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 BLOOD TEXAS | Jeremiah R.

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MessageSujet: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 18:15

BLOOD TEXAS

Jeremiah & Primrosae


New York perdue.
New York foutue.

Mettre le feu aux poudres comme on dit. Tuer le problème dans l’œuf. Faire de la ville le plus grand des brasiers. C'était le désir premier de Primrosae. Beaucoup la pensaient perchée, totalement à l'ouest. En réalité, elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Elle était de ceux persuadés que la radicalité était la meilleure des solutions. Ne faire aucune exception, pas même les handicapés, pas même les enfants. Ils étaient tous de potentiels dangers, ils étaient tous de possibles meurtriers et plus le temps passait, plus elle avait cette sensation désagréable que New York était infectée plus que n'importe quelle autre ville. Le débarquement d'un soit-disant roi des sept mers dernièrement en était la preuve vivante. New York semblait être la cible favorite des mutants et l'idée faisait grincer les dents de la rousse. La colère était le sentiment qui nourrissait quotidiennement ses projets et cette colère était flippante tant elle était illimitée. Son regard trahissait étroitement ses pensées meurtrières, ses poings serrés étaient le signe que ses idéaux allaient au delà d'elle-même la rendant souvent incontrôlable et irréfléchie. Elle se devait de s'absenter quelques temps, de s'éloigner de cette ville qui la consumait de l'intérieur, la présence accrue des mutants lui faisant ronger son frein plus que de raison. Elle était sur le point d'exploser et d'ôter la vie à quiconque faisait preuve de capacités hors norme. Respirer, s'en aller, changer d'air et d'idée. C'est ce qu'elle lui avait proposé et il avait accepté avec simplicité. Ils ne cherchaient jamais, ou peu souvent, à comprendre les raisons de l'autre d'une envie d'évasion ou autre parce qu'ils se comprenaient, parce qu'ils n'avaient pas forcément besoin de parler pour avoir une justification qui leur semblait logique sans y poser un seul mot.

Texas nouveau.
Texas repos.

Ils avaient posé leurs valises pour trois pauvres jours dans la campagne du Texas, loin d'une grande ville où les mutants s'assumaient trop pour ne pas réveiller les démons de l'ancienne rousse devenue blonde. Ce genre de petits villages où être différents vous amenait à être détestés et isolés du reste des gens, à moins de n'être que de passage. Une idée plaisante aux yeux de la jeune femme qui pensait qu'ils ne méritaient que ce traitement. Les trier pour les éliminer. Elle ne doutait pas qu'au milieu de la petite fête foraine sur le thème des cowboys organisée dans le village, ils devaient être quelques uns aux capacités extraordinaires mais ils se cachaient terriblement bien, probablement la peur des représailles. Tous sauf un. Il était repérable de loin, un petit attroupement de personnes émerveillées l'entourait. Primrosae en était écœurée. Comment pouvait-on se réjouir de ça, se réjouir de mutant capable de vous tuer en un instant? Ils étaient une menace pour l'humanité, rien de plus. Si certains voyaient en eux une évolution, la blonde les considérait comme une anomalie, une abomination de la nature au même titre qu'une maladie génétique à éviter. « Regarde ça. » Ses iris océans fixaient le vendeur de barbes à papa, le poison pur de l'humanité alors qu'elle s'adressait à son acolyte. De longues secondes, ses yeux ne bougeaient pas et ils avaient beau être clairs, on pouvait sentir sans difficulté le regard noir qu'elle lui lançait, empli de rancœur et d'amertume. Il s'amusait avec sa télékinésie ou une bêtise dans ce genre à faire ses barbes à papa à distance. Non seulement il était mutant mais en plus il profitait de son soit-disant talent pour se faire encore plus de fric sur le dos des citoyens. Pitoyable! Le lâchant enfin du regard, elle se tournait davantage vers Jeremiah, croisant ses iris aussi bleutés que les siens. Si l'avoir à ses côtés et détailler son visage avait ce don inexplicable de la calmer, elle ne pouvait ignorer la présence de cet énergumène dans les parages et davantage encore dans leur cercle vital. « On peut pas le laisser faire, pas vrai? » Une moue presque enfantine traversait son visage mutin suite à ses paroles. On pourrait presque croire qu'elle lui demandait la permission en se collant un peu plus à lui mais tous deux savaient que d'une façon ou d'une autre, la tête de cet homme quitterait ses épaules.

Texas découvert.
Texas Enfer.
✻✻✻
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 20:29

New York défendue.
New York à nue.

Depuis un moment, une partie de mes pensées gravitent autour d'elle. Après ma terrible déception du caryotype défectueux d'Ellen, je ne pouvais pas me permettre de retomber bêtement dans le panneau, surtout avec une personne qui en savait tellement sur les Watchers. Elle a accepté, elle est toujours là donc le test a été concluant. Un matin, je me suis levé, elle m'a proposé qu'on sorte un peu de la ville. Je l'ai regardée, je n'ai pas besoin qu'elle me donne des raisons, je sais que ces dernières seront bonnes de toutes façons. Et puis je suis aussi un peu fatigué en ce moment. Entre les recrutements, ces tensions avec les membres de ma famille – et en particulier celui dont on ne prononcera pas le nom – et les meurtres... ça ne me déplaît pas et le boulot doit être fait, mais je ne suis pas contre une sortie, un moment de off.

Surtout qu'ici, il est compliqué d'être vu en compagnie de Primrosae. Déjà, elle voit d'autres hommes, je crois savoir, et un Pasteur qui se pavane avec une femme avec laquelle il n'est pas sérieusement engagé ou marié, ça serait mal vu. J'ai appris à ne pas montrer mes sentiments, ce n'est pas le problème. C'est simplement que j'aime le contact de sa peau contre la mienne. Je lance une oeillade vers le miroir de la salle de bains, aperçois mon reflet me dévisager. Prim est allongée dans le lit, le drap couvre une partie de son corps. Je me retourne sur elle, l'observe silencieusement. Je m'approche, pose les genoux de part et d'autre de ses pieds qui dépassent du lit. Mon index glisse délicatement le long de sa colonne vertébrale. Il arrive dans sa nuque. J'approche mon visage de sa joue. Je sais qu'elle ne dort pas, ses doigts enserrent un coin d'oreiller, je hume son parfum... un parfum de rêve égaré avant sa fin, un parfum de folie délicate, un parfum de sang... je laisse un baiser sur sa tempe puis me laisse finalement tomber à côté d'elle. J'attends qu'elle ouvre les yeux, lui offre mon sourire malade. Elle a les mêmes travers que moi, avec un petit quelque chose en plus. Parfois je me dis qu'elle est un peu tarée, et puis je me fais une roulette russe avant d'aller voir Lewis et je me dis que finalement, on s'est quand même bien trouvés.

Texas dément.
Texas sanglant.


Une sortie, ça n'a jamais tué personne... Private joke. Bref, pour la soirée nous sortons légers. Pa de Pasteur donc j'ai laissé mon attirail de Pasteur à la maison, à savoir le crucifix poignard et la Bible qui sert d'écrin à l'une de mes armes. Je n'aime pas être sur un terrain inconnu, on ne sait jamais si on va devoir subir une fouille en règles à cause des tensions ambiantes. Je n'aime pas me battre au corps à corps, ce n'est pas là que je suis le meilleur. Et une seconde d'inattention et on peut bien finir avec le cœur hors de son écrin de chair, avec les yeux sur la table, le sang en compote ou que sais-je... Ils sont capables de tout. Je balade mon regard aux alentours quand Prim m'arrête d'une petite phrase, dite avec la voix de la haine. « Regarde ça. » Je me fige, redressse ce chapeau de cowboy duquel je me suis joyeusement affublé. Je passe ma langue sur mes lèvres en le détaillant, de moins de ce que je peux voir d'où nous sommes. J'esquisse un sourire, à l'image des gens près de nous qui s'approchent du spectacle. Un spectacle, c'est ce qu'ils voient. Jusqu'au moment où, sur un coup de tête, la créature leur écrasera la machine sur la tête. Il peut sans doute tous nous tuer. Là, maintenant. Même s'il n'en est pas encore conscient. Je frotte doucement mes mains l'une contre l'autre puis pivote pour faire face à Prim, me plaçant entre elle et la source de son mécontentement.

Ma main vient caresser son cou puis je cale mes mains contre ses hanches. « On peut pas le laisser faire, pas vrai? » D'un geste, je l'amène tout contre moi. J'ai l'impression qu'elle me fait des yeux de biche en me demandant si elle peut prendre un jouet interdit, un jouet dangereux. Mais il n'y a pas de vacances qui tiennent, un mutant est un mutant. C'est tout. Je pose mon front contre le sien et lui chuchote « J'ai l'impression que quelqu'un a bien envie d'une petite douceur, pas vrai ? » On sait tous les deux que cette douceur-là ne se mangera pas. Finalement, je lui fais signe de me suivre d'un mouvement de la tête puis me mets à applaudir avec les gens présents pendant que nous nous approchons du mutant. Je le félicite puis donne même un petit coup de coude à l'homme à côté de moi en lui disant combien c'est bluffant. Il confirme. J'en profite pour compter le nombre de personnes présentes. Je cherche des objets tranchants du regard. J'essaie de voir dans son dos s'il y a quelqu'un d'autre. La première chose, c'est d'agir un peu à l'écart. Le mieux serait de l'isoler ou de repasser quand la foire fermera mais Dieu seul sait combien il y en a. « C'est vraiment merveilleux que vous sachiez faire ça... Dommage que Lewis n'ait pas cette maîtrise... » glisse-je en ne le quittant pas des yeux. Je caresse le chapelet autour de mon cou puis le fais passer au-dessus de mon t-shirt. Jésus met en confiance. Sorry Jésus. « C'est mon frère qui a un magnifique don similaire au vôtre, mais il est handicapé mental et il n'a personne qui l'aide à... enfin je ne veux pas vous déranger... » J'ai baissé le volume de ma voix doucement, l'obligeant à s'approcher de moi. Il semble contrarié, touché. Ah, cette empathie ridicule d'une grande partie des mutants pour les petits mutants qui causent des catastrophes parce qu'ils ne « maîtrisent pas »... Franchement ! Je prends la main de Prim dans la mienne. Je crois qu'on va avoir droit à un petit moment d'intimité avec notre nouvel ami...
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 21:01
Comme un double. Comme un reflet dans le miroir. A peu de choses près, c'est ce qu'ils sont. Bien entendu, ils n'avaient pas la même histoire et Primrosae, de la religion, elle en avait rien à cirer mais dans les idéaux, dans cette façon toute particulière de penser que nombreux montrent du doigt, elle se reconnaissait en lui, plus que de raison. C'était un état d'esprit qu'ils partageaient et elle qui avait conscience d'avoir été conditionnée par ses parents pour penser de cette façon, elle se disait que finalement, ils n'étaient pas complètement fous et n'étaient pas les seuls à penser que les mutants étaient une menace pour le reste de l'humanité. Il ne fallait pas se leurrer, peu de gens étaient comme eux, peu de personnes pensaient de la même façon alors forcément, pendant un moment, après la mort de ses parents, elle s'était sentie seule face à ses pensées et puis Jeremiah est arrivé. Il disait tout haut ce qu'elle pensait tout bas, sûrement par peur des représailles, il semblait lire en elle comme dans un livre ouvert. S'en était alors naturellement découlé une amitié hors norme avant de finir régulièrement dans le même lit depuis plusieurs mois. Il n'y avait pas de prise de tête, ils vivaient au jour le jour. Lui Pasteur, elle PDG d'une industrie d'armement. Qui aurait cru qu'ils pouvaient aussi bien s'entendre au point de s'exiler rien que tous les deux hors de New York? Probablement personne si on les avait décrit de cette façon.

C'est aussi ce qui lui plaisait avec lui, chez lui. Ils étaient différents et pourtant terriblement complémentaires. Evidemment ça pouvait parfois créer des frictions plus ou moins violentes entre eux mais ils finissaient toujours par retrouver leur calme et s'échouer dans des draps froissés par une joute physique sans pitié. Deux extrêmes qu'ils aimaient fréquenter, deux précipices vers lesquels ils se penchaient en permanence, prêts à tomber. C'était exactement ce qui allait se passer ce soir. Le calme avant la tempête, les nerfs de Primrosae chatouillés par la présence d'une saloperie de mutant. Elle était comme un lion en cage, en permanence, prête à bondir vers la sortie à la moindre occasion. Il était le seul à savoir la modérer, le seul à savoir l'arrêter quand elle s'apprêtait à dépasser les limites alors forcément, se mettre face à elle, ça la coupait dans ses élans meurtriers, calmait instantanément le jeu. Probablement qu'elle lui aurait déjà cramé le visage avec son sucre en fusion sans son compagnon de route à ses côtés, sans ce regard calme et rassurant posé sur elle. Cette moue trahissait son impatience et ses paroles étaient témoin de ses envies devenant nécessités. Ils savaient tous les deux que maintenant qu'elle l'avait vu, elle ne le laisserait pas passer, quitte à y laisser sa propre peau. Jeremiah était heureusement plus réfléchi qu'elle pouvait l'être. « Envie n'est pas le mot que j'aurais choisi. C'est pas une envie, c'est une exigence. » Un sourire en coin, un baiser volé et elle le suivait sans difficulté à travers le petit attroupement de personnes.

Décidément, il était plus réfléchi mais aussi plus stratège. Par moment, il l'impressionnait, réellement. Comment avait-il pu inventer une histoire pareille en si peu de temps? A son instar, le sourire aux lèvres, elle feintait la surprise et l'enthousiasme quand ses pensées étaient toutes autres - ou en tout cas, elle n'était pas enthousiaste pour la démonstration. Elle laissait Jeremiah parler, gagner la confiance de l'homme. Quand ce dernier tendait la dernière barbe à papa de la soirée à une jeune fille toute sourire à l'idée de manger sa sucrerie, la blonde eu un léger mouvement de recul. On pouvait facilement croire qu'elle évitait tout simplement de se prendre la friandise en plein visage mais la réalité n'était pas celle-là. Allez savoir ce que ces gens étaient capable de faire, il n'était peut-être pas que télépathe alors forcément, l'instinct de Primrosae voulait qu'elle se montre méfiante de ses moindres gestes. « Allons parler en privé si vous le voulez bien. » La seconde d'après, c'est la main de son ami et amant qui saisissait la sienne, l'entraînant avec lui alors qu'ils suivaient eux-mêmes l'homme qui traînait sa machine encore chaude derrière lui, loin des yeux curieux et des oreilles indiscrètes. Les forains étaient comme ça, discrets sur leurs affaires et pourtant très ouverts d'esprit dès l'instant où on semblait s'intéresser à eux sans apriori. Grossière erreur...

Quelques secondes de marche avaient suffit pour qu'ils se retrouvent en privé, dans l'arrière décor de chaque fête foraine, déambulant entre les immenses camions qui transportaient les attractions. Bientôt, le quarantenaire reprenait la parole, mis en confiance, ou naïf, allez savoir. « La mutation est une question de sagesse, il faut surtout savoir se modérer et rester calme. » Arf, rien de l'entendre faire le philosophe, une grimace tordait un instant le visage de la poupée qui rongeait son frein et feintait l'intéressement. « Lewis n'est pas souvent calme, hein chéri? Sa déficience ne l'aide pas vraiment vous savez. » Jouant le jeu, elle était passée maîtresse dans l'art de dissimuler ses sentiments en face-à-face comme dans celui de changer de physique assez facilement. « Peut-être que vous pourriez nous montrer votre capacité maximale. On aimerait beaucoup avoir une idée pour savoir quoi faire, il serait peut-être plus sage de le mettre en maison spécialisée si ça devenait dangereux. » D'accord, pour le coup c'était particulièrement méchant pour Lewis qui, en réalité, se portait très bien ce salaud mais ça c'était une vérité que l'homme n'avait pas à savoir et puis au moins, ils allaient pouvoir estimer la force avec laquelle il pouvait se défendre s'ils loupaient leur coup. « Si vous y tenez. » Se stoppant au milieu des camions, le confiseur se concentrait à son maximum et en peu de temps, une palissade de l'un des engins se baissait avec lenteur et aux grimaces du malade - parce qu'il n'était que ça - elle semblait lui résister ou il ne semblait pas maîtriser parfaitement sa descente.

Un moment que Primrosae trouvait opportun pour saisir les bâtonnets de bois encore sur la machine. Oh non, elle n'allait pas le tuer pour le moment, ça ne serait pas drôle. En revanche, elle profitait forcément de son inattention pour s'approcher et le saisir à la nuque, l'assommant contre la machine à barbe à papa encore brûlante. A vrai dire, il eu à peine le temps de hurler, ses muqueuses gonflant instantanément contre le métal, l'empêchant ainsi de parler et restant même en partie collées contre la machine, s'arrachant de son visage lorsque ce dernier tombait au sol sous la douleur, encore conscient. « Je suis désolée, j'en pouvais plus, c'en était trop. » Disait-elle se tournant vers Jeremiah, lui tendant les bâtonnets de bois. L'homme était en train de geindre sous la douleur de ses lèvres en lambeaux et de son œil gauche brûlé et gonflé. Il semblait vouloir dire quelque chose ou faire quelque chose. Il tendait la main vers sa machine qui se déplaçait à peine. Son pouvoir surtout lié au cerveau ne semblait plus très bien fonctionner et pour cause, si l'odeur de cochon grillé arrivait à leurs narines avec aisance c'était parce qu'une partie de ses cheveux et de son crâne avaient brûlé également. La douleur et la zone touchée devaient rendre difficile la manœuvre et ses désirs de vengeance sûrement.

« Tu aurais du mourir sur le coup, vraiment, ça nous aurait facilité la tâche. » Ils auraient pu laisser le corps là notamment et camoufler ça en un bête accident où l'homme aurait trébuché sur son outil de travail. Mais non, évidemment, il fallait qu'il soit encore conscient et avec encore assez d'énergie vitale pour être soigné si on était amené à le trouver. « C'est prétentieux de se vanter de ce qu'on peut faire, tu sais. Profite, c'est certainement la dernière leçon que tu retiendras. » lui disait-elle penchée sur lui alors que de son masque théâtral, elle semblait compatir. Se redressant, elle revenait sur ses pas, près de Jeremiah. « Il est à toi si le cœur t'en dit. » Le retenant un instant par le bras, elle sortait un petit opinel de sa botte de cowgirl. « Au cas où si les bâtonnets cassent avant d'avoir fait leur travail. » Elle l'admettait, elle lui avait menti sur ce point. Elle n'était pas censé prendre d'arme pour venir au Texas mais bon, on ne se refaisait pas comme on dit. Elle n'avait pas pu s'en empêcher et comme quoi, ça pouvait toujours être utile même une petite. « Oui je sais, je suis incorrigible. » Et intenable, insortable, sans aucune pitié et très probablement fêlée mais ça, ce n'était plus un secret pour personne et surtout pas pour lui.
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 21:02
Vicérale, c'est comme ça qu'est la haine de Primrosae. Elle lui prend les tripes, elle lui prend le cœur, elle lui prend aussi la raison par moment. Ma haine à moi, elle n'a rien de bien personnelle. Je ne traîne pas de blessure qui continue de saigner, me poussant à me battre, je ne bats au nom d'aucun mort malheureux, si ce n'est ceux qui le sont par ma faute. Elle est véritable dans tout ce qu'elle fait, elle est vraie dans ses amours, dans ses colères, dans ses peines et dans sa haine. Quand elle veut savoir, elle sait et quand elle veut qu'une vie s'éteigne, elle s'éteindra. Sauf que Primrosae jette des seaux d'eau entiers pour éteindre des bougies. Parce qu'elle brûle, parfois consumée de sa haine. Quand je passe les doigts dans sa nuque, je voudrais éteindre cet incendie dans son cœur. Peut-être qu'il y a deux types de Watchers, ceux qui ont la haine froide, et ceux qui brûlent. Peut-être que les premiers sont destinés à renoncer à ce qui leur reste d'humanité. Et les seconds pourront être sauvés...

« Envie n'est pas le mot que j'aurais choisi. C'est pas une envie, c'est une exigence. » Ou pas, finalement. Je hoche simplement de la tête. Ce n'est pas que j'ai envie de laisser les mutants courir, c'est simplement que je sais attendre le moment opportun, du moins j'essaie. Quand on regarde Prim comme ça, de prime abord, on ne dirait pas qu'elle a ça en elle. Je ne réponds pas, exigence. Bien entendu, mais la patience peut tout faire basculer. Je n'ai pas peur d'attendre, quelques minutes, quelques heures. Je sais que j'aurai toujours ce que je veux...

Et même si ce que je veux, c'est l'exclusivité avec la jolie Primrosae... je lui souris, je la regarde, je la dévore. Parce que je t'aurai bien, uniquement pour moi. Parfois – souvent – je me dis que je devrais lui en parler, mais je ne veux pas qu'elle craigne d'être privée de sa liberté et qu'elle s'envole entre mes doigts. Mais quand elle n'est pas là, elle me manque. J'ai essayé de ne pas faire la même connerie qu'avec Ellen, m'attacher aveuglément et bêtement à une « personne » dont la vie n'a finalement aucune sorte d'importance. Parce que j'aurais pu donner beaucoup pour les yeux d'Ellen, un simple sourire. Elle avait ce mystère, cette aura d'innocence qui me donnait envie de juste m'asseoir près d'elle et profiter de cette aura. Quel con !

Nous nous approchons donc de la cible. C'est étrange comme ces gens perdent toute humanité à nos yeux quand on apprenons leur véritable nature. C'est comme avoir un gentil voicin dont on apprendrait soudain qu'il est pédophile ou violeur. Les bons souvenirs, les belles images disparaissent soudain et cet esprit de conservation, cette rage de vivre et de détruire les déviants prend le dessus. On a déjà vu des foules lyncher des gens pour bien moins que ça. La haine unit, la haine fait vibrer les masses, la haine fait s'écrouler des montagnes. Je sais qu'à terme, tout le monde sera avec moi, ce n'est qu'une question de temps. L'opinion publique tend déjà en ma faveur. « Allons parler en privé si vous le voulez bien. » Bien sur qu'on le veut bien ! Il y a des codes avec certains mutants, des situations qui les rendent forcément empathiques. Et pour tous les autres, il y a la manière forte d'emblée. À condition de ne pas y aller sans être préparé, forcément. Je sais que je n'ai pas l'avantage physique et en dépit de ce que j'ai appris, je déteste me battre. Je préfère prendre les gens en traitre, et de loin.

Les doigts de ma maitresse viennent s'entrecroiser dans les miens. Je caresse sa peau de mon pouce, doucement. J'essaie de canaliser son... enthousiasme débordant. Nous le suivons, je jette un œil à sa machine. J'aurais bien pris une barbe à papa avant qu'on l'empêche d'en refaire, tiens. Bon, maintenant j'ai envie de quelque chose de sucré... Je jette un œil autour de nous sans voir personne d'autre, ce sera plus simple. Par contre, j'essaie de repérer des armes potentielles. Un seau sur le côté récupère les eaux d'une vilaine fuite sur le toit de la tente qui précéde une caravane. Il y a aussi quelques rallonges enroulées de plastique transparent, une cafetière et quelques outils qui se baladent sur la pelouse. Les gens ne sont sans doute pas assez voleurs ou assez courageux pour oser s'en prendre à une bande de forains qui ont l'avantage du nombre et une réputation de ne pas se laisser emmerder... Surprise !

Je passe la main sur ma nuque, lâche doucement la main de ma belle pour qu'elle soit entièrement libre quand viendra le moment de frapper. « La mutation est une question de sagesse, il faut surtout savoir se modérer et rester calme. » Je vois la veine de Prim, sur sa tempe, qui dit qu'elle est prête à le massacrer. Apprendre à contrôler sa mutation c'est jouer avec le minuteur d'une bombe. Quand bien même ça retarderait l'explosion, ça ne l'empêchera jamais. Rester calme... et tant pis pour ceux qui se trouveront là quand vous ne serez plus calme !

« Lewis n'est pas souvent calme, hein chéri? Sa déficience ne l'aide pas vraiment vous savez. » Je mets le masque de la résignation. Je porte les traits de la fatigue, des nombreuses tentatives d'avoir pu trouver la paix et l'équilibre. Je fronce les sourcils, me référant à des souvenirs qui m'aideront à porter ce nouveau visage. Je regarde mes mains, me mord la lèvre. Allez, j'en ai assez de discuter avec lui.. « Peut-être que vous pourriez nous montrer votre capacité maximale. On aimerait beaucoup avoir une idée pour savoir quoi faire, il serait peut-être plus sage de le mettre en maison spécialisée si ça devenait dangereux. » Je lève les yeux vers eux. C'est comme un mot de passe, comme un signal de Prim.

Et il nous fait alors une démonstration de son pouvoir. Je croise les bras. Espérons qu'il ne torde pas nos colonnes vertébrales dans la seconde qui suivra l'attaque. On sent qu'il fait un gros effort, un terrible effort qui l'affaiblit. Si vous y tenez, a-t-il dit en plus. Il n'a pas beaucoup fallu insister quand même... Je ne bouge pas quand Prim en profite pour attaquer le gars. Elle l'attrape à la nuque et lui, trop occupé ou épuisé par l'utilisation de son pouvoir, voit son corps vaciller et basculer vers l'avant. Je croise les bras sur mon torse, la regarde faire sans intervenir, et constate qu'il semble y avoir un effet de la chaleur très... adhésif sur le mutant. Un long gémissement s'échappe de lui sans qu'il puisse crier. Une bonne chose. Finalement, il s'écroule, abandonnant une partie de son visage sur la machine. Je porte la main à mon visage, consterné face à cette vision pas particulièrement agréable. Bien sur j'ai aussi déjà retardé la mort de mutants, mais pour récupérer des informations, pour obtenir des contreparties. Mais de là à se la jouer film d'horreur pour le plaisir... Oh j'avais dû passer mes nerfs de temps en temps sur ceux qui ne le méritaient pas mais présentement, je trouve la scène plutôt insoutenable. « Je suis désolée, j'en pouvais plus, c'en était trop. » Je lui lance un regard vide... un regard qui ne comprend pas pourquoi je suis obligé de voir une joue couler comme un steak trop cuit au lieu de bouffer une pomme d'amour ?

Prim me tend les bâtons et je les prends. Ça lui évitera de faire des bêtises. Je regarde l'homme à nos pieds qui essaie de supporter la douleur qui arrache des larmes rouges à son œil mutilé. Il essaie de faire bouger la machine mais n'y parvient plus. Je m'accroupis en face de lui. Mes lèvres remuent sans qu'aucun son ne sorte de ma bouche, je regarde en l'air en prenant ma croix entre mes doigts. Quelques secondes plus tard, je la laisse à nouveau pendre dans le vide.

« Tu aurais du mourir sur le coup, vraiment, ça nous aurait facilité la tâche. » C'est vrai, il aurait dû. Je me dis qu'il a peut-être une femme humaine, des enfants, des amis. C'est plus simple de retrouver quelqu'un avec une balle dans la tête ou le crâne ouvert que... comme ça. C'est Lewis qui piquerait une crise s'il apprenait ça un jour. « C'est prétentieux de se vanter de ce qu'on peut faire, tu sais. Profite, c'est certainement la dernière leçon que tu retiendras. » Je soupire puis tourne mon regard accusateur vers Prim : « C'est arrogant de laisser traîner une agonie, quand d'autres peuvent encore venir. » lui lance-je en lançant un coup d'oeil autour de nous. Personne ne semble venir mais je ne suis pas sûr. On ne sait pas combien il sont et s'ils arrivent en nombre, même humains, on fera sans doute difficilement le poids. Quoique vu l'état dans lequel est Prim, elle pourrait sans doute tous les abattre comme un vulgaire jeu de cartes...

Elle sort un couteau de sa botte, me laissant le luxe de terminer le mutant qui pleurait toujours des larmes de sang. Cette vision me dérange et je penche la tête vers elle, oui elle est incorrigible. Mais je ne peux pas lui en vouloir de ne pas partir les mains vides, au contraire. Je fais craquer ma nuque puis me poste derrière l'homme. Je lui chuchote quelque chose à l'oreille puis viens placer mon bras autour de sa gorge pendant que ma seconde main vient saisir la sienne. Je serre, serrant ses doigts dans les miens, serrant les dents, lançant un regard vers Primrosae. Je sens son corps se débattre sous de vaines convulsions, l'air quitte ses poumons et il ne peut plus les remplir. Son cœur s'emballe, s'emballe. Il a l'impression d'avoir le cœur dans le cou, ça bat ça bat. Je me mords la lèvre et attends patiemment que le corps cesse de gigoter. Je continue de le maintenir fermement quelques secondes, au cas où il feinterait. Et quand je suis certain qu'il est mort, je relâche son corps. Je jette un œil à son couteau et m'apprête à me redresser quand j'entends des pas qui viennent dans notre direction. Je regarde partout autour de moi, saisis la clef à griffe qui gisait parmi les différents outils. Je me couche sur le sol, essayant d'apercevoir la direction que prennent les pas et leur nombre. Apparemment ils sont deux dont un qui... lévite à quelques centimètres du sol. Et merde.

Je fais signe à Primrosae de se pencher vers moi et je lui chuchote : « J'espère que tu repères bien les carotides... » Quand les pas sont suffisamment prêts de nous, je me place derrière Prim, mon torse contre son dos. Je passe un bras autour de ses épaules et de l'autre côté, je brandis l'outil. Quand les deux hommes entrent dans notre champ de vision, l'un se précipite vers leur ami quand le second reste sur le qui-vive. Ses mains deviennent rouges. Géééénial. « N'approchez pas ou je lui explose la tête ! » crie-je, brandissant l'objet. Ça vaudra bien deux pommes d'amour ça ! Les bras du gars debout deviennent aussi rouges, je lâche la clef, sentant que mon corps commence à souffrir. J'ai à mon tour l'impression de brûler, de brûler de l'intérieur. Je serre les dents, et pousse Prim vers le mutant qui se place devant elle, espérant la protéger. Grave erreur mon bonhomme...
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 21:04
Jeremiah était un exemple à suivre, quoi qu'on puisse en dire. Il avait ce calme d'apparence trompeuse, cette maîtrise de lui-même qui ne l'empêchait pourtant pas d'arriver à ses fins. Il était de ceux qu'on ne soupçonnait pas au premier coup d’œil, de ceux dont la haine pour les mutants dormait tellement profondément qu'on ne s'en doutait que lorsqu'elle vous sautait à la gorge. Primrosae était son contraire et elle ne pouvait qu'avouer l'admiration qu'elle portait au Reagan. Elle, si souvent guidée par son impulsivité qu'elle en oubliait les autres, le monde extérieur et les risques encourus. Ils étaient complémentaires, le ying et la yang d'une haine sans limite. Les Bonnie and Clyde des temps modernes. Il était sa raison, son joug, son garde-fou contre toutes les conneries possibles et inimaginables qu'elle était capable de faire. On la prenait souvent pour une dingue, une bonne à enfermer et à attacher à vie sur un lit dans une pièce de haute sécurité. La tarée de service, la sans cœur, la maltraitée de la vie qui pourrie celle des autres pour simple vengeance. En réalité, elle était bien plus que ça. Elle se voyait comme une justicière, pour ses parents, pour tout ceux décédés à cause de cette mutation spontanée, cette maladie à éradiquer. La maîtrise de son entreprise laissait savoir qu'elle était stratège, que la folie n'avait pas pris possession d'elle, pas entièrement en tout cas. Plus intelligente qu'elle ne le laissait croire et c'était probablement ce qui la rendait si dangereuse pour autrui. Une meurtrière au cerveau bien rempli, c'est toujours plus délicat à maîtriser ou éviter qu'un vulgaire personnage qui tue sans réfléchir. Elle avait ses pulsions à satisfaire, certes, mais elle n'était pas idiote au point de sortir un flingue et de buter quelqu'un au milieu d'une foule.

Elle était plus réfléchie que cela et plus vile aussi, certainement. C'était probablement ce qui les avait amené à être là, en privé, en compagnie d'un mutant qui utilisait son don pour amuser la galerie... jusqu'au jour où il l'utiliserait contre ses admirateurs. C'était une chose dont Primrosae était persuadée et elle ne doutait pas que c'était aussi le cas de son acolyte. Pourtant rien ne le laissait savoir, tous deux portant le masque du mensonge avec tant de perfection qu'il était indétectable. Il était certain qu'ils formaient un duo parfait pour l'élimination des mutants et bien au delà certainement. Elle ne pouvait pas nier qu'en sa compagnie, ici ou dans une sphère bien plus privée, elle se sentait bien, en sécurité, comprise et reconnue pour qui elle était réellement. Jeremiah faisait partie des rares personnes à connaître les différents visages de la Norvégienne, des plus haineux aux plus doux, finalement tous plus humains les uns que les autres.

En revanche, s'il existait bien quelque chose qui foirait à chaque fois leur duo impossible, c'était bien l'impatience de la jeune femme. Incapable de se retenir, si rien ne l'empêchait, si le contexte était propice, elle mettait toujours le plan d'action en marche, portant peu d'attention au fait qu'il soit trop tôt ou non. C'était probablement ce qui leur faisait prendre le plus de risques. Parfois, elle ne cherchait même pas à estimer la puissance d'un mutant avant de l'attaquer. C'était certain que ça finirait par la tuer un jour ou l'autre. Mais pas ce soir. Non. Ce soir, le choc qu'avait subit le mutant le rendait bien trop faible pour qu'il puisse contre-attaquer. A vrai dire, elle s'attendait à ce qu'il meurt sur le coup, que le choc sévère contre le métal aurait provoqué un traumatisme crânien assez puissant pour le tuer. Loupé. Elle se retrouvait donc avec un mutant défiguré à semi-conscient et les réprimandes de Jeremiah qui acceptait rarement ses méthodes pas assez radicales pour la mise à mort. « Et c'est bien inutile de prier pour une âme perdue d'avance mais je ne critique pas pour autant. » Oh que oui, elle l'avait vu faire et évidemment, elle était persuadée qu'un mutant qui utilise ses pouvoirs en public est un mutant qui ne mérite pas son retour auprès d'un Dieu auquel Jeremiah croyait. Certes, elle ne croyait pas tout court qu'un mutant puisse mériter un quelconque paradis ou autre terre promise mais ça, c'était une autre chanson sur laquelle elle ne débattait jamais avec le pasteur parce qu'elle savait que c'était perdu d'avance pour s'entendre sur ce terrain.

Sortant un opinel de sa botte, Jeremiah ne s'en saisissait pas pour autant, optant plutôt pour la mort par étranglement. Primrosae ne pouvait pas s'empêcher de se dire que c'était assez ironique de choisir l'étrangement, donc une mort lente qui faisait aussi traîner l'agonie, contre la radicalité d'un couteau planté au bon endroit. Quoi qu'il en soit, elle surveillait les alentours non sans nonchalance, croisant brièvement le regard du jeune homme. Si tuer quelqu'un n'avait rien de plaisant, elle pouvait pourtant y lire une certaine victoire dans son regard. Un de moins. Un foutu mutant en moins sur cette planète. Peut-être que rien n'était encore perdu finalement. Les watchers finiraient par prendre le dessus, elle en était persuadée.

Ce sont les paroles de Jeremiah qui la sortent de ses pensées macabres, visiblement préoccupé par l'arrivée d'individus. Super... ils ne pouvaient pas tuer tranquille à un moment donné, c'était trop demandé sûrement! Se laissant faire, elle ne répondait pas aux espérances du brun et se contentait d'entrer dans son jeu. L'opinel caché dans sa manche, elle glissait ses mains sur l'avant-bras de Jeremiah qui entourait ses épaules, prenant le visage d'une pauvre femme en détresse et faisant même des larmes au bord de ses yeux. La comédie, le mensonge. Son père lui avait appris tant de choses. Pourtant, elle avait beau être sûre d'elle, l'appréhension s'emparait de ses membres à la vue des deux forains et plus particulièrement de son pseudo sauveur dont les mains et les bras prenaient rapidement une teinte rouge. En soi, ce n'était pas lui qu'elle appréhendait mais sa mutation et les dégâts qu'elle pouvait faire sur son double. Elle ne l'admettrait sûrement jamais mais le perdre était une idée qu'elle n'arrivait pas à concevoir. Depuis qu'elle avait rejoint les watchers, elle avait cette sensation d'avoir retrouvé une seconde famille et il était hors de question d'en perdre son principal membre.

Plus déterminée que jamais, c'était donc sans hésitation qu'elle laissait le petit couteau glisser dans sa main lorsque Jeremiah l'envoyait vers le mutant. La seconde d'après, c'est dans sa gorge que la lame se plantait, le perçant à deux reprises pour être sûre de son coup. « Bonne nuit. » Surpris, le mutant s'écroulait au sol, portant sa main à sa gorge. Il se vidait clairement de son sang mais dans le seul but de ne pas avoir de représailles de dernier moment, Primrosae lançait son petit couteau avec force. Ce dernier perçait alors la cage thoracique de l'homme, pointant son cœur qui s'arrêtait instantanément de battre. Deux de moins. Le temps de récupérer son couteau, la seconde personne était déjà morte des mains de Jeremiah. Fermant son opinel, elle le glissait de nouveau dans sa botte, glissant quelques mots au jeune homme. « D'accord, je l'admet, tu as eu raison pour cette fois. » Evidemment, elle parlait du fait de son arrogance à laisser traîner la mort du mutant, ce qui aurait pu éviter de ramener les deux autres, enfin l'autre en tout cas, elle qui ignorait totalement si le second étant un mutant ou non. Ils en avaient deux pour le prix d'un et quant au troisième, humain ou non, il y avait toujours des dommages collatéraux.

Le problème avec le fait de viser la carotide c'est que cette merde a tendance à gicler partout et forcément, elle n'avait pas pu s'empêcher de se tâcher. « C'est nul, j'adorais cette chemise. » Heureusement pour elle, la chemise en question était à carreaux rouges, typique de l'univers des cowboys et camouflait donc sans mal les gouttes de sang mais sa peau n'avait pas été épargnée non plus. S'approchant alors du seau qui récoltait une fuite, elle se rinçait le visage et les mains assez rapidement, bien consciente qu'il fallait presser le pas mais elle ne pouvait pas non plus retourner à la fête foraine pleine de sang. « Merde, je me suis coupée. » L'adrénaline faisant, elle n'avait pas sentie la légère coupure qu'elle s'était faite dans la main en laissant son opinel glisser. Ressortant son couteau aussi vite qu'elle l'avait ressorti, elle entaillait sa chemise. « Foutue pour foutue de toute façon. » Déchirant un morceau de son vêtement, elle s'improvisait un petit bandage après avoir remis son couteau à sa place. « Si on nous demande, je me suis coupée bêtement avec des débris de verre. » Parce que les bouteilles qui jonchaient la fête foraine, ça ne manquait pas et que tout était possible après tout. La douleur, elle n'y pensait pas. A vrai dire elle avait connu bien pire que ça alors elle ne s'en accommodait pas.

Défaisant les pans de sa chemise, elle la pliait un peu pour cacher la déchirure et la nouait au dessus de son nombril à la manière des cowgirls - ou des strip-teaseuses, au choix. - « C'est bon, on peut y aller. » Glissant sa main blessée dans celle de Jeremiah, c'était une façon de cacher son bandage improvisé et ainsi d'éviter les questions. Ils avaient beau avoir une excuse, si le moindre soupçon pouvait être évité, c'est mieux, d'autant de la part d'inconnus venus de New York. S'éclipsant de la scène de crime aussi vite - ou presque - qu'ils étaient arrivés, la pression redescendait doucement, quittant chacun de ses muscles, s'évanouissant comme eux qui s'engouffrait dans la foule environnante. « J'ai faim. » Balançait-elle comme ça, comme si rien ne s'était passé, comme si tout était normal. Reprendre le cours de leur balade et ne plus penser à ce qui la mettait en colère, c'est ce qu'elle voulait faire mais le pire là-dedans, c'est qu'elle ne lui mentait pas. Elle avait faim bien que les heures qui avaient suivi leur dernier repas n'étaient pas si nombreuses. Ces temps-ci elle avait tendance à manger pour deux, peut-être même pour trois par moment, un véritable estomac sur pattes. Un sourire malicieux sur les lèvres, elle ne pouvait pas s'empêcher de rajouter une petite boutade. « J'ai faim de sucré... et probablement qu'après j'aurais faim de Reagan, à voir si j'ai encore de la place. » Pour ça aussi, ses envies avaient tendance à être plus nombreuses mais ce n'était pas lui qui allait s'en plaindre pas vrai?
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 21:04

J'ai tort. Je sais que j'ai tort. Quand j'ai quitté la maison pour les ordres, je savais bien que je ne ferais pas demi-tour. J'étais sûr de moi, j'avais mûrement réfléchi ma décision. Pourtant, j'avais plusieurs fois été tenté par le destin de renoncer et de saisir l'autre vie qu'il me proposait. C'était un chemin plus doux et plus facile. C'était un chemin sans souffrances, sans engagements. Sans doute celui que ceux qui me connaissaient vraiment auraient dessiné pour moi. C'était un chemin une bière à la main, un air de musique dans la tête, des envies de créer plus fortes que celles de détruire. Au moment où Automne vient éteindre la vie, j'aurais pu prendre le temps de m'arrêter sur ses couleurs chaudes, j'aurais pu avoir la patience de décrire les courbes de la pluie sur une toile. Au lieu de me laver les mains du sang chaud, les morceaux de chairs tordus par le fer. Je les laisserai penser à moi ainsi, comme à une autre personne. J'ai souvent tort, les erreurs parsèment mon parcours mais le plus important, n'est-ce pas, est de continuer de marcher. Ne jamais s'arrêter de marcher parce qu'une fois que le pas ralentit, c'est terminé.

J'ai tort. Je sais bien que j'ai tort. Mais la vie pourrait être une couleur automnale. Le rouge flamboyant d'un cœur qui bât pourrait dépérir entre nos mains. Le souffle de la vie tournerait sur un ocre grinçant et disparaîtrait. Est-ce que Primrosae a déjà senti une vie disparaître entre ses mains ? Je ne me demande pas si elle a déjà tué, je sais que oui. Mais a-t-elle vu l'âme s'arracher du corps ? A-t-elle ressenti ce sentiment à la fois effrayant et grisant quand on a l'impression de voir la vie quitter un corps ? Que fait-elle des âmes orphelines ? Je ne me sens pas de condamner à la fois le mutant et son âme.

J'ai tort. C'est pour ça que je suis pêcheur. C'est pour ça que j'essaie chaque jour de racheter le salut de mon âme. Dès que je le peux, oui je prie. Je prie pour eux parce que ça pourrait être moi. Ça pourrait être Aaron. Qu'est-ce que je ferai quand quelqu'un que j'aime sera un mutant, et qu'il ne me sera pas utile de le garder en vie ? Oserai-je abréger ses souffrances ? Je n'ai même pas été capable de tuer Lewis, et pourtant il était sans défense. Il était pour ainsi dire suppliant. Mais je l'aime tellement, tellement que je serai prêt aux pires atrocités pour le garder en vie, quand bien même je devrais le garder enfermer jusqu'à la fin de la guerre. Il me manque de parler avec lui de tout et de rien, de parler comme si rien n'avait d'importance. Je n'aime pas peser chacun de mes mots, je n'aime pas n'être plus que le Pasteur Reagan et oublier Jeremiah. Même dans toute l'horreur de ses crimes, Primrosae me permet de redevenir Jeremiah, dans ses bras...

J'ai tort. Quand je suis près d'elle, je ne suis plus personne. J'aime cette sensation. Alors ce soir, je ne serai personne, après. Je tourne un regard noir vers elle. « Et c'est bien inutile de prier pour une âme perdue d'avance mais je ne critique pas pour autant. » « Alors tais-toi. » réponds-je froidement. Je ne lui dis pas comment enfiler son tampon alors qu'elle me laisse prier quand j'estime que c'est nécessaire. Parfois, je peux être froid y compris avec elle, mais j'ose espérer qu'elle sait que ça n'a rien de personnel. C'est simplement que je ne veux pas qu'elle fasse basculer un pan de mon existence avec son mépris à peine dissimulé. Je passe une main sur mon front. L'âme s'est échappée, elle est sauvée. C'est terminé. Tout est terminé.

J'ai tort et pourtant... ils sont arrivés, comme c'était prévisible. Et pourtant, ils sont mutants. Et pourtant, putain Prim, tu m'écoutes un peu ou quand la haine prend le pas sur la raison, ma voix ne te parvient plus ? Quand elle passe ses mains sur mon avant-bras, j'aurais envie de resserrer mon étreinte, glisser mes lèvres sur sa nuque et lui susurrer ce qu'elle a envie d'entendre... j'aurais envie de glisser ma main libre autour de sa taille et la garder plus proche de moi encore... Je hume son parfum, son parfum de mort. Je caresse ses cheveux en bataille avec ma joue, ferme les paupières à peine une seconde, le temps de profiter de notre proximité. Quand je l'éloigne, c'est à contre-cœur. Elle est si loin, si loin désormais. Mais j'ai confiance en elle. Assez pour laisser ma vie entre ses mains. Les bras du mutant sont devenus rouges. Le feu s'est propagé dans tout mon corps en quelques secondes. Comme une brûlure permanente, qui me bouffe de l'intérieur. Ça m'arrache des larmes des yeux, ça me met à genoux, ça me donne envie de gerber. La mélodie de mon cœur se change en cacophonie infâme. Il ne trouve plus son rythme. Ma main droite va chercher le chapelet autour de mon cou. Mes paupières se ferment une nouvelle fois, plus longtemps. Cette douleur, j'ignore si elle est réelle ou factice. Mon corps devient fou. Soudain, je rouvre les yeux, les lève sur l'homme. J'ai mal, si mal que ma mâchoire s'est serrée et ne s'ouvre plus. Mes mains tremblent. Je me saisis à nouveau de la clef, prends douloureusement appui sur l'un de mes genoux pour me remettre debout. Et elle met fin au supplice. Elle. La mienne. Ma belle. Elle fait gicler le sang. Je fais un pas dans la direction du jeune mutant qui pleure le corps mutilé de monsieur Barbapapa. « Ceci est la coupe de mon sang ! » m'exclame-je avec un sourire au coin des lèvres en abattant la clef sur sa tempe. Pour avoir plus de force, je la prends à deux mains. Et je frappe, autant que mes bras me le permettent. Et je frappe. Parce qu'on ne me manipule pas comme un objet. Et je frappe. Parce que je ne serai pas le jouet des mutants. Et je lui fracasse le cage thoracique. Et je frappe, j'écrase tout sur mon passage. Je laisse les poumons éclater comme de vulgaires ballons sous la torture d'une aiguille. Et j'écrase son visage. Je le laisse se noyer dans son sang. Mes phalanges deviennent blanches. Ma bouche s'ouvre dans un cri silencieux.

J'ai tort. J'ai tort quand je dis que je dois le faire. C'est grisant. Je laisse tomber la clef puis commence à retirer doucement les boutons de ma chemise. « D'accord, je l'admet, tu as eu raison pour cette fois. » Je tourne un sourire dans sa direction. Et puis, je préfère éclater un parfait inconnu né avec le mauvais gêne que mon frère. Disons que tout le monde est gagnant dans cette histoire. Petit regard vers les corps mutilés, meurtris, méconnaissables. Sauf eux. Je passe la langue sur ma lèvre, essaie de reprendre mon souffle après ce sprint vers une mort rapide. Je fais un pas dans sa direction, frotte mes mains sur ma chemise ouverte. Je glisse mes doigts dans son cou, je viens glisser mes lèvres contre les siennes, ma langue contre la sienne. Je profite de la chaleur de sa peau contre mes mains puis m'éloigne d'elle à contre-cœur.

Elle lance avant de se rincer le visage : « C'est nul, j'adorais cette chemise. » Je lui souris et réponds naturellement avant de me débarbouiller à mon tour : « C'est nul, j'adorais ce visage. »

Je prends sa main entre les miennes avant qu'elle ne se fasse son bandage. Je la prends paume ouverte vers le haut, comme si j'allais lui lire les lignes de la main. J'embrasse délicatement son poignet. Je lève les yeux vers elle, un sourire silencieux habillant mes traits. J'embrasse son pouce. J'embrasse sa main. Je passe ma langue sur la blessure, récupérant le goût métallique du sang de Primrosae en bouche. Je passe la langue sur ma lèvre supérieure, profitant du contact sain de son sang absolument parfait. Ma langue joue dans ma bouche, avec le goût de Prim. Je relâche sa main, la laisse se faire son bandage. Je retire ma chemise et essuie mes empreintes sur la clef. Puis je me mets à frotter la machine à barbe à papas. Je la laisse quelques instants de temps de pousser quelques mètres vers la caravane du forain. Comme je me sens un peu d'humeur sans-gêne – nos victimes pourront en témoigner – je lui prends une chemise. Un peu grande pour moi mais quelle importance ? Je la laisse ouverte sur le haut et profite de la main de Prim dans la mienne.

La foule nous dévore et nous la fendons, comme si rien n'était arrivé. « J'ai faim. » me lance-t-elle alors. Je n'y crois pas. Je n'y crois pas. Je lâche sa main, lève les yeux au ciel... « J'ai cru que tu ne le dirais jamais ! J'ai envie de bouffer un truc énorme, plus gros que ma bouche tu vois, et une pomme d'amour. Oh non attends, deux pommes d'amour. »

J'ai besoin de me vider la tête, et ça passera par nos estomacs, pauvres créatures que nous sommes. Je prends sa main blessée en prenant garde de ne pas serrer pour ne pas lui faire mal. Je l'amène contre moi, la prends tout contre moi. Je ferme les yeux, comme ça fait du bien, je voudrais ne jamais la quitter. Quand je l'imagine avec d'autres hommes, ça me tue. J'aurais envie de tous leur fracasser la gueule comme s'ils étaient les mutants de tout à l'heure. Je voudrais que chaque parcelle de son corps et de son âme ne soient qu'à moi. Quand je la regarde, je me mets déjà à la posséder un peu. Je veux respirer son oxygène, je veux être son poison. Je veux qu'elle m'ait dans la peau et qu'elle ne puisse plus se défaire de moi. Je plonge mon regard dans le sien, y vois de la malice, y vois ses ténèbres, j'y vois le temps qui passe autour de nous sans nous atteindre. Elle est ma Bonnie et tant que nous serons ensemble, ils ne pourront pas nous atteindre. Personne ne pourra jamais nous atteindre. « J'ai faim de sucré... et probablement qu'après j'aurais faim de Reagan, à voir si j'ai encore de la place. » Mes doigts caressent ses lèvres. « Suis-moi. » Pour l'instant, je l'amène à ma suite vers un stand qui propose des gaufres, des crêpes, des nougats et forcément pommes d'amour et sucreries variées et divers. Je commande ma pomme d'amour en priorité et demande des gaufres. Je me tourne vers elle, dans une sorte d'euphorie qui fait suite à l'horreur : « Qu'est-ce que tu veux, dis-moi ? On peut tout avoir ! » On peut tout avoir... Toi. et. Moi.
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 21:05
L'inquiétude rongeait ses reins. Elle n'en avait pas l'habitude. Elle détestait ça. Tout se jouait sur sa capacité à éliminer ce mutant. Elle ne doutait pas qu'elle allait y arriver mais elle redoutait les conséquences sur Jeremiah. Le plus à plaindre dans l'histoire, c'était lui finalement. Jouer la victime c'était facile, feindre la peur, le désespoir. Jouer la comédie. Elle le faisait aussi bien que de détecter avec aisance un mensonge dans des paroles. Là n'était pas la question. L'inquiétude se portait sur lui, rien que lui. Aucun d'eux ne connaissait réellement les conséquences que pouvait avoir le pouvoir de ce foutu monstre sur les autres et sur Jeremiah en particulier. Il souffrait. Elle le voyait, elle le ressentait et ça l'inquiétait, malheureusement. Elle ne voulait pas s'inquiéter parce que ça témoignait d'un certain attachement qu'elle n'était pas prête à admettre, qu'elle ne voulait pas admettre. Son géniteur, Elias, lui avait répété des milliards de fois que l'attachement à quelqu'un ou quelque chose était une initiative vaine et même dangereuse. Ses mots résonnaient encore dans son esprit: Ne sois pas stupide, regardes-moi. Ne fais pas la même erreur que j'ai faite avec Ida, ne t'attaches pas, jamais. Mon petit soldat, sois libre, quoi qu'il se passe, ne laisses jamais des sentiments s'immiscer entre toi et ta mission, peu importe leur nature. Défais-toi de ses conneries qui mettent à mal ton destin, notre destin. Celui d'un monde sans mutants. S'attacher à quelqu'un, c'était prendre le risque de le perdre et d'en être affectée ou c'était même simplement le risque de vouloir se sacrifier pour la survie de l'autre. Elias se retournerait dans sa tombe s'il surprenait son petit soldat, sa propre fille, jouer avec le feu et prendre le risque de se brûler les ailes.

Heureusement pour eux, l'inquiétude s'effaçait assez rapidement. Anarchy n'avait pas été touché assez durement pour perdre sa mission de vue: tuer le dernier. Primrosae ne pipait pas un mot et pour cause, elle l'observait massacrer ce mutant à coups de clef, écrasant sa cage thoracique, le défigurant complètement. La colère qui circulait dans les veines du Reagan était parfois flippante. Peu importe que le mutant en question soit jeune, il ne faiblissait pas et s'assurait de sa mort certaine et douloureuse. Ce n'était que lorsque les poumons éclataient qu'elle détournait le regard. Elle n'était pas la dernière en termes d'horreur, en témoignait monsieur Barbe à papa mais lorsqu'elle n'était pas directement impliquée, quand ce n'était pas sa colère et son désir de vengeance qui parlaient, elle avait plus de mal à supporter certaines choses, ressentant une sorte de dégoût depuis quelque temps, sans en comprendre la source pour autant. Ça finirait par passer comme c'était venu très certainement.

Un dégoût vite oublié par un baiser échangé, court mais intense, témoin d'un lien qui se tissait dangereusement entre eux. Dahl en était parfaitement consciente, il était ainsi seulement avec elle. Seule. Unique. Désignée par son cœur. C'était ridicule mais tellement véridique: le cœur à ses raisons que la raison ignore. Primrosae n'était pas faite pour être aimée et pourtant c'est bien elle qu'il avait choisi. Une idée qu'elle n'arrivait pas à comprendre et partager, c'était vrai. L'amour, elle ne connaissait pas, on ne lui avait jamais appris à aimer, bien au contraire, on l'avait poussé à se détacher de tout ça, même de l'amour parental. Alors forcément, même si elle acceptait ses baisers, si elle acceptait certaines de ses paroles qui la rendaient malgré tout mal à l'aise, si elle acceptait qu'il lui fasse l'amour comme il le disait si bien, une part d'elle repoussait tout ça, ne comprenait pas et trouvait ça idiot. Idiot de prendre ce risque, celui de s'aimer, quand on connaissait la vie qu'ils menaient. Malgré tout, même si elle peinait à l'admettre, elle se laissait parfois porter par l'idée, entraînée dans ce siphon sans pouvoir rien y faire. Il paraîtrait que c'est humain... ce n'était peut-être pas totalement perdue pour elle finalement.

Une pensée effacée dès l'instant où cet idiot se moquait gentiment d'elle en dérivant ses paroles. Elle n'eut pas vraiment le temps de réagir qu'il prenait la situation en main, littéralement. Elle ne cherchait pas à se débattre, à vrai dire elle n'avait aucune raison de le faire de toute façon. Elle se contentait de l'observer, de sourire sous ses baisers et de légèrement secouer la tête négativement lorsqu'il passait sa langue sur sa blessure. Il était incorrigible, vraiment. « Merci pour les microbes, c'est trop aimable. » un sourire malicieux étirait ses lèvres. Elle se moquait un peu de lui à son tour, bien plus gentiment que pour la prière pour le coup. Occupée à faire son bandage, elle gardait pourtant un œil sur la situation et les oreilles tendues au cas où d'autres viendraient. A première vue, tout était bon. Personne à l'horizon et aucun moyen de savoir que c'était eux qui étaient passés par là. Il était temps de quitter les lieux.

Bientôt, ils se mêlaient à la foule et Primrosae ne pouvait qu'éclater de rire sur la réflexion de Jeremiah. Il ne fallait pas se leurrer, il était fin mais bordel, ce mec bouffait pour quatre. Allez savoir où il stockait tout ça, sincèrement... ou sinon il évacuait vite... elle voulait pas savoir mais ça restait fort étonnant tout ce qu'il pouvait avaler sans aucune conséquence physique... salaud! « Je vois très bien ouais, c'est pas comme si j'en avais pas l'habitude. » Parce qu'ils passaient du temps ensemble, beaucoup de temps, plus qu'avec n'importe qui d'autre alors forcément, il y avait bien des moments où ils avaient mangé ou grignoté et où elle avait pu observer son obsession pour les grandes quantités de bouffe. Même elle qui avait tendance à avoir faim plus qu'à l'accoutumée en ce moment mangeait moins que lui. Sa main dans la sienne, elle le suivait vers un stand où des odeurs sucrées se dégageaient abondamment, de quoi faire frémir ses papilles. Regardant avec attention les produits vendus, elle laissait Jeremiah faire sa commande avant d'énoncer la sienne. « Je vais vous prendre une pomme d'amour aussi, un paquet de cacahuètes caramélisées et une gaufre chocolat chantilly. » Elle ne comptait pas manger le paquet de cacahuètes maintenant mais il était certain qu'elle en aurait envie plus tard. Quoi que... « Oh, une fois la chantilly posée sur la gaufre, si vous pouviez ouvrir le paquet de cacahuètes pour en mettre quelques unes dessus, ça serait parfait. » Une idée comme ça, l'envie d'avoir du croquant sous la dent et ce petit goût de caramel probablement.

En attendant leurs commandes, elle se calait naturellement contre lui, glissant son bras autour de sa taille. C'était étrange d'être normale en sa compagnie ou en tout cas, ce qui l'était d'autant plus, c'était de se sentir bien de cette façon. Elle n'avait pas pour habitude d'avoir la sensation d'être comme le commun des mortels. Elle avait une façon de penser bien particulière, souvent critiquée et désapprouvée mais avec le premier des Watchers, c'était totalement différent. Elle se sentait comprise, elle avait la sensation d'être enfin logique pour quelqu'un, d'être normale, d'avoir une pensée légitime et bon sang, ce que ça faisait un bien fou. Récupérant leurs commandes, elle payait la totalité avant de mettre le paquet de cacahuètes dans sa poche et de tenir d'une main sa gaufre et de l'autre sa pomme d'amour. Ce combo était tellement parfait! Sans attendre, elle attaquait en premier sa gaufre en emboîtant de nouveau la marche pour se balader tranquillement. Elle n'en oubliait pas Jeremiah pour autant, tournant son regard vers lui avec un sourire pour le moins significatif sur son visage. « T'as bien dit qu'on pouvait tout avoir, pas vrai? » Oh oui, ça sentait la connerie mais en même temps, il n'était pas difficile de sentir une réelle envie dans les paroles qui suivaient sa question. « Si j'exige qu'on reste là plus longtemps que prévu, ça fonctionne toujours? » Tout avoir, oui, comme du temps en plus tous les deux, loin du reste, ou presque. Comme rester ici plus que les trois jours qui étaient convenus. Elle en avait envie, réellement, et probablement besoin, malheureusement.

Sa gaufre avalée assez vite - parce qu'elle était relativement petite, cette arnaque - elle trinquait avec sa pomme d'amour contre celle de Jeremiah, un sourire amusé sur les lippes avant de croquer dedans. « T'as eu une idée de génie pour ça, c'est tellement bon. » Cela faisait une éternité qu'elle n'en avait pas mangé. A vrai dire, ça faisait une éternité tout court qu'elle n'avait pas mis les pieds dans une fête foraine. La dernière fois, elle devait être encore adolescente si ses souvenirs étaient bons, et encore, c'était sous surveillance très rapprochée de ses parents. Désignant une attraction d'un signe de tête, elle enchaînait. « Ca te dirait de monter là dedans? On sera tranquille pour discuter et manger. » Il s'agissait d'une grande roue. Rien de bien acrobatique, c'était plutôt dans la catégorie des attractions calmes où, une fois en haut, on profite des paysages et voilà tout. De son côté, Prim y voyait l'opportunité de se poser un peu et de profiter du temps passer avec Jeremiah. Elle ne l'avouera pas, ou difficilement, mais elle se considérait clairement chanceuse qu'il ait accepté de l'accompagner jusqu'au Texas et rien que pour ça, elle se devait de profiter de chaque moment pour se retrouver en tête-à-tête avec lui sans être dérangés, même à plusieurs mètres de hauteur.


Dernière édition par Primrosae Dahl le Jeu 30 Juin - 21:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 21:06

Roh les microbes. Je souris, même si nous avons des désaccords fréquents, elle arrive à les balayer d'un revers de la main. Elle se moque d'une prière mais juste après, elle fait une petite plaisanterie qui me donne envie de caler mes lèvres contre les siennes. C'est étonnant parce que parfois, j'en viens à oublier que nous nous connaissons surtout à travers les Watchers. En dehors de l'Église et des Watchers, il est vrai que je ne sors pas beaucoup. Surtout parce que là n'est pas ma place, alors souvent, mes relations ont à voir avec la religion ou avec le sang des mutants. Mais étrangement, Prim est la seule qui peut me faire tout oublier, même après avoir brûlé un visage sur une machine de barbe à papa. Elle a ce quelque chose d'à la fois terriblement cruel et profondément humain, cette ambivalence que je ne saurais expliquer et qui me laisse parfois songeur...

Je ne sais pas si ces deux facettes de ma personnalité persistent. J'ai plaisir à croire que c'est possible quand je suis avec elle mais en même temps... n'est-ce pas devenir plus monstrueux encore que d'être heureux ensemble quand nous semons la mort et la désolation dans notre sillage ? Avons-nous à droit à ces instants suspendus et avons-nous le droit d'oublier ce que nous faisons jour après jour, même si c'est pour la bonne cause ? J'essaie d'oublier la douleur dans mon corps, cette chaleur qui a failli me rôtir de l'intérieur en quelques instants. Il est vrai que nous sommes faibles, physiquement, et que face à ces créatures, nous ne pourrions pas survivre en combat singulier. Sans stratégie, artifices, sans ruse, surprise... Mais notre faiblesse nous rappelle chaque jour que nous sommes humains, et c'est le plus important. Nous ne nous prenons pas pour Dieu, pas pour ses anges, pas pour ses cavaliers, pas pour son poing vengeur. Nous ne sommes que des prophètes, que des messagers.

Et maintenant que le danger est écarté, nous pouvons tout simplement profiter l'un de l'autre, presque comme si nous étions un couple normal. Je pince les lèvres, je voudrais profiter davantage de l'instant présent. Je pense que j'ai aussi besoin de cette pause qu'elle a proposée. J'ai besoin d'oublier un peu, d'oublier mes faiblesses et d'oublier ma mission... Je voudrais qu'elle ne se présente pas à nous perpetuellement. Nous nous mettons à parler nourriture et je lui souris, coupable du pêché de gourmandise. Pourtant, je n'ai jamais été un ventre sur patte avant, il m'arrivait même de sauter quelques repas quand j'étais pris dans une activité qui m'absorbait. Et puis le temps faisait, je crois que j'essaie de combler un vide qui ne disparaît pas. Je n'ai pas encore trouvé toutes les réponses aux questions qui posent perpetuellement. Peut-être un jour, peut-être un jour pourrais-je mettre un coup de pied dans ces châteaux de sable pour partir, pour vivre cette vie qu'on nous a retirée, que je me suis retirée. Parce que je n'ai jamais été contraint à rien. J'ai cru prendre les bonnes décisions, à chaque fois. Et c'est quand je regarde le tableau de toutes ces petites décisions que je ressens un profond malaise. En soit, les détails n'ont pas d'importance. Ce ne sont que des touches de couleur sur la toile gigantesque. Scène par scène, plan par plan, aucune importance. Mais quand je fais un pas en arrière, mon regard se couvre du voile de l'horreur. Quand je recule, je contemple l'héritage. Un château de sable parsemé de corps, et les doutes de ceux qui me sont proches. Ils ne peuvent pas tous faire erreur, je voudrais retrouver le Jeremiah à l'aube de ses dix-huit ans, lui demander ce qu'il en penserait, je voudrais son regard neuf. Ou celui de quatorze ans, les mains propres. Sans cet horrible goût de bile au creux de la gorge. Je voudrais lui demander ce qu'il en pense, l'attraper par le col, le secouer jusqu'à le faire pleurer. Je voudrais qu'il me dise que je suis sur le bon chemin, je voudrais que son amertume pas encore née déteigne sur moi. Je voudrais que du haut de son innocence, il me dise que j'ai bien fait. Je voudrais ensuite l'éteindre de mon esprit. Je voudrais oublier les regrets, et leurs cris. Leur sang. Je voudrais oublier la barbarie inutile...

Les odeurs de sucreries me tirent hors de mes pensées. « Je vais vous prendre une pomme d'amour aussi, un paquet de cacahuètes caramélisées et une gaufre chocolat chantilly. » Non mais il y en certaines pour qui la mutilation ça creuse apparemment. S'il y a de la chantilly, je pense qu'il y a bien moyen que je glisse un doigt. Sur la gauffre. Pour récupérer la chantilly, bien sur. Elle fait alors la commande de sa petite préparation, c'est original mais pourquoi pas. Je n'ai pas souvent fréquenté de fête foraine. D'abord parce que nous vivions dans un coin où elles ne venaient pas s'installer très souvent et parmi les quelques attractions qui venaient dans la petite ville la plus proche, je préférais le tir à la carabine en général. Les espèces d'attrape-couillos à pince, ça m'a toujours fait marrer. Surtout quand je voyais les autres s'acharner en pensant qu'ils pouvaient y arriver. Et la victoire éclairait leur visage quand ils parvenaient enfin à obtenir la peluche tant convoitée. Ouais, dix-sept dollars pour une peluche minuscule qui finirait sur une commode, pour migrer ensuite dans un placard puis à la poubelle, c'était brillant. Bon, si c'était pour... Je souris à cette pensée. Quand j'étais adolescent, j'aurais bien pu les mettre ces dix-sept dollars pour impressioner... elle. Je préfère ne pas penser à son prénom, pas son visage, pas ces souvenirs futiles. Mais pourtant, je souris quand je me dis que c'est eu cette naïveté, celle qui agace les adultes, celle qui fait briller les yeux d'adolescents.

Peut-être qu'à cet instant, Prim et moi ne sommes que deux adolescents, indépendamment de ce qui vient de se produire. Et pourtant, quand le premier cri retentira, nous devrons quitter ce voyage dans le temps, nous éloigner de la scène de crime. Et nous partirons tranquillement, ne laissant dans l'imaginaire collectif que l'image de deux amoureux, comme tant d'autres qui passaient par là. Personne ne pensera à nous, jamais. Comme ces voisins qui, après avoir appris qu'ils vivaient près de criminels, disent devant les caméras « on n'aurait jamais imaginé que... » Ce n'est pas inscrit sur nos visages. Nous sommes anonymes. Et nos sentiments... mes sentiments sont véritables. Et toi, jolie Prim, que se passe-t-il dans ton cœur ? Attendant la commande, elle vient glisser son bras autour de ma taille. Elle l'ignore. Mais elle répond à ma question à cet instant. Je glisse mon regard dans le sien puis passe tout simplement ma main contre sa joue, juste pour l'amener à moi et l'embrasser. Je ne me lasse pas de ses lèvres. J'y suis accro, définitivement.

Je garde son visage entre mes mains. Mon visage se fige. Nous avons bien fait de nous éloigner, parce que la remise en question m'a fissuré, j'avais terriblement besoin de quitter la ville, de quitter les Watchers, j'avais besoin d'autre chose. Maintenant que je suis ici, je peine à croire que les derniers événements ont bien eu lieu. Malheureusement pour les miens, j'ai eu tout le loisirs de réfléchir sur le chemin. Une nouvelle ère doit commencer, j'ai totalement négligé ma propre famille, je dois reconstruire des bases solides, je dois reconstruire les Reagan. Et pour cela, je devrais les briser, pour les rebâtir à mon image. Et Primrosae, même si elle n'en a pas conscience, pour moi, elle est une Reagan. Je lâche son visage puis lui offre un sourire discret. Avec elle, qu'il est bon de pêcher...

On est servi, Prim paie et attaque directement sa gauffre. Ça doit être l'odeur de barbecue, ça a dû lui ouvrir l'appétit. Je récupère ma commande et copie sa position, une pomme d'amour d'un côté et deux gauffres vierges de l'autre côté. Nous nous éloignons du stand et j'entreprends de croquer dans la pomme d'amour. Je fais craquer le sucre avant de pouvoir attaquer le fruit défendu avec plaisir, à l'image de Primrosae. « T'as bien dit qu'on pouvait tout avoir, pas vrai? » Je hausse simplement des épaules en guise de réponse. Bien sur qu'elle peut tout avoir, elle le sait. Enfin tant qu'elle reste humaine bien entendu. Parce que sinon, je devrais lui dire adieu. Elle me laisserait peut-être même mettre fin à son agonie. Je chasse cette idée de mon esprit. Ça a déjà été assez dur avec Lewis... Mais il a quand même la chance d'être humain. Un traître, mais humain.

D'ailleurs, le petit moment torture m'a donné une idée. Croquant une nouvelle fois dans la pomme d'amour, j'y réfléchis quelques instants. « The Riddle » passe sur une attraction. Je tourne la tête, regarde au loin pour simplement vérifier qu'une foule ne s'attroupe encore autour des lieux du carnage. J'entends à peine Prim me demander si on peut rester ici plus longtemps que prévu. Oh oui, plaquons tout, vivons loin, cachés de leurs yeux inquisiteurs. Perdons notre identité, perdons nos raisons de vivre, ne vivons que pour voir le prochain jour. Et chaque jour ainsi. Je fronce les sourcils. Abandonnons tout. Je ne pourrai jamais. Mon Église. Mes paroissiens. Les Watchers. Ma famille. Je dois retourner un jour chez moi, je dois montrer mon vrai visage à mes parents. Je veux qu'ils se mettent à genoux devant moi ou s'étouffent dans leurs incompréhension. J'ai un sourire en coin, quand j'imagine mon père devant moi, suppliant pour que je lui explique, pour que je lui délivre la Vérité. L'unique. La mienne. Oh il m'a déjà foutu quelques raclées mais je ne me suis jamais senti comme un enfant battu, ça n'a aucun rapport. Mais je veux le briser, je veux pouvoir le tenir au creux de ma main, décider de fermer le poing à tout moment. Je veux qu'il admette qu'il est faible, que les Reagan ont été faibles depuis toujours. Je veux qu'il le reconnaisse. Ça me fera du bien, me donnera une sorte de satisfaction. Même si ce n'est pas un but en soi. Je vois ça comme un bonus...

Finalement, je me décide pour lui répondre... « Oui pourquoi pas. Je crois qu'on a besoin d'un peu de temps pour se recentrer sur les choses importantes. D'ailleurs, il faudra qu'on parle de... M'enfin, laissons de côté tout ça pour l'instant. Nous aurons le temps. » Prim trinque de sa pomme dans la mienne et je la termine rapidement alors qu'elle achève la gauffre chantilly cacahuètes. J'esquisse un sourire puis son mouvement de tête jusqu'à la grande roue. Ma foi, ce n'est pas une mauvaise idée, nous serons tranquille et j'ai envie de garder Prim rien que pour moi, même loin des regards de tous ces étrangers. J'acquiesce et nous montons après quelques minutes d'attente. Fort heureusement, je n'ai jamais eu le vertige. Quand bien même je l'aurais eu à un moment donné, j'imagine que William m'aurait fait sauter à l'élastique à un moment donné pour vaincre ça. Mais non, le vide ne me fait pas peur. Il me fascine quelque part. Le vide, c'est puissant, c'est beau. Sentir son cœur qui s'arrête une seconde lors de la chute, le sentir s'écraser dans la cage thoracique au moment où le corps est retenu, au dernier moment.

Bref, la grande roue ne me dérange pas, au contraire. Je laisse passer Prim d'abord puis m'assieds près d'elle. J'entame l'une de mes gauffres puis je la regarde une seconde, toute entière. « Désolé si j'ai l'air beauf mais... tu n'aurais pas pris de la poitrine ? » Ça, c'est fait.
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 21:07
Ses lèvres contre les siennes semblaient lui donner une force incroyable, celle de vivre, de vouloir se battre jusqu'au dernier souffle. Jamais elle n'abandonnerai leur mission, jamais elle n'abandonnerai leur destinée toute tracée: celle de mourir en défenseur des droits de l'Homme. Ses baisers vivifiants ranimaient toujours ses espoirs mais le meilleur restait ses regards. Jamais on ne l'avait regardé de cette façon si particulière, jamais elle ne s'était sentie importante pour quelqu'un sans avoir besoin de l'entendre pour le constater, simplement par un regard fort protecteur. Y poser des mots n'était pas nécessaire, elle n'avait qu'à le regarder pour le comprendre, comme maintenant, où chacun d'eux fixait l'autre sans qu'aucune gêne ne vienne s'installer. C'était facile, presque évident. Peut-être trop, mais elle s'en fichait. Elle se contentait d'en profiter parce qu'elle ne savait jamais combien de temps ça allait durer. Peut-être que demain ils ne seraient plus là, assassinés par un mutant vengeur ou simplement à cause d'un bête accident, allez savoir. La mort était partout, ils n'y échapperaient pas, ils seraient pris dedans certainement plus tôt que prévus d'ailleurs. Alors ces moments, simples, sans un mot, sans une once de haine, sans une quelconque raison d'avoir peur, elle les dégustait, en appréciait chaque seconde.

Au dernier instant, celui où il était temps de payer, elle demandait une bouteille d'eau, consciente que tout ce sucre allait certainement leur donner soif dans peu de temps. Sans attendre plus longtemps, elle mordait dans sa gaufre avec une gourmandise non dissimulée, continuant sa route avec Jeremiah sur la fête foraine comme si rien ne s'était passé. Peut-être qu'au fond, le quotidien faisant, c'était tout comme. La fête foraine en elle-même était une nouveauté qu'on pouvait souligner contrairement aux corps dans leurs sillages qui étaient devenus familiers à leur paysage quotidien finalement. Pour beaucoup, c'était triste à dire, à constater. Pour Prim, c'était normal, c'était même capital. Si ce n'était pas eux qui faisaient le ménage, qui allait le faire? Certainement pas ces humains proclamant ces monstres comme des héros, certainement pas ses trouillards qui se cachaient dès l'instant où ça se dégradait. Peut-être que quelque part, ils étaient suicidaires de se confronter à de tels phénomènes mais pour la jeune femme, c'était devenu indispensable de le faire. On les estimait tant, on les proclamait tellement comme des êtres supérieurs qu'elle en avait envie de vomir à chaque fois.

Il était temps, grand temps que les humains reprennent leur place, celle de la majorité à vivre sur cette planète, rois de ces terres, maîtres de ces lois. Ce n'était pas une poignet d'Hommes à l'ADN difforme qui devait décider du droit de vie et de mort de chacun. Ils proclamaient tous protéger la Terre... Foutaises! Leur présence ne faisait qu'aggraver les choses. Dès l'instant où ils combattaient soit disant le mal pour protéger les citoyens, c'était faux, totalement faux. La Terre n'était que leur terrain de combat, de règlement de compte comme Thor et Loki par exemple. Ce n'était rien d'autres que ça, un terrain de guerre, un champ de bataille, une terre à dominer. La preuve en était avec le nombre incalculable de villes détruites et bonnes à refaire tout ça parce que des clans s'étaient créés parmi les mutants. En outre, dire qu'ils protégeaient la Terre des dangers n'était qu'un moyen de se faire bien voir. Primrosae en était persuadée, chacun d'eux étaient conscients que si les citoyens du monde ouvraient enfin les yeux sur eux, ils seraient condamnés à mort.

L'idée la faisait sourire, légèrement. Un sourire qui s'étirait davantage à la réponse de son compagnon. Il n'était pas contre l'idée de rester un peu plus longtemps. Elle savait qu'ils ne pourraient pas rester indéfiniment, de toute façon elle n'en aurait pas l'envie, mais une semaine, une petite semaine, loin de tout, c'est ce qu'elle demandait. Comme des vacances, un moment de ressourcement. Elle vivait pour sa cause, elle évitait les pièges de la mort pour sa cause, mais elle restait humaine avant tout. L'opportunité de dormir sur ses deux oreilles, les deux yeux fermés, ça ne se refusait pas. La possibilité de sortir de tout cela, de profiter autrement de la vie, de Jeremiah, ne plus avoir à se cacher, c'est bien ce qu'elle comptait faire cette semaine. C'était une occasion trop belle pour la manquer. Une occasion qu'elle ne voulait pas gâcher avec des non-dits, avec des réflexions qui boufferaient leurs esprits tant qu'elles n'étaient pas prononcée à vive voix. « Je te donne vingt minutes pour me dire tout ce que tu veux concernant... nos activités ou tout le reste qui peut te paraître important et qui doit être dit. Après, on en parle plus de tout le séjour. » Clairement, ce n'était pas une proposition mais un ordre. Elle refusait de s'attarder sur ce qui pourrait les mener à trop réfléchir, à se prendre la tête et à rentrer plus rapidement pour régler ce qui pourrait s'avérer être des problèmes. Les soucis, elle n'en voulait pas, elle n'en voulait plus, pas tant qu'ils étaient ici.

Terminant sa gaufre juste avant de monter dans la grande roue, elle prenait place dans la bulle de verre, posant ses fesses sur l'une des deux petites banquettes qui se tenaient l'une en face de l'autre. Dès l'instant où leur cabine montait un peu, pour que les personnes qui attendaient derrière eux puissent avoir la leur, elle étirait ses jambes, posant ses pieds sur l'autre banquette, dans un soupire transpirant le soulagement à l'idée de reposer ses jambes. « Ahhhh le bonheur. » Ainsi installée, elle buvait quelques gorgées d'eau avant de présenter la bouteille à Jeremiah, au cas où lui-même ressentait la soif. Somme toute, bien que le geste était avant tout poli et normal, il témoignait aussi d'une certaine envie de prendre soin de l'autre. Quand on connaissait un tant soit peu la jeune femme, il était clair qu'avec n'importe qui d'autre, son côté égoïste aurait pris le dessus là où elle partageait volontiers son eau avec lui. C'était simple, rien de bien extravagant, mais assez remarquable pour être noté.

Une pensée vite oubliée sous la demande très étrange du jeune homme. D'abord la surprise puis un éclat de rire qui se faisait entendre dans la cabine. S'il y a bien une chose à laquelle elle ne s'attendait pas aujourd'hui, c'était bien ce genre de question, surtout venant de lui. Si dans un premier temps elle prenait ça pour une blague, c'était en voyant le sérieux sur la tronche de Jeremiah dans un second temps qu'elle s'arrêtait de rire soudainement. « T'es sérieux? » Abandonnant son regard pour le plonger dans son décolleté, elle haussait un peu des épaules. Clairement, elle regardait pas sa poitrine tous les jours mais elle ne pouvait pas nier que ses soutien-gorges étaient davantage remplis qu'à l'accoutumée, mais pas de quoi déborder et le remarquer avant qu'il ne lui dise. « Vous êtes très observateur monsieur Reagan. » Elle aurait pu plaisanter sur le fait qu'il était très observateur sur une zone relativement érogène pour un Pasteur mais elle savait qu'il le prendrait mal, surtout après qu'elle se soit ouvertement moquée sur sa prière, il pourrait prendre cela pour une nouvelle moquerie au lieu d'une simple blague. Croquant dans sa pomme d'amour, enfin, elle rajoutait quelques mots. « C'est à force de manger des cochonneries comme celle-là. » Parce que la poitrine n'était rien d'autre que des glandes et canaux ainsi que de l'eau et de la graisse, elle supposait simplement qu'elle avait du prendre quelques grammes voire kilos et que forcément, ça se voyait aussi à ce niveau-là. Rien d'alarmant à son sens, ça ne pouvait être que cela.

La roue semblant enfin pleine, elle se mettait alors à monter avec lenteur sans avoir à se stopper à chaque cabine. Leur bulle de verre étant déjà à une certaine hauteur, Primrosae eut le réflexe d'observer les alentours. On voyait tout d'ici, un peu trop même à son goût. Forcément, le stress se faisait une place au creux de son estomac, cherchant à savoir si au maximum de l'altitude que pouvait donner la roue, on était capable d'observer le massacre qu'ils avaient commis. « Merde, j'avais pas pensé à cette possibilité qu'on pouvait nous voir de là. » Si quelqu'un avait pu les voir en action ou ne serait-ce que voir les corps et donner l'alerte, ils étaient dans la merde. Heureusement, le soulagement arrivait vite. L'avantage d'avoir attendu d'être loin de la foule et au milieu des caravanes et des camions de transport des attractions. Rien. On ne voyait rien d'ici. Elle pouvait donc profiter de son tour tranquillement sans que rien ne puisse venir les déranger ou les presser. Pour le moment en tout cas. « Bon alors, tu vas te décider à cracher le morceau finalement? C'est le moment ou jamais. » Elle faisait bien sûr référence au fait qu'il voulait lui parler de quelque chose et forcément, sa curiosité piquée voulait en connaitre davantage et maintenant.
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeJeu 30 Juin - 21:08


La cabine s'élève, d'abord par intermittences. Laissant le temps aux autres... vacanciers ? touristes ? le temps de monter. Je jette un œil, aperçois des ballons, aperçois des familles, aperçois des enfants. Combien parmi eux sont déjà perdus ? Aujourd'hui, ils sourient à voir un tour de magie et demain ils feront disparaître un être humain avec une facilité déconcertante. Aujourd'hui, ils admirent les lanceurs de couteaux et demander, ils déplaceront des ponts... Est-ce que ces mots auraient été concevables avant, ailleurs que dans un conte, une série fantastique, une histoire au coin du feu ? Est-ce que ceux qui nous précédèrent n'auraient pas pu s'en prendre à la racine du mal, véritablement ? La cabine s'interrompt de nouveau, je soupire doucement. En cet instant, nous n'avons plus à nous préoccuper d'eux. Un peu de répit pour les mutants, un peu de répit pour nous. Parce qu'il nous faut ce temps de pause, nous avons besoin de souffler, d'attendre, de laisser le monde courir et de reprendre notre souffle. J'en ai besoin, du moins. Parfois, quand les événements s'enchaînent trop vite, j'ai besoin d'attendre, de m'asseoir et de laisser mon visage entre mes mains, j'ai besoin de reprendre contact avec la réalité. J'ai besoin de m'en aller, pour ne pas craquer. J'ai déjà été faible, bien trop faible. Mais cette pause après les derniers événements me permettront d'être plus efficace à l'avenir. Pourquoi ne puis-je me délecter de la souffrance d'un mutant dont le visage brûle ? Ce n'est pas comme s'ils étaient des Hommes. Est-ce que j'aurais mal si Lucifer hurlait à la mort sa souffrance ? Non. Faut-il qu'ils aient sur le visage la marque du démon pour que je prenne pleinement conscience que tout ce qui restait d'humain en eux a disparu. Il ne reste pas ces enfants, qui rirent jadis sans se soucier de l'avenir. Ces enfants humains sont des victimes aussi. Ce marchant de barbe à papa était un monstre. Le monstre a chassé l'enfant le jour où il a découvert son pouvoir, c'est aussi simple que ça.

Un nouvel arrêt. Primrosae me tend sa bouteille d'eau. J'y pose mes lèvres, pose mes yeux sur le ciel. Plus de lumières artificielles, plus de politesses artificielles, plus de retenue. Rien qu'une fin de journée paisible, mais serrant la bouteille de plastique dans la main, j'ai à nouveau la sensation de la clef métallique et lourde. Un fin sourire vient habiller mes lèvres. Je me revois refaire le geste, encore et encore. Le meurtre d'un mutant est comme un devoir conjugal au sens strict et religieux du terme, il est nécessaire mais on n'est pas sensés y prendre de plaisir. Si cette femme me fait renoncer à ces principes, ne peut-elle pas m'entraîner dans les limbes de la mort, du sadisme poussé à son dernier degré ? Qu'est-ce que cela changerait tant que la mission est accomplie. J'éloigne la bouteille de mes lèvres puis repose mon regard sur elle. Elle est un jeu dangereux, elle est celle qui me fera basculer, je le sens. Basculer hors de la route du devoir pour marcher dans la lande du plaisir, de tous ces plaisirs interdits desquels on ne revient pas. Je regarde mes doigts soutenant innocemment la gaufre croquée. Ces doigts qui serraient l'objet du délit si fort que j'en ai eu mal. Mais le mal est fait. Le bien... ce que nous devions faire. Il n'y a pas de bon mutant, c'est hérésie de penser cela. C'est se voiler la face, c'est plier le genou face aux monstres. Nous n'accepterons pas de faux-Dieux qui prétendent que leur vie valent plus que la nôtre. Ils mourront tous. Vieux. Jeunes. Déclarés dangereux ou pas.

Je penche la tête sur le côté, observe la main silencieusement. Une nouvelle halte, nous nous balançons tendrement dans le vide. Je porte mon regard sur ma bien-aimée, ma trop-aimée... Nous ne sommes pas éternels et il ne faut pas craindre la mort. C'est la mort qui nous rend humains et c'est notre fragilité qui fait que notre vie a une réelle valeur. Quand l'heure est arrivée, il ne sert à rien de se débattre avec les pouvoirs du Malin, ce sera l'heure. Qu'il s'agisse d'une balle perdue ou de bien pire, la mort est le point final de toute histoire qui mérite d'être contée. Nous ne serons pas des surhommes, pas des sous-hommes, pas des dieux. Nous ne serons que des hommes, la seule véritable espère qui a le droit d'habiter cette Terre. Tous le sauront, les aveugles cesseront de protéger les monstres... dans l'incroyable naïveté de croire qu'ils sont des nôtres. Quand je vois Primrosae, je vois l'avenir. Les soldats de demain qui sourient, qui se promènent sur les fêtes foraines, et qui l'instant d'après basculent dans la folie de la nécessité pour faire couler la chair comme une glace, et qui reprennent le cours de leur existence comme si tout était normal. Ils feront tous cela, ils vivront une vie normale et quand les mutants seront signalés, ils fonceront sur eux jusqu'à les dévorer, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Des puces, des émetteurs, je ne sais pas comment cela fonctionnera mais nous les verrons immédiatement. Ils ne pourront pas se cacher dans la foule tel un Adamska en perdition.

Finalement, avant d'aborder une question qui risque de lui déplaire, je choisis de me montrer plus... léger. Je lui parle de son corps, ce corps que j'aime tant posséder. Je me plais à croire que je la connais parfaitement, ses cicatrices, la douceur de son dos sous mes doigts, chacune de ses courbes et toutes ses zones érogènes. Je ne veux tout ça que pour moi, pour qu'elle soit constamment rassasiée, que ce soit sexuellement ou émotionnellement. Prim se met à rire, je superpose mes gaufres pour me libérer une main puis frotte mes doigts maladroitement sur mon pantalon avant de glisser ma main contre sa cuisse. Je ne réponds pas à sa question, préférant simplement hausser des épaules. J'ai beau être Pasteur, Prim est mon pêché le plus plaisant et forcément... je ne suis pas sans la regarder de temps en temps... D'ailleurs, chacun de ses changements me prouve combien elle est multiple. Dès que je pense la cerner toute entière, elle me révèle encore des surprises. Parfois bonnes, parfois non, mais je n'attends pas d'elle qu'elle soit parfaite. C'est impossible, et j'ai accepté le fait que je ne serai jamais parfait pour elle non-plus... Elle baisse les yeux sur sa propre poitrine et commente : « Vous êtes très observateur monsieur Reagan. »

J'apprécie le fait qu'elle ait dit Monsieur, même avec ironie, plutôt que Pasteur. Elle sait très bien que ce n'est pas une couverture pour moi, ce n'est pas un masque. C'est une vocation qui s'est imposée à moi et entrer dans les ordres m'a longtemps laissé croire que ce combat ne serait plus le mieux. Bien entendu j'étais pieux, et je croyais au combat des Reagan et surtout, à la façon dont il le menait mais les choses ont changé... Elle croque dans sa pomme d'amour et j'ôte ma main pour reprendre aussi ma gaufre en bouche. Plus d'arrêts intempestifs, ma belle regarde vers l'extérieur et mon regard suit le sien. J'en profite pour terminer ma première gaufre. Je contemple les visiteurs en bas et laisse mes yeux être attirés par plusieurs sources de lumières qui déchirent la nuit tombante. « Merde, j'avais pas pensé à cette possibilité qu'on pouvait nous voir de là. » Je considère la distance qui nous sépare des lieux des crimes, et me semble que d'ici, on ne peut distinguer grand chose. Si ça avait été le cas, j'imagine que nous aurions été stoppés bien avant de rentrer dans cette petite cabine. D'ici, je ne vois même pas les corps que nous avions laissés derrière nous et maintenant, je me dis que les cadavres ne seront trouvés qu'à la toute fin de la fête, quand il sera l'heure pour les foraines d'éteindre manèges, de ranger sucreries et de peut-être se retrouver pour une partie de la nuit. Nous serons loin, sans doute à l'hôtel même. Je lui réponds posément : « Ne t'en fais pas, nous ne craignons rien. » Aujourd'hui. C'est le mot qui me reste sur le bord de la langue sans pouvoir l'ajouter. Mais bientôt, elle insiste à nouveau pour savoir ce que je veux lui apprendre...

Je passe la main dans ma nuque puis cherche mes mots, elle va être énervée mais l'avantage c'est qu'ici, elle ne pourra pas fuir. « Tu sais... les Watchers commencent véritablement à être impliqués dans pas mal d'événements, et ce qui fait que nous nous exposons chaque fois davantage... » Je cherche son regard, mais immédiatement je pose la main dans le haut de son dos : « Ne vas pas croire que je veux t'annoncer que je souhaite ton retrait ou quelque chose de ce type, ce n'est pas ça du tout. Tu es un atout majeur des Watchers et je ne veux nulle part ailleurs. C'est différent... » Enfin, pas vraiment... « J'ai simplement pris conscience que vu les pouvoirs des mutants et comme le conflit s'intensifie, je pourrais très bien me faire tuer du jour au lendemain. Et cela arrivera, quoiqu'on puisse penser ou faire. Je veux simplement que tu saches que lorsque ça arrivera, je souhaite qu'Aloysius prenne la tête des Watchers. »

Elle n'a pas explosé, c'est incroyable. Je laisse la gaufre sur mes genoux et de ma main qui était dans son dos, j'amène simplement le buste de Prim vers moi. Je ne la lâche pas des yeux et je lui dis avec une voix beaucoup moins neutre que pour mes précédents propos : « Je veux que tu vois ça tel que c'est. Pas une punition ou un manque de confiance, je voudrais juste pouvoir te protéger dans la mesure du possible. Et tu sais très bien pourquoi. » Elle le sait. Je ne lui dirai pas les mots fatidiques, elle n'est pas prête à les entendre. Et je ne me sens pas prêts à les dire. Mais je sais très bien ce que je ressens pour elle. Elle connaît mes doutes, elle connaît mes faiblesses, elle connaît mon exutoire, elle sait bien que je lui fais confiance ! Alors oui, je l'aime.
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeVen 1 Juil - 20:22
Il y a des personnes qui peuvent traverser des vies sans y laisser une seule trace et il y a les autres. Il y a Jeremiah. Dire qu'il l'avait forgée serait mentir mais on ne pouvait nier que son soutien dans la lutte était un moteur permanent. N'aurait-elle pas arrêté si les Watchers ne l'avaient pas contactée? N'aurait-elle pas arrêté si elle s'était retrouvée seule face à elle-même, face à ces nombreux meurtres qui tâchent aujourd'hui ses mains? Il ne l'avait pas forgée, non. Il l'avait convaincue un peu plus qu'elle ne l'était déjà, tout simplement. Le ménage doit être fait, ça s'arrêtait là. Aucune question, aucune différence ne devait être faite entre les individus concernés. Les mots et les regards de Jeremiah lui rappelaient chaque jour. Ils avaient raison et personne hormis la mort qui finirait par venir les chercher ne pourrait les arrêter. Les choses étaient simples, tellement simples. Avec eux ou contre eux. En dehors du plaisir physique qu'ils se donnaient régulièrement, son compagnon était un véritable soutien et un réel soulagement dans la vie de Primrosae. Elle savait qu'elle pouvait compter sur lui, se reposer de temps en temps sur ses épaules quand, bien qu'elle soit doté d'une force de caractère relativement impressionnante, tout partait littéralement en couille. Elle avait ce besoin de se confier, de vider parfois son sac. Peut-être qu'inconsciemment son métier de Pasteur aidait la jeune femme à se confier bien qu'elle n'avait jamais eu aucun lien avec la religion. Cela n'empêchait pas qu'elle n'avait aucun mal à lui confier les choses, à être soutenue dans ses idées et ça lui faisait le plus grand bien. Même certains Watchers la trouvaient trop extrême, la surnommait cœur de pierre. Elle avait parfois la sensation de l'être jusqu'à ce que Jeremiah, bien qu'elle pouvait parfois le voir sceptique quant à ses méthodes, se mette à sourire des résultats obtenus, ne témoigne par son regard tout son soutien. Même si elle refusait de s'attacher à lui sentimentalement parlant, il était indéniable qu'il restait indispensable à sa vie. Certains trouveraient très étrange - notamment ceux qui trouvaient déjà Jeremiah dingue - mais il était son garde-fou, celui qui lui permettait de rester les pieds sur Terre et probablement de rester en vie tout court. Il limitait ses bêtises, ses pulsions meurtrières envers les mutants. Avec elle, tout serait déjà à feu et à sang, là où avec le brun, il y avait un temps et une heure pour le faire.

Leur duo était une évidence, pour Primrosae en tout cas alors pourquoi était-elle si étonnée lorsqu'il lui parlait de son physique? Pourquoi avait-elle pris cela comme une blague? Probablement que le fait d'être religieux jouait dans la balance et puis à vrai dire, elle s'attendait à tout sauf à ça alors forcément, la surprise était grande. Mais il n'avait pas tort non plus. Elle semblait avoir pris un peu de poids sans forcément que cela soit très marquant pour autant. A croire qu'elle avait tout pris à ce niveau et que le reste n'avait pas vraiment bougé. Pour le coup, si c'était le cas, elle était plutôt chanceuse dans le genre, d'autant plus qu'il ne fallait pas se leurrer, elle était loin d'avoir une poitrine énorme alors forcément, dès qu'elle prenait un peu c'était un miracle. Enfin, elle était persuadée que ça finirait par s'en aller, comme à chaque fois que ses hormones faisaient des siennes. Finalement la discussion se tournait vite vers les crimes qu'ils avaient commis - comme quoi, ça ne les quittait jamais vraiment. De cette hauteur, l'inquiétude et le questionnement s'étaient mêlés dans la tête de Primrosae, soucieuse de constater ou non si on pouvait tout voir d'ici. La réponse arrivait assez vite. Rien. Tout était parfait. Un soulagement qui se lisait véritablement sur son visage mais avec lui revenait forcément la question qu'elle lui avait posé juste avant.

De quoi voulait-il lui parler au juste? Elle pouvait lire dans sa gestuelle toute la gêne qu'il ressentait à l'idée d'aborder le sujet qu'elle ignorait encore. Croquant dans sa pomme d'amour, elle l'écoutait parler sans interruption. Son visage restait impassible, l'absence d'émotions pouvait même se montrer effrayante si on ne la connaissait pas assez - ce qui n'était pas le cas de Jeremiah, heureusement. Elle se contentait de hocher la tête. Oui, les Watchers étaient de plus en plus impliqués dans des événements de grande envergure mais n'est-ce pas là l'intérêt? N'étaient-ils pas là pour faire entendre leurs voix et leurs envies quittent à détruire sur leur passage pour s'affirmer? Si Primrosae n'avait pas le choix de cacher son visage sous un voile photostatique chaque fois qu'il y avait un risque qu'elle soit aperçu dans les rangs des Watchers - parce qu'elle était un personnage public et que de toute évidence elle perdrait son entreprise si on la savait là et donc, un gros avantage pour les Watchers - elle n'en restait pas moins fière de ses choix et de ses opinions. Alors oui, elle restait impassible, oui, elle l'écoutait mais ça n'en restait pas moins une immense claque dans la tronche qu'elle se prenait et ce n'était pas la douceur des gestes et des mots de Jeremiah qui y changeraient quelque chose.

Elle essayait de ne pas s'énerver, sincèrement. Premièrement parce que Jeremiah était probablement la dernière personne avec qui elle avait envie de se battre. Deuxièmement parce qu'elle le connaissait assez têtu pour ne pas changer d'avis et enfin troisièmement, parce que ce salaud avait choisi son moment, enfermés en hauteur, pour venir la chatouiller sur un sujet qu'il devait se douter sensible. Une assurance pour qu'elle fasse face à cette conversation sans pouvoir y échapper. Comme un rat dans une boite, un lion en cage. Aucune issue malgré la rage qui s'agrippait à ses entrailles. Pourtant sur son visage, toujours rien. Seulement quelques mots glissaient sur le seuil de ses lèvres, témoignant de son incompréhension. « A quoi bon vouloir me protéger si t'es mort. Tu m'expliques l'intérêt et la logique? Tu seras plus là pour souffrir d'une éventuelle mise en danger ou ma propre mort alors finalement, qu'est-ce qu'on en a à foutre?  » Est-ce qu'elle sous-entendait qu'il lui sortait une excuse bidon? Probablement un peu mais c'était surtout l'incompréhension qui parlait. Y avait-il un quelconque intérêt à la protéger s'il n'était plus là pour en profiter ensuite? Elle pourrait comprendre de vouloir la protéger maintenant, de son vivant, mais une fois mort franchement... elle ne comprenait pas et avant de s'énerver elle préférait lui laisser le bénéfice du doute, même si elle ne pouvait pas s'empêcher de rajouter quelques mots de plus après avoir terminé sa pomme. « Peu importe qui prendrait la tête de l'organisation de toute façon, tu sais très bien que j'ai tendance à faire les choses à ma manière que ça plaise ou non. Ça passe avec toi, tant qu'il y a du résultat. Avec Aloysius, je doute que ça lui plaise que je désobéisse, même avec un résultat garanti au bout du chemin. Tu sais très bien comment ça finira. » Faire cavalier seul, c'était une habitude chez elle. Son père lui avait tellement appris à ne pas s'attacher que les gens ne lui étaient plus indispensables et qu'elle avait cette tendance à faire les missions seule et ce, même quand on lui attribuait un coéquipier - l'abandonnant carrément en chemin très souvent d'ailleurs. On est toujours mieux servi que par soi-même après tout. Elle était ainsi persuadée que si un supérieur osait lui remonter les bretelles, elle s'en irait tout simplement et cela serait probablement le cas avec Aloysius.
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« A quoi bon vouloir me protéger si t'es mort. Tu m'expliques l'intérêt et la logique? Tu seras plus là pour souffrir d'une éventuelle mise en danger ou ma propre mort alors finalement, qu'est-ce qu'on en a à foutre?  » Qu'est-ce qu'elle peut être irritante parfois ! Je soupire bruyamment, je n'aime pas parler de religion avec Primrosae, tout simplement parce qu'elle a une fâcheuse tendance à ne rien prendre au sérieux. Elle ne s'engage que par automatisme pour l'instant, parfois je me demande si elle répond à un ancien entraînement ou si elle a vraiment choisi son combat... Mais concernant la religion, dire que nous avons deux points de vue opposés, ce serait un triste euphémisme. Je balance mon regard de l'autre côté en essayant de bien choisir mes mots. Lors de mes dernières rencontres à l'Église, j'ai eu des... « échanges » qui furent dignes d'intérêt, c'est le moins que je peux dire. Et je me suis forcément posé beaucoup de questions. Je me sens épuisé, et j'avais besoin de cette coupure. Ici, et avec elle.

Et surtout, je pense que je vais avoir besoin de me rapprocher de l'Église, pas simplement physiquement mais me retrouver pour pouvoir appréhender plus facilement les épreuves qui nous attendent. Il est vrai que nous ne serons plus ensemble quand j'aurais avalé mon extrait de naissance, mais pourquoi refuse-t-elle de comprendre que la mort n'est pas parmi les facteurs qui m'empêcheront de l'aimer, cette idiote. « Ce qu'on en a à foutre ? » répète-je avec ce petit air excédé qui montre en général que mon humeur vient de tourner, et pas dans le bon sens... Je passe la langue sur ma lèvre supérieure puis soupire à nouveau. Finalement, j'arrive à lui sourire. Elle qui me connaît, elle sait bien que ce sourire n'est plus le même que tout à l'heure. Ce doit être le mode Watcher qui nous rend un peu hargneux par moment : « Primrosae... La mort n'est pas une fin. Alors quel est l'intérêt que je t'explique la logique d'une décision qui, de toutes évidences, te dépasserait?Être attaché à quelqu'un, c'est souhaiter son bien-être dans une perspective plus... large que le temps de sa propre existence. »

Oui, je l'ai dit ! J'ai dit être attaché à quelqu'un ! Je sais bien que Prim n'a pas envie d'entendre ça, mais je n'ai pas envie de la jouer on est deux compagnons de tuerie qui se baladent sur une fête foraine. Je ne suis pas avec Mona ni elle avec Aloysius, donc il y a bien quelque chose entre nous que je sache ? Même si elle ne le voit pas comme ça, ou refuse de le voir comme ça tout simplement. Je me penche sur l'une des parois vitrées et pose mon regard plus bas. Il y a beaucoup de choses que je voudrais aborder avec elle, parce qu'elle peut tout entendre. Elle a déjà tout entendu...

« Peu importe qui prendrait la tête de l'organisation de toute façon, tu sais très bien que j'ai tendance à faire les choses à ma manière que ça plaise ou non. Ça passe avec toi, tant qu'il y a du résultat. Avec Aloysius, je doute que ça lui plaise que je désobéisse, même avec un résultat garanti au bout du chemin. Tu sais très bien comment ça finira. » Je hausse des épaules. Je me doute oui, mais la vie, n'est-ce pas des compromis ? Prim ne semble pas décidée à envisager les compromis, alors je n'insiste pas tout de suite... Je termine simplement par briser le silence : « Non, je l'ignore. »

Qu'est-ce qu'elle a voulu dire par là ? Aloysius est... spécial c'est vrai. Mais je ne pense pas qu'il irait jusqu'à décimer les Watchers si certains désobéissent. Moi-même je peux me montrer parfois cassant ou... dérangé quand ils n'en font qu'à leur tête mais je n'ai jamais tué de Watcher parce qu'il n'a pas suivi les directives données. Ce qui fait que nous ne nous trahirons pas mutuellement est justement le fait que je ne les oblige à rien. Ils ne sont pas payés – donc ne seront jamais frustrés par une paie qu'ils jugeront indigne de leur dévouement – et ils ne sont pas forcés. Chacun fait en son âme et conscience. Et chaque fois qu'ils font un pas de plus vers l'horreur, ils s'éloignent de la possibilité de nous trahir. Nous amorçons une descente. Je repose la main contre sa cuisse : « Ne parlons plus de tout ça... Je  me sens... épuisé. Je voulais juste que tu le saches, pas qu'on en discute vraiment... »

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La question était légitime. Ils avaient des points de vue tellement différents qu'elle ne pouvait pas imaginer qu'on puisse en avoir quelque chose à faire de quoi que ce soit une fois qu'on était mort. Au pire, on était six pieds sous terre, bouffé par les vers. Au mieux, on était cramé comme un vulgaire poulet au four jusqu'à ce que cendres s'en suivent, bonnes à être répandues on ne savait où. Voilà ce que signifiait la mort pour Primrosae. Rien de plus, rien de moins. Aucun bonheur ne pouvait en être tiré, seul le malheur d'avoir perdu quelqu'un restait dans le cœur des survivants. Le reste n'était que foutaise et désillusion. Probablement trop terre à terre, la jeune femme ne pouvait pas s'imaginer qu'on pouvait prendre soin d'elle d'autre part, que l'amitié, l'amour ou peu importe allait au delà de la mort, que ces foutus sentiments résistaient à tout. C'était irrationnel, impossible pour elle. Comment pouvait-on aimer quand le cerveau et le cœur n'avaient plus de quoi fonctionner? Alors forcément, elle n'arrivait pas à voir plus loin que le bout de son nez parce qu'on lui avait toujours appris à voir les choses ainsi. Ne crois que ce que tu vois. Primrosae voyait en la mort la perte, point final. Elle voyait les larmes sur les joues des proches, elle voyait la peine dans les mots et le regret de ne pas en avoir profité davantage. Comme Jeremiah le disait si bien, la conception de la mort qui n'est pas une fin, ce n'était qu'une façon de se rassurer pour Primrosae. Tout ces gens qui proclamaient haut et fort qu'ils continuaient d'avancer pour les êtres perdus, c'était idiot pour elle, totalement idiot. Ce n'était rien de plus qu'une motivation à se mettre sur les épaules pour se bouger le cul. Que l'on reste sur son canapé à se morfondre ou qu'on se bouge et qu'on continue à vivre, pour la blonde, ça ne changeait rien pour la personne partie. Tout n'était qu'une histoire de conscience avec soi-même. « Alors quoi? Parce qu'on a pas la même conception des choses, je suis obligée d'accepter que tu veuilles d'Aloysius pour prendre la tête des watchers en fermant ma gueule? » Parce que c'était clairement ça, n'est-ce pas? De par leur conception différente, ils ne pouvaient pas débattre, c'était certain, mais sans débat, c'était comme accepter sans rien dire finalement.

« Ok, d'accord. Ne m'explique pas pourquoi tu veux me protéger si tu sais d'avance que je comprendrais pas mais dans ce cas, explique-moi pourquoi Aloysius exactement? Il est pas là depuis des lustres, c'est un bon watcher, certes, mais aussi bien que d'autres. » Clairement, elle ne comprenait pas pourquoi lui plus qu'un autre, même en dehors d'elle. « Et en ce qui me concerne, tu sais que ça limitera jamais mon implication pour nous. » Nous, les Watchers, bien entendu, il fallait pas déconner non plus. Qu'elle soit leadeuse ou non, si elle était un jour ou l'autre amenée à devoir s'afficher ou être prise la main dans le sac pour la cause des Watchers, que Jer ait voulu ou non sa protection, ça ne changerait rien, le danger serait le même et elle s'impliquerait toujours aussi pleinement, assumerait même d'autant plus ses actes. Levant les mains innocemment, elle rajoutait quelques mots avec sérieux, un réel sérieux. « Et sans vouloir me moquer. Si j'adhère à ta conception des choses, me protéger empêcherait aussi que je puisse te rejoindre. Je sais que tu es loin d'être l'humain le plus égoïste que je connaisse mais... » un sourire malicieux venait se glisser sur son visage. « Avoue que tu peux plus te passer de moi, idiot que tu es. Ça serait dommage de louper l'occasion de se revoir. » Elle cachait la vérité sous la dernière plaisanterie. Elle ne voulait pas se moquer de la religion, vraiment pas mais pour ce qu'elle en savait, si la mort n'était pas une fin, Jeremiah pouvait très bien la laisser le rejoindre dans l'autre vie. Si elle se mentait à elle-même en disant qu'il ne pouvait plus se passer d'elle, il n'en restait pas moins vrai qu'elle pouvait difficilement s'imaginer continuer les Watchers sans lui quelque part.

Haussant les épaules, elle retrouvait un peu son calme, expliquant ce qu'elle voulait dire par quelques mots simples et consciencieusement choisi. « Je continuerai seule, c'est tout. Tu sais comment je suis. J'aime pas les ordres, encore moins quand c'est pas justifié ou que la méthode a porté ses fruits même à ma façon. Je ne dis pas que je quitterai immédiatement les Watchers mais si ça passe pas avec Aloysius, je ferais cavalier seul, je ferais le boulot dans mon coin sans être officieusement liée aux Watchers. » Et là pour le coup, sa mise en danger serait d'autant plus évidente si elle n'a pas de partenaire qui pourrait veiller inconsciemment sur elle. Mais là encore, Jeremiah avait décidé qu'Aloysius prendrait la tête des Watchers, c'était indiscutable. La décision de Primrosae de continuer seule le nettoyage des mutants si jamais ça se passait mal avec Aloysius l'était tout autant. Probablement que Jeremiah le savait, il la connaissait têtue et ce n'était pas une chose qui était prête de changer, même avec son hypothétique décès. Elle stoppait là la discussion comme le brun le demandait, glissant sa main dans la sienne pour lui montrer que malgré tout, elle ne lui en voulait pas, bien qu'elle ne comprenait pas sa décision. Un sourire aux lèvres, elle tournait un peu son visage vers lui, croisant un instant son regard. « Épuisé, hein? Tu veux un massage en rentrant à l'hôtel? » A défaut de le comprendre et d'adhérer à ses idées, elle pouvait très bien prendre soin de lui. « Je te garantis pas la même sensation qu'avec une professionnelle mais je te promettre que ça te ferra pas de mal. » Sauf si s'endormir comme un gros bébé sous son massage était considéré comme un mal mais ça, c'était une autre histoire.
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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeMar 5 Juil - 22:08

« Alors quoi ? Parce qu'on a pas la même conception des choses, je suis obligée d'accepter que tu veuilles d'Aloysius pour prendre la tête des watchers en fermant ma gueule ? » « C'est ça. » Finalement, c'est bien, elle a compris tout de suite où je veux en venir... Pourquoi Aloysius ? Tout simplement parce qu'il a déjà prouvé sa loyauté et qu'il ne recule pas face au danger ou aux cas de conscience. Mon visage se ferme. Pas comme d'autres. La mort... la mort... Je sais bien que je ne vais pas me retrouver perché sur un nuage à la regarder faire sa vie et je ne veux pas lui dire quelque chose de si bête que « promets-moi de refaire ta vie... » C'est ridicule. C'est juste que je veux le savoir maintenant, je veux savoir qu'elle ne sera pas trop exposée. Elle n'a pas conscience du danger, elle pense qu'elle peut arriver face à n'importe quel mutant et le détruire sans en payer les conséquences. Mais les Watchers veillent les uns sur les autres, comme nous deux, alors si elle se retrouve seule... certes elle tuera des mutants. Mais tout cela ne durera qu'un temps. Un beau jour, elle tombera sur plus fort qu'elle et elle sera seule, elle sera piégée et finalement... vaincue.

Je serre la mâchoire parce que je sens que cette conversation est déjà en train d'arriver à bout de ma patience. Je soupire puis décide de manger simplement ma gaufre pendant qu'elle essaie de comprendre une décision que je ne soumets pas à son avis, en fait. Qu'est-ce que disait cette femme dans l'Église déjà au sujet du pouvoir ? Non, je n'ai pas la prétention d'être un homme de pouvoir, je ne veux pas le devenir. Je ne veux plus m'éloigner tant des convictions qui sont les miennes. Je veux pouvoir me retrouver, et retrouver ma famille. De toutes évidences... je m'y prends très mal. Lewis ne veut pas que je m'approche d'Aaron et je ne pense pas que Sarah souhaite qu'il continue à faire partie des Watchers. Dois-je vraiment le laisser partir ? Peut-être que ce serait le mieux à faire... Après tout, j'ai toujours dit qu'être Watcher était une question de choix... Je devrais le laisser se reposer, mener sa vie d'étudiant en veillant sur lui de loin. Ce doit être le mieux à faire. Quant à Lewis et Sarah... Le premier me déteste, de toute évidence et la seconde... Je dois essayer de les récupérer. Pour Sarah, ce sera plus facile. J'aimerais passer du temps en sa compagnie comme je le fais avec Primrosae – le meurtre de mutants en moins – sans armes, sans cris, sans tout ça... Peut-être que c'est ce que je souhaite vraiment en ce moment... J'en ai assez d'enterrer les Watchers. Et pour Lewis, je ne sais pas comment faire. Je me suis renseigné auprès de celui qui a posé les micros, il peut aller le chercher. Et ensuite ? Je l'enferme dans une cellule et je lui demande pardon chaque jour que Dieu fait ? J'ai pensé le faire tuer, vraiment, une fois encore. Mais je ne veux pas faire souffrir à nouveau Sarah, je ne veux pas qu'elle se mette en danger...

« Ok, d'accord. Ne m'explique pas pourquoi tu veux me protéger si tu sais d'avance que je comprendrais pas mais dans ce cas, explique-moi pourquoi Aloysius exactement ? Il est pas là depuis des lustres, c'est un bon watcher, certes, mais aussi bien que d'autres. » Je tourne le regard vers elle. Je hausse des épaules. Pourquoi Aloysius ? Il est vrai que j'ai combattu avec d'autres depuis plus longtemps, mais Aloysius, au-delà du combat, anticipe. Il sera être un visionnaire, et être dur avec ces monstres. Je serre la mâchoire. Ce n'est pas comme si je faisais une annonce officielle ou confiais ça sur mon lit de mort. Qui sait, peut-être que les Reagans se montreront un jour dignes de leur nom et je pourrais envisager de leur confier les Watchers sans les voir détruire mon œuvre ? Je glisse un regard vers la foire, laisse échapper : « Lewis n'est plus des nôtres, à présent. »

Il le sera à nouveau, je me le promets. Même si je dois l'amener aux portes de la mort des centaines de fois, même si je dois lui retourner l'esprit, même si je dois le torturer des mois durant. Il ne peut pas être contre nous... J'esquisse un sourire. Pas parce que je m'imagine écraser sa main sous un marteau, mais parce qu'avant, c'était plus simple. Peut-être que j'aurais dû me contrôler. J'aurais dû, quand il a dit qu'il s'en prendrait aux Watchers et Stryker, prendre ça comme une menace en l'air qu'il ne pourra jamais exécuter. J'aurais dû lever les yeux au ciel... C'est juste que... J'ai bien vu dans ses yeux qu'il voulait le faire. Il veut le faire. Si ce n'est pas moi qui m'en occupe, Stryker le fera et il sera beaucoup moins conciliant que moi. Je passe la main dans ma nuque. Dieu seul sait où on retrouvera la dépouille de Lewis, par un beau matin... « Et en ce qui me concerne, tu sais que ça limitera jamais mon implication pour nous. » J'esquisse un nouveau sourire puis lui susurre que je le sais. Jamais... Jamais...

Je passe la main dans son dos. Je perds mon regard dans le sien, c'est là que j'ai envie de me retrouver, c'est là que j'ai envie de me perdre. « Et sans vouloir me moquer. Si j'adhère à ta conception des choses, me protéger empêcherait aussi que je puisse te rejoindre. Je sais que tu es loin d'être l'humain le plus égoïste que je connaisse mais... » « Mais ? » « Avoue que tu peux plus te passer de moi, idiot que tu es. Ça serait dommage de louper l'occasion de se revoir. » « Ce serait bête de rater l'occasion de te revoir, oui... » répète-je avec un sourire en coin. On se reverra tous en Enfer. Je lance un œil vers l'extérieur, aucun mouvement de foule, pourtant j'ai la sensation que le scandale va bientôt éclater. Après, nous devrons abréger la promenade, c'est plus prudent... Je me mets à réfléchir à cette idée de ramener Lewis vers nous... Quand Prim reprend la parole, je me penche contre elle, glisse mes lèvres sur son cou et lui chuchote qu'un jour, les Watchers n'auront plus de raison d'être. Je passe mes mains autour d'elle et viens poser mon front sur le sien. Voilà une perspective qui me remet en confiance. Tous ces morts humains n'auront pas été vaines. Et chaque homme sera un Watcher. Nous n'aurons plus à nous cacher, nous pourrons tirer sur les derniers à vue. Plus d'idolatres, plus de monstres. Et peut-être qu'on pourra s'occuper qui pensent que munir les hommes de pouvoir qui les dépassent est une bonne idée. J'inspire à fond, amène Prim tout contre moi et viens passer mes mains sur son cou, puis contre ses joues.

« Que je sois là ou pas, fais-les souffrir ma belle. Détruis-les comme ils le méritent. Mets un terme à cette race de dégénérés. » Je viens glisser ma bouche contre la sienne, j'aime me faire prisonnier de ses lèvres, de sa langue, de son contact. C'est leur faute, tout est leur faute. Les Adamska, les Lehnsherr, les bêtes. Que des bêtes. J'ai besoin d'elle contre moi. Tous des animaux dont la giclure de leur sang est une bénédiction. Elle a la peau si douce. Je voudrais leur broyer le crâne du talon de ma ranger. Elle me connaît mieux que personne. Il périront, et peut-être qu'elle périra aussi. Mais nous sommes mortels. Nous sommes préparés.

J'écarte mon visage, elle niche sa main dans la mienne. Même si nos discussions sont souvent houleuses, nous savons ne pas nous en tenir rigueur. Peut-être est-ce même la seule façon via laquelle nous arrivons à communiquer pour l'instant. Avec la neutralité et le mépris froids pour moi, avec le verbe ardent pour elle... Mais à chaque fois, nous finissons par ne pas nous en vouloir parce que ne nous mentons pas. Nous ne nous imposons pas de contraintes. « Avec plaisir. Je crois que j'apprécie de plus en plus cette escapade, tu sais... »

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MessageSujet: Re: BLOOD TEXAS | Jeremiah R.   BLOOD TEXAS | Jeremiah R. Icon_minitimeDim 10 Juil - 17:07
Ses paroles sonnaient comme une défaite amère. Lewis n'était plus des leurs. L'avait-il vraiment été de toute façon? Parce que c'était son frère, Lewis avait rejoint leur rang sans contrepartie. Peut-être que Primrosae se trompait mais elle n'avait pas le souvenir d'un assassinat orchestré par les mains du premier - d'une paire de minutes - des Reagan ou il n'était pas assez marquant pour qu'elle s'en souvienne. Le sang souillait chaque main de chaque Watcher. Chacun avait du tuer un mutant pour montrer sa bonne foi, sa bonne volonté, son réel désir de prendre part aux actions des Watchers. Tuer l'un de ses montres, c'était comme signer un contrat cassable à tout moment et le contrat stipulait simplement qu'on ne reculait pas une fois engagé sur une mission. Quant au fait de rester ou non dans l'organisation à la longue, c'était une question de choix. Celui de Prim était fait. Lewis, lui, avait retourné sa veste ou bien caché son jeu, allez savoir. Quoi qu'il en soit, la blonde ne répondait pas, elle en concluait seulement que si Lewis était encore là, c'est lui qui aurait eu les commandes de Watchers. C'est ainsi que la jeune femme prenait les paroles du Pasteur. Des paroles qui l'amenaient à se demander un court instant si Jeremiah avait un jour envisagé lui laisser la direction des Watchers. Clairement, elle en doutait et ce n'était pas seulement une question de la protéger mais protéger aussi cette seconde famille qu'il avait mis tant de temps à construire. Primrosae était une femme trop extrême, conditionnée et programmée pour tuer, quitte a y laisser sa propre vie et celles de ses camarades au besoin. Si elle respectait les idéaux des Watchers, sans aucun doute possible, lui laisser les commandes c'était prendre le risque de les voir tous mourir en peu de temps et il était clair que personne n'était prêt à ça, hormis elle-même.

Des frissons traversaient sa peau engendrant avec eux une chair de poule sous les baisers de Jeremiah. Ses lèvres contre sa peau avaient cette tendance étrange à calmer les choses, à calmer son esprit et que dire de ses paroles. Elles étaient rassurantes et ne faisaient que renforcer ses convictions. Un jour la planète sera peuplée de Watchers qui ne s'appelleront même plus ainsi. Ils ne seront que des humains avec du bon sens, des humains qui ont la chance d'enfin ouvrir les yeux et se rendre compte que les mutants ne sont que malédiction et tromperie. Elle n'eut pas le temps de répondre réellement qu'elle partageait déjà un baiser, grignotant ses lèvres, glissant ses mains contre ses avant-bras. Détruire la race mutante, avec ou sans lui, c'était son premier objectif et tandis qu'elle mordait tendrement sa lèvre inférieure un court instant, elle rajoutait quelques mots. « Tu seras toujours là, quelque part. » Et loin d'elle était l'idée de faire référence à une quelconque religion ou à la connerie de dire qu'il serait toujours là, quelque part dans son cœur inerte. Non, elle faisait plutôt appel à la logique, c'est ce qu'elle connaissait de mieux. Jeremiah serait toujours là, quoi qu'il advienne des Watchers, il finira par être reconnu comme étant leur sauveur ou tout du moins celui qui a ouvert bien des yeux, celui qui aura apporté la vérité aux Hommes, connu comme le leader d'un mouvement qui deviendra mondial, c'était certain. Dans l'esprit des gens, Jeremiah allait demeurer, elle en était persuadée.

La discussion sur les Watchers se finissait là, comme promis, tandis qu'elle lui proposait naturellement de lui faire un massage une fois rentrés à l'hôtel. « J'espère bien que tu ne vas pas la regretter quand même. » Cette escapade, cette pause. Elle comptait bien en faire un moment dont il se souviendrait et pas forcément pour elle mais plus comme un moment de ressourcement, un moment de pause où se retrouver avec soi-même et confirmer ses principes de vie était possible. Elle voulait qu'il se souvienne de ce moment quand il serait en plein combat, qu'il ôterait la vie d'un mutant encore une fois pour se dire combien il avait raison, pour se souvenir qu'à cet instant, il était persuadé de ce qu'il voulait pour le restant de sa vie - et notamment une vie sans mutant - et que prendre celle-ci était la meilleure chose à faire. Un souhait qui s'évanouissait quand leur bulle de verre se stoppait tout en bas. Le tour était terminé et à vrai dire, le timing était parfait. A observer la foule, ils avaient tous tendance à aller vers le lieu du crime, des cris retentissants au loin. Sortant de la roue, elle ne disait pas un mot pour ne pas éveiller de soupçon, se contentant de garder ses doigts entremêlés à ceux de Jeremiah. Comme la plupart des gens, elle se dirigeait vers la source du problème - ou ce qu'ils estimaient être un problème là où il s'agissait de normalité pour Prim - encore une fois dans un seul but stratégique, comme s'ils étaient comme tout le monde, des moutons qui suivent le reste du troupeau. En revanche, ils n'allait pas jusqu'au bout. Un peu plus loin, au lieu d'aller tout droit, elle entraînait Jer avec elle à gauche, sans se presser, comme si tout allait bien. Petit à petit, ils s'éloignaient de la fête foraine et du lieu du crime pour mieux se rapprocher de leur hôtel.

Ce n'était que lorsque la rue leur était offerte à eux seuls qu'elle se permettait quelques mots. « Il était temps. » Qu'ils les découvrent, les cadavres, mais surtout qu'ils s'en aillent. Quelques minutes de marche plus tard, ils passaient la porte de l'hôtel, se glissant dans l'ascenseur pour monter au cinquième étage. « J'espère trouver de quoi te faire un massage dans la chambre quand même. » Bien qu'elle avait sa crème hydratante mais il fallait avouer qu'elle avait vite tendance à pénétrer la peau, elle serait donc inefficace pour un massage de longue durée. Cela dit, elle ne doutait pas vraiment qu'elle trouverait, ils étaient dans un hôtel plutôt bien noté et étoilé, il y avait sûrement de l'huile de massage et si ce n'était pas le cas, ils pourraient en demander. Passant la porte de la chambre, elle laissait entrer Jeremiah, refermant derrière eux. L'attirant à elle avant qu'il ne s'échappe, elle glissait ses lèvres contre les siennes, tandis que ses mains agrippaient fermement sa chemise. Un à un, elle déboutonnait les boutons de la chemise, souriant contre ses lèvres entre deux baisers. Quand le vêtement était enfin ouvert, elle le débarrassait rapidement de ce dernier avant de stopper abruptement les baisers. « Je te laisse t'installer, je vais aller voir dans la salle de bain avant de te dévorer. » Faim de Reagan, vous vous souvenez? Ça ne s'était pas atténué mais elle savait quand même se tenir. Ils n'étaient pas des animaux et elle ne comptait pas le forcer s'il n'en avait pas envie de son côté. C'était donc seule qu'elle allait dans la salle de bain, fouillant les placards à la recherche de la précieuse huile de massage.
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