence, c'était comme une égratignure, rien de grave. A la sensation, c'était bien différent. Elles n'étaient pas douloureuses quand elles sont immobiles mais dès lors qu'on les touche, dès lors qu'on se concentre sur elles, dès lors que bouge le poignet, elles devenaient piquantes, de longues minutes, parfois même lançantes. Une douleur qui revient, vous retourne l'estomac et vous donne envie de vomir. Elle savait qu'à cet instant, si Jeremiah se concentrait sur ses marques, il pourrait sûrement sentir son propre pouls, sentir la moindre parcelle de peau devenue si fine qu'elle en était sensible. Elle voulait qu'il arrête. Non pas parce que ça lui rappelait son passé, les douleurs avec, mais simplement parce qu'elle avait appris que ça ne servait à rien de procéder de cette façon. Elle en était la preuve vivante. Se faire du mal ou faire du mal, ça ne changeait rien, ça n'arrangeait rien, ça ne décoinçait aucune situation ni ne retirait aucune culpabilité. « Parce que c'est inutile. Peu importe pourquoi tu le fais, si ces marques sont toujours là c'est que tu recommences, encore et encore mais surtout en vain. » Elle ignorait combien de fois il avait fait ça et dans un sens, elle s'en fichait, mais il était clair que ce n'était pas efficace. La mutilation est une forme d'extériorisation, tout le monde le sait mais si c'était vraiment efficace, pourquoi continuer? Si c'était vraiment ce qu'il fallait, une fois suffirait. « Tu te fais du mal pour rien. Ça ne dure qu'un temps. » Peu importe qu'il coupe en surface ou qu'un jour il aille jusqu'aux veines et commette l'irréparable. Peu importe que ce soit pour se laver d'une culpabilité ou pour ressentir un quelconque sentiment d'existence.

Il lui avait demandé pourquoi et elle avait simplement répondu. Ça s'arrêtait là. Sans ça, probablement qu'elle n'aurait rien dit de plus. Tous les deux savaient que s'il voulait continuer, il continuerait et que s'il écoutait Primrosae, il s'arrêterait. Ils pouvaient argumenter autant de temps qu'ils le voulaient, chacun de leur côté, qu'ils resteraient sur leur position. Aux yeux de la jeune femme, qu'il se mutile le rendait faible et tout le monde sait que Dahl déteste la faiblesse. En soi, elle ne pouvait pas lui en vouloir, parce qu'il était humain - certainement bien plus qu'elle - mais elle ne pouvait pas se résoudre qu'il continue de montrer qu'il l'est, humain, qu'il l'est, faible. Lui demander d'arrêter, pour elle, c'était l'aider. Pas physiquement. Mentalement. Etre plus fort que ces idiots de sentiments, peu importe leur nature. Etre plus fort que cette envie de se punir. Peut-être qu'elle voulait qu'il soit un peu à son image, je m'en foutiste de tout sauf de l'objectif d'abattre du mutant, à n'importe quel prix. Qu'il arrête ça le rendrait plus fort, plus à même d'affronter le reste, ce qui est à venir. Elle le sentait, elle le savait. Les attentats n'étaient qu'un prémisse, qu'un prologue de ce qu'ils allaient engendrer. S'il ne pouvait pas supporter ça sans avoir à se faire du mal derrière, il pouvait d'ors et déjà arrêter. Finalement elle s'était tournée vers lui, attrapant ses lèvres, les capturant parfois de ses dents aiguisées, cinglant les mots qui se faisaient un passage entre ses lèvres sans difficulté. « Et toi? Vais-je pouvoir compter sur toi? » Ces marques sur son poignet, ses interrogations, ses hésitations à abattre un frère gênant pour l'organisation. Vraiment, pourrait-elle compter sur lui quand devant ses yeux il failli?

Un dernier baiser, presque chaste. Elle se redressait du lit, n'emportant même pas le drap avec elle. La pudeur? Primrosae ne connait pas et ne connaîtra probablement jamais. Pendant un instant, elle s'arrêtait face à un miroir, accroché là au dessus d'une commode. Ses iris se posaient sur ses seins, un court instant. C'est qu'il avait raison quelques heures plus tôt... Elle oubliait vite cette histoire, ses yeux remontant sur son visage et sa main se glissant dans ses cheveux nouvellement blonds. Une grimace rapide traversait son visage quand ses doigts se glissaient sur une cicatrice fermée depuis des années, vestige de ses chasses. « Il va falloir que je retourne rapidement au roux. » Le blond n'était pas moche en soi, ni le brun d'ailleurs mais définitivement, la nature ne l'avait pas faite naturellement rousse pour rien. Cette couleur restait sa préférée, mettant davantage ses yeux clairs en valeur et soyons honnêtes, le roux relevait davantage son caractère de feu quand le blond la rendait faussement candide. Son regard s'échappait alors au loin dans le reflet, fixant Jeremiah au travers de ce dernier tandis qu'elle glissait une clope entre ses lèvres, espérant peut-être d'elle qu'elle lui retire cette sensation de fatigue désagréable. Interdit de fumer dans les chambres? Qu'est-ce qu'elle pouvait en avoir à foutre? « Je peux te le dire et te le promettre autant de fois que tu veux. Je suis faite pour ça, j'attend que ça. » Quand pour certains leur objectif de vie était de trouver l'amour, quand pour d'autres c'était fonder une famille ou vivre tranquille, quand d'autres encore cherchaient à avoir une carrière prometteuse, Primrosae ne cherchait que la paix qui suivrait une guerre sans merci entre humains et mutants. Au plus profond d'elle-même, elle ne voulait rien d'autre. « Tu restes à te morfondre et t'interroger sur les questions existentielles de la vie dans le lit ou tu viens avec moi sous la douche? » Ou bien une douche peut-être...
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Jeremiah Reagan
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. - Page 2 Icon_minitimeDim 21 Aoû - 16:52

« Parce que c'est inutile. Peu importe pourquoi tu le fais, si ces marques sont toujours là c'est que tu recommences, encore et encore mais surtout en vain. » En vain ? Mais pourquoi en vain ? Je ne cherche pas à en finir avec la vie, je ne cherche pas à en finir avec ces petites consolations, alors pourquoi serait-ce des échecs ? Il y a cette faiblesse en moi, cette humanité qu'elle ne comprend pas. Comme si elle me découvrait parfois pour la première fois, partagée entre ces deux facettes de ma personnalité qui combattent pour prendre le contrôle. Ce n'est pas vain. Le jour où je n'aurai plus de scrupule, tout sera terminé. Moi-même, je serai fini. Stryker sait qu'ils sont les ennemis, ils sont le danger mais quelque part, ils ont été humains.

Quand je regarde vers l'avenir, j'ai peur. Il est vrai que j'ai peur, mais je ne peux pas aller contre ça. Si demain, Primrosae contrôle les Watchers, elle n'aura pas peur parce que c'est ainsi qu'elle a été élevée, ou plutôt entraînée. Elle refuse même de pouvoir avoir peur un jour, parce qu'elle serait contrainte de reconnaître qu'elle n'est pas invulnérable. Cette sensation de puissance, de pouvoir, d'invincibilité, cela ne dure qu'un temps. Et même si ça la pousse à aller plus loin, ce jeu de la vie et de la mort, qu'en adviendra-t-il des autres ? Tous les autres ? De la même façon que la vie de Prim compte à mes yeux, je voudrais qu'elle puisse ressentir ce sentiment, je voudrais qu'elle considère une seconde ces sentiments comme des forces.

Quand je regarde vers l'avenir, j'ai peur. Il est vrai que j'ai peur, mais je ne peux pas aller contre ça. Parce que trop de questions se posent à moi, parce que je ne sais pas si je saurai faire ce qu'il faut, et concéder au sacrifice de trop. Je garde parfois l'illusion stupide que mes actions sont ciblées et que même si elles ont amené la mort de beaucoup d'innocents, elles en sauvent plus, bien plus. J'ai peur et parfois, j'ai envie de m'enfuir. De rester ici, pourquoi pas ? Au Texas. Je voudrais n'en avoir rien à foutre des vendeurs de barbes à papa qui ont des pouvoirs, je voudrais simplement pouvoir construire une nouvelle vie, naïve et simple. Est-ce que c'est ce que tu penses, Prim ? Que c'est la vie que je suis en train de mener ? Naïve et simple ? Ce n'est pas le cas. Entre deux fantasmes irréalisables, il y a des plans. Des plans qui te plairaient. Des plans qui te plairont, crois-moi.

Je souris en balançant mon regard vide sur le plafond, je n'arrêterai pas parce que c'est l'un des derniers petits remparts qui m'empêchent de sombrer dans la folie totale. Parce que cette petite chose, ce petit rien, j'en ai besoin. Besoin de réaliser que je suis toujours humain, que les Watchers ne m'ont pas encore dévoré. Je veux croire que je suis encore là, moi, véritablement, sous toute cette crasse de haine, de souffrance, de mort. Primrosae ne peut pas encore le comprendre. Un jour peut-être, je le lui souhaite. Je nous le souhaite... je ne la regarde pas quand je lui réponds sèchement, plus que je ne l'aurais voulu à vrai dire « Ce n'est pas vain, c'est de l'humanité. » Et tant pis si ça ne dure qu'un temps, ce temps-là, c'est ce dont j'ai besoin avant de retomber sur mes pieds. Un jour je n'en aurai plus besoin, oui, je serai droit dans mes certitudes, je n'aurai pas à me demander à quel principe renoncer pour réussir. Mais en attendant, ce n'est pas vain...

Nous n'entrons pas dans le débat. Effectivement, nous ne sommes pas assez proches pour vraiment suivre les conseils l'un de l'autre, je me bats avec mes démons intérieurs tant que ça ne gêne pas ma mission et elle, elle risque inutilement sa vie pour exterminer les mutants dès qu'elle en voit l'orteil à mille lieues à la ronde... C'est comme ça, on le sait. Elle se tourne dans ma direction, je la sens tout contre moi. Elle oscille entre un baiser et un coup de dents pas douloureux sur mes lèvres. Je la laisse faire, n'ayant qu'une main sur sa hanche et la seconde dans le vide. « Et toi ? Vais-je pouvoir compter sur toi ? »

Sa question me surprend et je la laisse voir cette surprise, cette perplexité sur mon visage. Mais pourquoi est-ce qu'elle dit ça ? Je suis à l'origine des Watchers, j'ai toujours fait ce qu'il fallait, toujours ! Je n'ai pas hésité à abattre des hommes, des femmes, des gamins qui ne comprenaient même pas ce qu'il se passait ! On a fait exploser et brûler des innocents dans une perspective plus grande, dans un projet plus important. Comment ose-t-elle seulement douter de ma dévotion à notre cause ? Ce n'est pas ma faiblesse qui m'empêche d'avancer. Je sais bien que je ne suis pas comme elle, je ne suis pas comme on aurait voulu que je le sois. Adolescent, je n'étais pas vraiment chasseur, j'étais derrière. Mais après, j'ai fait mes preuves. Je les ai faites des dizaines de fois ! Je ne fais pas de ma faiblesse une fierté mais elle me permet de garder les pieds sur terre, elle me permet de ne pas perdre tout contrôle, elle me permet de protéger encore un tant soit peu ceux auxquels je tiens. Même si je le fais très mal. Trop mal, trop peu. Ce n'est pas grave...

Je supporterai tout ce qui se présentera, je serai à la hauteur. Je serai un homme fort qui ne tremblera pas au moment d'agir, même si je dois en souffrir après. Mais au moment décisif, je serai là tel que je l'ai toujours été. Je ne les laisserai pas s'enfuir, survivre. Je la fixe silencieusement, elle me confie une dernière fois ses lèvres et je la retiens en serrant sa main dans la mienne, trop fort mais pas pour elle : « Jusqu'au dernier. » Je relâche sa main, sens ma mâchoire qui s'est serrée, je me laisse retomber sur le dos une seconde avant de me redresser et de caler mon dos à la tête de lit. Je me tourne vers elle quand elle parle soudain de ses cheveux. Soit, elle veut changer de sujet, pourquoi pas ?

Il est vrai que je la préfère en rousse, même si elle est toujours ravissante à mes yeux. Je ne lui dirai pas, je ne récolterais que ses railleries. Je lève les yeux au ciel puis tourne pour m'asseoir sur le bord du lit. « Je peux te le dire et te le promettre autant de fois que tu veux. Je suis faite pour ça, j’attends que ça. » Oui, ça c'est sûr. Je m'inquiète pour rien, Prim est une valeur sure. Même trop sure parfois, mais c'est une autre discussion. « Tu restes à te morfondre et t'interroger sur les questions existentielles de la vie dans le lit ou tu viens avec moi sous la douche ? » Je roule des yeux, pas la peine de lui dire que je ne suis pas train de... Oh et puis merde, si, je peux bien me morfondre si j'en ai envie. Bordel ! Je quitte le lit et la rejoins, pour prendre la cigarette entre ses lèvres et tirer une fois ou deux dessus. Je tourne mon regard sur les fenêtres et sans la regarder, je lui réponds tout de même : « Il faut bien que l'un d'entre nous se pose ce genre de questions j'imagine. Et ne t'avise pas de douter de moi. Qu'est-ce que tu crois ? Que parce que je ressens quelque chose, je ferai marche arrière ? Ça n'arrivera jamais, si c'est le cas c'est qu'un télépathe ou un de ceux-là a joué avec mes esprits... » Je tire une nouvelle fois sur le bâton de nicotine, envoie la fumée dans le visage de Primrosae : « Dans ces cas-là, tu sais bien ce que tu dois faire. »

Si je ne suis plus moi-même et que tu ne peux rien y faire, abats-moi. On sait tous les deux que tu pourrais le faire. Tu te diras que c'est ce qu'il a de mieux à faire et la partie au fond de moi qui aspire à l'extinction de cette espèce de monstres t'en remerciera. Je lui rends sa cigarette et la laisse passer devant moi, n'hésitant pas à la regarder me devancer. Je la rejoins et lui retire la cigarette des mains pour l'abandonner dans les toilettes. Nous profitons d'un moment agréable tous les deux, sous l'eau chaude presque brûlante. J'aime la toucher, la posséder, me laisser croire qu'à cet instant, elle n'est véritablement qu'à moi. Mais qui sait à quoi elle pense vraiment pendant ce temps ? C'est quand elle est véritablement endormie, ses cheveux mouillés sur l'oreiller, qu'elle est juste à moi. Après un moment passé à prier en silence, je me couche à ses côtés, laisse mon index jouer avec ses courbes découvertes. Finalement, je me glisse derrière et l'emprisonne dans mes bras. Je veux que cette nuit, au moins cette nuit, elle ne se sente pas obligée d'être le bon petit soldat. Dors Primrosae, je veille sur toi...
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